Le Chapardeur de Beurre

7/29/2019 Le Chapardeur de Beurre

1/42


2/42

Le Chapardeur de Beurreest un recueil de classesdonnes par r rmad Bhaktivednta Nryaa GosvmMahrja Kuala Lumpur (Malaisie) en dcembre 1998.

Titre anglais original: The butter thief

Traduction: Sumagal Ds & Sadnanda DsaCorrection: Klind-Yamun Ds, Jayantakd Dsa

& ymnanda Dsa

Relecture: Vndvana DsaConception couverture & mise en page:ymnanda Dsa

Couverture: Life Force News 25 1995 The Meditation Center

2000 Gauya Vednta Publications2003 pour ldition franaise

Tous droits de traduction, adaptation etreproduction rservs pour tous pays.


3/42

r r Guru-Gaurgau Jayata

Le Chapardeur

de BeurreLa Vritable Nature de la Dvotion

par

le matre le plus expert dans lart de dcrire ka-ll,qui est emprunt des qualits de douceur et de magnanimit,

et qui, parce quil savoure continuellement la douceurde Ka, peut la rpandre librement autour de lui

Tridasvm r rmadBhaktivednta Nryaa Mahrja

G. V. P.Gauya Vednta Publications

1


4/42

CHAPITRE UN

Lcoute des Divertissements de Ka

Une connaissance essentielle et authentique

La culture vdique de lInde, imprgne dsotrisme, a atteintun telniveau de connaissance que ses sages ont dcouvert lme. Ils ontgalement appris voir Dieu lintrieur comme lextrieur de touteschoses, et en tudiant la nature de la Personne Suprme, ils ont trouv etralis diffrentes relations possibles avecLui.

Nous ne pouvons absolument pas imaginer ou raliser ces relationsspirituelles travers nos sens ou notreconnaissance matriels,car ils sontimparfaits. Cependant, le Seigneur en personne, r Ka, transmet lesavoir transcendantal par le biais dune succession ininterrompue dematres et de disciples. Il a personnellement enseign ce savoir Brahm(le crateur de cet univers matriel). Brahm la ensuite transmis Nrada,Nrada la donn Vysa, et Vysa ukadeva. Par cette mthode detransmission du savoir, un trsor de connaissance transcendantale nous estparvenu depuis sa source parfaite, Dieu. Nous pouvons faire confiance

cette succession disciplique et nous efforcer dassimilerde notre mieux sesenseignements.

Quelle est la nature transcendantale de Dieu? Que pouvons-nousconnatre de Sa puissance et de Sa misricorde? Quelle est la relation quinous unit Lui et comment la raliser, et comment Le servirternellement?

Ces sujets sont traits de faon trs labore dans le rmad-Bhgavatam, une uvre magistrale contenant la quintessence de toute la

littrature vdique. Des douze chants de cet ouvrage, le dixime contientles enseignements les plus importants. Le but de ce petit livre estdexpliquer lessence de ce dixime chant; trs agrable lire, il vousaidera mettreenpratique les principesdubhakti-yoga.

Le bhakti-yoga

Lapratique du bhakti-yoga est ncessaire pour comprendre et raliserla Vrit Absolue. Sans elle, onne peutrien raliser de la Transcendance.Quest-ce que la bhakti? Il existe deux catgories dmes: lme

2


5/42

individuelle et lAme Suprme. Ka est lunique et ternelle AmeSuprme; les innombrables mes individuelles sont galement ternelles.Lme individuelle et lAme Suprme, r Ka, ne peuvent sunir que parle biais de lamour etde laffection purs; cest cet amour et cetteaffection

que lon appelle le bhakti-yoga. Cetamour transcendantal, prema, est dediverses sortes. Les mes libres servent Ka ternellement dans leroyaume pur et ternel de Vaikuha, au sein duquel se trouve la demeuresuprme de Ka, appele Goloka-Vndvana. L, Il est servi avec lessentiments damour transcendantaux les plus parfaits.

Les mes conditionnes sont enchanes la matire et recouvertes parmy, lillusion. Elles sont uniquement qualifies pour servir des corpsfaits de matire et non desprit. Ellessouffrentdansle cycle des naissanceset des morts rptes. Comment peuvent-elles atteindre lternit et latranscendance? Par la pratique du bhakti-yoga. Celui-ci connat diffrentestapes, depuis la foi initiale (raddh) jusqu lextase (bhva),en passantpar la pratique stable (niha), le got (ruci) et lattachement (sakti). Telest le processus.

Seul le bhakti-yoga nous permettra de raliser laspect personnel deDieu. Le Seigneur Suprme est si misricordieux quIl descend parfois ence monde sous diverses formes pour accorder Sa misricorde aux mesconditionnes.

La sourcede toutes ces manifestations est r Ka,Dieu la PersonneSuprme. Ka Se manifeste dans ce monde sous ces formes ainsi quesous Sa forme originelle, infiniment fascinante, qui attire non seulementles humains, mais galement les animaux et les arbres. Ka fascine tousles tres parce quIl attire lme, laquelle est prsente chez les habitantsdes plantes suprieures, les devas, comme chezles porcs, les poissons, lesufs, les arbres, les plantes, et mme dans les particules deau et depoussire. Lme est prsente partout. Si vous pratiquez le bhakti-yoga,

vous pourrez comprendre et raliser cela, et dvelopperez peu peu labhakti, la dvotion envers Ka. En gnral, les gens naiment pasentendre parler de thories philosophiques abstraites; cest pourquoi jetiens expliquer les diffrentes relations damour transcendantal quiunissent lme individuelle Dieu en racontant les divertissements deKa. Le bhakti-yoga deviendra encore plus attirant si lon aborde ledixime chant du rmad-Bhgavatam, qui explique comment Ka Semanifeste en ce monde, comment Il protge les sdhus, tue les dmons et

Se divertit de manire suprmement fascinante.

3


6/42

La bndiction dentendre les divertissements de Ka

Les noms et divertissements de Ka nappartiennentpas ce mondeo rgne la mort: ils sont spirituels et absolus. Lcoute des

divertissements de Ka nest pas une activit ordinaire, ellerelvede laTranscendance. Il y a une vaste diffrence entre ce monde, o tous sontassujettis lamort, et le monde transcendantal. Lorsque nous parlonsdesqualits et divertissements de Ka (hari-kath) ou chantons Ses saintsnoms, la vibration spirituellemise est extrmement bnfique. Mme si laconscience dunepersonneest voilepar lignorance et son cur empli depenses et daspirations indsirables, si elle a un tant soit peu de respectpour Ka,ces vibrations spirituellespntreront jusqu son cur. Ce nesont pas de simples mots; Ka Lui-mme Se manifeste travers ces sonstranscendantaux. Son royaume spirituelpntre le cur de quiconquea neserait-ce quun peu de foi.

Lorsquon ralise cela, notre cur devient pur et notre foi (raddh)saccrot. La dvotion, qui est de nature transcendantale, se manifestedansnotre cur et lon devient un dvot. On prend alorslinitiation dun matrespirituel authentique et sengage dans le service dvotionnel (bhajana-kriya). Tous les dsirs matriels, conceptions indsirables et mauvaiseshabitudes nous quittent graduellement (anrtha-nivtti). Avec le

dveloppement progressif de notre conscience de Ka, la pratique fermeet rgulire (niha), le got (ruci), puis lattachement transcendantal(sakti) se manifestent lun aprs lautre. On atteint par la suite le stade delextase (bhva), puis de lamour pur pour Ka (prema). Ayant quittcorps, mental et ego matriels, nous existons au niveau de lme pure;revtu dun corps transcendantal, on devient un habitant ternel de Vraja etpeut alors approcher Ka et goter au bonheur ternel.

4


7/42

CHAPITRE DEUX

Les Divertissements dEnfance du Seigneur

Introduction

La littrature vdique y comprisles neufs premiers chapitres du rmad-Bhgavatam dcrit des activits du Seigneur Suprme qui sontimpossibles accomplir par les devas, que dire des tres humains! Cesdivertissements Le montrent sans quivoque possible comme Dieu, laPersonne Suprme et Absolue. Le dixime chant du rmad-Bhgavatam,par contre, dvoile des divertissements confidentiels qui nont lieu quVraja (Vndvana). L, le Seigneur Suprme apparat sous la forme duntre humain ordinaire, et Ses dvots oublient quIl est Dieu, la PersonneSuprme. Ils Le voient comme un tre infiniment attirant et peuvent, parconsquent, Le servir avec des sentiments damour et de tendresse intimes,que rendrait impossiblela conscience de Sa divinit.

Ainsi, dans ces divertissements Vraja, Ka semble prendrenaissance et Se comporter comme un tout petit bb sans recours, devenirun enfant, puisun adolescent. Cependant, contrairement nous, Il nest pas

sujet aux changements imposs par la nature matrielle, et ne semble ltrequepour le plaisir de Ses dvots. Il demeureDieu, la Personne Suprme,immuable, omnisciente, omnipotente et transcendantale, mais pourpermettre Son absorption dans ces changes damour dpourvus de touteformalit, une de Sesnergies, yogamy, recouvre Sa connaissance afinquIloublie Lui-mmequIl est Dieu.

La Vrit Absolue unique Se manifeste sous deux formes

Ka et Baladeva sont Dieu, la Personne Suprme. On peut sedemander comment deux personnes peuvent tre toutes les deuxDieu, laPersonne Suprme! Il faut comprendre que bien quIls Se manifestent sousdeux formes, Baladeva et Ka sont en fait non-diffrents. Ils ne fontquun. Ka Se manifestesous la forme de Baladeva, le but tant de nousmontrer comment servir Ka. Baladeva Prabhu est lorigine du principeternel du Guru. Il rvle tous les principes dusavoir ternel et enseigne

comment servir Rdh et Ka, cest--dire Ka et Son nergie deflicit ternelle.

5


8/42

Quand la Vrit Absolue grandit

A Vraja, Ka et Baladeva ont tous deux lapparence depetits garonsdun ou deux ans. Nous, mes conditionnes, commenons notre vie en

tant que bb, puis devenons des enfants, des adolescents, des adultes etfinalement des vieillards. Ka, Lui, ne passe pas par toutes ces tapes.Dans Ses divertissements ternels au monde spirituel, Ka a toujourslaspect dun trs bel adolescent. Il na jamais lair plus vieux, etnapparat pas non plus comme un bb ou un enfant. Cependant, quand Ildploie Ses divertissements dans le monde matriel, Il manifeste toutes cestapes de la croissance entre naissance et adolescence seule fin de fairecrotre lamour et laffection de Ses dvots. Ka et Baladeva sont certesDieu, la Personne Suprme, mais Ils ont lapparence Vraja dedeux petitsbbs tous nus marchant quatre pattes. La mre de Ka sappelleYaod et celle de Baladeva, Rohi. Parfois, Ka ou Baladeva voit unserpent et lattrape. Quand Yaod et Rohi sen aperoivent, elles sontterrorises. Dautres fois, les deux garons mettent Leurs mains dans lagueule de chiens mchantsqui se calment aussitt. Ils ont aussi invent un

jeu trs amusant: Ils saisissent la queue dun chien ou dun veau en latenant fermement, puis Se font traner avec amour par lanimal. Bien plusgs,Ka et Baladeva attrapent parfois parles cornes de gros taureaux

laspect effrayant; Ils luttent et Samusent avec eux, et les taureaux yprennent galementplaisir.

Yaod sabsorbe dans le souvenir de Ka

Quand Ka et Baladeva taient encore tous petits, Ils rampaientparfois jusqu la porte de la maison et prenaient peur sIls voyaientquelquun. Ils Se prcipitaient alors versLeurs mres et Se rfugiaient bien

vite sur leurs genoux. Yaod et Rohi Les couvraient de leur voile,caressaient Leurs cheveux et, les larmes aux yeux et le cur fondantdaffection, Leur donnaientle sein.

Parfois, une gopvenait dans la cour de Mre Yaod etvoyait celle-cisaffairer baratter du yaourtet prparer diffrents mets pour Ka. Ellenavait pas dautre activit. Elle passait son temps servir Ka et, cefaisant, pensait Lui et chantait:

Govinda Dmodara Mdhaveti,Govinda Dmodara Mdhaveti.

6


9/42

Ka rampait ou marchait quatre pattes dans la maison et dans lacour, et elle semployait tout bien ranger et nettoyer dans le seul but deLe protger, touten chantant:


Parfois, elle tait occupe moudre quelque chose avec un pilon et unmortier, et pendant ce temps, elle chantait:


Dautres fois, elle engageait ses servantes dans diffrentes tches, ounourrissait les perroquets de grains de grenade en leur disant: Chantezcomme moi: Govinda Dmodara Mdhaveti, Govinda Dmodara

Mdhaveti.Mre Yaod ntait pas la seule penser Ka pendant quelle

accomplissait ses tches mnagres. Toutes les gops de Vraja sesouvenaient constamment de Lui quand elles vaquaient leursoccupations; elles sy livraient pour Son seul plaisir, afin quIl vienne

chez elles leur voler du beurre. Elles pensaient: Il viendra certainementaujourdhui, et alors je Lattraperai.

Les gops de Vraja passaient tout leur temps servir Ka enaccomplissant leurs tches mnagres dans ce sentiment. Parfois, vers septheures du matin, elles dlaissaientleurs occupations et se runissaient chezYaod. Pourquoi? Simplement pour voir Ka. Il tait tellement beauquelles avaient plus damour et daffection pour Lui que pour leurspropres fils. Elles Le chrissaient tant et pensaient: Jaimerais tellement

que Ka soit mon fils pour que je puisse Lui donnermon lait boireetLe servir avec tout mon amour et monaffection.

Les bbs lutteurs

Toutes les gops nourrissaient ce mme sentiment, et il en allait demme pour les vaches! Parfois, Nandagrma, la ville des ptres ohabitaient Ka et Baladeva, ces dernires restaient sur place Les

attendre. Les deux enfants sortaient de chez Eux, Se couchaient sous lesvaches, qui versaient spontanment du lait de leurs pis dans Leurs bouches.Les vaches pensaient: Si seulement Ka tait mon veau! Je pourrais Le

7


10/42

nourrir demon lait et Lui montrer tout mon amour et mon affection. AVraja, tout le monde pensait de la sorte.

Ka et Baladeva grandirent. Quand Ils eurent peu prs un an etdemi, Ils purent Se tenir debout et marcher un peu, en trbuchant. Les gop

s venaient Les voir et, un jour, elles se divisrent en deux groupes. Un pritle parti de Baladeva, et lautre celui de Ka. Les gops qui taient avecKa sexclamaient: Ka est si fort quIl peut vaincre Baladeva! Et legroupede Baladeva Prabhu de rpliquer: Non, Baladeva est plus fort queKa! Alors les gops de Ka lanaient: Si Ka remporte la victoire,nous Lui donnerons un laddu. Celles de Baladeva rpondaient: SiBaladeva Prabhu gagne, nous Lui donnerons un laddu. Ka et Baladevacomprenaient trs bien que les gops Les poussaient ainsi lutter. Ka etBaladeva taient tous nus, Ils Se tenaient debout lUn en face delAutre, etcommencrent frapper Leurs cuisses et Leurs poitrines comme devritables lutteurs. Alors Ils Se saisirent Lun lAutre et SefforcrentChacun denvoyer lAutreau sol. Mais comme Ils taient de force gale,parfois, ctait Ka qui Se dgageait la dernire seconde et remportaitle combat, dautres fois, ctait Baladeva qui tait vainqueur. Ils gagnaientainsi chacun leur tour, et tout le monde riait, sexclamaitet applaudissait;les gops taient toutes transportes de joie la vue de ce spectacle.

Se plaindre avec amour

Ka tait maintenant un peu plus g. Il ne portait souvent quunechane en or autour de la taille, qui bruissaitettintait chacun de Ses pas.Il Se demandaitDou vient ce bruit? en regardant partout autour de Luisans Se douter quIl en tait la cause.

Les gops venaient toujours Le voir, mais elles se plaignaient de Luiauprs de Yaod M: Ka Sintroduit chez nous pour voler notre

beurre. Il Se dbrouille toujours pour le trouver, mme si nous avons prissoin de bien le cacher. Il est toujours entour de Ses nombreux amis,Sudm, rdma, Subala, Madhumagala. Ils sont comme une bande depetits singes coquins et malicieux. Les petits camarades de Ka sepromenaient aussi nus que les quatre Kumras et ne Le quittaient jamais.

Lorsque les gops venaient se plaindre Yaod M, elles ntaient pasdu tout en colre, au contraire, elles taient vraiment dsoles pour elle etse disaient: Yaod napas la chance que nous avons Ka vient chez

nouspour Samuser et chaparder Sa guise, alors que chez Lui, Il ne volerien et Ses jeux nontpas autant de charme. Yaod ne connat pas notrechance, car elle ne peut pas assister ces divertissements simerveilleux!

8


11/42

Nous sommes si fortunes. Elles semblaient venir pour se plaindre, maisen ralit, elles nagissaient ainsi que pour pouvoir parler de Lui et fairesavoir Yaod quel point son fils taitirrsistible.

Voici quelques histoires rapportes par les gops Yaod: Ton fils

est devenuun vrai garnement! Il pntre chez nous et nous joue des tourspendables. Il vole notre beurre et en distribue tous Ses petits amis, mmeaux singes. Parfois, Il Se montre trs rus: Il dit lun de Sescamarades: Va trouver ta mre; pendant ce temps, nous nous cacheronsdans unarbre ou dans une autrebonne cachette juste en face de chez toi.Dis-luique quelquun a dtach le veau et quil est en train de boire tout lelait de sa mre. Quand le garon raconte cela sa mre, elle partimmdiatement la poursuite du veau, et pendant ce temps-l, Ka ettous Ses amis sintroduisent chez elle et volent du beurre ou ce quilsconvoitaient.

Dautres fois, une gop se cachait chez elle en pensant: Je suis sreque Ka va venir. Et cette fois, je Lattraperai. Effectivement, peu detemps aprs, Ka pntra pas de loup dans sa maison et plongea Samenotte dans une jarre de beurre. La gop Le prit sur le fait et Lerprimanda: Tiens, tiens! Que fais-Tu voler dans ma maison? KaSempressa de rpondre: mre, Je croyaisque ctait la mienne et quevous tiez Ma maman. Quand Je vous ai vu arriver,Je naipas pens une

seule seconde que vous ntiez pas Ma mre et encore moins que vousMattraperiez pour Me battre. Et Il fit un sourire si enchanteur que lecur de la gopfondit; elle tenait Ka par lepoignet, maisIl Se dgageaet Senfuit.

Le veau fugitif

Un jour, une gop raconta Mre Yaod: Aujourdhui, jai pris ton

Ka en flagrant dlit, la main plonge dans une jarrede beurre. Je Lui aialors demand: Que fais-Tu ici? Serais-tu venu me voler du beurre? Oh,non, mre, a-t-Il rpliqu,Jtais en train de chercher Mon petit veau. Je

jouais avec lui, quand il sest chapp. Je lai poursuivi, mais il a sautdans cette jarre. Oh, oh! AlorsTon veau a saut dans ce pot!? Cest biena? Oui, mre ma rpondu ton fils lair innocent, et Il aretir Sa maindu pot. Et sais-tu ce quIl tenait dans la main? Un petit veau en marbre, un

jouet! Ils ont clat de rire, Lui et tous Ses amis, et ils ont dtal.

Ka est Dieu, la Personne Suprme, et Il dsire plus que toutsatisfaire Ses dvots. Les autres incarnations de Ka ne sont pas commeLui. Tout le monde peut adorer Ka, mais Lui veut adorer Ses purs

9


12/42

dvots, les servir, et exaucer tous leurs vux. Les purs dvots de Ka Vraja pensent: Jaimerais tellement que Ka vienne chez moi pour mevoler du beurre! Cest pour cela quIl Sy rend, autrement Ka niraitchez personne.

Ka ne veut que de lamour et de laffection

Ka nacceptera une offrande que si elle est faite avec amour etaffection. Lvnement suivant, qui se droula bien aprs que Ka eutquitt Vraja, lorsquIl tait Hastinpura, dmontre ce fait: un jour, Katait en visite chez Arjuna et ses quatre frres, qui taient tous Ses amistrs chers et Ses dvots. Duryodhana, qui vivait aussi Hastinpura, taitlennemi jur dArjuna et des Pavas, maisil voulut inviter Ka pourun festin. Duryodhana tait trs riche; il avaitdonc fait servirdexquisesprparations, telles quedes laddus, des peras, des kacoris, despuris et dumakhan, dans des plats en or, puis demanda Ka: Viens partager cerepas avec moi, je Te prie. Mais Ka dclina linvitation: Je ne pourrairien manger, parce que Je nai pas faim. Je peux manger nimporte quelmetsl o rgnent lamour et laffection, mais Je ne pourrai jamais mangeravec toi, car tu nasni amour niaffection pour Moi! De plus, Jesuis venuHastinpura pour te faire une proposition, mais tu las rejete. Comment

pourrais-Je donc manger ta table? Je ne suis pas un mendiant et Je naipas faim.

De dlicieuses peaux de bananes

Aprs Stre entretenu de la sorte avec Duryodhana, Ka Se renditchez Vidura. Vidura tait un dvot de Ka, et il avait galementbeaucoup daffection pour Arjuna et ses frres; il les avait sauvs

plusieurs reprises de terribles dangers. Ka apprciait donc beaucoupVidura. Quand Il arriva,Vidura ntait pas l, mais Ka, qui avait faim,Sadressa son pouse: Mre Vidur, Jai trs faim! Sil te plat, donne-Moi quelque chose manger. Vidur nourrissait une grande affectionpour Ka et dsirait intensment Le servir. Elle Lui apporta des bananesquelle semit plucher, mais elle tait si mue quelle jetait les fruits etLui donnait les peaux. Ka accepta les peaux de bananesavec amouretsen dlecta. Elles Lui parurent plus savoureuses que tous les mets et

offrandes prpars Dvrak par Ses premires reines, Rukmi etSatyabhm.

10


13/42

Alors que Ka tait occup savourer loffrande de peaux debananes, Vidura arriva. Etonn de la scne qui soffrait ses yeux, ilsexclama: Vidur! Maisque fais-tu? Ka lui dit voix basse: Nedis rien! Elle nest plus consciente du monde extrieur: elle est pleinement

absorbe danslamour transcendantal. Mais le son de la voix de son mariramena Vidur ses sens, et elle se rendit vite compte de ce qui sepassait. Elle sempressa alors de servir les fruits Ka et dejeter lespeaux. Mais Ka taitun peu du: Ces fruits nont pas aussi bon gotque les peaux de tout lheure! A travers ce divertissement, nouspouvons comprendre quen ralit Ka na jamais faim. Il na pas enviede goter des bananes, du rabai, du lait, ou quoi que ce soit dautre: toutce quIl dsire, cest goter lessence de tous les fruits. Quelle essence?Lamour et laffection, le sentiment de dvotion qui imprgne loffrande.Ka nacceptera jamaisrien de quelquun qui na ni amour ni affectionpour Lui. Par contre, Il semparera de force de ce que Ses dvots Luioffrent avec amour et affection, sils ne Lui en donnent pas assez. QuandKa apparut sous la forme de Son propre dvot en tant que CaitanyaMahprabhu, Il avait lhabitude de Se disputer avec Son trs cher ami etdvot rdhara, et de lui prendre sans payer ce quil vendait. rdharaprotestait: Non, il est hors de question que tu prennes cela si tu ne mepaies pas, je suis troppauvre! ou bien Non, ne prends pas tout a! Va les

acheter chez quelquun dautre!, mais Mahprabhu semparait malgrtout deses courges (mocas) et de ses fleurs de bananes. Telle est la naturede Ka.

Ka nest pas un mendiant, Il possde toutes les opulences et toutesles perfections, mais Il apparat nanmoins Vraja dans lunique but deservir Ses dvots et de Se divertiren leur compagnie.

Ka est trahi

Ka avait encore grandi. Un jour, Yaod Lui dit: Cest aujourdhuiTon anniversaire. Vachercher une gnisse et ramne-la ici pour lui offrirla pj. Ka tait ravi. Il choisit un ravissant petit veau. Sa robe taitaussi blanche quun cygne. Elletait trs bien portante, solide et forte, etsautait de tous cts. Ka voulut lattraper, mais Il ny parvenaitpas tantelle bondissait de-ci de-l. Finalement, aprs une lutte intense, Il arriva Ses fins et Se prpara lamener dans la cour; Il essaya de lattacher par

les pattes, mais lanimal ne lentendait pas ainsi et la lutte reprit de plusbelle. Alors queKa amenait grand peine le veau dans la cour, un potsuspendu un chevron par une corde attira soudain Son attention. Il en

11


14/42

conclut aussitt quil contenait du beurre, Son mets prfr. En un instant,Son intense avidit pour le beurre Lui fit compltement oublier le veau.Mais comment allait-Il atteindre le beurre? Le pot tait trs haut,prs duchevron, et il ny avait ni chelle ni quoi que ce soit qui put Laider

commettre Son larcin. Quand Il tait avec Ses amis, ctait simple: ilsfaisaient comme une pyramide etIl montait sur leur dos pour avoir accsaubeurre. Mais aujourdhuiIl tait tout seul et navait mme pas un btonpour dcrocher le pot. Que faire? Aprs avoir mrement rflchi, Kaconclut: En me mettant deboutsur le veau, Jatteindrai trs facilement lepot! Il amena leveau juste en dessous du pot, grimpa sur son dos et Seretrouva la bonnehauteur pour glisser Sa main danslepot. Mais juste ce moment-l, le veau fit un saut de ct, et le petit Ka, qui avait plongSa main lintrieur du pot, Se retrouva suspendu en lair. Terroris,Il Semit alors appeler: Maman! Maman! Maman! et clata en sanglots.Yaod tait occupe baratter. Quand elle entendit les appels dsesprsde Ka, elle eut un sourire et se prcipita Son secours. Ds quelleLaperut accroch au pot, elle comprit ce qui stait pass. ElleLe tana:Eh bien, reste comme a! Pas question de Te dcrocher! Et Tu seraspuni! Les larmes et les appels de Ka redoublant, Yaod Le dcrocha.Ka, enfant, tait trs espigle, ce qui Lui valaitlamour et laffection detoutes les gops, et principalementde Sa mre.

Pris la main dans le sac

Un jour, une amie de Yaod lui raconta: Tt ce matin, Ka Sestintroduit chez moi pour me voler du beurre. Quand Il est arriv, Il a vu quetout le beurre tait rang et hors de Sa porte, Il nepouvait donc pasenchaparder. Mon petit garon dormait, mais Ka la pinc si fort quilsest rveill en sursaut et sest mis pleurer. Sinous ne laissonspas de

beurre Sa porte,voil ce quIl fait; et si par hasardIl ne trouve pas lebeurre Son got, Il casse tous les pots! Quand Yaod entendit cettehistoire, elle se dit: Dcidment, mon Ka est devenu tropcoquin et Ilvavoler du beurre chez les autres. Il faut que je Lui donne une leon. Deson ct, la goppensait: Je suis sre que Yaod ne nous croit pas quandnous lui racontons ce que fait son fils. Je vais rentrer chez moi attendreKa, et quand Il arrivera, je Lattraperai sur le fait et Lamnerai Samre. Elle sera bienoblige de constaterque son fils est un fripon.

Avant les premires lueurs de laube, alors quil faisait encore trssombre, Ka faisait la tourne des maisons en chapardantdu beurre. Ilpensait: Personne ne peut Mattraper! Il arriva la maison o cette gop

12


15/42

Le guettait. Alors quIl Se dlectait de beurre, la gop, qui Lobservaitdepuis sa cachette, se jeta sur Lui et Le prit en flagrant dlit: Etmaintenant, je vais Tamener Mre Yaod! sexclama-t-elle touteexcite de Sa capture. Elle sera bien oblige daccepter de nous croire

quand nous lui disons que son garon est un voleur! La gop couvritKaavec sa chaddar afin de lemmener tel un prisonnier chez YaodMaiy. Une fois arrive, elle lappela: Yaod! Oh, Yaod! Regarde unpeu quije tamne! Cest ton fils que jai pris la main dans le sac! Cestdevenuun vrai voleur! Tu nasjamaisvoulu me croire jusqu maintenant,mais prsent tu es bienoblige de me croire! Yaod sapprtait sortir,lorsquelle aperut Ka endormi sur Son lit. Perplexe, elle demanda: Ehbien, o est mon fils? En rponse, la gopsouleva le chledontelle avaitentour Ka. Quelle ne fut pas son tonnement en constatant que centait pas Ka, mais son propre fils que la gopavait envelopp dans sachaddar! Juste ce moment-l, Ka sortit de Sa chambre en Se frottantles yeux et en pleurnichant: Maman! Maman! Tu vois!Elles sont toujoursen train de mentir Mon propos! Je nai jamais t chez elle! Ce sonttoutes des menteuses! Mais puisque cest ainsi, dornavant Jirai chez ellesvoler du beurre!

13


16/42

CHAPITRE TROIS

Li par lAmour

La beaut de Yaod Maiy

Pendant que Yaod vaquait ses tches mnagres, elle cherchait lemoyen de satisfaire le dsir de Ka de manger du beurre: Toutes lesgops prparent leur beurre elles-mmes pour loffrir Ka avec amouret affection, pensait-elle, leur beurre a un got exquis. Jusqu' prsent, jenai jamais prpar mon beurre moi-mme; ce sont mes serviteursqui senchargent. Mais partir daujourdhui, jiraitraire les vaches moi-mme etferai du bon yaourt. Puis je le baratterai jusqu' obtenir le meilleur desbeurres pour que Ka Se rgale. Yaod prit cette dcision le jour deDiwl et envoya tous ses domestiques au palais du frre de Nanda,Upnanda. Elle y envoyamme Rohi Maiy et Baladeva, car il ne restaitpersonne pour aider cette dernire aux prparations de Diwl dans sonpalais. Yaod resta seule chez elle. Elle sapprtait baratter leyaourt lorsque le soleil rougeoyant se leva dans le calme et la paix dumatin. Yaod tait resplendissante. Comment Ka aurait-Il pu tre aussi

beau si elle-mme ne ltait pas? Un fils ne peut pastre trsbeau si lamre est laide.

Comment dcrire la beaut de Yaod? Sa poitrine tait signreusequon aurait dit que sa taille trs minceallaitse briser si ellese penchait enavant. Elle tait vtue dhabits de soie. A cette poque, en Inde, lafabrication de la soie tait trs raffine. Un sari mesurait peu prs sixmtres, et les tisserands fabriquaient des toffes dune telle finesse quunsari entierpouvait passer travers une bague! Yaod portait ce jour-l un

de ces saris, dont les plislaissaient transparatre les charmes rayonnants desa beaut.Mre Yaod se prparait baratter. Elle prit une jarre emplie de

yaourt, la plaa ct dun pilier, installa la baratte lintrieur de la jarreen lamaintenant laide de fines cordelettes quelle fit passer de chaquect du pilier, puis se mit baratter en tirant sur les cordes. Elle tait trshabile, belle et intelligente. Cest pour cette raison que Ka tait si beauet si attirant, au point que si des milliers de gens Lavaient observ, ils

seraient rests compltement fascins. Les garons ont naturellement cettequalit.

14


17/42

Mais quoi pensait Yaod quand elle barattait? Elle sabsorbait dansle souvenir des douxdivertissements denfance de Ka et chantait:

Govinda Dmodara Mdhaveti,

Govinda Dmodara Mdhaveti,Govinda Dmodara Mdhaveti,Govinda Dmodara Mdhaveti.

Yaod tait profondment absorbe dans son chant et dans le souvenirde Ka. Son cur fondait, et de ses yeux ferms coulaient des larmesdamour.

Le chant de Yaod

Lorsque les vaiavas chantent la gloire de r Ka, ilssaccompagnent gnralement dun tambour appel mdaga. Le ctlarge de linstrument donne les sons graves, tn-tn!, et lautre extrmitles aigus, dik-dik! Les chanteurs jouent aussi de petites cymbales(karatlas) qui rsonnent doucement et marquent le rythme. Pendantquelle chantait, la baratte de bois au fond de la jarre produisait un sonsemblable celui du mdaga, dik-dik-tn! dik-dik-tn!, tandis que les

colliers et bracelets de Yaod tintaientdoucement en rythme, comme despetites cymbales. Yaod suivait ce rythme en chantant. Le dik-tn dubarattage disait: Honte ceux qui nadorent pas Ka et ne sabsorbentpas dans Son souvenir! Honte eux! Honte eux! Dik-tn! Dik-tn!

Ka cherche Yaod

Yaod tait pleinement absorbe par ce quelle faisait. Pendant ce

temps, dans le lit o Il Stait endormi avec Sa mre, Ka Staitrveill. Ses yeux taient encore ferms, mais avec Ses petites mains Ilcherchait Sa maman et lappela en geignant: M! M! M! Quand Il Serendit compte que Sa mre ntait plus dans le lit, Il Se mit pleurer unpeu plus fort en frottant Ses yeux avec Ses petits poings. Au dbut, Il nepleurait pas et avait juste tal autour de Ses yeux panouis comme desptales de lotus le kajal noir que Sa mre Lui avait appliqu. Mais netrouvant pasSa mre, Il Se mit pleurer en Se disant: Je viens juste de

Merveiller et Jai trsfaim, maisM est partie etMa laiss tout seul. Ilpleurait comme le font les bbs quand ils rclament leur mre. Puis Ilentendit le son lointain du barattage et comprit que Sa mre ne pouvait pas

15


18/42

Lentendre. Elle est en train de baratter, dik-tn! dik-tn! et Je lentendschanter: Govinda Dmodara Mdhaveti, voil pourquoi elle neMentend pas. Il pleura encore plus fort, mais Yaod ne vint toujourspas. Il Se rsolut alors descendre du lit, mais il tait trs haut. Comment

faire? Ka na aucune limite, puisquIl est Dieu, la Personne Suprme;lunivers entier repose lintrieur de Son corps, mais, plong dans le rledun petit enfant, Il arrivait peine descendre de Son lit. IlSe tourna surle ventre, mitSes pieds sur le ct du lit et Se laissa glissertout doucement

jusqu' ce que Ses pieds touchent le sol, puis Il partit rejoindreSa mre.Encore tout ensommeill, Il avait la dmarche hsitante et trbuchait. Ilpleurait et les larmes, qui taient blanches comme leGange, roulaient surSes joues, et les tranesde kajal avaient le noir de la Yamun. Ka taitnoir, et le noir du kajal Le rendait encore plus sombre. Il pleurait trsfort,mais Yaod tait totalement absorbe, et le son du barattage et de sonchant couvraient Sespleurs. Bb Ka arriva enfin tout prs de Yaod;Il saisit la barattede Sa main gauche et chercha attraperson voile de Samain droite. Sa mre, toujours aussi absorbe, se demanda ce qui se passaitet aperut son fils derrire elle. Oh! Mon Ka est lev, et Il pleure!Aussitt, Yaod sarrta pour prendre Ka sur ses genoux. Comme Ilcontinuait pleurer, elle essuya Ses larmes avec son voile et Le consolaavec dedouces paroles. Elle Le calma, Le caressa et Luimit son sein dans

labouche.

Le dsespoir du lait

Ka ne pleurait plus, mais Yaod se mit, elle, pleurer. Elle nesanglotaitpas bruyamment,mais des larmes damour coulaient doucementle long de ses joues, et ses poils se dressrent dextase transcendantale. Lesdvots les plus avancs exprimentent huit sortes de symptmes physiques

dextase transcendantale, que Yaod manifesta sur le moment. Des larmescoulaient flot de ses yeux, son corps tremblait, et elle se mit transpirerabondamment. Elle tait pleinement absorbe dans son extase damourmaternel transcendantal pour Ka, qui Sen dlectait pleinement. Kattait le sein de Yaod depuis un moment dj, mais ntait toujours pasrassasi, parce quIl avait eu faim pendant longtemps. Soudain, Yaod

jeta unregard sur la casserole pleinede lait quelle avait misesur le feu, etsaperut que le lait dbordait. Elle comprit que le lait tait lui aussi un

dvot et quil pensait: Jaimerais tellement servir Ka, mais Sonestomac est si grand quil peut contenir lunivers entier, et il y a assez delait dans la poitrine de Yaod pour remplir des ocans de lait par millions.

16


19/42

Lapptit de Ka est illimit, Son estomac est illimit, et Yaod possdedes ocans de lait illimits. Mme si Ka boitle lait de Yaod pendantdes millions et des millions dannes, son sein ne tarira pas; Je naurai

jamais lopportunit de servir Ka dans cette vie, alors quoi bon

continuer vivre? Je prfre mourirsur-le-champ. Voil pourquoi le laitdbordait.

Le guruengage tous les dvots au service de Ka

O que vous les rencontriez, les dvots sont toujours absorbs dans unsentiment de sparation intense, qui est le symptme mme de labhakti: Mon corps, mon mental et mes sens ne sont pas engagsdans lapratique du service de Ka. Mieux vaut mourir. A quoi bon vivre?

Nous, nous ne raisonnons pas de cette manire, nous ne connaissonspas un tel dsir. Pourquoi? Parce que notre sdhana nest pas adquate.Lorsque en pratiquant nous nourrirons un tel dsir, Ka apparatra etnous accordera tout de suite la pratique de Son service, ou bien nousrencontrerons un grand dvot comme Yaod qui nous donneralopportunit de servir Ka directement.

Quand Yaod comprit que le lait se jetaitdans le feu par dsespoir,elle lui dit: Trs bien, je vais tengager au service de Ka, et je Le

servirai aprs. Un vrai bhakta, un guru de cette sorte, engage toujoursplus de dvots au service de Ka. Le service de Gurudeva est dengagerdes mes qualifies, cest--dire avides de servir Ka. Mre Yaod estcomme un guru dans le domainede lamour parental pour Ka, et pouraider le lait accomplir son service, elle dutposer Ka terre et courirprotger le lait du feu. Tels sont les nature et sentiment du guru: aider lesautres servir Ka. Cest l son premier devoir. Cest pourquoi Yaodvoulait poserKa.

Yaod lemporte sur Ka

Peu aprs la naissance de Ka, alors quIl navait quesix jours, unedmone du nom de Putan vint Vndvana pour tenter de Le tuer. Elleenduisit son sein depoison et prit la forme dune trs belle femme. Quandelle voulut donner la tte bb Ka, Celui-ciaspira son souffle vital.La dmone, qui avait la force de plusieurs milliers dlphants, essaya

alors de Lenlever deson sein, mais ne pouvant desserrer Son treinte, ellesuccomba.

17


20/42

A Prsent, Ka tait bienplus grand et plus fort, et quand Il vit queYaod tait sur le point de Le poser terre, Il Sagrippa elle comme unbb singe. Il lenveloppa de Ses bras et jambes, et tint fermement son seindans Sa bouche. Dans lintense effort qui engageait tous Ses sens, Il tait

rsolu: Je ne descendrai pas des genoux de Yaod. Ka est Dieu, laPersonne Suprme, et Il possde la somme totale de toutes les opulences, Ila le pouvoir de vaincre lunivers entier, y compris les dmons les pluspuissants comme Kei, Agha, Baka, Putan, Hirayakapu et Rvaa,mais Il nempcha pas Sa mre de Le poser au sol. Yaod eut le dessussans aucune difficult: Attends-moi l! Lui dit-elle, et en dpit de tousles efforts de Ka, elle Le souleva rapidement dune seule main et Ledposa avec aisance. Ka ne putabsolument rien faire.

Voici un enseignement trs important pour tous. Ka est dpendantcomme un bb de celui qui a dvelopp une bhakti aussi puissante etprofonde que Yaod. Par lentremise deSon nergie de divertissements,Yogamy, Son pouvoir illimit Le quitteet Il perd toute indpendance.

LorsqueYaod laissa Ka, Celui-ci clata en sanglots bruyants etSemit en colre: Elle na mmepas rassasi Ma faim, et pourtantelle Madlaiss pour allersauver le lait!

Le serviteur du serviteur

Ce divertissement nous permet de comprendre que ceux qui serventKa prennent aussi grand soin des articles avec lesquels Il est servi: lesustensiles de cuisine, Ses habits, Sa flte, Sa plume de paon, etc.Yaodleur accordamme iciplus dimportance qu Ka. Pourquoi? Dans cemonde, le bhakta agit toujours de la sorte; ce nest pas facile saisir, maisquelques exemples nous aideront mieux comprendre.

Yaod donne parfois une gifle Ka quand Il salit Ses vtements

avec de la boue et de la terre: Tu nes vraiment pas sage! Lui dit-elle, jeviens peine de laver Tes habits, et Toi Tu Tempresses dj de les re-salir.

Pourquoi, alors que le lait allait se jeter dans le feu, abandonna-t-elleKa Ses larmes pourlesauver? Quavait-il de spcial, ce lait? Son seuldsir tait de satisfaire Ka, quand la priorit de Yaod, elle, tait toutautre: elle tait prte satisfaire le lait avant de satisfaire Ka! Pourquoidonc laissa-t-elle Ka en pleurs pour aller soccuper du lait? Pour la

mme raison quelle Lui donne parfois une gifle quand Il salit Sesvtements: Ses vtements, tout comme le lait, sont pour le service deKa.

18


21/42

Ainsi se manifeste la pure bhakti. Ka montreplus daffection enversceux qui servent Ses dvots quenvers ceux qui Le servent directement.Quon serve Son serviteur Lui plat beaucoup. Il faut bien comprendre ceconcept essentiel.

rmat Rdhik est la dvote la plus chre Ka, aussiKa sera-t-Il plus satisfait par quelquun qui La sert plutt que par quelquun qui Lesert directement. Et si quelquun sert Rpa Majar, qui est la servantepersonnellede rmat Rdhik, alors Ka Sexclamera: Oh! Tu es unserviteur de Rpa Majar? Dis-moi ce que tu dsires. Je suis prt touttedonner. Telle est la nature de la bhakti.

Contraint par lamour

Yaod se prcipita pour sauver le lait quelle avait destin Ka.Elle avait besoin de ce lait autant que du lait de son sein. Mon lait nesuffirapas Ka, pensait-elle, je ne pourrai pas prparer du bon yaourtavec, que dire den faire du beurre! Comme elle ne pouvait obtenir dubeurre partir de son lait, elle avait absolument besoin du lait qui bouillait.Elle se prcipita donc, et laissa Ka pleurer.

Maintenant, que devons-nous penser des pleurs de Ka? Est-Il encolre ou non? A premire vue, Il semble en colre, mais en ralit,

intrieurement, Il est heureux, pleinement satisfait, bien quIl soitapparemment en train de pleurer!

Il Se dit: Ma mre Ma laiss sans Me combler entirement, ehbien,pour la peine, Je vais lui donner une leon. Je vais faire une grosse btise.

Il Se leva et Se dirigea vers une jarre remplie de yaourt. Il voulait larenverser, mais Il ntait pas assez fort pour la bouger. Bien quIl futcapable de tuer Putan, Il tait maintenant rduit ltat dun tout petitenfant par lamour maternel de Yaod, et Il tait si faible quil Lui tait

impossible dbranler mme la jarrede yaourt.Lorsque lamour et laffection prdominent, Ka oublie tout de Sesopulences et de Sa position de Personne Suprme. Cest pourquoi, cetinstant, Il Savra tre sansforce ni connaissance.

La jarre brise

Comment faire? pensait Ka, Je narrive pas renverser cette jarre!

Eh bien, tant pis, Je vais la casser. Le haut est trs pais, mais le bas estmince,si Je cogne le bas avec la baratte,Je suis sr quelle se brisera. Ilmit son plan excution et fit un gros trou dans le bas de la jarre. La

19


22/42

pression intrieure cra un trs joli jet de yaourt qui se rpandit bientt surle sol de la cuisine. Quand Ka vit le yaourt couler de la sorte, ravi,IlSemit rire et applaudir. Mais linstant daprs, Il Se dit: Si Mamre Metrouve ici, elle Me punira! Pris de panique, Il quitta prcipitamment les

lieuxet Se rfugia dans unepice voisine. Il pensait: Je vais Me cacherpour que Maman ne Me trouve pas. Sous linfluence de Yogamy, Il Secomportait vraiment comme un petit garon ordinaire, et ne Se doutaitdonc pas quayant pataug dans le yaourt, Il avait laiss derrire Luidadorables petites traces de pieds indiquant Sa mre le chemin quIlavait emprunt.

Ka rcompense toujours Ses dvots

Ka Se glissa dans la pice voisine. L, Il repra tout de suite unmortier au-dessus duquel pendaitun pot de beurre, accroch une poutre.Ds quIl pensa au beurre, Sa bouche Se mit saliver. Il escalada lemortier et commena distribuer le beurre une troupe de singes et decorbeaux qui venait de sassembler autour de Lui. Ka tait ravi. Ilpensait: Dans Mon incarnation prcdente en tant que Rmacandra, lessinges Mont aid considrablementlorsque je vivais dans la fort. Ils onttravaill dur, nuit et jour, pour construire le pont menant Lanka, mais

cette poque-l, Je nai pas pu les nourrir et les rcompenser comme Jelaurais souhait. A prsent,je peux leur donner ce beurre. Quant cescorbeaux, ils appartiennent la dynastie de Mon trs cher dvotKkabhuandhi; Je vais donc leur en donner aussi.

Pendant que Ka tait ainsi occup, tout joyeux de pouvoir nourrirces singes et ces corbeaux, Mre Yaod revint dans la pice o elle taitprcdemment assise avec Lui et dcouvrit la jarrede yaourt brise. Ellesuivit les traces de pieds du petitvoleur de yaourt, qui menaient la pice

o Ka tait en train de partager le beurre pour le plus grand plaisir dessinges. Cette pice possdait deux entres, une donnant sur lintrieur de lamaison et lautre sur la cour extrieure. Ka tait entr par la porte delintrieur, et lui tournait prsent le dos. Mre Yaod emprunta elleaussi cette porte et arriva pas de velours derrire Lui, avec lhabiletdunchat marchant sans bruit sur des feuilles sches. Ka tait bien loin de Sedouter que Sa mre approchait et quelle tait en faitjuste derrire Lui,mais en la voyant, les singes et les corbeaux, effrays, se dispersrent

aussitt. Voyant cela, Ka Sexclama: Eh bien, o allez-vous? Puis Ilralisa: Oh, oh, il y a quelquun dautre dans cette pice! Yaod tait

20


23/42

sur le point de Lattraper quand Ka regarda par-dessus Son paule etlaperut: Oh, maman est l! Il sauta alors bas du mortier et dtala.

La course en zigzag de lAbsoluKa courait aussi vite quIl pouvait et Yaod Maiy, courant

derrire Lui, criait: Dis-donc, lami des singes, viens ici tout de suite!Ka courait de gauche droite, en traant un zigzag, poursuivi par Samre, dont lacourse tait ralentie par sa lourde poitrine et sa taille fine.Ka tait si leste quelle ne parvenait pas Lattraper, mais Il savaitquen restant dans cette pice, elle arriverait ses fins, Il Se dit alors: Ilfaut que Je sorte dici. Dans la culture vdique, les femmes ne semontrent jamais seules en public. Ka savait que Yaod seraitcertainement trs embarrasse de Le poursuivre au dehors, aussi pensa-t-Il:Je vais sortir, ainsi elle arrtera de Me pourchasser.

A la vitesse de lamour

Ka Se faufila dehors, et Mre Yaod, arrive la porte, resta

pensive un court instant: Que faire? Elle jeta un coup dil gauche et droite, et voyant que lendroit tait dsert, se lana derrire Lui. Elle finitpar Le rattraper, et saisit Samain droite avecsa main gauche. Elle avaitunebaguettedans lautre main, et le petit Ka avait si peur dellequIltentait de Sesquiver dun ct et de lautre de ses jambes.

Cette histoire nous dispense un enseignement profond: Ka est le but atteindre, et le dvot est celui qui pratique avec cet objectif en tte.LorsquIl fuyait avecYaod Ses trousses, celle-ci dut courir plus vite

que Lui pour Lattraper. Un dvot doit pratiquer de manire ce que sonamour et son affection surpassent ceux de Ka.Ka nourrit de lamour pour Ses dvots, et les dvots ont de

laffection pour Lui. Si cet amour est gal, si Ka aime Son dvot autantque celui-ci Laime, Ka ne sera pas entirement conquis. Mais si undvot prouve pour Lui un amour suprieur au Sien, alors il pourraaisment Lecontrler. Ka avait beaucoup damour et daffection pourSa mre, mais celle-ci nourrissait pour Lui encore plus de tendresse et

damour, cest pour cette raison quelle arriva Lattraper.

21


24/42

Une querelle damour

Mre Yaod tenait fermement Ka et Le menaait: Je vais tedonner une bonne fesse! Je sais que Tu vas dans les maisons voler du

beurre, Tu nes quun voleur! Ka rpondit: Pourquoi dis-tu que Jesuis un voleur? Il ny a pas de voleur dans Ma dynastie, celle de NandaBb, ne serait-ce pas plutt dans la tienne? Il tait vraiment trs effront.Il Se souvenait dune discussion entre Yaod et Nanda Bb au cours delaquelle Il les avait entendus mentionner Caura Ghosh, le grand-pre deYaod. En hindi, caura signifie voleur. Cest pourquoi Il rpliqua: Ilny a pas de Caura dans Ma dynastie, mais il y en a un dans latienne. Pourquoi est-ce que tu Me grondes? protesta Ka dun airinnocent: Quai-Je fait? Comment la jarresest-ellecasse? Cest la punition du Seigneur Suprme! rpondit Ka. Ah oui? Et qui donnait du beurre aux singes? Celui qui les a fait les nourrit! reprit Ka.

Mre Yaod tait certes un peu en colre, mais elle riaitaussi: Maintenant avoue! dit-elle. Qui a cass la jarrede yaourt? Kaexpliqua: Mre, quand tu as couru pour toccuper du lait qui tait sur lepoint de dborder, dans ta prcipitationles lourds anneaux tes chevilles

ont heurt la jarreet lont casse. Moi, Je nai rien fait. Cest bien vrai? Etdis-moi, pourquoi as-tu du beurre tout autour de labouche? Ka rpondit: Oh Maiy, tous les jours, il y a un singe quivient chaparder dubeurre, et aujourdhui Je lai surpris. Il a viteretir samain du pot et sest enfui, mais le beurre quil avait dans la main Ma giclauvisage. Honntement, est-ce que Je mrite dtre puni pour cela? Maistoitu me traites de voleur et tu veux me battre? Oh! Petitmenteur!

Ka est li par lamour et laffection

Mre Yaod rflchit: Que faire? Mon fils ne tient pas en place, Il vacertainement essayer de Senfuir. De plus,si je Le laisse faire des btisessans Le punir, Il deviendra un voyou ou un bandit! Elle conclutfinalement: Le mortier Ta aid voler le beurre, donc je vais vous punirtous les deux, Toi et Ton complice, en vous ligotant LUn lautre.

Mre Yaod attrapa une corde et tenta dattacher Ka, mais la cordetait trop courte de deux doigts. Elle demanda alors une de ses servantesde lui amener une corde supplmentaire, mais une fois mises bout bout, il

22


25/42

manquait toujours curieusement la longueur de deux doigts. Des amies deYaod, qui taient arrives sur ces entrefaites, amenrent toutes les cordesdont elles disposaient, mais malgr le nombre de cordes ainsi runies, ilmanquait toujours deux doigts pour lierKa. Les gops se mirent rireet

battre des mains. Elles dirent Mre Yaod: Eh sakh, tu narriveraspas Lentraver, ce nest pas inscrit sur Son front quon Lattachera, cenest pas Sa destine! Yaod, elle, pensait: Cest mon fils, Il est sorti demon ventre, quelle honte pour moi sije ny parviens pas. Comment oserai-

je ensuite affronter le regard de mes amies? Durant toute la matine, elleseffora de lier Ka, mais en vain. La fatigue la gagnait, son visage taitrougi par leffort, son souffle se faisait court, elle transpirait grossesgouttes, et les fleurs qui la paraient schappaient une par une de sachevelure. Yaod prit finalement refuge en Nryaa, la Divinit quelleadorait: Oh Nryaa! Vous qui tes Dieu, la Personne Suprme, silVous plat, aidez-moi attacher mon fils ce mortier! La personneSuprme entendit ses prires. Ka, ayant apprci les efforts de Sa mre,lui permit de Lattacher. Son nergie de divertissements, Yogamy,intervint et Yaod put trs facilement lierKa en utilisant la cordelettequi retenait ses cheveux.

Quelle est donc la signification de cette corde toujours trop courte dedeux doigts? Un doigt reprsente lintensit de nos efforts dans la pratique

du service de dvotion, et le second, la misricorde de Ka. Quand Karemarque notre sincrit et notre persvrance Le servir, Son curdbordant de compassion fond, et par Sa misricorde immotive, Il Selaisse alors attacher par leprema de Son dvot.

23


26/42

CHAPITRE QUATRE

Un Flot dAmour

Yaod est branle

Une fois Ka entrav, Yaod rentra dans la maison. Elle se remit baratter, mais ne parvenait pas se concentrer. Elle tait soucieuse etKa occupait tout son esprit: Pourquoi Lai-je attach? pensait-elle, jenaurai pas d faire cela. Dun autre ct, jai bien fait, car Il aurait faitbien pire. Puis, linstant daprs, de nouveau elle regrettait. Il est sifragile et si tendre, je Lui ai fait trop mal... Non, en fait, ce nest pas Lui,mais moi que jai fait mal, cest mon cur que jinflige toutes cespeines. Que faire? Jai peur que Ka soit si en colre que, si je Ledtache, Il senfuie en courant et vagabondedans tout Vraja, sans que jepuisse Le contrler. Cest mieux quIl reste attach. Elle narrivaitpourtantpas trouver la paix et surveillait constamment ce quIl faisait.

Le parti de lopposition

Pendant ce temps, Ses amis les petits ptres staient runis autour deLui et changeaient des plaisanteries avec Lui; ils riaient etapplaudissaient, et Ka Se joignit eux. Le mlange de larmes et dekajal noir qui avait coul de Son visage jusqu' Sa taille scha bientt.Ka retrouva sa bonne humeur et oublia tout ce qui stait pass. Lesgarons chuchotrent entre eux: Pourquoi ne pas dtacher Ka? Kane demandait que cela: Oh oui! Je ne peux pas atteindre le mortier avecMes mains pour dtacher les cordes, faites-le! Tous Ses amis essayrent

lun aprs lautre, mais le nud tait si serr quaucun ny parvint. Malgrtout, ils senttaient. Quand lun deux chouait,unautre sexclamait: Tuny arrives pas, laisse-moi faire, je vais russir, moi. Il poussait soncamarade poursemparer du nud et essayer son tour. Tous chourent plusieurs reprises, mais, nanmoins, tentaient nouveau leur chance.Lami si drlede Ka, Madhumagala, arriva alors sur les lieux. Il taitparticulirement sr de Lui: Vous tes nuls! Vous ny entendez rien! Jevais Le dtacher, moi! Il sapprocha, les poussa tous et sescrima sur le

nud, mais en vain. Tous les autres, ravis, se moqurent de lui. Malgrleur excitation et le brouhaha, tous pensaient: Si Baladeva tait l, Ildtacherait Ka en un clin dil et nous pourrions aller jouer!

24


27/42

Justement, Rohi arrivait, accompagne de Baladeva Prabhu. Celui-citrouvales petits garons en train de chahuter avec Ka dans la cour de lamaison, et quand Il se rendit compte que Ka tait attach au mortier, Ilfut pris de colre: Qui a fait a? demanda-t-Il, Je vaisle punir. Il tait si

en colre que Ses yeux devinrent tout rouges et ses mains se mirent trembler. Subala sapprocha alors de Lui et Lui murmura loreille: NeTe fche pas ainsi, cest Mre Yaod qui La attach. Mre Yaod?Alors Je ne peux rien faire. Baladeva Scarta en Se disant: Il doit yavoir uneraison a.

Une astuce pour Se dlivrer

Pendant ce temps, Ka rflchissait. Etant omniscient, Il Seremmorait un divertissement qui stait droul quelques milliersdannes plus tt. Je Me souviens que Mon cher dvot Nrada a mauditNalakvera et Maigrva. Ceux-ci taient les deux fils de Kuvera, un amidu seigneur iva. iva tant Lui-mme trs cher Ka, il y avait donc unlien. Le grand saint Nrada comptait aussi parmi les amis de Kuvera. Un

jour, il surprit les deux fils de son ami en train de se divertir dans un lac encompagnie dexquises demoiselles des plantes dniques, et tous taientnus.Ils se livraient divers jeux dans leau, tels que cache-cache et colin-

maillard. Lorsque Nrada approcha, les jeunes filles furent saisies de honteet sortirent de leau; elles enfilrent bien vite leurs vtements et, prises deremords, lui offrirent leurs hommages.

Les deux jeunes hommes, par contre, eurent une toute autre attitude. Ilsavaient bu et taient compltement ivres. Ils se mirent insulter Nrada etles jeunes filles sans aucune retenue. Que fait-ilici, cette espce de fou?Cest un ignorant. Et vous, vous tes stupides dtre sorties de leau en levoyant! Maintenant, tout est gch! Ils se tenaient ainsi nus devant le

grand saint. Ils avaient perdu toute dignit et toute trace dintelligence, nesachant mme plus honorer un sage et un an. Nrada lesvit comme deuxarbres tout desschs.Il se dit: Ces jeunes gens sont trs chers ivaj, ilfaut que je leur donne une leon.

Une bonne leon

Celui qui sest enfonc une pine sait ce quest la douleur physique,

mais celui qui nen a jamais fait lexprience pourra trs facilement fairesouffrir les autres sans prouver le moindre remords. Certaines personnessont capables de couper la tte des poissons, trancher le cou des moutons,

25


28/42

des vaches et dautres animaux simplementpour manger leur chair. Quonaide un tant soit peu ces gens au cur dur prendre conscience de leursagissements, et ils comprendront et se diront: Je ne devrais pas fairecela. Qui connat les lois de la nature peut comprendre que la douleur

ressentie en se coupant le doigt nest quun juste retour de la peine infligeaux autres tres vivants. Maintenant, pelons le mot anglais meat (quisignifie viande); il contient le mot eat(manger) et me (moi), et signifie enfait: Celui dont je suis en train de manger la chair reviendra pour memanger. Touteaction entrane une raction. Si vous insultez quelquun,vous serez insult en retour. Si vous giflez quelquun, quelquun dautrevous giflera. Les animauxque lon a abattus reprendront un corps humainet mangeront ceux qui les ont mangs dans leur vie passe. On devraitdonc sabstenir de manger de la viande et du poisson.

Nalakvera et Maigrva avaient pris naissance au sein dune famillearistocratique; ils taient beaux et riches. Ils avaient galement reu unetrs bonne ducation et taient trs cultivs. Souvent, toutes leursopulences aveuglent les gens de ce milieu et les dtournent de Dieu, quedire alors de pratiquer le bhajana de Ka, Lui offrir leur cur avecamour et dvotion. Ils sont bouffis dorgueil et pensent: Je suis tellementbeau, je connais tellement de choses. Je descends dun haut lignage, je suistrs riche ou bien Je suis un brhmaa. Ceux qui ont une telle

mentalit ne peuvent pas faire le bhajana de Ka.Nrada ralisa quel point les deux jeunes hommes taient dchus et

dcida de leur donner une bonne leon: Vous agissez exactement commedes arbres en vous tenant ainsi nus et en ne tmoignant aucun respect vosans. Vous vous comportez de faon totalement inepte! Eh bien, devenezdes arbres! Ses paroles taient charges de puissance. Nalakvera etMaigrva ressentirent immdiatement les effets de la maldiction: ilscommenaient devenir des arbres. Percevant alors la gravit de la

situation, ils se jetrent aux pieds de Nrada: Oh Nrada i, nousignorions votre pouvoir. Nous avons toujours t aveugls par notre faux-ego. Nous comprenons dsormais que Ka nous a accord ce corpshumain pour pratiquer le bhajana, afin de raliser Dieu, la PersonneSuprme. Au lieu de cela, nous nous sommes perdus en boissons etrjouissances. Sil vous plat, soyez misricordieux envers nous. Nousnallons pas vraiment devenir des arbres, nest-ce pas?

Nrada rpondit: Ce que jai dit sera; nul ne peut me faire mentir.

Nanmoins,je veux bien minimiser votre punition, puisque vous prenezmaintenant conscience de votre ngligence, et parce que vous tes les filsde mon ami. Vous deviendrez des arbres, mais Vndvana, o peu de

26


29/42

temps aprs apparatra Ka. Lors de Ses divertissements en tantquenfant, Il vous touchera et vous accordera non seulement la libration,mais aussi la bhakti. Les deux jeunes hommes furent alors apaiss.La libration de Nalakvera et Maigrva

Ka Se souvenait de la prdiction de Nrada i et Se dit: Je doisexaucer le dsir de Mon dvot. Ka est si expert quIl peut, par uneseule action, combler de nombreux dsirs et atteindre plusieursobjectifs. Ildemanda aussitt Ses amis de pousser le mortier hors de la cour deNanda Bb. Ils se mirent alors le pousser et le tirer jusqu'au portail. Act de lentre slevaient deux grands arbres arjunas, qui dployaientlargement alentour leur ombre rafrachissante et abritaient dans leursfrondaisons dinnombrablesoiseaux. Leurs troncs avaient pouss trs prslun de lautre. Seul un petit espace les sparait. Ka Sy faufila, mais lemortier, qui tait beaucoup plus gros que Lui, se coina entre les deuxarbres. Au moment o le mortier les toucha, les deux arbres entrrent aucontact de Ka par lintermdiaire de la corde. Ce fut comme si uncourant lectrique passait, partant de Ka pour se propager aux deuxtroncs. Quiconque aurait touch ce mortier aurait reu le courant.

Ka continua tirer sur le mortier coinc entre les deux arbres; par lamisricorde de Nrada, ceux-ci sabandonnrent finalement la traction

quIl exerait et tombrent dracins dans un fracas prodigieux.Les amis de Ka, qui samusaient avec Lui, tout occups tirer,

pousser, crier, jouer et rire, furent terrifis. Ils ne comprenaient pas ce quistait pass. En scrasant au sol, les arbres laissrent apparatre deuxdevas resplendissants, qui offrirent leurs hommages et leurs prires Ka. Celui-ci leur accorda la bndiction de rejoindre Son royaumeternel et dy chanter Ses divertissements merveilleux. Ils tournrentautour de Lui en signe de respect, puis senvolrent vers leur glorieuse

destination.

Yaod est saisie deffroi

Tout Vraja avait trembl au sonde la chute des deux arbres, et tous seshabitants se prcipitrent sur les lieux du terrible fracas. Pendant ce temps,Yaod tait reste incapable de se concentrer sur ce quelle faisait.Lorsquelle entendit ce bruit inquitant, elle fut compltement

bouleverse: Quel est ce bruit? Il semble provenir de lendroit o Setrouve Ka. Son cur se mit battre trs fort. Elle slana aussittdehors. Les autres habitants du village accouraient eux aussi. Quand ils

27


30/42

arrivrent, tous se mirent remercier leur bonne fortune, soulags duspectacle qui soffraient leurs yeux: les arbres taient tombs de chaquect de Ka sans Le toucher. Il navait mme pas une gratignure. Maistous taient terrifis rien quen pensant ce qui aurait pu Lui arriver.

Yaod vitcette scne de l o elle se trouvait, quelque distance: Oh!Ces arbres se sont dracins et Ka Se trouve entre les deux! Ils auraientpu Lui tomber dessus! Cette seule pense lui tait insupportable; ellenarrivait plus raisonner et se figea entirement, comme un arbre. Elleperdit toute conscience externe, tel un morceau de bois mort. Elle nepleurait pas, elle ne respirait mme pas; elle restait ptrifie,comme unecolonne.

Nanda Bb dtache le Seigneur

Nanda Bb, qui tait en train de se baigner Brahma Gha, avaitaccouru lui aussi pour voir quelle tait la cause dun tel vacarme. Quand ilaperut Ka attach au mortier, il resta interdit. Il bouillait dune rageintrieure. Il prit Ka sur ses genoux et Linterrogea: Qui a fait cela?Tous les petits garons sassemblrentautour deux et scrirent: Bb!Bb! Quand Ka a touch les deux arbres, ils se sont dracins. Deuxpersonnages trs beaux, aussi beaux que des devasou que des rayons de

soleil, sont sortis des arbres. Ils se sont mis prieret Ka leur a parl.Puis ils ont tournautour de Lui, se sont prosterns et envols en directiondu nord.

Nanda Bb ne pouvait prter foi leurs paroles: Ces enfants onttellement dimagination, pensait-il, comment Ka aurait-Il pu dracinerdeux grands arbres? Ce sont plutt deux dmons envoys par Kasa pourtuer Ka. Quant Yaod, elle estsi cruelle et inconsciente quelle ne serend pas compte du danger quelle Lui a fait courir! Puis il

pensa limpensable: Et si Ka avait t tu?Aprs que les arbres staient crass, Ka avait ri joyeusement,mais quand Il vit Nanda Bb approcher, Il Se mit pleurer de plus en plusfort. Lorsque Son pre se pencha sur Lui, Ka lui dit dun tonpitoyable: Maman a dit quelle allait Me battre! et Il clata en sanglots.Il respirait en hoquetant entre Ses mots et Ses larmes. Nanda Bb fit toutson possible pour Le calmer, mais Ka pleurait encore plus fort. NandaBb essuya Ses larmes et Lui demanda: Mon cher fils, dis-moi qui Ta

attach? Ka ne rpondit pas. Nanda Bb insista: Dis-moi qui Taattach. Qui que ce soit,je le punirai! Il continua interroger Ka touten dnouant la cordequi Le retenait au mortier. Enfin Ka lui murmura

28


31/42

loreille: Cest Maman! Nanda Bb tait stupfait:Cest Ta mre quiTa attach? Je naurai jamais pens quelle puisse avoir le cur aussidur! Il tendit un laddu Ka, qui le prit dans Sa main sans le manger. IlStait quelque peucalm et Ses larmes staient presque arrtes. Nanda

Bb Lui caressa la tte et Le serra dans ses bras. Ka prit soudain un airgrave et jeta un regard plein deffroi en directiondeMre Yaod.Yaod ntait pas consciente de ce qui se passait autour delle. Elle

stait assise, immobile, ses amies gops assembles autour delle. Ellespouvaient lire son cur et en taient trs peines. combien ellessouhaitaient que Ka vienne en courant sur les genoux de Yaod.

Nanda Bb, son tour, parut trs grave. Il pritKa et Baladeva surses paules, Baladeva sur la droite et Ka sur lagauche, et les emmenaprendre un bain dans la Yamun, Brahma Gha. Il assit Ka etBalarma sur les marches du gha et les aspergea deau, puis se baigna,afin quIls soient tous purifis aprscet vnement de mauvais augure. Ilinstalla de nouveau Ka et Baladeva sur ses paules et prit le chemin duretour. Il tait plus de deux heures de laprs-midi, mais personne chezYaod navait cuisin ce jour-l. Qui laurait fait? Yaod et ses sakhstaient toutes retournes et restaient le regard perdudans le vide. Aucunenavait eu lide de cuisiner, encore moins demanger.

Un repas ltable

Quand Rohi vit Nanda Bb arriver avec les deux garons, elle serendit lacuisine pour prparer un porridge sucr. Elle lamena NandaBb, qui fit manger les deux garons dabord Baladeva, puis Ka etmangea un peu lui-mme. Il tait dhumeur sombre, mais parvintnanmoins avaler quelques bouches, puis il se retira. Les maisonsindiennes, particulirement celles des gens aiss, se divisent en deux: la

partie intrieure rserve aux femmes, qui comprend la cuisine et les autrespices o elles vaquent leurs tches mnagres; et la partie extrieure,destine aux hommes, qui possdeune cour ou une salle de rception, etune pice o lonpeut fairescher le lingesans quil soit drobpar lessinges. Cest dans cette partie que Nanda Bb se rendit. Laprs-midiscoula et lheure du repas du soir arriva. Une fois de plus, personnenavait cuisin, aussiNanda Bb alla-t-il ltable avec les deux garons.L, il leur fit boire le lait des vaches en le faisant gicler du pis dans Leur

bouche, et Leur donna du sucre candy. Les deux enfants Se rgalrentjusqu satit, puis Nanda Bb Les ramena dans la maison. La nuit taittombe.

29


32/42

Amenez Ka Yaod Maiy

Toutes les sakhs de Yaod, et en particulier, Rohi et la femme

dUpnanda, taient trs inquites. Les gops anes accompagnrentRohi lendroit o Nanda Bb se tenait, Baladeva et Ka sur lesgenoux. Les plus ges dentre elles dirent Baladeva: Tu es bien plusfort que Ka, parle-Lui. Il Tcoutera parce que Tu es Son frre an.Dpche-Toi de Lamener Sa mre. Baladeva Sexcuta. Il voulut tirerKa par le bras, mais ce dernier Le poussa si fort quIl Le fit tomber larenverse. Ka mit ensuite Ses bras autour du cou de Nanda Bb et leserra trs fort. Rohi sexclama: roi Nanda! La mre de Ka na rienaval de la journe. Elle reste prostre dans un coin, muette comme unetombe. Et toutes les autres gops de la maisonne sont si tristes quellesaussi restent assises en silence sans manger ni boire. Quy puis-je?rpondit Nanda Bb, elle doit prendre conscience que tout cela est laconsquence de sa colre; elle a fait preuve decruaut. Les gops anesfondirent en larmes: Hlas! Comment pouvez-vous la qualifier decruelle? Vous ne pouvez parler delle en ces termes; tout son tre et soncur sont tellement doux! En entendant cela, Nanda Bb fut saisidmotion: Ll! Veux-Tu aller voir ta Maiy? Non! Je veux rester

avec toi! lana Ka dun ton premptoire.

Je veux rester avec Papa!

Mre Rohi sadressa alors Ka: O vas-Tu dormir cette nuit? Avec papa! Pas avec Maman? Non, Je veux dormir avec Papa!

La femme dUpnanda Lui dit: Mais si Tu restes avec Papa, quest-ceque Tu vas manger? Qui Te feras tter? Je boirai le lait des vaches directement de leur pis. Mon pre Me ledonnera, et il Me donnera aussidu sucre candy. Mais avec qui Tamuseras-Tu? Avec Mon frre et Nanda Bb. Et Ta mre, Tu niras pas la voir? Non, Je nirai plus la voir!

Nanda Bb dit: Tu pourrais aller voir Mre Rohi?Ka Se mit pleurnicher: Jai appel Ma premire maman, maiselle nest pas venu Me librer, et Mre Rohi non plus nest pas venue!

30


33/42

Quand Rohi entendit cela, son visage sinonda de larmes et elleplaida dune voix trangle: Ll! Ne sois pas si cruel! Ta mre pleure enTattendant.

A ces mots, les yeux de Ka se remplirent galement de larmes, Il Se

retourna et regarda Son pre; un torrent de larmes dvalait le long duvisage de Nanda Bb. Ll! Veux-Tu que je corrige Ta mre? demanda Nanda Ka. Il levala main en lair et fit ungeste comme sil battait quelquun. Ka ne puttolrer cela et Il Sagrippa au bras de Son pre pour le retenir. A cetinstant, Nanda Bb prit conscience de langoisse qui rongeait le cur deYaod. Mre Rohi dit alors Ka: Que se passerait-il si Mamanvenait ... Elle sarrta et claqua des doigts au-dessus de sa tte, commepour dire: Et si elle venait mourir?

En entendant cela, Ka perdit Ses couleurs et laissa chapper delourds sanglots: Oh, Maman! Maman! Il sauta des genoux de Son pre etcourut voir Sa mre, les bras grand ouverts. Rohi pleurait. Elle soulevaKa, qui pleurait aussi, et Lamena dans les appartements des femmes,o elle Le posa sur les genoux de Yaod. Celle-ci tait restecompltement fige, mais quand Mre Rohi dposa Ka sur sesgenoux, elle revint la vie et prouva un immense soulagement: Montout-petit, Mon cher enfant! rptait-elle en pleurant. Toutetremblante, le

cur boulevers dmotion, elle prit Ka sous son voile en sanglotantcomme loiseau kurar.

Ka entrepritdela consoler: Maman! Maman! Rohi Maiy et lesgops staient rassembles autour deux et pleuraient toutes ensemblebruyamment.

Yaod pleurait, Ka pleurait, Rohi pleurait, et toutes les gopspleuraient. Nanda Bb pleurait lui aussi de son ct.Tout le monde taiten larmes: la maison baignait toute entire dans une atmosphre pntre

de ces sentiments damour et daffection parentaux.Quand Yaod eut un peu retrouv son calme, elle donna le sein Ka, et pendant ce temps, un repas fut vite prpar. On appela ensuiteNanda Bb pour quil vienne prendre un peu de prasdam. Il vintsasseoir, Ka sa gauche et Baladeva sa droite. Nanda Bb demanda Ka: Ka, appelle Ta mre; si elle ne vient pas manger, je nemangerai pas non plus. Yaod avait tellement honte et tait si gnequelle nosait pas venir, mais Ka Lattrapa par son voile et latira. Elle

ne putrsister. Ka Lamena alors Son pre. Nanda Bb prit quelquesbouchesdeprasdam, puisen donnaun peu Baladeva et Ka; tout lemonde dans la maison de Yaod se partagea les restes. Ka tait assis

31


34/42

sur les genoux de Sa mre et Il dormit cette nuit avec elle dun sommeilpaisible.

Ka, qui est Dieu, la Personne Suprme, a de nombreuxdivertissements, tous plus merveilleux les uns que les autres, afin de faire

crotre lamour et laffection de ceux qui Laiment tendrement.

32


35/42

CHAPITRE CINQ

Les Gloires de la Marchande de Fruits

Attire par Nanda-nandana

Pendant que r Ka Se divertissait Vndvana, il y avait Mathur, la ville voisine,une jeune femme qui vendait de trs beaux fruits.Elle se rendaitdans les villages alentour, o vivaientde nombreux enfants,et passait dans les ruelles en criant: Mangues! Oranges! Bananes!Goyaves! Elle avait des fruits si juteux et succulentsque tous les enfantsse prcipitaient vers elleet lui en rclamaient en limplorant gentiment. Ilsse rassemblaient tous autour delle et la regardaient, les yeux brillantsdegourmandise: Mre! Mre! Je voudrais ce fruit. Elle jouissait dunegrande popularitauprs des enfants.

Un jour, elle vint entendre le nom de Nanda-nandana (le fils deNanda), et fut irrsistiblement attire. Quelquun lui dit: Yaod a donnnaissance un adorable petit garon du nom de Ka. Il est si beau et siattirant que tous ceux qui se rendent Gokula et Le voient, ne serait-cequune fois, ne peuvent plus vaquer comme avant leurs occupations.

Ceux qui reviennent de l-bas y laissent derrire eux cur et mental. Enentendant cela, la marchande de fruitsdveloppa le dsir de voir ce petitgaron.

En invoquant Ka

Un jour, elle remplit un panierde fruits et traversa avec beaucoup depeine la rivire Yamun sur un radeau fait de branches et de troncs de

bananiers. Arrive de lautre ct, elle prit la route de Gokula, qui ntaitqu une dizaine de kilomtresde l.(Quand jai rencontr mon matre spirituel, nous nous rendions

Gokula pied. Maintenant, ils ont invent des taxis, des voitures et toutesces choses qui nous empchent dy aller.)

La marchandearriva Gokula et se mit crierpour attirer lattentiondes villageois.Elle voulait dire: Qui veut des fruits? Bananes! Mangues!Oranges! Goyaves!, mais au lieu de cela, comme elle ne pensait qu

Ka, elle criait: Govinda Dmodara Mdhaveti! Govinda DmodaraMdhaveti!

33


36/42

Elle appela ainsi de plus en plus fort: Govinda DmodaraMdhaveti! tout en marchant, son panier sur la tte. (En Inde, les femmespeuvent porter des paniers sur leur tte sans saider de leurs mains. Ellespeuvent empiler ainsi deux, trois, et mme quatre jarres remplies deau

sans les tenir. Les gops de Vraja sont expertes en la matire. Aujourdhuiencore, on peut lesvoir faire Vndvana.)La vendeuse de fruits continua appeler de la sorte, et son cur

implorait Ka: Ka! Govinda! Dmodara! Toute la journe, elletourna ainsi dans les rues de Nandagrma, o Ka vivait avec Sesparents, mais Nanda-nandana ne Se montra pas. Elle y retourna le joursuivant, et celui daprs, mais toujours sans succs.

Le vu de la marchande de fruits

Au bout du troisime jour, elle formula un vu: Si Ka ne mepermet pas de Le voir aujourdhui, je ne rentrerai pas chez moi ce soir etmterai la vie. Elle chantait avec une telle dtermination que Ka neput Se retenir plus longtemps. Il tait assis sur les genoux de Yaod,lorsquIl en descendit dun sautpour aller voirla marchande de fruits.

Ka avait vules adultes faire du troc, et Ilsavait que la vendeuseLuidonnerait des fruits sIl lui donnait quelque chose en change. En chemin,

Ses yeux tombrent sur un sac plein de grains. Il en remplit au passage Sespetites mains et courut dans la cour. Je veux des fruits! Jen veux!Donne-Moi des fruits!

La marchande appartenait une caste infrieure, aussi attendait-elledehors, devant le portail. Elle ne pouvait pntrer ni dans la maison, nidansla cour. Ka avait essay dapporterdes grains pour troquer avec lamarchande, mais Ses petites mains nen contenaient pas beaucoup et laplupart taient tombs en chemin. Il nen restait que quelques-uns, mais

Ka, qui ne Sen tait pas aperu, pensait que Ses mains taient toujourspleines et quil pourrait ainsi obtenir de nombreux fruits.

Porter le Suprme sur ses genoux

Lorsque Ka apparut devant la marchande, elle fut compltementtransporte par cette vision merveilleuse et resta simplement assise Leregarder encore et encore. En un instant, elle Luiavait donn son cur.

Donne-Moi des fruits! Je veux des fruits! rclama Ka. Et Toi, que me donneras-Tu en change? Jai apport plein de grains.

34


37/42

La vendeuse sourit et Lui dit: Mais il ny a pas de grains dans tes mains,mon bonhomme.

Ka regardaSes mains et fut tonn de constaterque tous les grainstaient tombs. Il voulait nanmoins des fruits. La marchande,

irrsistiblement attire par la beaut de Son visage, poursuivit: Si TuTassois sur mes genoux et mappelles Maman, je Te donnerai tous lesfruits que Tu voudras. Ka regarda tout autour de Lui, pour sassurerque personne ne Le voyait. Il est ptri daffection pour Ses dvots et netient absolument pas compte de leur caste ou rang social, mais cetinstant, Il jouait le rle du fils du roi de Vraja. Je ne sais pas ce quipourrait se passer si Ma mre, ou quelquun dautre de Vraja, Mapercevaitsur les genoux de cette femme, pensait-Il, et Mes amis, que diraient-ilssils savaient que Je lai appel maman? Cest pourquoiIl regardait auxalentours. Quand Il Se fut assur quils taient seuls, Il sauta sur sesgenoux et lui dit: Maman! Il en descendit tout aussi rapidement enScriant: Donne-Moi des fruits!

La marchande tait ravie, carKa avait combl tous Sesdsirs. Elleaurait aim Lui donner tous ses fruits, mais les mains de Ka taient sipetites quIl ne put prendre que deux mangues et une banane. Il les serracontre Sa poitrine et partit en dansant, comme le font les enfants.

Ka porta les fruits Sa mre et les dposa dans son voile. Elle

commena les partager avec ses amies et fut joyeusement surprise deconstater que les fruits se multipliaient linfini. Elle endistribua toutesles gops, et lorsque toutes en eurent, il en restait encore. Et que devint lavendeuse de fruits?

Aprs que Ka soit mont sur ses genoux et lait appele Maman,elle fut saisie dune profonde motion et de sentiments transcendantaux.Elle avait tout donn Ka, son cur et son esprit. Elle resta trslongtemps immobile, assise ct de la porte, comme incrdule devant ce

qui stait pass. Quand quelquun sapprochait pour lui demanderpourquoi elle restait assise l, elle ne rpondait pas; elle tait dailleursbien incapable de prononcer une seule parole.

Un panier empli de joyaux

Finalement, le soir venu, la marchande remit son panier sur sa tte etprit le chemin du retour. Arrive la Yamun, elle se demanda ce quil y

avait dans son panier qui le rendait si lourd. Quand elle leposa terre et enaperut le contenu, elle resta bouche be. Le panier tait rempli

35


38/42

dinnombrables pierres prcieuses, chacune de la valeur du trsor du roiKasa.

La marchande, debout au bord de la Yamun, lesprit rsolument fixsur Ka, scria: A quoi bon tous ces joyaux? Elle renversa le panier

dans la rivire et, levant les bras au ciel, se mit chanter comme unedmente:


Elle avait perdu son voile et seffondra en pleurant. Elle ntait plusconsciente de rien, sauf de Ka. Son cur fondait damour et ses yeuxformaient des torrents de larmes. Personne ne sut ce qui lui arriva ensuite,car elle ne rentra jamais chez elle. Ka connaissait son cur et savaitquelle voulait tre Sa mre, aussi lui donna-t-Il un corps spirituel etlemporta-t-Il jusqu' Sa demeure suprme, Goloka Vndvana, o ellepourraitjouer ternellement le rle de Sa mre. Son cadavre demeurasurles berges de la Yamun et fut livrau feu du bcher funraire.

Chantez avec votre cur

Quoi de plus merveilleux quede suivre lexemple de cette marchandede fruits!Cela ne dpend que de vous. Le guru vient pour vous offrircela,pour vous donner cette misricorde. Vous ne pourrez jamais rembourservotre dette envers lui avec de largent, des honneurs ou quoi que ce soit dece monde. Vous ne pourrez jamais rien lui donner en change.

Mditez plutt sur les gloires de rla Gurudeva et essayez decomprendre qui il est. Il dsire vous offrir la mme richesse que Kaaccorda cette marchandede fruits; efforcez-vous de pouvoir recevoir ce

quil veut vous donner. Ne gaspillez nice temps, ni cette forme humaine,tous deux si prcieux. Vous devez vous efforcer, ds maintenant, davoircette mentalit, de vous absorber dans cette voie et de chanterconstamment:

Govinda Dmodara Mdhaveti,Govinda Dmodara Mdhaveti,Govinda Dmodara Mdhaveti,

Govinda Dmodara Mdhaveti.

36


39/42

Comment le chanter? Pas comme un chant ordinaire. Vous devez prierKa de tout votre cur, alors Il pourra vous entendre. Sinon, vouspouvez chanter avec le talent dunchanteur professionnel, mais Ka napas besoin de cette musique, Il connat dj dinnombrables chants. Ce

quIl veut, cest votre cur. Un dvot nophyte peut chanter avec unegrande assurance et une non moins grande expertise, mais Ka veutquelque chose deplus. Essayez de prier comme cette marchande, avec toutvotre cur, et Ka vous entendra. Si vous chantez, quelque soit le krtana, vous devez tre compltement absorbs. Si vous chantez juste pourfaire de la musique, Ka ne vous entendra pas. En revanche, si vouschantez et coutez de tout votre cur, Ka Se prcipitera pour vousaccorder toute Sa richesse.

Gaura-premnandi! Haribolo!

37


40/42

38


41/42

Ouvrages de rla BhaktivedntaNryaa Mahrja

dj parus en franais:

rla Prabhupda GovardhanaLe Prema Suprme

Ka, lOcan de RasaLe Nectar Coule en France

Mahari Durvs et le r Durvs-ramaLe Nectar de Govinda-ll

Au-del de Vaikuha

Bhakti-tattva-vivekaGtmta: lEssence de la Bhagavad-gt

Mon ik-guru & Prya-bandhu,rla A.C. Bhaktivednta Svm Prabhupda

Gauya vs. SahajiySeuls les Fous Croient Trouver le Bonheur Ici-bas

r Hari-Nma Mah-MantraSous le Contrle de lAmour

Une Pluie de Nectar sur lAustralieAu-del du ParadisLe Bonheur est Ailleurs

Les Derniers Enseignements de rlaBhaktisiddhnta Sarasvat hkura

r PrabandhvalSur les Traces de Prabhupda

disponibles auprs de:

Association BhaktivedantaFeuilla

Route de Lafage09500 Mirepoix

FRANCE

ml: [email protected]

39


42/42

Documents

Le Chapardeur de Beurre