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Le Cardinal Suhard (1874-1949). L'évêque du renouveau missionnaire en France by JeanVinatierReview by: Étienne FouillouxArchives de sciences sociales des religions, 29e Année, No. 58.2 (Oct. - Dec., 1984), pp. 317-318Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30125579 .

Accessed: 18/06/2014 21:26

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et 1975 et comportant des questions sur le de- gre, les modalites ou les conditions du bon- heur (defini ici comme (satisfaction existen- tielle ~) eprouve dans leur vie par les repon- dants. Le corpus lui-mime est publie separe- ment par l'auteur sous le titre Databook of Happiness (Dordrecht, Reidel, 1984); 66 son- dages concernent l'Europe, 146 l'Amerique du Nord (improprement appelee par l'A. ( Anglo America, ), 33 l'ensemble des autres conti- nents. A l'aide de cette masse de materiaux et muni de methodes d'analyse quantitatives, I'A. s'est efforce de circonscrire de toutes parts le concept du bonheur, en definissant d'abord le type d'indicateurs que le corpus peut fournir, puis la relation entre la mesure du bonheur en les differentes conditions socia- les et individuelles que le corpus lui permet de cerner. I1 est remarquable que la religion au sens propre joue dans cet ensemble un r6le ne- gligeable, voire evanescent, chez les interroges comme chez les enquiteurs qui, aujourd'hui, n'tablissent plus de lien entre le bonheur et le Createur (p. 19). Aussi P'A. montre-t-il la di- minution progressive de la correlation entre le bonheur manifeste et la religiosite avouee dans les sondages, du moins dans les Pays- Bas et les Etats-Unis - seuls pays peut-&tre oui l'impact des lglises sur la vie et les valeurs sociales justifie la permanence de telles ques- tions (p. 324-28). Et I'A. de conclure notam- ment i la perte de credibilite des religions de- vant les questions existentielles. L'analyse comprend par ailleurs de nombreux autres renvois a des valeurs ethiques et religieuses. L'ouvrage aide ainsi ai reviser nombre d'idees reques jusque parmi les presupposes cons- cients ou inconscients des chercheurs scientifi- ques, et, dans son style depouille, I'A. ne se prive pas de les debusquer. Une importante bi- bliographie (en mime temps liste des sources) et un index thematique particulierement bien conqu terminent ce livre hautement stimulant.

Willem Frijhoff.

58.373 VINATIER (Jean).

Le Cardinal Suhard (1874-1949). L'ev~que du renouveau missionnaire en France. Paris, Le Centurion, 1983, 447 p., index.

On attendait depuis longtemps la grande biographie du cardinal Suhard que son ancien eleve le dominicain Bouesse n'avait pu mener

BULLETIN DES OUVRAGES

it bien. Utilisant les materiaux amasses par celui-ci, des temoignages inedits et les archi- ves ecclesiastiques plus encore, J.V. repond partiellement a cette attente. Partiellement? Oui, car son gros travail hesite constamment entre deux genres: le portrait critique en voie de rehabilitation chez les historiens et la vita exemplaire de filiation hagiographique. Qu'on en juge. Tout commence le 5 avril 1874 dans l'obscurite d'une metaierie de Mayenne d'oi le pere disparait prematurement: admirable de courage et d'abnegation, c'est la mere, comme souvent, qui fera le pritre. Et pourtant les epreuves n'ont pas ete epargnees au heros. Son cure ne le jugeait-il pas trop niais pour le sacerdoce? De brillantes etudes clericales couronnees par l'ordination romaine de 1897 et les lauriers de l'Universite gregorienne de- mentent ce pronostic. S'ensuit une nouvelle phase d'obscurite, terminee, elle aussi, sur une epreuve victorieusement traversee: professeur au grand seminaire de Laval, Emmanuel Su- hard, dont I'audience augmente dans le clerge local, se voit mis sur la touche par un ev6que le trouvant trop tiede vis-i-vis de l'Action frangaise. Aussi sa promotion i l'eviche de Bayeux, en 1928, constitue-t-elle une surprise. Il n'y restera que trois ans: juste assez pour contracter un attachement indelebile envers Therese de Lisieux, recemment canonisee. Puis vient la voie royale: Reims en 1931, oui se confirment ses intuitions missionnaires; Paris en 1940, oui elle s'epanouissent -Mis- sion de France, Mission de Paris, paroisses communautaires, centres etudiants et intellec- tuels- avant de trouver leur expression testa- mentaire dans les retentissantes lettres pasto- rales de 1947, 1948 et 1949. Une ultime epreuve, neanmoins: ce 26 aoiit 1944 ou le cardinal fut ecarte de sa cathedrale lors du triomphe de la Resistance a Paris libere.

Pas de conclusion, mais un (envoi, de to- nalite spirituelle. On y lit les phrases qui four- nissent, selon nous, la cle de l'ouvrage. ( Celui qui vient d'ecrire et d'achever votre vie est un de vos enfants de la Mission de France. Vos messages prophetiques m'avaient, des 1944, attire a Lisieux, et n'ont cesse, depuis, d'illu- mener ma vie,,: (p. 431). Le pere J.V. appar- tient en effet au noyau missionnaire frangais des annees 40 qui s'est identifie it Suhard au point de ne plus voir en lui que son cardinal. Certes, il opere par les chemins de l'histoire des detours indispensables a la connaissance

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

de l'homme et de son oeuvre. On y voit fonc- tionner un grand seminaire de province autour de 1914; on y mesure le poids du carmel de Lisieux, non seulement dans le diocese de Bayeux, mais dans

l'lglise de France toute

entiere autour de 1940. On ne comprend guere, en revanche, comment cette vocation nee en climat contre-revolutionnaire a pu s'en detacher au point de lui paraitre suspecte; ni comment le devot de Pontmain et de Lisieux a pu conjuguer hardiesse et tradition (p. 46). II y a plus grave. Porte-parole de l'epop~e mis- sionnaire frangaise en quelque fagon, J.V. donne de son heros une image univoque; il ne peut notamment pas concevoir que l'ap6tre inventif ait pu se montrer pietre politique, malgre ses ((roueries de paysan craonnais)) (p. 127). Laissons pour une fois de c6te la mi- nutieuse reconstitution de l'affaire du 26 aofit 1944 apres en avoir retenu une seule phrase, celle qui est mise dans la bouche de Suhard au lendemain de l'attentat dont fut victime Phi- lippe Henriot: L'archev6que de Paris assiste aux obseques d'un ministre catholique mort dans l'exercice de ses fonctions)) (p. 194). Et arritons-nous sur un autre exemple, mais de taille. J.V. montre combien Suhard fit confiance au vainqueur de Verdun et fut ainsi ni plus ni moins petainiste que son peuple; de fagon tout aussi convaincante, il prouve sans mal son hostilite au nazisme et ses efforts pour lui arracher un maximum de victimes. Bien que n'ignorant pas l'antisemitisme frangais ni ses avances a l'occupant, il place ((le drame de la persecution juive non pas dans l'allegeance a Vichy, mais dans la resis- tance aux Allemands (p. 149-58). Comment ne pas s'etonner d'un tel choix ?

Grande, cette biographie l'est non seule- ment par ses dimensions, mais par son souffmele et sa piete filiale. Autant qu'oeuvre historique, I'A. entendait faire oeuvre d'edification. 11 y a pleinement reussi, et le lui reprocher serait de- place. Mais la biographie scientifique d'Em- manuel Suhard reste, pour partie, a ecrire.

Etienne Fouilloux.

58.374 VORSTER (W.S.), ed.

Church and Industry. Pretoria, University of South Africa, 19Y13, 113 p.

Ces Actes d'un colloque sont un bilan et une relance de la reflexion sur la ( Mission In-

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dustrielle inter-confessionnelle en Afrique du Sud. Membres d'Eglises divisees sur les pro- blemes raciaux, conscients de l'entrave que cela represente pour l'evangelisation, les parti- cipants cherchent les fondements de cette mis- sion dans deux directions.

Ce sont d'abord des analyses sociologiques et surtout economiques de la societe sud- africaine. K. Niirnberger presente une stimu- lante etude de la distribution du pouvoir avec une representation spatiale a trois dimensions, affinant les modeles centre-peripherie. S.S. Brand analyse l'industrialisation et I'urbanisa- tion, qui presentent des caracteristiques tant de pays industrialises que de pays en develop- pement. C'est, en second lieu, la recherche de references historiques et ideologiques. Les deux sources sont ici les theologies de la libe- ration d'Amerique latine et I'experience des pretres ouvriers europeens et surtout frangais, cette derniere etant decrite comme incarnatio- nal identification par L.D. Hulley.

Ainsi sont posees quelques questions fonda- mentales: l'Eglise doit-elle s'impliquer dans les conflits ou chercher un consensus? Quelle est la fonction de la mission: faire des chre- tiens ou bien contribuer au changement so- cial ? On notera enfin une typologie des fonc- tions des eglises (bitiments et communautes), comme structures relais entre la sphere du prive et les mega-structures de la cite indus- trielle, proposee par J.V. Leatt (p. 70). En somme, une tentative, venue d'ou on ne l'at- tendait peut-&tre pas, d'une reflexion theologi- que appuyee sur les sciences sociales.

Antoine Lion.

58.375 WAGNER (Murray L.).

Peter Chelcicky. A Radical Separatist in Hussite Bohemia. Scottdale (Penn.) - Kitche- ner (Unt.), Herald Press, 1983, 219 p.

L'Eglise des Freres Tcheques est nee au XVe siecle dans la suite de l'execution de Jean Huss et de l'echec de l'utraquisme. Ce groupe proche du type secte tel qu'il se rencontrera plus tard en terrain protestant a fait l'objet d'un nombre restreint d'etudes (cf. Arch., 7, no 91; 31, no 226). Par contre, celui qui fut son inspirateur et son theoricien, plus sans doute que son fondateur a proprement parler, demeure fort peu connu. L'ouvrage de M. L.W.

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