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EHESS Le Corps du texte. Pour une anthropologie des textes de la tradition juive by Florence Heymann; Danielle Storper Perez Review by: Régine Azria Archives de sciences sociales des religions, 43e Année, No. 104 (Oct. - Dec., 1998), pp. 94-95 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30114799 . Accessed: 15/06/2014 10:41 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.44.77.128 on Sun, 15 Jun 2014 10:41:42 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Le Corps du texte. Pour une anthropologie des textes de la tradition juiveby Florence Heymann; Danielle Storper Perez

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Le Corps du texte. Pour une anthropologie des textes de la tradition juive by FlorenceHeymann; Danielle Storper PerezReview by: Régine AzriaArchives de sciences sociales des religions, 43e Année, No. 104 (Oct. - Dec., 1998), pp. 94-95Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30114799 .

Accessed: 15/06/2014 10:41

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

mis en 6vidence B propos de l'Asie du Sud, n'aient pas accord6 plus de place 5 une rd- flexion sur certains contrastes. Par exemple, si les mouvements islamistes se rdfbrent g l'uto- pie d'une communaut6 pan-islamique (tout en fondant souvent leur stratdgie sur un contrl1e territorial), les mouvements hindous invoquent plut8t une territoire sacr6 (mime s'il est par- fois A g0om6trie variable). Et alors que les pre- miers investissent et accordent une importance extr~me aux institutions 6ducatives, les se- conds paraissent moins centrds sur ce rdseau institutionnel (mime s'ils ne le ndgligent pas pour autant). Ces contrastes paraissent pourtant pertinents quant aux logiques de d6veloppe- ment des organisations concerndes, sans pour autant que l'analyse revienne 5 une perspective culturaliste dont les AA. ont tenu i se disso- cier.

Ce ne sont 1l, cependant, que des remarques de ddtail. L'ouvrage est excellent, et ddveloppe des analyses essentielles pour comprendre les 6volutions politiques et religieuses en cours, non seulement en Asie du Sud, mais dans le reste du monde.

Gilles Tarabout.

104.30 HEYMANN (Florence), STORPER PEREZ (Danielle), 6ds.

Le Corps du texte. Pour une anthropologie des textes de la tradition juive. Paris, CNRS Editions, 1997, 352 p. (glossaire, index).

< Une anthropologie du judaisme doit partir du constat de l'importance et de la centralit6 des textes dans la soci6t6 et la culture juives et d'une r6flexion sur les pr6suppos6s 6pist6- mologiques de l'anthropologie d'un groupe so- cial se situant sur un 'terrain' d'6criture, domaine traditionnellement r6serv6 i l'his- toire >>. C'est sur ces mots que les deux coor- dinatrices de cet ensemble ouvrent leur article introductif, avant de rappeler les conditions dans lesquelles le champ des 6tudes juives s'est progressivement construit A partir de la fin du XIXe sidcle, et d'expliquer comment anthropo- logues et rabbins en sont arriv6s A se trouver face aux mimes textes.

A quoi Frank Alvarez-Pdreyre r6pond dans un article th6orique et programmatique, que l'anthropologie peut n'6tre qu'un des chemins par lesquels l'homme se r6vile i lui-mime et se situe, grice, notamment, aux outils que son activit6 scientifique lui permet de fagonner. Autre fagon de pointer la probl6matique proxi- mit6 entre le chercheur et son objet, d'6voquer la relation constante entre contraintes socio-

historiques et discours scientifiques et de s'in- terroger sur le bien-fond6 6pist6mologique de l'usage des cat6gories indigines dans l'appro- che d'un univers singulier devenu objet de con- naissance.

En praticien confirm6 de cette anthropologie du judai'sme, Harvey Goldberg propose une analyse des relations entre descendance et al- liance dans l'univers biblique en prenant comme fil conducteur la pratique de la circon- cision. Samuel Cooper envisage les fetes de Pourim (fdte s6culibre du d6sordre, de l'inver- sion et du paradoxe) et de Yom Kippour (jour d'expiation et d'interdits marquant un 6tat de li- minalit6 des relations sociales), comme des ex- tremes oppos6s rv61lant une structure de sym6trie, implicite dans la loi juive. D6plorant I'indiff6rence voire le m6pris dans lesquels les traditions orales juives, improprement quali- fi6es de populaires, ont trop longtemps 6t6 te- nues, parce que victimes du primat accord6 aux sources 6crites, Jean Baumgarten montre l'int6r&t anthropologique de cette culture orale a partir d'un exemple emprunt6 & la culture yiddish; analysant le r81e du bad'han (pobte ou 'rimailleur' qui divertit l'assistance lors des fetes domestiques) et les paroles qu'il pro- nonce lors des mariages hassidiques, il montre la compl6mentarit6 et l'unit6 constante entre le dire et I'6crit. S'int6ressant B la sexualit6, Da- niel Boyarin veut montrer que l'homosexualit6 ne constitue pas une cat6gorie en soi dans les mat6riaux textuels biblique et talmudique. Les interdits sexuels relbvent plus des cat6gories de pur et d'impur analys6es par M. Douglas, c'est-a-dire li6es au risque de m61ange ou de confusion (au mime titre que la bestialit6 ou le tissage du lin avec la laine) qu'a un interdit portant sur l'homosexualit6 proprement dite. <<...quand un homme 'se sert' d'un autre homme comme d'une femme, ajoute-t-il, il transgresse les limites entre mile et femelle de la mime manitre qu'en plantant ensemble deux espbces diff6rentes il provoque la transgres- sion des limites des esphces ,, cette pratique 6tant assimilable au transvestisme, 6galement condamnable. D'oi la conclusion: <<...que seuls les rapports homosexuels anaux et non les autres pratiques homodrotiques soient in- terdits par la Torah. Ce qui est en jeu ici relive de la diff6renciation sexuelle (...) et non de 'l'homosexualit6' >. A partir de l'analyse de textes de responsa rabbiniques concernant la niddah (les 6coulements de sang chez la femme), F. H. et D. S. P. tentent de montrer a partir des textes normatifs en quoi la conver- gence des regards rabbinique et clinique port6s sur le corps des femmes y renforce le contrl1e exerc6 sur ces derniares.

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

La soci6t6 talmudique a dtabli des distinc- tions pr6cises dans tous les domaines du com- portement humain afin de limiter les situations de transition qui sont sources d'ind6cision ou de flottement. Cela vaut en particulier dans le domaine de la vie et de la mort. Les rituels de deuil ont pour fonction de tracer une frontibre nette entre les deux. Alors qu'un 6tat liminal comme l'agonie serait susceptible de troubler cet ordre du monde, les sages classent celle-ci du c6t6 de la vie et traitent le mourant comme un vivant qu'il faut aider i tout mettre en ordre avant la mort. A partir de ces pr6misses, Rubin Nissan tente de comprendre comment l'6tablis- sement des frontiares entre la vie et la mort se reflate dans la gestion du cadavre, lequel doit &tre trait6 avec dignit6 et distance. Les ri- tes entourant les corps des d6funts sous- tendent des s6ries d'opposition (vie/mort; lumiare/obscurit6; vitalit6/putr6faction; re- naissance/disparition) qui marquent i la fois la continuit6 et la rupture. Ces couples antith6- tiques, dit-il, rendent plus supportable la crise induite par la mort >>. D. S. P. et Henri Cohen- Solal proposent de leur c6t6 une double ap- proche anthropologique et psychanalytique de l'interpr6tation des raves dans le trait6 Berakhot du Talmud de Babylone. Yaacov Heymann montre comment I'identit6 profes- sionnelle des m6decins isral61iens s'est cons- truite dans la tension entre des exigences 6thiques issues de deux s6ries de r6fdrents dis- tincts, une trbs ancienne tradition m6dicale juive h6ritibre de la Bible, du talmud, de Mai'- monide et de la haskalah d'un c~t6, le sionisme et son image du m6decin de l'autre, image re- dondante par rapport a l'entreprise sioniste elle-mfme, celle-ci se d6finissant pr6cis6ment comme une forme de m6decine ayant en charge le retour A la sant6 d'un peuple rendu malade par son long s6jour diasporique et devenant de ce fait son propre r6f6rent. Enfin, pr6c6dant I'entretien avec le rabbin Gilles Brenheim qui cl6t l'ensemble, I'article de Avi Sagi et Zvi Zohar 6tudie les r6ponses et arguments des d&- cisionnaires religieux contemporains en ma- tiare de conversion au judafsme (les auteurs r6futent ce terme et utilisent le mot h6breu giyyur). Ceux-ci d6fendent en fait trois types d'attitudes: l'adaptation, le rejet, la transfor- mation. V6ritables d6fis a la s6cularisation, ces attitudes apparaissent, nous disent les AA., comme les miroirs de croyances profondes quant aux fondements de l'existence commu- nautaire juive.

L'ouvrage, tras stimulant, fourmille d'infor- mations pr6cieuses et pr6sente une grande co- h6rence, les articles y entrant souvent en r6sonance les uns par rapport aux autres. L'ori-

ginalit6 et I'int6rat de cet ensemble nous amb- nent a esp6rer la poursuite de travaux de ce type et leur mise en perspective avec d'autres disciplines des sciences sociales, la sociologie notamment.

R6gine Azria.

104.31 HODGSON (Marshall G.S.).

L'Islam dans I'histoire mondiale. Paris-Ar- les, Sindbad-Actes Sud, 1998, 299 p. (trad. et

pr6face de A. Cheddadi). Professeur d'histoire a l'universit6 de Michi-

gan, M.G.S.H. a consacrd ses 6tudes a l'Islam. Ce livre est un recueil de textes publi6s dans diff6rentes revues aprbs sa mort en 1968. L'Is- lam dans l'histoire mondiale r6sulte d'un tra- vail de plus de vingt ans. Comme l'oeuvre majeure de l'auteur, The Ventura of Islam: Conscience and History in a World Civilisation (The University of Chicago Press, Chicago, 1974). L'originalit6 de la perspective de M.G.S.H. r6side dans une approche visant, comme l'6crit le traducteur, a sortir <<l'histoire de l'islam du carcan 6troit oi l'avait tenu la tradition orientaliste >>. Ce faisant, <<il a pu du mime coup la d6poussi6rer, I'enrichir et l'en- gager sur des voies in6dites qui, prbs de trente ans apris sa mort, restent encore assez largement inexploit6es >> (p. 11).

Ce livre commence par la critique des cartes gdographiques, celles-ci exprimant avant tout les sentiments et les projections des int6r~ts de leurs concepteurs. M.G.S.H. invite done a la conception d'une carte du monde a 6chelle dgale. II vise ensuite a d6crocher l'histoire de l'islam de l'europ6ocentrisme dominant, et concentre dans ce but sa r6flexion sur l'espace eurasien.

Jusqu'au XVIIe siacle, la soci6t6 islamique 6tait tras pr6sente dans l'espace afro-eurasien. Elle exergait ainsi une grande influence cultu- relle et politique sur les soci6t6s avoisinantes. La culture musulmane offrait en effet un cadre id6al pour beaucoup de peuples, sa sophistica- tion et sa cr6ativit6 lui permettaient de jouir d'une place notoire.

Contrairement a une id6e reque, le d6clin de la civilisation arabo-musulmane ne s'amorce pas avec la fin de 945 ou au moment de la conquite mongole au XIIe sibcle. Ce postulat refl~te davantage une vision occidentale qui identifie le monde de l'islam a celui de la M6- diterrande, les Ottomans ou les Arabes, c'est- a-dire a un espace proche de l'Occident. Ce dernier n'inthgre l'islam dans l'histoire mon- diale que lorsqu'il entre en confrontation avec

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