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Guide aidant à la visite du château de Pierrefonds (France)
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Le château de Pierrefonds – Visite
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L’histoire d’un château
L’histoire de Pierrefonds remonte au VIIIe siècle. En effet, à cette époque, s’élève déjà une
résidence royale, appelée le Château du Chêne, dont il ne reste, à l’heure actuelle que
certaines des caves. Au fil des siècles et des guerres qui ponctuent le Moyen-Âge, le
château passe sous différents possesseurs pour réintégrer le domaine royal au XIIe siècle.
A la mort de son père, le roi Charles V, en
1380, Louis d’Orléans reçoit plusieurs
terres parmi lesquelles se trouve le
domaine de Pierrefonds. Son frère, devenu
roi sous le nom de Charles VI, sombre
dans la démence et ne peut gérer
convenablement le royaume de France.
Un conflit éclate alors entre Louis
d’Orléans et son oncle, Philippe le Hardi,
duc de Bourgogne. C’est dans ce contexte
de crise politique que Louis décide
d’installer des places fortes sur son
territoire et fait ainsi reconstruire le château de Pierrefonds. Le château est alors en
passe de devenir une citadelle puissante jouant un rôle important dans le conflit entre
Louis et son oncle. Après la mort de Philippe, son successeur, Jean sans Peur, décide
d’accélérer le conflit et fait assassiner, en 1407, Louis d’Orléans à Paris. Les travaux de
transformation s’arrêtent alors avec la mort de Louis. A cela s’ajoute un autre drame
pour Pierrefonds. En 1413, un partisan des Bourguignons se fait passer pour allier du
roi, obtient la capitulation du Château qu’il finit par incendier. Les dégâts causés par
l’incendie ne seront réparés qu’après 1422, lorsque Charles VII hérite du trône de
France. Pierrefonds ne retrouvera cependant plus sa splendeur et tombe dans l’oubli.
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Au XVIIe siècle, un nouveau conflit embrase la France. Le château devient un des lieux de
la Résistance des Mécontents, opposés au jeune roi de France Louis XIII. Ce dernier,
conseillé par Richelieu, fait assiéger et démanteler le château. Pierrefonds devient alors
une ruine jusqu’au XIXe siècle.
La Renaissance du Château
Pendant deux siècles, Pierrefonds sombre dans l’oubli. Ce n’est qu’au XIXe siècle que le
château renaît de ses cendres. Devenu propriété impériale en 1810 – Napoléon Ier l’a
acheté pour moins de 3000 francs d’alors – les ruines deviennent une curiosité, sous
l’influence de l’engouement romantique pour les ruines médiévales. En 1832, le roi Louis-
Philippe y organise le banquet de noces de sa fille, Louise, avec Léopold de Saxe-
Cobourg Gotha, roi des Belges depuis peu.
En 1857, Napoléon III demande à Viollet-le-Duc
d’entreprendre la restauration du château. La
légende raconte que l’Empereur hésitait entre
Pierrefonds et un autre château. Son épouse,
l’Impératrice Eugénie, lui proposa, pour choisir,
de tirer au hasard le château qu’il ferait
restaurer. Napoléon sortit le nom de
Pierrefonds. Ce qu’il ignorait, c’est qu’aucun
autre château n’aurait pu être tiré. En effet,
Eugénie avait écrit Pierrefonds sur tous les
papiers afin d’être sûre que ce soit ce château,
son préféré, et pas un autre qui sorte du tirage
au sort !
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Dans les années 1860, les travaux de restauration débutent. Ils dureront jusqu’en 1885,
année durant laquelle ils devront s’arrêter, faute d’argent. Au total, la restauration aura
coûté environ 5 millions de francs de l’époque (dont 4 millions issus de la liste civile de
l’Empereur).
Viollet-le-Duc ne va pas se contenter de faire de la simple restauration. En effet, il fait,
pour l’intérieur, un travail d’invention et de re-création. Il imagine ce qu’aurait dû être le
château sans pour autant se baser sur des documents historiques, il orne la cour
intérieure de galeries de style Renaissance, … Il imagine des sculptures et des boiseries,
des décors peints et des meubles qui laissent préfigurer la philosophie du style de l’Art
Nouveau. Il fait le lien entre le vestige médiéval et la fonction de lieu de vie de cour
impériale.
La Visite du Château
I. LA COUR INTÉRIEURE
1. Le pont-levis
Il est couronné par une représentation de saint Georges terrassant le dragon. Après le
pont-levis se trouve le donjon le long duquel l’on peut voir une gouttière en forme de
salamandre.
2. La cour intérieure
Depuis la cour intérieure, l’on peut voir en partant de la gauche vers la droite :
- nord-ouest : le grand corps de logis et sa salle d’apparat ;
- nord-est : l’aile et son beffroi qui devait accueillir à l’origine les cuisines et les
appartements des invités de l’Empereur ;
Le château de Pierrefonds – Visite
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- sud-est : la chapelle et la cour des provisions ;
- sud-ouest : le donjon destiné aux appartements royaux.
Dans la cour, on peut également admirer une galerie ouverte, longue de 57 mètres dont
les arcades sont ouvragées : certaines représentent des animaux mythologiques ou des
corps de métiers. De plus, une série de 3 chapiteaux illustre le Roman de Renart.
II. LE 1ER ÉTAGE
1. La salle de réception
Cette pièce était destinée à recevoir les hôtes de l’Empereur. On y retrouve, au sommet
des lambris (revêtement en bois pour les plafonds et les murs), différentes
représentations d’animaux chimériques : sauterelle à tête d’éléphant, griffon au visage
de femme, … On y retrouve ainsi une partie de la faune mythologique médiévale. Les
sculptures ont été réalisées par Zoegger.
On y retrouve également
un décor peint
représentant une tenture
pliée sur laquelle sont
illustrés des porcs-
épics qui sont le symbole
de Louis XII et de la
famille d’Orléans (dont la
devise était « Qui s’y
frotte s’y pique ».).
Salle d
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Le château de Pierrefonds – Visite
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On retrouve également les symboles de deux autres
têtes couronnées (et de deux époques) :
- Louis d’Orléans : les bâtons noueux qui ornent
les pièces qui soutiennent les poutres ;
- l’Empire avec la reprise de l’aigle impérial
Les peintures ont été réalisées grâce à des pochoirs.
Dernier détail dans cette pièce : Viollet-le-Duc prend
également plaisir à représenter la végétation, et ce,
dans les motifs peints et dans les meubles. En
témoignent les différentes peintures sur les murs ainsi
que la banquette à dossier basculant qui fait face à la
cheminée et sur laquelle sont représentées des
branches d’églantiers en fleurs.
2. La salle des plâtres de travail
Cette pièce est vierge de toute décoration et témoigne de l’état inachevé des travaux de
restauration de Pierrefonds. On y retrouve, sur leur sellette d’origine, des plâtres utilisés
par Viollet-le-Duc pour faire réaliser les diverses statues du château : des figures de
Preux, de l’archange Saint-Michel, de la Vierge Marie, … Ces sculptures ont été réalisées
d’après des statues médiévales retrouvées lors de fouilles.
3. Le cabinet de travail
Dans les parties hautes des lambris de la pièce, on retrouve un décor fait de feuillages
où combattent des animaux. On retrouve aussi une autre représentation, peinte au
pochoir, de l’aigle impérial.
Bâ
tons n
oueux en
trecroisés
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La cheminée reprend un autre symbole cher à Napoléon Ier : l’abeille qui évoquait la
pugnacité au travail. Le mobilier présent dans la pièce n’est pas celui qui était prévu à
l’origine pour la pièce pour une simple raison : celui-ci n’a jamais été réalisé ! Le bureau
présent dans la pièce est un bureau qui a appartenu à Viollet-le-Duc. La banquette,
quant à elle, devait se trouver dans une autre pièce.
4. La chambre de Napoléon III
Ici aussi on retrouve certains éléments déjà présents
dans le cabinet de travail : les abeilles sont ici sculptées
et la pièce est ponctuée de cartouches reprenant la
divise « Qui veult peult ». Le tour de la pièce est
constitué d’une frise représentant les étapes
importantes de la vie d’un chevalier du XIVe siècle. Elle se
lit en partant de la droite de la cheminée. On peut y
apercevoir l’éducation du chevalier, l’art du combat, un
exploit durant lequel le chevalier tue un griffon, ainsi
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qu’un seigneur rendant la justice. Selon certains, la simplicité et la naïveté des
représentations laisseraient à penser que la pièce aurait été destinée au fils de Napoléon
III. Ici aussi, le mobilier prévu n’a pu être réalisé. Cependant, l’emplacement du lit est
indiqué au sol par un quadrilatère formé par des lames de parquet.
5. La salle des Preuses
Avant d’accéder à la salle des Preuses, on doit passer une antichambre qui reçut le nom
de salle d’Armes à cause des écussons et des motifs héraldiques qui la décorent.
La salle des Preuses est la pièce d’apparat du château de Pierrefonds, ce qui explique
aisément ses dimensions gigantesques : 52 mètres de long, 9,5 de large et 12 mètres de
haut. Tout ici n’est fait que pour impressionner : ses dimensions, sa voûte (qui fait à elle
seule quasi la moitié du volume de la pièce), la richesse des peintures, …
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Cette salle avait, dans les désirs de l’Empereur, plusieurs fonctions qui expliquent sa
configuration :
- une salle de bal : la tribune qui se trouve au-dessus de la salle d’Armes devait
accueillir un orchestre ;
- une salle d’exposition : Napoléon III souhaitait y exposer sa collection d’armures,
mais celle-ci ne séjournera que très peu de temps à Pierrefonds avant d’être
transférée en 1870 au Louvre puis aux Invalides. Seuls témoins de cette salle
d’exposition, les deux banquettes circulaires qui se trouvent toujours dans la salle
des Preuses.
Cette salle était également un hommage au Moyen-Âge comme en témoignent les deux
ensembles qui ornent les deux extrémités de la salle :
- du côté de la salle
d’Armes : au centre se
trouve Charlemagne,
entouré de part et
d’autre d’Olivier, de
Roland, de l’évêque
Turpin et de Guillaume
d’Orange ;
- de l’autre côté : la
cheminée à double
foyer est accompagnée d’une série de 9 Preuses donnant son nom à la pièce. Au
centre, l’Impératrice Eugénie est représentée sous les traits de Sémiramis, reine
d’Assyrie et de Babylone. Elle est accompagnée de 8 de ses suivantes dont la
dernière est Mme Carette, secrétaire et confidente de l’Impératrice. Comme elle
est la seule à ne pas être d’origine noble, sa statue est la seule à ne pas porter
une couronne. Ce motif a été inspiré à Viollet-le-Duc par une cheminée du
château de Coucy, datant du XIIIe siècle.
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Le château de Pierrefonds – Visite
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6. La Tour Alexandre
Entre la salle des Preuses et le chemin de ronde couvert, existe un espace où le château
de Louis d’Orléans côtoie celui de Viollet-le-Duc. La base est d’époque, ce que l’on
remarque facilement par ses grosses pierres usées, ses larges joints, … Par contre, en
levant le regard, on voit que l’aspect de la tour change : les joints sont lisses, les pierres
sont finement taillées, … La deuxième partie n’est, il va sans dire, pas d’époque et
témoigne des travaux de Viollet-le-Duc.
7. Le chemin de ronde couvert
Cette galerie témoigne du système défensif d’un
château au Moyen-Âge : on y retrouve des
archères faites pour poser et tirer à l’arbalète,
des mâchicoulis permettant l’observation de
l’ennemi et de lui jeter des projectiles ou des
matières enflammées, … Viollet-le-Duc s’inspire
encore de l’architecture médiévale mais
l’agrémente à sa sauce : le chemin de ronde
devient un endroit pour déambuler et les fenêtres
laissent admirer le paysage plutôt qu’épier
l’ennemi.
8. Les salles de casernement
Ces salles devaient, dans la tradition médiévale, servir à l’entrainement des soldats. Dans
l’une d’elle se trouve un moulage en plâtre du gisant de Philippe IV le Bel, dont l’original
se trouve à Saint-Denis. Cette statue annonce la collection de gisants et orants (statue
priant) de Louis-Philippe exposée dans la première cave et qui provient de Versailles.
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9. L’escalier à double révolution
Viollet-le-Duc s’inspire, pour cet escalier, non pas du Moyen-Âge, mais de la Renaissance
et d’ouvrages similaires comme on peut en voir à Blois ou à Chambord. Il est, selon
l’architecte, une transcription de l’idée de mouvement à la cour de l’Empereur : nobles et
soudards peuvent se croiser dans les escaliers sans jamais se rencontrer.
III. LE REZ-DE-CHAUSSÉE
1. La Salle des Gardes
Cette salle est
une pure
invention de
Viollet-le-Duc et le
seul élément qui
soit partiellement
d’origine est la
cheminée ornée
d’un blason des
Orléans. Le reste
des éléments
architecturaux
s’inspire des vestiges trouvés lors de fouilles à Pierrefonds et la galerie à demi-étage qui
surplombe la pièce vient de la volonté de l’architecte de témoigner de l’organisation
militaire du château selon lui et ne témoigne en rien de ce qu’était Pierrefonds à l’origine.
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Dans cette pièce sont exposés des vestiges issus des fouilles exécutées en 1858, parmi
lesquels on peut voir :
- posés contre le mur de part et d’autre de la cheminée : des statues de
Charlemagne, Artus et Godefroy de Bouillon
- au fond de la pièce : une statue de la Vierge à l’Annonciation dont une copie
surplombe l’entrée du château entre les tours Jules César et Charlemagne
Ces statues témoignent du fait que Louis d’Orléans, bien que n’étant pas roi, aimait à
être entouré d’artistes et que sa cour était aussi somptueuse que celle de son frère ou
de son oncle.
2. Le dépôt de sculptures de Louis-Philippe
A côté de la salle des Gardes, un monumental escalier mène au sous-sol où est entreposé
un fonds de plâtres et de sculptures funéraires du XIXe siècle. Louis-Philippe, dans un
souci de réunir les Français et de les enraciner dans une identité française forte, décida
d’illustrer son pays à travers des figures d’hommes et de femmes illustres de l’histoire de
France. Il organise alors une vaste campagne de moulage de gisants et d’orants à partir
de sculptures originales disséminées à travers la France. Il crée ainsi, à Versailles, une
Galerie Historique où
sont exposés les
moulages avec une
visée pédagogique.
Même si sa galerie
connut un vrai succès
dans ses premières
années, le public
s’essouffla vite et les
différents conservateurs de Versailles épurèrent et fragmentèrent la collection. En 1953,
les moulages sont transférés du château de Versailles à celui de Pierrefonds où ils sont
toujours visibles. De manière générale, l’ordre des statues n’a pas changé depuis 1953
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et ne reflète en rien une volonté muséale. En effet, les moulages se trouvent, pour
l’essentiel, toujours à l’endroit où les déménageurs les ont posés il y a de cela plus d’un
demi-siècle. Un déplacement est cependant à souligner : Louis d’Orléans, le fondateur de
Pierrefonds, se trouvait, lors du déménagement, dans une autre galerie. On l’a, depuis,
transféré dans la galerie principale et posé aux côtés du gisant de son épouse.
3. La maquette du château
Cette maquette fut réalisée du temps de Viollet-le-Duc par un de ses collaborateurs,
Lucjan Wyganowski. Composée
de pierres taillées lors des
travaux de restauration du
château, cette maquette
demandera 10 ans de travail.
Elle sera exposée à Paris, en
1878, lors de l’Exposition
Universelle où elle sera amenée
découpée en 85 morceaux
répartis entre 28 caisses.
IV. LA CHAPELLE
Une fois encore, Viollet-le-Duc ne respecte pas la réalité historique. En effet, la chapelle
du château de Louis d’Orléans était plus basse et les voûtes se trouvaient au niveau de
l’abside (extrémité d'une église, formée par un demi-cercle et située derrière le chœur).
Viollet-le-Duc décide changer la donne et fait élever au-dessus de l’abside une large
tribune qui donne plus de clarté à l’édifice. Selon lui, cette tribune aurait pu servir aux
gens d’armes d’assister aux offices et, par la même occasion, de surveiller et protéger la
famille princière présente au rez-de-chaussée.
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Le château de Pierrefonds – Visite
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On retrouve, face à l’abside, une
rose tandis que l’architecte décide
d’installer la tribune impériale du
côté gauche (lorsqu’on est face à la
rose), la rendant par la même
occasion accessible depuis le
donjon, l’Empereur n’étant plus
obligé de se mêler aux autres
convives pour se rendre à l’office.
Une autre particularité de la
chapelle est son porche d’entrée.
Viollet-le-Duc s’y représente vêtu
d’un costume de pèlerin de Saint-
Jacques-de-Compostelle, avec, à ses
côtés, Louis d’Orléans et son épouse
Valentine Visconti. Au-dessus de ce
porche, le tympan, quant à lui, est
orné des statues de saint Denis, premier évêque de Paris et martyr, accompagné de
saint Rustique et saint Eleuthère.
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