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EDITO EDITO Occident où le soleil se couche est aussi celui d’où viennent les Lumières, au sens des valeurs qui irriguent le monde occidental depuis près de trois siècles. Le déclin de l’Occident ( 1918 ) fut une préoccupation constante de ce monde bien avant l’auteur de l’ouvrage, le philosophe Oswald Spengler. Après la chute du Mur de Berlin, l’Américain Francis Fukuyama proclame La fin de l’Histoire ( 1992 ). L’Occident se veut abouti, voire triomphant, par l’acceptation universelle de la démocratie. Mais la mondialisation ne tarde pas à le mettre en cause plus vigoureusement que jamais par la contestation de toutes les prétentions universelles. Entre aube et crépuscule on ne sait donc plus très bien Où en est l’Occident ?, thème du cycle de conférences de la Société de Lecture pour le printemps 2011. A son sommet l’Occident est une notion géopolitique recouvrant, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’alliance ( atlantique ) entre les Etats- Unis et les démocraties européennes. Dans sa profondeur cependant, plus qu’une notion géopolitique, la notion résume un ensemble de valeurs issues des Lumières anglaises, américaines et françaises. Au cœur de l’ensemble se situent la raison, le droit, les libertés, le patrimoine libéral sur lequel s’est d’ailleurs bâtie la bibliothèque de la Société de Lecture. Par sa violence et son étendue sans précédent, la guerre mondiale a toutefois provoqué une césure historique et un effon- drement de la raison, dont la critique marxiste de l’Occident, puis les critiques post-coloniales s’alimentent depuis lors. Où en est l’Occident ? C’est ce mouvement de mises en cause et de réhabilitations successives que la Société de Lecture tentera de saisir dans son cycle de printemps. Pour éviter que l’interro- gation soit trop unilatérale ou trop savante, elle s’efforcera de multiplier les approches : géopolitique, Jean-Christophe Victor et Olivier Mongin ; histoire des idées, Pierre de Senarclens et Régis Debray ; regard suisse, Nicolas Brunschwig ; points de vue du dehors, Hélène Carrère d’Encausse et Fahad Khoskokhavar ; Sociologie et démographie, Emmanuel Todd. Occident-orient, est-ouest, ponant-levant ; occidentalisation-mondialisation ; Etre à l’Ouest ( avoir la tête ailleurs, selon l’expression contem- poraine ) contre savoir raison garder : parmi tant d’autres, ces couples sémantiques expriment les contradictions et la richesse d’un monde en miroir, que l’on est peut-être en train de traverser ou de réinventer. La Société de Lecture vous présente ses meil- leurs vœux pour 2011 ! Antoine Maurice www.societe-de-lecture.ch www.societe-de-lecture.ch L’ AGENDA AGENDA JAB 1204 Genève PP / Journal LES LIVRES LES LIVRES ONT LA PAROLE ONT LA PAROLE Conférences et entretiens 20 jan 20 jan Rencontre avec Jean-Philippe Delhomme 12 h : buffet 12 h 30 - 14 h : conférence 27 jan 27 jan Autour de Lauriers amers, voyage, quête et enquête, l’écriture comme trajectoire Par Marie Gaulis 12 h : buffet 12 h 30 - 14 h : conférence CYCLE DE CYCLE DE CONFÉRENCES CONFÉRENCES 18 et 18 et Où en est l’Occident ? 25 jan 25 jan mardi 12 h 30 - 14 h puis 1.2, 8.2, 15.2, 1.3, 8.3, 15.3, 23.3 et 29.3. Grâce au soutien de Mirabaud & Cie, banquiers privés, et du Mandarin Oriental Genève ATELIERS ATELIERS 25 jan 25 jan Au fil des mots – atelier d’écriture mardi 18 h 30 - 21 h puis 8.2, 1.3, 15.3, 29.3, 12.4, 3.5 et 24.5 28 jan 28 jan Hatha yoga par Nathalie Weill vendredi 8 h - 9 h ou 9 h 15 - 10 h 15 puis 4.2, 18.2, 4.3, 11.3, 18.3, 25.3, 1.4, 8.4, 15.4, 6.5, 13.5, 20.5 et 27.5 Imprimé sur papier FSC issu de forêts bien gérées, SGS-COC-004251 Paddy Hayter, octobre 2010 17 jan 17 jan Les classiques à la folie animé par Florent Lézat lundi 18 h 30 - 20 h puis 14.2, 21.3, 11.4, 9.5 et 6.6 Grâce au soutien de Lenz & Staehelin et de Bongénie Réservations indispensables Réservations indispensables à la Société de Lecture à la Société de Lecture au 022 311 45 90 au 022 311 45 90 Toutes nos conférences sont enregistrées sur CD et sont disponibles auprès de notre secrétariat. CONTES BLEUS CONTES BLEUS 28 jan 28 jan Mon songe par Deirdre the Bard, dès 4 ans mercredi 15 h 30 -17 h goûter offert Grâce au soutien de Valartisbank CERCLES CERCLES DE LECTURE DE LECTURE 10 jan 10 jan Les pieds dans la page animé par Pascal Schouwey lundi 18 h 30 - 20 h 30 puis 7.2, 14.3, 18.4, 16.5 et 20.6 n o 349 janvier 2o11 paraît 1o x par an LE CHOIX DE LA SOCIÉTÉ DE LECTURE

le choix de la société de lectureno 349 janvier o2 11 paraît 1o x par an le choix de la société de lecture. 2 ROMANS, LITTéRATURE 2mai oo9 – Le choix de la Société de Lecture

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Occident où le soleil se couche est aussi celui d’où viennent les Lumières, au sens des valeurs qui irriguent

le monde occidental depuis près de trois siècles. Le déclin de l’Occident ( 1918 ) fut une préoccupation constante de ce monde bien avant l’auteur de l’ouvrage, le philosophe Oswald Spengler. Après la chute du Mur de Berlin, l’Américain Francis Fukuyama proclame La fin de l’Histoire ( 1992 ). L’Occident se veut abouti, voire triomphant, par l’acceptation universelle de la démocratie. Mais la mondialisation ne tarde pas à le mettre en cause plus vigoureusement que jamais par la contestation de toutes les prétentions universelles. Entre aube et crépuscule on ne sait donc

plus très bien Où en est l’Occident ?, thème du cycle de conférences de la Société de Lecture pour le printemps 2011. A son sommet l’Occident est une notion géopolitique recouvrant, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’alliance ( atlantique ) entre les Etats-Unis et les démocraties européennes.

Dans sa profondeur cependant, plus qu’une notion géopolitique, la notion résume un ensemble de valeurs issues des Lumières anglaises, américaines et françaises. Au cœur de l’ensemble

se situent la raison, le droit, les libertés, le patrimoine libéral sur lequel s’est d’ailleurs bâtie la bibliothèque de la Société de Lecture. Par sa violence et son étendue sans précédent, la guerre mondiale a toutefois provoqué une césure historique et un effon-drement de la raison, dont la critique marxiste de l’Occident, puis les critiques post-coloniales s’alimentent depuis lors. Où en est l’Occident ? C’est ce mouvement de mises en cause et de réhabilitations successives que la Société de Lecture tentera de saisir dans son cycle de printemps. Pour éviter que l’interro-gation soit trop unilatérale ou trop savante, elle s’efforcera de multiplier les approches : géopolitique, Jean-Christophe Victor et Olivier Mongin ; histoire des idées, Pierre de Senarclens et Régis Debray ; regard suisse, Nicolas Brunschwig ; points de vue du dehors, Hélène Carrère d’Encausse et Fahad Khoskokhavar ; Sociologie et démographie, Emmanuel Todd. Occident-orient, est-ouest, ponant-levant ; occidentalisation-mondialisation ; Etre à l’Ouest ( avoir la tête ailleurs, selon l’expression contem-poraine ) contre savoir raison garder : parmi tant d’autres, ces couples sémantiques expriment les contradictions et la richesse d’un monde en miroir, que l’on est peut-être en train de traverser ou de réinventer. La Société de Lecture vous présente ses meil-leurs vœux pour 2011 ! Antoine Maurice

www.societe-de-lecture.chwww.societe-de-lecture.ch

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JAB1204 GenèvePP / Journal

les livresles livresont la paroleont la paroleConférences et entretiens

20 jan20 jan Rencontre avec Jean-Philippe Delhomme 12 h : buffet 12 h 30 - 14 h : conférence

27 jan27 jan Autour de Lauriers amers, voyage, quête et enquête, l’écriture comme trajectoire

Par Marie Gaulis 12 h : buffet 12 h 30 - 14 h : conférence

cycle de cycle de conférencesconférences

18 et18 et Où en est l’Occident ? 25 jan 25 jan mardi 12 h 30 - 14 h puis 1.2, 8.2, 15.2, 1.3, 8.3, 15.3, 23.3 et 29.3.

Grâce au soutien de Mirabaud & Cie, banquiers privés, et du Mandarin Oriental Genève

ateliersateliers

25 jan25 jan Au fil des mots – atelier d’écriture

mardi 18 h 30 - 21 h puis 8.2, 1.3, 15.3, 29.3, 12.4, 3.5 et 24.5

28 jan28 jan Hatha yoga par Nathalie Weill vendredi 8 h - 9 h ou 9 h 15 - 10 h 15 puis 4.2, 18.2, 4.3, 11.3, 18.3, 25.3, 1.4,

8.4, 15.4, 6.5, 13.5, 20.5 et 27.5

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Paddy Hayter, octobre 2010

17 jan17 jan Les classiques à la folie

animé par Florent Lézat lundi 18 h 30 - 20 h puis 14.2, 21.3, 11.4, 9.5 et 6.6

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28 jan28 jan Mon songe par Deirdre the Bard, dès 4 ans mercredi 15 h 30 -17 h goûter offert

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10 jan10 jan Les pieds dans la page

animé par Pascal Schouwey lundi 18 h 30 - 20 h 30 puis 7.2, 14.3, 18.4, 16.5 et 20.6

no 349 janvier 2o11 paraît 1o x par an

le choix de la société de lecture

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ROMANS,LITTéRATUREDominique BARBERIS

Beau RivageParis, Gallimard, 2010, 159 p.

Un hôtel familial sans prétentions, soli-taire, situé près d’un petit lac de mon-tagne, parmi les sapins, à proximité d’une frontière. L’été est bien terminé, l’automne arrive. Deux couples sont les seuls clients : la narratrice et son mari qui profite du calme pour achever la rédaction d’une thèse, et les Vasseur, un industriel et sa femme, qui fut danseuse et qui semble souffrir de dépression. Un soir survient un nouveau client ; il dit s’appeler Serge et travailler dans la diplomatie. Tout ce monde s’observe ( souvent dans le reflet d’une vitre ou d’une verrière ). C’est là que l’auteur témoigne d’une grande virtuosité stylistique. Alors que tout se déroule très tranquillement, elle parvient à créer une atmosphère de mystère, d’angoisse ; tout devient inquiétant, la couleur de l’eau, l’ombre des sapins, un chien qui aboie. Il règne comme une menace diffuse. On attend que quelque chose survienne… et rien ne se passe… jusqu’aux toutes dernières pages où Christine Vasseur dis-paraît. Le lecteur, selon ce que son ima-gination lui avait précédemment suggéré, penche pour telle ou telle interprétation. En réalité, l’auteur ne lui en fournit aucune. Un écrivain hors pair, un style remar-quable : mais cela fait-il un bon roman ? Au lecteur d’apprécier. LHA 10996

Tahar BEN JELLOUN

Jean Genet,sublime menteurParis, Gallimard, 2010, 208 p.

Durant une douzaine d’années, l’écrivain marocain fut l’interlocuteur privilégié de Jean Genet. Avec perspicacité, il dis-tingue ce qui, dans sa relation au génie

mal aimé des lettres françaises, le tint à l’écart d’une réelle relation d’amitié. Genet est avant tout solitaire. Trop solli-cité sans doute, il se lance à corps perdu dans de nombreux combats politiques pour la Palestine notamment, auprès de la Fraction Armée Rouge, des Blacks Panthers et tant d’autres. Il vit seul, dans des hôtels proches de gares, prêt à par-tir. Le récit de Tahar Ben Jelloun couvre les années 1970-1980 et un peu après, période durant laquelle Jean Genet écrit peu. De nombreuses anecdotes et le talent qu’on lui connaît permettent à Ben Jelloun de nous rendre l’auteur mythique plus mor-tel, extravagant, exigeant d’être payé par son éditeur en liasse de billets qu’il glisse dans les poches de son pantalon, n’ayant d’autre propriété qu’un étui à lunettes et quelques vêtements. Jean Genet apparaît ici à la fois brutal et sensible, plein d’em-pathie pour les plus humbles, collant mal-gré lui à l’étiquette de « saint et martyr » que lui apposa Sartre. LM 256

Benjamin BLACK

Elegy for AprilLondon, Mantle, 2010, 312 p.

The Irish writer John Banville is one of the finest writers in English today. Novels such as The Book of Evidence ( 1989 ) and The Untouchable ( 1997 ) can justly be consid-ered masterpieces of contemporary litera-ture. Banville, however, has a double life. In addition to works that aspire to the highest literary status, he also writes finely crafted crime novels under the assumed name of Benjamin Black. These novels are inspired by Simenon’s romans durs in their directness of narrative and economy of style. Black’s novels are set in the Dublin of the 1950s, a grey, damp, place that evokes the setting of a film noir. Their hero is a pathologist named Quirke, whose alcohol-ism and rough exterior belie his compas-sion for fellow human beings, a trait which turns him into a reluctant amateur detec-tive. In this novel, he tries to get to the bottom of the mysterious disappearance of one of his daughter’s friends, an independ-

ent young woman named April who has become estranged from her family, one of the most influential in Dublin. His inquiries lead him to glimpse the dark underside of establishment power in the young republic, where tales of national heroism conceal the most grotesque forms of moral cor-ruption, and where a recently-won politi-cal independence has not diminished the social realities of poverty and repression.

LHC 4614

Vincent BOREL

Antoine et IsabelleParis, Sabine Wespieser, 2010, 489 p.

Antoine et Isabelle sont les grands-parents de l’auteur, gens du petit peuple espagnol, laborieux et pauvres. Engagés très tôt dans les rangs républicains, condamnés à l’exil par la victoire du franquisme, ils ont trouvé asile en France, connu les camps de réfu-giés espagnols, puis, pour lui, la résistance, le maquis, l’arrestation et l’internement à Mauthausen. Vincent Borel fait bien com-prendre à ses lecteurs que son objectif est

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Virginia WOOLFTo the LighthouseOxford, Oxford University press, 2008, 195 p.

Woolf’s novel of 1927 is one of the classics of literary modern-ism, and the work which most successfully incorporates her style of writing as a stream of consciousness. The novel is loosely based on Woolf’s memories of her childhood, when her large family rented a house by the seashore every summer. It focuses on the subjective lives of three main characters : Mrs. Ramsay, a woman of fifty with eight children ; Mr. Ramsay, a scholar whose career is on the decline ; and Lily Briscoe, a young artist who is painting the seascape. Each of these persons represents a different way of seeing and living life : Mrs. Ramsay thrives on bringing people together ; Mr. Ramsay strives to advance what he considers to be the progress of thought ; Lily Briscoe wishes to create a work of art. The nov-el’s three parts are unequal in length and in the passage of time they recount. There is a family dinner of boeuf en daube. As time passes there are a series of deaths, mentioned quite casually. There is a voyage to a lighthouse, and the painting of a picture. However, the events of the novel are less impor-tant than the lyrical rhythms of its prose, and its heightened perceptions of the everyday world. The question “What is the meaning of life ?” which every novel poses in some sense, is here abandoned in favour of the effort to make of individual moments something permanent, something of “the nature of revelation.” LLB 141/8 B, disponible en traduction française : La promenade au phare ( LLB 141/8 )

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Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 ROMANS, LITTéRATURE 3

de lutter contre l’oubli tout en rendant jus-tice à ses grands-parents. En contrepoint à l’histoire d’Antonio et d’Isabel, le livre suit l’ascension d’une puissante famille lyonnaise, les Grillet, très opportunistes, qui passent de l’industrie de la soie à celle des textiles synthétiques, puis à la chimie, avec, entre autres la fabrication du zyklon. Le récit se déroule de 1917 à 1949. On voit l’histoire avancer et un autre monde se pré-parer ; montée des fascismes, république espagnole, Front populaire, constitution de grands groupes industriels… et la guerre. En conclusion, l’auteur livre le témoignage brut, très émouvant, qu’Antoine rapporta de Mauthausen. Ce livre remarquablement bien fait, très intéressant, documenté, un peu didactique parfois, a reçu le Prix des libraires. LHA 10995

Geraldine BROOKS

La solitude dudocteur MarchTraduit de l’américainpar Elisabeth D. PhilippeParis, Belfond, 2010, 339 p.

Publié en 1868, le roman de L.M. Alcott Les quatre filles du docteur March, a enchanté des générations de petites filles et fait l’objet d’adaptations cinémato-graphiques successives dont la dernière remonte à 1995. Mais le docteur March lui-même, engagé volontaire en qualité d’aumônier dans les rangs de l’Union pour défendre ses convictions abolition-nistes, aurait continué d’être absent si la romancière ne s’était avisée de combler cette lacune avec un succès qui lui a valu le prestigieux prix Pulitzer. On accom-pagne donc le père des demoiselles à la

guerre de Sécession qui, comme toutes les guerres, n’est ni fraîche ni joyeuse ; le docteur March constate que des abus sont commis autant par les siens que par leurs adversaires tandis que la hiérarchie mili-taire accueille fraîchement les sermons d’un aumônier idéaliste et rigoureux qui finit par déranger tout le monde. En outre, au gré de circonstances exceptionnelles, des éléments de son passé referont sur-face, ajoutant à son trouble… On retrouve dans ce roman les qualités – art de la narration, imagination, utilisation habile de données historiques scrupuleusement documentées – qui ont séduit les lecteurs de Geraldine Brooks dans son très beau Le livre d’Hanna ( LHC 5172 ). A ceci près qu’ici, on frôle parfois le mélodrame, et que pour avoir déjà fait couler des flots d’encre noire, l’exploitation en littérature des cruautés de l’esclavage, terreau fertile s’il en est en sujets d’indignation, nous paraît ressortir à une certaine facilité.

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ginale : March ( LHC 6881 )

Olivier CADIOT

Un mage en étéParis, P.O.L., 2010, 155 p.

Un Mage en été est arrivé en librairie après un accueil triomphal fait au festival d’Avi-gnon à la version théâtrale de l’œuvre. Il s’agit effectivement d’un texte propice à l’oralité, musical, qui frappe par l’usage fréquent d’onomatopées, le jeu surprenant des enchaînements, les brusques ruptures rythmiques. Ce monologue syncopé offre-t-il aussi un sens intelligible sans mode d’emploi au lecteur, de prime abord surpris par la liberté formelle d’un ouvrage hybride

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et expérimental ? On se perd un peu dans le bric-à-brac des souvenirs, des réfé-rences, mais on se laisse entraîner aussi dans un parcours narratif débridé, sautant de digressions en réminiscences, balisé par de nombreuses images captées avec un téléphone portable. Un Mage en été ? Le livre est placé sous la figure tutélaire d’Eliphas Lévi, arrière-grand-oncle de l’auteur, vrai faux mage qui se superpose à celui qui déroule le fil de sa narration enchantée, dont le centre énigmatique est la célèbre photo Sharon in the river, image sensuelle d’une femme qui se baigne dans l’étincelante verdeur de l’eau d’une rivière.

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Harold COBERT

L’entrevue de Saint CloudParis, Héloïse d’Ormesson, 2010, 140 p.

Après le succès de Un hiver avec Baudelaire, Harold Cobert change de registre et invite son lecteur à être le témoin de la rencontre - dont il imagine finement le propos – de l’été 1790 entre Mirabeau, au faîte de sa popu-larité d’élu révolutionnaire du Tiers état, pourtant grand défenseur du trône, et de la reine Marie-Antoinette en plein désarroi. Dialogues vifs et ciselés, anachronismes volontaires, excellente connaissance des protagonistes ( H. Cobert a publié une thèse et un essai sur Mirabeau ) et du XVIIIe français permettent à l’auteur d’éviter la forme très courue du roman historique et de nous proposer plutôt un original roman « en costumes ». Avec modernité, il inter-pelle sur l’impact des méandres des his-toires individuelles sur l’Histoire et convie

d’une main ferme à une reconsidération de la figure de Mirabeau, pâlie – et pour cause – par les manuels scolaires de la République. LHA 10991

Amitav GHOSH

Un océan de pavotsTraduit de l’anglais ( Inde )par Christian BesseParis, Stock, 2010, 586 p.

Nous voici en 1838, immergés dans le monde dangereux de l’opium, entre les rives du Gange où des paysannes comme Deeti pratiquent la culture inten-sive du pavot avant de le transformer en crêpes qu’elles iront livrer aux factore-ries de Ghazipur, et les docks de Kolkata ( Calcutta ) où vient d’arriver des Etats-Unis une goélette, l’Ibis, commandée par un jeune lieutenant métis aussi hardi que séduisant, Zachary. A Calcutta, bien des destins vont se croiser, que les fils entre-mêlés du récit et l’emploi de mots indiens non traduits, rendent au début difficiles à suivre. Mais la richesse de ce beau roman, haut en couleurs, en odeurs et en voix est justement de réunir, dans la cale de l’Ibis, en partance pour l’île Maurice, outre Deeti, arrachée aux flammes du bûcher, le jeune rajah Neel condamné à la déportation par un tribunal britannique et Paulette, orpheline peu conventionnelle qui fuit les douteuses pratiques de son bienfaiteur, le tout puissant armateur Burnham. Amitav Ghosh manie avec habileté les ficelles du roman d’aventures pour nous intéresser au passé de son pays et rendre percep-tible sa richesse culturelle et sa diversité.

LHC 4053 B, disponible en version ori-ginale : Sea of Poppies ( LHC 4053 )

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Discovering true values

mier la souveraineté, au second la licence d’opprimer. Sous le joug de ce tortionnaire monstrueux, les habitants vivent l’enfer sur terre. L’héroïne, Una, contrainte à épouser Karaci pour sauver son père, ancien astro-nome renommé devenu sénile, s’exprime au travers des lettres qu’elle envoie en secret à son frère en exil, Andréas. Elle décrit la sauvagerie féroce de Karaci qui s’en prend indifféremment aux opposants, aux pauvres, aux femmes, aux enfants et aux vieillards. Elle raconte son quotidien, son refus de se donner à son époux, son abnégation, son amour pour un gamin des rues, Markos, sa passion pour un écrivain engagé. Lorsqu’elle tombe enceinte de ce dernier, la métamorphose s’opère et elle décide de passer dans le clan des oppo-sants. Les mots rares, les assemblements inhabituels font de ce texte un véritable brasier qui nous « phosphorise ». Comme dans la tragédie d’Antigone, Cronos raconte l’histoire de cette héroïne éternelle du com-bat de la liberté contre la tyrannie, de la lumière contre l’obscurité. LHA 10985

Carole MARTINEZ

Le cœur cousuParis, Gallimard, 2007, 442 p.

Un premier roman pour cette auteure qui n’en revient pas encore de son succès pro-pagé de bouche à oreille, doté pourtant de 9 prix littéraires ! C’est que Le cœur cousu est plus qu’un roman : une épopée, tant il y souffle un vent baroque et puissant, raconté comme au temps des grands bardes. On y voit se dérouler le fil de l’incroyable destin d’une femme aux dons étranges, inspiré par celui de l’arrière-arrière-grand-mère de l’auteure. Jouée puis perdue par son

mari lors d’un combat de coqs, Frasquita Carasco n’est pas une épouse ni une mère comme les autres. Elle a reçu à sa puberté, d’une boîte mystérieuse transmise de mère en fille, le don de l’aiguille ; elle devient une prodigieuse brodeuse, couseuse, rac-commodeuse de tissus ou même, à l’occa-sion, de chairs. Commencée sur un fond de campagne espagnole au début du XIXe siècle et puis lancée sur les routes de l’An-dalousie au bord de la guerre civile, nous traversons avec l’héroïne et ses enfants une fresque héroïque émaillée à l’occasion de visions à effrayer Goya lui-même. Une folle et longue histoire, où les dimensions poétiques et magiques se mêlent au réel dans un tour à tour joyeux ou terrible tour-billon. LHA 10994

Anchee MIN

Perle de ChineTraduit de l’anglais par Jacques GuiodParis, Pygmalion, 2010, 353 p.

Née à Shangai en 1957 où elle grandit sous la Révolution culturelle, Anchee Min émigre aux Etats-Unis en 1984. Bouleversée par la lecture de La Terre Chinoise ( LLB 176/32 ) qui obtiendra le Prix Pulitzer en 1932, elle découvre l’amour de Pearl Buck pour le peuple chinois et entreprend de racon-ter la vie de la romancière par la voix de Saule, son amie imaginaire. Perle de Chine nous relate l’amitié profonde d’une jeune chinoise très pauvre, Saule et d’une jeune américaine Perle, la future Pearl Buck, à Chinkiang à la fin du XIXe siècle. Défile un siècle d’histoire avec la chute de la dynastie impériale mandchoue, la nais-sance de la République avec Sun Yat-sen, puis Tchan-Kaï-chek, l’invasion japonaise,

Howard JACOBSON

The Finkler QuestionLondon, Bloomsbury, 2010, 307 p.

This year’s winner of the Booker Prize is only ostensibly a novel. It is in fact a thoughtful, witty, and finally moving exploration of what it means to be a Jew in the modern world. The “Jewish question” here takes the form of the Finkler question, after Sam Finkler, a celebrated London intellectual who leads a movement of “ashamed Jews” in protest against Israeli policies in the occupied ter-ritories. Finkler is doubly outraged, both at modern Israel and at the new form of anti-Semitism that attacks Jews in general for Israel’s actions. His friend Libor Sevcik is a displaced Czech Jew who mourns the death of the only woman he ever loved. In his inconsolable sorrow he serves as a contemporary, wise-cracking version of the voice of Lamentations. Finally, there is Julian Treslove, a Gentile lacking both in ethnic identity and personal character, who, wanting desperately to become a Jew, falls in love with a woman for the reason that she is Jewish. For him, Jewishness represents the impossible dream of ref-uge from a lonely and drifting existence. Jacobson is both comical and relentless in examining every stereotype of the Jew, as well as the phenomenon of what has been called Jewish self-hatred. He shows above all that to be a Jew is never one thing : it is a multiple, shifting, and enigmatic condi-tion, like being human. LHC 4612

Philippe LAPEYRE

La vie est longue et le désir sans finParis, P.O.L., 2010, 352 p.

Avec ce septième roman au bien joli titre, prix Femina 2010, l’auteur nous emporte dans un triangle amoureux contemporain et nous propose de découvrir du point de vue masculin les affres et complica-tions inévitables de l’amour que portent à Nora, jeune femme insaisissable, deux hommes très différents. L’un est français,

vit à Paris, traduit des notices pharmaceu-tiques ; dépressif, il est marié à une femme d’affaires qui l’entretient. L’autre est amé-ricain, trader fortuné et vit à Londres. Dans un style gracieux, lunaire mais non dénué d’humour, Lapeyre nous fait voyager dans l’état amoureux de ces deux antihéros, romantiques, un peu falots, passionnés mais incapables d’actes fougueux dont l’indécision pousse Nora à voyager de l’un à l’autre jusqu’à radicaliser son proces-sus de disparition. Un roman qui capte la musique des destins non joués et qui a l’originalité de faire échapper le lecteur à toute lecture freudienne des personnalités de ses protagonistes.

Linda LE

CronosParis, Christian Bourgeois, 2010, 164 p.

Fuyant la dictature communiste au Vietnam, Linda Lê est arrivée en France en 1977. Tous ses livres sont écrits en français et portent un regard acéré sur la fragilité de l’existence humaine. Ce dernier roman nous plonge au cœur d’une dictature sanguinaire à Zarofficity. Le Grand Guide Zaroff et son ministre de l’intérieur Karaci, surnommé la Hyène se partagent le pouvoir, au pre-

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Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 ROMANS, LITTéRATURE 5

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la guerre civile et la proclamation de la République populaire de Chine. Perle fuit le pays où elle a grandi laissant Saule face à la tourmente. Cette dernière, en dépit des humiliations et des atrocités des camps et de la prison, ne trahira jamais Pearl Buck farouchement opposée au régime de Mao. Leur amitié hors du commun durera toute la vie en dépit de l’éloignement et des épreuves effroyables.

Marta MORAZZONI

L’invention de la véritéTraduit de l’italienpar Marguerite PozzoliArles, Actes Sud, 2009, 146 p.

De Ruskin, une assertion : « seule la vérité peut être inventée » et de lui encore, une métaphore : « l’extérieur d’une cathédrale française est comme l’envers d’une étoffe », toutes deux placées en exergue et soumises à la sagacité du lecteur. Le discours sur l’art n’est pas toujours trans-parent ; comprenne donc qui pourra… ou ne comprenne pas, peu importe, tant il est vrai que ce petit livre est un pur bonheur de lecture qui se suffit à lui seul. L’auteur met en scène la création, au XIe siècle, de la tapisserie de Bayeux, fait convoquer par la reine Mathilde les trois cents plus habiles brodeuses du royaume qu’elle installe devant leur métier dans la plus haute salle du château, le long des soixante-dix mètres de fine toile de lin où seront représentés les hauts faits de Guillaume le Conquérant débarquant à Hastings pour y défaire l’armée du roi d’Angleterre. En alternance, chapitre par chapitre, elle nous montre Ruskin accom-plissant à la fin du XIXe siècle son dernier pèlerinage à Amiens dont la cathédrale lui a inspiré La bible d’Amiens, un ouvrage enthousiasmant Marcel Proust qui l’a d’ailleurs traduit. De subtiles correspon-dances s’établissent entre les deux récits, entre fiction et réalité, entre présent et passé dans ce bref roman tout en finesse, sans intrigue ni rebondissements, où il ne se passe rien sinon la découverte de la beauté. LHE 656

Marie NIMIER

Photo-photoParis, Gallimard, 2010, 211 p.

Une séance de pose chez Karl Lagerfeld pour la photo de groupe de dix écrivains représentatifs de la rentrée littéraire : autour de cette scène initiale où la nar-ratrice se met en scène avec humour, d’autres rencontres vont se greffer, toutes en lien avec l’omniprésent personnage du couturier-photographe aux lunettes noires. Celle d’Huguette Malo, la vieille dame qui a réuni dans l’une des deux pièces où elle vit à l’hôtel Carmen un véritable musée Lagerfeld, celle de Frederika, amie d’en-fance du « roi de la mode » et sosie de la narratrice, que celle-ci rejoindra à Baden-Baden où elle se partage entre son job de masseuse dans un établissement de bains et l’atelier où elle essaie de faire expri-mer à des enfants en difficulté leur mal-être. D’autres personnages sont évoqués : Stephen, le compagnon absent qui, depuis le Canada, suit la progression du récit en train de se faire ou encore Edouard Levé, son ami photographe, qui vient de se don-ner la mort. Et, bien présents, les deux voi-sins de la campagne normande, une mère et son fils, plus vrais que nature. La scène où celui-ci photographie dans les prés les taches des vaches, pour les imprimer sur le plâtre de la narratrice victime d’une mau-vaise chute, est savoureuse. Comme ce joli récit doux-amer, qui n’est pas si léger qu’on pourrait le croire. LHA 10992

Fernando PESSOA

Quaresma déchiffreurTraduit du portugaispar Michelle GiudicelliParis, C. Bourgois, 2010, 540 p.

Prolifique, Pessoa est surtout connu pour son œuvre de poète et de romancier. Le grand auteur portugais a brillé par ses nom-breux écrits autobiographiques. L’éditeur C. Bourgois nous permet de découvrir son talent dans le genre policier. Inédites, ces dix nouvelles mettent en scène l’enquêteur Quaresma, célibataire d’âge mûr, vivant à

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Lisbonne et ressemblant furieusement à Pessoa lui-même. Comme aujourd’hui on exerce son esprit en résolvant des grilles de Sudoku ou de mots croisés, ce sympathique personnage passe beaucoup de temps à déchiffrer des charades. On se régale. Ces textes dont l’intrigue, reconnaissons-le, ne constitue pas l’atout majeur, sont d’une poésie et d’un charme surannés qui raviront les lecteurs les plus littéraires.

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Tom ROBBINS

Comme la grenouille sur son nénupharTraduit de l’américain par Francis HappeParis, Gallmeister, 2009, 417 p.

Il est actuel de dire que les valeurs tra-ditionnelles sont oubliées, que seul le superficiel nous survit. Tom Robbins, américain de Seattle, met en scène Gwen, une jeune trader effondrée, comme la Bourse qui chute d’heure en heure. Gwen va vivre des heures de cauchemar, entre ses angoisses et celles de son petit ami dont le singe favori s’est enfui en créant mille dégâts. Tout ceci dans une langue hésitant entre métaphore et grossièreté, Robbins voudrait fustiger l’obsession de l’argent et du confort et prôner l’aimable indifférence d’une jeunesse acquise au bien-être.

Yves SIMON

Jack London :le vagabond magnifiqueParis, Mengès, 2009, 160 p.

Romancier et musicien, chanteur et poète, Yves Simon nous offre une biographie éblouissante de Jack London et dresse un portrait captivant « du grand écrivain des neiges, des océans et de la vie ». Son récit, émaillé de photos et de citations invitant à la réflexion, nous transporte sur les routes du monde et nous touche au plus profond. Né à San Francisco en 1875, Jack London sera mendiant, buveur, bagarreur, voyou, tour à tour ouvrier, pil-

leur d’huîtres, policier, distributeur de journaux, chercheur d’or en Alaska, repor-ter de guerre, militant socialiste. Tel un météore, l’auteur de Martin Eden et de La Route passera sa vie de nomade héroïque à lutter contre la pauvreté avec une seule passion : la lecture et l’écriture. Il va res-tituer dans ses 53 romans et essais ce que la nature, le genre humain, la com-pagnie des hommes et des animaux lui auront appris. Quand le succès arrive, Jack London est usé par le travail, les excès et l’alcool. Il meurt à 40 ans d’une overdose de morphine, fatigué de tout : « je suis vidé de tout désir ». Yves Simon souligne l’influence que Jack London exer-cera non seulement sur les écrivains des générations suivantes, mais également sur des personnalités telles que le Che, Lénine ou Jean-Luc Godard. Jack London, immense écrivain, personnage libre et attachant, nous fascine et nous enchante.

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Arnaud TRIPET

Le baume et la douleur, Carnets 2008-2009 Genève, Labor et Fides, 2010. 232 p.

Deux années durant et pour survivre à un deuil amoureux, le scripteur a consi-gné ses réflexions dans des carnets qui s’ouvrent sur le paysage intérieur d’un homme cultivé où musique, littérature et poésie – italienne surtout – occupent une place de choix. Comme Paul Valéry qui publie en ces années-là justement le volume de poèmes Corona et Coronilla, il a été rejeté par une amoureuse apparue au soir de sa vie. Des regrets, oui, mais sans complaisance ni vain apitoiement sur soi-même. Cette sombre traversée est éclairée malgré tout par les promesses d’une quête spirituelle qui la transcende. Vient le temps où l’auteur exprime le souhait courageux de « renouer avec le rire », ce pour quoi il est manifestement doué ainsi qu’en témoigne une amorce d’impertinent dialogue entre Télémaque et Pénélope, ou encore une digression

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mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture6 HISTOIRE, BIOGRAPHIES

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Maryvonne STEPCZYNSKI MAITREL’Esprit de Genève de Robert de Traz. Retour aux origines du mythe de la Genève internationaleGenève, Slatkine, 2002, 234 p.

L’auteur de cet ouvrage peint une large fresque de la Genève de l’entre-deux guerres. Elle s’appuie sur les écrits des grands intellectuels de ce temps, principalement ceux de Robert de Traz. Ingénieur, journaliste, écrivain, Robert de Traz, bien que Vaudois né en France, avait tissé des liens très étroits avec Genève. A travers la Revue de Genève, initiée en 1920, la même année que l’implantation de la SDN, et l’Esprit de Genève publié en 1929, il met en forme et développe ce fameux concept de « l’esprit de Genève ». Fruit de l’héritage de Calvin, de Rousseau et d’Henry Dunant, cet idéal a pour caractéristiques l’indépendance, la largeur de vues et la tolé-rance, c’est la pierre angulaire de la vocation internationale de cette cité. Robert de Traz met toutes ses forces dans la défense de ses idées, il prône le retour aux valeurs en cours à l’époque de la Restauration où le patriciat genevois rece-vait ce que l’Europe comptait de plus intellectuel et de plus élevé. Il évoque même la Société de Lecture dont « les boi-series paraissent avoir conservé toute l’atmosphère savante et noble du siècle passé ». Ses écrits fourmillent d’opinions dont certaines semblent démodées voire extrêmes, fascina-tion pour la personnalité de Mussolini ou vision carton-pâte des Américains par exemple. Mais de Traz s’est aussi montré visionnaire et juste, ainsi rejette-t-il très tôt le nazisme dont il n’accepte pas les principes fondateurs. D’une plume vivante et sans concessions, Maryvonne Stepczynski Maître brosse ici un tableau réaliste et fourmillant de renseignements sur une époque marquante de l’histoire genevoise. 2.0 MAI

sur le sex-appeal de l’autruche… Au terme de ce parcours, une belle conclu-sion s’impose au délaissé, à savoir que le dépouillement n’est en rien le contraire de la richesse et le lecteur aura été, lui, enrichi par la fréquentation d’un homme d’agréable compagnie. LM 381

Maryse WOLINSKI

La SybillineParis, Seuil, 2010, 349 p.

« La Sybilline », ainsi la surnommait Proust. Née Misia Godebska, elle est plus connue sous le nom de celui qui fut son troisième et dernier mari, le peintre espa-gnol José María Sert. Misia Sert : c’est

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à elle que la romancière prête sa plume, l’imaginant revivre ses souvenirs au soir de sa mort. Etait-il nécessaire de roman-cer la vie brillantissime de celle qui fut la reine du Paris des arts, de la littérature et du spectacle durant les premières décen-nies du XXe siècle ? Ces pages rapides ressuscitent un moment la personnalité complexe de Misia, marquée à sa nais-sance par la mort tragique de sa mère, insatiable d’amour et d’amitié. Elle aurait pu être pianiste, encouragée par Fauré. Elle posa pour Bonnard et Vuillard. Elle s’enthousiasma pour les ballets russes et resta l’amie de Diaghilev. Celle de Cocteau, de Morand, de Claudel même. Elle aimait la zibeline et le chinchilla. Elle ne survé-cut que de quelques années à José-Maria qui l’avait quittée et s’éteignit, aveugle, en 1950. Elle repose non loin de Mallarmé qui lui offrit de si jolis vers quand elle avait vingt ans. LHA 10988

HISTOIRE,BIOGRAPHIESJean TULARD

Le grand Empire : 1804 -1815Paris, Albin Michel, 2009, 467 p.

Membre de l’Institut, historien et spécia-liste réputé de l’époque napoléonienne, Jean Tulard décrit, à la lumière d’un vaste ensemble documentaire inconnu jusqu’alors, comment s’est fait et défait le Grand Empire. Au XIXe siècle, la supré-matie de la France en Europe repose prin-cipalement sur le prestige de la culture, l’universalité de la langue, la forte démo-graphie, la puissance militaire et un état centralisé. Pour mieux poursuivre la guerre contre l’Angleterre, Napoléon improvise un empire. L’expansion territoriale qui donne naissance à « la France aux 130 départements » et à l’Europe française, résulte plus de la nécessité de faire res-

pecter le Blocus continental que d’une mûre réflexion. Napoléon, aveugle à toute critique, rejette la création d’une solida-rité économique entre les états et malgré l’inefficacité du blocus et ses désas-treuses conséquences, refuse de renoncer à ses conquêtes devenues inutiles engen-drant le réveil des nationalismes dans toute l’Europe et précipitant l’Empire napoléonien dans sa chute. Concis et pré-cis, cet ouvrage éminent qui replace l’his-toire de l’Empire dans un cadre européen, nous éclaire sur les causes de la réussite et de l’échec du Grand Empire et fera le bonheur des amateurs de l’épopée napo-léonienne. HG 1795

Emmanuel de WARESQUIEL

Une femme en exil. Félicie de Fauveau, artiste, amoureuse et rebelleParis, Laffont, 2010, 207 p.

C’est l’histoire d’un coup de foudre ! Emmanuel de Waresquiel, historien spé-cialiste de l’Empire et de la Restauration se déclare fasciné par Félicie de Fauveau dont il narre le destin exceptionnel. Sculpteur extrêmement douée, Félicie de Fauveau a été oubliée jusqu’à nos jours et pourtant elle mériterait d’être reconnue au firmament des artistes du XIXe siècle. Car ce fut une femme en exil comme la nomme Emmanuel de Waresquiel. Une femme en exil, pas seulement à cause de ses choix politiques mais surtout pour ses sentiments et ses attitudes. Légitimiste oui mais sur un mode exalté et particu-lièrement fier et utopiste. A la suite de Félicie de Fauveau nous sommes plongés dans le bocage vendéen qu’elle essaie de soulever contre les Orléans. Son héros est Saint Louis, pur entre les purs, et ses amis chevauchent avec elle sur les ailes de leurs idéaux hors du temps. L’égérie de Félicie et la seule dont elle se sente vas-sale, est une autre femme de sa trempe, Félicie de La Rochejacquelin à qui elle restera fidèle par delà la mort. C’est donc

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Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 DIVERS 7

l’histoire d’une vie brisée par les circons-tances mais dont on devine l’enfermement et le côté absolutiste, les événements extérieurs ayant sans doute servi d’abri à un déséquilibre qui se serait manifesté de toute façon. Cet essai magnifique et particulièrement bien écrit se fait le mes-sager de plusieurs expositions à venir sur l’oeuvre de Félicie de Fauveau. BE 14

Laetitia de WITT

Le prince Victor NapoléonParis, Fayard, 2007, 536 p.

Qui était ce prince, qui se vit, à la mort prématurée de son cousin, le prince impé-rial Louis, unique héritier de Napoléon III, propulsé à la tête du parti bonapartiste ? Lourde charge pour ce jeune homme de dix-huit ans, fils de cet étonnant cou-sin de Napoléon III plus connu sous son surnom de « Plon-Plon », lui-même fils de Jérôme Bonaparte, un des nombreux frères de Napoléon. Or de cette filiation, le prince Victor garda toute sa vie, dont il vécut la plus grande partie en exil en Belgique, une conscience scrupuleuse, s’attachant à réunir dans sa propriété de l’avenue Louise à Bruxelles, souvenirs, livres et objets témoignant de la gran-deur de l’épopée napoléonienne. Gardien du souvenir plus que chef d’un parti qui perdura pourtant, avec des hauts et des bas et bien des dissensions jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, tel est le por-trait que s’attache à nous donner l’histo-rienne, née en 1974, de celui qui fut, par son mariage avec la princesse Clémentine de Belgique, son arrière-grand-père.

HG 664

DIVERSTony BLAIR

MémoiresTraduit de l’anglaispar Nathalie Bru, [etc.]Paris, Albin Michel, 2010, 784 p.

La biographie de Tony Blair n’est pas un long fleuve tranquille, succès, espoirs, sou-venirs douloureux, décisions difficiles et remords émaillent un cours tourbillonnant et tumultueux. Tony Blair nous entraîne dans le voyage ( « a Journey » comme il l’a nommé ) qu’il a accompli pendant ses dix années au pouvoir en tant que Premier Ministre du Royaume-Uni. Dynamique et plein de projets à ses débuts, on le voit peu à peu s’adapter aux réalités du pouvoir mais sans jamais perdre complètement son punch. La lecture de son récit de vie est longue et extraordinairement détail-lée mais elle nous permet d’approcher de près l’homme de pouvoir avec ses soucis quotidiens et ses difficultés intimes. Blair voit avec réalisme les qualités néces-saires à un chef d’Etat : santé, résistance morale à toute épreuve mais doublées d’un grand sens humain ; il évoque aussi avec franchise ses sentiments privés et son penchant pour l’alcool. Tony Blair a mis en route des réformes que d’aucuns ont critiquées, il s’est fait le champion du New Labour et a maintenu son parti au pouvoir pendant trois législatures... Il a su comprendre les attentes du peuple lors du décès de la Princesse Diana. Enfin il a engagé son pays dans la guerre d’Irak et ne s’est jamais remis de ses conséquences. Comme on l’a dit « ils ont gagné la guerre mais ont perdu la paix », et la mémoire des victimes hante souvent les nuits de Blair. Est évoquée aussi la difficile cohabita-tion avec Gordon Brown, son pire ennemi puisque c’est un adversaire de l’intérieur. Tony Blair nous entraîne donc à travers un vaste paysage nous mettant en contact avec les particularités de la vie politique britannique et nous invitant aussi à jouer dans la cour des grands. En effet ses par-Banquiers Prives:Banquiers Prives 30.6.2009 12:02 Page 1

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tenaires : Georges Bush, Angela Merkel, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et bien d’autres sont décrits sur un mode familier et vivant. Cette biographie vaut la peine d’être lue avec un peu de patience et de ténacité. Il y a beaucoup à apprendre en compagnie d’un homme aussi doué même si on sent que toutes ces pages procèdent d’un profond désir d’auto-justification.

DI 748 B, disponible en version origi-nale : A Journey, An Autobiography ( DI 748 )

Boris CYRULNIK

Mourir de dire.La honteParis, Odile Jacob, 2010, 256 p.

Boris Cyrulnik, neuropsychiatre de renom signe ici un nouvel ouvrage. Il s’intéresse de près à la souffrance humaine, celle qui empoisonne car elle ne peut se dire, la honte. Pourquoi ne peut-elle se dire cette souffrance ? C’est parce que le regard de l’autre est tellement important que ce serait insupportable. Se dresse le cortège des opprimés, de ceux qui ont subi et se sont sentis écrasés. Les déportés, les vic-times des grandes dérives de l’humanité, mais aussi ceux que des conflits intimes ou familiaux ont vaincus. Ce livre est truffé d’exemples dont on peut parfois douter ou se demander par quel miracle Monsieur Cyrulnik les a amenés. Mais ce qu’on peut garder de cette lecture est qu’une fin opti-miste et positive peut être trouvée. Tout dépend de l’entourage et des forces que chacun peut découvrir en soi. PB 76

Daniel DELATTRE et Jackie PIGEAUD ( sous la direction de )

Les ÉpicuriensParis, Gallimard ( Pléiade ), 2010, 1481 p.

Serait-ce dû aux pourceaux dont l’escorte une réputation calomnieuse ? La présence d’Epicure et des siens était jusqu’ici plus que discrète au 11 Grand-Rue mais voici qu’il y fait une entrée fastueuse dans une belle édition de la Pléiade. Celle-ci passe en revue les destinées d’une doctrine

qui, née au IIIe siècle av. J.-C. à Athènes où Epicure accueillait dans son Jardin hommes, femmes et esclaves, toutes classes sociales confondues, pour y culti-ver les idées et l’amitié, s’est perpétuée dans l’espace et dans le temps. Dans une petite ville antique d’Asie mineure, Œnoanda, elle s’affiche par les soins d’un notable sur une muraille monumentale dont les archéologues s’emploient à ras-sembler les éléments épars et elle essaime dans le monde romain, à Herculanum, où les nombreux papyrus de la bibliothèque de Philodème déroulent leurs secrets en dépit de la lave qui les a recouverts. On trouvera dans cette publication exemplaire, traduits en français du grec et du latin, outre les écrits du philosophe lui-même qui nous sont parvenus, ceux de ses disciples comme de ses détracteurs, le livre que Diogène Laërce lui consacre dans Vies et doctrines des philosophes illustres, et enfin De la nature des choses, le beau poème de Lucrèce, le plus fervent de ses thuriféraires latins. Sans oublier, bien sûr, la recette du bonheur selon Epicure, le tetrapharmakon, ce quadruple remède à portée de chacun et censé effacer les motifs d’inquiétude, pour autant qu’on parvienne à se l’appliquer.

PC 445

John DUNN

Libérer le peuple.Histoire de la démocratieTraduit de l’anglaispar Sylvie Kleiman-LafonGenève, M. Haller, 2010, 267 p.

Ce livre raconte l’histoire du mot démocra-tie ; l’histoire des idées qu’il a véhiculées, celle des usages associés. L’auteur évoque principalement deux moments : l’Anti-quité grecque et le XVIIIe siècle. Périclès et Clisthène entendaient par là respect mutuel et intérêt de la majorité ; alors que pour Thucydide et d’autres, elle soumet-trait les éléments nobles à la populace, transférant les richesses des premiers vers les seconds. Après une longue éclipse, le terme est associé aux diverses révolu-tions tant américaines qu’européennes,

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avec beaucoup de versions. L’auteur com-mente un conflit récurrent autour du mot démocratie, celui opposant les tenants de l’égalité totale aux adeptes de l’égoïsme. Il suggère qu’elle aurait gagné son statut actuel en abandonnant le principe d’éga-lité et donc, en permettant le libre fonc-tionnement d’une économie libérale. Sa conclusion : « Pour le moment, la démo-cratie a donc obtenu un quasi-monopole sur la notion de gouvernement légitime dans un contexte qui contredit largement tout ce à quoi elle prétend. » Il s’agit d’une étude très documentée, fourmillant de renseignements intéressants, mais d’un abord assez ingrat. DI 747

Freeman J. DYSON

La vie dans l’Univers. Réflexions d’un physicien.Traduit de l’anglais par Stéphane SchmittParis, Gallimard, 2009, 256 p.

Freeman J. Dyson, un des très grands physiciens du XXe siècle, nous propose sept essais issus de conférences données

dans plusieurs universités américaines et s’adressant à des non-spécialistes. Trois thèmes principaux sont abordés : « Le pre-mier est politique : il s’agit d’une tenta-tive de compréhension des conséquences humaines et éthiques des biotechnologies. Le deuxième est scientifique : c’est une tentative de compréhension intellectuelle de la place de la vie dans l’Univers. Le troi-sième est personnel : tentative de compré-hension des implications de la biologie sur la philosophie et la religion ». Ce recueil est non seulement passionnant mais sur-prenant. La vision de ce très grand phy-sicien sur des sujets d’actualité tels que le réchauffement climatique ou les OGM, nous interpelle. Oscillant entre science et fiction, n’acceptant pas ce qui est commu-nément admis, les suggestions à l’appa-rence saugrenue de Dyson sur la survie de l’univers semblent réalistes et nous laissent perplexes. SDA 129

Laurent FABIUS

Le cabinet des douze : regards sur destableaux qui font la FranceParis, Gallimard, 2010, 215 p.

Douze toiles ou dessins emblématiques du XVIIe siècle à nos jours sont ici représentés et commentés dans l’ordre chronologique et selon une thématique qui relève à la fois des choix personnels de l’auteur et de sa volonté de mettre en évidence, dans la peinture française des trois derniers siècles, des Frères Lenain à Soulages, de David à Matisse et Picasso, les œuvres ayant contribué à « construire l’imaginaire de notre pays, à fournir à notre collectivité des images qui l’expriment et constituent autant de jalons de notre histoire. » C’est ainsi que l’ancien Premier ministre expli-cite son propos, « faire la France » : propos assez vaste pour juxtaposer dans ce sur-vol, par ailleurs excellemment maîtrisé et réfléchi, informé et stimulant, des œuvres qui incarnent en effet certaines réali-tés de l’histoire de la France, une famille de forgerons qui vivait sous le règne de Louis XIII, des représentations de la vie parlementaire ou des chefs de l’Etat, une femme se coiffant peinte à Royan en 1940, des footballeurs sur un stade dans les années cinquante, et des toiles qui ne représentent plus directement cette réalité française mais, en expérimentant autre chose – la lumière du Maroc pour Matisse ou les variations du noir pour Soulages – ont, sur un tout autre plan, celui de l’his-

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Fassbind:Fassbind 30.6.2009 13:18 Page 1

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toire de l’art et de son marché, fait date et affirmé la place des peintres français dans le monde. BC 327

Michèle FITOUSSI

Helena Rubinstein : la femme qui inventa la beautéParis, Grasset, 2010, 472 p.

La rage de vivre, le besoin de vaincre et de conquérir fortune et célébrité, on rencontre tout cela chez une toute petite femme, qui n’est pas une beauté. Elle est juive, née dans un ghetto de Cracovie et pourvue de sept sœurs cadettes sans avenir. Helena réussit à émigrer en Australie chez un oncle, boutiquier, munie de 12 petits pots de crème pour le visage. Avec une volonté farouche, elle va créer une crème pour les peaux fanées des australiennes, créer un petit capital, partir à Londres, puis New York en innovant à force de travail les instituts de beauté encore inconnus, libé-rer les femmes du corset et des chignons, et devenir « Madame » connue du monde entier. Elle épouse un polonais, Edward Titus, met deux fils au monde confiés à des nurses, l’argent lui permet d’acquérir mai-sons, domaines, bijoux et fourrures. Elle sera couverte de diamants, faux et vrais, entassés sur son petit corps. Elle fera venir de Pologne sœurs, nièces et cousins. Elle sera volontaire, agressive, généreuse ou pingre, elle mourra à 93 ans en laissant le monde féminin conscient de la volonté de conquérir par la beauté et l’élégance.

HM 133

Janine BOISSARD, Loup, y es-tu ?, Laffont, 2009, 328 p. Ken FOLLETT, Fall of giants, MacMillan, 2010, 851 p. LHC 3125 B

Denis GROZDANOVITCH, Minuscules extases, Nil, 2009, 131 p. LM 360

Siri HUSTVEDT, La femme qui tremble, Actes sud, 2010, 245 p. LM 1104 B

Diane de MARGERIE, Proust et l’obscur, A. Michel, 2010, 226 p. LBA 777

Peter MANDELSON, The Third Man, London, HarperPress, 2010, 566 p. DI 746

Idries SHAH, Chercheur de vérité : récits, dits et contes soufis,

A. Michel, 2010, 279 p. TA 2

Karine TISSOT ( dir. ), Artistes à Genève : de 1400 à nos jours, L’Apage : Notari,

2010, 672 p. 14.0 ART