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INTERFACE Etudes Conseil & Formation - 19 rue Navier - 75017 Paris - 01 46 27 30 00 www.groupe-interface.fr - Mail : [email protected] s D D D G G G E E E F F F P P P C C C P P P N N N E E E d d d e e e l l l a a a p p p h h h a a a r r r m m m a a a c c c i i i e e e d d d o o o f f f f f f i i i c c c i i i n n n e e e Joëlle DELAIR Brice BILLET Laurence DARCHEN Maroussia KRAWEC TOME I CONTRAT DETUDES PROSPECTIVES DANS LA PHARMACIE DOFFICINE RAPPORT FINAL MARS 2006

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Joëlle DELAIR Brice BILLET Laurence DARCHEN Maroussia KRAWEC

TOME I

CONTRAT D’ETUDES PROSPECTIVES DANS

LA PHARMACIE D’OFFICINE

RAPPORT FINAL – MARS 2006

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SOMMAIRE

INTRODUCTION .......................................................................................................................................5

Les enjeux du contrat d’études prospectives 6 La démarche d’étude 11

PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX..........................................................................................13

I - Introduction..............................................................................................................................14 I - chapitre 1..................................................................................................................................15 Présentation générale du secteur de la pharmacie d’officine ........................................................15

Un positionnement à l’interface entre santé publique et marché du médicament ...............................................15 Le rôle du pharmacien d’officine : un acteur au cœur d’un double système de dépendance 15 Des politiques de santé publique en quête d’efficience 17 Un marché du médicament à l’avant-garde des orientations politiques et sociales 21

L’activité économique du secteur .......................................................................................................................25 Une prospérité économique qui révèle la capacité d’adaptation du secteur 25 L’absence d’un modèle économique unique de l’officine : des disparités qui s’expliquent moins par la taille que par l’implantation géographique de l’officine 31

L’organisation territoriale et financière du secteur .............................................................................................35 Un réseau officinal en perte d’équilibre malgré les quotas d’installation 35 Un accès à la propriété plus restreint mais le développement d’un mode d’exercice plus attractif 38

Les emplois et les caractéristiques des personnels du secteur ............................................................................40 Une situation de l’emploi plutôt favorable mais un déficit de visibilité des emplois de l’officine 40 Des personnels d’officine, majoritairement jeunes, qui se sont féminisés 46 Une rémunération des emplois contrastée et peu attractive 50

I - chapitre 2...................................................................................................................................53 L’organisation du travail et des pratiques professionnelles au sein de l’officine..........................53

La typologie des officines selon l’organisation du travail ..................................................................................53 En dehors de la taille, un seul critère réellement décisif pour le choix de l’organisation du travail : le positionnement concurrentiel 53 Cinq modèles d’officines selon l’implantation et l’activité développée 54

Les activités conduites au sein de l’espace officinal...........................................................................................58 Une répartition des activités de l’officine dominée par la polyvalence 58 Un « emploi sensible » tant du côté des adjoints que des préparateurs 60 Une réglementation qui se révèle difficile à respecter 62

La pratique de gestion des ressources humaines.................................................................................................63 Des conditions de travail soumises aux besoins de l’activité commerciale 63 Une motivation au travail souvent en panne, surtout chez les adjoints, des marges de manœuvre réduites pour les titulaires 65 Des modes de reconnaissance et de rétribution différents selon la taille de l’officine 68

I - Chapitre 3..................................................................................................................................69 La gestion des compétences des titulaires et des salariés des officines.........................................69

Le cadre actuel de la formation initiale du personnel d’officine.........................................................................69 Le répertoire de l’offre diplômante préparant aux emplois du secteur de la pharmacie d’officine 69 Le diplôme d’Etat de docteur en pharmacie 70 Le brevet professionnel de préparateur en pharmacie 75 La qualification des autres emplois de la pharmacie d’officine 77

Le cadre actuel de la formation continue pour les titulaires et salariés des officines .........................................79 Une offre de formation continue concentrée et relativement segmentée 79 Une consommation encore modérée de la formation par les pharmaciens titulaires 88 Un investissement dans la FPC, pour les salariés, encore peu développé et principalement orienté sur le cœur de métier 89 Des pratiques de formation façonnées par les contraintes et les opportunités 93 Des attentes de formation qui attestent une relative adéquation avec l’offre de formation 95

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I- Chapitre 4...................................................................................................................................97 L’état comparatif de la dispensation du médicament en Europe et dans quelques autres pays de référence ...................................................................................................................................97

Les politiques publiques de santé en Europe ......................................................................................................97 Les pratiques de la pharmacie d’officine en Europe.........................................................................................103

Malgré une conception commune du métier, une organisation de l’activité et des conditions d’exercice distinctes selon les pays 103 Des démarcations palpables en termes de contribution, de rémunération et de formation des personnels 110

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE PROSPECTIVE .........................................................................117

II - Introduction ...........................................................................................................................118 II – chapitre 1...............................................................................................................................120 Les grandes orientations en matière de santé publique ...............................................................120

Les enjeux économiques et sociaux : maîtriser les dépenses de santé alors que les besoins de soins s’accroissent......................................................................................................................................................120

La dérive redoutée des dépenses de santé de la France 120 L’amplification des besoins et attentes sociales en matière de santé publique 122

Les moyens projetés : des politiques d’aménagement plutôt qu’une refonte du système.................................127 La volonté des pouvoirs publics de maîtriser le poste des dépenses de médicaments 127 Le caractère incontournable d’une implication accrue de l’assurance maladie complémentaire 130

Un rôle pour le pharmacien d’officine dans le projet émergent de santé publique...........................................133 Un professionnel de santé reconnu comme premier recours et maillon essentiel dans le parcours de soins 133 Des responsabilités et des prérogatives renforcées 135 Un encouragement à l’exercice de toutes les missions officinales — de la part des pouvoirs publics — à rechercher parmi plusieurs hypothèses 138

II – chapitre 2...............................................................................................................................143 Vers une nouvelle configuration du secteur ................................................................................143

Les conséquences du projet public sur l’organisation globale du secteur.........................................................143 L’impact d’une convergence progressive, au niveau européen, des politiques de santé et des pratiques de pharmacie d’officine 143 L’évolution du maillage, par la facilitation de la concentration et du regroupement 144 L’ouverture possible du monopole à d’autres acteurs 146

Des changements prévus dans l’organisation économique et commerciale du secteur ....................................147 Les évolutions rythmées par les choix des officinaux 147 Les changements induits en premier lieu par l’environnement 150

L’évolution du fonctionnement des officines ...................................................................................................153 Une recherche de différenciation, d’identité visible 153 Des évolutions significatives dans l’organisation interne 154

L’évolution de la démographie officinale.........................................................................................................156 Deux vagues successives de départ à prévoir chez les pharmaciens d’officine titulaires et adjoints 156 Une vigilance indispensable face aux perspectives de renouvellement 157

II – chapitre 3...............................................................................................................................160 La problématique de gestion des ressources humaines liée aux évolutions ................................160

L’impact des évolutions probables sur les compétences requises.....................................................................160 Des compétences à consolider 160 Des modalités de construction des compétences à optimiser 161 Un repositionnement probable des acteurs impliqués dans la formation des personnels d’officine 161

La question des volumes et profils d’emploi utiles...........................................................................................163 Des volumes stables de personnels officinaux 163 Des rôles respectifs à préciser pour les différents profils, notamment ceux des adjoints et des préparateurs 164

La question de la rétribution des nouvelles missions de l’officine et son impact sur l’organisation et la GRH165 II - Analyse prospective - Conclusion ........................................................................................167 Deux scénarios possibles, entre s’accommoder et choisir...........................................................167

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TROISIEME PARTIE : PRECONISATIONS EN MATIERE DE GESTION DES RESSOURCES HUMAINES ET DE FORMATION ..........................................................................169

III - Introduction .........................................................................................................................170 Portée et limites du CEP ...................................................................................................................................170 Sept défis majeurs pour le secteur de l’officine ................................................................................................172

III - Chapitre 1 .............................................................................................................................178 Les orientations à privilégier en termes de gestion des ressources humaines .............................178

Les visions et intérêts divergents à réconcilier .................................................................................................178 Les angles de vue principaux 178 Vers une synthèse des points de vue 183

Les axes de développement à privilégier, selon la branche ..............................................................................184 Assumer le renforcement de la complexité des activités, pour tous les profils 184 Recentrer les emplois sur leur cœur de métier propre 185 Repréciser le périmètre des activités du pharmacien 185 Renforcer l’attractivité et redéfinir le contenu du métier pour les deux emplois sensibles : le pharmacien adjoint et le préparateur 186 Promouvoir une nouvelle répartition des tâches 190 Agir sur un plus grand nombre de leviers de management 191

III - Chapitre 2 .............................................................................................................................193 Les orientations de la formation initiale ......................................................................................193

Les principes généraux qui devraient présider à la révision des cursus............................................................193 Développer le lien entre formation initiale et activité en situation professionnelle 193 Valoriser le débouché « officine » dans les cursus 197 Mettre en place des passerelles 197 Prendre effectivement en compte toutes les activités de l’officine 197

Le projet d’action pour la formation initiale des pharmaciens..........................................................................198 Le référentiel cible de l’emploi-type de pharmacien d’officine 198 Les principes organisateurs pour la formation initiale des pharmaciens de la filière officine 208 Les axes de contenus 210 Les modalités pédagogiques 212

Le projet d’action pour la formation initiale des préparateurs ..........................................................................213 Le référentiel-cible de l’emploi-type de préparateur en officine 213 Les principes organisateurs de la formation initiale des préparateurs 220 Les axes de contenus 224 Les modalités pédagogiques 226

III – chapitre 3 .............................................................................................................................228 Les orientations de la formation continue ...................................................................................228

Les orientations pour la formation continue des pharmaciens et des préparateurs 228 La professionnalisation du management 228 Les formations visant l’acquisition de nouvelles compétences pour le personnel de l’officine dans son ensemble 229 Les orientations pour la formation continue des employés « non santé » 230 Les évolutions souhaitables concernant les contenus et modalités de formation continue 230

QUATRIEME PARTIE : PISTES DE REFLEXION ET D’OPERATIONNALISATION.............233

IV - Introduction..........................................................................................................................234 Les rubriques des fiches opérationnelles 234

Les fiches opérationnelles par acteur...........................................................................................236 Fiches destinées aux acteurs de la branche professionnelle..............................................................................237 Fiches destinées aux pouvoirs publics ..............................................................................................................240 Fiches destinées aux acteurs de la formation ....................................................................................................245

ANNEXES ................................................................................................................................................249

Annexe 1 : les acteurs du CEP..........................................................................................................................250 Annexe 2 : les sources documentaires ..............................................................................................................257 Glossaire ...........................................................................................................................................................260

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Introduction

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Les enjeux du contrat d’études prospectives

La Commission Paritaire Nationale de l’Emploi (CPNE) de la pharmacie d’officine et l’État

ont estimé nécessaire de réaliser un contrat d’études prospectives (CEP) — à un horizon de

dix à quinze ans — avec trois objectifs principaux :

- Anticiper les mutations du secteur, en se donnant les moyens de comprendre et

d’interpréter l’impact des réformes annoncées en France et en Europe, les évolutions

politiques, législatives, réglementaires, économiques, démographiques et sociales qui

interviennent dans les perspectives de consommation de médicaments, de suivi des

traitements et de services aux patients et clients.

- Rendre visibles les modèles émergents d’organisation du travail et de gestion des

ressources humaines, en caractérisant le plus précisément possible l’impact des

évolutions certaines ou probables sur l’organisation du réseau d’acteurs de la santé, sur la

structure des officines, la gestion de leurs activités, la configuration des emplois et des

compétences.

- Définir les moyens (professionnalisation « in situ », cursus initiaux, formation continue,

système de rétribution et de motivation, perspectives de carrière…) pour préparer à temps

les professionnels à assumer des fonctions renouvelées et renforcer durablement

l’attractivité du secteur.

UN SECTEUR POUR LA PREMIERE FOIS PERPLEXE SUR SON DEVENIR

Une adaptation jusqu’ici sans à-coup aux évolutions naturelles ou provoquées

Fortes de leur monopole de dispensation des médicaments et d’un maillage serré du territoire,

les pharmacies d’officine constituent en France un acteur incontournable de santé publique et

un secteur en développement constant.

Elles ont su absorber les changements de l’environnement législatif, économique ou

technologique et répondre à l’évolution des demandes et du mode de consommation de leurs

clients.

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Des mouvements de regroupement ont été observés, l’éventail de statuts juridiques des

pharmacies s’est élargi, mais ce secteur présente encore, au regard d’autres branches

d’activités, une relative homogénéité de structures.

De la même façon, même si l’implantation en zone rurale ou urbaine ainsi que d’autres

facteurs stratégiques et environnementaux apportent des nuances non négligeables dans les

pratiques et les revenus, l’organisation du travail dans les officines ne révèle pas de grandes

différences : les familles d’emploi sont restées longtemps clairement identifiées, les activités

déployées en officine facilement répertoriables sinon quantifiables, de même que le socle de

compétences nécessaires.

Les pharmacies ont affronté, comme le reste de la société, la complexification générale du

travail : besoin de poly compétence, univers de relation avec le réseau des acteurs de la santé.

En conséquence, le système d’accès aux emplois, très encadré, a suivi un principe

d’adaptation régulière permettant de faire face à des évolutions réelles mais mesurées.

La perspective de changements plus radicaux, déjà amorcés

La période qui s’annonce présente beaucoup plus d’incertitudes. Le durcissement des

politiques de maîtrise des dépenses de santé publique est déjà à l’œuvre : la situation

financière de l’assurance maladie est aujourd’hui critique et l’on ne peut raisonnablement

envisager de l’équilibrer par la seule augmentation des prélèvements obligatoires. La voie qui

s’ouvre est donc plutôt celle de l’optimisation des dépenses.

La réforme de l’assurance maladie devrait générer des conséquences en chaîne sur les

modalités de prise en charge et les attitudes de consommation de médicaments. La recherche

absolue de réduction des coûts surdéterminera l’achat, sans nécessairement le diminuer.

Par ailleurs, un mouvement d’ouverture du monopole s’observe en Europe, interrogeant le

secteur officinal français sur d’éventuels changements dans son organisation globale.

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UNE IDENTITE PROFESSIONNELLE AMBIGUË QUI DOIT S’AFFIRMER

Une double vocation : acteur de santé publique et chef d’entreprise

L’exercice officinal recouvre une double dimension. Le pharmacien d’officine est d’une part

un spécialiste du médicament et à ce titre un professionnel de santé, détenteur d’une expertise

scientifique reconnue et dispensant conseil et accompagnement médicamenteux auprès de la

population grâce à sa position d’interlocuteur de proximité. Il est par ailleurs un chef

d’entreprise auquel incombent de plus en plus de décisions et de responsabilités d’ordre

financier et managérial.

Une fonction commerciale difficilement assumée

Le commerce de médicaments a toujours constitué et constitue encore une dimension

relativement occultée de l’exercice officinal malgré sa réputation particulièrement lucrative et

sa situation de monopole de vente de produits pharmaceutiques. En effet, la représentation

sociale du pharmacien en tant que notable s’appuie sur sa connaissance et son art de la

préparation des substances médicamenteuses, du moins jusqu’à l’arrivée des spécialités des

laboratoires pharmaceutiques, pour se concentrer aujourd’hui sur son rôle dans l’architecture

de santé publique1.

La « noblesse » de la profession ne réside pas dans les perspectives rémunératrices

avantageuses qu’elle est censée promettre et, plus largement, élude les questions relatives à

l’économie de l’officine. Celles-ci s’avèrent pourtant cruciales dans la mesure où elles

déterminent la contribution du pharmacien à la maîtrise et à la réduction des dépenses de santé

publique et impactent le fonctionnement de l’officine.

DES PREOCCUPATIONS IMPORTANTES SUR LE METIER DE PREPARATEUR Le contenu du travail dans l’officine a beaucoup évolué depuis la création du métier de

préparateur en 1947. La préparation officinale n’occupe désormais qu’une très faible partie de

l’activité, et les tâches des préparateurs se sont diversifiées de façon hétérogène selon les

officines. Le diplôme a été réformé en 1997 et un nouveau référentiel de formation a été mis

au point mais semble ne donner satisfaction à personne.

1 Cf François PUISEUX, Activité et responsabilités du pharmacien, Enquête de l’Académie Nationale de Pharmacie, CNOP 2000, p 4 à 6

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Certains ont pu prédire la disparition du métier. Une majorité s’accorde à dire qu’il y a encore

une vraie place en officine pour le préparateur et qu’il est urgent de redéfinir la profession,

mais de vraies questions se posent sur les orientations à prendre, le niveau de diplôme à

retenir, auxquelles ce CEP s’est attelé. Il s’agit en effet de répondre à des préoccupations

concrètes de prise en charge de l’activité dans les officines à un coût économique adapté tout

en restant en accord avec les exigences d’une profession de santé.

LA NECESSITE DE RENFORCER L’ATTRACTIVITE DU METIER L’attractivité de l’officine, pour les professionnels du médicament que sont les pharmaciens et

les préparateurs, connaît des fluctuations liées au poids du chômage, à l’implantation

géographique et n’apparaît plus aussi systématique qu’elle a pu l’être dans le passé.

Cette question de l’attractivité se pose avec d’autant plus d’acuité que les perspectives de

départs en retraite massifs induisent à court terme une pénurie d’officinaux touchant plus

particulièrement les zones de faible densité de population pour lesquelles un service de santé

de proximité serait de moins en moins garanti. Or certaines régions éprouvent déjà des

difficultés à recruter, la cession des officines prend du temps dans certains endroits et ne se

réalise pas aux conditions espérées.

Enfin et peut-être surtout, des phénomènes d’évasion ou de turn over commencent à

s’observer, provoquant à juste titre la perplexité du secteur qui doit organiser une contre-

offensive.

LA VALEUR AJOUTEE DE CE CONTRAT D’ETUDES PROSPECTIVES Dans un contexte où les réponses à ces interrogations et problèmes exigent d’être développées

pour assurer le sain développement du secteur dans la décennie à venir, la conduite d’un CEP

apporte une valeur ajoutée spécifique.

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Le CEP résulte en effet d’une synergie de volontés :

- celle de la branche, qui souhaite être éclairée sur elle-même et sur son devenir mais aussi

s’affirmer comme l’acteur légitime pour établir les fondements des réflexions et

négociations qu’elle devra conduire ;

- celle de la Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle,

particulièrement attentive à la nature et au volume de l’emploi dans ce secteur, ainsi qu’à

l’évolution des qualifications et des perspectives de carrière pour ses salariés.

Dans le cadre d’un CEP, l’attention se focalise sur l’économie des structures, la réalité

concrète des situations de travail, les évolutions qui devraient les affecter et, surtout, concerne

toutes les composantes de la branche.

Ce point est particulièrement important dans le cas du secteur de l’officine. En effet son

histoire est celle d’une profession libérale incarnée en premier lieu par le pharmacien,

éventuellement par le préparateur, qui s’est rapidement trouvé à ses côtés. Un nombre

croissant de salariés — dénommés sans discernement les « autres employés 2» — demeure un

continent ignoré qui prend pourtant une part active dans le modèle économique de l’officine.

De nombreuses publications s’intéressent aux pharmaciens et aux préparateurs — le cœur de

métier « santé » de l’officine — mais il est plus rare que les activités, qualifications et

perspectives des autres salariés soient étudiées. De ce fait, elles ne sont pas non plus prises en

compte dans les mesures envisagées par le Ministère de la santé — partie prenante,

également, de ce CEP — ces salariés ne relevant pas directement du code de la santé

publique.

En ce sens, le pilotage de ce CEP par le Ministère de l’emploi et de la solidarité constitue un

atout pour la branche, et l’engage à raisonner sur la globalité de ses composantes et non sur

une partie seulement, évitant ainsi de compromettre le réalisme des projections économiques

et sociales.

2 Aucune source statistique ne permet actuellement d’obtenir la représentation quantitative exacte des différentes fonctions que recouvre cette dénomination.

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La démarche d’étude Engagé à l’automne 2004, ce CEP, le premier pour le secteur de la pharmacie d’officine, s’est

organisé autour de trois grandes phases successives d’investigations3 :

Un état des lieux

Dans cette phase ont été combinées la consultation d’acteurs clés et la synthèse de l’ensemble

des données statistiques et des études qualitatives relatives au secteur et à son environnement,

réalisées par les institutions de référence. C’est sur la base de ce travail qu’ont été produits les

scénarios d’évolution les plus probables.

Une étude qualitative et quantitative auprès du « terrain »

Réalisée auprès de deux échantillons distincts d’officines (l’un pour l’étude qualitative, qui a

donné lieu à des observations sur site prolongées et à une campagne d’entretiens ; l’autre pour

l’enquête par questionnaire), elle a permis d’étudier l’organisation et la répartition du travail,

les activités concrètes réalisées et les compétences requises4, ainsi que les besoins de

compétences et de formation ressentis par les professionnels.

Une analyse experte ciblée sur l’élaboration d’un projet national relatif à la gestion et à la formation des ressources humaines

Fondée sur l’étude des scénarios d’évolution d’une part, des référentiels d’activités et de

compétences actuels et à venir d’autre part, elle s’est appuyée sur les contributions du comité

de pilotage de l’étude, des « responsables des ressources humaines » du secteur (dans ce

contexte de PME, des employeurs), des enseignants et professionnels de la formation continue

du secteur. Elle a permis de définir les besoins émergents en termes de compétences et

d’envisager les modalités pour les traiter dans un système de formation adapté en

conséquence.

3 La méthodologie de chaque phase est détaillée dans l’annexe 10 du tome II – Données annexes.

4 L’observation et les entretiens ont permis de réaliser un référentiel réaliste des missions, activités et compétences actuellement déployées dans les officines (cf. annexe 6 du tome 2, données annexes).

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Des réponses en forme de préconisations.

Le champ d’étude d’un CEP n’est jamais clos, le secteur et le monde continuant d’évoluer

pendant que sont conduites les analyses. Ainsi, plutôt que de chercher à apporter des

conclusions à ce travail, le rapport se termine par une partie importante de préconisations —

co-construites par la branche, l’État et Interface — qui ouvrent la voie vers des mesures

opérationnelles mais aussi vers d’autres réflexions, plus précisément circonscrites.

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Première partie : état des lieux

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I - Introduction

Cette première partie se donne pour objectif d’établir un état des lieux du secteur qui soit

suffisamment synthétique et réaliste.

Elle se décompose en quatre grands chapitres :

Le chapitre 1 consiste à présenter le secteur de l’officine tel qu’il fonctionne actuellement en

décrivant le positionnement du pharmacien par rapport au système de santé et au marché du

médicament, l’activité commerciale des officines et ses disparités, la structuration territoriale

et financière du secteur et enfin, les caractéristiques des ressources humaines du secteur

(profils, situation de l’emploi…)

Le chapitre 2 porte sur l’organisation du travail et les pratiques professionnelles au sein des

officines. Il comprend une typologie des officines selon leur positionnement concurrentiel lié

à leur implantation, un répertoire des activités de l’officine et de leur répartition et s’intéresse

à la gestion des ressources humaines (facteurs de motivation, rémunération…)

Le chapitre 3 se consacre plus spécifiquement à l’analyse de la gestion des compétences, qu’il

s’agisse des domaines et des pratiques de formation initiale ou continue.

Le chapitre 4 propose un état comparatif des pratiques d’officine en Europe et dans quelques

autres pays de référence.

Le matériel utilisé dans le cadre de cette première partie s’appuie sur des données statistiques

nationales institutionnelles (INSEE, Cereq, Ministère de la Santé...), des chiffres fournis par la

branche ainsi que sur les éléments recueillis au cours de la seconde phase d’investigation du

CEP, lors des enquêtes qualitative et quantitative.

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I - chapitre 1

PRESENTATION GENERALE DU SECTEUR DE LA PHARMACIE D’OFFICINE

UN POSITIONNEMENT A L’INTERFACE ENTRE SANTE PUBLIQUE ET MARCHE DU MEDICAMENT

Le rôle du pharmacien d’officine : un acteur au cœur d’un double système de dépendance La position du pharmacien d’officine apparaît comme double, située à l’interface du système

de santé publique et du marché du médicament. D’un côté, il se trouve inséré au sein d’un

dispositif qui réglemente non seulement sa fonction mais aussi son activité économique. De

l’autre côté, il se situe pour partie dans la sphère de l’industrie pharmaceutique soumise aux

règles du marché, même si celles-ci sont en partie encadrées par les pouvoirs publics.

Dès lors, cette profession de santé publique s’exerçant sous régime monopolistique n’en

demeure pas moins une activité marchande soumise par conséquent aux impératifs

économiques. Cette position équivoque pose la question de la viabilité économique des

pharmacies et peut expliquer les écarts observés entre officines, notamment en termes de

chiffre d’affaires et de revenu.

Le schéma de la page suivante permet de situer le pharmacien d’officine au sein de son

environnement institutionnel et économique.

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 16

Pharmacie d’officine

Etat• Réglementation du commerce demédicaments• Fonction de prévention et de veille sanitaire• Gestion du système de protection sociale• Administration de l’exercice, du rôle, de laresponsabilité et de la formation desprofessionnels de santé

Laboratoires pharmaceutiques

• Réduction des volumes de vente• Hausse des prix des nouvelles mol écules plusciblées et plus complexes

• Progression des ventes des g énériques

Sph ère sant é publique Sph ère du march é du m édicament

Médecinede

ville

Structures hospitali ères

publiques et priv ées

Recherche, veille sanitairesociale

Organismes publics et priv és

Syst ème de protection sociale• Assurance maladieRégime général et régimes spéciaux

• Assurance compl émentaireMutuelle, compagnies d’assurancesprivées et instituts de prévoyance

Grossistes r épartiteurs• Diminution des volumes• Hausse de la contribution ACCOSS

Groupement de pharmaciens• Multiplication des ventes directes surles génériques

Le pharmacien d ’officine : un positionnement à l’interface entre sant é publique et march é du m édicament

« Patient èle »• vieillissement de la population

• hausse du niveau d ’exigence (qualit é, sécurit é …)

Vente directe

Diffusion de savoir-faireen termes de gestion et logistique

Possibilit é de partenariat

Légende

Encadrement,r églementationRelation commerciale

Coordination dans le cadre des r éseaux de soins

Vente directe

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Des politiques de santé publique en quête d’efficience

TROIS GRANDS PRINCIPES REGISSANT LES POLITIQUES DE SANTE PUBLIQUE Les politiques publiques relatives à la maîtrise des dépenses de santé s’articulent autour des

trois grands principes suivants :

- Le principe de solidarité visant à conserver l’esprit de prise en charge collective de la

santé de chaque citoyen.

- Le principe d’efficience pouvant se définir comme un arbitrage permanent de l’utilité

d’un médicament ou d’un acte médical par rapport au coût qu’il occasionne.

- Le principe de lisibilité consistant à disposer d’éléments fiables sur les paramètres des

coûts sanitaires de manière à engager une politique de réduction des dépenses ciblée et

efficace, c’est-à-dire basée et conçue sur un diagnostic pertinent des actes de soins

rapportés à leur « efficience ».

Toutefois, le système de santé publique ne semble pas fonctionner, à proprement parler

comme un « système », c’est-à-dire comme une structure organisée dotée d’instances de

décision et d’information cohérentes et unifiées.

On pourrait attribuer cet état de fait à une sorte de réticence d’ordre culturel à « mesurer » les

actes de soins selon des critères financiers, et donc à procéder à une évaluation économique

de la prestation médicale ou pharmacienne.

DEPUIS 30 ANS, UNE EVOLUTION PAR PALIERS DES DEPENSES DE SANTE Même si elle constitue actuellement un sujet de préoccupation aiguë, la régulation des

dépenses de santé publique a fait l’objet de mesures politiques depuis pratiquement trente ans.

1976 Plan BARRE : Diminution des remboursements

1977 Plan VEIL : Diminution des remboursements, réduction du nombre de lits

1982 Plan BEREGOVOY : Création du forfait hospitalier, diminution des remboursements

1985 Plan DUFOIX : Diminution des remboursements

1986 Plan SEGUIN : Hausse du forfait hospitalier et des cotisations

1988 Plan EVIN : Exonérations du ticket modérateur, taxe sur la publicité pour les médicaments

1990 Création de la Cotisation Sociale Généralisée (CSG), Marge dégressive lissée (MDL)

1991 Plan BIANCO : Hausse du forfait hospitalier et des cotisations

1993 Plan VEIL : Hausse de la CSG et du forfait hospitalier, Baisse du remboursement des honoraires

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18

1994 Références Médicales opposables (RMO)

1996 Plan JUPPE : Caisse d'amortissement de la dette sociale, Objectif National de Dépenses d'Assurance

Maladie

1997 Seconde vague de RMO

1999 Droit de substitution génériques accordé aux pharmaciens, réforme des MDL (passage de 6 à 2 tranches)

2003 Tarif Forfaitaire de Responsabilité (TFR)

Ces différents programmes se sont avérés être efficaces sur un intervalle de temps limité au

cours duquel les dépenses apparaissent comme effectivement stabilisées pour repartir ensuite

à la hausse. 5

Le graphique ci-dessous6 reflète assez nettement cette évolution par paliers.

5 informations disponibles sur le portail internet sante.gouv, 6 Rapport du Haut Conseil sur l’avenir de l’assurance maladie,2004

Courbe STM :

dépenses Sans Ticket

Modérateur

Courbe ATM :

dépenses Avec Ticket

Modérateur

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LES GRANDES REFORMES IMPACTANT LE REVENU PHARMACIEN

Références Médicales Opposables (RMO)

Introduite en 1994, cette mesure est destinée à éviter les prescriptions inutiles ou dangereuses,

inscrites au répertoire des « références médicales opposables » régulièrement mis à jour.

L’objectif vise non seulement à réaliser des économies de remboursement mais aussi à

améliorer la pratique médicale et garantir un meilleur niveau de sécurité sanitaire pour les

usagers.

Les amendes infligées aux prescripteurs en cas de non-respect des RMO sont sensiblement

dissuasives, mais n’ont pas été appliquées avec suffisamment de rigueur.

Marge Dégressive Lissée (MDL)

Cette mesure instaurée en 1991 consiste à réduire le pourcentage de marge au fur et à mesure

que le prix du médicament s’élève.

L’adoption d’une marge dégressive s’explique par l’introduction sur le marché des

médicaments jusqu’ici maintenus au sein de la réserve hospitalière et dont le coût est en

général très onéreux. Dès lors, afin de contenir les prix des spécialités remboursables, le

pourcentage de marge de ces produits a été revu à la baisse.

Néanmoins, si le pourcentage de marge diminue, la marge en valeur demeure tout de même

conséquente étant donné le prix public de tels médicaments.

Le « lissage » de marge s’opère par des tranches de prix successives auxquelles correspondent

des pourcentages de marge de plus en plus réduits. Pour en simplifier l’usage et le calcul, la

marge dégressive lissée est passée de six à deux tranches en 1999.

Médicaments génériques

Il s’agit de spécialités dont le brevet figure désormais dans le domaine public et peut être

exploité sous un autre nom et par un autre laboratoire. Il faut compter 20 ans avant que la

période d’exclusivité commerciale ne s’achève pour un médicament, plus exactement pour sa

molécule également appelée DCI (Dénomination Commune Internationale).

Au bout de cette durée, la spécialité d’origine, appelée également princeps, est susceptible

d’être déclinée en spécialité générique à condition que celle-ci témoigne de la même

composition qualitative et quantitative, de la même forme pharmaceutique (voie et forme

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d’absorption identiques; ex : gélule, sirop, comprimés) ainsi que de la même bio-disponibilité

(temps d’effet du médicament)7.

Le prix de vente d’un générique est inférieur de 30 à 50% à celui d’un princeps et implique

par conséquent des coûts de remboursement plus modiques. Depuis 1999, les pharmaciens

détiennent le droit de substitution c’est-à-dire la possibilité de convaincre un patient d’opter

pour le générique correspondant au princeps qui lui a été prescrit. En vue de réduire le déficit

de l’assurance maladie, les pharmaciens sont fortement encouragés à la substitution,

notamment par l’intermédiaire de remises avantageuses consenties par les laboratoires.

Tarif Forfaitaire de Responsabilité (TFR)

Lorsqu’un générique n’est pas suffisamment substitué à un princeps, le princeps est

susceptible de passer sous TFR. Le remboursement du princeps s’effectue dans ce cas sur la

base de ce tarif, la différence étant alors acquittée par le client.

7 Critères datant d’avril 1996

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Un marché du médicament à l’avant-garde des orientations politiques et sociales

LES GRANDES TENDANCES DU MARCHE DU MEDICAMENT

La relative stabilité du prix du médicament

Entre ces différents acteurs, le prix du médicament se décompose de la manière suivante 8 :

Par rapport aux chiffres de l’année précédente, la part de l’officine augmente légèrement au

détriment de celle de l’industrie (+ 2% par rapport à 2003). Toutefois, ces données s’avèrent

être relativement stables et les écarts observés résulteraient plutôt de bases de calcul

différentes.

Une industrie pharmaceutique s’adaptant aux nouvelles contraintes réglementaires

Le champ de l’industrie pharmaceutique tend aujourd’hui à se structurer autour de deux

modèles antagonistes.

Le premier correspond au modèle encore en vigueur, c’est-à-dire un médicament, dit

« médicament blockbuster », destiné à un marché de grande ampleur et axé sur des

8 Source : LEEM 2005

Décomposition moyenne du prix des médicaments

remboursables vendus en 2004

Industrie 64% Etat

6%

Officine 27%

Répartition 3%

Etat

Industrie Officine Répartition

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22

traitements généralistes. Le second se positionne sur la commercialisation des molécules

davantage spécialisées, donc plus chères, et opérant par définition sur un marché plus

restreint.

Ce second modèle a actuellement le vent en poupe dans la mesure où les politiques de

maîtrise des déficits de santé publique vont dans le sens d’une réduction des volumes de vente

afin de limiter le niveau des dépenses et encouragent en contrepartie l’innovation et la

recherche thérapeutiques, notamment par des prix à la hausse pour les nouvelles molécules

innovantes arrivant sur le marché.

Ceci a pour effet de stimuler fortement les investissements de recherche et développement de

nouvelles molécules quitte à les introduire plus tôt sur le marché de manière à rentabiliser les

coûts de recherche et développement. L’exemple du Vioxx, médicament retiré du marché car

présentant des effets secondaires non décelés dans la phase recherche et développement,

illustre le risque d’un tel modèle commercial fonctionnant en flux tendus.

Le développement des laboratoires génériqueurs bouscule également l’équilibre du marché du

médicament. Auparavant très concentré du fait des coûts d’investissement et des savoir-faire

nécessaires, celui-ci tend à s’élargir avec les fabricants de médicaments génériques qui

n’assument pas les coûts de recherche. Cela permet à de nouveaux entrants9 de se positionner

sur un marché nécessitant des investissements moins prohibitifs qui plus est soutenu par les

pouvoirs publics.

Un nouvel acteur émergeant : les groupements de pharmaciens

Les groupements sont apparus à la fin des années 60 sous la forme « d’amicales » enregistrées

sous le statut d’Association loi 1901 pour devenir ensuite des sociétés. Leur activité a

commencé à prendre une vocation commerciale à partir du début des années 90, lorsque

l’économie de l’officine s’est dégradée. Néanmoins, leur montée en puissance est

principalement due au passage aux médicaments génériques et à l’exercice du droit de

substitution pharmacien.

9 Parmi ces nouveaux entrants, on recense des laboratoires issus des pays émergents (Teva en Israel, Cipla en Inde) ou d’unités de production de firmes occidentales délocalisées en Europe de l’Est (Bulgarie, Slovaquie, Roumanie par exemple...)

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La fonction des groupements est double : d’une part constituer une plate-forme d’achats

groupés et donc plus avantageux, et, d’autre part, offrir aux adhérents des services d’aide à la

vente (gestion des commandes, merchandising…)

Toutefois, les groupements constituent un ensemble très hétérogène et encore en voie

d’unification puisque certains groupements comptent une vingtaine d’adhérents tandis que

d’autres en revendiquent plusieurs milliers. On compterait approximativement un titulaire sur

deux inscrits dans un groupement10.

LE MARCHE DES GENERIQUES

Un marché en progression

Un marché qui a triplé en quatre ans Accusant à l’origine un retard conséquent sur d’autres pays européens, la France s’est

progressivement orientée vers le passage aux médicaments génériques. En 2004, le répertoire

des génériques représentait 14,7 % du marché du remboursable.

Le marché des génériques a pratiquement triplé en quatre ans, passant de 350 millions d’euros

en juin 1999, date de l’autorisation du droit de substitution, à 1400 millions d’euros environ

en juin 200311.

10 Il s’agit d’une donnée approximative correspondant aux estimations de la profession. (source : site internet du collectif des groupements de pharmaciens). Toujours est-il que tout le monde s’accorde à dire que les groupements sont amenés à prendre de plus en plus d’importance. 11 Tome II – Données annexes 1A

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Le pharmacien d’officine acteur-clé de la substitution Le taux de progression des génériques s’explique en grande partie en raison de l’intervention

des officinaux dans la mesure où une très grande majorité d’entre eux substitue une boîte sur

deux quand ceci est possible comme le montre le diagramme ci-dessous.12

Une progression somme toute relative…

Cependant, ces pourcentages sont calculés à partir d’un répertoire mobile intégrant

constamment de nouvelles molécules dont le brevet tombe dans le domaine public.

Lorsque l’on raisonne à répertoire bloqué, les génériques se maintiennent mais la part des

princeps chute nettement 13. Cet affaissement s’explique par les réajustements des laboratoires

qui accélèrent l’arrivée de nouvelles spécialités ou font prescrire à l’extérieur du répertoire

par l’intermédiaire des visiteurs médicaux. Ces derniers assurent auprès des médecins la

promotion sur les princeps hors répertoire, neutralisant ainsi la substitution pharmacienne.

De même, il est fréquent que les laboratoires alignent le prix de leur princeps sur celui du

générique correspondant lorsque celui-ci est placé sous TFR. Cet alignement du prix du

12 Source : Enquête économique FSPF 2004. 13 Comme le montre le diagramme de l’annexe 1D du Tome II – Données annexes

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princeps sur le générique a d’ailleurs pour conséquence de faire regagner au princeps des

parts de marché par rapport au générique 14.

L’ACTIVITE ECONOMIQUE DU SECTEUR

Une prospérité économique qui révèle la capacité d’adaptation du secteur

UN MODELE ECONOMIQUE DEPENDANT DES POLITIQUES DE REMBOURSEMENT DES

MEDICAMENTS

Des paliers de développement économique ajustés aux mesures des pouvoirs publics

L’analyse de l’évolution de l’activité économique de l’officine depuis une vingtaine d’année

(cf graphique ci-dessous 15) permet de distinguer trois grandes périodes :

- La période 1985-1991 correspond à ce que l’on pourrait qualifier « d’âge d’or » de la

profession durant laquelle tous les indicateurs économiques étaient orientés à la hausse.

- De 1992 à 1998, l’activité économique des officines subit manifestement les effets des

mesures tarifaires destinées à limiter les déficits de l’assurance maladie, notamment

l’introduction de la Marge Dégressive Lissée. En dépit d’une progression du chiffre

d’affaires, la marge commerciale ainsi que l’excédent brut d’exploitation connaissent une

phase de quasi-stagnation.

- Depuis 1998, la marge commerciale et l’excédent brut d’exploitation repartent à la hausse

et le CA poursuit son accroissement.

14 Comme l’illustre l’historique comparatif des ventes du princeps Surgam et de son générique présenté en annexe 1E.. Le taux de substitution est également susceptible de varier selon des critères saisonniers et géographiques (cf annexes 1Fa et 1Fb). 15 Source : INSEE 2002

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Globalement, l’activité économique du secteur connaît une progression régulière s’effectuant

par palier, au rythme des grandes réformes tarifaires, de sorte que certains parlent d’évolution

« stop and go »16.

D’ailleurs, ce mode d’évolution par palier se calque sur celui des dépenses maladie,

présentant lui aussi des ralentissements pour repartir ensuite à la hausse.

Le poids dominant des médicaments remboursables dans le chiffre d’affaires

Cette corrélation s’explique en grande partie par la structure du chiffre d’affaires des

officines17, qui met en lumière la prépondérance de la prescription remboursable. Le

médicament remboursable prescrit représente en effet 74 % du chiffre d’affaires tandis que les

autres ventes correspondent à des prescriptions non remboursables ou non médicamenteuses

ou à des produits non prescrits concentrés dans la parapharmacie.

16 Expression de B. Capdeville, citée par Le Moniteur Annuel 2004 17 Source : Pharmastat 2004

85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 2000 01

1ère et 2ème

Références médicales opposables(RMO) 1994 et 1995

Plan Juppé (Ondam) 1996et 3ème RMO, 1997

Réforme des margesdégressives lissées, avril 99

Chiffres d’affaires Marges commerciales Excédent brut d’exploitation

Source : Insee, Comptes du Commerce

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Il s’agit d’un élément assez stable et représentatif du secteur puisque la grande majorité des

pharmacies d’officine réalisent l’essentiel de leur chiffre d’affaires sur les spécialités

remboursables. Les seules exceptions concernent les pharmacies spécialisées dans la

parapharmacie, soit parce qu’elles ont opté pour ce positionnement commercial spécifique et

pratiquent des tarifs attractifs, soit parce qu’elles sont situées dans des zones d’activité

saisonnière (mer et montagne).

DES RESULTATS ECONOMIQUES FAVORABLES MALGRE UNE STABILISATION DES VOLUMES DE

MEDICAMENTS VENDUS ET UNE BAISSE DU TAUX DE MARGE Malgré le ralentissement observé dans les années quatre-vingt-dix, et même si l’âge d’or des

années quatre-vingt semble révolu, la pharmacie d’officine demeure une activité commerciale

générant un chiffre d’affaires conséquent. À ce titre, le secteur de la pharmacie, et plus

R é p a r t i t i o n d u C A T T C d e l a p h a r m a c i e e n 2 0 0 4

N o n P r e s c r i t s 1 4 %

M é d i c a m e n t R e m b o u r s a b l e

N o n

P r e s c r i t 1 %

A u t r e P r e s c r i t ( n o n m é d i c a m e n t )

9 %

M é d i c a m e n t N o n

R e m b o u r s a b l e N o n

P r e s c r i t 4 %

A u t r e N o n

P r e s c r i t ( n o n m é d i c a m e n t ) 1 0 %

M é d i c a m e n t R e m b o u r s a b l e

P r e s c r i t 7 4 %

M é d i c a m e n t N o n

R e m b o u r s

a b l e P r e s c r i t 2 %

32,6 milliards d’€ 6,1%

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

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largement celui des professions libérales de santé, figurent parmi ceux du commerce de détail

ayant connu le plus fort développement18.

Les résultats les plus récents confirment la prospérité enregistrée depuis presque dix ans alors

même que les pouvoirs publics et l’industrie pharmaceutique se sont accordés pour maintenir

un volume de médicaments constant, afin de minimiser le déficit de l’assurance maladie. 1

Une progression constante du chiffre d’affaires, soutenue par l’innovation pharmaceutique et la rétrocession

hospitalière

En 2004, le chiffre d’affaires progresse de 6,1 % et s’établit à 32,6 milliards d’euros après

avoir déjà augmenté de 5,6 % en 2003.

Bilan économique de la pharmacie en 2004 19.

Valeur en K euros Part du CA Variation annuelle

Chiffre d’affaires 1 400 100 % + 6,1 %

Marge commerciale

brute

389 28,1 % + 5 %

Salaires et charges 161 11,2 % + 8,2%

Résultat net 128 9,1 % + 4, 6 %

L’accroissement du chiffre d’affaires s’explique principalement par l’introduction des

molécules innovantes et la sortie des médicaments de la réserve hospitalière.

La pression commerciale des laboratoires et de leurs visiteurs médicaux a permis un

glissement sensible de la prescription vers les molécules innovantes issues de la recherche

pharmaceutique, plus complexes et surtout plus chères (En contrepartie du maintien des

volumes, les prix des molécules innovantes ont été revus à la hausse.)

18 Cf Annexe 2A 19 Source : Enquête économique 2004, FSPF, menée auprès d’un échantillon de 728 officines sous le statut d’exploitation individuelle et de SNC (sociétés en nom collectif)

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De même, la sortie croissante de médicaments de la réserve hospitalière vers l’officine

concourre à augmenter le chiffre d’affaires des pharmacies d’officine dans la mesure où il

s’agit également de spécialités plus ciblées et plus onéreuses.

Cet « effet structure » contribue mécaniquement à accroître le chiffre d’affaires des officines,

du fait de l’augmentation de la part de marché des médicaments les plus chers20.

Une marge commerciale en valeur qui s’accroît 21

La bonne santé économique du secteur s’illustre également par l’accroissement manifeste et

régulier de la marge commerciale en valeur des officines depuis 1995 comme le montre le

graphique ci-dessous22. L’effet de reprise à partir de 1997 est particulièrement visible.

Lecture du tableau : La partie supérieure des colonnes représente la progression par rapport à l’année précédente.

Les marges arrière ou l’opportunité d’accroître les bénéfices à travers l’exercice du droit de substitution

L’opportunité de réaliser des marges arrière accordées sur la vente des génériques contribue à

dynamiser l’activité commerciale des officines, même si ces marges arrière ne se traduisent

20 Tome II – Données annexes 2B 21 Il s’agit uniquement de la marge réalisée sur les spécialités remboursables 22 Source : Enquête économique 2004, FSPF

Evolution de la marge en valeur ( cumuls mobiles 12 mois )spécialités remboursables

215 M€194 M€

130 M€198 M€

356 M€

112 M€64 M€32 M€16 M€

3,3 Md€

3,8 Md€

4,3 Md€

4,8 Md€

5,3 Md€

5,8 Md€

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 sept.-04

Mar

ge b

rute

ann

uelle

HT

Marge année précédente Gain de l'année

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

30

pas par une augmentation du chiffre d’affaires et n’apparaissent pas dans les données

précédentes.

En effet, ce profit se réalise lors de l’achat direct de médicaments génériques, par l’octroi de

remises commerciales par les laboratoires, très supérieures à celles consenties habituellement

par les répartiteurs et encadrées par les pouvoirs publics.

C’est pourquoi, depuis le 1er janvier 2006, la loi Jacob prévoit désormais l’encadrement des

contrats de coopération commerciale —estimés très approximativement à 300 millions

d’euros23 — avec des remises plafonnées à 20% du prix du médicament.

Mais un taux de marge en baisse…

Malgré la croissance de la marge commerciale, l’activité économique des officines se

caractérise également par une érosion régulière du taux de marge brute sur le médicament

remboursable, et ce depuis plusieurs années. Celui-ci est passé de 29,60% en 1990 à 23,31%

en 2003.24

Ce tassement chronique s’explique par le fait que la marge en pourcentage diminue au fur et à

mesure que le prix des médicaments s’accroît (système de marge dégressive lissée). Ainsi,

l’augmentation de la part de marché des médicaments les plus chers entraîne mécaniquement

la décroissance du taux de marge.

Cette situation incite donc les officines à générer un chiffre d’affaires plus important

qu’auparavant afin d’assurer leur viabilité économique.

23 Source : estimation de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique, 2003 24 Source : UNPF, « Rapport sur l’évolution économique et la situation de l’emploi en pharmacie d’officine », 2004.

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L’absence d’un modèle économique unique de l’officine : des disparités qui s’expliquent moins par la taille que par l’implantation géographique de l’officine

DES DISPARITES SENSIBLES DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE ENTRE LES OFFICINES Les différences économiques entre les officines s’illustrent tant du point de vue du chiffre

d’affaires que du taux de marge et de revenu25.

Disparités en termes de chiffres d’affaires

Comme le montre le tableau suivant26, il est possible de dégager trois groupes d’officines

délimités par trois tranches de CA. Pour chacune d’entre elles, on présente le pourcentage

d’officines appartenant à cette tranche ainsi que le pourcentage moyen d’évolution du CA par

rapport à l’année précédente27.

CA compris entre

200 et 800 k euros

CA compris

entre 800 et

2000 Keuros

CA compris entre 2 000 et

au-delà de 2 800 Keuros

Proportion d’officines

12,6% 71,8% 15,6

Évolution de CA + 4,7 % +6,6% +8,4%

On constate que plus le CA est élevé et plus il tend à progresser.

25 Tome II – Données annexes 2C 26 Source : Enquête FSPF 2004 27 Tome II – Données annexes 2D

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Disparités en termes de taux de marge

Les données28 ci-dessous présentent les écarts de taux de marge entre les officines du secteur.

Lecture du tableau :

Le second histogramme en partant de la gauche montre que 10 % des officines affichent un taux de marge compris entre 26 et 27 % (échelle de gauche). L’échelle de droite représente le cumul : 39 % des officines (courbe rouge) présentent un taux de marge inférieur à 28%.

DES VARIATIONS N’AYANT QUE PEU DE RAPPORT AVEC LA TAILLE29

DES OFFICINES… L’enquête quantitative par questionnaire, réalisée dans le cadre du CEP 30, permet d’affiner

les données globales et met en lumière l’absence de lien systématique et immédiat entre

l’effectif de l’officine et sa productivité.

…qu’il s’agisse du chiffre d’affaires …

En effet, parmi le panel d’officines, plus de 22% des pharmacies de taille moyenne (de 6 à 10

salariés) réalisent un chiffre d’affaires identique à 48% à celui de leurs homologues de petite

taille.

9% de ces dernières atteignent entre 1,5 et 2 millions de chiffre d’affaires, chiffre d’affaires

que la majorité des officines de taille moyenne ne dépasse pas.

28 Source : Enquête économique FSPF 2004. 29 La « taille » des officines se rapporte à l’effectif salarié travaillant dans l’officine . 30 Il s’agit d’une enquête par questionnaire, conduite en juillet 2005 auprès d’un échantillon d’environ 200 officines réparties sur cinq régions différentes, dont la portée et la méthodologie sont détaillées en annexe 10 C du tome 2 - données annexes.

Distribution des officines en fonction des taux de marge

3%

10%

26%

31%

17%

7%

3% 3%

70%

87%94%

97% 100%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

< à 26 %

de 26 à 27 %

de 27 à 28 %

de 28 à 29 %

de 29 à 30 %

de 30 à 31 %

de 31 à 32 %

> à 32 %

Taux de marge

Nb

d'of

ficin

es

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Cum

ul n

b d'

offic

ines

39% des officines ont un taux de marge inférieur à

28%

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

33

Moins de 500 000 €

De 500 000 à 1 million€

De 1 million à 1,5million €

De 1,5 à 2 millions €

De 2 à 2,5 millions €

Plus de 2,5 millions €De 1 à 5 De 6 à 10 Plus de 103,5%

9,4%

48,2%

38,8%

12,7%

19,0%

38,1%

22,2%

6,3%

1,6%

77,3%

13,6%

9,1%

Lecture du tableau : « 38,8% des petites officines – employant entre 1 et 5 salariés – ont un chiffre d’affaires compris entre 500 000 et 1 million d’euros ».

…ou du taux de marge brut

Entre 11 et 15%

Entre 21 et 25%

Entre 26 et 30%Entre 31 et 35%

De 1 à 5 De 6 à 10 Plus de 104,9%

70,5%

23,0%

1,6%

2,1%

85,4%

8,3%

4,2%

100,0%

Lecture du tableau : « 23% des petites officines – employant entre 1 et 5 salariés – ont un taux de marge brut compris entre 21 et 25% du CA HT ».

On constate ainsi que seules des officines de moins de 10 salariés atteignent plus de 30% de

taux de marge brut (ce chiffre est à relativiser dans la mesure où les petites officines affichant

un tel taux de marge sont très peu nombreuses, alors qu’une majorité d’officines compte

moins de 10 salariés).

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

34

12,5% des officines de taille moyenne ont un taux de marge brut inférieur à 25%, comme

25% des petites.

Enfin, 70,5% des petites officines ont un taux de marge brut compris entre 26 et 30%,

analogue à celui de 85% des officines de taille moyenne.

…MAIS DES FACTEURS DE CLIVAGE GEOGRAPHIQUES PERSISTANTS Sur la base des résultats de l’enquête de terrain, force est de constater que ce sont les facteurs

liés à l’implantation géographique de l’officine qui peuvent davantage expliquer une

performance économique remarquable, même lorsqu’il s’agit d’une petite officine.

La clientèle captive dans les zones de faible densité

Si l’implantation géographique des officines traduit la volonté des pouvoirs publics d’assurer

à tous les Français l’égalité d’accès à un réseau pharmaceutique bien réparti et d’éviter les

dérives concurrentielles, elle implique des zones de monopole dans des zones de faible

densité de population.

Les officines qui y sont implantées s’adressent à une clientèle dite « captive », qui n’a souvent

d’autre choix que celui de s’approvisionner auprès d’un nombre très restreint de pharmacies,

se limitant à une ou deux officines.

Le cas spécifique de l’Alsace et de la Meurthe-et-Moselle31, où la répartition des officines par

densité de population est encore plus limitée - une pharmacie pour 3500 habitants- illustre

particulièrement cette situation puisque que les officines affichent un revenu supérieur à la

moyenne.

L’impact de la zone de chalandise dans les zones de plus forte densité

En revanche, les établissements localisés en zones urbaines plus denses sont exposés à une

concurrence plus prononcée puisque la clientèle des grandes métropoles dispose d’une

gamme de choix élargie et parfois excessive pour la santé économique des entreprises

officinales.

31 Comme le montre la carte de l’annexe 2C (Tome II – Données annexes)

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

35

L’incidence de la zone de chalandise est alors significative, puisque ce sont les pharmacies de

centre ville et de centre commercial qui affichent le meilleur taux de marge. 32

Une spécificité méridionale : une consommation pharmaceutique poussée

Il s’agit d’un phénomène structurel et relativement stable de la géographie pharmaceutique

française. En effet, pour des raisons vraisemblablement liées au nombre et aux

comportements des prescripteurs, les régions du Sud de la France, de l’Aquitaine à la PACA,

font état d’une surconsommation de médicaments par rapport aux autres régions.33

L’ORGANISATION TERRITORIALE ET FINANCIERE DU SECTEUR

Un réseau officinal en perte d’équilibre malgré les quotas d’installation

LA REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES OFFICINES : UNE REGLEMENTATION QUI N’EVITE PAS

UN DESEQUILIBRE PRONONCE

Une installation encadrée par un maillage territorial

Pour devenir propriétaire d’une officine, il existe quatre possibilités encadrées par la

législation :

- L’achat d’une officine existante.

- La création qui est possible de droit lorsque les quotas suivants sont atteints34 :

⋅ une officine pour 2500 habitants dans les communes de moins de 30 000

habitants

⋅ une officine pour 3 000 habitants dans les communes de plus de 30 000

habitants.

Les quotas sont appréciés selon une carte départementale élaborée par une commission

ad hoc réunissant des représentants de la profession et de l’administration. Cette carte

32 Se reporter aux annexes 2E, 2F et 2G (Tome II – Données annexes). 33 Source : CNOP, voir également « Les disparités interrégionales des dépenses de santé » DREES Etudes & Résultats n°95 décembre 2000 34 Si avant 1999, une voie dérogatoire permettait la création d’une officine lorsque des élus locaux parvenaient à démontrer un besoin spécifique pour la population, elle a été supprimée depuis l’adoption de la loi du 27 juillet 1999 portant sur la Couverture Maladie Universelle.

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

36

est établie de façon définitive ce qui fige les zones d’attraction alors que la

démographie locale peut évoluer.

Cependant, il a été possible d’établir à partir de ce maillage des « zones blanches »

(correspondant à des zones non desservies) dans lesquelles la création devient possible

de droit s’il s’avère que la population de la zone dépasse 2500 habitants.

- Le transfert d’un lieu à un autre : la possibilité de transférer une licence d’un

département à un autre est octroyée par le représentant de l’État dans le département,

après avis des syndicats représentatifs de la profession et du conseil régional de l'ordre

des pharmaciens. La réglementation prévoit que le transfert ne doit pas se faire au

détriment d’une officine existante.

- Le regroupement (loi de juillet 1999) : deux pharmacies peuvent désormais se

regrouper. Les deux licences sont supprimées et les deux structures regroupées sous

une seule licence, mais avec le même nombre de pharmaciens.

Une surconcentration d’officines en zone urbaine, une diminution du nombre des officines dans les zones rurales35

Malgré les règles de maillage, la répartition géographique des officines se révèle très inégale

puisque l’on assiste à une surconcentration officinale dans les zones urbanisées,

particulièrement en Ile de France, avec en contrepartie une moindre implantation dans les

régions de plus faible densité.

Le tableau suivant36 illustre ce phénomène, puisque les régions Ile de France, Provence Alpes

Côte d’Azur et Rhône Alpes concentrent plus du tiers du nombre total d’officines alors que le

Limousin et la Franche-Comté ne représentent respectivement que 1,5% et 1,9% du nombre

total d’officines.

35 Tome II – Données annexes 3A. 36 Source : CNOP - Données 2004.

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

37

LE NOMBRE D’OFFICINES : UNE STABILITE NUMERIQUE MAIS DES STRUCTURES DE TAILLE

PLUS IMPORTANTE

Un marché en panne de renouvellement

En 2004, on dénombrait en France un total de 22 658 officines pour 27 971 titulaires. Depuis

trois années consécutives, le nombre d’officines décroît, enregistrant en 2004 un solde négatif

de 33 établissements.

Globalement, le nombre des officines a tendance à plafonner depuis les années quatre-vingt

dix alors que le nombre de titulaires continue de progresser.37 Sur la période 2001-2003, le

taux de création annuel d’officines 38s’élève à 5% 39 . De même, la part de renouvellement 40s’avère être relativement faible puisqu’elle se monte à 18% pour le secteur des officines

contre 32% tous secteurs confondus et toujours sur la même période. 41Le nombre de

cessations d’activité (59 en 2003) reste tout de même extrêmement minoritaire par rapport au

volume d’ensemble même s’il traduit le durcissement des conditions économiques.

La taille des officines : le passage à l’officine « moyenne »

L’examen des chiffres de 1980 à 2000 montre que le nombre d’officines « moyennes »

comprenant 5 à 9 salariés a pratiquement doublé en 20 ans, tandis que les officines de petite

taille sont de moins en moins nombreuses surtout depuis les années 90 (-10% de 1990 à

2000)42.

37 (cf annexe 3B – Tome 2 - Données annexes). 38 (Part en pourcentage des entreprises créées dans l’année) 39 Source : Céreq Portrait Statistique de Branche 40 (Part des entreprises de moins de cinq ans d’existence) 41 Source : Cereq / Portrait Statistique de Branche 42 Source : UNEDIC 2004

Evolution du nombre d'officines par taille (UNEDIC)

02000400060008000

100001200014000

1980

1985

1990

1995

2000

2002

2003

2004

1 à 4 salariés

5 à 9 salariés

10 à 19 salariés

20 salariés etplus

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

38

Un accès à la propriété plus restreint mais le développement d’un mode d’exercice plus attractif

LE COUT D’ACHAT DES OFFICINES : DES MONTANTS D’ACQUISITION DE PLUS EN PLUS

ELEVES

Le coût d’achat des officines exprimé en pourcentage du chiffre d’affaires connaît

actuellement une stagnation, voire une légère reprise après avoir décru depuis les années 90

où il fallait compter 100% du CA annuel pour acquérir une officine. 43

En 2004, le coût moyen s’élève à 88%, oscillant environ entre 70 et 100% du CA44.Toutefois,

l’accroissement régulier du chiffre d’affaires des officines compense largement l’érosion du

coût d’achat en pourcentage. Concrètement, le prix moyen d’une officine a augmenté de 85%

de 1997 à 200445, ce qui fragilise l’insertion des aspirants titulaires et contribue à la

stagnation du nombre d’officines.

LE STATUT D’EXERCICE : UNE STRUCTURATION FINANCIERE DE PLUS EN PLUS SOUPLE ET

CAPITALISTIQUE

La croissance de l’exercice associé au détriment de l’exploitation individuelle

Une pharmacie d’officine peut être enregistrée sous les six statuts suivants :

- Exploitation individuelle

- Copropriété : regroupement de pharmaciens sur une même officine.

- SNC : Société en nom collectif qui regroupe des pharmaciens sur une officine mais

enregistrée sous la forme de société.

- SARL : Société anonyme à responsabilité limitée

- EURL : entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée, variante « société » de

l’exploitation individuelle.

- SEL : société d’exercice libéral ;

En 2004, la répartition des statuts d’exercice des officines s’opère ainsi46 :

43 Dans les années 80, ce taux pouvait même atteindre 130% pour les pharmacies situées dans le Sud de la France. 44 L’annexe 3C (tome 2 – données annexes) détaille le coût d’achat des officines en % de CA selon les régions et fait nettement ressortir le niveau élevé des montants d’acquisition dans le sud de la France. 45 Source : Anticyp 2004 46

Source : CNOP Données du secteur 2003 et 2004

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

39

Statut 2004

Exploitation individuelle 13 549

Copropriété 289

Société en nom collectif 4 916

SARL 551

SEL 1 888

EURL 1 465

Dans l’ensemble, le secteur s’est structuré sur la base du régime de l’exploitation individuelle

qui demeure encore majoritaire. Actuellement, plus du tiers des officines ont pourtant un

statut de société.

Toutefois, leur nombre diminue d’année en année du fait de l’augmentation des officines

enregistrées sous la forme de société en nom collectif ainsi qu’une montée des sociétés

d’exercice libéral (SEL) qui détient le plus fort taux de progression. 47

La SEL : Un assouplissement des transactions officinales

Le statut de société d’exercice libéral correspond à un mode d’exercice officinal sous la forme

d’une société de capitaux. Il facilite la participation capitalistique et la transmission,

47 Ibid. Le graphique retrace l’évolution des formes juridiques adoptées hors exploitation individuelle.

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

40

notamment dans le cadre familial, et préfigure d’une certaine manière le passage éventuel aux

chaînes de pharmacies, même si ces participations doivent provenir uniquement de

pharmaciens officinaux, afin d’éviter toute intrusion extérieure, y compris des pharmaciens

répartiteurs ou des pharmaciens d’industrie.

En dépit du fait qu’ils autorisent un lancement plus sûr, notamment pour les aspirants

titulaires peu dotés, ces avantages ne sont que temporaires.

En effet, ce modèle se révèle financièrement attractif lors des premières années dans la

mesure où il permet de bénéficier d’une pression fiscale moindre en dissociant les revenus du

travail des revenus du capital. Cependant, le moment de cession de la pharmacie est

susceptible de générer un coût fiscal conséquent et représente un des principaux

inconvénients financiers de cette option.

Il existe déjà un système permettant à des titulaires de détenir des parts dans deux officines

différentes au maximum, celles-ci devant être obligatoirement enregistrées sous la forme de

sociétés.

La promulgation en 2005 de la loi Jacob sur la création et la transmission des PME renforce

l’amorce de cette dynamique capitalistique en facilitant la transmission — particulièrement

dans les cas de relation de parenté — et le regroupement d’officines, l’octroi de parts en

industrie pour les pharmaciens assistants.

LES EMPLOIS ET LES CARACTERISTIQUES DES PERSONNELS DU SECTEUR

Une situation de l’emploi plutôt favorable mais un déficit de visibilité des emplois de l’officine

LA REPARTITION DES EFFECTIFS PAR TYPE D’EMPLOI : UNE REALITE DIFFICILE A

APPREHENDER

Les pharmacies d’officine se composent de trois principaux profils d’emplois : les

pharmaciens (incluant les titulaires et les adjoints), les préparateurs et les « employés » de

pharmacie regroupant le personnel affecté aux tâches administratives, à la gestion des

commandes ou à l’entretien.

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

41

En termes de répartition géographique, les régions Ile de France et Provence Alpes Côte

d’Azur concentrent ainsi plus du quart des salariés d’officine (26, 2%) et regroupent avec la

région Rhône-Alpes, plus du tiers des salariés (35,5%).

Malgré tout, ces chiffres font également ressortir une surconcentration dans les zones

urbanisées, et notamment en région Ile de France. 48

Hormis les effectifs pharmaciens, il s’avère difficile d’obtenir des mesures de la réalité des

effectifs des officines ; le tableau ci-dessous présente les estimations réalisées dans le cadre

du CEP.

Tableau récapitulatif

148 000 personnes environ exercent dans les pharmacies d’officines qui se répartissent

environ en :

- 28 000 titulaires d’officine 49

- 120 000 salariés.

Les effectifs salariés se répartissent approximativement de la manière suivante :

- 24 000 adjoints 50

- entre 50 000 et 60 000 préparateurs

- 35 000 employés

Près d’un salarié d’officine sur quatre est un « employé ».

Les effectifs de préparateurs : des estimations nettement supérieures aux données habituellement avancées

En 2005, l’effectif total des préparateurs en officine n’est pas connu précisément et fait l’objet

d’estimations variant de 35 00051 à 60 000 52.

48 Tome II – Données annexes 4A 49 Source : CNOP 2004 50 Ibid 51 Source cahier des charges du CEP : estimation pour 2002 52 Source : estimation réalisée par Porphyre en 2005

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

42

Selon le recensement effectué par l’INSEE en1999, les officines comptabilisent 42 037

préparateurs.

L’INSEE ne disposant pas encore des données issues du recensement 2005, projectives

s’appuyant sur les résultats de l’enquête quantitative réalisée au cours de l’été 2005 ou sur les

données 1999.

1ère estimation à partir de l’enquête quantitative du CEP L’enquête qualitative recense 470 préparateurs répartis sur 169 officines soit 2,781

préparateurs par officine. Les 22 658 officines françaises regrouperaient ainsi près de 63 000

préparateurs.

2ème estimation à partir d’une projection des données de 1999 Il est possible de projeter les données 1999 des effectifs préparateurs en se basant sur

l’évolution des effectifs salariés d’officine.

Ces derniers sont passés de 105 900 en 1999 à 119 954 en 2004, soit une progression de

13,27%. Si l’on applique ce pourcentage d’évolution à la population des préparateurs on

obtient un effectif estimé à 56 000 préparateurs environ pour un taux de croissance identique.

En tenant compte de ces deux projections, le nombre de préparateurs en officine en 2005 peut

être estimé à 60 000 personnes environ, autrement dit la moitié des effectifs salariés.

Les employés d’officine composés majoritairement par les rayonnistes et le personnel d’entretien

À l’instar des préparateurs, les effectifs des employés ne font l’objet d’aucune mesure

officielle.

Les éléments issus de l’enquête quantitative permettent d’estimer les effectifs d’employés à

32 700 personnes53 .

Parmi ces employés, les professions les plus représentées correspondent à des métiers

d’entretien ou de rayonniste.

Répartition des employés d’officine à partir des résultats de l’enquête quantitative 53 Cette estimation corrobore les résultats précédents qui indiquent : Nombre salariés- Nb adjoint- Nb préparateurs = 35 000

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

43

Personnel d’entretien: 10 400

Rayonnistes : 6700

Vendeurs : 4 700

Secrétaires : 4 400

Comptables : 2 000

Conditionneurs : 1 200

Autres : 3 300

Les employés « autres » se composent des aides préparatrices, des responsables marketing et des achats, des

responsable administratifs

Des effectifs salariés non négligeables ? les apprentis préparateurs

Les effectifs d’emploi ne tiennent pas compte des personnes en contrat d’apprentissage dans

le cadre du Brevet de préparateur.54

Cette population n’apparaît pas explicitement dans les statistiques nationales disponibles,

mais l’enquête qualitative permet d’estimer le nombre d’apprentis à 12 000 personnes

environ.

Néanmoins, bien qu’en situation d’apprentissage de leur métier, ils contribuent également à

l’activité de l’officine.

Sans incriminer ni dédouaner les employeurs dans leur ensemble en concluant à des

comportements généralisés, il faut souligner que le cadrage insuffisamment précis du régime

d’emploi des apprentis est susceptible de laisser une place à des situations abusives.

En revanche, des enquêtes quantitatives sur des échantillons restreints apportent un éclairage

sur l’insertion professionnelle des apprentis. L’enquête IPA réalisée par le Cereq55 montre

54 Les étudiants en pharmacie ont la possibilité de travailler en officine à partir de la troisième année validée et peuvent délivrer sous contrôle du pharmacien. 55 Enquête IPA Cereq-Iredu/CNRS réalisée en 2004 auprès de 137 apprentis 7 mois après la sortie du contrat d’apprentissage

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

44

notamment que 56% des apprentis sont embauchés dans leur entreprise formatrice pour un

taux d’emploi de 94%, en CDI pour 74% des répondants.

D’autre part, le CFA Planchat réalise chaque année une enquête sur l’insertion professionnelle

des apprentis. Malgré le faible nombre de répondants56, celle-ci semble être plutôt

satisfaisante. En effet, sur les 39 répondants, 28 ont mis moins d’un mois pour trouver un

emploi. On compte 29 CDI pour 7 CDD. Près de la moitié d’entre eux ont été embauchés

dans l’officine au sein de laquelle ils ont effectué leur alternance tandis que les autres sont

passés par les offres d’emploi parues dans les journaux professionnels (11 personnes) ou ont

procédé par démarchage direct auprès des pharmacies (7 personnes).

UNE SITUATION DE L’EMPLOI FAVORABLE

Une croissance régulière des effectifs salariés

Sur le long terme, l’évolution des effectifs salariés est en progression régulière.

En effet, le taux de croissance annuel moyen des effectifs salariés est passé de 1,3% sur les

années 1994-1996 à 3,3% sur les années 2001-2003. À titre comparatif, ce taux s’élevait à

1,2% tous secteurs confondus sur cette dernière période. Concrètement, les effectifs salariés

sont passés de 105 900 en 1999 à 119 954 en 2004, soit une progression de 13,27%57.

Un taux de chômage relativement bas

La pharmacie d’officine représente un secteur d’emploi relativement pérenne par rapport aux

autres dans la mesure où il s’agit d’un exercice bénéficiant d’un monopole et dont les marges

sont fortement encadrées. C’est une des raisons pour lesquelles le niveau des courbes de

demandeurs d’emploi des métiers d’officine reste très en deçà de celui observé dans d’autres

secteurs économiques.

En 2004, seuls 1000 pharmaciens et 2000 préparateurs 58 sont recensés comme demandeurs

d’emplois

À l’inverse, certaines les officines connaissent des difficultés de recrutement, tout

particulièrement, celles qui sont implantées en zone rurale ou dans les petites et moyennes

villes de province.

56 Enquête réalisée en 2003. Sur 229 questionnaires distribués par le CFA, 39 questionnaires dûment remplis ont pu être collectés. 57 Tome II – Données annexes 4B. 58 Source ANPE, 2004, taux de demandeurs d’emploi de catégorie 1

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

45

UN RECOURS AU CONTRAT A DUREE DETERMINEE EN PROGRESSION Le secteur de la pharmacie d’officine se caractérise59 par une part de contrats à durée

déterminée (CDD) en progression plus forte que celle de la moyenne des autres secteurs.

Part des CDD 1994-1996 2000-2002

Pharmacie 4,7% 6,8% Tous secteurs 5,2% 6,0%

L’enquête quantitative permet d’apporter des éléments plus récents qui indique que la part des

salariés en CDD atteindrait 14,9%. En revanche, le niveau de recours à l’intérim, bien qu’il

progresse légèrement, demeure pratiquement nul 60.

LE RECOURS PRONONCE, PARFOIS PRIVILEGIE, AU CONTRAT A TEMPS PARTIEL61

Le poids des temps partiels au sein des officines est pratiquement deux fois plus important

que le taux moyen62.

Pharmacie Tous secteurs

1994-1996 2000-2002 1994-1996 2000-2002

Temps Partiel 28,2% 29,3 % 15,4% 16,1% 15 à 29 heures 15,4% 16,8% 9,8% 9,8% moins de 15 h 5,1% 4,3% 1,9% 2%

Les résultats de l’enquête quantitative mettent en évidence des chiffres assez proches : la part

des effectifs à temps complet s’élève à 69,3%. La part des 30,7% restant se décompose en

24,8% de personnes ayant opté pour un régime à temps partiel tandis que 5,8% jugent qu’il

s’agit d’une situation imposée.

59 Sources - CEREQ, 60 Source : CEREQ, 61 Tome II – Données annexes 4B 62 Source : CEREQ,

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46

Des personnels d’officine, majoritairement jeunes, qui se sont féminisés

L’AGE DES PERSONNELS63

Un léger vieillissement apparent

L’analyse des âges de l’ensemble des professions d’officine, employeurs et salariés

confondus, fait apparaître un léger vieillissement avec un accroissement des personnels de 50

ans et plus64.

Secteur Tous secteurs Âge Part des : 1994-1996 2000-2002 1994-1996 2000-2002 Moins de 25 ans 11,4% 10,9 % 8,0 % 8,6 % 25 à 29 ans 13,2 % 15,1 % 14,2 % 12,7 % 30 à 39 ans 31,7 % 28,0 % 30,1 % 28,9 % 40 à 49 ans 29,6 % 28,1 % 29,0 % 27,8 % 50 ans et plus 14,1 % 17,9 % 18,8 % 22,0 %

Mise à part cette caractéristique, ces données ne semblent pas faire ressortir des changements

marqués concernant l’âge de la profession qui apparaît comme stable.

L’enquête quantitative précise que les titulaires sont majoritairement plus âgés que les salariés

répondants puisque près de 70% ont de 46 à 66 ans.

Les salariés répondants des officines sont majoritairement plus jeunes que les titulaires,

puisque plus de 56% ont moins de 35 ans.65

Les trois âges de la profession

Dans l’ensemble, il apparaît que l’âge varie de manière inversée par rapport à la catégorie

socio-professionnelle dans la mesure où la population cadre est vieillissante tandis que

l’effectif non-cadre se caractérise par sa jeunesse. On pourrait même parler de trois âges pour

les métiers d’officine si l’on examine les âges moyens des pharmaciens titulaires, des

pharmaciens adjoints et du personnel non-cadre.

63 Tome II – Données annexes 4C 64 Source : Cereq 65 Il est possible que les jeunes salariés aient été plus motivés que leurs aînés pour répondre

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Les pharmaciens titulaires présentent le contingent le plus âgé, suivis par les pharmaciens

adjoints qui se situent entre deux âges, les préparateurs et les employés étant les plus jeunes.

Titulaire Adjoint Non cadre Âge moyen 48 ans 40 ans 36 ans Âge médian 48 ans 40 ans 33 ans

Lecture : les non cadres ont en moyenne 36 ans, la moitié des non cadre est âgée de moins de 33 ans.66

S’il est actuellement question de remédier au taux de fuite des préparateurs67 et de parvenir à

une meilleure fidélisation des adjoints, le problème du renouvellement de la profession

pharmacienne se pose de manière tout aussi cruciale.

Dans les deux cas c’est bel et bien l’attractivité, et par conséquent l’avenir, des métiers

d’officine qui se jouent dans ces questions.

UN TAUX DE FEMINISATION ELEVE Le taux de féminisation de la profession dans son ensemble est sensiblement plus élevé que la

moyenne des autres secteurs et représente environ 75% des effectifs.68

Secteur Tous secteurs Sexe

1994-1996 2000-2002 1994-1996 2000-2002 Part des femmes 77,6 % 76,1 % 40,6 % 41,3 %

L’évolution de ces chiffres fait apparaître que les métiers d’officine sont en voie de

féminisation, y compris pour les professions cadres (63% d’hommes sont répertoriés dans les

catégories cadres en 2000-2002 contre 69% en 1994-1996).

Structures des emplois occupés par des hommes

Structures des emplois occupés par des femmes Catégories socioprofessionnelles

(1994-1996) (2000-2002) (1994-1996) (2000-2002) Non salariés ns % ns % ns % ns % Cadres 69 % 63 % 35 % 30 % Professions intermédiaires 26 % 30 % 39 % 48 %

66 Ce tableau est issu du recoupement de plusieurs sources (CNOP, Cereq, Cahier des charges CEP, Enquête quantitative) et constitue davantage une indication plutôt qu’une série de données exhaustives. 67 Selon le syndicat FO Pharmacie se référant à une étude au sein d’un CFPP, ce taux de fuite s’élèverait environ à 40% environ au bout de quelques années d’exercice en officine. En se basant sur une enquête menée par ses propres soins, M. Bury, président du groupement de l’Initiative française du marketing officinal (IFMO), recense un taux de fuite de 10% pour la région de Strasbourg, ce qui constitue selon lui un phénomène inédit jusqu’alors. Même si le manque d’attractivité de la profession ne fait aucun doute, ces chiffres mériteraient d’être complétés au niveau national. 68 Source : Cereq

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Employés 4 % 3 % 20 % 16 % Ouvriers qualifiés 0 % 1 % 1 % 0 % Ouvriers non qualifiés % 2 % 5 % 6 % Ensemble secteur 100 % 100 % 100 % 100 %

(Source : Cereq)

On relève également une proportion grandissante de femmes parmi les effectifs pharmaciens,

plus particulièrement chez les adjoints et dans une moindre mesure chez les titulaires. Sur les

27 971 titulaires d’officines on compte 46,33% d’hommes pour 53,67% de femmes. En ce qui

concerne les adjoints, les effectifs féminins sont largement majoritaires avec 82,63% contre

17,38% d’effectifs masculins.

Les données issues de l’enquête qualitative donnent une indication sur le taux de féminisation

des salariés près de 90%, et de 51 % chez les employeurs.

UNE ANCIENNETE DES PERSONNELS DE MOINS EN MOINS CONSEQUENTE Secteur Tous secteurs Ancienneté dans l’entreprise

1994-1996 2000-2002 1994-1996 2000-2002 Moins d’un an 12,7% 15,3% 14,7% 17,4% Moins de 5 ans 45,5% 45,7% 42,2% 45,7% 10 ans et plus 34,8% 36,0% 39,2% 38,3%

Les chiffres du tableau ci-dessus69 montrent que la pharmacie d’officine constitue un domaine

d’exercice où l’ancienneté professionnelle est plus faible que d’ordinaire. En effet, la part des

salariés présentant une ancienneté de 10 ans et plus est toujours inférieure à celle observée en

moyenne dans les autres secteurs même si l’écart tend à se réduire.

La stagnation des effectifs de moins de dix ans d’ancienneté pointe les difficultés liées à la

fidélisation d’une partie du personnel.

En effet, l’accroissement des parts des autres catégories d’ancienneté montre, d’une part, que

les effectifs les plus anciens ont tendance à prolonger leur présence dans l’officine et, d’autre

part, que l’officine enregistre davantage de nouvelles arrivées. Le problème se pose lorsque

quelques années passent, et que les « nouveaux arrivants d’hier » sont plus nombreux

69 Source : Cereq

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

49

qu’auparavant à quitter l’officine au bout de quelques années d’exercice comme l’indique la

stagnation des effectifs de moins de cinq ans, alors que les autres parts s’accroissent.

L’enquête quantitative tendrait à montrer que l’ancienneté professionnelle s’est encore érodée

puisque, d’après ses résultats, la part des moins de 5 ans d’ancienneté se situe à 50% et celle

des plus de 10 ans à 31,5%.

UN TURN OVER PLUS FREQUENT

Secteur Tous secteurs Ratios Entrées / Sorties

1994-1996 2000-2002 1994-1996 2000-2002 Taux de rotation de la main-d’œuvre 26,0% 34,9% 34,9% 41,6%

dont établissements de moins de 50 salariés 25,3% 33,8% 37,6% 42,5% dont établissements de 250 salariés et plus 25,1 % 33,8 %

Part des entrées sur CDI 26,2% 37,2% 21,9% 28,5% Part des entrées sur CDD 66,4% 56,7% 69,6% 63,1% Part des sorties sur fin de CDD 48,6% 43,4% 57,6% 52,8% Part des sorties par démission 26,3% 36,7% 16,2% 22,2%

Si l’on s’en tient au secteur de l’officine, ce tableau70 met en avant un accroissement sensible

du taux de rotation de la main d’œuvre passant de 26% pour la période 1996-1998 à 34,9%

pour celle de 2000-2002.

Cette augmentation est également visible dans d’autres secteurs, mais diffère dans la mesure

où les renouvellements de main d’œuvre de l’officine s’opèrent plus fréquemment sous la

forme de CDI et que la part des sorties s’effectuant par démission est plus importante en

officine. Ces conditions d’entrée et de sortie « préférentielles » confirment la situation de

pénurie relative des salariés et font également ressortir les problèmes d’attractivité et de

fidélisation du personnel.

UNE MOBILITE A SENS UNIQUE POUR LES PHARMACIENS, PLUS DIVERSE POUR LES AUTRES

SALARIES L’enquête menée par la DREES sur les trajectoires professionnelles des pharmaciens en

200571 révèle que la mobilité professionnelle est surtout importante pour les salariés en début

70 Source : Cereq 71 Marc COLLET, Les Pharmaciens en France : situation démographique et trajectoires professionnelles DRESS n°437 octobre 2005

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

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de carrière. Le schéma de mobilité le plus courant se fait vers l’officine puisque chaque

année, près de 20 % des pharmaciens de moins de 30 ans quittent leur secteur pour devenir

adjoints d’officine alors qu’ils ne sont que 8 % à quitter ce secteur72.

Dans ce sens, l’officine représente une base refuge vers laquelle on peut toujours revenir et

dont il est difficile de s’extraire, la perspective la plus favorable étant de devenir titulaire.

L’enquête quantitative souligne que les parcours dénotent aussi une volatilité des salariés,

puisque plus de 62% ont travaillé dans d’autres pharmacies (dont 10% dans plus de 5

pharmacies).

Une rémunération des emplois contrastée et peu attractive

UNE MASSE SALARIALE73

EN PROGRESSION

La masse salariale du secteur de la pharmacie d’officine s’élève approximativement à 2

milliards d’euros pour l’année 2003 (cf le diagramme ci-dessous74). Comme l’on pouvait s’y

attendre celle-ci progresse régulièrement étant donné l’augmentation des effectifs salariés.

La part de la masse salariale cadre croît davantage que la part non-cadre75. De 1999 à 2002 la

part des salariés cadres enregistre une progression de 47% tandis la part des non cadre

n’augmente que de 17%.

72 Marc COLLET, Les Pharmaciens en France : situation démographique et trajectoires professionnelles DRESS n°437 octobre 2005 73 Grille des salaires (selon le point) : cf. annexe 4B – Tome II – Données annexes 74 UNPF / Rapport sur l’évolution économique et la situation de l’emploi en pharmacie d’officine 75 Les constats sur l’accroissement respectif de la masse salariale des cadres et des non cadres sont obtenus par le croisement entre les données de l’enquête annuelle UNPF sur la situation de l’emploi en officine et les données disponibles auprès du groupe Mornay.

Masse salariale (millions d'euros)

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

1998 1999 2000 2001 2002 2003

Masse salariale

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

51

Cette différence peut s’expliquer en partie par l’augmentation du chiffre d’affaires des

officines et de l’obligation réglementaire de recruter un pharmacien adjoint en fonction de la

progression du chiffre d’affaires.

UNE REMUNERATION PEU ATTRACTIVE L’enquête quantitative précise que près de 65% des salariés perçoivent un salaire mensuel net

inférieur à 1 500 € (salaire rapporté à un ETP), avec une forte concentration entre 1000 et

1500 euros pour près de la moitié des répondants.

0% 13% 26% 39% 52%

Moins de 1000 €

Entre 1000 et 1500€

Entre 1500 et 2000€

Entre 2000 et 2500

Entre 2500 et 3000€

Plus de 3000 € 1,1%

4,1%

15,9%

14,4%

49,3%

15,2%

25. 9-Salaire mensuel

Les éléments fournis par l’enquête quantitative permettent également de décliner les revenus

par type d’emploi salarié. Le diagramme ci-dessous fait ressortir deux groupes de salariés : les

préparateurs (de 1000 à 1500 euros) et les assistants de 1500 à 2500 euros). Les résultats

indiquent également que 78,2% des préparateurs répondants ont un salaire mensuel compris

entre 1000 et 1500 € et que près d’un tiers des pharmaciens adjoints gagnent entre 1500 et

2000 euros.

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I - Chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

52

Moins de 1000 €

Entre 1000 et 1500 €

Entre 1500 et 2000 €

Entre 2000 et 2500Entre 2500 et 3000 €

Plus de 3000 € Pharmacien Préparateur "Autresemployés"

Apprenti,élève

préparateur ouautre contraten alternance

3,4%11,4%

45,5%

27,3%6,8%

5,7%

0,7%1,4%

10,6%

78,2%

9,2%

5,6%

55,6%

38,9%

13,3%

86,7%

Les résultats de l’enquête de terrain soulignent les disparités déjà connues de rémunération

entre les préparateurs selon l’implantation de l’officine qui peut impliquer des conditions de

recrutement différentes. À cet égard, un préparateur bénéficiera d’une négociation de

rémunération plus avantageuse dans une officine située à Paris.

D’autre part, force est de constater les différences de revenus entre les pharmaciens titulaires

et salariés puisque le revenu brut moyen pour un pharmacien titulaire s’élève à 120 000 euros

par an en 2001.

Dans un contexte où la possibilité d’acquérir une officine est restreint, la question de la

rémunération de l’adjoint s’avère plus cruciale. C’est dans cette perspective que l’accès des

adjoints à des parts en industrie est aujourd'hui envisagé.

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53

I - chapitre 2

L’ORGANISATION DU TRAVAIL ET DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES AU SEIN DE L’OFFICINE

LA TYPOLOGIE DES OFFICINES SELON L’ORGANISATION DU TRAVAIL

En dehors de la taille, un seul critère réellement décisif pour le choix de l’organisation du travail : le positionnement concurrentiel Si plusieurs critères permettent de structurer la description des pharmacies, un seul

d’entre eux – en dehors de l’effectif – semble absolument déterminant dans le choix de

l’organisation du travail qui s’avèrera viable pour une officine : il s’agit de la présence

ou de l’absence d’une concurrence à proximité.

Plus la concurrence est faible (la zone rurale à faible densité de population représentant

le point de plus faible concurrence), plus le mode organisationnel s’impose : petite

officine offrant toute la gamme des services mais au minimum puisque la clientèle est

captive, l’effectif réduit, les astreintes compensées par une amplitude limitée des

horaires d’ouverture.

Plus la concurrence est élevée, plus le choix est ouvert : plusieurs types de services et

d’organisation sont alors possibles dans un même environnement, mais il est impératif

pour se maintenir et se développer d’avoir une stratégie pertinente et de savoir se

différencier. Le type de structure, le nombre et la qualification des salariés,

l’organisation du travail dépendront alors étroitement du projet personnel du ou des

titulaires et de la stratégie commerciale déployée.

Le développement probable, à moyen terme, de commandes par internet et du portage à

domicile pourrait relativiser ce constat, avec la possibilité de fidéliser une clientèle

indépendamment des critères liés à l’implantation (environnement de proximité,

concurrence).

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

54

Mais actuellement, si la capacité d’investissement, les quotas et contraintes numériques

d’installation (en nombres de pharmaciens) restent déterminants lors d’une acquisition,

le développement de l’officine dépend encore largement de la vision entrepreneuriale et

de la finesse stratégique des titulaires. Hormis en zone rurale et même si les grands

types d’organisation restent aujourd’hui limités en nombre, des configurations assez

nuancées peuvent coexister.

Cinq modèles d’officines selon l’implantation et l’activité développée76

LA PETITE OFFICINE RURALE POLYVALENTE Les officines implantées en zone rurale comportent un effectif réduit77. Les services de

proximité qu’elles sont appelées à rendre imposent le type de pratique et d’organisation

à développer, même s’il peut y avoir des nuances à la marge. Elles ont obligation de

constituer le premier recours en matière de santé et d’apporter à peu près toute la

gamme des services. Comme toutes les petites officines, elles n’ont pas intérêt à

développer de la parapharmacie (elles ne peuvent concurrencer les grandes surfaces)

mais doivent pour leur clientèle proposer quelques produits de première nécessité dans

ce domaine.

Leur clientèle est régulière, fidèle, diversifiée autant que la zone elle-même le permet

(la pharmacie constitue quasiment un point de passage obligé pour tous) et connue des

pharmaciens.

Le niveau de polyvalence des employés est d’autant plus important que les effectifs sont

réduits, la polyvalence incluant le plus souvent les activités du titulaire lui-même.

Les amplitudes horaires sont souvent plus réduites qu’ailleurs, avec une coupure

méridienne. En revanche, le titulaire est généralement contraint à une présence

76 Cette typologie est établie à partir des résultats de l’enquête qualitative sur le terrain. 77 L’échantillon de l’enquête qualitative ne comporte pas d’officine ayant un effectif de moins de 5 salariés, y compris parmi les petites officines rurales observées, En revanche, l’enquête quantitative et d’autres sources attestent ce constat.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

55

permanente, avoisinant les 70 heures par semaine (pour permettre le respect de la

réglementation). On comprend dans ces conditions que le modèle ne soit plus vraiment

attractif, malgré un chiffre d’affaires garanti et assez conséquent (mais voué à une

relative stabilité).

LA PETITE OFFICINE POLYVALENTE URBAINE Ce type d’officine correspond à la petite pharmacie de quartier. L’essentiel de l’activité

marchande se concentre sur la vente de médicaments remboursables (surtout dans les

quartiers modestes) ou de spécialités de conseil. Ces officines ne proposent que très peu

de parapharmacie, n’ayant pas la capacité de concurrencer les officines plus grandes, les

structures spécialisées ou les grandes surfaces. Leur bon fonctionnement repose sur la

qualité des relations avec la clientèle et la bonne gestion des commandes.

La nature du conseil et des produits offerts varie en fonction des dominantes de la

population locale (populaire, âgée, jeune, immigrée, aisée…). Plus l’environnement est

populaire, plus le chiffre d’affaires se réalise autour du remboursable et pour des

pathologies sérieuses.

Dans cet environnement, fidéliser la clientèle suppose de fidéliser le personnel de

manière à construire dans la durée une relation de proximité. Faire en sorte que les

personnes qui entrent dans la pharmacie soient reconnues et éprouvent le désir d’y

revenir impose d’entretenir une relation de familiarité, ce qui invite à conserver

durablement le même personnel.

La polyvalence des employés prévaut dans ce type d’officines : « tout le monde fait de

tout » et « chacun doit savoir tout faire » du back-office de réception des stocks au

comptoir en passant par le préparatoire. Toutefois, lorsque le flux de clientèle le permet,

on constate que les personnels s’orientent vers des postes et des activités précises pour

des raisons de convenances personnelles. Par exemple tel ou tel demeurera au comptoir

par goût du contact avec les usagers, un autre affectionnera plus particulièrement les

taches de préparation, ou un autre délaissera les activités informatiques.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

56

Dans les grandes villes, où la clientèle est plus volatile et la concurrence plus rude avec

souvent des pharmacies en excès, ces officines de quartier se voient dans l’obligation

d’élargir l’amplitude horaire : les actifs « consomment » volontiers à proximité de leur

lieu de travail, et, si l’on souhaite conserver leur clientèle, il convient d’ouvrir tôt et de

fermer tard pour leur permettre de s’approvisionner à leur départ ou leur retour du

travail. Compte tenu d’un effectif assez réduit qui ne permet pas une grande flexibilité,

cela peut conduire parfois à imposer des coupures méridiennes longues et des horaires

peu attractifs. Là encore, c’est souvent le titulaire qui doit assumer ces plages horaires,

s’il veut conserver ses employés.

LA PETITE PHARMACIE SPECIALISEE URBAINE En milieu urbain et en fonction de la localisation, de petites officines développent à

côté des services classiques une spécialité liée à la proximité d’un hôpital, d’une

maison de retraite, d’un cabinet d’orthopédie médicale ou à l’évolution constatée du

rapport au bien-être et des modes de consommation…

Dans ce cas, la polyvalence est toujours de mise pour l’essentiel de l’activité. La

spécialisation peut reposer elle aussi sur une spécialisation partagée par le titulaire, un

adjoint et un préparateur. Mais il arrive qu’une seule employée spécialisée (par

exemple en dermo cosmétique, en diététique) – éventuellement un prestataire ponctuel –

parvienne à faire la différence et à augmenter les ventes liées à la spécialisation de façon

significative.

Cette spécialisation repose sur une analyse fine de l’environnement et/ou sur un

marketing et un merchandising actifs et subtils, capables selon le type d’activité

spécifique d’attirer une nouvelle clientèle ou d’inciter la clientèle habituelle à

consommer davantage.

LA GRANDE OFFICINE MULTI-SPECIALISEE URBAINE DE TYPE « DRUGSTORE » Plusieurs des officines observées relèvent de cette catégorie, qui, si elle est encore

largement minoritaire, correspond à un modèle en développement. Ces pharmacies sont

implantées à des endroits souvent stratégiques à fort passage (zones de bureaux,

quartiers très commerçants, galeries marchandes, gares…).

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

57

Toutes les activités de l’officine y sont réalisées ou sous-traitées. Toutes les spécialités

y sont représentées, la parapharmacie y est très présente. Elles offrent généralement un

aménagement à l’esthétique travaillée, fonctionnel78 pour le public et pour les employés

(comptoirs spécialisés, légers, séparés et nombreux, présence de caisses rapides…). La

parapharmacie est parfois totalement dissociée de la pharmacie avec un espace alloué

important et un personnel dédié.

De même, l’espace réservé au remboursable est généralement bien identifié. Si la place

occupée par la vente de spécialités de conseil et de parapharmacie est importante,

l’activité liée au remboursable est également conséquente.

Le temps passé auprès de chaque client a pourtant tendance à se raccourcir et le rôle de

conseil est parfois moins développé que dans les officines plus petites. Toutefois, dans

l’échantillon observé, les officines de ce type ont des politiques différenciées en matière

de prise en charge et de conseil. Certaines n’offrent pas d’espace dédié de

confidentialité, alors que la surface disponible pourrait le permettre. D’autres au

contraire ont développé une charte qualité autour de l’accueil et du conseil (prise en

charge immédiate, cahier de doléance du client, pédagogie des posologies…).

Dans les officines de ce type, les rôles sont répartis et les postes spécialisés. Un

encadrement intermédiaire (management et contrôle) s’exerce (via les adjoints, mais

également, au niveau logistique et administratif, par des cadres non pharmaciens).

Dans certains cas, les activités de préparation sont encore importantes et ces officines

exercent alors comme sous-traitantes – en préparation – pour des officines plus

modestes. Dans d’autres cas, les grandes officines multi-spécialisées font face aux

demandes de préparation, mais utilisent des sous-traitants pour les réaliser.

78 L’une des pharmacies observées a par exemple mis en place une gestion séparée des comptoirs et d’une caisse unique. Les clients n’attendent pas aux comptoirs (très nombreux ) où ils présentent leurs ordonnances ou sollicitent des conseils auprès des pharmaciens, préparateurs ou spécialistes. Les contacts Vitale et mutuelles sont également traités aux comptoirs. En revanche, si le service implique un règlement, ils devront patienter (en principe peu de temps) à la caisse avec un numéro de passage. Ce système se révèle, paraît-il, très efficace en termes de gestion, puisqu’il n’y a qu’une seule caisse.

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L’amplitude horaire d’ouverture est souvent poussée à l’extrême, mais l’importance des

effectifs permet en général un aménagement du temps de travail acceptable par les

employés et le respect des 35 heures. Toutefois, l’affluence des clients et l’activité « de

ruche » rendent les conditions de travail assez fatigantes.

LA GRANDE OFFICINE URBAINE A FORTE NOTORIETE SUR UNE SPECIALITE Cette dernière catégorie d’officine constitue une forme de surenchère au regard de la

précédente. Les rares officines de ce type offrent à la fois les caractéristiques de la

multi-spécialisation, avec l’ensemble des activités d’une officine largement réalisées et

une hyper-spécialisation, donnant lieu à une forte notoriété dans un domaine précis (par

exemple, grande pharmacie spécialisée en homéopathie et médecines douces).

Elle présente les principales caractéristiques déjà décrites pour les grandes officines

multi-spécialisées en termes de diversité des activités, de spécialisation – voire

d’expertise – des personnels, de management, de contrôle qualité, d’organisation de

l’espace.

Mais la recherche d’une « signature particulière » y est plus poussée et donne lieu à des

agencements, décors et ambiance très spécifiques (musique, espace de confidentialité

isolé…) et à une relation client très soignée et personnalisée.

N.B. Les officines aux activités saisonnières se distinguent essentiellement par le mode

de gestion des plages d’activités et des ressources humaines, mais ne constituent pas un

type d’organisation à part entière.

LES ACTIVITES CONDUITES AU SEIN DE L’ESPACE OFFICINAL

Une répartition des activités de l’officine dominée par la polyvalence

LES GRANDS DOMAINES D’ACTIVITE DE L’OFFICINE Les grands domaines d’activité relatifs aux missions inhérentes aux métiers d’officine

se répartissent aujourd’hui de la manière suivante :

- Dispensation de médicaments avec ordonnance

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- Dispensation de médicament sans ordonnance

- Vente de produits spécialisés

- Management / Gestion des ressources humaines

- Gestion des achats et des relations fournisseurs

- Marketing / Communication

- Gestion des stocks et des rayons

- Secrétariat

- Gestion administrative (mutuelles, tiers payants etc…)

- Comptabilité / Finances

- Tenue de la caisse

- Formation / Gestion de l’apprentissage

- Elaboration de préparation

- Gestion administrative du préparatoire

Ces grands domaines d’activité sont déclinés dans le référentiel de missions, activités et

compétences de l’officine présenté en annexe79. Il ne s’agit pas de référentiels par

métier ou par emploi type mais d’un descriptif des activités de l’officine assorti des

compétences mobilisées.

Il s’organise autour des activités de l’officine, indépendamment des personnes qui les

exercent, et non d’emplois types, dans la mesure où la polyvalence constatée aurait

conduit à répéter la plus grande partie des activités et des compétences pour chaque

emploi type.

La ventilation des domaines d’activités entre les différents profils, par type d’officine80,

montre que l’accroissement de la taille de l’officine permet de contingenter les

différentes activités alors que, dans le cas des petites officines « tout le monde fait tout »

pour reprendre la parole du terrain.

L’enquête quantitative met en lumière la polyvalence des titulaires, particulièrement

indispensable dans le cas des petites officines. Toutes les activités d’une pharmacie – de

79 Cf tome 2 – Données annexes. Annexe 6 80 Cf. annexe 6 D Tome II – Données annexes : 4 exemples de ventilation des activités selon des tailles et types d’officines variés .

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la délivrance de médicaments au rangement des produits en stock en passant par le

standard téléphonique - sont réalisées, de façon plus ou moins fréquente, par la quasi-

totalité des pharmaciens interrogés.

Enfin, si les organisations de travail sont assez diversifiées et dépendent finalement

beaucoup de la taille de la structure et de la volonté du titulaire, les activités réalisées en

officine sont dans leur grande majorité assez simples et répétitives, quel que soit le

cadre organisationnel, comme le montre la répartition des activités par type d’officine.

Un « emploi sensible » tant du côté des adjoints que des préparateurs

UNE SIMILITUDE DES PRATIQUES DE L’ADJOINT ET DU PREPARATEUR MAIS DES

ECARTS DE REMUNERATIONS, DE CONSIDERATION ET DE RECONNAISSANCE

PROFESSIONNELLE L’enquête de terrain a permis de démontrer que dans toutes les situations observées, les

préparateurs exercent fréquemment une activité de dispensation et de conseil au

comptoir sans contrôle effectif81 (pour ne pas parler des cas moins systématiques, mais

non rares, où d’autres personnels affectés à la vente le font aussi).

Les officines ne s’en cachent pas et ne prennent pas de risque en agissant ainsi. Il y a en

général un pharmacien à proximité, qui serait interpellé si besoin était, ce qui ne se

produit pas puisque les préparateurs ont avec l’expérience la même analyse et les

mêmes réflexes que les pharmaciens, et disposent des mêmes logiciels alertant sur les

risques iatrogènes.

S’il demeure des domaines (par exemple la gestion des stupéfiants et le référencement

des toxiques) où les pharmaciens sont seuls habilités à exercer, une partie importante

des demandes des clients peut être traitée indifféremment par le titulaire, un adjoint ou

un préparateur.

81 La notion de contrôle effectif est définie dans le glossaire en annexe. Pour la plupart des officinaux de terrain, cette notion est jugée très floue. Diverses sanctions infligées lors d’inspections font que le « contrôle effectif » est généralement compris dans une acception plus restrictive que ne le supposerait le code. Dans cette acception, le pharmacien devrait avoir dans son champ visuel l’ensemble de son personnel et surveiller la délivrance des médicaments par les préparateurs, obligation qu’il est impossible de respecter dans le quotidien. En réalité, il suffit que le préparateur et le patient puissent avoir recours à un pharmacien présent dans l’officine, si nécessaire.

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Les compétences exercées pour écouter la demande, délivrer le conseil ou dispenser le

médicament ne relèvent d’ailleurs pas toutes du registre des connaissances scientifiques.

Ce constat, et les dysfonctionnements qu’il génère forcément, interroge sur la pertinence

des conditions réglementaires d’exercice dans les pharmacies et sur la nature et le

contenu des emplois réellement utiles au bon déroulement et à la performance

économique de l’activité officinale.

L’enquête quantitative confirme également que les activités comparées des adjoints et

des préparateurs se recoupent nettement : ils font presque exactement le même travail

(les seules petites différences se perçoivent sur le cœur de métier des préparateurs et sur

l’activité plus importante de ces derniers en matière de contrôle des livraisons et de

rangement ; les adjoints, quant à eux, sont un peu plus fréquemment que les

préparateurs conduits à animer l’équipe, mais cela reste relativement marginal).

Ainsi, il paraît évident que ce n’est pas le seul emploi de préparateur qui doit être

considéré comme sensible dans l’officine (c’est-à-dire susceptible de régression ou de

recomposition) mais aussi celui d’adjoint.

Ceci se confirme non seulement par la difficulté croissante à recruter des adjoints dans

certaines régions mais aussi par la très faible minorité d’adjoints rencontrés sur le

terrain qui s’estime pleinement satisfaite (en dehors de ceux qui savent qu’ils

deviendront un jour titulaires, ce qui ne suffit pas toujours à calmer les désillusions).

L’observation de terrain a également mis en évidence un nombre de congés maladie

pour dépression, et d’allusions à des états dépressifs de personnes en exercice

anormalement élevé.

Toutefois, quasiment tous les pharmaciens, titulaires ou adjoints, se rejoignent pour

affirmer que la plupart des connaissances acquises au cours de leurs études – et qui

fondent en principe leur capacité à assumer cette responsabilité – ne sont jamais

sollicitées dans l’officine.

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En revanche, des compétences qui leur seraient plus utiles dans le management de leur

activité ou le conseil pertinent aux clients ne sont pas abordées au cours de leur

formation.

L’écart entre la teneur de la formation initiale et les exigences réelles de la pratique

quotidienne est, de leur point de vue, très important.

DES DIFFERENCES TRES SIGNIFICATIVES DE PERSPECTIVES ENTRE L’EXERCICE

LIBERAL ET L’EXERCICE SALARIE POUR DES PROFILS ANALOGUES La frustration ressentie par les pharmaciens adjoints est d’autant plus vive que les

titulaires ont le même diplôme et les mêmes connaissances qu’eux. Seul le capital

investi explique la différence de perspectives – notamment en matière de revenus –

pour une activité largement similaire. Le passage par le statut d’adjoint est naturel pour

tous ceux qui comptent parvenir à l’acquisition d’une officine ou de parts dans une

association de pharmaciens. Pour les autres, il est au bout d’un certain temps synonyme

de rancœur, sauf dans les cas où les compensations liées à un salaire somme toute

confortable au regard des responsabilités et activités réellement exercées suffisent à

occulter le manque de perspectives professionnelles, les priorités étant placées ailleurs.

Une réglementation qui se révèle difficile à respecter

Outre la question du contrôle effectif, l’enquête qualitative a montré que dans certains

cas la charge de travail rend difficile la présence systématique d’un pharmacien, que les

congés et les arrêts maladie peuvent perturber le respect du quota d’adjoints, ou que,

lors de pics d’activités ou de situation exceptionnelles, une personne non habilitée peut

être amenée à délivrer des médicaments.

Ces écarts à la règle sont difficilement évitables et n’ont pas été dissimulés par les

pharmaciens lors de l’enquête qualitative. Toutefois, ils demeurent exceptionnels

(hormis l’effectivité du contrôle qui, elle, est très régulièrement omise) et le règlement

est dans l’ensemble très largement respecté.

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Les contrôles des pratiques pharmaciennes par le Ministère de la Santé demeurent

encore peu étendus et peu fréquents, puisque seules 8 à 9 % des officines sont

contrôlées chaque année, soit en moyenne une inspection par pharmacie tous les 8 ou 10

ans, ce qui rend difficile la mesure chiffrée de ces pratiques. 82

Cependant, ces dérives, lorsqu’elles adviennent, mettent en évidence le paradoxe entre

une réglementation de plus en plus précise et des pratiques réelles où les activités voire

les compétences ne se répartissent pas de manière aussi nette.

LA PRATIQUE DE GESTION DES RESSOURCES HUMAINES

Des conditions de travail soumises aux besoins de l’activité commerciale L’enquête qualitative a également permis d’appréhender les conditions de travail des

personnels officinaux qu’il s’agisse des régimes horaires, de l’ergonomie des postes, des

facteurs de motivation ou des systèmes de rétribution.

DES PLAGES D’ACTIVITES ETENDUES, PARTIELLEMENT COMPENSEES PAR

L’APPLICATION DES 35 HEURES

Les plages horaires se sont en général élargies au cours des dernières années. Dans l’échantillon considéré, elles vont de 32 heures par semaines sur 6 jours (en basse saison dans une officine à activité saisonnière) à 61 heures hebdomadaires sur 6 jours et 66 heures hebdomadaires sur 5 jours. Dans les zones rurales, les quartiers résidentiels des villes de province ou de banlieue,

les plages horaires sont plus réduites (en province surtout, les heures de fermeture le

soir sont plus précoces). Dans les centres villes et à Paris, l’amplitude horaire est plus

grande.

Quasi inexistantes dans les officines de plus de 20 salariés, les coupures méridiennes

sont plus fréquentes dans les petites officines. Hormis dans les cas où la proximité

82 Source La lettre d'info de l'officine n° 160, Mercredi 8 février 2006, le moniteur des

pharmacies et du pharmacien.

Le corps d’inspection du Ministère de la santé n’est composé que de 200 inspecteurs . Cette pénurie n'est pas le fait d'un manque de candidats, mais plutôt d'une volonté du ministère de la Santé qui n'a recruté aucun pharmacien.

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permet d’aller déjeuner chez soi, ce phénomène n’est pas toujours apprécié des salariés,

qui préfèreraient terminer plus tôt.

Il est clair en tout cas que l’amplitude d’ouverture constitue une variable d’ajustement

importante permettant de s’adapter aux horaires de la clientèle. Dans les petites

officines et parfois dans les grandes – selon le nombre de pharmaciens employés – ce

sont essentiellement les titulaires qui en assument la contrepartie : des horaires très

lourds pour eux (entre 50 et 70 heures hebdomadaires).

ERGONOMIE : UNE RECHERCHE DU CONFORT AU TRAVAIL LIMITEE AUX ESPACES

PUBLICS La station debout s’impose dans tous les cas de figure et semble ne pas déranger outre

mesure les équipes des officines, qui y sont habituées. L’observance des 35 heures dans

la plupart des cas et le taux important de travail à temps partiel expliquent sans doute la

bonne tolérance à cette contrainte.

Dans les officines visitées, le plus souvent, l’espace public est aménagé autant que

possible de façon attractive (avec d’importantes nuances toutefois). En revanche, les

préparatoires et espaces de stockage sont souvent encombrés et aménagés de façon peu

fonctionnelle. Dans les petites officines, il n’y a pas d’endroit où s’asseoir pour une

pause. Même le bureau du titulaire, quand il existe, est souvent exigu.

Sauf dans les très grandes officines où le gain de temps est recherché, les déplacements

ne sont pas optimisés (accès à des zones de stockage par des escaliers étroits et

périlleux, « embouteillages » liés à l’organisation des armoires…).

L’usage des automates, encore peu répandu, peut représenter une nette amélioration des

conditions ergonomiques.

LE CAS SPECIFIQUE DE L’OFFICINE SAISONNIERE Les officines dont l’activité est saisonnière ont à articuler une équipe stable, qui

compensera les pics d’activité – intenses – par une saison basse aux horaires

confortables et une équipe saisonnière composée d’intérimaires, ou de jeunes en CDD

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(que l’on peut dans le meilleur des cas réengager d’une année sur l’autre). Le

recrutement constitue une étape délicate et anxiogène pour le titulaire : en cas d’erreur,

c’est l’équilibre de la saison qui est compromis.

De façon générale, les conditions de travail se caractérisent par une ambiance de travail

intense, dans un esprit décontracté lié à la présence des touristes et à l’image propre aux

vacances qu’il convient de véhiculer.

Le titulaire doit assumer des surcoûts de main d’œuvre pour le logement des

saisonniers.

Une motivation au travail souvent en panne, surtout chez les adjoints, des marges de manœuvre réduites pour les titulaires L’intérêt du travail et les facteurs de motivation – en dehors de la rétribution – semblent

représenter le point faible des pharmacies d’officine, qui se reflète dans les difficultés

de recrutement déjà sensibles dans certaines zones géographiques. Les titulaires

rencontrés s’interrogent fréquemment sur ce point et s’intéressent à la gestion des

ressources humaines, tout en reconnaissant l’étroitesse de leurs marges de manœuvre.

DES SOURCES DE FRUSTRATION Dans les petites officines, le degré de polyvalence est important et unit dans les mêmes

tâches du personnel diversement qualifié. Cela n’est pas toujours bien accepté : de la

part des plus diplômés par rapport à la gestion des stocks, ou de la part des moins

diplômés qui s’estiment insuffisamment reconnus au regard d’une expérience longue.

UN QUOTIDIEN ROUTINIER POUR LES UNS, STRUCTURANT POUR LES AUTRES La vie en officine se présente souvent comme parfaitement réglée et se caractérise par

des procédures standardisées et des automatismes qui lui sont propres. De ce fait, on

peut avoir le sentiment d’être « englouti » dans un monde doté d’une culture spécifique.

Ce fonctionnement quasi rituel s’opère selon une double logique : une logique spatiale

articulée autour de différents sous-espaces compartimentés et une logique temporelle ou

« rythmique » conduisant à installer une sorte de « tempo ». L’ensemble donne

naissance à un processus d’apprentissage mais aussi de façonnement de sorte que l’on

prend assez rapidement le pli de l’officine.

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Il s’ensuit chez plusieurs salariés le sentiment d’être installé dans une situation

« stationnaire », ou même définitive. Bien que l’on dise qu’il se passe toujours quelque

chose dans une pharmacie, exercer en officine sous entend d’accepter cette logique

d’immuabilité pouvant confiner à la monotonie, puisque « choisir de rester en officine,

c’est choisir de faire la même chose toute sa vie » et « qu’il vaut mieux aimer ça »

comme ont pu en témoigner certains membres des équipes rencontrées.

DES ELEMENTS PUISSANTS D’INTERET PROFESSIONNEL MAIS ESSENTIELLEMENT

MENTIONNES PAR LES TITULAIRES. Invités à définir l’intérêt de leur profession, les pharmaciens citent généralement les

éléments suivants :

- le contact relationnel avec les patients : écouter, réconforter, rassurer, expliquer et

informer

- la participation à l’éducation de santé via le conseil

- le respect profond qu’inspire la profession (valorisation).

UN INTERET AU TRAVAIL PLUS MARQUE CHEZ CERTAINS PREPARATEURS OU AIDES

PREPARATEURS, EXPERIMENTES ET RECONNUS En dehors des titulaires, nettement plus motivés par leur mission et leur position que les

salariés, c’est chez les préparateurs que l’on trouve le plus de marques d’intérêt pour le

travail.

Certains parmi les plus jeunes sont pourtant déçus par le décalage entre les études et la

réalité de la pratique dans la plupart des cas. D’autres ont la nostalgie des préparations

et regrettent de devoir le plus souvent délaisser le pilon et le mortier, la balance, le

moule à suppositoires, l’appareil à fabriquer des gélules.

Mais beaucoup sont motivés par les contacts avec la clientèle, les responsabilités qu’ils

prennent dans le conseil et la dispensation des médicaments que le titulaire « n’a plus

besoin de contrôler » car il sait qu’il peut « faire confiance » et que le préparateur le

sollicitera toujours en cas de doute. Les motifs d’insatisfaction refont surface lorsqu’on

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

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évoque la grande similitude des tâches – mais pas des salaires – entre préparateurs et

adjoints.

DES FACTEURS DE MOTIVATION A RECHERCHER DANS LES CONDITIONS D’EXERCICE Parmi les principaux facteurs de motivation chez les titulaires, le rôle de conseil à la

clientèle arrive de loin en tête (plus de 60% le classent dans les deux principaux facteurs

de motivation), suivi par le fait de gérer sa propre entreprise et le contact avec la

clientèle (qui arrivent premier ou second rang pour 37% des titulaires répondants)

devant la dimension scientifique du métier (30% la placent en première ou seconde

position).

Les facteurs de motivation des préparateurs — identiques à ceux des apprentis — sont

le contact avec la clientèle (près de 60% le citent au 1er ou au 2e rang). 34 % placent

dans les deux premiers rangs la dimension scientifique du métier (mais ils sont moins

nombreux à le faire parmi les moins de 35 ans). L’ambiance entre collègues joue aussi

un rôle important.

Chez les adjoints, les facteurs de motivation sont également le contact avec la clientèle

(mais ils ne sont que 44% à placer ce facteur dans les 2 premiers rangs) et la dimension

scientifique du métier, mais le rôle de premier relais de santé publique est également un

élément de motivation non négligeable. Chez les autres employés, les facteurs de

motivation sont dispersés (ce qui s’explique par la variété des fonctions).

UNE DEMOTIVATION LIEE AU « DECENTRAGE » OU AU MANQUE DE PERSPECTIVE DU

METIER Les facteurs de démotivation des titulaires sont principalement associés au poids des

tâches administratives et à l’absence de reconnaissance de leur expertise de santé.

Il est à noter que l’âge a un impact important sur le sentiment de démotivation. Ainsi,

alors que la lourdeur de tâches administratives constitue un facteur de démotivation

pour 60% des titulaires âgés de plus de 56 ans, seulement 15% des moins de 35 ans se

déclarent affectés par ce phénomène.

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Les facteurs de démotivation pour les préparateurs et les « autres employés » sont

similaires : l’absence de perspectives de carrière (que confirme le fait que près de 90%

des salariés ont toujours occupé le même emploi83 dans leur officine), et la

rémunération. L’absence de perspective est également le principal facteur de

démotivation pour les adjoints, suivi par le décalage entre le diplôme et la réalité de

l’emploi et l’absence de reconnaissance de leur expertise de professionnel de santé.

Des modes de reconnaissance et de rétribution différents selon la taille de l’officine

Les salaires pratiqués varient en fonction de l’offre et de la demande, ainsi que de la

taille des pharmacies et des niveaux de spécialisation exigés. 84

Les facteurs de motivation imaginés par les titulaires ne peuvent naturellement pas être

les mêmes en fonction de la taille et du type d’officine ou de clientèle.

Les plus grandes officines s’efforcent de créer des niveaux de responsabilité, jouent sur

les spécialisations et facilitent la formation pour les renforcer tandis que dans les plus

petites, c’est davantage sur l’ambiance que l’on compte, la convivialité, le respect des

aptitudes et préférences de chacun.

Certaines officines ont mis en place des systèmes de primes ou gratifications, liés à

l’ancienneté lorsqu’on cherche à fidéliser les employés, à la contribution lorsqu’on veut

susciter un surcroît de productivité.

Certains titulaires, qui ont du mal à recruter des adjoints (de plus en plus rares, de plus

en plus chers à condition qu’ils négocient leur salaire de manière avisée), envisagent

ainsi de changer la composition de leurs équipes et leur politique de recrutement en

misant davantage sur le niveau des préparateurs, quitte à envisager également un

système d’intéressement des préparateurs.

83 Même lorsqu’ils ont changé d’officine au cours de leur carrière, ils ont toujours occupé le même emploi. 84 Cf. Tome II – Données annexes 7

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69

I - Chapitre 3

LA GESTION DES COMPETENCES DES TITULAIRES ET DES SALARIES DES OFFICINES

LE CADRE ACTUEL DE LA FORMATION INITIALE DU PERSONNEL D’OFFICINE

Le répertoire de l’offre diplômante préparant aux emplois du secteur de la pharmacie d’officine Le tableau ci-dessous présente les principales formations qualifiantes préparant aux

emplois de l’officine. Il n’inclut pas l’offre de formation complémentaire universitaire

présentée dans les pages suivantes.

Intitulé de la qualification Type de qualification Niveau visé

Rythme85

Qualifications spécifiques à l’officine

Docteur en pharmacie Diplôme d’Etat 1

6 ans

Préparateur en pharmacie Brevet professionnel 4

2 ou 3 ans

Qualifications spécialisées dans le domaine santé non spécifiques à l’officine

Orthopédiste- orthésiste86 Certificat de technicien supérieur

3 10 mois

Optique lunetterie Brevet de Technicien Supérieur

3 2 ans en alternance

Audioprothésiste Diplôme d’Etat 3 3 ans Qualifications spécialisées sur la vente non spécifiques à l’officine

Commerce Bac professionnel 4 Variable

Conseiller en dermo-cosmétique Titre homologué87 4 6 mois en temps plein

18 mois en alternance

Vendeur conseil en cosmétique/parapharmacie

CAP 5 11 mois

Animateur Conseiller en Parfums et produits de beauté

CQP88 3 18 mois en alternance

85 NB : La durée indiquée ne correspond pas aux nombres d’heures de formation mais à la période sur laquelle s’étend la formation. 86 Dans le domaine de la prothèse, il existe d’autres qualifications délivrées par le Ministère de l’Education Nationale de niveau 5 à 3 ( Podo – orthésiste, Prothésiste- orthésiste) et un titre professionnel d’orthoprothésiste de niveau 5 délivré par le Ministère chargé du Travail. 87 Même si elle est encore largement utilisée, la mention de titre homologué n’existe plus mais uniquement celle de titre inscrit au répertoire national des certifications professionnelles 88 Certificat de qualification professionnelle validé par la CPNE de la branche Chimie

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

70

L’offre diplômante dans le secteur de la pharmacie d’officine se caractérise par :

- L’existence de deux diplômes réglementés liés à la dispensation et à la délivrance

des médicaments.

- La réduction de l’offre de formations d’employés spécifiques à l’officine

(suppression du CAP employé d’officine en 2000 puis celle de l’option officine du

Bac Pro Commerce depuis 2005).

- L’offre de formations de spécialisation complémentaire pour les pharmaciens (DU

notamment).

Le diplôme d’Etat de docteur en pharmacie Le diplôme d’Etat de docteur en pharmacie est délivré par les 24 Unités de Formation et

de Recherche des Facultés de Pharmacie, habilitées par arrêté conjoint des Ministères

chargés de l’Enseignement supérieur et de la recherche d’une part et de la Santé d’autre

part.

L’obtention du diplôme est conditionnée par la validation d’enseignements obligatoires

(théoriques, pratiques, dirigés), l’accomplissement de stages et d’une formation

hospitalière, et la soutenance d’une thèse universitaire.

Dans la mesure où, légalement,« le diplôme d’État de docteur en pharmacie est délivré

sous une forme unique »89, le programme d’enseignement est national et régi par

l’arrêté du17 juillet 1987 modifié par l'arrêté du 14 août 2003.

Dans le respect de ce cadre légal, chaque université est libre d’adapter les modalités

d’organisation et de répartition des enseignements et a la possibilité d’exprimer sa

spécificité dans le cadre des enseignements des 5ème et 6ème années conduisant aux

carrières de l’officine, de la recherche, de la biologie, de l’hôpital, ainsi qu’aux carrières

des industries pharmaceutiques, chimiques, agroalimentaires et cosmétologiques.

89 Article 5, Titre II de l’arrêté du17 juillet 1987 modifié

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

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L’ORGANISATION DU CURSUS DES ETUDES EN PHARMACIE Comme l’illustre le schéma présenté plus loin, les études en pharmacie comprennent 3

cycles de deux ans chacun.

Les enseignements se répartissent entre les deux premiers cycles qui constituent une

formation de base commune à tous les pharmaciens et le troisième cycle qui comporte

une formation d’une année hospitalo-universitaire et une année à orientation

professionnelle au choix (officinale, industrielle, hospitalière ou de recherche). Le

programme annuel des enseignements théoriques de la formation commune de base a

été étendu (650 heures contre une fourchette comprise entre 420 et 500 heures

auparavant) tandis que le nombre d’heures de Travaux Pratiques est resté stable (au

moins égal à 500 heures).

Le premier cycle

Numerus clausus oblige, les cours dispensés en première année sont essentiellement

théoriques (physique, biophysique, chimie générale, chimie organique, biochimie,

biologie moléculaire, biologie cellulaire, mathématiques) afin de garantir une parfaite

objectivité à l'examen de fin de première année permettant le classement des candidats.

À noter qu’une réforme globale de la première année est encore à l'étude avec la mise

en place d'une première année commune aux étudiants en médecine, en pharmacie, en

odontologie et aux étudiants sages-femmes.

Outre les cours magistraux, la deuxième année comporte des Travaux Pratiques et un

stage professionnel, réduit à six semaines au maximum en officine, qui doit permettre à

l’étudiant d’être initié à la dispensation des médicaments et de recevoir une formation

dans les domaines de la posologie, de la reconnaissance des produits, de la législation,

des préparations officinales…

Le second cycle

L'enseignement a longtemps été organisé par unités d'enseignement qui permettaient à

l'étudiant d'approfondir ses connaissances théoriques, en particulier en chimie, sciences

de la vie, santé publique, environnement, sciences du médicament, biologie clinique,

pathologie. En quatrième année, la participation à des unités d'enseignements

optionnelles orientait vers l'officine, l'industrie ou la recherche.

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I – chapitre 3

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La réforme de 2003 a modifié sensiblement l’organisation du second cycle par :

- Le renforcement des opportunités de réaliser des stages d'application (4 fois une

semaine et en fin de quatrième année, pendant un mois et de manière facultative)

- La meilleure coordination des enseignements magistraux et dirigés autour de

thèmes communs (généralement, c’est l’entrée par la pathologie ou la classe

thérapeutique qui est privilégiée) faisant intervenir différentes disciplines de

manière transversale.

Le troisième cycle

Le troisième cycle est constitué :

- D’une cinquième année hospitalo-universitaire pendant laquelle l’étudiant

exerce à mi-temps des fonctions hospitalières dans des unités de soins ou des

services de pharmacie. Cette année représente l’opportunité pour le futur

pharmacien d’entrer en contact avec le malade.

- D’une sixième année à orientation professionnelle pendant laquelle l’étudiant

bénéficie d’un stage à temps plein pendant six mois au minimum dans une

officine.

- De cours obligatoires et optionnels spécifiques à l’officine portant sur les

spécialités et les actes pharmaceutiques, la préparation à l’exercice officinal (la

prise en charge du patient à l’officine, la dispensation du médicament…).

- Les contenus et les volumes horaires de ces UE restent variables d’une

université à l’autre.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 73

AUTRES CURSUS 1¸ re ou 2 i¸me annˇe

1er cycle

2¸me cycle

Une mˇ thodologie et des connaissances

scientifiques utiles � la pharmacie

1¸re annˇe

2¸me annˇe

Stage officinal

5¸me annˇe

Stage hospitalier

6¸me annˇe

R E C H E R C H E

concours

3¸me cycle

Une culture pharmaceutique Des disciplines

obligatoires optionnelles

Une pˇdagogie appliquˇe et enseignements coordonnˇs

Une spˇcialisation

professionnelle

Stage industri el

Stage officinal

DIPLļ ME DÕETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE

Internat

3¸me annˇe Stage dÕapplication des ens. coordonn ˇs

4¸me annˇe Stage dÕapplication des ens. coordonn ˇs

Stage de dˇcouverte

Stage de prˇ -orientation

L

M1

M2

D

Une formation pluridisciplinaire pourUne formation pluridisciplinaire pourdes spdes sp ˇ̌cialistes du mcialistes du mˇ̌dicamentdicament

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 74

LES FORMATIONS DIPLOMANTES COMPLEMENTAIRES

Une des spécificités majeures de la formation pharmaceutique réside dans l’offre de

formations diplômantes complémentaires, particulièrement adressée aux pharmaciens. Cette

particularité s’explique notamment par le caractère unique du diplôme de pharmacien et par le

nombre élevé de spécialisations de l’exercice.

Parmi cette offre diplômante, il est possible de distinguer :

- Les troisièmes cycles reconnus par l'État, dont les masters professionnels sont

davantage destinés aux postes industriels (production, affaires réglementaires), mais

peuvent aborder des domaines très variés (marketing, recherche clinique, sécurité

sanitaire, management…). À noter l’offre proposée par les Grandes Ecoles de

Commerce aux diplômés scientifiques et préparant aux fonctions de marketing, de

management et de gestion. Si ces formations s’adressent d’abord aux pharmaciens qui

souhaitent intégrer les industries de la santé, il n’est pas improbable que certains

titulaires souhaitent compléter leur formation en gestion administrative et en

ressources humaines.

- Les diplômes d’université (qui ne sont pas des diplômes nationaux) sont élaborés par

les universités qui les délivrent. Les intitulés, les matières enseignées, les modalités de

contrôle des connaissances et les conditions de recrutement sont donc déterminés pour

chaque DU de manière locale.

Les DU permettent de compléter le cursus du pharmacien soit en lui apportant une

spécialisation (gestion, diététique, ...), soit en lui permettant d'élargir son champ

d’exercice (par exemple, le DU d'orthopédie est obligatoire pour l'obtention de

l'agrément " fournisseur d'orthèse " par la CRAM, Caisse Régionale d’Assurance

Maladie).

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 75

Le brevet professionnel de préparateur en pharmacie Le Brevet professionnel (BP) de préparateur en pharmacie est obligatoire pour exercer la

profession. Il est régi par l’arrêté du 24 novembre 2003 modifiant l'arrêté du 10 septembre

1997 relatif au brevet professionnel de préparateur en pharmacie. Il se prépare en deux à trois

ans suivant le niveau du candidat. Pour accéder à la formation, il faut être titulaire du BEP

carrières sanitaires et sociales, d’un CAP d’employé en pharmacie et de sa Mention

Complémentaire ou du baccalauréat.

CARACTERISTIQUES QUANTITATIVES DE L’OFFRE DE FORMATION La formation au Brevet Professionnel est dispensée par 68 centres de formation90 dans 22

régions.

Leur répartition géographique sur le territoire fait apparaître une relative hétérogénéité :

- 6 régions ne comptent qu’un centre de formation (Aquitaine, Bourgogne, Midi-

Pyrénées, Picardie…)

- 9 régions comptent 2 à 4 centres de formation (Ile de France, Nord, Alsace…)

- 6 régions comptent 5 centres ou plus Languedoc- Roussillon, Pays de la Loire, Poitou,

Auvergne, Bretagne

En 2005, les effectifs les plus élevés se situent dans les régions d’Ile de France, PACA,

Rhône- Alpes, Languedoc- Roussillon et Nord pas de Calais.

En 2004, les effectifs s’élevaient à 12 615 étudiants tandis qu’en 2005, on compte 9350 élèves

inscrits, ce qui témoigne du tassement progressif de la demande 91.

Par ailleurs, on constate désormais une élévation significative du niveau de formation des

étudiants à l’entrée du BP (niveau Bac).

Pour valider le BP, l’étudiant doit trouver conjointement un emploi dans une officine puisque

ce diplôme se valide en formation continue ou par voie d'apprentissage. Les candidats au BP

doivent justifier de deux ans de travail dans une officine et de 800 heures de formation.

90 CPNE, Répertoire des centres de formation, 2005 (CFA et lycées professionnels) 91 CPNE, Document sur les effectifs du diplôme BP préparateur, 2004

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 76

CARACTERISTIQUES QUALITATIVES DE L’OFFRE DE FORMATION Le nouveau référentiel de certification, depuis 1997, organise une formation à la fois

scientifique, technique et commerciale qui s’articule autour de six objectifs de formation :

– Savoir analyser : une prescription, les besoins de stocks, les risques d’anomalies

– Être capable d’identifier et de gérer la qualité : de la préparation, du

conditionnement des produits délivrés, la vigilance…

– Être capable d’exécuter : une préparation, un conditionnement, des dispensations,

des tâches administratives, accueil et vente, hygiène….

– Savoir organiser et gérer : gestion des stocks (commande, livraison, saisie pour la

tenue des stocks)

– Savoir collecter et traiter l’information : élaborer une documentation

professionnelle ou réglementaire à partir de sources documentaires.

– Savoir communiquer, former et informer : délivrer des explications et des

recommandations au public, choisir des arguments de vente pour les produits hors

médicament, participer à la mise en place de la vitrine…

S’il n’existe pas de forts décalages entre les caractéristiques de certification du Brevet

Professionnel et les activités pratiquées par les officines enquêtées, on peut toutefois relever

une prise en compte plus relative de la fonction d’accueil et de vente du préparateur (déclinée

uniquement en compétences d’organisation et de gestion des commandes).

Répartition des contenus d'enseignement du BP

Chaque centre de formation est libre d’organiser le volume horaire de l’enseignement et son

échelonnage sur les deux ou trois ans de formation. À titre d’illustration, le tableau suivant

indique la répartition du volume horaire des contenus d’enseignement d’une formation au BP

en deux ans.92

Savoirs de culture générale 6% Savoirs sur l’officine (législation/gestion) 9% Savoirs scientifiques 55% Savoirs techniques 9% Enseignement pratique 21%

92 Source : Programme d’enseignement du CFA de préparateurs de Bourgogne

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 77

Les contenus du programme du Brevet Professionnel s’articulent autour de cours

disciplinaires scientifiques (chimie, biochimie, microbiologie, immunologie, botanique,

pharmacologie…) et en travaux pratiques (pour cet exemple, ces contenus représentent

respectivement 55% et 21% du volume horaire total).

Les savoirs scientifiques théoriques dispensés se concentrent principalement sur la

pharmacologie (pour cet exemple, 38%), l’anatomie, la physiologie et les pathologies (pour

cet exemple 19%) et la chimie (pour cet exemple 11%).

Les enseignements appliqués à l’homéopathie, la phytothérapie, les dispositifs médicaux

(pour cet exemple, ces contenus représentent chacun environ 3% de l’enseignement

scientifique).

L’enseignement en travaux pratiques se concentre principalement sur la préparation et le

conditionnement des médicaments (pour cet exemple, 56% du volume total des TP) et le

commentaire technique d’ordonnance (pour cet exemple, 32% du volume total des TP).

L’enseignement technique concerne exclusivement l’apprentissage des principes de la

pharmacie galénique (élaboration des produits pharmaceutiques) tandis que l’enseignement

sur le contexte officinal aborde la gestion de l’officine, la législation du travail et la législation

pharmaceutique.

La qualification des autres emplois de la pharmacie d’officine

Outre l’offre de formation liée à la dispensation du médicament, l’activité des pharmacies

requiert la formation de compétences plus générales, communes aux emplois des secteurs de

la distribution et aux emplois fonctionnels des entreprises.

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 78

Le besoin de compétences liées à la distribution, croissant avec la taille de l’officine,93 se

concentre notamment sur les domaines de la gestion des stocks et de la vente des produits

spécialisés hors médicaments.

En termes de formation, ce besoin s’est traduit par la question récurrente de la mise en place

de formations adaptées au contexte officinal, permettant soit d’alléger la charge

administrative des pharmaciens et des préparateurs au profit d’une présence accrue au

comptoir, soit de spécialiser les personnels sur la vente des produits hors médicament.

LE BAC PRO COMMERCE Cette formation diplômante vise à former des employés commerciaux chargés de

l’approvisionnement, de l’animation de l’espace de vente et de la gestion commerciale des

produits.

Le nouveau BAC PRO a renforcé la formation sur la compétence de vente, de la relation

client en diminuant les contenus portant sur la gestion administrative. Les cours se

répartissent entre un enseignement général et un enseignement professionnel centré sur le

marketing, le merchandising, la communication et la vente.

Dans le même sens, deux organismes privés ont initié la mise en place de formations adaptées

au contexte officinal :

LA FORMATION DE « VENDEUR MULTIFONCTION » Cette formation de 450 heures se déroule en alternance pendant 12 mois et peut être suivie

selon un parcours individualisé et/ou modulaire. Elle n’est ni diplômante, ni reconnue par la

convention collective du secteur.

Les candidats visés par cette formation peuvent être titulaires de CAP (vente) ou du

baccalauréat.

Les objectifs de cette formation visent notamment à :

93 Cf résultats de l’enquête qualitative du CEP

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 79

- Acquérir des compétences techniques liées au métier de vendeur(se) en pharmacie

d’officine.

- Se former à la vente des produits annexes au médicament.

- Prendre en charge des tâches administratives (support sécurité sociale).

Les modules d’enseignement se répartissent entre :

- L’environnement officinal (les clients/les fournisseurs…).

- Les produits de l’officine et leur distribution (nomenclature, circuit

d’approvisionnement, rangement et merchandising).

- Le conseil et la vente en parapharmacie.

- La bureautique (informatique, tâches administratives).

LA FORMATION DE CONSEILLER EN DERMO-COSMETIQUE Seul un centre de formation délivre le titre de conseiller en dermo-cosmétique homologué par

l'Etat.

Cette formation est également ouverte aux pharmaciens et aux préparateurs.

Les objectifs de cette formation visent à savoir conseiller le client dans le choix d’un produit

adapté à son cas et à être capable de gérer, décorer et organiser les rayons de manière

autonome.

LE CADRE ACTUEL DE LA FORMATION CONTINUE POUR LES TITULAIRES ET SALARIES DES OFFICINES

Une offre de formation continue concentrée et relativement segmentée En 2005, les organismes financeurs recensent 144 organismes dispensateurs de formation

professionnelle continue en direction des personnels de l’officine.

Sur ces organismes de formations recensés, seul près de 25 organismes proposent au moins

une dizaine d’actions de formation, parmi lesquels une dizaine d’universités.

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 80

TYPOLOGIE DES OPERATEURS DE FORMATION CONTINUE QUI INTERVIENNENT AUPRES DES

OFFICINES

La plupart des organismes de formation relèvent d’un statut privé (associations ou sociétés

commerciales).

Ils sont plus d’une centaine alors que les organismes publics représentés majoritairement par

les facultés de pharmacie dépassent la vingtaine..94

La typologie suivante recouvre les opérateurs spécifiques qui se positionnent sur le segment

de la formation continue destinée à l’équipe officinale :

Les « gros » opérateurs spécialisés sur la formation destinée à la pharmacie disposant d’implantations sur l’ensemble du territoire :

- les organismes associatifs (Union technique inter-pharmaceutique (UTIP) qui fournit

environ 1000 formations annuelles)

- Les grossistes répartiteurs (OCP, CERP, ….)

Les opérateurs publics et privés de formation initiale : les universités, les CFA, les associations de cours professionnels pour le personnel de pharmacie Si la quasi totalité des facultés de pharmacie intervient dans la domaine de la formation

continue en proposant une offre de diplômes universitaires variés, le rôle des universités reste

encore limité. Pourtant, les pharmaciens les considèrent comme la source la plus légitime de

formation permanente devant les UTIP, les laboratoires et leurs groupements et nombre

d'enseignants des facultés sont sollicités dans les activités de formation organisées par

d’autres opérateurs.

De fait, la formation continue apparaît encore largement assimilée à la délivrance des

diplômes (DU) de spécialisation. Toutefois, l’implication dans la formation permanente est

hétérogène selon les universités : certaines facultés ont impulsé de manière plus dynamique

des programmes d’enseignement post universitaire, sous formes de séances ou de cycles

thématiques ou des partenariats avec d’autres organismes de formation pour dispenser des

formations très ciblées à l’attention des pharmaciens.

Des opérateurs de taille moyenne spécialisés dans le champ de la santé et de la pharmacie proposant une offre plus ou moins large (groupements de pharmaciens, organismes de formation privés). 94 ibid

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 81

Force est de constater l’investissement progressif du champ de la formation par les

groupements, bien souvent à l’intention de leurs adhérents, proposant plus particulièrement

une offre destinée aux pharmaciens et relative au management (gestion de Ressources

Humaines) et la gestion commerciale (techniques d’achat ou de vente, marketing,

merchandising…). Ne disposant pas de leur propre organisme de formation, les groupements

font généralement appel aux formateurs des organismes de formation privés.

Si, à l’heure actuelle, seul un groupement propose une offre étendue et ouverte à l’ensemble

des professionnels (environ 70% des formés ne sont pas adhérents), les évolutions

réglementaires laissent présager d’une évolution du positionnement des groupements dans le

champ de la formation.

Des petits opérateurs de niches centrées sur une offre spécialisée en phytothérapie,

diététique, podologie, cancérologie…

Des opérateurs non spécialisés dans le champ de la santé ou de la pharmacie avec une

offre réduite et ciblée (CCI, organismes de formation privés) concernant :

- l’organisation, le management (DEMOS, EFE)

- la formation de commerciaux ou d'animateurs (Conseil et vente de produits).

- Enfin, une offre de formation plus ponctuelle qui n’est pas référencée par les

organismes financeurs existe également (parapharmacie par exemple).

Cette offre de formation plus ponctuelle n’est pas forcément reconnue par les

organismes financeurs, ce qui signifie que le financement reste à la charge des

pharmaciens.

Dans le même sens, certains laboratoires marquent la volonté de développer leurs

propres organismes de formation (Laboratoires Pierre Fabre, Boiron, Protifarm…).

DES CONTENUS THEMATIQUES REPARTIS ENTRE LE CŒUR DE METIER ET LA GESTION DE

L’OFFICINE À titre indicatif, le site du Moniteur des pharmacies recense plus de 450 thèmes de formation

continue.

Selon les objectifs visés, les formations offertes peuvent s’articuler autour de trois catégories

qui recoupent les besoins du pharmacien d’actualiser en permanence ses connaissances,

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 82

d’acquérir de nouvelles compétences non seulement d’ordre technique et scientifique mais

aussi appliquées à l’activité de son officine :

- Les formations centrées sur les connaissances et/ou les savoir-faire liés à l’acte

pharmaceutique : pharmacologie, les grandes pathologies, la pharmacie clinique, la

pharmacovigilance….

- Les formations centrées sur les connaissances et/ou les savoir-faire liés à une

spécialisation (orthopédie, diététique, nutrition homéopathie, …) ou un produit

spécialisé (cosmétique par exemple)

- Les formations « pratiques » hors activités pharmaceutiques considérées comme non

prioritaires95 par les organismes financeurs : bureautique, communication,

management, Ressources Humaines, gestion et économie de l’officine, langues,

marketing…

La répartition du type d’offre selon les opérateurs

Type d’opérateur Type d’offre privilégiée

UTIP /Université /CFA Formations « acte pharmaceutique » et « spécialisation»

Grossiste répartiteur Formations « acte pharmaceutique » « spécialisation» et « pratique »

Organismes de formation privés spécialisés dans le champ de la santé/pharmacie

Formations « acte pharmaceutique » « spécialisation» et « pratique »

Organismes de formation privés spécialisés sur une niche

Formations « spécialisation»

Groupements Formations « pratique » et « spécialisation »

Opérateurs non spécialisés pharmacie Formations « pratique »

C’est l’offre de formations « pratique», orientées sur les activités de gestion de l’officine, qui

a connu la croissance la plus significative parmi l’ensemble des opérateurs.

De manière générale, l’offre sur les médicaments et les molécules est plus importante parmi

les UTIP en collaboration avec les laboratoires, chez les grossistes répartiteurs et les

universités. Les thématiques abordées sont le plus souvent choisies en fonction de l’actualité

95 L’organisme financeur pour les titulaires définit des critères de prise en charge distincts selon le caractère prioritaire ou non prioritaire. L’organisme financeur pour les salariés définit la prise en charge des formations selon les thèmes prioritaires fixés par la CPNE.

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 83

pour l’exercice officinal (conseil et prise en charge d’une pathologie, médicament, impact de

la législation…), comme par exemple le sortie des anti-rétroviraux de la réserve hospitalière.

Globalement, dans les organismes de formation dédiés à la pharmacie, l’offre de formation

sur le conseil appliqué à une spécialisation est plus représentée que l’offre centrée sur les

médicaments et les pathologies.

Typologie de l’offre de diplômes universitaires selon le thème de formation

Les DU présentent une grande diversité au regard des thèmes de spécialisation qu’ils

abordent. Le tableau suivant récapitule l’offre actuelle selon que le thème de la formation vise

l’acte pharmaceutique, une spécialisation ou la gestion, l’organisation et l’environnement

juridique de l’officine.

Thème de formation centré sur : Intitulés du DU

Les connaissances et /ou les savoir-faire liés à l’acte pharmaceutique

Pathologies neuro -fonctionnelles Eléments de pathologies Gérontologie et pharmacie clinique Suivi Pharmaceutique/optimisation

du traitement/ Diabète Soins des Maladies Invalidantes Soins et maintien à domicile Conseil à l'Officine Pathologie et

Thérapeutique/ médication conseil

Les connaissances et/ou les savoir-faire liés à une spécialisation

Cosmétologie Alimentation –Nutrition-

diététique Mycologie Homéopathie Phythotérapie Orthopédie/orthèses Addictologie Pharmacie vétérinaire

La législation, l’organisation, la gestion de l’officine

Environnement et santé Publique Assurance Qualité Communication interpersonnelle Gestion de l’entreprise officinale et

comptabilité Langues (anglais) Informatique Gestes d’urgence/premiers secours

L’offre la mieux représentée selon le nombre de diplômes offerts par ordre d’importance :

- Orthopédie

- Maintien et hospitalisation à domicile

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 84

- Diabète

- Homéopathie

- Diététique

Parmi l’offre de DU en 2005, plusieurs thèmes de formation semblent émergents :

- Pharmacie clinique oncologique

- Gestion entrepreneuriale de l’officine

- Assurance qualité

- Prise en charge de la douleur

- Prise en charge de la personne âgée.

Les thématiques les plus représentées dans l’offre des organismes de formation

(hors UTIP)

- Communication appliquée à l’officine

- Diabète

- Maintien soin à domicile

- Orthèse/orthopédie

- Dermocosmétique / cosmétologie

- Phytothérapie/aromathérapie /homéopathie

Globalement, l’offre portant sur les activités spécialisées est bien couverte.

Les thématiques émergentes (programmation en hausse ou nouvelle programmation)

Notamment :

- Diététique et nutrition

- Langues / informatique / techniques d’achat

- Merchandising / gestion Ressources Humaines (animation et management d’équipe)

- Oncologie

Et dans une moindre mesure :

- Prise en charge de la douleur

- Dépression/ stress/ spasmophilie

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 85

- Conseil et prise en charge d’un public cible (la personne âgée, la femme, l’enfant, le

sportif)

- Gestes de l’urgence et prévention

Les thématiques les moins couvertes au regard des évolutions de l’activité et/ou de certaines attentes exprimées

- La pharmacologie et les pathologies (les nouvelles classes thérapeutiques, les

médicaments à statuts particuliers, les pathologies cardio-vasculaires, du système

nerveux …) pour les pharmaciens et les préparateurs qui se justifient d’autant plus que

le rythme de renouvellement de l’offre thérapeutique s’est accéléré.

- La démarche qualité dans l’officine et l’assurance qualité de l’acte pharmaceutique96

- Le rôle de la pharmacie d’officine dans les réseaux

- L’opinion pharmaceutique/ pharmacovigilance/suivi thérapeutique

- Les préparations magistrales stériles de cytotoxiques97.

Les publics visés

L’offre commune à l’ensemble de l’équipe officinale

- Cette offre porte notamment sur l’activité hors pharmaceutique ou les thèmes éligibles

définis par la CPNE

- La communication appliquée à l’officine

- Les techniques de vente, le merchandising

- Le maintien à domicile.

L’offre commune aux pharmaciens et aux préparateurs

Une grande partie de l’offre des organismes de formation privés s’adresse à la fois aux

pharmaciens et aux préparateurs diplômés. La mixité des publics permet généralement aux

préparateurs de bénéficier d’un niveau de formation plus élevée dans la mesure où ils

partagent les interrogations des pharmaciens en formation.

Cette offre comprend :

96 À noter toutefois, l’investissement particulièrement fort de cette thématiques par les UTIP depuis 2005. 97 Selon l’Académie Nationale de pharmacie.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 86

- Les formations liées à une spécialisation thérapeutique (homéopathie, diététique et

nutrition, phytothérapie, cosmétologie…) et à la médication familiale

- Certaines formations sur les médicaments ou des pathologies proposés par des CFA ou

les grossistes répartiteurs :

⋅ Les maladies veineuses et leurs traitements

⋅ Le diabète

⋅ L’asthme

⋅ les pathologies gynécologiques

⋅ les nouvelles classes thérapeutiques

⋅ les antibiotiques

⋅ …

- Des formations portant sur les bonnes pratiques de délivrance, l’assurance qualité (à

ce titre, l’université de Nantes a mis récemment en place un Certificat initial de qualité

appliqué à la pharmacie d'officine) - Des conférences organisées par les UTIP : globalement, ces formations rassemblent

environ 30% de préparateurs et 70% de pharmaciens98.

Il convient de noter que les universités adoptent des politiques différentes en matière d’offre

de formation à l’attention des préparateurs.

Ainsi, certaines d’entre elles ouvrent l’accès à des formations universitaires de spécialisation

aux préparateurs, même si la demande des pharmaciens est prioritaire dans la limite des places

disponibles (en 2005, 7,4% des stagiaires ayant suivi un DU étaient des préparateurs).99

D’autres universités, n’ouvrant pas l’accès du DU aux préparateurs diplômés, proposent une

formation spécifique aux préparateurs sous forme de demi-journées ou de journées de

conférences thématiques.

L’offre spécifique pour les pharmaciens

98 Source UTIP 99 Taux calculé à partir des données quantitatives de l’OPCA-PL

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 87

L’offre de perfectionnement proposée par les EPU et les conférences organisées par les UTIP

sont très spécialisées sur les pathologies, la pharmacie clinique et la pharmacologie.

Naturellement, les pharmaciens titulaires disposent d’une offre qui leur est dédiée portant sur

l’aspect gestionnaire et commercial de l’officine.

La mixité des publics professionnels de santé dans une perspective de réseau est quasi

inexistante.

L’offre spécifique pour les préparateurs Des organismes privés proposent une formation visant :

- le certificat de technicien supérieur orthopédiste orthésiste

- le diplôme du CAP Esthétique – Cosmétique et un certificat de compétences

"Conseillère Santé - Beauté".

- L’offre spécifique des universités (cf. supra)

L’offre spécifique pour les autres salariés Un organisme100 propose une formation non diplômante d’employé polyvalent pharmacie en

alternance durant 2 mois destinée aux secrétaires et rayonnistes (vente parapharmacie, tiers

payant, responsabilité des stocks…).

Typologie des modalités de formation offertes

Une offre de formations courtes prédominante

- Des formations courtes plusieurs fois par an, en soirée, sous forme de conférences —

sur des thèmes d’actualité officinale — orientées sur une pathologie, des cas cliniques,

un traitement et faisant intervenir un représentant d’un laboratoire pharmaceutique

(UTIP) ou d’une université (EPU).

- Des formations courtes en inter, en journée, d’une durée comprise entre un et quatre

jours (organismes de formation, UTIP) ; les modalités pédagogiques sont plus variées :

alternance entre apport théorique et travail dirigé, cas pratiques, jeux de rôles…

100 l’organisme Pharm’emploi

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 88

- Certains organismes mettent en place des cycles de formation portant sur un même

thème (initiation/perfectionnement) mais cette offre reste très marginale.

L’offre de formations longues diplômantes variées - Des formations longues diplômantes (Universités) souvent aménagées en sessions

régulières de formations courtes.

La formation action reste encore marginale mais est susceptible de se développer dans le

cadre de formations à distance en tutorat ou de formations d’accompagnement de démarches

Qualité (exemple de la formation « assurance qualité » proposée par l’UTIP dont la

validation est conditionnée à la rédaction de procédures qualité propres à l’officine par le

pharmacien).

Une consommation encore modérée de la formation par les pharmaciens titulaires En 2004, le FIF PL a financé près de 49 300 heures de formation pour 4436 stagiaires

titulaires. Le taux d’usage de formation (taux en % des pharmaciens titulaires concernés par

une action de formation) s’élève environ à 16%.

L’obligation légale n’est pas atteinte et encore près d’un titulaire sur cinq estime que

l’obligation de formation se révèle contraignante (18%) ou inutile (2%).101

Le plus grand nombre d’heures de formation consommées concerne par ordre d’importance :

- Les formations relatives aux thérapeutiques à l’officine (environ 45% des heures

totales consommées et 47% des effectifs)

- Les formations relatives à « l’approche globale de l’officine » (environ 18% des

heures totales consommées et environ 45% des effectifs) qui comprennent entre autres

les formations « pratiques » liées au management de l’officine et la vente des produits

de l’officine.

- Les diplômes universitaires (environ 13% des heures totales consommées et 6% des

effectifs)

101 Moniteur des pharmacies, Cahier 3 du n°25 59 du 27 novembre 2004 « Enquête sur la formation continue auprès de 529 pharmaciens d’officine et réalisée par Direct Media »

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 89

Puis dans une moindre mesure :

- Les formations relatives à la prise en charge du patient

- Les formations d’orthopédie non diplômantes et les cycles de conférences organisées

avec des intervenants universitaires et portant le plus souvent sur la pharmacologie

(EPU, APEPPU)

- Les formations relatives à la qualité de l’acte pharmaceutique

En comparaison avec 2003, on peut constater un léger tassement de la consommation de

formation (- 5, 6%) avec :

- une consommation de formation stable pour l’ensemble des formations suivantes : les

DU, les cycles de formation de type EPU/APEPPU, les formations relatives aux

thérapeutiques à l’officine ;

- une hausse de la demande concernant les formations relatives à la prise en charge du

patient.

Un investissement dans la FPC, pour les salariés, encore peu développé et principalement orienté sur le cœur de métier

UNE DUREE DE FORMATION ENCORE FAIBLE ET UNE CONSOMMATION VARIABLE SELON LA

TAILLE DE L’OFFICINE Selon les résultats obtenus dans l’enquête par questionnaires, même si les salariés se disent

plutôt satisfaits des formations reçues, ils estiment ne pas bénéficier d’un nombre suffisant de

jours de formation.

En effet, 68% des salariés répondants déclarent bénéficier de formations qui durent moins

d’une journée. 21% des salariés déclarent entre 7 et 20 heures de formation tandis que 11 %

des répondants ont bénéficié dans l’année d’une formation supérieure à 3 jours.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 90

Nombre d’heures de formation consommées par les salariés selon la taille de l’officine

Heures de formation consommˇes selon la taille de l'officine

22%

40%

29%

6% 4%

- de 3 sal4-6 sal7-9 sal10-19 sal+ de 20 sal

Les pharmacies d’officine de taille moyenne (entre 4 et 6 salariés) sont les premières

consommatrices de formation (40% des heures consommées). Les petites officines

apparaissent moins consommatrices que celles employant 7 à 9 salariés bien qu’elles soient

deux fois plus nombreuses sur le territoire. Ce constat abonde dans le sens d’un effet de taille

critique particulièrement décisif sur la pratique de formation des salariés.

CARACTERISTIQUES DE LA CONSOMMATION DE FORMATION DES PHARMACIENS ADJOINTS102

En 2004, le nombre de stagiaires formés s’élève à 3857 pharmaciens adjoints et représente

40% des stagiaires salariés formés.

Le taux d’accès de formation103 des pharmaciens adjoints est d’environ 16,5%.

Des critères de prise en charge distincts pour les pharmaciens selon qu’ils sont titulaires ou adjoints

La formation continue des titulaires est gérée par le FIF-PL qui accorde la prise en charge de

la formation selon un quota restrictif. La limite est fixée à 550 euros de prise en charge par an

et par titulaire (à condition que le thème du stage soit agréé), soit :

- 450 euros pour trois jours de " formation prioritaire ", liée à la pratique officinale;

- 100 euros pour une journée de " formation non prioritaire ", relative à l'exercice

professionnel (gestion, management, informatique…).

102 L’ensemble des résultats indiqués est issu de l’exploitation des données quantitatives fournies par l’OPCA-PL pour l’année 2004 103 Estimation du nombre global de pharmaciens adjoints : 23 420 (permanents + intérimaires) - Source CNOP.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 91

Le financement de la formation continue des salariés — qui vaut pour les pharmaciens

adjoints — géré par l'OPCA-PL (ancien FAF PL), n’est pas soumis à un quota restrictif.

Toutefois, l'employeur doit être à jour de ses cotisations et le thème de formation choisi doit

faire partie des prises en charge préalablement fixées.

Les thèmes des formations suivies par les adjoints

Parmi les thèmes des formations les plus suivies par les pharmaciens adjoints :

- les formations sur la grande pathologie et la pharmacologie, demandées par 20% des

stagiaires

- Les cycles d’études post-universitaires (EPU) organisés par les Universités pour 18%

des stagiaires.

- Le DU d’orthopédie suivi par 11% des stagiaires

Puis dans une moindre mesure :

- La communication appliquée à l’officine

- Le maintien à domicile

- Les formations de spécialisation (Homéopathie, Phytothérapie, diététique,

cosmétologie) qui rassemblent environ 17% des effectifs de stagiaires.

- D’autres cycles de DU.

La consommation de formation des pharmaciens est classique, et principalement orientée sur

l’actualisation ou l’approfondissement des connaissances relatives aux pathologies, à la

pharmacologie et à la pharmacie clinique.

La demande particulière concernant le DU d’orthopédie s’explique facilement : il est

obligatoire pour obtenir l’agrément nécessaire à la vente des orthèses.

La demande concernant les spécialisations interroge indirectement la répartition des

enseignements entre formation initiale et continue.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 92

CARACTERISTIQUES DE LA CONSOMMATION DE FORMATION CONTINUE DES PREPARATEURS

ET DES AUTRES SALARIES104

En 2004, le nombre de préparateurs ayant bénéficié d’une formation prise en charge par

l’OPCA-PL s’élève à 5120 et représente 54% des stagiaires bénéficiaires.

Le taux d’accès à la formation105 des préparateurs est d’environ 10 %.

La même année, les autres salariés représentent 6 % du total des stagiaires formés (573

stagiaires). Ils sont composés majoritairement par les employés titulaires d’un CAP

d’employé de pharmacie.

Le taux d’accès des autres salariés à la formation106 peut être estimé à environ 1,6%.

Les thèmes de formation pour les préparateurs

Parmi les formations les plus suivies par les stagiaires :

- Grande pathologie et pharmacologie concernent davantage les préparateurs (58%) que

les pharmaciens (42%)

- La communication appliquée à l’officine concerne majoritairement les préparateurs

(77%) et autres salariés que les pharmaciens (23%)

Les formations les plus suivies par les préparateurs :

- Les grandes pathologies et pharmacologie : 21%

- La communication : 17%

- Une spécialisation (Homéopathie, phytothérapie, diététique et nutrition ou la

pharmacie vétérinaire, dermatologie, hygiène et cosmétique) l’ensemble des

formations de ce type rassemble 35% des demandes. Les trois spécialisations les plus

demandées sont par ordre l’homéopathie, la cosmétique et la phytothérapie. Cette

demande de formation spécifique peut être mise en perspective avec la place que ces

contenus occupent au sein de la formation initiale (environ 3% de l’enseignement

scientifique théorique)

- Médication appliquée à l’officine (7%)

- Maintien à domicile

104 L’ensemble des résultats indiqués est issu de l’exploitation des données quantitatives fournies par l’OPCA-Pl pour l’année 2004 105 Estimation la plus basse du nombre global de préparateurs obtenue dans le cadre de la phase de la présente étude: 50 000. 106 Estimation du nombre global des autres salariés : 35 000 (ibid.)

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 93

Les thèmes de formation pour les autres salariés

Parmi les formations les plus suivies par les autres salariés (majoritairement titulaires du

CAP) :

- Le Brevet professionnel de préparateur qui concerne 69% de ces stagiaires

- La communication qui concerne 14% des stagiaires

- Dans une moindre mesure : comptabilité, bureautique, maintien à domicile et

diététique.

Des pratiques de formation façonnées par les contraintes et les opportunités

DES CONTRAINTES DE GESTION DE DISPONIBILITE La question centrale — pour les titulaires — reste celle de l’accès à des modules de formation

compte tenu des contraintes propres à l’activité d’officine. Le titulaire est soumis légalement à

une présence horaire minimum effective d’un pharmacien, doublée de celle que suppose la

« responsabilité effective » du pharmacien.

À cela s’ajoute, pour l’ensemble des salariés, les difficultés de disponibilité partagées dans le

champ de la formation professionnelle continue par les petites et moyennes entreprises.

Certains membres des équipes rencontrées (préparateurs, vendeurs) profitent parfois

indirectement des formations suivies par le titulaire, qui sont démultipliées auprès d’eux, tout

en regrettant de ne pas y participer eux-mêmes.

DES PRATIQUES DE FORMATION ENCORE LARGEMENT DOMINEES PAR LES LABORATOIRES Dans ce contexte, la demande de formation est souvent corrélée à la réalité vécue au comptoir

(par exemple, l’anticipation de la sortie hospitalière par les pharmaciens a été très hétérogène

et globalement la demande de formation s’est manifestée une fois les premiers cas

rencontrés). Par ailleurs, la gestion de plans de formation reste encore limitée parmi les

officines françaises.

Les officinaux se « forment » largement via l’information dispensée par les laboratoires

pharmaceutiques : rencontres, colloques généralement orientés sur l’actualité de l’exercice

officinal (nouvelles molécules, nouveaux médicaments…). Selon les résultats obtenus par le

questionnaire, les formations majoritairement suivies par les salariés sont très courtes et

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 94

dispensées par les fournisseurs ; le financement de la dernière action de formation a été pris

en charge par les laboratoires eux-mêmes (62%) contre 33% par les employeurs.

LE RECOURS PREDOMINANT A LA LITTERATURE PROFESSIONNELLE Les titulaires déclarent se former 2 à 4 heures par mois en privilégiant la lecture de la presse

professionnelle (81%) sur le recours à la formation extérieure (laboratoires, grossistes, UTIP)

(65%).107

Les professionnels de l’officine sont destinataires d’une abondante littérature professionnelle

spécialisée.108 En l’occurrence, la presse pharmaceutique bénéficie d’une « bonne presse »

auprès des pharmaciens puisqu’en 2003, 60% des pharmaciens plébiscitaient largement la

presse pharmaceutique dans le cadre de la réactualisation de leurs connaissances, suivie des

ouvrages, guides, dictionnaires et des journées de formations, colloques et séminaires. De fait,

ils reconnaissent à la presse une double fonction jugée indispensable ou très utile à savoir

« faire le point sur les nouveaux médicaments » et « suivre l’actualité de la profession »109.

UNE INFORMATION ABONDANTE AVEC LES RISQUES INHERENTS EN MATIERE DE

CONSTRUCTION DES SAVOIRS On assiste au développement du flux d’information informelle par l’intermédiaire des portails

Internet qui offrent pléthore de témoignages, de forums, d’éléments de débats ouverts aux

praticiens (un tiers des titulaires déclarent utiliser Internet comme support de formation).

Face à ce foisonnement de sources d’échanges et d’informations, reste en suspens la question

de la validité et de la qualité de l’information reçue, quelles que soient les capacités de

synthèse des bénéficiaires de cette information.

107 Moniteur des pharmacies, Cahier 3 du n°25 59 du 27 novembre 2004 « Enquête sur la formation continue auprès de 529 pharmaciens d’officine et réalisée par Direct Media » 108 On compte 4 mensuels, un bimensuel, un hebdomadaire et un bi-hedomadaire 109 Source : IPSOS, enquête sur l ‘audience de la presse pharmaceutique, septembre 2003

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 95

Des attentes de formation qui attestent une relative adéquation avec l’offre de formation

DES CONTENUS DE FORMATION GLOBALEMENT SATISFAISANTS AU REGARD DES BESOINS

EXPRIMES PAR LE PERSONNEL DES OFFICINES110

Des souhaits de formation centrés sur le cœur de métier

Globalement, les souhaits de formation des titulaires sont relativement classiques et orientés

essentiellement sur leur cœur de métier :

- Au total, ils sont 78% à avoir sélectionné la formation sur les pathologies et les

molécules parmi les trois thèmes les plus souhaités.

- 61,3 % sont intéressés par une formation sur une spécialisation.

- 51,6% par des formations négociation, techniques de vente, technique d’achat.

Viennent ensuite l’informatique et le management, qui recueillent tous deux au total 43% des

suffrages ; cependant le management est prioritaire pour les titulaires puisqu’il apparaît en

deuxième position pour 19% des répondants contre seulement 8% pour l’informatique.

Les souhaits en matière de formation des salariés sont tout à fait similaires à ceux des

titulaires. Ils sont avant tout centrés sur le cœur de métier :

- formation sur les pathologies et les molécules

- formation spécialisation

- formation sur les produits des fournisseurs.

- formation négociation, techniques d'achat, techniques de vente (ex æquo en premier

choix)

DES ATTENTES D’AMELIORATION EN MATIERE DE MODALITES DE FORMATION

Des modalités qui concilient les contraintes et les besoins d’ouverture de l’officine

Si les modalités privilégiées par les pharmaciens sont relativement classiques111, ils soulignent

néanmoins le désir d’échanges et d’ouverture vis-à-vis de l’extérieur puisque les formations

inter entreprises arrivent largement en tête (modalité citée en premier par 30% des répondants,

et par 64% d’entre eux au total).

110 données quantitatives issues de l’enquête quantitative par questionnaires du CEP 111 Enquête CPNE janvier 2003. Les pharmaciens citent les modalités qu’ils utilisent déjà par ordre : la littérature professionnelle, la documentation envoyée par les laboratoires, les formations organisées en situation de travail par les laboratoires ou les groupements, les colloques.

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I – chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 96

En témoigne aussi le succès des groupes d’échanges de pratiques qui récoltent 49% des voix

parmi les trois modalités préférées ; en effet, le traitement de cas pratiques et les partages

d’expériences permettent d’enrichir la réponse du pharmacien en termes de choix et

d’arbitrage et ne semblent pas encore assez développés dans l’offre actuelle.

Si certains titulaires jugent indispensable de participer à de véritables formations qui

permettent de s’ouvrir à d’autres pratiques et d’autres univers, d’autres privilégient les

modules courts dispensés sur le lieu de travail, compatibles avec les impératifs de l’officine.

En ce sens, la formation à distance est également plébiscitée (57,5% des titulaires l’envisagent

et 24,4% d’entre eux en font leur modalité de formation privilégiée alors qu’elle reste encore

peu présente au sein de l’offre actuelle).

Les attentes en matière de validation des acquis de l’expérience

Aucune attente en la matière ne s’exprime spontanément. Les pharmaciens titulaires et leurs

employés semblent pour l’instant peu informés sur la VAE de même que sur l’évolution de la

législation sur la formation (en particulier sur le Droit Individuel à la Formation).

Certains titulaires plus avertis espèrent toutefois qu’un système de VAE rendra possible la

reconnaissance de l’expérience d’aides préparateurs, qui n’ont pas réussi à obtenir leur

mention du BP de préparateur mais présentent pourtant les compétences professionnelles

requises pour le poste.

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I- Chapitre 4

L’ETAT COMPARATIF DE LA DISPENSATION DU MEDICAMENT EN EUROPE ET DANS QUELQUES AUTRES PAYS DE REFERENCE

LES POLITIQUES PUBLIQUES DE SANTE EN EUROPE

LES DONNEES COMPARATIVES Les chiffres comparés des dépenses de santé consenties par différents pays développés

relativisent le niveau « exagéré » de dépenses de santé couramment attribué à la France112. En

effet la France affiche un pourcentage de 9,7 %, alors que des pays comme les Etats Unis ou

la Suisse consacrent respectivement 14,6 % et 11,2% de leur PIB aux dépenses de santé113.

Variations des dépenses de santé au regard du PIB

Concernant les pays européens, des sources plus récentes114 permettent d’établir une

comparaison des dépenses totales de santé. Alors que le Danemark et la Suède se situaient en

haut de l'échelle en 1980 avec plus de 9%, ce sont aujourd'hui l'Allemagne, la France et la

Norvège qui consacrent près de 10% du PIB à la santé. Ce sont désormais la Finlande,

l'Irlande et le Royaume-Uni qui ont les dépenses les moins élevées (moins de 8 %).

Sur l'ensemble de la période 1980-2001, le Danemark et la Suède connaissent les taux de

croissance des dépenses de santé les plus faibles, de l'ordre de 1%. Les taux les plus élevés

s'observent en Espagne et au Portugal, avec plus de 4,6%. Tandis que dans les autres pays, le

taux de croissance varie entre 2% et 3,5%.

La part relative de la pharmacie dans les dépenses de santé

Toujours selon les mêmes sources, la comparaison des dépenses de pharmacie dans les

dépenses totales de santé met également en lumière une grande diversité entre les pays.

112 Source : OCDE 2002 113 Cf tableau en annexe 5C, dans le « Tome II – Données annexes » 114 Les transformations contemporaines des politiques de santé en Europe,Christine ANDRÉ, CEPREMAP, Novembre 2004 Eco-santé OCDE 2005, www.oecd.org/santé/ecosante

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I - Chapitre 4

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 98

En 2003, la France, l’Italie, l’Espagne et la République Tchèque sont les pays les plus

consommateurs de produits pharmaceutiques (plus de 20% des dépenses de santé) alors que

les pourcentages les plus faibles s’observent aux Pays-Bas (11,4%) en Suisse (10,5%) et au

Danemark (9,8%). Dans d’autres pays comme la Suède, l’Allemagne la Finlande et la Grèce,

ces dépenses se situent entre 12 et 16% des dépenses de santé.

Variations du financement public des produits pharmaceutiques

En 2003, la part publique des dépenses de pharmacie est très variable et se situe entre 44 et

80%. Globalement, on identifie parmi les pays :

- Les pays les plus consommateurs : Irlande, Espagne, Grèce, Allemagne, Autriche (plus

de 70%)

- Les pays les moins consommateurs : Danemark, Finlande, Italie (moins de 50%)

- Les pays « médians » : Pays-Bas, France, Suède, Royaume-Uni (entre 60 et 70%)

Part variable de l’automédication en Europe115

En 1999, les dépenses de médicaments non prescrits en Europe s’élevaient à 81 milliards de

francs116, soit environ 12,6 % du marché pharmaceutique européen..

Si le marché de l’automédication est non négligeable au niveau européen, il démontre

cependant de fortes disparités entre trois groupes de pays :

- Le premier comprend le Portugal, l’Italie, l’Autriche, la Norvège, la Suède, les Pays-Bas

et la France, pays dans lesquels le recours aux médicaments non prescrits est relativement

peu développé (moins de 10 % du marché pharmaceutique domestique).

- L’Espagne, le Danemark et la Finlande occupent une position médiane entre 10 et 20 %

- Enfin, le troisième rassemble ceux dont le marché des médicaments non prescrits est très

développé : Allemagne, Belgique, Royaume-Uni et Irlande, où il représente plus de 20 %

de la consommation.

115 DRESS, Etudes et Résultats N°105, La consommation des médicaments non prescrits, mars 2001 116 D’après les statistiques établies par l’association européenne des spécialités pharmaceutiques grand public.

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I - Chapitre 4

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 99

L’importance de la consommation de médicaments non prescrits semble avant tout corrélée à

la taille du marché des spécialités disponibles sans ordonnance, sauf pour la France.

Dans certains pays comme le Danemark, la Norvège ou le Portugal, l’effet prescripteur est

inexistant dans la mesure où les médicaments à prescription facultative ne donnent jamais lieu

à prescription.

Si l’on se limite aux cas des pays membres de l’Union Européenne, il est possible de dégager

quelques orientations communes117 des politiques de santé publique telles que :

- l’abandon progressif d’un système de prix fixe ;

- l’émergence de l’évaluation économique des biens et des techniques de santé ;

- l’homogénéité relative des critères d’accès au remboursement ;

- le passage aux médicaments génériques.

Ces orientations sont fondées sur un article datant de 2002. Faute de données plus récentes,

les pays cités en exemple ayant nécessairement évolué, on s’intéressera aux orientations

plutôt qu’aux pays les appliquant.

L’ABANDON PROGRESSIF D’UN SYSTEME DE PRIX FIXE En effet, le régime de prix administrés a peu à peu été abandonné car les prix étaient en

général assez bas et encourageaient les laboratoires à rechercher des gros volumes de vente et

donc à doper la consommation, ou pire, favorisaient les importations parallèles dans les pays

où les tarifs étaient plus élevés. De plus, un référentiel de prix fixes , voire orientés à la baisse,

conduit à brider le potentiel de développement et d’innovation de l’industrie pharmaceutique.

C’est pourquoi les pays européens se sont progressivement résolus à adopter un système plus

flexible, offrant davantage de souplesse, comme l’illustrent les exemples suivants.

117 Emmanuelle Alexandre , Marie Danièle Campion, Daniel Vion, Régulation de la dépense pharmaceutique dans l’union européenne, CNOP, Bulletin de l’ordre n°376 Novembre 2002

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I - Chapitre 4

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 100

Instauration des accords conventionnels entre pouvoirs publics et laboratoires

Ce fut le cas en Autriche, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie et en Irlande. On

autorise la pratique d’un prix libre jusqu’à un certain volume de vente au-delà duquel

l’entreprise se trouve dans l’obligation de rétrocéder aux autorités une partie de ses bénéfices.

Contrôle des remboursements

On peut citer l’exemple du TFR (Tarif Forfaitaire de Remboursement) portant sur le

remboursement et non sur le prix de la substance, consistant à rembourser l’usager sur la base

du générique le moins cher, la différence étant à sa charge. De telles mesures existent

également en Allemagne, en Belgique, au Danemark, en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas, en

Suède et incitent à recourir aux génériques. Toutefois, cette option présente un avantage limité

dans le temps puisqu’elle n’intègre pas l’apparition de nouvelles molécules plus chères et

donc non soumises au tarif de référence, ce qui permet aux groupes pharmaceutiques de

contourner ces mesures.

Contrôle des profits des industries pharmaceutiques

À l’image de la Grande-Bretagne, il est également possible de procéder à un contrôle des

profits en négociant un taux de profit maximum qui, en cas de dépassement, entraîne des

rétrocessions ou des baisses de prix l’année suivante.

L’EMERGENCE DE L’EVALUATION ECONOMIQUE DES BIENS ET DES TECHNIQUES DE SANTE Il est question de procéder à des arbitrages pharmaco-économiques ou médico-économiques

dans un souci d’efficience, afin de concevoir et de conduire les mesures les plus ciblées

possibles. Pour cela, il est donc indispensable de se doter d’instances, de méthodes et d’outils

censés favoriser la lisibilité des biens et des pratiques de santé de manière à permettre une

gestion « éclairée » du périmètre des actes et des produits remboursables.

En novembre 2002 seuls la Finlande, l’Irlande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni exigeaient

auprès des services de santé l’obtention de données économiques dans le cadre de l’accès au

remboursement. Toutefois, les pays européens jugent qu’ils ne disposent pas d’approches

standardisées et cohérentes en vue de procéder à l’évaluation économique de leur système de

santé. Comme on le mentionnait précédemment à propos du cas français, les professionnels

du secteur de la santé se montrent assez réticents vis-à-vis des notions d’efficience ou de

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I - Chapitre 4

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 101

productivité et plus largement, à l’égard de tout dispositif destiné à mesurer le coût des

pratiques de santé.

L’UNIFICATION DES CRITERES D’ACCES AU REMBOURSEMENT La plupart des pays de l’Union, l’Allemagne exceptée, procèdent par listes positives

déterminant le champ des produits remboursables selon des critères assez largement

reconnus :

- Valeur thérapeutique du produit.

- Sévérité de la pathologie à traiter.

- Existence d’alternatives thérapeutiques.

- Coût du traitement par rapport aux autres thérapies disponibles.

LE DEVELOPPEMENT DES MEDICAMENTS GENERIQUES : INCITATION / PENALISATION De ce point de vue, les situations s’avèrent assez disparates en raison de la mise en œuvre plus

précoce de telles politiques dans certains Etats, principalement ceux de l’Europe du Nord. Par

la suite, les autres pays ont plus ou moins adopté et adapté des mesures expérimentées par des

pays voisins.

Les politiques d’incitation ou de pénalisation concernent aussi bien les prescripteurs, les

pharmaciens que les « consommateurs ».

Prescripteurs

Les mesures relevées concernant les prescripteurs sont les suivantes : le versement d’un

pourcentage des économies résultant de la prescription des génériques (méthode expérimentée

en Espagne, Irlande, Italie) ou la sanction en cas de dépassement des budgets (Allemagne)

Pharmaciens

Pour les pharmaciens, les politiques incitatives comprennent : l’exercice du droit de

substitution, les ristournes des grossistes, le versement d’un pourcentage des économies

réalisées (Pays-Bas), le passage sous TFR.

Consommateurs

Les mesures visant le consommateur recouvrent essentiellement le TFR et les campagnes

d’information visant à démystifier l’opinion selon laquelle le générique serait un médicament

de second choix.

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I - Chapitre 4

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 102

Le tableau ci-dessous118 donne une indication sur le taux d’implantation des génériques selon

les pays, que ce soit en volume (nombre de boîtes) et en valeur (pourcentage des ventes) :

Angleterre Allemagne Italie Espagne France Belgique Pays-Bas % valeur 14 % 30,6 % 1,2 % 3,6 % 4,2 % 3 % 19 % % volume 43 % 39,2 % 2,5 % 4,5 % 9 % 6 % 44%

N.B : Ce type de comparaison s’avère toutefois délicat dans la mesure où la définition du

générique n’est pas la même chez les divers membres de l’Union européenne. En France, la

surface du répertoire des molécules à génériquer est définie par l’AFSSAPS. Seuls les

médicaments faisant partie du répertoire sont substituables, soit environ 15 % en valeur et 20

% en unités du marché total. Il existe beaucoup de princeps ayant perdu leur brevet qui ne

sont pas dans ce répertoire, ce qui n’est pas le cas dans d’autres états européens où dès qu’un

médicament tombe dans le domaine public, il intègre automatiquement le répertoire des

génériques et devient donc substituable.

On peut également ajouter que le marché des génériques a été développé par les pouvoirs

publics locaux d’autres pays depuis bien plus longtemps qu’en France, souvent plus de dix

ans comme en Allemagne ou en Angleterre, ce qui apparaît clairement sur le tableau ci-dessus

au regard des pourcentages en volume de boîtes vendues.

LES LIMITES DES POLITIQUES PUBLIQUES DE SANTE EUROPEENNES Elles portent principalement sur les obstacles, voire les risques de dérives, qu’induisent de

trop fortes disparités entre États membres.

Inégalité des Ressources

Les politiques d’harmonisation ou d’adoption de modèles expérimentés dans les pays voisins

dépendent des systèmes de santé respectifs et ne peuvent se faire que sur la base d’une

équivalence minimale entre les ressources de financement dont dispose chaque État.

Risques d’importations parallèles

Compte tenu de différences entre les régimes de prix et les tarifs de remboursement, le

principe de libre circulation des biens pose problème car il accroît le risque d’importations

parallèles de médicaments. La France représente un pays attractif pour l’achat de produits

pharmaceutiques destinés à ce type de contrebande, étant donné le niveau relativement

118 Pharmaflash juin 2003

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 103

modique des prix pratiqués comparativement aux autres pays. Pour donner une indication, les

importations parallèles représentent environ 5% du volume du marché des médicaments en

Europe119.

Hétérogénéité des systèmes d’assurance maladie

De même, la libre circulation des personnes, et donc des travailleurs, pose également la

question de la coordination des régimes d’accès aux soins et au remboursement dans la

mesure où des salariés, du fait de leurs migrations professionnelles, peuvent très bien être

confrontés, à leurs dépens ou à leur avantage, à différents systèmes de santé.

LES PRATIQUES DE LA PHARMACIE D’OFFICINE EN EUROPE

Malgré une conception commune du métier, une organisation de l’activité et des conditions d’exercice distinctes selon les pays Le secteur des 132 000 pharmacies d’officine120 européennes emploie au sein de l’Union

européenne près de 500 000 personnes qui incluent les pharmaciens d’officine, les

préparateurs et les autres catégories de personnel employées dans les pharmacies.

En droit européen, l’article 152 du Traité exclut toute harmonisation en matière de santé

publique puisque « l’action de la Communauté dans le domaine de la santé publique respecte

pleinement les responsabilités des Etats membres en matière d’organisation et de fourniture

de services de santé et de soins médicaux ». Pour autant, la recherche permanente d’une

meilleure coordination entre les différents systèmes, la dimension européenne de l’activité des

entreprises privées de l’industrie et de la distribution ou encore la production réglementaire

européenne connexe au domaine de la santé 121 continuent à questionner les évolutions des

modèles nationaux et le maintien des exceptions nationales.

Globalement, les différents modèles de dispensation pharmaceutique s’organisent à partir de

choix guidés par des exigences accrues – parfois difficiles à concilier - en termes de sécurité

sanitaire, de liberté d’accès et d’optimisation des coûts.

119 Ibid. 120 Données recueillies par le Groupement pharmaceutique de l’Union Européenne (GPUE), 2003 121 Par exemple, la directive relative aux services dans le Marché intérieur dite « directive Bolkeinstein »

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 104

Si, à l’échelle européenne, l’acception de la profession de pharmacien d’officine est

relativement similaire, chaque pays ne s’y prend pas de la même façon pour rendre un même

service à la population ; c’est donc au niveau de l’organisation, du fonctionnement et des

modes de contribution et de rétribution du circuit officinal que les modèles nationaux

accusent les variations les plus sensibles, généralement sous l’impact d’aménagements

progressifs des monopoles d’exercice et de propriété.

UNE CONCEPTION COMMUNE DU METIER DE PHARMACIEN D’OFFICINE… Depuis 1985, la profession de pharmacien est officiellement définie et réglementée en Europe

par la directive sectorielle européenne CE 85/432.

Cette réglementation a harmonisé en profondeur le métier de pharmacien en décrivant pour

l’ensemble des pays membres de l’Union Européenne les compétences requises et un socle

d’activités communes. Dans le même sens, la réglementation européenne a fixé à 5 ans

minimum la durée nécessaire pour être diplômé en pharmacie. L’harmonisation du cursus de

formation universitaire, déjà bien amorcée (durée d’étude oscillant entre 5 et 6 ans),

s’achèvera avec la mise en place effective du système LMD dans tous les pays concernés.

Le régime des diplômes de pharmacien repose donc sur le principe de la reconnaissance

automatique de la valeur du diplôme dans l’ensemble des pays européens. Il distingue les cas

d’établissement et les cas d’exercice temporaire ; cette évolution témoigne de la volonté

d’accroître la mobilité professionnelle et la flexibilité de l’offre du marché à la demande à la

fois structurelle et conjoncturelle (séjours inférieurs à 6 mois dans le cadre de remplacement

d’assistanat...).

Enfin, si la définition réglementaire du métier de pharmacien assure une harmonisation légale

de la profession au sein des pays européens, les représentants des pharmaciens souhaitent

également approfondir une véritable culture pharmacienne européenne en développant la

promotion de « bonnes pratiques » et de « codes de conduite » partagés par l’ensemble des

professionnels au niveau européen.

…MAIS UNE ORGANISATION DE L’ACTIVITE ENCORE TRES HETEROGENE…

Au niveau du territoire

Si le principe d’une régulation territoriale de l’offre pharmaceutique est partagé, reste que les

pays européens affichent des répartitions territoriales contrastées. À l’exception de

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 105

l’Allemagne et de la République Tchèque, tous les pays européens ont peu ou prou adopté une

règle de maillage du territoire pour l’implantation des officines. Les critères d’implantation

retenus visent généralement à assurer à la fois une bonne répartition de l’offre sur le territoire

et la viabilité des officines (critères démographiques et géographiques dans la plupart des

pays ou de viabilité économique au Royaume-Uni).

Malgré le choix de critères d’implantation, les situations des pays en Europe révèlent une

grande diversité du nombre d’officine par pays et des densités officinales.

Ce schéma met en évidence qu’une majorité de pays européens n’accueillent pas plus de 3000

officines sur leur territoire tandis que cinq pays- dont la France- accueillent entre 10 000 et

plus de 20 000 officines. On peut également noter que l’Allemagne, qui n’applique pas de

quota d’installation, compte moins d’officines que la France dont la population est pourtant

moins nombreuse.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 106

Ce schéma illustre la diversité de la répartition de l’offre officinale au sein des pays

européens :

- 7 pays s’appuient sur un réseau officinal serré compris entre 1 et 3000 habitants par

officine dont la France et l’Espagne.

- 9 pays comptent un maillage « moyen » entre 3000 et 6000 habitants par officine parmi

lesquels certains pays comptent un nombre d’officines élevé (Allemagne, Royaume-Uni)

- 3 pays se situent entre 6000 et 9000 habitants par officine, principalement situés en

Europe du Nord.

- 4 pays révèlent une densité officinale très faible (plus de 9000 habitants par officine),

constitués principalement par des pays du Nord de l’Europe. Au Danemark ou en Suède,

ce maillage peu intense est compensé par la mise en place de points de vente secondaires

ou dépositaires, qui offrent un choix limité de produits.

Au niveau de l’officine

Dans l’organisation des activités au sein de l’officine, force est de constater une grande

hétérogénéité de fonctions comparables au métier de « préparateur », tel qu’il existe en France

mais pour lequel il n’existe aucune équivalence dans les autres pays européens. Si la plupart

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 107

des officines des pays européens incluent des « assistants techniciens »122, les contours de leur

activité et leurs niveaux de formation restent très variables selon les pays.

Certes, bon nombre d’entre eux bénéficient d’un droit de délivrance, mais ce dernier peut être

plus ou moins restreint selon le type de médicament (sur ordonnance, en vente libre…) et

placé ou non sous le contrôle du pharmacien. 123

Pour rendre compte de la diversité des situations, ce tableau répertorie, sans exhaustivité

aucune, différentes configurations officinales rencontrées dans les pays européens.

Type d’organisation des activités Pays concernés

- Nombre de pharmaciens réduit en charge du conseil et du suivi thérapeutique

- Assistant bénéficiant d’une formation poussée et du droit de délivrance autonome

Danemark Suède

- Nombre de pharmaciens réduit à moyen

- Préparateur avec droit de délivrance sous contrôle du pharmacien

France Belgique Pays-Bas

Allemagne Lituanie Espagne

- Minimum de 2/3 pharmaciens par officine

- Assistant sans droit de délivrance avec des compétences commerciales et techniques

République Tchèque Autriche

- Pharmaciens exclusivement124

- Absence de « préparateurs » Italie

Luxembourg

… DES CONDITIONS D’EXERCICE QUI SUBISSENT DES EVOLUTIONS CONTRASTEES SELON LES

PAYS

En termes d’exploitation de l’officine

Si la qualité de pharmacien reste un critère encore dominant dans l’ensemble des pays

européens pour posséder une pharmacie, toutes les configurations d’exploitation des officines

122 Autres appellations possibles : assistants pharmaco-techniques, assistants à la délivrance de médicaments… 123 Cas du Danemark, où l’assistant est une sorte de « super préparateur » autonome et présent dans les filiales des

pharmacies principales où la présence d’un pharmacien est requise. Dans le même sens, Les assistants britanniques pourraient

prochainement acquérir une autonomie de délivrance des médicaments, même en l’absence de pharmacien dans l’officine. 124 En Italie, l’équipe officinale se compose généralement de deux pharmaciens salariés et d’un gérant non pharmacien.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 108

existent : ainsi trouve-t-on des chaînes de pharmacie comme en Belgique et au Royaume-Uni,

ou encore un seul et unique propriétaire comme en Suède où l’Etat emploie l’ensemble des

salariés des officines.

L’exploitation des pharmacies européennes se répartit ainsi selon deux types de

configurations125 :

- Le pharmacien est propriétaire et indépendant : il exerce en nom propre ou collectif ou est

associé à un réseau.

- Le pharmacien n’est pas propriétaire mais salarié : d’une entreprise privée (chaîne ou

mono officine), d’un service public (Etat, chaîne publique) ou de « mutuelles ».

Selon cette typologie, l’exercice de propriété de l’officine dans les pays européens pourrait se

répartir de la manière suivante :

Type d’exploitation Pays concernés

Modèle exclusif d’officines dont le propriétaire est un seul pharmacien ou un partenariat de pharmaciens

Autriche, France, Danemark, Espagne, Finlande, Allemagne, Grèce, Luxembourg, Portugal

Belgique, Italie, Irlande, Pays-Bas, Royaume Uni, République Tchèque, Pologne, Norvège, Slovaquie, Lettonie

Combinaison du modèle précédent et du modèle d’officines dont le propriétaire peut également être :

- une chaîne privée

- l’État Suède

On constate ces dernières années une forte évolution en faveur de la déréglementation de

l’exploitation des officines conduisant à l’ouverture de chaînes de pharmacies. En Irlande ou

en Norvège, ce phénomène s’est très rapidement développé.

En Italie, les officines ont connu un fort phénomène de concentration verticale qui s’est

traduit par la création de chaînes de « grossistes » à l’instar de l’entreprise Alliance Unichem,

également implantée au Royaume-Uni, en Norvège, ou par le rachat des officines

125 Indépendance, association holdings de pharmacies, J.J Zambrowski,, Octobre 2001

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 109

communales par le groupe allemand GEHE. Au Royaume-Uni, les chaînes de pharmacies

représentent jusqu’à 50% des officines présentes sur le territoire.

Dans les pays où la propriété n’est pas obligatoirement « pharmacienne », l’ouverture de

l’officine reste conditionnée à la présence d’un pharmacien (Italie, République Tchèque…). À

noter, en dehors de l’Europe, le cas du Québec, où le propriétaire d'une pharmacie —

obligatoirement pharmacien — peut être également affilié commercialement à une chaîne ou

une bannière pour exploiter la « devanture », correspondant à la partie commerciale de la

pharmacie.

En termes de monopole de la vente des médicaments

Dans la plupart des pays européens, les médicaments soumis à prescription obligatoire ne

peuvent être vendus que par un pharmacien dans une pharmacie. Pour autant, l’application de

ce partage connaît des ampleurs très variables.

Des pratiques du monopole différentes au Nord et au Sud de l’Europe Concernant les tendances d’évolution du monopole de la vente des médicaments, il est

possible de distinguer deux catégories de pays :

- Les pays du nord de l’Europe qui ont favorisé ces dernières années la déréglementation du

monopole de vente des médicaments.

- Les pays de la partie latine de l’Europe, qui restent vigilants à conserver une interprétation

stricte du monopole. C’est le cas de la France, qui interdit la commercialisation des

produits sous monopole par des pharmaciens en dehors de l’officine.126

126 Cour de Cassation, arrêt du 16 mai 2000

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 110

Pour refléter plus précisément les pratiques de vente des produits pharmaceutiques, il est

possible de classer les différents pays selon trois types d’application du principe de

monopole127 :

Etat du monopole Produits en concurrence Pays concernés

Application étendue à d’autres produits que le médicament (ex. alimentation infantile)

parapharmacie Espagne, France, Italie, Grèce

Application limitée à la stricte vente des médicaments

Autriche, Belgique, République Tchèque, Luxembourg, Suède, Finlande

Application restreinte à certains types de médicaments (ex : sur ordonnance)

Produits OTC Allemagne, Irlande, Royaume Uni, Pologne, Danemark, Pays-Bas, Portugal

La vente des produits pharmaceutiques a d’ailleurs fait l’objet de nombreux aménagements

récents dans les pays européens.

Au Royaume-Uni et aux Pays-Bas et plus récemment en Allemagne et au Portugal128, certains

antalgiques, antitussifs, traitements des troubles gastriques peuvent être vendus librement

dans des magasins de grande distribution, des « drugstores » ou même dans des stations-

service comme au Danemark depuis 2001. Cette ouverture du monopole de la vente des

médicaments OTC peut également s’accompagner d’une libéralisation de la fixation des prix

comme en Allemagne.

Des démarcations palpables en termes de contribution, de rémunération et de formation des personnels

DES VARIATIONS DANS LES CONTRIBUTIONS AU SEIN DES SYSTEMES DE SANTE Si le « cœur » de l’activité des pharmacies d’officine européennes se centre naturellement sur

la dispensation des médicaments, de nombreuses variations sont perceptibles dans les

contributions des officines européennes au sein de leur système de santé.

Globalement, les pharmacies d’officine étrangères s’impliquent parallèlement à la dispense du

médicament dans les quatre domaines de contribution suivants :

127 Quotidien du pharmacien, article de Me Christiane FERAL SCHUHL, avocat à la cour, 20 Mai 2005 128 respectivement en 2004 et 2005

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 111

La prévention et la gestion du petit risque

Si de manière générale, les pharmacies d’officine constituent naturellement des acteurs de

prévention, les modalités d’implication varient encore fortement selon les pays.

D’abord, les pharmaciens d'officine sont fréquemment associés à des campagnes

d'information sur les médicaments ou la santé publique (campagnes sur les médicaments

génériques, la prévention des résistances aux antibiotiques, la lutte contre le tabac …).

Par ailleurs, dans certains pays comme en Suède ou au Royaume-Uni, les pouvoirs publics

incitent fortement les citoyens à se renseigner auprès de leur pharmacien d’officine sur des

affections bénignes dans la perspective d’alléger la saturation des réseaux de médecine

généraliste.

Enfin, en Autriche, en Lettonie et en Slovénie, les officines proposent des services de contrôle

de la pression sanguine et dispensent des conseils aux patients sur leur santé tandis qu’au

Portugal, les pharmaciens d’officine proposent des tests de dépistage des facteurs de risque

liés au diabète (test de glycémie).

Le suivi thérapeutique et la gestion du risque pharmacologique

De nombreux exemples en Europe témoignent de la volonté d’impliquer plus activement le

pharmacien dans le suivi thérapeutique du patient et la gestion du risque pharmacologique.

L'amélioration de l'observance thérapeutique des patients constitue un réel enjeu pour les

pays, notamment ceux où la population des personnes âgées, susceptibles de suivre des

régimes médicamenteux relativement complexes, s’accroît.

C’est ainsi que certains pharmaciens d'officine, au Danemark ou en Suisse par exemple,

proposent déjà des services ciblés destinés à ces personnes (conseils, analyses régulières des

médications…).

Dans la même perspective, près de la moitié des officines allemandes travaillent désormais

dans le cadre d’un accord de rémunération de l’exercice officinal signé avec le principal

organisme d’assurance.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 112

Ce programme implique pour le patient le double choix d’un médecin et d’une pharmacie

référents qui facilitent le recueil, l’échange des informations et l’analyse du risque de la

consommation médicamenteuse sur l’état de santé des patients.

Les soins pharmaceutiques et les services à domicile

Dans plusieurs pays européens, l’implication des officines dans des programmes de soins

pharmaceutiques s’est fortement accrue. L’adhésion des officines à des réseaux de soins est

particulièrement notable au Portugal, en Finlande ou encore en Italie.

En Norvège, au Portugal, en Espagne ou encore en Allemagne129 par exemple, les

pharmaciens d’officine participent aux programmes de gestion des maladies, telles le diabète,

l’hypertension ou l’asthme.

Dans le cas du Danemark, les pharmacies fonctionnent comme des centres de santé : elles

effectuent des examens (prise de tension, mesure du cholestérol, de glycémie).

Par ailleurs, certaines officines étrangères s’appuient déjà sur une offre structurée de

prestations à domicile tant au niveau de la dispensation que des soins. Cette évolution est

particulièrement notable aux Pays-Bas où les pharmaciens proposent d’effectuer gratuitement

les livraisons et plus récemment en Allemagne. Au Canada, les pharmaciens ont même adopté

un véritable « virage ambulatoire » et prennent en charge à domicile des consultations

relatives à la médication ou la pharmacothérapie intraveineuse des patients, en collaboration

avec les médecins et les soignants.

De manière générale, les prestations autres que la simple dispensation s’inscrivent dans le

développement progressif de consultations « pharmaciennes » au sein d’espaces aménagés

tels que les connaissent le Danemark, la Suède, le Royaume-Uni, l’Irlande ou encore les Pays-

Bas.

Ces consultations recouvrent des degrés divers : simple conseil sur le traitement, proposition

de tests médicaux, dispensation de conseils sanitaires, accompagnement dans le domaine des

addictions ou de la diététique.

129 Les officinaux allemands ont ainsi contribué à l’amélioration de la prise en charge des patients asthmatiques, qu’une enquête avait révélé largement inefficace en raison d’un nombre élevé de mauvaises manipulations. de l’inhalateur.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 113

La prescription

Il existe une véritable évolution en ce sens dans la mesure où de plus en plus de pays

organisent un droit de prescription du pharmacien dans le cadre du renouvellement

d’ordonnances pour les patients chroniques ou de protocoles spécifiques d’urgence (cas de la

prescription de la pilule contraceptive « du lendemain »).

À noter, au Royaume-Uni, la décision d’élargir à partir de 2006 le droit 130 de prescription des

pharmaciens à l’ensemble des spécialités pharmaceutiques (à l’exception des stupéfiants), leur

conférant par là même le statut de « prescripteurs indépendants ».131

DES CHOIX DISTINCTS ENTRE REMUNERATION PROPORTIONNELLE OU FORFAITAIRE De manière générale, les pharmaciens perçoivent des rémunérations très inégales. Les

données sur ce sujet se révèlent indisponibles mais seraient difficilement comparables compte

tenu de la variation du pouvoir d’achat selon les pays. Nul doute que l’organisation et le

niveau de la rémunération des responsabilités du pharmacien et des services de l’officine sont

susceptibles de connaître des aménagements dans la conduite des réformes des politiques de

santé européennes à venir.

Le système de rémunération dépendant d’une marge basée sur le prix des médicaments132

reste encore largement utilisé en Europe (Autriche, Belgique , Finlande, France, Grèce, Italie,

Portugal…). Néanmoins, ce système n’est pas pratiqué de manière uniforme (variation des

taux, application d’une dégressivité…).

Par ailleurs, le système de rémunération par la marge sur le prix se voit progressivement

combiné ou remplacé par une rémunération forfaitaire.

Cette évolution de la rémunération des actes du pharmacien reflète une distinction progressive

des rémunérations selon les activités liées à :

- La distribution des médicaments (qui implique le stockage, la gestion du conditionnement,

130 Depuis 2003, le pharmaciens britanniques sont autorisés à effectuer des prescriptions complémentaires dans le cadre de protocoles spécifiques (notamment dans le cas des pathologies chroniques). 131 Les Nouvelles Pharmaceutiques, n°310, « Vers des pharmaciens britanniques prescripteurs à part entière », 20 décembre 2005 132 Rémunération échelonnée ou rapportée à un pourcentage fixe du prix du médicament

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 114

- la vente et la dispensation) : le forfait peut être alors rattaché soit :

⋅ à l’ordonnance adossée à un système de dégressivité (Royaume Uni)

⋅ à la boîte de médicament « l’honoraire de délivrance » établi aux Pays Bas).

⋅ à la prestation intellectuelle , ce qui signifie que l’acquittement du forfait

rémunère également la garantie de sécurité et la responsabilité du pharmacien

comme en Suisse, et plus récemment en Belgique et en Allemagne (depuis

2004).

- L’offre de prestations de service orientée vers la prévention sanitaire et la santé du patient.

Dans ce cas, la mise en place d’un « honoraire pharmacien » peut viser à rétribuer une

prestation de service spécifique, qui implique dans certains cas l’absence de délivrance :

préparation, prestation de conseil ou de soin pharmaceutique…

Au Danemark, les prestations de service correspondent à des rémunérations distinctes,

prises en charge par les assurances ou les collectivités locales dans le cadre de la

prévention et de l’éducation sanitaire.

À noter le cas particulier de la Suède où les pharmaciens sont rémunérés sur la base de

contrats de budgets annuels qui couvrent l’ensemble des salaires, des frais professionnels et

de fonctionnement. Le niveau de rémunération dépend alors de la qualité de leur gestion.133

DES CONDITIONS ET DES PRATIQUES DE FORMATION HETEROGENES

En termes de formation des assistants des pharmaciens

Dans certains pays, le niveau de formation des assistants est plus élevé que celui visé en

France. La durée des cours théoriques est alors plus longue (Par exemple, 1200 heures en

Suisse) et s’étend généralement sur trois années d’études (Allemagne, Danemark, Suède et

plus récemment le Portugal…).

À l’instar des Etats-Unis, la Suède est le seul pays qui organise la formation des assistants au

sein d’un continuum, commun aux pharmaciens et aux assistants qui poursuivent des études

en pharmacie pendant trois ans.

Par ailleurs, afin d’assumer davantage de responsabilités dans la pharmacie, certains assistants

européens ont la possibilité d’acquérir un titre supplémentaire pour se spécialiser dans la

133 Ce système peut-être mis en parallèle avec le système de rémunération par capitation en vigueur aux Etats-Unis, qui détermine une somme fixe par patient, destiné à couvrir tous les frais de médicaments en pendant un an. Le pharmacien doit alors se comporter en véritable assureur gérant le partage du risque.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 115

gestion (exemple du brevet fédéral de gestion en pharmacie, en Suisse, préparé en une année).

Enfin, certains pays organisent des passerelles pendant ou après l’apprentissage des assistants

afin qu’ils puissent étudier la pharmacie à l’université (cas de la Suisse).

En termes de formation continue des pharmaciens

L’obligation de formation continue constitue une obligation déontologique voire légale dans

plusieurs pays européens depuis quelques années.

Le cadre juridique de la formation pharmaceutique continue varie néanmoins selon les pays.

Si le plus souvent le pharmacien reste libre d’adapter les contenus et le type de formation à

ses besoins, les pratiques de formation de certains pays peuvent être plus strictement

encadrées par :

- des règles d’accréditation (Pays bas) ;

- un plan national de formation (Espagne) ;

- une auto évaluation préalable des besoins à partir d’un référentiel qualité des pratiques

(Suisse, Canada).

L’évaluation de la formation continue fait également l’objet d’un traitement variable selon les

pays allant d’un simple contrôle sans minimum et sans sanction à un contrôle assorti d’une

obligation minimum et de règles de suivi (par exemple, en Allemagne, l’autoformation ne

peut pas dépasser 20% de la formation suivie).

Deux pays se distinguent par une application plus stricte de l’obligation de formation :

- Aux Etats-Unis, le respect de l’obligation de formation est désormais une condition pour

les pharmaciens pour obtenir le renouvellement de leur droit d’exercice.

- Aux Pays-Bas134, l’obligation de formation constitue une nécessité économique pour les

officines dans la mesure ou les organismes payeurs peuvent conditionner le

remboursement de prestations au respect de l’obligation de formation.

134 Aux Pays-Bas, 80% des pharmaciens respectent l’obligation de formation.

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MODELES ET PRATIQUES D’OFFICINE A L’ETRANGER Les informations qualitatives indiquées dans ce tableau ne visent pas l’exhaustivité ; elles constituent la synthèse des données disponibles recueillies lors d’entretiens et d’analyses documentaires (cf sources bibliographiques)

135 Le tableau indique des conditions et des pratiques de formation plus élevées que celles des pharmaciens (heures de formation > ou caractère plus strict de l’obligation de formation) et des préparateurs en pharmacie français (formation initiale > 800 heures )

Autriche Belgique Danemark Espagne Finlande Allemagne Grèce Italie Irlande Luxembourg Pays Bas Portugal Suède R.U Suisse Canada Québec

Organisation du circuit officinal Nombre total d’officines 1 100 5 200 280 20 100 800 21 300 9300 16 800 1200 80 1 700 2700 900 10 500 ND 1600

Nombre d’habitants/officine 7050 1960 19 000 2000 6500 3800 3400 3000 5600 9700 4000 11200 4900 ND ND Ressources humaines de l’officine Effectif total 12 700 10 500 5 800 55 500 7 500 137 300 ND 53 000 ND 700 19 200 6 100 8 000 ND ND ND Nombre de pharmaciens 4350 4650 1000 31 700 1300 46 000 ND 33 000 1900 300 2300 4500 4300 ND ND 2100

Conditions d’exercice

Mode de rémunération

Marge sur le prix du médicament X X X X X X

Rémunération forfaitaire / honoraire X X X X X

Structure combinatoire (forfaitaire et proportionnelle)

X X X X X

Monopole de vente exclusif X X X X X X X X X

Conditions d’activité Services de contrôle et de prévention (dépistage, prise de tension voire prescription d’examen)

X X X X

Prestations de suivi thérapeutique (gestion dossier, consultations observance, …)

X X Expérience -pilote

X Expérience -pilote

X X

Relation patient par Internet / à domicile

X VPC VPC X

Intégration à des réseaux de soins X X X X X X X

Conditions de formation135

Pratiques de formation continue du pharmacien

X X X X X

Niveau de la formation initiale du « préparateur »

X X X X X X X

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117

Deuxième partie : analyse prospective

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118

II - Introduction

L’analyse prospective présentée dans cette partie du rapport a été réalisée sous l’éclairage :

- des trois études136 conduites au cours des deux premières phases d’investigations : le

cadre statistique du CEP et l’enquête prospective ; l’enquête qualitative par entretiens

et immersion dans un échantillon d’officines ; l’enquête quantitative par questionnaire

auprès d’un échantillon plus large d’officines ;

- des échanges organisés pendant les trois phases du CEP avec les différents groupes

d’experts, de professionnels, de représentants des employeurs et des salariés, de

responsables des administrations impliquées dans le CEP et dans l’avenir de la

pharmacie d’officine.

Elle s’attache à décrire successivement trois niveaux d’évolutions :

- Les évolutions prévisibles des politiques de santé publique et la posture qu’elles

imposent au secteur de la pharmacie d’officine.

- Les évolutions relatives à la reconfiguration du secteur,

⋅ dans son organisation générale et sa place au sein de son système de

coopération tout d’abord,

⋅ dans l’organisation et le fonctionnement des structures qui le composent (les

officines) en second lieu.

- Les hypothèses d’évolution de l’emploi et des compétences induites par les deux

précédents niveaux de changement, et la problématique de gestion des ressources

humaines qui en résulte et doit être traitée.

136 Chacune de ces trois études, qui correspondent aux productions des phases 1 et 2, a fait l’objet d’un rapport spécifique dont certaines parties dans le « tome 2 - données annexes ». Les rapports complets relatifs à chacune de ces trois études sont disponibles auprès du comité de pilotage. La méthodologie propre à la réalisation de chacune de ces trois études est détaillée en annexe 10 du tome 2 - données annexes.

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119

Cette deuxième partie s’achève par la présentation de deux scénarios possibles, l’un

d’adaptation à des évolutions déclenchées par l’environnement, l’autre de construction plus

volontariste du futur de l’officine. C’est sur la base de ce second scénario que sont élaborées

les préconisations développées dans la troisième partie du CEP.

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120

II – chapitre 1

LES GRANDES ORIENTATIONS EN MATIERE DE SANTE PUBLIQUE

LES ENJEUX ECONOMIQUES ET SOCIAUX : MAITRISER LES DEPENSES DE SANTE ALORS QUE LES BESOINS DE SOINS S’ACCROISSENT

La dérive redoutée des dépenses de santé de la France

Le système de sécurité sociale accuse des déficits de plus en plus importants qui inquiètent les

pouvoirs publics. Dans la structure des remboursements de l’assurance maladie, la part des

médicaments représente le deuxième poste137 avec 19% du total, loin derrière les frais

d’hospitalisation (50%), mais avant les honoraires médicaux et dentaires (14%), les

indemnités journalières (5%), et toutes les autres dépenses cumulées (12%).

La situation financière d’ensemble est d’autant plus préoccupante que jusqu’en 2002, le

déficit de la branche maladie était plus ou moins amorti par le solde positif des autres

branches (vieillesse, famille, travail), ce qui n’est plus le cas aujourd’hui comme le montre le

tableau ci-dessous.138

En milliards d’euros 2001 2002 2003 2004 Maladie -2,1 -6,1 -10,6 -12,3 Travail 0,0 0,0 -0,1 -0,3 Vieillesse 1,5 1,7 1,5 0 Famille 1,7 1,0 0,3 -0,6 Total régime général 1,2 -3,5 -8,9 -13,2

LA PROJECTION DU DEFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE SUR 20 ANS139

Un rapport du Haut Conseil sur l’assurance maladie établit la projection du solde tendanciel

de la CNAMTS selon trois scénarios d’évolution, construits respectivement selon un écart de

1%, 1,5% et 2% entre la progression du PIB et la progression (plus importante) des dépenses

de santé, autrement dit entre la source des recettes et celle des dépenses de santé publique.

137 Source : LEEM 2004 138 Sources : Rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance Maladie – Ministère de la Santé – Janvier 2004 139 Source : ibid.

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II - Analyse prospective - chapitre 1

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121

Selon le scénario le plus sombre (un écart de 2%) et en intégrant un taux d’intérêt annuel de

2,5% le montant cumulé des déficits annuels s’élèverait en 2020 à près de 600 milliards

d’euros.

Déficit de la CNAMTS à l’horizon 2020

Le diagramme ci-dessous présente les trois scénarios évoqués plus haut. En additionnant les

soldes annuels de 2002 à 2020 selon l’hypothèse la moins favorable, le déficit atteint est de

600 milliards d’euros.

Lecture du tableau

En 2010, dans le cadre du scénario le plus défavorable — un niveau de dépense excédant de 2 % le montant des recettes du PIB (courbe du bas) — le déficit annuel sera de 40 milliards d’euros, y compris les charges de dette occasionnées par ce coût, estimées selon un taux d’intérêt de 2,5%.

Une projection comparée de l’évolution des dépenses de santé avec la moyenne européenne

montre que les équilibres financiers du système de soins français ne sont plus garantis. Au

seuil de l’année 2012 la dérive des remboursements de santé de la France représenterait un

- 20

- 60

- 40

0

- 80

-100

-120

2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

Hypothèse de progression des dépenses :

PIB + 1%

PIB + 1,5%

PIB + 2%

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122

taux de 1,7% supérieur à la moyenne européenne, soit un écart de l’ordre de 2,5 Milliards

d’euros.

UN DEFICIT EN PARTIE STRUCTUREL, EN PARTIE CONJONCTUREL 140

La part structurelle du déficit, la plus importante, renvoie à des tendances lourdes et

difficilement compressibles telles que le rapport entre les effectifs des générations, l’élévation

des besoins et des attentes en matière de santé publique ou encore l’allongement de la durée

de vie.

Mais des facteurs conjoncturels seraient à l’origine d’environ un quart du déficit : ils sont liés

au fléchissement actuel de la croissance économique et entraînent une diminution du niveau

des cotisations patronales et salariales, ce qui contribue à pénaliser le niveau de recette de la

CNAMTS.

L’amplification des besoins et attentes sociales en matière de santé publique Ceux-ci se traduisent, d’une part, en éléments quantitatifs correspondant à la situation

démographique et, d’autre part, en éléments qualitatifs reflétant l’état de l’opinion vis-à-vis

du système de soins.

UNE SITUATION DEMOGRAPHIQUE INEDITE Le cas problématique posé par le vieillissement de la génération dite du « baby boom »,

maintes fois présenté comme une donnée incontournable du déficit de la branche maladie du

régime général, doit ici être sommairement rappelé.

L’existence d’un tel différentiel141 entre générations demeure pratiquement inédit sur trois

siècles de statistiques et génère des déséquilibres à la hauteur de la situation

exceptionnellement « privilégiée » de la cohorte née à l’issue de la seconde guerre mondiale.

Cette génération a dans son ensemble bénéficié d’une période de forte croissance économique

sur une durée relativement longue, les Trente Glorieuses, ce qui a provoqué un niveau de

recettes conséquent et régulier en faveur des caisses de Sécurité Sociale. De plus, le déficit

140 Source : Rapport du Haut Conseil pour l’assurance maladie (2004) 141 Louis Chauvel, Le Destin des Générations, PUF 1996

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II - Analyse prospective - chapitre 1

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123

démographique des générations antérieures a permis de s’en tenir à un niveau minime des

cotisations vieillesse.

En revanche, les générations suivantes, bien que plus diplômées, se sont trouvées confrontées

à un contexte économique nettement moins favorable, avec l’installation d’un chômage de

masse, et s’avèrent surtout être moins nombreuses que celle du baby-boom.

En conséquence elles ne peuvent à elles seules résorber le coût engendré par les dépenses

croissantes de soins, notamment celles imputables aux personnes âgées appelées, elles, à être

de plus en plus nombreuses. En effet, l’allongement de la durée de vie amplifie ce phénomène

et contribue à maintenir durablement les effectifs des plus de 60 ans, alors que ceux des moins

de 25 ans déclinent 142.

UNE CONSOMMATION CROISSANTE DE MEDICAMENTS

L’accroissement de la consommation des médicaments, lié à la démographie, est considéré

comme certain (avec un score de 2,18143 selon la cotation du groupe d’experts). Si le

rapprochement entre le vieillissement de la population et l’augmentation d’affections de

longue durée ou de recours plus systématique aux médicaments est inévitable, il convient

toutefois de tenir compte de la tendance, soulignée par le Ministère de la Santé, à une relative

stabilité du nombre de boîtes vendues.

Il pourrait dont moins s’agir d’une augmentation en volume — depuis 5 ans, le volume a

connu une augmentation de 0, 5 % — que d’une augmentation en valeur (le prix des

molécules) qui deviendrait déterminante dans la hausse des dépenses.

En effet, alors que le vieillissement de la population est déjà réel, les chiffres sont constants et

l’on peut espérer qu’une politique centrée sur le « consommer moins et mieux » va produire

ses effets. On peut tabler également — à long terme car les habitudes sont tenaces — sur une

pratique d’automédication plus importante, diminuant d’autant la part des remboursements.

142 cf annexe 5 A – « Tome 2 – données annexes. » 143 3 représentant le score maximum (cf les scores de probabilité d’évolution dans l’annexe 8 du « tome 2 – données annexes »).

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II - Analyse prospective - chapitre 1

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124

La consommation de médicaments se concentre sur les catégories les plus jeunes et les plus

âgées de la population, comme l’illustre le diagramme ci-dessous. C’est là un mouvement qui

se renforce régulièrement.

Un effet de génération : évolution comparée de la consommation pharmaceutique On peut constater un accroissement sensible de la consommation de produits pharmaceutiques en fonction de l’âge selon la génération considérée. Plus particulièrement, le cas des enfants en bas âge et des personnes de plus de 60 ans fait ressortir une nette augmentation. De plus, il s’agit des tranches d’âge pour lesquelles la consommation s’avère traditionnellement forte. De façon globale, on a le sentiment d’avoir affaire à un niveau de consommation, et donc d’attente, de plus en plus élevé.

Source : Site du LEEM (syndicat de l’industrie pharmaceutique)

UNE POPULATION DE PLUS EN PLUS EXIGEANTE… Tous les sondages d’opinion (Credoc, SOFRES) ou les études disponibles (DREES)144

montrent que les personnes interrogées manifestent un fort attachement au système public de

soins et présentent un niveau d’attente élevé en termes de santé publique.

Les décisions politiques de ces dernières années, telles que la loi sur la Couverture Maladie

Universelle ou celle portant sur le droit des malades, dite Loi Kouchner, se sont fait l’écho de

ce niveau d’attente. En effet, la première préconise un accès élargi à la prise en charge des

144 CREDOC : Enquête réalisée à la demande de l’INC et de la CNAMTS août 2003; sondage SOFRES juillet 2003 DREES / Etudes & Résultats : Santé, Famille, Protection sociale, exclusions Les opinions des français de 2000 à 2002

010

2030

4050

6070

8090

100

Ensemble Moins de 2ans

2-9 ans 10-19 ans 20-29 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans 60-69 ans 70-79 ans 80 ans et plus

1970 1980 1991

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125

dépenses de santé et la seconde accorde un espace de décision et d’action au patient disposant

désormais d’un droit de regard et de parole au sujet des soins qui lui sont délivrés.

Par ailleurs, on constate une propension de plus en plus manifeste à la consommation d’anti-

douleurs, d’anti-dépresseurs, etc, témoignant d’une volonté de se préserver au maximum de

toute affliction par l’usage de médicaments. Ce « marché du bien être intérieur »145 s’inscrit

tout à fait dans les nouveaux modes de consommation des biens de santé au sens plus large

(produits bio, parapharmacie…) et constitue une part importante des remboursements.

Ce mouvement d’exigences accrues en matière de soins est perçu de façon très massive (score

de 2,68 selon la cotation du groupe expert). L’usager veut être soigné rapidement pour

retravailler rapidement (même si cette attitude n’est pas représentative, elle prévaut en termes

d’image). Dans tous les cas, le niveau d’exigence s’est élevé : le rapport à la douleur, la

volonté de confort, la demande d’immédiateté dans les effets attendus des traitements

changent les attitudes des usagers et la tendance va sans doute s’accentuer.

Enfin, la gratuité des soins et des médicaments constitue un acquis cher aux Français et sa

remise en cause devrait se heurter à une résistance durable.

…MAIS PEU CONSCIENTE DE LA REALITE DES DEPENSES DE SANTE Différentes études pointent un manque d’information du public sur les questions du

financement de l’assurance maladie et sur la part des remboursements octroyés en fonction

des contributions fournies.

En effet, l’opinion des usagers à l’égard du système de soins fait ressortir une très grande

divergence des points de vue exprimés quant à l’évolution du taux de prise en charge des

dépenses ou à la manière de réguler le déficit.

Cette dispersion s’explique par une forte hétérogénéité du niveau des remboursements dans la

mesure où la consommation de la grande majorité des assurés cotisants représente un niveau

145 Selon l’expression du sociologue Alain Ehrenberg, dans La Fatigue d’être soi, Odile Jacob 1999

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II - Analyse prospective - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

126

de dépenses, et donc de remboursements, assez faible tandis qu’une minorité concentre

l’essentiel des remboursements.

Dispersion des niveaux de remboursement

En effet, 5% des assurés concentrent 51% de la dépense et 60% des remboursements, tandis

que 15 % d’entre eux affichent une dépense inférieure à 40 euros par an, 25% inférieure à

150 euros par an et 50% inférieure à 470 euros par an.146

Le tableau ci-dessous représente le niveau de dépense en fonction de l’âge des usagers :

<1an 1 à 9 10 à 19 20 à 29 30 à 39 40 à 49 50 à 59 60 à 69 70 à 79 > 79

91 42 57 52 70 89 123 153 230 325

(Source : Rapport Haut Conseil)

Lecture du tableau

L’indice 100 traduisant le niveau de dépense moyen, on observe que les assurés âgés de plus de 79 ans exposent en moyenne un niveau de dépense 3,25 fois supérieur à la moyenne.147

L’opinion sur la couverture des dépenses de santé s’en trouve fortement biaisée : une majorité

de personnes interrogées juge les remboursements moins importants qu’auparavant alors que

ce n’est pas le cas. D’ailleurs, plus d’une personne interrogée sur deux est dans l’impossibilité

de se prononcer sur une estimation des dépenses de santé qu’elle a occasionnées en une

année.

On peut donc prévoir, compte tenu du manque de lisibilité du système pour le profane, que la

prise de conscience sera lente du côté des usagers, et que les exigences resteront fortes.

Au regard des politiques visant à la maîtrise des dépenses de santé publique, on s’oriente vers

la construction d’une architecture de co-responsabilité engageant les médecins, les

pharmaciens et les usagers et placée sous la gouvernance unifiée et cohérente des pouvoirs

146 Rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie 147 Pour d’autres précisions, se reporter à l’annexe 5 B ( Tome 2 – données annexes) restituant la structure détaillée de ce phénomène de dispersion.

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II - Analyse prospective - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

127

publics. Une information pédagogique à l’égard des citoyens reste à développer pour espérer

inverser une culture et des pratiques bien établies.

LES MOYENS PROJETES : DES POLITIQUES D’AMENAGEMENT PLUTOT QU’UNE REFONTE DU SYSTEME

La volonté des pouvoirs publics de maîtriser le poste des dépenses de médicaments

Les dépenses de remboursement augmentent et l’assurance maladie a la volonté de maîtriser

ce poste en agissant sur trois leviers :

− Sur l’industrie pharmaceutique, au travers du Comité Économique des Produits de

Santé (CEPS) : en 2005, le prix des médicaments est établi par le Comité, mais

l’assurance maladie va fixer le taux de remboursement.

− Sur les prescripteurs, en les incitant au travers des conventions à faire un effort pour

prescrire au même niveau que les autres pays européens.

− Sur les pharmaciens d’officine, qui devraient être les garants de la meilleure adéquation

du traitement à la prescription et intervenir dans la maîtrise de la quantité des

médicaments qu’ils délivrent.

Les évolutions considérées comme certaines ou probables en matière de recherche de maîtrise

de dépenses de santé, commentées ci-dessous, montrent que les experts s’attendent plutôt à un

changement en douceur. Il est davantage question de se livrer à des aménagements plutôt que

de prendre des dispositions abruptes susceptibles de provoquer des réactions de rejet.

Il semble d’ailleurs que ce soit une constante de la régulation des dépenses de santé depuis 20

ans, tous gouvernements et mesures confondus. Par conséquent, les mesures indirectes

constituent un axe de décision privilégié.

LE MAINTIEN DES VOLUMES Conformément à la politique déjà en vigueur, il est question de maintenir le volume de boîtes

distribuées avec pour contrepartie une prime accordée à l’innovation médicamenteuse

autorisant des prix plus élevés pour les nouvelles molécules.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

128

LA POURSUITE DE LA POLITIQUE DU GENERIQUE ET LES NOUVELLES VAGUES DE TFR Les économies déjà réalisées ainsi que la perspective des nouvelles molécules génériquables à

court terme font des médicaments génériques un axe incontournable de la politique de

maîtrise des dépenses de santé. Bien que peu populaire auprès des professionnels, cette

évolution semble certaine (score de 2,09).

La vente de médicaments sous TFR n’est pas du tout rentable, mais cette mesure, du point de

vue des pharmaciens, constitue un moindre mal au regard d’autres évolutions, moins

probables mais toujours possibles, telles que la révision du monopole de la vente et de

l’installation.

L’ENCADREMENT DES MARGES ARRIERE L’encadrement des marges arrière ne semble pas faire de doute pour les experts (score de

2,22). Dans la mesure où ces marges arrière se réalisent sur des produits remboursables et

dans un contexte monopolistique, l’assurance maladie peut à bon droit chercher à réguler

cette manne, d’autant qu’une telle pratique compromet l’équilibre du système (les répartiteurs

sont, eux, soumis à un encadrement de leur marge).

Cet encadrement devrait se dérouler sur les bases de négociation les « moins

douloureuses »148. Les marges arrière se situent en moyenne à 28 % (hors remises

réglementées) et représentent environ 300 millions d’euros. Avec l’élargissement du

répertoire et la chute des brevets, elles devraient encore augmenter. Le CEPS propose de les

maintenir à leur valeur actuelle.

Depuis le 1erjanvier 2006, les marges arrière ont été plafonnées à 20% du prix du médicament.

Toutefois, étant donné que d’autres molécules vont perdre leur brevet et entrer dans le

domaine des génériques, il n’est pas exclu que ce pourcentage diminue au fil du temps dans la

mesure où le montant des marges arrière en valeur continuerait à s’accroître.

148 Selon Noël Renaudin, directeur du Comité économique des produits de santé (CEPS). Cette orientation a été relevée dans une interview de N. Renaudin.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

129

L’EVOLUTION DU PERIMETRE DE REMBOURSEMENT

Une évolution impopulaire mais inévitable

Cette évolution repose surtout sur le maintien de la modération des volumes et le projet de

déremboursement du petit risque. Elle apparaît comme probable sinon certaine (avec un score

de 1,64). En effet, toutes les politiques convergent vers la modération des volumes (le nombre

de boîtes remboursées).

Quant au déremboursement du petit risque, il laisse une marge de manœuvre étroite compte

tenu de l’état de l’opinion et du risque électoral encouru pour un gouvernement qui

organiserait le déremboursement de façon massive, d’autant que les économies réalisées

profiteraient au gouvernement suivant.

Pourtant, il semble qu’il finira par s’imposer, sans doute associé à une prise en charge

complémentaire. Il s’agirait ainsi, en quelque sorte, d’un transfert de remboursement.

Naturellement, des réserves sont émises et des limites à ce transfert sont envisagées, car cela

suppose une hausse des cotisations complémentaires et donc des risques d’inégalités.

L’évolution vers un remboursement selon la classe de médicament apparaît aussi comme

possible (score moyen de 1,5). En revanche, un remboursement par palier selon le type de

pathologie semble plus incertain (score de 1,22). Selon les experts, l’opinion française n’est

pas prête.

La question du déremboursement du petit risque

Le déremboursement du petit risque relève d’un positionnement avant tout politique. Il

constitue une mesure impopulaire car les usagers semblent largement attachés au

remboursement, considéré comme un droit découlant directement du système de cotisation.

En d’autres termes, « la carte verte est une carte bleue : je cotise donc j’ai le droit d’être

soigné gratis ». On s’éloigne de l’idée de remboursement, puisque le médicament est alors

perçu comme gratuit.

Dans ces conditions, le déremboursement du petit risque implique un positionnement

favorable des assurances complémentaires : les usagers semblent devoir rester prêts à payer

une mutuelle plus chère pour ne pas avancer l’argent à l’officine.

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II - Analyse prospective - chapitre 1

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130

L’État et l’assurance maladie ont également amorcé une réflexion sur la modulation des taux

de participation de l’assuré dans le remboursement (sur la fourchette de prise en charge

30/40%) selon la gravité des pathologies.

Le caractère incontournable d’une implication accrue de l’assurance maladie complémentaire D’ores et déjà, certaines innovations initiées par les assurances complémentaires témoignent

de leur volonté de prendre une part plus importante à la gestion du risque santé. Dans un

contexte d’optimisation du système de santé et de désengagement financier du régime

obligatoire, les assurances complémentaires françaises sont susceptibles d’acquérir une plus

grande responsabilité dans la gestion du risque de santé et la fourniture de prestations

« utiles ».

LE MOUVEMENT VERS UNE CO-RESPONSABILITE EN MATIERE DE MAITRISE DES COUTS Les prestations des assurances complémentaires se sont régulièrement ajustées sur les

désengagements successifs du régime public. Toutefois la mise en place de la loi d’août 2004

traduit désormais la volonté d’évoluer vers une nouvelle articulation qui privilégie une

gestion plus partagée du risque entre :

- un régime obligatoire d’assurance maladie, garant de la solidarité entre les différentes

catégories de la population dans la gestion du risque et de l’égalité d’accès aux soins ;

- un régime complémentaire impliqué dans la gestion des parcours de soins, gardant la

possibilité d’assurer les autres prestations de santé, d’accès libre.

Dans la perspective d’éviter toute « surenchère »149 qui annulerait les effets escomptés de la

réforme impulsée en 2004, les remboursements des organismes complémentaires seront

encadrés par des « contrats responsables » qui conditionnent la perception d’avantages

fiscaux et sociaux150 à des obligations et des interdictions de prise en charge.151

149 Cf.le débat sur la mise en place de « sur complémentaires » par les AMC, qui couvriraient le différentiel à la charge du patient, lié au déremboursement ou au non respect du parcours de soins. 150 Exonération de la taxe sur les conventions d'assurance de 7 %. 151 Cette méthode de contractualisation avait déjà été mise en œuvre en 2002 avec la création des « contrats solidaires » (exemption de questionnaire médical ; dissociation du montant de la cotisation et de l’état de santé du bénéficiaire). Dans ce débat, certains interlocuteurs regrettent l’absence de conditions portant sur le remboursement des médicaments, dont l’effet sur le déficit est plus visible que celui de la consultation médicale.

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II - Analyse prospective - chapitre 1

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131

Toutefois, l’évolution vers un nouveau mode de gouvernance mieux partagée entre les deux

régimes demeure conditionnée à :

- l’accès à des données communes afin de permettre aux AMC d’adapter leur stratégie

de remboursement (exemple de l’accès au code CIP qui permet de déterminer la prise

en charge en fonction de l’utilité du médicament) ;

- la qualité de la concertation entre les deux régimes d’assurance en tenant compte

⋅ de l’extrême diversité caractérisant l’assurance maladie complémentaire, en

termes de volumes de prestations, de valeurs et de modalités de prise en

charge, qui rend plus difficile l’adoption de positions communes sur la

gestion du risque152 ;`

⋅ de l’insuffisance du dialogue pourtant nécessaire à l’organisation d’un co-

réglement, notamment au niveau local153, malgré la création d’une

représentation commune de l’AMC au niveau national.

DES REPOSITIONNEMENTS CONTRACTUELS OU STRATEGIQUES SUR LES DOMAINES

COUVERTS Le renforcement progressif de la position des assurances complémentaires pourrait les

conduire à se spécialiser dans la gestion intégrale de certains risques, particulièrement dans

les domaines dentaire154 et optique, plutôt qu’à élargir leur offre de couverture à des risques

plus nombreux.

Parallèlement, afin d’atténuer une position de « dépendance» à l’égard du régime obligatoire,

certains organismes d’assurance complémentaire cherchent déjà à développer une plus grande

autonomie en matière de veille, d’ingénierie et de conseil. Au-delà des « contrats

responsables », ils s’emploient à réévaluer leur offre de garanties de base au regard d’une

estimation plus précise des besoins réels, dont ils recherchent les fondements objectifs auprès

152 L’absence de consensus sur la non prise en charge des dépassements d’honoraires hors parcours de soins dans le cadre du contrat responsable en est l’illustration : le secteur de la mutualité s’est prononcé en faveur du non remboursement tandis que les institutions de prévoyance et les sociétés d ’assurance défendaient une position moins restrictive. 153 Propos recueillis lors du Xème Forum international de la gestion de la santé ECONOMIE SANTE organisé par Les Echos, 16 et 17 novembre 2005, à Paris 154 C’est le choix opéré par l’Allemagne dans le cadre de la réforme de santé mise en place en 2004

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132

des professionnels. En effet, le confort offert par certains contrats d’assurance accroît le

risque de sur cotation de la part des praticiens ou de surconsommation de la part du patient.155

Par ailleurs, la prévention en amont du risque n’était jusqu’à présent que peu investie par les

assurances complémentaires alors que l’amélioration des pratiques de prévention et d’hygiène

constitue un intérêt commun de plus avec le régime obligatoire.

Dans le cadre des contrats responsables, il s’agira désormais pour les AMC de prendre en

charge partiellement ou totalement, en complément des régimes obligatoires, au moins deux

prestations de prévention dont le service sera considéré comme prioritaire au regard

d’objectifs de santé publique à compter du 1er janvier 2007 (développement de la prévention

en entreprise, campagne de promotion de la prise en charge de vaccin contre la grippe…).

L’HYPOTHESE TANGIBLE DE PARTENARIATS APPROFONDIS AVEC LES PROFESSIONNELS Les assurances complémentaires misent sur une décentralisation accrue de la gestion du

risque, organisée autour de conventionnements locaux avec les professionnels de santé.

En effet, les AMC ont la capacité de développer des réseaux de partenariats sélectifs avec les

professionnels de santé sur la base de la négociation du remboursement des actes pour une

qualité de soin donnée. Certains organismes d’assurance complémentaire témoignent déjà leur

volonté de mieux analyser les différences de prix et d’optimiser leur remboursement en

s’appuyant sur la construction de référentiels de pratiques.

Si le contrôle ainsi exercé par les assurances complémentaires est encore parfois mal perçu

par les praticiens de santé, il est probable que leur poids croissant dans le système de soins

renforcera leur pouvoir de négociation avec les professionnels.

D’ailleurs, certaines assurances complémentaires privilégient déjà des accords avec les

professionnels qui s’engagent dans une démarche de prévention (prise en charge de visites

et /ou de soins de prévention dentaire par exemple). L’extension de telles démarches

contractuelles est également envisagée avec la pharmacie sur certains produits de médication

155 Propos recueillis lors du Xème Forum international de la gestion de la santé ECONOMIE SANTE en 2005, à Paris

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133

familiale156. Si les réserves de la part des professionnels sont encore importantes, il est fort

probable que les organismes assureurs multiplieront à l’avenir les initiatives de

contractualisation susceptibles de formaliser davantage la concurrence entre les officines.

UN ROLE POUR LE PHARMACIEN D’OFFICINE DANS LE PROJET EMERGENT DE SANTE PUBLIQUE

Un professionnel de santé reconnu comme premier recours et maillon essentiel dans le parcours de soins L’assurance maladie souligne – et les professionnels ne la contredisent pas – que les

pharmaciens d’officine ne s’impliquent pas assez auprès du patient dans la prise du

traitement, préférant se retrancher derrière l’avis médical alors qu’ils connaissent pourtant le

médicament mieux que le médecin.

Par ailleurs, le caractère commercial de l’activité d’officine altère la perception des soignants

mais aussi du grand public à l’égard des pharmaciens d’officine. Leur légitimité à venir

suppose qu’ils assument cette place de spécialistes du médicament, capables d’intervenir dans

le traitement du patient, dans un souci d’économie et de consommation « utile » et sécurisée.

Les pharmaciens des établissements de santé les ont précédés dans cette posture et sont

vraiment reconnus comme professionnels du médicament.

Depuis 2000, la loi a donné à la CNAM la possibilité de contracter une convention nationale

avec les officinaux. La démarche n’a pas encore abouti mais la question du positionnement

des pharmacies d’officine au regard de l’acte de dispensation pharmaceutique se pose

désormais. Actuellement, l’objet de cette convention entre la CNAM et les officinaux porte

sur la poursuite de la politique du générique et l’octroi d’une indemnité pour les périodes de

garde.

L’IMPLICATION DU PHARMACIEN D’OFFICINE DANS UN RESEAU DE SOINS

L’idée d’un réseau de soins fait également partie des projets en cours en matière de santé

publique. Elle se fonde sur une coopération des différents professionnels de santé dans le but

156 Depuis mai 2005, telle compagnie d’assurance effectue pour certains de ces assurés le remboursement de trois paniers de soins sur les thèmes suivants : rhume-rhinite, sevrage tabagique et trousse du voyageur.

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134

d’offrir un meilleur service sanitaire tout en réduisant les coûts injustifiés. La sortie de

certains médicaments de la réserve hospitalière vers l’officine, appelée à se poursuivre,

constitue une première étape de cette mise en réseau.

En termes de santé publique comme de maîtrise des dépenses, il semble en effet indispensable

d’inviter les professionnels de santé à travailler en réseau et à ne rien ignorer de ce qui se

passe autour du patient. Or aujourd’hui, le pharmacien n’apparaît pas vraiment dans le réseau

de soins.

L’objectif à moyen terme consisterait à doter chaque patient d’un Dossier Médical Personnel

(DMP), au sein duquel le pharmacien prendrait en charge la partie thérapeutique, en

concertation avec les prescripteurs.

Le dossier médical personnel, partagé par les professionnels de santé, demeure actuellement

en projet. Malgré les réserves d’une partie du monde médical, les pharmaciens d’officine

sont bien placés pour participer à cette gestion : ils ont su eux-mêmes mettre au point un

dossier pharmaceutique pour leurs patients (qu’il serait intéressant d’exploiter, du point de

vue de la CNAM, pour le suivi des risques d’iatrogénie, des gros consommateurs, etc.).

L’AIDE AU MAINTIEN A DOMICILE Qu’il s’agisse des personnes dépendantes ou des pathologies lourdes, l’assurance maladie

entend limiter l’hospitalisation, très coûteuse, et développer le maintien à domicile. La

participation des pharmaciens d’officine à cette évolution apparaît certaine (score de 2,54) et

impliquera le développement de certaines compétences du pharmacien et du préparateur.

L’EDUCATION DES PATIENTS ET LE DEVELOPPEMENT DE L’AUTO MEDICATION Si le parcours de soins se met en place tel qu’il est prévu, cela pourrait conduire à modifier les

comportements d’auto médication157. Mais sur ce point, les effets de la réforme ne sont pas

encore visibles et rien ne permet de croire à ce type d’évolution pour l’instant.

157 Hypothèse qui se développerait pour les cas d’affection bénigne.

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135

L’objectif souhaité consisterait à donner la possibilité au pharmacien de produire un « avis

pharmaceutique » basé sur l’analyse scientifique et le jugement de la pertinence

pharmaceutique de la prescription ou des pratiques d’auto médication. Il n’est pas question de

remettre en cause le diagnostic médical, mais bien de se prononcer sur l’opportunité de la

stratégie thérapeutique.

Le pharmacien d’officine pourrait ainsi participer à l’éducation du patient, jouer un rôle de

médiation pour la prise en compte, en auto médication, d’un certain nombre d’affections. Les

pratiques d’auto médication en vigueur dans d’autres pays, leur encouragement récent en

Europe158, permettent d’affirmer qu’il s’agit là d’une tendance qui ne peut que se développer

au cours de la prochaine décennie.

Toutefois, les autorités sanitaires et le corps médical se montrent réticents, craignant un retard

dans le diagnostic de pathologies lourdes. La culture dominante, en France, est très

« médicalisée ». L’état sanitaire satisfaisant de pays comparables, aux pratiques pourtant très

différentes, peut être source de réflexion. Mais il n’existe pas d’indicateur incontestable pour

apprécier la relation entre un système de soin et le niveau de morbidité d’un pays, dans la

mesure où de nombreux facteurs interviennent. Pour cette raison, les habitudes acquises

demeurent déterminantes dans les choix opérés par les États.

Des politiques volontaristes sont déjà à l’œuvre ou projetées, pour peser sur les

comportements des médecins et des usagers (la facturette mise en place par l’assurance

maladie pour sensibiliser le pharmacien et l’usager à la réalité des dépenses engagées pour

chacun en fait partie).

Des responsabilités et des prérogatives renforcées

LA VALORISATION DE L’ACTE DE DISPENSATION PHARMACEUTIQUE

Il est question d’aller plus loin dans la responsabilisation du pharmacien d’officine au sein du

système de soins en valorisant davantage l’acte de dispensation.

158 Cf. l’exemple britannique

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136

Au travers d’une convention d’exercice, il serait possible d’envisager une participation

particulière des officinaux à la promotion d’une qualité des soins pharmaceutiques et à la

matérialisation du lien entre prescripteurs. Ainsi, dans les établissements pour personnes

âgées par exemple, les pharmaciens pourraient devenir les gestionnaires de l’ensemble des

médicaments prescrits par des intervenants différents.

Pour asseoir cette forme de reconnaissance, la CNAM estime qu’il conviendrait de chiffrer et

valoriser l’évitement des incidents iatrogènes. Ainsi, pour pouvoir évaluer le niveau

d’intervention souhaitable des pharmaciens dans le dossier médical, une étude prospective sur

le gain pour l’assurance maladie en termes de prévention semble nécessaire, malgré les

difficultés prévisibles pour parvenir à le démontrer. Il semble qu’on doive en passer par une

étude médico-économique sur la valeur ajoutée du pharmacien d’officine par rapport à une

distribution « automatique » du médicament159.

LE PHARMACIEN PRESCRIPTEUR Nombre de représentants du secteur la pharmacie d’officine en France ou en Europe

défendent la valorisation du rôle du pharmacien par un accroissement de son rôle de

prescripteur, qui permettrait non seulement de mieux prendre en charge le suivi des patients

dans le temps mais également de décharger les médecins de certaines consultations inutiles.

Ces compétences partagées pourraient porter par exemple sur la prescription complémentaire

dans le cadre de suivi des maladies chroniques ou la prescription initiale pour le traitement de

courte durée d’affections courantes et symptomatiques.

Si, d’ores et déjà, le pharmacien français peut prescrire et dispenser la pilule contraceptive

dite « du lendemain », cette évolution reste encore très éloignée des prérogatives des

pharmaciens canadiens. Ces derniers peuvent non seulement prescrire les examens

biologiques nécessaires à l’adaptation personnalisée de la thérapie du patient (cholestérol par

exemple) mais également choisir des préparations de composition chimique distincte de la

159 Cette idée a été développée au Québec.

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II - Analyse prospective - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

137

prescription du médecin mais estimées « à effet thérapeutique équivalent et plus avantageuses

économiquement ». 160

La décision du Royaume-Uni d’élargir à partir de 2006 le droit161 de prescription des

pharmaciens à l’ensemble des spécialités pharmaceutiques (à l’exception des stupéfiants)

initie probablement un mouvement voué à s’étendre.

De telles évolutions restent conditionnées, en France, par le « monopole de la prescription »

attaché au médecin. Les relations entre pharmaciens et médecins semblent encore marquées

par le risque que ces derniers perçoivent toute implication accrue du pharmacien comme une

atteinte à leur rôle et leurs prérogatives.

Certains médecins généralistes envisagent pourtant favorablement de laisser au pharmacien

un rôle élargi sur des missions qu’ils estiment cohérentes avec leurs attributions actuelles 162:

- dépistage par le pharmacien de certaines pathologies ou de facteurs de risques (40%

favorables).

- "délégation "d’une partie de leur rôle de prescripteur dans le cadre petit risque ou lors

du renouvellement intermédiaire d’un traitement chronique qui garantirait la

sécurisation nécessaire à une autonomisation accrue du patient (36% favorables).

Bien entendu, il reste difficile de présumer du temps que mettront des opinions de ce type

pour s’étendre à un plus grand nombre163, compte tenu des intérêts plus ou moins convergents

des différentes parties prenantes.

Néanmoins, au regard des choix déjà privilégiés par d’autres pays, de la diminution prévisible

du nombre de praticiens et de la volonté partagée de personnaliser davantage l’offre de soins

160 Il s’agit de la substitution thérapeutique en vigueur en Colombie britannique exclusivement 161

Depuis 2003, le pharmaciens britanniques sont autorisés à effectuer des prescriptions complémentaires dans le cadre de

protocoles spécifiques (notamment dans le cas des pathologies chroniques). 162 Enquête conduite en décembre 2004 auprès des 250 médecins généralistes sur le thème du « pharmacien prescripteur » par Harris Medical international rapport pour le compte du Collectif des groupements des pharmaciens, février 2005 163 Une enquête réalisée par l’IPSOS en février 2006, montre à ce propos que si la majorité des Français sont favorables à une prescription par le pharmacien des médicaments pour les pathologies à petits risques (73%), ils ne paraissent, à l’heure actuelle, pas encore prêts à accepter le fait que le pharmacien puisse rédiger une ordonnance après le diagnostic du médecin (seulement 39% d’opinion favorable), ou bien encore, qu’il puisse modifier ou adapter le traitement en fonction de la maladie (seulement 37%).

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138

aux patients, médecins et pharmaciens ne peuvent ignorer la nécessité d’amorcer des

pratiques de collaboration plus étroites. Certaines initiatives en faveur de l’éducation pour la

santé du patient164 en sont peut-être le signe annonciateur.

LE PHARMACIEN ACTEUR DE LA VEILLE SANITAIRE Le pharmacien est déjà un acteur de veille sanitaire et cette mission devrait se développer à la

mesure des exigences sociétales en matière de prévention des risques épidémiologiques ou

environnementaux.

Il s’agit de lui affecter une mission de pharmacovigilance, basée d’une part sur la remontée

d’informations auprès des instances de veille sanitaire, d’autre part sur une pratique

d’information, d’éducation sanitaire et de conseil afin de garantir une meilleure hygiène de

vie.

Cette responsabilité suppose qu’il se donne les moyens de mettre en place des démarches

d’assurance qualité pour sécuriser son activité de santé publique, par exemple en prenant en

charge à l’officine la traçabilité des médicaments à usage humain et vétérinaire.

Un encouragement à l’exercice de toutes les missions officinales — de la part des pouvoirs publics — à rechercher parmi plusieurs hypothèses

Le métier de pharmacien devrait donc tendre à intégrer de plus en plus des actes relevant du

conseil et de l’accompagnement des patients et clients ainsi que des missions spécifiques

d’intérêt public. Il n’est donc pas exclu que ces actes fassent un jour l’objet d’une

rémunération particulière dont les conditions devraient être clairement établies.

En effet, si elles entrent en principe dans les obligations déontologiques du pharmacien, de

telles missions lui seraient en partie imposées par les pouvoirs publics, à charge pour lui — en

164 Des expériences pilote, présentées lors du Forum PHARMAGORA en mars 2005, ont été conduites par l’INPES et l’assurance maladie dans l’objectif d’améliorer les comportements d’hygiène de vie de certaines populations (personnes âgées, femmes enceintes et adolescents). Pendant trois ans, ces actions ont encouragé les échanges entre une soixantaine de médecins et pharmaciens afin de favoriser une meilleure complémentarité de leurs rôles d’éducateur en santé auprès des patients.

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139

raisonnant à partir du système actuel — de dégager le temps et les moyens nécessaires pour

les accomplir. Le risque est important de voir ces missions négligées, surtout si les marges

devaient stagner.

La question de la rétribution de ces missions peut se résoudre de différentes façons, à

rechercher parmi les modèles déjà en vigueur en Europe et en France et qui peuvent tenir lieu

d’hypothèses pour le futur.

Le principe d’honoraires pharmaciens

Dans le cas de l’officine française, la mise en place d’un « honoraire pharmacien » pourrait

viser à rétribuer, en complément des marges réalisées sur la vente des médicaments, une

prestation de service spécifique : prestation de conseil ou de soin pharmaceutique, prévention

ou éducation sanitaire.

L’instauration d’honoraires pour les pharmaciens — rémunérant ces actes spécifiques,

susceptibles d’aboutir dans certains cas à l’absence de délivrance, et alors contraires à l’intérêt

économique du pharmacien — est d’ailleurs évoquée et débattue. Toutefois, il s’agit là d’un

point extrêmement sensible, sur lequel la discussion est loin d’aboutir. Le principe est très

complexe à mettre en œuvre techniquement, et des expériences proches, conduites dans

d’autres pays, ne semblent pas réellement concluantes.

Néanmoins, dans une perspective de 10 à 15 ans, la possibilité d’une évolution vers un

système d’honoraire pharmacien ne peut être totalement exclue, même si, selon certains

points de vue, elle ne semble pas représenter la piste à privilégier.

La rémunération forfaitaire ou combinée

Le système de rémunération exclusivement basé sur une marge directement liée au prix des

médicaments165, dans le cadre des politiques de maîtrise des dépenses de santé, compromet le

niveau de revenus des pharmaciens et de leurs salariés.

165 Rémunération échelonnée ou rapportée à un pourcentage fixe du prix du médicament

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II - Analyse prospective - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

140

L’idée de dissocier la rétribution des actes réalisés en officine et le prix du médicament

soumis à ordonnance et remboursable fait donc son chemin. Le principe vise dans tous les cas

à déconnecter la responsabilité et l’activité du pharmacien de la tentation de recommander le

médicament assurant la marge la plus favorable. L’objectif final est d’améliorer le conseil au

patient, mais aussi d’inciter le pharmacien à choisir pour ce patient les médicaments les plus

avantageux économiquement dès lors qu’ils sont efficaces.

Dans certains pays européens166, le système de rémunération par la marge sur le prix se voit

progressivement combiné ou remplacé par une rémunération forfaitaire, qui permet de

prendre en compte à la fois :

- le coût sans cesse plus élevé des nouveaux médicaments, avec le risque de la

mécanique inflationniste ;

- la volonté des professionnels de bénéficier d’une rémunération homogène des

différentes activités qu’ils prennent en charge ;

- la nécessité de solidarité des patients dans la contribution.

La rétribution forfaitaire peut également s’appuyer sur la distinction de plusieurs niveaux de

prestation. C’est le cas au Royaume-Uni qui, depuis 2005, a mis en place un système

d’accréditation ainsi que de rétribution distincte selon trois niveaux de prestation :

- des services de base obligatoires (dispensation, prévention et conseil

d’automédication, renouvellement d’ordonnance, récupération des médicaments non

utilisés) ;

- des services « approfondis », qui nécessitent une accréditation, centrés sur le suivi et

l’observance thérapeutique, notamment des patients chroniques (consultation

individuelle, établissement de rapport de suivi pour le patient et le médecin) ;

- des services spécialisés à « valeur ajoutée » (maintien à domicile, livraison à

domicile, soins palliatifs, cure de désintoxication tabagique, diabète, suivi de patients

sous méthadone …).

166 C’est le cas depuis un an, par exemple, en Allemagne.

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141

Le maintien du système actuel

Cette hypothèse a la faveur des pharmaciens d’officine et ne rencontre pas actuellement

d’obstacle du côté des pouvoirs publics. Pourtant, personne ne croit à une hausse significative

des marges, même si le chiffre d’affaires augmente en fonction du prix des nouvelles

molécules.

La marge sur les médicaments remboursables devrait rester légitimement contrôlée afin de ne

pas exposer la collectivité à un risque accru de dépenses de santé. Dans ces conditions, les

pharmaciens auraient, de leur côté, à faire évoluer leurs bénéfices sur la vente des produits

non remboursables et non médicaments afin de disposer de la marge de manœuvre nécessaire

pour assumer leurs missions de santé publique.

Il s’agit donc bien là de renforcer le succès commercial des officines afin de permettre aux

pharmaciens de rendre tous les services attendus d’eux. Pour faciliter cet essor commercial,

l’État pourrait par exemple retarder l’ouverture du monopole sur certains produits — laquelle

se propage pourtant en Europe. Mais une telle pratique, outre qu’elle serait impopulaire,

deviendrait rapidement inefficace face à la pression européenne.

Reste la possibilité pour les officinaux de négocier avec l’État des marges plus confortables

leur permettant d’assurer, à côté de leur activité de distribution, les missions liées à leur

participation au système de soin, de prévention et de sécurité sanitaire. Cette option renvoie à

l’évaluation précise de la valeur ajoutée — intégrant les économies rendues possibles— des

prestations du pharmacien d’officine au sein du système de soin, précédemment évoquée .

Sans cette évaluation, l’État, dans sa quête d’économies publiques, n’a pas de raison objective

d’opter pour une position plus favorable à l’économie des officines. Un attentisme réciproque

sur ce point risque de maintenir le pharmacien d’officine dans la situation actuelle, où il ne

peut parvenir à assumer vraiment toutes ses missions, faute de moyens.

Toutes les hypothèses concernant la rétribution des différentes facettes de l’exercice officinal

sont étroitement liées à l’évolution de la réglementation européenne — notamment aux

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

142

proportions que pourrait prendre l’ouverture du monopole167 — et à la structuration du secteur

qui en résultera. Même si chaque pays peut faire valoir ses propres variantes, certaines

options provoqueront une chaîne de conséquences communes à toutes les pratiques

officinales.

167 Cf. chapitre suivant.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

143

II – chapitre 2

VERS UNE NOUVELLE CONFIGURATION DU SECTEUR

LES CONSEQUENCES DU PROJET PUBLIC SUR L’ORGANISATION GLOBALE DU SECTEUR

L’impact d’une convergence progressive, au niveau européen, des politiques de santé et des pratiques de pharmacie d’officine

Malgré la diversité des cultures, des systèmes et des pratiques de santé — notamment en matière

de dispensation et distribution du médicament — les politiques des pays européens sont appelées

à se rejoindre sur plusieurs points majeurs au cours de la décennie à venir. En effet, elles auront à

traiter des problématiques similaires de gestion du risque de santé, liées plus particulièrement au

vieillissement de la population et à la diminution du nombre des professionnels de santé.

L’ensemble des mesures déjà initiées dans les différents pays témoigne d’un certain

rapprochement inspiré par les choix respectifs congruents d’actions mises en œuvre

pour optimiser les coûts — comme l’illustrent les aménagements récents des politiques du

médicament et de sa distribution par exemple— et prendre en charge de nouveaux besoins de

santé (maintien à domicile, réseaux de soins…).

Dans la même perspective, les pratiques des pharmacies d’officine sont susceptibles de

progressivement se rapprocher sous l’impact de :

- La pression de l’harmonisation européenne au niveau réglementaire, visant une meilleure

circulation des biens, des services et des patients permettant de répondre aux besoins de

santé du territoire européen.

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II – Analyse prospective - chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

144

- La volonté d’accroître la mobilité des professionnels pour répondre à une demande

structurelle ou conjoncturelle (séjours inférieurs à 6 mois déjà autorisés dans le cadre de

remplacement d’assistanat..). Le GPUE168 entend bien promouvoir la simplification des

procédures en favorisant le développement des cartes à puce professionnelles de santé,

qui permettraient une identification commune à l’ensemble des professionnels

européens169.

- La pression économique concurrentielle d’opérateurs privés de distribution à l’échelle

européenne, illustrée par l’investissement progressif mais rapide de différents pays par

des chaînes de pharmacie.

- La dynamique de coopération des représentants du secteur de la pharmacie, nécessaire

pour défendre leurs intérêts communs et renforcer la promotion de « bonnes pratiques

communes ».

L’évolution du maillage, par la facilitation de la concentration et du regroupement

Cette évolution apparaît comme probable aux yeux des experts, mais devrait se produire dans le

cadre mesuré voulu à la fois par le Ministère et l’Ordre des pharmaciens. Le maillage « à la

française » est en effet un objet de fierté pour la profession, en particulier pour les pharmacies

rurales, dont il détermine le maintien, et de confort pour la population.

On ne peut pas exclure à long terme une évolution plus radicale, en particulier si un abandon des

monopoles venait bouleverser l’organisation du secteur et la soumettre à un impératif de

rentabilité économique encore plus exigeant.

168 Groupement des pharmaciens de l’Union Européenne 169 Même si aujourd'hui, la formation et l’établissement de ressortissants français à l’étranger reste encore peu significative d’une part, et s’il n'existe à l’heure actuelle aucun pays de l'UE duquel provienne un flux significatif de pharmaciens, susceptible de représenter plus de 1 pour mille professionnels en exercice d’autre part.

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II – Analyse prospective - chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

145

Mais dans un premier temps, les politiques n’interviendront que peu sur le maillage. L’enjeu sera

plutôt de trouver une solution pour rentabiliser une officine sans augmenter la consommation de

médicaments remboursables.

S’il faut modifier le nombre — aujourd’hui excessif — de pharmacies dans les grandes

agglomérations, en zone rurale, la pharmacie constitue le dernier facteur d’ancrage territorial, ce

qui rend moins probable leur fermeture dans les années à venir.

Le Ministère de la Santé compte donc faire évoluer en douceur le maillage et avance plusieurs

idées ou projets pour y parvenir, dont :

- La création d’un groupe de travail pour essayer de faire vivre la loi de répartition des

officines.

- La conduite d’une réflexion pour revoir les principes du regroupement : le chiffre

d’affaires n’est pas le bon critère pour déterminer la nécessité d’intégrer un nouvel

adjoint dans l’officine. En effet, la marge réalisée est très variable selon l’implantation de

l’officine et le type de clientèle (par exemple, à proximité d’un établissement de soins,

une pharmacie pourra avoir un chiffre d’affaires très élevé correspondant à la vente de

médicaments très chers prescrits dans le cas d’affections graves. Pour autant, la marge ne

sera pas nécessairement conséquente).

- La création d’un fonds spécial —financé par exemple par une taxe sur le chiffre

d’affaires ou les boîtes vendues — qui permettrait à l’État de racheter les officines

excédentaires, nombreuses dans les grandes agglomérations (300 officines « de trop » à

Paris, 40 à Bordeaux…).

Des concentrations plus importantes pourraient être favorables à la profession et à la politique de

maîtrise des dépenses de santé. Mais les officines rurales sont voulues socialement et donc par

les élus.

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146

L’ouverture possible du monopole à d’autres acteurs

L’évolution de la réglementation de l’activité officinale est considérée comme possible, voire

probable (score de 1,5) et verrait ainsi l’apparition sur le secteur de nouveaux acteurs, en

particulier les grandes surfaces, déjà positionnées sur le marché du non médicament. Les

pharmaciens devraient alors subir cette concurrence comme c’est déjà le cas sur la

parapharmacie.

Les grandes surfaces surveillent le territoire de la pharmacie et s’intéressent à certains

médicaments non remboursables (OTC). Elles ont déjà réussi à s’emparer des antiseptiques,

alcool, vitamine C, etc. À l’instar des pratiques dans certains pays voisins, il est assez probable

que leur périmètre va s’étendre. Les pharmacies libérales auront alors le droit et la possibilité de

se réorganiser pour faciliter l’accessibilité du public à ces produits. Aujourd’hui, les grandes

surfaces ne peuvent vendre de la parapharmacie qu’avec un conseil approprié.

En Europe, si le monopole pharmaceutique existe partout, son application a connu ces dernières

années de nombreux aménagements dans plusieurs pays et suscite encore des débats nourris. Les

variations, d’un pays à l’autre, de l’étendue du monopole accordé aux pharmaciens soulèvent la

question de la restriction des échanges pour motif de santé publique170.

Comme cela a été souligné dans le chapitre consacré aux comparaisons entre les pratiques

européennes, deux dynamiques sont à l’œuvre : la première (latine et française) centrée sur

l’interprétation stricte du monopole, la seconde (nord européenne) axée sur la déréglementation

du monopole de vente des médicaments. Mais la tendance prédominante va dans le sens d’un

assouplissement croissant de la réglementation qui remet en cause l’interprétation stricte du

monopole pharmaceutique.

OUVERTURE POUR LA VENTE DES PRODUITS D’HYGIENE, DE SOIN ET DE PREVENTION En France, la probabilité d’une ouverture est réelle, comme en témoigne le rapport du Conseil

National de la Consommation « parapharmacie », publié en février 2005, qui suggère déjà un

assouplissement du Code de la Santé dans la perspective de favoriser la vente hors officine des

170 CEE Article 30 du Traité de Maastricht

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

147

produits « frontières » du médicament, tels les produits d’hygiène, de soin (crème arnica, gels

défatigants…) mais aussi des tests de glycémie ou de grossesse.

OUVERTURE POUR LES PRODUITS OTC. Au Royaume Uni et aux Pays Bas et plus récemment en Allemagne et au Portugal171, certains

antalgiques, antitussifs, traitements des troubles gastriques peuvent être vendus librement dans

des magasins de grande distribution, des « drugstores » ou même dans des stations-service

comme au Danemark depuis 2001. Cette ouverture du monopole de la vente des médicaments

OTC peut s’accompagner d’une libéralisation de la détermination des prix, comme en

Allemagne.

OUVERTURE PLUS GLOBALE DU MONOPOLE DE L’OFFICINE ? L’observation dans la durée des choix de réaménagement de la distribution du médicament dans

des pays voisins pourrait alors fournir des arguments plaidant en faveur d’une ouverture

encadrée de la vente de médicaments hors de l’officine.

DES CHANGEMENTS PREVUS DANS L’ORGANISATION ECONOMIQUE ET COMMERCIALE DU SECTEUR

Les transformations globales du secteur dans son organisation économique et commerciale

répondront à une combinaison de facteurs multiples. Aux pressions de l’Europe, aux projets des

pouvoirs publics précédemment développés, il convient d’ajouter les mesures déjà prises ou

projetées concernant la gestion des PME172.

Les facteurs de changement les plus marquants pourraient toutefois venir des perspectives

ouvertes par la branche elle-même, en réponse aux évolutions induites par son environnement

politique, économique et social ou en anticipation de celles-ci.

Les évolutions rythmées par les choix des officinaux

DES MOUVEMENTS DE CONCENTRATION ET DE CAPITALISATION ACCENTUES Les évolutions considérées comme certaines en termes d’organisation économique et

commerciale du secteur correspondent à des mouvements déjà engagés. 171 respectivement en 2004 et 2005 172 Loi n° 2005-882 du 2 août 2005, dite loi Jacob, en faveur des petites et moyennes entreprises et impactant notamment l’encadrement des marges arrière, la transmission et le regroupement d’officines, l’octroi de parts en industrie pour les pharmaciens adjoints ou encore l’aménagement des SEL.

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148

Des officines d’autant plus rentables que leurs effectifs vont croître

Les experts et professionnels consultés estiment que la « taille » des officines (en ETP), qui a

déjà évolué au cours des dix dernières années, devrait encore s’accroître — en moyenne — au

cours des dix à quinze ans à venir et que l’impact de ce facteur sera positif pour leur rentabilité

(score de 2,44).

Ce point est à nuancer puisque, parmi les officines qui affichent le taux de marge brut le plus

important, se trouvent de très petites officines173. Toutefois, les petites officines en question,

particulièrement rentables, restent très minoritaires au regard du nombre de petites officines qui

dominent encore le paysage français et qui annoncent des résultats moins impressionnants.

Pourtant, la tendance à la croissance des effectifs d’une même officine devrait en effet se

confirmer pour plusieurs raisons : respect des 35 heures, place significative des temps partiels

dans l’économie de l’officine, importance de l’amplitude des horaires d’ouverture pour le chiffre

d’affaires — notamment dans les zones « concurrentielles »—, évolution des aspirations aux

loisirs des jeunes générations de pharmaciens titulaires…

En revanche, la rentabilité d’officines plus grandes ne s’impose pas d’elle-même, mais doit

s’obtenir grâce à une gestion appropriée de l’activité et des compétences. Elle ira de pair avec la

rationalisation croissante des modes d’organisation du travail, de gestion des ressources

humaines et des qualifications, au sein de l’officine et, plus généralement, du secteur.

Toutefois, les petites structures devraient encore résister un certain temps, surtout dans les zones

moins attractives, d’autant qu’elles correspondent à une représentation de l’exercice libéral bien

ancrée dans les mentalités. Si elles impliquent des sacrifices de la part du pharmacien titulaire

pour répondre à une charge de travail éprouvante, elles permettent aussi, dans bien des cas,

d’accéder à un niveau de revenus très satisfaisant. Or, les sondages auprès des étudiants ont

montré que cette perspective entrait pour beaucoup dans la motivation initiale du choix de

l’officine comme lieu d’exercice, conjointement au projet de devenir titulaire.

La croissance des effectifs moyens de l’officine au cours des prochaines années devrait donc être

réelle, mais mesurée et progressive. L’apparition sur le territoire urbain de structures plus

imposantes, aujourd’hui pionnières, devrait se renforcer.

173 Données de l’enquête par questionnaires réalisée dans le cadre du CEP.

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149

Une évolution accrue de l’organisation en sociétés capitalistiques

Si la tendance à un renforcement de la présence de sociétés capitalistiques dans le secteur de

l’officine est considérée comme probable, le score relativement timide (1,8), illustre bien les

résistances assez sensibles du secteur. Elles sont liées aux arguments déjà évoqués ainsi qu’à une

certaine représentation (partagée par le Ministère de la Santé) du besoin de protéger la profession

d’un système jugé trop évidemment marchand et par là quelque peu contraire à un exercice

éthique, à visage humain, de cette activité de santé.

Parmi les sociétés appelées à se multiplier, le modèle des SEL, qui n’est pas encore majoritaire

mais représente la progression récente la plus importante dans le choix du statut, devrait

certainement se développer encore, si l’on en croit les experts (score de 2,3). Cela traduit

l’attachement des professionnels à l’exercice libéral, même avec un statut de société.

Une diminution « naturelle » du nombre d’officines

Les pharmaciens se disent attachés au maillage territorial — cher, ou tout au moins familier aux

français — bien qu’ils en dénoncent aujourd’hui plus volontiers qu’hier les conséquences

négatives en termes de concurrence et de rentabilité des structures, surtout avec le contrôle

annoncé des dépenses liées au médicament remboursable. Malgré cela, la diminution

« naturelle » du nombre des officines semble probable (1,7) sinon certaine.

La possibilité d’ouverture du capital aux adjoints

Cette évolution, pourtant fréquemment évoquée lorsqu’il s’agissait d’envisager les meilleures

solutions pour développer l’attractivité du secteur aux yeux des jeunes diplômés, recueille un

score de probabilité assez mesuré (1,6). En revanche, les jeunes pharmaciens consultés

accueillent très favorablement cette perspective.

L’impact de la loi Jacob, avec le recours encouragé à l’octroi de parts en industrie, devrait en

partie freiner ce mouvement tout en offrant une attractivité compensatoire certaine pour les

pharmaciens adjoints (comme pour les autres salariés, si ce recours leur est appliqué, ce qui

devrait être le cas).

Pour autant, l’ouverture du capital constitue un facteur de motivation et de fidélisation pour les

pharmaciens dont la période à venir ne devrait pas pouvoir se passer.

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UNE DIVERSIFICATION « CONTENUE » DU RESEAU DE DISPENSATION/DISTRIBUTION DES

MEDICAMENTS La libre circulation des produits en Europe reçoit un score de probabilité assez élevé (1,9) et

apparaît donc plus que possible. Pourtant, les experts semblent penser que les efforts des

pouvoirs publics comme de la branche vont converger pour que le secteur s’ouvre le plus

lentement possible à d’autres acteurs qu’aux officinaux.

L’essor — pourtant constaté actuellement — des groupements de pharmaciens, l’apparition de

chaînes de pharmacies sont juste mentionnés comme possibles. L’apparition des chaînes, si elle

n’est pas exclue, est renvoyée comme hypothèse tard dans la période considérée (quinze ans).

Il convient pourtant de rappeler sur ce dernier point que la Norvège a vu le phénomène des

chaînes se généraliser en trois ans, et que les salariés d’officine ne perçoivent pas d’obstacle

majeur à travailler pour une chaîne. On peut penser, même si l’échéance est incertaine, que les

pharmaciens titulaires eux-mêmes, en contribuant à l’évolution capitalistique de leurs entreprises

officinales, se préparent à passer à ce stade dans la distribution et la dispensation des

médicaments et à s’y assurer leur part du marché.

LA MONTEE EN PUISSANCE DES GROUPEMENTS Le phénomène des groupements, déjà très important, est appelé à s’amplifier avec la perspective

de la tombée prochaine dans le domaine public des brevets de molécules largement consommées

qui pourront être alors génériquées. Dès lors, l’opportunité d’achats groupés n’en sera que plus

tentante.

De plus, les groupements de pharmaciens seront probablement appelés à jouer un rôle croissant

en matière de mutualisation de ressources, de bonnes pratiques, voire de formation continue.

Les changements induits en premier lieu par l’environnement

UNE HAUSSE DU CA ASSOCIEE A LA HAUSSE DU PRIX DES NOUVELLES MOLECULES La hausse du chiffre d’affaires ne semble pas faire de doute, au regard de sa cotation élevée (2).

Elle s’explique essentiellement par l’augmentation du prix des nouvelles molécules. Mais elle

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151

n’implique pas une hausse des marges pour toutes les officines, même si les prévisions globales,

à court terme, sont plutôt positives.

UNE CONCURRENCE ACCRUE ENTRE LES PHARMACIES EN CAS DE CONCENTRATION DES

ETABLISSEMENTS Allant de pair avec une vision plus libérale de la profession, le phénomène de concurrence

devrait probablement se développer (score de 2), ce qui n’est pas sans souligner une position

paradoxale au regard de la nécessité d’un travail en réseau au sens où l’assurance maladie

l’entend.

L’UTILISATION DE L’INTERNET DANS LA DISPENSATION DE MEDICAMENTS Malgré des réactions très vives à son évocation, dues aux représentations contrastées quasi

« générationnelles » de cet outil, l’utilisation croissante de l’internet doit être envisagée, avec

prudence, si le système garantit le contrôle de la dispensation par un pharmacien.

Cette perspective apparaît pourtant incertaine aux experts et professionnels du secteur (score de

1,45). Il convient de souligner que l’appréciation varie en fonction de l’âge des personnes qui

s’expriment, les plus jeunes considérant spontanément l’internet comme un support d’activité

parmi d’autres, sans doute incontournable dans les années à venir.

En revanche, les représentants de l’assurance maladie considèrent cette éventualité comme

probable. Mais l’impact direct des laboratoires sur le mode de présentation en ligne des produits

constitue pour eux une préoccupation importante, car le résultat risque d’aller à l’encontre du

rôle modérateur attendu du pharmacien.

Pourtant, depuis la loi du 13 août 2004, la CNAM admet qu’il peut y avoir des prescriptions

médicales par courriel ; il lui semble donc inévitable que la dispensation de médicament soit un

jour concernée. Une fois les modalités de contrôle mises en place, l’assurance maladie ne fera

pas de différence entre ce nouveau type d’exercice et la modalité classique.

À l’échelle européenne, l’utilisation de l’internet dans la dispensation fait également l’objet de

débats. Si cette pratique reste aujourd’hui interdite en France, il est difficile de ne pas envisager

l’éventualité d’une telle évolution au regard des tendances actuelles dans différents pays,

s’agissant notamment, dans un premier temps, des médicaments non soumis à prescription.

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152

En effet, à travers l’arrêt « Doc Morris »174 du 11 décembre 2003, la CJCE a considéré que

l’interdiction nationale de vente par correspondance des médicaments s’applique pour autant

qu’elle vise les médicaments soumis à prescription médicale. En d’autres termes, les

médicaments qui ne nécessitent pas de prescription médicale pourraient être acquis par

correspondance, même si la loi du pays d’origine l’interdit. Aux Pays-Bas, certaines assurances

de santé vont même jusqu'à suggérer à leurs clients d’utiliser des pharmacies on-line afin de

réduire les coûts.

En France, l’hypothèse de la vente directe est encore conditionnée par :

- la jurisprudence la plus récente qui écarte la possibilité de la vente de médicaments par

des titulaires du diplôme de pharmacie en dehors du cadre officinal.175

- les conditions de remboursement encore favorables ; en effet, la vente des médicaments

par Internet présente un réel intérêt avant tout pour les patients originaires de pays où le

prix des médicaments est élevé et la prise en charge de l’assurance-maladie réduite.

Cependant, le développement de pharmacies en ligne est envisageable à plus court terme :

- en matière d’information et de conseil sur les produits, comme le proposent déjà certaines

pharmacies. Par ailleurs, l’exemple des Etats-Unis, précurseur en la matière, montre que

l’utilisation d’Internet s’inscrit davantage dans un objectif d’information que d’achat176 ;

- en matière d’achat de produits, articulé aux officines de proximité : dans un contexte où

l’officine électronique n’est pas incompatible avec le cadre légal, le développement de

pharmacies virtuelles s’organiserait sous un strict contrôle qui offrirait la possibilité de

commander à distance auprès de la pharmacie de son choix. Cela permettrait d’éviter

ainsi les files d’attente au moment de la réception. Cette réflexion est conduite

174 Doc Morris est une pharmacie hollandaise située à la frontière allemande qui vendait des médicaments par internet à des assurés allemands alors que la vente par internet était interdite en Allemagne. Il s’agissait en l’espèce de statuer sur le caractère restrictif de cette interdiction et le bien fondé de sa motivation (l’article 30 du Traité qui permet des restrictions pour motif de protection de la santé et de la vie des personnes. 175 Arrêt de la Cour D’appel de Paris du 2 mars 2005 : concernant la vente en ligne de produits de lentilles de contact, les juges ont confirmé que le monopole accordé aux pharmaciens et opticiens n’était pas contraire à l’article 30 du traité européen. 176 Près de 26% de la population utilisent Internet pour obtenir des informations sur les médicaments soumis à prescription, mais seuls 4% des patients l’utilisent pour acquérir des médicaments prescrits Drug Benefit Trends janvier 2005, cité dans le bulletin d’information électronique du FIP, www.fip.org

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153

actuellement par les officines en Allemagne ; ce pays est en effet particulièrement exposé

à la concurrence de la vente par internet organisée depuis les pays voisins.

L’EVOLUTION DU FONCTIONNEMENT DES OFFICINES Les changements globaux que connaîtra le secteur devraient générer des évolutions au sein de

chaque officine, dans son fonctionnement interne. Ils traduiront dans l’organisation les nouvelles

prérogatives et responsabilités du secteur, mais refléteront également la stratégie spécifique

développée par chaque structure pour assurer son développement dans son environnement

concurrentiel propre.

Une recherche de différenciation, d’identité visible

AU SEIN DES OFFICINES : UN PARTAGE PLUS EVIDENT ENTRE LA DISPENSATION ET LES

ACTIVITES COMMERCIALES À l’intérieur des pharmacies, il est possible d’envisager une articulation spatiale plus

différenciée des différentes activités prises en charge dans l’officine, à l’instar des officines

Québécoises, où le pharmacien gère de manière distincte la « devanture » qui correspond à la

partie commerciale de la pharmacie et les espaces de consultations dédiés aux soins

pharmaceutiques.

ENTRE LES OFFICINES : UN DEMARQUAGE ACCRU SELON LES SPECIALISATIONS Le maintien de la structure de l’unité officinale n’empêchera pas le renforcement de la mise en

réseau des officines (avec la montée des groupements) et un démarquage visuel par le

rattachement à des enseignes.

De même, la mise en place de nouvelles prestations pourrait impliquer une spécialisation accrue

au sein du réseau des officines et serait susceptible d’accroître de manière palpable la

différenciation entre les officines. En ce sens, la réussite économique des officines s’appuiera

probablement sur la valorisation des prestations de services qu’elle seront en mesure de mettre

en place, dans un contexte de concurrence accrue.

Le renforcement de l’exigence de démarches qualité au sein de l’officine pourrait également

conduire à des pratiques de labellisation de la qualité des prestations des officines, susceptibles

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

154

de constituer un véritable avantage concurrentiel (par exemple, l’affichage des formations

validées par le personnel de l’officine).

Concrètement, dans une telle configuration, la rentabilité de l’officine devrait dépendre de plus

en plus du nombre de clients qu’elle sera capable d’attirer plutôt que du nombre ou du prix des

boîtes de médicaments vendues.

Des évolutions significatives dans l’organisation interne

Les évolutions les plus nettes sont attendues au sein même de l’officine, dans sa configuration

spatiale, dans l’organisation du travail, dans la diversification des activités, dans le rôle et

l’affectation des personnels.

UNE ORGANISATION SPATIALE LIEE AUX DIFFERENTES MISSIONS

Différenciation des espaces

Elle aurait pour but de favoriser une meilleure prise en charge du patient. L’aménagement d’un

espace de consultation apparaît probable aux yeux des experts et des professionnels (avec un

score de 2,27). La disparition du comptoir, pour éviter un effet de cloisonnement, est débattue

mais provoque beaucoup de réticences (les risques paraissent importants, même avec la présence

d’un pharmacien dans un espace de libre-service).

Amélioration du « préparatoire » et de la réserve

Les pharmacies préfèrent concentrer leurs moyens sur l’espace réservé aux clients et négligent

fréquemment l’aménagement de la réserve. Or, l’accroissement des tâches administratives

impose aux employés de travailler dans un espace souvent peu convivial et mal organisé.

D’autre part, le respect de la chaîne qualité et les règles de sécurité (des personnes et de la

réserve des produits) semble peu compatible avec les espaces confinés et peu pratiques qui

prévalent souvent.

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155

LE RENFORCEMENT DE CERTAINES ACTIVITES Dans ce contexte plus dur, certaines activités devraient devenir cruciales selon l’avis des experts,

parmi lesquelles les scores les plus élevés sont attribués à :

- celles qui relèvent de la diversification des niches et de la spécificité des positionnements, au

service de la volonté et la nécessité de se différencier (2,3)

- celles qui permettront d’affirmer un rôle de dépistage et d’accompagnement pour

l’automédication (2,27).

Par ailleurs, les professionnels soulignent que les activités devront désormais être exercées sur

plusieurs lieux (hôpital, officine, maison de retraite…) à la fois pour assurer la réussite

économique de la structure et pour répondre aux évolutions de la société et au projet des

pouvoirs publics en matière de santé et de service de soins.

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156

L’EVOLUTION DE LA DEMOGRAPHIE OFFICINALE

Deux vagues successives de départ à prévoir chez les pharmaciens d’officine titulaires et adjoints

L’analyse des pyramides des âges177 ci-dessus traduit une surreprésentation des titulaires aux

abords de la soixantaine et des adjoints âgés de 45 ans environ. Par conséquent, une rapide

projection permet de conclure que l’on se trouvera confronté à deux vagues de départ en

retraite178 : la première imminente concerne les titulaires tandis que la seconde touchera les

adjoints dans une vingtaine d’années.

Le nombre de pharmaciens179 qui cessent leur activité est ainsi appelé à fortement augmenter

dans les quinze années à venir et devrait passer de 1500 en 2005 à 2800 au début des années

2020. Entre 2005 et 2015, le nombre de pharmaciens actifs de plus de 55 ans augmenterait de

plus de 80%, passant de 13 000 à 23 000 pharmaciens.

177 (Source : CNOP Données 2003) 178 L’annexe 4Ba (Tome 2 – Données annexes) illustre clairement ce phénomène en représentant le nombre de pharmaciens atteignant l’âge de 65 ans dans l’année. 179 Les données présentées dans ce paragraphe sont extraites du rapport de Marc COLLET, La démographie des pharmaciens à l’horizon 2030, DREES Etudes & Résultats n°438 octobre 2005

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157

Une vigilance indispensable face aux perspectives de renouvellement La profession de pharmacien d’officine est donc une profession qui vieillit — notamment ses

titulaires — et dont les perspectives de renouvellement sont assez pessimistes dans la mesure où

le nombre de diplômés sortants ne suffira pas à combler les départs en retraite180.

De plus, la pharmacie d’officine a souffert d’un manque d’attractivité auprès des jeunes

diplômés qui préféraient se diriger vers d’autres filières comme la filière hospitalière ou

l’industrie pharmaceutique, l’officine apparaissant comme une option de second choix, voire

comme un refuge. Si une étude récente infirme cette tendance181, manifestant ainsi la fonction

accrue de refuge exercée par l’officine, les investigations conduites dans le cadre de ce CEP ont

souligné la fragilité et les limites de la position d’adjoint telle qu’elle se vit actuellement.

LE POTENTIEL DE RENOUVELLEMENT La projection 182des sorties selon la section d’appartenance* est la suivante :

* Les pharmaciens inscrits à l'Ordre sont répartis en 6 sections :

A : titulaires d'officine B : responsables de l'industrie C responsables de la distribution en gros D : salariés tous secteurs (dont adjoints en officine, et hospitaliers) E : DOM toutes activités G : biologistes tous secteurs

180 Une étude réalisée en 2000180, disponible auprès du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens, réalise des projections à partir des pyramides des âges des adjoints et des titulaires et tire ainsi des conclusions sur les modalités d’élargissement du numerus clausus de façon à augmenter les effectifs. 181 Cf étude sur les pharmaciens adjoints – CNOP - 2005 182 Source : CNOP - Données 2003

Prévisions de sortie pour les

pharmaciens atteignant 65 ans dans l’année

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

158

Afin de remédier à cette déperdition, il est suggéré183 d’augmenter le numerus clausus en

s’ajustant à la croissance du secteur pharmaceutique. Trois scénarios sont alors préconisés,

chacun tablant sur un numerus clausus indexé à la croissance du secteur.

Hypothèse de croissance Numerus clausus

0% 2850

1,5% 3850

2,5% 4500

Il convient de souligner ici que relever le numerus clausus n’apporte pas de solution au manque

d’attractivité de l’exercice en zone rurale et ne garantit pas non plus que les jeunes diplômés

cessent de s’installer massivement en Ile de France plutôt que dans les régions moins urbanisées.

Les questions relatives au maintien du maillage territorial et aux perspectives réelles de carrière

dans l’officine ne peuvent se régler par la seule réponse quantitative.

UNE AUGMENTATION CERTAINE DU NOMBRE D’ADJOINTS ... D’après une étude de la DREES184, et en raisonnant sur la base du numerus clausus actuel,

l’effectif des pharmaciens en activité continuerait sa progression jusqu’en 2017 à un rythme

moins soutenu que précédemment pour régresser et se stabiliser jusqu’en 2030.

Parmi les différents exercices possibles, la part des pharmaciens d’officine se maintiendrait dans

les années à venir aux alentours de 75% de la population pharmacienne active.

Concernant plus précisément la population officinale, une tendance à la stagnation du nombre de

titulaires pour un accroissement des effectifs des pharmaciens adjoints s’observe actuellement.

Elle devrait perdurer dans les prochaines années au point que ces deux catégories s’équilibreront

aux alentours de 2030. En effet, on compte en 2005 40 % de titulaires contre 32 % d’adjoints ;

ces deux populations atteindront 37% en 2030.185

Ces projections indiquent d’une part que l’exercice associé devrait encore s’accroître, et, d’autre

part, que les officines compteront de plus en plus de salariés adjoints. En effet, cette

183 Ibid 184 Marc COLLET, La démographie des pharmaciens à l’horizon 2030, n°438 octobre 2005 185 Marc COLLET, La démographie des pharmaciens à l’horizon 2030, n°438 octobre 2005

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augmentation du nombre d’adjoints va de pair avec l’accroissement de la taille des officines et

l’augmentation du nombre de salariés par officine.

... MAIS A INTERPRETER AVEC PRUDENCE Mais cette croissance du nombre d’adjoints ne doit pas être tenue pour un atout systématique lié

au numerus clausus et au besoin de renouvellement.

Certes, l’officine est aujourd’hui le « refuge » des pharmaciens diplômés, soit directement à

l’issue de leurs études, soit par repli à la fin d’une expérience interrompue — volontairement ou

non — dans l’industrie. Par ailleurs, dans un contexte économique peu prometteur au chômage

important, elle présente l’image d’un espace de stabilité qui ne s’est pas encore démenti.

Mais si, suivant l’exemple d’autres pays, des lieux et modes de dispensation ou d’exercice des

compétences pharmaceutiques plus variés et attractifs venaient à se développer dans les années

qui viennent, la fidélité des pharmaciens diplômés à l’officine pourrait être remise en cause. La

qualité de la politique de gestion des ressources humaines, notamment de gestion des carrières

d’adjoints, constitue donc un enjeu important pour la branche, malgré des prévisions statistiques

favorables.

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160

II – chapitre 3

LA PROBLEMATIQUE DE GESTION DES RESSOURCES HUMAINES LIEE AUX EVOLUTIONS

L’IMPACT DES EVOLUTIONS PROBABLES SUR LES COMPETENCES REQUISES

Des compétences à consolider Les évolutions évoquées, si elles devaient se confirmer, impliquent le développement de

compétences nouvelles au sein de l’officine (ainsi pour le pharmacien, par exemple, des

compétences liées à une maîtrise plus affirmée de la relation maladie/patient/thérapeutique,

surtout dans l’éventualité d’une responsabilité de prescription).

Mais elles commandent surtout la consolidation de compétences déjà à l’œuvre, en principe,

dans le secteur sinon dans chaque officine, mais qui prendraient un relief plus important. Les

experts consultés estiment certaine ou probable une exigence accrue dans les domaines suivants :

- Technicité liée aux nouvelles thérapies (2,45).

- Compétences de gestion et collection des stocks, d’acheteur (2,1).

- Compétences d’entrepreneur du pharmacien : marketing, merchandising, stratégie

commerciale (1,89).

- Compétences de gestionnaire et de professionnel de santé, à l’instar du pharmacien

hospitalier (1,82).

À ces évolutions certaines ou probables, il conviendra d’en ajouter d’autres, qui ne relèvent pas

seulement de l’analyse prospective mais de choix d’organisation plus volontaristes de la branche.

Elles seront de ce fait présentées dans la troisième partie du rapport, centrée sur les

préconisations.

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II - Analyse prospective - chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

161

Des modalités de construction des compétences à optimiser Les points de vue des experts et des professionnels convergent sur l’évolution nécessaire des

modalités de construction des compétences, ou tout au moins semblent indiquer un consensus

assez large sur les besoins de rénovation de l’appareil et des contenus de formation186 aussi bien

pour les pharmaciens que pour les préparateurs et les autres salariés des officines.

Des divergences de vues se sont exprimées pourtant dès qu’ont été abordées plus précisément les

voies de changement à privilégier, qu’il s’agisse des niveaux de qualification requis, des

passerelles entre les métiers ou les lieux d’exercice, des axes de contenus des cursus, des

modalités de développement des compétences, des méthodes pédagogiques, des organismes de

formation. En résumé, si l’on a pu constater un accord sur le besoin d’évoluer, les finalités et les

moyens font encore largement débat.

Dans le cadre de ce CEP, la branche professionnelle et l’État se sont attachés à faire le plus

possible avancer ce débat, à en poser les fondements communs, sur lesquels un consensus a pu

s’établir, et les termes d’une réflexion qu’il conviendra de poursuivre au cours des prochaines

années. Le résultat de ces travaux d’ajustement est présenté dans la troisième partie de ce

rapport.

Un repositionnement probable des acteurs impliqués dans la formation des personnels d’officine

EN MATIERE DE PRISE EN CHARGE FINANCIERE DE LA FORMATION Le registre de prise en charge de la formation professionnelle continue des titulaires et des

salariés des officines devrait être appelé à s’élargir.

En effet, conséquence directe du caractère désormais obligatoire de la FPC du personnel

d’officine, l’État, par l’intermédiaire de la CNAM, devient partie prenante de l’analyse des

besoins et de la formation elle-même.

Dans ce nouveau contexte, la CNAM peut devenir financeur potentiel de formation : c’est dans

ce sens que semblent se diriger les négociations de la prochaine convention collective,

186 cf. scores du questionnaire sur les niveaux de probabilité des évolutions annexe 8 – Tome 2 – Données annexes

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II - Analyse prospective - chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

162

susceptible de comporter un volet sur la formation obligatoire. L’assurance maladie pourrait

participer à la détermination des objectifs de formation conjointement avec les partenaires

sociaux. Elle bénéficierait ainsi d’un nouveau levier de régulation de la formation qu’elle

pourrait orienter sur les pathologies et les thèmes de santé publique pour lesquels elle estimerait

qu’existe un déficit de formation.

EN MATIERE D’OFFRE DE FORMATION L’obligation de formation continue devrait entraîner une structuration plus forte de l’offre et un

positionnement plus précis des opérateurs, dans un environnement plus compétitif.

Réservant les stages « pré-conçus » au traitement des questions les plus courantes, une offre

diversifiée et souple devrait ainsi émerger au cours de la décennie à venir. Fondée sur une

analyse personnalisée des besoins et sur des problématiques rapportées à chaque officine, ou à

chaque profil singulier, elle devrait donner lieu aux pratiques suivantes :

- L’élaboration d’une offre d’appui à la définition des besoins de formation ainsi que d’une

offre de formation à la création et la gestion des plans de formation au sein des officines.

- La spécialisation de certains organismes sur l’accompagnement de plans de formations

articulées à des stratégies de développement d’activités.

- La définition de programmes de remise à niveau sur des thématiques reliées aux besoins

définis par les professionnels d’une part, l’assurance maladie d’autre part.

- Le développement de réponses plus souples et plus rapides de la part des organismes

associatifs ou commerciaux, les universités restant spécialisées sur les enseignements de

fond, dans le cadre des DU notamment.

- Le développement de partenariats entre l’UTIP et l’université dans l’organisation de

conférences. L’université, qui attire faiblement les pharmaciens, bénéficierait ainsi du

réseau d’audience de l’UTIP. La co-construction des contenus permettrait d’offrir aux

professionnels une formation à la fois pointue et attractive, mieux reliée à leurs pratiques,

interrogations, attentes et besoins.

- L’émergence vraisemblable de nouveaux opérateurs dans le secteur de la formation,

spécialisés dans l’optimisation des pratiques quotidiennes de l’officine : les laboratoires

et les groupements devraient en faire partie. Leur offre pourrait répondre aux besoins

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II - Analyse prospective - chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

163

d’accompagnement sur site du pharmacien et des autres métiers de l’officine, sans

toutefois correspondre à l’obligation de formation continue. Les groupements sont en

effet susceptibles de développer des réponses « formation » — et certains commencent à

le faire — pour pallier les manques ressentis par les professionnels du terrain face à

l’offre des organismes classiques. Cette voie reste conditionnée à leurs moyens et leurs

capacités d’acquisition des compétences nécessaires en matière de formation.

LA QUESTION DES VOLUMES ET PROFILS D’EMPLOI UTILES La problématique de gestion prospective des ressources humaines — à l’échelle de la branche

professionnelle en France — est la suivante :

En fonction des besoins, du maillage territorial et de leur évolution au cours des dix à quinze

prochaines années :

- sur quels profils devra-t-on compter pour réaliser de façon sécurisée et pertinente les

activités de l’officine ?

- et dans quelles proportions devra-t-on trouver ces profils au sein de chaque officine ? (en

tenant compte de la typologie des officines et de son évolution prévue)

Les réponses à ces deux questions (profils, volumes) sont déterminantes pour faire face utilement

aux perspectives d’évolution et définir le type d’équipe à affecter au comptoir ou en back office

selon la taille et le type d’officine. Il s’agit ensuite d’évaluer l’écart entre les profils actuels et les

profils requis, afin d’ajuster l’appareil de formation initiale et continue en conséquence et de

définir les perspectives de carrière qu’il convient d’offrir à chaque catégorie de profils.

Des volumes stables de personnels officinaux On a vu que les volumes globaux de personnels à former et à intégrer aux officines ne devraient

pas se réduire : le nombre de points de vente diminuera sans doute un peu, mais les officines

croîtront en effectifs et les services à rendre seront plus nombreux187.

187 Et même si un changement de politique suffisamment radical pour provoquer un mode tout à fait différent de distribution des médicaments intervenait — c’est aujourd’hui peu probable — cela ne saurait remettre en cause le besoin de spécialistes du médicament. Le souci serait alors simplement de déplacer les personnels d’un milieu d’exercice à un autre, ce qui reste délicat mais non catastrophique.

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II - Analyse prospective - chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

164

Des rôles respectifs à préciser pour les différents profils, notamment ceux des adjoints et des préparateurs La question des profils adéquats et surtout de leur proportion au sein de l’officine pour réaliser le

travail de façon pertinente et sûre est plus complexe, car elle ne procède pas de la seule

rationalité. Elle se heurte à la réglementation en vigueur — à la lecture du code de la santé,

certains profils ne sont même pas censés approcher du comptoir dans les officines — à des

réactions corporatistes excessives ou, a contrario, à des opinions soumises à l’impératif

économique plus qu’à la déontologie ou au principe de sécurité.

Il faudrait être en capacité de poser sérieusement et sincèrement la question de la place relative

que prendront réellement :

- les activités complexes d’une part, exigeant la prise de responsabilité du pharmacien

diplômé, titulaire ou non,

- les activités plus quotidiennes et/ou moins « dangereuses » d’autre part (simple

délivrance de médicaments, vente de produits « non santé », services spécialisés non

médicaux…).

Pour assumer les activités aujourd’hui réalisées dans l’officine, avec la même garantie de

sécurité, cette question du niveau réellement requis et de l’organisation adéquate se pose déjà,

comme l’a bien montré l’enquête de terrain. L’état des lieux laisse en effet apparaître une quasi

interchangeabilité, dans les activités concrètement exercées et malgré des qualifications bien

différenciées, entre le préparateur et l’adjoint. Cette polyvalence a un effet négatif sur la

motivation de l’un et de l’autre, les encourageant à poursuivre leur activité en officine, mais sans

passion, ou à envisager ailleurs leur avenir.

Si l’activité de l’officine repose sur un fondement scientifique, son développement commercial,

vital (dans le système d’exercice libéral tout au moins), nécessite un repositionnement des

acteurs. Des emplois aux responsabilités et aux contributions mieux ciblées devraient permettre

de redéployer tout l’éventail d’expertises détenu au sein de l’officine — scientifiques mais aussi

relationnelles et commerciales – et de parvenir à une meilleure performance individuelle et

collective.

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II - Analyse prospective - chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

165

Cela pourrait contribuer à redonner une valeur un peu perdue aux différents métiers qui s’y

exercent, et par là même à renouer avec la motivation indispensable pour la bonne gestion de

toute activité.

Ce repositionnement, utile pour la performance commerciale du secteur, devient indispensable

si l’on compte faire jouer au pharmacien et à l’équipe officinale le rôle qu’on semble leur

réserver dans le système de soins de demain.

Ainsi une délégation plus officielle de tâches vers le préparateur — technicien du médicament—

permettrait-elle aux pharmaciens de mieux assumer leur cœur d’activité. Ce parti pris irait de

pair avec la mise en place d’une démarche qualité et d’un système de contrôle.

Dans cette redistribution, le niveau de responsabilité d’un adjoint moins polyvalent et recentré

sur son métier de pharmacien semble mieux correspondre à la préfiguration d’une officine avec

une mission accrue de santé publique, où il retrouverait toute sa pertinence… et sa motivation.

LA QUESTION DE LA RETRIBUTION DES NOUVELLES MISSIONS DE L’OFFICINE ET SON IMPACT SUR L’ORGANISATION ET LA GRH

Les fondements de l’officine française (exercice libéral, monopole pharmacien, survie des

structures fondées sur la marge) semblent imposer une évolution soumise à la réussite

commerciale des officines comme cela a déjà été évoqué.

Le rôle accru du pharmacien d’officine dans le système de santé publique sera donc assumé :

- s’il s’avère compatible avec le développement commercial des structures (système

d’honoraires, ou d’un mode équivalent de rétribution, à prévoir…)

- ou s’il est dissocié de la préoccupation de développement commercial (mais il faut

rappeler que ce n’est pas l’orientation voulue par le secteur).

La problématique est économique mais rejaillit sur les profils et les compétences nécessaires au

fonctionnement des officines.

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II - Analyse prospective - chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

166

Tant que le mode de rétribution du travail supplémentaire attendu d’eux — quel qu’il soit —

n’est pas explicite, les officinaux retarderont les efforts nécessaires pour adapter leurs

compétences à des pratiques qui ne pourront pas être concrètement mises en œuvre, faute de

ressources.

Ils le feraient avec l’assurance de marges suffisantes, qui leur permettraient de mettre en place

des équipes adaptées en nombre et en qualification à la charge et à la nature du travail. Mais la

tendance n’est pas — et ne devrait pas être dans le contexte qui s’installe — à une hausse

durable des marges.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

167

II - Analyse prospective - Conclusion

DEUX SCENARIOS POSSIBLES, ENTRE S’ACCOMMODER ET CHOISIR

Trois catégories de perspectives pour la pharmacie d’officine se distinguent assez nettement :

- Les évolutions inéluctables, reconnues de façon massive par les différents interlocuteurs .

- Les évolutions conditionnées

⋅ au maintien (ou non, et dans quelle mesure) d’une « exception française » au sein de

l’Europe (qui fait débat)

⋅ au poids relatif des différents acteurs du système de santé (qui déterminera en

particulier la hiérarchie et l’organisation réelle du réseau de soins et du

remboursement)

⋅ aux négociations entre la branche et l’État

⋅ aux négociations entre employeurs et salariés.

- Les zones d’incertitude (sur lesquelles il n’existe pas de visibilité, mais qui peuvent faire

l’objet de réflexion et de construction).

Les scénarios susceptibles de se dégager de la ligne d’évolution précédemment tracée ne sont pas

très contrastés, mais correspondent plutôt au niveau d’engagement que la profession va consentir

dans la construction de son avenir proche. L’histoire de la pharmacie d’officine prouve qu’elle a

su s’adapter sans heurt aux évolutions et qu’elle a eu raison, sans doute, de se montrer quelque

peu « suiviste » dans son fonctionnement puisque le secteur est resté globalement prospère.

La période qui s’ouvre comporte des perspectives de changement plus nombreuses et plus

radicales en termes d’organisation économique. La question des ressources humaines et des

compétences à mobiliser est d’autant plus importante que la branche se trouve face à un emploi

« sensible », celui du préparateur, un emploi « boudé », celui d’adjoint, et le « continent obscur »

des employés, au premier rang desquels les apprentis.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

168

UN SCENARIO ATTENTISTE D’ADAPTATION AUX EVOLUTIONS Le premier scénario consisterait à s’inscrire dans la continuité d’un relatif attentisme et à traiter

in extremis les dossiers les plus brûlants, dans l’ordre où ils se présentent et au gré de contraintes

venues de l’extérieur.

C’est de cette façon sans doute que le problème des préparateurs se trouve aujourd’hui posé de

façon aiguë, alors que des alertes ont sans doute été négligées (les préparations n’ont pas disparu

d’un seul coup).

Le risque n’est sans doute pas très grand compte tenu de la solidité économique du secteur, sauf

sur un plan social et au regard des attentes formulées par l’État en matière de santé publique.

Sans action correctrice en matière d’emploi, de compétence et de reconnaissance, la pharmacie

d’officine risque certes de ne plus susciter de vocation chez les étudiants préparateurs ou

pharmaciens. De ce fait, la concentration d’officines deviendrait incontournable, l’État n’aurait

plus de spécificité à protéger, les chaînes feraient leur apparition…et il faudrait bien se poser la

question de leurs compétences et de leur salariat, mais dans un contexte assez éloigné de la

culture actuelle de l’officine.

UN SCENARIO VOLONTARISTE, PERMETTANT DE CONSTRUIRE LE FUTUR DE L’OFFICINE Un scénario plus volontariste - et qui semble émaner assez fortement des propos tenus par une

large partie des acteurs - permettrait à la branche de se positionner collectivement et de façon

proactive face aux évolutions certaines ou simplement possibles.

Il s’agirait pour elle de définir une stratégie sociale, une stratégie commerciale, une stratégie

« Ressources Humaines ». C’est dans cette perspective que sont développées les préconisations

présentées dans la troisième partie du rapport.

Il conviendrait aussi dans ce scénario de mettre en place avec les autorités concernées des

chantiers pour traiter très en amont les questions qui se poseront inévitablement à la profession,

plutôt que de s’y résoudre une fois le changement advenu.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 169

Troisième partie : préconisations en matière de gestion des ressources

humaines et de formation

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III – Préconisations - introduction

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 170

III - Introduction

PORTEE ET LIMITES DU CEP Avant d’aborder les préconisations résultant du diagnostic et de l’analyse prospective, il convient

de rappeler la portée du CEP, qui dépend à la fois des limites classiques de l’exercice, du

contexte spécifique du secteur et de l’engagement des acteurs partenaires dans la construction

d’une politique de branche et de voies d’opérationnalisation.

La réalisation d’un CEP, dans une branche professionnelle, vise toujours plusieurs finalités.

C’est encore plus vrai pour ce premier CEP dans le secteur de la pharmacie d’officine.

Il s’agit d’abord de dresser un tableau du secteur qui structure les données et analyses produites

à son sujet, éclaire les acteurs décisionnaires pour son avenir mais dans lequel, également, les

professionnels du terrain puissent se reconnaître et reconnaître leurs intérêts. Cette dernière

condition est essentielle à la mise en œuvre des recommandations que formule le rapport.

Ce CEP s’efforce ainsi de refléter et d’interroger les représentations — souvent hétérogènes —

qui structurent aujourd’hui les pratiques des officines. Des changements — certains souhaités,

d’autres subis —se profilent ou commencent à se produire. Ils se construisent inévitablement sur

la base de ces représentations, lesquelles imprègnent durablement les personnes qui les portent,

leur masquant parfois les contraintes qui acculent aux évolutions.

Le CEP est essentiellement un instrument d’analyse commun aux employeurs et aux salariés des

entreprises officinales et à leurs représentants, mais également aux autres acteurs du système de

santé et du médicament : aux fournisseurs et prestataires des officines, aux autres professionnels

de santé — dans la mesure où les pratiques quotidiennes résultent d’une coopération — et bien

entendu aux patients et/ou clients bénéficiaires de leur action. Les intérêts de ces derniers sont

pris en compte de deux façons dans ce CEP : par un recours aux statistiques et aux analyses

sociologiques (sur les besoins et pratiques de consommation en matière de santé et de bien-

être) d’une part ; par la voix des pouvoirs publics (le ministère de la santé et l’assurance maladie)

d’autre part. Le CEP doit permettre à ces partenaires obligés de dialoguer et négocier ensemble

les voies d’adaptation et de développement les plus favorables dans le respect de leurs intérêts

respectifs.

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III – Introduction

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

171

Enfin, l’objectif ultime du CEP — notamment du point de vue du ministère de l’emploi, de la

cohésion sociale et du logement, qui s’y implique à cette fin — est de permettre aux partenaires

du secteur, au vu des évolutions souhaitables, de s’accorder sur les grandes orientations en

matière de gestion de l’emploi et des compétences de la branche. Cet objectif inclut une attention

particulière pour la politique et les modalités de développement de ces compétences et

notamment de la formation initiale et continue.

Les intérêts qui se sont exprimés, singuliers, parfois divergents mais toujours légitimes, ne

permettent pas de lever toutes les contradictions pour voir émerger la combinaison de solutions

souhaitables aux yeux de tous. La synthèse des analyses et positions reste en partie inaboutie,

laisse un espace ouvert à l’approfondissement des arguments et à d’autres débats.

Par ailleurs, l’avenir du secteur de l’officine, comme cela a été montré, ne dépend pas seulement

des acteurs de ce champ et d’une politique publique le concernant, mais d’interactions bien plus

complexes avec d’autres secteurs, régis par des intérêts, des modes d’exercice et des rythmes de

mutation contrastés : le système de santé et de soins français, la recherche et le développement,

la production et la distribution du médicament et bien sûr les effets de convergence des systèmes

européens, dont la pression s’accentue (malgré les différences). Si tous ces éléments ont pu être

intégrés dans la construction des hypothèses d’évolution, la complexité de leurs interactions

interdit tout pronostic précisément daté sur la plupart des changements pourtant décrits comme

inéluctables. Les recommandations ne peuvent donc s’accompagner d’un véritable plan d’action.

Pour autant, toute finalité opérationnelle n’est pas absente de cette partie du CEP dédiée aux

préconisations et significative de sa mission au service de la branche.

En effet, l’étude a permis de confronter différents projets d’évolution du système

emploi/formation — argumentés de longue date —en même temps que des points de blocage que

les partenaires s’accordent à vouloir dépasser. Il convenait donc de ne pas rester au milieu des

débats, mais de saisir l’opportunité du CEP pour aborder une phase de mise en œuvre concrète

des adaptations et transformations nécessaires.

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III – Introduction

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

172

La stratégie de gestion des ressources humaines de l’officine capable de répondre aux besoins du

pays d’une part, du secteur et de ses salariés d’autre part, constitue le cœur du CEP. Les

préconisations qui en relèvent se cristallisent notamment autour des périmètres redéfinis des

emplois types de l’officine, de la nouvelle échelle de responsabilités émergente et de l’évolution

des niveaux de qualification requise.

Mais la finalité opérationnelle du CEP s’exprime surtout dans les « projets d’action» destinés à

établir les bases approuvées par l’État et la branche — sinon consensuelles — de la formation

initiale et continue. Ils visent à souligner l’engagement des partenaires dans la construction d’un

objet-but déjà précis – les différents profils de la nouvelle officine — et leur volonté d’aboutir. Il

ne s’agit naturellement pas d’oublier, surtout pour la formation initiale, que les finalités,

contenus et modalités des dispositifs, tels qu’ils sont ébauchés, dépendent entre autres d’une

évolution de la réglementation.

SEPT DEFIS MAJEURS POUR LE SECTEUR DE L’OFFICINE

Au regard des enjeux, des variables significatives identifiées et des hypothèses d’évolution

analysées comme probables, sept défis majeurs devront être relevés par le secteur au cours des

années à venir, a fortiori s’il décide de s’engager dans la mise en œuvre du scénario le plus

volontariste.

Défi n° 1 : assumer la double nature de la profession pour mieux faire face à un contexte moins prometteur Comme cela a déjà été dit dans l’état des lieux, les pharmaciens officinaux endossent plus

volontiers, aux yeux de leurs pairs et du public, leur qualification de scientifiques spécialistes du

médicament que leur activité commerciale, qualifiée « d’exercice libéral ». Pendant longtemps,

cette posture n’a pas entravé la prospérité du secteur : le monopole de la dispensation et de la

vente de médicaments demeurait dans l’officine ; le contrôle du volume des dépenses de santé

n’était pas devenu une préoccupation majeure ; les marges garanties par la vente des

médicaments remboursables assuraient la viabilité des officines.

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III – Introduction

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

173

Malgré la volonté du secteur et de l’administration de protéger le monopole et de le conserver le

plus longtemps possible, il apparaît qu’à moyen terme, la coexistence d’autres lieux de

dispensation et de distribution se profile (notamment avec le développement de l’usage

d’internet). Par ailleurs, la sortie possible de l’officine d’autres médicaments et produits OTC et

de produits liés au bien être devrait aussi renforcer l’impact de la concurrence sur les revenus liés

à ces produits. Enfin, la tentative de maîtriser les dépenses de santé — notamment de limiter le

volume de vente des médicaments remboursables — se conjugue aux autres facteurs pour rendre

la prospérité des officines moins systématique.

Dans la mesure où le secteur cherche à conserver son réseau d’entreprises officinales, il est

indispensable que ces entreprises soient compétitives et dégagent des bénéfices suffisants pour

étoffer leurs équipes et offrir aux clients des services complets assurés par des personnels

qualifiés. Il faut donc que le rôle entrepreneurial soit également revendiqué et que les

compétences associées soient valorisées, pour les pharmaciens comme pour les autres profils de

l’officine. Tant que subsistera une réticence sur ce point, certaines officines — où l’on n’aura

pas assimilé l’importance d’une gestion vraiment professionnalisée — se mettront d’elles-mêmes

en difficulté.

Il est possible aujourd’hui de relever ce défi, car les jeunes générations — bien que tout aussi

“scientifiques” — se montrent décomplexées sur les sujets du commerce et du capital, qu’elles

avancent même comme une source de motivation importante dans le choix de la profession

officinale (si l’on en croit les déclarations de plusieurs étudiants).

Défi n° 2 : (re)conquérir sa légitimité comme acteur de santé Malgré la posture du pharmacien officinal qui vient d’être décrite, sa popularité auprès des

usagers et les espoirs que fondent les pouvoirs publics sur la place qu’il peut prendre au sein du

système de soins, sa légitimité comme acteur de santé n’est pas évidente. Lui-même se sent mal

considéré par ses pairs universitaires, hospitaliers ou industriels et regrette qu’on le voie presque

comme « un épicier ».

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III – Introduction

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

174

Si cette image est outrancière, elle n’est pas sans fondement188. En premier lieu, les compétences

qu’il déploie comme spécialiste du médicament dans l’acte de la dispensation sont peu visibles

aux yeux du profane. Ce qui se voit, c’est la vente des boîtes et la multiplication des produits

périphériques au médicament. Par ailleurs, la sollicitation réelle de son expertise, dans la

situation actuelle de l’exercice officinal, ne correspond pas, en volume d’activité, à la part la plus

importante de sa pratique, comme l’a montré l’enquête de terrain.

Pour autant, sa vigilance doit être constante, mais il est possible que sa seule pratique

quotidienne — et celle de son équipe — ne garantisse pas le maintien et le développement des

compétences nécessaires au regard de la responsabilité qu’il va devoir exercer.

L’obligation de formation qui concerne désormais le pharmacien et le préparateur, constitue

l’une des conditions pour relever ce défi, mais elle n’est pas la seule. Relever le défi n° 3

contribuera à la restauration de cette légitimité. Encore faut-il que l’organisation du travail et le

chiffre d’affaires de l’officine permettent de dégager le temps nécessaire.

Défi n° 3 : intégrer son nouveau rôle, ses nouvelles missions

Le développement du rôle et des responsabilités du pharmacien d’officine dans le système de

soins — tel qu’il se dessine aujourd’hui avec encore quelques incertitudes — rallie l’assentiment

de tous les professionnels.

Au regard du niveau de qualification du pharmacien, ce rôle semble justifié et utile. Mais il n’est

pas facile à endosser — la responsabilité assumée par le prescripteur-médecin constitue aussi un

confort — et de plus, comme cela vient d’être souligné, les nouvelles missions que devra remplir

l’officine exigent du temps, de la concentration, une autre conception de l’espace officinal et de

la répartition des tâches.

188 Une enquête portant sur l’élargissement des responsabilités du pharmacien et réalisée en février 2006 par l’IPSOS montre que si les Français se déclarent majoritairement prêts à accepter une prescription par le pharmacien des médicaments pour des pathologies à petits risques (73% d’opinion favorable), ils se déclarent en revanche peu favorables à une rédaction par ce dernier de l’ordonnance après le diagnostic du médecin (39% d’opinion favorable), et peu disposés à la modification ou l’adaptation du traitement par le pharmacien en fonction de l’évolution de la maladie (37% d’opinion favorable).

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III – Introduction

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175

Défi n° 4 : installer la démarche qualité À la suite d’autres secteurs et notamment du secteur hospitalier, celui de l’officine met en avant

la nécessité de développer la démarche qualité (processus qualité, contrôle de la qualité) et de

mettre en place une évaluation des pratiques. La complexité du médicament, les nouvelles

responsabilités à assumer, l’augmentation de l’effectif moyen de l’officine, la spécialisation des

profils, la place croissante des automates, l’exigence de sécurité sanitaire (notamment le respect

de la chaîne du froid) sont autant de raisons qui incitent en effet à doter les officines d’une

démarche et de procédures qualité.

Toutes les voies sont à explorer pour réussir ce défi, mais il convient d’éviter le risque des

« usines à gaz », caractérisées par une inflation de procédures pour la plupart inapplicables, a

fortiori dans des structures à faible effectif. La distinction entre démarche — ou processus —

d’une part, et procédures d’autre part doit être clairement établie. Le processus est orienté vers

des finalités définies mais laisse de la souplesse quant aux moyens à mettre en œuvre. La

procédure recouvre un enchaînement pré-déterminé d’actions189 auxquelles il ne peut être

dérogé. Les procédures sont indispensables dans certains cas — notamment liés à des actions à

risque — mais doivent être limitées à ces cas seulement. Il n’est pas possible de tout codifier,

surtout dans un domaine engageant fortement la responsabilité des professionnels. À côté des

démarches qualités, le renforcement des compétences et de la qualification constitue le rempart

évitant un excès de procédures.

Il reste toutefois difficile de diffuser les principes d’une démarche qualité dans de petites

structures, malgré le bénéfice en termes d’image et l’avantage concurrentiel que cela peut

représenter, surtout dans un premier temps. La réussite de ce défi repose beaucoup sur une

culture à insuffler dès la formation initiale des futurs personnels officinaux et sur une large mise

à disposition des critères, indicateurs et processus qualité.

Sur ce dernier point, la formation continue doit jouer un rôle de premier plan, renforcé dans

toutes les instances, tous les espaces où une mutualisation de bonnes pratiques est possible. Les

groupements, par exemple, peuvent exercer un effet catalyseur utile au développement de la

démarche.

189 Le « protocole » de soin, par exemple, correspond à une procédure.

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III – Préconisations - introduction

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 176

Défi n° 5 : adapter les profils Tout ce qui vient d’être énoncé implique la spécialisation des profils en fonction de

responsabilités mieux différenciées et leur adaptation à un niveau d’exigence plus élevé. La plus

large part des préconisations présentées dans les chapitres suivants concerne ce défi.

Défi n° 6 : repenser l’espace officinal Un important consensus des différents professionnels et experts consultés s’est manifesté sur la

nécessité de revoir la configuration spatiale de l’officine et de prévoir notamment un espace de

confidentialité. L’officine se présente en effet trop souvent comme un lieu peu propice au bon

exercice du conseil et de la dispensation éclairée, faute d’une intimité suffisante.

Les efforts de réaménagement que l’on peut constater actuellement visent essentiellement à

présenter un agencement « merchandisé », certes attractif et sans doute incitatif, mais où la place

dévolue au conseil, à la consultation en quête d’une opinion pharmaceutique, n’est pas évidente.

Les officines dans leur ensemble laissent peu de place à l’inventivité dans ce domaine et se

contentent le plus souvent de multiplier les comptoirs, ce qui reste presque sans effet sur la

perception générale du lieu. Dans le même ordre d’idées, l’espace officinal s’arrête le plus

souvent à la porte de l’officine, alors que le déplacement au domicile du patient ou dans des

lieux de soins élargirait cet espace, donnant lieu à d’autres relations et d’autres services.

Pour relever ce défi, il serait sans doute souhaitable que l’officine française s’ouvre un peu plus

sur l’extérieur et s’inspire d’autres formes d’exercice de la dispensation, afin de s’échapper du

cadre familier qui semble la contraindre. Plusieurs possibilités s’offrent pour aller sur le terrain

du patient : dispenser à domicile, dans les maisons de retraite, les établissements de cure ; assurer

une présence dans les centres de consultation médicale pour analyser la prescription et organiser

la délivrance ultérieure de l’ordonnance sans que le patient ait à se déplacer ; diffuser dans ces

différents lieux une information de prévention ou de sécurité sanitaire…

Une telle dynamique implique que le pharmacien et son équipe s’inscrivent dans une coopération

plus étroite avec les autres professions du réseau de soins. Le défi ne dépend donc pas

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III – Introduction

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

177

exclusivement de la profession. Il faut également cultiver la volonté chez les autres acteurs —

notamment les médecins — d’entrer dans cette logique.

Défi n° 7 : retenir ses salariés L’un des enjeux annoncés du CEP était de redonner une attractivité au secteur de l’officine, pour

les pharmaciens et les préparateurs surtout, certains secteurs géographiques relevant même une

pénurie inquiétante de candidats.

Cet enjeu est important et des solutions ont été imaginées, mais le défi est moins d’attirer les

vocations — en période de chômage, un secteur bien portant reste convoité quelles que soient les

conditions de rémunération et de travail —que de retenir les personnels. Les profils de

pharmaciens et de préparateurs sont recherchés ailleurs que dans l’officine et d’autres lieux

d’exercice se montrent plus convaincants sur la rétribution ou plus capables de maintenir un bon

niveau de motivation.

C’est là typiquement un défi de gestion des ressources humaines. Le turn over n’est pas toujours

un handicap, mais si le secteur envisage effectivement un autre rayonnement et une autre voilure

pour ses officines — dans le cadre de missions élargies et anoblies — il est déterminant de le

relever.

Bien que de nature différente, ces sept défis revêtent une importance comparable. Plusieurs

d’entre eux sont d’évidence étroitement interdépendants. Les préconisations présentées dans les

chapitres suivants ont été définies dans la perspective de les relever tous.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 178

III - Chapitre 1

LES ORIENTATIONS A PRIVILEGIER EN TERMES DE GESTION DES RESSOURCES HUMAINES

LES VISIONS ET INTERETS DIVERGENTS A RECONCILIER

Les angles de vue principaux La pharmacie d’officine appartient au monde plus vaste de la pharmacie, qui trouve à

s’exprimer professionnellement dans des milieux très différents mais se fonde sur une culture

et un savoir communs acquis notamment lors de la formation initiale de ses membres (pour

les pharmaciens essentiellement, mais aussi les préparateurs).

Encore au-delà, d’autres « mondes » avec lesquels ce secteur doit composer — soit parce

qu’ils surdéterminent son action (l’Etat), soit parce qu’ils font partie de sa chaîne de travail —

ont déjà été évoqués. À l’intérieur même de chacun de ces mondes se confrontent en outre des

opinions différenciées : ainsi, si les employeurs et les salariés du secteur de l’officine ont

naturellement des projets communs, ils défendent aussi des intérêts qui leur sont propres, à

partir desquels il convient de dégager des voies acceptables par tous.

Sans trop verser dans la caricature il semble utile de résumer ici les spécificités, intérêts et

représentations des acteurs les plus déterminants dans la constitution des compétences et des

pratiques professionnelles et sociales du secteur. La position construite dans ce CEP — en

fonction des contraintes anticipées et d’un avenir voulu — pourra ainsi se manifester

clairement, s’appuyant le plus possible sur la réconciliation des points de vue, mais se

distinguant parfois de certains d’entre eux.

CEUX DU MONDE « SCIENTIFIQUE » Le monde « scientifique » de la pharmacie, dans lequel tous les pharmaciens se reconnaissent

à des degrés divers, s’exprime essentiellement par la voix de l’université et de la recherche.

Sa position — qui n’est naturellement pas univoque — s’avère déterminante puisqu’elle

façonne la construction des savoirs fondamentaux et la conception de la pratique et de la

déontologie d’exercice.

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III – Préconisations - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 179

Le monde scientifique est attaché à la qualité et à l’exhaustivité des savoirs relevant de la

sphère de la pharmacie et à la construction d’une compétence particulière à forte valeur

ajoutée, celle du pharmacien. Cette compétence doit inclure des savoirs sans cesse actualisés

et anticipant même — grâce à l’irrigation des enseignements par les travaux de recherche —

le positionnement et les capacités d’intervention du pharmacien de demain.

Ces savoirs, cette compétence, sont d’abord conçus dans la perspective d’une traduction en

actes professionnels au niveau le plus élevé. Les enseignements liés aux orientations des

différents cursus viennent ensuite relativiser l’exigence et la complexité des connaissances à

acquérir et rapprocher l’étudiant de son futur terrain d’insertion professionnelle, mais la

conception « haute » de la pharmacie continue de marquer les esprits.

Si la gestion a fait son apparition dans les cursus de la faculté, la partie commerciale du

métier de pharmacien d’officine reste entachée de suspicion : certains parlent d’une « dérive

commerciale » des officines qui s’est installée sous différentes pressions et doit être

combattue. Pour le « monde scientifique », le pharmacien d’officine doit être recadré comme

« auteur d’un acte pharmaceutique », pour une meilleure dispensation.

Mais il faut souligner que la perception du « monde de l’officine » par le « monde

scientifique » s’appuie rarement sur une connaissance authentique du terrain ou de la façon

dont est concrètement sollicitée son expertise, dans les rapports aux clients et aux soignants

(ce qui est d’ailleurs reproché aux enseignements des facultés par les officinaux). Dans cette

représentation, le monde de l’officine s’arrête pratiquement au pharmacien, à la partie du

travail qui requiert en effet un niveau élevé de connaissances et de responsabilité.

CEUX DES EMPLOYEURS DU TERRAIN L’activité réelle d’une officine, telle qu’elle s’est traduite dans les référentiels décrits à partir

de l’observation du terrain et des témoignages des équipes, se passe souvent à des niveaux

d’intervention autres que ceux valorisés par le monde scientifique, mais aussi importants du

point de vue des patients et clients. Les savoirs scientifiques du pharmacien ne suffisent ni à

l’exercer, ni à en rendre compte.

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III - Préconisations - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

180

Ainsi les titulaires sont-ils en premier lieu confrontés à la contrainte de gestion économique

d’une entreprise. Dans cette optique, le recours aux profils de préparateurs, mais aussi de

personnels « non santé » — vendeurs, comptable, dermo cosméticien, rayonniste…—

s’impose dès que l’officine croît en effectifs à la fois :

- pour la rentabilité de l’entreprise

- pour le maintien d’une qualité de vie des titulaires (qui n’ont ainsi pas l’obligation de

tout faire)

- pour le maintien de la motivation des adjoints et l’utilisation pertinente de leur

qualification.

Même si l’évolution professionnelle « intellectuelle » ou « noble » du métier fait rêver

tous les pharmaciens, ce sont les contraintes économiques qui priment, aux yeux des

employeurs du terrain, en premier lieu pour la rentabilité de leur propre investissement.

Comme dans toute PME, il s’agit pour l’employeur de réaliser l’adéquation

homme/emploi la plus pertinente, au coût du marché et des conventions collectives, avec

le souci de dégager les meilleurs bénéfices possibles.

Dans ces conditions, le niveau de qualification doit correspondre aux besoins réels qu’il

rencontre au quotidien. C’est lui qui tranche finalement — en fonction de l’état du marché

de l’emploi naturellement — sur le type de recrutement qu’il effectue, le profil qu’il

privilégie pour réaliser les activités de son officine. Par ses recrutements, l’organisation du

travail qu’il met en place et la gestion des compétences de son équipe, il endosse la

responsabilité, en accord avec la réglementation, du service qu’il assure.

La prise en charge de missions nouvelles peut, de son point de vue, se confondre pour

partie avec la posture déontologique normale du pharmacien, mais selon la charge que

cela engendre, il sera conduit à poser la question en termes économiques et

éventuellement à ne pas assumer ces missions sans contrepartie.

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III - Préconisations - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

181

CEUX DES SALARIES DU TERRAIN Les différents emplois de l’officine ont des intérêts particuliers qui parfois les opposent.

Certains emplois plus que d’autres, perçus comme inadaptés et menacés, ont pour première

préoccupation la restauration de leur légitimité et une redéfinition des contenus du travail.

L’intérêt collectif des salariés comporte néanmoins plusieurs éléments qui leur sont communs

parmi lesquels : la défense de leurs acquis et le souci de voir évoluer leur qualification, leur

statut, leur rétribution, leurs perspectives de carrière au sein de l’officine ou dans d’autres

lieux d’exercice, et leurs possibilités d’acquérir de nouvelles compétences et de se former

« tout au long de la vie ».

Ainsi les perspectives de développement, liées aux nouvelles missions de l’officine,

constituent-elles pour tous une opportunité de modifier la nature de leurs contributions et de

permettre à celles-ci d’être reconsidérées, ce dont elles avaient de toute façon besoin, si l’on

en croit les résultats de l’enquête de terrain. Mais il s’agit d’obtenir une réhabilitation de la

qualification (et pour les préparateurs une élévation du niveau de diplôme) sans pénaliser les

salariés issus des systèmes antérieurs de formation et de certification.

Les salariés « santé » peuvent s’appuyer sur une revalorisation généralisée des professions

« intermédiaires » de santé, une redistribution des responsabilités en France et en Europe (cf.

le droit de prescription élargi accordé aux infirmières et aux pharmaciens britanniques). Ces

évolutions sont au demeurant décriées par une partie du monde scientifique, mais semblent

correspondre à la réalité des besoins et aux ressources disponibles.

La réussite économique du secteur de l’officine concerne indirectement les salariés, dans la

mesure où elle leur offre un terrain d’insertion qui se trouve être aujourd’hui le premier

employeur dans les professions du médicament et des produits de santé et de bien-être. Il faut

noter toutefois que si le système de distribution des médicaments était modifié (avec par

exemple un recul de l’exercice libéral et le développement de chaînes de distribution

spécialisées ) cela ne compromettrait pas les perspectives d’emploi de la plupart des salariés

de l’officine d’aujourd’hui, même si les conditions de travail devaient en être

considérablement altérées.

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III - Préconisations - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

182

CEUX DES POUVOIRS PUBLICS

L’angle de vue des pouvoirs publics a déjà été abordé à maintes reprises : son filtre principal

est désormais la volonté de maîtrise des dépenses de santé.

L’officine, premier recours dans le parcours de soins, est un partenaire auquel il semble

pertinent de faire jouer un rôle important : il peut — sans faire courir de risque en termes de

sécurité sanitaire, sous réserve d’une mise sous contrôle de son expertise — permettre de

limiter les dépenses publiques en matière de médicament (ce qui ne constitue pas le premier

poste de dépense pour l’assurance maladie) et il peut aussi contribuer à réduire le recours

excessif à l’appareil médico-hospitalier, plus onéreux.

Les pouvoirs publics ont donc intérêt à favoriser l’élévation des niveaux de qualification —

que symbolise l’obligation de formation pour les pharmaciens et les préparateurs— les

démarches qualité, comme tout ce qui contribue à la sécurisation du parcours de soins.

En revanche, dans la logique même de la maîtrise des dépenses, la prise en charge d’une

rétribution des personnels officinaux pour leurs nouvelles missions ne fait pas partie des

priorités de l’assurance maladie.

L’évolution du code de la santé et des contenus de formation — conditionnant l’exercice du

pharmacien et du préparateur d’officine et leur formation —devrait aller de pair avec la

révision des responsabilités des différents emplois de l’officine. La mise en œuvre s’en révèle

lente et délicate. Les préoccupations respectives des différents ministères et services

impliqués peuvent devenir génératrices d’incompréhensions voire de contradictions qui

freinent le mouvement, avec le risque de voir s’accentuer la déconnexion entre les textes

réglementaires et la réalité du terrain et de l’exercice.

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183

CEUX DE L’APPAREIL DE FORMATION La formation initiale des pharmaciens est assurée exclusivement par l’université, dont la

vision se superpose largement à celle du « monde scientifique ».

Les opérateurs de formation initiale et continue préparant aux métiers de l’officine — dont les

universités —présentent de grandes différences de statut, de tutelle, de qualifications ou

diplômes visés. Des établissements identiques peuvent aussi se distinguer par les contenus de

leurs dispositifs, leurs méthodes pédagogiques, l’expérience et les références de leurs

intervenants.

Parmi les opérateurs de formation du secteur de l’officine se trouvent également les

laboratoires pharmaceutiques dont l’intervention, — même si elle contribue effectivement à la

connaissance de certaines recherches et de produits et donc au développement de

compétences professionnelles — comporte une visée publicitaire directe ou indirecte.

En revanche, tous les opérateurs ont en commun la volonté de développer leur structure, et

donc leur rayonnement en termes de nombre de bénéficiaires, d’image, de présence sur le

marché du travail des profils qu’ils ont contribué à former.

Vers une synthèse des points de vue

Un arbitrage de type gagnant/gagnant doit conjuguer les perspectives de rentabilité des

entreprises, la place de l’officine dans le système de santé, le souci de sécurité sanitaire et le

service rendu aux clients et patients, donnant ainsi de belles perspectives à la fois aux

pharmaciens titulaires, aux pharmaciens adjoints, aux préparateurs et aux autres employés.

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III - Préconisations - chapitre 1

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184

LES AXES DE DEVELOPPEMENT A PRIVILEGIER, SELON LA BRANCHE

Assumer le renforcement de la complexité des activités, pour tous les profils

Avec l’accroissement des missions confiées aux pharmaciens dans le système de santé, les

officinaux s’attendent donc à une variété et une complexité accrues des activités assumées

dans les officines, qui devraient exiger un développement des connaissances et du niveau, sur

le plan scientifique notamment, des pharmaciens et des préparateurs.

Les constats190 soulignant le pourcentage important d’activités d’officine réalisées

indifféremment et de façon adaptée aussi bien par les titulaires, les adjoints que les

préparateurs ne sont contestés par personne et sont imputés aux contraintes d’exercice.

La profession en comprend les conséquences en matière de démotivation des adjoints (dont

les connaissances sont sous-utilisées) et de frustration des préparateurs (qui perçoivent une

rémunération inférieure pour une activité assez similaire).

Du strict point de vue de la gestion des ressources humaines, l’activité actuelle de l’officine

ne justifie pas une prise en charge des clients par des pharmaciens uniquement ou

majoritairement. En revanche, les perspectives d’évolution prévues pour la profession

constituent une opportunité pour la branche qu’il faut saisir. La convergence de vues se

réalise donc sur la nécessité de faire accepter par le terrain ces responsabilités nouvelles et la

montée en compétences des pharmaciens comme des préparateurs, pour prendre une part plus

importante dans la santé publique et le parcours de soins.

190 Il s’agit des résultats quantitatifs — issus de l'enquête par questionnaire et des observations réalisées lors d’immersions d’une semaine dans un échantillon d’officines.

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III - Préconisations - chapitre 1

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185

Recentrer les emplois sur leur cœur de métier propre

Cette option s’accompagne d’une redéfinition des périmètres respectifs de responsabilité et

d’activité des emplois de l’officine, sans toutefois que le patient /client ait à en supporter des

conséquences négatives. Il ne s’agit naturellement pas de découper la prise en charge

« pharmaceutique » du patient, mais bien d’avoir une vision claire de la posture et des actions

qui doivent être conduites par chacun dans le cadre réglementaire de sa responsabilité.

Une telle évolution est possible pour des entreprises composées d’au moins cinq ou six

personnes, la polyvalence demeurant inévitable dans les toutes petites officines.

Repréciser le périmètre des activités du pharmacien L’évolution du rôle du pharmacien dépend évidemment de l’évolution de la réglementation et

de la part qu’il prendra dans la prescription. Il doit se préparer à voir son activité, au cours des

prochaines années, se recentrer et se développer sur :

- ce qui relève de son expertise du médicament : la dispensation ; le conseil hors

prescription médicale ; le rôle éventuel de pharmacien prescripteur (notamment sur le

petit risque) ; le rôle de référent du médicament au sein du réseau de soins ; les

activités de prévention ; la prise en charge du suivi des malades chroniques et de la

toxicomanie ; l’expression d’une opinion pharmaceutique qui peut entraîner une

concertation avec le médecin ; la cogestion médecin-pharmacien du dossier médical

personnel (DMP) par la constitution du dossier pharmaceutique du patient, etc.

- le management de son équipe (l’équipe officinale pour le titulaire, une équipe

restreinte plus spécialisée, le cas échéant, pour l’adjoint)

- la supervision de la gestion de son entreprise (pour le titulaire mais aussi l’adjoint).

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186

Renforcer l’attractivité et redéfinir le contenu du métier pour les deux emplois sensibles : le pharmacien adjoint et le préparateur

LE PHARMACIEN ADJOINT

Si la place de l’officine dans le système de santé publique est renforcée, l’adjoint devrait

bénéficier automatiquement d’une revalorisation scientifique de son rôle qui pourrait rendre la

fonction plus attractive qu’elle ne l’est aujourd’hui (les facteurs de démotivation cités en

premier lieu par les adjoints ne sont pas le salaire ni les conditions de travail, mais bien

l’absence de perspectives de carrière, le décalage entre le diplôme et la réalité du métier, le

manque de valorisation de leurs compétences).

La stratégie sociale reste certes à négocier, mais la prise de participation des adjoints (levier

d’implication et de fidélisation) ne fait plus de doute. L’introduction du système de parts en

industrie, qui permet de préserver le capital officinal, laisse envisager une participation plus

générale des salariés aux bénéfices. Cela s’impose, de même que la construction de

perspectives de carrière et de passerelles pour favoriser l’attractivité de l’officine et y fidéliser

des salariés qui ont aujourd’hui tendance à s’évader vers d’autres lieux d’exercice.

LE PREPARATEUR 191

Si l’on s’achemine vers une réorientation des activités du titulaire et de l’adjoint sur

l’expertise scientifique de leur métier, la participation du préparateur à l’activité de l’officine

telle qu’elle se présente aujourd’hui (spécialisation, qualité de la relation et du service, prise

en charge des tâches administratives liées à la délivrance du médicament…) redevient

centrale.

Il semble alors important de redéfinir plus précisément le rôle et les responsabilités du

préparateur. Il s’agit en particulier de le recentrer sur son cœur de métier officinal, qui est le

médicament. Les tâches administratives, les spécialisations liées aux activités tournées vers le

bien-être peuvent être prises en charge par d’autres profils, si la taille de l’officine le permet.

Par ailleurs, le préparateur peut également s’orienter vers une spécialisation.

191 L’intitulé de fonction “préparateur” ne semble plus adapté dans la plupart des cas d’exercice, la part de la préparation, sauf exception, étant considérablement réduite. Quelques suggestions ont été émises pour renommer cette fonction : technicien pharmaceutique, assistant technique d'officine, assistant technique en pharmacie.

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III - Préconisations - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

187

Une responsabilité renforcée, à inscrire dans le code des professions de santé

Actuellement, selon les dispositions du code de la santé publique, le préparateur assume ses

tâches sous la responsabilité et le contrôle effectif d’un pharmacien, celui-ci pouvant être le

titulaire de l’officine, un pharmacien adjoint ou encore un pharmacien remplaçant, sa

responsabilité pénale demeurant engagée (article L 4241-1 du code de la santé publique).

Les textes s’avèrent relativement imprécis et laissent la place à des interprétations différentes,

ainsi que cela a déjà été évoqué. La branche officine estime qu’il serait utile de préciser

jusqu’où va la responsabilité du préparateur dans la délivrance, son cœur de métier, et

souhaiterait que cela soit explicite dans la législation, à plus forte raison si les missions de

santé publique de l’officine viennent à se renforcer, imposant que le pharmacien dégage de la

disponibilité pour ces activités.

La notion de contrôle effectif, notamment, mériterait, du point de vue de la branche

professionnelle, d’être mieux définie dans le code, le Ministère de la santé estimant pour sa

part que le texte convient et qu’il n’est pas nécessaire d’affiner cette définition. Le secteur de

l’officine souhaiterait essentiellement que les textes mentionnent qu’ « un pharmacien doit

être présent dans l’espace officinal pour assumer une responsabilité de prise en charge au cas

où le préparateur ou un patient le demande », plutôt que de faire référence à un « contrôle

effectif ».

Quoiqu’il en soit, son expérience et la technologie dont on dispose aujourd’hui permettent au

préparateur de délivrer le médicament, dans un certain nombre de cas, sans contrôle

concomittant à la délivrance de l’ordonnance de la part du pharmacien. Dès qu’une alerte est

déclenchée — ce qui ne correspond pas à la situation la plus fréquente — il doit soumettre le

cas au pharmacien présent dans l’officine.

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III - Préconisations - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

188

Il convient de souligner ici que la position de l’Ordre192 et de l’Université est plus frileuse

quant à la compétence des préparateurs à exercer des responsabilités accrues, l’analyse de

l’ordonnance constituant selon eux un tout abstrait, difficile à expliciter, mais qui requiert

véritablement des connaissances et un raisonnement méthodologique relevant de l’expertise

du pharmacien.

Toutefois, avec une élévation du niveau de formation des préparateurs, une description

précise de leur périmètre d’action et de responsabilité et la mise en place des processus qualité

(incluant des démarches d’assurance et de contrôle de la qualité), cette réticence devrait

s’estomper.

Si l’on considère, comme cela vient d’être dit plus haut, que la prise en charge du patient est

globale, dépend de sa personnalité et de sa pathologie, il convient de prévoir une procédure de

prise en charge, en fonction de sa demande et de son besoin, assez précise. L’orientation au

sein des différents espaces de l’officine devient un facteur déterminant pour que cette

opération se passe bien auprès de l’intervenant légitime, sans que le patient ait l’impression

d’être balloté et par là-même déshumanisé (comme cela peut être le cas chez les spécialistes

ou dans les établissements hospitaliers, où le patient se confond avec son symptôme).

La frontière entre les activités du pharmacien et du préparateur, au sein de l’officine

Ce point a fait l’objet de la suggestion suivante, qui reste à étudier plus attentivement :

- La dispensation dans les cas complexes et la prescription seraient dévolues au

pharmacien, qui assumerait aussi la coordination avec le réseau de santé, notamment

avec les médecins. La prescription par les pharmaciens est déjà assurée dans le cadre

de l’automédication pour les pathologies bénignes, des produits de sevrage du tabac,

de la contraception d’urgence, de la substitution. Les pharmaciens estiment qu’ils

devraient pouvoir officiellement prescrire certains médicaments193, pour les

192 Selon l’ordre des pharmaciens, l’analyse de l’ordonnance constitue une entité non fractionnable qui requiert des connaissances et un raisonnement méthodologique relevant de l’expertise du pharmacien, d’où l’importance de faire en sorte que les dispositions de l’article L 4241-1 soient strictement respectées. 193 L’extension de la possibilité de prescription par le pharmacien fait l’objet de controverses, notamment de la part des médecins, comme cela a déjà été évoqué dans l’analyse prospective. Selon le code de déontologie des médecins (article 8 du décret du 6 septembre 1995) « le médecin est libre de ses prescriptions ». Il s’agit là d’un principe fondamental associé à

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III - Préconisations - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

189

pathologies bénignes notamment, éventuellement dans le cadre d’une prestation

rémunérée. Ils insistent en particulier sur la valorisation de leur rôle auprès des clients

que leur apporterait cette possibilité de prescrire.

- La délivrance de l’ordonnance sans risque détecté — même délicate, mais qui revient

chaque mois — pourrait relever de la responsabilité du préparateur.

Les questions à résoudre

Dans le travail de définition du périmètre de responsabilité du préparateur, certaines des

questions à résoudre sont déjà repérées, parmi lesquelles :

- Le degré d’autonomie du préparateur, les obligations et les modalités du « rendre

compte » au pharmacien, notamment pour le suivi des patients chroniques.

- L’accès au dossier patient (quand il sera mis en place) : les préparateurs pourraient, en

fonction de nouvelles prérogatives, disposer d’un accès sécurisé à une partie de ce

dossier (différents niveaux de sécurité sont à prévoir selon le type d’information que

doit connaître celui qui intervient dans la dispensation ou la délivrance).

- La délivrance de l’ordonnance et le suivi des patients (en orthopédie notamment) à

domicile, ou en maison de retraite, pourraient entrer dans le champ d’activité du

préparateur sous réserve d’une évolution du code.

Un risque de blocage à dépasser

Une telle orientation de l’organisation et des responsabilités au sein de l’officine va dans le

sens des propos du Ministre de la Santé194 sur la délégation de tâches : propos prononcés en

référence à la délégation de certains actes médicaux et non pharmaciens, mais qui soulignent

la nécessité de repositionner et valoriser plus largement les professionnels de santé non

médecins.

Un écueil possible se dessine déjà. Du côté des pouvoirs publics, on envisage d’inscrire la

responsabilité dans le code à la condition que le périmètre d’activité du préparateur ait été

préalablement redéfini et la formation orientée en conséquence, de façon à s’assurer que le

l’indépendance professionnelle du médecin. Cette possibilité devrait en tout cas être accompagnée d’un renforcement de la formation des pharmaciens et impliquerait l’existence d’un espace de confidentialité dans l’officine. 194 cf. l’interview du Xavier Bertrand et François Goulard dans le Quotidien du médecin du 16 novembre 2005.

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III - Préconisations - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

190

niveau de compétence requis est généralement atteint (y compris par les diplômés les plus

récents et encore inexpérimentés). Les représentants de la profession souhaitent au contraire

que la volonté politique se traduise dans le code et qu’ensuite seulement, le périmètre soit

redéfini selon les besoins pour qu’enfin, la formation intègre les modifications nécessaires.

Le rejet de l’initiative d’un groupe d’acteurs sur un autre risque de ralentir inutilement un

processus réellement moteur pour l’officine et la profession de préparateur. La modification

du code implique une réflexion sur le périmètre de responsabilité, qui doit être défini avant de

pouvoir être qualifié dans un texte. En revanche, il semble logique d’attendre la modification

réglementaire avant de réorienter les cursus. Dans le cadre de ce CEP, la branche a déjà

consulté les organismes de formation sur les évolutions souhaitables des programmes pour

répondre aux évolutions des exigences d’exercice et des niveaux de qualification requis tels

qu’elle les pressent. Elle pourra poursuivre cette réflexion sur les contenus et y associer les

formateurs afin de préparer le chemin vers la configuration prévue.

Des perspectives de carrière à développer

Le problème du manque de préparateurs risque de se présenter de façon plus aiguë que celui

du manque de pharmaciens adjoints. Au-delà de la revalorisation salariale, la question posée

aujourd’hui est aussi celle des perspectives pour des préparateurs qui intègrent leur cursus

avec le bac et trouvent davantage de possibilités d’évolution dans des secteurs plus

commerciaux.

Il convient donc également d’introduire des possibilités d’évolution de carrière (vers

l’encadrement, vers une spécialisation) et un accès par VAE aux études de pharmacie pour

ceux qui le désirent et le peuvent.

Promouvoir une nouvelle répartition des tâches

PAR LA CREATION D’UN SECRETARIAT DE PHARMACIE L’extrême polyvalence constatée (inévitable, cela a été dit, si l’officine est petite) n’apparaît

pas pertinente à l’avenir. Les conditions de réussite économique, la concurrence, la croissance

en taille de l’officine moyenne imposent un meilleur partage des tâches.

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III - Préconisations - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

191

Pour que chacun puisse se recentrer davantage sur son cœur de métier et compte tenu de

l’ampleur prise par les tâches administratives, la création d’un échelon administratif au sein

de l’officine semble souhaitable . Un secrétariat dédié (qui existe de plus en plus

fréquemment) permettrait au titulaire de se consacrer à ses vraies missions.

PAR LA RECONNAISSANCE D’EMPLOIS-TYPES EXTERNES AUX PROFESSIONS DE SANTE AU

SEIN DE L’OFFICINE

Dans l’officine d’aujourd’hui, pour un certain type d’activités (par exemple la dermo

cosmétique, la parapharmacie), des profils « non santé » sont parfaitement à leur place, ce que

reconnaissent volontiers les nombreux employeurs qui y ont recours.

L’appellation officielle « autres employés », que l’on trouve dans les statistiques du secteur,

reflète une piètre considération à leur égard. La méconnaissance des activités que ces

employés réalisent et leur importance pour l’économie et la vie de l’officine donne à

envisager une prise en charge de la gestion des ressources humaines bien mal assumée, qu’il

est impératif de développer très rapidement chez les officinaux. La reconnaissance au sein de

l’officine existe souvent mais elle est insuffisante. La réalité des autres activités doit être

mieux décrite et reconnue à l’échelle de la branche.

Agir sur un plus grand nombre de leviers de management Si les professionnels marquent un intérêt certain pour ces sujets et souhaitent les voir mieux

abordés dans la formation initiale et continue195, les pratiques en matière de management

d’équipe et de système contribution/rétribution – au delà de la seule rémunération — restent

peu attractives dans l’ensemble.

L’intéressement des salariés aux bénéfices par le système des parts en industrie, déjà cité,

correspond parfaitement à la taille des entreprises officinales et au mode de fonctionnement

du secteur.

195 Ainsi que le montre l’enquête par questionnaire.

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III - Préconisations - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

192

La possibilité de créer des pôles d’activités différenciés et des échelons d’encadrement

intermédiaires afin de définir des parcours professionnels moins linéaires, en proposant des

évolutions horizontales ou verticales, même limitées par la taille de l’officine, est souvent

évoquée.

Multiplier l’accès à l’information et à la formation — pour tous les personnels — constitue

aussi une voie et une nécessité si l’évolution des missions et des responsabilités se confirme.

Les contraintes de la petite entreprise peuvent aujourd’hui être prises en compte grâce au

développement des modalités de formation à distance (même si elles ne doivent pas être les

seules).

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III- Préconisations - chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

193

III - Chapitre 2

LES ORIENTATIONS DE LA FORMATION INITIALE

LES PRINCIPES GENERAUX QUI DEVRAIENT PRESIDER A LA REVISION DES

CURSUS Les propositions de révision des cursus de formation initiale tiennent compte à la fois des

attentes manifestées lors de l’enquête de terrain, des réflexions déjà avancées des

commissions pédagogiques de la pharmacie et, naturellement, des évolutions prévues des

missions et responsabilités. Elles se limitent aux cursus initiaux des professions de santé,

pharmaciens et préparateurs.

Si les recommandations sont différenciées selon les cursus, certains principes généraux

pour la formation se dégagent.

Développer le lien entre formation initiale et activité en situation professionnelle

CONCEVOIR LES CURSUS EN FONCTION DE REFERENTIELS FORMALISES D’ACTIVITES ET DE

COMPETENCES DES EMPLOIS, LIES AUX DIFFERENTS LIEUX D’EXERCICE

La pratique de conception de dispositifs de formation adossés à des référentiels d’activités et

de compétences validés par des professionnels, d’abord centrée sur l’élaboration de titres et de

certificats de qualification professionnelle concernant les niveaux V et IV, se diffuse

désormais pour tous les niveaux de titres et de diplômes.

Elle connaît en effet du succès auprès des employeurs et des apprenants grâce à la proximité

des acquis de formation et des situations d’exercice. Elle conduit en outre à organiser des

unités de formation et des modules qui, pris séparément, font sens au regard de l’activité

professionnelle196. Cette pratique de « modularisation » des cursus autorise mieux la

196 Ainsi, un salarié en poste peut très bien intégrer un module de quelques jours — mais faisant partie d’un cursus complet — pour développer ses compétences sur un domaine précis… ce module ou cette unité de formation donnant lieu à une validation, il pourra ultérieurement la faire valoir, s’il le souhaite, dans le cadre d’une certification ou d’une VAE.

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III- Préconisations - chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

194

formation « tout au long de la vie », et permet d’acquérir les connaissances manquantes pour

compléter une procédure de VAE.

Des enseignements universitaires commencent à suivre cette voie, certains en maintenant un

découpage disciplinaire, d’autres en adoptant le principe des modules à visée professionnelle,

d’autres enfin en combinant les deux pratiques.

Quels que soient les choix futurs pour les études de pharmacie, qui ne se situent pas encore

dans cette logique, le manque de référentiels197 d’activités formalisées commence à être

ressenti.

Des référentiels-cibles pour les emplois-types de pharmacien et de préparateur

Ce CEP a permis de décrire les grandes missions, activités et compétences exercées en

officine198, et d’ébaucher, pour les deux emplois-types de pharmacien et de préparateur, des

référentiels-cibles199. Ces derniers concernent les emplois tels qu’ils devraient évoluer sur la

période considérée.

Ces référentiels-cibles sont centrés sur des emplois-types200, c’est-à-dire des constructions

abstraites qui ne correspondent pas exactement aux situations réelles et différenciées d’emploi

que l’on rencontre sur le terrain.

On retrouve dans ces référentiels-cibles une partie des missions, activités et compétences

décrites dans le référentiel de l’officine, établi sur la base des activités réelles et actuelles

constatées lors des investigations dans les officines. La totalité des activités concrètement

exercées a sans doute pu être observée, puisque tous les types d’officines — même les

officines pionnières par la taille, la spécialisation et l’organisation du travail — ont été

auscultés.

197 Un référentiel d’activités et de compétences existe en revanche pour le métier de préparateur, et a été réinvesti en partie dans le nouveau référentiel-cible, ce dernier tenant compte des évolutions prévisibles de ce métier. 198 Voir annexe 6, Tome II – Données annexes – Le référentiel de l’officine, organisé autour des activités et compétences exercées dans une officine, sans affecter ces activités à un métier précis. Ce type de référentiel répond aux questions : quelles activités sont exercées dans l’officine ? Que faut-il savoir, quelles méthodes et techniques utiliser, quels comportements adopter pour réaliser ces activités ? Il ne distingue pas les métiers et les profils requis pour réaliser ces activités. 199 Ces deux référentiels-cibles sont présentés dans les parties consacrées aux projets d’actions respectifs pour la formation initiale des pharmaciens et pour celle des préparateurs. 200 Cf. glossaire

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III- Préconisations - chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

195

Mais ils décrivent aussi des missions, activités et compétences nouvelles ou redéfinies, que

devront déployer les pharmaciens d’une part, les préparateurs d’autre part dans l’officine telle

qu’elle se dessine.

Enfin, ils sont surtout centrés sur le cœur de métier de chaque emploi-type, et donc délestés

d’une grande partie des activités que réalisent pourtant, aujourd’hui, les pharmaciens et/ou les

préparateurs dans leur officine, mais dont on a considéré qu’elles pouvaient être prises en

charge par d’autres employés de l’officine (secrétaire, vendeur, stockiste, comptable, etc.).

Cela ne signifie pas que ces activités ne seront plus assumées, demain, dans telle ou telle

officine par les pharmaciens et les préparateurs. Mais l’évolution de l’organisation du travail

et de la taille des structures devrait progressivement favoriser la délégation de ces tâches, à

plus ou moins longue échéance, à d’autres profils, dans une majorité d’officines.

Le mode d’usage des référentiels-cibles

Les référentiels-cibles consacrés au pharmacien d’officine et au préparateur pourront servir de

base à la finalisation — par les acteurs de la branche — de référentiels plus détaillés en

termes de savoirs et méthodes notamment. Ils ont été établis au regard des référentiels actuels

d’activités de l’officine, déjà évoqués, et des propositions des groupes de travail réunis à

l’occasion de ce CEP.

Les référentiels détaillés élaborés à partir de ces référentiels-cibles seront utiles pour

concevoir, au sein des cursus de formation initiale, la partie des programmes consacrée à la

filière officine, en la reliant étroitement aux activités professionnelles relatives à ce lieu

d’exercice de la profession. Cela permettra de viser des acquisitions relativement homogènes

sur tout le territoire, indépendamment des options pédagogiques adoptées par chaque faculté

ou organisme de formation.

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III- Préconisations - chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

196

FAVORISER L’ARTICULATION ENTRE SAVOIRS THEORIQUES ET SAVOIRS D’ACTION, PAR UNE

OPTIMISATION DE L’ALTERNANCE ET PAR LE RECOURS A DES PROFESSIONNELS POUR LES

ENSEIGNEMENTS

Pour les pharmaciens

Leur formation initiale doit se rapprocher de la pratique professionnelle ; aujourd’hui, elle

apparaît trop disciplinaire et déconnectée de la réalité, malgré les efforts de plusieurs facultés

pour mieux relier savoirs et terrains d’exercice. Les stages, les contenus sur la relation au

patient, le conseil, la gestion et le management sont donc à revoir et/ou à introduire dans la

formation des pharmaciens. Mais ce lien avec le terrain passe d’abord par le renforcement du

nombre d’intervenants venus de l’officine dans les études de pharmacie.

Le procédé inverse, à savoir l’immersion régulière du personnel enseignant au sein des

officines, se heurte en effet à une faible participation volontaire à des opérations de ce type.

Certaines universités initient un premier rapprochement des universitaires avec le patient à

travers une intégration à l’hôpital. Mais le rapprochement des formateurs avec la profession

doit tenir compte des objectifs de recherche, nécessaires à l’évolution des contenus des

disciplines, qui incombent aux équipes professorales et leur laisse peu de temps.

Pour les préparateurs

Les officinaux et les préparateurs semblent attachés à la formation par un apprentissage en

alternance. La voie de l’alternance convient aux employeurs — dont beaucoup effectuent de

cette façon un pré-recrutement — et aux apprenants, malgré des réserves de ces derniers sur la

durée actuelle des études, qu’ils estiment insuffisante.

Pour autant le contenu de la formation et les conditions de l’alternance doivent être revus : les

pharmaciens ne sont pas toujours disposés à assumer la formation de leurs apprentis, a fortiori

si les responsabilités du préparateur devaient être accrues, comme cela semble souhaitable. Il

convient donc de mieux encadrer l’alternance, afin d’en optimiser les effets.

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III- Préconisations - chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

197

Valoriser le débouché « officine » dans les cursus

Les témoignages des étudiants montrent que le choix de l’officine est souvent un second

choix, un repli, alors que 70% des pharmaciens environ sont appelés à exercer en officine . Il

faudrait donc développer — au sein de la faculté — des pratiques actives et positives

d’incitation à choisir l’orientation officine, même face à des étudiants qui croient souhaiter

une autre insertion professionnelle. Le choix « par défaut » de cette orientation contribue à

disqualifier l’officine, « refuge » des pharmaciens.

Les enseignants des facultés de pharmacie et les étudiants pensent que le parcours de

l’industrie vers l’officine est plus facile que le chemin inverse. Les représentants du secteur

officinal estiment, eux, que le retour vers l’officine, après une partie de carrière dans

l’industrie par exemple, n’est pas si simple (indépendamment de la période des six mois de

stage obligatoire), et que la réussite n’est pas garantie.

Mettre en place des passerelles Des passerelles entre les études de préparateur et de pharmacien mais aussi vers d’autres

spécialisations, pour faciliter des réorientations ou des changements de lieux d’exercice, sont

à prévoir, ainsi que les modalités de VAE nécessaires.

Prendre effectivement en compte toutes les activités de l’officine Les formations initiales recensées dans la première partie de ce rapport conviennent aux

besoins de l’officine en matière de force de vente ou de spécialisations. Toutefois, le principe

d’un secrétariat administratif spécialisé pour l’officine peut conduire à une formation (ou à un

complément de formation) spécifique.

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III- Préconisations - chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

198

LE PROJET D’ACTION POUR LA FORMATION INITIALE DES PHARMACIENS

Le référentiel cible de l’emploi-type de pharmacien d’officine Le cœur de métier – missions et activités du pharmacien

L’emploi-type de pharmacien d’officine, tel qu’il se profile pour les années à venir, s’organise

autour de trois grands domaines d’activités, correspondant chacun à plusieurs missions ainsi

que le montre le tableau ci-dessous.

N.B. Les missions sont déclinées en activités et présentées, par grands domaines d’activités,

dans les pages suivantes. Les compétences nécessaires pour exercer ces activités, déclinées en

savoirs, savoir-faire et savoir-être sont réunies à la fin du référentiel-cible.

Gestion de soins et deservices pharmaceutiques

Domaines d’activité

Veille et ˇ ducationsanitaire

Managementde lÕofficine

Assurer la sˇ curisation des actes dedispensation du m ˇ dicament

avec ordonnance

AssurerŹla sˇ curisation de la mˇ dicationofficinale

Contribuer aux programmes depharmacovigilance et de

surveillance sanitaire

Assurer lÕorientation stratˇ giqueet la gestion opˇ rationnelle de

lÕactivitˇ de lÕofficine

Rˇ aliser des actions d Õinformationset d'ˇ ducation du public en mati ¸ re

sanitaire et sociale

Gˇ rer le suivi thˇ rapeutique personnalis ˇdes patients

Missions

Gˇ rer la collaboration avec lesprofessionnels de santˇ

Superviser la gestion desressources matˇ rielles etfinanci¸ res de lÕofficine

Assurer la gestion sociale et ledˇ veloppement des

compˇ tences l' ˇ quipe officinale

Mettre en Ļ uvre un dispositifpermanent dÕinformation, de

veille, de communication et demarketing

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III- Préconisations - chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

199

DOMAINE D’ACTIVITES : GESTION DE SOINS ET DE SERVICES

PHARMACEUTIQUES

MISSION 1 : ASSURER LA SECURISATION DES ACTES DE DISPENSATION DU MEDICAMENT AVEC ORDONNANCE

Activités

− Accueillir le patient, éventuellement au sein d’un espace confidentiel si le patient le

souhaite

− Analyser l’ordonnance et contrôler la conformité réglementaire, la validité et la cohérence

de l’ordonnance

− Faire le point sur l'historique pathologique et médicamenteux ainsi que les

caractéristiques physiologiques du patient (DMP)

− Effectuer une substitution si possible et définir des adaptations au plan thérapeutique si

nécessaire

− Formuler si nécessaire les formes pharmaceutiques répondant à des besoins spécifiques et

superviser la réalisation de la préparation

− Prodiguer les conseils relatifs à l’administration, au bon usage du médicament et des

dispositifs médicaux et vérifier l’assimilation des informations délivrées en temps réel.

− Rédiger une opinion pharmaceutique et la consigner dans le dossier pharmaceutique

− Étudier l’opportunité d’établir un plan d’administration et/ou de suivi thérapeutiques (en

cas de plan de traitement complexe, coûteux, qui nécessite une adhésion forte du

patient…)

− Superviser les actes de dispensation avec ordonnance réalisés par les préparateurs et

intervenir si nécessaire

− Superviser les actes de dispensation des produits livrés à domicile

MISSION 2 : ASSURER LA SECURISATION DE LA MEDICATION OFFICINALE

Activités

− Accueillir les clients, éventuellement au sein d’un espace confidentiel si le patient le

souhaite

− Traiter les demandes des clients relatives à la médication officinale émises via le site

Internet de la pharmacie

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III- Préconisations - chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

200

− Interroger le patient sur l’ensemble des symptômes vécus

− Prescrire et dispenser les produits pharmaceutiques adaptés au diagnostic des symptômes.

− Actualiser le dossier pharmaceutique du patient

− Fournir éventuellement des informations en matière de santé et d’hygiène en choisissant

un mode de communication adapté au profil du patient

− Proposer éventuellement et/ou des tests de contrôle ou de dépistage de l’état de santé

(poids, tension, glycémie, …)

− Orienter le client vers une consultation médicale, en cas de besoin.

MISSION 3 : GERER LE SUIVI THERAPEUTIQUE PERSONNALISE DES PATIENTS

Activités

− Conduire un entretien sur l’adhésion du patient au projet thérapeutique (inconvénients,

bénéfices…)

− Apporter éventuellement des explications complémentaires sur le traitement proposé

(effets secondaires, interactions éventuelles, consignes de bon usage du produit

médicamenteux prescrit..)

− Vérifier l’observance du patient et l’efficacité du traitement thérapeutique

− Détecter les facteurs de risque éventuels et procéder le cas échéant à des tests de

dépistages simples

− Ajuster si nécessaire les modalités de traitement thérapeutique aux besoins du patient

− Prescrire et dispenser les produits pharmaceutiques adaptés à la poursuite du traitement

− Établir par écrit une opinion pharmaceutique et la transmettre aux professionnels de santé

impliqués

− Réorienter si nécessaire le patient vers les interlocuteurs adéquats (médecin, infirmières,

structures d’aide et d’accompagnement…)

− Effectuer le suivi thérapeutique au domicile du patient si nécessaire

MISSION 4 GERER LA COLLABORATION AVEC LES PROFESSIONNELS DE SANTE

Activités

− Prendre les contacts nécessaires avec les interlocuteurs impliqués dans le suivi

thérapeutique d’un patient

− Fournir aux interlocuteurs concernés (médecin, personnel soignant) les informations et

les conseils sur les produits pharmaceutiques utiles à la sécurité et la qualité des choix de

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III- Préconisations - chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

201

traitements thérapeutiques, l'utilisation et le mode d'administration des médicaments

− Requérir les données nécessaires à l’analyse pharmaco-thérapeutique (examen sanguin…)

auprès des interlocuteurs concernés

− Capitaliser, analyser et mutualiser les résultats thérapeutiques obtenus au sein d’un réseau

de soins

− Animer des échanges avec les professionnels de santé sur la prise en charge des patients

ou d’une pathologie.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

202

DOMAINE D’ACTIVITES : VEILLE ET EDUCATION SANITAIRE

MISSION 1 CONTRIBUER AUX PROGRAMMES DE PHARMACOVIGILANCE ET DE SURVEILLANCE SANITAIRE

Activités

− Capter et analyser les incidents et les observations d’ effets inattendus ou indésirables dus

à la consommation des produits à usage humain après leur mise sur le marché

− Renseigner les bases de données des observatoires régionaux ou nationaux du secteur

socio sanitaire.

− Enregistrer et transmettre les références utiles pour établir la traçabilité des produits

pharmaceutiques

− Participer à des enquêtes pharmaco-épidémiologiques et pharmaco- toxicologiques

MISSION 2 ASSURER LA MISE EN OEUVRE D’ACTIONS D’INFORMATIONS ET D'EDUCATION DU PUBLIC EN MATIERE SANITAIRE ET SOCIALE

Activités

− Fournir au patient des informations écrites ou verbales en matière de santé et d’hygiène en

choisissant un mode de communication adapté au profil du patient

− Proposer des tests de contrôle ou de dépistage de l’état de santé (poids, tension, glycémie,

…)

− Valider les données mises à disposition sur le site internet de la pharmacie

− Conduire des actions d’information ciblées portant sur le bon usage du médicament, les

comportements alimentaires et d’hygiène de vie, la contraception, les vaccinations, le

dépistage et la prévention des pathologies

− Orienter le patient vers les interlocuteurs adéquats (médecin, infirmières, structures d’aide

et d’accompagnement…)

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203

DOMAINE D’ACTIVITES : MANAGEMENT DE L’OFFICINE

MISSION 1 : ASSURER L’ORIENTATION STRATEGIQUE ET LA GESTION OPERATIONNELLE DE L’ACTIVITE DE L’OFFICINE

Activités

− Analyser son environnement, ses résultats économiques et les évolutions dans le domaine

de la santé pour définir son positionnement sur le marché

− Choisir, prioriser, organiser et planifier les moyens techniques et humains à mettre en

œuvre pour répondre à ce positionnement.

− Superviser la prévision et le suivi budgétaire et définir les réajustements ou les actions

nécessaires.

− Superviser ou réaliser une veille stratégique sur les produits

− Gérer les projets financiers ou d'organisation au niveau de l'établissement (projet

d'investissement, projet immobilier, etc.).

− Définir les priorités de travail et hiérarchiser les activités et tâches à effectuer, quand cela

est nécessaire.

− Réaliser ou superviser les plannings, la gestion des congés, des remplacements, des heures

supplémentaires, des absences, etc.

− Distribuer et coordonner l'activité au sein de son unité de travail de façon équitable, en

fonction des besoins, des contraintes ainsi que des compétences et motivations de chacun

− Piloter la mise en œuvre de la démarche qualité au sein de l’officine

− Évaluer et contrôler les pratiques professionnelles et la qualité et la sécurité du service

rendu au client/patient (application des procédures, respect des règles et des méthodes,

etc.)

− Assurer le suivi de l'activité et des résultats de l’équipe (contrôle de tableaux de bord,

bilans).

MISSION 2: SUPERVISER LA GESTION DES RESSOURCES MATERIELLES ET FINANCIERES DE L’OFFICINE

Activités

− Superviser la gestion administrative, comptable et financière de l’officine

− Superviser la gestion des achats et des stocks des produits distribués par l’officine

− Anticiper les besoins des produits et valider la sélection des produits à commander

− Conduire les relations commerciales avec les laboratoires

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204

MISSION 3 : ASSURER LA GESTION SOCIALE ET LE DEVELOPPEMENT DES COMPETENCES L'EQUIPE OFFICINALE

Activités

− Prévenir et gérer les conflits et les crises au sein de son équipe

− Accueillir et assurer l'intégration des nouveaux personnels et des stagiaires / apprentis

dans sa pharmacie

− Assurer la circulation de l’information au sein de l’équipe de travail (Encourager la

discussion entre les membres de l’équipe, afficher toutes les informations nécessaires au

bon fonctionnement, etc.)

− Conduire des entretiens d’appréciation de ses collaborateurs

− Définir les besoins de formation de son équipe (recueil des demandes de formation,

orientation et conseil vis-à-vis de ses subordonnés)

− Négocier avec ses subordonnés (matériel, recrutement de personnel, conduite de projet,

etc.)

− Conduire des entretiens de licenciement, quand cela est nécessaire

− Conseiller ses collaborateurs sur la réalisation d’une activité (rôle de tuteur)

− Superviser et coordonner le travail des apprentis et des étudiants en pharmacie

− Assurer un suivi avec l’école ou l’Université, les parents et les enseignants responsables.

MISSION 4 : METTRE EN ŒUVRE UN DISPOSITIF PERMANENT D’INFORMATION, DE VEILLE, DE COMMUNICATION ET DE MARKETING

Activités

− Définir régulièrement la politique de marketing et de prix relative aux produits

− Lire les articles dans la presse et regarder les informations diffusées par la télévision

(publicité, reportage, etc.) relatifs aux nouveaux produits, aux types de consommation,

etc.

− Prendre les contacts nécessaires pour être informé des campagnes de publicités prévues

− Participer aux formations proposées par les laboratoires

− Analyser ses résultats : typologie de sa clientèle, typologie de ses produits (produits-

phares, produits à abandonner)

− Analyser sa concurrence

− Représenter sa pharmacie dans le cadre de réunions ou de projets avec d’autres officines,

avec des laboratoires, etc.

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III – Préconisations - chapitre 1

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 205

COMPETENCES A ACQUERIR ET/OU A RENFORCER

N.B. Le degré de connaissance requis pour chaque type de savoir et de savoir-faire

devra être précisé en fonction du type et du niveau de responsabilité attribué au

pharmacien d’officine.

SAVOIRS

− Connaître la pharmaco-épidémiologie − Connaître la physiologie − Connaître les bases fondamentales de l’anatomie − Connaître la physiopathologie − Connaître la biologie moléculaire et cellulaire − Connaître la pharmacologie − Connaître la sémiologie médicale − Connaître la psychologie médicale (malade, relation soignant/soigné..) − Connaître les techniques de communication interpersonnelle − Connaître les techniques et outils de gestion d’entreprise − Connaître le droit du travail et les textes réglementaires − Connaître l'environnement des systèmes de santé (économie et organisation de la santé). − Connaître les principes d'élaboration et de suivi d'un budget − Connaître les grands principes de l'analyse financière et comptable. − Connaître les règles de gestion administrative − Connaître les sources documentaires et la presse spécialisée relative à la santé, à la

médecine et à la pharmacologie pour s'informer sur l'actualité. − Connaître les modalités d’organisation et de fonctionnement de la pharmacie − Connaître les caractéristiques personnelles et professionnelles du personnel − Connaître les techniques de recrutement − Connaître les procédures d’accueil et d’intégration des personnels − Connaître la législation concernant la délivrance des médicaments et des préparations − Connaître la législation sur la responsabilité des différents postes de la pharmacie

d’officine − Connaître les règles de sécurité − Connaître les techniques et outils du marketing − Connaître les principes de la communication écrite − Connaître les principes de la communication orale − Connaître les principes de merchandising − Connaître les ressources (documents, sites Internet, réseau, etc.) nécessaires à la

réalisation d’une veille stratégique. − Connaître les nouveaux produits, les nouvelles molécules, les nouvelles modalités de

consommation, les nouveaux services existants. − Connaître les différents acteurs du système de santé − Connaître les contenus principaux des formations des apprentis, stagiaires, étudiants. − Connaître les objectifs des stages et périodes d’apprentissage − Connaître les principes fondamentaux en pédagogie.

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

206

SAVOIR FAIRE

− Savoir mettre en œuvre une méthodologie d’analyse pharmaco-thérapeutique − Savoir mettre en œuvre les méthodes d’évaluation des choix thérapeutiques (pertinence,

efficacité, efficience) − Savoir mettre en œuvre une méthodologie d’analyse de pharmacovigilance − Savoir mettre en œuvre une méthode d’analyse des besoins d’information − Savoir mettre en œuvres les techniques d’interprétation des résultats des examens et des

tests biologiques et cliniques − Savoir mettre en œuvres les techniques d’examens physiques et des tests biologiques − Savoir mettre en œuvre une méthodologie de recueil et de communication (recherche, tri,

évaluation des données disponibles, traitement,..) − Savoir mettre en œuvre les techniques d’analyse et d’interprétation des documents

comptables et financiers d’une entreprise − Savoir mettre en œuvre les méthodes d’analyse de marché − Savoir mettre en œuvre les techniques de tutorat − Savoir mettre en oeuvre les techniques d'entretien (questionnement, écoute active,

reformulation, relances, etc.). − Savoir mettre en œuvre les techniques d’analyse commerciale (types et fréquences des

ventes, techniques de prévision, etc.) − Savoir mettre en œuvre les techniques d'animation d'équipe (cohésion d'équipe, facteurs

de motivation, etc.). − Savoir utiliser les méthodes d'élaboration et de suivi d'un budget. − Savoir mettre en oeuvre les techniques de gestion des conflits. − Savoir mettre en oeuvre les techniques de négociation − Savoir mettre en œuvre les techniques de hiérarchisation des tâches, de délégation et de

gestion du temps − Savoir mettre en oeuvre les techniques de délégation − Savoir mettre en œuvre les techniques de communication écrite et orale (identification de

la cible, choix du message, choix du canal et du support, etc.) − Savoir mettre en œuvre les techniques de merchandising (positionnement des produits

dans les rayons, en vitrine, choix des couleurs, etc. − Savoir mettre en œuvre les techniques pédagogiques (mises en situation, retours

constructifs, droit à l’erreur, etc.) − Savoir mettre en œuvre les techniques d’appréciation et de contrôle de l’activité (suivi

objectif, indicateurs, échanges réguliers, etc.)

SAVOIR ETRE

− Être capable d’adapter sa posture relationnelle selon les caractéristiques du patient − Être capable de repérer ce qui relève ou non de son champ de compétence − Être diplomate − Être capable de mettre en oeuvre les attitudes comportementales exigées de son équipe

(rôle de modèle). − Être capable d'accepter la critique et de se remettre en question. − Être capable d'anticipation et de forger une vision de l'avenir. − Être organisé

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

207

− Être à l’écoute de ses interlocuteurs − Être persuasif − Être objectif − Être ferme et capable de s’affirmer − Être disponible − Être capable de passer rapidement d’une tâche à une autre − Être capable de mobiliser (leadership). − Être capable de se mettre en retrait pour valoriser le travail des autres

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

208

Les principes organisateurs pour la formation initiale des pharmaciens de la filière officine

REVOIR L’ENCADREMENT DES STAGES Le nombre et la durée des stages a été revu et correspond pratiquement au cadre d’une

formation en alternance.

Toutefois, l’encadrement des stages doit être renforcé, les étudiants ne tirant pas tous le même

parti de ces périodes (le stage d’initiation, notamment, est vécu comme un simple stage

d’observation alors que professeurs comme étudiants soulignent l’importance du stage

d’initiation dans la décision favorable ou défavorable du choix de la filière d’officine).

L’inégalité des aptitudes pédagogiques des maîtres de stages est stigmatisée par certains

étudiants. La défaillance de gestion de la fonction tutorale est attribuée à un faible sens du

management de la part des titulaires, qui ne sont pas tous formés et sensibilisés à ces

questions. Des stages même nombreux mais sans cahier des charges, sans exigence

formalisée, sans contrôle peuvent rester sans valeur ajoutée.

Une pratique de plus en plus courante renforce l’efficacité du stage et pourrait être

généralisée, grâce à un échange de pratiques plus développé entre les facultés : le futur

stagiaire et son maître de stage suivent ensemble une même formation, plus ou moins longue

(dans certaines facultés, si cette condition n’est pas remplie, l’officine ne peut bénéficier de la

venue d’un stagiaire).

La nomination d’un tuteur ou d’un référent au sein de l’officine est souvent évoquée comme

utile, le titulaire n’étant d’ailleurs pas forcément celui qui « tutore » le mieux (« une bonne

préparatrice expérimentée » est souvent appréciée).

Mieux préparer le stage hospitalier est également recommandé : définir au préalable le rôle de

l’étudiant et l’encadrer au sein de l’hôpital. La réussite du stage dépend encore trop de

l’accueil de l’équipe du personnel hospitalier et de l’attitude pro-active de l’étudiant. Il

s’agirait de renforcer le rôle et la responsabilité de l’étudiant d’un point de vue pharmaco

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

209

thérapeutique en collaboration avec l’équipe hospitalière. La relation médecin/pharmacien est

souvent abordée encore de manière trop théorique et pourrait constituer un véritable objectif

pédagogique de ce stage.

De l’avis des étudiants, la durée du stage de sixième année pourrait être étendue à 9 mois,

éventuellement au sein de deux officines distinctes.

Il existe une grande hétérogénéité des pratiques de l’alternance au sein des universités, qui

gagnerait à être éclairée par la valorisation des bonnes pratiques (stages d’application des

enseignements coordonnés par exemple).

DEVELOPPER LA FORMATION INITIALE EN MATIERE DE CONSEIL DE MANAGEMENT ET DE

GESTION ET MIEUX COMMUNIQUER SUR LES OPTIONS EXISTANTES Parmi les reproches faits pendant l’enquête de terrain à la formation initiale, les lacunes en

termes de formation au conseil au management et à la gestion ont été systématiquement

soulignées. Les responsables de formation initiale estiment que ce reproche n’est pas toujours

fondé, mais que les étudiants ne prennent pas toujours conscience de l’importance de tels

modules — qui pourtant existent, souvent en option — pendant leurs études et ne les suivent

pas, mais en ressentent plus tard le manque lorsqu’ils sont en officine.

Au demeurant, ces savoirs s’acquièrent principalement et durablement par la pratique en

officine, ce qui ne dispense pas d’une sensibilisation en formation initiale. Il convient en tout

cas de mieux attirer l’attention des étudiants sur l’importance de ces enseignements.

REVOIR LE POSITIONNEMENT DU NUMERUS CLAUSUS AU SEIN DU CURSUS

Concernant l’évolution du numerus clausus, les facultés semblent privilégier une révision de

son positionnement au sein du cursus. L’idée évoquée serait de supprimer le concours de fin

de première année, mais l’accès au deuxième semestre d’études serait soumis à une obligation

de présence et de résultats. Le nombre limité de places interviendrait à l’entrée en master,

correspondrait à une orientation mûrie et permettaient aux titulaires de la licence d’envisager

une autre voie mais avec un diplôme.

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

210

Les axes de contenus

LES CONTENUS A INTEGRER Dans le cadre de l’orientation « officine », les contenus définis par l’Université pourraient

être développés en tenant compte des missions, activités et compétences décrits dans le

référentiel-cible de l’emploi-type, qu’il conviendrait de compléter et de décliner à un niveau

plus fin de compétences.

Les universitaires et experts de terrain consultés dans le cadre du CEP ont permis de mettre

l’accent sur les bases de contenus présentées ci-dessous.

Des bases scientifiques fortes

La formation initiale doit avant tout donner des bases scientifiques fortes. Le pharmacien

« expert» du médicament, restant l’objectif pertinent pour l’industrie, mais il peut y avoir

d’autres éléments dans la base commune, plus utiles à l’orientation ultérieure vers l’officine.

Pendant les trois années de licence, la part de la chimie et de la technique du médicament

pourrait être allégée. Il faudrait intégrer, à côté de la connaissance du médicament, des

connaissances sur la maladie et les malades, et sur leur interaction avec les médicaments.

Nombre d’hospitalisations sont dues à un usage inapproprié des médicaments et les

pharmaciens ont un rôle de conseil et de contrôle important à jouer.

Les thèmes de formation seraient les suivants :

- physiologie - anatomie (sans chercher à en faire des médecins) - biologie cellulaire - biologie moléculaire - physiopathologie - pharmacologie - sémiologie (reconnaître les principaux signes du diagnostic, afin de repérer ce qui

relève de son champ de compétences).

Une articulation intelligente des contenus aux perspectives ouvertes par le LMD

L’entrée des études de pharmacie dans le système LMD constitue non seulement un élément

de cohérence au sein de l’Europe, mais la possibilité réelle de réorientation à différents

moments du cursus, quelles qu’en soient les raisons. Même si l’étudiant en pharmacie

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

211

n’envisage pas cette possibilité au début de ses études, son choix précoce de la pharmacie, à

dix-huit ans, peut être remis en cause un peu plus tard ; la licence obtenue lui permet de

s’orienter — par le biais de passerelles ou par l’usage direct de son diplôme — vers un métier

mieux adapté dans un univers professionnel connexe.

L’appui sur la profession doit être recherché. Des unités de formations, liées aux différents

modes d’exercice, devraient intervenir assez tôt dans le cursus (lors des trois premières

années) pour permettre à l’étudiant de construire progressivement son projet professionnel, de

façon à être prêt pour un choix mûri en troisième année.

Une orientation vers une licence générale (tronc commun aux pharmaciens), offrant la possibilité d’unités orientées par exemple sur l’officine, ou le médicament, semble adaptée. Il faut que les étudiants soient accompagnés par une équipe pédagogique qui les aide à orienter leur choix, qui serait effectué en master.

Une place importante pour la démarche qualité

La notion de procédures formalisées est indispensable et peu présente dans les études comme

dans les officines. La démarche qualité reste encore à définir (les bonnes pratiques sont

méconnues) mais doit inclure la démarche d’assurance qualité et la démarche de contrôle de

la qualité.

Le renforcement d’enseignements tenant compte des évolutions de l’activité officinale et des pratiques

professionnelles, particulièrement en santé publique et en pharmacie clinique

Ces enseignements pourraient concerner les domaines suivants :

- Les réseaux de soins, la collaboration avec les praticiens de ville ou hospitaliers,

- Les grandes pathologies, les affections courantes et symptomatiques, la prévention, le

dépistage et la pharmacie vétérinaire.

L’intégration de certains DU et formations complémentaires au cursus semble souhaitable

S’il est difficile d’évaluer le nombre d’étudiants poursuivant leur formation initiale par un

DU, il semble que le souhait d’acquérir une spécialisation au cours du cursus soit

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

212

relativement important dans certaines universités. De manière générale, le premier choix des

étudiants se porte naturellement sur le DU d’orthopédie (nécessaire pour obtenir l’agrément

de vente) mais aussi sur d’autres spécialisations comme l’homéopathie ou la phytothérapie.

La possibilité d’intégrer l’enseignement de l’orthopédie dans le cursus, pour éviter que les

jeunes diplômés en supportent le coût, engendre une concurrence légitimement mal vécue par

les orthopédistes. Il semble toutefois possible de faire coexister un enseignement d’orthopédie

en formation initiale et en DU . Dans cette perspective, il s’agirait de limiter l’intégration de

l’orthopédie à des contenus fondamentaux.

Pour autant, l’intégration de l’enseignement de l’orthopédie en formation initiale soulève

encore la question du volume horaire de la formation et des contenus à supprimer en

contrepartie.

Les modalités pédagogiques La réforme des études pharmaceutiques engagée en 2003 a cherché à mieux adapter

l’organisation et les contenus du cursus au métier d’officine. Des progrès restent encore à

faire et l’évolution prévue du rôle des pharmaciens d’officine engage à aller plus loin dans la

réorganisation du cursus initial, déjà bien avancée.

Au-delà d’une meilleure articulation de l’alternance stage/études, la modernisation pourrait se

traduire par :

- Une intervention accrue de professionnels au sein des enseignements concernant

l’officine (mais les facultés disent avoir du mal à les attirer pour des interventions).

- Une révision de la répartition et du rythme de la formation.

- L’utilisation d’une palette élargie de méthodes pédagogiques (recours accru à des

études de cas concrets).

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

213

LE PROJET D’ACTION POUR LA FORMATION INITIALE DES PREPARATEURS

Le référentiel-cible de l’emploi-type de préparateur en officine

Ce référentiel-cible a été établi en prévision d’une évolution de la responsabilité du

préparateur qui n’est aujourd’hui pas acquise, et d’un recentrage sur le cœur de métier tel que

l’envisagent à moyen terme les professionnels de l’officine (pharmaciens et préparateurs). Il

ne comporte donc pas un certain nombre d’activités couramment réalisées aujourd’hui par les

préparateurs, et que nombre d’officines continueront sans doute un certain temps à leur

confier.

L’un des objectifs est de distinguer cet emploi de celui des autres employés de l’officine, non

spécialistes du médicament et de faire apparaître le caractère propre à une profession de santé

que contient le profil du préparateur.

Ce référentiel-cible, décliné de façon plus détaillée, pourrait si les évolutions projetées se

confirmaient, inspirer la redéfinition du périmètre de responsabilités du préparateur et

déterminer ainsi des axes de contenus à développer.

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

214

Le cœur de métier - missions et activités du préparateur

Trois grands domaines d’activités devraient constituer le cœur de métier du préparateur en

officine. Chacun de ces domaines comprend deux missions principales.

N.B. Les missions sont déclinées en activités et présentées, par grands domaines d’activités,

dans les pages suivantes. Les compétences nécessaires pour exercer ces activités, déclinées en

savoirs, savoir-faire et savoir-être sont réunies à la fin du référentiel-cible.

Dˇ livrance etmˇ dication

familialePrˇ paration

Dˇ livrer les mˇ dicamentsavec ou sans ordonnance

Conseiller les patients surla mˇ dication familiale

Veille etˇ ducationsanitaire

Contribuer auxprogrammes de

pharmacovigilance et desurveillance sanitaire

Contribuer auxprogrammes de veille et/ou

de surveillance sanitaire

Rˇ aliser des prˇ parations

Assurer la gestionadministrative du

prˇ paratoire

Domaines d’activité

Missions

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

215

DOMAINE D’ACTIVITE : DELIVRANCE ET MEDICATION FAMILIALE

MISSION 1 : DELIVRER DES MEDICAMENTS AVEC OU SANS ORDONNANCE

Activités

– Accueillir le patient

– Analyser la demande du patient et, si nécessaire, réorienter vers le pharmacien

– Consulter le dossier pharmaceutique du patient

– Lire et procéder à l’analyse technique de l’ordonnance (en cas de doute faire appel au

pharmacien), ou proposer les produits adaptés lors des délivrances sans ordonnance

– Lorsque c’est possible, proposer au patient une substitution par un médicament générique

– Prodiguer les conseils relatifs à l’administration, au bon usage du médicament et des

dispositifs médicaux et vérifier si nécessaire l’assimilation des informations délivrées en

temps réel

– Si nécessaire, délivrer à domicile des produits avec ou sans ordonnance

MISSION 2 : CONSEILLER LES CLIENTS SUR LA MEDICATION FAMILIALE

Activités

– Accueillir le patient

– Analyser la demande du patient et, si nécessaire, réorienter vers le pharmacien

– Interroger le patient sur l’ensemble des symptômes vécus (en cas de doute faire appel au

pharmacien)

– Proposer les produits pharmaceutiques adaptés au diagnostic des symptômes

– Actualiser le dossier pharmaceutique du patient

– Fournir éventuellement des informations en matière de santé et d’hygiène en choisissant

un mode de communication adapté au profil du patient

– Orienter éventuellement le patient vers le pharmacien pour réaliser des tests de contrôle

ou de dépistage de l’état de santé (poids, tension, glycémie, …)

– Orienter le patient vers une consultation médicale, en cas de besoin.

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216

DOMAINE D’ACTIVITE : VEILLE ET EDUCATION SANITAIRE

MISSION 1 : PARTICIPER AU SYSTEME DE CAPTAGE EN MATIERE DE PHARMACOVIGILANCE ET DE SURVEILLANCE SANITAIRE

Activités

– Participer au recensement des incidents et les effets inattendus ou indésirables dus à la

consommation des produits à usage humain après leur mise sur le marché

– Enregistrer les références utiles pour établir la traçabilité des produits pharmaceutiques

– Participer au recueil des informations sur les phénomènes épidémiologiques aux

observatoires régionaux ou nationaux du secteur socio-sanitaire

MISSION 2 : ASSURER LA MISE EN ŒUVRE D’ACTIONS D’INFORMATION ET D'EDUCATION DU PUBLIC EN MATIERE SANITAIRE ET SOCIALE

Activités

– Mettre à disposition des données sur le site internet de la pharmacie

– Participer à la conduite d’actions d’information ciblées portant sur le bon usage du

médicament, les comportements alimentaires et d’hygiène de vie, la contraception, les

vaccinations, le dépistage et la prévention des pathologies

– Orienter le patient vers les interlocuteurs adéquats (médecin, infirmières, structures

d’aide et d’accompagnement…)

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217

DOMAINE D’ACTIVITE : PREPARATION

MISSION 1 : REALISER DES PREPARATIONS

Activités

– Gérer les priorités entre les différentes commandes

– Lire et analyser les ordonnances (vérifier si les propositions sont cohérentes)

– Noter les commandes téléphoniques ou par internet des patients

– Renseigner les fiches de fabrication

– S’assurer du respect des règles d’hygiène et de sécurité avant de commencer la

préparation

– Peser puis mélanger en respectant l’ordre adapté les différentes composantes de la

préparation

– Conditionner

– Vérifier le contenu du sac par rapport à la commande

– Si nécessaire, dispenser (par dérogation du pharmacien) à domicile les préparations

réalisées

MISSION 2 : ASSURER LA GESTION ADMINISTRATIVE DU PREPARATOIRE

Activités

– Inscrire à l’ordonnancier : noms et coordonnées du prescripteur et du client, prix

– Inscrire sur le contenant le numéro de référence de l’ordonnancier

– Produire les étiquettes : de prix, de nom du produit, pour les sous-traitances : étiquette

avec le nom et les coordonnées du sous-traitant

– Réaliser la saisie informatique des informations

– Stocker la préparation

– Vérifier les stocks de produits

– Assurer le passage des commandes

– Tenir l’échéancier

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218

COMPETENCES A ACQUERIR ET/OU A RENFORCER

N.B. Le degré de connaissance requis pour chaque type de savoir et de savoir-faire

devra être précisé en fonction du type et du niveau de responsabilité attribué au

préparateur d’officine.

SAVOIRS

– Connaître les règles de l’analyse technique d’une ordonnance – Connaître les produits pharmaceutiques (princeps et génériques) – Connaître les caractéristiques des produits homéopathiques – Connaître les caractéristiques des produits spécialisés en vente (parapharmacie,

homéopathie, etc.) – Connaître les grands principes de l’anatomie humaine – Connaître les grands principes de la physiologie – Connaître les principales pathologies – Connaître la pharmacologie – Connaître la législation concernant la délivrance des médicaments et des préparations – Connaître la législation sur la responsabilité des différents postes de la pharmacie

d’officine – Connaître la réglementation relative aux pharmacies – Connaître la réglementation relative aux prescriptions – Connaître la réglementation relative aux préparations et à leur sous-traitance – Connaître la réglementation relative aux outils de préparateur (ex. : contrôle des balances

par un organisme agréé) – Connaître la réglementation relative aux prescriptions – Connaître la réglementation en matière de remboursement par les caisses d’assurance

maladie et les mutuelles – Connaître les règles de l’analyse technique d’une ordonnance – Connaître les principes déontologiques du pharmacien et du professionnel de santé – Connaître les principales pathologies impliquant des traitements où le conseil et l’appui

du pharmacien est indispensable (« pathologies lourdes »…) – Connaître les principaux risques iatrogènes liés aux interactions entre molécules – Connaître les procédures de commandes de produits pharmaceutiques – Connaître la législation encadrant les matières premières entrant dans la composition des

préparations – Connaître les procédures de gestion administrative des préparations (ordonnancier, fiche

de fabrication) – Connaître les modalités de rangement et de stockage des produits et des préparations – Connaître le protocole de commande de préparation – Connaître les procédures et normes d’hygiène et de sécurité – Connaître les caractéristiques d’une procédure qualité

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III – Chapitre 2

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219

SAVOIR FAIRE

– Savoir mettre en œuvre les techniques de lecture ou de contrôle des ordonnances médicales

– Savoir mettre en œuvre une méthodologie d’analyse de pharmacovigilance – Savoir mettre en œuvre une méthode de conseil en matière de médication familiale – Savoir mettre en œuvre une méthode d’analyse des besoins d’information – Savoir mettre en oeuvre les méthodes de communication – Savoir mettre en œuvre les techniques d’accueil physique – Savoir mettre en œuvre les techniques d’accueil physique spécifiques à l’accueil de

patients – Savoir mettre en oeuvre les techniques de questionnements, d’entretiens – Savoir mettre en oeuvre les méthodes de communication et de gestion des patients

« difficiles » tels que les toxicomanes – Savoir mettre en oeuvre les techniques de vente – Savoir mettre en œuvre des techniques d’analyse telles que l’analyse de peau en

parapharmacie, ou l’analyse de métabolisme en diététique, etc… – Savoir mettre en œuvre les techniques de dosage des ingrédients des préparations – Savoir mettre en œuvre les techniques d’identification des produits et des préparations – Savoir mettre en œuvre les techniques de mélange de poudres – Savoir mettre en œuvre les techniques de pliage et de remplissage des tubes – Savoir mettre en œuvre les techniques d’utilisation des outils de préparation (mortier,

spatules, cartes, balances électroniques, éprouvettes, seringues, pilon). – Savoir mettre en œuvre une procédure qualité et réaliser des contrôles qualité – Savoir mettre en œuvre les techniques de télétransmission – Savoir utiliser une caisse

SAVOIR ETRE

– Être persuasif – Être rassurant – Être ferme dans ses décisions – Être discret – Être capable de repérer ce qui relève ou non de son champ de compétence – Être observateur – Être minutieux – Être habile – Être patient – Être soigneux – Être organisé – Être capable de passer rapidement d’une tâche à une autre

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

220

Les principes organisateurs de la formation initiale des préparateurs

ÉLABORER LES CONTENUS SUR LA BASE D’UN PERIMETRE DE RESPONSABILITES REDEFINI, PLUS SCIENTIFIQUE, ET ADAPTE AUX BESOINS DE L’OFFICINE

Ce périmètre serait à repenser autour des domaines suivants :

- Le domaine « préparation » (éventuellement allégé, puisque la compétence de

préparation n’est que peu sollicitée, en pratique, dans une majorité d’officines )

- Le domaine « santé et médicament »

Délivrer des médicaments et des produits de santé sur la base de compétences

associées accrues en pharmacologie et pathologies

Suivre des patients chroniques

Conseiller en matière de médication familiale : il faut donc mettre de la

« matière » dans le conseil au patient

Savoir déclencher le signal d’alarme lorsque le préparateur atteint la limite de son

domaine de compétence

- Le domaine « accueil professionnel, pharmaceutique du client/patient »

- Le domaine « vente des produits médicaments mais aussi santé/bien-être »

- Le domaine « communication » (relation avec des malades, puisqu’il s’agit d’une

relation spécifique - Gestion des situations de conflit et de crise dans l’officine)

- Le domaine « qualité » (participation à la conception et à la mise en œuvre de

procédures qualité, comprenant des activités de contrôle de ces procédures dans son

champ de responsabilités, sous le contrôle ultime du pharmacien)

- Le domaine « informatique de l’officine » (logiciels pharmaceutiques et basiques de la

bureautique, internet).

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

221

En revanche, les éléments suivants pourraient être retirés du périmètre officiel de l’emploi 201

- Une partie des tâches administratives (si le principe d’un secrétariat administratif

s’impose et se généralise)

- La gestion de stock (sur le modèle de ce que les apprentis bac pro commerce abordent

en formation : cela va des relations fournisseurs, en passant par les commandes,

déballage, vérification, rangement, gestion des périmés, retours, facturation, mise en

rayon jusqu’à l’approvisionnement des automates, voire l’estimation des besoins en

commandes à partir des données de la gestion informatisée. Ce travail peut être

reporté sur d’autres personnels, dont les stockistes, et, pour partie, sur les automates).

MODIFIER LES MODALITES D’ACCES ET LE NIVEAU DE SORTIE DU DIPLOME

Niveau d’accès

- Baccalauréat

- ou procédure de validation d’accès à la formation par une commission compétente

- ou suivi et certification d’une filière de remise à niveau qu’il appartient à la profession

de mettre en œuvre.

Niveau de sortie de la formation de préparateur

La modification du cursus de formation et du niveau de sortie est inféodée à la décision

éventuelle d’accorder une autonomie plus importante au préparateur d’officine, autonomie qui

devrait être inscrite dans le code de santé publique.

L’intérêt de cette évolution a déjà été souligné. Elle permettrait de rapprocher le cadre

réglementaire de la réalité des pratiques telle qu’elle a pu se généraliser sous l’effet conjoint

de contraintes unanimement ressenties et de possibilités offertes par les technologies

d’information.

201 Dans les petites officines, où la polyvalence est nécessairement plus grande, ces activités peuvent être

réalisées par le préparateur, mais elles ne font pas partie de son cœur de métier.

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

222

Elle contribuerait également à signifier, pour cette profession de santé, un niveau d’exigence

plus compatible avec les attentes accrues — en termes de pharmacovigilance et de

contribution éclairée au réseau de soins — à l’égard de l’équipe officinale placée sous le

contrôle du pharmacien. Ce point est important dès lors que le pharmacien d’officine (titulaire

comme adjoint), plus fortement sollicité dans ses compétences de conseil et d’expertise, doit

pouvoir compter sur un technicien du médicament très qualifié pour le seconder sans faire

prendre de risque aux clients et patients.

L’examen des pratiques européennes a d’ailleurs montré que ce niveau de qualification se

généralise progressivement aux côtés des pharmaciens d’officine. Même si un avenir existe

pour les deux populations — préparateurs et pharmaciens —au sein de l’officine, une grande

part des activités quotidiennes qui s’y exercent ne justifie pas l’intervention d’un pharmacien.

Le constat de cette prise en compte de la réalité dans certains pays voisins reflète d’abord un

souci gestionnaire, recherchant l’ajustement du profil à l’activité concrètement déployée

(adéquation homme/emploi). Cela traduit aussi la tendance des sociétés actuelles à

responsabiliser les individus au travail en fonction des actes qu’ils accomplissent. Les

démarches d’assurance et de contrôle qualité qui se développent parallèlement permettent de

disposer des garde-fous nécessaires.

Dans la perspective où l’évolution projetée se confirmerait, le collège salarié de la branche

professionnelle souhaite voir évoluer le diplôme de préparateur vers un niveau III202,

sanctionnant souvent des formations de deux années après le bac. L’un des syndicats

d’employeurs203 s’accorde avec le collège salarié sur l’intérêt de porter la durée des études à

trois ans au lieu de deux actuellement, pour conserver le principe de l’alternance tout en

consolidant certains contenus et en intégrant des contenus nouveaux correspondant au profil

émergent.

202 Sans préjuger d’évolutions ultérieures liées aux négociations à venir, les représentants des salariés ayant aussi le souci de préserver une cohérence entre les professions de santé — dont la montée en compétences et en responsabilités se réalise avec une certaine simultanéité. 203 Position de la FSPF

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

223

La possibilité que les études ne durent que deux ans sur la base des mêmes contenus étoffés

de formation204, mais avec une présence en officine réduite, est soutenue par un autre syndicat

d’employeurs. Pour une majorité de membres de la CPNE, elle semble toutefois peu

compatible avec les perspectives de montée en puissance des responsabilités et des

compétences du préparateur, qu’il convient d’anticiper.

Les employeurs se rejoignent pour temporiser sur l’accession du diplôme de préparateur au

niveau III, sans pour autant l’exclure. Ils le subordonnent à l’octroi de responsabilités

effectivement plus grandes. Ils souhaitent également que la montée en responsabilités et en

compétences du préparateur aille de pair avec la montée en responsabilités et en compétences

du pharmacien. Pour le diplôme de préparateur, ils se montrent attachés à la formule des

contrats d’apprentissage, qui convient également aux étudiants choisissant cette voie pour

bénéficier d’une formation alternée et d’un salaire. Elle pourrait d’ailleurs coexister avec

d’autres formes de formation alternée. Il convient de souligner que le système de formation

actuel est salué par la profession, mais devra s’adapter aux conséquences des évolutions. De

l’avis général, l’association de professionnels à la formation doit perdurer.

L’article R117-6-1 du code du travail autorise l’extension de la durée de l’apprentissage205 à

trois ans aux conditions rapportées ci-dessous :

« La durée des contrats d'apprentissage conclus pour la préparation d'un diplôme ou d'un titre à finalité professionnelle inscrit au répertoire national des certifications peut être réduite ou allongée, pour tenir compte d'un type de profession, du niveau de qualification visés ainsi que de la durée minimale de formation en centre de formation d'apprentis fixée, le cas échéant, par le règlement d'examen : 1. Soit par une convention ou un accord de branche étendu pris en application de l'article L. 133-8, après consultation du comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue institué par l'article 84 de la loi nº 83-8 du 7 janvier 1983 modifiée ; 2. Soit, à défaut de convention ou d'accord étendu, par un arrêté du ministre chargé de la formation professionnelle, du ministre chargé du contrôle pédagogique de la formation et, le cas échéant, du ministre qui délivre le diplôme ou le titre. »

Le diplôme de préparateur pourrait ainsi devenir un véritable diplôme de santé 206 et rester

accessible par la voie de l’apprentissage.

204 C’est la position adoptée par l’UNPF 205 Une convention nationale passée entre le secteur de l’hospitalisation privée et l’État permet ainsi la préparation du diplôme d’État d’infirmier par voie d’apprentissage 206 Certains souhaitent ainsi placer ce diplôme sous la seule tutelle du ministère compétent (santé), sur la base d’un diplôme d’état

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

224

CONSERVER LE CARACTERE PROFESSIONNEL DE LA FORMATION

Le caractère professionnel de la formation au métier de préparateur correspond

particulièrement bien aux besoins de l’officine dont les compétences sont fortement

imprégnées de savoirs d’action, à acquérir in situ. Cet avantage, déjà à l’œuvre dans la

formation actuelle, est positivement ressenti par les préparateurs et par les pharmaciens qui

souhaitent même en accentuer l’effet :

- en adossant le référentiel du diplôme au référentiel d’activités professionnelles et de

compétences de la fonction (de préférence au référentiel cible, afin d’intégrer

d’emblée les évolutions de responsabilités et de missions) ;

- en recommandant aux organismes de formation une ingénierie modulaire plutôt qu’un

découpage disciplinaire ;

- en privilégiant le principe d’une formation alternée avec plusieurs hypothèses de

préparation du diplôme dont le contrat d’apprentissage. L’articulation de l’alternance

devrait également être retravaillée (cf. modalités pédagogiques).

PREVOIR LA MONTEE EN CHARGE PROGRESSIVE DU PREPARATEUR

- Les apprentissages relatifs aux deux premières années devraient permettre la montée

en charge progressive de l’apprenti au sein de l’officine.

- La dernière année correspondrait à la spécialisation et s’organiserait autour de

modules pratiques.

Les axes de contenus Des modules généraux axés sur le raisonnement

- Un module de calcul appliqué (proportionnalités, ordre de grandeur, raisonnement)

- Un module sur les méthodes d’apprentissage (« apprendre à apprendre »). Accueil

pharmaceutique

Des modules axés sur l’expertise du préparateur

- Un module " pratique ou préparation " avec la galénique

- Un module « délivrance », correspondant au cœur de métier et comportant :

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

225

⋅ le commentaire de l’ordonnance

⋅ l'anatomie-physiologie-pathologies-pharmacologie selon un découpage par

appareil

⋅ la législation professionnelle.

Des enseignements correspondant aux principaux domaines de compétences

- Domaine médicament/santé

Pharmacologie

Pathologies - Pathologies chroniques - Bases des pathologies graves

Médication familiale

Conseil patient (suivi de la posologie, prise de mesures, installation et entretien de

l’appareillage…)

Chimie (mais moins de chimie dans la formation et des apports mieux reliés à

l’activité)

- Domaine relation

Spécificité de la posture « pharmaceutique »

Gestion des relations complexes (relation de conseil, communication avec un

malade, conflit, crise)

- Domaine vente

Techniques de vente

Merchandising

- Domaine organisation/gestion de l’activité

Processus qualité

Utilisation des technologies et des outils de gestion administrative

- Domaine cadre de l’activité

Réglementation

Déontologie, confidentialité.

Des modules d’approfondissement ou de spécialisation

- Conseil pour la médication familiale

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

226

- Spécialisation optionnelle (orthopédie, maintien à domicile, dermo-cosmétique,

phytothérapie — dont botanique — homéopathie…)

- Communication avec les malades

- Approfondissement des pathologies graves,

- Sortie de la réserve hospitalière

⋅ Contribuer à la prise en charge de patients « complexes » : asthmatiques,

diabétiques, greffés, maladies auto-immunes, neurologie (Alzheimer,

Parkinson).

⋅ Manipuler des dispositifs (stylos injecteurs, etc.) pour les pathologies

chroniques.

⋅ Préparer la sortie de médicaments plus complexes (traitement des hépatites,

facteurs de croissance cellulaire, traitements anti-cancéreux…) : acquérir ou

approfondir les connaissances nécessaires à la délivrance des médicaments et

sur les pathologies.

Les modalités pédagogiques - Travailler le découpage et le séquençage pédagogique des deux premières années, la

répartition des apprentissages entre l’organisme de formation et l’officine.

- Prévoir dans le cursus des séquences de retour sur ce qui se fait en officine et la

formation adéquate des formateurs.

- Envisager la responsabilisation de maîtres d’apprentissage (mais en veillant à ne pas

décourager les officines de prendre des apprentis : par exemple, utiliser le système de

primes pour la (ou les) journée(s) de formation au tutorat suivies par le pharmacien ;

au sein de l’officine, proposer une rétribution du tuteur, si ce n’est pas le titulaire).

- Donner au maître d’apprentissage le pouvoir de valider certains apprentissages207.

La proposition de la multiplication des lieux d’apprentissage, souhaitée par les apprentis, a

déjà été faite aux titulaires et soulève un problème de concurrence entre les officines et la

207 En s’inspirant par exemple du système de co-validation par suivi à distance mis en place dans certains CFA.

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III – Chapitre 2

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

227

nécessité de garantir la confidentialité de la part des préparateurs. Elle risque également de

constituer un frein à l’embauche. En effet, un certain nombre de pharmaciens employeurs

prennent un jeune en formation dans le but avoué de l'embaucher une fois son diplôme

obtenu. Leur investissement et leur motivation dans la formation de ce jeune sont d'autant

plus importants qu'ils veulent en faire un futur collaborateur de qualité, opérationnel dès

l'obtention du diplôme dans leur officine, dans l'esprit de laquelle il a été formé.

Les textes régissant l’apprentissage prévoient d’ailleurs que l’organisme de formation doit

veiller à compléter une formation en entreprise qui ne couvrirait pas le programme, par défaut

de moyens dans l’entreprise notamment.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006 228

III – chapitre 3

LES ORIENTATIONS DE LA FORMATION CONTINUE

Les orientations pour la formation continue des pharmaciens et des préparateurs La formation continue constituera désormais pour les pharmaciens et les préparateurs une

obligation dans le cadre des responsabilités d’une profession de santé. Dans cette optique,

elle aura pour objectif essentiel de raviver et d’actualiser les connaissances acquises durant la

formation initiale, centrée sur le cœur de métier, et les compétences développées en situation

de travail.

Elle doit répondre aussi aux besoins de compétences spécifiques à l’officine, dans le cadre

d’un plan de formation par exemple, et permet dans ce cas une adaptation au poste de travail,

voulue par le titulaire ou décidée en commun par le titulaire et le salarié (dans le cadre d’un

DIF par exemple).

La formation continue représente aussi pour les salariés la possibilité de progresser dans leur

carrière par l’acquisition de nouvelles compétences (sur une ou plusieurs spécialités : la

dermato-cosmétologie, la phytothérapie, l’aromathérapie, sur le management, les techniques

de vente…)

Elle peut enfin représenter une opportunité de mobilité externe et permettre l’accès à des

passerelles vers de nouveaux lieux d’exercice ou de nouvelles fonctions.

La professionnalisation du management L’officine, avec une prépondérance originelle de l’exercice unipersonnel et la domination

numérique actuelle des très petites structures — où la relation d’autorité se fonde

essentiellement sur la posture et l’entente des personnes — est historiquement très peu

prédisposée à exercer un management « professionnel » et efficace.

Cela peut se traduire par des lacunes évidentes en matière de gestion des activités et des

ressources humaines, qui risquent de pénaliser les officines — appelées à s’agrandir — et

leurs personnels.

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III - Préconisations - Chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

229

Si la formation initiale peut préparer les pharmaciens à exercer le management, l’expérience

acquise dans d’autres secteurs montre que les compétences dans ce domaine exigent pour se

développer une pratique concrète et la prise de recul sur cette pratique afin de la rationaliser.

Le formation continue est donc le lieu par excellence où traiter de la fonction managériale et

entraîner les pharmaciens, ou les cadres préparateurs, à l’exercer avec discernement. Les

formations au management ne doivent pas s’arrêter à la dimension relationnelle, mais porter

sur tous les aspects sollicités : pilotage de l’activité, pilotage des connaissances, pilotage des

ressources humaines.

Les formations visant l’acquisition de nouvelles compétences pour le personnel de l’officine dans son ensemble Deux niveaux de formation différents, permettant de mettre en œuvre un plan de carrière pour

le personnel de l’officine, peuvent être envisagés :

- Un premier niveau, à l’instar de l’offre déjà existante sur certains thèmes, pourrait se

décliner selon :

⋅ Des modules de base portant sur les fondamentaux indispensables dans la

spécialité (à développer notamment dans le cadre de l’obligation de

formation) ;

⋅ Des modules d’approfondissement et de perfectionnement sur une thématique

spécifique.

- Un second niveau, dans la perspective de la prescription pharmaceutique et du suivi

thérapeutique des maladies chroniques, pourrait donner lieu à :

⋅ Des formations de 10 à 20 jours permettant d’obtenir une certification

reconnue par la profession (à l’instar du DU pour le pharmacien).

⋅ Une certification portant sur des spécialisations (accessibles sur pré-requis en

fonction de leur qualification initiale au pharmacien, au préparateur, voire à

d’autres profils) : gérontologie, pédiatrie, phytothérapie, aromathérapie,

dermocosmétique…

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III - Préconisations - Chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

230

Les orientations pour la formation continue des employés « non santé » Pour les emplois « non santé » de l’officine, il existe déjà des formations spécialisées

(cosméticien, vendeur, comptable…), correspondant à leurs profils.

Pour autant, des formations portant sur les spécificités de l’officine doivent être encouragées :

par exemple sur la déontologie, la confidentialité, les relations au sein d’une pharmacie,

l’accueil des patients « délicats ».

Parmi les attentes énoncées concernant les emplois fonctionnels, certains pharmaciens

souhaitent voir se développer une formation de secrétariat adaptée à l’officine : emploi à

temps partiel, dans le cadre d’un secrétariat mutualisé avec plusieurs officines. C’est en ce

sens que se développent des négociations sur la mise en place d’un diplôme de secrétariat

adapté à l’exercice dans un contexte médical et officinal.

Les évolutions souhaitables concernant les contenus et modalités de formation continue

DES CONTENUS PLUS CONTEXTUALISES L’offre de formation proposée à l’ensemble de l’équipe officinale — titulaires, adjoints et

préparateurs — devrait être renforcée. Cela implique de ne pas privilégier les savoirs

scientifiques trop théoriques.

Concernant les formations visant l’actualisation des connaissances acquises, il s’agirait ainsi

de consolider l’approche globale d’une thématique en la fondant sur le savoir être et les

savoir faire (approche pragmatique) plutôt que le seul savoir scientifique (symbolisé par

l’approche disciplinaire).

Chaque formation pourrait intégrer :

- Une approche scientifique et pharmaceutique (pathologie, symptômes, traitements).

- Une démarche psychologique et relationnelle.

- Une approche commerciale et personnalisée du client.

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III - Préconisations - Chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

231

LE DEVELOPPEMENT PREVISIBLE DE LA FORMATION A DISTANCE Bénéficiant des tendances actuelles de la formation professionnelle continue, les modalités et

les supports de formation tendent à se diversifier208 comme en témoigne la multiplication des

initiatives en matière de e-learning209, de télé-enseignement, d’élaboration de supports

multimédia, de formation par visioconférence210, de télé présentation (conférence audio par

téléphone avec supports informatiques).

Il convient de souligner également que cette tendance bénéficie de conditions

particulièrement favorables dans le secteur officinal : le recours aux NTIC au sein des

officines s’est fortement accru puisqu’à l’heure actuelle, presque 60% des pharmaciens sont

équipés d’une connexion211.

Cet outil est d’autant plus appréciable pour les pharmacies qu’il peut être facilement

mutualisé entre les membres de l’équipe officinale (déclaration favorable de plus de la moitié

des titulaires212). D’ailleurs, un tiers des titulaires envisagent de créer un espace dédié à la

formation en ligne dans l’officine et une majorité de titulaires envisagent un libre accès à leur

bureau.

Le milieu officinal se révèle donc particulièrement propice au développement de la formation

à distance dans la mesure où elle permet d’éviter les contraintes de déplacement en laissant

une marge de manœuvre dans la personnalisation des rythmes de travail et de formation.

Selon Direct Media213, la moitié des pharmaciens pourraient recourir à l’internet pour se

former d’ici 2010). En ce sens, le développement de la formation sur site pourrait passer par

le « media sharing » — basé sur le principe de la visite médicale à distance — qui permettrait

à un formateur de dispenser une formation synchrone au personnel d’une ou plusieurs

officines.

208 Bulletin de l'Ordre des pharmaciens "Les Nouvelles pharmaceutiques", article intitulé "Les nouvelles techniques de l'information et la formation continue", n°366 d'avril 2000 209 Dernière innovation en date : une offre de formation interactive en ligne proposée par l’UTIP depuis septembre 2004. 210 Illustrations issues d’une navigation Internet sur plusieurs sites dédiées aux pharmaciens d’officine, voir ANNEXE Base Documentaire 211 Moniteur des pharmacies, Cahier 3 du n°25 59 du 27 novembre 2004 « Enquête sur la formation continue auprès de 529 pharmaciens d’officine et réalisée par Direct Media » 212 ibid. 213 Jean Christian Kipp, PDG de Direct Media auteur d’une enquête citée par le Moniteur des pharmacies

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III - Préconisations - Chapitre 3

INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

232

Les formations présentielles resteront probablement majoritaires, mais pourraient ainsi être

davantage couplées avec l’utilisation d’Internet, notamment dans le cadre du suivi

pédagogique.

L’INTERET DU COACHING Enfin, malgré l’aspiration des personnels officinaux à sortir de l’officine pour se former, et

au-delà du fait qu’il est difficile de trouver le temps de le faire, il peut être plus efficace de

recourir à une formation très ciblée, notamment en matière de management et de gestion. Cela

permet de travailler à la résolution de problèmes spécifiques tout en ayant le souci d’une

pédagogie des méthodes et outils à développer.

Le coaching, individuel ou collectif (pour toute l’équipe ou pour un pôle d’activités

spécifique) répond à ce besoin et correspond particulièrement bien au contexte officinal. Il

devrait être développé, notamment pour former les officinaux au management. Il présente de

plus l’avantage de s’insérer facilement dans l’activité, en réservant de petites plages de temps

très productives, régulières ou non, à l’accompagnement/formation. Il permet ainsi de

s’ajuster très précisément au besoin et d’éviter une surconsommation peu ciblée.

Il convient que les organismes financeurs octroient des souplesses d’affectation de crédits

permettant de recourir à ce type de modalité pédagogique, en développement justifié,

aujourd’hui, dans les secteurs à forte valeur ajoutée et où l’activité intellectuelle, scientifique

ou relationnelle occupe une place importante.

L’EFFET RESEAU DES STAGES INTER Pour autant le principe de stages inter doit être maintenu et développé. En effet, les personnels

des officines y sont attachés, même s’ils n’y participent que peu, pour l’ouverture et les

possibilités d’échanges de pratiques que cela représente.

Ils constituent aussi la possibilité de consolider l’effet réseau — selon une logique autre celle

du seul intérêt économique — sur lequel l’administration souhaite pouvoir compter pour

asseoir sa politique de santé publique.

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Quatrième partie : Pistes de réflexion et d’opérationnalisation

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IV - Introduction

Pour relever les défis annoncés et mettre en œuvre les préconisations retenues à l’issue des

travaux d’analyse prospective, la profession doit faire aboutir une série d’actions. Ces dernières

n’impliquent pas seulement la branche professionnelle de l’officine, mais également les acteurs

institutionnels dont elle dépend, ainsi que les prestataires qui contribuent à la doter des profils et

compétences dont elle a besoin (OPCA, universités, organismes de formation).

C’est pour engager chacun des principaux acteurs — dont le pouvoir et les interventions pèsent

sur le sort de la pharmacie d’officine — dans la voie des réalisations concrètes que sont ici

proposées neuf fiches opérationnelles. Il ne s’agit pas d’un programme exhaustif d’actions

planifiées, mais plutôt de pistes de réflexion et de stratégies d’action à développer. En

s’appuyant sur l’analyse des difficultés mises en lumière dans le cadre du CEP, les fiches

opérationnelles s’attachent essentiellement à pointer :

- les démarches d’amélioration déjà engagées par les différents acteurs,

- les chantiers à investir à plus ou moins long terme,

- les modalités d’action à privilégier.

Le choix de présentation selon une entrée par « acteur » permet de mettre l’accent sur le pilotage

de chaque démarche envisagée, dont l’impact sur la pharmacie d’officine ne sera d’ailleurs pas

toujours direct. En effet, si la profession doit se mobiliser afin d’évoluer dans le sens le plus

favorable pour elle et pour ses personnels dans la conjoncture qui s’annonce, nombre

d’initiatives déterminantes pour son avenir lui échappent. Il lui est toujours possible, cependant,

d’amorcer les réflexions, “d’instruire” les dossiers, de faire pression par ses propositions sur les

acteurs institutionnels pilotes des réformes.

Les rubriques des fiches opérationnelles Chaque fiche opérationnelle par acteur a pour point de départ une ou plusieurs préconisations du

CEP. L’intérêt spécifique pour l’acteur de prendre part à la mise en œuvre des préconisations

est alors détaillé. Les objectifs opérationnels qu’il lui revient de poursuivre sont ensuite précisés.

Vient enfin la description des démarches à engager : actions, acteurs et moyens associés,

conditions de réussite ainsi que, quand c’est possible, le niveau de priorité de l’action envisagée.

Les modalités plus précises de mise en œuvre devront, bien entendu, faire l’objet de concertation

entre les acteurs concernés.

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INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006

235

Il convient de souligner que ces propositions d’action et de thèmes de réflexion ne relèvent pas

toutes du même niveau d’importance, d’urgence ou de difficulté de mise en œuvre. Certaines

peuvent être rapidement engagées tandis que d’autres supposent la conduite d’échanges et de

négociations approfondis entre les partenaires sociaux d’une part, entre la branche et les pouvoirs

publics d’autre part. Dans les cas où c’était possible, un ordre de priorité, mentionné sur la fiche,

a été établi à titre indicatif, par l’évaluation combinée du caractère de faisabilité, de l’importance

ou de la succession logique à respecter entre diverses actions. Cet ordre est le suivant :

- 1 : action déjà engagée ou à engager immédiatement, préalable aux actions de niveau 2 et 3.

- 2 : action à prévoir à moyen terme (dans les cinq ans).

- 3 : action à envisager à plus long terme, ou dont la durée de réalisation peut être prolongée

sans effet négatif majeur.

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236

LES FICHES OPERATIONNELLES PAR ACTEUR

Neuf fiches opérationnelles “par acteur” sont donc proposées dans les pages suivantes, relevant

des catégories désignées ci-dessous.

Fiches destinées aux acteurs de la branche professionnelle

- Fiche n° 1 : Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi

- Fiche n° 2 : pharmaciens du « terrain » (l’officine)

Fiches destinées aux pouvoirs publics

- Fiche n° 3 : Ministère de la santé

- Fiche n° 4 : Caisse Nationale d’Assurance Maladie

- Fiche n° 5 : Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la

Recherche

- Fiche n° 6 : Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle

Fiches destinées aux acteurs de la formation

- Fiche n° 7 : Organismes de formation initiale - Universités

- Fiche n° 8 : Organismes de formation initiale des préparateurs en officine

- Fiche n° 9 : Organismes de formation continue (privés, publics).

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FICHES DESTINEES AUX ACTEURS DE LA BRANCHE PROFESSIONNELLE Fiche de préconisations n° 1

Acteur : Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi

Préconisations

pour le secteur

- Anticiper les besoins du secteur en termes de profils et de volumes d’emploi

- Adapter les profils de l’officine à la prise en charge concomitante des missions de santé publique et de la performance économique des entreprises officinale.

Intérêt pour l’acteur

- Mieux repérer les mouvements et les tendances d’évolution des activités et des emplois afin d’élaborer des orientations stratégiques et des plans d’actions adaptées aux besoins et aux ambitions du secteur.

- Promouvoir un accès à la formation équilibré prenant en compte conjointement les trois logiques suivantes : o Préparation/adaptation des compétences aux évolutions du secteur à moyen terme (Logique projet) o Adaptation aux évolutions du poste à court terme (logique progrès) o Réponse aux besoins de développement des compétences individuelles dans le cadre de la formation

tout au long de la vie (logique d’acteur) - Accompagner le développement des nouvelles pratiques au sein de l’officine (pratiques de réseau et de

processus qualité, de relation patient)

Objectifs opérationnels pour l’acteur

- Se doter des informations statistiques nécessaires à une vision juste et complète du secteur - Développer une activité régulière de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences de la branche - Appuyer la construction des itinéraires de mobilité et de développement des compétences - Consolider le pilotage de la formation professionnelle par la production d’orientations nationales à moyen

terme pour la branche (périodes de 3 ans) - Optimiser la gestion de la formation professionnelle continue

Priorité Actions à réaliser Moyens à mettre en œuvre Acteurs impliqués Conditions de réussite

1 Mettre en place un système de veille et d’observation des activités et des emplois du secteur, utilisable par la branche

- Recueil de données statistiques en optimisant les travaux de recensement déjà effectués par les différents acteurs.

- Ce recueil devra porter sur : o Le dénombrement précis de

tous les emplois de l’officine (préparateurs et autre salariés en particulier)

o Les flux d’entrée et de sortie des salariés

o Le nombre de titulaires inscrits dans un groupement

o Le suivi de l’insertion et des trajectoires professionnelles des employés

- Diffusion de l’information à destinations de la profession (groupements, ordre, …)

- Institutions d’observation socio-économique et démographique, généralistes ou spécialisées sur la santé , l’emploi et la formation (INSEE, DREES CREDES, ONDPS)

- DRASS - Groupements, ordre des

pharmaciens - Organismes de formation

initiale - Caisses de retraite et de

prévoyance - Observatoire prospectif des

métiers et des qualifications de la branche

Développement de formes de coopération ou de partenariat contractuel entre les acteurs : - Mobilisation ad hoc

de compétences et de ressources complémentaires

- Partage des ressources et du temps consacrés à ce travail

1

Engager l’étude des problématiques stratégiques pour l’évolution des métiers et des emplois

- Organisation de groupes de travail portant sur :

- Le partage des responsabilités entre pharmacien et préparateur

- Les échéances de prise en charge des différentes missions de santé publique (évolution du système de soins)

- Le niveau de compétences requis pour la formation initiale : Produire des référentiels de compétences corrélés aux référentiels d’activité et de compétences cibles produits dans le cadre du CEP)

- La définition d’une politique de validation et de certification des compétences acquises par les salariés dans des domaines de spécialisation complémentaire au diplôme initial

- Partenaires sociaux - Ministère de la Santé - CNAM - -

Consultation des organismes de formation impliqués (dont l’université et la recherche sur les aspects scientifiques)

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238

Fiche n° 1 – CPNE (suite)

Priorité Actions à réaliser Moyens à mettre en œuvre Acteurs impliqués Conditions de réussite

2

Impulser et animer un circuit de concertation régulière avec les organismes de formation et de financement

- Sollicitation d’avis techniques et de propositions d’action des organismes gestionnaires sur les problématiques de FPC

- OPCA PL - FIF PL - Les organismes de formation

Développement de la technicité des organismes financeurs

2

Se doter d’un système interactif d’analyse de besoins quantitatifs et qualitatifs (volume et profil) de compétences

- Mise en place d’un outil de diagnostic en ligne, destiné aux pharmaciens d’officine, sur le site des organismes financeurs

- Analyse régulière des flux de compétences (entrées et sorties prévisibles)

- Mise à jour régulière de l’outil de diagnostic en fonction des évolutions réglementaires ou scientifiques prévues effet de veille et d’alerte sur les officinaux

- OPCA PL - FIF PL - Observatoire des emplois

Double valeur ajoutée du système : - Pour le secteur

(connaissance et anticipation des thèmes et volumes)

- Pour les officines (réponse juste et « juste à temps » à leurs besoins

3

Organiser la mise en place d’une filière de mise à niveau pour l’accès aux études de préparateur

- Repérage des profils concernés (employés de pharmacie, élèves et étudiants, autres profils) et estimation des volumes concernés

- Définition des instances nécessaires (jurys)

- Définition des critères et modalités d’accès.

- - Partenaires sociaux - Ministère de la santé - Ministère de l’éducation

nationale -

Consultation des organismes de formation impliqués

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239

Fiche de préconisations n° 2 Acteur : pharmaciens du « terrain » (l’officine)

Préconisation pour le secteur Impulser de nouvelles pratiques professionnelles au sein de l’officine en fonction des évolutions attendues en termes de santé des français, de maîtrise des dépenses de santé publique, de dynamisme économique de l’officine

Intérêt pour l’acteur

- Anticiper l’adaptation requise par les évolutions réglementaires, économiques et sanitaires certaines.

- Relancer l’attractivité des emplois officinaux et la fidélisation des personnels. - Revaloriser l’image et la place de l’officine et faire preuve de proactivité sur les

dossiers qui impliquent les intérêts du secteur et, par contrecoup, de l’officine. Objectifs opérationnels pour l’acteur

Améliorer les pratiques concrètes de management au sein des officines dans une logique d’efficacité du travail et de fidélisation des personnels.

Actions à réaliser Moyens à mettre en œuvre Acteurs impliqués Conditions de réussite

- Actions de sensibilisation sur les modalités de rétribution et d’évolution des carrières au sein des officines (primes collectives et individuelles, parts en industrie, marges de progression en termes de responsabilité)

- Identification, valorisation et diffusion de « bonnes pratiques en Ressources Humaines », en matière de

o recrutement o possibilités d’évolution de carrière o contribution/rétribution o accès à la formation et à la qualification

- Partenaires sociaux - Groupements - Pharmaciens

titulaires - Organismes de

formation

Encadrer la mise en place de la démarche qualité au sein de l’officine

- Objectivation des pratiques professionnelles (mise en place de référents partagés (bonne pratique du poste)

- Définition d’objectifs de progrès pour les membres de l’équipe (formation par exemple) et de carrière (et suivi des avancées concrètes).

- Mise en place de parcours de carrière (verticaux et/ou horizontaux selon la taille et les possibilités de l’officine)

- Pharmaciens titulaires

Consultation du personnel sur ses attentes et prise en compte des résultats de la consultation

- - Formalisation de « bonnes pratiques de la démarche

qualité », adaptées à la taille des structures - Sensibilisation les pharmaciens d’officine par

l’organisation d’un dispositif de communication ciblé sur l’intérêt de la démarche qualité

- Partenaires sociaux - Groupements - Pharmaciens

titulaires - Ordre - Académie de la

pharmacie

- Participation à des formations à la démarche qualité - Organisation en intra d’un accompagnement à la mise

en place d’une démarche qualité

- Pharmaciens - Équipe officinale

Privilège accordé à l’encadrement des processus qualité, en évitant la formalisation excessive de procédures

- Témoignages de professionnels sur la contribution pharmaco-économique de l’officine (en vue de l’évaluation par les pouvoirs publics et par la branche)

- Communication à l’intérieur de l’officine à l’intention des patients et clients sur l’investissement de l’officine dans le parcours de soin, la veille sanitaire, etc.

- Groupements - Pharmaciens - Équipe officinale

Valoriser les activités de santé publique du pharmacien

- Mise en place d’enquêtes d’opinion - Campagne de communication publique sur l’expertise

du pharmacien

- Secteur (CPNE, Ordre)

Portage partenarial et mutualisation des ressources

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240

FICHES DESTINEES AUX POUVOIRS PUBLICS

Fiche de préconisations n° 3 Acteur : Ministère de la santé

Préconisation pour le secteur Formaliser davantage l’exercice officinal et son encadrement au regard des réalités du terrain

Intérêt pour l’acteur

- Clarifier et valoriser l’acte pharmaceutique - Mieux répondre aux exigences de santé publique - Anticiper les aménagements du code de santé publique par rapport aux pratiques actuelles et à

venir, notamment dans la perspective d’ajustements des pratiques européennes

Objectifs opérationnels pour l’acteur

- Prendre la mesure des évolutions des métiers d’officine - Délimiter les champs d’activité et de responsabilité du pharmacien et du préparateur - Travailler à un meilleur ajustement entre la réglementation et le contenu des pratiques

Priorité Actions à réaliser

Moyens à mettre en œuvre Acteurs impliqués Conditions de réussite

1

Identifier précisément les domaines d’activités du pharmacien et du préparateur

- Utilisation comme base de réflexion des référentiels d’activités professionnelles validés par la branche : o Celui de l’officine (référentiel actuel

d’activités de l’officine, indépendant des profils qui exercent ces activités)

o Les référentiels cibles du pharmacien et du préparateur)

- Branche professionnelle

Prendre en compte les conditions concrètes d’exercice

2

Identifier les principaux domaines de compétences

- Utilisation des référentiels de compétences comme supports de réflexion

- Branche professionnelle,

- Organismes de formation initiale

2

Traduire dans les textes l’élargissement des activités du pharmacien et du préparateur

- Précision réglementaire de la notion de contrôle effectif

- Traduction dans le Code de Santé Publique des dispositions concernant : o le suivi thérapeutique des patients

chroniques o le renouvellement de traitement

simple, le rôle de prescripteur complémentaire du pharmacien

o la veille sanitaire, le dépistage

- Branche professionnelle

- Gouvernement et/ou Parlement

Délimiter clairement et durablement les activités et responsabilités de chacun

1

Revoir les critères d’embauche d’un assistant par tranche de CA

- Adaptation des critères dans le but de favoriser une meilleure prise en compte de l’activité de l’officine, intégrant notamment la structure du chiffre d’affaires (poids de la parapharmacie) et les horaires d’ouvertures

- Syndicats d’employeurs

- Ordre des pharmaciens

2

Rendre les procédures de contrôle plus systématiques et plus réalistes

- Augmentation de la fréquence des contrôles (moyens humains et organisationnels)

- Élargissement du champ des missions des inspecteurs : inclure une dimension conseil lors de l’inspection sur des thématiques telles que la qualité

- Experts processus qualité

- Organismes de formation spécialisés dans les démarches qualité

- Former les inspecteurs sur leurs nouvelles compétences (la qualité…)

- Informer efficacement les professionnels sur les nouvelles compétences des inspecteurs

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241

Fiche n° 3 – Ministère de la santé (suite)

Priorité Actions à réaliser

Moyens à mettre en œuvre Acteurs impliqués Conditions de réussite

1 Faire évoluer le maillage territorial

- Mise en œuvre d’actions pilote sur des zones spécifiques : o Zones rurales : garantir l’accès du

public au service pharmaceutique o Zones urbaines : résorber la surdensité

officinale notamment par le jeu des regroupements

- Construction d’un schéma de couverture nationale pondéré en jouant d’une part, sur le quota de population et la surface géographique, et d’autre part, sur les possibilités offertes par les statuts d’exploitation.

- Syndicats d’employeurs

- Ordre des pharmaciens

- Représentants des usagers

- Implication des élus (Assemblée des Maires de France, Assemblée des départements de France)

3

Concernant la formation du préparateur, envisager les modalités de mise en œuvre de passerelles

- Exploitation des données portant sur les parcours et les besoins des étudiants

- Exploration des rapprochements possibles avec d’autres univers professionnels

- Réflexion autour des possibilités de mise en œuvre d’un système de qualification complémentaire

Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, CPNE, acteurs de la formation initiale et continue des préparateurs

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242

Fiche de préconisations n° 4

Acteur : Caisse Nationale d’Assurance Maladie

Préconisation pour le secteur

Assurer la viabilité économique des officines dans le respect des exigences de sécurité sanitaire et avec l’objectif de maîtriser les dépenses de santé assumées par la collectivité nationale.

Intérêt pour l’acteur - Garantir une prise en charge du patient plus globale tout en assurant l’efficience du système de santé

Objectifs opérationnels pour l’acteur

- Impliquer le pharmacien dans le parcours de soins - Évaluer les contributions et les coûts des actes pharmaceutiques au sein de l’économie sanitaire

de manière à identifier les gisements d’économies potentielles

Priorité Actions à réaliser Moyens à mettre en œuvre Acteurs impliqués Conditions de réussite

1 Mesurer les effets de la coopération médecin pharmacien

1

Évaluer les sources d’économies offertes par la prévention (études médico économiques)

1

Mesurer les économies potentiellement réalisables par la prescription pharmaceutique sur le petit risque

1

Évaluer le risque iatrogène et la structure de son coût (iatrogénie hospitalière et officinale)

- Mise en œuvre d’études pilotes - Définition de critères quantitatifs et

qualitatifs assortis d’indicateurs - Analyse de la fiabilité, de la

pertinence des indicateurs retenus ainsi que de leur coût d’extraction, de traitement et de suivi

- Au vu des résultats obtenus, production des recommandations

- Professions de santé - Experts études

économiques (internes et prestataires indépendants)

- Rigueur du protocole d’étude

- Appropriation des finalités pour la collectivité par les professionnels de santé

- Prise en compte des intérêts respectifs de ces professionnels.

2

Définir le niveau d’intervention souhaitable du pharmacien dans la gestion du DMP

- Exploitation des résultats obtenus dans le cadre des « expériences pilotes » en cours

- Négociation avec l’ensemble des partenaires

le Ministère de la santé, la CPNE, l’Ordre des pharmaciens, les associations d’usagers, les représentants des autres professions de santé.

Volonté politique assortie de l’implication des acteurs

2

Mobiliser la formation professionnelle continue comme un outil possible de régulation des déficits

- Identification des besoins de formation en se basant sur des études et sur l’avis des partenaires (CPNE, université, recherche, organismes de formation …)

- Hiérarchisation des priorités en fonction des économies réalisables

- Choix des modalités de mise en œuvre (caractère obligatoire ou non de la formation)

- Évaluation des effets et l’impact des formations au regard des pratiques

La commission nationale paritaire de branche, les acteurs de la formation professionnelle continue des pharmaciens et des préparateurs

Veiller à délimiter clairement les conditions de sa participation

3

Envisager de nouvelles politiques de remboursement et donc de rétribution : rémunération forfaitaire, système d’honoraires pharmacien combiné, partenariats avec les assurances complémentaires

- Exploitation des résultats obtenus lors des enquêtes pilotes

- Analyse comparative des pratiques au niveau européen et international (Allemagne, Canada, Suède, Suisse…)

Le Ministère de la santé, les mutuelles et complémentaires santé , la CPNE

1 Accompagner les projets d’harmonisation européenne

- Participation à une définition commune des médicaments génériques

GPUE, interlocuteurs institutionnels internationaux

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243

Fiche de préconisations n° 5 Acteur : Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la

Recherche

Préconisation pour le secteur Se doter d’une fonction pilote en vue de construire et de conduire une politique de formation initiale cohérente et réaliste

Intérêt pour l’acteur - Se donner une meilleure visibilité et une marge de manœuvre plus autonome sur les pratiques de formation initiale

Objectifs opérationnels pour l’acteur

- Superviser un appareil de formation initiale plus souple, plus homogène et ajusté aux besoins actuels et prévisibles de la profession de pharmacien

- Accompagner et intégrer la réforme du LMD au sein du cursus de pharmacien - Favoriser la diversification des perspectives d’évolution professionnelle dès la FI

Priorité Actions à réaliser Moyens à mettre en œuvre Acteurs impliqués

Conditions de réussite

1 Se doter d’instruments de suivi statistique

- Identification des priorités d’investigation (effectifs nationaux selon les options, ressentis des étudiants, insertion professionnelle, perspectives d’évolution, organisation du cursus au sein des facultés…)

- Définition des modalités de recueil et de traitement des données en fonction des coûts d’extraction

Les doyens, les responsables pédagogiques et les représentants des étudiants

Implication des responsables pédagogiques et des étudiants

2

Construire un processus d’harmonisation du déroulement des études entre les facultés

- Exploitation des données propres à chaque faculté

- Interrogation sur l’objectif commun d’évolution à poursuivre

- Mise en œuvre de cet objectif en partenariat avec les facultés

Les doyens et les responsables pédagogiques

Implication des responsables pédagogiques

1

Améliorer l’aménagement et le dimensionnement des cursus

- Amélioration de l’opérationnalité des enseignements gestionnaires et managériaux

- Rééquilibrage des enseignements par une meilleure répartition des contenus sur l’ensemble du cursus

- Sensibilisation des étudiants à la démarche qualité

- Introduction de la modularisation des programmes en passant d’une logique de discipline à une logique de compétence

Les doyens et les responsables pédagogiques Les organismes de formation continue Les partenaires sociaux

Prise en compte de la répartition réelle des activités au sein de l’officine Prise en compte du recentrage sur les cœurs de métiers (management, pharmacie, médicament) en fonction des niveaux de responsabilité réellement requis

3

Envisager les modalités de mise en œuvre de passerelles au cours de la formation initiale des pharmaciens

- Exploitation des données portant sur les parcours et les besoins des étudiants

- Réflexion sur les possibilités de rapprochement possibles avec d’autres filières (médecine, droit de la santé…)

Les doyens et les responsables pédagogiques Universités : cursus connexes

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244

Fiche de préconisations n° 6 Acteur : Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle

Préconisations pour le secteur

- Anticiper les besoins du secteur en termes de profils et de volumes d’emploi et mettre en place les moyens adaptés de développement des compétences et des qualifications.

- Rapprocher le cadre réglementaire de l’exercice officinal - Rapprocher la formation initiale et continue des différents métiers de l’officine (santé et

non santé) des besoins et des possibilités de mise en application concrète sur le terrain.

Intérêt pour l’acteur

- Apprécier durablement le dynamisme économique du secteur, les perspectives offertes en matière d’emploi et de qualification, les risques d’inadéquation entre l’offre et la demande d’emplois dans l’officine.

- S’assurer de l’évolution parallèle des emplois de l’officine et des qualifications requises

Objectifs opérationnels pour l’acteur

- Évaluer les suites données aux préconisations du CEP, pour lesquelles des fonds du Ministère de l’emploi ont été engagés.

- Organiser une concertation entre les ministères chargés de la réglementation et de la mise en place des diplômes de formation initiale.

- Organiser une réflexion avec les mêmes ministères sur les parcours professionnels possibles au sein de l’officine et de la pharmacie au sens plus large afin de faciliter la mise en place de la formation tout au long de la vie (VAE, passerelles, certifications complémentaires…).

Priorité Actions à réaliser Moyens à mettre en œuvre Acteurs impliqués Conditions de réussite

1

Élaborer un tableau de bord simple permettant de suivre les évolutions emploi/formation dans le secteur de la pharmacie d’officine

- Réflexion CPNE/ DGEFP pour la définition : o Des finalités du suivi et donc

du calibrage du tableau de bord

o des critères (type d’emploi, volume, qualification…)

o indicateurs (intitulé de poste, niveau de qualification, nombre/emploi, taux d’entrées, de sorties…)

o des moyens de captage (Ordre, recensement de la population, OPCA, groupements…)

- Organisation du suivi (pilotage, échéances, système de restitution….)

- CPNE - Organismes

identifiés pour le captage d’indicateurs, dont le Cereq, en charge des portraits statistiques de branche

Mutualisation des objectifs et des moyens afin qu’un même tableau de bord puisse : - servir plusieurs finalités

(selon les missions des acteurs qui l’utilisent)

- et renseigner l’ensemble des acteurs intéressés qui contribuent au recueil et à l’analyse des données.

Rôle de régulateur externe de la DGEFP, permettant de s’assurer que l’ensemble des emplois de l’officine est observé et que le lien entre activités professionnelles et système de qualification est tangible.

2

Analyser les données statistiques et qualitatives sur l’évolution des emplois de l’officine

- Recueil et traitement des données produites

- Instances officielles produisant des données sur l’emploi dans le secteur (Cereq ,INSEE, DREES, Ordre, Observatoire…)

Neutralité de l’analyse (à l’égard du secteur officinal d’une part, des politiques engagées d’autre part)

3

Impulser des réflexions sur les passerelles entre les emplois de l’officine et ceux des secteurs connexes

- Identification des secteurs d’activité avec lesquels la mobilité est possible

- Identification des acteurs en capacité de suivre les parcours professionnels des salariés de l’officine

- CPNE - Observatoires des

branches impliquées (industrie pharmaceutique, secteur hospitalier, agro alimentaire,…)

- Organismes de formation initiale et continue

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245

FICHES DESTINEES AUX ACTEURS DE LA FORMATION

Fiche de préconisations n° 7 Acteur : organismes de formation initiale - Universités

Préconisation pour le secteur Proposer une formation initiale mieux reliée au terrain de l’officine tel qu’il se dessine

Intérêt pour l’acteur - Renforcer l’adéquation de la formation aux besoins de la profession - Anticiper les évolutions du métier et des conditions d’exercice du pharmacien du point de vue

du terrain

Objectifs opérationnels pour l’acteur

- Intégrer les besoins actuels et futurs de la profession en ajustant les contenus de la formation et les modalités pédagogiques des cursus de formation (pratiques de réseaux avec les autres professionnels de santé, relation au patient, éducation thérapeutique, contribution pharmaco-économique, démarche qualité…)

- Favoriser l’articulation des savoirs théoriques et des savoirs de terrain - Faciliter l’organisation de passerelles, la mobilité et l’orientation des apprenants au sein du

cursus de formation

Actions à réaliser Moyens à mettre en œuvre Acteurs impliqués

Multiplier les échanges entre acteurs universitaires et professionnels de terrain

- Recours à des enseignants issus du terrain - Organisation de rencontres entre les universitaires et les

professionnels

- Doyens - Équipe pédagogique

universitaire - Partenaires sociaux

locaux

Organiser l’encadrement des stages en amont de leur déroulement

- Définition de critères de sélection et d’évaluation des officines formatrices

- Formalisation de cahiers de charges des stages en officine et à l’hôpital (objectifs, contenus, déroulement, évaluation)

- Développement de compétences tutorales des maîtres de stages - Mise en place d’un couple référent de stage (université/officine) - Nécessité de contreparties attractives et contractuelles pour le

pharmacien accueillant le stagiaire (mais non pénalisantes pour la qualité des apprentissages en situation professionnelle)

- Équipe hospitalière (médecins, pharmaciens)

- Équipe pédagogique universitaire

- Étudiants - Pharmaciens

maîtres de stages

Diversifier les modalités pédagogiques

- Développement des études de cas, des mises en situations (exemple type : les officines test)

- Multiplication des sites de stages

- Doyens - Équipe pédagogique

universitaire

Identifier, valoriser et mutualiser les bonnes pratiques pédagogiques

- Organisation de rencontres d’échanges thématiques - Diffusion d’informations

- Conférence des Doyens /Doyens

- Responsables de formation universitaire

Organiser la modularisation du cursus

- Réorganisation des enseignements en unités de sens cohérentes et autonomes adossées aux référentiels d’activité et de compétences établis

- Développement des compétences de médiation pédagogique (évaluation de compétences et orientation au sein des parcours)

- Diversification des publics et ouverture de modules ou sous-modules, en formation continue, aux préparateurs, à d’autres professions de santé, à d’autres employés de l’officine, en fonction de la finalité de ces modules et en définissant des pré-requis précis.

- Ministère de l’Education

- Conférence des doyens / Doyens

- Commission nationale pédagogique

- Responsables de formation universitaires

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246

Fiche de préconisations n° 8

Acteur : organismes de formation initiale des préparateurs en officine Préconisation pour le secteur Proposer une formation initiale mieux reliée au terrain de l’officine tel qu’il se dessine

Intérêt pour l’acteur

- Renforcer l’adéquation de la formation aux besoins de la profession - Anticiper les évolutions du métier et des conditions d’exercice du préparateur du point de vue du terrain

Objectifs opérationnels pour l’acteur

- Intégrer les besoins actuels et futurs du métier en ajustant les contenus de la formation et les modalités pédagogiques des cursus de formation

- Favoriser l’articulation des savoirs théoriques et des savoirs de terrain - Faciliter l’organisation de passerelles, la mobilité et l’orientation des apprenants au sein du cursus de

formation

Actions à réaliser Moyens à mettre en œuvre Acteurs impliqués Conditions de réussite

Renforcer l’encadrement de l’alternance

- Définition de critères de sélection et d’évaluation des officines formatrices

- Formalisation de cahiers de charges des stages en officine (objectifs, contenus, déroulement, évaluation)

- Développement de compétences tutorales des maîtres de stages

- Mise en place d’un couple référent de stage (centre /officine)

- Équipe

pédagogique des centres de formation

- Étudiants - Tuteurs

Révision préalable des objectifs d’acquisition des compétences assignés à l’apprentissage sur le terrain et de son articulation avec la formation

Diversifier les modalités pédagogiques

- Développement des études de cas, des mises en situations

- Multiplication des sites de stages

- Équipe pédagogique des centres de formation

- Étudiants - Tuteurs

Organiser la modularisation du cursus

- Réorganisation des enseignements en unités de sens cohérentes et autonomes adossées aux référentiels d’activité et de compétences établis

- Développement des compétences de médiation des équipes pédagogiques (évaluation du niveau, orientation..)

- Ministère de la Santé

- CPNE - Centre de

formation des préparateurs

Réingénierie articulée aux référentiels d’activité et de compétences fixés par la branche

Valoriser le suivi professionnel des diplômés

- Organisation d’enquêtes d’insertion professionnelle auprès des apprenants, notamment des apprentis

- Organismes d’évaluation publics et privés

- CPNE

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247

Fiche de préconisations n° 9

Acteur : Organismes de formation continue 1/2 Préconisation pour le secteur Proposer une formation continue mieux reliée au terrain de l’officine tel qu’il se dessine

Intérêt pour l’acteur

- Renforcer l’adéquation de l’offre aux besoins et contraintes spécifiques des personnels officinaux

- Accroître sa réactivité dans un contexte d’évolution de la demande de formation et de concurrence accrue

Objectifs opérationnels pour l’acteur

- Ajuster l’offre de formation aux besoins prévisibles de compétences - Conforter l’appropriation de nouvelles pratiques professionnelles - Anticiper les implications des évolutions réglementaires et économiques et sociales du secteur

dans l’offre de formation - Faciliter l’accès et la consommation de formation permanente de tous les personnels d’officine

Priorité Actions à réaliser Moyens à mettre en œuvre Acteurs associés

Conditions de réussite

1

Développer des approches personnalisées de développement de compétences

- Proposition d’actions de coaching en management

- Actions de formation en intra, in situ et à distance

- Mise en place de formations action (notamment sur la qualité)

OPCA CPNE

Adapter la procédure de contrôle de formation des organismes financeurs aux modalités à distance

3

Ajuster l’offre de formation aux conditions de formation « tout au long de la vie »

- Organisation de parcours de formation modularisés, progressifs (initiation/perfectionnement) et cumulables

- Développement des méthodes et des outils de suivi pédagogique (tutorat à distance, par exemple)

- Développer les compétences en ingénierie de formation des organismes de formation

- Organiser une concertation avec l’organisme financeur sur la prise en charge du suivi pédagogique.

2

Renforcer la sensibilisation des personnels d’officine à l’accès à la formation continue

- Organisation d’un dispositif de communication auprès des personnels d’officine : o informations ciblées sur

l’organisation de plans de formation, du DIF et de la VAE)

o diffusion des offres de formation par la presse

- Élaboration d’outils et de supports lisibles

- Organismes financeurs

- CPNE - Organismes

de formation

Organiser le dispositif en concertation avec les organismes financeurs et la CPNE

2

Organiser une veille sur l’évolution des besoins de compétences et des attentes des bénéficiaires

- Animation d’espaces d’information souples et nourris par les organismes de formation

- Diffusion et analyse des évaluations des formations

- Organismes financeurs

- CPNE - Organismes

de formation - Universités

Mettre en place des relais permanents d’informations et d’échanges entre la CPNE, les organismes financeurs et les organismes de formation

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248

Fiche n° 9 (suite) organismes de formation continue - 2/2

Priorité Actions à réaliser Moyens à mettre en œuvre Acteurs associés

Conditions de réussite

1 Promouvoir des approches « réseau » et globales des pratiques officinales

- Organisation de formations pour des publics mixtes (officinaux, inter entreprises et interprofessionnels) dans le domaine de la santé publique

- Mise en place de groupes d’échanges et de pratiques officinales (partages d’expériences et études de cas pratiques)

- Intégrer des apports sur les savoir-faire et les savoir être dans les formations (démarche psychologique et relationnelle, approche personnalisée du patient/client)

Organiser des regroupements pédagogiques de professionnels à un niveau géographique (régional, national)qui évite les risques de défiance mutuelle liée à la concurrence de proximité immédiate

3 Proposer des adaptations dans la prise en charge des formations

- Organisation de groupes de concertation portant sur : o Les conditions de prise en charge

des formations non liées au médicament (gestion commerciale, gestion des conflits, management, formation de formateurs…)

o les procédures de prise en charge.

- CPNE - Organismes

financeurs

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Annexes

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ANNEXE 1 : LES ACTEURS DU CEP

ANNEXE 1 A : LES MEMBRES DU COMITE DE PILOTAGE Collège Etat

Danielle BLANCHARD, Ministère de la Santé, DGS Rolande DESGRIS, Ministère de la Santé, DHOS Martine GOUTTE, Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité, Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle (DGEFP), Chargée de mission, présidente du comité de pilotage Paul RENAUD, Ministère des finances, DECAS Florence de SAINT MARTIN, Ministère de la Santé, DHOS Organisme Paritaire Collecteur Agrée des Profession Libérales (OPCA-PL)

Roger HALEGOUET, trésorier Syndicats salariés

Jean-Marie FONTENEAU, CGT Industries Chimiques Michel LE DIREACH, CFDT Santé-sociaux Patrick LE METAYER, FO Pharmacie Michel PARINET, CFTC Santé-sociaux Bernard PAUL-MARTIN, CFE-CGC Chimie Syndicats employeurs

Philippe GAERTNER, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF), Représentant de l’UTIP (Union Technique Inter Pharmaceutique de Formation Continue) Patrick GIRAUDEAU, Jean-Claude BANIOL, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF), Pierre HARMEL, Martine CHEZE, UNPF Union Nationale des Pharmaciens de France (UNPF) Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi (CPNE)

François AUGRAS, secrétaire général Roger HALEGOUET, président

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ANNEXE 1 B : L’EQUIPE D’INTERFACE Chef de projet

Joëlle DELAIR Équipe projet

Brice BILLET Laurence DARCHEN Maroussia KRAWEC Jean-Marie PICHAVANT dont ethnologues

Anne BOTH Nicolas JAUJOU Mailys LABOUDIGUE Nathalie PETESCH

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ANNEXE 1 C : LES PERSONNES SOLLICITES LORS DES CAMPAGNES D’ENTRETIENS, LES

GROUPES EXPERTS OU LES ATELIERS

Témoignages recueillis en entretiens

Acteurs de la formation initiale - Éducation nationale, enseignement supérieur Mme BABIN : Ministère de l’éducation nationale - DESCO A6 (Bureau de la réglementation des diplômes professionnels)

Mme Dany BEDIER, responsable administrative à la faculté de pharmacie de Chatenay Malabry (sur les choix de DU et les orientations en filières)

M. Michel BRAZIER : Doyen de la faculté de pharmacie d’Amiens – Président de la Conférence des Doyens.

Mme CATONI : Ministère de l’éducation nationale - DESCO A6 (Bureau de la réglementation des diplômes professionnels)

Mme Sylvette HUICHARD, Doyen de l’Université de Bourgogne

M. Charles JOBERT : Ministère de l’Éducation nationale – DES A 12 – (Bureau des formations de santé) M. Guy LEYRAL : Inspecteur général de l’Éducation nationale

Acteurs de la formation continue M. Thierry BARTHELME, secrétaire général de l’UTIP

M. Luc BESANÇON, Direction des Affaires Professionnelles à l’Ordre National des Pharmaciens (sur la formation continue en Europe)

Mme Béatrice BURY, Directeur Administratif et Financier IFMO (sur l’offre)

M. Thierry DINE, responsable du département de formation continue de la faculté de pharmacie de l’université de Lille.

Mme Hélène Van Den BRINK, maître de conférences à l’université de Paris XI en charge de la coordination des stages. Entretiens auprès d’étudiants en pharmacie Toulouse (3 personnes) 5A - 6A – 6A

Strasbourg (2 personnes) 4A – 5 A

Paris observatoire (4 personnes) 1A – 2A – 3A – 3A

Chatenay Malabry (2 personnes) 4A, 54 Entretiens auprès d’élèves préparateurs CFA Dijon (4 personnes) deux en BP 1, deux en BP 2

CFA Planchat (2 personnes) BP 2

CFA Montpellier (1 personne) jeune diplômée

Représentants de l’État

Fabienne BARTOLI, Ministère de la Santé, Cabinet du Ministre

Danielle BLANCHARD, DGS

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Rolande DESGRIS, DHOS

Martine GOUTTE, Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité, Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle (DGEFP), Chargée de mission,

Paul RENAUD, Ministère des finances DECAS

Florence de SAINT MARTIN, DHOS Représentants de la CNAM

Claire MARTRAY, CNAMTS, Division du médicament

Sophie PEPIN, CNAMTS, Pharmacien Conseil

Michèle RICATTE, CNAMTS, Pharmacien Conseil

Représentants de syndicats d’employeurs

Philippe GAERTNER, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF), Représentant de l’UTIP (Union Technique Inter Pharmaceutique de Formation Continue)

Jean-Pierre LAMOTHE, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF), Relations sociales & Formation

Pierre LEPORTIER, Président , Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF),

Philippe LIEBERMANN, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF), Commission Europe

Jean-Étienne MARTINEAU, Secrétaire Général, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF),

Jean-Marc YZERMAN, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF), Economie de l’officine

Pierre HARMEL, Union Nationale des Pharmaciens de France (UNPF)

Claude JAPHET, Union Nationale des Pharmaciens de France (UNPF), Président Yves TROUILLET, Association des Pharmacie Rurales, Président. Représentants de syndicats de salariés

Jean-Marie FONTENEAU, CGT Santé sociaux

Michel LE DIREACH, François GENIN, Dominique DROUET, CFDT

Patrick LE METAYER, Gilbert LEBRUMENT, Jacques TESCHER, FO Pharmacie

Bernard PAUL-MARTIN, CGE-CGC Gilles AULAGNER, Syndicat National des Pharmaciens SNPHPU Représentants du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens (CNOP)

Isabelle ADENOT, Présidente Section A (Pharmaciens Titulaires)

Jean Luc AUDHOUI, Trésorier

Jérôme PARESYS-BARBIER, Président Section D (Pharmaciens Adjoints)

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Valérie BECQUART, Les Entreprises du Médicament (LEEM) Gilles BRAULT-SCAILLET, Président Syndicat des Groupements Pharmaciens Michel DURAFFOURG, Chambre Syndicale de la Répartition Pharmaceutique Représentant de la Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi (CPNE) François AUGRAS, secrétaire général Représentants de l’Organisme Paritaire Collecteur Agrée des Profession Libérales (OPCA-PL)

Catherine BISSEY, Division Etudes

Roger HALEGOUET, trésorier Représentant du Fonds Interprofessionnel de Formation des Professions Libérales (FIF-PL) Philippe LALOUM, Directeur

Groupe « experts »

Valérie BECQUART, Les Entreprises du Médicament (LEEM), Direction des Affaires Economiques

Mireille BONNEAU, Consultante, Intervenante Master Management Faculté Orsay

Ana DIMITRIJEVIC, jeune préparatrice

Patrick FALLET, Professeur, Département droit & économie de la santé Faculté d’Orsay

Jean LAMARCHE, Pharmacien d’Officine, Conseil National de l’ordre des Pharmaciens

Christophe MAGNOUX , jeune préparateur

Sophie PEPIN, Pharmacien Conseil CNAMTS

Michèle RICATTE, Pharmacien Conseil, CNAMTS

Pierre SADO, Pharmacien hospitalier, professeur au CHU Guillaume Régnier (Rennes)

Jean Marc YZERMAN, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF), Economie de l’officine

Deux étudiantes en cycle d’étude pharmacie

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Ateliers

Participants à l’atelier du 14 novembre 2005, portant sur l’emploi et la gestion des ressources humaines dans le secteur de la pharmacie d’officines

M. Jean-Luc AUDHOUI : Trésorier de l’ordre des pharmaciens / membre du Conseil National de l’Ordre / Observatoire des professions de santé

Mme Christine BARLA : Présidente SNPGH

M. Gilles BRAULT-SCAILLET: ancien Président du collectif des groupements/ Groupe Pharmavie

M. Claude JAPHET : Président de l’UNPF. Pharmacien

Mme Caroline LAFOIX : DGS Ministère de la Santé / Bureau des formations .

M. Jean-Étienne MARTINEAU : Secrétaire général FSP- Chargé des commissions des affaires sociales

Participants à l’atelier du 16 novembre 2005, portant sur la formation initiale et continue des préparateurs et des autres employés de l’officine

Mme Mathilde BOURET, préparatrice - CFA Dijon

M. Pierre Yves BUREL, P.Y. BUREL Consultant

Mme Christine CAMINADE, UNOF

Mme Christine CHARTON, CFPP Planchat

Mme Ghislaine CONTARIN, CARLA Ecole

M. Philippe DENRY, Centre de cours - Nancy

Mme Danièle EBERLIN, CFA du Lycée JF-Oberlin

M. Jean-Marc GAGNAIRE, ADFPP de Clermont Ferrand

Mme Michèle GALLON, FORM UTIP

M. Camille HYBOIS, CFA de Lorient

M. Olivier KIRSCH, CRFPP Dijon

Mme Caroline MAZET, CFA de Brive-la-Gaillarde

Mme Christine MEYER, OCP Formation

Mme Anne-Laure THOMAS, étudiante BP2 - CFA Planchat

Participants à l’atelier du 22 novembre 2005, portant sur la formation initiale et continue des pharmaciens

M. Pierre-Yves BUREL : Burel Consultants

M. Jean-Luc BURY : Initiative française du marketing officinal

M. Philippe COURRIERE : ancien doyen de l’Université de Toulouse

M. Patrick FALLET : Université Chatenay Malabry

Mme Michèle GALLON : Form Utip

M. Jean-Marie GAZENGEL : Université de Caen, Département Formation continue

Mme Sylvette HUICHARD : Doyen de l’université Bourgogne

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M. Jean LAGOUTTE : Carla Université

Mme Christine MEYER : OCP Formation

M. Claude VIGNERON : Haut comité pharmaceutique de la formation continue / Commission nationale des études pédagogiques

Autres personnes ressources

Forum Économie Santé, organisé par les Échos, avec les interventions notamment de :

⋅ Mme Anne ANDRÉ, Directeur général, Aon Assurances de Personnes

⋅ M. Gérard ARCÉGA, Directeur, CPAM d’Avignon

⋅ M. Didier BAZZOCCHI, Directeur général, Mutuelle Générale

⋅ Pr Jean-François BERGMANN, Vice-président de la Commission d’AMM

⋅ Mme Marianne BINST, Directrice générale, Santéclair

⋅ Mme Nathalie DROUILLET-BURBAN, Directeur achat Trading, OCP

⋅ Mme Corinne JÉGO, Manager des ressources humaines, Hillrom

⋅ M. Gilles JOHANET, Directeur des activités santé et collectives, Groupe AGF

⋅ M. Christian LAJOUX, Président-directeur général, Sanofi-aventis France

⋅ M. Jean-Marie LEVAUX, Directeur général, Groupe Ionis

⋅ M. Thierry MOREAU-DEFARGES, Vice-président affaires pharmaceutiques et économiques,

⋅ M. Howard OXLEY, Économiste principal de la Santé, OCDE

⋅ Mme Danielle PAOLI, Présidente de la commission exercice professionnel, FSPF

⋅ Dr Jean-François REY, Président, Union syndicale des Médecins spécialistes (CSMF)

⋅ M. Gérard ROPERT, Directeur général, CPAM de Lyon

⋅ Mme Rolande RUELLAN, Conseiller Maître, Cour des Comptes

⋅ M. Frédéric VAN ROEKEGHEM, Directeur, UNCAM, Directeur, CNAMTS

⋅ Mme Susanne WEBER–MOSDORF, Directeur général en charge des affaires internationales et européennes, Ministère fédéral de la Santé et de la Sécurité Sociale, Allemagne

⋅ Pr Marie-Christine WORONOFF-LEMSI, Pharmacienne, CHU de Besançon

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Annexe 2

ANNEXE 2 : LES SOURCES DOCUMENTAIRES

SOURCES DOCUMENTAIRES DIAGNOSTIC Textes officiels :

- Article 65 de la loi n°99-641 du 27.07.99 relative à la CMU, modifié par l’article 18 de la loi de modernisation sociale n°2002-73 du 17.01.02, portant sur la répartition géographique des officines et le nouveau régime juridique des créations, transferts et regroupement d’officines.

- Loi n°2002-303 relative au droit des malades et à la qualité du système de santé - Arrêté du 17.07.87 modifié fixant le régime des études en vue du diplôme d’Etat de docteur

en pharmacie avec en annexe le programme de la formation commune de base. - Textes relatifs au numerus clausus : arrêtés du 05.12.02, du 27.03.02 et du 17.12.01 - Art. 42-41 et suivants du CSP, fixant les conditions de délivrance du BP de préparateur en

pharmacie - Convention collective de la Pharmacie d’officine du 3 décembre 1997 Statistiques publiques

- CEREQ Portait Statistique de Branche, Commerce de Produits pharmaceutiques - INSEE : Enquête sur le revenu des pharmaciens, avril 2004 - UNEDIC, Taille des établissements Rapports administratifs, Enquêtes publiques

- Rapport du Haut Conseil sur l’avenir de l’assurance maladie - CREDOC : Enquête réalisée à la demande de l’INC et de la CNAMTS août 2003 - Sondage SOFRES juillet 2003 sur l’opinion du système de soins public - DREES / Etudes & Résultats : Santé, Famille, Protection sociale, exclusions Les opinions

des Français de 2000 à 2002 - DRESS, Etudes et Résultats N°105 : La consommation des médicaments non prescrits, mars

2001 Données de la profession

Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens (CNOP)

- Données section A, section D, répartition géographique des officines, statuts - Démographie pharmaceutique française, Etude prospective, 2000 - François PUISEUX, Activités et responsabilités du pharmacien, Enquête de l’Académie

Nationale de Pharmacie, CNOP 2000 - Emmanuelle Alexandre, Marie Danièle Campion, Daniel Vion, Régulation de la dépense

pharmaceutique dans l’union européenne, CNOP, Bulletin de l’ordre n°376 Novembre 2002 - Stéphane Jacquemet, Agnès Certain, Education thérapeutique du patient Rôle du

pharmacien, CNOP, Bulletin de l’ordre n°367, Juillet 2000 - Colette Keller Didier, Pharmacien : un métier au cœur du système de soins, CNOP, Bulletin

de l’ordre n°376, Novembre 2002 - Joany Vayssette, Quelques réflexions sur la pharmacie d’officine, CNOP, Bulletin de l’ordre

n°373, décembre 2001 Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF)

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- Enquête économique 2003 - Base de données Pharmastat Union Nationale des Pharmaciens de France (UNPF)

- Rapport sur l’évolution économique et la situation de l’emploi en pharmacie d’officine - Grille des salaires au 1er janvier 2004

Collaboration C2P, Les entreprises du médicament et DASEFP Données sur le recrutement des pharmaciens, médecins, ingénieurs et autres

diplômés dans les entreprises du médicament au 31/12/2001, décembre 2003 Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi (CPNE)

- Enquête sur les besoins de formation des salariés d’officine1992-2002, janvier 2003 - Taux de demandeurs d’emploi - Effectifs des étudiants en BP préparateur, décembre 2004 - Effectifs salariés

Pré-Conseil National de la Formation Pharmaceutique Continue - Proposition de mise en œuvre de l’obligation de formation continue des pharmaciens, 2003 Organisme Paritaire Collecteur Agrée des Profession Libérales (OPCA-PL)

- Statistiques de suivi relatives à la consommation de formation, 2004 Fonds Interprofessionnel de Formation des Professions Libérales (FIF-PL)

- Statistiques de suivi (en attente) Données Privées

Groupe de prévoyance Mornay

- Données sur les effectifs non cadres (2004) - Données sur les effectifs cadres (1999) AGF

- Données sur les effectifs cadres et assimilés cadres de 1997 à 2003

IPSOS Santé

- Enquête auprès des pharmaciens d’officine sur le rôle du pharmacien, février 2004

Eurostaf - Les perspectives de l’automédication en France, Juillet 2004

Interfimo (Credit Lyonnais) - Statistiques régionales 2003 sur le coût d’achat des officines Articles de presse

- L’Express, « Le blues des pharmaciens », 2004 - Le Quotidien du pharmacien, « le e-learning : se former sans se déplacer», juillet 2004 - Impact pharmacien N°129,17 novembre 2004

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Travaux universitaires

- Alain Ehrenberg, La fatigue d’être soi, Odile Jacob, 1999 - Louis Chauvel, Le destin des Générations, PUF, 1996

SOURCES DOCUMENTAIRES EMPLOIS/FORMATION

- Rapport de l’Académie Nationale de Pharmacie « Evolution des pratiques professionnelles en pharmacie d’officine », Ministère de la santé et des solidarités, Octobre 2005

- Le quotidien du médecin - Article du 16 novembre relatant l’entretien avec M. Xavier BERTRAND, ministre de la Santé, et M. François GOULARD, ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la Recherche.

- Données sur la consommation de formation continue par public et par thème en 2004, fournies par les organismes financeurs des employeurs (FIF-PL) et des salariés (OPCA-PL)

- Référentiel de compétences et programmes de formation du BP préparateur

- Programmes de formation initiale en pharmacie (universités de Paris XI, Bourgogne, Lorraine

- Répertoire des centres de formation par apprentissage au BP de préparateur

- Répertoire de l’offre des organismes de formation continue agréés par le FIF-PL, 2005, FIF-PL

- Répertoire des formations du site du CNOP et du Moniteur des pharmacies

- Moniteur des pharmacies, Cahier 3 du n°25 59 du 27 novembre 2004 « Enquête sur la formation continue formation auprès de 529 pharmaciens d’officine et réalisée par Direct Media »

- Données sur les effectifs des élèves préparant le BP préparateur par zone géographique et par année d’étude en 2004, CPNE

- « Enquête sur la formation continue auprès de 529 pharmaciens d’officine et réalisée par Direct Media », Moniteur des pharmacies, Cahier 3 du n°25 59 du 27 novembre 2004

- Sites web consultés recensant l’offre de formation continue pour les pharmaciens et/ou les préparateurs :

⋅ l’Ordre des pharmaciens

⋅ Moniteur des pharmaciens

⋅ Pharmemploi

⋅ UTIP

⋅ OCP

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GLOSSAIRE

LISTE DES SIGLES UTILISES :

AESGP : ………………………….. Association Européenne des Spécialités Pharmaceutiques Grand Public AFSSAPS : ……………………….. Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de

Santé BP : ……………………………… Brevet Professionnel CSG :………………………………. Cotisation Sociale Généralisée CFA : ……………………………… Centre de Formation des Apprentis CQP : ……………………………….Certificat de Qualification Professionnelle DCI : ………………………… … Dénomination Commune Internationale (nom de la

molécule) DRASS : ………………………….. Direction Régionale de l’Action Sanitaire et Sociale DREES : ………………………….. Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et

des Statistiques (Ministère de la Santé) DU : ……………………………… Diplôme d’Université EBE : ……………………………… Excédent Brut d’Exploitation EPU : ……………………………… Établissement Public Universitaire EURL : …………………………… Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée FIF-PL :……………………………. Fonds Interprofessionnel de Formation des Professionnels

Libéraux FPC : ……………………………… Formation professionnelle continue GPUE : …………………………… Groupement des Pharmaciens de l’Union Européenne MDL :………………………………Marge Dégressive Lissée : diminution du pourcentage de

marge par tranches successives au fur et à mesure que le prix de la spécialité augmente, ceci afin d’éviter un enrichissement automatique des pharmaciens

ONDAM : …………………………Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie : niveau de dépense annuel maximum fixé

OPCA-PL : ……………………… Organisme Paritaire Collecteur Agréé des Professions Libérales

OTC :……………………………… Over The Counter, médicaments en libre accès en officine PUI : ………………………………..Pharmacie à Usage Intérieur RMO : …………………………… Références Médicales Opposables : liste de médicaments

jugés non efficients SA : ……………………………… Société Anonyme SEL : ……………………………… Société d’Exercice Libéral SNC : …………………………….. Société en Nom Collectif (plusieurs titulaires groupés sur

une officine) STM, ATM : ..…………………… Sans Ticket Modérateur, Avec Ticket Modérateur SMR : ………………………………Service Médical Rendu : efficacité médicamenteuse de la

spécialité TFR : ……………………………… Tarif Forfaitaire de Responsabilité : s’applique lorsque le

médicament princeps remboursé sur la base du générique le moins cher, la différence étant acquittée par l’usager

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UTIP : …………………………… Unité Technique Inter-Pharmaceutique

QUELQUES DEFINITIONS CLES :

Dans le domaine de la santé et de l’officine

Acte pharmaceutique : autre nom donné à la dispensation. Contrôle effectif : selon les dispositions du code de la santé publique, le préparateur assume ses tâches sous la responsabilité et le contrôle effectif d’un pharmacien titulaire, adjoint, ou remplaçant ; pour autant, la responsabilité pénale du préparateur demeure engagée (article L 4241-1 du code de la santé publique). Le principe du contrôle effectif — qui a pu donner lieu à des interprétations approximatives — suppose la présence du pharmacien dans l’espace officinal, afin que le préparateur et le patient puissent s’ils le souhaitent ou si la situation l’exige avoir recours à lui. Il ne s’agit en aucun cas d’un contrôle systématique de l’ordonnance. Le contrôle effectif n’impose pas non plus que le pharmacien présent dans l’espace officinal exerce à tout moment un contrôle visuel sur ce qui s’y déroule. Délivrance : fait de remettre un médicament avec les conseils adaptés. Dispensation : en pharmacie pratique, acte pharmaceutique, au cours duquel le pharmacien délivre un produit, prescrit ou non, en l’accompagnant d’un contrôle de l’ordonnance ou de la demande, de la préparation éventuelle des prises et d’informations et conseils nécessaires au bon usage et au suivi du médicament (définition de l’Ordre des Pharmaciens) Dossier Médical Personnel : outil de coordination des soins, avec en filigrane deux objectifs : l'amélioration de la qualité des prises en charge et la maîtrise médicalisée des dépenses. Il sera donc destiné à accompagner le patient dans un parcours de soins et, par conséquent, à pouvoir être partagé entre les intervenants. Marges arrières : La détention du droit de substitution permet au pharmacien de réaliser des profits soit en se groupant avec d’autres confrères ou bien en s’approvisionnant en génériques auprès d’un seul et même laboratoire. Ces achats s’opèrent donc en vente directe, c’est-à-dire en négociant directement auprès des laboratoires et en effectuant des arbitrages commerciaux sur les volumes de façon à maximiser les profits et à effectuer des achats les plus avantageux possibles. Il bénéficie alors d’une remise commerciale sur ses achats, d’où la dénomination de marges arrières réalisées en amont de la vente. En fait, le droit de substitution a d’une certaine façon « substitué » le pharmacien au répartiteur et l’a métamorphosé en acheteur de médicaments. Opinion pharmaceutique : l’opinion pharmaceutique est une démarche qualité comprise comme « un avis motivé dressé sous l’autorité d’un pharmacien, portant sur la pertinence pharmaceutique d’une ordonnance, d’un test ou d’une demande du patient, consigné dans l’officine et impérativement communiqué sur un document normalisé au prescripteur lorsqu’il l’invite à la révision, ou lorsqu’il justifie le refus ou la modification d’office de sa prescription ». Concept développé par l’Ordre des Pharmaciens, elle est légalement opposable lorsqu’elle est communiquée de manière formelle.

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Pharmaco vigilance : La pharmacovigilance a pour objet la surveillance du risque d'effets indésirables résultant de l'utilisation des médicaments et produits à usage humain mentionnés à l'article L. 511-1, des produits mentionnés à l'article L. 658-11 et des médicaments et produits contraceptifs mentionnés à l'article 2 du décret 69-104 du 3 février 1969. Prescription : la prescription est le résultat d’un acte médical personnalisé se traduisant par des instructions à réaliser sous la responsabilité du prescripteur par le patient, un professionnel de santé ou un fournisseur de biens ou de services de santé. Soin pharmaceutique : c’est « l’ensemble des actes et services que le pharmacien doit procurer à un patient afin d’améliorer sa qualité de vie par l’atteinte d’objectifs pharmaceutiques de nature préventive, curative ou palliative ». (définition de l’Ordre des Pharmaciens) Sortie de la réserve hospitalière : également appelée « rétrocession », la sortie de la réserve hospitalière désigne le fait de transférer vers l’officine des médicaments dispensés au sein de l’hôpital. Il s’agit généralement de médicaments coûteux et correspondant à des traitements très spécialisés. Suivi pharmaceutique : c’est la mise en œuvre de différents processus permettant une dispensation responsable du traitement médicamenteux jusqu’à l’obtention de résultats tangibles qui améliorent la qualité de vie du patient. (définition de l’Ordre des Pharmaciens) Spécialité pharmaceutique : médicament préparé à l’avance par un établissement pharmaceutique, présenté sous un conditionnement particulier et désigné par une dénomination spéciale qui peut être soit celle d’une marque, dite aussi dénomination de fantaisie, soit par une dénomination commune (D.C.I.) assortie du nom du fabricant ou d’un nom de marque. (définition de l’Ordre des Pharmaciens)

Dans le domaine de la gestion des ressources humaines Activités professionnelles : c’est un ensemble d'actions et d'opérations dirigées vers un but déterminé, correspondant à plusieurs tâches à exécuter dans le cadre d'une situation de travail. Compétences professionnelles : ce sont des acquis d’ordre cognitif, pratique ou comportemental, dont la catégorisation la plus traditionnelle correspond aux "savoir", aux "savoir-faire", et aux "savoir-être", nécessaires pour tenir un poste ou réaliser une activité, ou bien encore qui sont maîtrisées par un individu. Les compétences s'acquièrent par la formation et à travers l'expérience professionnelle. Elles se combinent ensemble pour permettre la réalisation d’une activité ou d’une tâche donnée. Elles sont, le plus souvent, transposables d’une situation de travail à une autre, c’est-à-dire qu’une même compétence peut être mobilisée pour effectuer des activités différentes. Emploi-cible : description du contenu (missions, activités) et du contexte d’exercice futurs d’un emploi sensible. Emplois "sensibles" : emplois dont le contenu (missions, activités…) et/ou le contexte d’exercice (champs de relations, technologies utilisées, champ de responsabilités...) vont être particulièrement touchés par des changements à venir (technologiques, organisationnels, etc.).

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Métier : c’est un ensemble de missions et d’activités communes à plusieurs emplois, correspondant à un ensemble de compétences formant un tout, socialement reconnu dans une organisation (la notion de métier englobe celle d’emploi). Missions : les missions sont souvent évoquées par des expressions synonymes variées comme les attributions essentielles, la définition de fonction, les responsabilités. Elles désignent en fait les finalités d’un service, d’une unité ou encore d’une situation de travail, selon le niveau où on se place, et leur formulation doit répondre à la question : "en quoi le service, l'unité de travail, ou bien le poste, contribuent-ils à l'organisation ?" Elles intègrent une idée de permanence et sont plus précises que la notion de fonction. Lorsqu’on analyse une situation de travail, on trouve généralement entre trois et huit missions. Aptitudes : il s’agit des qualités fondamentales d'un individu, d'ordre physique, intellectuel, psychomoteur, de personnalité, etc., qui se développent jusqu’à la fin de l’adolescence, et dont la plupart d'entre elles sont considérées comme peu variables dès lors qu'un individu est parvenu à l'âge adulte. Elles facilitent les apprentissages, l'acquisition de compétences, et l'adaptation à des situations nouvelles. Qualification d'un individu : Somme de compétences ("savoir", "savoir-faire", "savoir-être") relevant d’un même domaine maîtrisée par un individu, et dont la combinaison forme un tout cohérent lui permettant de réaliser certaines tâches ou activités bien identifiées dans un champ professionnel donné.