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Le Camping de la mort Christian Hébert

Le Camping de la mort

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Le Campingde la mort

Christian Hébert

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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (130x204)] NB Pages : 138 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 11 ----------------------------------------------------------------------------

Le Camping de la mort

Christian Hébert

933295

Roman policier / suspense

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Note de l’auteur

Mardi 11 juillet 1978, dans le début de l’après-midi en Espagne, mais qu’importe le lieu, le jour et l’heure !... La mort a frappé. Elle a emporté, dans sa longue agonie, des hommes, des femmes et des enfants, sans pitié aucune, sans différence ni choix. En quelques secondes, de nombreuses familles furent anéanties. Un camion-citerne chargé de propylène en est la cause. La citerne, s’étant décrochée du tracteur, vint exploser au milieu d’un camping, après une course folle, semant la terreur, la désolation, l’incompréhension et la haine.

Du tas de cendre, de ferrailles tordues, de tôles noircies, d’épaves de caravanes et d’automobiles calcinées, les sauveteurs compteront plus de trois cent morts et disparus ainsi que sept cent pauvres âmes traumatisées à tout jamais de cette hécatombe. Bel exemple de la connerie humaine !

Cette histoire tirée de ce fait divers, ne se passe pas à

Tarragone, par respect aux victimes et a ce pays meurtrit et endeuillé par cette tragédie, mais sur notre sol, en France, plus particulièrement sur la Côte d’Azur où une telle

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catastrophe ne peut se produire parait-il ? Mais lorsque je vois ces nombreux campings et plages, bordant les routes du Var et d’ailleurs partout dans le pays, et ces camions chargés de produit inflammable, rouler à vive allure sur les routes de l’Hexagone, cela me fait peur et je me pose des questions : Sommes-nous vraiment en sécurité ?

Ce récit est une fiction, avec des personnages

imaginaires, toute ressemblance avec des personnes existantes où ayant existées, ne seraient que pure coïncidence comme on dit selon l’usage.

J’ai choisis le département du Var, mais le lieu n’a que peu d’importance, le camping lui-même n’existe pas, il n’est que le sosie des centaines d’autres qui bordent le bassin méditerranéen. En fait, j’ai voulu faire de ce drame espagnol, une histoire a plaidoyer la sécurité, un appel à la réflexion de chacun, aux dirigeants des campings, aux compagnies de transports routiers de produits inflammables et dangereux, aux maires et élus de toutes les villes et villages, aux touristes aussi, à tous ceux qui se sentent concernés par une telle tragédie, dîtes vous bien que cela n’arrive pas forcément qu’aux autres.

Depuis 1978, je ne sais pas si l’Espagne a fait le nécessaire en ce qui concerne la sécurité sur les routes, mais en France cela bouge, il y a encore beaucoup à faire malgré les polémiques, les éternels débats insensés entre les partisans et les opposants aux nouvelles lois sur le permis de conduire et le code de la route. Que chacun y mette du sien pour la sécurité d’autrui et tout ira pour le mieux. L’existence ne tient pas sur le pour et le contre d’une poignée d’hommes, la vie est tellement précieuse qu’aucun individu,

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quel qu’il soit, n’a de droit sur elle, la vie est légitime pour tous, ça vaut la peine d’y réfléchir.

A vous qui lisez ces lignes, ayez une pensée pour ce

millier de personnes, victimes innocentes, martyres du camping de la mort…

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Première partie

C’est les vacances !… Ah ! Qu’il fait bon vivre, farnienter loin du stress des grandes villes, du tracas quotidien et surtout de la routine professionnelle. Le fond de l’air est chaud, la mer est belle, le ciel est bleu, le soleil brille sur la Côte d’Azur en ce début de juillet. Qu’espérer de plus sinon parfaire le bronzage estival, que souhaiter de plus à nos paisibles touristes sinon terminer les vacances comme elles ont débuté, voici quelques jours, dans le repos et la joie de se retrouver en famille, avant d’accueillir, au mois d’août, une nouvelle vague de visages pâles surmenés, lassés, épuisés d’une année de labeur.

Juillet. Monsieur Raynald, parisien de pure souche, est venu chercher le soleil sur la Côte d’Azur avec son épouse et ses deux enfants. Habituée de caravaning, la petite famille a posé ses valises, il y a une dizaine de jours, dans ce camping, « Le Méditerranée », situé à proximité de la ville romaine dans le Var. Les Raynald avouent un amour particulier à notre belle région varoise, sans chauvinisme aucun, depuis trois années consécutives, ils viennent respirer l’air méditerranéen et bronzer sous le bleu du ciel,

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cher à Pagnol, offert à l’Astre de Lumière luisant de tous ses feux.

Pierre Raynald est ingénieur dans une importante société de production automobile de la région parisienne, son épouse Muriel, infirmière diplômée d’Etat, exerce dans une clinique du Val d’Oise. Pour eux deux, des vacances bien méritées avec leur fils aîné âgé de douze ans, Damien et Eve, leur dernière-née âgée de huit ans. La caravane est installée à quelques cent mètres de l’entrée principale. En cette saison, le terrain, devant contenir cinq cent familles, qui en tente, en caravane et autre camping-car, est surpeuplé, bravant ainsi la loi et la sécurité, monnaie courante dans ces campings du bout de France, léchant mers et océans. De nombreux français mais surtout des néerlandais, des allemands, des britanniques, des belges et des italiens logent, à la même enseigne, sur ce terrain trois étoiles, aménagé de façon à rendre paradisiaque les quelques semaines de congés payés octroyés à chaque individu de l’Union Européenne.

La petite famille francilienne a retrouvé de nombreux amis de l’an passé, notamment les Tonin, pieds noirs natifs d’Alger, résidant également dans la région parisienne, ainsi qu’un couple de retraités, les Van Den Bosche, belges de Bruges, installés à quelques tentes de leur caravane.

Jacky et Marieck Van Den Bosche ont du pain sur la planche actuellement, ils préparent leur fête nationale belge se situant, dans le calendrier, peu après notre 14 juillet traditionnel. Deux grandes guirlandes aux couleurs noire, jaune et rouge ornent déjà leur caravane ainsi que celles de leurs nombreux compatriotes tandis que nos drapeaux tricolores bleu, blanc, rouge, flottent aux

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mats des tentes et de nombreuses cocardes et fanions, s’éparpillent dans le terrain pour fêter l’anniversaire de la prise de la bastille de 1789. Un grand bal suivit d’un feu d’artifice sont prévus au programme de la soirée, quant aux animations de la journée, différents concours, de pétanque, il va de soit en Provence et de belotes, sont organisés par les animateurs du camping. Le « Méditerranée » est en fête.

Ce camping est l’un des plus beaux de la région, de par son emplacement d’abord puis de son calme. Son emblème représente une tente verte surmontée d’un soleil sur fond orange. Il surplombe la Méditerranée, d’où son nom, certaines tentes, sont plantées à quelques mètres seulement de la Grande Bleue. Un petit paradis bercé par le chant des cigales où l’odeur des pins parasols laissent des souvenirs inoubliables et ôte le stress accumulé, durant l’année de travail, de nos chers touristes. Vivre un mois dans une carte postale, quelle splendeur ! Quel rêve ! Accessible cependant.

Neuf heures. A cette heure, de nombreux estivants ont déjà enfilés leur maillot de bain et font trempette au bord de l’eau. Quant aux Raynald, ils profitent de cette heure matinale pour faire leurs emplettes dans les quelques boutiques aménagées au centre du terrain.

– Dépêchez-vous les enfants, dit madame Raynald, plus tôt revenu des commissions, plus tôt vous irez jouer.

– Nous sommes obligés de venir avec vous ? Bougonne Damien plus tenté à jouer sur la plage qu’à se traîner dans le magasin.

– Oui Damien, tu viens avec nous, il n’y a pas de raison ! Répond Muriel à son fils… A propos, ce n’est pas

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aujourd’hui la visite de Monaco avec Maxime ? – Si maman, après manger, vers 13 heures, 13 heures

30, précise le petit garçon à sa mère. – Si tôt ! S’exclame Muriel, Maxime ne fait dont pas la

sieste ? – Laisse-les chérie, rajoute Pierre Raynald, qu’ils en

profitent, un mois passe si vite et ce n’est pas à Paris qu’ils se baladeront sans crainte.

– Oui bien sûr, mais le soleil tape dure à cette heure-ci, continue Muriel trop attentionnée.

– Il brûle toute la journée, tu ne crois pas ? Réplique Pierre, ça y est Damien, es-tu prêt ?

– Oui p’pa.

Cependant, à cent vingt kilomètres de là, un camion d’une compagnie pétrolière, roule à petite allure sur la nationale 98. A son volant, un homme d’une quarantaine d’années s’éponge le front avec son mouchoir, le visage rougit par la chaleur, il conduit son camion-citerne vers une usine pétrochimique italienne. Ce n’est pas de l’essence, ni du gas-oil, ni du fioul dans la citerne mais un gaz incolore, inflammable, pour la fabrication de matière plastique appelé Propylène où Propène. Quoi qu’il en soit, ce chauffeur n’a pas lieu de rouler sur cette route, la Nationale 7 est à proximité ainsi que l’autoroute. Sans doute, cet homme originaire de Saint Raphaël, veut-il rentrer chez lui avant de se diriger vers la péninsule italienne via Fréjus et sa bretelle d’accès à l’autoroute du Soleil ? N’anticipons pas, revenons à notre paisible petite famille…

10 heures 30. Les quelques achats terminés, Muriel met de l’ordre dans la caravane avant de préparer le dîner

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tandis que Damien et sa petite sœur, accompagnés de leur père, descendent à la plage.

Les deux enfants s’amusent comme des fous dans cette eau si claire, sous un soleil de plomb, le thermomètre accuse déjà, à cette heure, plus de 25 degrés centigrades. Seuls les cris et les éclats de rires des baigneurs viennent troubler le silence, le calme et la sérénité de cet endroit enchanteur et enchanté, ce jardin d’éden au pied du massif de l’Esterel.

Au camping, monsieur Van Den Bosche termine les préparatifs et les décorations de la fête nationale belge tandis que son épouse prépare quelques amuses gueules pour l’apéritif quotidien. Ce couple de sexagénaires est arrivé le 4 juillet dans le camping, leur fille et son mari, un ch’timi de Lille, sont de passage dans la région avec leur bébé, juste le temps de passer les fêtes en famille, ils logent dans une petite tente plantée sur la même parcelle.

– Annie, où est ton homme ? Il ne boit pas l’apéro aujourd’hui ? Demande Marieck à sa fille.

– Sert le maman, lui répond-elle, l’odeur du pastis le fera venir, ne t’inquiète pas pour lui, il doit traîner sur l’aire de boules.

– Et toi Jacky, un pastis ? – Bien ma fois, plutôt deux verres qu’un et avec deux

glaçons s’il te plaît Marieck, répond Jacky.

Marthe Tonin passe par là… – Bonjours messieurs dames, fait chaud aujourd’hui ! – Bonjours madame Tonin, vous prenez une petite

goutte avec nous ? Propose Marieck. – Non merci Marieck, je me rends chez les Raynald,

une autre fois volontiers… Et la fête se prépare ?

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– Tout doucement, répond Marieck, passons d’abord votre 14 juillet, dansons français avant de danser belge.

– Le vin avant la bière, une fois ! Rajoute ironiquement Jacky.

– Et oui ! Allez je vous laisse, bonne journée et à plus tard, termine Marthe en continuant son chemin.

– C’est cela madame Tonin.

Muriel Raynald, dans le auvent de sa caravane, s’affaire devant son réchaud à gaz lorsque Marthe Tonin, la mère du petit Maxime ami de Damien, vient la déranger dans ses occupations…

– Bonjours Muriel ! – Ah ! C’est vous Marthe, quelle nouvelle apportée ? – Rien de bien grave, je viens vous confirmer l’heure

de notre départ pour Monaco cet après-midi. – Ah oui ! – Nous passerons prendre Damien vers 14 heures et

pensons être de retour vers les 19 heures. – Ne dîtes pas d’heure de retour, coupe Muriel, avec le

monde sur la route vous savez… – Certainement ! – Cela ne vous dérange pas d’emmener Damien ?

Demande gênée Muriel à son amie. – Pensez-vous ! Répond celle-ci, puis c’est moi qui lui

ai proposé, s’il se dédiait, maxime serait déçu. – Oui je comprends. – Qu’il fait lourd aujourd’hui, continue Marthe Tonin. – C’est merveilleux un temps comme ça, reprend

Muriel, paraît-il qu’à Paris il fait un temps de chien… Au fait, voulez-vous boire quelque chose de frais ? propose-t-elle.

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– Oh non, merci ! Je viens de refuser aux Van Den Bosche et puis j’ai mes patates à éplucher… Votre mari est sur la plage ?

– Oui, avec les enfants. – Il se baigne aussi ? Insiste Marthe. – Qui Pierre ? Bien sûr qu’il se baigne, répond Muriel,

surprise d’une telle question. – Le mien trouve toujours l’eau trop froide, critique

Marthe, il est frileux comme ce n’est pas permis… Bon je vous laisse Muriel.

– Oui les enfants ne vont pas tarder, il est bientôt midi et si vous partez à 14 heures…

– Ne vous pressez pas pour déjeuner Muriel, reprend Marthe, j’ai dit 14 heures comme 14 heures 30, en vacances nous ne sommes pas à trente minutes près et puis mon homme est à la pêche avec son fils, s’ils rentrent pour midi pétante, c’est dire que j’ai de la chance.

– Ah oui ! – Bien cette fois ci, je vous laisse, à tout à l’heure

Muriel… A propos, votre mari va-t-il à la pêche ? – Très rarement, répond agacée Muriel, il n’a pas la

patience d’attendre le poisson, Pierre a trop la bougeotte, il ne peut pas rester cinq minutes en place.

– Je demanderais à Roger qu’il l’emmène avec lui un de ces jours, propose Marthe.

– Il en sera ravi ! – Vous repartez quand déjà Muriel ? Demande Marthe. – Fin juillet. – Encore de belles journées en perspectives n’est-ce

pas ? – Oui Marthe, ne m’aviez-vous pas parlé de pomme de

terre a éplucher ? S’exténue Muriel.

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– Oh té oui ! J’y vais de ce pas, où ai-je la tête ? J’allais oublier, s’écrie Marthe… Bon appétit, à tout à l’heure Muriel.

– Merci, vous aussi, souffle Muriel… Ouf quelle langue !

Sur la nationale, longeant la mer, de nombreux camions chargés de fruits et légumes remontent, presque incessamment la journée et la nuit, pour desservir les marchés et grandes surfaces de la côte afin de ravitailler la population touristique séjournant durant les mois d’été entre les Bouches du Rhône et les Alpes Maritimes. A soixante kilomètres de là, notre camionneur, après avoir fait une courte halte à Hyères pour son plein de carburant reprend la route, son allure est réduite à cause des encombrements sur la chaussée. A midi, il est à vingt-cinq kilomètres du camping, il s’arrête à Saint-Aygulf afin de se restaurer.

Dans le camping, c’est aussi le repas qui occupe les vacanciers. Sur la plage, quelques baigneurs profitent de ce moment privilégié pour jouer au ballon, au badminton où autres jeux de plage, impossible après le déjeuner, une marée humaine déferle alors sur le sable chaud pour profiter du soleil avec parasol, tapis, matelas pneumatiques et il devient très difficile de faire un pas devant l’autre sans piétiner sur la serviette du voisin. Tout bon côté d’un climat méridional a malheureusement, aussi ses inconvénients.

La famille Raynald attablée à l’ombre d’un parasol, termine le repas.

– T’es-tu baigné ce matin Pierre ? Demande Muriel à