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Le cinéma joue-t-il un rôle moteur dans la construction des mémoires de la seconde guerre mondiale ? Le choix d’étudier les mémoires de la seconde guerre mondiale à travers le cinéma permet de mettre en lumière les représentations culturelles du souvenir de la seconde guerre mondiale dans ses dimensions plurielles de 1945 à aujourd’hui. DOSSIER DOCUMENTAIRE SUR LA BATAILLE DU RAIL, de René Clément (1945) Document 1 : Synopsis du film La Bataille du rail, de René Clément (1945) Tournée tout de suite après la guerre, la Bataille du Rail raconte, sur un mode documentaire, la contribution des cheminots à la libération de la France. Dans le film, des acteurs professionnels et non professionnels rejouent les gestes simples réalisés par des Français entièrement dévoués à la lutte contre l’occupant de leur pays. Le film reçoit le prix du jury international au Festival de Cannes en 1946. Document 2 : image du film de René Clément, La Bataille du rail, 1945.

Le cinéma joue-t-il un rôle moteur dans la construction ... · 3- Décrire la composition de l’affiche du film. Qu’en concluez-vous ? (doc.3) 4- A quelle mémoire de la seconde

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Le cinéma joue-t-il un rôle moteur dans la construction des mémoires de la seconde guerre mondiale ?

Le choix d’étudier les mémoires de la seconde guerre mondiale à travers le cinéma permet de mettre en lumière les représentations culturelles du souvenir de la seconde guerre mondiale dans ses dimensions plurielles de 1945 à aujourd’hui.

DOSSIER DOCUMENTAIRE SUR LA BATAILLE DU RAIL, de René Clément (1945)

Document 1 : Synopsis du film La Bataille du rail, de René Clément (1945)Tournée tout de suite après la guerre, la Bataille du Rail raconte, sur un mode documentaire, la contribution des cheminots à la libération de la France. Dans le film, des acteurs professionnels et non professionnels rejouent les gestes simples réalisés par des Français entièrement dévoués à la lutte contre l’occupant de leur pays. Le film reçoit le prix du jury international au Festival de Cannes en 1946.

Document 2 : image du film de René Clément, La Bataille du rail, 1945.

Document 3 : Affiche du film de René Clément, La bataille du rail

Étude du dossier documentaire :

1- Présentez les documents du dossier (sources, auteur, contexte, thématique).2- Comment les Français apparaissent-ils dans La bataille du Rail ? (doc.2)3- Décrire la composition de l’affiche du film. Qu’en concluez-vous ? (doc.3)4- A quelle mémoire de la seconde guerre mondiale ce film est-il dédié ? (doc.1, 2 et 3.). NB : vous pouvez vous aider du cours sur le Bilan et les mémoires de seconde guerre mondiale.5- Complétez le tableau distribué et placez le film sur la chronologie des mémoires de la seconde guerre mondiale.

Le cinéma joue-t-il un rôle moteur dans la construction des mémoires de la seconde guerre mondiale ?

Le choix d’étudier les mémoires de la seconde guerre mondiale à travers le cinéma permet de mettre en lumière les représentations culturelles du souvenir de la seconde guerre mondiale dans ses dimensions plurielles de 1945 à aujourd’hui.

DOSSIER DOCUMENTAIRE NUIT ET BROUILLARD, de Alain Resnais (1955)

Document 1 : synopsis du film Nuit et Brouillard, d’Alain Resnais (1955-56)

Nuit et Brouillard est un film documentaire réalisé par Alain Resnais, à l'initiative d’Henri Michel (historien), et réalisé en 1955. Il traite de la déportation et des camps de concentration nazis, en application des dispositions dites « Nuit et brouillard » (décret du 7 décembre 1941). Nuit et Brouillard est une commande du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, un organisme gouvernemental fondé en 1951, dont la fonction était de rassembler de la documentation et de poursuivre des recherches historiques sur la période de l’occupation de la France en 1940-1945, et dont Henri Michel était le secrétaire général. D’une durée de trente-deux minutes, le film est un mélange d'archives en noir et blanc et d'images tournées en couleur. Le texte, écrit par Jean Cayrol, est dit par Michel Bouquet. Le film tire son titre du nom donné aux déportés aux camps de concentration par les nazis, les NN (Nacht und Nebel), qui semblaient ainsi vouloir jeter l’oubli sur leur sort. Réalisé en 1955, dix ans après la fin des hostilités, ce qui assure un certain recul, le film est le premier à poser un jalon contre une éventuelle avancée du négationnisme, ainsi qu’un avertissement sur les risques que présenterait une banalisation, voire le retour en Europe, de l’antisémitisme, du racisme ou encore du totalitarisme. Il reste difficile d'imaginer aujourd'hui la force du film à sa sortie, en 1956, en pleine guerre froide.

Document 2 : Image d’archives représentant un gendarme français devant le camp de Pithiviers en 1941 et utilisée dans le film Nuit et Brouillard en 1955.

Document 3 : La même image utilisée dans le film d’Alain Resnais, Nuit et Brouillard en 1956. Mais la censure lui imposa de masquer le képi de la gendarmerie française.

Document 4 : Aucune distinction entre les déportés

Un tel succès unanime reflète la vision de l’époque, comme toute oeuvre portant sur un tel sujet, et nous amène un demi-siècle plus tard à nous interroger sur son contenu historique, à la lumière des vues nouvelles que la recherche a suscitées. En quoi le film est-il daté ? D’abord, et surtout, parce qu’il présente une analyse alors communément admise, mais que l’historiographie a depuis sensiblement modifiée : celle d’un « univers concentrationnaire » (selon la formule de David Rousset) qui englobe l’ensemble des déportés. En témoigne la terminologie employée (les camps, les camps de concentration, les camps de la mort, les bagnes nazis, etc.) qui a fait place à la différenciation actuelle entre « camps de concentration » pour les victimes de la répression, et « camps d’extermination » pour celles de la persécution raciste et antisémite. Le film, qui privilégie Auschwitz dans ses reportages en montrant le célèbre portail de Birkenau, les monceaux de cheveux, de vêtements d’enfants, etc., et les complexes industriels des « crématoires » aux chambres à gaz pouvant contenir plusieurs milliers de personnes, n’établit à aucun moment cette distinction qui s’est imposée progressivement aux historiens contemporains. Nul ne remarqua cette confusion, tant l’analyse de l’époque paraissait évidente : les détenus de tous les camps ne portaient-ils pas les mêmes tenues rayées, n’avaient-ils pas tous le crâne rasé, et les camps n’offraient-ils pas plus d’analogies que de différences ? Les rescapés de la « Solution finale » n’étaient guère visibles en raison de leur petit nombre. Rien d’étonnant par conséquent à ce que le génocide des prétendues « races inférieures » ait été sous-estimé en 1945 dans sa spécificité et qu’il ait fallu attendre les années soixante et la prise de conscience qui s’opéra à la suite du procès Eichmann pour que la question fût posée de façon de plus en plus claire, chiffres à l’appui. Souvenons-nous d’ailleurs qu’à l’époque, ni Shoah, ni génocide, ni holocauste n’étaient usités, ce qui confirme amplement cette absence dans la conscience collective, y compris celle de la plupart des déportés juifs. Eux-mêmes s’étaient insurgés contre l’appellation de « déportés raciaux » et on les englobait dorénavant dans la catégorie des « déportés politiques ».

A propos de Nuit et Brouillard, Maurice CLING, Le Patriote Resistant, Février 2003, N° 760.

Étude du dossier documentaire : 1- Présenter le film : auteur, contexte, thématique (doc.1).2- D’où vient le mot Nuit et Brouillard ? Pourquoi peut-on qualifier ce film documentaire de référence ? (doc.1)3- Comparez les deux images, que remarquez-vous (doc.2 et 3) ? Pourquoi l’image représentant un gendarme français gardant le camp de Pithiviers fut-elle censurée en 1956 ? (Doc. 3).4- Quelle mémoire de la seconde guerre mondiale le film Nuit et Brouillard semble-t-il occulter ? NB : vous pouvez vous aider du cours sur le Bilan et les mémoires de seconde guerre mondiale.5- Quelle critique peut-on faire aujourd’hui au film Nuit et Brouillard selon Maurice Cling ? (Doc.4)6- Complétez le tableau distribué et placez le film sur la chronologie des mémoires de la seconde guerre mondiale.

Le cinéma joue-t-il un rôle moteur dans la construction des mémoires de la seconde guerre mondiale ?

Le choix d’étudier les mémoires de la seconde guerre mondiale à travers le cinéma permet de mettre en lumière les représentations culturelles du souvenir de la seconde guerre mondiale dans ses dimensions plurielles de 1945 à aujourd’hui.

DOSSIER DOCUMENTAIRE LACOMBE LUCIEN, de Louis Malle (1974)

Document 1 : Synopsis du film Lacombe Lucien, de Louis Malle (1974)Filmé à partir d’un scénario de l’écrivain Patrick Modiano, le film de Louis Malle décrit froidement et sans complaisance l’itinéraire d’un paysan du Sud-Ouest un peu simple d’esprit pendant les années de l’Occupation : après avoir vainement essayé d’entrer dans la Résistance, Lacombe est engagé par la Gestapo et profite de son pouvoir pour satisfaire toutes ses envies. Il finit par tomber amoureux d’une jeune fille juive. Le film, qui fait scandale à sa sortie, est l’un des premiers à aborder le thème de la collaboration ordinaire.

Document 2 : Une des nombreuses affiches du film Lacombe Lucien de Louis Malle

Document 3 : Aux origines de Lacombe Lucien

Louis Malle, âgé seulement de 13 ans à la Libération, affirme avoir été profondément marqué par la période de l'Occupation, et, après Lacombe Lucien en 1973, il consacrera d'ailleurs un autre film à cette période trouble, Au revoir les enfants. Si ce dernier film est directement inspiré de ses souvenirs, l'inspiration de Lacombe Lucien est plus diffuse. Dès 1954, sa rencontre fortuite avec Pierre-Antoine Cousteau (le frère du commandant) produit sur lui un effet étrange : Malle est frappé par le discours toujours doctrinaire et monstrueux de cet ancien collaborateur finalement libéré de prison. Quelques années plus tard, au cours d'un reportage sur la guerre d'Algérie, il rencontre un jeune aspirant d'apparence anodine, plutôt gentil et timide ; mais il se rend compte au fil de leur discussion que ce dernier est officier de renseignements, et donc chargé des tortures. Là encore, Malle se retrouve confronté à un discours d'autojustification dont l'aveuglement le surprend. En 1971, la révélation de l'affaire des halcones, au Mexique, conduit Malle à tenter de rédiger un premier scénario : les halcones étaient des enfants du sous-prolétariat, des jeunes gens souvent perdus et misérables que la police utilisait pour renverser les manifestations d'étudiants. Ces miliciens payés agissaient avec un zèle consternant. Malle a finalement dû abandonner son projet, mais, rentré en France en 1972, il essaye de transposer son sujet pendant la période de la guerre d'Algérie, avant de situer finalement son histoire sous l'Occupation, dans le Lot, où il possédait une maison.

Peu à peu, l'histoire de Lucien prend forme et Malle a fait appel au romancier Patrick Modiano pour la renforcer. Le scénario était en fait bien plus que vraisemblable : un paysan du Lot a en effet raconté à Louis Malle l'histoire d'« Hercule », un jeune homme de très petite taille, affecté d'une malformation, qui avait été payé par la Gestapo pour infiltrer un maquis de la région. Malle s'est même rendu compte que sa propre maison, acquise après guerre, avait été le théâtre de cette histoire.

Étude du dossier documentaire :

1- Présenter le film : auteur, contexte, thématique (doc.1).2- Pourquoi Lacombe Lucien a-t-il fait scandale lors de sa sortie ? (doc.1)3- Décrire l’affiche du film. Que pouvez-vous en conclure sur le contenu de l’œuvre cinématographique (doc.2) ?4- Quelles sont les raisons qui ont poussées Louis Malle à réaliser Lacombe Lucien ? (Doc.3) Comment a évolué son projet ?5- Quelle mémoire de la seconde guerre mondiale le film Lacombe Lucien illustre t-il ? NB : vous pouvez vous aider du cours sur le Bilan et les mémoires de seconde guerre mondiale.6- Complétez le tableau distribué et placez le film sur la chronologie des mémoires de la seconde guerre mondiale.

Le cinéma joue-t-il un rôle moteur dans la construction des mémoires de la seconde guerre mondiale ?

Le choix d’étudier les mémoires de la seconde guerre mondiale à travers le cinéma permet de mettre en lumière les représentations culturelles du souvenir de la seconde guerre mondiale dans ses dimensions plurielles de 1945 à aujourd’hui.

DOSSIER DOCUMENTAIRE : LE CHAGRIN ET LA PITIÉ, de Marcel Ophüls (1971)

Document 1 : Le film de Marcel Ophüls réalisé en 1971 brosse le portrait d’une ville de province sous l’Occupation en mettant l’accent notamment sur la collaboration. Le film est interdit de diffusion à la télévision jusqu’en 1981. L’inscription sur la photographie en haut à gauche proclame : « l’Allemagne est victorieuse sur tous les fronts. » La « légion des volontaires français contre le bolchevisme » est une structure militaire crée le 11 juillet 1941 afin de lutter, au côté de l’Allemagne, contre l’URSS.

Document 2 : Le choc du film Le Chagrin et la Pitié

Étude du dossier documentaire :

1- Présenter le film Le Chagrin et la Pitié : auteur, contexte, thématique (doc.1).2- Pourquoi ce film a-t-il suscité un malaise en 1971 (docs.1 et 2) ?3- Expliquer les deux dernières lignes du textes : « il faut savoir que, au-delà de 40 ans, personne ne peut voir le Chagrin et la Pitié innocemment. Sans retrouver le goût amer de sa propre lâcheté, si l’on fut de la majorité, soit le tremblement de la fureur, si l’on fut des autres ». (Doc.2)4- Quelle mémoire de la seconde guerre mondiale le film recompose t-il ? NB : vous pouvez vous aider du cours sur le Bilan et les mémoires de seconde guerre mondiale.5- Complétez le tableau distribué et placez le film sur la chronologie des mémoires de la seconde guerre mondiale.

Le cinéma joue-t-il un rôle moteur dans la construction des mémoires de la seconde guerre mondiale ?

Le choix d’étudier les mémoires de la seconde guerre mondiale à travers le cinéma permet de mettre en lumière les représentations culturelles du souvenir de la seconde guerre mondiale dans ses dimensions plurielles de 1945 à aujourd’hui.

DOSSIER DOCUMENTAIRE : MONSIEUR KLEIN, de Joseph Losey (1976) et SHOAH de Claude Lanzmann (1985)

Document 1 : Synopsis Monsieur Klein, de Joseph Losey (1976)Le film de Losey repose sur l’homonymie d’un petit trafiquant alsacien, Robert Klein, et d’un juif recensé par la police française. Tout d’abord indifférent, Robert Klein –interprété par Alain Delon- se rend compte que son homonyme est en fait un résistant qui utilise son nom pour mener ses actions clandestines. En cherchant à remonter la piste qui le conduira à cet inconnu, il est arrêté lors de la rafle de juillet 1942. Monsieur Klein est l’un des premiers films de fiction à aborder le thème de la déportation vers les camps de la mort.

Document 2 : Affiche du film Monsieur Klein, 1976.

Document 3 : Synopsis de Shoah de Claude Lanzmann

Shoah (1985) est un film français sur l’extermination des juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Réalisé par Claude Lanzmann, le film est sorti en 1985. Tourné dans les années 1976-1981, le film est composé d'entrevues de témoins de la Shoah (dont certains obtenus par ruse) et de prises de vues faites sur les lieux du génocide. Le film Shoah se base sur trois cent cinquante heures de prises de vues, réalisées entre 1976 et 1981. Le montage final fait environ 9h30 heures.

Document 4 : Le Montage du film Shoah de Claude Lanzmann

J’ai commencé à travailler sur « Shoah » en Septembre 1979 et fini en Mai 1985, date de la sortie du film sur les écrans parisiens. Presque six ans. « Comment as-tu résisté au temps? » – me demandent souvent des amis – « N’avais-tu pas des moments où tu n’en pouvais plus? »… J’ai craqué plusieurs fois, hurlé, pleuré. J’ai cherché à me séparer du film: Quelque chose de plus fort que ces refus, me poussait en avant. A l’époque j’étais incapable d’expliquer la nature de cette force, je vais le tenter à présent. Sionistes, mes parents sont arrivés en 1933 en Israël – La Palestine de l’époque – sous mandat Britannique, de la Hongrie pour ma mère, de la Tchécoslovaquie pour mon père. Dans leurs plus terribles cauchemars, ces gens ne pouvaient imaginer qu’ils ne reverraient plus jamais leurs familles – Ce fut pourtant le cas: parents, sœurs, frères… tous ont été brûlés à Auschwitz. De ce fait, mon enfance (je suis née après le début de la guerre) a été marquée par un silence presque absolu concernant le passé proche et lointain de mes parents. Pas de récits ni d’histoire. L’Europe a été comme effacé de leur mémoire. Je me souviens d’eux arpentant comme des fous les ports et les camps d’internement anglais à la recherche des membres de leurs familles parmi les rescapés des camps de la mort qui avaient fui l’Europe et qui étaient parqués là interdits d’accès en Palestine…. Liens interrompus. Déchirure qui n’a jamais pu se cicatriser s’est installée en eux mêlée aux sentiments de culpabilité. J’ai vécu plus de 25 ans à Paris. Ils n’ont jamais pu reprendre le chemin de « retour » même pour me rendre visite….. Faire le montage de « Shoah » c’était parler pour briser ce silence de mes parents? Leur donner une voix; c’était dire pour eux, pour moi, pour ma fille. Retrouver notre mémoire, l’assumer avec leur déchirure pour pouvoir aller au-delà sans jamais oublier. Mon cas n’est pas un cas particulier. Je connais beaucoup de gens de ma génération en Israël dont le passé européen des parents a été balayé pour toujours. C’est à nous, la deuxième et la troisième génération et les autres à venir de renouer les fils du passé tout en acceptant l’héritage de la blessure. Pour moi c’est un devoir.

Texte de Ziva Potec, la monteuse du film Shoah de Claude Lanzmann, Paris, 1979-1985.

Étude du dossier documentaire :

1- Présentez les deux films du dossier : genre, auteur, contexte, thématique (docs 1 et 3).2- En quoi le sujet du film Monsieur Klein est-il novateur en 1976 (doc.1) ?3- Décrire l’affiche du film. Que révèle-t-elle ? (doc.2)4- Qu’est-ce qui a motivé Ziva Potec à faire le montage de Shoah (doc.4) ?5- Quelle mémoire de la seconde guerre mondiale, ces films mettent-ils en reliefs ? (doc.1, 2 et 3 et 4). NB : vous pouvez vous aider du cours sur le Bilan et les mémoires de seconde guerre mondiale.5- Complétez le tableau distribué et placez le film sur la chronologie des mémoires de la seconde guerre mondiale.

Le cinéma joue-t-il un rôle moteur dans la construction des mémoires de la seconde guerre mondiale ?Le choix d’étudier les mémoires de la seconde guerre mondiale à travers le cinéma permet de mettre en lumière les représentations culturelles du souvenir de la seconde guerre mondiale dans ses dimensions plurielles de 1945 à aujourd’hui.

DOSSIER DOCUMENTAIRE : L’ARMÉE DES OMBRES de Jean-Pierre Melville et L’ARMÉE DU CRIME de Robert Guédigian

Document 1 : Synospis du film L’armée des ombres

L'Armée des ombres est un film franco-italien de Jean-Pierre Melville sorti sur les écrans en 1969, adapté du roman du même nom de Joseph Kessel.

20 octobre 1942, en France occupée. Philippe Gerbier (Lino Ventura), ingénieur distingué des Ponts et Chaussées soupçonné de pensées gaullistes, est arrêté par la police de Vichy et placé dans un camp. Il tranche sur les autres prisonniers par une force de caractère peu commune, et par les appuis qui l'ont placé dans ce camp. Quelques jours plus tard, les autorités françaises remettent Gerbier à la Gestapo, la police secrète nazie, qui le transfère à Paris pour interrogatoire. Gerbier réussit à s'échapper avec l'aide d'un résistant anonyme et d'un coiffeur pétainiste (Serge Reggiani), puis retourne à Marseille où est basé le réseau qu'il dirige effectivement. Le bras droit de Gerbier, Félix Lepercq (Paul Crauchet), a identifié un certain Paul (le jeune Dounat) comme le traître qui a dénoncé son chef. Avec l'aide de Guillaume Vermersch, dit « Le Bison » (Christian Barbier), un colosse d'une loyauté absolue, ancien de la Légion, Félix et Gerbier conduisent Paul dans une maison inhabitée de Marseille pour l'y exécuter. Ils y retrouvent Claude Ullmann, dit « Le Masque » (Claude Mann), un jeune résistant désireux de faire ses preuves dans une mission difficile. Il s'avère impossible d'abattre Paul au pistolet comme prévu car une famille a emménagé la veille dans la maison voisine et ne manquerait pas d'entendre les coups de feu. Ayant cherché en vain une autre méthode, Gerbier ordonne à ses hommes de l'aider à étrangler leur captif. Le Masque recule devant la manière de l'exécution, laquelle est pour lui la première, mais Gerbier le rabroue durement et lui confie avec une pointe d'émotion que c'est la première fois pour lui aussi. Le Masque se reprend et les trois hommes mènent à bien la besogne.

Document 2 et 2bis : Affiches des film L’armée des ombres (1969) et L’armée du crime (2009).

Document 3 : Synopsis du film L’armée du Crime, de Robert Guédiguian (2009)

Paris, 1943. Missak Manouchian prend la tête d’un groupe de jeunes juifs, Hongrois, Polonais, Roumains, Espagnols, Italiens, Arméniens, déterminés à se battre pour libérer la France qu’ils aiment, celle des droits de l’Homme. Face à leurs actions musclées et sanglantes, l’Occupant et la police française contre-attaquent : filatures, dénonciations, chantages, tortures… Tout est bon pour nuire à cette « armée du crime ». Ce film est leur histoire.

Document 4 : L'Armée du crime : l'affiche rouge, histoires de sang et sens de l'histoire

Au moment où meurent les derniers témoins, Robert Guédiguian sait qu'une période s'est achevée, mais, face à la débâcle générale des idéaux ou des illusions portés par ceux qui ont combattu l'Allemagne nazie, il a voulu revenir à la source. L'Armée du crime est la mise en scène d'un soulèvement, celui des jeunes combattants immigrés du groupe Manouchian, et de son écrasement, à partir du souvenir laissé dans la mémoire collective (celle du mouvement communiste) et individuelle (celle de Guédiguian). En 1943, Missak Manouchian (Simon Abkarian), réfugié arménien, fut chargé par la direction communiste de former un groupe armé, sous l'autorité de la Main-d'oeuvre immigrée, organisation communiste regroupant les travailleurs nés ailleurs qu'en France. La bande rassemblée par Manouchian comptait dans ses rangs nombres de juifs originaires d'Europe de l'Est, mais aussi des Italiens antifascistes et des républicains espagnols. Dans ces rangs, Guédiguian a choisi quelques figures pour leur jeunesse, leur violence. Thomas Elek (Grégoire Leprince-Ringuet) et Marcel Rayman, un lycéen doué en chimie et un ouvrier champion de natation, deviennent des tueurs. Parce que Guédiguian - l'affiche du film en témoigne - ne fait pas mystère des buts de guerre du groupe Manouchian. Il fallait tuer des Allemands, les plus gradés possible, à défaut le plus grand nombre possible, autant pour démoraliser l'ennemi que pour montrer aux Français que la lutte armée était possible. C'est la première fois que l'auteur de La ville est tranquille s'essaie à un film de cette ampleur. Et la seconde (après Le Promeneur du Champ-de-Mars, chronique des derniers jours de François Mitterrand) qu'il s'éloigne de Marseille. Mais il n'a pas posé ses bagages en chemin. Il montre l'exécution d'officiers allemands ou un attentat à la grenade pour ce qu'ils sont, des moments de violence, de souffrance et de peur. Et quand l'exaltation saisit l'un des jeunes clandestins, elle est mise en scène pour ce qu'elle est, une émotion ambiguë qui sert les buts assignés par le parti mais met en danger l'intégrité de celui qui se réjouit de la mort de ses ennemis. La figure de Manouchian est là pour servir le projet politique et éthique de Guédiguian : un homme capable de tuer tout en continuant à vivre et à aimer sa compagne Mélinée (Virginie Ledoyen). Sur l'autre rive, il y a les tristes figures des policiers français qui firent tomber le groupe.Jean-Pierre Darroussin (qui déjà jouait le militant du Front national dans Marius et Jeannette) incarne un fonctionnaire compétent qui succombe à la tentation que lui met sous le nez le commissaire David (Yann Tregouët), technocrate de la lutte anticommuniste. Ce sont eux les exécutants du martyre du groupe Manouchian, tout comme Vichy se mit à la disposition des occupants pour monter l'opération de propagande qui fit que l'affiche rouge dénonçant "l'armée du crime" fut placardée sur les murs de France. Tout dans le film, y compris les libertés prises avec la chronologie des événements, tend à exprimer l'essence de cet affrontement, à en dégager le sens. Les derniers films de Robert Guédiguian, et particulièrement Lady Jane (2008), mettaient en scène la désorientation, la colère face à la perte de ce même sens, qui fut celui de l'histoire. Alors que Ken Loach, qui montrait les mêmes interrogations dans It's a Free World (2007), s'est réfugié dans la comédie fantaisiste de Looking for Eric, son camarade Guédiguian a remonté le temps pour retrouver une vérité perdue et la rapporter à ses contemporains.

Le Monde, 15/09/2009

Étude du dossier documentaire :

1- Présentez les deux films du dossier : genre, auteur, contexte, thématique (docs 1 et 3).2- Décrire les affiches des films. Que révèlent-t-elles ? (doc.2 et 2 bis )3- Quelle est la spécificité des protagonistes mis en scène par Robert Guédiguian (doc.3) En quoi le film de Guédiguian marque-il un tournant en 2009 (doc.4) ?4- A qui rend hommage ces films ? A quel titre peut-on parler de résistances au pluriel ?5- Complétez le tableau distribué et placez le film sur la chronologie des mémoires de la seconde guerre mondiale.

Vincent Marie, Avril 2011