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Le cynips du châtaignier Dryocosmus kuriphilus Le cynips du châtaignier est considéré au niveau mondial comme le ravageur le plus important du châtaignier. Les galles peuvent induire une réduction de croissance des châtaigniers, un dépérissement lors de fortes infestations et également une perte de fructification. Sa dissémination à longue distance se fait principalement par le biais de plants infestés et à courte distance par le vent. Le cynips du châtaignier ne cesse de progresser en Aquitaine depuis la découverte des premiers foyers en 2009 au nord de la région. Il est présent maintenant dans les Pyrénées-Atlantiques depuis l'été 2013. La prolifération du cynips aura un impact sur beaucoup de filières et différents scénarios peuvent être envisagés : - l'abandon des châtaigneraies productives, - la perte de production de farine, -la diminution de la production de miel de châtaigne, - la perte de la ressource alimentaire pour différents élevages (perte de la qualité gustative de certaines charcuteries). - le risque de voir disparaître les châtaigneraies actuelles. Pour toutes ces raisons, un comité de pilotage (COPIL) a été créé en 2010. Il rassemble toutes les régions casténéicoles françaises ainsi que des organismes scientifiques, de lutte et les différentes organisations professionnelles et techniques. Une des premières actions de ce comité est l'organisation des lâchers de Torymus sinensis, seul moyen de lutte Document de synthèse sur le cynips du châtaignier rédigé par la FDGDON des Pyrénées-Atlantiques – décembre 2014 1 Distribution géographique mondiale Origine : Chine 1941 : introduction au Japon 1963 : détection en Corée du Sud 1974 : observé aux sud-est des Etats Unis (Géorgie, Alabama, Caroline du nord, Tennessee) 2002 : identifié dans la région de Cuneo au nord ouest de l'Italie (Piémont) 2005 : présence confirmée en Slovénie 2006 : détecté en France dans les Alpes Maritimes (vallée de la Roya) 2007 : observation de galles dans une pépinière en Haute-Garonne sur des arbres importés 2008 : élargissement de l'aire de répartition du cynips en Italie, il est observé en Toscane, la Ligurie, Emilie-Romagne, Lombardie, Trentin Haut Adige, Vénétie, Latium, Abruzzes, Campanie et Sardaigne. 2009 : identifié en Suisse (agglomération de Mendrisio dans le Tessin) 2010 : identifié en Haute-Corse 2009 - 2010 - 2011 : détection en Corrèze, Dordogne, Gironde 2011 : détection en Eure-et-Loir 2013 : détection dans le Lot-et-Garonne, dans les Pyrénées-Atlantiques, le Loir-et-Cher, l'Indre et Loire 2014 : détection en Espagne Galles sur châtaignier Adulte de cynips du châtaignier.

Le cynips du châtaignier Dryocosmus kuriphilus...(voir art. 10-1, 10-2 du présent arrêté) Dans les Pyrénées-Atlantiques, les communes d'Hasparren, Meillon, Mendionde, Rontignon,

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Page 1: Le cynips du châtaignier Dryocosmus kuriphilus...(voir art. 10-1, 10-2 du présent arrêté) Dans les Pyrénées-Atlantiques, les communes d'Hasparren, Meillon, Mendionde, Rontignon,

Le cynips du châtaignierDryocosmus kuriphilus

Le cynips du châtaignier est considéré au niveau mondial comme le ravageur le plus important du châtaignier. Les galles peuvent induire une réduction de croissance des châtaigniers, un dépérissement

lors de fortes infestations et également une perte de fructification. Sa dissémination à longue distance se fait principalement par le biais de plants infestés et à courte distance par le vent.

Le cynips du châtaignier ne cesse de progresser en Aquitaine depuis la découverte des premiers foyers en 2009 au nord de la région. Il est présent maintenant dans les Pyrénées-Atlantiques depuis l'été 2013.

La prolifération du cynips aura un impact sur beaucoup de filières et différents scénarios peuvent être envisagés :- l'abandon des châtaigneraies productives,- la perte de production de farine,-la diminution de la production de miel de châtaigne,- la perte de la ressource alimentaire pour différents élevages (perte de la qualité gustative de certaines charcuteries).

- le risque de voir disparaître les châtaigneraies actuelles. Pour toutes ces raisons, un comité de pilotage (COPIL) a été créé en 2010. Il rassemble toutes les régions casténéicoles françaises ainsi que des organismes scientifiques, de lutte et les différentes organisations professionnelles et techniques. Une des premières actions de ce comité est l'organisation des lâchers de Torymus sinensis, seul moyen de lutte

Document de synthèse sur le cynips du châtaignier rédigé par la FDGDON des Pyrénées-Atlantiques – décembre 2014 1

Distribution géographique mondialeOrigine : Chine1941 : introduction au Japon1963 : détection en Corée du Sud1974 : observé aux sud-est des Etats Unis (Géorgie, Alabama, Caroline du nord, Tennessee)2002 : identifié dans la région de Cuneo au nord ouest de l'Italie (Piémont)2005 : présence confirmée en Slovénie2006 : détecté en France dans les Alpes Maritimes (vallée de la Roya)2007 : observation de galles dans une pépinière en Haute-Garonne sur des arbres importés 2008 : élargissement de l'aire de répartition du cynips en Italie, il est observé en Toscane, la Ligurie, Emilie-Romagne, Lombardie, Trentin Haut Adige, Vénétie, Latium, Abruzzes, Campanie et Sardaigne.2009 : identifié en Suisse (agglomération de Mendrisio dans le Tessin)2010 : identifié en Haute-Corse2009 - 2010 - 2011 : détection en Corrèze, Dordogne, Gironde2011 : détection en Eure-et-Loir2013 : détection dans le Lot-et-Garonne, dans les Pyrénées-Atlantiques, le Loir-et-Cher, l'Indre et Loire2014 : détection en Espagne

Galles sur châtaignierAdulte de cynips du châtaignier.

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biologique connu et efficace. En Aquitaine, des lâchers sont réalisés depuis 2012. La section professionnelle du COPIL a créé également le premier Syndicat National de Producteurs de Châtaigne (SNPC), qui a pour priorité la mise en place des mesures de soutien à la profession pour palier aux pertes de production liées au cynips.

La surveillanceLe cynips du châtaignier est un organisme réglementé. La surveillance est obligatoire et passe par les Organismes à Vocation Sanitaire (OVS) qui est la FREDON Aquitaine (Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles) pour la région. C'est l'OVS qui coordonne les différents axes de la lutte, comme la prospection qui consiste à détecter tous les foyers de cynips (la réglementation sanitaire impose que ces données remontent à l'administration). Le suivi des lâchers de Torymus sinensis pour évaluer l'efficacité de la lutte contre le cynips.Ces différentes actions sont réalisées en partenariat avec l'INRA, le CTIFL, Invenio, la Chambre d'agriculture régionale et l'union interprofessionnelle de la châtaigne Périgord Limousin pour l'Aquitaine et sous contrôle de la DRAAF-SRAL.

La réglementation (extrait)L'arrêté national du 22 novembre 2010 (consolidée le 16 décembre 2014) relatif à la lutte contre le cynips du châtaignier interdit l'introduction et la propagation du cynips et n'autorise la circulation sur le territoire national du matériel végétal de Castenea que s'il est accompagné d'un passeport phytosanitaire européen. Il s'applique à tout végétal de Castenea destiné à la plantation ou la multiplication, à des fins agricoles, forestières ou ornementales, à toutes personnes physiques ou morales, publiques ou privées, et prévoit :▪ une déclaration obligatoire auprès du DRAAF-SRAL de toutes nouvelles plantations,▪ une surveillance des plantations, pépinières, jardineries, vergers, espaces verts, massifs forestiers, taillis par les propriétaires ou gestionnaires,▪ la délimitation des différentes zones en cas de découvertes de cynips : zone contaminée (zone focale de 5 km de rayon et zone tampon de 10 km),▪ une interdiction de tout mouvement du matériel végétal de Castenae à l'intérieur ou vers l'extérieur des zones délimitées, sauf autorisation donnée à des fins de destruction par la DRAAF-SRAL▪ dans un lieu de production du matériel végétal de Castenae, la destruction sous contrôle de la DRAAF-SRAL de tous les végétaux contaminés ou avec symptômes du cynips et, le cas échéant, de tous

végétaux du même lot au moment de la plantation▪ pour toute plantation (y compris vergers de production, espaces verts et jardins particuliers) de moins d'un an ne présentant que des galles fermées indiquant que le cynips n'a pas émergé, la destruction sous le contrôle de la DRAAF-SRAL de tous les végétaux contaminés ou avec symptômes de cynips et, le cas échéant, de tous végétaux appartenant au même lot au moment de la plantation,▪ pour toute plantation de plus d'un an et peuplement forestier ne représentant qu'un nombre restreint de galles fermées indiquant que le cynips n'a pas émergé, le cas échéant, la destruction sous contrôle de la DRAAF-SRAL de tous les végétaux ou parties des végétaux contaminés ou présentant des symptômes de cynips. Des mesures complémentaires pourront-être, le cas échéant, décidées par arrêté préfectoral sur la base d'une analyse des risques adaptée au contexte local (voir art. 10-1, 10-2 du présent arrêté)

Dans les Pyrénées-Atlantiques, les communes d'Hasparren, Meillon, Mendionde, Rontignon, Saint Pée sur Nivelle et Sare sont contaminées par le cynips du Châtaignier. Les zones de lutte comprennent les communes contaminées et les communes situées dans un périmètre de 15 kilomètres autour des communes contaminées. La liste de ces communes est parue dans l'arrêté n°2013-289-0025 du 16 octobre 2013.

La carte ci-dessus représente en rouge les communes contaminées, mentionnées dans l'arrêté de 2013 et en orange les signalements consignés par la FDGDON 64 en 2014 (juillet).

Les plantes hôtes Le cynips du châtaignier (Dryocosmus kuriphilus) est une espèce inféodée aux châtaigniers. Casteneda crenata, C. dentata, C. seguini, C. Sativa et leurs hybrides y sont sensibles, mais quelques clones seraient résistants. Certaines espèces de châtaigniers sauvages américains comme Casteneda pumila, C. alnifolia par exemple, ne semblent pas attaquées.

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Biologie et dégâtsLe Dryocosmus kuriphilus est un micro-hyménoptère de la famille des Cynipidae. Dryocosmus kuriphilus est une espèce inféodé aux châtaigniers. Il mesure de 2,5 à 3 mm à un corps noir, bases des antennes et des pattes plus claires. Il est univoltin, il fait donc un seul cycle par an. Les adultes (essentiellement des femelles, car elles sont parthénogénétiques) émergent des galles de fin-mai à fin-juillet. Les femelles pondent leurs œufs dans les bourgeons de juin à juillet. Les œufs éclosent au bout de 3 à 6 semaines pour donner naissance à des larves qui passeront l'hiver à l'intérieur des galles. Dès le début du printemps, les larves finiront leur développement. Les bourgeons nouvellement infestés ne présentent pas de galles, seules les piqûres de ponte peuvent être visibles, mais l'observation reste difficile.Au printemps suivant, les galles apparaissent signifiant la reprise du développement larvaire. Les galles peuvent contenir une ou plusieurs loges et peuvent mesurer de 5 à 20 mm. Elles sont vertes souvent teintées de rose. Elles sont localisées sur les jeunes pousses, les pétioles, sur la nervure centrale des feuilles mais également sur les bogues provoquant la déformation des fruits. Après l'émergence des adultes, les galles sèchent et peuvent rester jusqu'à deux ans sur l'arbre. Les attaques de Cynips provoquent une diminution de la croissance des rameaux et une baisse de la fructification (perte de rendement pouvant aller de 50 à 70% dans les châtaigneraies à fruits. Un cas signalé à 100% dans le Lot). En cas de forte attaque, les châtaigniers atteints peuvent dépérir.

Moyens de lutteIl n'existe pas à ce jour de lutte chimique efficace contre le Cynips. Les expérimentations menées au Japon et en Italie (Creso à Boves – Région du Piémont) pour tester différents produits de traitements n'ont donné que peu de résultats. D'autres mesures peuvent être mise en place :▪ En amont, vérifier l'état sanitaire des plants de châtaigniers avant achat.▪ Sur jeunes plants portant des symptômes (galles), le moyen le plus efficace de lutter contre le Cynips est de couper et brûler les rameaux atteints avant l'émergence des adultes.▪ Pour les grands arbres, seule la lutte biologique à l'aide de l'auxiliaire Torymus sinensis semble efficace. Des lâchers de cet hyménoptère ont été réalisés dès lesannées 80 au Japon et depuis 2005 en Italie. L'utilisation de cet auxiliaire a permis une diminution notable des dégâts sur châtaigniers. Dans le Sud-Ouest, un programme de lutte contre le Cynips du châtaignier a été mis en place pour permettre la diffusion la plus large possible de l'auxiliaire. 132 lâchers de Torymus sinensis ont déjà été réalisés dans le Sud-Ouest en 2014 (53 en Aquitaine, 32 dans le Limousin et 47 en Midi-Pyrénées).

La lutte à l'aide de Torymus sinensisLe Torymus sinensis est une microguêpe utilisée pour la lutte biologique contre le Cynips du châtaignier. La

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Galles sur feuille (photo S. Désiré – FDGDON 64)

Galles sur jeunes pousses (photo S. Désiré – FDGDON 64)

Adulte de cynips du châtaignier (photo aramel.free)

Nymphe de cynips (photo S. Désiré – FDGDON 64)

Larve dans sa loge (photo S. Désiré – FDGDON 64)

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lutte pratiquée à l'aide de cet insecte est de type « propagatrice ». L'insecte est relâché à l'état naturel, s'installe dans l'environnement et, génération après

génération, la population augmente et se propage.

Un lâcher est constitué de 50 femelles et de 25 mâles de Torymus sinensis. Les insectes sont récoltés sur les galles sèches et élevés en éclosoirs, jusqu'à l'émergence des galles. Puis ensuite identifiés pour vérifier qu'il s'agit bien de Torymus sinensis et sexés. Ce travail réalisé par L'INRA de Sophia-Antipolis jusqu'en 2012 est actuellement réalisé par Invenio pour la région Aquitaine.

Les lâchers sont ensuite réalisés sur une courte période, le stade du châtaignier doit coïncider avec l'émergence des Torymus. Pour être réceptif, le châtaignier doit être au stade débourrement, les jeunes pousses mesurer quelques centimètres. A ce stade, on observe alors de petites galles encore tendres.

Les résultats obtenus par le biais de cette lutte sont très encourageants. Torymus s'implantant d'une part très bien dans nos régions, avec également une capacité à se propager dans d'autres secteurs de manière spontanée (en Corse, il a été retrouvé des individus de Torymus à plus de 3 km de son point d'implantation d'origine), mais également par les retours d'autres pays qui d'après leurs observations semblent être plutôt positifs. Au Japon, le cynips a fini par presque disparaître, même si les producteurs ont assisté à une remontée des populations de l'insecte, dû en partie au fait que la diminution des populations de Cynips entraîne également celle de Torymus. La situation s'est rétablie par la suite, le cynips ayant été de nouveau contrôlé par les populations de Torymus déjà installés dans l'environnement. En Italie, sur les premiers sites de multiplication de Torymus (2005-2006), très peu de galles sont maintenant observées. Cette méthode de lutte est à envisager sur le long terme, puisque pour observer une nette amélioration de la situation il faut compter au minimum 6 ans. Il faut donc réagir rapidement !

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Torymus sinensis femelle sur galle provoquée par le cynips du châtaignier (photo J. Martinetti)

Références :

- OEPP

- LNPV de Montpellier

- DRAAF- SRAL Aquitaine

- Dr G. Bosio du Settore fitosanitario

- Site de la FREDON Corse

- Classical biological control of tjr chestnut gall wasp in Japan (Seiichi Moriya, Masakazu Shiga, Ishizue Adachi)

- Evaluation et gestion des risques du Cynips du châtaignier (EFSA)

CONTACTS

Renseignements sur la réglementation : DRAAF-SRAL Aquitaine – Tel. : 05.56.00.42.0051, rue Kiéser – CS 3138733077 Bordeaux cedex

Dominique Ehanno (pôle contrôle) Tel. : 05.56.00.42.55Emmanuelle Kersaudy (pôle santé des forêts) Tel. : 05.35.31.40.14

Signalements cynips et renseignements sur les lâchers de Torymus : FREDON Aquitaine Domaine de la Grande Ferrade – Centre INRA71, avenue Edouard Bourlaux – CS 2003233882 VILLENAVE D'ORNON

Nathalie Daste Tel. : 05.56.36.61.05 / 06.70.26.57.22

Signalements cynips (contact local) :FDGDON des Pyrénées-Atlantiques124, boulevard Tourasse64078 PAU cedex

Sylvie Désiré Tel. : 05.59.90.18.52 / [email protected]

Lâcher de Torymus (photo GreenWood Service Srl)