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Orientations régionales de production Schéma régional de gestion sylvicole tome 2 2001 Languedoc-Roussillon forêts privées des Basses-Cévennes à châtaignier orientations de gestion

des Basses-Cévennes à châtaignier orientations de … Présentation de la région Généralitéspage 3 Le milieu naturelpage 4 L’agriculturepage 7

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Orientations régionales de production

Schéma régional de gestion sylvicoletome 2

2001

Lang

uedo

c-R

ouss

illon

forêts privéesdes Basses-Cévennes à châtaignier orientations de gestion

Sommaire

Présentation de la région

Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 3

Le milieu naturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 4

L’agriculture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 7

La forêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 8

Les forêts privées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 10

Les jeunes boisements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 12

La desserte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 13

L’environnement économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 13

Orientations de gestion

Les objectifs, traitements et méthodes sylvicoles recommandés . . . . . . . . . . . . . . . page 14

- La production de bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 14

- La protection contre l’incendie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 16

- Les aménagements agroforestiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 17

- La protection du milieu naturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 17

- L’agrément . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 19

- Les produits autres que le bois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 20

- Le maintien en l’état . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 20

Boisement et reboisement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 21

Gestion forestière dans les espaces protégés réglementairement . . . . . . . . . . . . . . page 22

Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 25

Annexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 26

Cette brochure est un tiré à part de la troisième partie du tome 2des Orientations régionales de production du Languedoc-Roussillon,approuvées par arrêté ministériel du 10 juillet 2001.

Crédit photos : Benoît Lecomte

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2 L E S B A S S E S - C É V E N N E S À C H Â T A I G N I E R

Les Basses-Cévennesà châtaignier

Numéro national : 07.6 - Numéros régionaux : 30.6 et 48.6

LOZÈRE

GARDHÉRAULT

AUDE

PYRÉNÉES-ORIENTALES

Extrait de la carte IGNLanguedoc-Roussillon

Découvertes RégionalesÉchelle 1 : 275 000© IGN-Paris-2001

Autorisation n° 32.026

Généralités

Les Basses-Cévennes à châ-taignier sont situées au nord-ouest du département duGard. On les a regroupéesavec les Basses-Cévenneslozériennes qui les prolon-gent au nord. Elles consti-tuent un secteur de transitionentre les Garrigues et les

montagnes des Hautes-Cévennes. Deux descaractéristiques principales de cette région sontinscrites dans son nom :• l’altitude relativement basse (très souvent infé-

rieure à 1000 mètres) à la différence de celledes Hautes-Cévennes,

• la dominance du châtaignier par opposition auxBasses-Cévennes à pin maritime qui la pro-longent au nord-est.

Les Basses-Cévennes à châtaignier s’étendent sur90 717 hectares dont 55 699 dans le Gard et35 018 en Lozère.Elles sont limitées :• au nord et à l’ouest par les Hautes-Cévennes,

dont la limite est représentée globalement parune ligne de 900 à 1000 mètres d’altitude,passant du sud au nord par le village d’Alzon,le col de l’Homme Mort et le Mont Aigoual (enexcluant la montagne de l’Espérou), Barre-des-Cévennes, le Mont Mars, Génolhac, Malons etElze,

• à l’est par les Basses-Cévennes à pin maritimedont la limite va du col de Saint-Pierre au nordà Anduze au sud en passant à l’est du MontBrion,

• au sud-est par la faille des Cévennes qui marquela limite avec les Garrigues,

• au sud-ouest par le Causse de Campestre.

La production de soie ou de cocons vendus auxmanufactures lyonnaises fait les beaux jours desCévennes pendant toute la première moitié du19ème siècle en procurant d’importantes ressour-ces monétaires. Un kilogramme de coconsrapporte vingt fois plus qu’un kilogramme dechâtaignes, et un kilogramme de fil de soie sixfois plus qu’un kilogramme de cocons ! Au milieudu 19ème siècle, la population cévenole est doncà son apogée. La châtaigne produite par les vergersqui couvrent la majeure partie des versants cons-titue la base de l’alimentation des hommes et desanimaux. Les cévenols pratiquent la polyculturesous forme d’une association étroite entre la culturedes céréales (seigle, orge, sarrasin) et des pommesde terre, l’arboriculture basée sur le châtaignier,le pommier et le mûrier, la viticulture et l’élevageovin. Les vergers se trouvent souvent sur des

terrasses dont les murets de pierres sèches sontencore souvent visibles aujourd’hui sur les versants.Le mûrier, très présent en dessous de 600 mètresd’altitude, fournit les feuilles pour l’élevage desvers à soie. Le châtaignier et le pommier sont descultures vivrières soigneusement entretenues : lesarbres sont greffés et taillés, les parcelles sont net-toyées et fumées par les ovins qui y pâturent d’oc-tobre à avril. Ces troupeaux, élevés pour laproduction de la laine, approvisionnent, parl’intermédiaire des fileuses à domicile, les manu-factures lainières. Ils transhument à partir d’avrilpour passer l’été sur les pâturages d’altitude del’Aigoual ou du Mont-Lozère. En plus des fruits,le châtaignier fournit du bois pour le chauffage,les charpentes, la fabrication des meubles, et sesfeuilles sont utilisées comme fourrage. Les taillisde châtaignier, largement minoritaires par rapportaux vergers et présents surtout aux environs deSumène, sont régulièrement éclaircis pour fournirdes manches d’outils, des piquets et des produitspour la tonnellerie (cerclières et douelles).Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, plusieurscrises sonnent le glas de ce système économique.A partir de 1850, la sériciculture entame son déclindû à des problèmes sanitaires des vers (pébrine)ainsi qu’à la concurrence des autres pays pro-ducteurs et de la soie artificielle. L’élevage ovinest également en crise à cause de la très forte baissedes cours de la laine qui provoque une impor-tante réduction du nombre de troupeaux et deleurs effectifs ainsi que la ruine de l’artisanat lainier.Enfin, la vigne est touchée très sérieusement parle phylloxéra. Ce fort déclin économique provoqueun exode rural très important. Les châtaigneraiesapprovisionnent pendant quelque temps lesusines d’extraction du tanin qui s’ouvrent en 1847à Génolhac, en 1892 à Molières-Cavaillac (prèsdu Vigan), puis à Ponteils et à Saint-Jean-du-Gard.Mais les vergers de châtaignier sont peu à peuabandonnés et leur dégradation est accentuée parles problèmes phytosanitaires : la maladie de l’encreest présente depuis 1871 et le chancre fera sonapparition en 1960. La forêt se développe enreconquérant des terres délaissées mais les frichess’étendent également accentuant les risquesd’incendie.

Aujourd’hui, les Basses-Cévennes à châtaigniervivent une reconversion difficile. Le tourisme s’ydéveloppe ainsi qu’une activité agricole tournéesurtout vers l’élevage extensif et les petites pro-ductions (fruits, miel, etc.). Certains agriculteursse tournent aussi vers une pluriactivité associée àl’espace forestier. La filière forêt-bois peut y prendrede l’importance.

Une région àcheval sur leGard et laLozère, trèstouchée parl’exode rural,à la reconver-sion difficile

Présentation de la région

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Le milieu naturelLE RELIEF

Les Basses-Cévennes àchâtaignier s’étendent de200 mètres en bordure desGarrigues à 1324 mètresd’altitude au pic de Barettedans le massif de l’Aigoual,

en limite avec les Hautes-Cévennes. La majeurepartie de la région est constituée de valléesorientées perpendiculairement à la faille desCévennes (nord-ouest/sud-est). Il s’agit de valléesencaissées, séparées par des crêtes longues etétroites, avec des versants aux pentes fortes,parfois abruptes. Cette région n’a-t-elle pas étéqualifiée de « pays de cimes et d’abîmes » ? Ausud-ouest, les vallées de l’Hérault et de l’Arre sontorientées respectivement nord-sud et ouest-est,mais la configuration générale du relief reste lamême. Les montagnes séparant les vallées sontappelées localement des « serres ».La partie lozérienne est entaillée par les valléesdes gardons de Sainte-Croix, de Saint-Martin etde Saint-Germain (qui se joignent pour formeren aval le Gardon de Mialet) et par les hautesvallées du Galeizon et du Gardon d’Alès. LeGardon de Saint-Jean traverse les deux parties lozé-rienne et gardoise. Ces cours d’eau prennent leursource dans les Hautes-Cévennes. Au sud-ouest,l’Hérault prend sa source près du sommet del’Aigoual et descend vers Valleraugue puis se dirigeplein sud vers Ganges et la Méditerranée. L’Arreprend sa source près d’Alzon et coule vers l’estpour rejoindre l’Hérault à Pont-d’Hérault, entreLe Vigan et Ganges. Le débit de tous ces coursd’eau est soumis aux précipitations méditerra-néennes qui peuvent être subites et violentes. Ellespeuvent être à l’origine de crues redoutées appe-lées localement des « gardonnades » : en 1958,

une crue du Gardon de Saint-Jean a entraîné lamort de 35 personnes.

LE CLIMAT

Les Basses-Cévennes à châ-taignier bénéficient d’unclimat de transition entre lessecteurs de garrigues typi-quement méditerranéenset les Hautes-Cévennesmontagnardes. Toutefois,

les influences méditerranéennes (hiver doux,été chaud et sec) restent très marquées. Leclimat y varie essentiellement avec l’altitude etl’exposition des versants :• plus on s’élève en altitude et plus la tempéra-

ture baisse,• avec l’altitude, la hauteur des précipitations aug-

mente et leur répartition est plus régulière aucours de l’année,

• un versant exposé au sud est globalement pluschaud qu’un versant exposé au nord. Il en estde même pour un versant exposé à l’ouest parrapport à un versant exposé à l’est. Evidem-ment toutes les nuances sont possibles,

• la forme du versant a une influence sur lemicroclimat. En effet un versant de formeconcave (relief « rentrant », combe) sera plusfrais et plus abrité du vent et des variationsde température qu’un versant de formeconvexe (relief « saillant », crête).

Les températures : la température moyenneannuelle est assez élevée (toujours supérieureà 11°C : 13°C au Vigan à 250 mètres, 11°C àLasalle à 278 mètres et 11,5°C au Collet-de-Dèzeà 348 mètres d’altitude) et la moyenne du moisle plus froid relativement clémente (de 4,5°C à5,5°C). Toutefois, dans les secteurs de plus hautealtitude, en limite avec les Hautes-Cévennes, lestempératures baissent assez nettement.

Un climat detransition auxinfluencesméditerra-néennes trèsmarquées

Une successionde valléesencaisséesorientées nord-ouest/sud-est

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Des vallées encaisséesséparées par des

crêtes longues et étroites.

Les précipitations : les Basses-Cévennes consti-tuent le premier obstacle sur lequel se déversentles masses d’air humides venues de la Méditer-ranée. Ceci explique l’importante pluviositéannuelle : 1459 mm au Vigan à 250 mètres,1413 mm à Lasalle à 278 mètres et 1411 mmà Saint-André-de-Valborgne à 450 mètres d’al-titude. Les saisons les plus arrosées sont l’automneet l’hiver (chacune le tiers du total annuel). Ledéficit hydrique estival est fortement marqué (lesprécipitations d’été représentent 10 à 15% dutotal annuel) avec un minimum très net en juillet,mois le plus chaud. Les orages sont fréquents etfournissent l’essentiel des précipitations estivales.Elles ne profitent pratiquement pas à la végéta-tion car elles ruissellent et ne pénètrent pas dansle sol. Tout au long de l’année, les pluies peuventêtre violentes et provoquer des crues dévasta-trices. La neige en hiver, et les brouillards au prin-temps et à l’automne, peuvent toucher la frangela plus élevée des Basses-Cévennes mais ils restentrares sur la majeure partie de la région.

Les vents : les Basses-Cévennes à châtaignier sontsoumises au mistral, vent violent, froid et sec desecteur nord qui apporte un temps clair, contrai-rement au marin, vent de secteur sud/sud-est,parfois violent, qui amène les masses d’air char-gées d’humidité de la Méditerranée. Plus rare-ment souffle un vent d’ouest qui apporte unepluie fine mais persistante.

GÉOLOGIE ET PÉDOLOGIE

Les formations les plus répan-dues dans les Basses-Céven-nes à châtaignier sont :• des schistes au sud et des

• micaschistes dans toute la partie nord issus duplissement du massif hercynien au début del’ère primaire,

• du granite porphyroïde, dit « à dents decheval » à cause des inclusions de cristaux bien

visibles, couvre une bande d’orientation est-ouest, située entre les latitudes du Vigan et deValleraugue.

D’autres matériaux couvrent des superficiesbeaucoup plus restreintes :• des calcaires en limite des Garrigues, au nord

de Saint-Hippolyte-du-Fort et autour du Vigan,• des grès dits « du Trias » présents autour de

Lasalle, issus du dépôt de matériaux transpor-tés par les cours d’eau lors de l’érosion de lachaîne hercynienne à l’ère secondaire,

• des gneiss entre l’Estréchure et Saint-Jean-du-Gard.

Enfin, des alluvions récentes déposées dans lefond de certaines vallées peu encaissées, formentdes unités très limitées en superficie.

Les caractéristiques des solset leurs qualités dépendent :• des roches : en se dégra-

dant, les schistes et micas-chistes donnent des solsriches en limons et en

• sable, plus ou moins mélangés de cailloux plats,alors que le granite se désagrège en une arènesableuse et épaisse. Les gneiss s’altèrent pourdonner des sols sablo-limoneux de profondeurtrès hétérogène. Mais il arrive que l’altérationdes roches soit difficile : les sols sont alors trèssuperficiels. Pour les schistes, le plan de schis-tosité (c’est à dire leur inclinaison) a égalementune grande influence : un plan de schistositéparallèle au sol est défavorable à la croissancedes arbres car il empêche les racines de péné-trer, alors qu’un plan de schistosité à contre-sens est plus favorable,

• du relief et de l’activité humaine : les bas deversant, s’ils ne sont pas trop abrupts, et lesreplats sont constitués de sols d’accumulationgénéralement profonds et riches. En revanche,les crêtes, les hauts de versant et les versants

Des sols peuévolués dontla fertilité esttrès liée à latopographie

Un massifessentiellementschisteux

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La pénétrationdes racines entreles feuillets des schistespermet à l’arbrede tirer parti desressources profondes du sol.

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à pente forte ou très forte portent des solssuperficiels et pauvres où la roche peut affleu-rer. Les versants exposés au sud sont plus secsque ceux exposés au nord. Les incendies y sontplus fréquents et la végétation a plus de malà se réinstaller, surtout s’ils ont été surpâturésautrefois. L’érosion est donc plus forte et les solssont souvent superficiels. En revanche, les ter-rasses de culture (« bancels » ou « faïsses ») bâtiespar l’homme, sur lesquelles la terre est retenuepar un muret de pierres sèches, constituent desreplats artificiels où les sols sont profonds maissouvent filtrants.

LES ÉTAGES DE VÉGÉTATION

Les Basses-Cévennes à châ-taignier font partie essen-tiellement de deux étagesde végétation :• l’étage mésoméditerranéen

habituellement caractérisépar la prépondérance duchêne vert (parfois rem-placé artificiellement par le

• châtaignier), s’étend jusqu’à 500 mètresd’altitude dans la plupart des cas. Cette limitealtitudinale peut varier de 450 mètres sur cer-tains versants exposés nord/nord-est jusqu’à600 mètres sur des versants exposés au sudet particulièrement chauds. Cet étage est prin-cipalement localisé autour de Lasalle et du Vigan,et dans le fond des vallées des gardons qu’il peutremonter assez haut en amont,

• l’étage supraméditerranéen habituellement carac-térisé par la prépondérance du chêne pubescent(souvent remplacé artificiellement par le châ-taignier), s’étend au-dessus de la limite altitudi-nale moyenne de 500 mètres jusqu’à 900 mètresenviron (parfois seulement 800 mètres sur desversants particulièrement frais exposés au nord).

A noter la présence de l’étage montagnard infé-rieur sur une superficie minime, au-dessus de

900 mètres d’altitude environ, où le hêtre est parfoisprésent et où apparaissent de grandes étenduesde landes à genêt purgatif. Cet étage est localiséen bordure des Hautes-Cévennes, autour du Picde Barette, de la montagne de la Fage (à l’est deSumène) et de la montagne du Liron (à l’ouest deSoudorgues).

LES STATIONS FORESTIÈRES

Aucun document de typologie des stations fores-tières ne couvre la région, à part une approchedes types de station de la châtaigneraie gardoiseréalisée en 1980 mais qui aurait demandé à êtrecomplétée par une réelle caractérisation des typesde station.

FAUNE, FLORE ET RICHESSE ÉCOLOGIQUE

Grâce à sa situation géogra-phique entre montagne etMéditerranée, et grâce à larichesse de son histoire, cette

région présente une faune et une flore particu-lièrement intéressantes, liées aux cours d’eau. Lesvallées sont surtout riches en habitats aquatiquesfavorables notamment au castor et à l’Ecrevisseà pied blanc. Dans la vallée du Gardon de Mialet,on note la présence du genévrier oxycèdre surroche siliceuse, ce qui est exceptionnel.Les espèces chassables sont principalement desmammifères (sanglier, chevreuil, lièvre) et desoiseaux (perdrix, grive).

ESPACES PROTÉGÉS RÉGLEMENTAIREMENT

La quasi totalité des Basses-Cévennes à châtaignierest incluse dans la zone périphérique du Parc natio-nal des Cévennes, dont la limite passe juste ausud du Vigan. Quelques secteurs en bordure desHautes-Cévennes font partie de la zone centralequi est entièrement classée en Zone de protec-tion spéciale (ZPS - LR 25) au titre de la directiveeuropéenne pour la protection des oiseaux (Direc-tive 79/409 dite « Directive Oiseaux »). Les prin-

Une richesseliée avant toutaux cours d’eau

L’étage supra-méditerranéensuccèdeau méso-méditerranéenaux alentoursde 500 mètresd’altitude

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Une faune et une floreintéressantes, liées

aux cours d’eau.

cipaux objectifs du Parc national des Cévennespour la période 2000-2006 sont :• conserver et développer les potentialités des

habitats et milieux naturels,• protéger les espèces d’intérêt patrimonial,• contenir la faune gibier à un niveau compati-

ble avec la sauvegarde des milieux et des acti-vités qui contribuent à leur richesse,

• garder vie et caractère au paysage des Cévennes,• associer sauvegarde du patrimoine et déve-

loppement culturel,• proposer la destination « Parc national des

Cévennes »,• privilégier un tourisme de découverte et de

loisirs réparti de façon équilibrée sur l’ensem-ble de l’espace,

• favoriser une vie permanente en relation avecmilieux et paysages,

• encourager une agriculture respectueuse del’environnement et adaptée à la diversité desterroirs,

• construire et développer une forêt riche etdiversifiée,

• valoriser l’origine « Parc national » des produitsdu territoire issus d’un mode de production ditdurable,

• développer un partenariat de projet avec lescollectivités et les acteurs locaux.

Plusieurs secteurs des Basses-Cévennes à châtai-gnier dans les communes du Vigan (promenadedes châtaigniers) et Avèze (la rivière de l’Arre etses rives) sont classés au titre de la loi de 1930sur les sites classés. Ils peuvent parfois concernerdes parcelles boisées.Les vallées du Gardon de Mialet et du Gardonde Saint-Jean ont été proposées pour être inclu-ses dans le réseau de préservation des habitats« Natura 2000 ».

AUTRES PÉRIMÈTRES

N’ENTRAÎNANT PAS L’INSTAURATION

D’UNE RÉGLEMENTATION SPÉCIFIQUE

Les vallées des gardons ont également fait l’objetd’inventaire au titre des Zones naturelles d’inté-rêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF).Nota : ZNIEFF et ZICO sont des inventaires etnullement des zones bénéficiant de protectionréglementaire mais ils servent de base à l’éla-boration de nombreux documents (notam-ment pour la mise en place du réseau Natura2000). Il peut toujours être intéressant pour lespropriétaires de prendre connaissance de cesdocuments avant de prendre une décision degestion.

L’agricultureL’agriculture qui existe dans lesBasses-Cévennes à châtaignierest relativement récente dansses systèmes et ses produc-tions et n’est pas l’héritaged’un savoir-faire traditionnelen Cévennes. C’est une agri-

culture diversifiée, basée sur la pluriactivité, qui sepratique sur des unités relativement petites ensuperficie. La production de petits fruits (fraises,framboises, cassis, groseilles, mûres) se développe.Ceux-ci sont transformés dans les exploitations enconfitures, coulis, sirops et jus de fruits pour êtrevendus avec un maximum de valeur ajoutée. Lesplantes médicinales sont également de plus en pluscultivées. La production d’oignon doux des Céven-nes, relancée depuis quelques années, redonne vieà certaines vallées. Un label a été demandé et unecoopérative de commercialisation a été créée. Enfin,l’arboriculture pour la production de pommes,cerises, châtaignes (ces dernières étant commer-cialisées, pour une bonne part, à la coopérativecastanéicole de Lasalle) et l’apiculture sont égale-ment pratiquées mais restent marginales.L’élevage extensif est pratiqué et concerne :• les chèvres pour la production de fromage

(« Pélardon des Cévennes ») ou de laine(chèvre angora),

• les brebis pour la production d’agneaux.

Une agriculturenontraditionnellemais diversifiéeet basée sur lapluriactivité

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L’arboriculture (ici cerisiers)est pratiquée localement.

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Types de formationGard Lozère Total

Surface (ha) % Surface (ha) % Surface (ha) %Terrains agricoles 3 248 5,8 1 348 3,9 4 596 5,1Formations boisées 41 052 73,7 26 511 75,7 67 563 74,5Landes et friches 8 269 14,9 5 295 15,1 13 564 14,9Autres 3 130 5,6 1 864 5,3 4 994 5,5Total 55 699 100 35 018 100 90 717 100

Source : Inventaire forestier national (Gard : 1993, Lozère : 1992)

La forêtLa forêt occupe 67 563 hec-tares soit 74,5% de la surfacetotale des Basses-Cévennes àchâtaignier (41 052 dans leGard soit 73,7% et 26 511

en Lozère soit 75,7%). C’est la région au tauxde boisement le plus élevé en Lozère, et ledeuxième plus élevé (après les Hautes-Cévennes)dans le Gard. Dans ce dernier département, de1983 à 1993, la surface boisée s’est accrue de5622 hectares (soit 15,9% de la surface boisée),ce qui a augmenté le taux de boisement de 8,9.En Lozère, de 1980 à 1992, la surface boisée s’estaccrue de 4501 hectares (soit 20,4% de la surfaceboisée) ce qui a augmenté le taux de boisementde 13,3. Les forêts situées en crête ou sur lespentes très fortes, ainsi que les espaces verts àbut esthétique ou récréatif, représentent 7,9%de la surface forestière (8,9% dans le Gard et6,3% en Lozère). La majeure partie est donc uneforêt de production (au sens de l’Inventaire fores-tier national). Les Basses-Cévennes à châtaigniersont boisées aux trois-quarts de feuillus (surtoutchâtaignier, chêne pubescent et chêne vert) etpour 25% de résineux (surtout pin maritime etpin laricio)(1).

La forêtcouvre prèsdes trois-quartsdu territoire

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Le châtaigniercouvre près

de la moitié dela surface boisée.

Feuillus Résineux

Essences Surface (ha) % Essences Surface (ha) %

Chêne rouvre 298 0,6 Pin maritime 7 435 13,7

Chêne pubescent 4 918 9,1 Pin sylvestre 837 1,6

Chêne vert 6 082 11,2 Pin laricio 1 993 3,7

Hêtre 969 1,8 Pin noir d’Autriche 659 1,2

Châtaignier 25 972 48,0 Epicéa commun 180 0,3

Frênes 787 1,5 Douglas 1 809 3,3

Robinier 560 1,0 Cèdre de l’Atlas 437 0,8

Merisier 178 0,3 Autres résineux** 344 0,7

Autres feuillus* 659 1,2

Total feuillus(1) 40 423 74,7 Total résineux(1) 13 694 25,3

Source : Inventaire forestier national - Gard : 1993, Lozère : 1992 (Formations boisées de production inventoriées)* Érables, aulnes, bouleaux, divers autres feuillus** Pin à crochets, sapin pectiné, mélèze d’Europe, divers autres résineux

LES PEUPLEMENTS LES PLUS FRÉQUENTS

Le chêne vert est présent enbasse altitude, sous forme detaillis complets ou d’arbresdisséminés dans des garri-gues. Il peut monter jusqu’à600 mètres d’altitude enexposition chaude (versants

exposés au sud). Il est parfois en mélange avecd’autres essences (chêne pubescent, châtai-gnier) qui se trouvent alors dans des poches desol plus profond. La seule production de ces peu-plements est le bois de chauffage.Les taillis de châtaignier sont surtout présentsde 400 à 900 mètres d’altitude. Ils sont issus

d’anciens vergers dépérissants ou coupés à blancpour la production de tanin dont les souches ontrejeté. Ces peuplements sont de qualité et devigueur très variables. Leurs possibilités de pro-duire du bois d’œuvre dépendent surtout de lastation sur laquelle ils reposent.Le pin maritime est présent surtout en borduredes Basses-Cévennes à pin maritime. Les semisnaturels denses colonisent les parcelles incendiéesou abandonnées. On peut aussi le trouver enmélange avec le chêne vert ou avec le châtai-gnier. A partir de 500 mètres d’altitude, le pinsylvestre se mélange naturellement aux autresessences. D’autres résineux, issus souvent de boi-sements artificiels, existent aussi bien en basse

D’anciensvergers dechâtaigniertransformésen taillis dequalité variable

altitude (cèdre de l’Atlas) qu’au-dessus de 500 à600 mètres (pin laricio et douglas). Les pins laricioet les pins noirs d’Autriche ont été introduits parle service de restauration des terrains en mon-tagne (RTM) pour maintenir les sols sur les crêteset les versants pentus. Selon les stations, ils sontde qualité et vigueur moyennes à bonnes. Enfin,aux altitudes les plus hautes (au-dessus de900 mètres), le hêtre apparaît sous forme de futaieou de taillis. Ces peuplements peuvent produiredu bois d’industrie (destiné surtout à la fabrica-tion de pâte à papier) lors des premières éclair-cies prélevant des petits bois et, plus tard, dubois d’œuvre.L’important réseau hydrographique permet ledéveloppement de ripisylves composées le plussouvent d’aulne, de peuplier, de saule, de frêneet de robinier. Des feuillus précieux sont souventprésents en mélange ainsi que des chênes vertet pubescent en zone basse.Depuis une trentaine d’années, des boisementsartificiels sont réalisés à base de résineux (pinlaricio de Corse, douglas, cèdre) mais aussi, plusrécemment, de feuillus (chêne rouge d’Amérique,merisier, érables...). Ces boisements serontamenés à produire d’abord du bois d’industriepuis du bois d’œuvre.Enfin, des garrigues à chêne vert et arbousier sontprésentes en zone basse sur des sols trop super-ficiels pour permettre à la forêt de se dévelop-per. Les landes à éricacées (bruyères) et genêtssur les crêtes à plus haute altitude sont la consé-quence de l’embroussaillement progressif deparcours pastoraux abandonnés ou de terresautrefois cultivées.

LES PROBLÈMES PHYTOSANITAIRES

Sur les résineux, le principalagent provoquant des dégâtsest la chenille processionnairedu pin (Thaumetopoea pityo-campa) qui attaque princi-palement les pins mais aussi

accessoirement les cèdres, à partir du momentoù les arbres font un mètre de haut. Cette che-nille peut provoquer d’importantes défoliationsqui entraînent rarement la mort des arbres. Destraitements aériens sont régulièrement effectuésdans les secteurs les plus touchés. Il faut égale-ment noter des attaques localisées de scolytessur pins et la présence de la cochenille du pinmaritime (Matsucoccus feytaudi) qui ne provoquepas de dégâts.Sur les feuillus, le principal agent est le chancredu châtaignier (Cryphonectria parasitica) qui estprésent dans la plupart des peuplements, surtoutà basse altitude, en dessous de 600 à 700 mètres.L’affaiblissement des arbres dû à l’abandon despeuplements qui s’ajoute souvent à leur inadap-tation aux stations où ils ont été plantés, peut favo-riser le développement du parasite qui provoqueà terme la mort des brins attaqués. L’encre(Phytophthora cinnamomi), maladie cryptoga-mique présente dès 1871 dans les Cévennes, apris de l’ampleur après l’abandon de surfacesimportantes de vergers au début du siècle.

Elle est actuellement en régression. Il faut égale-ment noter des attaques de bupreste (Coroebusbifasciatus) sur chêne vert et chêne pubescent dansles peuplements de basse altitude. Celui-ci pro-voque le dessèchement des branches touchées quin’entraîne pas la mort des arbres.

LES RISQUES D’INCENDIE

Les risques d’incendie sont très élevés dans toutela partie basse de cette région (en dessous de1000 mètres d’altitude) soumise à de fortes influen-ces méditerranéennes, avec des précipitations malréparties, une sécheresse estivale marquée et desvents violents qui peuvent souffler pendant unelongue période. Cette sensibilité au feu est accen-tuée par la nature des formations basses, extrê-mement combustibles, et par la quasi absence,sur de grands secteurs, de coupures agricoles dansle massif forestier. En outre, la désertification, letourisme et la présence de nombreux résidentssecondaires étrangers aux Cévennes qui mécon-naissent les risques liés au feu peuvent constituerun facteur aggravant. Des équipements de pro-tection ont été installés pour la prévention (toursde guet) et pour la lutte (citernes d’eau). De nom-breuses pistes permettant l’accès aux secteurs lesplus sensibles pour les secours et pour les équipesqui assurent la surveillance en été ont égalementété créées. Tous ces aménagements sont réalisésaprès l’élaboration des Schémas départementauxd’aménagement des forêts contre l’incendie(SDAFI), des Plans d’aménagement des forêtscontre l’incendie (PAFI ou PIDAF) et, à l’avenir,des plans de protection contre les risques d’in-cendie de forêt (PPRIF). Dans les secteurs d’alti-tude, la sensibilité est moindre mais le risque zéron’existe pas et il faut rester vigilant.

Chenilleprocessionnairedu pin etchancre duchâtaignier

P R É S E N T A T I O N D E L A R É G I O N 9

(1) Chiffres donnés par l’IFNpour les forêts de productioninventoriées. Les forêts deproduction non inventoriéesdans le Gard (composéesessentiellement de taillis dechêne vert) représentent8124 hectares. La propor-tion de feuillus est donc vrai-semblablement plus élevée(de l’ordre de 90%) et celledes résineux moins impor-tante (de l’ordre de 10%).

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Le chancredu châtaignier estprésent dans la plupartdes peuplements.

LES DÉGÂTS DE GIBIER

Les populations de sanglier et de cervidés sonten constante augmentation, ce qui est d’au-tant plus grave qu’elles sont déjà en surnom-bre. Les dégâts causés au milieu sont trèsimportants, aussi bien aux cultures agricoles parle sanglier qu’à la forêt par le chevreuil et lecerf (abroutissement et frottis). Cette prolifé-ration du grand gibier est devenu un problèmecrucial pour tous les propriétaires et les ges-tionnaires forestiers. Il est encore accentué enzone centrale du Parc national des Cévennes,notamment près des zones interdites à la chassequi servent de refuge au grand gibier. Récem-ment, le Parc a pris conscience de l’ampleurdu problème et le retour à un équilibre faune-

flore est l’un de ses objectifs prioritaires. Maisle déséquilibre est tel qu’atteindre cet objectifprendra du temps.

Les forêts privéesCARACTÉRISTIQUES

Les forêts privées de pro-duction (au sens de l’In-ventaire forestier national)

occupent actuellement près de 47 800 hecta-res(2), (25 288 dans le Gard(2) et 22 486 enLozère), soit 88,3% de la surface totale de cesforêts. Les feuillus y sont largement majoritai-res (78% : 91% dans le Gard et 63% en Lozère).Parmi eux, le châtaignier couvre plus de lamoitié de la surface boisée.

88% de lasurface boisée

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10 L E S B A S S E S - C É V E N N E S À C H Â T A I G N I E R

De nombreuses pistespermettant l’accès

aux secteurs les plussensibles ont été créées.

Feuillus Résineux

Essences Surface (ha) % Essences Surface (ha) %

Chêne rouvre 298 0,6 Pin maritime 6 404 13,4

Chêne pubescent 4 054 8,5 Pin sylvestre 545 1,1

Chêne vert 6 082 12,7 Pin laricio 1 375 2,9

Hêtre 252 0,5 Pin noir d’Autriche 169 0,4

Châtaignier 24 603 51,5 Douglas 1 663 3,5

Bouleaux 178 0,4 Cèdre de l’Atlas 246 0,5

Aulnes 136 0,3 Autres résineux 93 0,2

Frênes 755 1,6

Robinier 560 1,1

Merisier 178 0,4

Autres feuillus 183 0,4

Total feuillus 37 279 78,0 Total résineux 10 495 22,0

Source : Inventaire forestier national - Gard : 1993, Lozère : 1992 (Formations boisées de production inventoriées)

Le volume de bois sur pieden forêt privée représente unpeu plus de 80% (71,4%dans le Gard et 90,8% en

Lozère) et la production annuelle plus de 78%

(66,7% dans le Gard et 91% en Lozère) du total,toutes propriétés confondues. Le volume et laproduction des essences feuillues représententrespectivement 77% et 66% du total feuillus-résineux en forêt privée.

80%du volumetotal sur pied

La struc-ture dela pro-

priété est hétérogène. Lasurfaces des forêts va dequelques ares à près de500 hectares dans le Gardet plus de 150 hectares enLozère pour les plusgrandes. Les propriétés dontla surface est supérieure à10 hectares représentent14,2% du total en nombremais 65,7% en surface.Dans le Gard, les propriétésde taille moyenne (entre 25et 100 hectares) sont nom-breuses. Dans l’ensemblede la région, les grandesforêts (de surface supérieureà 100 hectares) représententprès de 8% de la surfacetotale. Mais les petites (desurface inférieure à 4 hec-tares) représentent 70% dunombre total.De nombreux groupementsforestiers (une trentaine autotal dans les deux départe-ments) existent dans larégion. Il s’agit :• surtout de groupements

forestiers rassemblant depetits propriétaires pourréaliser des boisements surdes unités gérables et éli-gibles aux aides financières,

• de quelques groupements forestiers familiauxconstitués pour éviter le démantèlement depropriétés.

De plus, quatre sociétés civiles (immobilière ouagricole) et un groupement foncier agricole sontégalement propriétaires.

Une propriétémorcelée

P R É S E N T A T I O N D E L A R É G I O N 11

(2) Chiffres donnés parl’IFN pour les forêts privéesde production inventoriées.Le chiffre avancé habituel-lement pour la surface desforêts privées dans lesBasses-Cévennes à châtai-gnier gardoise est de30 000 hectares. Ceci por-terait la surface totale desforêts privées (Gard etLozère) à 52 500 hectares,soit 84% du massifforestier de production,toutes propriétés confon-dues (62 241 hectares).

Avec plusde 6000 hectares,le chêne vertest la deuxièmeessence feuillueen forêt privée.

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Feuillus Résineux Total

Volume Production Volume Production Volume Production

m3 %* m3/an %* m3 %* m3/an %* m3 %* m3/an %*

2 980 500 85,7 119 250 79,0 880 700 65,6 62 300 77,6 3 861 200 80,1 181 550 78,5

Source : Inventaire forestier national - Gard : 1993, Lozère : 1992 (Formations boisées de production inventoriées)* Volume (ou production) en forêt privée par rapport au total des forêts, toutes propriétés confondues

Moins de 4 de 10 de 25 Plus Totalde 4 ha à 10 ha à 25 ha à 100 ha de 100 ha

Nombre 5 519 1 283 807 299 21 7 929

Surface (ha) 6 406 15,1% 8 133 19,2% 12 332 29,1% 12 248 28,9% 3 283 7,7% 42 402 100%

Source : données cadastrales au 31 décembre 1996

RÉPARTITION DES PROPRIÉTÉS PAR TRANCHES DE SURFACE

GESTION ACTUELLE

Toute véritable traditionforestière est absente decette région. De plus lespropriétaires sont trèssouvent forestiers « malgréeux », après transformationnaturelle en taillis de leursvergers de châtaignier aban-donnés à la suite de l’exode

rural. Toutefois, il existe une forte « culture del’arbre » car autrefois mûriers et châtaigniersétaient omniprésents. La prolifération du grandgibier dans le Parc national (zones centrale et péri-phérique) et les énormes dégâts qu’il provoqueen forêt sont devenus un problème crucial pourles sylviculteurs.49 propriétés (33 dans le Gard et 16 en Lozère)pour 5362 hectares (3466 dans le Gard et 1896en Lozère) sont dotées d’un plan simple degestion agréé en vigueur. Ceci correspond à untaux de réalisation des plans simples de gestion,dans les propriétés de plus de 25 hectares, de15% en nombre (13% dans le Gard et 25% enLozère) mais de 34% en surface (28% dans leGard et 55% en Lozère). Par ailleurs, des pro-fessionnels (coopérative, experts forestiers…)gèrent actuellement (en 1999), de façon suivie,160 propriétés pour 3276 hectares (34 dans le

Gard pour 1036 hectares et 126 en Lozère pour2240 hectares).Dans les forêts privées qui bénéficient d’unegestion, celle-ci peut se résumer comme suit :• certains taillis de chênes vert et pubescent sont

traités en taillis simple par coupe rase tousles 40 ans pour la production de bois dechauffage,

• les peuplements de châtaignier sont rarementexploités. Dans quelques cas, on réalise descoupes de taillis à 25 ou 30 ans pour la pro-duction de piquets. Encore plus rarement, ilssont améliorés pour la production de boisd’œuvre,

• la gestion des peuplements de pin maritime estla même que dans la région voisine des Basses-Cévennes à pin maritime. Elle est directementhéritée des exploitations minières et consiste àprélever tous les gros sujets en laissant sur piedles petits arbres dominés (de 10 à 15 cm dediamètre) dans les peuplements âgés d’une cin-quantaine d’années. Les bois sont utilisés ensciage pour la fabrication de palettes et pourla trituration (fabrication de la pâte à papier),

• les boisements artificiels en âge d’être éclaircissont gérés en futaie régulière de façon classique(éclaircies successives),

• les ripisylves ne sont que très rarement entre-tenues par les propriétaires sauf localement dansle cas d’initiatives intercommunales : c’est lecas pour le Galeizon, dans le cadre de syndi-cats intercommunaux, avec l’aide de créditsdépartementaux.

Les jeunes boisementsDes boisements artificiels ontété réalisés d’abord avecl’aide du Fonds forestiernational (FFN) seul. Depuisquarante ans, c’est un peuplus de 3400 hectares quiont été boisés ou reboisés(dont 56% dans le Gard).Ces plantations, aujourd’hui

âgées de 20 à 35 ans, ont été effectuées à basede résineux (cèdre de l’Atlas, pin laricio de Corse,douglas).A partir de 1980, le mouvement s’est accélérégrâce à l’intervention du Fonds européend’orientation et de garantie agricole (FEOGA) qui,ajouté au FFN, a permis de mieux financer lesprojets. De nouveaux boisements ont été réali-sés, aussi bien chez des particuliers que dans lecadre d’associations syndicales regroupant despropriétaires. Les essences introduites sontsouvent des résineux (pin laricio, cèdre de l’Atlas,douglas, sapin de Nordmann) mais aussi desfeuillus (chêne rouge d’Amérique, merisier,érable plane, tilleul, noyer...) sur des surfaces plusrestreintes (inférieures à deux hectares), dans desparcelles autrefois cultivées.Les résultats de ces boisements sont parfois posi-tifs mais plusieurs années d’observation serontencore nécessaires avant de tirer des conclusionsdéfinitives.

Les aideseuropéennes(FEOGA)ont favoriséla réalisationde projetsimportantsen forêt privée

La nécessitéd’une véritablegestionforestière n’estpas facile àfaire admettredans cetterégion

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12 L E S B A S S E S - C É V E N N E S À C H Â T A I G N I E R

Des boisementsde douglas réalisésavec l’aide du FFNsont aujourd’huiâgés de 20 à 35 ans.

La desserteLa région est couverte entotalité par des schémas dedesserte, élaborés par laCompagnie du Bas-Rhône-Languedoc, à l’initiative desDirections départementalesde l’agriculture et de la

forêt du Gard et de Lozère. Dans le Gard, leschéma de desserte des Basses-Cévennes à châ-taignier vient d’être achevé. Celui des Cévenneslozériennes, qui couvre les Basses-Cévennes, aété réalisé en 1987 et réactualisé en 1996.La qualité des grands axes et des routes dépar-tementales secondaires est à peu près bonnesur l’ensemble des Basses-Cévennes à châtai-gnier, même si ces dernières sont souventsinueuses et parfois étroites en raison du relieftrès accidenté de cette région. En revanche, leréseau de routes et de pistes privées oupubliques qui relient ces axes prioritaires et per-mettent d’approcher les massifs forestiers, posesouvent des problèmes pour les grumiers :chaussées instables, rayon de courbure decertains lacets insuffisant, passages étroits(ponts ou traversées de villages). Par ailleurs,les limitations de tonnage rendent impossiblesl’utilisation de certaines routes par les grumierset les empêchent parfois d’établir une jonctionentre une piste forestière et un axe principal.Enfin, certains secteurs sont vierges de toute voiede desserte et la vidange des bois y est doncimpossible.

La mise en place des programmes forestiersfinancés par le Fonds européen d’orientation etde garantie agricole (FEOGA) en 1981 a permisl’amélioration et la création de nombreusespistes forestières.

L’environnement économiqueLes Basses-Cévennes à châ-taignier comptent plusieursentreprises du secteur forêt-bois et bénéficient du tissubien développé des Basses-Cévennes à pin maritime.Une pépinière à Saint-Jean

du Gard produit des plants forestiers même si,pour faire face au marasme qui touche depuisquelques années le secteur du reboisementforestier, elle se tourne de plus en plus vers laproduction de plants d’ornement. Des entre-prises d’exploitation forestière assurent l’abat-tage et le débardage des bois. Le bois detrituration est utilisé le plus couramment parl’usine de pâte à papier de Tarascon dans lesBouches-du-Rhône (Cellurhône).Plusieurs unités de transformation, situées dansla région ou dans les régions voisines, utilisentla majeure partie du bois d’œuvre produit loca-lement. Il s’agit la plupart du temps de petitesentreprises de sciage, traditionnelles et familiales,qui scient le bois pour la fabrication de palet-tes ou de charpente. Une partie du boisd’œuvre non utilisé localement part vers desentreprises lozériennes et ardéchoises.

Un tissud’entreprisesexistelocalementet doit êtrepréservé

En 15 ans,de nombreusespistes ont étécréées pourdesservirles forêts

P R É S E N T A T I O N D E L A R É G I O N 13

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LA PRODUCTION DE BOIS

Bois de chauffagePossible dans tous les taillis,surtout chênes vert et pubes-cent mais aussi hêtre demauvaise qualité et châtai-gnier pour utilisation enfoyer fermé.

TRAITEMENT EN TAILLIS SIMPLE

Selon la vitesse de croissance des brins et le dia-mètre d’exploitabilité désiré, la coupe de taillisinterviendra entre 30 et 60 ans pour les chêneset hêtre, et entre 20 et 40 ans pour les châtai-gniers, âges où la production est maximale.

TRAITEMENT PAR « ÉCLAIRCIES DE TAILLIS »Selon les mêmes critères que précédemment,les « éclaircies de taillis » interviendront tousles 15 à 25 ans et prélèveront un maximum de50% des brins dans les peuplements dont lecouvert est complet. Quand le couvert n’est pascomplet, on évitera de pratiquer ce dernier typed’intervention.

Bois dit « de services »Ce terme désigne tous les bois qui sont commer-cialisés en petite quantité, sur des marchés locauxet pour lesquels il n’existe pas de filière établie.Cet objectif concerne surtout les bois destinésà la production de piquets de clôture utiliséslocalement. Il peut aussi concerner, au coup parcoup, des bois vendus aux jardineries pour être

Traitementen taillis pourla productionde bois dechauffage

Le traitementdes chênaies vertes

en taillis simplepermet de produire

du bois de chauffage.

Les objectifs, traitements et méthodessylvicoles recommandésLes objectifs sont choisis par le propriétaire. Il en a souvent plusieurs et, pour assurer une com-patibilité entre eux et une cohérence dans la gestion, les traitements et les interventions doiventen tenir compte pour que chaque objectif puisse être atteint. Deux objectifs peuvent être pour-suivis simultanément : par exemple, on peut très bien produire du bois en réalisant des interven-tions avec un objectif de départ différent. De même, la protection du milieu naturel ou du patrimoine

culturel (anciennes terrasses de culture, ancien-nes bornes, ruines diverses) est souvent priseen compte automatiquement dans la gestionsans constituer pour autant un objectif parti-culier. Enfin, les objectifs du propriétaire ne sontpas toujours seulement forestiers mais peuventêtre liés à son activité principale (agriculture,élevage, accueil touristique, etc.).Ceci est particulièrement vrai dans les peuple-ments de châtaignier cévenols où il est possi-ble de réaliser des « éclaircies » qui, à la fois,produisent des petits bois (piquets, chauffage),favorisent la production de châtaignes et, parconséquent, l’alimentation des animaux quipâturent dans la parcelle. Ce pâturage permetlui-même de tenir propre le sous-bois, partici-pant ainsi à la protection contre les incendies.C’est la notion de « multifonctionnalité ».Les objectifs possibles dans les forêts privées desBasses-Cévennes à châtaignier ainsi que les trai-tements et interventions qui leur sont associéssont détaillés ci-dessous.

Orientations de gestion

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commercialisés comme tuteurs ou aux ostréi-culteurs pour servir de piquets. Il est donc envi-sageable dans les taillis de châtaignier. Letraitement à pratiquer préférentiellement sera letaillis simple, la coupe de taillis intervenant entre15 et 30 ans selon la vitesse de croissance desbrins et le diamètre d’exploitabilité désiré.

Bois d’œuvre• Possible par des interven-

tions d’amélioration :- dans tous les peuple-ments résineux, dans lesfutaies feuillues, dans lestaillis de hêtre et feuillusprécieux de qualité, et dansles taillis de châtaigniersous certaines conditions,- à long terme, dans les

• plantations résineuses et feuillues, et dans lesterrains nus à planter.

• Possible par substitution d’essence dans tousles peuplements, surtout s’ils sont de mauvaisequalité ou non adaptés à la station.

TRAITEMENT EN « TAILLIS AMÉLIORÉ »Possible dans les châtaigneraies de qualité (voircaractéristiques dans le tableau ci-après), dontles brins sont élancés, avec peu de roulure(3) etpeu de chancre, en se limitant strictement auxconditions suivantes et sachant que l’on prendun risque sur la qualité de la production finalepuisque la roulure peut affecter le bois et que lechancre peut attaquer les arbres :• au-dessus de 500 mètres d’altitude, sur sol de

profondeur supérieure à 50 cm,• au-dessous de 500 mètres d’altitude, dans les

bas de versants exposés au nord-est, au nordou au nord-ouest, ou sur les replats, sur sol deprofondeur supérieure à 50 cm.

Le but est de produire des brins de 25 à 30 cmà 25-30 ans qui seront commercialisés en petitssciages, ou des grumes de 35 à 40 cm de dia-mètre à 35-40 ans. Les interventions consisteront :• pour les taillis jeunes (de moins de 20 ans), en

un dépressage (ou une éclaircie) conservant de2 à 5 brins par cépée selon la densité de l’en-souchement initial et, si possible, des brins de

franc-pied (pour assurer un renouvellement dessouches à l’avenir),

• pour les taillis plus âgés (plus de 20 ans), enune coupe à blanc suivie, dans un délai de 7à 12 ans selon la vitesse de croissance, d’undépressage intensif (ou d’une éclaircie) conser-vant de 2 à 5 rejets par cépée selon la densitéde l’ensouchement initial et, si possible, desbrins de franc-pied (pour assurer un renouvel-lement des souches à l’avenir).

La réalisation d’un dépressage (ou une éclaircie)avant 20 ans permet de produire, à terme, aumoins des petits sciages. Pour la production debois de plus grosses dimensions (35 à 40 cm),au moins une éclaircie supplémentaire estnécessaire.

TRAITEMENT EN CONVERSION

• Les châtaigneraies quirépondent aux conditionsci-dessus peuvent être éga-lement converties en futaierégulière pour la produc-tion de grumes de 40 à50 cm de diamètre à 40-60 ans. Ce traitement n’est

• pas traditionnel dans la région : c’est pour-quoi les techniques permettant d’atteindre cetobjectif sont à l’étude. D’ores et déjà, on peutnoter qu’il est nécessaire de travailler à partird’un nouveau peuplement issu de graines. Lachâtaigneraie sera donc régénérée soit artifi-ciellement (plantation de châtaignier aprèscoupe à blanc), soit naturellement (coupe àblanc intervenant après la chute des châtai-gnes). Dans les deux cas, les jeunes arbres(plants ou semis naturels) devront être dégagésde la concurrence. Notamment les rejets desouche devront être maîtrisés. Au cours de cesinterventions, on pourra avantageusementfavoriser les semis d’autres essences (en par-ticulier feuillus précieux, sapin pectiné et hêtre)partout où ils sont présents. Dans les peu-plements artificiels et dans les peuplementsnaturels, une ou deux éclaircies (à rotation de10 à 15 ans) interviendront avant la coupedéfinitive.

• Dans les taillis pauvres en arbres de qualitéou sur station moins riche, quand la conver-sion n’est pas possible, une autre voie expé-rimentale est actuellement à l’étude :l’enrichissement du taillis. Elle consisterait àréaliser une plantation à grands espacements:- sur toute la parcelle, après coupe à blanc,les rejets de souche formant un accompa-gnement. On se dirigera ainsi vers une futaierégulière,- dans des trouées existant dans le peuplement,celles-ci devant être assez importantes (aumoins 40 ares). On se dirigera de cette façonvers une futaie irrégulière.

Le repérage des plants au départ est indispen-sable, par exemple par la pose de gaines deprotection. Ces dernières sont actuellement enexpérimentation. Elles présenteraient l’avantaged’accélérer la croissance juvénile de certaines

Les peuplementsde bonnequalité doiventêtre amélioréspour produiredu bois d’œuvrede qualité

Dans desconditions bienparticulières,le propriétairepeut produiredu boisd’œuvre dechâtaignier

15

3) Défaut du bois de châ-taignier (et plus rarement dechêne) qui consiste en undécollement des cernes decroissance. Ce défaut n’estvisible que sur les arbrescoupés. Le bois « roulé » estfortement déprécié et nepeut pas être commercialisépour des utilisations nobles.

Age Hauteur

6 ans 5,50 mètres

7 ans 6 mètres

10 ans 8 mètres

12 ans 9 mètres

14 ans 10 mètres

16 ans 11 mètres

20 ans 12,50 mètres

25 ans 14 mètres

Si les brins dominants de votre taillis de châtai-gnier font au moins la hauteur indiquée à l’âgedonné, vous pouvez envisager de l’améliorer

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essences mais on n’a aucune certitude surl’avenir des plants protégés. Enfin le suivi (déga-gements, tailles de formation) est impératif,aussi bien pour les plants introduits que pourles semis naturels d’essences intéressantes(chêne, hêtre, feuillus précieux) qui pourrontainsi être favorisés.

TRAITEMENT EN FUTAIE RÉGULIÈRE

Les peuplements naturels feuillus ou résineux etles peuplements artificiels peuvent être traités enfutaie régulière. L’âge et le diamètre d’exploita-bilité dépendront de l’essence, de la vitesse decroissance des arbres et des objectifs du pro-priétaire. La première éclaircie interviendra quandla hauteur dominante des arbres sera compriseentre 12 et 15 mètres. Un élagage artificiel desarbres d’avenir (200 à 400/ha pour les résineux,100 à 200/ha pour les feuillus) pourra être effec-tué à cette occasion. Les éclaircies suivantes inter-viendront à une rotation telle que la croissanceen diamètre des arbres ne soit pas ralentie (entre5 et 10 ans pour les résineux et entre 5 et 15 anspour les feuillus, selon l’essence et la vitesse decroissance des arbres). La régénération sera soitnaturelle (par coupes progressives ou par bandespour les pins), soit artificielle. Dans les jeunes peu-plements naturels feuillus ou résineux, d’unehauteur moyenne inférieure à 6 mètres, on réali-sera avantageusement un dépressage vigoureux

qui pourrait permettre par la suite de réaliser unepremière éclaircie plus intéressante sur le planfinancier.Les jeunes peuplements artificiels (plantations rési-neuses ou feuillues) bénéficieront des entretiensindispensables (dégagements, protection contrele gibier, tailles de formation).

TRAITEMENT EN FUTAIE IRRÉGULIÈRE

Ce traitement est applicable quelle que soitl’essence mais il est plus particulièrement adaptéaux peuplements composés d’essences se régé-nérant bien naturellement (douglas, cèdre et sapinde Nordmann). Toutefois, une parcelle traitée enfutaie irrégulière comporte en permanence deszones en régénération. Elle ne supporte donc pasla fréquentation des troupeaux qui empêchent ledéveloppement des semis naturels. Les coupes dejardinage interviendront à rotation de 8 à 12 ans.Si l’irrégularité des peuplements n’est pas bienmarquée (les jeunes classes d’âge sont souventabsentes), une première coupe d’irrégularisationdevra être pratiquée. Elle aura pour but de des-serrer les arbres et de mettre en lumière les semisexistants ou créer des trouées pour faire apparaî-tre la régénération. Si cette dernière n’apparaît pas,on peut planter des essences adaptées à la stationqui apporteront en plus une diversité. Le diamè-tre d’exploitabilité dépendra de l’essence, de lavitesse de croissance des arbres, des objectifs dupropriétaire et des débouchés possibles.

LA PROTECTIONCONTRE L’INCENDIE

Il est souhaitable de prendrecet objectif en considérationdans les terrains boisés etnon boisés, surtout dans lessecteurs de basse altitude. Leprincipe général théorique

est de favoriser à grande échelle l’installation d’undamier constitué d’espaces agricoles et de bois,ces derniers étant composés d’une mosaïque destructures et d’essences.Les interventions doivent être pensées dans lecadre d’un aménagement global des massifs enliaison avec les services forestiers et les sapeurs-pompiers, et doivent être réalisées à des endroitsstratégiques. Les grandes lignes en sont définiesdans le Plan d’aménagement des forêts contrel’incendie (PAFI ou PIDAF) du massif. Ellespeuvent porter sur des peuplements forestiers ousur des terrains situés en bordure des peuplements.Le principe est de contrôler la végétation bassedans les secteurs stratégiques pour limiter lesrisques de propagation du feu. C’est pourquoi laplupart des interventions sont à coupler le plussouvent avec le pastoralisme ou l’agriculture.Dans les peuplements forestiers, il est possible deréaliser une éclaircie légère ayant pour objectif prin-cipal de supprimer les petits brins (« remonter lecouvert »). Cette éclaircie peut être suivie d’unélagage des brins restant sur pied et de pâturageen sous-bois pour éviter un développement

Aménagerà l’échelledu massifen liaison avecles partenaires

L’éclairciedes peuplementset l’élagagedes plus beaux arbrespermettront de produire,à l’avenir,du bois d’œuvre.

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important de la végétation basse. L’expériencemontre que ce développement est difficile à contrô-ler. Pour obtenir le meilleur résultat, la parcelle doitdonc faire l’objet d’une véritable gestion sylvo-pastorale. Un débroussaillement mécanique de laparcelle (si le relief le permet) est souvent inévita-ble au bout de quelques années. Si le couvert estclair et le sous-bois très embroussaillé, il est conseillé,quand le relief le permet, de réaliser un débrous-saillement mécanique avant de faire pâturer la par-celle. Si cette intervention préalable n’est pasréalisable, il est possible de faire passer desanimaux lourds (bovins ou équins) pour commencerun débroussaillement progressif. Dans les deux casci-dessus, un sursemis peut être avantageusementréalisé pour améliorer la ressource fourragère.En bordure des peuplements forestiers, pour cons-tituer une protection de ceux-ci, les parcelles nonboisées situées en lisière et constituées de landespourront être aménagées. Le principe est ici ausside contrôler la végétation basse pour éviter qu’unfeu parte en bordure de forêts, et pour diminuerl’intensité d’un éventuel incendie qui se dirige-rait vers les parcelles boisées. Pour arriver à unbon résultat, le meilleur moyen est de vouer lesterrains à une activité agricole : élevage bien sûrmais aussi arboriculture, viticulture, etc.D’autres aménagements sont réalisables (instal-lation de points d’eau, création de pistes de pro-tection contre l’incendie). Tout projet de ce typedoit faire l’objet d’une concertation avec l’Ad-ministration car ces aménagements sont réflé-chis à l’échelle des massifs dans les PAFI, PIDAFou, à l’avenir, les PPRIF et doivent être réalisésdans le respect des normes en vigueur.Dans le domaine de la réglementation, une bonnefaçon de protéger les massifs forestiers contre l’in-cendie est d’interdire l’accès des secteurs à risquesau cours des périodes critiques.

LES AMÉNAGEMENTSAGROFORESTIERSLe sylvopastoralisme

Cet objectif est envisageabledans tous les types de peu-plement (surtout dans lespinèdes, les chênaies et les

châtaigneraies pour la consommation des châ-taignes par les animaux, sauf en futaie irrégu-lière en raison de la permanence des zones enrégénération), en dehors des phases de régéné-ration pendant lesquelles l’avenir des arbres peutêtre compromis par la présence d’animaux. Ceux-ci peuvent en effet piétiner les jeunes arbres, lescasser ou consommer leurs jeunes pousses et leursfeuilles tant qu’elles ne sont pas hors d’atteinte.C’est d’ailleurs pourquoi il existe une réglemen-tation stricte quant au pâturage des animaux enforêt. Souvent, il est associé à l’objectif de pro-tection contre les incendies car les animaux rédui-sent fortement le sous-étage broussailleux et lastrate arbustive. Mais il peut aussi constituer unobjectif prioritaire de gestion pour les propriétésqui se sont boisées naturellement à la suite d’une

diminution de la pression humaine, et quiappartiennent ou sont louées à des éleveurs quimanquent de parcours pour leurs troupeaux,notamment en période estivale. Le principe est deconcilier les deux objectifs sylvicole et pastoral :• en réalisant une éclaircie des peuplements fores-

tiers, plus forte qu’une intervention classique,suivie d’une mise en tas ou d’un broyage desrémanents d’exploitation, pour permettre undéveloppement des herbacées sur le sol mis enlumière et, par conséquent, le pâturage destroupeaux sous les arbres,

• en adaptant et contrôlant la pression pastorale.Mais il ne s’agit pas simplement de faire pâturerdes animaux en forêt. La gestion sylvopastoraledoit être réfléchie, dans le double cadre de l’éle-veur (place de la forêt dans l’utilisation globaledes parcours et dans le calendrier de pâturage) etdu propriétaire forestier (cohérence avec l’aména-gement global de la propriété). Une réflexiondevra aussi porter sur les aménagements pasto-raux à réaliser éventuellement (pose de clôture,sursemis) et sur la charge d’animaux à faire pâturerpour assurer la pérennité de la ressource sans nuireà l’avenir des arbres. Des aménagements de cetype existent mais nos connaissances techniquesdoivent être approfondies par le suivi pastoral etforestier de parcelles expérimentales. A priori, lesylvopastoralisme présente des avantages paysa-gers et pour la diversité biologique car il permetd’obtenir des mélanges d’espèces et une alter-nance entre couvert dense et couvert clair.

L’agroforesterieCet objectif ne concerne pas la mise en valeur deparcelles déjà boisées. Toutefois, dans cette régionoù les enjeux sont principalement basés sur unmultiusage de l’espace rural, l’agroforesteriepropose des solutions novatrices. Elle est une alter-native à la déprise agricole mais elle représente aussiun système économique de production garantis-sant la pérennité des milieux. De façon très géné-rale, l’agroforesterie consiste à associer sur la mêmeparcelle des arbres destinés à produire du boisplantés sur des lignes très espacées les unes desautres, entre lesquelles est mise en place chaqueannée une culture intercalaire. Comme pour le syl-vopastoralisme, il convient de réfléchir à la gestionde ces parcelles avec le double objectif agricole etforestier. En Languedoc-Roussillon, des expéri-mentations ont été mises en place dans certainesexploitations agricoles par l’Institut national dela recherche agronomique (INRA) et le Centrerégional de la propriété forestière (CRPF).

LA PROTECTIONDU MILIEU NATUREL

Dans les espaces protégésréglementairement, certainsobjectifs de préservation dumilieu naturel sont à prendreobligatoirement en considé-ration selon l’objet de ceslégislations et le motif du

Il faut bienconnaîtrel’objet de laprotection etgérer enconséquence

Une allianceentre l’élevageet la forêt

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classement de chacun de ces espaces (voir 2ème

partie du tome 2, page 54). Ces objectifs sontenvisageables dans tous les peuplements, surtouts’il y a risques de dégradation en raison de lafragilité de certains éléments du milieu, notam-ment sur les fortes pentes (érosion des sols, ébou-lements, crues, menaces pour des espècesvégétales ou animales protégées, etc.). Les amé-nagements pourront alors être réalisés en liaisonavec les services compétents (Restauration desterrains en montagne, Direction régionale de l’en-vironnement, etc.), en recherchant une gestioncontractuelle avec l’organisme en charge de laprotection.

La protection des sols et la luttecontre l’érosion et les éboulementsLe principe est de ne pas découvrir complète-ment le sol. A ce titre, on préférera donc les trai-tements irréguliers qui n’imposent pas une miseà nu périodique des parcelles (« éclaircie de taillis »et futaie irrégulière) ou, en cas de traitement régu-lier, des méthodes de régénération très pro-gressives ou sur de petites surfaces.

La protection contre les cruesLe principe est de ne pas laisser dans le lit ducours d’eau ou à sa proximité immédiate (moinsd’1 mètre) des bois morts ou dépérissants, oude gros arbres pouvant casser facilement (aulne,peuplier). Ceci permet d’éviter la formation, encas de crue, de barrages végétaux dont la ruptureprovoque une vague dévastatrice. Les interven-tions viseront donc à exploiter les bois morts oudépérissants, les gros arbres âgés et tous ceuxqui se trouvent dans le lit du cours d’eau ou àmoins d’un mètre de celui-ci. Les jeunes arbreset rejets de souche seront préservés ainsi que lesfeuillus précieux qui peuvent produire des boisintéressants économiquement. Si l’on est dans

l’obligation de laisser les bois sur la berge, onles débitera en petite longueur.

La protectiond’espèces particulièresL’entretien des ripisylves est également favora-ble à la qualité des eaux et à la préservation desespèces qui sont inféodées aux cours d’eau. Eneffet, leur présence est souvent compromise parla surabondance de bois en décomposition dansl’eau, par les embâcles et par l’ombre au niveaude l’eau due à un couvert arboré trop dense.Notamment, la préservation des populations decastor est favorisée par la conservation d’une ripi-sylve à base de saule et de peuplier, mais surtoutpar l’absence de travaux lourds faisant interve-nir des engins de terrassement sur les berges.La préservation d’autres espèces animales et végé-tales rares ou protégées entraînera des inter-ventions différentes selon les besoins de chacuned’elles. La gestion est alors à étudier au cas parcas en liaison et contractuellement avec les orga-nismes concernés.

La préservation des paysagesL’essentiel est de prendre, lors de la réalisationd’interventions sylvicoles, des précautions pouréviter que l’œil d’un observateur extérieur soitchoqué. Ces précautions consistent principale-ment à :• respecter l’échelle du paysage concerné :

éviter les coupes à blanc de taille trop impor-tante par rapport au massif mais éviter aussiles coupes rases de trop faible superficie dansun peuplement très étendu et bien en vue,

• respecter les lignes dominantes du paysage :par exemple, éviter les coupes aux formes géo-métriques et préférer des limites qui épousentla topographie du terrain (parallèles auxcourbes de niveau, aux crêtes, etc.). De même,

L’entretien des ripisylvespermet de lutter contreles crues, de préserver

les espèces et les habitatsliés aux cours d’eau.

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sur un versant, éviter les coupes qui formentdes bandes dans le sens de la pente,

• respecter l’harmonie du paysage en évitant cequi peut représenter une rupture brutale entrela partie exploitée et les peuplements voisinsrestés sur pied. Toutes les lisières existant entreles parcelles exploitées et des peuplementsadultes seront traitées de façon progressive surune bande d’au moins dix mètres de large. Al’intérieur de cette bande, on réalisera unesimple éclaircie du peuplement,

• éviter, par souci d’esthétique, que les rémanentsd’exploitation soient disposés en andains paral-lèles bien que cette technique reste accepta-ble en deçà d’une certaine pente si la mise enandains est bien réalisée. Deux autres solutionsexistent : le broyage (difficile à réaliser dès quele relief est accidenté et le versant rocheux) etle démontage des houppiers suivi d’un épar-pillement sur le parterre de coupe. Ces tech-niques entraînent des surcoûts importants etne peuvent être envisagées raisonnablementqu’au cas où elles seraient financées,

• éviter la création de plaies importantes dans lepaysage par la réalisation sans méthode deroutes forestières accessibles aux camions oude pistes de débardage. Ces dernières sontindispensables pour sortir le bois de la parcelle.Elles ne devront pas accuser une pente tropforte (ne pas excéder 15%) pour éviter l’éro-sion, surtout sur les sols légers. Leur fermetureaprès l’exploitation sera prévue. La création denouvelles routes forestières accessibles auxcamions sera étudiée avec un souci d’intégra-tion dans le paysage. On essaiera toujours deréutiliser au maximum les plates-formes dechemins préexistants, quitte à les remettre enétat (débroussaillement, légers élargissementssi nécessaire…). Par ailleurs, il est important deprévoir des places de dépôt pour stocker lesbois exploités avant qu’ils soient chargés surcamion.

L’AGRÉMENTLes aménagements particu-liers permettant à des tiersd’exercer des activités deloisir, notamment sportives(chasse, randonnée, prome-nade à cheval, vélo tout-terrain, etc.) peuvent êtreréalisés dans toutes les forêts.Les propriétaires intéresséspourront examiner la possi-bilité de conventions avec lescollectivités territoriales pour

la prise en charge de certains aménagements.

L’accueil touristiqueEtant donné les caractéristiques naturelles et cul-turelles des Basses-Cévennes à châtaignier, la fré-quentation touristique augmentera certainementà l’avenir. Cela peut constituer une chance pourles propriétaires qui souhaitent ouvrir leur forêt

au public même si la fréquentation des peu-plements forestiers peut accentuer les risquesd’incendie. Actuellement, l’accueil volontaire detouristes en forêt est souvent une partie seule-ment d’une démarche plus générale qui com-prend hébergement et/ou restauration. La gestiondes peuplements forestiers pourra alors s’inscriredans ce cadre et les interventions pratiquéesauront un objectif paysager (voir page précédente,« La préservation des paysages »), surtout pourles parcelles qui sont visibles depuis les bâtiments.Des aménagements spécifiques pourront être éga-lement conçus, notamment des sentiers pédestresmenant à des sites remarquables ou à des pointsde vue. Ils peuvent aussi avoir un but pédago-gique pour donner au public des connaissancessur la nature, la forêt, le patrimoine... Dans cecas, des supports seront utilement élaborés(panneaux explicatifs, dépliants, topoguides...).D’autres types de sentiers (équestres, VTT)peuvent aussi être aménagés. Les propriétaires quiont des projets de ce type ont tout intérêt à serapprocher des structures d’animation pour ledéveloppement économique (comité départe-mental du tourisme, chambre de commerce...)pour s’organiser avec d’autres prestataires de ser-vices au niveau d’un ou plusieurs cantons (notionde « pays »). Bien entendu, des aménagementsd’accueil du même type (sentiers, jeux, aire dedétente, etc.) peuvent être réalisés même si lepropriétaire ne possède pas d’infrastructuresd’hébergement ou de restauration.

La chasseCet objectif restera accessoire, à concilier avec lesobjectifs prioritaires donnés à la forêt. S’il devientlui-même prioritaire, le propriétaire prend le risquede voir classer sa forêt comme terrain d’agrément,ce qui n’est pas sans conséquence pour la fisca-lité. L’objectif « chasse » peut être poursuivi parles propriétaires qui veulent chasser eux-mêmesdans leur propriété ou qui veulent louer desactions de chasse à des tiers. Attention : à l’inté-rieur du Parc national des Cévennes, il faut êtrepropriétaire d’au moins 30 hectares pour êtremembre de droit de l’association cynégétique.Dans tous les cas, des aménagements spécifiquespour rendre le milieu très favorable au gibierpourront être réalisés. Les interventions sont dedeux types :• sur le milieu lui-même : le principe est de diver-

sifier au maximum les milieux pour qu’ils puis-sent parfaitement remplir tous leurs rôles vis àvis du gibier (abri, nourriture, etc.) et pour mul-tiplier les effets de lisière très favorables à sondéveloppement. On réalisera donc les coupeset les travaux nécessaires pour obtenir une alter-nance de haies, de friches, de bois clairs, debois plus épais, de clairières herbeuses et decultures à gibier. Le maintien d’un équilibreharmonieux entre feuillus et résineux, d’unediversité des essences et des différents étagesverticaux (herbacé, buissonnant, arbustif etarboré) dans les peuplements, ainsi que la créa-tion d’unités de gestion et de régénération de

L’aménagementd’une forêtpour lapratiqued’activités deloisir doit êtrebien réfléchi,souvent àl’échelle d’unpays d’accueil

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superficie réduite sont autant de facteurs favo-rables au gibier. Dans les secteurs de basse alti-tude, toutes les interventions ayant pour butd’ouvrir et d’hétérogénéiser le milieu (débrous-saillement, création d’allées, mise en place decultures à gibier, etc.) sont favorables au gibier,

• l’installation d’équipements particuliers ayantpour but le maintien du gibier et l’exercice dela chasse.

LES PRODUITSAUTRES QUE LE BOIS

De telles productions peuventêtre envisagées dans les situa-tions qui le permettent. Lespropriétaires devront toute-fois s’assurer que la réalisationdes aménagements qu’ilsprévoient pour de telles pro-ductions n’est pas incom-patible avec d’éventuels

engagements fiscaux ou avec la législation sur ledéfrichement, notamment dans le cas d’inter-ventions abaissant nettement la densité despeuplements forestiers.

La production de truffesCet objectif peut être envisagé pour valorisercertaines parcelles, sur les roches calcaires, enterrains non argileux. Le principe est de conci-lier les deux objectifs sylvicole et trufficole parla conduite d’une « sylviculture truffière » pourréhabiliter d’anciennes truffières ou en créer denouvelles, sachant qu’en forêt la trufficulturerestera extensive. Pour réhabiliter d’anciennestruffières, on repérera les meilleurs arbres àconserver (50 à 200 à l’hectare) et on exploi-tera les autres. On pratiquera ensuite unélagage très brutal et si possible un crochetagedu sol ou un labour pour faire réapparaître uneproduction de truffes. Pour créer une truffièrede toutes pièces, la plantation d’arbres myco-rhizés est nécessaire. On choisira des essencesadaptées aux conditions écologiques du secteur(voir page suivante). La truffe à utiliser ici estla truffe du Périgord (Tuber melanosporum). Leterrain sera travaillé. Si l’entretien mécaniquedu sol n’est pas facilement envisageable, il estconseillé d’installer les arbres sur paillage. Ladensité à utiliser est de 300 à 400 plants à l’hec-tare. Quand il est possible, un arrosage raisonnépeut être très bénéfique. Vers 20 ou 25 ans, uneéclaircie prélevant les arbres non producteursde truffe est nécessaire, suivie plus tard d’autresinterventions pour éviter que le milieu sereferme.

La productiond’autres champignonsCet objectif peut être envisagé pour apporter unevaleur supplémentaire à certaines parcelles. Lepropriétaire doit bien maîtriser la cueillette pourne pas subir la pression de ramasseurs incontrôlés.

Le principe est de concilier les deux objectifs syl-vicole et de production de champignons, enmenant des interventions adéquates dans les peu-plements. Celles-ci sont encore expérimentales.Il s’agit de la plantation d’arbres mycorhizés(notamment avec des lactaires) et de l’éclairciede peuplements adultes avec des moyens bou-leversant le moins possible le milieu, notammentle sol.

Les essences mellifèresLe principe est de concilier les deux objectifs syl-vicole et mellifère. La plantation d’essences pro-ductrices de nectar (qui donne le miel aprèsrécolte et transformation par les abeilles) ou depollen est actuellement en cours d’expérimen-tation. Elle peut concerner des propriétés où sontinstallées des ruches et où le propriétaire sou-haite accentuer le caractère mellifère de certai-nes parcelles pour éviter la transhumance parexemple.

La production de feuillagesCet objectif est envisageable pour alimenter cer-taines filières (alimentation, parfumerie, déco-ration de bouquets...). Il peut permettre devaloriser des interventions sylvicoles indispen-sables (élagages) dans les peuplements résineuxproductifs (sapins, douglas) mais aussi demettre en valeur des formations peu producti-ves comptant des essences secondaires inté-ressantes (buis, arbousier, cistes, fenouil,romarin...). Des plantations ayant pour objec-tif la production de feuillages sont égalementenvisageables avec des essences dont les feuillessont recherchées (eucalyptus en zone basse parexemple).

La production de châtaignesPour les taillis composés de brins issus d’anciensarbres de verger et pour les vieilles châtaigne-raies fruitières dégradées, une rénovation est pos-sible pour la production de fruits. Mais on quitteici le domaine forestier pour aborder les produc-tions agricoles.

LE MAINTIEN EN L’ÉTATObjectif d’attente, il peut parfois se justifier à partirdu moment où il ne met pas la forêt en péril àcourt ou à long terme. Il peut permettre aux pro-priétaires d’améliorer leur forêt progressivementen concentrant les opérations sur certaines par-celles. Toutefois, il convient de le réserver auxpeuplements d’un certain âge. Il faut en effetattirer l’attention des propriétaires sur les risquesinsidieux qu’il comporte pour la plupart des peu-plements : la croissance des arbres en diamètreest très vite ralentie à cause de la forte densité,alors que la croissance en hauteur n’est pas affec-tée. S’ils ne bénéficient pas d’interventions, lespeuplements se trouvent donc rapidement et défi-nitivement fragilisés. Ils sont notamment de plusen plus exposés aux accidents climatiques (neigelourde, vent...)

Les produitscourammentappelés« annexes »peuventreprésenter unrevenu nonnégligeable

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Boisement et reboisementLES ESSENCES RECONNUES

COMME ÉTANT ADAPTÉES

L’adaptation des essencesdépend essentiellement duclimat et du sol. Selon lesconditions stationnelles, on

peut conseiller les essences ci-dessous(4). Cesessences sont reconnues comme étant adaptées,malgré les risques phytosanitaires qui existent tou-jours. Il faut d’ailleurs noter l’importance de ladiversité des essences qui est un facteur de bonnesanté et de vigueur des peuplements.

1. Toutes altitudes• Stations situées en fond de vallée ou de vallon :

- feuillus : merisier, tilleul, érables plane etsycomore, peuplier, noyers noir, commun ethybride, frêne commun et, sauf sur calcaire actif,chêne rouge d’Amérique et châtaignier,- résineux : tous résineux (sauf douglas sur cal-caire actif) mais il vaut mieux profiter des excel-lentes potentialités de ces stations pour planterdes feuillus de valeur.

• Stations situées sur des sols très superficielsoù la roche affleure souvent : aucune essenceutilisable pour la production de bois. Dansun cadre paysager, on peut envisager deplanter de l’érable de Montpellier, du cyprèsvert, du cyprès de l’Arizona, du pin d’Alep,du pin noir.

2. A moins de 600 mètres d’altitude• En crête, haut de versant

ou sur versant exposé ausud, sur stations sèchespeuplées de landes ou detaillis de chêne vert : pinlaricio de Corse et aulne à

• feuilles en cœur. Il est aussi possible d’intro-duire du pin pignon en dessous de 500 mètresd’altitude et du cèdre de l’Atlas ou du cèdredu Liban si le sol n’est ni lourd ni compact.

• En crête, haut de versant ou sur versantexposé au nord, sur stations plus fraîches àchâtaignier : pin laricio de Corse, pin noird’Autriche, pin de Salzmann, pin sylvestre,aulne à feuilles en cœur. Il est aussi possibled’introduire du cèdre de l’Atlas ou du cèdredu Liban si le sol n’est ni lourd ni compact,et du chêne rouge d’Amérique ou du douglassi le sol est profond. Enfin, d’autres essences(merisier, érable plane, alisier torminal et alisierblanc) peuvent être testées sur sol profonduniquement.

• En bas de versant, sur replat ou sur versantexposé au nord avec un sol profond :- résineux : douglas, cèdres de l’Atlas et duLiban, pin laricio de Corse,- feuillus : chêne rouge d’Amérique, merisier,érable plane, aulne à feuilles en cœur, alisiertorminal, châtaignier. Il est possible d’introduiredu frêne si la présence d’eau est bien marquée.Enfin, d’autres essences (micocoulier, platane,tilleul) peuvent être testées.

3. A plus de 500 mètres d’altitude• En crête, haut de versant ou sur sommet, sur

des stations de landes en cours de boisement :pin sylvestre, pin laricio, pin de Salzmann. Ilest possible d’introduire du cèdre de l’Atlas sile sol n’est ni lourd ni compact et du douglasdans les combes si le sol est profond.Nota : localement ces espaces peuvent inté-resser des éleveurs. Il est alors envisageable,dans le cadre d’un aménagement global etconcerté, de réaliser des améliorations pasto-rales (débroussaillement, pose de clôtures, sur-semis) pour permettre le pâturage destroupeaux en association avec les opérationsde boisement.

• Sur versant exposé au nord : pin laricio deCorse, pin noir d’Autriche, pin sylvestre, aulneà feuilles en cœur. Il est aussi possible d’intro-duire du cèdre de l’Atlas ou du cèdre du Libansi le sol n’est ni lourd ni compact, et du chênerouge d’Amérique ou du douglas si le sol estprofond. Au-dessus de 900 mètres, on peutintroduire le hêtre et le sapin pectiné. Enfin,d’autres essences (merisier, érable plane, alisiertorminal et alisier blanc) peuvent être testéessur sol profond uniquement.

• Sur versant exposé au sud : pin laricio de Corse,pin sylvestre, pin noir d’Autriche, pin deSalzmann et aulne à feuilles en cœur. Il estaussi possible d’introduire du cèdre de l’Atlas

Une grandegammed’essencesutilisablesselon la station

Des feuillusprécieux enfond de vallées

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(4) Les essences conseilléesici ont un caractère indica-tif. Cette liste n’est en aucuncas exhaustive.

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Le chêne rouge d’Amériquepeut être planté sur les

terrains profondssans calcaire actif.

ou du cèdre du Liban si le sol n’est ni lourdni compact. Au-dessus de 900 mètres, onpeut introduire le hêtre et le sapin pectiné sursol profond.

A l’avenir, d’autres essences pourront certaine-ment être utilisées pour la production de boisou d’autres objectifs. Elles sont actuellementexpérimentées et le recul n’est pas encore assezgrand pour pouvoir les conseiller.

Pour les forêts situées en zone centrale du Parcnational des Cévennes, une liste d’essences estvalidée par le conseil d’administration du Parcaprès avis de l’ensemble des partenaires de lafilière. Le principe de base est de favoriser lesessences présentes « naturellement » sans exclureles essences « exotiques » adaptées aux condi-tions de station. Ces notions de « naturelles » et« exotiques adaptées » sont tellement floues etsujettes à contestation que les dérogations sonttoujours possibles. Les propriétaires ne doiventpas hésiter à en demander.

QUELQUES CONSEILS

SUR LES TECHNIQUES DE PLANTATION

D’une manière générale,une concertation avec lesautres utilisateurs du milieuest indispensable avantd’élaborer un projet deboisement pour éviter desproblèmes ultérieurs devoisinage.

A propos du travail du solLes techniques de préparation du sol à utiliserdépendent de la topographie. Sur fortes pentes,le travail du sol à la pelle-araignée est préféra-ble à la réalisation de bandes terrassées, à la foispour des raisons économiques (exploitationfuture des bois plus aisée), esthétiques (pas decicatrices sur les versants) et agronomiques (pasde bouleversement du sol en place). Localement,sur de petites surfaces, sur sol profond, on peutaussi travailler manuellement à la pioche (réali-sation de « potets travaillés »). Le dessouchagesuivi d’un sous-solage dans le sens de la pentea souvent entraîné des problèmes d’érosion,surtout dans les sols développés sur schistes.Cette méthode est à bannir. Sur terrain plat (rare)et sur pentes faibles, le travail du sol pourra êtrefait en plein ou de façon localisée si la densitéde plantation est faible. Dans le premier cas, oneffectuera un sous-solage suivi d’un labour oud’un disquage, parallèlement aux courbes deniveau en cas de pente faible. Dans le secondcas, on travaillera la terre à chaque emplacementde plant à l’aide d’une tarière ou d’une pellemécanique.

A propos des essencesDe toutes celles qui ont été introduites, c’est lepin laricio qui donne les meilleurs résultats. Ledouglas et le cèdre de l’Atlas donnent égalementde bons résultats quand ils sont introduits surdes stations qui leur conviennent et quand ils sontentretenus.

A propos des entretiensD’une manière générale, la végétation concur-rente doit être maîtrisée. Il faut être encore plusvigilant pour les plantations réalisées sur uneparcelle qui portait précédemment une châtai-gneraie car les souches rejettent vigoureusement.Le plus efficace est souvent le traitement chimiquedes rejets dans l’année qui suit la coupe. La pro-tection des plants contre les dégâts de gibier estpresque toujours nécessaire, surtout lorsqu’il s’agitde feuillus.

A propos de la prise en considération dupaysageL’application de quelques principes simples suffitparfois pour donner à une plantation un aspectplus agréable pour l’œil : planter en mélange desessences feuillues et résineuses ou conserver lorsdes dégagements des repousses naturelles(feuillues dans les plantations résineuses et viceversa), dans la mesure du possible conserver lorsde la coupe précédant le reboisement des bou-quets d’arbres d’avenir.

Gestion forestière dansles espaces protégésréglementairement

Dans les espaces protégés, lasylviculture devra s’efforcerde préserver l’objet de laprotection. Pour ce faire, onrecherchera les termes d’une

gestion contractuelle avec l’organisme en chargede l’espace protégé.

DANS LE PÉRIMÈTRE D’UN SITE CLASSÉ

Les travaux ou interventions de nature à modi-fier l’état du site sont soumis à l’autorisation duministre chargé des sites ou, par délégation, dela Direction régionale de l’environnement, aprèsavis de la Commission départementale des sitesdont les forestiers font partie depuis la parutiondu décret du 23 septembre 1998. Les travauxforestiers, certaines coupes (notamment lescoupes à blanc) et a fortiori la création de des-serte sont soumis à autorisation, même s’ils sontprévus dans un plan simple de gestion agréé. Lademande doit être effectuée auprès de la Com-mission départementale des sites.Quels que soient les objectifs de leurs proprié-taires, les forêts privées incluses dans le périmè-tre d’un site classé au titre de la loi de 1930 serontgérées avec un souci de prise en compte dupaysage, principal critère de classement des sites.Toutefois, à l’intérieur d’un site, tous les secteursn’ont pas la même sensibilité. Les contraintes degestion ne seront donc pas équivalentes sur l’en-semble du périmètre. La Direction régionale del’environnement (DIREN), en charge des sitesclassés, doit communiquer aux gestionnaires fores-tiers les secteurs particulièrement sensibles sur leplan paysager. Dans le cadre de la prise en comptedu paysage dans la gestion des forêts privées, onappliquera les quelques recommandations simples

S’efforcerde préserverl’objet de laprotection

Bien préparer lesol, protégercontre lesdégâts degibier, prendreen considérationle paysage

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22 L E S B A S S E S - C É V E N N E S À C H Â T A I G N I E R

données en page 18 (objectif « La protectiondu milieu naturel », paragraphe « La préservationdes paysages »).

EN ZONE CENTRALE

DU PARC NATIONAL DES CÉVENNES

Le décret de création du Parc prévoit :• que le Parc donne un avis lors de l’instruction

des plans simples de gestion,• que certaines exploitations, boisements et

travaux forestiers qui ne figurent pas dans unplan de gestion agréé ou qui concernent uneforêt qui n’en est pas dotée, sont subordon-nés à l’autorisation préalable du directeur duParc. D’après la décision du 10 juin 1977 duconseil d’administration du Parc national desCévennes, sont soumises à autorisation, si ellesne sont pas inscrites dans un plan de gestion,toutes les coupes rases sauf celles de moins de5 hectares dans les peuplements traités en taillis,et les éclaircies sauf celles dont la superficie n’ex-cède pas 5 hectares pour toutes les essenceset tous les peuplements,

• qu’aucun travail public ou privé susceptible demodifier l’état ou l’aspect des lieux du Parcnational, ne peut être exécuté sans autorisa-tion du directeur. Il est maintenant admis quecertains travaux forestiers, notamment la créa-tion de routes forestières pérennes accessiblesaux grumiers, entrent dans ce cadre. Toute-fois, les projets de desserte qui figurent dansun plan simple de gestion agréé auquel le Parca donné un avis favorable sont dispensés del’autorisation du directeur du Parc à conditionqu’un dossier technique détaillé ait été jointau plan simple de gestion lorsque le Parc aexprimé son avis favorable.

Il semble normal qu’un effort particulier soitapporté par chacun pour assurer un maximumde cohérence entre les objectifs des propriétai-res forestiers et ceux du Parc national. Quels quesoient les objectifs de leurs propriétaires, les forêtsprivées seront gérées avec un souci de prise encompte des éléments environnementaux impor-tants (habitats prioritaires, espèces animales etvégétales à préserver, paysages typiques, élémentsdu patrimoine, etc.). Ceci implique une réelleconcertation avec le Parc qui devra notamment :• en priorité, se donner les moyens de réduire for-

tement et rapidement les populations de grandgibier à une densité supportable par les sylvi-culteurs, densité qui peut être définie par la pos-sibilité de régénérer les peuplements sans avoirà recourir systématiquement aux protections.Cette réduction des populations est prioritairepour que les gestionnaires forestiers puissentprendre en compte sereinement les élémentsenvironnementaux cités ci-dessus. Le retour à unéquilibre faune-flore est également devenu unobjectif incontournable et prioritaire pour le Parc,

• communiquer aux gestionnaires forestiers lessecteurs stratégiques sur le plan environne-mental (points à forte sensibilité paysagère, loca-lisation d’espèces et de milieux prioritaires oud’éléments du patrimoine à préserver, etc.).

Cette concertation est également indispen-sable pour la mise au point de conventionsde gestion entre les propriétaires et le Parc,prévoyant notamment le financement des sur-coûts et des manques à gagner engendrés parles prescriptions du Parc. A ce titre, lesrecommandations de sylviculture établies parle Parc national des Cévennes et approuvéespar son conseil d’administration, prévoient que« le Parc aide les propriétaires privés dansleur connaissance du milieu naturel afin qu’ilss’approprient les intérêts écologiques présentssur leur propriété et qu’ils en deviennent lesdéfenseurs. Le Parc apportera son concourstechnique et financier aux propriétaires quile souhaiteront pour la rédaction des planssimples de gestion comportant une analyseapprofondie des enjeux sociaux et environ-nementaux ».

D’ores et déjà, dans le cadre de la prise en comptedes éléments environnementaux dans la gestiondes forêts privées, on peut donner quelquesrecommandations simples, même si elles sontappelées à évoluer dans le temps :• pour les travaux de desserte accessible aux

grumiers : les projets pourront être étudiés enconcertation avec le Parc, si la route traversedes secteurs à sensibilité particulière. Ils doiventfaire l’objet d’une demande d’autorisation audirecteur du Parc sauf pour les projets dedesserte qui figurent dans un plan simple degestion agréé auquel le Parc a donné un avisfavorable et si un dossier technique détaillé étaitjoint au plan simple de gestion. S’ils sont prévusdans un schéma de desserte élaboré en liaisonavec le Parc, ceci ne les exempte pas de l’au-torisation du directeur du Parc au momentde leur réalisation. Les pistes (ou tires) dedébardage ne sont pas concernées par cesdemandes d’autorisation,

• pour les coupes en général :- dans les secteurs à forte sensibilité (paysage,patrimoine, espèces protégées, etc.) qui aurontété communiqués aux propriétaires et auxgestionnaires forestiers, il est conseillé d’étudierles projets d’exploitation avec le Parc national,- si c’est possible, on essaiera de favoriser unmélange feuillus-résineux dans les peuple-ments,- on essaiera de maintenir, quand elles exis-tent, les essences disséminées (merisier,bouleau, sorbiers, frênes, etc.),

• pour les coupes à blanc : elles sont bénéfiquessous certains angles et négatives sous d’autres.Il est rappelé que, dans les forêts non soumi-ses à plan simple de gestion et dans celles quin’en sont pas dotées, ces coupes sont soumi-ses à autorisation si leur superficie dépasse5 hectares (sauf dans le cas de taillis simple).Pour les forêts dotées d’un plan de gestion, onessaiera de ne pas prévoir d’exploitation à blancsur une surface supérieure à 10 hectares d’unseul tenant. Cette limite ne s’applique pas pourles cas de catastrophe climatique ou sanitaire.Il est souhaitable que les gestionnaires forestiers

23O R I E N T A T I O N S D E G E S T I O N

O R P D U L A N G U E D O C - R O U S S I L L O N - T O M E 2

étudient le périmètre des exploitations à blancen concertation avec le Parc.

• On essaiera également d’intégrer la coupe dansle paysage : pour ce faire, le respect de quel-ques règles simples (voir page 18, objectif« La protection du milieu naturel », paragra-phe « La préservation des paysages ») estsouvent beaucoup plus important que lasuperficie de la coupe.

• Enfin, on maintiendra de gros arbres âgésquand ils présentent un intérêt par leur formeou quand il existe un enjeu paysager ou de pré-servation d’espèces d’oiseaux (pic noir, chouettede Tengmalm…) ou d’insectes. Le maximumd’arbres à préserver en moyenne est fixé à1 feuillu ou 4 résineux à l’hectare. Leur répar-tition sera décidée au cas par cas en concer-tation avec le Parc national. La conservationd’un nombre d’arbres supérieur à la demandedu Parc entraînera une indemnisation pour lepropriétaire,

• pour les méthodes de régénération : si les essen-ces en place sont adaptées aux conditions destation, si elles sont cohérentes avec les objec-tifs du propriétaire et si les arbres sont de bonnequalité, la régénération naturelle sera préféréeà la régénération artificielle, surtout si elle estentreprise sur semis acquis, mais sans jamaisvouloir s’acharner (si les semis n’apparaissentpas rapidement en densité suffisante pourreconstituer le peuplement, on entreprendraun reboisement artificiel),

• pour les travaux de boisement :- il est conseillé d’étudier les projets en concer-tation avec les autres partenaires, notammentavec les éleveurs dans les secteurs encorepâturés, et avec le Parc dans les secteurs à

forte sensibilité qu’il aura communiqués auxpropriétaires et aux gestionnaires forestiers(paysage, patrimoine, espèces protégées, etc.),- on utilisera les densités de plantation les plusfaibles parmi celles conseillées par le Ministèrechargé des forêts,- en ce qui concerne les essences utilisables,une liste est validée par le conseil d’adminis-tration du Parc national des Cévennes après avisde l’ensemble des partenaires de la filière. Leprincipe de base est de favoriser les essencesprésentes « naturellement » sans exclure lesessences « exotiques » adaptées aux conditionsde station. Ces notions de « naturelles » et« exotiques adaptées » sont tellement floueset sujettes à contestation que les dérogationssont toujours possibles. Les propriétaires nedoivent pas hésiter à en demander,

• pour l’entretien des plantations (dégagements,protection...) :- on essaiera, dans la mesure où cela ne nuitpas aux essences plantées, de maintenir unmélange feuillus-résineux dès les premiersdégagements,- l’utilisation de produits phytocides pour ledégagement des plantations est soumise àl’autorisation du directeur du Parc,- pour les traitements phytosanitaires, la luttebiologique et les traitements localisés serontprivilégiés. En cas d’infestation, l’utilisation deproduits agropharmaceutiques est soumise àl’autorisation du directeur du Parc,- les populations de grand gibier sont tellementimportantes dans le Parc national que la miseen place de protections est indispensable pourla réussite d’une plantation tant que l’équilibrefaune-flore ne sera pas rétabli.

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POUR EN SAVOIR PLUS: • Etude des types de stations de la châtaigneraiegardoise - A. Madesclaire - Ecole nationale des ingé-nieurs des travaux des eaux et des forêts, Centre régio-nal de la propriété forestière, Institut pour ledéveloppement forestier - 1980

• Les hautes terres cévenoles du 19ème au 20ème siècle -Des systèmes de production traditionnels auxprojets de mise en valeur alternatifs - D. Poupardin,O. Nougarède, R. Larrère - Institut national de la recher-che agronomique - 1987

• Guide technique du forestier méditerranéen -Centre national du machinisme agricole du Génie ruraldes eaux et des forêts - 1988-1999

• Comment intervenir dans les taillis et les vergersde châtaignier - Fiche technique - S. Bellon, B. Cabannes,G. Guérin - Association française de pastoralisme - 1991

• Le châtaignier dans le massif cévenol - BernardCabannes - Centre régional de la propriété forestièredu Languedoc-Roussillon - Avril 1992 (Fiche habituel-lement jointe à l’ouvrage « Le châtaignier, un arbre, unbois » - IDF)

• Etude et propositions d’aménagement des peu-plements de fond de vallons dans la vallée duGaleïzon - CRPF du Languedoc-Roussillon - Novembre1993

• Votre châtaigneraie - Les cahiers pratiques - ParcNational des Cévennes - 1995

• Atlas du Parc national des Cévennes - Février 2000

Fiches techniques du Centre régional de lapropriété forestière :

• Eléments de diagnostic pour les châtaigneraieslozériennes - 2001

• Les possibilités forestières de la châtaigneraielozérienne - 2001

• La régénération naturelle du châtaignier enLozère - 2001

• L’amélioration des taillis par balivage ouéclaircie - 2001

• Les travaux du sol avant plantation - 2001

• La plantation des arbres forestiers - 2001

• Les entretiens de plantation - 2001

• L’amélioration des futaies régulières - 2001

• La futaie irrégulière ou futaie jardinée - 2001

• L’élagage des arbres forestiers - 2001

• Les tailles de formation - 2001

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Département du Gard

SURFACE COUVERTE PAR LES FEUILLUS ET LES RÉSINEUX TOUTES PROPRIÉTÉS CONFONDUES (HA)

SURFACE COUVERTE PAR LES FEUILLUS ET LES RÉSINEUX EN FORÊT PRIVÉE (HA)

VOLUME ET PRODUCTION ANNUELLE DES FEUILLUS ET RÉSINEUX EN FORÊT PRIVÉE

RÉPARTITION DES PROPRIÉTÉS PAR TRANCHES DE SURFACE

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26 L E S B A S S E S - C É V E N N E S À C H Â T A I G N I E R

Ann

exe

Feuillus Résineux

Essences Surface (ha) % Essences Surface (ha) %

Chêne rouvre 266 0,9 Pin maritime 559 1,9

Chêne pubescent 4 885 16,7 Pin sylvestre 163 0,6

Chêne vert 3 532 12,1 Pin laricio 614 2,1

Hêtre 890 3,0 Pin noir d’Autriche 535 1,8

Châtaignier 14 825 50,6 Epicéa commun 180 0,6

Frênes 521 1,8 Douglas 847 2,9

Robinier 382 1,3 Cèdre de l’Atlas 313 1,1

Autres feuillus* 446 1,5 Autres résineux** 322 1,1

Total feuillus 25 747 87,9 Total résineux 3 533 12,1

Source : Inventaire forestier national 1993 (Formations boisées de production inventoriées)* Érables, aulnes, bouleaux, divers autres feuillus** Pin à crochets, sapin pectiné, mélèze d’Europe, divers autres résineux

Feuillus Résineux

Essences Surface (ha) % Essences Surface (ha) %

Chêne rouvre 266 1,1 Pin maritime 414 1,6

Chêne pubescent 4 021 15,9 Pin sylvestre 99 0,4

Chêne vert 3 532 14,0 Pin laricio 527 2,1

Hêtre 173 0,7 Pin noir d’Autriche 169 0,6

Châtaignier 13 862 54,8 Douglas 701 2,8

Bouleaux 145 0,6 Cèdre de l’Atlas 246 1,0

Aulnes 136 0,5 Autres résineux 71 0,3

Frênes 489 1,9

Robinier 382 1,5

Autres feuillus 55 0,2

Total feuillus 23 061 91,2 Total résineux 2 227 8,8

Source : Inventaire forestier national 1993 (Formations boisées de production inventoriées)

Feuillus Résineux Total

Volume Production Volume Production Volume Production

m3 %* m3/an %* m3 %* m3/an %* m3 %* m3/an %*

1743100 79,8 66350 70,1 162300 33,7 13050 53,5 1905400 71,4 79400 66,7

Source : Inventaire forestier national 1993 (Formations boisées de production inventoriées)* Volume (ou production) en forêts privées par rapport au total des forêts, toutes propriétés confondues

Moins de 4 de 10 de 25 Plus Totalde 4 ha à 10 ha à 25 ha à 100 ha de 100 ha

Nombre 4 126 855 566 239 17 5 803

Surface (ha) 4 406 14,2% 5 409 17,5% 8 743 28,3% 9 822 31,7% 2 560 8,3% 30 940 100%

Source : données cadastrales au 31 décembre 1996

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n O R P D U L A N G U E D O C - R O U S S I L L O N - T O M E 2

Département de LozèreSURFACE COUVERTEPAR LES FEUILLUS ET LES RÉSINEUXTOUTES PROPRIÉTÉS CONFONDUES (HA)

SURFACE COUVERTE PAR LES FEUILLUS ET LES RÉSINEUX EN FORÊT PRIVÉE (HA)

VOLUME ET PRODUCTION ANNUELLE DES FEUILLUS ET RÉSINEUX EN FORÊT PRIVÉE

Feuillus Résineux

Essences Surface (ha) % Essences Surface (ha) %

Chêne vert 2 550 10,3 Pin maritime 6 876 27,7

Châtaignier 11 147 44,9 Pin sylvestre 674 2,7

Frênes 266 1,1 Pin laricio 1 379 5,5

Merisier 178 0,7 Pin noir d’Autriche 124 0,5

Robinier 178 0,7 Pin à crochets 22 0,1

Autres feuillus* 357 1,4 Douglas 962 3,9

Cèdre de l’Atlas 124 0,5

Total feuillus 14 676 59,1 Total résineux 10 161 40,9

Source : Inventaire forestier national 1992 (Formations boisées de production)* Chêne rouvre, chêne pubescent, hêtre, bouleaux, aulnes, divers autres feuillus

Feuillus Résineux

Essences Surface (ha) % Essences Surface (ha) %

Chêne rouvre 32 0,1 Pin maritime 5 990 26,6

Chêne pubescent 33 0,1 Pin sylvestre 446 2,0

Chêne vert 2 550 11,3 Pin laricio 848 3,8

Hêtre 79 0,4 Pin à crochets 22 0,1

Châtaignier 10 741 47,8 Douglas 962 4,3

Bouleaux 33 0,1

Robinier 178 0,8

Frênes 266 1,2

Merisier 178 0,8

Autres feuillus 128 0,6

Total feuillus 14 218 63,2 Total résineux 8 268 36,8

Feuillus Résineux Total

Volume Production Volume Production Volume Production

m3 %* m3/an %* m3 %* m3/an %* m3 %* m3/an %*

1 237 400 95,7 52 900 93,9 718 400 83,4 49 250 88,1 1 955 800 90,8 102 150 91,0

Source : Inventaire forestier national 1992 (Formations boisées de production inventoriées)* Volume (ou production) en forêts privées par rapport au total des forêts, toutes propriétés confondues

RÉPARTITION DES PROPRIÉTÉS PAR TRANCHES DE SURFACE

Moins de 4 de 10 de 25 Plus Totalde 4 ha à 10 ha à 25 ha à 100 ha de 100 ha

Nombre 1 393 428 241 60 4 2 126

Surface (ha) 2 000 17,4% 2 724 23,8% 3 589 31,3% 2 426 21,2% 723 6,3% 11 462 100%

Source : données cadastrales au 31 décembre 1996

Source : Inventaire forestier national 1992 (Formations boisées de production inventoriées)

Siège : 378, rue de la Galéra - Parc Euromédecine 1 - BP 4228 - 34097 Montpellier Cedex 5Tél. 04 67 41 68 10 - Fax 04 67 41 68 11

Antenne du Gard : Maison de la forêt - 7, chemin du Peyrigoux - 30140 BagardTél. 04 66 60 92 93 - Fax 04 66 60 93 02

Antenne de Lozère : 16, quai de Berlière - 48000 MendeTél. 04 66 65 26 79 - Fax 04 66 49 15 33