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LE CULTE DE SAINT DÉMÉTRIUS À GOLEM GRAD – PRESPA VERA BITRAKOVA GROZDANOVA UDK: 726.54(497.7 Prespa)“04“ Makedonska Akademija na naukite i umetnostite 72.052(497.7 Prespa) MK - Skopje, Bul. Krste Misirkov 2 Izvorni znanstveni članak Primljeno: 8. VII. 2010. L’auteur, en ce qui concerne la découverte des deux ampoules en plomb sur l’île Golem Grad de Prespa, considère qu’il s’agit certes des objet apportés par de moines qui allaient au pèlerinage à Saint-Démétrius de Thessalonique (où une église – martyrium avait été consacrée), en apportant de là-bas de l’huile sacrée pour leur complexe monastique sur Prespa, où notamment à Golem Grad on avait construit au XIII e siècle une église également dédiée à ce saint.* Le culte de saint Démétrius se dénit, comme on le sait, déjà à l’époque paléochrétienne, dans un des centres très importants de l’Empire Romain de l’Est, c’est-à-dire à Thessalonique, la deuxième ville puissante, siège du pouvoir politique et ecclésiastique de la Provincia Macedonia. Bien que les légendes racontent que saint Démétrius est né à Thessalonique, où il a vécu et il est mort du temps de l’empereur Maximien comme martyr, on a constaté qu’il était citoyen de Sirmium. Il prêchait là la chrétienté et il y a été mis à mort comme diacre en 304. Les habitants de Thessalonique approprieront ce saint (son père était un haut fonctionnaire de l’administra- tion romaine de la ville), de sorte que l’histoire de la ville est dans les mains du martyr saint Démétrius, qui deviendra protecteur et patron de la ville. 1 Le sanctuaire destiné à ce martyr a été élevé à Thessalonique au V e siècle (415), sous forme de basilique à trois nefs, et on le fête comme le saint protecteur de la ville depuis le VI e siècle. 2 Bientôt le culte se répand * Ovaj članak posvećujem akademiku Emiliju Marinu koji se je bavio i starokršćan- skom arheologijom. 1. O. TAFRALI, Topographie de Thessalonique, Paris 1913, 168-174; F. BARIŠIĆ, Miracles de St. Démétrius comme source historique, Beograd 1953, 17-19. 2. A. GRABAR, Martyrium I, Paris 1946, 318, 448. 807

LE CULTE DE SAINT DÉMÉTRIUS À GOLEM GRAD – …Primljeno: 8. VII. 2010. L’auteur, en ce qui concerne la découverte des deux ampoules en plomb sur l’île Golem Grad de Prespa,

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  • LE CULTE DE SAINT DÉMÉTRIUS À GOLEM GRAD – PRESPA

    VERA BITRAKOVA GROZDANOVA UDK: 726.54(497.7 Prespa)“04“Makedonska Akademija na naukite i umetnostite 72.052(497.7 Prespa)MK - Skopje, Bul. Krste Misirkov 2 Izvorni znanstveni članak

    Primljeno: 8. VII. 2010.

    L’auteur, en ce qui concerne la découverte des deux ampoules en plomb sur l’île Golem Grad de Prespa, considère qu’il s’agit certes des objet apportés par de moines qui allaient au pèlerinage à Saint-Démétrius de Thessalonique (où une église – martyrium avait été consacrée), en apportant de là-bas de l’huile sacrée pour leur complexe monastique sur Prespa, où notamment à Golem Grad on avait construit au XIIIe siècle une église également dédiée à ce saint.*

    Le culte de saint Démétrius se défi nit, comme on le sait, déjà à l’époque paléochrétienne, dans un des centres très importants de l’Empire Romain de l’Est, c’est-à-dire à Thessalonique, la deuxième ville puissante, siège du pouvoir politique et ecclésiastique de la Provincia Macedonia. Bien que les légendes racontent que saint Démétrius est né à Thessalonique, où il a vécu et il est mort du temps de l’empereur Maximien comme martyr, on a constaté qu’il était citoyen de Sirmium. Il prêchait là la chrétienté et il y a été mis à mort comme diacre en 304. Les habitants de Thessalonique approprieront ce saint (son père était un haut fonctionnaire de l’administra-tion romaine de la ville), de sorte que l’histoire de la ville est dans les mains du martyr saint Démétrius, qui deviendra protecteur et patron de la ville.1

    Le sanctuaire destiné à ce martyr a été élevé à Thessalonique au Ve siècle (415), sous forme de basilique à trois nefs, et on le fête comme le saint protecteur de la ville depuis le VIe siècle.2 Bientôt le culte se répand

    * Ovaj članak posvećujem akademiku Emiliju Marinu koji se je bavio i starokršćan-skom arheologijom.

    1. O. TAFRALI, Topographie de Thessalonique, Paris 1913, 168-174; F. BARIŠIĆ, Miracles de St. Démétrius comme source historique, Beograd 1953, 17-19.

    2. A. GRABAR, Martyrium I, Paris 1946, 318, 448.

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    et pénètre dans les Balkans. Du VIe au Xe siècle, la ville de Thessalonique traverse des événements agités et graves, mais elle arrive à se défendre avec succès. C’est la pensée initiale pour défi nir la légende qui recevra une forme écrite dans la source hagiographique Miracula S. Demetrii I-II. L’érudit bollandiste Byeus va identifi er le premier l’auteur de cette œuvre, Jean, l’archevêque de Thessalonique, signataire des Actes du VIe synode œcuménique 680/81, œuvre qui offre beaucoup de données sur l’histoire de Thessalonique avec les événements dans les Balkans et entrelacée souvent avec le martyre de saint Démétrius.3

    Dans la région du lac de Prespa, on a enregistré plusieurs églises dédiées à saint Démétrius. Nous allons mentionner d’abord une église dédiée à saint Démetrius à l’île Saint-Achille dans la Petite Prespa (Grèce),4 où était le siège de l’empereur Samuel. Là, on avait construit l’église cathédrale dans laquelle a été enterré l’empereur Samuel. Ensuite, une autre église était dédiée aussi à saint Démetrius, construite sur l’île Golem Grand, dans le Grand lac de Prespa (R. de Macédoine).5

    La première mention de l’église Saint-Démétrius à Golem Grad a été fait au XIXe siècle par l’érudit russe Miljukov, qui a laissé les premières descrip-tions de cette église après sa visite de l’île en 1898. Dans les rapports faits sur le terrain, il mentionne les deux églises (Saint-Pierre et Saint-Démétrius), ainsi que les inscriptions trouvées sur l’île 6. En ce qui concerne Saint-Dé-métrius, il note l’abside sauvegardée, peinte aux fresques du même style que celles de l’église Saint-Pierre, qui sont conservées jusqu’aujourd’hui.

    3. F. BARIŠIĆ, op. cit., 16.4. N. MOUTZOPOULOS, Η ΒΑΖΙΛΙΚΗ ΤΟΥ ΑΓΙΟΥ ΑΧΙΛΛΕΙΟΥ ΣΤΗΝ ΠΡΕΣ−

    ΠΑ, Thessaloniki 1989, T.A, 3-255.5. VERA BITRAKOVA GROZDANOVA, Golem Grad de Prespa, Spartacus II (Bla-

    goevgrad 2002), Sofi a 2006, 12.6. NIKOLAJ P. MILЮKOV, Hristiіяnskія drevnosti Zapadnoй Makedonіi, Izvѣstiя

    Russkago arheologičekago Instituta v Konstantinopolѣ, Sofi я 1899, 46-49.

    1. Golem Grad-Prespa

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    En 1967, nous avons trouvé l’église tout à fait démolie et couverte des matériels de construction des murs latéraux. Le nom de l’église nous a été signalé par les habitants du village Konjsko, qui allumaient là des bougies en l’honneur de saint Démétrius. Aux fouilles de pionniers participait aussi Mme Maja Šmalcelj de l’Uni-versité de Zagreb. Au cours du dégagement de la construction a surgi l’église à une nef, avec une abside semi-circulaire du côté intérieur et trilatérale du côté extérieur (fi g.2). Le naos (aux dimensions 4,603,25 x 6,705,31 m) a été bâti de pierre cassée avec du mortier, soigneu-sement rangée. Dans la maçonnerie, on a utilisé des morceaux de tuile de la toiture, avec quoi on a rompu la monotonie de la façade. Cette manière modeste de construction a été également appliquée pour l’église Saint-Pierre, dont le toit est aujourd’hui conservé, mais aussi pour plusieurs églises à une nef bâties dans la région de Prespa 7.

    A la porte d’entrée est placée une banquette d’un bloc en pierre (aux dimensions 105 x 60 x 15 cm). Plus tard, on a ajouté un narthex (aux dimen-

    sions 6,0 x 4,60 m) qui était bâti en pierre et pro-bablement avec de la boue. Le sol est couvert de plaquettes de pierre d’une forme irrégulière. Au cours des fouilles, on a trouvé, au sud du mur sud, quelques fragments de fresques avec des fi gures.

    Pendant les fouilles faites en 1984 en dehors de l’église, on a découvert, au sud du mur sud du naos, un morceau de plastique décorative ap-partenant au meuble de l’église, peut-être à la cloison de l’autel (fi g.3). Le morceau est très pe-tit (il est sauvegardé avec les dimensions de 6,5 cm au 7,5 cm) et il est produit en marbre blanc de qualité. Dans un relief très plat, on a produit dans deux frises un décor dans la technique de

    7. N. MOUTZOPOULOS, op. cit., 270-273.

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    2. L’église Saint Démétrius

    3. Le relief de la cloisonde Saint Démétrius.

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    champlevé 8. Sur l’une des frises, on a fait la décoration avec un double cordon entrelacé ; sur la seconde, il y a une branche de vigne stylisée sur laquelle est sauvegardé un morceau de la feuille. L’élaboration ar-tistique de la plastique décorative dans cette technique d’incision plate, comme à une sculpture sur bois à deux niveaux, est surtout présente dans les églises des XIIIe et XIVe siècles, dans une région plus grande dans laquelle on inclut les territoires de la Macédoine, de la Thessalie et de l’Epire.9 Les parties creuses du relief de la technique de champlevé sont souvent peintes en couleur foncée (ocre rouge, noire, brune), ce que l’on ne remarque pas dans notre exemple à cause peut-être de la perte de la couleur au cours du temps.

    Le motif du relief de Saint-Démétrius ressemble beaucoup à une partie du décor de l’ambon de Sainte-Sophie d’Ohrid,10 à une partie des carreaux du parapet de Verria et à une partie des reliefs de la Porta Panagia de Thes-salie, qui datent de 1300 à 1317.11 En ce qui concerne la datation du décor en relief à l’intérieur de Sainte-Sophie à Ohrid, qui se lie à l’exonarthex de Grégoire ajouté au XIVe siècle, c’est-à-dire aussi à la rénovation du meuble de l’église, il faut avoir en vue aussi l’inscription de Grégoire de 1331 sur la façade de cette église à Ohrid.12

    Pendant les fouilles faites à l’église Saint-Démétrius en 1980, au cours du dégagement du terrain au sud de l’église, on a découvert, dans la couche du toit démoli, une ampoule en plomb aux dimensions suivantes : hauteur 7 cm, diamètre 5,5 cm et épaisseur du fl acon de 1,4 cm. Le fl acon à récipient circulaire fi nit par un cou court et étroit, qui s’élargit légèrement vers les côtés. En allant du cou au corps, on a effectué deux manches dans lesquelles on insérait une bande pour être portée sur la poitrine. Sur l’ampoule, on a représenté des fi gures saintes. Ce sont les bustes de sainte Théodora et de saint Démétrius (fi g.4-5).

    8. L. BRÉHEIR, Etudes sur l’histoire de la sculpture byzantine, Nouvelles Archives des missions Scientifi ques XX, Paris 1919.

    9. JOVANKA MAKSIMOVIĆ, Srpska srednovekovna skulptura, Novi Sad 1967, 23-34; A. GRABAR, Sculptures byzantines du moyen âge, II (IXe-XIVe siècle), Paris 1976, 151-153; MARICA ŠUPUT, Vizantiski reljefi sa pastom XIII i XIV veka, Zograf 7, Beo-grad 1977, 36.

    10. M. ŠUPUT, op.cit., 36; THEOCHARIS PAZARAS, Reliefs of a sculpture work-shop operating in Thessaly and Macedonia at the end of the 13th and the beginning of the 14th century, L’art de Thessalonique et des pays balkaniques et les courants spirituels au XIVe siècle, Belgrade 1987, 162.

    11. T. PAZARAS, op.cit., 159-182.12. CVETAN GROZDANOV, Prilozi poznavanju Sv. Sofi je ohridske u XIV veku,

    Zbornik likovne umetnosti 5, Novi Sad 1969, 35-45.

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    Sainte Théodora est représentée dans le champ central, avec un dia-mètre de 2,7 cm. Elle est placée frontalement et a sur la tête une voile qui descend sur l’épaule droite. On dirait que le visage est caché sous la voile. Autour de la tête, il y a un nimbe. Le visage n’est pas élaboré, ce qui est peut-être dû à l’épuisement de la surface de l’ampoule. Le buste entier est effectué schématiquement et on entrevoit à peine le bras droit plié sur la poitrine. On a représenté, sur le même côté du cou du petit fl acon, un orne-ment en forme d’écaille ou un motif de pomme de pin. A gauche de la tête, on lit: ΑΓΙΑ ΘΕ, et à droite ΟΔΩΡΑ (ἡ ἁγία Θεοδώρα).

    De l’autre côté, dans le champ central aussi, d’un diamètre de 3 cm, est représenté frontalement le buste de saint Démétrius habillé en costume de consul. A cause de l’endommagement, sa tête avec nimbe se profi le à peine; il tient une croix de son bras droit plié vers la poitrine. Dans le champ circulaire, à gauche et à droite de la fi gure, on lit l’inscription: Ο ΑΓΙΟΣ ΔΕΜΗΤΡΙΟΣ (ὁ ἅγιος Δεμήτριος). Des deux côtés, autour des champs avec des représentations de fi gures, il y a deux champs annulaires, placés concentriquement. Les champs à l’extérieur sont pleins de lignes obliques, tandis que les champs circulaires à l’intérieur sont remplis de lignes qui forment des triangles. Sur le cou, de l’autre côté, on ne peut pas déterminer le décor à cause de son endommagement.

    Les ampoules de ce type ont été découvertes sur le territoire plus large de la Macédoine et des Balkans et elles sont, suivant la grandeur, iden-tiques ou semblables aux ampoules découvertes à Golem Grad. Une am-poule a été enregistrée au cours des fouilles faites à l’île Saint-Achille,13 dans l’église Saint-Achille. Deux autres ont été découvertes dans la ré-gion de Kavala, une troisième est gardée au Musée de Numismatique à

    13. N. MOUTZOPOULOS, op. cit., 416, pl. 77, 78.

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    4-5. L’ampoule de Saint Démétrius.

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    Athènes.14 Ensuite, une a été découverte dans la partie le plus à l’est de Thrace, à Gratini (près de Komotini),15 une autre a été découverte à Dečani, dans la tombe de Stefan Uroš III (+ 1331 ),16 puis un exemplaire trouvé pendant les fouilles faites dans la ville du Moyen âge près de Stalač,17 une autre est enregistrée dans les environs de Jagodina (Serbie de l’est), gardée aujourd’hui au Musée de Jagodina.18 Une autre provient de Trnovo, qui est parfaitement sauvegardée et où les inscriptions des saints Démétrius et Théodora sont excellemment lisibles.19 Lors des dernières fouilles faites à Plaošnik, à Ohrid, on a découvert une ampoule de forme ovale, avec la représentation de saint Démétrius et de sainte Théodora ( ? ), qui se dis-tingue de tous les exemples mentionnés jusqu’à présent, découverts dans les Balkans.

    Les lieux saints d’où l’on emportait de la myrrhe, de l’huile sacrée, ou les lieux de pèlerinage, sont connus au Moyen âge. Dans la phase la plus ancienne de la chrétienté, du VIe au VIIIe siècle, on emportait de la myrrhe de la Palestine, c’est-à-dire du Saint Sépulcre, dans les ampoules en verre, en céramique ou en plomb, dont les orifi ces étaient fermés avec de la cire. Sur la surface circulaire du récipient, on représentait des scènes du Saint Sépulcre, connues aussi comme des ampoules de Monza, à cause de leur grand nombre découvert dans le monastère de Monza en Italie.20

    Mais, il est connu que Constantinople et Thessalonique étaient aussi des centres de pèlerinage.21 L’exemplaire de Golem Grad doit être lié à l’autre grand centre cultuel de la chrétienté dans les Balkans, c’est Thessalonique, lieu d’adoration identifi é avec saint Démétrius. On suppose que là se trou-vait la tombe – la crypte du saint dans la basilique du même nom. Il existe

    14. CH. BAKIRTZIS, KOYTROYBIA MYROY AПO TH ΘEΣΣALONIKH, XVI Internationaler Byzantinistenkongress, Akten II/3, Jahrbuch der österreichischen Byzan-tinistik 32/3, Wien 1981 (1982), 523-528; ID., Ampoules byzantines de Thessalonique, L’art de Thessalonique et des pays Balkaniques et les courants spirituels au XIVe siècle, Belgrade 1987, 206.

    15. CH. BAKIRTZIS, BYZANTINH ΘRAKH (330-1453), ΘRAKH, Athina 2000, 174.16. LILJANA PAVLOVIĆ, Dečanske ampule, Zbornik muzeja primenjene umetnosti

    3-4, Beograd 1958, 101-104.17. D. MINIĆ, Olovna ampula iz Stalaća, Spomenica Jovana Kovačevića, Beograd

    2003, 229-233.18. B. CVETKOVIĆ, Vizantijska ampula iz Zavičajnog muzeja u Jagodini, Zbornik

    Narodnog muzeja XV-2, Beograd 1994, 7-13.19. A. PISAREV, Olovna ampula od Veliko Trnovo, Arheologiя 18/1, Sofi я 1976, 46-49.20. A. GRABAR, Ampoules de terre sainte (Monza-Bobino), Paris 1958, 63-66;

    GARI VIKAN, Byzantine Pilgremage art, Washington 1982, 41.21. CH. BAKIRTZIS 1987, 205; ID., Pilgrimage to Thessaloniki: The Tomb of St.

    Demetrius, Dumberton Oaks Papers 56, 175-192.

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    plusieurs discussions concernant l’existence de la tombe22 et la défi nition de la basilique comme martyrium.23 Le respect des reliques découvertes dans le fl acon dans l’enkainion,24 qui est placé dans l’autel, est lié au culte qui se déroulait dans la crypte sous l’abside de la basilique paléochrétienne.25 Mais, on sait avec certitude que la sainte huile odorante sortait soit du cibo-rium de l’église Saint-Démétrius, une coutume qui a était défi nie après le milieu du XIe siècle,26 soit de la tombe de sainte Théodora. Au fait, sainte Théodora, qui venait de l’île d’Aigina, est devenue religieuse au monastère de Saint–Stéphanos à Thessalonique, où elle a été enterrée à la fi n du IXe siècle. C’est pourquoi le culte de cette religieuse y est présent; elle était représentée aussi sur les ampoules de Thessalonique.27

    En ce qui concerne l’iconographie de saint Démétrius (dont le culte a été établi déjà à l’époque paléochrétienne, et l’église à Thessalonique construite au Ve siècle), le costume de consul qu’il porte en tant que saint combattant est également très ancien, depuis le temps des attaques faites à la ville par les avares et par les slaves (VIe–VIIe siècles). Mais, cependant, les ampoules de ce type se sont produites plus tard, après la prise de Thessalonique par les Normands, en 1185. L’écoulement de l’huile du corps de saint Démétrius, que l’on collectait dans de petits fl acons – ampoules, sera remarqué par les hagiographes depuis le début du XIIIe siècle.28 C’est pourquoi Bakirtzis, auteur qui s’occupait le plus explicitement du problème cité, considère que ces ampoules datent peut-être de la fi n du XIIe et du XIIIe siècle, mais il est possible qu’elles se produisent aussi jusqu’au XVe siècle.

    Les représentations sur les deux côtés de l’ampoule de saint Démétrius et de sainte Théodora signalent l’origine de la myrrhe soit de la tombe de la sainte soit du ciborium de l’église du patron de la ville à Thessalonique.29 Les ampoules étaient portées sur la poitrine, accrochées au cou, en priant de protéger les séculiers, ainsi que les soldats, contre le mal et les maladies, ce qui est confi rmé aussi à une illustration de Pharas.30 En ce qui concerne

    22. GEORGIOS M. SOTIRIOU, H ΒΑΣΙΛΙΚΗ ΤΟΥ ΑΓΙΟΥ ΔΗΜΗΤΡΙΟΥ ΘΕΣΣΑ−ΛΟΝΙΚΗ, Athina 1952, 143-144; P. LEMERLE, Saint Demetrius de Thessalonique et les problèmes du martyrion du transept, BCH LXXXVII-1953/II, Paris 1953; D. PALLAS, Le ci-borium hexagonal de Saint Demetrius de Thessalonique, Zographe 10, Beograd 1979, 44-58.

    23. A. GRABAR 1946, 460; ID., Quelques reliquaires de Saint Démétrios et le martyrium de saint à Salonique, Dumberton Oaks Papers 5, 1950, 18-20; P. LEMERLE, op.cit., 673-677.

    24. G. M. SOTIRIOU, op. cit., 10-20.25. D. PALLAS, op.cit., 44.26. CH. BKIRTZIS 2003, 176.27 CH. BAKIRTZIS 1987, 206-209.28. Ibid., 207.29. CH. BAKIRTZIS 1987, 207; ID., 2003, 179.30. G. VIKAN 1982, 23, 24, fi g. 17.

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    le cas des deux ampoules de Golem Grad, il s’agit certes de moines qui allaient au pèlerinage à Saint-Démétrius de Thessalonique, en apportant de là-bas de l’huile sacrée pour leur complexe monastique, où on avait construit également une église dédiée à ce saint.

    Dans la série d’ampoules, dans lesquelles on portait l’huile sacrée de Saint-Démétrius de Thessalonique, on illustre aussi, à part les fi gures des saints mentionnés, les fi gures de saint Georges, saint Nestor, mais on re-présentait souvent, en tant que pendant de saint Démétrius, la fi gure de la Sainte Vierge.31 Le culte de saint Démétrius était étroitement lié à la Sainte Vierge, comme protectrice de la ville à qui on adressait les prières, respec-tée surtout dans l’église de la Vierge Acheiropoiètos.32

    A Golem Grad, on a découvert encore une ampoule sur le plancher de l’espace de l’autel de l’église-citerne (fi g.8). Elle a des dimensions plus pe-tites (4,5 x 3,7 cm) et sur elle sont représentés saint Démétrius et peut-être la Sainte Vierge ou sainte Théodora (fi g.6-7). Les représentations en relief sont relativement bien sauvegardées, mais ce sont les inscriptions qui man-quent. Le champ circulaire, avec la représentation des saints, est encadrée d’une couronne de triangles placés alternativement. A l’exception des pe-tites dimensions, cette ampoule est analogue avec l’exemplaire découvert dans l’église Saint-Démétrius et elle appartient au même temps.

    Ayant comme paradigme le plan identique de l’église Saint-Pierre de la même Ile, de même que les peintures murales, la découverte de la plastique décorative, ainsi que l’ampoule, l’église Saint-Démétrius peut être datée de la fi n du XIIIe siècle au plus tôt ou jusqu’au milieu du XIVe siècle au plus tard.33

    L’agglomération Golem Grad a une longue continuité de vie, de l’époque antique au début du VIIe siècle. A l’époque paléochrétienne, on a construit

    31. CH. BAKIRTZIS 1987, 206.32. D. PALLAS 1979, 48-50.33. C. GROZDANOV 1979, Kompozicija Opsade Carigrada u crkvi sv. Petra na Pres-

    pi, Zbornik za likovne umetnosti 15, Novi Sad, 277-287.

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    6-7. L’ampoule de l’église-citerne.

  • V. B. Grozdanova, Kult svetoga Dimitrija na Golem Gradu na Prespi

    deux basiliques à une nef qui sont enregistrées pendant les fouilles archéo-logiques, datées des Ve et VIe siècles. La vie monacale dans l’île se dérou-lait visiblement pendant le Moyen âge tout entier, ce qui est constaté grâce à la découverte ici de la nécropole (Xe–XIVe siècles) et à la construction d’un grand nombre d’églises.34 On a enregistré jusqu’à présent six édi-fi ces ecclésiastiques, y compris aussi les deux de l’époque paléochrétienne. Dans les rangs des moines, on soignait aussi le culte de saint Démétrius. Ils allaient à Thessalonique pour emporter de la myrrhe de la tombe du martyr de l’église Saint-Démétrius, ce qui est signalé par la présence d’ampoules en plomb découvertes dans les églises. Mais, comme continuité de la vie monacale dans cette île, on y remarque aussi la vie érémitique qui se dérou-lait jusqu’au milieu du XXe siècle sur Golem Grad, ainsi que dans toute la contrée rocheuse et mystique de Prespa.

    34. V. BITRAKOVA GROZDANOVA, L’architecture paléochrétienne dans la région d’Ohrid et de Prespa, Corso XXXIII, Ravenna 1986, 115-120; EAD., 2002, 12-20; EAD., Golem Grad na Prespa od Orestite do Rimjanite, Classical, Balkan and Paleoslavic Studies, in honour of academician Petar Hr. Ilievski, Skopje 2007, 43-57.

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    8. L’église-citerne.

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    SAŽETAK - SUMMARIUM

    KULT SVETOG DIMITRIJA NA GOLEM GRADU NA PRESPI

    Kult svetog Dimitrija snažno je nazočan u IV.-V. st. u Solunu, crkvenom i političkom sjedištu provincije Makedonije. Raskošna bazilika podignuta u V. st. i smatrana za martyrium, a kasnije (od XI. st.) predstavlja hodočasničko mjesto.

    Kult sv. Dimitrija širi se u zemljama Balkana. Na otoku Golem Grad na Prespi osobito se štuje sv. Dimitrija. Otkrivena je crkva, koja je bila sačuvana do početka XX. stoljeća. Tijekom arheoloških istraživanja, otkrivene su freske, fragmenti crkvenog namještaja, reljefi u tehnici »champlevé«, kao i ampule za miru done-sene iz Soluna, iz crkve sv. Dimitrija. Na ampulama, koje su otkrivene na Golem Gradu, predstavljeni su sv. Dimitrije kao sveti ratnik, s natpisom, i sv. Teodora, mučenica, koja se također štuje u istom gradu.

    Crkva sv. Dimitrija na Golem Gradu podignuta je u XIII.-XIV. st., dok je taj tip ampula za miru datiran od XI. do XV. stoljeća. Usamljeni monasi, pustinožitelјi, borave povremeno na otoku Golem Grad do sredine XX. stoljeća.

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