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Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de Paris 1975-1999 2003 Direction régionale de l’équipement Ile-de-France

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Page 1: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Le desserrement de l’emploi

dans la région urbaine de Paris

1975-1999

2003

Direction régionale de l’équipement Ile-de-France

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Le desserrement de l'emploi dans la Région Urbaine de Paris

1975-1999

2002 - 2003

Ce document a été réalisé par Frédéric GILLI, du Pôle de Compétence Bassin parisien,

à la DR Insee de Picardie.

Remerciements particuliers à Jacques Pougnard et Claire Pagès pour la mise au point du programme de

détermination des pôles ainsi qu’à Pascale Rohaut et au groupe de suivi de l’étude (Ludovic Armand,

Jean-Paul François, Thomas Le Jeannic, Elisabeth Reignier et Bernard Robert).

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INTRODUCTION..............................................................................................................8

L’EMERGENCE D’UNE REGION URBAINE : DESSERREMENT CONTRASTE........ Déconcentration spatiale des emplois et croissance.................................................................. 14 Mutation fonctionelle et sectorielle des emplois : cadres et services aux entreprises............... 23 Des secteurs qui restent aussi concentrés .................................................................................. 26

CONCENTRATION DES EMPLOIS : AMPLEUR ET CARACTERISTIQUES.............. 33

Evolution des contours des pôles d’emplois franciliens depuis 1975 :.................................... 35 Méthodologie : « températures urbaines » ................................................................................ 35 Concentrations d’emplois en 1999 : trois ceintures de pôles entourent Paris ........................... 37 De 1975 à 1999, la multipolarisation de la Région Urbaine de Paris........................................ 43 Les logiques de l'évolution : diffusion, polarisation et étalement des emplois ......................... 48

Activités et emplois dans la RUP : polarisation et permanence des structures ..................... 53 Des pôles en mutation toujours inscrits dans une division urbaine du travail........................... 53 Un espace productif aux clivages sectoriels et fonctionnels nets.............................................. 59 ... sur fond d’opposition fonctionnelle Centre-Périphérie ......................................................... 66 Services supérieurs ou aux personnes, techniciens de l’industrie : différents types de pôles ... 77

Conclusion : quelle organisation économique multipolaire ?.................................................. 82

POLARISATION DE L’ESPACE REGIONAL ............................................................... 85

La polarisation des migrants : attraction et dépendances ....................................................... 86 Evolution des distances domicile-travail : éloignement et repolarisation ................................. 86 Des bassins aux profils très variés, le cas particulier des pôles récents .................................... 91 Une agglomération multipolaire, une région polynucléaire ...................................................... 95

CONCLUSION ............................................................................................................... 96

BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................... 97

ANNEXES...................................................................................................................... 100

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GLOSSAIRE:

Banlieue : utilisé avec une majuscule, le terme dèsignera l’ensemble des pôles qui ont une industrie diversifiée et un emploi de technicien (rassemblés à l’issue d’une classification). Etant donné qu'une majorité de ceux-ci se trouvent dans l'agglomération de Paris (essentiellement à l'est de la capitale), les pôles composant cette classe ont été nommés 'pôles de Banlieue'.

Centre : composé de Paris et des pôles internes de Courbevoie et Boulogne, le Centre est déterminé d'après la classification suivant les emplois qui fait émerger un ensemble fonctionnellement homogène et différent des autres pôles. Ce découpage traduit l'extension du centre vers l'ouest.

Cœur : la Couronne et Paris intra-muros constituent le Cœur de la RUP

Couronne : un ensemble de communes non parisiennes est dans un premier temps inclus dans le pôle de Paris. Elles seront ensuite ventilées entre les différents pôles internes (Courbevoie-St Denis, Montreuil, Ivry, Massy, Plessis, Boulogne) ou seront versées dans l'ensemble composé des communes appartenant au pôle de Paris sans appartenir à aucun pôle interne (Paris-Agglo). Les communes de tous ces pôles composent la Couronne.

Desserrement : le desserrement caractérise de manière générale le redéploiement de l’emploi depuis le centre ville vers l’extérieur, qu’il se fasse par diffusion, étalement ou polarisation périphérique.

Diffusion : on appelle diffusion le fait que l'emploi 'parisien' déborde du périphérique pour croître en proche banlieue, comme si le périphérique desserrait son étau. Cela se traduit par une diminution de l’emploi à Paris et une augmentation dans la Couronne.

Etalement : l'étalement caractérise le fait que l'emploi croisse dans des communes qui ne sont pas à l'intérieur d'un pôle. Les pôles étant définis sur la base de niveaux de concentration, si l'emploi croît en dehors de ceux-ci, cela signifie qu'il croît dans des zones de faible densité et donc qu'il s'étale.

Polarisation : la polarisation, c’est le processus par lequel des flux convergents de biens ou de personnes contribuent à concentrer en un lieu des activités spécifiques. Par extension, cela nous permet de définir également un pôle comme un lieu caractérisé par une forte concentration d’hommes ou d’activités spécialisées vers lequel de nombreux flux convergent. Un espace polarisé, c’est donc à la fois un espace parcouru par des flux polarisés et un espace contenant des pôles.

Multipolaire : un espace sera considéré comme multipolaire si les pôles qui le composent ne sont pas juxtaposés mais partagent les mêmes bassins et échangent des populations ou des établissements. Les communes qui sont situées dans cet espace sont généralement

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multipolarisées, c’est à dire qu’elles relèvent de l’influence d eplusieurs pôles. Dans le cas contraire, l'espace sera dit polynucléaire.

Polynucléaire : un espace doté de pôles est polynucléaire si les pôles et leurs bassins sont juxtaposés sans qu'il n'y ait de trace d'échanges significative entre eux (migrations alternantes, transferts d’établissments, communications…). Si les villes avant-postes n'échangeaient pas entre elles et avec Paris, elles pourraient constituer un cas d'école d'espace polynucléaire puisque (par exemple) leurs bassins d'emplois sont contigus mais ne se chevauchent jamais à la différence de ce qui se passe plus au centre de la RUP.

Région parisienne : il s'agit de l'ensemble des zones d'emplois dont au moins 10% de la population va travailler dans Paris intra-muros (cf. définition européenne des régions urbaines fonctionnelles). La capitale n'étant pas implantée au centre géométrique de la région francilienne, la région parisienne s'étend à toute l'Ile-de-France sauf Nemours, Montereau-Fault-Yonne et Provins mais englobe le Sud Oise.

Région Urbaine de Paris : la RUP (Région Urbaine de Paris) est donc définie comme l’ensemble des zones d’emploi envoyant au moins 10% de leur population active travailler à Paris (Région parisienne) ou au moins 10% de leur population travailler dans la Région parisienne. La RUP est donc composée de toutes les zones d’emplois d’Ile-de-France et de la première couronne de zones d’emplois l’entourant1. Ville avant-poste : L'aire urbaine de Paris butte aujourd'hui sur les aires urbaines de villes d'une centaine de milliers d'habitants situées entre 70 et 90km de Paris à vol d'oiseau. Les relations entre ces villes et la capitale s'intensifient de plus en plus et leur structure économique évolue Gilli 2003). Constituant une ceinture au-delà de la couronne de forêts l'ensemble composé de Chartres, Dreux, Evreux, Vernon, Beauvais, Compiègne, Château-Thierry, Sens, Montargis, voire Provins ou Pithiviers présente des caractéristiques géographiques qui les rapprochent et mériteraient d'ailleurs d'être approfondies.

1 Ce contour est identique à celui défini dans le travail réalisé par la Miiat Bassin Parisien (Gilli, 2002).

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INTRODUCTION

De Londres a New York, les grandes capitales du monde industriel ont pensé leur espace central en relation directe avec l’espace régional dès le début du XXeme siècle. New York dispose ainsi d'une Regional Planning Association depuis 1922 et le plan d’aménagement de New York 1929-1931 prend en considération une région débordant très largement l’empreinte physique de la ville (Stern et alii, 1995). Paris ne fait pas totalement exception à ce mouvement puisque la vision régionale est régulièrement affirmée depuis la seconde guerre mondiale. Si le desserrement des hommes et des activités s’était déjà amorcé légèrement avant, la régionalisation de la métropole parisienne s’inscrit physiquement dans le paysage à partir de 1975, au moment où commence la périurbanisation.

L'apparition de régions urbaines se généralise en Europe dans les années 1970

Historiquement, la régionalisation des espaces urbains est d’abord américaine. Elle se traduit par un étalement des résidences et un éclatement partiel des centres d’emplois, l’unité de l’agglomération venant d’une utilisation intensive de la voiture et des divers moyens de transport en commun. Le caractère nouveau et massif du phénomène a conduit de nombreux chercheurs à ériger Los Angeles en nouveau paradigme appelé à jouer pour les villes de l’après seconde guerre mondiale le rôle que Chicago jouait dans les années 1930 (Oatley, 2000). Au dernier recensement américain, 18 des 26 plus grandes agglomérations étaient composées de plusieurs aires métropolitaines2. Cependant, les particularismes locaux comme les effets d’hystérésis et surtout les dynamiques spatiales profondément différentes d’un continent à un autre font que Los Angeles reste aujourd’hui un cas à part, extrême, dans le paysage des grandes villes (Dear, 1995). L’opposition des quartiers ouvriers et cadres (Tabard, 1993, Préteceille, 1995, Rhein, 1994) a Paris, ou encore l’organisation radio-concentrique de la capitale en fonction des classes d’âge (Baccaïni, 1996, 1997b) est là pour démontrer la persistance des ‘vieux’ schémas. La périurbanisation, phénomène majeur de la vie des agglomérations depuis la seconde guerre mondiale, s’est ainsi très souvent traduite par l’étalement des centres selon les mêmes modèles radiaux et sectorisés que ceux de la ville dense. Seuls la densité du logement et le poids du centre évoluent radicalement. Typique des années 1950 et 1960 aux Etats-Unis, le phénomène se généralise au milieu des années 1970 en Europe. En France, le recensement de 1975 traduit ainsi un tournant (Le Jeannic, 1996a, 1997). La capitale illustre parfaitement cette dynamique (Beaucire et Burgel, 1992, Baccaïni, 1997a). Les causes les plus couramment admises sont le besoin d’espaces verts, les bas coûts du sol et de la construction et les politiques facilitant l’accession à la propriété individuelle, tous trois associés à une accessibilité accrue par le développement des transports et la modularité offerte par la généralisation de la voiture (Dupuy et Bost, 2000).

La périurbanisation des emplois

Jusqu’aux années 1980, la périurbanisation concernait essentiellement la population. Mais depuis, les emplois quittent eux-aussi les centres-villes pour la périphérie (Glaeser et Kahn, 2003, Mieskowski et Mills, 1993). Ce phénomène n’intéresse donc plus seulement la proche banlieue

2 On trouve 18 CMSA (Consolidated Metropolitan Statistical Areas) et seulement 8 MSA (Metropolitan Statistical

Areas) dans les 26 premières aires métropolitaines, et les dix premières unités sont des CMSA.

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des grandes villes. La dilatation de la zone dense centrale s’inscrit en effet dans une logique de très long terme, celle qui conduit une ville dynamique à croître et à intégrer progressivement sa banlieue sinon politiquement du moins économiquement. C’est cette logique qui a conduit Paris à repousser de plus en plus loin ses murailles, à absorber petit a petit les villages situés à proximité immédiate qui sont aujourd'hui partie intégrante des vingt arrondissements de la capitale et à franchir aujourd’hui le périphérique. La nouveauté du phénomène périurbain tient aux sauts que font parfois les emplois pour s’implanter directement en lointaine banlieue. Dans la très grande majorité des métropoles occidentales, le poids de la périphérie dans l’emploi d’une aire métropolitaine est ainsi de plus en plus élevé (Glaeser et Kahn, 2003). Ici encore, le prix plus faible du sol et l’accessibilité plus grande interviennent comme élément explicatif (Jayet et Wim, 1996). La densification des espaces à proximité immédiate du centre rend ceux-ci de moins en moins rentables pour des entreprises consommant de grands espaces, comme les usines, les entrepôts ou les grands complexes industriels (raffineries, ports, etc.). Ceci peut éventuellement se traduire par le développement d’entreprises multi-établissements, les choix de localisation de chacun étant rationalisés de manière à minimiser les coûts fonciers, les coûts de déplacement et les coûts d’accès à l’information (Fujita et Ota, 1993). Dans le même temps, l’économie des grandes métropoles mondiales est devenue très majoritairement tertiaire, ce qui modifie profondément la nature des besoins des acteurs économiques. Le développement de stratégies de localisations basées sur des logiques informationnelles a ainsi été anticipé dès le début des années 1980 (Imai, 1982, Corsani et alii, 1996). Ces tendances renforcent le poids des externalités urbaines dans les décisions de localisation (Jacobs, 1961) et donc le poids des métropoles (Duranton et Puga, 2002). Mais au sein de celles-ci, les logiques sectorielles se renforcent également (Combes, 2000). Ces deux logiques mêlées contribuent à l’affirmation de logiques centre-périphérie au sein des villes mais relativisent la nécessaire unicité du centre : des centres différents peuvent apparaître pour chacun des secteurs, répondant aux besoins spécifiques de chaque activité. L’éloignement progressif des ménages et leur concentration dans certaines parties de l’aire métropolitaine va également modifier les choix de localisation des entreprises : la périurbanisation est dorénavant une donnée plus qu’une dynamique au sens incertain. Les causes de la périurbanisation des emplois peuvent donc être multiples (Steinnes, 1982), mais la dynamique est indéniable. Les modalités diffèrent cependant en fonction de l’organisation spatiale préexistante dans la région urbaine considérée.

La multipolarisation des espaces productifs

Au sein de la floraison de qualificatifs forgés pour appréhender les nouvelles formes urbaines (Oatley, 2001), la figure de la multipolarisation revient souvent suggérant que l’emploi ne s’étale pas de la même manière que la population, mais aurait plutôt tendance à s’agglomérer. Apparaissent ainsi les termes de Edge-cities (Garreau, 1991), de technoburb (Fishman, 1987) ou de Outer city (Hartshorne et Muller, 1989). « Technopole est le terme d’usage dans la littérature française. (…) Chez d’autres auteurs, on trouve urban village, suburban downtowns, suburban

activities centers, major diversified centers, galactic city, pepperoni-pizza cities, a city of realms,

superurbia, disurb, service cities, perimeter cities, peripheral centers, megacities, metropolex,

postsuburbia, technopolis ou encore heteropolis » (Oatley, 2001). Un retour sur la notion de polarisation semble avant tout nécessaire. Cela devrait permettre de caractériser ensuite avec précision les observations faites à propos de la région urbaine de Paris.

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La polarisation, c’est le processus par lequel des flux convergents de biens ou de personnes contribuent à concentrer en un lieu des activités spécifiques. Par extension, cela nous permet de définir également un pôle comme un lieu caractérisé par une forte concentration d’hommes ou d’activités spécialisées vers lequel de nombreux flux convergent. Un espace polarisé, c’est donc à la fois un espace parcouru par des flux polarisés et un espace contenant des pôles. La spécialisation peut dans l’absolu aussi bien être une spécialisation du système productif (spécialisation du système productif sur une partie des activités) qu’une spécialisation urbaine (emploi ou habitat). Comme on ne considèrera que la répartition des emplois dans la région urbaine, on appellera ‘spécialisation’ la spécialisation productive et ‘concentration’ la spécialisation urbaine. L’articulation théorique de ces deux notions est d’autant plus difficile que les grandes régions urbaines posent des problèmes d’échelles : sont-elles des régions ou des villes ? Les pôles internes sont-ils des quartiers d’une ville ou des villes secondaires d’une région ? Suivant une logique économique ‘Christallérienne’ pensée dans un cadre régional et non urbain (Fujita, Krugman et Mori, 1999, Duranton et Puga, 2002), un pôle économique est censé contenir un large éventail d’activités et d’emplois puisqu’il se développe sur la base d’une aire de chalandise située en dehors de l’aire d’influence directe du pôle principal. Tous les services et les produits pour lesquels le recours au pôle central est trop onéreux trouvent localement une base pour leur développement. Cette perspective conduit à une géographie de la demande qui est totalement cohérente avec les dynamiques que l’on peut observer au sein des villes, mais qui ne correspond pas aux logiques de localisation des industries ou services aux entreprises (le cœur d’activité dans une théorie de la base industrielle…). La littérature sur les chaînes de valeur a ainsi montré que les industries étaient insérées dans des systèmes productifs qui dépassent largement le cadre d’un espace régional. Dès lors, la localisation d’une entreprise non dédiée aux biens finals ne dépendra plus d’une aire de chalandise indexée sur la densité de population. A l’échelle d’une région, cette spécificité des choix de localisation est noyée dans l’ensemble des activités ‘christalleriennes’, les aires de chalandises concordant alors avec les bassins d’emploi. Mais lorsque l’on pénètre dans l’organisation beaucoup plus complexe d’une région urbaine, les aires de chalandises ne correspondent plus nécessairement avec les bassins d’emplois : les contraintes différentes pesant sur ces activités poussent ainsi à une spécialisation des espaces (Fujita et Ota, 1993). Suivant ce mécanisme, les pôles industriels intra-urbains ont donc de très grandes chances d’être plus fortement spécialisés, même ceux de taille importante. Dans un espace métropolitain, la périurbanisation des emplois aura la forme d’un étalement si l’emploi dans les espaces interstitiels croît de la même manière que l’emploi des pôles. Si par contre l’emploi des pôles augmente plus vite ou si de nouveaux pôles apparaissent, la périurbanisation sera polarisée. Les migrations induites par cette concentration permettent ensuite d’insérer ces pôles dans leur contexte régional. Il reste alors à caractériser plus finement les dynamiques de concentration. Si une région compte plusieurs pôles d’emplois, ceux-ci pourront être autant de reproductions miniatures de l’emploi régional ou, au contraire, être industriellement spécialisés (Fujita et Thisse, 1997, 2002), constituant une géographie régionale où chaque pôle a une activité dominante identifiée et chaque activité est concentrée dans un unique pôle (à la manière de ce que Scott (1990) observe à Los Angeles).

Le cas de la Région Urbaine de Paris

S’interroger sur l’évolution récente de l’emploi francilien depuis le début des années 1970, cela revient donc à se demander comment la région capitale s’organise et se réorganise au cœur de ces

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nouvelles dynamiques. En l’occurrence, l’évolution des emplois de la Région Urbaine de Paris3 traduit-elle une stabilité, une simple dilatation du centre ou bien un desserrement plus prononcé, et ce dernier se traduit-il par l’apparition de pôles en périphérie ? L’agglomération de Paris est historiquement caractérisée par sa grande densité et sa compacité. La banlieue parisienne représente 67% dans la population de l’aire urbaine de Paris contre à peine plus de 20% dans les autres aires urbaines du bassin parisien. Avant d’être périurbaine, l’agglomération parisienne est donc banlieusarde. Néanmoins, tant du fait de l’importance de la croissance de l’aire urbaine que de l’ampleur de la surface couverte (Julien, 2000) ou de la nouveauté du phénomène, la tâche d’huile a été très tôt évoquée pour caractériser un étalement qui semblait massif et peu structuré (Marchand, 1989, Le Jeannic, 1997). Cet étalement a depuis été mesuré, quantifié et qualifié (Julien, 2001, Le Jeannic, 1996b, Hassan, 2001). Pour autant, il existe encore peu de travaux sur l’évolution non de la population mais des emplois (Damette et Beckouche, 1997, Beckouche, 1999). Les analyses dynamique de leur localisation sont encore plus rares : de nombreuses études consacrées à la structure de l’emploi ont cherché à repérer des « pôles économiques », mais aucune (sauf une partie du travail de Damette et Beckouche 1997) ne s’est penchée sur la question de savoir comment ces espaces productifs évoluaient et quelle était leur place dans le système de l’emploi francilien. Pour répondre à cette interrogation, nous étudierons l’évolution de la géographie de l’emploi dans la RUP en nous concentrant plus particulièrement sur la localisation et le contour des pôles d’emplois. Ceux-ci délimités, nous pourrons répondre à une première question : l’emploi s’est-il simplement desserré autour de la capitale, ou la RUP a-t-elle connu un véritable phénomène de périurbanisation des emplois, en précisant ses caractéristiques ? Au-delà de la répartition spatiale des emplois, la polarisation d’un espace économique dépend de la répartition spatiale des activités. Il est fondamental d’étudier les activités présentes dans les différents pôles observés. Les activités ont en effet très profondément évolué tant dans la Région Urbaine de Paris qu’en France au cours de ces vingt-cinq ans et ce n’est véritablement qu’après cette analyse que la mesure des changements éventuels survenus dans la géographie de la RUP peut être prise. Dans tous les cas, il faut analyser l’espace résultant de cette nouvelle dynamique. L’étude des bassins d’emploi (et plus marginalement des bassins de recrutement) construits autour de ces pôles d’emplois devrait le permettre. La typologie héritée nous donnera un premier aperçu de l’insertion des pôles dans l’espace régional. Cette approche « population » sera ensuite complétée en mobilisant les ressources sur les déplacements d’établissements. S’il y a eu un desserrement des activités, cela a pu correspondre au décès de beaucoup d’entreprises du centre et a la création de nombreuses entreprises en banlieue. Plus vraisemblablement, ce desserrement a du aussi se traduire par le départ d’entreprises du centre vers la périphérie. Il faudra donc chiffrer cet apport et l’analyser plus précisément.

3 Il a paru nécessaire de s’affranchir des contraintes administratives pour étudier le développement de la région

parisienne. La RUP (Région Urbaine de Paris) est donc définie comme l’ensemble des zones d’emploi envoyant au

moins 10% de leur population active travailler à Paris (intra-muros) ou au moins 10% de leur population travailler

dans l’ensemble constitué par Paris et cette première couronne, qui correspond à peu près à l’Aire Urbaine de Paris

(Ile-de-France privée des zones d’emplois de Montereau-Fault-Yonne, Provins et Nemours, et augmentée de la zone

picarde de Sud Oise, voir Carte p11). Si l’emploi de cet ensemble est concentré à Paris, c’est à dire si

l’agglomération est totalement monocentrique, alors la deuxième couronne correspondra exactement à la première.

Dans le cas de la capitale, la deuxième définition inclut une couronne de zones d’emplois supplémentaires. La RUP

est donc composée de toutes les zones d’emplois d’Ile-de-France et de la première couronne de zones d’emplois

l’entourant (Gilli, 2002).

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L’EMERGENCE D’UNE REGION URBAINE : DESSERREMENT

CONTRASTE

Il y a trois façons d’aborder le concept de région (Thisse, 1997) : - On peut tout d’abord considérer que la région est définie sur la base de l’homogénéité des personnes, des activités et des paysages. C’est sur cette base qu’étaient construites les monographies régionales dans les thèses de géographie du début du vingtième siècle. - On peut ensuite considérer la région administrative. Généralement découpée pour répondre à un souci historique et politique autant que de bonne gestion, elle est nécessairement issue d’un compromis. Elle peut correspondre, d’un strict point de vue économique, à la zone sur laquelle la base d’imposition est la plus pertinente pour un grand nombre d’interventions visant à fournir des biens publics. Mais, déjà, cette définition flirte avec la troisième approche qui est celle retenue ici. - On peut en effet considérer qu’une région est avant tout un espace dans lequel les gens vivent et échangent. Cette approche fonctionnelle de l’espace pose évidemment d’important problèmes lorsque l’on essaie de l’appliquer à un cadre administratif. Par définition, elle est évolutive alors que les cadres sont stables. Dans le cas de l’Ile de France, la question des frontières se pose d’autant plus que les statuts dérogatoires propres à la région centrale sont légion. Le choix de s’affranchir des frontières administratives correspond à la volonté de considérer le desserrement de l’emploi francilien dans un cadre de réflexion pertinent. En son sein, des problématiques locales pourront ensuite éventuellement trouver à se positionner dès lors que les interactions qui existent du fait de l’appartenance à un même espace fonctionnel auront été évaluées. Un précédent travail sur le Bassin parisien avait ainsi permis de constater la convergence de tout un ensemble de zones d’emplois entourant l’Ile de France vers un profil spécifique (Gilli, 2002). Ces zones étaient de moins en moins tournées vers leur région ; elles dépendaient fortement de leur lien à Paris mais ne s’intégraient pas à la région parisienne de la même manière que les pôles immédiatement en bordure de l’agglomération. Ces franges externes correspondent à l’ensemble des zones qui envoient plus de 10% de leur population travailler non par à Paris intra-muros mais dans la région urbaine fonctionnelle de Paris (l’ensemble des zones d’emplois dont plus de 10% de la population va travailler à Paris).

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La zone considérée et au sein de laquelle l’étude s’inscrit déborde l’Ile-de-France et empiète sur les régions voisines, la Bourgogne, le Centre, la Haute-Normandie4, la Picardie et la Champagne-Ardennes (la zone d’emploi du Sud-Ouest Champenois, étant à la limite du seuil des 10% et en forte évolution, a été conservée).

Etudier le desserrement, c’est nécessairement développer une approche dynamique. C’est à l’évolution que nous allons nous intéresser principalement, même s’il est nécessaire pour cela de caractériser très précisément les états aux différents moments considérés. Pour commencer, il est nécessaire de présenter les grandes évolutions de la géographie de l’emploi dans la Région Urbaine de Paris entre 1975, date à laquelle les limites tracées en 1999 sont encore trop grandes, et 1999.

4 La présence de la zone d’emploi du Pays-de-Bray dans le contour est en partie discutable. La retenir sans retenir les

zones de Chauny-Tergnier-La Fère, de Joigny, voire de Nogent le Rotrou ou de Mortagne-au-Perche, ou même

d’Orléans peut sembler partial dans la mesure où ces zones, en dépit de leurs différences, se trouvent dans une

position similaire vis-à-vis de Paris (Orléans éventuellement mise à part). Elle a finalement été conservée par

commodité et soucis de continuité avec les études précédemment réalisées. Il faut rappeler en outre la faible

importance relative de la zone.

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Déconcentration spatiale des emplois et croissance

En 1975, les villes nouvelles ont commencé à sortir de terre et la première grande vague de périurbanisation va avoir lieu au cours de la période intercensitaire suivante.

Evolution de l’emploi dans la RUP de 1975 à 1999 : croissance et ralentissement Evolution Evolution

Année Effectif

(RP comp.) en V. abs. En %

Effectif (CSP 2 à 6) en V. abs. En %

1975 5 288 450 - - 5 233 849 - -

1982 5 308 589 20 139 0,4% 5 283 732 49 883 1,0%

1990 5 718 439 409 850 7,7% 5 531 793 248 061 4,7%

1999 5 781 054 62 615 1,1% 5 551 208 19 415 0,4% Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Deux dates d’origine sont donc possibles pour évaluer le desserrement des emplois dans la région parisienne. Si l’on retient 1968, on disposera d’une image de la région avant le début de l’étalement. Si l’on retient 1975, ce ne sera pas l’état originel, mais une image de l’état initial de la région au moment où l’étalement va véritablement commencer. Si le développement des pôles avait été totalement endogène de 1968 à 1975, la première date se serait imposée. Mais comme ils résultent d’un choix de politique publique, 1975-1982 marque la véritable inflexion dans les dynamiques spatiales plutôt que 1968-1975. De plus, le changement de nomenclature de 1973 renforce pour de simples raisons de commodité la pertinence du choix de 1975. La carte de 1968 a tout de même été insérée dans ce paragraphe préliminaire.

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975 et 1999

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Apparition, affirmation de pôles en dehors de Paris et desserrement de l’emploi

Au cours de la période qui s’étend de 1968 à 1999, la croissance de l’emploi dans les communes périphériques est évidente sur les différentes cartes de la RUP5. Alors qu’en 1968 seules les deux premières couronnes de communes autour de la capitale dépassent les 5 000 emplois par commune, la quasi-totalité de l’agglomération parisienne est au-dessus de ce seuil en 1999 et les communes des premières couronnes oscillent autour de la barre des 17 000 emplois. Dans le même temps, en dehors des villes avant-postes de 1999 (Chartres, Dreux, Evreux, Beauvais, etc.) et de quelques pôles historiques situés dans les franges lointaines de l’agglomération parisienne (Creil, Meaux, Rambouillet,…), aucune commune ne se détache dans le périurbain en 1968. Dès 1975 des groupes de quelques communes ou des communes isolées ont accumulé suffisamment d’emploi pour se distinguer régionalement. En 1999, on observe tout autour de l’agglomération à plus de vingt kilomètres de Paris des groupes de communes dépassant 17 000 emplois. Ces groupes, de manière assez peu surprenante, correspondent sensiblement aux communes touchées par les grandes opérations d’urbanisme du dernier quart de siècle : Villes nouvelles, aéroports et cités scientifiques y apparaissent. La zone dense est au contact des pôles historiques proches (Versailles) ou plus lointains (Meaux, Fontainebleau, Vallée de la Seine, Vallée de l'Oise), reliés au Coeur par un ruban de communes comptant beaucoup d’emploi, tandis que les villes avant-postes ont apparemment peu évolué sur la période 1968-1999.

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

5 Comme on cherche à mettre en évidence des concentrations locales, le choix de représentation est délicat :

l’adoption de valeur absolues nécessiterait des cartes à pastilles, mais l’importance des emplois au centre est telle

qu’il faudrait trois échelles différentes à chaque période. Le choix de la carte en plage s’impose donc par défaut. Ce

faisant, il serait cohérent d’utiliser des densités et non des valeurs absolues : la commune de Fontainebleau apparaît

comme un énorme pôle alors qu’elle n’est pas plus importante qu’une autre. Le problème est que l’adoption de

densités alors même que les tailles des communes sont très différentes entre le centre (où la totalité de la commune

est couverte) et la périphérie (ou une grande partie de la commune est inoccupée) crée un biais. Des cartes de

densités lissées autour du chef-lieu permettent de lire les variations locales de la densité et non des valeurs absolues.

Des cartes en plage, à partir desquelles les lissages ont été effectués figurent en annexe.

15

Page 15: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

16

Page 16: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

17

Page 17: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

L’étalement ne se fait cependant pas au hasard puisque certaines communes de banlieue atteignent en 1999 des tailles importantes alors que d’autres restent de taille plus modeste à une distance pourtant équivalente du centre. La répartition fait donc apparaître des pôles en périphérie de l’agglomération.

Graphiques - L'emploi par communes en fonction de la distance à Paris6

Répartition des emplois autour de paris en 1999

0

50000

100000

150000

0 50 100 150 200

Distance à Paris (km)

Nombre d'emplois

RP99

Ajustement linéaire

Polynomial (degré 3)

Polynomial (degré 5)

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Répartition des emplois communaux en fonction de la

distance à Paris en 1999 (tranches de 4km)

0

20000

40000

60000

80000

100000

120000

140000

160000

0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52 56 60 64 68 72 76 80 84

Distance à Paris (km)

Nombre d'emplois

quartile (0,75)

Décile (0,9)

Centile (0,95)

moyenne

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Ce ne sont en effet que quelques communes qui sont concernées dans la mesure où la distribution du quartile supérieur des communes ayant le plus d’emplois à une distance donnée du centre

6Ajustement linéaire: R2 = 0,098; Nombre d'emplois = y = -70,686x + 7177

Polynomial de degré 3: R2 = 0,374; y = -0,0471x3 + 13,346x2 - 1152,6x + 29819

Polynomial de degré 5: R2 = 0,567; y = -2.10-5 x5 + 0,008x4 - 1,42x3 + 115x2 - 4229x + 55905

18

Page 18: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

19

diffère relativement peu de la moyenne. Par contre, le passage au décile fait apparaître une stabilisation de la pente entre 8 et 16 kilomètres du centre. L’adoption du centile 0,95 comme seuil fait d’ailleurs apparaître un pic important entre 8 et 12 kilomètres de Paris dont l’influence sur la distribution se fait encore sentir entre 12 et 16 kilomètres. En 1999, la région semble donc polycentrique, une couronne de communes située à une quinzaine de kilomètres de la capitale faisant apparaître des niveaux d’emplois très important par rapport à ceux qu’ils seraient dans le cadre d’une région monocentrique dont l’unique centre serait Paris. Ceci est clairement le fruit d’une évolution et non d’une structure héritée, comme le montre la différence entre l’état observé en 1968, voire en 1975 et l’état d’arrivé. Cette évolution peut se décomposer sur plusieurs périodes, et on y voit différentes phases du desserrement parisien

Une croissance agglomérée et polarisée bénéficiant à la périphérie

Entre 1975 et 1999, l’évolution communale moyenne de l’emploi au lieu de travail sur les 3373 communes de la zone est de 147 emplois. L’écart type est important (plus de 2000 emplois), mais cela est dû à d’importantes valeurs extrêmes. Si l’on exclut du calcul les 22 communes qui dépassent la moyenne de deux écarts-types par valeur supérieure et les 12 qui sont sous ce seuil, l’écart type retombe à 665 emplois. C’est ce seuil qui sera d’ailleurs retenu dans les représentations cartographiques de l’évolution pour les deux périodes, à la fois 1982-1999 et 1968-1982. Sur l’ensemble de la période, la tendance générale observée est une diminution de l’emploi au centre (sauf les arrondissements de l’est parisien) et une croissance générale tout autour dans l’agglomération. Dès que l’on quitte celle-ci, l’évolution reste positive mais devient inférieure à la moyenne et ce n’est que lorsque l’on s’éloigne suffisamment des villes avant-postes dans les franges externes (couronne de zones d’emplois entourant l’Ile de France) que la croissance devient négative. Mais cette tendance est le fruit d’évolutions chaotiques entre les différentes périodes. De 1975 à 1982, la décroissance au centre est forte. Elle est compensée par une croissance importante de toutes les communes de l’agglomération en particulier des communes inscrites dans les grands programmes d’aménagement qui croissent plus encore. Les profils communaux sont très variés en dehors de l’agglomération. De 1982 à 1990, seules quelques communes situées en première couronne et dans le cœur de Paris décroissent. La croissance est très forte dans tous les autres arrondissements parisiens, dans la première couronne et dans les pôles de l’agglomération identifiés précédemment. Tout autour de l’agglomération, l’emploi croît faiblement et de manière anarchique, seules les communes les plus éloignées de la capitale voyant leur emploi diminuer pendant la décennie. La dernière période présente, elle, des profils très contrastés. Les pôles continuent à croître, cependant de nombreuses communes de l’agglomération commencent, elles, à décroître. Les pertes enregistrées n’atteignent pas les niveaux enregistrés dans plusieurs communes de la première couronne et du centre, mais cela n’est dû qu’à des différences de stocks : relativement à l’emploi local, les pertes sont importantes. Par contre, une couronne de communes en croissance apparaît au-delà des limites antérieures de l’agglomération : alors que les pôles encerclaient les communes en croissance au cours des périodes précédentes, ils sont au cœur de la couronne de croissance lors de la dernière période intercensitaire. Il y a donc non seulement desserrement des emplois mais aussi desserrement de la croissance.

Page 19: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

On observe donc une différenciation prononcée des communes lorsque l’on considère leur différentiel de croissance entre les deux périodes : de nombreuses communes de l’agglomération parisienne qui ont crû pendant la première période se sont ensuite beaucoup moins développées, voire ont vu leur emploi diminuer, alors que d’autres ayant suivi le même profil entre 1975 et 1990 accueillaient un nombre croissant d’emplois entre 1990 et 1999. S’il y a bien eu étalement des emplois (et de la population - Atlas des franciliens, 2000, 2001, 2002), les premières cartes (ainsi que le graphique ci-après) en témoignent, cet étalement ne s’est donc pas fait de manière uniforme dans le temps ni dans l’espace.

Evolution communale entre 1975 et 1999

en fonction de la distance à Paris

-40000

-30000

-20000

-10000

0

10000

20000

30000

40000

0 20 40 60 80 100 120 140

Nombre d'emplois

Distance à Paris

(km)

evolution 1975-1999

Ajustement polynomial (degré 5)

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Ce graphique représente chaque commune de la RUP par un point avec en ordonnée le nombre d'emplois gagnés ou

perdus par chaque commune entre 1975 et 1999 et en abscisse la distance à Paris (les arrondissements parisiens sont

comptés à 0km).

Evolution des emplois communaux en fonction de la

distance à Paris entre 1975 et 1999 (tranches de 4km)

-20000

-15000

-10000

-5000

0

5000

10000

15000

0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52 56 60 64 68 72 76 80 84

Distance à Paris (km)

Nombre d'emplois

quartile (0,75) Décile (0,9)

Centile (0,95) moyenne

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

20

Page 20: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Ce graphique représente pour chaque tranche de 4 km la valeur observée pour le quantile (25%, 10% et 5%) des

communes qui ont le plus cru entre 1975 et 1999, ainsi que l'évolution communale moyenne sur la tranche. Plus le

quantile est élevé plus les valeurs extrêmes de la tranche sont révélées.

L’évolution des emplois communaux en fonction de la distance à Paris fait ainsi apparaître une croissance moyenne au-delà du huitième kilomètre qui atteint son maximum entre les douzième et seizième kilomètres puis entre les vingt-quatrième et vingt-huitième kilomètres. La caractérisation plus fine de la distribution des évolutions communales confirme d’ailleurs ce constat. Elle permet en outre de préciser l’analyse. Alors que le maximum de la distribution du quartile supérieur est atteint entre 8 et 12 kilomètres, le maximum du décile est atteint entre les kilomètres 24 et 28. Un plus grand nombre de communes croît ainsi modérément à proximité de Paris tandis qu’un nombre plus restreint de communes plus éloignées croissent plus. A la fois la diffusion des emplois de la capitale (qui diminue fortement sur la période) sur les communes voisines et le développement de quelques communes de lointaine banlieue (il s'agit essentiellement de communes situées dans les périmètres des villes nouvelles, mais pas uniquement) sont ainsi bien caractérisés.

Polarisation: Evolution 1975-1999 du décile supérieur

(calculé par tranches de 4km en fonction de la distance à Paris)

-50000

-40000

-30000

-20000

-10000

0

10000

0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52 56 60 64 68 72 76 80 84

distance à Paris

Nombre d'emplois

évolution du décile

supérieur

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Ce graphique représente pour chaque tranche de 4 km la variation de la valeur observée entre les 10% de communes

les plus importantes en 1975 et celles de 1999 (en nombre d’emplois). A la différence du graphique précédent, les

données représentées ne concernent pas l'évolution de l’emploi de commune par commune mais seulement celle de

la répartition de cette population. Une baisse cela signifiera que la population active de la commune telle que 90%

des communes de la tranche ont une population active moins importante en 1999 sera plus faible que celle observée

en 1975 dans la commune telle que 90% des communes de la tranche avaient une population active inférieure à la

sienne en 1975.

Si l’on considère non plus la distribution des évolutions par commune mais l'évolution de la distribution des communes, les résultats obtenus sont légèrement différents. La première analyse met plus l'accent sur les évolutions tandis que la seconde synthétise l'effet de ces évolutions sur les stocks en fin de période. L’évolution du décile supérieur entre 1975 et 1999, qui correspond à cette dernière approche met clairement en évidence que l’effet du desserrement a plus pesé sur la toute première couronne, c’est à dire les communes situées entre 4 et 8 kilomètres de la capitale.

21

Page 21: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

L’évolution de ce décile met également bien en évidence l’étalement lointain de l’emploi sur la période : l’augmentation moyenne de l’emploi dans les communes les plus importantes est identique en volume que l’on se situe entre 12 et 16 kilomètres ou entre 40 et 44 kilomètres !

Déconcentration spatiale des emplois importante

Afin de caractériser la concentration des emplois dans les communes, on calcule un indice de

concentration sur la base des indices de Herfindahl. Cet indice Hi calculé pour le secteur i dont

l'emploi est xi s'écrit ∑=

=

nk i

ki

i

x

xH

,1

2

,, k indexant les communes. Si l'on veut calculer l'indice sur

un périmètre économique différent, par exemple l'ensemble de l'emploi, il suffit de calculer

,comme cela est fait ci-dessous, la part d'une commune k non plus dans le secteur i mais dans

l'économie, disons I. L'indice HI s'écrira ∑=

=

nk I

kI

I

x

xH

,1

2

,.

Plus l’indice est élevé, plus l'emploi est concentré spatialement. Si l'on ne peut pas objectivement

interpréter la valeur observée en tant que telle, les évolutions de l'indice seront particulièrement

intéressantes.

Concentration de l’emploi au niveau des communes de la RUP aux différentes dates

Année Indice de

concentrationEvolution

1968 0,0132 -

1975 0,0102 -0,0030

1982 0,0090 -0,0012

1990 0,0081 -0,0008

1999 0,0071 -0,0010 Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Même sans entrer dans des décompositions sectorielles fines, le changement de nomenclature de 1993 empêche toute comparaison de long terme. Toutefois, l’année 1990 qui sert de pont entre les deux façons de concevoir et mesurer l’activité permet de comparer les évolutions intercensitaires. L’impact du changement de nomenclature sur les niveaux de concentration ou sur la représentation des proximités relatives des communes est important et apparaîtra comme tel tout au long de l’étude. Il est d’autant plus important qu’il affecte par divers canaux des secteurs majeurs dans la région parisienne comme l’automobile, les services aux entreprises (voir encadré 1). Sur le simple indice de concentration agrégé le changement de référentiel provoque ainsi un effet d’ampleur équivalente à celle engendrée par les changements intervenus entre 1982 et 1990. Sur l’ensemble des communes de la RUP, il y a donc une déconcentration spatiale très importante de l’emploi sur toute la période malgré un ralentissement net pendant les années 1980. Cela concorde avec ce qui ressort de la lecture des cartes d’évolution, qui traduisent l’affaiblissement du poids du centre. Paris occupant une part très importante de l’emploi de la région urbaine, la diminution massive de l’emploi central n’est pas totalement compensée par leur agglomération dans les pôles périphériques. La situation finale, bien qu’agglomérée autour de quelques points, n’est plus aussi concentrée que l’était la situation initiale. D’une part les communes dans lesquelles les emplois se sont ré-agglomérés sont plus nombreuses que les seules communes de

22

Page 22: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Paris, même augmentées d’une partie de la première couronne. D’autre part si quelques communes croissent davantage que les autres à chaque période intercensitaire, ce qui traduit l’amorce d’une polarisation, l’étalement reste important et se lit dans la croissance de l’ensemble de la couronne périurbaine. Cette évolution ne signifie cependant pas nécessairement qu’il y a eu une redistribution de l’emploi existant. D’abord, de nombreux emplois sont créés sur place et ne sont pas transférés depuis le centre. Mais surtout, les emplois de 1999 ne sont plus les mêmes que ceux de 1975 puisque l’activité de la RUP a été profondément bouleversée sur la période.

Mutation fonctionelle et sectorielle des emplois : cadres et services aux entreprises

Tertiarisation de l’économie française et positionnement relatif de l’Ile de France

Dans une étude sur l'évolution des structures productives des régions, Hecquet (2003) constate à la fois la très forte tertiarisation de l'emploi national et une trajectoire spécifique pour l'Ile-de-France: - le tertiaire représente dèsormais près de 72% des emplois en France métropolitaine. En 1975, le tertiaire représentait la majorité des emplois (51%), mais il arrivait derrière l'industrie en Franche Comté et ne dépassait les 50% que dans cinq régions. En 1999, la Franche Comté conserve toujours le taux d'emplois tertiaires le plus faible mais ces derniers représentent 62% de l'emploi régional. De plus, c'est maintenant la structure des emplois tertiaires et non plus l'emploi industriel qui contribue le plus à l'explication des différences entre région. Ces différences diminuent d'ailleurs. - l'Ile-de-France conserve cependant un profil atypique à la fois en volume et en qualité d'emplois tertiaires. L'emploi tertiaire représente ainsi 82% des emplois dans la région capitale contre 69% en moyenne dans les autres régions. L'économie francilienne est de plus en plus spécialisée dans les services marchands et l'industrie à haute valeur ajoutée. La province est, elle, beaucoup plus orientée vers les services administratifs et les services aux personnes. Les développements qui vont suivre concernent plus particulièrement les évolutions relatives des différents espaces composant la Région Urbaine de Paris. Si celle-ci dépasse les limites administratives de l'Ile-de-France, il n'en faudra pas moins tenir compte de la spécificité de cet espace à l'échelle nationale.

Services aux entreprises et cadres : une croissance ciblée

La Région Urbaine de Paris était un grand centre industriel, spécialisé dans des activités qui se sont très profondément restructurées au cours des 30 dernières années. A titre d’exemple, la Région comptait, en 1975, 169 000 emplois dans la construction mécanique (96 000 en 1990), 186 000 emplois dans l’automobile et le matériel ferroviaire (98 000 en 1990), 130 000 dans la fonderie et le travail des métaux (86 000 en 1990), 56 000 dans les caoutchouc et plastiques (37 000 en 1990), 48 000 dans la chimie de base (27 000 en 1990), 17 000 dans le travail des métaux non ferreux (10 000 en 1990) et 13 000 dans la sidérurgie (8 500 en 1990). Dans tous ces secteurs industriels traditionnels, près de 40% de ces emplois ont donc disparu sur la période. A l’image des pays occidentaux, la Région Urbaine de Paris a donc connu une très grande mutation de son emploi, celle là même qui a frappé les régions industrielles aujourd’hui encore en crise et qui a transformé le cœur industriel du Nord-Est américain en ‘rust-belt’. Sans présager l’avenir ni peindre en rose la situation actuelle, il faut noter l’impressionnante reconversion du tissu industriel francilien, spécifique de la région comme l'a montré le paragraphe précédent. Il est

23

Page 23: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

probable que si la RUP a mieux réussi sa transition que bien des régions industrielles voisines (en France ou en Europe) cela est vraisemblablement lié au poids des cadres dans son système productif et aux fonctions stratégiques qu’elle occupait dans l’ancienne organisation productive. Les grandes régions métropolitaines occidentales ont ainsi toutes suivi un chemin à peu près similaire.

Les secteurs comptant plus de 100 000 emplois dans la RUP (*secteurs de 1975 ayant disparu de la sélection en 1990)

Activité (NAP 40) Effectif en

1975 Activité (NAP 40)

Effectif en 1990

Services non marchands 936 070 Services non marchands 851 452

Bâtiment 435 177 Services aux entreprises 616 773

Services aux particuliers 404 359 Services aux particuliers 583 548

Services aux entreprises 332 856 Bâtiment 372 052

Transports 280 420 Transports 303 716

Commerce de détail non alimentaire 255 763 Commerce de gros non alimentaire 258 724

Matériel électrique et électronique 223 728 Commerce de détail non alimentaire 233 097

Commerce de gros non alimentaire 194 803 Matériel électrique et électronique 195 853

Automobile et matériel ferroviaire* 186 076 Hôtels, cafés et restaurants 194 550

Constructions mécaniques* 168 477 Banques 188 920

Hôtels, cafés et restaurants 167 564 Télécommunications 131 044

Banques 164 679 Imprimerie, Edition, Presse 117 644

Fonderie et travaux des métaux* 130 481

Commerce de détail alimentaire* 128 313

Télécommunications 125 664

Imprimerie, Edition, Presse 108 420 Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Entre 1975 et 1990, 4 des 16 secteurs dépassant 100 000 emplois en 1975 descendent en dessous de ce seuil, dont trois activités industrielles (automobile, mécanique et métallurgie). Sans sortir du champ, trois secteurs connaissent également une forte chute de leurs emplois : les Services non marchands, le Bâtiment et la fabrication de Matériel électrique et électronique. Symétriquement, si aucun nouveau secteur n’apparaît, on observe de fortes progressions, particulièrement dans les services aux entreprises et les services aux particuliers, mais aussi dans le commerce de gros non alimentaire, l’hôtellerie, ou les Banques.

24

Page 24: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Les secteurs comptant plus de 200 000 emplois dans la RUP

Activité (Nes36) Effectifs en

1990 Activité (Nes36)

Effectifs en 1999

Administrations publiques 497419 Administrations publiques 550472

Santé, action sociale 442909 Santé, action sociale 520568

Conseils et assistance 438801 Conseils et assistance 516250

Commerce de détail, réparations 360670 Education 375830

Construction 353588 Commerce de détail, réparations 345348

Education 348378 Transports 307155

Transports 294394 Services opérationnels 301690

Commerce de gros 291024 Commerce de gros 289482

Activités financières 289976 Construction 267615

Services opérationnels 238808 Activités financières 265819

Hôtels et restaurants 196894 Hôtels et restaurants 214853 Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Par comparaison, la dernière période intercensitaire est beaucoup plus stable puisque les activités les plus importantes sont les mêmes en 1999 qu’en 1990, toutes dans les services. Le poids du secteur administratif et social au sens large domine très largement l’emploi de la Région Urbaine de Paris, puisque l’Administration, l’Action Sociale et l’Education sont respectivement les premier, deuxième et quatrième employeurs de la région avec au total près de 1 450 000 emplois. Seules l’activité de Conseil dont les effectifs croissent de 80 000 emplois, passant de 440 000 à près de 520 000 salariés sur la période se glisse entre elles. La première période intercensitaire, de 1975 à 1982, est ainsi marquée par le développement de nouveaux secteurs qui vont ensuite s’affirmer tout au long de la période étudiée. Cela se traduit par un taux de corrélation entre taille et taux de croissance faible (0,17) : les secteurs les plus importants ne sont pas nécessairement ceux qui croissent le plus. Sur les vingt années suivantes, au contraire, ce sont les secteurs les plus importants qui croissent le plus, confirmant la stabilisation de l’assiette des activités. Le taux de corrélation devient d’ailleurs significativement positif entre 1982 et 1990 (0,34) et cela s’affirme au cours de la dernière décennie où le taux de corrélation égale 0,5. Tout ceci est ailleurs à placer dans le cadre d'une augmentation générale du niveau hiérarchique des fonctions.

25

Page 25: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Ventilation de l’emploi par PCS de 1975 à 1999 (1975 recodées) Evolution 1975 -1999

Catégories socio-professionnelles

Part de l’emploi en

1975

Part de l’emploi en

1982

Part de l’emploi en

1990

Part de l’emploi en

1999 En % de la

part En % des effectifs

Chefs d'entreprises, artisans

6% 7% 6% 5% -12% -7%

Cadres 11% 15% 19% 21% 86% 97%

Professions intermédiaires

19% 21% 23% 25% 33% 41%

Employés 32% 31% 29% 30% -7% -1%

Ouvriers 32% 27% 23% 19% -41% -38%

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

La RUP est en effet caractérisée par un emploi de cadres particulièrement fort, puisqu’il est près de deux fois supérieur à la moyenne nationale, et qui croît sur la dernière période. Les cadres sont ainsi 130 600 de plus en 1999 qu’en 1990 (12,6% de croissance) et 574 000 de plus qu'en 1975 (97,2% de croissance). La seule PCS à croître sur la même période, mais à un rythme légèrement moindre de 12,4%, est celle des professions intermédiaires qui gagne 155 000 emplois (412 000 entre 1975 et 1999). Les trois autres catégories d’actifs considérées sont en chute importante sur la période. Le nombre d’artisans et chefs d’entreprise diminue de 350 000 à 303 000 soit 13,5% au cours de la dernière décennie. Le nombre d’ouvriers diminue de près de 20%, passant de 1 288 000 personnes à 1 034 000 alors même que 370 000 emplois d'ouvrier avaient déjà disparu entre 1975 et 1990. La diminution du nombre d’employés est la moins lourde entre 1975 et 1999 (-1,4%) remontant même de 1 604 000 à 1 640 000 emplois entre 1990 et 1999 (soit une augmentation de 2,2%). Sa part dans l’emploi de la RUP reste donc relativement stable entre 1975 et 1999 (-2 points, soit 7%), tandis que l’on assiste à une forte diminution de la part d’ouvriers (-13 points, soit 41%), à peu près équilibrée par la croissance des professions intermédiaires (+6 points, soit 33%) et des cadres (+10 points, soit 86%). Cette évolution débouche sur une structure de population active dans laquelle les ouvriers ne représentent plus que 19% de la population active de la RUP. Réunis, les ouvriers et employés qui représentaient 64% des actifs en 1975 comptent aujourd’hui pour 49% des actifs en 1999.

Des secteurs qui restent aussi concentrés

La déconcentration spatiale des emplois, leur étalement, ne signifient cependant pas que les activités se déconcentrent toutes ni qu’elles se déconcentrent spatialement de la même manière. Selon l’évolution de la répartition des activités au sein de la RUP comme au sein de chacun des pôles, la forme du desserrement sera différente. Evoquant la gestion par une entreprise de ses implantations (ventilation des activités par établissements), Fujita et Thisse (1997, 2000) ont ainsi distingué deux types de dèsintégration spatiale des activités qui sont utiles pour appréhender la concentration spatiale des emplois dans leur ensemble. Soit la dèsintégration spatiale est horizontale, soit elle est verticale. Elle est dite ‘horizontale’ si tous les secteurs se déconcentrent. L’évolution de l’indice de Herfindahl général se lit alors dans l’évolution des indices sectoriels. Elle est dite ‘verticale’ si les différents secteurs ne se déconcentrent pas mais se délocalisent. Leurs indices restent dans ce cas stables, voire augmentent, alors que l’indice général lui décroît… Si, donc, on observe ne serait-ce qu’une stabilité des indices de concentration des secteurs les plus concentrés alors même que

26

Page 26: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

l’on a constaté une tendance forte à la déconcentration sur l’ensemble des emplois, cela signifiera que la déconcentration n’a pas été homogène pour tous les secteurs, soit que seuls certains secteurs se soient déconcentrés, soit que les secteurs se sont décentrés sans se déconcentrer. Le premier cas traduit une dèsintégration horizontale, de type ‘christallerien’. Les activités les plus concentrées, qu’elles soient traditionnelles ou nouvelles, restent agglomérées au centre, les activités moins concentrées se déconcentrent et les activités les plus déconcentrées se déconcentrent plus encore. On est dans un schéma à la Fujita-Krugman-Mori où la déconcentration de la population se traduit par une augmentation des potentiels marchands en périphérie. Cela attire des activités pour lesquelles ces zones n’étaient pas assez denses auparavant pour justifier de rendements d’échelle suffisants. Dans cette logique, il y a donc une densification normale de la périphérie en activités de plus en plus stratégiques au fur et à mesure que cette densité augmente. Ce cas est plutôt caractéristique des activités de services aux personnes qui lient directement leur localisation à l’existence d’une aire de chalandise suffisamment large calculée sur la base des densités de population et des déplacements individuels. Le second cas traduit une dèsintégration verticale, les espaces urbains se spécialisant dans différentes activités complémentaires les unes des autres. En caricaturant à l’extrême, il n’y a dans ce cas aucune déconcentration au niveau des secteurs mais des délocalisations massives. La déconcentration qui apparaît au niveau de l’ensemble de l’économie ne résulte alors que d’une modification des lieux où se fait la concentration de chacun des secteurs. On se situe plus dans le cadre du choix de localisation d’un secteur ou d’une entreprise que dans celui de l’organisation d’une ville. Pour les activités à destination des entreprises (services ou biens intermédiaires), il paraît donc plus cohérent de considérer ce type de choix de localisation. De même que le desserrement a été mis en évidence et qu’il reste à le caractériser spatialement, il ne s’agit dans cette première étape que d’observer la forme de la dèsintégration spatiale des activités. Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra aborder le desserrement francilien muni des bonnes questions : doit on rechercher une déconcentration ‘christallérienne’ dans la région urbaine ou caractériser une déconcentration spécialisée ?7

L'emploi par secteur moins déconcentré que l'emploi dans son ensemble

Alors que l’ensemble de l’emploi se déconcentre sur les deux dernières périodes de manière relativement nette (l’indice diminue de 25% à 30% entre 1975 et 1999), la tendance est moins accusée lorsque l’on considère les évolutions sectorielles, et ce d’autant plus que l’on tient compte de la déconcentration de l’emploi dans son ensemble8.

7 Si les valeurs observées pour les indices sectoriels sont par construction incomparables à celles calculées sur

l’ensemble des emplois, comparer leurs évolutions sera intéressant. 8 Comparer la concentration des secteurs aux différentes époques peut se faire dans l’absolu : on vérifiera alors si tel

secteur est plus ou moins concentré en 1990 qu’il ne l’était en 1975 ou en 1999 qu’en 1990. Toutefois, l’emploi de la

région parisienne étant d’abord passé par une phase de concentration pour entamer ensuite une déconcentration sur

les deux périodes suivantes, la dynamique d’un secteur ne pourra se comprendre pleinement qu’en relation avec celle

de la région. Pour en tenir compte, il suffit de repondérer l’indice sectoriel. On définit donc un indice corrigé qui

tient compte de l’évolution de la concentration de l’économie régionale et permet de comparer les différentes

périodes. Cet indice se construit en rapportant l’indice sectoriel Hi à l’indice observé sur l’ensemble de l’emploi HI :

I

Ii

i

H

HHG

=

1 (Ellison et Glaeser (1997), Maurel et Sédillot (1997), Houdebine (1999), Duranton et Puga (2002)).

Un secteur dont l’indice de concentration pondéré est négatif sera moins concentré géographiquement que l’emploi

27

Page 27: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Concentration de l’emploi des secteurs au niveau des communes

Ecart-type9

Indice moyen par secteur

(non pondéré)

Evolution valeur

/ à moy

Indice corrigé moyen par secteur

(non pondéré)

Evolution

1975 0,040 - 0,028 71% 0,030 -

1982 0,040 0,000 0,026 65% 0,031 0,001

1990 (nap) 0,039 -0,002 0,015 38% 0,030 -0,001

1990 (naf) 0,022 - 0,015 69% 0,013 -

1999 0,023 0,001 0,012 51% 0,016 0,002 Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

L’indice de concentration des secteurs est stable entre 1975 en 1982. Mais comme sur la même période l’ensemble des emplois tend à se déconcentrer, l’indice corrigé progresse de 3%. Cela traduirait donc une relative reconcentration, compte tenu de l'évolution générale. La légère déconcentration des dix années suivantes (4% de l’indice brut) se traduit par un retour à l’état de 1975 si l’on tient compte de l’évolution de la concentration de l’ensemble des emplois. Les deux indices se redressent même entre 1990 et 1999. Sur cette dernière période, la reconcentration sectorielle est d’autant plus marquée que les emplois dans leur ensemble voient leur concentration baisser de près de 15%. Au total, les évolutions de la concentration au niveau sectoriel sont donc très faibles sur l’ensemble de la période en dépit d’un étalement sectoriellement différencié. Ceci débouche sur une géographie moins homogène dans laquelle l'emploi par secteur apparaît légèrement moins déconcentré que l'emploi dans son ensemble. Si l’on considère les secteurs les plus concentrés, la grande stabilité des niveaux de concentration comme des secteurs est d’ailleurs frappante. Parmi les secteurs les plus concentrés en 1975, seuls celui des Télécommunications (14ème) n’apparaît plus dans les seize premiers en 1990, remplacé par le secteur des Industries de la viande et du lait (12ème) et la hiérarchie est relativement stable à l’intérieur des quatorze autres secteurs. Entre 1990 et 1999, la stabilité est également importante puisque le seul changement concerne les activités immobilières (14ème) qui remplacent les Hôtels et restaurants (15ème). Le sommet de la hiérarchie est cependant légèrement bousculé par la déconcentration inégale des différents secteurs, les activités financières étant celles qui reculent le plus alors que la construction aéronautique, navale et ferroviaire tend à se reconcentrer légèrement sur cette dernière période.

total ne l’est à ce moment là, à l’inverse un indice plus élevé signifiera que le secteur est plus concentré. De plus, un

secteur dont l’indice de concentration pondéré croît est un secteur qui tend à être plus concentré géographiquement. 9 L’écart type est calculé sur l’ensemble des secteurs sauf ceux dont l’indice est supérieur à deux fois la moyenne.

Pour 1975 et 1982, cela exclue le Charbon (0,41 et 0,47), les Assurances (0,16 et 0,14) et le Pétrole et gaz naturel

(0,1 et 0,11). Pour 1990 en Nap, il faut rajouter la Sidérurgie (0,09) aux secteurs précédents dont les indices valent

respectivement 0,46, 0,09 et 0,16. En 1990 (Naf) comme en 1999, un seul secteurs est hors du champ, la Production

de combustibles et carburants avec des indices respectivement égaux à 0,14 et 0,26.

28

Page 28: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Concentration spatiale des secteurs en 1975

0 0,04 0,08 0,12 0,16 0,2

M atériel d'équipement

Commerce de gros alimentaire

Télécommunications

M étaux non ferreux

Chimie de base et fibres synthétiques

Eau, gaz, électricité

Construction navale et aéronautique

Textile, habillement

Cuir et chaussures

Automobile et matériel ferroviaire

Verre

Banques

Sidérurgie

Pétro le et Gaz Naturel

Assurances

Charbon [ 0,41 ]

Concentration spatiale des secteurs en 1982

0 0,04 0,08 0,12 0,16 0,2

Services aux entreprises

M atériel d'équipement

Eau, gaz, électricité

M étaux non ferreux

Commerce de gros alimentaire

Construction navale et aéronautique

Textile, habillement

Cuir et chaussures

Chimie de base et fibres synthétiques

Automobile et matériel ferroviaire

Verre

Banques

Sidérurgie

Pétro le et Gaz Naturel

Assurances

Charbon [ 0,47 ]

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Concentration spatiale des secteurs 1990 (Nap)

0 0,04 0,08 0,12 0,16 0,2

Eau, gaz, électricité

M étaux non ferreux

Commerce de gros alimentaire

Chimie de base et fibres synthétiques

Industries de la viande et du lait

M atériel d'équipement

Construction navale et aéronautique

Textile, habillement

Cuir et chaussures

Automobile et matériel ferroviaire

Verre

Banques

Assurances

Sidérurgie

Pétro le et Gaz Naturel

Charbon [ 0,46 ]

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

29

Page 29: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Concentration des secteurs en 1990 (Naf)

0 0,04 0,08 0,12 0,16 0,2

Ind. des comp. élec. et électro .

Hôtels et restaurants

Edition, imprimerie, reproduction

Industrie textile

Conseils et assistance

Transports

Postes et télécommunications

Eau, gaz, électricité

Act. récré., cult. et sport.

Recherche et développement

Act. assoc. et extra-ter.

Constr. navale, aéron. et fer.

Habillement, cuir

Industrie automobile

Activités financières

Prod. de comb. et carburants

Concentration spatiale des secteurs en 1999

0 0,04 0,08 0,12 0,16 0,

Ind. des éqpts élec. et électro .

Postes et télécommunications

Activités immobilières

Edition, imprimerie, reproduction

Conseils et assistance

Act. récré., cult. et sport.

Transports

Eau, gaz, électricité

Industrie textile

Act. assoc. et extra-ter.

Recherche et développement

Activités financières

Habillement, cuir

Industrie automobile

Constr. navale, aéron. et fer.

Prod. de comb. et carburants [ 0,26 ]

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Agglomération sectorielle et diffusion spatiale

Le maintien de niveaux de concentrations relativement stables ne signifie donc pas que tous les secteurs évoluent de la même manière. La dynamique de l’emploi dans un secteur joue par exemple un rôle dans l’évolution de sa géographie. Sur toute la période étudiée, les secteurs les plus importants sont ceux qui croissent généralement le plus. Ils comptent donc plus dans l’emploi et leur structure pèsera également plus. Or, alors que le lien entre croissance (ou perte) et concentration (ou diffusion) était positif en début de période, il devient négatif à partir de 1982. Les mouvements de concentration ou déconcentration qui affectent certains secteurs pourraient ainsi être interprétés en liaison avec la diminution très importante des effectifs de certaines activités. Lorsque les entreprises en difficulté ont eu tendance à ne maintenir que quelques sites de production cela a pu entraîner une hausse de la concentration du secteur (même si l’indice sectoriel tient compte du biais lié au nombre d’établissements (Ellison et Glaeser, 1997, Maurel et Sédillot, 1997). La seule condition pour que cela soit le cas est que toutes les entreprises reconcentrent leurs activités similaires au même endroit. Sinon, la dispersion augmentera. Cela correspond en partie sans doute à ce qui s’est produit entre 1982 et 1999. Mais entre 1975 et 1982, une seule des dix activités perdant le plus d’emplois voit son niveau de concentration augmenter (la Chimie de base). Sur cette même période il est par ailleurs intéressant de noter que les onze activités dont l’emploi augmente le plus voient leur indice de concentration diminuer sur la période, tous les autres indices sectoriels diminuant fortement. La corrélation positive (0,21) entre croissance et concentration est donc plus liée à la dispersion des activités en crise qu’à des logiques de polarisation des secteurs en croissance. Dans le même temps, ce sont les secteurs les plus concentrés qui croissent le plus. On observe donc, au niveau sectoriel, que les secteurs les plus importants et ceux qui sont les plus concentrés ont tendance à croître plus que les autres mais que cela peut éventuellement se traduit dans une légère dispersion de leurs activités dans l’espace (-0,05). Toutefois, si l’on tient compte de la

30

Page 30: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

déconcentration générale des emplois dans la RUP au cours de cette période, cette dispersion doit être largement nuancée.

Analyse des évolutions intercensitaires de la concentration sectorielle au niveau communal (coefficients de corrélation linéaires)

Corrélartion du Taux d’évolution de l’emploi sectoriel

croisé avec… 1975-1982 1982-1990 1990-1999

Effectif du secteur en début de période

0,17 0,34 0,49

Indice de concentration du secteur en début de période

0,21 -0,12 -0,16

Indice de concentration du secteur en fin de période

0,21 -0,14 -0,22

Taux d’évolution de l’indice de concentration sur la période

-0,05 -0,41 -0,26

Taux d’évolution de l’indice corrigé sur la période

0,16 -0.12 -0.26

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Sur les deux périodes intercensitaires suivantes, et particulièrement entre 1982 et 1990, la corrélation entre évolution de la concentration d’une part et croissance de l’emploi sectoriel d’autre part devient par contre négative : les secteurs dont l’emploi évolue le plus se déconcentrent géographiquement. Une étude secteur par secteur permet de constater que la corrélation vaut surtout pour les secteurs en crise et peu pour les secteurs dynamiques. Elle traduirait alors une concentration géographique des secteurs en crise dans quelques communes seulement. Les autre secteurs suivent en revanche le schéma normal de la décennie 1980, marquée par une tendance générale à la déconcentration (les indices corrigés de la concentration globale de l’emploi sont d’ailleurs stables). Pour ces derniers, l’effet taille joue toujours autant, les secteurs les plus importants étant toujours ceux qui croissent le plus. Dans les années 1990 le lien entre déconcentration des emplois et croissance est plus ténu qu’au cours de la décennie précédente. Le taux de corrélation passe ainsi de -0,41 à -0,26. Mais alors que cette dernière était une période de légère déconcentration de l’emploi, la décennie 1990 est caractérisée par une nette remontée de l’indice de concentration de l’emploi par secteur et des profils sectoriels très variés. On constate ainsi une déconcentration de tous les secteurs en croissance (à l’exception des Transports dont la concentration augmente de près de 13% sur la période) qui suffit à expliquer le niveau négatif du taux de corrélation ente l'évolution de l'emploi d'un secteur et l'évolution de sa concentration spatiale. Les secteurs fragiles ont eux des profils plus contrastés : Construction, Métallurgie, Activités Financières, Habillement ou Automobile perdent tous des emplois mais voient leur indice diminuer tandis que celui des Industries d’équipement électriques et électroniques, des équipements mécaniques, ou de la Construction aéronautique, navale et ferroviaire, qui perdent aussi des emplois, augmente sur la période. Dans le contexte d’une baisse générale du niveau de concentration, la stabilité de l'indice de concentration sectoriel moyen par secteur plaiderait pour une dèsintégration spatiale verticale marquée, n’était la dispersion autour de la moyenne des indices de concentration sectoriels, toujours élevée. La dissémination des emplois créés dans les activités en croissance, même très relative, pose ainsi la question de la forme que prend cette déconcentration : profite-t-elle à de nouveaux espaces ou se répartit-elle seulement de manière différente entre les implantations existantes ? Correspond-elle à une redistribution des fonctions ou plutôt à une diffusion du

31

Page 31: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

dynamisme ? Se fait-elle par transferts ou par création de nouveaux établissements ? Ces questions s’articulent naturellement avec celles sur le développement des pôles : si l’emploi est créé dans des endroits totalement nouveaux, alors se pose la question de la contribution de la déconcentration sectorielle à l’apparition des pôles d’emploi. Cela correspondrait à l’idée qu’une RUP multipolaire pourrait se constituer autour de pôles de croissances (Perroux, 1961) alimentés au moins à leur origine par un desserrement sectoriel spécifique depuis le cœur historique. Il faudra donc, une fois les pôles dessinés, parvenir à caractériser leur inscription dans les logiques de dèsintégration spatiale du système productif.

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Page 32: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

CONCENTRATION DES EMPLOIS : AMPLEUR ET

CARACTERISTIQUES

L'emploi de la Région Urbaine de Paris connaît une très importante mutation sectorielle sur la période. Cette mutation se traduit par une augmentation constante de la part des principaux secteurs de la RUP et une spécialisation du tissu productif. L'évolution de la structure spatiale est, elle, plus ambiguë. La déconcentration générale de la production, observée tous secteurs confondus et confirmée par les analyses sur l'étalement des emplois autour du centre, montre ainsi qu'il y a un important étalement, ou à tout le moins un fort desserrement de l'emploi. Mais les observations sectorielles nuancent en partie ce constat. Il est nécessaire, pour trancher le débat de travailler au découpage de la région en sous-ensembles géographiques de manière à voir précisément si le niveau de spécialisation locale augmente ou non, de manière à caractériser comment les relocalisations sectorielles se traduisent localement. Après cette introduction décrivant les grandes lignes de l’évolution de l’emploi et de sa localisation entre 1975 et 1999, nous chercherons donc à découper l’espace francilien autour de pôles concentrant l’activité. Le but de cette première étape est de faire émerger les cœurs de chacun des pôles et non pas les bassins qu’ils polarisent. Certaines communes ne seront ainsi pas retenues, alors même qu'elles peuvent compter un grand nombre d’emplois. Les pôles ainsi définis seront ensuite caractérisés en terme d’activités et de bassins de recrutement. Cette étape conduira naturellement à dresser une typologie des pôles obtenus. Les dynamiques d'agglomération supposant des effets de seuil, nous commencerons par différencier les espaces en fonction de la concentration d'emploi qu'ils hébergent et non de leur spécialisation, qui viendra dans un second temps seulement10. Mais cette deuxième étape sera nécessaire: le niveau de concentration n’est ici qu'une condition de possibilité et, une fois celle-ci respectée, il reste à effectuer tout le travail de caractérisation des espaces délimités. La recherche de pôles structurants d’un espace passe par deux étapes ; tout d’abord leur délimitation, ensuite le dessin des aires d’influences de ces pôles. L’impact d’une concentration locale d’emplois n’est pas nécessairement contraint par les limites administratives et le processus de polarisation suppose en retour une certaine diffusion du dynamisme autour du point central de la concentration d’activités. Pourtant, si l’importance des externalités de localisation et d’urbanisation n’est plus niée, leur mesure, leurs caractéristiques et leurs déclinaisons sont toutefois sujettes à discussion. Nous partirons donc ici du principe que l'influence de la localisation d’une importante quantité d’emploi va se ressentir dans les espaces voisins. Sur cette base, nous avons décidé d’utiliser non pas un emploi communal, mais un emploi lissé, suivant une méthode qui s’apparente à celle des « températures urbaines ». Ceci permettra de

10 Ce choix biaise légèrement les résultats en faveur d'une approche 'christallérienne': a priori, les grandes

concentrations auront plus de chances d'être composées de plusieurs secteurs et donc d'être plus diversifiées que les

petites. Dans la perspective d'une région organisée uniquement autour de pôles spécialisés, fonctionnant sur la base

d'externalités sectorielles très importantes, l'idéal aurait sans doute été de pouvoir mener la décomposition en pôles

pour chacun des secteurs et de comparer les contours obtenus pour les différents secteurs de manière à étudier

l'appartenance d'une commune à un ou plusieurs pôles. Ce procédé aurait toutefois requis des traitements très lourds.

33

Page 33: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

repérer des maxima locaux autour desquels nous agrègerons les communes les plus importantes. L’avantage principal de la méthode utilisée est qu’elle permet de préciser de manière relativement objective les découpages intra-urbains et d’analyser ainsi l’évolution de ce découpage entre 1975 et 1999, soit près de vingt-cinq années au cours desquelles la région urbaine de Paris s’est constituée. Cette analyse historique des pôles et de l’organisation des espaces franciliens devrait permettre de rendre compte de la nature du desserrement de l’emploi dans cette grande région urbaine.

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Page 34: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Evolution des contours des pôles d’emplois franciliens depuis 1975 :

La délimitation de pôles intraurbains est un sujet qui a alimenté beaucoup d’articles dans les quinze dernières années (McDonald, 1987, 1989, McDonald et Prathier, 1994, McMillen, 2001, McMillen et McDonald, 1997, 1998, Giuliano et Small, 1991, Small et Song, 1994, Zheng, 1991, Anderson, 1982, 1985, Craig et Ng, 2001,). Les découpages sont essentiellement effectués sur la double base de la continuité spatiale des espaces et d’un seuil d’emploi. Le seuil peut être relatif11 ou absolu.

Méthodologie : « températures urbaines »

Un pôle est usuellement défini comme un ensemble d’espaces contigus qui dépassent tous un certain seuil et sont groupées autour d’un centre qui lui, soit dépasse un autre seuil soit correspond tout simplement au maximum observé localement. L’utilisation de zonages communaux débouche cependant sur un premier problème, puisqu’il n’est pas possible de différencier analytiquement deux pôles si ceux-ci sont jointifs. Le cas de Versailles et Saint-Quentin en Yvelines, tel qu’il est traité par exemple par Beckouche et Damette (1997) est une illustration de cela : Versailles ayant une frontière avec la ville nouvelle et chaque commune de cette dernière ayant des niveaux d’emplois inférieurs à celui de Versailles, l’application de la méthode conduit à un amalgame entre les deux. La question, ici, n’est pas celle de la pertinence de l’amalgame, mais un découpage uniquement réalisé sur la base des valeurs observées au niveau communal ne permet pas de trancher. Un redécoupage a posteriori sur une base subjective est ainsi opéré peu satisfaisant puisque nous cherchons une méthode de découpage systématisable. Cela permettra de traiter l'espace de 1975 de la même manière que celui de 1999. Nous travaillerons sur un pavage de la RUP fait d'hexagones de 350m de côté, c'est à dire sur une base non communale. Nous utilisons la méthode des noyaux qui s’apparente énormément à celle des températures urbaines (citer - voir Annexe 1) et consiste à distribuer dans un rayon donné l’emploi localisé au centre de la commune. On obtient ainsi pour chaque point de l’espace une valeur lissée de l’emploi. Lorsque cette valeur lissée atteint un pic, on considère qu’un pôle existe autour du point considéré et tous les hexagones (dont les densités sont par définition inférieures) appartiendront à ce pôle, dont les limites seront atteintes lorsque la densité d’emploi passera par un minimum avant de remonter (vers un autre maximum, donc un autre pôle). Tout l’espace étant potentiellement attribué, nous sommes amenés à définir des seuils. Des seuils pour les maxima tout d’abord, en deçà desquels un pic ne sera plus considéré comme suffisamment important pour caractériser un pôle. Des minima ensuite, tels que l’on ne pourra pas étendre un pôle à des communes trop peu denses. Ces seuils seront définis à chaque période en fonction de la valeur atteinte par les densités maximales et en fonction de la répartition de l’emploi entre les pôles. Si le rayon de lissage est suffisamment important pour que l’emploi d’une commune soit étalé au-delà de ces limites communales, alors des points de l’espace seront affectés par l’emploi lissé de plusieurs communes. Des ensemble de communes suffisamment proches peuvent ainsi engendrer des densités d’emplois lissés cumulées suffisamment importantes pour compenser la présence d’un pôle important à distance plus éloignée. Dans le cas de Saint Quentin en Yvelines,

11 C'est le cas si l'on détermine les pôles à partir des écarts à une distribution estimée. Par exemple, les pôles

pourraient être constitués des communes dont l'emploi dépasse largement l'emploi estimé localement en utilisant la

densité exponentiellement décroissante estimée ou en utilisant des estimations non-paramétriques de la répartition

des emplois.

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Page 35: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

précédemment cité, si les communes de la ville nouvelle sont suffisamment importantes elles peuvent éventuellement conduire à un niveau d'emploi lissé localement aussi élevé que celui constaté au voisinage du chef-lieu de Versailles, délimitant ainsi deux pôles distincts.

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

L'utilisation de la méthode des noyaux permet de plus un traitement original de l’importance de Paris : l’influence directe de la masse d’emplois réunis intra-muros n’aura aucune influence au-delà du rayon de lissage. L'emploi d'une commune étant réparti dans un rayon de 5 km autour de l'hexagone contenant le chef-lieu de celle-ci, l'influence directe de l'emploi parisien ne se fera pas sentir au-delà de ces 5 km. Par contre, cela ne signifie pas que le pôle de Paris ne pourra pas s'étendre plus loin: si l'emploi décroît de manière régulière au départ de la capitale, l'emploi lissé décroîtra lui aussi de manière régulière et aucun pôle secondaire ne sera définit. Une fois résolus les problèmes de passage du niveau communal au niveau infra-communal et du retour au niveau communal, il ne reste donc plus à trancher que le problème du seuil retenu. Dans la littérature, les seuils retenus varient très fortement. Ils vont habituellement de pair avec un seuil de densité. Pour Giuliano et Small (1991) ou McDonald et McMillen (1997) ce seuil est ainsi de 2500 emplois par km². Le seuil de 2500 emplois paraît intéressant lorsque l’on s’intéresse au cœur de l’agglomération parisienne. Il perd en revanche grandement de son intérêt lorsque l’on élargit le champ de vision à l’ensemble de la RUP12 et si l’on se concentre exclusivement sur l’existence de pôles d’emplois locaux et leur influence sur les équilibres d’emplois et de population locaux. En effet en 1999 et en utilisant un lissage à 5km, aucun pôle n’émerge en dehors de Paris, qui culmine à près de 20 000 emplois/km² autour du centre, si on excepte

12 Les chiffres et les analyses présentés ci-dessous ont été réalisés sur la base des valeurs communales de 1999 lissées

à 5 km.

36

Page 36: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

La Défense (5 500e/km²) et Boulogne (3 000e/km²) en première couronne qui ne sont pas des maxima locaux puisqu’ils sont directement dans l’aire d’influence de Paris. Il faut abaisser le seuil de 2500 à 1 500 emplois/km², pour voir apparaître quelques pôles situés en dehors de la première couronne, Créteil, Le Plessis, Roissy et Versailles. En 1975, seule la ville de Boulogne dépassait les 2500e/km². En dehors de la première couronne Créteil flirte avec les 2 500 emplois/km², mais ensuite seul le pôle de Versailles dépasse la densité de 1 500 emplois/km². Toujours dans le souci de pouvoir comparer les différentes dates étudiées, on adoptera un seuil relatif à la distribution de l’emploi dans la RUP. Pour cela, il suffit de classer les maxima locaux par ordre décroissant. Des maxima locaux aux densités peu différentes définiront des pôles de niveau équivalent. Paris étant par convention un pôle de niveau 1, les pôles suivants seront ainsi de niveau 2, 3, etc. selon leur densité d’emploi maximale. Il n’y a plus, alors, qu’à choisir le niveau d’entrée dans la Région Urbaine.

Les pics de densité superficielle dans la RUP (Paris hors-cadre) e/km²

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Densité d'emploi au chef lieu après un lissage à 5km

Pôles

Maxima locaux

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Concentrations d’emplois en 1999 : trois ceintures de pôles entourent Paris

Sélection des pôles

Le logiciel utilisé ne permettant de retenir que des valeurs kilométriques entières pour le lissage, nous avons décidé après plusieurs analyses de retenir le découpage de pôles issu d’un lissage à 5km effectué sur les valeurs d’emploi communal. A ce niveau de lissage, 132 maxima locaux apparaissent dans la RUP en 1999. On adoptera le seuil dynamique suivant : un pôle présentant moins de 91% de la densité d’emplois du pôle précédent délimitera un saut entre deux niveaux de concentration. Ce seuil apparaît en effet comme la valeur de rupture permettant le mieux de différencier les principaux

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Page 37: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

pôles des maxima locaux négligeables13. On dénombre alors 9 niveaux de concentration différents :

- Paris, avec une densité maximale de plus de 18 000 emplois/km² et un emploi dépassant les 170 000 unités à son maximum (8ème Arrondissement) arrive bien évidemment très largement en tête et constitue une classe à part (Niveau 1).

- Créteil arrive en seconde position, le maximum local représentant 11% de celui observé à Paris, soit 2052 emplois/km². Créteil constitue également une classe à lui tout seul, il est d’ailleurs intéressant de noter qu’il s’agit du seul pôle situé totalement à l’intérieur du grand pôle interne gravitant autour de Paris. Son contour est assez allongé puisqu’il s’étend de Maisons-Alfort à Orly et Rungis.

- On trouve ensuite 3 pôles, situés aux limites de l’agglomération, Roissy, Versailles et Cergy. Avec respectivement 1503, 1499 et 1360 emplois/km², ces pôles se détachent nettement à la fois de Créteil et des pôles du niveau quatre. Parmi ces trois pôles, Roissy présente un caractère particulier puisque le pôle est relativement isolé et ne doit sa densité élevée qu’à lui-même. Avec plus de 55 000 emplois en 1999, la commune de Roissy devance largement toutes les communes-centre des pôles de la région (sauf Paris), puisque même Créteil ne compte ‘que’ 48 500 emplois. Les 45 000 emplois comptabilisés à Versailles la rapprochent de Créteil, tandis que Cergy qui compte 32 500 emplois se rapproche plus du nombre d’emplois observé pour les communes du groupe suivant.

- Vient ensuite en effet un groupe de huit pôles qui comptent tous autour de 30 000 emplois en leur centre et dont la densité est comprise entre 850 et 1150 emplois/km². Ils présentent des situations géographiques très variées. On y trouve un pôle intérieur à l’agglomération (Argenteuil), quatre villes nouvelles (Noisy-le-Grand, Guyancourt, Evry et Melun), et trois villes avant-postes (Beauvais, Chartres et Evreux).

- Si l’on excepte le cas de Compiègne, le groupe suivant est composé de cinq pôles de lointaine banlieue. De plus, que ce soit Poissy, Les Ulis, Viry-Châtillon, St-Germain et Noisiel, il s’agit dans l’ensemble de pôles spécialisés dont la densité est comprise entre 600 et 750 emplois/km².

- Le sixième niveau est composé de quatre pôles industriels constitués autour de centres villes à la limite extérieure de l’agglomération parisienne. C’est le cas de Meaux, mais aussi de Mantes, de Creil et de Dreux. Les communes comptant le plus d’emplois, les communes centre, atteignent entre 15 000 et 20 000 unités et la densité maximale ne dépassent pas 600 emplois/km².

- Avec une densité inférieure à 450 emplois/km² et un emploi maximum ne dépassant jamais 14 000 unités, les pôles de niveau sept sont géographiquement assez disparates : Soissons et Sens sont les villes avant-poste les plus éloignées de la capitale tandis que les Mureaux et Brétigny-sur-Orge sont des pôles situés en périphérie de l’agglomération.

13 Dans le tableau suivant, la colonne ‘Diff.’ Mentionnera ainsi le ratio entre la densité superficielle observée dans le

pôle considéré et celle observée pour le pôle précédent (le maximum observé à Créteil, 2 052 e/km² représente 11%

du maximum observé à Paris).

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Page 38: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Les pôles, maxima locaux et autres pics de la densité superficielle dans la RUP

Pôle Emplois (cœur)

Densité lissée

Diff. Pôle Emplois (cœur)

Densité lissée

Diff. Pôle Emplois (cœur)

Densité lissée

Diff.

1 (Paris 8e) 171444 18136 46 Combs-la-Ville 4317 165 100% 91 Montmirail 1997 51 97%

2 Créteil 48436 2052 11% 47 Crépy-en-Valois 6219 156 95% 92 Verberie 1720 50 98%

3 Roissy-en-France 55537 1503 73% 48 Pithiviers 5999 154 98% 93 Ballancourt-s-E. 1248 49 99%

4 Versailles 45623 1499 100% 49 Claye-Souilly 5409 143 93% 94 Le Plessis-Belleville 1423 49 100%

5 Cergy 32625 1360 91% 50 Méru 5100 135 94% 95 Montfort-l'Amaury 1139 46 94%

6 Noisy-le Grand 24115 1148 84% 51 Gaillon 2769 131 97% 96 Villeneuve-s-Y. 1802 46 99%

7 Evry 32353 1146 100% 52 L'Isle-Adam 3957 128 97% 97 Charly 949 45 98%

8 Argenteuil 30777 1053 92% 53 Dourdan 4977 126 99% 98 Maintenon 1210 44 98%

9 Guyancourt 23909 966 92% 54 Gretz-Armainvilliers 3367 124 98% 99 Grandvilliers 1619 44 100%

10 Chartres 28107 935 97% 55 Villers-Cotterêts 4651 116 93% 100 Marines 1502 44 100%

11 Beauvais 36550 915 98% 56 Gournay-en-Bray 4133 115 99% 101 Coubert 1158 43 98%

12 Melun 23674 894 98% 57 Gisors 4064 108 94% 102 Fontenay-Trésigny 1594 43 100%

13 Evreux 34493 876 98% 58 Epernon 3778 104 96% 103 St-André-de-l'Eure 1711 43 99%

14 St-Germain-en-L. 18885 733 84% 59 Nogent-sur-Seine 4077 101 97% 104 Breteuil 1604 43 100%

15 Noisiel 8256 727 99% 60 Verneuil-sur-Avre 3934 98 97% 105 Conches-en-Ouche 1554 42 99%

16 Viry-Châtillon 8254 715 98% 61 Les Andelys 3937 98 100% 106 Bois-le-Roi 1247 42 100%

17 Compiègne 24712 701 98% 62 Champagne-sur-Seine 1647 97 100% 107 Gasny 1251 42 100%

18 Les Ulis 17532 697 99% 63 Marly-la-Ville 1914 95 97% 108 Trosly-Breuil 1399 42 100%

19 Poissy 20655 632 91% 64 Thourotte 2782 93 98% 109 Etrépagny 1647 42 100%

20 Meaux 21876 561 89% 65 Pont-Sainte-Maxence 3194 91 98% 110 Hermes 893 42 100%

21 Creil 14250 556 99% 66 Malesherbes 3335 85 94% 111 Luzarches 1019 41 99%

22 Mantes-la-Jolie 13889 529 95% 67 La Ferté sous Jouarre 2445 81 95% 112 La Ferté-Alais 841 40 98%

23 Dreux 16634 492 93% 68 Le Neubourg 3039 80 99% 113 Saint-Soupplets 1278 40 100%

24 Soissons 13980 408 83% 69 Longueil-Annel 497 79 98% 114 Gallardon 1391 40 99%

25 Sens 13761 391 96% 70 Sézanne 3160 79 100% 115 Ferrières 1131 39 99%

26 Les Mureaux 12033 385 98% 71 Le Meux 1772 75 95% 116 Verneuil-l'Etang 819 39 99%

27 Brétigny-s-Orge 9945 361 94% 72 Nangis 2947 75 100% 117 St-Arnoult-en-Y. 1473 38 99%

28 Aubergenville 9925 322 89% 73 Pacy-sur-Eure 2504 74 99% 118 Neuilly-en-Thelle 1056 38 99%

29 Vernon 10767 317 98% 74 Neufchâtel-en-Bray 2798 71 96% 119 Nogent-s-Vernisson 1516 38 99%

30 Fontainebleau 9893 307 97% 75 Mouy 2039 70 98% 120 Etréchy 1212 37 98%

31 Rambouillet 11501 285 93% 76 Le Perray-en-Yvelines 2090 68 97% 121 Sainte-Geneviève 988 37 100%

32 Etampes 10409 278 97% 77 Lardy 2068 66 98% 122 Estrées-St-Denis 1188 36 98%

33 Montereau-Fault-Y. 9330 253 91% 78 Dammartin-en-Goële 1383 66 99% 123 Milly-la-Forêt 1348 36 98%

34 Senlis 9815 250 99% 79 Saint-Lubin 1087 64 97% 124 Pont-sur-Yonne 1270 36 100%

35 Château-Thierry 8361 249 99% 80 Lizy-sur-Ourcq 1514 62 97% 125 Breteuil 1300 35 100%

36 Amilly-Montargis 7743 247 99% 81 Houdan 2044 62 100% 126 Illiers-Combray 1381 35 100%

37 Savigny-le-Temple 6334 236 95% 82 St-Just-en-Chaussée 2341 61 98% 127 Chaumont-en-Vexin 1266 35 99%

38 Persan 3954 216 92% 83 Ezy-sur-Eure 993 60 98% 128 Lassigny 1343 34 99%

39 Nemours 6596 207 96% 84 Limours 1809 59 99% 129 Le Châtelet-en-Brie 1314 34 99%

40 Noyon 7521 194 94% 85 Forges-les-Eaux 2082 58 97% 130 Bray-sur-Seine 1123 34 99%

41 Clermont 5215 184 95% 86 La Ferté-Gaucher 1822 55 96% 131 Courville-sur-Eure 1269 33 99%

42 Romilly-sur-Seine 7056 175 95% 87 Auneau 2144 55 100% 132 Puiseaux 1306 33 99%

43 Coulommiers 6736 172 98% 88 Magny-en-Vexin 2013 54 99% 133 Moussy-le-Neuf 672 33 99%

44 Provins 6150 167 97% 89 Bonnières-sur-Seine 1373 54 99% 134 Rugles 1154 33 99%

45 Chantilly 4878 166 99% 90 Nogent-le-Roi 1632 52 97%

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

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Page 39: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

- Un dernier niveau de pôles comprend essentiellement des pôles situés dans les franges internes de la RUP, Aubergenville, Vernon, Fontainebleau, Rambouillet et Etampes.

- A partir de Montereau-Fault-Yonne, la décroissance est beaucoup plus régulière et le seuil de 91% n’est plus franchi. Le dernier niveau est ainsi constitué de ‘maxima locaux’, les maxima étant retenus sur la base d’un seuil légèrement plus élevé de 93%. Seize cas sont dénombrés dans la RUP. En leur centre, le niveau d’emploi est très variable mais reste toujours en dessous de 10 000, le minimum étant atteint à Persan (moins de 4 000 emplois), et la densité est toujours supérieure à 150 emplois/km², le minimum étant atteint à Pithiviers (154 emplois/km²).

Dessin du contour des pôles

Le contour des pôles montre un pôle central élargi, s’étendant au nord jusqu’à Roissy et au sud jusqu’au début de la vallée de Chevreuse. Ce pôle butte très tôt après le périphérique sur les pôles de Créteil ou de Noisy-le-Grand à l’est, de Versailles au sud-ouest et d’Argenteuil au nord-ouest. Le pôle parisien s’étend donc à l’ensemble des communes bénéficiant du desserrement tel qu’il a été défini précédemment. Tous les pôles sur lesquels le pôle central s’arrête font partie d’une première ceinture qui encercle quasiment Paris, sans qu’il y ait pour autant de continuité territoriale entre les différents pôles : Noisy-le Grand14, Créteil (qui s’étend jusqu’à Orly), Viry-Châtillon, Brétigny, Evry, Les Ulis, Versailles, Guyancourt, Saint-Germain en Laye, Poissy, Cergy et Argenteuil. Ils sont tous dans une bande de 15 à 25 km de Paris qui correspond à l’ensemble des communes déjà repérées pour croître fortement de manière polarisée entre 1975 et 1999. Au-delà, deux ceintures apparaissent également. La première est faite de pôles de taille moyenne situés à 40km de Paris : la vallée de la Seine en aval de Pontoise, qu’il s’agisse des Mureaux, d’Aubergenville ou de Mantes-la-Jolie, s’inscrit dans ce groupe. En font aussi partie les pôles de Rambouillet, Etampes, Melun, Fontainebleau, Meaux, Creil et les maxima locaux observés à Persan, Chantilly, Senlis, Coulommiers et Montereau-Fault-Yonne, voire Crépy-en-Valois et Nemours situés plus loin de Paris. Au-delà, la ceinture polarisée des villes avant-postes balise régulièrement la RUP : il y a des pôles à part entière, Chartres, Dreux, Evreux, Beauvais, Compiègne et Sens, voire Soissons, Vernon étant à mi-chemin entre les deux ceintures. Il y a également de nombreux maxima locaux, essentiellement concentrés à l’est : Pithiviers, Amilly-Montargis, Provins, Romilly-sur-Seine et Château-Thierry, celui de Noyon étant plus excentré. Du fait de l’importance de l’emploi dans la capitale, aucun pôle n’émerge véritablement du pôle central. On étudiera donc dans un deuxième temps en tant que telles les communes appartenant au pôle de Paris de manière à redécouper celui-ci pour faire apparaître sa structure interne. Il ne faut toutefois pas oublier les résultats des premières observations : aucun pôle central n’émerge à proximité de Paris. Le quartier de La Défense, par exemple, n’apparaît pas comme un pôle secondaire alors même qu’à une distance sensiblement identique du Centre le pôle de Créteil émerge. Une explication à cela tient dans le dèséquilibre entre l’est et l’ouest de Paris : la densité lissée ne passe par aucun minimum entre Paris et La Défense parce que les arrondissements situés à l’ouest de Paris et les communes limitrophes sont d’importants centres d’emplois. A l’inverse, la densité rebondit autour de Créteil parce que les arrondissements de l’Est parisien et les

14 Sur la carte, Noisy-le Grand est repéré comme « Marne-Ouest », Noisiel comme « Marne-Est », Viry-Châtillon

comme « Savigny » (-sur-Orge), et Guyancourt comme « Saint-Quentin en Y. ».

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Page 40: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

communes limitrophes sont moins denses. La densité superficielle dans les Hauts-de-Seine entre Paris et La Défense est ainsi supérieure à celle observée dans les arrondissements les plus à l’est de la capitale. Le maximum de la densité superficielle n’est d’ailleurs pas observé dans le premier arrondissement mais dans le huitième, témoignant de ce décalage des emplois de l’Hyper centre vers l’ouest.

Afin d’étudier la structure interne de ce pôle central, nous en enlevons la capitale15. Comme, au vu de la méthode retenue, son influence sur les valeurs lissées se fait sentir dans un rayon de 5km, sa présence modifie la forme générale de la densité superficielle tout autour de la zone centrale et empêche de fait l’émergence de maxima en première couronne. Nous effectuons à nouveau un lissage à 5km dans le centre du pôle de Paris et découpons les pôles internes de la même manière que précédemment. Nous augmentons toutefois le seuil d’emplois nécessaires pour qu’une commune soit répertoriée comme appartenant au cœur d’un pôle interne. Nous ferons ainsi apparaître des pôles internes et des communes appartenant au pôle de Paris hors des pôles internes. Sept pôles sont identifiés, mais l’application d’un critère plus 15 Comme nous enlevons les arrondissements parisiens, les communes limitrophes de Paris seront pénalisées

puisqu’elles auront moitié moins de voisines que les autres et bénéficieront donc mécaniquement de moins

d’emplois. Ceci ne poserait un problème que dans la mesure où ces communes auraient moins d’emplois lissés que

leurs voisines. La différence pourrait alors être imputée à l’absence de voisines en zone centrale. Or le gradient est tel

qu’elles en comptent plus : le biais existe donc, mais il est minimisé par l’importance de l’emploi local des

communes limitrophes des arrondissements parisiens.

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Page 41: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

exigeant en valeur absolue que celui retenu pour l’ensemble de la RUP conduit à n’en retenir que six, dont Courbevoie, Boulogne-Billancourt, Montreuil, Ivry et Le Plessis-Robinson. Le pôle d’Ivry présente une particularité dans la mesure où il est éclaté en deux parties de poids équivalents, le premier autour d’Ivry et le second autour de Massy. Du fait du critère de contiguïté, nous les considèrerons comme deux pôles distincts16. Le dernier pôle interne présente un profil particulier : Charenton est une commune unique. Limitrophe de Paris, longée par le bois de Vincennes et bordée par le pôle de Créteil, elle est isolée des autres communes non parisiennes du pôle central. Etant plus une île qu’un pic important, nous l’assimilerons aux communes non polarisées en attribuant son émergence au défaut de voisins proches. Sur la carte ci-dessous apparaissent donc les 48 pôles et maxima locaux, dont Paris, cinq des six pôles internes de l’agglomération (Courbevoie, Boulogne, Montreuil, Ivry, Massy, Plessis) et les communes non polarisées de l’agglomération, soit 54 pôles et maxima locaux sur les 55 de l’agglomération.

16 Le cas d’Ivry est particulier puisque le pôle est éclaté en deux, chaque partie comptant un nombre de commune

assez voisin (3 dans la partie sud autour de Massy et Palaiseau et 5 dans la partie Nord). Nous repèrerons les deux

parties.

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Page 42: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Zoom sur le centre de la RUP (pôles de 1999)

De 1975 à 1999, la multipolarisation de la Région Urbaine de Paris

La même méthode que celle utilisée ci-dessus pour déterminer les pôles de 1999 peut être utilisée sur toutes les années. Pour l’année 1975, l’analyse de la répartition des emplois au sein de la RUP nous permet de conclure à l’existence de 27 pôles et 6 maxima locaux. En suivant toujours le seuil de 90% pour délimiter les pôles de niveau différents, 7 groupes sont définis (Tableau ).

Description des pôles de 1975

Tableau - Les pôles d’emplois et maxima locaux de la RUP en 1975 (lissage à 5km)

Pôle Emplois (cœur

du pôle)

densité (e/km²)

Pôle Emplois (cœur du

pôle)

densité (e/km²)

1 Paris (8eme) 232 890 23 588 18 Roissy 17 015 427

2 Créteil 27 455 1 570 19 Orsay 15 800 422

3 Versailles 42 280 1 298 20 Soissons 13 790 399

4 Poissy 31 235 850 21 Montargis 11 845 367

5 Chartres 24 875 757 22 Sens 8 900 340

6 Melun 20 445 743 23 Trappes 12 020 336

7 Beauvais 28 795 721 24 Vernon 10 060 298

9 Evreux 27 405 692 25 Fontainebleau 8 765 287

10 Corbeil-Essonnes 25 345 663 26 Lagny-sur-Marne 8 190 276

11 Pontoise 13 000 589 27 Montereau-Fault-Y. 10 355 269

13 Flins-sur-Seine 12 060 559 28 Persan 4 505 219

12 Creil 12 725 537 29 Romilly-sur-Seine 7 595 219

14 Compiègne 18 270 516 30 Château-Thierry 8 825 206

15 Mantes-la-Jolie 13 215 478 31 Etampes 7 150 204

16 Dreux 15 845 450 32 Noyon 7 315 200

17 Meaux 12 990 441 33 Rambouillet 7 505 186 Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Le premier niveau se détache très largement des autres, puisque le cœur du pôle de Paris, le 8ème arrondissement compte plus de 230 000 emplois en 1975, soit près de dix fois plus que le pôle suivant, Créteil, seul pôle de niveau 2. Il n’y a également qu’un seul pôle de niveau 3, Versailles dont la densité ne dépasse toutefois pas 1300 emplois/km² et un pôle de niveau 4, Poissy dont la

43

Page 43: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

densité est inférieure à 1000 emplois/km². Vient ensuite un groupe de cinq pôles situés aux limites de l’agglomération (Melun, Corbeil) ou de la RUP (Chartres, Beauvais, Evreux) dont l’emploi oscille autour de 25 000 personnes et la densité entre 660 et 760 emplois/km². Il est à noter que les pôles repérés à ce niveau existent toujours en 1999 mais ils apparaissent au-delà de la dixième place. S’ils ont gagné des emplois sur la période, de nombreux autres pôles situés dans les limites de l’agglomération ont crû beaucoup plus fortement (essentiellement les villes nouvelles et les grands pôles scientifiques et techniques de Roissy et Les Ulis). Ceci provoque d’ailleurs un resserrement des écarts observés entre les pôles des niveaux supérieurs et une plus grande homogénéité entre les différents niveaux en 1999 qu’en 1975. La principale caractéristique pour les pôles des niveaux les plus élevés en 1975 est l’inégalité des densités et des emplois locaux. Cela se traduit directement dans les effectifs des différents niveaux, puisque si les quatre premiers niveaux ne comptent qu’un pôle et le cinquième cinq, le sixième en compte treize répartis assez uniformément dans la RUP, même si prédominent les pôles situés à la limite de l’agglomération ou au-delà. Notons que Trappes, Orsay, Pontoise ou Roissy, pôles qui ont connu une très forte croissance entre 1975 et 1999 sont dans ce groupe. Les deux derniers niveaux de pôles comprennent des pôles situés à l’extérieur de l’agglomération mais à la lisière de celle-ci.

44

Page 44: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Zoom sur le centre de la RUP (pôles de 1999)

De 1975 à 1999 : croissance et extension des pôles périphériques

La principale constatation qui ressort de la comparaison des pôles de 1975 et des pôles de 1999 est le caractère plus structuré de l’organisation de la RUP en 1999. La couronne de pôles de niveau 3 et 4 qui ceinture maintenant le pôle central (sauf, exception notable, vers le nord) n’existait qu’à l’état larvaire en 1975. Dans la hiérarchie des pôles de la RUP ceux des pôles qui existaient déjà étaient d’importance négligeable par rapport aux pôles plus lointains (Villes Avant-poste). Certains n’apparaissent même pas sur le contour de 1975. Si l’on tronque les pôles au niveau 4, les pôles de Roissy, Cergy, Argenteuil, Guyancourt, Evry, Melun et Noisy-le-Grand apparaissent alors que seul Poissy disparaît. Plus loin de Paris, Chartres, Beauvais et Evreux apparaissent également. La période a ainsi été marquée par le développement de plusieurs pôles (Les villes nouvelles et les pôles techniques signalés plus haut) et l’apparition d’autres (pôles de la vallée de l’Orge) certains très proches de Paris (Argenteuil). Un fait notable est le glissement vers le Sud du pôle de Créteil qui s’étend surtout au nord en 1975, sur le périmètre actuel du pôle de Marne-Ouest, et s’étend vers le Sud-Ouest jusqu’à Orly en 1999. Parmi les pôles qui se sont développés à partir de pôles existant en 1975, la majorité correspondaient à de petites entités quasi monocommunales. Le développement de ces pôles sur de nouvelles logiques (grandes infrastructures, villes nouvelles, etc.) conduit à un déplacement géographique du centre du pôle que traduit le changement de nom de celui-ci : la commune la plus importante n’est plus Pontoise mais Cergy, Trappes mais Guyancourt, Corbeil mais Evry, etc. Le cas de Flins est intéressant dans la mesure où le pôle disparaît, éclaté en deux entre Les Mureaux et Aubergenville.

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Page 45: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Evolution de la hiérarchie des pôles entre 1975 et 1999 1975 1999

Niveau 1 Paris Paris

Niveau 2 Créteil Créteil

Niveau 3 Versailles Roissy, Versailles, Cergy (Pontoise)

Niveau 4 Poissy Noisy-le-Grand, Evry, Argenteuil, Guyancourt

(Trappes), Melun, Chartres, Beauvais, Evreux

Niveau 5 Corbeil, Chartres, Beauvais, Melun, Evreux St Germain en Laye, Noisiel (Lagny), Viry-Châtillon,

Compiègne, Les Ulis (Orsay), Poissy

Niveau 6 Roissy, Pontoise, Trappes, Orsay, Flins, Mantes-la-Jolie, Meaux, Creil, Compiègne, Dreux, Soissons, Sens, Montargis

Meaux, Creil, Mantes-la-Jolie, Dreux

Niveau 7 Lagny-sur-Marne, Vernon, Fontainebleau, Montereau-Fault-Yonne

Soissons, Sens, Les Mureaux (Flins), Brétigny-sur-Orge

Niveau 8 Rambouillet, Etampes, Château-Thierry, Persan, Noyon, Romilly-sur-Seine

Aubergenville (Flins), Vernon, Fontainebleau, Rambouillet, Etampes

Maxima locaux

-

Montereau-Fault-Yonne, Senlis, Château-Thierry, Montargis, Savigny-le-Temple, Persan, Nemours, Noyon, Clermont-de-l’Oise, Romilly-sur-Seine, Coulommiers, Provins, Chantilly, Combs-la-Ville, Crépy-en-Valois, Pithiviers

Soulignés : pôles nouveaux ; Les Mureaux et Aubergenville naissent de la scission de Flins. Entre parenthèses : nom des pôles en 1975 s’ils ont changé. Italique : pôles dont le niveau a augmenté Sur la période considérée, le nombre de communes appartenant à des pôles a également crû, passant de 177 en 1975 à 255 en 1999. Il est notable que cela se soit traduit essentiellement par l’adjonction de nouvelles communes, puisque seules 10 communes appartenant à des pôles en 1975 ne sont plus dans le périmètre des pôles en 1999. 80 nouvelles communes apparaissent donc, essentiellement des communes appartenant aux départements de la deuxième couronne francilienne.

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Page 46: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Evolution des contours des pôles de la RUP entre 1975 et 1999

Département

Nombre de communes

dans les pôles en

1999

Communes nouvelles en

1999

Communes sorties des pôles entre

1975 et 1999

Croissance de l'emploi dans les

communes nouvelles

Croissance de l'emploi des communes sorties des

pôles

Val d'Oise 30 20 0 28746 -

Seine et Marne 24 19 1 56115 -1616

Yvelines 32 14 2 61862 4129

Essonne 24 12 4 53743 -142

Seine Saint-Denis 35 7 0 43282 -

Oise 11 6 0 8206 -

Val de Marne 33 5 1 9526 233

Eure-et-Loir 5 2 0 2662 -

Hauts de Seine 33 1 0 241 -

Eure 3 1 0 63 -

Loiret 2 1 2 1054 -2149

Paris (20) 0 0 - -

Aisne 2 0 0 - -

Yonne 1 0 0 - -

Aube 1 0 0 - -

TOTAL 255 88 10 265500 -455 Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Le Val d’Oise compte ainsi 20 communes de plus incluses dans des pôles (soit 30 en 1999 contre un total de 10 en 1975), la Seine et Marne en compte elle 19 (contre 5 seulement en 1975), l’Essonne en compte 14 supplémentaires, les Yvelines 12 et l’Oise 6. Les départements de la première couronne continuent de se densifier puisque le Val-de-Marne compte 7 communes supplémentaires incluses dans des périmètres et la Seine Saint-Denis 5. Au total en 1999, les départements franciliens ont tous autour de 30 communes dans le périmètre de pôles. Les communes supplémentaires sont en général des communes dont l’emploi est en forte augmentation, au contraire de celles qui sortent des périmètres. Seules trois communes nouvellement incluses perdent des emplois sur la période sur un total de 88 (4%), alors que 3 perdent des emplois sur les 10 qui quittent les périmètres (30%). Au total, celles-ci ont d’ailleurs perdu 455 emplois sur la période, soit 1% de l’emploi existant en 1975 dans ces 10 communes. En revanche, les communes incluses dans un pôle entre 1975 et 1999 ont gagné 265500 soit un quasi doublement de leur emploi entre 1975 et 1999 (96%). Au cours des trente dernières années, l’emploi a donc crû de manière importante dans des communes qui jusqu’alors n’appartenaient pas au cœur du système francilien. Ceci s’est traduit par l’extension des pôles à de nouvelles communes : les pôles comptent 30% de communes en plus en 1999 qu’en 1975. Il y a donc un important desserrement de l’emploi à de nouveaux espaces. Cependant, avant de conclure à un éventuel étalement de l’emploi francilien il faut étudier la répartition de l’emploi dans les différents pôles et son évolution sur l’ensemble de la période, par rapport à ce qui s’est passé en moyenne régionale et particulièrement dans les espaces non polarisés : l’importance de la croissance observée dans les communes rattachées à des pôles entre 1975 et 1999 (un quasi doublement) plaide tout aussi bien pour la dispersion de la croissance

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Page 47: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

dans les communes entourant les pôles précédemment existants que pour la concentration du dynamisme dans des pôles plus larges au détriment des espaces qui les entourent.

Les logiques de l'évolution : diffusion, polarisation et étalement des emplois

A contours constants (ceux de 1999), les pôles centraux représentaient en 1975, 83% de l’emploi de la RUP. Ils sont aujourd’hui sous la barre des 80%. Cette évolution pourrait être expliquée mécaniquement par la disparition dans les contours de 1999 de pôles importants de 1975. Nous avons vu précédemment que ce n’était pas le cas, les pôles s’étant même largement étendus au cours des trois périodes intercensitaire. C’est donc surtout le développement des emplois non polarisés en banlieue et dans le périurbain, doublé de l’affaiblissement du Coeur qui expliquent cette relative décrue.

La diffusion parisienne franchit le périphérique

La très forte baisse de l’emploi dans le cœur de l’agglomération, à Paris, apparaît comme le fait marquant de la période.

Poids relatif de Paris dans différents contours

1975 1982 1990 1999

évolution 90-99

Différence d’évolution

82-90/90-99

Paris-ville dans la RUP 36,3% 33,5% 31,4% 27,7% -3,7 pts -1,7pts

Paris-ville dans le Coeur17

57,2% 55,6% 54,3% 51,0% -3,2 pts -1,9 pts

Part du Coeur dans les pôles 76,5% 73,1% 71,0% 68,8% -1,2 pts -0,1 pts

Part du Coeur dans la RUP 63,5% 60,2% 57,9% 54,3% -3,6 pts -1,3 pts

Part des autres pôles dans la RUP 19,5% 22,1% 23,7% 24,6% 0,9pts -0,7pts

Pôles dans la RUP 83,0% 82,3% 81,6% 78,9% -2,7 pts -2,0 pts Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

En 1975, Paris pesait plus de 36% de l’emploi de la RUP (dans les contours actuels). Il ne pèse plus aujourd’hui que 28%. Si le poids relatif de Paris diminue dans le cœur de l’agglomération, passant de plus de 57% à 51%, la forte perte d’emplois de la capitale n’a pas totalement été compensée par la croissance de la proche banlieue comme cela aurait pu être le cas dans le cadre d’une simple extension de l’aire centrale à la première couronne. La Couronne18 a ainsi accueilli 100 000 nouveaux emplois entre 1975 et 1999 alors que Paris en perdait 300 000. S’il y a une vraie diffusion de l’emploi parisien au-delà du périphérique, elle ne suffit donc pas à compenser l’érosion globale du Coeur dans son ensemble (dans les pôles et a fortiori dans la RUP). Cette redistribution des emplois tend à diminuer les écarts existant entre les différents pôles. La première période intercensitaire considérée est caractérisée par la relative stabilité de l’emploi moyen par pôle, mais la forte diminution de l’écart type entre pôles. Ceci traduit la croissance de pôles importants en banlieue et en périphérie au détriment de l’emploi parisien : sur la période, l’emploi dans les pôles reste stable mais l’écart entre pôles se réduit fortement.

17 Le Coeur correspond au pôle parisien avant son redécoupage interne. Il comprend donc Paris, tous les pôles

internes (Courbevoie, Boulogne, Montreuil, Ivry et Massy, et le Plessis-Robinson) ainsi que les communes du pôle

central qui ne sont pas polarisées dans le second découpage (Paris-Agglo). 18 Le Coeur est découpé en Paris et Couronne. Cette dernière comprend donc l'ensemble des communes du Coeur en

dehors des arrondissements parisiens.

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Page 48: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Ventilation de l’emploi à l’intérieur des pôles de la RUP Emploi par pôle 1975 1982 1990 1999

Moyenne 78518 78041 83368 81130

Evol moyenne -477 5327 -2238

Ecart-type 270505 251531 256278 232221

Evol Ecart-type -18973 4747 -24057

Ecart-type (sans Paris) 81928 90976 89417 97190

Evol E-type (sans Paris) -1559 7773 1367Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

La seconde période intercensitaire est marquée par un renforcement des pôles et des inégalités entre pôles. La croissance des années 1980 est donc caractérisée par une forte tendance de l’économie francilienne à l’agglomération : les pôles captent l’activité et les plus grands pôles en captent plus, favorisant un accroissement des écarts. La croissance contrariée des années 1990 affecte l’emploi des pôles, comme en témoigne la baisse de l’emploi moyen, mais de manière très ciblée : les écarts entre pôles qui s’étaient accrus en période de croissance se sont très fortement resserrés (l’écart type diminue de 10% sur la période). Au total, si l’emploi moyen de 1999 reste supérieur à celui observé en 1975, l'écart type est lui très largement inférieur. La première période est celle qui sanctionne l’apparition de nouveaux pôles. Les années 1980 sont les années dans lesquelles ces pôles atteignent leur masse critique dans le contexte d’un renforcement des hiérarchies. Le reflux des années 1990 fait alors apparaître en creux une nouvelle géographie, structurée par ces pôles consolidès par les années de croissance, qui resistent alors que les pôles centraux voient leur emploi diminuer fortement. L’harmonisation des pôles est donc un mouvement massif sur cette période, en grande partie d’ailleurs du fait de la diminution de la valeur extrême qu’est toujours Paris et de la forte croissance de la première couronne. Courbevoie (qui s’étend jusqu’à Saint-Denis) a ainsi beaucoup crû sur la période, presque une fois et demi plus en valeur absolue que le pôle ayant le plus crû après elle. Mais en croissance relative, le pôle se développe moins que l’ensemble des communes non polarisées du coeur de l’agglomération (les communes appartenant au pôle de Paris mais n’appartenant à aucun des pôles internes, ni Courbevoie, ni Boulogne, ni Montreuil, ni Ivry, ni Massy, ni Plessis). Il y a donc un desserrement de l’emploi dans toute l’agglomération au-delà même des premières couronnes de communes.

Forte croissance des pôles périphériques et baisse de l’emploi parisien

Mais la diminution de l’emploi parisien n’est pas seule à entrer en ligne de compte : il y a eu un réel rattrapage des pôles secondaires de la RUP sans lequel l’emploi polarisé aurait diminué de 219 000 unités entre 1975 et 1990 (Tableau ci-après, version intégrale en Annexe 4).

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Page 49: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Evolution de la polarisation dans la RUP

Nom du pôle Emploi en

1999 place en

1999

Evolution entre 1975 et

1999

Progression entre 1975-

et 1999 (ref. 1975)

Progression entre 1975-et

1999 (ref. 1999)

Paris – ville 1600815 1 -317245 -16,5% -19,8%

Courbevoie - Saint Denis 636512 2 67762 11,9% 10,6%

Centre 3136510 - -219150 -6,5% -7,0%

Créteil - Orly 202186 5 17491 9,5% 8,7%

Versailles 109479 6 24334 28,6% 22,2%

Noisiel 100721 8 28281 39,0% 28,1%

Roissy-en-France 70106 10 51251 271,8% 73,1%

Cergy 86204 9 47349 121,9% 54,9%

Guyancourt 65661 11 52196 387,6% 79,5%

Evry 65409 12 27054 70,5% 41,4%

Les Ulis 49024 14 23579 92,7% 48,1%

Lagny-sur-Marne 30273 21 26418 685,3% 87,3%

Brétigny-sur-Orge 26687 22 10507 64,9% 39,4%

Senlis 9815 40 3185 48,0% 32,5%

Savigny-le-Temple 15086 31 9866 189,0% 65,4%

Nemours 6596 46 2606 65,3% 39,5%

Combs-la-Ville 4317 52 2912 207,3% 67,5%

Pôles non parisiens 853708 - 58252 7,3% 6,8%

Total polarisé 4558914 - 36554 0,8% 0,8%

Total RUP 5781054 - 469650 8,8% 8,1% Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Cette diffusion de l’emploi à l’intérieur du pôle central s’est accompagnée d’un très fort développement de pôles situés dans des espaces qui étaient aux franges de l’agglomération parisienne en 1968 : essentiellement les Villes Nouvelles (Marne Ouest, Cergy, Saint-Quentin en Yvelines, Evry et Marne Est sont dans la liste) et les pôles d’activité (Roissy et Les Ulis). Leur emploi étant négligeable en 1975 (75% de l’emploi actuel de Roissy s’est développé depuis 1975), ces pôles présentent des taux de croissance à trois chiffres au minimum. Mais leur croissance est également très importante en valeur absolue puisque à l’exception du pôle oriental de Marne la Vallée (de développement plus récent et qui gagne malgré tout plus de 30 000 emplois), ces pôles gagnent tous entre 30 000 et 60 000 emplois entre 1975 et 1999 (soit presque l’équivalent de la population active d’une agglomération comme Troyes ou Amiens en 1999). La réduction de l'écart type entre l’emploi des différents pôles observée entre 1975 et 1999 tient en grande partie à l’affaiblissement de Paris. Mais elle tient aussi pour beaucoup à la redistribution de l’emploi au profit de quelques pôles périphériques. Si l’on ne tient pas compte de Paris dans les calculs, l’écart type est ainsi divisé par 2,5 entre 1975 et 1999. Il est certes en légère augmentation sur la dernière période, mais son évolution est deux fois plus faible que celle obtenue en intégrant la baisse parisienne. Une hiérarchie apparaît et se renforce au sein même des pôles secondaires, mais cela ne doit pas masquer la forte croissance de l’ensemble des pôles et leur inscription dans la RUP. La part des pôles non centraux est ainsi en augmentation. Elle passe de 19,5% de l’emploi de la RUP (et 23,5% de l’emploi des pôles) en 1975 à 25% de l’emploi de la RUP et 31% de l’emploi des pôles. D’un point de vue strictement comptable, la croissance des pôles périphériques se fait donc en se substituant aux pôles centraux.

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Page 50: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Etalement de l’emploi hors des différents pôles

Dans le même temps, le poids des pôles dans la RUP a diminué, l’emploi situé hors des pôles représente en 1999 21,1% de l’emploi contre 17% en 1975. Il y a donc à la fois croissance des pôles de banlieue proche et étalement vers des pôles plus lointains, mais cela n’explique pas 9,3% de croissance de l’emploi sur la période. Car même en cumulant la croissance des pôles centraux entourant Paris (+7% entre 1975 et 1999) et la très forte croissance des pôles périphériques (+38%) les nouveaux emplois compensent à peine la perte de Paris intra-muros (-17%) : sur la période ce sont au total 170 500 emplois qui ont été créés dans l’ensemble des pôles. La croissance de l’emploi dans la RUP atteignant presque 500 000 unités, des emplois sont donc apparus hors du contour des pôles qui s’est pourtant passablement élargi entre 1975 et 1999.

Evolution de l’emploi de différents types d’espace et de leur part dans la RUP 1975 1982 1990 1999 1975-1999

Libellé emploi

% de la RUP

emploi % de la

RUP emploi

% de la RUP

emploi % de la

RUP Val Abs

% de 1975

Paris 1918060 36,3% 1775993 33,5% 1796378 31,4% 1600815 27,7% -317245 -16,5%

Couronne 1437600 27,2% 1420356 26,8% 1514782 26,5% 1535695 26,6% 98095 6,8%

Pôles 1032690 19,5% 1174172 22,1% 1355403 23,7% 1422404 24,6% 389714 37,7%

Hors pôles 900100 17,0% 938068 17,7% 1051876 18,4% 1222140 21,1% 322040 35,8%

RUP 5288450 100,0% 5308589 100,0% 5718439 100,0% 5781054 100,0% 492604 9,3%

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Si les pôles périphériques captent une grande part des nouveaux emplois périurbains, près de 390 000 emplois sur la période, L’étalement est tout de même bien réel puisque ce sont presque autant d’emplois (320 000) qui ont été créés en dehors des pôles. Ceci est d’autant plus important à noter que le phénomène s’accélère sur la dernière période. Le poids des pôles dans la RUP diminue de 2,7 points entre 1990 et 1999. La baisse relative du poids des pôles dans la Région Urbaine est de la même ampleur que la baisse relative du poids de Paris dans l’agglomération !

Conclusion

Du seul point de vue de la répartition spatiale des emplois, les trente dernières années ont été marquées par trois phénomènes d’ampleur équivalente qui concourent à une égalisation de la part relative de chaque espace dans la RUP (les densités restant, elles, très différentes) :

- Paris intra-muros, le cœur de l’agglomération, a perdu plus de 300 000 emplois que les 100 000 créations nettes dans la Couronne ne suffisent pas à compenser.

- Les pôles de la périphérie ont gagné 300 000 emplois. Certains connaissent une croissance particulièrement forte sur la période, agglomérée autour de certains grands équipements installés dans les années 1960 et 1970. Ces quelques pôles croissent en effet deux fois plus vite que la plupart des autres pôles secondaires.

- Les communes périurbaines non polarisées en 1999 ont gagné 300 000 emplois. Leur croissance est en moyenne aussi importante que celle des pôles périphériques.

La dèsintégration spatiale du système productif parisien s’est donc traduite à la fois par une diffusion en proche banlieue et par l’apparition, en partie aménagée, de pôles périphériques. La croissance de la proche banlieue ne parvenant pas à compenser l’affaissement du pôle central

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Page 51: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

alors même que l’emploi a fortement crû dans la RUP sur cette période, il y a beaucoup plus d’emplois en périphérie. Une grande partie de ces emplois est concentrée dans des pôles dont l’avènement constitue une modification radicale des trente dernières années. Progressivement apparus dans les années 1970, souvent autour d’infrastructures lourdes (villes nouvelles, campus scientifique, aéroport), ils tirent parti de la croissance de l’emploi dans les années 1980 pour amorcer des dynamiques agglomératives qui perdurent sur la dernière période, alors même que de nombreuses communes perdent des emplois. Au total, les pôles d’emplois sont plus nombreux et plus importants en 1999 qu’en 1975, la période ayant particulièrement profité aux pôles situés à la lisière de l’agglomération parisienne en 1975, ceux situés plus loin étant restés relativement stables. Toutefois, l’emploi situé hors des pôles connaît un développement de plus en plus important. Le fait marquant de la dernière période est d’ailleurs leur maintien dans une phase difficile pour l’emploi régional.

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Page 52: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Activités et emplois dans la RUP : polarisation et permanence des structures

L’analyse de l’emploi et de son évolution sur les trente dernières années fait donc apparaître une dèsintégration spatiale du système productif sous la forme à la fois d’une diffusion de proximité et d’un étalement périurbain des emplois. Ce dernier se traduit par le développement de pôles de plus en plus importants et par une augmentation de l’emploi non polarisé. Des modifications aussi profondes de l’organisation spatiale de la production peuvent difficilement n’avoir aucune conséquence sur la composition locale de l’emploi, tant en terme d’activités qu’en terme de fonctions. Cependant, il reste à comprendre comment cette dèsintégration se caractérise : schématiquement, une dèsintégration spatiale peut être verticale (si chaque lieu est spécialisé sur un type d’activité), ou horizontale (si l’ensemble des activités est présente dans les pôles). L’économie de la RUP s’est en effet très profondément modifiée au cours des trente années que couvre l’étude. Au vu de ce qui s’est passé pour la Région Urbaine de Paris, la crise économique que la France a traversée apparaît comme une vraie crise Schumpeterienne, conduisant à la destruction de certains types d’emplois (les emplois de l’industrie lourde pour l’essentiel, ouvriers pour la plupart) et à l’apparition massive de nouveaux secteurs (services aux entreprises, industrie de haute technologie) et de nouvelles fonctions (surtout des cadres et des professions intermédiaires). A l’échelle des pôles de la Région Urbaine, c’est donc un processus particulièrement complexe qu’il faut démêler, puisque la structure productive19 et la structure spatiale évoluent de manière drastique au même moment et quasiment aux mêmes rythmes... Cette partie doit donc permettre de caractériser comment l’évolution de la concentration a été accompagnée d’une modification des structures productives. Le positionnement de chacun des pôles étant à interpréter de manière relative, il sera ensuite nécessaire de considérer comment les activités sont réparties à l’échelle de la RUP et surtout comment cela se traduit dans les pôles. La transformation du tissu productif et la déconcentration des emplois ont-elles débouché sur un espace spécialisé ? Quelles sont les grandes oppositions qui structurent l’espace économique de la région ? La question de l’organisation de l’espace en 1999 et celle de savoir s’il est spécialisé seront d’abord traitées. Ensuite se posera la question de l’émergence de la structure contemporaine. Dans quelle mesure existait-elle en 1975 ? Comment et où est-elle apparue ?

Des pôles en mutation toujours inscrits dans une division urbaine du travail

Les fonctions suivent un gradient Centre-Périphérie

La division intra-urbaine du travail dans la Région Urbaine de Paris suit un gradient Centre-Périphérie qui conduit à la spécialisation du Coeur dans les fonctions d’encadrement et à la spécialisation de la périphérie dans les emplois d’exécution (ouvriers pour l’essentiel).

19

De plus, le changement de nomenclature d’activité de 1993, qui permet de bénéficier sur la fin de la période d’une

ventilation des activités plus conforme à la réalité du moment, empêche tout recul statistique qui permettrait

d’embrasser l’ensemble de la période…

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Page 53: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Ventilation de l’emploi par PCS en fonction des types de pôles (1975 recodé) Evolution 1975 -1999

CSP Type de pôle

Part de la CSP dans l’emploi en

1975

Part de la CSP dans l’emploi en

1982

Part de la CSP dans l’emploi en

1990

Part de la CSP dans l’emploi en

1999

En % de la part

En % des effectifs

Paris 5% 6% 6% 5% 1% -18%

Couronne 6% 6% 6% 5% -14% -10%

Autres Pôles 5% 5% 5% 4% -22% 3%

Total 5% 6% 6% 5% -11% -10%

Hors pôles 11% 12% 9% 8% -24% 3%

Chefs d'entreprises,

artisans

Région 6% 7% 6% 5% -12% -7%

Paris 15% 20% 24% 27% 79% 45%

Couronne 11% 15% 20% 25% 128% 138%

Autres Pôles 9% 11% 15% 17% 97% 157%

Total 12% 16% 20% 23% 90% 92%

Hors pôles 7% 8% 12% 13% 90% 156%

Cadres

Région 11% 15% 19% 21% 86% 97%

Paris 20% 20% 22% 24% 25% 1%

Couronne 21% 23% 23% 27% 28% 34%

Autres Pôles 17% 20% 21% 26% 47% 93%

Total 19% 21% 22% 25% 31% 33%

Hors pôles 17% 20% 25% 25% 47% 99%

Professions intermédiaires

Région 19% 21% 23% 25% 33% 41%

Paris 41% 38% 34% 32% -22% -36%

Couronne 27% 27% 26% 27% 1% 5%

Autres Pôles 27% 28% 27% 28% 4% 37%

Total 33% 32% 29% 29% -12% -11%

Hors pôles 23% 26% 28% 30% 30% 75%

Employés

Région 32% 31% 29% 30% -7% -1%

Paris 19% 16% 15% 11% -41% -52%

Couronne 36% 29% 24% 17% -53% -51%

Autres Pôles 34% 29% 26% 20% -41% -23%

Total 28% 24% 21% 16% -44% -43%

Hors pôles 53% 44% 32% 31% -41% -21%

Ouvriers

Région 32% 27% 23% 19% -41% -38%

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Le taux de cadres décroît ainsi régulièrement entre le centre et la périphérie: Paris compte 27% de cadres en 1999, la Couronne 25%, les pôles périphériques 17% et les communes hors des pôles 13%. Le taux d'ouvrier suit lui le schéma inverse puisqu'il y a 11% d’ouvriers à Paris, 17% en banlieue, 20% dans les pôles périphériques et 31% dans les communes hors des pôles. Pour les employés, le gradient apparaît plus dans les tendances que dans les niveaux : tous les pôles affichent environ 30% d’employés. La progression, elle, est fortement contrastée depuis le centre qui se vide à la périphérie très dynamique. Le nombre d’employés décroît de 36% à Paris, croît de 5% en Banlieue, de 37% dans les pôles périphériques et de 75% dans les communes non polarisées.

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Page 54: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Dans le cadre d’une RUP qui se tertiarise et voit son emploi cadre augmenter (le nombre de cadres double en 25 ans), les pôles externes et les communes non polarisées connaissent une mutation très importante. Le taux d’encadrement double ainsi dans les pôles périphériques, passant de 9% à 17% de l’emploi, et dans les communes non polarisées, il passe de 7 à 13%. Le rattrapage est cependant plus fort dans la proche banlieue, où le taux d’encadrement augmente de 128% rattrapant quasiment celui de Paris dont la croissance est plus modérée sur la période (+80%). Ainsi, et en dépit d’une croissance en effectifs impressionnante (le nombre de cadre augmente de presque 160% dans les pôles périphériques et les communes non polarisées) des écarts de structure existent toujours entre le centre et la périphérie. Compte tenu de la nature de l'évolution qu'a connue Paris (due beaucoup plus à l'effondrement du nombre d'ouvriers, employés et artisans qu'à la croissance des cadres) on peut véritablement parler de rattrapage pour la Couronne dont le profil est de moins en moins différent de celui de la capitale (ne serait le taux d’ouvriers dans l’emploi). Les pôles périphériques sont eux périphériques au sens où leur profil brut est parfois assez éloigné de celui du centre, mais ce sont des pôles dans la mesure où il reste différent de celui des communes situées hors des pôles. On observe ainsi une nette différence entre le contenu des communes situées dans des pôles et celles situées hors des pôles. Mais on observe aussi très généralement une grande proximité de tendance, sinon de niveau, entre les pôles périphériques et le hors pôle. L'emploi d'artisans augmente ainsi de 2,5% dans les pôles de 2,6% dans les communes hors-pôles, alors même qu'il décroît en Couronne et décroît fortement à Paris. De même, l'emploi de cadres augmente de 157% dans les pôles et 156% dans le hors pôle contre 138% en Couronne et 45% à Paris, ou encore l'emploi ouvrier baisse de seulement 23% et 21% dans les pôles et le hors-pole contre 51% et 52% dans le Centre. Même si ces évolutions relatives recouvrent des valeurs absolues parfois très différentes, la proximité des évolutions constatées entre les communes des pôles et celle situées en dehors de tout pôle alimente le constat d’un étalement des emplois. Le seul élément allant à l'encontre de cela est l'augmentation de l'écart type entre les pôles soulignée plus haut: quelques pôles croissent énormément (en particulier les villes nouvelles) tandis que d'autres stagnent, ce qui conduit en moyenne à une augmentation voisine de celle observée sur les communes non polarisées. L'étalement est donc très élevé mais ne doit pas masquer qu'en même temps des pôles locaux parviennent à s'affirmer. L'effet de toutes ces évolutions sur la géographie francilienne est non négligeable. Le fait principal est la diminution du poids de Paris qui passe de 37% de l'emploi régional à 28% de celui-ci. Ce constat est vrai pour chacune des catégories socioprofessionnelles. Ainsi, en dépit même du remplacement partiel d'employés et d'ouvriers par des emplois de cadres (et donc de sa plus forte spécialisation), Paris représente une part de plus en plus faible de l'emploi de cadres: de 49% en 1975, sa part dans l'emploi de cadres de la RUP descend à 36% en 1999. Que l'on considère les évolutions absolues ou relatives, la capitale est donc la zone dont l'emploi de cadres et de professions intermédiaires augmente le moins, et celle dont les chefs d'entreprises et artisans, les employés et les ouvriers diminuent le plus. L'augmentation du niveau de spécialisation de Paris dans l'emploi cadre noté précédemment n'est dont liée qu'au fait que l'emploi d'artisans, ouvriers et employés s'effondre dans la capitale et non au dynamisme particulièrement fort de l'encadrement.

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Page 55: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Répartition spatiale des différentes catégories socioprofessionnelles

1975 1982 1990 1999 évolution

1975-1999 CSP Ensemble

communaux Effectif Part Effectif Part Effectif Part Effectif Part V.abs %

évolution de la part (points)

Paris 102409 31% 101980 29% 98522 28% 83898 28% -18511 -18,1% -3,7pts

Couronne 80989 25% 85444 24% 84161 24% 72941 24% -8048 -9,9% -0,8pts

Pôles 59614 18% 67776 19% 68727 20% 61139 20% 1525 2,6% 1,9pts

Total 243012 74% 255200 73% 251410 72% 217978 72% -25034 -10,3% -2,6pts

Hors pôles 83294 26% 96728 27% 99265 28% 85402 28% 2108 2,5% 2,6pts

Chefs d'entreprises,

artisans

Région 326306 100% 351928 100% 350675 100% 303380 100% -22926 -7,0% 0,0pts

Paris 289330 49% 357304 46% 417213 40% 420393 36% 131063 45,3% -12,9pts

Couronne 155910 26% 210680 27% 285631 28% 370946 32% 215036 137,9% 5,4pts

Pôles 95207 16% 135016 18% 191643 19% 245101 21% 149894 157,4% 4,9pts

Total 540447 91% 703000 91% 894487 86% 1036440 89% 495993 91,8% -2,5pts

Hors pôles 50223 9% 66324 9% 139872 14% 128469 11% 78246 155,8% 2,5pts

Cadres

Région 590670 100% 769324 100% 1034359 100% 1164909 100% 574239 97,2% 0,0pts

Paris 374961 38% 363920 33% 367708 29% 379925 27% 4964 1,3% -10,6pts

Couronne 299976 30% 325400 30% 326649 26% 401004 28% 101028 33,7% -1,6pts

Pôles 193723 19% 250088 23% 274772 22% 372941 26% 179218 92,5% 7,0pts

Total 868660 87% 939408 86% 969129 77% 1153870 82% 285210 32,8% -5,2pts

Hors pôles 128392 13% 159044 14% 285043 23% 255395 18% 127003 98,9% 5,2pts

Professions intermédiaires

Région 997052 100% 1098452 100% 1254172 100% 1409265 100% 412213 41,3% 0,0pts

Paris 795567 48% 694800 42% 572283 36% 507580 31% -287987 -36,2% -16,9pts

Couronne 384934 23% 385384 23% 362148 23% 405642 25% 20708 5,4% 1,6pts

Pôles 304397 18% 357428 22% 353984 22% 415586 25% 111189 36,5% 7,0pts

Total 1484898 89% 1437612 87% 1288415 80% 1328808 81% -156090 -10,5% -8,3pts

Hors pôles 177567 11% 207176 13% 315979 20% 310526 19% 132959 74,9% 8,3pts

Employés

Région 1662465 100% 1644788 100% 1604394 100% 1639334 100% -23131 -1,4% 0,0pts

Paris 358551 22% 289828 20% 247913 19% 170792 17% -187759 -52,4% -5,1pts

Couronne 515784 31% 412624 29% 337815 26% 252790 24% -262994 -51,0% -6,7pts

Pôles 383118 23% 362272 26% 338386 26% 294684 28% -88434 -23,1% 5,4pts

Total 1257453 76% 1064724 75% 924114 72% 718266 69% -539187 -42,9% -6,4pts

Hors pôles 399903 24% 354516 25% 364079 28% 316054 31% -83849 -21,0% 6,4pts

Ouvriers

Région 1657356 100% 1419240 100% 1288193 100% 1034320 100% -623036 -37,6% 0,0pts

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

La montée des emplois de cadres et de professions intermédiaires, qui représentent 46% des emplois de la région en 1999 contre 30% en 1975 témoigne à la fois d’une activité de plus en plus tirée par les fonctions intellectuelles et de conception et à la fois d’une production de plus en plus tournée vers les services comme le montre l’approche par activités.

Croissance sélective des fonctions tertiaires

Affirmation du tertiaire

L'évolution de l'emploi contenu dans les pôles suit dans l'ensemble la même évolution que celui de l'ensemble de la région étudié plus haut. En 1999, la principale différence entre le classement effectué sur la RUP dans son ensemble et celui effectué sur les seuls pôles économiques tient au

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Page 56: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

poids plus important du Conseil (1er et non 3ème) et des activités financières (7ème et non 10ème) (l'annexe 5 contient des analyses chiffrées plus précises). En 1999, les quinze activités les plus importantes sont toutes des activités de services à l’exception de la Construction. Elles rassemblent plus de 82% des emplois de la RUP. Entre 1990 et 1999, les activités de Conseil et assistance aux entreprises (465 473 emplois soit 10,5% de l'emploi des pôles) prennent pour la première fois la tête devant les Administrations publiques (463 502 emplois soit 10,4%). Neuf des dix premiers taux de croissance concernent les activités de taille importante (à commencer par l’activité de conseils et assistance qui croît de plus de 16,5% sur la dernière période). Mais on compte aussi parmi les principales activités les plus fortes baisses relatives observées sur la période : l’activité de Commerce (-7%), les Activités financières (-10%) et la Construction (-30%). Ces dynamiques conduisent à des évolutions massives pour quelques secteurs parmi les plus importants. La croissance des activités de conseil et assistance a généré plus de 66 000 emplois, celle du secteur Santé et action sociale 40 000 emplois, les services opérationnels 35 000 emplois et celle de l’administration publique ou des activités récréatives et culturelles 30 000 emplois pour chacun des secteurs. A l’opposé, le Bâtiment a perdu 71 000 emplois, les Activités financières 27 000 emplois et le Commerce de détail 20 000. Les trois autres activités qui perdent plus d’emploi que ce dernier secteur sont dans l’ordre les Industries des équipements électriques et électroniques (-28 000 emplois), la Métallurgie (-25 000 emplois) et les Activités immobilières (-22 000 emplois). Du point de vue sectoriel, la dernière période intercensitaire se place donc dans la continuité des changements observés dans les années précédentes. La période qui s’étend de 1975 à 1990 a ainsi été marquée par le moment le plus fort de la crise industrielle, les emplois tertiaires ne commençant véritablement à se développer qu’au cours de la deuxième période intercensitaire. Les principales activités de 1975 sont celles qui ont parmi les taux de croissance les plus faibles et celles qui sont les plus dynamiques sur la période sont les activités qui aujourd’hui structurent l’activité (services marchands aux entreprises et aux particuliers, Commerce de gros, Banques, Edition, Transports, Télécommunications, Parachimie et pharmacie et constructions aéronautiques). Au contraire, les industries lourdes subissent de plein fouet la crise industrielle. On notera d’ailleurs que ces activités sont moins importantes dans les pôles que dans la RUP dans son ensemble. A l’inverse, les Banques et le Transport ont une place plus importante dans les pôles.

Développement de fonctions spécifiques

Si les évolutions constatées sur l'ensemble de la période traduisent une modification de la structure sectorielle de la région et plus particulièrement de ses pôles d'emplois les dynamiques observées concernent également les fonctions exercées. Ainsi les Activités financières perdent 27 000 emplois sur les dix dernières années mais cela traduit plus une évolution fonctionnelle de l'activité. Cette baisse de l’emploi est très sélective et l’emploi de cadres augmente lui de plus de 12%. Si l'aspect sectoriel demeure largement déterminant et prédominant, il y a tout de même des différences non négligeables entre l’évolution de chacune des catégories socioprofessionnelles au sein d'activités identiques. Il est ainsi remarquable que les 34 baisses d'effectifs les plus fortes (sur 174 types d'emplois) concernent exclusivement les employés, ouvriers et artisans de différentes activités et ne touchent ni les cadres ni les professions intermédiaires de celles-ci.

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Page 57: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Les principaux types d’emplois des pôles de la RUP

Activité (Naf 36) PCS Effectif 1999

Part 1999

Effectif 1990

Part 1990

Evolution 1990-1999

Evolution de la part

1990-1999

Administrations publiques Employés 239540 5,4% 230119 5,1% 9421 4,1% 0,3%

Conseils et assistance Cadres 227351 5,1% 179685 3,9% 47666 26,5% 1,2%

Santé, action sociale Employés 179547 4,0% 152664 3,4% 26883 17,6% 0,7%

Education Prof. Interm. 130776 2,9% 113822 2,5% 16954 14,9% 0,4%

Santé, action sociale Prof. Interm. 129946 2,9% 117496 2,6% 12450 10,6% 0,3%

Conseils et assistance Prof. Interm. 124733 2,8% 101088 2,2% 23645 23,4% 0,6%

Commerce de détail Employés 123549 2,8% 122572 2,7% 977 0,8% 0,1%

Administrations Publiques Prof. Interm. 106706 2,4% 89837 2,0% 16869 18,8% 0,4%

Education Cadres 102266 2,3% 94620 2,1% 7646 8,1% 0,2%

Services opérationnels Ouvriers 100202 2,3% 87808 1,9% 12394 14,1% 0,3%

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Si l’on considère les emplois qui sont le plus inégalement répartis entre les pôles de la Région Urbaine de Paris, aucune tendance claire ne se dégage : ni la logique sectorielle, ni la logique fonctionnelle ne semblent prédominer. Quelques secteurs phares de la Région sont tout de même plusieurs fois représentés dans les douze emplois les plus inégalement répartis : l’industrie automobile, la construction aéronautique, la Santé et les Transports, mais aucun ne l’est massivement ; De même, on trouve aussi bien des employés, des ouvriers que des cadres.

Emplois les plus inégalement répartis dans les pôles

PCS Activité (Naf 36) Part moyenne de

chaque pôle Ecart-type

Ouvriers Industrie Automobile 1,38% 5,96%

Professions intermédiaires Santé, Action sociale 4,02% 3,10%

Employés Santé, Action sociale 6,02% 3,00%

Employés Transports 1,02% 2,40%

Cadres Conseils et assistance 2,29% 2,35%

Professions intermédiaires Transports 1,15% 2,28%

Professions intermédiaires Construction aéronautique 0,59% 2,24%

Professions intermédiaires Industrie Automobile 0,61% 2,24%

Ouvriers Transports 2,41% 2,20%

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

L’aspect surprenant dans ce constat est que ce sont les secteurs les plus importants des pôles qui sont le plus inégalement répartis. Ce sont aussi les secteurs qui évoluent le plus. Du point de vue des emplois (issus du croisement entre activité et catégorie socioprofessionnelle), il y aurait ainsi une accusation des spécialisations de la RUP. Certains grands secteurs croissent de manière spectaculaire tandis que d’autres s’effondrent ou se recomposent très largement. Il semble que nous assistions à un basculement très important du socle d’activités sur lequel se construit l’économie de la RUP, les différents types de fonctions n’étant pas affectés pareillement dans une même activité. Cela est particulièrement frappant dans le cas des activités financières.

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Page 58: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Un espace productif aux clivages sectoriels et fonctionnels nets...

S’interroger sur l’organisation spatiale des activités rend nécessaire de préciser les dynamiques sectorielle qui ont conduit à la structure actuelle. On s’interrogera ensuite plus précisément sur les oppositions qui structurent l’espace économique en 1999.

Une grande permanence des structures socio-économiques entre 1975 et 1999

L’organisation industrielle qui se greffe sur les pôles sera abordée en partant de la composition de l’emploi de chacun des pôles. On cherchera les types d’emplois qui rendent le mieux compte des oppositions qui structurent la RUP. Il ne s’agit donc pas d’apparier les pôles mais de considérer ce qui, du point de vue des emplois, caractérise le mieux les antagonismes traversant la région.

1975-1990 : opposition entre les services aux personnes et des industries de plus en plus tertiaires

En 1975, l’espace économique défini autour des pôles est structuré par deux types d’emplois. D'une part, les pôles se distinguent en fonction de la présence de services aux personnes et d’activités commerciales au sens large (Commerce de détail alimentaire et non-alimentaire toutes catégories socioprofessionnelles confondues au premier chef, mais aussi un ensemble d'activité orientées vers les personnes : commerce de gros, Télécommunications, Banques, Réparations). D'autre part, les pôles se distinguent ensuite par l’importance relative des emplois plus orientés vers les entreprises, qu'ils soient tertiaires ou d’ingénieurie : les services aux entreprises toutes catégories confondues (cadres, professions intermédiaires et ouvriers en particulier) et les cadres des secteurs industriels (Eau, gaz et électricité, Chimie de base, Fonderie, Constructions mécaniques ou encore Fabrication de matériel électrique et électronique) expliquent une grande partie des écarts dans la distribution des pôles. Par comparaison, en 1982, les services se sont particulièrement affirmés et ce sont les emplois de cadres et professions intermédiaires des services aux entreprises qui structurent le second axe20. L’élément nouveau par rapport à 1975 tient à ce que cet axe n’est plus seulement un gradient le long duquel les pôles se répartissent en fonction de la part des effectifs d’employés dans les services aux personnes dans leur emploi. Le secteur automobile structure toute la deuxième partie de l’axe. La tertiarisation de l’économie de la RUP et l’orientation de plus en plus professionnelle des services se poursuit entre 1982 et 1990. A cette date, l’ordre des deux axes structurant a été inversé et ce sont dèsormais les ingénieurs et cadres des services professionnels qui expliquent le plus les oppositions entre pôles. Les emplois de cadre contribuent à définir l’essentiel des caractéristiques de ce gradient, tiré entre autres par les Services aux entreprises, la Banque et les Télécommunications. Le second axe se définit quant à lui de la même manière que l’axe principal de 1982 (qui apparaissait déjà très largement tel quel en 1975), c’est à dire d’un côté les services aux particuliers et de l’autre l’automobile. Le changement de nomenclature affecte principalement quelques secteurs industriels (Encadré 1) : recodès, les résultats du recensement de 1990 font toujours apparaître un premier axe structuré par les cadres des services (ainsi que ceux de l’industrie des équipements électriques) et le second par les employés des services aux personnes. Toutefois le secteur automobile ne structure plus l’espace économique par opposition aux services aux personnes

20 Les activités de banque, d’Assurance, le commerce de gros ou l’imprimerie participent aussi à la définition de cet

axe. Par contre, elles contribuent beaucoup moins à la définition du premier axe qui repose toujours sur les activités

commerciale.

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mais par rapport aux services aux entreprises et entre donc dans la définition du premier axe. De plus, le second axe se définit plus par la catégorie socioprofessionnelle des employés (que ce soit dans les Activités financières, le Conseil, les Activités culturelles, les services domestiques ; l’éducation ou l’Administration publique) que par l’activité. Le glissement est cependant léger dans la mesure où les activités mentionnées ci-dessus sont, à l’exception du Conseil, des activités à destination des personnes plutôt que des entreprises.

En 1999 : Services aux entreprises, industries, services aux personnes

En 1999, les quatre premiers axes rendent à eux seuls compte d’un tiers de la distance entre les différents pôles. Le premier axe discriminant est structuré essentiellement par les cadres (1er rang de contribution), professions intermédiaires (2ème) et chefs d’entreprises et artisans (3ème) employés dans les activités de Conseil et assistance. Viennent ensuite et jouant toujours dans le même sens, les emplois de cadres et professions intermédiaires du Commerce de gros, l’encadrement des Activités financières, des Activités immobilières, et des Postes et télécommunication. A l'inverse, les ouvriers et les employés travaillant dans le Commerce et réparation automobile ainsi que dans le Commerce de détail et réparations en général ou encore les ouvriers des secteurs Santé et action sociale, Eau, gaz et électricité et Industrie des équipements mécaniques caractériseront les pôles situés de l'autre côté de l'axe. Ce premier axe reprend donc clairement une logique socioprofessionnelle et sectorielle en opposant d’une part les ouvriers et employés travaillant dans la fabrication ou les services de proximité et d’autre part les cadres (essentiellement) travaillant dans le tertiaire supérieur. Le second axe est lui structuré par l’opposition entre les emplois de services aux personnes d’une part et l’industrie d’autre part. Le terme de services aux personnes recouvre l’ensemble des services aux particuliers, que ce soient les Services personnels et domestiques ou l’hôtellerie et restauration, mais aussi les services publics. Les emplois dans la Santé et l’Education participent fortement à la définition de l’axe. Ce sont ainsi les cadres de la Santé qui contribuent le plus à la structure de cet axe. A l'opposé, on trouve les emplois d'ouvrier des Services opérationnels, et plus largement l’ensemble des employés et ouvriers, toutes industries confondues. Les troisième et quatrième axes sont structurés de manières légèrement différentes, mais tous deux recouvrent l’ensemble des catégories socioprofessionnelles des activités textiles (Habillement, cuir et Industrie textile). La structure de 1999 marque donc une rupture par rapport aux analyses précédentes, qui apparaissait toutefois en tendance dans l’analyse de 1990 en Naf : le changement de nomenclature se traduit par une opposition plus basée sur les fonctions que sur les activités. Néanmoins, toutes les traces des structures précédentes n’ont pas disparu dans la mesure où le premier axe est encore très largement structuré par les services supérieurs et le second oppose les services aux particuliers et l’industrie.

Une remarquable permanence des inscriptions territoriales des activités

Sur l’ensemble de la période, les pôles structurants sont d’ailleurs toujours sensiblement les mêmes. Ainsi l’axe défini par les services aux personnes et l’automobile, qui est historiquement le plus structurant oppose Paris, Combs-la-Ville, Pithiviers, Château-Thierry ou encore, sur la fin de la période, Fontainebleau, Chantilly et Saint-Germain-en-Laye à Roissy, Poissy, Aubergenville, Savigny-le-Temple, Persan et Nemours. L’axe qui s’affirme de plus en plus entre 1975 et 1999, celui des services aux entreprises, connaît lui plus de variations. Mais les pôles structurants sont Paris, Guyancourt, Les Ulis, Plessis-Robinson, Courbevoie et Saint-Denis au début de la période. En fin de période, il s’agit de Paris,

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Guyancourt, Les Ulis, Boulogne, Noisiel et Courbevoie. La présence des pôles émergents dès 1975 n’est pas étonnante dans la mesure où l’on raisonne en structure et non en effectifs absolus. Cette stabilité des oppositions montre que s’il y a eu de profondes évolutions de l’activité et de la géographie de la Région Urbaine de Paris, la déconcentration, la polarisation et même la mutation du système productif ont eu peu d’impact sur le positionnement socio-économique des différents espaces. L’image d’une permanence des oppositions et des spécialisations territoriales s’impose.

Les activités des pôles en 1999 : Services, industrie, industrie lourde

Les résultats suivants ont été obtenus sur la base d’Analyses en Composantes principales (ACP) réalisée sur l’ensemble des pôles en Naf90 en 1999. Deux analyses ont été successivement menées, l’une sans effet de taille (on n’a retenu que les parts représentées par les différentes activités pour chacun des pôles), l’autre avec effet taille (qui prend en compte l’impact de la taille du pôle sur son positionnement relatif). Si l'on détaillera essentiellement les résultats de l’analyse sans effet taille, on représentera par contre les sorties de l’analyse sur les effectifs21.

Activités de plus de 5 000 emplois dont plus de 10% de l’activité est dans 4 pôles

Activité (APE_58) Nombre d'établ.

Effectifs Part des 4

premiers pôles Part des 10

premiers pôles Herfindahl

Industrie du tabac 5225 41582 100,0% 100,0% 0,378

Recherche et développement 8179 157544 52,0% 64,5% 0,160

Cokéfaction, raffinage, industries nucléaires 5937 78573 67,2% 95,8% 0,140

Fabrication de machines de bureautique 1321 39239 57,3% 75,0% 0,137

Industrie automobile 1520 29386 49,9% 79,0% 0,083

Fabrication d'autres matériels de transport 178 51806 45,7% 72,2% 0,072

Transports par eau 4498 138703 47,9% 66,6% 0,071

Métallurgie 507 7841 41,5% 55,6% 0,067

Captage, traitement et distribution d'eau 594 49720 43,4% 62,9% 0,065

Industrie du cuir et de la chaussure 2855 20579 36,8% 48,4% 0,049

Transports terrestres 26790 185915 28,0% 37,4% 0,031

Industrie du caoutchouc et des plastiques 864 69652 26,4% 39,2% 0,030

Fabrication d'équipements de radio, télé. 614 19729 25,1% 41,9% 0,027

Assainissement, voirie et gestion des déchets 15053 357055 22,1% 36,6% 0,022

Fabrication d'autres produits minéraux 433 12447 18,6% 31,9% 0,017

Fabrication de machines et appareils électr. 120 9686 14,7% 29,4% 0,014

Travail du bois 383 3629 16,0% 28,1% 0,014

Récupération 2007 14120 13,2% 27,2% 0,013

Intermédiation financière 1137 83077 16,8% 24,9% 0,012

Fabrication d'instruments médicaux 641 31588 16,7% 25,6% 0,012

Fabrication de meubles - industries diverses 120 26335 16,2% 25,1% 0,010

Assurance 4925 164012 12,8% 23,1% 0,010

Fabrication de machines et équipements 2130 30823 11,1% 21,9% 0,008

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

La taille, élément de différenciation primordial

Lorsque l'on considère uniquement les effectifs et non les parts, le premier axe reprend trivialement l'effet taille qui ordonne les pôles. Se distinguent ainsi le cœur de l’agglomération avec Paris en premier lieu, puis Courbevoie-Saint-Denis (c'est à dire essentiellement Courbevoie), et Montreuil, Boulogne, Créteil, etc.

21 les graphiques ne tiennent pas compte de la scission des pôles de Courbevoie, en Courbevoie et Saint Denis, ni de

Créteil, en Créteil et Orly.

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Comme précisé plus haut, les différences de taille se sont amoindries sur la période. Cependant, cela est essentiellement le fait de la baisse de l'emploi à Paris, et les différences restent tout de même très élevées. Même si le premier axe permet de rappeler que les positions relatives que l'on va majoritairement traiter dans la suite du travail s'inscrivent dans un dèséquilibre persistant entre un Coeur très important et des pôles en croissance mais encore négligeables. Le premier plan est donc plus intéressant par la distinction qu'introduit le second axe.

Deux premiers axes de l’analyse sur les effectifs (Naf 90) en 1999

-10

0

10

20

30

40

50

-15 -10 -5 0 5 10 15

Paris

Courbevoie-Saint-Denis

AggloParis

MontreuilBoulogne

Créteil - Orly

ArgenteuilMarne Ouest

Ivry

MassyCergy

IndustrieLuxe et TIC

Taille

1 X 2

Creil

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Luxe et TIC (vs) Industrie

Le premier ensemble de pôles se caractérise par une représentation particulière des activités audiovisuelles, de l’imprimerie et l’édition, de l’industrie du cuir, de celle de l’habillement et des fourrures, des activités ‘récréatives, culturelles et sportives’, de même que des activités associatives, ainsi que du conseil et de quelques activités extractives (qui, dans le bassin parisien, sont essentiellement des sièges sociaux ou des centres de recherche). On y trouve les pôles de Paris, Massy ou Etampes. L’autre ensemble de pôles, plus large, est caractérisé par des activités industrielles plus classiques, allant de l’automobile ou la métallurgie à la chimie. Les pôles de la Défense-Saint Denis (autant du fait de la présence du pôle industriel de Geneviliers-Saint-Denis que du fait des emplois de direction situés dans les sièges sociaux d’entreprises industrielles à la Défense), de Montreuil, d’Argenteuil ou de Cergy, les communes de l’agglomération non polarisées, Creil ou encore Créteil relèvent de ce type de profil. Néanmoins, lorsque l’on affine encore l’analyse, des spécificités peuvent apparaître au sein même de l’ensemble industriel au sens strict.

Mécanique au sens large (vs) Industries diverses

La mécanique au sens large (de la fabrication d’appareils d’émission et transmission à l’automobile en passant par l’aéronautique et la fabrication de matériel médical et chirurgical) est

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un des secteurs les plus importants de la RUP. Les pôles qui se distinguent lorsque l’on considère ces activités sont tous situés au Sud-Ouest de Paris : Versailles, Boulogne, La Défense, Les Ulis, Guyancourt, suivis de Massy, Dreux et Rambouillet. A l’opposé, on trouve des industries plus diverses (extraction, chimie, optique, industrie du carton). Les pôles d’emplois qui suivent ce profil sont eux situés au Nord et à l’est de Paris : Montreuil, Noisy-le-grand, Créteil, Ivry et dans une moindre mesure Creil et Beauvais.

Troisièmes et quatrièmes axes de l’analyse sur les effectifs (Naf 90) en 1999

-6

-4

-2

0

2

4

6

8

-4 -2 0 2 4 6

3 X 4Mécanique

Industries

de

précision

Industries

diverses

Industrie

lourde

Versailles

BoulogneLes Ulys

Courbevoie-St Denis

St Quentin en Y

Rambouillet Dreux

AggloParis

Créteil-Orly

Marne OuestMontreuil

Ivry

Creil Beauvais

Evry

Massy

VernonAmilly

Paris

RomillyCompiène

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Industrie Lourde (vs) Industrie de précision

L’opposition Est-Ouest telle qu’elle ressort de ce dernier axe est en parte confirmée si l’on considère la distinction entre industries lourdes (caoutchouc, raffinage et nucléaire, fabrication de combustibles gazeux, activités extractives diverses) et les industries de précision (Fabrication de matériel médico-chirurgical, d’optique, de composants électroniques, ou d’appareils audios et vidéos). Celle-ci fait ressortir d’une part Dreux, Créteil, Rambouillet, Noisy-le-grand, l’agglomération parisienne, Boulogne, Versailles, Guyancourt, ou Ivry et d’autre part la Défense, Creil, Vernon, Amilly, Romilly, Paris et Compiègne. Notons qu’à l’exception de Dreux et à celles de Paris et de la défense (complètement explicables par la présence des sièges sociaux), le centre s’oppose à la périphérie si l’on considère les activités de la RUP suivant cet axe.

Espace industriel et espace géographique : une opposition Centre-périphérie et des

sous-ensembles radiaux

Les Analyses en Composantes Principales mettent clairement en évidence que la répartition des activités ne se fait pas au hasard dans l'espace francilien. Sans caractériser finement l'activité des différents pôles, il est possible de vérifier que des situations géographiques similaires se traduisent par des profils industriels voisins.

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Page 63: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Arbre de classification sur les activités des pôles de la RUP en 1999 (parts - Naf90)

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Une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) donne ainsi, en regroupant les pôles de proche en proche, des résultats intéressants à deux titres : l'opposition centre-périphérie qui ressort dans plusieurs axes de l'ACP est vérifiée, de même que sont précisées les oppositions moins nettes entre l'Est et l'Ouest de la Région Parisienne. La principale opposition révèle donc une structure centre-périphérie. Les catégories socioprofessionnelles n’étant pas retenues dans cette partie de l’étude, cette opposition ne repose que sur la structure par activité des différents pôles. Le tertiaire à destination des professionnels est ainsi largement surreprésenté dans le centre, mais aussi de nombreuses activités industrielles de haute technologie. A l’opposé, les pôles périphériques sont caractérisés par l’importance de l’industrie lourde et les services de détail dans leurs activités. Entre les deux, l’agglomération présente une très forte disymétrie Est-Ouest, l’Est étant plus caractérisé par la présence d’industries diverses, d’activités logistiques alors que des industries de pointe sont fortement implantées à l’Oues, mais nous reviendrons sur cela. Cependant si l'on approfondit les distinctions, des logiques d'organisation spatiale différentes apparaissent au sein de l'espace central et marginalement dans l'espace périphérique. Pour la quasi-totalité des pôles centraux et une partie des pôles périphériques, on observe une très forte auto corrélation spatiale dans la mesure où les pôles les plus proches dans l'espace géographique sont aussi les pôles les plus proches dans l'espace des activités. On constate ainsi des sous-ensembles de pôles particulièrement cohérents. Certains apparaissent à un niveau assez agrégé, et constituent même des classes à part entière. Ainsi des pôles de Guyancourt, Versailles, Massy, Plessis-Robinson et des Ulis ou de ceux de Paris, Courbevoie, Boulogne et Saint-Germain. Une autre classe regroupe quasi exclusivement des pôles de la Seine-Aval (Rambouillet faisant exception) et les regroupe tous. A l'intérieur même de cette classe, les sous-groupes forment des ensembles cohérents avec Argenteuil, Cergy et Poissy d'une part et Aubergenville, Les Mureaux et Mantes-la-Jolie d'autre part tandis que Vernon est légèrement à part. Si les pôles situés dans l'est de Paris (de Créteil à Saint-Denis en passant par Noisiel) ont des profils voisins, ils constituent finalement l'ensemble géographique aggloméré dont les activités sont le moins homogènes. Même les pôles de la vallée de l'Orge et jusqu'à l'Yonne présentent en effet des structures d'activités beaucoup plus proches les unes des autres que ne le sont celles de Montreuil, Ivry ou Noisy-le-Grand. Brétigny, Evry, Savigny (Sénart) et Melun sont ainsi particulièrement similaires (autant que le sont Boulogne et Courbevoie) et présentent un profil également proche de celui de Combs-la-Ville, Orly ou Viry-Châtillon qui sont les pôles les plus proches. Lorsque l'on considère les pôles périphériques, les distances augmentant il est naturel que les proximités industrielles soient moins corrélées à des logiques spatiales. Les pôles de Château-Thierry, Coulommiers et Soissons sont cependant très proches, de même que Chartres et Evreux. Mais au total, ces pôles sont plus similaires entre eux du fait de leur position périphérique, ainsi que cela a été dit, que du fait de leur inscription dans une logique radiale. L'ensemble de ces oppositions peut faire l'objet d'une synthèse regroupant les différents pôles sur la base de leurs activités considérées en 1999. Les grandes lignes structurant l'activité de la RUP (Luxe, Tertiaire supérieur, Industrie lourde, Mécanique) s'y retrouvent du fait de l'articulation entre l'espace géographique et l'espace des activités. En l'absence de réflexion sur les fonctions, l'espace francilien de 1999 apparaît donc fortement spécialisé et organisé autour de logiques industrielles s'étendant non pas à un, mais à plusieurs pôles voisins. Ce sont de véritables complexes industriels spécialisés étendus sur des dizaines de communes qui sont ainsi esquissés.

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Page 65: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Répartition des pôles sur l'unique base de leurs activités (Naf 90) en 199922 A - Avant-postes B - Seine Aval C - Centre et Hypercentre

Ind. lourde, serv. dom Ind. - Auto, Aéro, Meca Luxe, Tourisme, TIC Amilly-Montargis Argenteuil Paris

Etampes Cergy Tertiaire Supérieur Beauvais Poissy Courbevoie Sens Rambouillet Boulogne Chartres Aubergenville Saint-Germain Evreux Les Mureaux Compiègne Mantes-la-Jolie

Creil Vernon C - Technopole Sud

Nemours Conseil, NTIC, R&D Château-Thierry Les Ulis Coulommiers Le Plessis-Robinson

Soissons B - Banlieue Massy

Dreux Divers Versailles Clermont Brétigny-s-O. Guyancourt Pithiviers Savigny-le-T. Montereau Evry Persan Meaux Noyon Melun ____

Provins Saint-Denis B - Administratifs

Romilly Ivry Noisy ____ Fontainebleau Créteil Chantilly Montreuil Crépy-en-Valois Paris-Agglo Senlis Noisiel ____ Viry-châtillon Combs-la-Ville Roissy Orly ____

Préciser l'organisation et l'avènement d'une telle structure productive nécessite cependant de se pencher plus en détail sur la composition de l'emploi de chacun des pôles. Ce n'est qu'en prenant en compte les catégories socioprofessionnelles, en considérant l'évolution des emplois que l'on pourra conclure à l'effet de la déconcentration des emplois sur l'inscription des différents pôles dans la RUP...

... sur fond d’opposition fonctionnelle Centre-Périphérie

Si l’on complète la ventilation par activités (qui vient de nous permettre de caractériser l'espace industriel) par une étude de la ventilation des pôles en fonction de leurs caracétristiques socio-professionnelles, les grandes tendances structurant la région urbaine de Paris évoluent. Ce changement de 'problématique' affecte cependant peu les oppositions géographiques. Le graphique suivant présente comment les différents pôles se positionnent lorsque l’on se place

22 Les intitulés 'Banlieue' et 'Avant-postes' des classes recoupent partiellement des pôles de Couronne (Coeur privé de

Paris) ou les villes avant-postes qui composent ces classes. Cela ne signifie pas que les classes sont identiques aux

découpages précédemment évoqués. De même Centre renvoie ici à une petite partie seulement de ce qui était

dénommé Coeur dans la première partie.

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Page 66: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

dans une perspective économique plus large, c'est à dire que l'on croise les activités aux catégories socioprofessionnelles23.

Les pôles et l'espace économique de la RUP

Noisy

Ivry

Montreuil Evreux

Meaux Sens

MantesPith.

Vernon

Nemours Etampes

Rambouillet Coulommiers Provins

Soissons

Beauv.

Melun

Plessis

St Denis

Boulogne

Courbevoie

Créteil Noisiel Evry

Versailles

Cergy Massy

Les Ulis

Guyancourt

Roissy

Montargis Dreux

Creil Noyon

Crépy

Viry-Chât.

Combs Senlis

Poissy Les Mureaux

Savigny Montereau

Aubergenville

Persan

Romilly

Clermont

Argent.

Saint-Germain

Chartres Comp. P-Agglo

Brétigny

-15

-10

-5

0

5

10

15

-10 -5 0 5 10 15

Services aux personnes

Industrie et services aux entreprises

Fabrication

et services

de proximité

Tertiaire

Supérieur

Orly

Chantilly

Fontainebleau

Château-T.

Paris

Suivant ces oppositions, la répartition des pôles fait apparaître de grandes logiques géographiques : Les pôles du cœur de l’agglomération sont tous ou presque situés dans le demi-plan Est du graphique, à commencer par Courbevoie, Boulogne et Paris qui s’égrènent dans cet ordre en fonction du degré d’ouverture du pôle aux services aux personnes, mais ayant tous une très forte caractéristique ‘tertiaire supérieur’. Les pôles de Roissy, Guyancourt, Les Ulis et dans une moindre mesure de Massy présentent tous un profil similaire à savoir fort niveau de qualification et de fonctions orientées vers l’industrie. Symétriquement, Aubergenville, Persan, Montereau, Les Mureaux, Savigny-le-Temple (Sénart) ou encore Noyon qui sont tout autant orientés vers l’industrie le sont beaucoup plus par des fonctions de fabrication que par des activités tertiaires élaborées. Ces pôles sont en effet plus ou moins proches d’un groupe assez homogène contenant une grande partie des pôles de la grande banlieue et du périurbain parisien. Ces pôles occupant le demi-plan Ouest sont donc caractérisés par des emplois d’ouvriers et d’employés au sein d’activités couplant services peu développés et fabrication industrielle.

23 Il s’agit de la projection des profils de pôles, considérés ici comme des variables supplémentaires, sur le premier

plan factoriel d’une analyse en composantes principales réalisée sur les emplois (c'est à dire l'activité croisée avec la

CSP pour chaque commune), ceux-ci ayant été préalablement réduits.

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Page 67: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Une opposition fonctionnelle fondamentale entre Centre et Périphérie

Lorsque l’on classe l’ensemble des pôles de la RUP suivant leurs emplois, l’arbre que l’on obtient (Annexe 2) fait apparaître une opposition tranchée entre deux groupes de pôles qui explique une très grande partie des différences observées dans la région urbaine. La principale caractéristique de l’espace socio-économique de la Région Urbaine de Paris telle qu’elle apparaît est la très nette opposition entre le centre-ouest de l’agglomération et le reste de la région urbaine. Si l’on excepte Noisiel, la première classe embrasse uniquement des pôles situés au sud-ouest de la capitale (en intégrant Cergy et Evry) et les rassemble tous. La co-occurrence au sein d’une même classe de tous ces pôles voisins est l’indice à la fois d’une très forte auto corrélation spatiale et d’une importante ségrégation spatiale des emplois. Ce constat est renforcé si l’on observe qu’au sein de ce centre, l’hyper centre constitue lui-aussi un sous-ensemble clairement identifié, rassemblant les pôles de Paris, Courbevoie et Boulogne au sein d’une même classe. Ceci signifie donc que les pôles économiquement les plus proches de Paris sont d’abord ceux de Courbevoie et de Boulogne, puis dès que l’on élargit le paysage le reste des Hauts-de-Seine, les Yvelines et le nord de l’Essonne. Les banlieues nord et est, Montreuil ou Ivry en première couronne, même géographiquement très proches de la capitale sont elles plus proches des types d’emplois observés dans la partie non directement métropolitaine de la RUP (Vernon, Meaux, Rambouillet et l’ensemble des Villes avant-poste). L’étude du nœud initial, celui partageant l’espace économique de la RUP en deux ensembles de pôles distincts montre que la distinction fondamentale se fait essentiellement sur les types d’emplois et la présence de cadres. Sur les 9 types d’emplois les plus discriminants, 4 sont des emplois de cadre dans des secteurs d’activités très variés (Cadre dans la ‘Fabrication

d’équipements électriques et électroniques’, dans le ‘Commerce de gros’, les ‘Communications’ et les ‘Services aux entreprises’). Cette variété dans les activités contribuant à expliquer la distance entre les deux branches exclut donc provisoirement que cette segmentation puisse être essentiellement due aux activités : si des différences existent, elles ne sont que de second ordre à ce niveau de l’étude. Les emplois de cadres apparaissent ainsi souvent parmi les emplois les plus surreprésentés au sein de la population active travaillant dans les pôles de la première branche au détriment des emplois d’ouvriers et d’employés, qui sont eux souvent sous-représentés. L’inverse est vrai dans les classes de la deuxième branche qui présentent généralement des profils d’emplois dominés par les ouvriers et les employés alors que les cadres sont plutôt absents, ce quelle que soit l’activité.

De fortes distinctions sectorielles autour de pôles ou d’axes

La classification conduit donc à distinguer en première approximation deux ensembles de pôles très différents entre eux. Ces deux branches principales se ramifient ensuite de manière similaire : les deux sous-ensembles sont constitués de une ou deux classes importantes à la fois en actifs et en nombre de pôles assemblés, caractérisées par l’activité qu’elles contiennent plutôt que par les catégories socioprofessionnelles de leurs emplois. L’activité n’est donc pas un facteur discriminant lorsqu’il s’agit de dessiner les très grandes oppositions entre espaces au sein de la RUP. Par contre, dès qu’il s’agit de distinguer plus finement la position de chaque pôle dans l’espace socioéconomique, l’activité est un élément précieux. Au sein de chaque branche, les distinctions entre les différents pôles deviennent majoritairement sectorielles. La séparation entre Roissy, Poissy et Aubergenville d’une part et le cœur de l’agglomération d’autre part se fait ainsi sur la relative présence ou absence des secteurs ‘automobiles’,

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‘transports’ et ‘services aux entreprises’. Les catégories socioprofessionnelles ne jouent qu’un rôle secondaire dans la distance entre les deux classes de pôles puisque l’on trouve des représentants de toutes les PCS parmi les 10 emplois les plus discriminants : les cadres des transports contribuent autant que les employés des transports à différencier la classe 2 de la classe 1. De même, dans la deuxième branche, le pôle de Romilly constitue une classe à lui seul sur la simple base de son industrie de textile et d’habillement, toutes les PCS contribuant à nouveau de la même manière à la mise à distance de Romilly au sein de la deuxième branche. Le regroupement de Persan, Montereau et Noyon se fait aussi sur une base sectorielle puisque parmi les emplois les plus discriminants apparaissent aussi bien les chefs d’entreprises et artisans que les employés de la ‘métallurgie’ et autant les cadres que les employés et les ouvriers des ‘activités liées au travail des minéraux’. Cette observation vaut également pour expliquer la distance entre la classe 3 et les classes 4 et 5. Les emplois qui contribuent le plus à la différenciation de ces classes sont concentrés dans trois activités, ‘Construction’, ‘Commerce de gros’ et ‘Aéronautique’. Pour chacune de ces activités, les PCS contribuent toutes de la même manière à la distinction, aucune ne se démarquant véritablement. Dans la ‘Construction’, ce sont à la fois les Chefs d’entreprises et artisans, les Professions intermédiaires, les Employés et les Ouvriers ; dans le ‘Commerce de gros’, les Chefs d’entreprises et artisans, les Professions intermédiaires et les Ouvriers et enfin dans l’Aéronautique’, ce sont autant les Cadres que les Professions intermédiaires et les Employés. Une fois considérée l’opposition première entre les pôles de cadres (tous ou presque situées dans le sud-ouest de la zone centrale) et les autres, les activités sont donc primordiales pour expliquer le positionnement relatif des pôles dans l’espace socio-économique de la RUP.

Les classes traduisent ces oppositions

Au total, les 57 pôles de la région peuvent être agrégés en 7 classes de tailles variables : 3 classes sont de taille importante et 4 sont plus petites. Parmi ces dernières, trois regroupent des pôles dont le profil est fortement atypique, dominé par des activités industrielles, la classe 2 (Roissy et Orly, Poissy et Aubergenville), la classe 6 (Montereau, Noyon, Persan) et la classe 7 (Romilly). La classe 5 présente à sa manière un profil atypique, mais qui est nettement moins original que celui des trois classes précédentes. Elle sera traitée comme une classe 'périphérique' normale. Par rapport à la classification obtenue précédemment en tenant uniquement compte des activités, les différences sont nombreuses mais n'affectent pas véritablement la structure des oppositions : si 19 pôles sur 57 changent de classe, les changements sont concentrés sur quelques classes, les 8 pôles industriels ‘atypiques’ sont affectés de même que les 3 pôles ‘administratifs’. Ainsi, parmi les 46 pôles 'classiques', seuls 8 sont affectés. Si l'on considère les classes, seule la classe 'Seine-Aval' est dissoute et répartie dans d’autres classes. Les pôles d’Argenteuil, des Mureaux et de Mantes-la-Jolie rejoignent la classe ‘Techniciens - Banlieue’ qui était déjà la classe la plus proche dans l'analyse industrielle. Si l’on considère ensemble ces deux classes, les pôles de Rambouillet et Vernon sont déplacés de la classe ‘Seine-aval’ dans la classe ‘Employés, Commerces - Villes Avant-postes’, de même que les pôles de Meaux et Melun. Ce sont donc les pôles les plus périphériques et les plus anciens de la classe 'Banlieue' construite sur les activités seules qui, lorsque l’on considère l’ensemble des emplois, présentent un profil de villes avant-postes.

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A l’inverse, Cergy est transféré dans la classe ‘Cadres, Tertiaire Supérieur - Centre’ alors qu’une analyse uniquement basée sur les activités à un niveau fin l’attribuait à la classe ‘Seine-aval’. De même Evry et Noisiel passent de la classe ‘Banlieue-Activités diverses’ à la classe centrale. Au-delà de la spécialisation industrielle, que la précédente classification fait ressortir, les pôles récemment apparus sont ainsi tous dans la classe regroupant les emplois ‘centraux’ (à l’exception de Noisy-le-Grand).

Classes de pôles sur la base des emplois (Naf90*CS) en 1999 Classe « Centrale »

(emplois cadres) Classes « Périphériques »

(emplois diversifiés – techniciens, employés) Profils atypiques

(emplois industriels)

Classe 1 (Tertiaire supérieur)

Classe 3 – Banlieue(Techniciens)

Classe 4 – Avant-postes (Employés – Commerces)

Classe 5 – Administratifs

Classe 2

Hyper-Centre Noisy-le-Grand Chartres St Germain Transports

Paris Argenteuil Evreux Fontainebleau Roissy

Courbevoie Paris-Agglo Melun Clermont Orly

Boulogne Montreuil Beauvais Chantilly Automobile

Centre Créteil Creil Poissy

Versailles Ivry-sur-Seine Compiègne Aubergenville

Evry Viry-Châtillon Pithiviers

Plessis-Robinson Brétigny Mantes la jolie

Cergy Saint Denis Meaux Classe 6 – Ind. lourde

Massy Combs-la-Ville Sens Montereau

Guyancourt Les Mureaux Dreux Noyon

Noisiel Savigny-le-Temple Nemours Persan

Les Ulis Soissons

Provins Classe 7 – Textile

Amilly - Montargis Romilly

Senlis

Château-Thierry

Coulommiers

Crépy-en-Valois

Rambouillet

Vernon

Etampes

Note : Branche 1 (Cadres) Branche 2 (Employés)

Les changements ne concernant pas les pôles atypiques s’inscrivent ainsi totalement dans le schéma d’une Région Urbaine de Paris structurée à la fois fonctionnellement en cercles concentriques autour de Courbevoie et industriellement en quadrants, la logique fonctionnelle s’imposant largement dans l’approche par emploi. La région fait ainsi toujours apparaître un hyper-centre décalé vers l’ouest parisien et une périphérie lointaine et l’agglomération est encore coupée en deux entre l’Ouest (qui présente ici un prfoil plus central) et l’Est (plus proche des pôles périphériques). Seuls les pôles très spécifiques conservent ainsi une trace de leur activité dominante. Parmi ces pôles, certains caractérisés par la présence de toutes les catégories socioprofessionnelles échappent au clivage issu de la division urbaine du travail en terme fonctionnel et se distinguent en tant que pôles atypiques. De la classe ‘Seine-aval’, Poissy et Aubergenville dont la dominante automobile est très marquée en raison de la présence de Peugeot et Renault sont ainsi basculés

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dans une nouvelle classe contenant des pôles atypiques. Ils y retrouvent les deux aéroports Roissy et Orly. Les autres profils atypiques sont tous issus de la classe périphérique. Les pôles de Montereau, Persan et Noyon conservent ainsi leur particularité industrielle marquée y compris lorsque l’on intègre l’approche fonctionnelle (classe ‘Fabrication’), de même que Romilly sur un secteur encore plus précis (classe ‘Textile’). La classe des emplois de services spécifiques, au contenu très fluctuant, perd les pôles de Crépy-en-Valois et Senlis (‘Employés, Administratifs - Villes avant-postes’) et gagne les pôles de Clermont et de Saint-Germain en Laye en provenance respectivement de la classe périphérique et de l’hypercentre. Les grandes lignes sont donc stables à une nuance près : l'introduction des catégories socioprofessionnelles renforce l'opposition centre-périphérie en doublant la spécialisation par activité que l'on avait notée précédemment d'une spécialisation fonctionnelle. Le retour à une appréhension de l'ensemble des caractéristiques des emplois se traduit donc par la stigmatisation des pôles définis essentiellement selon une logique d’activité', ceux pour lesquels la fonction n'est pas discriminante. C'est ce qui explique que les pôles les plus caractérisés par leur activité soient ceux qui respectent le moins la stabilité lors du passage d’une classification en Naf 90 à une classification sur les emplois (NES 36 croisée avec la CSP). La stabilité des autres pôles est par ailleurs remarquable: la majorité des pôles proches par l'activité le sont aussi par les fonctions; cela signifie donc que ces pôles sont à la fois spécialisés en activités et en fonctions et que les contours des deux spécialisations se recouvrent.

Centre – Banlieue – Périphérie : des évolutions parallèles

La question qui anime cette partie est celle de la stabilité des classes de pôles entre 1975 et 1999. On a vu à la fin du chapitre précédent que les structures spatiales suivant lesquelles les activités sont réparties entre les pôles avaient évolué quand l’économie devenait de plus en plus tertiaire. Comment cela s’est-il traduit pour les pôles ? Est-ce que les classes que l’on connaît aujourd’hui sont les descendantes directes des classes de 1975 ou bien est-ce que l’espace économique s’est profondément recomposé entre temps, et comment ?

Permanences dans le changement

On observe une stabilité des positions relatives des pôles entre 1975 et 1999, période pourtant marquée par une modification très importante de la composition socio-économique de l’activité. Ce constat renforce celui effectué précédemment sur l’évolution des activités : il y a de très importantes mutations dans la RUP entre 1975 et 1999, elles affectent la grande majorité des pôles et les affectent à des moments différents, mais dans l’ensemble ceux-ci évoluent de manière assez homogène compte tenu de leurs caractéristiques de départ. Sans qu'il y ait de dynamique de spécialisation fonctionnelle ni sectorielle, la tendance serait plutôt à la diversification des pôles, les convergences se font progressivement et il n'y a pas eu de saut qualitatif très important à l'occasion de la transition vers une économie beaucoup plus tertiaire. La proximité des états de départ et d’arrivée ne doit cependant pas masquer la forte variabilité de certains profils au cours des trente dernières années. Des pôles ont ainsi divergé avant de converger à nouveau en fin de période et le changement de nomenclature occasionne d’ailleurs une modification importante de la vision des proximités respectives. La période 1975-1990 était marquée par une uniformisation des profils des pôles, faisant apparaître une très vaste classe centrale qui englobait la quasi-totalité des pôles à l’exception de Paris et de Courbevoie dont les particularités s’affirment (Damette et Beckouche, 1997). L’adoption d’une vision plus cohérente de la réalité des activités se traduit par une image des positions respectives de chaque pôle en

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1990 quasiment identique à celle de 1975 : la classification obtenue en ventilant les emplois de 1990 suivant la Naf est plus proche de la classification obtenue en ventilant en Nap les emplois de 1975 que de 1990! Seuls quatre pôles ont ainsi changé de classe entre 1975 et 1990: Melun et Noisiel sont passés de la classe des 'employés' à celle du 'tertiaire supérieur', Dreux et Noyon ont fait le chemin à l'envers en passant de la classe 'Cadres de l'industrie' à la classe 'Employés et commerçants'. Les dynamiques convergentes observées sur cette première période, pour nuancées qu'elles soient par ce constat sont malgré tout intéressantes dans la mesure où elles mettent en évidence la façon que les différents pôles et ensemble de pôles ont eue d'évoluer.

La tertiarisation a des effets différenciés

En 1975, les pôles centraux ont tous des profils similaires qui tranchent par rapport aux autres pôles à la fois par leur dominante industrielle et par l'importance de l'emploi cadre. La transition vers des emplois de services se fait progressivement et se traduit par des spécialisations plus marquées sur les deux périodes suivantes. La spécificité des pôles centraux s'accentue donc, conduisant à un écart croissant entre leurs structures en emplois relatives. Mais la tertiarisation de l'économie mesurée à l'aide d'une nomenclature 'industrielle' trouble la perception des évolutions. les pôles dont l'emploi était particulièrement dominé par les cadres continuent ainsi de se distinguer tandis que ceux dont l'emploi présentait le moins de spécificités fonctionnelles se retrouvent finalement très proches d'une classe de plus en plus importante, composée des pôles où dominent les employés et les services aux personnes au sens large. En 1990, les principales oppositions conduisent finalement à isoler quelques pôles atypiques (Paris, Fontainebleau, Chantilly, Combs-la-Ville, Courbevoie et les pôles industriels spécialisés), mais rassemblent l'essentiel des pôles dans une même classe. Le changement de nomenclature permet alors non seulement de dissocier des sous-ensembles au sein de cette classe, mais aussi de redécouper différemment un ensemble de pôle homogénéisé par la généralisation des services. Les distinctions fonctionnelles sont ainsi nuancées et apparaît une spécialisation des pôles centraux dans le tertiaire supérieur qui était masquée par l'ancienne nomenclature. Sur la dernière période enfin, seule la zone centrale évolue profondément, se scindant en trois sous-populations. La première, ancrée sur l’hypercentre, et la deuxième sont toujours caractérisées par un important emploi cadre relativement aux autres pôles, la troisième se rapproche elle fortement des profils d’emplois des pôles périphériques en présentant un emploi plus technicien que cadre. Les oppositions sont donc généralement basées sur les catégories socioprofessionnelles, les activités n’intervenant qu’en second temps pour distinguer les différentes classes au sein des branches repérées. On trouve toutefois à toutes les dates un ensemble de pôles profondément atypiques, caractérisés essentiellement par leurs activités industrielles. Ces pôles ne sont pas affectés par le changement de nomenclature et se distinguent toujours autant des pôles du reste de la région en 1990 qu’en 1975. La seule évolution intéressante concerne 1999, où l’opposition entre catégories socioprofessionnelles structure l’ensemble de la région, chacun de ces pôles étant donc dans l'une des deux branches principales. Toutefois, même à cette date, ces pôles conservent une position très marginale au sein de chacune des branches évoquées précédemment. De manière assez peu surprenante, ces pôles correspondent aux aéroports (Orly, Roissy) et aux grands centres industriels spécialisés de la région Poissy, Aubergenville, Creil, Persan, Les Mureaux, ainsi que Montereau, Savigny-le-Temple, Romilly et Crépy-en-Valois en 1975. Seuls les pôles des Mureaux, de Savigny-le-Temple et de Crépy-en-Valois ont changé d’appartenance, pour se rapprocher du profil des pôles de techniciens pour les premiers et des pôles administratifs pour le dernier.

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Evolution des classes d’appartenance des différents pôles - (* :’Pôles atypiques’) 1975 1982 1990 (nap) 1990 (naf) 1999

Paris Cadres de l'Ind. Cadres (Ind et Serv) Serv. résidentiels Tertiaire Supérieur Tertiaire supérieur

Courbevoie Cadres de l'Ind. Cadres (Ind et Serv) Cadres de l'Ind. Tertiaire Supérieur Tertiaire supérieur

Saint-Denis Cadres de l'Ind. Employés, Serv. part. Employés Tertiaire Supérieur Techniciens

Boulogne Cadres de l'Ind. Cadres (Ind et Serv) Employés Tertiaire Supérieur Tertiaire supérieur

Montreuil Cadres de l'Ind. Employés, Serv. part. Employés Tertiaire Supérieur Techniciens

Massy Cadres de l'Ind. Cadres (Ind et Serv) Employés Tertiaire Supérieur Cadres

Ivry-sur-Seine Cadres de l'Ind. Employés, Serv. part. Employés Tertiaire Supérieur Techniciens

Plessis Cadres de l'Ind. Cadres (Ind et Serv) Employés Tertiaire Supérieur Cadres

Paris-Agglo Cadres de l'Ind. Employés, Serv. part. Employés Tertiaire Supérieur Techniciens

Créteil Cadres de l'Ind. Employés, Serv. part. Employés Tertiaire Supérieur Techniciens

Orly Transports, Com gros* Transports, Com gros* Industries, Transports Tertiaire Supérieur Transports*

Versailles Cadres de l'Ind. Cadres (Ind et Serv) Employés Tertiaire Supérieur Cadres

Noisy le Grand Cadres de l'Ind. Employés, Serv. part. Employés Tertiaire Supérieur Techniciens

Roissy Transports, Com gros* Transports, Com gros* Industries, Transports Aéro, auto, Transports Transports*

Cergy Cadres de l'Ind. Employés, Serv. part. Employés Tertiaire Supérieur Cadres

Guyancourt Cadres de l'Ind. Cadres (Ind et Serv) Employés Tertiaire Supérieur Cadres

Evry Cadres de l'Ind. Cadres (Ind et Serv) Employés Tertiaire Supérieur Cadres

Argenteuil Cadres de l'Ind. Employés, Serv. part. Employés Tertiaire Supérieur Techniciens

Chartres Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer. Employés, Commer.

Beauvais Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Melun Employés Employés, Serv. part. Employés Tertiaire Supérieur Employés, Commer.

Evreux Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Saint-Germain Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Administratifs

Viry-Châtillon Cadres de l'Ind. Employés, Serv. part. Employés Tertiaire Supérieur Techniciens

Les Ulis Cadres de l'Ind. Cadres (Ind et Serv) Employés Tertiaire Supérieur Cadres

Noisiel Employés Employés, Serv. part. Employés Tertiaire Supérieur Cadres

Compiègne Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Poissy Sidérurgie, auto Aéro, auto* Industries, Transports Aéro, auto, Transports Automobile*

Mantes-la-Jolie Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Creil Sidérurgie, auto Employés, Serv. part. Industries, Transports Employés, Commer Employés, Commer.

Meaux Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Dreux Cadres de l'Ind. Employés, Serv. part. Industries, Transports Employés, Commer Employés, Commer.

Brétigny Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Techniciens

Soissons Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Sens Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Les Mureaux Sidérurgie, auto Aéro, auto* Industries, Transports Aéro, auto, Transports Techniciens

Montargis Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Aubergenville Sidérurgie, auto Aéro, auto* Industries, Transports Aéro, auto, Transports Automobile*

Vernon Employés Aéro, auto* Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Fontainebleau Employés Employés, Serv. part. Serv. résidentiels Employés, Commer Administratifs

Rambouillet Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Etampes Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Montereau Sidérurgie, auto Aéro, auto* Industries, Transports Employés, Commer Industrie lourde*

Senlis Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Château-thierry Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Savigny-le-T Sidérurgie, auto Aéro, auto* Industries, Transports Aéro, auto, Transports Techniciens

Persan Sidérurgie, auto Aéro, auto* Industries, Transports Chimie Industrie lourde *

Nemours Artisanat et Comme Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Noyon Cadres de l'Ind. Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Industrie lourde *

Chantilly Employés Employés, Serv. part. Serv. résidentiels Employés, Commer Administratifs

Clermont Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Administratifs

Romilly Sidérurgie, auto Employés, Serv. part. Industries, Transports Textile Textile*

Combs-la-Ville Artisanat et Commer Employés, Serv. part. Divers Employés, Commer Techniciens

Coulommiers Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Provins Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Pithiviers Employés Employés, Serv. part. Employés Employés, Commer Employés, Commer.

Crépy-en-Valois Sidérurgie, auto Employés, Serv. part. Industries, Transports Employés, Commer Employés, Commer.

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ENCADRE 1 : CHANGEMENT DE NOMENCLATURE

Le changement de nomenclature affecte particulièrement quelques activités industrielles dans la mesure où il vise à prendre mieux en compte la tertiarisation d’une partie de plus en plus importante du travail au sein même des activités industrielles. Lorsque l’on considère les activités en Nap, deux profils de pôles différents émergent : un centre avec des activités industrielles spécifiques dans lesquelles les emplois cadres ou techniciens sont importants ; des pôles périphériques où coexistent services domestiques et industrie lourde ou fabrication. Le glissement de l’activité vers les emplois tertiaires se traduit, dans une nomenclature qui n’est pas construite de telle sorte qu’elle rende bien compte de la tertiarisation de l’industrie, par un gonflement des emplois de services traditionnels mais où l’évolution interne des secteurs industriels est masquée. Les pôles périphériques, qui dans la division urbaine du travail accueillent les emplois d’exécution ou les services traditionnels sont peu affectés par ce changement. Les pôles de banlieue, eux, subissent cela de plein fouet dans la mesure où la tertiarisation industrielle n’apparaissant pas, la seule évolution que l’ont perçoit dans les chiffres est celle de l’emploi de services de proximités. Ces pôles voient donc leur profil glisser vers un profil ‘techniciens industriels et services de proximité’ qui les rapproche des pôles de périphérie. Car dans le même temps l’évolution de l’hypercentre a été mieux saisie puisqu’il se positionne sur des services spécifiques qui sont le plus souvent externalisés et apparaissent donc dans les statistiques. Courbevoie constitue d’ailleurs une classe à part en 1990. Lorsque l’on change de nomenclature, c’est à dire que l’on conserve la même structure industrielle mais qu’on la regarde en faisant plus attention au développement du tertiaire au sein même de l’industrie, la position des pôles périphériques change peu. Par contre on voit émerger plus nettement les services opérationnels qui se sont développés en banlieue, c’est à dire les emplois de services aux industries qui étaient auparavant masqués. Mécaniquement, le profil de la Couronne se rapproche de celui du Coeur et s’éloigne de celui des pôles périphériques. Les conclusions sur la banalisation (au sens de la théorie de la base) des activités de banlieue ne sont donc très vraisemblablement que le fruit d’un mirage statistique que le changement de nomenclature permet de dissiper. Il y a eu une très importante mutation de l’activité entre 1975 et 1999 qui s’est traduite par des évolutions marquées de tous les pôles, mais ces évolutions ont conduit à un renforcement des particularismes et à un clivage autour d’oppositions qui n’étaient pas forcément aussi marquées en 1975 plutôt qu’à une homogénéisation des activités des différents pôles. Dans cette perspective, comment comprendre l’évolution de la dernière décennie ? les premiers pôles à basculer des pôles centraux dans les pôles périphériques sont exactement les mêmes que ceux qui avaient basculé des pôles centraux aux pôles périphériques entre 1975 et 1982, avant d’être suivi dans ce mouvement par le reste des pôles centraux entre 1982 et 1990. On pourrait donc penser qu’il s’agit d’un début d’inadaptation de la nomenclature. Sans doute la nomenclature de 1993 n’est-elle déjà plus que partiellement adaptée à l’activité économique. Toutefois, il est intéressant de remarquer que le rapprochement ne se fait pas dans les mêmes conditions : Il n’y a pas homogénéisation des profils, mais juste un profil spécifique, celui des ‘techniciens’ qui passe d’un côté à l’autre de la division urbaine du travail sur la période. Cela révèle donc la spécialisation des pôles plus que leur homogénéisation et la difficulté, dans ce cadre, de classer des pôles au statut intermédiaire. La notion de techniciens est d’ailleurs celle qui suscite le toilettage des PCS en 2000… (Amosse, 2001)

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Conclusion : les pôles se diversifient dans un espace qui reste clivé

Deux types d’oppositions traversent donc l’espace économique de la Région Urbaine de Paris. − La première, structurante, est une opposition fonctionnelle. Elle met en regard un centre,

étendu aux pôles situés dans toute la moitié sud-ouest de l’agglomération et caractérisé par des emplois de cadres, et le reste de la région aux activités plus orientées vers l'exécution et les emplois domestiques.

− La deuxième est une opposition sectorielle. Elle court dans tout l’espace, central comme périphérique, et discrimine des ensembles plus ou moins importants de pôles, particulièrement stables sur l'ensemble de la période étudiée.

Bien entendu, que des emplois soient discriminants ne signifie pas qu’ils sont fortement présents. L’absence totale d’un type d’emploi dans une classe peut aussi bien contribuer à l’identifier comme telle. Pour approfondir l’analyse, il est alors nécessaire de clarifier les contenus de chacune des classes. Avant cela, une précision reste à faire: si les classes sont stables sur la période, cela n'empêche pas une convergence des pôles. Les hésitations de la classification observées à l'occasion du changement de nomenclature montre clairement que si ces classes distinguent des ensembles relativement stables, la distance entre les pôles est dans la plupart des cas relativement faible. Si elle tend à s'affaiblir, cela signifie que les pôles ont de plus en plus d'activités communes et sont de moins en moins spécialisés. L'indice de spécialisation est calculé de la même manière que l'indice de concentration défini précédemment: chaque pôle est ainsi caractérisé par la ventilation de ses emplois en diverses activités (toujours croisées ave la catégorie socioprofessionnelle) corrigé de la spécialisation propre à la Région Urbaine de Paris. Il est calculé tout d'abord en référence à l'ensemble des pôles puis en enlevant du calcul les pôles dont l'hyper spécialisation tire moyenne et écart-type vers des valeurs très élevées. Dans les tableaux déclinant ces indices par pôles, ce sont les moyennes et écarts-types calculés dans ce second cadre qui serviront de repère pour caractériser le niveau de spécialisation d'un pôle donné.

Indices de spécialisation des pôles et de la RUP entre 1975 et 1999 Indice 1975 Indice 1982 Indice 1990 P Indice 1990 N Indice 1999

RUP 0,0213 0,0222 0,0219 0,0161 0,0183

Pôles: (Indices corrigés)

moyenne 0,0294 0,0283 0,0226 0,0203 0,0158

écart-type 0,0491 0,0644 0,0463 0,0419 0,0276

moyenne (2) 0,0183 0,0167 0,0129 0,0115 0,0103

écart-type (2) 0,0175 0,0164 0,0112 0,0085 0,0056Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Evolution de la spécialisation des pôles

1975-1982 1982-1990 Nap-Naf 1990-1999

en Val abs. en % en Val abs. en % en Val abs. en % en Val abs. en %

moyenne -0,0011 -4% -0,0058 -20% -0,0023 -10% -0,0045 -22%

écart-type 0,0153 31% -0,0180 -28% -0,0045 -10% -0,0143 -34%

moyenne (2) -0,0017 -9% -0,0037 -22% -0,0014 -11% -0,0012 -11%

écart-type (2) -0,0011 -6% -0,0052 -32% -0,0027 -24% -0,0028 -33%

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

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Dans le contexte d'une RUP qui se spécialise sur la période, à l'exception des années 1980, les pôles ont tendance à se diversifier. Que l'on mesure l'évolution de l'indice moyen calculé sur l'ensemble de l'activité ou l'évolution du second, calculé uniquement sur les pôles qui ne sont pas hyper-spécialisés (Aubergenville et Roissy sur toute la période, Savigny-le-Temple en 1975, Poissy jusqu'en 1990 et Clermont de l'Oise à partir de 1990), on observe dans tous les cas une diminution de la spécialisation des pôles sur la période. Dans le même temps, l’écart type de la distribution de l'indice de spécialisation diminue fortement pendant ces trente années. Ceci plaide pour une homogénéisation des niveaux de spécialisation autour d'un profil moyen, plutôt diversifié. Il est à noter que ce résultat reste vrai y compris lorsque l'on calcule les indices de spécialisation uniquement sur les activités à destination des entreprises (i.e.: en enlevant les différents types de commerce de détail et les différentes administrations). Lorsque l'on restreint plus encore l'échantillon pour le limiter aux industries, les pôles font même apparaître une plus grande diversification que la RUP dans son ensemble. La diversification de l'activité des pôles n'est donc pas seulement due à la croissance des activités administratives. S'il y a des spécialisations industrielles locales, elles ne débouchent pas sur une spécialisation du pôle qui les héberge qui, dans tous les cas, demeure suffisamment important pour accueillir d'autres types d'activités.

Taille du pôle et niveau de spécialisation Corrélation entre taille du

pôle et spécialisation 1975 1982 1990 (Nap) 1990 (Naf) 1999

Toute l'activité

taille -0,12 -0,09 -0,10 -0,11 -0,12

rang -0,53 -0,51 -0,49 -0,62 -0,62

Industrie

taille -0,10 -0,06 -0,06 -0,06 -0,08

rang -0,29 -0,15 -0,01 -0,07 -0,38 Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Plus le pôle est important, plus la diversité des activités y est grande. Toutefois, cela concerne essentiellement les activités de service car si la corrélation entre effectifs industriels et spécialisation est également négative, elle est beaucoup moins significative. La Région Urbaine de Paris se caractérise donc, au cours des dernières années, par une forte déconcentration des emplois traduite de manière contrastée au niveau des secteurs. Certains secteurs se reconcentrent, mais cela n'affecte véritablement que les secteurs en déprise. Les autres se déconcentrant, la dèsintégration spatiale n’est pas uniquement verticale. L'effet total de ces évolutions sur les pôles est une diversification de l'appareil productif. Cette diversification est d’autant plus marquée que la croissance est forte: les spécialisations locales sont alors noyées dans la masse des nouveaux emplois créés. La question posée en introduction trouve donc ici un début de réponse : la déconcentration des secteurs dynamiques, semble parvenir à suffisamment contrebalancer la reconcentration de certains secteurs autour d'un nombre restreint de communes et peu de pôles spécialisés apparaissent. Cela ne signifie toutefois pas qu’il n’y a pas de profondes oppositions entre les différents pôles. Certains sont industriels d’autres tertiaires, certains sont dominés par les emplois de cadres supérieurs, d’autres par les ouvriers ou les employés,… Plus marquée dans la phase de croissance forte des années 1980, mais valable sur l'ensemble de la période, la diversification des pôles ne

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s’est donc pas traduite par une homogénéisation d’un espace fortement clivé. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que les mutations très importantes du système productif n’ont débouché que très rarement sur des trajectoires divergentes pour des territoires dans des situations géographiques et économiques proches en 1975.

Services supérieurs ou aux personnes, techniciens de l’industrie : différents types de pôles

Le constat qui s’impose est donc celui d’une certaine homogénéité des classes. On calcule la distance entre le profil d’un pôle et le profil observé sur l’ensemble des pôles en sommant les écarts observés pour chacun des emplois, xi,p étant l'emploi du pôle p dans le secteur i :

∑∈

−=

Ii RUP

RUPi

p

pi

px

x

x

xd

2

,, .

Les pôles tendent à se ressembler plus au cours de la période étudiée, la distance entre le profil d’un pôle et le profil moyen observé se réduisant régulièrement entre 1975 et 1999, de 1% entre 1975 et 1982, 5% entre 1982 et 1990 et 2% entre 1990 et 1999. Les écarts-types rapportés à la moyenne diminuent d'ailleurs très fortement à partir des années 1980 (-13% entre 1982 et 1990 et –20% entre 1990 et 1999) après avoir augmenté de 9% entre 1975 et 1982. Ici encore, on observe une rupture de tendance en 1982, date avant laquelle les pôles ont eu des trajectoires divergentes, et les deux décennies suivantes marquées par une homogénéisation des structures des pôles de la RUP. Ces résultats sont a fortiori vérifiés au sein des différentes classes. Les deux seules classes dont l’hétérogénéité croît sur la période sont celles regroupant les pôles administratifs (mais les contours même de cette classe sont très changeants, ce résultat n’est donc pas surprenant) et celle regroupant les pôles automobiles et les aéroports. Dans cette dernière, la convergence enregistrée depuis les années 1980 ne compense pas l’accentuation des oppositions observées entre 1975 et 1982. Pour toutes les autres, la variance intra-classe rapportée à la moyenne diminue fortement. En particulier, écart type rapporté à la moyenne est divisé par trois en trente ans pour les pôles de banlieue et par deux pour les villes avant-postes. La rupture de 1982 constatée lors de l'analyse des dynamiques d'ensemble de la RUP apparaît donc à nouveau. La première période est caractérisée par une légère accusation des profils des classes tandis que pendant la seconde les profils interclasses s’homogénéisent (à l’exception, légère, des pôles administratifs déjà relevée). Au cours des années 1990, trois des sept classes tendent à s’éloigner très légèrement du profil moyen (classe centrale, Villes avant-postes et pôles administratifs), mais les quatre autres s’en rapprochent eux très fortement. Le fait le plus notable est l’inversion de tendance que connaît la classe centrale qui de 1975 à 1990 est celle qui se rapproche le plus du profil moyen.

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Dispersion des profils des pôles entre et au sein des classes 1975 1982 1990 1990(naf) 1999

Classe valeur valeur évol. Valeur évol. Valeur valeur évol.

Ecart interclasse moyen 0,135 0,100 -26% 0,089 -11% 0,084 0,089 5% Centre (Cadres sup.) dispersion intra-classe 0,394 0,322 -18% 0,336 4% 0,294 0,216 -2%7

Ecart interclasse moyen 0,147 0,156 7% 0,152 -3% 0,135 0,130 -4% Banlieue (adm., techn.) dispersion intra-classe 0,500 0,276 -45% 0,267 -3% 0,301 0,180 -40%

Ecart interclasse moyen 0,173 0,177 2% 0,172 -3% 0,156 0,158 2% Avant-postes (ind., employés) dispersion intra-classe 0,144 0,111 -23% 0,082 -26% 0,100 0,078 -22%

Ecart interclasse moyen 0,247 0,253 2% 0,256 1% 0,218 0,220 1% Administratifs (Empl., cadres.) dispersion intra-classe 0,135 0,213 58% 0,279 31% 0,376 0,272 -28%

Ecart interclasse moyen 0,381 0,403 6% 0,347 -14% 0,329 0,280 -15% Auto-Aéro

dispersion intra-classe 0,417 0,520 25% 0,485 -7% 0,484 0,453 -6%

Ecart interclasse moyen 0,202 0,198 -2% 0,191 -3% 0,183 0,172 -6% Fabrication

dispersion intra-classe 0,141 0,116 -17% 0,125 8% 0,043 0,025 -42%

Romilly (Textile) Distance au profil moyen 0,310 0,275 -11% 0,265 -4% 0,205 0,181 -12%

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Par ailleurs, la relative proximité de cette classe au profil moyen, constante sur l’ensemble de la période est lié au poids qu’elle occupe dans l’emploi local. Sur la période, son poids s’érode légèrement après avoir cru de 1975 à 1982, mais représente toujours plus de 63% des emplois des pôles. Si l'on se concentre sur les trois classes principales, Centre, Banlieue, Avant-postes, deux observations s'imposent donc : tout d'abord, la dispersion diminue fortement à l'intérieur de ces classes à la différence de ce qui est observé sur les autres classes aux trajectoires plus erratiques. La seule exception est la très légère augmentation de l'hétérogénéité de la classe centrale entre 1982 et 1990. Ensuite, la distance au profil régional des classes périphériques (Banlieue, Avant-postes), comme celle de la classe des pôles administratifs d'ailleurs, évolue très peu sur la période. Le Centre, lui converge fortement vers le profil moyen entre 1975 et 1990 pour diverger ensuite au cours de la dernière décennie. Cette diversification du Centre s'explique en partie par défaut : la perte d'emploi dans le secteur financier a diminué l'importance de la spécialisation dans ce domaine et a contribué à augmenter le poids relatif des autres secteurs.

Répartition de l’emploi entre les différentes classes 1975 1982 1990(nap) 1999 Evol 75-99

effectif part effectif part effectif part effectif part effectif Part

Hypercentre 2 650 191 57% 2 516 404 57% 2 417 121 56% 2 333 579 52% -316 612 -4,7

Centre Industriel 256 519 6% 329 852 7% 388 819 9% 455 564 10% 199 045 4,0

Centre 2 906 710 63% 2 846 256 65% 2 805 940 65% 2 789 143 63% -117 567 -0,8

Banlieue – Techn 953 583 23% 976 164 22% 963 093 22% 1 037 667 23% 84 084 0,0

Avant-postes 329 288 8% 357 668 8% 337 606 8% 376 737 8% 47 449 0,4

Administratifs 32 545 1% 34 396 1% 35 468 1% 37 831 1% 5 286 0,1

Auto – Aéro 142 898 4% 156 016 4% 159 966 4% 180 140 4% 37 242 0,5

Industrie lourde 22 267 1% 21 440 0% 19 174 0% 20 075 0% -2 192 -0,1

Textile 8 685 0% 8 200 0% 6 056 0% 6 015 0% -2 670 -0,1

Total 4 395 976 100% 4 400 140 100% 4 327 303 100% 4 447 608 100% 51 632 -

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

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Dans cette classe centrale, l’hypercentre composé de Paris, Boulogne et Courbevoie pèse un poids important. Mais de 1 à 10, le rapport de taille est passé à 1 à 5 sur la période, à la fois du fait de la diminution de l’emploi de l’hypercentre (dont le poids dans les pôles de la RUP diminue de 4,7 points en trente ans, soit 317 000 personnes) et de l’augmentation de l’emploi du centre industriel (quasi doublement sur la période). Le Centre industriel s’affirme ainsi au cours de la période comme la troisième classe la plus importante après l’hypercentre et la Banlieue, sa part dans l’emploi régional croissant de 4 points. L'augmentation de l'emploi constatée dans ces pôles (+200 000 emplois) compense ainsi quasiment la perte de l'hypercentre L’ensemble des autres pôles croît de manière sensiblement équivalente, les grands équilibres se maintenant entre la banlieue (23%, soit 1 000 000 d’emplois), les avant-postes (8%, soit un peu moins de 375 000 emplois) et les pôles industriels atypiques (moins de 4%, soit 180 000 emplois au maximum, pour le pôle automobile et aéroports). Notons au passage que cela nous permet de préciser plus l'approche par couronne par laquelle nous avions commencé : même élargi à Boulogne et La Défense, le Coeur perd des emplois mais la Couronne et les pôles n'en profitent pas uniformément puisque le Centre industriel, quoique plus de 3,5 fois plus petit que la Banlieue technicienne en 1975 a accueilli près de 2,5 fois plus d'emplois. La part du Centre industriel augmente ainsi de 4 points alors que celle de la Banlieue reste stable. Etant donnée tranformation radicale de l’économie de la RUP au cours des dernières années, ces évolutions ne peuvent toutefois pas se comprendre en dehors de tout contexte local. Les dynamiques économiques étant caractérisées par une forte tendance à l’agglomération des activités, les pôles richement dotés d’activités porteuses croîtront plus fortement que ceux dotés d’éctivités en crise. Il est ainsi important de tenir compte des spécificités de l’économie considérée si l’on cherche à caractériser plus finement le dynamisme local (une analyse plus complète de la composition socio-professionnelle et sectorielle ainsi que des évolutions de l’emploi au sein de chacune des classes peut être trouvée dans Gilli, 2004). Le principal enseignement du tableau suivant est la résistance des pôles périphériques. De l’ensemble de cette classe, seules les structures de Melun et Rambouillet permettaient à ces pôles d’espérer (ex-post) une stabilisation de leur emploi local entre 1990 et 1999. Tous les autres pôles avaient des structures très défavorables qui laissaient attendre de fortes pertes. Or ce que l’on observe est radicalement différent. Si certains pôles ont tout de même perdu des emplois (-3% à Mantes-la-Jolie, -7% à Creil, -6% à Dreux, -7% à Soissons et -7% à Vernon entre autres), c’est souvent en dépit d’un dynamisme local notable (en particulier à Dreux, dont la structure héritée de 1990 aurait du conduire à une perte de 9% sans une certaine résistance du tissu local) et très rarement du seul fait d’une déprise locale (sauf à Melun, Mantes-la-Jolie et Soissons). Paris ayant une trajectoire individuelle particulièrement négative (la pire de tous les pôles de la RUP), le dynamisme relatif des autres pôles est forcément tiré vers le haut. Mais même en considérant la dynamique locale et structurelle en dehors des évolutions de la capitale, seuls sept pôles périphériques ont des trajectoires moins performantes que ce qui aurait pu être attendu (compte tenu des évolutions observés dans les autres pôles). Néanmoins, les pôles les plus dynamiques sont toujours à trouver parmi les pôles du Sud-Ouest ou les Villes nouvelles : l’emploi croît de 37% à Guyancourt (dont 33 points dus au dynamisme local), de 34% à Noisiel (intégralement dus à l’effet local), de 18% à Brétigny (également dus en totalité à l’effet local) et de 26% à Savigny le Temple (alors que la structure de l’emploi de 1990 aurait laissé supposé une perte de 14% sur la période !).

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Evolution Effet structurel (RUP) Effet local (RUP) (Pôles sans Paris) Pôle Effectifs 1999

Effectif 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 ef. struct. ef. local

Paris 1562588 1763740 -201152 -11% 96383 5% -297535 -17% - -Courbevoie 538810 515046 23764 5% 2456 0% 21308 4% 6% -2% Boulogne 235608 227868 7740 3% -4 0% 7744 3% 5% -1%

Massy 40927 39764 1163 3% 574 1% 589 1% 6% -3% Plessis-Robinson 18591 18620 -29 0% -204 -1% 175 1% 1% -1% Versailles 106392 102747 3645 4% 2858 3% 787 1% 8% -4% Cergy 84430 78128 6302 8% 281 0% 6021 8% 4% 4%Guyancourt 64020 46884 17136 37% 1818 4% 15318 33% 11% 26% Evry 64448 64480 -32 0% -1226 -2% 1194 2% 2% -2% Les Ulis 47749 44528 3221 7% 556 1% 2665 6% 3% 4%Noisiel 29597 22124 7473 34% -27 0% 7500 34% 5% 29%

Saint-Denis 82266 84227 -1961 -2% -2449 -3% 488 1% 0% -2% Montreuil 250354 266080 -15726 -6% -7461 -3% -8265 -3% 1% -6% Ivry-sur 100568 100361 207 0% -1200 -1% 1407 1% 1% -1% Paris-Agglo 236199 224626 11573 5% -1199 -1% 12772 6% 2% 3%

Créteil 118618 118115 503 0% 1543 1% -1040 -1% 6% -5% Noisy-le-Grand 99367 95293 4074 4% -567 -1% 4641 5% 4% 0%Argenteuil 57058 56993 65 0% -1758 -3% 1823 3% -1% 1%Viry-Châtillon 38876 40596 -1720 -4% -843 -2% -877 -2% 2% -6% Brétigny 26003 22032 3971 18% -104 0% 4075 18% 3% 15% Les Mureaux 11794 12322 -528 -4% -986 -8% 458 4% -6% 2%Savigny-le-T. 14848 11828 3020 26% -1707 -14% 4727 40% -13% 39% Combs-la-Ville 4271 2864 1407 49% -98 -3% 1505 53% 0% 49%

Chartres 34486 32924 1562 5% -604 -2% 2166 7% 4% 1%Beauvais 35617 33193 2424 7% -602 -2% 3026 9% 1% 6%Melun 35979 36358 -379 -1% 181 0% -560 -2% 6% -7% Evreux 33922 32660 1262 4% -522 -2% 1784 5% 2% 2%Compiègne 23782 22804 978 4% -134 -1% 1112 5% 3% 2%Mantes-la-Jolie 19444 20128 -684 -3% -450 -2% -234 -1% 1% -4% Creil 25337 27268 -1931 -7% -1920 -7% -11 0% -5% -2% Meaux 21561 20386 1175 6% -290 -1% 1465 7% 2% 4%Dreux 20676 21892 -1216 -6% -2054 -9% 838 4% -9% 3%Soissons 13659 14616 -957 -7% -90 -1% -867 -6% 1% -8% Sens 13497 13234 263 2% -241 -2% 504 4% 0% 2%Amilly 19373 18992 381 2% -850 -4% 1231 6% -2% 4%Vernon 10597 11418 -821 -7% -934 -8% 113 1% -7% -1% Rambouillet 11172 9436 1736 18% -5 0% 1741 18% 3% 15% Etampes 10230 8780 1450 17% 128 1% 1322 15% 4% 12% Senlis 9318 9528 -210 -2% -193 -2% -17 0% 0% -3% Château-Thierry 7840 7620 220 3% -355 -5% 575 8% -3% 6%Nemours 6471 6122 349 6% -131 -2% 480 8% 2% 4%Coulommiers 6626 5960 666 11% -202 -3% 868 15% -2% 13% Provins 5918 6080 -162 -3% -278 -5% 116 2% -2% -1% Pithiviers 5936 5444 492 9% -265 -5% 757 14% -3% 12% Crépy-en-Valois 6137 4860 1277 26% -623 -13% 1900 39% -12% 39%

Fontainebleau 9410 9604 -194 -2% 492 5% -686 -7% 10% -12% St Germain 18639 18444 195 1% 843 5% -648 -4% 10% -9% Chantilly 4798 4336 462 11% 118 3% 344 8% 6% 5%Clermont de l'Oise 5077 5680 -603 -11% 374 7% -977 -17% 7% -18%

Orly 79760 89446 -9686 -11% 984 1% -10670 -12% 6% -17% Roissy-en-France 66234 41552 24682 59% 2855 7% 21827 53% 15% 44% Poissy 24471 24148 323 1% -2456 -10% 2779 12% -9% 11% Aubergenville 9851 12772 -2921 -23% -3501 -27% 580 5% -30% 7%

Montereau 9186 10061 -875 -9% -1017 -10% 142 1% -11% 2%Persan 3845 4132 -287 -7% -849 -21% 562 14% -19% 12% Noyon 7104 6713 391 6% -619 -9% 1010 15% -8% 14% Romilly-s-Seine 6027 6704 -677 -10% -866 -13% 189 3% -9% -1%

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

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Conclusion :

Les pôles découpés sur la base des concentrations d'activités sont donc relativement homogènes en interne: les communes d'un même pôle tendent à avoir les mêmes activités et à occuper des fonctions similaires dans la Région Urbaine de Paris. Ce résultat est attendu dans la mesure où l'on constate l'existence de groupes de communes spécialisées qui dépassent le contour même d'un ou deux pôles. Les pôles, et les communes qui les composent, s'insèrent donc tous dans un système productif organisé à l'échelle régionale. Au sein de ce système, et en dépit des évolutions profondes de l'activité, la permanence des oppositions est remarquable sur la période. Elles sont de deux types, la première étant l'opposition fonctionnelle entre le Centre et la Périphérie, la seconde relevant de logiques sectorielles et se traduisant par des spécialisations locales. D'une part, les pôles du centre (Paris et la Banlieue sud-ouest) concentrent les emplois de cadres et sont spécialisés dans les fonctions supérieures, s'opposant en cela à la fois au reste de la banlieue, plutôt orientée vers les emplois techniques, et à la fois aux pôles périphériques, concentrant plutôt les emplois d'exécution. D'autre part, des oppositions sectorielles se greffent sur ces logiques fonctionnelles. Elles se traduisent par le regroupement de pôles similaires situés à proximité les uns des autres. La permanence des structures est toutefois doublée d'une convergence des différents pôles au sein des classes comme entre les classes. Ainsi, dans la plupart des pôles l'emploi s'est renforcé dans les secteurs déjà importants mais la croissance de l'emploi s'est traduit par une diversification de la structure des pôles (voir Annexe 7 pour un tableau de synthèse).

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Conclusion : quelle organisation économique multipolaire ?

Entre 1975 et 1999, l'emploi s'est partiellement relocalisé au sein de la région, les spécialisations locales se sont modifiées, les équilibres ont évolué. La région reste dominée par Paris mais l'emploi s'est desserré, étalé et polarisé pendant ces vingt-cinq ans. Si la diffusion en proche banlieue a accentué le dèséquilibre entre l'Est et l'Ouest en faisant glisser le Centre de Notre-Dame et Châtelet-Les Halles vers les Champs-Élysées et la Porte Maillot, les grands équilibres territoriaux restent toutefois sensiblement les mêmes: on observe à la fois un gradient fonctionnel centre-périphérie et une sectorisation des activités. A la faveur des très forts taux de croissance, les emplois se diversifient. Mais comme tous ne croissent pas localement à la même allure les structures relatives des pôles peuvent faire apparaître des profils plus marqués. Ainsi les spécificités se sont accrues mais dans le cadre d'une homogénéisation des profils de pôles. Au total, les pôles périphériques ont toutefois crû beaucoup plus que ce que leur structure initiale pouvait laisser attendre, Une région toujours dominée par Paris

Dans la région parisienne l'emploi reste toujours largement concentré dans la capitale : pour étendue qu'elle soit, elle représente encore plus du quart de l'emploi local. Néanmoins, la tendance est à l'affaiblissement marqué du centre et, eu égard à l'écart qui existait en début de période, la périphérie a fortement cru. Localement, l'augmentation de l'emploi a même pu être extrêmement élevée au cours des vingt-cinq dernières années. Au total, Paris a perdu plus de 300 000 emplois en 25 ans, tandis que les pôles périphériques en gagnaient 300 000 et que 300 000 autres emplois se localisaient dans les communes non polarisées. Le solde régional de 400 000 est atteint si l'on ajoute les 100 000 emplois supplémentaires en proche banlieue. Compte tenu de l'élargissement du contour des pôles entre 1975 et 1999, ce sont donc des communes essentiellement rurales en 1975 qui ont fortement cru. Diffusion, polarisation, étalement

Une triple évolution de la géographie des emplois a ainsi conduit à la quasi équirépartition observée aujourd'hui entre Paris, la Couronne, les pôles et les communes hors des pôles, tous cumulant environ 25% des emplois de la RUP. - C'est tout d'abord une diffusion de l'emploi au-delà du périphérique : les pôles de Nanterre, Boulogne, Saint-Denis ou Montreuil sont de plus en plus intégrés à la capitale. Mais le solde de 100 000 emplois dans la couronne masque une profonde dissymétrie entre l'Ouest autour de Boulogne et Nanterre et le reste de la Couronne. Cette diffusion autour du centre inégalement réparti entre l'Est et l'Ouest a conduit à un déplacement du centre de gravité de l'Hypercentre de la RUP vers l'ouest. - C'est ensuite un important étalement de l'emploi : non seulement les pôles se sont étendus mais en plus une part importante des emplois sont apparus en dehors de tout pôle. Les communes situées hors de tout pôle ont ainsi en moyenne le même taux de croissance que celles des pôles périphériques sur la période étudiée. - C'est enfin une polarisation non négligeable : si les pôles ont en moyenne cru autant que les communes hors des pôles, cela masque de très fortes divergences entre pôles. Ainsi les pôles situés en bordure de l'agglomération (villes nouvelles, pôles industriels spécialisés, etc.) ont cru à un rythme deux fois plus élevé. Quelques pôles émergent ainsi d'un ensemble en forte croissance par une croissance plus forte encore. Spécialisations

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Si l'emploi s'est globalement desserré, chaque secteur pris individuellement à se délocaliser plutôt qu'à se déconcentrer. Si cette dynamique ne s'est pas traduite par une augmentation des spécialisations locales c'est que la croissance des pôles a généralement pris le pas sur les relocalisations des secteurs. L'apport local de chaque secteur a donc été marginal au regard de la dynamique d'ensemble de chacun des pôles. En dépit des profondes transformations de l'appareil productif, la région est donc toujours organisée fonctionnellement suivant un gradient Centre-Périphérie tandis que les activités suivent plus des logiques d'axes (Carte de synthèse). Le Centre est ainsi spécialisé dans les fonctions supérieures et des activités de tertiaire très spécifiques et différentes selon le pôle considéré. L'Ouest de l'agglomération est lui spécialisé dans les emplois de cadres de l'industrie et des services aux entreprises, chaque type d'activité caractérisant des grappes de pôles. L'Est est spécialisé dans les emplois de techniciens de tous types tandis que la périphérie plus lointaine et les villes avant-postes sont elles spécialisées dans les fonctions d'ouvriers et d'employés dans la fabrication ou les services aux personnes. Diversification

Si les pôles ont très fortement crû et que l'emploi de la RUP s'est profondément modifié au cours des vingt-cinq dernières années, cette croissance ne s'est pas traduite, pour les pôles de la RUP, par des parcours idiosyncrasiques. Les typologies de pôles comme de communes sont donc stables dans le temps. Cela ne signifie évidemment pas que les profils de chacun des pôles soient restés inchangés. D'ailleurs, si les pôles périphériques n'ont pas accusé un déficit de cadre encore plus important au cours de la période compte tenu de leur structure d'emploi initiale, c'est que celle-ci a profondément évolué et qu'ils ont dans l'ensemble réussi à générer des dynamiques locales importantes. Si les énormes écarts qui existaient au début de la période n'ont pas été comblés, les spécificités sectorielles pouvant même localement s'accroître, la dynamique des pôles périphérique est donc relativement très importante.

Il reste maintenant à étudier les liens dynamiques entre les pôles, que ce soient les flux géographiques (domiciles travail) ou économiques (transferts d'établissements), de manière à repositionner les pôles dans leur espace.

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POLARISATION DE L’ESPACE REGIONAL

La partie précédente du travail a permis de faire émerger les endroits où les emplois et les établissements sont concentrés. Il reste cependant à considérer comment ces groupements intercommunaux distordent localement les flux en les attirant ou les repoussant. L'étude de l'inscription des pôles dans l’espace doit au minimum se pencher sur les deux aspects complémentaires du système productif, les ménages et les établissements productifs, à défaut de pouvoir analyser les flux de marchandises en tant que tel. Il s'agit dans un premier temps de considérer comment les pôles s’insèrent dans les flux domicile-travail. les concentrations d'emplois, lorsqu'elles n'épousent pas totalement les concentrations des populations, se traduisent par des déplacements de travail. Il est alors possible de tracer l'aire d'influence de chacun des pôles dans la RUP. Il s'agit ensuite d'analyser les flux d'entreprise dans le temps mais surtout dans l'espace. L'analyse des flux temporels a déjà été partiellement réalisée dans la partie précédente puisque nous y avons étudié comment la localisation des activités a évolué depuis 1975. L'analyse des flux spatiaux reste à mener et nous étudierons comment les transferts d'établissements sont organisés dans la RUP et comment ils contribuent à l’évolution de la structure productive locale.

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La polarisation des migrants : attraction et dépendances

La distorsion de l'espace induite par la concentration d'emplois dans des pôles se retrouve évidemment dans celle des populations. Généralement, les emplois sont cependant plus agglomérés que la population (Glaeser et Kahn, 2003). La concentration des emplois se traduit donc quasi mécaniquement par des taux d'emplois très variables, décroissants depuis le centre vers la périphérie dans le modèle monocentrique traditionnel. C'est en partie ce que Gobillon et Selod (2003) ont observé sur l'Ile-de-France. Un taux d'emploi inférieur à l'unité signifie qu'il y a localement moins d'emplois que de personnes prêtes à travailler. Cela se traduit soit par du chômage (Gobillon et Selod, 2003), soit par des migrations. C'est ce deuxième volet qui nous intéresse ici. Mais au lieu de considérer les migrations alternantes depuis le lieu d'émission, la commune de résidence, nous allons considérer les espaces attirés par les pôles prédéfinis. L'inconvénient de cette démarche est qu'elle ne permet pas de vérifier si les pôles définis sur la base de la concentration d'emploi sont toujours pertinents lorsque l'on aborde l'espace parisien par les flux de personnes. Son avantage est qu'elle va nous permettre de faire apparaître l'inscription éventuelle d'une commune dans l'aire d'influence de plusieurs pôles, rendant ainsi partiellement compte de la complexité des relations existant dans la Région Urbaine de Paris.

Les bassins d’emplois sont définis comme l’ensemble des communes envoyant une part non négligeable de leur population active travailler dans le pôle considéré. Cette approche présente un avantage majeur en ce qu’elle autorise une commune à appartenir à plusieurs pôles. Ceci a pour inconvénient de complexifier beaucoup les découpages territoriaux. Cependant la simple présence de Paris (dont l’influence domine toute la zone) invite à utiliser cette représentation, de manière à ne pas être obligé de raisonner à nouveau avec et sans la capitale. Procéder de cette façon fausse en effet la perception des espaces puisque l’on suppose par défaut que l’articulation entre l’influence de Paris et les pôles locaux est identique partout. Cela peut donc conduire à des résultats fragiles dans la mesure où l’influence de Paris, comme cela est confirmé par la suite, prend des formes très différentes à l’Est et à l’Ouest de la capitale. Il sera ainsi possible de caractériser à la fois les espaces liés à un pôle, c’est à dire repérer des zones d’influence et à la fois les multiples appartenances éventuelles des communes qui sont dans cet espace, en sachant qu’il faudrait compléter cette analyse d’une étude des bassins de recrutements qui n’a été faite que marginalement ci-après.

Evolution des distances domicile-travail : éloignement et repolarisation

Les deux grandes tendances qui caractérisent l'évolution des espaces urbains depuis le milieu des années 1970 sont l'étalement des villes et l'extension des déplacements domicile travail qui en résulte. En 1999, 3 actifs sur 5 travaillaient ainsi hors de leur commune de résidence et plus des trois-quarts des actifs habitant la périphérie des villes sont concernés par de tels déplacements intercommunaux (Talbot, 2001). Ce phénomène prend une ampleur d'autant plus grande dans la RUP que les frontières communales finissent par s'y estomper. Afin de repérer les distances parcourues, on choisit la médiane par commune, c’est à dire la distance telle que 50% des personnes effectuent un déplacement quotidien moins long et 50% un déplacement plus long (Talbot 2001). Par rapport à la moyenne, cet indicateur à l’énorme avantage de ne pas sur pondérer les points aberrants que constituent les quelques personnes qui déclarent effectuer, par exemple plus de 200 km par jour pour aller travailler. Ces déclarations

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affectent la moyenne, qui prend en compte toutes les valeurs observées, mais pas la médiane. C’est donc l’outil qui donne la meilleure représentation du comportement de la majorité des personnes.

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

La distance médiane est maximale pour les communes situées dans les départements de Seine-et-Marne (18,7km) et d’Eure-et-Loir (18,2km). Elle est minimale dans les communes du centre (8,5km en moyenne dans les communes des Hauts-de-Seine) ainsi qu’en Seine Maritime et dans l’Aube. De manière assez peu surprenante, la distance médiane croît avec la distance au cœur de la métropole, et ce même si l’emploi se développe en périphérie. Dans la RUP, la distance telle que couvrent au moins 50% des habitants de la commune est en moyenne de 15,9km, soit plus de 3km au-dessus de la moyenne nationale. Cet écart se creuse sur la dernière période intercensitaire : Alors que les distances médianes ont augmenté en moyenne de 0,9 km dans la RUP (soit 6% de hausse), la croissance n’est que de 0,6km dans l’espace national (augmentation de 4,6%).

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Page 87: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Distance domicile-travail médiane par commune Distance moyenne (en km) Evolution

1990 1999 1990 1999

RUP 15,0 15,9 0,88 5,9%

Bassin parisien 12,5 13,4 0,83 6,7%

France 12,1 12,7 0,55 4,6% Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Mais cette augmentation n’est pas homogène dans la RUP. Si l’on considère les moyennes département par département, la première couronne connaît un raccourcissement des distances domicile-travail médianes, alors que les couronnes successives connaissent elles des augmentations d’autant plus fortes que le département est éloigné de la capitale.

Moyenne départementale des distances médiane parcourues par communes Distance médiane (en km) évolution Département des

communes 1990 1999 En km En % de 1990

Aube 10,4 12,2 1,8 17,6%

Seine-Maritime 9,0 10,5 1,5 16,7%

Aisne 12,7 14,2 1,5 11,5%

Seine-et-Marne 17,3 18,7 1,4 8,0%

Eure 12,6 13,9 1,4 10,8%

Loiret 13,4 14,7 1,3 10,1%

Yonne 13,0 14,2 1,2 9,3%

Eure-et-Loir 17,6 18,2 0,7 3,9%

Oise 15,4 16,0 0,6 4,0%

Val d'Oise 15,3 15,8 0,5 3,4%

Marne 12,1 12,5 0,5 3,8%

Essonne 16,9 17,2 0,3 1,8%

Yvelines 17,5 17,5 0,0 0,3%

Hauts-de-Seine 8,6 8,5 -0,1 -1,2%

Val de Marne 10,2 10,1 -0,1 -1,1%

Seine St Denis 10,3 10,0 -0,3 -3,2% Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

La distance médiane observée pour les communes situées dans les départements centraux est inférieure à 10km et décroît entre 1990 et 1999. Celle des départements situés en deuxième couronne connaît une croissance modérée (entre 0,3 et 4% sur les neuf ans) et les distances parcourues oscillent entre 15 et 17,5km. Au-delà, les distances sont certes plus faibles (entre 10 et 15km) mais le rattrapage est très important : à l’exception des communes de la Région Urbaine de Paris situées dans la Marne (partie nord de la zone d’emploi du Sud-Ouest Champennois), la croissance de la distance domicile-travail est en moyenne supérieure à 1km. La hausse est maximale dans le sud de la zone sud-ouest champenois, puisqu’elle atteint 17,6% sur la dernière période intercensitaire.

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Page 88: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

On constate donc à la fois un raccourcissement des distances dans la première couronne de département et une hausse au-delà. Comme cela apparaît sur la carte suivante, le raccourcissement des distances domicile-travail concerne principalement les communes en bordure extérieure des Hauts-de-Seine (au niveau de la frontière avec l’Essonne et les Yvelines) de la Seine-Saint-Denis ou du Val-de-Marne (à la limite avec la Seine-et-Marne). L'allongement des distances médianes se constate à une cinquantaine de kilomètres de Paris ainsi qu'autour des villes avant-postes. L'allongement observé traduit l'effet local de l'extension des bassins d'emploi à la fois de la capitale et des pôles périphériques de l'agglomération. C'est ce même phénomène qui caractérise les espaces situés aux frontières des aires urbaines des villes avant-postes. Un élément différent apparaît cependant entre 20 et 40 km de la capitale: il y a de plus en plus de déplacements de moindre distance. Ce raccourcissement ne peut s'expliquer autrement que par une repolarisation de l'emploi autour des pôles de banlieues. Ne disposant pas de données appropriées, nous ne pouvons cependant pas savoir si le développement des pôles a permis à des anciens résidents de trouver un travail plus proche de chez eux (facteur d'équilibre) ou s'il a attiré

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Page 89: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

en masse de nouveaux résidents dans des communes plus proches des pôles que de Paris (facteur d'étalement).

distances domicile-travail en fonction de la distance à Paris

-10

-5

0

5

10

15

20

25

30

511

17

22

29

35

41

47

53

59

64

70

76

82

88

94

100

106

112

118

124

distance à Paris (km)

(km)

-0,9

-0,4

0,1

0,6

1,1

1,6

2,1

2,6

(km)

distance 1999 et écarts (ech. gauche)

evolution 1990-1999 (ech. gauche et droite)

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Ce graphique représente la moyenne, pour chaque tranche de 3 km, à la fois de l'évolution (échelle de droite) et de la

valeur absolue de la distance entre le domicile et le lieu de travail effectuée par au moins 50% des habitants de la

commune. Généralement inférieure à la distance moyenne pour ces types de distributions, la médiane permet de voir

comment évoluent les déplacements de la majorité des personnes alors que la moyenne rend mieux compte de

l'accroissement des déplacements de longue distance.

Le rallongement est, lui, le fait de communes de plus en plus éloignées de la capitale (cf. graphiques ci-dessous). Il est important de noter que les distances affichées sont inférieures à la distance à Paris. Comme la distance médiane n’est affectée que par la première moitié des valeurs, cela signifie que les migrations de moyenne distance croissent. L'utilisation de la médiane présente l'avantage des migrations de grande distance, dont on sait par ailleurs qu'elles ont cru sur la période. Une fois que l'on a considéré l'extension du pôle parisien (dont le bassin d'emploi recouvre quasiment tous les bassins secondaires de la région, voir infra) et son influence toujours importante, cette statistique permet toutefois de remarquer que l'augmentation de la distance moyenne est également due au renforcement des déplacements de moyenne distance autour des pôles secondaires de la RUP. Sans qu’il soit pour l’instant possible d’aller plus avant dans l’analyse causale, le desserrement des emplois et la multipolarisation de la RUP auraient ainsi alimenté l’étalement urbain. On observe donc une partie centrale dont les actifs couvrent une distance toujours légèrement plus grande en 1999 qu'en 1990, une repolarisation des espaces entre 20 et 50 km de Paris ; cela correspond exactement à l’emplacement de la ceinture de pôles, un accroissement des distances parcourues (étalement métropolitain, intégration d’espaces périphériques) jusqu’à 100 km. Au-delà, la distance parcourue redevient plus faible, cela correspond à la distance des métropoles régionales. On remarquera que ce n’est qu’au-delà de 75 km que la pente de la courbe de distances s’inverse pour commencer à redescendre légèrement et que cela correspond à une zone dans laquelle les distances ont le plus tendance à croître.

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Page 90: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Des bassins aux profils très variés, le cas particulier des pôles récents

Pour caractériser les bassins d’emplois, nous avons retenu le seuil utilisé par l’UE pour définir les Régions Urbaines Fonctionnelles. Si plus de 10% de la population active résidente d’une commune va travailler dans un pôle, alors cette commune sera dite polarisée par ce pôle. Il est évident qu’une commune pourra être dans l’orbite de plusieurs pôles. Cette configuration qui est plutôt rare dans un espace régional a de fortes chances de se produire souvent au cœur d’une région urbaine contenant plusieurs pôles référents. Si les bassins d’emplois se chevauchent, nous dirons que nous situons dans un espace multipolaire. Si par contre chaque pôle dispose de sa propre aire d’influence, nous dirons alors que nous sommes dans un espace polynucléaire.

Dessin des bassins

Contours et recoupements

Le choix de découpage permet à une commune de se trouver dans plusieurs bassins (si elle envoie plus de 10% de sa population travailler dans plusieurs pôles distincts). Cela conduit à une géograhie régionale particulièrement complexe dans la mesure à tous les bassins se chevauchent. La carte ci-dessous présente un extrait de ces bassins (la carte intégrale figure en annexe 8).

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

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Page 91: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Le bassin de Paris recouvre assez largement l’agglomération parisienne en s’étendant au-delà le long des axes de communication. Comme nous n’avons retenu aucun critère de contiguïté, le bassin apparaît morcelé sur ses marges qui, mis à part en Seine-et-Marne sont à cheval sur la frontière régionale. En terme d’intégration interrégionale, une exception est à souligner, la Picardie. L’Oise est le seul département non francilien qui non seulement est inclus dans le bassin d’emplois de Paris, mais est aussi au contact des bassins d’emplois des pôles internes (en l’occurrence, Montreuil et surtout La Défense-Saint-Denis). Les bassins des pôles internes de l’agglomération (Courbevoie, Boulogne, Ivry, Montreuil), de même que celui de Créteil sont partout inscrits dans le bassin d’emploi de Paris. Ils y dessinent des cadrans et se chevauchent très rarement (étiquette A). Ces bassins peuvent s’étendre assez loin, celui de la Défense allant ainsi de Versailles jusqu’à Cergy en passant par les Mureaux ! La présence du pôle de Créteil explique d’ailleurs la faible extension du bassin d’emploi d’Ivry : Les communes à proximité immédiate de ce pôle appartiennent déjà au cœur d’un autre pôle (Paris, Boulogne, Montreuil). Le pôle de Créteil finit donc de clôturer le pôle d’Ivry.

Etiquette A24 Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Au-delà des pôles centraux, l’architecture des bassins d’emplois prend une forme originale dans la mesure où les pôles (ou maxima locaux) historiques (Meaux, Basse vallée de la Seine, Rambouillet, Fontainebleau, Etampes) s’inscrivent généralement dans des prolongements du bassin d’emploi de Paris (à l’exception de Creil dont la majeure partie du bassin d’emploi ne recouvre pas celui de Paris). A l’inverse, les pôles nouvellement apparus, villes nouvelles ou pôles techniques ont des bassins d’emplois recouvrant très peu celui de Paris et également plus étendus que ceux des pôles traditionnels. Ceci est particulièrement net pour Les Ulis, dont le

24 Les communes appartenant au bassin d'emploi de Paris apparaissent donc en grisé sur la carte. Celles qui

apparaissent en blanc n'envoient jamais plus de 10% de leur population active travailler dans un des pôles identifié et

ne sont donc pas polarisées.

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Page 92: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

bassin est complémentaire de celui de Paris vers l’extérieur de l’agglomération. Ceci est aussi fortement marqué pour Evry et Melun. Si les bassins de Cergy ou Roissy s’étendent au-delà du bassin de Paris, ils conservent néanmoins une partie commune. De même le bassin de Saint-Quentin en Yvelines s’étend plus loin que celui de Versailles mais reste cantonné dans les limites de celui de Paris25. L’articulation des bassins d’emplois de l’ouest de la RUP illustre ce constat (étiquette B). Les bassins de Poissy, Saint-Germain, Aubergenville, Les Mureaux et Mantes s’inscrivent tous dans celui de Paris et se chevauchent tous plus ou moins. Au Nord de la vallée, le bassin de Cergy s’étend lui dans les espaces périurbains du Vexin Français. L’est de la RUP est lui directement sous l’influence de la capitale, n’ayant pas, à grande distance, de pôle soutenant la comparaison avec l’influence directe de la capitale (étiquette C). On constate toutefois que même dans ce cas, l’aire d’influence de Meaux, pôle historique, ne s’étend pas trop hors des limites dessinées par le bassin de Paris intra-muros.

Etiquette B Etiquette C

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Ce constat n’est plus vérifié lorsque l’on considère les bassins des villes avant-postes. Si les chevauchements avec le bassin de Paris ou le bassin d’un des pôles franciliens existent ils ne se produisent que pour quelques communes. De manière générale, les bassins d’emploi des Villes Avant-postes commencent au contact immédiat des derniers pôles (ou maxima locaux – voir Annexe 3) franciliens. Le bassin de Compiègne est ainsi contigu de ceux de Roissy, Beauvais de Cergy, Evreux et Vernon de Mantes, Chartres de Rambouillet, Pithiviers d’Etampes, Montargis et Sens de Fontainebleau… Le système n’est donc plus aussi multipolaire : l’organisation polynucléaire qui apparaît déjà autour des pôles de développement récent est largement confirmée lorsque l’on s’éloigne de Paris.

25 Il est intéressant de noter que si l'on modifie le seuil (en le fixant à 5% comme cela est fait dans le rapport sur le

polycentrisme en Ile-de-France, DREIF, 2003), les résultats changent partiellement pour ce qui est des pôles

nouvellement apparus. ceux-ci sont alors totalement englobés dans le bassin de Paris. Cela s'explique par le fait que

l'abaissement du seuil a peu d'influence sur le contour des bassins des pôles périphériques. Ils sont dans l'ensemble

fortement contraints par la proximité de parcs naturels ou de zones de réserve et peuvent difficilement s'étendre plus

loin. Par contre, l'abaissement du seuil a un effet mécanique sur le bassin de Paris qui peut s'étendre jusqu'à la limite

précédemment évoquée et recouvrir ainsi totalement le bassin du 'nouveau pôle'.

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Page 93: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Typologie des communes

Les bassins d’emploi étant dessinés, il est possible de repérer commune par commune le nombre et les bassins qui polarisent la RUP. Partant du constat que le bassin de Paris représentait un cas particulier, Nous avons constitué cinq classes regroupant les 2407 communes polarisées de la RUP:

- les premières, au nombre de 146 sont les communes polarisées par trois (138 cas) ou quatre (8 cas) pôles. Elles sont quasiment toutes situées entre la deuxième et la cinquième couronne de communes autour de Paris. L’extension lointaine du pôle de La Défense-Saint-Denis conduit à un nombre plus important de communes de ce type dans l’Ouest, tandis que dans l’Est, les pôles de Créteil ou de Marne la vallée ne conduisent pas à ce type de profil.

- Les deuxièmes, au nombre de 437 sont les communes bipolarisées par un pôle et Paris. Elles entourent généralement les communes multipolarisées étudiées précédemment et s’étendent particulièrement dans l’Est où l’on a vu que les bassins des différents pôles se chevauchaient très peu. Cette partie de la RUP présente donc un espace relativement éclaté, les actifs allant travailler dans le pôle local ou à Paris, mais peu dans des pôles voisins.

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

94

Page 94: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

- Les troisièmes sont les 69 communes bipolarisées qui n’appartiennent pas au bassin d’emploi de Paris. Ce cas est assez rare et se produit aux frontières de deux bassins d’emploi situés loin de Paris. La zone concernée qui est la plus proche de Paris est le plateau de Saclay entre le pôle des Ulis et ceux de Versailles et Saint-Quentin en Yvelines. C’est d’ailleurs le seul endroit (avec deux communes de l’Oise) où il y a une commune multipolarisée qui soit attirée uniquement par des pôles non parisiens.

- La quatrième classe contient 328 individus et est composée des communes polarisées uniquement par Paris. Se sont toutes les communes qui se trouvent aux marges de l’Aire Urbaine de Paris et ne sont pas situées à proximité d’un pôle secondaire. La Seine-et-Marne présente donc beaucoup de communes qui suivent ce profil.

- Enfin, 1427 communes sont polarisées par un pôle qui n’est pas Paris. Elles se situent sur tout le pourtour de la RUP autour des Villes Avant-postes pour l’essentiel.

Une agglomération multipolaire, une région polynucléaire

Nous avons vu dans la partie précédente que la Région Urbaine de Paris était un espace multipolarisé, c'est à dire contenant plusieurs pôles. La double tendance observée entre 1990 et 1999, à savoir l'allongement des distances et l'augmentation des déplacements de courte et moyenne distance se traduit par une imbrication quasi totale des pôles de l'agglomération et de leurs bassins dans le bassin d'emploi de Paris. Seuls les bassins des pôles récemment apparus (villes nouvelles, parc scientifique, Roissy) s'étendent parfois au-delà. La majeure partie de la RUP est ainsi multipolaire, à l'exception de la banlieue est de la capitale où le faible nombre de pôles importants se traduit encore dans une structure quasi monocentrique. Ce n'est ainsi qu'au contact des bassins d'emploi des villes avant-postes que s'éteint le bassin d'emploi de l'agglomération. Dans sa périphérie, la RUP est ainsi plutôt polynucléaire, les bassins se recoupant très rarement les uns les autres.

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CONCLUSION

L'emploi s'est donc redéployé hors de Paris, à la fois en se diffusant en proche banlieue, se polarisant dans et autour de l'agglomération et aussi en s'étalant massivement dans les espaces non polarisés. Cette réorganisation débouche sur un espace dans lequel les emplois sont assez également répartis entre Paris, sa banlieue, les pôles, et les communes éparses, les densités restant bien évidemment très différentes. La réorientation de l'activité de l'industrie vers les services s'est traduite spatialement par une tendance à la concentration de certains secteurs en déprise et par la diffusion des autres à partir des pôles où ils étaient concentrés. Si cette déconcentration des différents secteurs ne s'est pas faite de manière totalement homogène dans l'espace (comme en témoignent les transferts d'établissements), elle a toutefois contribué à la diversification des pôles. Ceci s'est produit dans le cadre d'une permanence des clivages : les mutations affectent tous les espaces et ils évoluent de concert. Conjointement, la dernière décennie a permis d'observer une repolarisation en Banlieue, couplée à l'extension de l'attraction parisienne (celle de la capitale, mais aussi celle des pôles périphériques) au-delà des pôles les plus lointains, au contact immédiat des bassin d'emploi des villes avant-postes. L'extension des différents bassins d'emploi conduit à une organisation de type monocentrique orientée vers Paris à l'Est, à une organisation multipolaire à l'Ouest, où tous les bassins sont imbriqués et à une organisation polynucléaire en périphérie, les bassins d'emploi de l'agglomération s'arrêtant tous au contact de la ceinture constituée par les bassins des villes avant-postes sans qu'il y ait de recoupement. Les permanences de la structure sectorielle et socioprofessionnelle de la région ne doivent donc pas masquer les mutations très profondes de l'activité qui ont affecté tous les pôles. De plus, le développement de ces derniers a profité d'un redéploiement de l'emploi vers la périphérie qui a autant bénéficié aux espaces non polarisés, le poids du centre (même étendu à d'autres pôles à l'Ouest de la capitale) diminuant fortement sur la période.

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Page 96: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

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Urban Studies, 28, 87-104.

99

Page 99: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

ANNEXES

ANNEXE 0 - Nomenclatures

Nomenclature d’Activités Française (NAF 36) Code Naf36 Libellé de l’Activité

A0 Agriculture, sylviculture et pêche

B0 Industries agricoles et alimentaires

C1 Habillement, cuir

C2 Edition, imprimerie, reproduction

C3 Pharmacie, parfumerie et entretien

C4 Industries des équipements du foyer

D0 Industrie automobile

E1 Construction navale; aéronautique et ferroviaire

E2 Industries des équipements mécaniques

E3 Industries des équipements électriques et électroniques

F1 Industries des produits minéraux

F2 Industrie textile

F3 Industries du bois et du papier

F4 Chimie, caoutchouc, plastiques

F5 Métallurgie et transformation des métaux

F6 Industries des composants électriques et électroniques

G1 Production de combustibles et de carburants

G2 Eau, gaz, électricité

H0 Construction

J1 Commerce et réparation automobile

J2 Commerce de gros

J3 Commerce de détail, réparations

K0 Transports

L0 Activités financières

M0 Activités immobilières

N1 Postes et télécommunications

N2 Conseils et assistance

N3 Services opérationnels

N4 Recherche et développement

P1 Hôtels et restaurants

P2 Activités récréatives, culturelles et sportives

P3 Services personnels et domestiques

Q1 Education

Q2 Santé, action sociale

R1 Administrations publiques

R2 Activités associatives et extra-territoriales

Professions et Catégories Socioprofessionnelles (PCS 8)

Code PCS Profession et Catégorie Socioprofessionnelle

2 Chefs d'entreprises, artisans

3 Cadres

4 Professions intermédiaires

5 Employés

6 Ouvriers

100

Page 100: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

ANNEXE 1 – Cartes en plage de l'emploi communal de 1968 à 1999

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

101

Page 101: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

102

Page 102: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

103

Page 103: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

104

Page 104: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

105

Page 105: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

ANNEXE 2 – Sélection des pôles par la méthode des Noyaux

Méthode

La méthode des noyaux est généralement utilisée pour lisser des variables aux profils spatiaux très contrastés de manière à renforcer la lisibilité spatiale de certains phénomènes, essentiellement de concentration. Le rayon de lissage permet ainsi de gommer les aspérités du territoire. Toutefois, la méthode des noyaux ne permet pas uniquement un lissage des données, elle permet également de tenir compte localement de ce qui se passe dans une surface d’étude. En cela, elle répond à notre objectif, à savoir disposer d’une mesure de l’impact de la diffusion à partir d’un espace central sur les espaces voisins. Nous recherchons des pôles et nous partons de l’idée a priori que l’emploi n’est pas diffus dans l’espace communal mais y est concentré. Nous avons donc choisi de ne pas répartir uniformément l’emploi de la commune dans chacun des hexagones mais de l’attribuer entièrement à l’hexagone de son centroïde. Cela permet d’éviter que certaines communes, comme Fontainebleau disparaissent totalement de l’étude. Ce choix est critiquable dans la mesure où la présence à cheval sur la frontière de trois communes d’une immense concentration d’emploi risque de ne pas apparaître aussi fortement que si, par exemple, nous avions abordé l’espace à l’IRIS, ce qui aurait permis de mieux localiser les emplois à l’intérieur de la commune. Ramener l’ensemble des emplois au chef lieu est ainsi arbitraire. Mais entre une localisation au chef-lieu et une dispersion sur l’ensemble de la commune, il nous a paru plus cohérent avec les dynamiques recherchées (polarisation et externalités locales) de ne pas diluer les emplois sur l’ensemble de la commune. Cela n’affecte pas la représentation de l’isolement de certains lieux (une vaste commune isolée n’apparaîtra ni dans un cas, ni dans l’autre). Par contre cela minimise le risque de voir une grande commune urbanisée sur une seule de ses frontières et au contact d’autres zones urbanisées sur cette frontière (le reste étant agricole ou forestier, par exemple) d’être noyée par sa surface et de voir son effet local disparaître. C’est typiquement le cas de Fontainebleau. Il nous faudra toutefois veiller à utiliser un rayon de lissage et une densité de probabilité (fonction de diffusion) adaptés. Localiser avant lissage l’ensemble des emplois de la commune en un seul point, si la commune a un ‘rayon’ supérieur à celui du lissage, cela revient juste à lisser les emplois à l’intérieur de la commune sans qu’il y ait une seule interaction avec les communes voisines. C’est mécaniquement construire un pôle autour du chef lieu de la commune, un pôle dont seule la commune sera partie. La fonction de diffusion est délicate à choisir en ce sens qu’elle repose sur des suppositions faites sur la forme de la diffusion dans l’espace (cf. Journey to crime comme prélude à l’analyse de CrimeStat, il faudrait un truc identique : ajustement d’une loi à une observation pour les externalités...). Le problème est que l’on n’a aucune idée de la forme de cette diffusion. Il y a un premier niveau de décision qui est celui de définir une fonction à valeur dans un intervalle (la fonction lisse l’emploi observé en un point sur l’ensemble des points d’un disque de rayon fini) ou une fonction à valeur dans l’ensemble de l’espace considéré (la fonction lisse l’emploi observé en un point en le répartissant dans l’ensemble de l’espace). Comme l’on cherche à faire apparaître des pôles locaux et que le poids de Paris est énorme, le premier choix paraît le plus pertinent : on délimite ainsi le cœur des pôles. Pour ce qui est des aires d’influence, il sera ensuite possible d’utiliser d’autres critères, comme par exemple les migrations domicile-travail, pour apprécier l’ensemble des espaces qui gravitent peu ou prou dans l’orbite d’un pôle.

106

Page 106: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

L’Insee a développé et adapté un outil de lissage dans lequel la fonction utilisée est le bi-weight. Cette fonction présente l’avantage de prendre ses valeurs dans un intervalle. C’est celle que nous utiliserons. Afin de bien visualiser comment fonctionne la méthode, voici quelques exemples calculés en deux dimensions pour trois et quatre points distants chacun de 5km de ses voisins (les distances en kilomètres apparaissent en abscisse) et pour une fonction bi-weight26 (dont les valeurs apparaissent en ordonnée). La densité superficielle D(x) est la fonction issue du lissage par somme des densités relatives à chaque centre d’emploi.

Rayon de lissage : 7km ; Pôle 1 : 15 000 emplois ; Pôle 2 : 20 000 emplois ; Pôle 3 : 50 000 emplois

Rayon de lissage : 5 km Pôle 1 : 15 000 emplois ; Pôle 2 : 20 000 emplois ; Pôle 3 : 50 000 emplois 26 Localement (en M) la densité d’emplois lissée à partir des Pi, populations actives localisées dans tous les chefs

lieux des communes inscrites dans le rayon de lissage R autour du point considéré(Mi) s’écrira:

δ(M)= 3

12

2 2

πRPi

d M Mi

Ri I

( (( , )

) )−

0

200

400

600

800

1000

1200

01,4

2,8

4,2

5,6 7

8,4

9,8

11,2

12,6 14

D(x)

0

500

1000

1500

2000

2500

01,4

2,8

4,2

5,6 7

8,4

9,8

11,2

12,6 14

D(x)

107

Page 107: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Rayon de lissage : 7 km Pôle 1 : 18 000 emplois ; Pôle 2 : 20 000 emplois ; Pôle 3 : 19 000 emplois

Rayon de lissage : 7 km Pôle 1 : 15 000 emplois ; Pôle 2 : 20 000 emplois ; Pôle 3 : 19 000 emplois ; Pôle 4 : 50 000 emplois

Lissage et découpage

On obtient donc pour chaque point de l’espace une valeur lissée de l’emploi. Lorsque cette valeur lissée atteint un pic, on considère qu’un pôle existe autour du point considéré et tous les hexagones (dont les densités sont par définition inférieures) appartiendront à ce pôle, dont les limites seront atteintes lorsque la densité d’emploi passera par un minimum avant de remonter (vers un autre maximum, donc un autre pôle). Tout l’espace est potentiellement attribué ; nous sommes donc amenés à définir des seuils. Des seuils pour les maxima tout d’abord, en deçà desquels un maximum local ne sera plus considéré comme suffisamment important pour caractériser un pôle. Des minima ensuite, tels que l’on ne pourra pas étendre un pôle à des

0

100

200

300

400

500

600

7000 1,

2,

3,

5,

6,

7,

9,

10

11

13

14

D(x)

0

200

400

600

800

1000

1200

0 2 4 6 8

10

12

14

16

18

20

22

D(x)

108

Page 108: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

communes trop peu denses. Ces seuils seront définis à chaque période en fonction de la valeur atteinte par les densités maximales et en fonction de la répartition de l’emploi entre les pôles. Si le rayon de lissage est suffisamment important pour que l’emploi d’une commune soit étalé au-delà de ces limites communales, alors des points de l’espace ‘bénéficieront’ de l’emploi lissé de plusieurs communes. Plusieurs communes suffisamment proches peuvent ainsi engendrer des densités d’emplois lissés cumulées suffisamment importantes pour compenser la présence d’un pôle important à distance plus éloignée. Dans le cas de Saint Quentin en Yvelines, précédemment cité, si les communes de la ville nouvelle sont suffisamment importantes elles peuvent éventuellement conduire à un niveau d'emploi lissé localement aussi élevé que celui constaté au voisinage du chef-lieu de Versailles, délimitant ainsi deux pôles distincts. L'utilisation de la méthode des noyaux permet de plus, dans notre cas, un traitement original de l’importance de Paris : l’influence directe de la masse d’emplois réunis intra-muros n’aura aucune influence au-delà du rayon de lissage. L'emploi d'une commune étant réparti dans un rayon de 5 km autour de l'hexagone contenant le chef-lieu de celle-ci, l'influence directe de l'emploi parisien ne se fera pas sentir au-delà de ces 5 km. Par contre, cela ne signifie pas que le pôle de Paris ne pourra pas s'étendre plus loin: si l'emploi décroît de manière régulière au départ de la capitale, l'emploi lissé décroîtra lui aussi de manière régulière et aucun pôle secondaire ne sera définit. Ces maxima peuvent correspondre à des pics observés localement (le chef-lieu d’une commune) et coïncider avec eux, ou résulter des effets cumulés de plusieurs communes et être localisés loin de tout chef-lieu (le maximum local sera éventuellement situé à la frontière de plusieurs communes). Il faudra donc être vigilant, par exemple au moment de nommer les pôles observés, puisque le maximum de la densité superficielle peut ne pas coïncider exactement avec le maximum de l’emploi. C’est l’un des nombreux problèmes liés au retour d’un espace infra communal à un espace communal, nécessaire pour effectuer les traitements ultérieurs. Nous avons par la suite retenu la valeur de l’emploi lissé pour le découpage des contours du pôle mais le nom du pôle est celui de la commune ayant le plus d’emplois an valeur absolue. La traduction des observations faites au niveau hexagonal en données communales au sein de la RUP pose ainsi plusieurs problèmes. En amont, il faut s’assurer que le rayon de lissage signifie bien quelque chose. Un rayon de lissage trop important conduit à noyer toutes les observations et ne permet pas de repérer des pôles locaux. Cela permet uniquement de vérifier que la région est bien monocentrique lorsqu’on la considère de suffisamment ‘loin’… Un rayon trop petit conduit, lui, à ne jamais prendre en compte localement l’influence de plusieurs communes, puisque dans chaque commune l’emploi est lissé autour du chef-lieu. En l’occurrence, la distance moyenne entre une commune et ses 4 plus proches voisines (qui ne sont pas forcément contiguës) calculée sur un échantillon de 2284 communes de la RUP est de 3,7 km, avec un écart type de 1. Ainsi, seulement 29% des communes sont distantes de moins de 3km de leurs 4 voisines les plus proches. Ce pourcentage augmente pour atteindre 71% au seuil de 4km. Plus significativement, 90% des communes sont distantes de moins de 5 km de leurs quatre plus proches voisines, et 97% de moins de 6km. Ce résultat plaide pour l’utilisation d’un lissage à 5km, valeur minimum en deçà de laquelle un lissage ne fera, le plus souvent, que retranscrire les données communales comme le montrent les différents lissages ci-après.

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Communes testées Distance moyenne Ecart type Minimum Maximum

2284 3,66 km 1,03 km 1,71 km 10,93 km

Tableau - Distance moyenne aux 4 communes les plus proches

Source : Insee, Recensement complémentaire 1999

En aval, le passage des données hexagonales aux données communales pose le problème suivant : les données hexagonales sont indépendantes des limites communales et les frontières entre les pôles ne coïncident de manière générale jamais avec les frontières communales. Rien ne garantit donc que le chef lieu de la commune appartiendra au même pôle qu’une part du reste de sa commune. Le passage des pôles dessinés sur la base des valeurs lissées aux pôles dessinés sur une base communale se traduit nécessairement par des problèmes de continuité aux marges des espaces considérés. Pour garantir la pertinence des contours communaux des pôles ainsi découpés, nous avons adopté un double filtre pour délimiter le cœur des pôles d’emploi. Tout d’abord, afin d’éviter qu’une commune faiblement dotée en emplois mais entourée de nombreuses communes importantes n’apparaisse au sein du pôle, nous avons fixé un seuil en valeur absolue : une commune ne peut ainsi appartenir à un pôle que si elle compte au moins autant d’emplois que le cœur du plus petit maximum local (ici, 2769 emplois).

110

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Ensuite, nous n’avons retenu dans le cœur du pôle que les communes qui étaient contiguës au pôle construit autour de la commune éponyme. Il ne reste donc plus à trancher que le problème du seuil évolutif retenu. Dans la littérature, les seuils retenus varient très fortement. Ils vont habituellement de pair avec un seuil de densité. Pour Giuliano et Small (1991) ou McDonald et McMillen (1997) ce seuil est ainsi de 2500 emplois par km². Le seuil de 2500 emplois paraît intéressant lorsque l’on s’intéresse au cœur de l’agglomération parisienne. Il perd en revanche grandement de son intérêt lorsque l’on élargit le champ de vision à l’ensemble de la RUP27 et si l’on se concentre exclusivement sur l’existence de pôles d’emplois locaux et leur influence sur les équilibres d’emplois et de population locaux. En effet en 1999 et en utilisant un lissage à 5km, aucun pôle n’émerge en dehors de Paris, qui culmine à près de 20 000 emplois/km² autour du centre, sauf La Défense (5 500e/km²) et Boulogne (3 000e/km²) qui sont directement dans l’aire d’influence de Paris. Il faut abaisser le seuil de 2500 à 1 500 emplois/km², pour voir apparaître quelques pôles légèrement plus éloignés, Créteil, Le Plessis, Roissy et Versailles. En 1975, seule la ville de Boulogne dépassait les 2500e/km². En dehors de la première couronne de communes et la Défense, Créteil flirte avec les 2 500 emplois/km², mais ensuite seul le pôle de Versailles dépasse la densité de 1 500 emplois/km². Toujours dans le souci de pouvoir comparer les différentes dates étudiées, on adoptera un seuil relatif à la distribution de l’emploi dans la RUP. Pour cela, il suffit de classer les maxima locaux par ordre décroissant. Des maxima locaux aux densités peu différentes définiront des pôles de niveau équivalent. Paris étant par convention un pôle de niveau 1, les pôles suivants seront ainsi de niveau 2, 3, etc. selon leur densité d’emploi maximale. Il n’y a plus, alors, qu’à choisir le niveau d’entrée dans la Région Urbaine.

27 Les chiffres et les analyses présentés ci-dessous ont été réalisés sur la base des valeurs communales de 1999 lissées

à 5 km.

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ANNEXE 3 – Des pôles aux spécialisations communales homogènes

L’étude de la répartition des activités et plus encore des emplois font apparaître une concentration importante de certains secteurs dans un nombre limité de communes. Dans le contexte d’une dèsintégration spatiale importante, il est naturel de s’interroger sur les conséquences de cette concentration sur l’organisation économique de la Région Urbaine de Paris. Combinés, ces deux résultats plaident en effet pour l’apparition de pôles spécialisés, d’espaces bénéficiant de la périurbanisation sélectives d’activités : la modification radicale de la géographie de l’emploi n’a en effet que des conséquences modestes sur le niveau de concentration des emplois dans la région urbaine. Mais poser le problème de la spécialisation des pôles, c’est aussi poser le problème de la spécialisation intra-pôle et de l’homogénéité de ces derniers : ils n’ont en effet été découpés que suivant un critère de nombre et non de type d’emplois. Cette nécessité est d’autant plus importante que l’hypothèse qui guide le choix de l’approche par concentration est - paradoxalement, celle que le niveau de spécialisation des pôles urbains est élevé. Dans cette perspective, il n’y a pas de raison objective pour que le pôle spécialisé corresponde au pôle d’emploi sauf à considérer comme cela a été fait explicitement qu’il y a d’importantes forces d’agglomérations qui tendent à polariser et ségréguer l’espace urbain. Cette hypothèse étant relativement forte, il est nécessaire de vérifier empiriquement si les pôles construits sont ou non homogènes. Considérer l’homogénéité des pôles ne peut se faire que relativement à un espace de référence. Si celui-ci est constitué par l’ensemble des communes qui comptent plus de 2000 employés en 1999, alors les pôles qui ont été dessinés sont homogènes. En effet, on observe sur cet échantillon quatre classes de communes qui se distinguent entre elles par les types d’activité qu’elles hébergent plus que par les catégories socioprofessionnelles de leurs employés. Les communes des pôles sont concentrées dans deux des quatre classes (‘Tertiaire supérieur’ et ‘Ingénieurs, cadres commerciaux’), sont moins présentes dans une troisième qui rassemble les communes caractérisées par un fort taux d’‘Emplois administratifs’. Elles sont totalement minoritaires dans la dernière classe contenant les communes caractérisées par l’importance des emplois d’‘Ouvriers de l’industrie’. Il y a donc une forte division spatiale du travail entre les communes situées dans les pôles et les autres (Jayet, 2000). Les pôles sont homogènes lorsqu’on les considère relativement à l’ensemble de l’espace économique. Ils se distinguent même fonctionnellement des communes voisines. Ce résultat confirme donc en partie la pertinence du choix que l’on a fait en ne se concentrant que sur quelques communes et non sur l’ensemble. Cependant, et pour cette même raison, il appelle un approfondissement : dans un espace économique à la Christaller, les différentiels de taille résument les oppositions. Mais si, du fait d’une intégration très importante, la Région Urbaine de Paris a basculé dans un logique de réseau de pôles spécialisés , alors la taille n’importe que comme seuil. Dès lors que celui-ci est franchi, dès lors que les pôles sont suffisamment importants, ils font apparaître des caractéristiques différentes et se spécialisent sectoriellement (à la manière des pôles de croissance définis par Perroux, 1961), favorisant l’apparition d’une géographie concentrée et spécialisée. La division du travail entre pôles et espaces non polarisés n’est donc qu’un aspect de la spécialisation des espaces productifs et elle peut très aisément masquer une spécialisation de second ordre basée non plus sur des logiques fonctionnelles mais plus sur des logiques sectorielles.

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Page 112: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Les spécialisations communales dans la RUP (Classification a - communes > 2000 emplois)

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Les spécialisations communales au sein des pôles (Classification b- communes dans un pôle)

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

113

Page 113: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Si les contours des pôles sont pertinents lorsqu’on les considère par opposition à l’ensemble des communes de la RUP, dès que l’on se restreint aux communes situées dans les contours des pôles, les oppositions sont plus accusées. Les pôles présentent alors un profil beaucoup moins homogène. On compte ainsi 19 pôles mixtes sur 28 pôles multi-communaux et encore 11 pôles hétérogènes. Comme 3 sont des pôles qui ne comptent que deux communes (Massy, Le Plessis et Chartres), restent 8 pôles hétérogènes (sur 48) : Noisiel, Les Ulis, Evry, Cergy, Créteil et les trois pôles de Couronne que sont Courbevoie, Boulogne et Montreuil. Les grandes oppositions demeurent, puisque les quatre classes communales dont les intitulés respectifs sont « Activités parisiennes » (1b), « Emplois administratifs » (2b), « Ouvriers de l’Industrie » (3b) et « Cadres de l’Industrie et des services » (4b) recoupent très largement les grandes oppositions de la région. Toutefois, à la différence de la première classification quelques pôles font apparaître d’importantes hétérogénéités internes. Ainsi le pôle de Courbevoie, dont toutes les communes appartiennent à la classe ‘Ingénieurs, cadres commerciaux’ lorsqu’on les considère relativement à l’ensemble des communes, se trouve éclaté en trois types différents si les communes ne sont étudiées que relativement aux autres communes des pôles. Autour de Courbevoie, les communes de Neuilly, Rueil, Nanterre ou Puteaux appartiennent à la classe qui regroupe les ‘Cadres de l’industrie et des services’. Un deuxième pôle de spécialité apparaît lui autour de Saint-Denis, les communes de Aubervilliers, Gennevilliers, Saint-Ouen et Suresnes étant dans la classe ‘Ouvriers et Techniciens de l’industrie’. Entre les deux se trouvent des communes caractérisées par la forte présence d’‘Emplois administratifs’. Ce pôle couvre donc quasiment l’ensemble du spectre des activités, seule la classe ‘Tertiaire supérieur qui est caractéristique des arrondissements parisiens n’y est pas représentée. Les classes issues des deux analyses successives ne donnent donc pas la même image de l’homogénéité des pôles28.

28 Cela est essentiellement du au fait que dans le premier cas, les classements se font essentiellement sur une base

fonctionnelle, les activités n’intervenant que dans un second temps, tandis que dans le deuxième cas les oppositions

les plus tranchées reposent sur des logiques d’activité, complétées ensuite par une différenciation fonctionnelle.

Ajoutée à la modification de l’échantillon de communes de références, cela explique très largement l’évolution des

attributions de communes dans les différentes classes.

114

Page 114: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Pôle Classe du pôle Classes des communes du pôle (classification b)

1 Paris Services supérieurs (C1) Activités parisiennes (1b)

100 Paris-Agglo Techniciens (Act. div.) et Aéronaut.(C3) Emplois administratifs (2b) et 3b

101 Courbevoie Services supérieurs (C1) Cadres de l'ind. et des serv. (4b), 2b et 3b

102 Boulogne Services supérieurs (C1) Emplois administratifs (2b) et 4b

103 Montreuil Techniciens (Act. div.) et Aéronaut.(C3) Emplois administratifs (2b) et 3b

104 Massy Services supérieurs (C1) Emplois administratifs (2b) et 4b

105 Ivry-sur-Seine Techniciens (Act. div.) et Aéronaut.(C3) Emplois administratifs (2b)

106 Le Plessis Services supérieurs (C1) Emplois administratifs (2b) et 4b

2 Créteil Techniciens (Act. div.) et Aéronaut.(C3) Emplois administratifs (2b) et 3b

3 Versailles Services supérieurs (C1) Emplois administratifs (2b) et 4b

4 Noisy-le-Grand Techniciens (Act. div.) et Aéronaut.(C3) Emplois administratifs (2b)

5 Roissy Industrie Automobile et Transports (C2) Ouvriers de l'industrie (3b)

6 Cergy Services supérieurs (C1) Ouvriers de l'industrie (3b) et 4b

7 Guyancourt Services supérieurs (C1) Cadr. de l'ind. et des serv. (4b)

8 Evry Services supérieurs (C1) Cadres de l'ind. et des serv. (4b), 2b et 3b

9 Argenteuil Techniciens (Act. div.) et Aéronaut.(C3) Emplois administratifs (2b)

10 Chartres Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b) et 3b

12 Melun Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b) et 3b

15 Viry-Châtillon Techniciens (Act. div.) et Aéronaut.(C3) Ouvriers de l'industrie (3b) et 2b

16 Les Ulis Techniciens (Act. div.) et Aéronaut.(C3) Ouvriers de l'industrie (3b) et 2b

17 Noisiel Services supérieurs (C1) Ouvriers de l'industrie (3b), 1b et 2b

19 Poissy Industrie Automobile et Transports (C2) Ouvriers de l'industrie (3b)

20 Mantes-la Jolie Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

21 Creil Exécution et services de proximité (C4) Ouvriers de l'industrie (3b) et 2b

23 Dreux Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

24 Brétigny Techniciens (Act. div.) et Aéronaut.(C3) Emplois administratifs (2b) et 3b

28 Amilly Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b) et 3b

37 Savigny Techniciens (Act. div.) et Aéronaut.(C3) Ouvriers de l'industrie (3b) et 2b

Classes couvertes par les pôles multi-communaux29

Comme le résume le tableau ci-dessus, la plupart des pôles multi-communaux contiennent des communes de type variés. Il n’y a donc pas de pôle monolithique. Toutefois, si l’on considère qu’une commune ne constitue pas en tant que telle un sous-pôle au sein du pôle considéré mais qu’il faut que plus de deux communes jointives appartiennent à une même classe pour pouvoir constituer un sous-pôle spécialisé, alors seuls trois pôles ne sont plus homogènes, Courbevoie, Créteil et Montreuil. Parmi ceux-ci Montreuil est cependant particulier dans la mesure où les communes contiguës forment un ruban enserré dans les communes du type principal. Bobigny, Bondy, Drancy et Aulnay-sous-Bois (de la classe ‘Emplois Administratifs’) sont ainsi entourées par le Blanc-Mesnil, le Bourget, la Courneuve, Pantin, Noisy-le-Sec et Rosny-sous-Bois (‘Ouvriers et Techniciens de l’Industrie’). Seuls Créteil et Courbevoie seront donc considérés comme hétérogènes et donc éclatés en deux pôles par la suite.

29 Lecture du tableau : les codes entre parenthèse renvoient aux numéros des classes définis précédemment. Le pôle

de Cergy, pôle numéro 6, appartient ainsi à la classe C1, c’est à dire que ces emplois sont, relativement aux autres

pôles de la RUP, plutôt des emplois de services supérieurs. Il est composé majoritairement de communes

caractérisées par la part occupée par les ouvriers de l’industrie (3b), les autres l’étant par la part des cadres de

l’industrie et des services (4b).

115

Page 115: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Pôle Classe du pôle Classes des communes du pôle

(classification b)

11 Beauvais Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

13 Evreux Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

14 St Germain Services domestiques élaborés (C5) Emplois administratifs (2b)

18 Compiègne Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

22 Meaux Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

25 Soissons Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

26 Sens Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

27 Les Mureaux Services supérieurs (C1) Ouvriers de l'industrie (3b)

29 Aubergenville Industrie Automobile et Transports (C2) Ouvriers de l'industrie (3b)

30 Vernon Techniciens (Act. div.) et Aéronaut.(C3) Ouvriers de l'industrie (3b)

31 Fontainebleau Services domestiques élaborés (C5) Emplois administratifs (2b)

32 Rambouillet Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

33 Etampes Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

34 Montereau Fabrication industrielle (C6) Ouvriers de l'industrie (3b)

35 Senlis Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

36 Château-Thierry Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

38 Persan Fabrication industrielle (C6) Ouvriers de l'industrie (3b)

39 Nemours Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

40 Noyon Fabrication industrielle (C6) Ouvriers de l'industrie (3b)

41 Chantilly Services domestiques élaborés (C5) Emplois administratifs (2b)

42 Clermont Services domestiques élaborés (C5) Emplois administratifs (2b)

43 Romilly Industrie textile (C7) Ouvriers de l'industrie (3b)

44 Combs-la-Ville Techniciens (Act. div.) et Aéronaut.(C3) Emplois administratifs (2b)

45 Coulommiers Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

46 Provins Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

47 Pithiviers Exécution et services de proximité (C4) Emplois administratifs (2b)

48 Crépy-en-Valois Exécution et services de proximité (C4) Ouvriers de l'industrie (3b)

Classes couvertes par les pôles mono communaux On notera par ailleurs que les pôles périphériques situés au sud-ouest d'une ligne Evry-Cergy sont les seuls à contenir des communes de la classe 4b (Ingénieurs et cadres commerciaux). De la même manière, dans la première couronne, seuls les pôles de Montreuil, Saint-Denis, Créteil et ‘Paris-Agglo’ contiennent des communes de la classe 3b (Ouvriers de l’Industrie) alors que cette classe est très souvent présente dans les pôles de la lointaine périphérie, particulièrement les pôles mono-communaux. La décomposition au niveau communal de spécialisations fait donc apparaître à la fois la grande homogénéité des pôles et leur spécialisation relative. Homogénéité dans la mesure où les contours retenus sur la base des concentrations localisées rendent relativement bien compte de la division urbaine du travail entre Pôles et Périphéries. Spécialisation relative car dès lors que l’on affine la typologie, des oppositions plus marquées se font jour entre les pôles. Pour deux d’entre eux, Courbevoie-Saint Denis et Créteil-Orly, cela conduit même à la nécessité d’éclater les pôles en deux pour mieux rendre compte de leur diversité (voir Annexe pour l’analyse détaillée des résultats des classifications et les règles de choix guidant le redécoupage des deux pôles).

116

Page 116: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

ANNEXE 4 – Composition communale de chaque pôle

(après découpage et test de contiguïté)

Pole Commune emplois en

1999 emplois/km² Pole Commune

emplois en 1999

emplois/km²

Paris 101 Aubervilliers 25 843 1 672

1 Paris 8 171 444 18 136 101 Epinay-sur-Seine 8 960 990

1 Paris 15 144 667 11 173 Boulogne

1 Paris 12 112 336 9 563 102 Boulogne-Billancourt 70 946 3 020

1 Paris 9 111 939 18 218 102 Issy-les-Moulineaux 38 243 3 120

1 Paris 16 106 971 9 399 102 Montrouge 23 046 2 295

1 Paris 17 92 267 16 164 102 Clamart 18 210 1 933

1 Paris 13 89 316 10 056 102 Saint-Cloud 16 041 1 965

1 Paris 7 76 212 18 512 102 Bagneux 14 569 2 404

1 Paris 10 71 962 17 881 102 Malakoff 13 871 2 338

1 Paris 14 71 836 11 303 102 Meudon 12 803 2 502

1 Paris 18 70 285 13 139 102 Arcueil 12 587 2 292

1 Paris 19 68 101 8 233 102 Châtillon 10 759 2 551

1 Paris 11 67 687 11 592 102 Sèvres 10 369 1 656

1 Paris 1 63 056 19 189 Montreuil

1 Paris 2 61 672 19 311 103 Montreuil 37 713 2 220

1 Paris 20 54 786 9 320 103 Aulnay-sous-Bois 28 882 1 268

1 Paris 5 48 909 15 018 103 Bobigny 25 986 1 825

1 Paris 4 43 955 18 449 103 Pantin 23 386 1 951

1 Paris 6 43 691 16 402 103 Fontenay-sous-Bois 21 495 1 185

1 Paris 3 29 723 16 408 103 Vincennes 15 190 2 054

Courbevoie - St Denis 103 Bagnolet 15 128 1 982

101 Courbevoie 73 147 5 503 103 Rosny-sous-Bois 14 688 928

101 Nanterre 72 904 4 178 103 Courneuve (La ) 14 213 1 591

101 Puteaux 69 866 5 168 103 Drancy 14 164 1 747

101 Levallois-Perret 49 428 4 342 103 Blanc-Mesnil (Le ) 13 366 1 130

101 Neuilly-sur-Seine 45 349 4 982 103 Bondy 11 487 1 428

101 Rueil-Malmaison 42 587 3 443 103 Noisy-le-Sec 10 131 1 746

101 Clichy 29 005 3 838 103 Livry-Gargan 8 703 763

101 Colombes 25 568 2 496 Massy

101 Asnières-sur-Seine 22 701 4 352 104 Massy 22 389 993

101 Suresnes 22 536 4 041 104 Antony 19 624 1 287

101 Sartrouville 12 232 568 Ivry

101 Garenne-Colombes (La ) 10 620 4 719 105 Ivry-sur-Seine 26 233 2 087

101 Bezons 8 312 1 155 105 Vitry-sur-Seine 25 840 1 719

101 Villeneuve-la-Garenne 8 304 2 204 105 Villejuif 17 652 1 821

101 Saint-Denis 48 949 1 941 105 Charenton-le-Pont 12 088 1 450

101 Gennevilliers 30 265 2 803 105 Kremlin-Bicêtre (Le ) 10 361 2 137

101 Saint-Ouen 29 936 2 115 105 Alfortville 9 999 1 502

Source : Insee, Recensement complémentaire 1999

117

Page 117: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Pole Commune emplois en

1999 emplois/km² Pole Commune

emplois en 1999

emplois/km²

Créteil – Orly 6 Conflans-Sainte-Honorine 9 820 386

2a Créteil 48 436 2 052 6 Osny 6 553 930

2a Saint-Maur-des-Fossés 22 742 2 019 6 Eragny 6 530 1 075

2a Maisons-Alfort 15 924 2 026 St Quentin en Yvelines

2a Villeneuve-Saint-Georges 10 482 740 7 Guyancourt 23 909 966

2a Choisy-le-Roi 10 188 1 269 7 Montigny-le-Bretonneux 23 473 1 222

2a Bonneuil-sur-Marne 8 057 1 240 7 Trappes 18 279 877

2a Joinville-le-Pont 4 582 1 637 Evry

2b Orly 27 633 1 209 8 Evry 32 353 1 146

2b Rungis 20 395 1 171 8 Corbeil-Essonnes 18 625 650

2b Thiais 10 231 1 417 8 Ris-Orangis 7 412 810

2b Chevilly-la-rue 9 768 1 473 8 Courcouronnes 7 019 885

2b Athis-Mons 8 937 768 Argenteuil

2b Villeneuve-le-Roi 4 811 990 9 Argenteuil 30 777 1 053

Versailles 9 Ermont 6 072 758

3 Versailles 45 623 1 499 9 Franconville 5 894 676

3 Vélizy-Villacoublay 37 895 1 179 9 Eaubonne 5 566 651

3 Chesnay (Le ) 11 804 1 325 9 Sannois 5 002 1 073

3 Buc 5 801 850 9 Enghien-les-Bains 4 677 760

3 Jouy-en-Josas 4 223 803 Chartres

3 Viroflay 4 133 1 476 10 Chartres 28 107 935

Marne la vallée (Ouest) 10 Lucé 6 995 760

4 Noisy-le-Grand 24 115 1 148 Beauvais

4 Champigny-sur-Marne 17 419 1 187 11 Beauvais 36 550 915

4 Neuilly-sur-Marne 10 808 1 295 Melun

4 Nogent-sur-Marne 8 467 1 396 12 Melun 23 674 894

4 Chennevières-sur-Marne 6 708 910 12 Dammarie-les-Lys 6 470 725

4 Perreux-sur-Marne (Le ) 6 332 1 473 12 Vaux-le-Pénil 6 334 493

4 Gagny 5 885 831 Evreux

4 Bry-sur-Marne 5 700 1 528 13 Evreux 34 493 876

4 Neuilly-Plaisance 5 427 1 416 Saint-Germain-en-Laye

4 Villemomble 5 062 1 010 14 Saint-Germain-en-Laye 18 885 733

4 Villiers-sur-Marne 4 798 937 Viry-Châtillon

Roissy 15 Viry-Châtillon 8 254 715

5 Roissy-en-France 55 537 1 503 15 Chilly-Mazarin 7 354 712

5 Tremblay-en-France 14 569 943 15 Morangis 6 867 746

Cergy 15 Savigny-sur-Orge 6 239 763

6 Cergy 32 625 1 360 15 Paray-Vieille-Poste 5 883 758

6 Saint-Ouen-l'Aumône 17 373 1 121 15 Juvisy-sur-Orge 5 082 840

6 Pontoise 13 303 1 280

Source : Insee, Recensement complémentaire 1999

118

Page 118: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Pole Commune emplois en

1999 emplois/km² Pole Commune

emplois en 1999

emplois/km²

Saclay - Les Ulis - Maxima locaux -

16 Ulis (Les) 17 532 697 30 Vernon 10 767 317

16 Orsay 11 397 665 31 Fontainebleau 9 893 307

16 Villebon-sur-Yvette 7 210 489 32 Rambouillet 11 501 285

16 Gif-sur-Yvette 6 471 322 33 Etampes 10 409 278

16 Saclay 6 414 269 34 Montereau-Fault-Yonne 9 330 253

Marne-la-Vallée (Est) 35 Senlis 9 815 250

17 Noisiel 8 256 727 36 Château-Thierry 8 361 249

17 Lognes 7 526 705 37 Savigny-le-Temple 6 334 236

17 Champs-sur-Marne 7 429 690 37 Moissy-Cramayel 4 441 178

17 Torcy 7 062 664 37 Réau 4 311 148

Compiègne 38 Persan 3 954 216

18 Compiègne 24 712 701 39 Nemours 6 596 207

Poissy 40 Noyon 7 521 194

19 Poissy 20 655 632 41 Chantilly 4 878 166

19 Achères 4 085 185 42 Clermont 5 215 184

Mantes-la-Jolie 43 Romilly-sur-Seine 7 056 175

20 Mantes-la-Jolie 13 889 529 44 Combs-la-Ville 4 317 165

20 Mantes la ville 5 784 470 45 Coulommiers 6 736 172

Creil 46 Provins 6 150 167

21 Creil 14 250 556 47 Pithiviers 5 999 154

21 Nogent-sur-Oise 5 969 450 48 Crépy-en-Valois 6 219 156

21 Montataire 5 869 331

Meaux

22 Meaux 21 876 561

Dreux

23 Dreux 16 634 492

23 Vernouillet 4 400 419

Brétigny-sur-Orge

24 Brétigny-sur-Orge 9 945 361

24 Sainte-Geneviève-des-Bois 8 692 483

24 Saint-Michel-sur-Orge 4 076 487

24 Fleury-Mérogis 3 974 436

Soissons

25 Soissons 13 980 408

Sens

26 Sens 13 761 391

Mureaux (Les)

27 Mureaux (Les) 12 033 385

Montargis

28 Amilly 7 743 247

28 Montargis 7 235 367

28 Chalette-sur-Loing 4 876 272

Aubergenville

29 Aubergenville 9 925 322

Source : Insee, Recensement complémentaire 1999

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Page 119: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Annexe 5 - Evolution globale de l'emploi des pôles

1975 1982 Evol. 75-82 1990 Evol. 82-90 Pôle

rg emplois % RUP rg emplois % RUP Val. Abs. %RUP rg emplois % RUP Val. Abs. %RUP Paris 1 1918060 36,3% 1 1775993 33,5% -142067 -2,8pts 1 1796378 31,4% 20385 -2,0ptsCourbevoie 2 407155 7,7% 2 406196 7,7% -959 0,0pts 2 469941 8,2% 63745 0,6ptsSaint-Denis 5 161595 3,1% 5 152540 2,9% -9055 -0,2pts 5 148459 2,6% -4081 -0,3ptsBoulogne 4 250455 4,7% 4 236668 4,5% -13787 -0,3pts 4 233698 4,1% -2970 -0,4ptsMontreuil 3 252200 4,8% 3 255312 4,8% 3112 0,0pts 3 271128 4,7% 15816 -0,1ptsMassy 15 31375 0,6% 17 34372 0,6% 2997 0,1pts 18 41100 0,7% 6728 0,1ptsIvry 6 107905 2,0% 7 100912 1,9% -6993 -0,1pts 8 102385 1,8% 1473 -0,1ptsNon poles - 226915 4,3% - 234356 4,4% 7441 0,1pts - 248071 4,3% 13715 -0,1ptsCouronne - 1437600 27,2% - 1420356 26,8% -17244 -0,4pts - 1514782 26,5% 94426 -0,3ptsCœur - 3355660 63,5% - 3196349 60,2% -159311 -3,2pts - 3311160 57,9% 114811 -2,3ptsCréteil 7 104305 2,0% 6 110692 2,1% 6387 0,1pts 6 120323 2,1% 9631 0,0ptsOrly 9 80390 1,5% 9 83564 1,6% 3174 0,1pts 10 92114 1,6% 8550 0,0ptsVersailles 8 85145 1,6% 8 99516 1,9% 14371 0,3pts 7 105915 1,9% 6399 0,0ptsNoisy-le-Grand 10 72440 1,4% 10 79584 1,5% 7144 0,1pts 9 96866 1,7% 17282 0,2ptsRoissy-en-France 26 18855 0,4% 23 25732 0,5% 6877 0,1pts 16 43232 0,8% 17500 0,3ptsCergy 12 38855 0,7% 11 57536 1,1% 18681 0,3pts 11 80353 1,4% 22817 0,3ptsGuyancourt 32 13465 0,3% 24 22216 0,4% 8751 0,2pts 14 48272 0,8% 26056 0,4ptsEvry 13 38355 0,7% 13 51316 1,0% 12961 0,2pts 12 65764 1,2% 14448 0,2ptsArgenteuil 11 53330 1,0% 12 55688 1,0% 2358 0,0pts 13 57881 1,0% 2193 0,0ptsChartres 18 29890 0,6% 18 31788 0,6% 1898 0,0pts 21 33504 0,6% 1716 0,0ptsBeauvais 19 28795 0,5% 20 30956 0,6% 2161 0,0pts 20 33833 0,6% 2877 0,0ptsMelun 16 31315 0,6% 14 35776 0,7% 4461 0,1pts 19 36930 0,6% 1154 0,0ptsEvreux 20 27405 0,5% 19 31276 0,6% 3871 0,1pts 22 33274 0,6% 1998 0,0ptsSaint-Germain-en-Laye 30 14800 0,3% 32 16036 0,3% 1236 0,0pts 32 18812 0,3% 2776 0,0ptsViry-Châtillon 17 30520 0,6% 15 35692 0,7% 5172 0,1pts 17 41896 0,7% 6204 0,1ptsLes Ulis 22 25445 0,5% 16 34632 0,7% 9187 0,2pts 15 45848 0,8% 11216 0,1ptsNoisiel 54 3855 0,1% 37 10340 0,2% 6485 0,1pts 27 22752 0,4% 12412 0,2ptsCompiègne 27 18270 0,3% 25 20172 0,4% 1902 0,0pts 25 23582 0,4% 3410 0,0ptsPoissy 14 33955 0,6% 21 30292 0,6% -3663 -0,1pts 24 24444 0,4% -5848 -0,1ptsMantes-la-Jolie 23 19885 0,4% 27 19940 0,4% 55 0,0pts 30 20336 0,4% 396 0,0ptsCreil 21 27015 0,5% 22 30040 0,6% 3025 0,1pts 23 27760 0,5% -2280 -0,1ptsMeaux 28 17015 0,3% 29 18948 0,4% 1933 0,0pts 29 20754 0,4% 1806 0,0ptsDreux 25 18985 0,4% 26 20136 0,4% 1151 0,0pts 28 22300 0,4% 2164 0,0ptsBrétigny-sur-Orge 29 16180 0,3% 30 18100 0,3% 1920 0,0pts 26 23202 0,4% 5102 0,1ptsSoissons 31 13790 0,3% 33 15384 0,3% 1594 0,0pts 33 15152 0,3% -232 0,0ptsSens 33 12020 0,2% 34 12888 0,2% 868 0,0pts 34 13538 0,2% 650 0,0ptsLes Mureaux 37 9660 0,2% 35 11392 0,2% 1732 0,0pts 36 12610 0,2% 1218 0,0ptsMontargis 24 19370 0,4% 28 19200 0,4% -170 0,0pts 31 19333 0,3% 133 0,0ptsAubergenville 36 9945 0,2% 31 16572 0,3% 6627 0,1pts 35 12848 0,2% -3724 -0,1ptsVernon 35 10060 0,2% 36 10820 0,2% 760 0,0pts 38 11606 0,2% 786 0,0ptsFontainebleau 39 8765 0,2% 39 9180 0,2% 415 0,0pts 40 9915 0,2% 735 0,0ptsRambouillet 41 7505 0,1% 41 8288 0,2% 783 0,0pts 42 9745 0,2% 1457 0,0ptsEtampes 40 7595 0,1% 40 8884 0,2% 1289 0,0pts 43 8992 0,2% 108 0,0ptsMontereau-Fault-Yonne 34 10355 0,2% 38 9912 0,2% -443 0,0pts 39 10153 0,2% 241 0,0ptsSenlis 44 6630 0,1% 43 8200 0,2% 1570 0,0pts 41 9881 0,2% 1681 0,0ptsChâteau-Thierry 43 7150 0,1% 44 7308 0,1% 158 0,0pts 44 7960 0,1% 652 0,0ptsSavigny-le-Temple 46 5220 0,1% 46 7064 0,1% 1844 0,0pts 37 12112 0,2% 5048 0,1ptsPersan 51 4505 0,1% 53 4532 0,1% 27 0,0pts 54 4176 0,1% -356 0,0ptsNemours 53 3990 0,1% 51 5108 0,1% 1118 0,0pts 48 6246 0,1% 1138 0,0ptsNoyon 42 7315 0,1% 45 7064 0,1% -251 0,0pts 46 7153 0,1% 89 0,0ptsChantilly 52 4385 0,1% 54 3888 0,1% -497 0,0pts 53 4524 0,1% 636 0,0ptsClermont 50 4670 0,1% 50 5316 0,1% 646 0,0pts 50 5820 0,1% 504 0,0ptsRomilly-sur-Seine 38 8825 0,2% 42 8208 0,2% -617 0,0pts 45 7744 0,1% -464 0,0ptsCombs-la-Ville 55 1405 0,0% 55 1812 0,0% 407 0,0pts 55 2952 0,1% 1140 0,0ptsCoulommiers 47 5220 0,1% 48 6148 0,1% 928 0,0pts 49 6028 0,1% -120 0,0ptsProvins 45 5690 0,1% 47 6292 0,1% 602 0,0pts 47 6432 0,1% 140 0,0ptsPithiviers 49 4945 0,1% 49 5776 0,1% 831 0,0pts 51 5616 0,1% -160 0,0ptsCrépy-en-Valois 48 5205 0,1% 52 4968 0,1% -237 0,0pts 52 4920 0,1% -48 0,0ptsAutres Pôles - 1032690 19,5% - 1174172 22,1% 141482 2,6pts - 1355403 23,7% 181231 1,6ptsTotal Pôles - 4388350 83,0% - 4370521 82,3% -17829 -0,7pts - 4666563 81,6% 296042 -0,7ptsTotal Hors Pôles - 900100 17,0% - 938068 17,7% 37968 0,7pts - 1051876 18,4% 113808 0,7ptsTotal RUP - 5288450 100,0 - 5308589 100,0 20139 0,0pts - 5718439 100,0 409850 0,0pts

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

120

Page 120: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

1999 Evol 90-99 Différentiel 80’s-90’s Evolution 1975-1999 Pôle

rg emplois % RUP Val. Abs. %RUP Val. Abs. % RUP Val. Abs. % (de 75) % (de 99) %RUP Rg Paris 1 1600815 27,7% -195563 -3,7pts -215948 -1,7pts -317245 -16,5% -19,8% -8,6pts 0Courbevoie 2 492559 8,5% 22618 0,3pts -41127 -0,3pts 85404 21,0% 17,3% 0,8pts 0Saint-Denis 5 143953 2,5% -4506 -0,1pts -425 0,2pts -17642 -10,9% -12,3% -0,6pts 0Boulogne 4 241444 4,2% 7746 0,1pts 10716 0,5pts -9011 -3,6% -3,7% -0,6pts 0Montreuil 3 254532 4,4% -16596 -0,3pts -32412 -0,3pts 2332 0,9% 0,9% -0,4pts 0Massy 17 42013 0,7% 913 0,0pts -5815 -0,1pts 10638 33,9% 25,3% 0,1pts -2Ivry 8 102173 1,8% -212 0,0pts -1685 0,1pts -5732 -5,3% -5,6% -0,3pts -2Non poles - 259021 4,5% 10950 0,1pts -2765 0,2pts 32106 14,1% 12,4% 0,2pts -Couronne - 1535695 26,6% 209130,1ptsd -73513 0,3pts 98095 6,8% 6,4% -0,6pts -Cœur - 3136510 54,3% -174650-3,6pts -289461 -1,3pts -219150 -6,5% -7,0% -9,2pts -Créteil 6 120411 2,1% 88 0,0pts -9543 0,0pts 16106 15,4% 13,4% 0,1pts 1Orly 11 81775 1,4% -10339 -0,2pts -18889 -0,2pts 1385 1,7% 1,7% -0,1pts -2Versailles 7 109479 1,9% 3564 0,0pts -2835 0,1pts 24334 28,6% 22,2% 0,3pts 1Noisy-le-Grand 9 100721 1,7% 3855 0,0pts -13427 -0,1pts 28281 39,0% 28,1% 0,4pts 1Roissy-en-France 12 70106 1,2% 26874 0,5pts 9374 0,2pts 51251 271,8% 73,1% 0,9pts 14Cergy 10 86204 1,5% 5851 0,1pts -16966 -0,2pts 47349 121,9% 54,9% 0,8pts 2Guyancourt 13 65661 1,1% 17389 0,3pts -8667 -0,1pts 52196 387,6% 79,5% 0,9pts 19Evry 14 65409 1,1% -355 0,0pts -14803 -0,2pts 27054 70,5% 41,4% 0,4pts -1Argenteuil 15 57988 1,0% 107 0,0pts -2086 0,0pts 4658 8,7% 8,0% 0,0pts -4Chartres 21 35102 0,6% 1598 0,0pts -118 0,0pts 5212 17,4% 14,8% 0,0pts -3Beauvais 19 36550 0,6% 2717 0,0pts -160 0,0pts 7755 26,9% 21,2% 0,1pts 0Melun 20 36478 0,6% -452 0,0pts -1606 0,0pts 5163 16,5% 14,2% 0,0pts -4Evreux 22 34493 0,6% 1219 0,0pts -779 0,0pts 7088 25,9% 20,5% 0,1pts -2Saint-Germain-en-Laye 32 18885 0,3% 73 0,0pts -2703 0,0pts 4085 27,6% 21,6% 0,0pts -2Viry-Châtillon 18 39679 0,7% -2217 0,0pts -8421 -0,1pts 9159 30,0% 23,1% 0,1pts -1Les Ulis 16 49024 0,8% 3176 0,0pts -8040 -0,1pts 23579 92,7% 48,1% 0,4pts 6Noisiel 23 30273 0,5% 7521 0,1pts -4891 -0,1pts 26418 685,3% 87,3% 0,5pts 31Compiègne 27 24712 0,4% 1130 0,0pts -2280 0,0pts 6442 35,3% 26,1% 0,1pts 0Poissy 26 24740 0,4% 296 0,0pts 6144 0,1pts -9215 -27,1% -37,2% -0,2pts -12Mantes-la-Jolie 31 19673 0,3% -663 0,0pts -1059 0,0pts -212 -1,1% -1,1% 0,0pts -8Creil 25 26088 0,5% -1672 0,0pts 608 0,0pts -927 -3,4% -3,6% -0,1pts -4Meaux 28 21876 0,4% 1122 0,0pts -684 0,0pts 4861 28,6% 22,2% 0,1pts 0Dreux 29 21034 0,4% -1266 0,0pts -3430 0,0pts 2049 10,8% 9,7% 0,0pts -4Brétigny-sur-Orge 24 26687 0,5% 3485 0,1pts -1617 0,0pts 10507 64,9% 39,4% 0,2pts 5Soissons 34 13980 0,2% -1172 0,0pts -940 0,0pts 190 1,4% 1,4% 0,0pts -3Sens 35 13761 0,2% 223 0,0pts -427 0,0pts 1741 14,5% 12,7% 0,0pts -2Les Mureaux 36 12033 0,2% -577 0,0pts -1795 0,0pts 2373 24,6% 19,7% 0,0pts 1Montargis 30 19854 0,3% 521 0,0pts 388 0,0pts 484 2,5% 2,4% 0,0pts -6Aubergenville 40 9925 0,2% -2923 -0,1pts 801 0,0pts -20 -0,2% -0,2% 0,0pts -4Vernon 38 10767 0,2% -839 0,0pts -1625 0,0pts 707 7,0% 6,6% 0,0pts -3Fontainebleau 41 9893 0,2% -22 0,0pts -757 0,0pts 1128 12,9% 11,4% 0,0pts -2Rambouillet 37 11501 0,2% 1756 0,0pts 299 0,0pts 3996 53,2% 34,7% 0,1pts 4Etampes 39 10409 0,2% 1417 0,0pts 1309 0,0pts 2814 37,1% 27,0% 0,0pts 1Montereau-Fault-Yonne 43 9330 0,2% -823 0,0pts -1064 0,0pts -1025 -9,9% -11,0% 0,0pts -9Senlis 42 9815 0,2% -66 0,0pts -1747 0,0pts 3185 48,0% 32,5% 0,0pts 2Château-Thierry 44 8361 0,1% 401 0,0pts -251 0,0pts 1211 16,9% 14,5% 0,0pts -1Savigny-le-Temple 33 15086 0,3% 2974 0,0pts -2074 0,0pts 9866 189,0% 65,4% 0,2pts 13Persan 55 3954 0,1% -222 0,0pts 134 0,0pts -551 -12,2% -13,9% 0,0pts -4Nemours 48 6596 0,1% 350 0,0pts -788 0,0pts 2606 65,3% 39,5% 0,0pts 5Noyon 45 7521 0,1% 368 0,0pts 279 0,0pts 206 2,8% 2,7% 0,0pts -3Chantilly 53 4878 0,1% 354 0,0pts -282 0,0pts 493 11,2% 10,1% 0,0pts -1Clermont 52 5215 0,1% -605 0,0pts -1109 0,0pts 545 11,7% 10,5% 0,0pts -2Romilly-sur-Seine 46 7056 0,1% -688 0,0pts -224 0,0pts -1769 -20,0% -25,1% 0,0pts -8Combs-la-Ville 54 4317 0,1% 1365 0,0pts 225 0,0pts 2912 207,3% 67,5% 0,0pts 1Coulommiers 47 6736 0,1% 708 0,0pts 828 0,0pts 1516 29,0% 22,5% 0,0pts 0Provins 50 6150 0,1% -282 0,0pts -422 0,0pts 460 8,1% 7,5% 0,0pts -5Pithiviers 51 5999 0,1% 383 0,0pts 543 0,0pts 1054 21,3% 17,6% 0,0pts -2Crépy-en-Valois 49 6219 0,1% 1299 0,0pts 1347 0,0pts 1014 19,5% 16,3% 0,0pts -1Autres Pôles - 1422404 24,6% 67001 0,9pts -114230 -0,7pts 389714 37,7% 27,4% 5,1pts -Total Pôles - 4558914 78,9% -107649-2,7pts -403691 -2,0pts 170564 3,9% 3,7% -4,1pts -Total Hors Pôles - 1222140 21,1% 208232 2,7pts -805676 2,0pts 322040 35,8% 26,4% 4,1pts -Total RUP - 5781054 100,0% 62615 - -347235 - 492604 9,3% 8,5% - -

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

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Annexe 6 - Evolution sectorielle de l'emploi des pôles

Les quinze activités les plus importantes sont toutes des activités de services à l’exception de la Construction. Elles rassemblent plus de 82% des emplois de la RUP. Deux seulement dépassent 10% de l’emploi, les activités de Conseil et assistance aux entreprises (10,5%) qui prennent la première place aux Administrations publiques (10,4%) entre 1990 et 1999. La principale différence entre le classement effectué sur la RUP dans son ensemble et celui effectué sur les seuls pôles économiques tient au poids plus important du Conseil (1er et non 3ème) et des activités financières (7ème et non 10ème). Les évolutions des principales activités sont très différentes au cours de la dernière période : soit les activités ont connu les taux de croissance les plus élevés (neuf des dix premiers taux de croissance concernent les activités de taille importantes, à commencer par l’activité de conseils et assistance qui occupe la première place des deux classements avec une croissance de plus de 16,5% sur la période), soit elles ont les taux les plus faibles (l’activité de Commerce de détail dont l’emploi diminue de plus de 7% est ainsi 30ème sur 35, les Activités financières, 33ème avec une chute de près de 10% et la Construction 11ème activité par l’emploi est dernière activité pour son taux de croissance, puisque la chute avoisine 30%). Ce résultat est d’autant plus significatif que l’outil utilisé, les taux d’évolution, écrase généralement la croissance des activités importantes et sur valorise celle des petites activités.

Les principales activités des pôles de la RUP entre 1990 et 1999

Activité (Naf 36) Effectif en

1999 Part en 1999

Effectif 1990

Part en 1990

Evolution de la part 1990-

1999

Evolution 1990-1999

Rg suivant le taux de

croissance (1-35)

Conseils et assistance 465473 10,5% 399229 8,8% 1,7% 66244 16,6% 1

Administrations publiques 463502 10,4% 433247 9,5% 0,9% 30255 7,0% 4

Santé, action sociale 395939 8,9% 355816 7,8% 1,1% 40123 11,3% 2

Education 292707 6,6% 275466 6,1% 0,5% 17241 6,3% 7

Commerce de détail 264711 6,0% 284933 6,3% -0,3% -20222 -7,1% 30

Transports 256075 5,8% 255272 5,6% 0,2% 803 0,3% 11

Activités financières 250147 5,6% 277404 6,1% -0,5% -27257 -9,8% 33

Services opérationnels 244490 5,5% 209712 4,6% 0,9% 34778 16,6% 3

Commerce de gros 227202 5,1% 241400 5,3% -0,2% -14198 -5,9% 24

Hôtels et Restaurants 182604 4,1% 168904 3,7% 0,4% 13700 8,1% 8

Construction 177904 4,0% 248859 5,5% -1,5% -70955 -28,5% 35

Activités récréatives, culturelles 136898 3,1% 107066 2,4% 0,7% 29832 27,9% 5

Postes et Télécommunications 117148 2,6% 115416 2,5% 0,1% 1732 1,5% 10

Services personnels et dom. 95426 2,1% 84325 1,9% 0,3% 11101 13,2% 9

Activités immobilières 95163 2,1% 116768 2,6% -0,4% -21605 -18,5% 31

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Ces dynamiques conduisent à des évolutions massives pour quelques secteurs parmi les plus importants. La croissance des activités de conseil et assistance a généré plus de 66 000 emplois, celle du secteur Santé et action sociale 40 000 emplois, les services opérationnels 35 000 emplois et celle de l’administration publique ou des activités récréatives et culturelles 30 000 emplois pour chacun des secteurs. A l’opposé, le Bâtiment a perdu 71 000 emplois, les Activités

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financières 27 000 emplois et le Commerce de détail 20 000. Les trois autres activités qui perdent plus d’emploi que ce dernier secteur sont dans l’ordre les Industries des équipements électriques et électroniques (-28 000 emplois), la Métallurgie (-25 000 emplois) et les Activités immobilières (-22 000 emplois). Le changement de nomenclature de 1993 rend difficile les comparaisons sur longue période. Toutefois les mutations que l’on observe entre 1990 et 1999 s’initient largement dans les années précédentes. En 1990, les pôles d’activité de la région sont pour l’essentiel des pôles tertiaires et les mutations auxquelles ont assiste entre 1990 et 1999 sont des évolutions qui concernent plutôt les fonctions au sein de ces différentes activités. Sur les années précédente, ce sont les activités qui ont changé. Le changement de base industrielle de la Région Urbaine de Paris s’est ainsi accompli en deux temps qui se chevauchent largement au cours de ces trente dernières années : la région a commencé par perdre ses emplois industriels puis a vu se développer très fortement certaines fonctions tertiaires.

Affirmation du tertiaire

Les principales activités des pôles actuels de la RUP de 1975 à 1990 1975 1982 1990

Activités (NAP 40) Effectifs Part Effectifs Part Effectifs Part

Evolution 1975 - 1990

(% des effectifs)

Rg suivant le taux de

croissance (/38)

Services non marchands 810008 18,5% 847316 19,3% 732520 17,0% -9,6% 16

Services marchands particuliers 343159 7,8% 414744 9,4% 486567 11,3% 41,8% 3

Bâtiment, Génie civil et agricole 330508 7,6% 265988 6,1% 263715 6,1% -20,2% 22

Services marchands aux entreprises 304474 7,0% 402320 9,2% 557997 12,9% 83,3% 1

Transports 256144 5,9% 262696 6,0% 264382 6,1% 3,2% 9

Commerce de détail non alimentaire 222632 5,1% 193704 4,4% 192929 4,5% -13,3% 18

Matériel électrique et électronique 193356 4,4% 172692 3,9% 162661 3,8% -15,9% 19

Commerce de gros non alimentaire 173688 4,0% 197800 4,5% 217056 5,0% 25,0% 4

Banques 159235 3,6% 168696 3,8% 180908 4,2% 13,6% 6

Automobile et matériel ferroviaire 156591 3,6% 133924 3,0% 82360 1,9% -47,4% 35

Hôtels, cafés et restaurants 143390 3,3% 145128 3,3% 166576 3,9% 16,2% 5

Construction mécanique 130834 3,0% 94604 2,2% 66325 1,5% -49,3% 37

Télécommunications 114694 2,6% 125340 2,9% 117412 2,7% 2,4% 10

Imprimerie, Presse, Edition 100928 2,3% 97060 2,2% 104628 2,4% 3,7% 8

Fonderie et travaux métallurgiques 99105 2,3% 71900 1,6% 52876 1,2% -46,6% 32

Commerce de détail alimentaire 98360 2,2% 107020 2,4% 57412 1,3% -41,6% 27

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Sur la période qui s’étend de 1975 à 1990, on assiste ainsi au plus fort de la crise industrielle, les emplois tertiaires ne commençant véritablement à se développer qu’au cours de la deuxième période intercensitaire. Les principales activités de 1975 sont celles qui ont parmi les taux de croissance les plus faibles : sur les 15 activités les plus importantes en 1975, seules 7 comptent dans les 15 activités qui croissent le plus. Celles qui sont le plus dynamiques sur la période sont déjà les activités qui structurent l’activité aujourd’hui, à savoir les services marchands aux entreprises et aux particuliers, le Commerce de gros, les Banques, l’Edition, les Transports, les Télécommunications, la Parachimie et pharmacie et les constructions aéronautiques. Au

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contraire, les activités de Chimie de base (de 37 000 à 25 000 salariés), les Plastiques (de 38 000 à 20 000 salariés), la Fonderie et métallurgie (de 99 000 à 53 000 salariés), la Sidérurgie (de 12 000 à 6 000 salariés), ou l’Automobile (de 157 000 à 82 000 salariés) subissent de plein fouet la crise industrielle. On notera d’ailleurs que ces activités sont moins importantes dans les pôles que dans la RUP dans son ensemble. A l’inverse, les Banques et le Transport ont une place plus importante dans les pôles.

Développement de fonctions spécifiques

Les dynamiques observées entre 1990 et 1999 concernent, elles, beaucoup plus les fonctions. Ainsi, pour la seule activité de service dont l’emploi global diminue fortement : les Activités financières perdent 27 000 emplois sur les dix dernières années. Cependant, cela traduit plus une évolution du secteur et du positionnement de la RUP dans celui-ci. Cette baisse de l’emploi global masque ainsi le fait que l’emploi de cadres augmente lui de plus de 12% avec près de 9 500 emplois supplémentaires. Il y a donc une importante distinction à effectuer entre l’évolution de chacune des catégories socioprofessionnelles au sein des mêmes activités. Toutefois les principales activités monopolisent les dix premières places, tandis qu’aucune dominante massive ne se dégage sur les catégories socioprofessionnelles. Les principaux emplois de la RUP se distinguent plus par l’activité à laquelle ils appartiennent que par la PCS de la personne. Les quatre activités les plus présentes se retrouvent ainsi toutes les quatre à nouveau en tête.

Les principaux types d’emplois des pôles de la RUP

Activité (Naf 36) PCS Effectif 1999

Part 1999

Effectif 1990

Part 1990

Evolution 1990-1999

Evolution de la part

1990-1999

Administrations publiques Employés 239540 5,4% 230119 5,1% 9421 4,1% 0,3%

Conseils et assistance Cadres 227351 5,1% 179685 3,9% 47666 26,5% 1,2%

Santé, action sociale Employés 179547 4,0% 152664 3,4% 26883 17,6% 0,7%

Education Prof. Interm. 130776 2,9% 113822 2,5% 16954 14,9% 0,4%

Santé, action sociale Prof. Interm. 129946 2,9% 117496 2,6% 12450 10,6% 0,3%

Conseils et assistance Prof. Interm. 124733 2,8% 101088 2,2% 23645 23,4% 0,6%

Commerce de détail Employés 123549 2,8% 122572 2,7% 977 0,8% 0,1%

Administrations Publiques Prof. Interm. 106706 2,4% 89837 2,0% 16869 18,8% 0,4%

Education Cadres 102266 2,3% 94620 2,1% 7646 8,1% 0,2%

Services opérationnels Ouvriers 100202 2,3% 87808 1,9% 12394 14,1% 0,3%

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

Les employés de l’administration publique (5,4% des actifs des pôles de la RUP) devancent les cadres du conseil et assistance aux entreprises (5,1%), les employés du secteur sanitaire et social (4%). Les professions intermédiaires de l’Education (2,9%) appartiennent à un deuxième groupe d’emplois qui, autour de 3% des emplois de la RUP, contient aussi les professions intermédiaires du secteur sanitaire et social ainsi que du conseil (respectivement 2,9% et 2,8%) ainsi que les employés du Commerce de détail. Ces emplois accroissent leur part dans l’emploi des pôles, passant de 28,4 à 32,9% entre 1990 et 1999. En terme de progression, les plus spectaculaires sont celles des employés et cadres du conseil (respectivement +23% et +27%). Il est à noter que les 34 baisses les plus fortes (sur 174

124

Page 124: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

emplois) concernent exclusivement les employés, ouvriers et artisans et ne touchent ni les cadres ni les professions intermédiaires. Si l’on considère les emplois qui sont le plus inégalement répartis entre les pôles de la Région Urbaine de Paris, aucune tendance claire ne se dégage : ni la logique sectorielle, ni la logique fonctionnelle ne semblent prédominer. Quelques secteurs phares de la Région sont tout de même plusieurs fois représentés dans les douze emplois les plus inégalement répartis : l’industrie automobile, la construction aéronautique, la Santé et les Transports, mais aucun ne l’est massivement ; De même, on trouve ausis bien des employés, des ouvriers qe des cadres.

Emplois les plus inégalement réparties dans les pôles

PCS Activité (Naf 36) Part moyenne de

chaque pôle Ecart-type

Ouvriers Industrie Automobile 1,38% 5,96%

Professions intermédiaires Santé, Action sociale 4,02% 3,10%

Employés Santé, Action sociale 6,02% 3,00%

Employés Transports 1,02% 2,40%

Cadres Conseils et assistance 2,29% 2,35%

Professions intermédiaires Transports 1,15% 2,28%

Professions intermédiaires Construction aéronautique 0,59% 2,24%

Professions intermédiaires Industrie Automobile 0,61% 2,24%

Ouvriers Transports 2,41% 2,20%

Employés Administrations publiques 5,98% 2,01%

Cadres Construction aéronautique 0,48% 1,76%

Ouvriers Services opérationnels 3,15% 1,47%

Source : Insee, Recensements complémentaires 1975, 1982, 1990 et 1999

L’aspect surprenant dans ce constat est que ce sont les secteurs les plus importants des pôles qui sont le plus inégalement répartis. Ce sont aussi les secteurs qui évoluent le plus. Du point de vue des emplois (issus du croisement entre activité et catégorie socioprofessionnelle), il y aurait ainsi une accusation des spécialisations de la RUP. Certains grands secteurs croissent de manière spectaculaire tandis que d’autres s’effondrent ou se recomposent très largement. Il semble que nous assistions à un basculement très important du socle d’activités sur lequel se construit l’économie de la RUP, les différents types d’emplois n’étant pas affecté pareillement dans une même activité. Cela est particulièrement frappant dans le cas des activités financières.

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Annexe 7 - Tableau de synthèse sur l'emploi des pôles

Dans le tableau ci-après, ne sont repérés que les trois premiers pôles industriels les plus proches inscrits dont l'indice de Krugman calculé en NES60 est inférieur à 0,5. Sont notés en gras sont ceux dont l'indice est inférieur à 0,2. Les couleurs repérées dans la Classe distinguent les deux branches principales. Les effectifs répertoriés sont ceux issus des recensements de la population uniquement avec les restrictions utilisées pour cette partie (CSP 2 à 6 et sans les activités agricoles). Enfin, les indices de spécialisation sont ceux de 1999 calculés en NES36. S'ils sont soulignés ils sont inférieurs de plus d'un écart type à l'indice moyen, ceux en gras sont supérieurs d'un écart type à celle-ci.

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Page 126: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Pôle Pôles indust. les plus proches

(NES 60) Classe

(Typologie 1999) Effectifs

1999 Evolut.

1975 - 99 effet local

90-99 Indice

de spéc. Taux de cadres

Taux d'ouvriers

Paris Courbevoie, Boulogne, Ivry Tertiaire supérieur 1 562 588 -358 500 -17% 0,0025 27% 11%

Courbevoie Boulogne, Cergy, Guyancourt Tertiaire supérieur 538 810 58 823 1% 0,0069 31% 13%

Saint-Denis Montreuil, Paris-Agglo, Noisy Techniciens 82 266 -8 789 4% 0,0012 18% 24%

Boulogne Courbevoie, Cergy, Guyancourt Tertiaire supérieur 235 608 -14 088 3% 0,0062 31% 11%

Montreuil Paris-Agglo, Créteil, Noisy Techniciens 250 354 -1 872 -3% 0,0037 15% 23%

Massy Plessis, Montreuil, Paris-Agglo Cadres 40 927 9 304 1% 0,0050 28% 14%

Ivry-sur-Seine Paris-Agglo, Créteil, Noisy Techniciens 100 568 -6 619 1% 0,0031 16% 21%

Plessis Massy, Paris-Agglo, Versailles Cadres 18 591 -367 1% 0,0068 31% 13%

Paris-Agglo Créteil, Noisy, Montreuil Techniciens 236 199 28 196 6% 0,0049 17% 20%

Créteil Paris-Agglo, Melun, Montreuil Techniciens 118 618 13 731 -1% 0,0068 10% 12%

Orly Viry, Massy, Saint-Denis Transports* 79 760 -947 -12% 0,0164 14% 25%

Versailles Montreuil, Massy, Argenteuil Cadres 106 392 20 543 1% 0,0074 29% 10%

Noisy le Grand Paris-Agglo, Argenteuil, Ivry Techniciens 99 367 26 921 5% 0,0043 18% 20%

Roissy Orly, Viry, Noisiel Transports* 66 234 47 257 53% 0,0689 14% 20%

Cergy Montreuil, Paris-Agglo, Créteil Cadres 84 430 45 557 8% 0,0032 21% 19%

Guyancourt Cergy, Courbevoie, Boulogne Cadres 64 020 50 872 33% 0,0088 31% 12%

Evry Créteil, Evreux, Cergy Cadres 64 448 26 011 2% 0,0055 20% 17%

Argenteuil Paris-Agglo, Noisy, Ivry Techniciens 57 058 2 521 3% 0,0049 15% 20%

Chartres Evreux, Beauvais, Mantes Empl., Commer. 34 486 4 161 7% 0,0051 12% 23%

Beauvais Meaux, Créteil, Melun Empl., Commer. 35 617 6 735 9% 0,0084 11% 28%

Melun Créteil, Ivry, Paris-Agglo Empl., Commer. 35 979 4 056 -2% 0,0138 14% 20%

Evreux Chartres, Cergy, Beauvais Empl., Commer. 33 922 6 055 5% 0,0080 13% 25%

Saint-Germain Soissons, Fontainebleau, Ivry Administratifs 18 639 3 765 -4% 0,0184 20% 9%

Viry-Châtillon Paris-Agglo, Orly, Cergy Techniciens 38 876 8 000 -2% 0,0028 14% 27%

Les Ulis Massy, Courbevoie, Boulogne Cadres 47 749 21 805 6% 0,0135 35% 12%

Noisiel Cergy, Montreuil, Paris-Agglo Cadres 29 597 25 652 34% 0,0039 24% 16%

Compiègne Nemours, Evreux, Melun Empl., Commer. 23 782 5 728 5% 0,0083 14% 26%

Poissy Aubergenville, Versailles Automobile* 24 471 -9 294 12% 0,0232 13% 35%

Mantes-la-Jolie Créteil, Melun, Paris-Agglo Empl., Commer. 19 444 211 -1% 0,0090 13% 25%

Creil Paris-Agglo, Créteil, Mantes Empl., Commer. 25 337 -1 943 0% 0,0105 12% 29%

Meaux Sens, Ivry, Beauvais Empl., Commer. 21 561 4 520 7% 0,0086 13% 24%

Dreux Rambouillet, Montargis, Beauvais Empl., Commer. 20 676 1 685 4% 0,0077 9% 37%

Brétigny Paris-Agglo, Montreuil, Noisy Techniciens 26 003 9 821 18% 0,0128 13% 24%

Soissons Sens, St-Germain, Provins Empl., Commer. 13 659 -912 -6% 0,0137 10% 24%

Sens Soissons, Meaux, Ivry Empl., Commer. 13 497 1 234 4% 0,0108 10% 26%

Les Mureaux Vernon, Savigny, Cergy Techniciens 11 794 1 777 4% 0,0131 22% 23%

Montargis Beauvais, Paris-Agglo, Sens Empl., Commer. 19 373 -36 6% 0,0067 10% 32%

Aubergenville Poissy Automobile* 9 851 292 5% 0,1957 6% 52%

Vernon Argenteuil, Les Mureaux, Cergy Empl., Commer. 10 597 622 1% 0,0085 16% 23%

Fontainebleau St-Germain, Soissons, Etampes Administratifs 9 410 484 -7% 0,0231 16% 11%

Rambouillet Dreux, Sens, Argenteuil Empl., Commer. 11 172 3 953 18% 0,0098 16% 22%

Etampes St Germain, Soissons, Fontain. Empl., Commer. 10 230 2 338 15% 0,0173 14% 24%

Montereau Creil, Mantes, Sens Industrie lourde* 9 186 -1 286 1% 0,0133 10% 34%

Senlis Combs, Cergy, Paris-Agglo Empl., Commer. 9 318 2 669 0% 0,0088 17% 23%

Château-thierry Sens, Coulommiers, Soissons Empl., Commer. 7 840 923 8% 0,0119 10% 30%

Savigny-le-T Les Mureaux, Vernon, Montreuil Techniciens 14 848 9 977 40% 0,0229 17% 26%

Persan Montereau, Creil, Brétigny Industrie lourde * 3 845 -698 14% 0,0102 8% 37%

Nemours Sens, Compiègne, Ivry Empl., Commer. 6 471 2 710 8% 0,0137 10% 26%

Noyon Provins, Argenteuil, Ch-Thierry Industrie lourde * 7 104 -167 15% 0,0117 10% 34%

Chantilly Ivry, St Germain, Sens Administratifs 4 798 615 8% 0,0151 14% 16%

Clermont Etampes, St Germain, Soissons Administratifs 5 077 505 -17% 0,0791 11% 17%

Romilly Crépy, Vernon, Argenteuil Textile* 6 027 -2 675 3% 0,0150 7% 42%

Combs-la-Ville Cergy, Montreuil, Créteil Techniciens 4 271 2 758 53% 0,0149 11% 28%

Coulommiers Provins, Soissons, Sens Empl., Commer. 6 626 1 233 15% 0,0189 9% 25%

Provins Coulommiers, Soissons, Sens Empl., Commer. 5 918 37 2% 0,0189 11% 24%

Pithiviers Ch-Thierry, Sens, Dreux Empl., Commer. 5 936 839 14% 0,0060 12% 31%

Crépy-en-Valois Romilly, Creil, Sens Empl., Commer. 6 137 888 39% 0,0187 11% 39%

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Page 127: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Annexe 8 - Les bassins d’emploi des pôles de la RUP

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Page 128: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

La Spécialisation fonctionnelle et sectorielle des pôles de la RUP et son évolution de 1975 à 1999

Complément technique à l’étude ‘le Desserrement de l’emploi dans la RUP, 1975-1999’ La question posée en introduction trouve donc ici un début de réponse : la déconcentration des secteurs dynamiques, semble parvenir à suffisamment contrebalancer la reconcentration de certains secteurs autour d'un nombre restreint de communes et peu de pôles spécialisés apparaissent. Cela ne signifie toutefois pas qu’il n’y a pas de profondes oppositions entre les différents pôles. Certains sont industriels d’autres tertiaires, certains sont dominés par les emplois de cadres supérieurs, d’autres par les ouvriers ou les employés,… Plus marquée dans la phase de croissance forte des années 1980, mais valable sur l'ensemble de la période, la diversification des pôles ne s’est donc pas traduite par une homogénéisation d’un espace fortement clivé. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que les mutations très importantes du système productif n’ont débouché que très rarement sur des trajectoires divergentes pour des territoires dans des situations géographiques et économiques proches en 1975.

Services supérieurs ou aux personnes, techniciens de l’industrie : différents types de pôles Le constat qui s’impose est donc celui d’une certaine homogénéité des classes. On calcule la distance entre le profil d’un pôle et le profil observé sur l’ensemble des pôles en sommant les écarts observés pour chacun des emplois, xi,p étant l'emploi du pôle p dans le secteur i :

∑∈

−=

Ii RUP

RUPi

p

pi

px

x

x

xd

2

,,.

Les pôles tendent à se ressembler plus au cours de la période étudiée, la distance entre le profil d’un pôle et le profil moyen observé se réduisant régulièrement entre 1975 et 1999, de 1% entre 1975 et 1982, 5% entre 1982 et 1990 et 2% entre 1990 et 1999. Les écarts-types rapportés à la moyenne diminuent d'ailleurs très fortement à partir des années 1980 (-13% entre 1982 et 1990 et –20% entre 1990 et 1999) après avoir augmenté de 9% entre 1975 et 1982. Ici encore, on observe une rupture de tendance en 1982, date avant laquelle les pôles ont eu des trajectoires divergentes, et les deux décennies suivantes marquées par une homogénéisation des structures des pôles de la RUP. Ces résultats sont a fortiori vérifiés au sein des différentes classes. Les deux seules classes dont l’hétérogénéité croît sur la période sont celles regroupant les pôles administratifs (mais les contours même de cette classe sont très changeants, ce résultat n’est donc pas surprenant) et celle regroupant les pôles automobiles et les aéroports. Dans cette dernière, la convergence enregistrée depuis les années 1980 ne compense pas l’accentuation des oppositions observées entre 1975 et 1982. Pour toutes les autres, la variance intra-classe rapportée à la moyenne diminue fortement. En particulier, écart type rapporté à la moyenne est divisé par trois en trente ans pour les pôles de banlieue et par deux pour les villes avant-postes. La rupture de 1982 constatée lors de l'analyse des dynamiques d'ensemble de la RUP apparaît donc à nouveau. La première période est caractérisée par une légère accusation des profils des classes tandis que pendant la seconde les profils interclasses s’homogénéisent (à l’exception, légère, des pôles administratifs déjà relevée). Au cours des années 1990, trois des sept classes tendent à s’éloigner très légèrement du profil moyen (classe centrale, Villes avant-postes et pôles administratifs), mais les quatre autres s’en rapprochent eux très fortement. Le fait le plus notable est l’inversion de tendance que connaît la classe centrale qui de 1975 à 1990 est celle qui se rapproche le plus du profil moyen.

129

Page 129: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

1975 1982 1990 1990(naf) 1999 Classe

valeur valeur évol. Valeur évol. Valeur valeur évol.

Ecart interclasse moyen 0,135 0,100 -26% 0,089 -11% 0,084 0,089 5% Centre (Cadres sup.) dispersion intra-classe 0,394 0,322 -18% 0,336 4% 0,294 0,216 -2%7

Ecart interclasse moyen 0,147 0,156 7% 0,152 -3% 0,135 0,130 -4% Banlieue (adm., techn.) dispersion intra-classe 0,500 0,276 -45% 0,267 -3% 0,301 0,180 -40%

Ecart interclasse moyen 0,173 0,177 2% 0,172 -3% 0,156 0,158 2% Avant-postes (ind., employés) dispersion intra-classe 0,144 0,111 -23% 0,082 -26% 0,100 0,078 -22%

Ecart interclasse moyen 0,247 0,253 2% 0,256 1% 0,218 0,220 1% Administratifs (Empl., cadres.) dispersion intra-classe 0,135 0,213 58% 0,279 31% 0,376 0,272 -28%

Ecart interclasse moyen 0,381 0,403 6% 0,347 -14% 0,329 0,280 -15% Auto-Aéro

dispersion intra-classe 0,417 0,520 25% 0,485 -7% 0,484 0,453 -6%

Ecart interclasse moyen 0,202 0,198 -2% 0,191 -3% 0,183 0,172 -6% Fabrication dispersion intra-classe 0,141 0,116 -17% 0,125 8% 0,043 0,025 -42%

Romilly (Textile) Distance au profil moyen 0,310 0,275 -11% 0,265 -4% 0,205 0,181 -12%

Dispersion des profils des pôles entre et au sein des classes

Par ailleurs, la relative proximité de cette classe au profil moyen, constante sur l’ensemble de

la période est lié au poids qu’elle occupe dans l’emploi local. Sur la période, son poids

s’érode légèrement après avoir cru de 1975 à 1982, mais représente toujours plus de 63% des

emplois des pôles. Si l'on se concentre sur les trois classes principales, Centre, Banlieue, Avant-postes, deux observations s'imposent donc : tout d'abord, la dispersion diminue fortement à l'intérieur de ces classes à la différence de ce qui est observé sur les autres classes aux trajectoires plus erratiques. La seule exception est la très légère augmentation de l'hétérogénéité de la classe centrale entre 1982 et 1990. Ensuite, la distance au profil régional des classes périphériques (Banlieue, Avant-postes), comme celle de la classe des pôles administratifs d'ailleurs, évolue très peu sur la période. Le Centre, lui converge fortement vers le profil moyen entre 1975 et 1990 pour diverger ensuite au cours de la dernière décennie. Cette diversification du Centre s'explique en partie par défaut : la perte d'emploi dans le secteur financier a diminué l'importance de la spécialisation dans ce domaine et a contribué à augmenter le poids relatif des autres secteurs.

1975 1982 1990(nap) 1999 Evol 75-99

effectif part effectif part effectif part effectif part effectif Part

Hypercentre 2 650 191 57% 2 516 404 57% 2 417 121 56% 2 333 579 52% -316 612 -4,7

Centre Industriel 256 519 6% 329 852 7% 388 819 9% 455 564 10% 199 045 4,0

Centre 2 906 710 63% 2 846 256 65% 2 805 940 65% 2 789 143 63% -117 567 -0,8

Banlieue – Techn 953 583 23% 976 164 22% 963 093 22% 1 037 667 23% 84 084 0,0

Avant-postes 329 288 8% 357 668 8% 337 606 8% 376 737 8% 47 449 0,4

Administratifs 32 545 1% 34 396 1% 35 468 1% 37 831 1% 5 286 0,1

Auto – Aéro 142 898 4% 156 016 4% 159 966 4% 180 140 4% 37 242 0,5

Industrie lourde 22 267 1% 21 440 0% 19 174 0% 20 075 0% -2 192 -0,1

Textile 8 685 0% 8 200 0% 6 056 0% 6 015 0% -2 670 -0,1

Total 4 395 976 100% 4 400 140 100% 4 327 303 100% 4 447 608 100% 51 632 -

Répartition de l’emploi entre les différentes classes

Dans cette classe centrale, l’hypercentre composé de Paris, Boulogne et Courbevoie pèse un

poids important. Mais de 1 à 10, le rapport de taille est passé à 1 à 5 sur la période, à la fois du

fait de la diminution de l’emploi de l’hypercentre (dont le poids dans les pôles de la RUP

diminue de 4,7 points en trente ans, soit 317 000 personnes) et de l’augmentation de l’emploi

du centre industriel (quasi doublement sur la période). Le Centre industriel s’affirme ainsi au

cours de la période comme la troisième classe la plus importante après l’hypercentre et la

130

Page 130: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Banlieue, sa part dans l’emploi régional croissant de 4 points. L'augmentation de l'emploi

constatée dans ces pôles (+200 000 emplois) compense ainsi quasiment la perte de

l'hypercentre

L’ensemble des autres pôles croît de manière sensiblement équivalente, les grands équilibres

se maintenant entre la banlieue (23%, soit 1 000 000 d’emplois), les avant-postes (8%, soit un

peu moins de 375 000 emplois) et les pôles industriels atypiques (moins de 4%, soit 180 000

emplois au maximum, pour le pôle automobile et aéroports). Notons au passage que cela nous

permet de préciser plus l'approche par couronne par laquelle nous avions commencé: même

élargi à Boulogne et La Défense, le Coeur perd des emplois mais la Couronne et les pôles n'en

profitent pas uniformément puisque le Centre industriel, quoique plus de 3,5 fois plus petit

que la Banlieue technicienne en 1975 a accueilli près de 2,5 fois plus d'emplois. La part du

Centre industriel augmente ainsi de 4 points alors que celle de la Banlieue reste stable. L’objectif de cette partie est de voir dans quelle mesure une classe se distingue du reste des pôles et comment ses différentes composantes ont contribué à cet état. Les classes sont caractérisées à la fois par leur distance aux autres classes (leur position dans l’arbre de classification) et par la composition de leur emploi (la position des pôles qui les composent dans l’espace construit par l’ensemble des croisements entre activités et catégories socioprofessionnelles). Chaque classe présentera donc un profil d’emploi spécifique. Celui-ci ne reflètera pas forcément le profil de chacun des pôles de la classe, mais l’appartenance d’un pôle à une classe signifiera que de tous les profils esquissés dans les différentes classes, c’est de celui-là que le pôle est le plus proche. De plus, les classes ne sont construites qu’en fonction de l’état d’arrivée, c’est à dire de la situation en 1999. Afin de comprendre les trajectoires qui animent les pôles des différentes classes il conviendra de mettre en perspective historique l’emploi de la classe considérée. Pour chaque classe, nous serons donc amenés à étudier les principales évolutions ayant conduit à l’état actuel et nous positionnerons le plus possible la classe et ses différentes composantes dans la perspective de l’ensemble des pôles de la RUP. Pour finir, il est en effet très important de noter que les données seront à replacer dans le contexte spécifique de la Région Urbaine de Paris. Par exemple, un taux de cadre de 18%, élevé si l’on se situe dans une étude nationale, sera ici interprété comme caractéristique d’un pôle faiblement doté en cadres, puisque ceux-ci représentent plus de 23% des emplois de la RUP. De la même manière, certains secteurs sont particulièrement présents sur l’ensemble de la région (le cas de l’administration est le plus explicite). Qu’une activité n’apparaisse pas en tête dans la définition d’une classe ne signifie donc pas qu’elle sera absente, mais simplement que son poids relatif la rend peu significative pour caractériser la classe considérée

1.

Classe Centrale : Services supérieurs

La classe 1, première classe de la première branche, compte 11 pôles et près de 2 800 000 emplois. Elle est composée pour l’essentiel de pôles situés au cœur de l’agglomération. On notera un fort tropisme de la classe vers l’ouest puisque seul le pôle de Noisiel n’est pas situé au sud-ouest de Paris. La capitale est le pôle principal de cette classe quasi exclusivement centrale dont le poids s’effrite légèrement sur la dernière période. La classe qui représentait 65% de l’emploi des pôles en 1990 n’en représente plus ‘que’ 63%. Toutefois, l’érosion du poids du centre est plus due à la croissance des autres pôles qu’à des pertes d’emplois nettes du centre qui restent modérées sur la période, les centres industriels croissant presque autant que l’hypercentre perdait des emplois.

Légère diversification, spécialisation de l'Hypercentre

Cette redistribution des emplois s’assortit d’une modification des structures économiques locales. De 1975 à 1999, les pôles de la classe centrale se sont fortement diversifiés, l’indice de spécialisation (toujours calculé sur les activités croisées avec les fonctions) étant quasiment divisé par trois.

Indice de spécialisation

1975 1982 1990 (nap) 1990 (naf) 1999

Paris 0,0068 0,0066 0,0065 0,0036 0,0025

Courbevoie -0,0028 -0,0047 -0,0020 0,0020 0,0069

Boulogne 0,0034 0,0005 0,0015 0,0008 0,0062 1 Les principaux emplois de chaque classe sont répertoriés en annexe 2

131

Page 131: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Hyper-centre 0,0025 0,0008 0,0020 0,0021 0,0052

Massy 0,0064 0,0061 0,0030 0,0046 0,0050

Plessis-Robinson 0,0038 0,0055 0,0051 0,0049 0,0068

Versailles 0,0197 0,0161 0,0153 0,0076 0,0074

Cergy 0,0101 0,0062 0,0013 0,0034 0,0032

Guyancourt 0,0086 0,0044 0,0043 0,0114 0,0088

Evry 0,0073 0,0069 0,0053 0,0041 0,0055

Les Ulis 0,0633 0,0421 0,0333 0,0168 0,0135

Noisiel 0,0434 0,0119 0,0018 0,0024 0,0039

Centre industriel 0,0203 0,0124 0,0087 0,0069 0,0068

Classe centrale 0,0154 0,0092 0,0068 0,0056 0,0063

Indices de spécialisation moyens des pôles centraux calculés sur les emplois

(en gras: indice supérieur de plus de un écart-type à la moyenne;

souligné: indice inférieur de plus de un écart-type à la moyenne) La dernière décennie tranche toutefois, puisque la diversification des centres industriels s’interrompt tandis que l’hypercentre se respécialise très fortement (en dépit de la diversification observée à Paris)

2. En fait de diversification de la capitale, il faut préciser qu’elle ne résulte pas d’un processus

dynamique. Les principaux secteurs étant fortement touchés par la baisse de l’emploi (trois des cinq plus gros effectifs apparaissent dans les huit plus fortes pertes

3), la spécialisation diminue

mécaniquement. Au contraire, à Boulogne et Courbevoie les fortes pertes n’affectent pas les emplois qui constituent les plus importants effectifs des pôles : à deux exceptions près, aucun des 20 premiers emplois par les effectifs ne se trouvent dans les 100 plus fortes baisses. Au contraire, aucune des dix plus fortes évolutions ne concerne d’emplois n’apparaissant pas dans les 20 plus gros effectifs. Un constat similaire s’impose à Courbevoie quoique légèrement moins tranché

4.

Les cadres écrasent l'emploi; résistant mieux, ils sont de plus en plus surreprésentés

Composée de tous les pôles du centre et du sud-ouest de l'agglomération, la classe se distingue principalement pour la part de cadres dans ses emplois, quels que soient les secteurs d’activité. Sur un total de près de 2 800 000 personnes, 786 000 sont des cadres, soit 28%. C’est la seule PCS qui soit largement surreprésentée, les autres étant sensiblement dans la moyenne de la Région Urbaine à l’exception des ouvriers qui ne sont que 330 000, soit 12% de l’emploi global contre 16% en moyenne dans la RUP.

2 On retrouve dans les trajectoires différentes de Paris et du duo Nanterre-Boulogne la même nuance

entre ces pôles du Centre que celle apparue lors de l'analyse des activités à un niveau fin où Paris se détachait très nettement. Les valeurs ne sont pas comparables terme à terme du fait du changement de nomenclature, mais alors que la spécialisation observée en 1990 était équivalente à celle de 1975 à la suite d'une évolution erratique (la diversification maximale étant atteinte en 1982), l'indice fait plus que doubler entre 1990 et 1999. 3 Il s’agit des employés et des cadres des activités financières (respectivement 2eme et 4eme par les effectifs et

2eme et 8eme par les pertes sur 175 activités) et des employés de l’administration (5eme par les effectifs et 1er

par les pertes). 4 A Boulogne, il s’agit des cadres, professions intermédiaires et employés du conseil (respectivement 1er, 2eme et

4eme en effectifs et 1er, 2eme et 6eme en évolution), des cadres des activités culturelles (7eme en effectifs, 3eme

en évolution) ou encore des employés des administrations publiques (3eme en effectif, 9eme en évolution). A

Courbevoie, il s’agit des employés et cadres des administrations publiques (respectivement 1er et 20eme en

effectifs et 11eme et 4eme en évolution), des employés et professions intermédiaires de la santé (respectivement

2eme et 8eme en effectifs, 7eme et 8eme en évolution).

132

Page 132: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

1999 1975 Evolution de PCS

effectif part écart effectif part écart la part l’écart à la moyenne

Artisans, chefs d'entreprises 129 354 4,6% -0,2 146501 5,0% -0,4 0,4 0,2

Cadres 786 084 28,2% 5,3 417597 14,4% 2,3 13,8 3,0

Professions intermédiaires 717 313 25,7% 0,2 595661 20,5% 0,9 5,2 0,7

Employés 824 845 29,6% 0,3 1067381 36,7% 3,5 -7,1 -3,2

Ouvriers 331 547 11,9% -4,0 679402 23,4% -4,7 -11,5 -0,7

Total 2 789 143 100,0% - 2906542 100,0% - - -

Composition socioprofessionnelle de la classe centrale

Toutefois, si la part de cadres augmente encore et qu’elle est celle qui croît le plus toutes PCS

confondues (+3,7 points dans l’emploi du pôle entre 1990 et 1999), le contexte général de

repli de l’emploi dans le pôle fait que le poids de celui-ci dans l’emploi cadre diminue de 0,4

points sur la dernière période : L’augmentation de 10,1% du nombre de cadres sur la dernière

période (71 500 cadres en plus dans la classe 1) est en effet importante, mais reste légèrement

en dessous de la moyenne constatée dans l’ensemble des pôles (10,7% de croissance).

Si l’on prend plus de recul, la croissance des années précédentes s’est toutefois traduite par

une augmentation de la spécialisation fonctionnelle du pôle central par défection des autres

catégories. L’augmentation de 13,8 points de la part des cadres dans l’effectif total est ainsi

plus forte que celle observée au niveau de l’ensemble des pôles alors même que la croissance

de l'emploi cadre est plus faible au centre.5

Tertiaire professionnel

Les activités industrielles, si elles sont présentes, ne sont pas dominantes dans les emplois des pôles regroupés au sein de cette classe. Lorsque l’on considère les emplois les plus présents, ceux du secteur tertiaire dominent donc, avec une nette prépondérance du tertiaire ‘professionnel’. Les cadres des activités de Conseils et assistances aux entreprises sont ainsi près de 200 000 à travailler dans les pôles du sud-ouest de Paris. Ce sont les plus nombreux, juste devant les employés des Administrations publiques qui sont plus de 133 000 (en étant toutefois sous-représentés par rapport à leur poids dans les autres pôles), les Professions intermédiaires travaillant dans le Conseil et assistance suivant de peu avec près de 100 000 emplois. A la différence des activités administratives, ou de la santé, les emplois du conseil sont ainsi localement surreprésentés, de même que les activités financières.

PCS Activité (Naf 36) effectif Part Ecart à la moyenne

Cadres Conseils et assistance 195087 7,0% 1,9

Employés Administration 133775 4,8% -0,6

Professions intermédiaires Conseils et assistance 97415 3,5% 0,7

Employés Santé 90684 3,3% -0,8

Cadres Activités financières 77699 2,8% 0,8

Employés Commerce de détail 72637 2,6% -0,2

Employés Activités financières 72192 2,6% 0,5

Professions intermédiaires Santé 70226 2,5% -0,4

Principaux emplois dans la classe « Services supérieurs » Ce qui distingue le plus cette classe des autres est en effet la concentration d’emplois de services « supérieurs » occupés par des cadres ou des professions intermédiaires. Dans les 17 types

5 Les emplois ouvriers ont diminué de moitié (-348 000 emplois), ceux d'employés de près de 25% (-243 000

emplois), tandis que l'on recensait en 1999 un apport de 122 000 professions intermédiaires et 369 000 cadres

supérieurs. Passant d'une surreprésentation de 2,3 points à une surreprésentation de 5,3 points, l'écart entre la part

des cadres dans l'emploi des classes centrales et dans les autres pôles tend à augmenter fortement, dans des

proportions équivalentes à la baisse de la surreprésentation des employés.

133

Page 133: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

d’emplois qui illustrent le mieux la différence entre cette classe de pôles et les autres pôles de la RUP on compte 11 emplois de cadres et 4 types de professions intermédiaires. Ce sont donc surtout des emplois tertiaires de haut niveau. Les seuls emplois de cadre légèrement déficitaires dans cette classe (relativement à la part qu’ils occupent dans la RUP) sont les cadres des transports, de la santé, de l’éducation, des Industries d’équipements des foyers, de la métallurgie et de l’aéronautique.

Les spécialités de la classe s'affirment

évolution

PCS Activité (Naf 36) Effectif 1999

Effectif 1990 Val. Abs % de 1990

Ecart à l’évolution moy. (pts)

Cadres Conseils et assistance 195087 153645 41442 27,0% 0,4

Professions intermédiaires Conseils et assistance 97415 79176 18239 23,0% -0,4

Employés Santé, action sociale 90684 78708 11976 15,2% -2,4

Cadres Postes et Télécommunication 23800 12416 11384 91,7% 0,4

Cadres Act. récré., cult. et sportives 51009 41180 9829 23,9% -4,5

Professions intermédiaires Act. récré., cult. et sportives 28587 19644 8943 45,5% 1,4

Professions intermédiaires Education 65464 57869 7595 13,1% -1,8

Cadres Act. Associatives et extra territ. 21964 15092 6872 45,5% -6,9

Chefs d’entreprises et artisans Conseils et assistance 15991 9308 6683 71,8% 6,1

Cadres Activités financières 77699 71528 6171 8,6% -3,5

Emplois de la classe 1 ayant le plus augmenté au cours de la dernière période intercensitaire

Cette tendance s’affirme d’ailleurs sur la dernière période intercensitaire : entre 1990 et 1999, cinq des quinze types d’emplois ayant le taux de croissance les plus élevés (et qui comptaient au moins 100 emplois en 1990) recouvrent des fonctions d’encadrement dans les secteurs cibles de la classe. Le secteur Poste et Télécommunications est celui qui progresse le plus de même que les activités de conseil et les activités récréatives, culturelles et sportives.

6

Toutefois, dans les Activités associatives et extra-territoriales comme dans le cas des cadres des activités financières ou des activités culturelles, les gains sont moindres que ceux observés par ailleurs. Les gains sont donc concentrés dans quelques secteurs mais sans pour autant accentuer l’écart entre cette classe et les autres, y compris pour les emplois phares de celle-ci. Le symétrique de cette observation est vrai pour les pertes d’emplois qui sont majoritairement concentrées dans les catégories Employés et Ouvriers.

7

Cette classe regroupe donc des pôles dans lesquels les cadres sont prédominants et occupent majoritairement des emplois de tertiaire supérieur. Sur la dernière période intercensitaire, la classe a maintenu ses spécialisations, notamment dans l’emploi d’encadrement, en dépit d’une forte érosion de son emploi total. L’évolution des fonctions associées aux activités financières est d’ailleurs éclairante : les cadres des activités financières sont 6 350 de plus en 1999 qu’en 1990, soit la dixième plus forte progression en valeur absolue, alors que les employés de cette même activité sont 33 375 de moins, soit la plus forte perte toutes activités et fonctions confondues pour la classe 1. Cette classe a par ailleurs connu une évolution notable de ses activités, avec un renforcement des activités de Conseil et assistance et de Télécommunications.

6 Dans les Postes et Télécommunications, les quelques 11 400 emplois supplémentaires représentent un quasi

doublement des effectifs (+92%), et se traduisent par une spécialisation plus importante de 0,4 points. Enfin, tant

dans les activités de conseil (42 000 cadres gagnées), que dans les activités récréatives, culturelles et sportives

(plus de 10 000 emplois) la progression est de près de 25%. Ces gains ne sont pas uniquement importants en

valeur relative, puisque quatre des cinq types d’emplois cités figurent dans les quinze emplois ayant le plus

augmenté en valeur absolue toutes classes confondues 7 Les six pertes les plus importantes représentent un tiers des disparitions totales (plus de 110 000 emplois). Elles

concernent les employés des activités financières (33 000 emplois ont disparu sur la période, soit 32% de perte),

les ouvriers de la construction (31 000 emplois, soit 41% de perte), les ouvriers des transports (plus de 11 500

emplois également disparus, soit 25% de perte), les ouvriers de l’édition et de l’imprimerie (11 000 emplois soit

plus de 53%), les ouvriers de l’habillement et du cuir (un peu plus de 10 500 emplois soit plus de 46% de perte).

Les commerçants (-27%), les employés du commerce de gros (-26%) et les ouvriers du conseil et assistance (-

49%) viennent ensuite avec des pertes s’élevant à plus de 8 600 emplois sur les dix dernières années.

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Cette évolution a eu un effet différent sur les différents pôles, ne serait-ce parce que ces pôles quoique voisins ont des différences de structure parfois importantes et que leur dynamique s’en ressent nécessairement. C'est une caractéristique éminemment locale qui conduit Paris à une évolution à l'opposé de tous les pôles centraux: seuls Evry et le Plessis-Robinson ont une croissance nulle, tous les autres croissent de 3 à 34% sur la période. Les structures d'emplois des pôles ne jouent d’ailleurs négativement que dans le cas de ces deux pôles. Mais si les pôles du centre et de l'hyper centre croissent tous ou presque, cela est dans la moitié des cas uniquement du au fait que ces pôles ont une structure d'emploi plus favorable que les autres pôles (hors Paris), les effets locaux étant négatifs. Ils ne sont donc pas particulièrement plus dynamiques, au contraire.

Evolution Effet structurel (RUP) Effet local (RUP) (Pôles sans Paris) Pôle

Effectifs 1999

Effectif 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 ef. struct. ef. local

Paris 1562588 1763740 -201152 -11% 96383 5% -297535 -17% - -

Courbevoie 538810 515046 23764 5% 2456 0% 21308 4% 6% -2%

Boulogne 235608 227868 7740 3% -4 0% 7744 3% 5% -1%

Massy 40927 39764 1163 3% 574 1% 589 1% 6% -3%

Plessis-Robinson 18591 18620 -29 0% -204 -1% 175 1% 1% -1%

Versailles 106392 102747 3645 4% 2858 3% 787 1% 8% -4%

Cergy 84430 78128 6302 8% 281 0% 6021 8% 4% 4%

Guyancourt 64020 46884 17136 37% 1818 4% 15318 33% 11% 26%

Evry 64448 64480 -32 0% -1226 -2% 1194 2% 2% -2%

Les Ulis 47749 44528 3221 7% 556 1% 2665 6% 3% 4%

Noisiel 29597 22124 7473 34% -27 0% 7500 34% 5% 29% Décomposition structurelle de l'emploi des pôles centraux et évolution 1990-1999

Classe Centrale (Hyper-Centre) : Services supérieurs

Représentant la plus importante partie de la classe centrale, l’hypercentre regroupe trois pôles, Paris, Boulogne

8 et Courbevoie. C'est la classe la plus hétérogène, Paris se distinguant du couple Boulogne-

Courbevoie plus qu'aucun autre pôle ne se distingue de ses voisins dans les autres classes.

1999 1975 Evolution PCS

effectif part écart effectif part écart de la part de l’écart

Artisans, chefs d'entreprises 113903 4,9% 0,1 136382 5,1% -0,3 0,2 0,4

Cadres 663636 28,4% 5,5 381831 14,4% 2,3 14,0 3,2

Professions intermédiaires 587512 25,2% -0,3 537900 20,3% 0,9 4,9 -1,2

Employés 700111 30,0% 0,7 990086 37,4% 4,2 -7,4 -3,5

Ouvriers 268417 11,5% -4,4 603992 22,8% -5,3 -11,3 0,9

Total 2333579 100,0% - 2650191 100,0% - - -

Composition socioprofessionnelle de l’hypercentre L’hypercentre présente un profil très voisin de celui qui vient d’être décrit pour la classe centrale, accentuant seulement les caractéristiques principales de celle-ci. Les cadres y sont légèrement plus nombreux et y progressent plus sans toutefois croître plus qu’en moyenne régionale. Mais comme toutes les autres fonctions diminuent, l’écart entre la structure d’emplois de l’hypercentre et celle des autres classes augmente.

8 Un détour par la classification sur les communes permet d’ailleurs de constater que si les pôles de Paris et

Courbevoie sont relativement homogènes après le redécoupage effectué, celui de Boulogne l’est moins dans la

mesure où le pôle dans son ensemble est rattaché à une classe correspondant au profil minoritaire des deux

principales communes du pôle, Boulogne-Billancourt et Issy-les-Moulineaux, qui tirent vers l’hypercentre

l’ensemble du pôle.

135

Page 135: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

PCS Activité (Naf 36) effectif Part Ecart à la moyenne

Cadres Conseil et assistance 170002 7,3% 2,2

Employés Administration publique 104448 4,5% -0,9

Professions Intermédiaires Conseil et assistance 82802 3,5% 0,7

Employés Santé, action sociale 75863 3,3% -0,8

Cadres Activités financières 73718 3,2% 1,2

Employés Activités financières 65832 2,8% 0,8

Principaux emplois dans hypercentre De la même manière, les emplois les plus importants sont identiques à ceux repérés au niveau de l’ensemble des pôles centraux, le profil étant simplement accentué

9. La différence entre Paris et

Boulogne-Courbevoie se lit plus dans le profil d'activités que dans celui des fonctions et l'on retrouve à ce stade les résultats de l'analyse effectuée sur les seules activités: Boulogne et Courbevoie sont beaucoup plus orienté vers les services à destination de l'industrie que ne l'est Paris où ces fonctions sont certes présentes mais au côté d'autres activités (tourisme, édition, communication, luxe) (Davezie, 2002). Parmi les pôles de cette classe centrale, Paris ressort nettement avec une baisse de plus de 11% de l'emploi alors que la structure de son emploi en 1990 aurait naturellement dû conduire à une croissance de celui-ci de 5% (voir Tableau). L'effet particulier lié à la capitale dans l'évolution de son emploi conduit donc, toutes choses égales par ailleurs, à une diminution de près 17% de son emploi. C'est donc une caractéristique éminemment locale qui conduit Paris à une évolution à l'opposé de tous les pôles centraux. L'effet résiduel est négatif pour toutes les catégories socioprofessionnelles dans des ampleurs similaires. A l'exception des artisans et chefs d'entreprises dont la perte locale spécifique n'est que de 4000 emplois (soit 4% de l'effectif de 1990), toutes les autres catégories affichent un effet local négatif avoisinant 18%: -19% pour les ouvriers (-47 000 personnes supplémentaires), -18% pour les professions intermédiaires (déficit de croissance de 72 000 emplois sans lequel l'emploi local aurait crû), -19% pour les cadres (déficit de croissance de 80 000 emplois) et -16% pour les employés (déficit de croissance de 95 000 emplois). Les emplois qui ont le plus pâti de cet effet local en valeur absolue sont les employés, professions intermédiaires et cadres des administrations publiques (déficit de croissance de respectivement 25 000 et 13 200 et 8 700 emplois), les ouvriers et employés des services opérationnels (respectivement -15 000 et 9 900 emplois), les cadres, employés et professions intermédiaires des activités financières (respectivement -14 500, -13 600 et -10 200 emplois) et les cadres du conseil (-13 500 emplois). Dans tous ces cas, sauf pour les cadres du conseil, cet effet local conduit à une diminution de l'emploi, alors même que la tendance structurelle aurait naturellement du conduire à une hausse de l'emploi (sauf pour les employés des activités financières dont l'emploi a diminué de manière générale). Globalement, les emplois de cadres et de professions intermédiaires du conseil, des activités associatives et extra-territoriales et des activités récréatives, culturelles et sportives sont malgré tout ceux qui croissent le plus en valeur absolue. Si l'effet local est dans tous les cas défavorable à la capitale il s’agit d’emplois dont les effectifs ont explosé dans la dernière décennie. Le même constat s’impose pour les professions de santé (employés et professions intermédiaires) qui viennent juste ensuite en nombre d’emplois créés. Les évolutions observées dans les deux autres pôles centraux sont profondément différentes. Elles concernent d'autres secteurs et la structure initiale était globalement moins favorable à une croissance forte que celle de Paris. Néanmoins, les évolutions quoique moins importantes sont similaires.

10

9 L’hypercentre concentre ainsi 170 000 des 190 000 cadres du conseil recensés dans la classe centrale…

Toutefois, les écarts se creusent entre ces emplois et les autres, en particulier lorsque l’on considère les cadres du

conseil qui sont plus sur-représentés dans l’hypercentre (+2,2 points contre +1,9points pour la classe centrale),

ou les cadres et employés de la finance (respectivement +1,2 points et +0,8 points contre +0,8 et +0,5 points). De

la même manière, les emplois administratifs sont légèrement plus sous-représentés (-0,9 contre –0,8). 10

La baisse de l'emploi dans les industries d'équipements électriques et électroniques, la chimie, la pharmacie ou les IAA est largement plus forte à Courbevoie que dans les autres pôles. Le pôle perd aussi des emplois dans les transports, pourtant en croissance à l'échelle de la RUP. De la même manière, la baisse des emplois dans l'automobile, les industries d'équipements électriques et électroniques, la construction, la construction navale, aéronautique et ferroviaire est plus forte à Boulogne que dans la RUP.

136

Page 136: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Classe Centrale (Centre) : Cadres de l’industrie

Cette classe pèse peu dans la classe centrale, même si son poids s’accroît très fortement. Les évolutions constatées sont donc très importantes. Ainsi, les cadres sont plus surreprésentés dans l’emploi en 1999 qu’ils ne l’étaient en 1975 (+4,0% contre +1,9%) et si cette augmentation reste moins importante que dans l'hypercentre, elle s'est produite quand les autres emplois croissaient alors qu'ils ont diminué dans la classe centrale: l’emploi de cadres supérieurs est ainsi passé de 14% à 27% des emplois d’une classe elle-même en croissance. Avec plus de 80 000 cadres, les emplois de cadres supérieurs ont presque triplé sur la période. Dans le même temps, les professions intermédiaires ont doublé (de 58 000 à 130 000 emplois), les artisans et chefs d’entreprises de même que les employés ont cru d’un peu plus de 50% (passant respectivement de 10 000 à 15 000 et de 78 000 à 125 000). Les emplois administratifs (qui dominent l'emploi) et ceux des industries d’équipement caractérisent le plus l'emploi de cette classe par rapport aux autres, avec chaque fois prédominance des cadres moyens et supérieurs.

1999 1975 Evolution

PCS effectif part écart Effectif part écart de la part de l’écart

Artisans, chefs d'entreprises 15451 3,4% -1,4 10119 3,9% -1,5 -0,6 0,1

Cadres 122448 26,9% 4,0 35766 14,0% 1,9 12,9 2,1

Professions intermédiaires 129801 28,5% 3,0 57761 22,5% 3,1 6,0 -0,1

Employés 124734 27,4% -1,9 77295 30,2% -3,0 -2,8 1,1

Ouvriers 63130 13,9% -2,0 75410 29,4% 1,3 -15,6 -3,3

Total 455564 100,0% - 256351 100,0% - - -

Composition socioprofessionnelle de la classe des cadres de l’industrie

PCS Activité (Naf 36) effectif Part Ecart à la moyenne

Employés Administrations publiques 29327 6,4% 1,1

Cadres Conseil et assistance 25085 5,5% 0,4

Professions intermédiaires Education 15405 3,4% 0,4

Employés Santé, action sociale 14821 3,3% -0,8

Cadres Education 14794 3,2% 0,9

Professions intermédiaires Conseil et assistance 14613 3,2% 0,4

Professions intermédiaires Administrations publiques 13923 3,1% 0,7

Employés Commerce de détail 13796 3,0% 0,3

Cadres Industries des eqpts elec. et électro. 13491 3,0% 2,3

Principaux emplois dans la classe des cadres de l'industrie Si les industries caractérisent l’emploi local, celui-ci reste dominé par les emplois administratifs, à l’image de l’ensemble de la région

11.

Parallèlement, les emplois qui croissent le plus à Courbevoie sont les employés des services opérationnels, les

professions intermédiaires et cadres des administrations publiques et les cadres de l’électricité et du gaz. Dans

tous ces cas les effets locaux sont positifs. Ils sont d’ailleurs particulièrement élevés pour les cadres des activités

associatives et extraterritoriales, ainsi que l’ensemble du secteur habillement et cuir et de la recherche

développement. A Boulogne, ce sont les emplois du conseil qui croissent le plus, précisément les emplois de

cadres supérieurs et moyens. Suivent les activités récréatives, culturelles et sportives, en forte croissance pour

ces deux catégories socioprofessionnelles également. L’effet local est d’ailleurs très important pour les cadres et

professions intermédiaires des activités récréatives. Il l’est également pour les cadres des industries du bois et du

papier, ceux des transports et ceux des services domestiques ainsi que les professions intermédiaires des activités

financières. 11 L’emploi local reste donc largement dominé par les employés et les professions intermédiaires des

administrations publiques (29 300 et 14 000 personnes soit 9,5% des emplois au total), les employés de la santé

et l’action sociale (14 800 emplois) ou les cadres et les professions intermédiaires de l’éducation (14 800 et

15 400 personnes). Réunis, tous ces secteurs pèsent donc pour près de 20% de l’emploi et toutes les catégories

137

Page 137: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Au total, les pôles de cette classe croissent presque tous plus que ceux de l'hypercentre. Toutefois, si l'on exclut la capitale du champ de comparaison entre pôles, la croissance est dans la moitié des cas due au seul fait que ces pôles ont une structure d'emploi plus favorable que les autres, et non qu'ils sont plus dynamiques. C'est particulièrement le cas de Massy, Versailles, Courbevoie et Boulogne. Les classes centrales, qui se distinguent par un très fort taux d’emplois cadre illustrent deux caractéristiques claires des pôles de la RUP : ce sont d’une part des pôles dont l’emploi est de plus en plus dominé par les cadres et qui tendent à s’homogénéïser et d’autre part ce sont des pôles dans lesquels l’emploi administratif occupe une place très importante, y compris au sein de ceux caractérisés par le poids de l’industrie et des services aux entreprises, même si elle est à relativiser par rapport à son niveau national.

Classes Périphériques : Employés et techniciens

La présence plus importante d’emplois d’employés et de professions intermédiaires et la moins grande emprise des services ‘professionnels’ (caractéristiques qui transparaissent dans les pôles centraux) structurent une grande partie des pôles périphériques et se traduisent souvent par une dichotomie plus marquée entre les types d’emplois administratifs et les types d’emplois industriels (au sens large).

Banlieue - Techniciens (Activités diverses)

Cette classe est l’une des deux principales composantes de la deuxième branche issue de la différenciation fonctionnelle entre les pôles de la RUP. Elle rassemble 12 pôles, tous situés dans l’aire urbaine de Paris à l’exception de Vernon. Couvrant une large moitié nord-est de l’aire urbaine, elle constitue une sorte de complémentaire de la classe 1 dans l’aire urbaine centrale, elle dépasse 1 million d’employés contre 950 000 en 1975. Sur l’ensemble de la période, elle suit ainsi la croissance de la RUP, pesant invariablement entre 22 et 23% de l’emploi contenu dans les pôles.

Indice de spécialisation 1975 1982 1990 (nap) 1990 (naf) 1999

Saint-Denis 0,0011 0,0019 0,0008 0,0008 0,0012

Montreuil 0,0008 0,0017 0,0017 0,0015 0,0037

Ivry-sur 0,0026 0,0040 0,0062 0,0063 0,0031

Paris-Agglo 0,0057 0,0065 0,0064 0,0035 0,0049

Créteil 0,0078 0,0113 0,0085 0,0070 0,0068

Noisy-le-Grand 0,0095 0,0082 0,0054 0,0036 0,0043

Argenteuil 0,0031 0,0037 0,0031 0,0041 0,0049

Viry-Châtillon 0,0065 0,0027 0,0037 0,0063 0,0028

Brétigny 0,0304 0,0348 0,0263 0,0161 0,0128

Les Mureaux 0,0183 0,0182 0,0153 0,0169 0,0131

Savigny-le-T. 0,1097 0,0531 0,0506 0,0488 0,0229

Combs-la-Ville 0,0406 0,0285 0,0233 0,0209 0,0149

Moyenne 0,0197 0,0146 0,0126 0,0113 0,0079

Indice de spécialisation de la classe Banlieue - techniciens

De manière tout aussi invariable et constante, elle se diversifie sur la période, divisant par plus

de deux son indice de spécialisation. Elle se diversifie néanmoins plus doucement que la

classe des cadres de l’industrie qui vient d’être évoquée puisque son indice de spécialisation

initial est inférieur et son indice final supérieur à celui de cette classe.

socioprofessionnelles n’ont pas été comptabilisées : en ne comptant que ces trois secteurs dans la sphère

administrative, elle représente au total 27,3% des emplois.

138

Page 138: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

1999 1975 Evolution PCS

effectif Part écart effectif part écart de la part de l’écart

Artisans, chefs d'entreprises 56436 5,4% 0,6 69127 7,3% 1,9 -1,9 -1,3

Cadres 169225 16,3% -6,6 81849 8,6% -3,5 7,7 -3,1

Professions intermédiaires 277503 26,7% 1,2 181937 19,1% -0,3 7,6 1,5

Employés 309941 29,9% 0,6 259990 27,3% -5,9 2,6 6,5

Ouvriers 224562 21,6% 5,7 359516 37,7% 9,6 -16,1 -3,9

Total 1037667 100,0% - 952419 100,0% - - -

Composition socioprofessionnelle de la classe Banlieue - techniciens

L’emploi de cette classe est dominé par les employés (29,9%) et les professions

intermédiaires (26,7%). Cette tendance s’affirme car entre 1975 et 1999, ce sont les deux

seules catégories dont la part dans l’emploi local progresse plus qu’elle ne le fait dans les

autres pôles de la RUP. Toutefois, cela ne se traduit pas par une surreprésentation

particulièrement forte, l'augmentation conduisant tout au plus à un rattrapage puisque ces

catégories étaient sous-représentées en 1975. Par contre les cadres qui étaient déjà sous-

représentés dans les pôles de cette classe en 1975 (ils y représentaient 8,6% de l’emploi soit

3,5 points de moins que la moyenne des pôles) connaissent une évolution moins dynamique

qu'ailleurs relativement à la croissance des autres emplois. Si leur nombre a doublé depuis

1975, ils sont ainsi toujours sous-représentés en 1999 (16,3% de l’emploi local soit 6,6 points

de moins que la moyenne). Et si les ouvriers sont toujours assez sur-représentés en 1999, ils

voient eux aussi leur part diminuer plus qu’en moyenne régionale au cours des trente années

étudiées. Si l’on considère les emplois les plus sur-représentés dans la classe, ce sont les chefs d’entreprises et artisans de l’industrie qui se détachent, mais toutes les activités industrielles sont présentes, depuis la pharmacie à l’industrie du bois et du papier et la production de carburant.

PCS Activité (Naf 36) Effectif Part Ecart à la moyenne

Employés Administration publique 68506 6,6% 1,2%

Employés Santé 53320 5,1% 1,1%

Professions intermédiaires Education 42860 4,1% 1,2%

Ouvriers Construction 40393 3,9% 1,7%

Professions intermédiaires Santé 36554 3,5% 0,6%

Employés Commerces de détail 31464 3,0% 0,3%

Ouvriers Transports 31137 3,0% 1,0%

Ouvriers Services opérationnels 29478 2,8% 0,6%

Professions Intermédiaires Administration publique 28882 2,8% 0,4%

Cadres Education 27092 2,6% 0,3%

Principaux emplois de la classe « Techniciens (activités diverses) » Les administrations sont également surreprésentées et pour la même raison que celle évoquée précédemment, elles sont les plus importantes en effectifs. Les trois catégories d’emplois les plus importantes dans cette classe sont ainsi les employés des administrations publiques, les employés de la Santé et l’action sociale et les professions intermédiaires de l’éducation. Les ouvriers de la Construction constituent ainsi la quatrième catégorie d’emplois la plus importante (plus de 40 000 personnes), suivis des employés des commerces de détail, des ouvriers des transports et des ouvriers des services opérationnels. Le poids de l'administration n'étant pas discriminant, ce sont donc à la fois des postes de cadres moyens et d’employés dans la fabrication et des postes d’ouvriers dans l’industrie et le bâtiment qui caractérisent cette classe essentiellement composée de pôles de banlieue. Mais en tendance, les emplois qui croissent le plus relèvent tous de la sphère administrative. Dans ces pôles, l’emploi administratif évolue d’ailleurs beaucoup plus qu’en moyenne régionale. Les autres emplois qui évoluent le plus sont concentrés dans les services de bas de gamme (services opérationnels et

139

Page 139: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

services aux personnes) et ce sont les catégories d’employés et d’ouvriers qui croissent le plus. Ainsi, si les services aux entreprises apparaissent dans les activités dont l’emploi croît au taux le plus élevé au cours de la période

12 cela témoigne le plus souvent de la faiblesse des niveaux de départ en 1990.

De plus, les ouvriers et employés sont aussi présents que les cadres sur ces services haut de gamme alors qu’ils étaient beaucoup moins présents dans les classes centrales. Les pôles de ces classes périphériques, tout en se tertiarisant, se positionneraient ainsi sur d’autres fonctions que les pôles centraux de la même manière qu’ils étaient auparavant positionnés sur d’autres fonctions industrielles que ces pôles.

Évolution

PCS Activité (Naf 36) Effectif 1999

Effectif 1990 Val. Abs. % de 1990

Ecart à l’évolution moyenne

(pts)

Employés Administrations publiques 68506 57102 11404 20,0% 15,9

Employés Santé, Action sociale 53320 44684 8636 19,3% 1,7

Professions Intermédiaires Administrations publiques 28882 20361 8521 41,8% 23,1

Ouvriers Services opérationnels 29478 21200 8278 39,0% 24,9

Professions Intermédiaires Education 42860 36244 6616 18,3% 3,4

Cadres Administrations publiques 15824 10374 5450 52,5% 35,2

Employés Services opérationnels 14479 9272 5207 56,2% 40,5

Cadres Conseil et assistance 24513 19612 4901 25,0% -1,5

Employés Services personnels et dom. 17990 13284 4706 35,4% 17,6

Emplois de la classe 3 ayant le plus augmenté au cours de la dernière période intercensitaire

Evolution Effet structurel (RUP) Effet local (RUP) (Pôles sans Paris) Pôle

Effectifs 1999

Effectif 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 ef. struct. ef. local

Saint-Denis 82266 84227 -1961 -2% -2449 -3% 488 1% 0,1% -2,4%

Montreuil 250354 266080 -15726 -6% -7461 -3% -8265 -3% 0,5% -6,4%

Ivry-sur 100568 100361 207 0% -1200 -1% 1407 1% 1,4% -1,2%

Paris-Agglo 236199 224626 11573 5% -1199 -1% 12772 6% 2,4% 2,8%

Créteil 118618 118115 503 0% 1543 1% -1040 -1% 5,8% -5,4%

Noisy-le-Grand 99367 95293 4074 4% -567 -1% 4641 5% 3,9% 0,4%

Argenteuil 57058 56993 65 0% -1758 -3% 1823 3% -1,2% 1,4%

Viry-Châtillon 38876 40596 -1720 -4% -843 -2% -877 -2% 1,8% -6,0%

Brétigny 26003 22032 3971 18% -104 0% 4075 18% 3,0% 15,0%

Les Mureaux 11794 12322 -528 -4% -986 -8% 458 4% -6,5% 2,2%

Savigny-le-T. 14848 11828 3020 26% -1707 -14% 4727 40% -13,3% 38,9%

Combs-la-Ville 4271 2864 1407 49% -98 -3% 1505 53% 0,1% 49,1%

Décomposition structurelle de l'emploi des pôles et évolution 1990-1999

Dans l’ensemble, la structure de ces pôles leur est légèrement défavorable sur la dernière

décennie, sauf pour Les Mureaux et Savigny-le Temple (Sénart) où elle devient

particulièrement défavorable. L'effet structurel est de respectivement -8% et -14%, du fait

dans les deux cas du poids local de la construction navale, aéronautique et ferroviaire, de la

métallurgie et des activités immobilières. Toutefois, seuls quatre des douze pôles connaissent

une diminution de leur emploi sur la période. Le dynamisme est par exemple particulièrement

fort dans les pôles situés au sud-est de la capitale13

.

12 +100% pour les cadres des Télécoms, +70% pour les employés de la Recherche et Développement, + 70%

pour les cadres et les ouvriers des activités financières, les professions intermédiaires de cette même activité

croissant de près de 60%… 13 Le dynamisme est particulièrement fort dans les pôles au sud-est de la capitale. L’importance de l’effet local

caractérise ainsi particulièrement à Brétigny, (+18%, soit 4000 emplois, dus en particulier à un effet local

particulièrement fort dans les transports, le commerce de gros et les services opérationnels), et les pôles plus

140

Page 140: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

On observe donc une évolution de la classe vers une composition socioprofessionnelle de

l’emploi orientée plus sur l’encadrement. Cela reste cependant une tendance marginale : le

poids des emplois hérités est tel que les évolutions conduisent à une augmentation massive du

nombre et de la part relative d’employés et de professions intermédiaires. De plus, le poids

des Administrations publiques se renforce beaucoup plus que dans les autres pôles de la

région. La densification de l’emploi cadre demeure donc toute relative et se produit dans le

contexte d’une affirmation des grandes caractéristiques sectorielles de la classe, à l’exception

notable de l’Aéronautique qui s’effondre.

Avant-postes - Employés, services aux personnes et fabrication industrielle

Cette classe est la deuxième des principales composantes de la deuxième branche. C’est la plus importante en nombre de pôles (21), mais elle ne pèse que peu par rapport aux deux autres grandes classes (classes 1 et 3). Composée essentiellement de pôles situés en périphérie de l’aire urbaine centrale, et donc de taille plus modeste, elle ne compte que 370 000 emplois en 1999 contre 330 00 en 1975. A l’instar de la classe précédente, son poids relatif est donc constant sur la période : 8%.

petits de Combs-la-Ville (+49%, soit 1500 emplois, grâce entre autres au dynamisme local du commerce de gros

et des services opérationnels) et Savigny-le-Temple (26%, soit 3000 emplois, dus à la très bonne résistance

locale de la construction navale, aéronautique et ferroviaire, et à la croissance des emplois administratifs et

d'éducation).

En dépit d'une structure d'activité légèrement plus favorable plusieurs pôles ont, eux, une dynamique particulière

fortement négative. A Montreuil, la croissance naturelle liée à l'importance de l'emploi administratif n'a pas

compensé les très fortes pertes dans la métallurgie, la chimie, l'automobile les industries des équipements

mécaniques ou les IAA. De plus, les activités de Conseil pourtant présentes ne se sont pas développées sur la

période. Le pôle de Viry-Châtillon a lui vu son emploi s'effondrer dans les transports, tandis que le dynamisme

des emplois administratifs, de la santé, des services opérationnels et du conseil n'a pas compensé les pertes dans

la Pharmacie, le commerce de gros et de détail. Enfin à Créteil, l'emploi dans la santé ou les transports ne

progressant que faiblement et l'emploi ouvrier s'effondrant, la croissance des emplois administratifs déjà

prédominants dans la structure locale n'a fait que stabiliser l'emploi. Les effets combinés de la structure

préexistante et du dynamisme local s'annulent donc à Créteil, mais conduisent à des pertes d'emplois importantes

à Montreuil (-6%) et Viry (-4%).

141

Page 141: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Indice de spécialisation 1975 1982 1990 (nap) 1990 (naf) 1999

Chartres 0,0141 0,0121 0,0101 0,0071 0,0051

Beauvais 0,0139 0,0161 0,0124 0,0109 0,0084

Melun 0,0148 0,0164 0,0146 0,0126 0,0138

Evreux 0,0163 0,0177 0,0120 0,0114 0,0080

Compiègne 0,0123 0,0130 0,0103 0,0103 0,0083

Mantes-la-Jolie 0,0097 0,0083 0,0076 0,0092 0,0090

Creil 0,0204 0,0184 0,0061 0,0111 0,0105

Meaux 0,0052 0,0051 0,0051 0,0072 0,0086

Dreux 0,0169 0,0081 0,0136 0,0094 0,0077

Soissons 0,0111 0,0119 0,0123 0,0123 0,0137

Sens 0,0082 0,0091 0,0073 0,0082 0,0108

Amilly 0,0169 0,0130 0,0070 0,0080 0,0067

Vernon 0,0100 0,0084 0,0125 0,0102 0,0085

Rambouillet 0,0261 0,0186 0,0141 0,0122 0,0098

Etampes 0,0170 0,0243 0,0260 0,0256 0,0173

Senlis 0,0139 0,0099 0,0049 0,0041 0,0088

Château-Thierry 0,0196 0,0184 0,0167 0,0147 0,0119

Nemours 0,0093 0,0129 0,0139 0,0155 0,0137

Coulommiers 0,0145 0,0104 0,0143 0,0151 0,0189

Provins 0,0117 0,0180 0,0160 0,0146 0,0189

Pithiviers 0,0087 0,0050 0,0064 0,0078 0,0060

Crépy-en-Valois 0,0579 0,0419 0,0213 0,0266 0,0187

Moyenne 0,0158 0,0144 0,0120 0,0120 0,0111

Indice de spécialisation de la classe ‘Avant-postes – services aux personnes’ La stabilité relative des effectifs de la classe s’accompagne d’une diversification des emplois régulière sur l'ensemble de la période. Toutefois, celle-ci reste nettement moins marquée que celle observée sur les précédentes classes : la spécialisation de cette classe était plus faible que la spécialisation des classes contenant la majorité des pôles de l’agglomération. Elle est aujourd’hui plus spécialisée que ceux-ci.

1999 1975 Evolution

PCS effectif part écart effectif part écart de la part de l’écart

Artisans, chefs d'entreprises 15647 4,2% -0,6 18243 5,5% 0,1 -1,3 -0,7

Cadres 46471 12,3% -10,6 22123 6,7% -5,4 5,6 -5,2

Professions intermédiaires 94863 25,2% -0,3 55965 17,0% -2,4 8,2 2,1

Employés 120925 32,1% 2,8 97700 29,7% -3,5 2,4 6,3

Ouvriers 98831 26,2% 10,3 135117 41,1% 13,0 -14,9 -2,7

Total 376737 100,0% - 329148 100,0% - - -

Composition socioprofessionnelle de la classe ‘Avant-postes’

Cette stabilité de la structure se retrouve partiellement dans l’évolution de la composition socioprofessionnelle

14. Les emplois d’ouvriers ayant été détruits au même rythme que dans les autres

pôles de la région et les employés et professions intermédiaires ayant amorcé un important

14 La classe reste caractérisée par le poids très important des ouvriers qui représentent en 1999 plus de 26% des

emplois et près de 100 000 personnes. Sa part dans l’emploi régional baisse de 15%, puisque les ouvriers étaient

la première catégorie socioprofessionnelle représentée en 1975 avec plus de 40% des emplois et 135 000

personnes. Elle reste toutefois aussi importante en 1999 qu’en 1975 relativement aux autres pôles (10 points de

plus qu’en moyenne régionale contre 13 en 1975). Cette diminution se lit symétriquement dans l’augmentation

des emplois d’employés et de professions intermédiaires. Alors que les pôles de cette classe présentaient en 1975

un déficit net dans chacune de ces catégories (respectivement -3,5 et -2,4 points) les employés y sont aujourd’hui

surreprésentés, pesant 32% des emplois locaux contre 30% en moyenne) et les professions intermédiaires y sont

au niveau régional.

142

Page 142: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

rattrapage, c’est donc que le développement de l’emploi des cadres s’est fait moins vite qu’en moyenne régionale

15.

Les emplois les plus sur-représentés dans la classe considérée, en dehors de ceux comptant moins de 100 personnes (essentiellement des artisans et chefs d’entreprises) sont concentrés dans l’administration et l’industrie. Les quatre emplois les plus sur-représentés sont en effet administratifs puisqu’il s’agit des employés de la Santé et l’action sociale et des administrations publiques et des professions intermédiaires de la Santé et de l’éducation. Les emplois suivants sont tous des emplois ouvriers. Lorsque l'on considère les emplois les plus présents dans la classe, l'effet taille des emplois administratifs domine encore et en dehors de ces emplois, seuls les ouvriers des services opérationnels et de la construction et les employés des commerces de détail dépassent le seuil des 10 000 emplois. S'il est caractérisé par la présence importante d'industries lourdes, l'emploi de ces pôles est donc dominé par les emplois administratifs et les services faiblement élaborés.

PCS Activité (Naf 36) Effectif Part Ecart à la moyenne

Employés Santé, action sociale 26674 7,1% 3,0

Employés Administration publique 26533 7,0% 1,7

Professions Intermédiaires Santé, Action sociale 17046 4,5% 1,6

Professions Intermédiaires Education 15817 4,2% 1,3

Employés Commerces de détail 13773 3,7% 0,9

Ouvriers Services opérationnels 12836 3,4% 1,2

Professions Intermédiaires Administration publique 11171 3,0% 0,6

Cadres Education 11042 2,9% 0,6

Ouvriers Construction 10293 2,7% 0,5

Principaux emplois de la classe ‘Avant-postes’

Évolution

PCS NAFG36 effectifs en

1999 effectifs en 1990 Val. Abs. en %

Ecart à l’évolution moy. (pts)

Ouvriers Services opérationnels 12836 8032 4804 59,8% 45,7

Employés Santé, action sociale 26674 22132 4542 20,5% 2,9

Professions intermédiaires Santé, action sociale 17046 13568 3478 25,6% 15,0

Professions intermédiaires Administration publique 11171 8062 3109 38,6% 19,8

Employés Administration publique 26533 23535 2998 12,7% 8,6

Professions intermédiaires Education 15817 13773 2044 14,8% -0,1

Cadres Administration publique 6129 4526 1603 35,4% 18,1

Employés Hôtels et restaurants 5360 4004 1356 33,9% 21,1

Employés Services opérationnels 4292 3084 1208 39,2% 23,5

Professions intermédiaires Conseil et assistance 4569 3424 1145 33,4% 10,0

Professions intermédiaires Commerce en détail 4615 3612 1003 27,8% 13,8

Emplois de la classe 4 ayant le plus augmenté au cours de la dernière période intercensitaire Ces caractéristiques se sont d'ailleurs très largement renforcées au cours de la période, puisque ces emplois sont ceux qui croissent le plus au cours de la période, leur augmentation étant tout le temps supérieure à la moyenne observée dans les pôles de la RUP. De plus, qu'il s'agisse d'une logique fonctionnelle (cadres de l'administration, employés des services opérationnels) ou d'une logique d'activités (employés des hôtels et restaurants), les autres emplois en croissance ne font évoluer les caractéristiques des pôles que de manière très marginale. Les emplois qui sont le plus en rupture avec les caractéristiques antérieures sont les professions intermédiaires du Conseil qui apparaissent dans quelques pôles. De nouvelles activités apparaissent, néanmoins les volants concernés restent faibles. Le renforcement de la fonction cadre est notable dans l'industrie des biens d'équipements, les 15 Même si leur nombre double entre 1975 et 1999, passant de 22 000 à 46 000 et s’ils représentent aujourd’hui

non plus 6,7% mais 12,6% des emplois, leur développement s’est effectué plus lentement que dans les autres

pôles. Alors qu’ils se situaient 5points en dessous de la moyenne régionale en 1975, les pôles de ces classes ont

aujourd’hui 11points de cadres en moins que les autres pôles.

143

Page 143: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

services opérationnels, les Transports et les Télécommunications. La R&D voit également fortement croître le nombre d'ouvriers et de cadres moyens. Si la structure de l'emploi en 1990 était a priori très pénalisante pour ces pôles, ils ont dans l'ensemble mieux résisté que les autres espaces de la RUP avec toutefois une variance importante entre les différents pôles

16. Il est d'ailleurs apparu que les emplois administratifs y croissaient beaucoup plus

qu'ailleurs, contribuant au maintien d'un niveau d'emploi important relativement aux autres classes.

Evolution Effet structurel (RUP) Effet local (RUP) (Pôles sans Paris) Pôle

Effectifs 1999

Effectif 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 ef. struct. ef. local

Chartres 34486 32924 1562 5% -604 -2% 2166 7% 4% 1%

Beauvais 35617 33193 2424 7% -602 -2% 3026 9% 1% 6%

Melun 35979 36358 -379 -1% 181 0% -560 -2% 6% -7%

Evreux 33922 32660 1262 4% -522 -2% 1784 5% 2% 2%

Compiègne 23782 22804 978 4% -134 -1% 1112 5% 3% 2%

Mantes-la-Jolie 19444 20128 -684 -3% -450 -2% -234 -1% 1% -4%

Creil 25337 27268 -1931 -7% -1920 -7% -11 0% -5% -2%

Meaux 21561 20386 1175 6% -290 -1% 1465 7% 2% 4%

Dreux 20676 21892 -1216 -6% -2054 -9% 838 4% -9% 3%

Soissons 13659 14616 -957 -7% -90 -1% -867 -6% 1% -8%

Sens 13497 13234 263 2% -241 -2% 504 4% 0% 2%

Amilly 19373 18992 381 2% -850 -4% 1231 6% -2% 4%

Vernon 10597 11418 -821 -7% -934 -8% 113 1% -7% -1%

Rambouillet 11172 9436 1736 18% -5 0% 1741 18% 3% 15%

Etampes 10230 8780 1450 17% 128 1% 1322 15% 4% 12%

Senlis 9318 9528 -210 -2% -193 -2% -17 0% 0% -3%

Château-Thierry 7840 7620 220 3% -355 -5% 575 8% -3% 6%

Nemours 6471 6122 349 6% -131 -2% 480 8% 2% 4%

Coulommiers 6626 5960 666 11% -202 -3% 868 15% -2% 13%

Provins 5918 6080 -162 -3% -278 -5% 116 2% -2% -1%

Pithiviers 5936 5444 492 9% -265 -5% 757 14% -3% 12%

Crépy-en-Valois 6137 4860 1277 26% -623 -13% 1900 39% -12% 39% Décomposition structurelle de l'emploi des pôles et évolution 1990-1999

Pôles périphériques spécialisés - services administratifs

Les dernières classes concernent un nombre limité de pôles et d'emploi. La première de celles-ci, est atypique par le poids des services aux personnes. Elle compte quatre pôles qui atteignent ensemble

16 En dépit de structures voisines, les trajectoires individuelles sont très différentes. Ainsi, le pôle dont la

structure héritée est la plus pénalisante, Crépy-en-Valois, est aussi le pôle dont l'emploi croît le plus sur la

période (+26%). Le différentiel entre les deux conduit ainsi à un effet idiosyncrasique particulièrement élevé,

correspondant à 40% de l'emploi de 1990. Le dynamisme des activités de transport, de services opérationnels, le

redéploiement local d'une activité textile ou la résistance des industries des équipements mécaniques expliquent

en grande partie ce résultat. Sans que l'effet local soit toujours aussi important, il correspond à une croissance de

l'emploi de 18% à Rambouillet (Administrations publiques, Pharmacie, Industrie des équipements du foyer), de

15% à Coulommiers (commerce de détail, services opérationnels, édition, santé, doublés de la résistance du

secteur de la construction) et Etampes (très fort développement des industries d'équipements du foyer, avec des

emplois d'ouvriers mais aussi et surtout de cadres, du Conseil et des services opérationnels), de 14% à Pithiviers

(Pharmacie, services opérationnels, transports, mais aussi Hôtellerie) ou encore de 9% à Beauvais (très fort

développement de l'automobile, essentiellement des fonctions de fabrication mais également d'encadrement, des

industries d'équipements du foyer, les services opérationnels, les administrations publiques, le Conseil et le

Commerce de gros étant les services qui croissent le plus), de 8% à Nemours (Conseil et services opérationnels)

et Château-Thierry (services opérationnels, industrie des produits minéraux, chimie), de 7% à Meaux

(administrations publiques, services opérationnels et métallurgie) et Chartres (Pharmacie, services opérationnels

et industries des équipements électriques et électroniques) et de 6% à Montargis (Métallurgie, Santé et services

opérationnels).

144

Page 144: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

37 800 emplois en 1999 et représente 1% de l'emploi des pôles au long de la période (soit 32 500 emplois en 1975).

Indice de spécialisation 1975 1982 1990 (nap) 1990 (naf) 1999

Fontainebleau 0,0427 0,0389 0,0324 0,0174 0,0231

St Germain 0,0346 0,0360 0,0259 0,0149 0,0184

Chantilly 0,0265 0,0194 0,0256 0,0157 0,0151

Clermont de l'Oise 0,0668 0,0890 0,1126 0,1024 0,0791

Moyenne 0,0426 0,0458 0,0491 0,0376 0,0339

Indices de spécialisation pour la classe 'Pôles administratifs - services élaborés' Jusqu'en 1990, cette classe se spécialise. Ce résultat est à l'opposé de ce que l'on observe sue les autres classes. Entre 1990 et 1999, une légère diversification apparaît, d'une ampleur voisine de celle observée annuellement pour la spécialisation (même s'il est impossible de comparer les indices de départ et d'arrivée). Les indices observés sont de toute manière trois fois plus élevés que ceux observés sur les pôles des autres classes.

1999 1975 Evolution PCS

effectif part écart effectif part écart de la part de l’écart

Artisans, chefs d'entreprises 2046 5,4% 0,6 2240 6,9% 1,5 -1,5 -0,9

Cadres 6586 17,4% -5,5 3612 11,1% -1,0 6,3 -4,5

Professions intermédiaires 10988 29,0% 3,5 6275 19,3% -0,1 9,7 3,6

Employés 13833 36,6% 7,3 11860 36,5% 3,3 0,1 4,0

Ouvriers 4378 11,6% -4,3 8529 26,2% -1,9 -14,7 -2,4

Total 37831 100,0% - 32516 100,0% - - -

Composition socioprofessionnelle de d'emploi des pôles 'administratifs' De 1975 à 1999, toutes les catégories socioprofessionnelles ont vu leurs effectifs augmenter dans l'emploi des pôles de la classe, à l'exception des ouvriers dont le nombre a été divisé par deux, le nombre d'artisans étant stable. Le déficit de croissance des cadres est cependant assez net.

Les emplois administratifs de proximité dominent très largement dans les pôles de la classe et

aucune autre activité n'approche le seuil des 1 000 emplois à l'exception des services

domestiques qui comptent 1 060 employés dans la classe.

Évolution

PCS NAFG36 effectifs en 1999

effectifs en 1990 Val. Abs. en %

Ecart à l’évolution moy. (pts)

Professions intermédiaires Education 2423 1848 575 31,1% 16,2

Employés Santé et action sociale 3744 3288 456 13,9% -3,7

Professions intermédiaires Administrations publiques 1313 991 322 32,5% 13,7

Employés Administrations publiques 2965 2793 172 6,2% 2,1

Chefs d'entreprises, artisans Conseils et assistance 177 60 117 195,0% 129,3

Employés Hôtels et restaurants 776 664 112 16,9% 4,1

Ouvriers Services opérationnels 432 320 112 35,0% 20,9

Employés Services personnels et dom. 1060 956 104 10,9% -6,9

Cadres Administrations publiques 706 604 102 16,9% -0,4

Employés Act. récré., cult., sport. 397 296 101 34,1% 8,0

Professions intermédiaires Transports 169 72 97 134,7% 116,1

Emplois de la classe 5 ayant le plus augmenté au cours de la dernière période intercensitaire

En effectifs, cette spécialisation se renforce au cours de la période puisque 5 des neuf emplois qui croissent le plus en valeur absolue sont des emplois administratifs. En valeur relative la croissance de certains emplois administratifs est d'ailleurs loin d'être négligeable et dépasse celle de tous les autres emplois significativement représentés.

145

Page 145: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Evolution Effet structurel (RUP) Effet local (RUP) (Pôles sans Paris) Pôle

Effectif 1999

Effectif 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 ef. struct. ef. local

Fontainebleau 9410 9604 -194 -2% 492 5% -686 -7% 10,3% -12,3%

St Germain 18639 18444 195 1% 843 5% -648 -4% 10,1% -9,1%

Chantilly 4798 4336 462 11% 118 3% 344 8% 5,9% 4,7%

Clermont de l'Oise 5077 5680 -603 -11% 374 7% -977 -17% 7,1% -17,7% Décomposition structurelle de l'emploi des pôles et évolution 1990-1999

Fontainebleau et Saint Germain se distinguent de Chantilly et Clermont de l'Oise à la fois par

la faible ampleur des évolutions qu'ils connaissent et par la décomposition de celles-ci entre

effet structurel et effet local: les deux premiers sont quasiment stables entre 1990 et 1999 (-

2% et +1%) alors que les deux autres connaissent des évolutions très importantes: Chantilly

croît très fortement sur la période, l'emploi de 1999 étant supérieur de 11% à celui de 1990.

Clermont a connu la même évolution mais à la baisse. Les trajectoires à l'intérieur de cette classe sont donc très différentes, ce qui explique sans doute que ce soit l'une des seules à l'intérieur desquelles la distance entre les profils de chacun des pôles reste stable au lieu de converger entre 1975 et 1999 et particulièrement sur la dernière période

17.

Profils atypiques : pôles spécialisés

Pôles industriels spécialisés (1) : Industrie automobile et transports

La deuxième classe de la première branche compte seulement 4 pôles pour un emploi total de 180 000 personnes. Elle comprend deux entités distinctes : les pôles de Roissy et Orly d'une part et une partie de la seine aval (pôles d’Aubergenville et Poissy) d'autre part. Elle appartient aux classes présentant des pôles à profils spécifiques. L'emploi y croît régulièrement depuis 1975 (+40 000 personnes) sans pour autant que cela se traduise l'emploi d'une part croissante de la population des pôles (4%).

Indice de spécialisation 1975 1982 1990 (nap) 1990 (naf) 1999

Orly 0,0153 0,0135 0,0150 0,0198 0,0164

Roissy-en-France 0,1064 0,1034 0,0804 0,0739 0,0689

Poissy 0,1821 0,1466 0,0779 0,0689 0,0232

Aubergenville 0,3068 0,4652 0,3295 0,3002 0,1957

Moyenne 0,1527 0,1822 0,1257 0,1157 0,0761

Indices de spécialisation des pôles 'automobile et aéroports' Si la diversification est particulièrement importante, puisque l'indice est quasiment divisé par deux entre 1975 et 1999 (en tenant compte de l'effet du changement de nomenclature), la spécialisation de ces pôles reste à un niveau très élevé. Ils présentent un indice de spécialisation qui est plus de deux fois supérieur à l'indice le plus élevé rencontré jusqu'ici (pôles administratifs).

17 Fontainebleau bénéficie de la croissance des emplois d'éducation, de santé, de services aux personnes et des

activités récréatives, culturelles et sportives mais beaucoup moins qu'il n'aurait pu, restant au total quasiment

stable sur la période. Avec une structure quasiment identique, Saint Germain a légèrement plus profité du

développement des activités de santé et d'éducation tout en se développant dans les télécommunications. La

croissance du pôle reste cependant très faible en comparaison de celle que connaît Chantilly: le pôle bénéficie

comme les deux précédents d'une structure orientée vers les emplois de proximité, la santé ou l'éducation, mais il

s'y développe plus que la moyenne et bénéficie de surcroît du développement très fort de nouveaux secteurs

tertiaires: Conseil et services opérationnels. A l'opposé, le pôle de Clermont de l'Oise qui bénéficiait pourtant

d'une structure encore plus favorable que les autres s'effondre sur la période. Cela est essentiellement dû à la très

forte baisse des emplois de santé, ainsi qu'à la baisse du commerce de gros et du commerce de détail. L'activité

est aussi particulièrement atone dans les activités de conseil et dans les transports.

146

Page 146: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

1999 1975 Evolution PCS

effectif part écart effectif part écart de la part de l’écart

Artisans, chefs d'entreprises 5661 3,1% -1,7 5227 3,7% -1,7 -0,5 0,0

Cadres 25701 14,3% -8,6 13726 9,6% 2,5 4,7 -11,1

Professions intermédiaires 47350 26,3% 0,8 24612 17,2% -2,2 9,1 3,0

Employés 52109 28,9% -0,4 41392 29,0% -4,2 -0,1 3,8

Ouvriers 49319 27,4% 11,5 57857 40,5% 12,4 -13,1 -0,9

Total 180140 100,0% - 142814 100,0% - - -

Composition socioprofessionnelle des emplois 'automobile - aéroports' Cette spécialisation ne se traduit toutefois pas dans la composition socioprofessionnelle de l'emploi de ces pôles. Il n'est certes pas totalement dans la moyenne, faisant notamment apparaître un très fort déficit de cadres (9 points de moins que la moyenne des pôles avec 14% des emplois en 1999). Le déficit est d'ailleurs d'autant plus important que ces pôles étaient plutôt des pôles d'emplois qualifiés en 1975, ouvriers (+12 points) et cadres (+3 points) y étant surreprésentés au détriment des employés (-4 points) et cadres moyens (-2 points). Il est important de noter que la composition socioprofessionnelle est similaire pour l’automobile et les aéroports, ceci faisant la proximité des pôles… La seule différence notable entre les deux types de pôles réside dans le partage entre employés et ouvriers. Elle vient à la fois de la forte sous-représentation des employés dans les pôles automobiles (-10pts) et de la très forte surreprésentation des ouvriers dans ces mêmes pôles (+25pts, contre +8pts dans les aéroports). En tendance, on constate des évolutions similaires pour les deux types de pôles, la seule exception concernant les ouvriers dont la part décroît relativement plus vite que la moyenne dans les pôles automobiles alors qu’elle décroît moins vite que celle-ci dans les pôles aéroportuaires, la perte atteignant tout de même de 4000 emplois. A l’exception des employés de l’Administration publique, toutes les activités fortement présentes dans les pôles de la classe sont des activités très spécifiques. L’écart entre la part des employés du transport dans les emplois de la classe et leur part dans l’emploi de la RUP (1,1%) illustre clairement cette profonde différence. L’Industrie automobile n’apparaît que deux fois dans les huit emplois les plus présents, mais elle n’en est pas moins un des secteurs déterminants pour l’identité de la classe. Les cinq catégories socioprofessionnelles des activités automobiles sont parmi les dix types d’emplois qui contribuent le plus à cette identité. Ainsi, si l’on calcule non pas un écart absolu mais un écart relatif à la moyenne, les emplois d’ouvriers, d’employés, de professions intermédiaires et de chefs d’entreprises et artisans apparaissent tous dans les huit types d’emplois les plus sur-représentés. Chacun représente une part de l’emploi de la classe supérieure de plus de 600% à la part que ces emplois occupent dans l’ensemble des pôles de la RUP.

Évolution PCS NAFG36

effectif 1999

effectif 1990 Val. Abs. Val. Abs.

Ecart à l’évolution moy. (pts)

Professions Intermédiaires Transports 18077 11528 6549 56,8% 38,2

Employés Administrations Publiques 6468 1040 5428 521,9% 544,

Employés Transports 17365 14024 3341 23,8% 26,5

Cadres Transports 8257 5916 2341 39,6% 24,3

Employés Services opérationnels 3437 1572 1865 118,6% 103,0

Ouvriers Services opérationnels 7386 5684 1702 29,9% 15,8 Emplois de la classe 2 ayant le plus augmenté au cours de la dernière période intercensitaire

Emplois les plus présents dans la classe, les professions intermédiaires, employés et cadres des transports sont aussi ceux qui ont le plus évolué au cours de la dernière période. En dehors de ceux-ci qui représentent 12 000 emplois supplémentaires, la plus forte croissance concerne les emplois administratifs dont l'augmentation est particulièrement impressionnante sur les dix dernières années: de 1 000 à 6 500 emplois, soit plus de 500% de croissance!

147

Page 147: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

Evolution Effet structurel (RUP) Effet local (RUP) (Pôles sans Paris) Pôle

Effectifs 1999

Effectif 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 ef. struct. ef. local

Orly 79760 89446 -9686 -11% 984 1% -10670 -12% 6,0% -16,8%

Roissy-en-France 66234 41552 24682 59% 2855 7% 21827 53% 15,0% 44,4%

Poissy 24471 24148 323 1% -2456 -10% 2779 12% -9,4% 10,7%

Aubergenville 9851 12772 -2921 -23% -3501 -27% 580 5% -29,7% 6,8% Décomposition structurelle de l'emploi des pôles et évolution 1990-1999

On observe clairement les deux types de pôles, aéroports et logistique qui bénéficient d'un effet structurel positif et l'industrie automobile qui subit un effet structurel négatif. Dans les deux cas, les destins sont différents pour les pôles: effet local positif ou très positif pour Poissy et Roissy, effet négatif ou trop faible pour Orly et Aubergenville.

18

Avant les Professions et Catégories socioprofessionnelles, cette classe regroupe donc les pôles sur une base industrielle, essentiellement l’Industrie Automobile et les transports. Il faut par ailleurs noter que l’homogénéité interne de la classe est parmi les plus faibles de celles constituées. Seule la classe regroupant Persan à Montereau et Noyon et celle agrégeant Paris, Courbevoie et Boulogne au reste des pôles du sud-est sont plus hétérogènes. La bi-activité de la classe relève donc de la réunion de deux classes mono-activités de profils similaires mais d’activités différentes.

Profils industriels spécialisés (2) : Industrie lourde

Ce sont des pôles situés en bordure de l’agglomération parisienne, de taille relativement modeste. On décomposera donc moins les résultats obtenus. Leur importance est très modeste et diminue sur la période, puisqu'ils passent de 22 000 emplois (et 0,1% de l'emploi des pôles) à 20 000 et une partie encore plus faible de l'emploi. A l'image de l'ensemble des pôles de la RUP ils connaissent une franche diversification puisque l'indice de spécialisation est divisé par plus de deux sur la période. Il se situe ainsi au niveau des indices observés pour les pôles périphériques 'avant-postes' en 1999 alors qu'il était plus élevé en 1975 (0,21 contre 0,15).

1999 1975 Evolution

PCS effectif part écart effectif part écart de la part de l’écart

Artisans, chefs d'entreprises 810 4,0% -0,8 1156 5,2% -0,2 -1,2 -0,6

Cadres 1941 9,7% -13,2 1112 5,0% -7,1 4,7 -6,1

Professions intermédiaires 4605 22,9% -2,6 3214 14,5% -4,9 8,5 2,3

Employés 5589 27,8% -1,5 4686 21,1% -12,1 6,8 10,6

Ouvriers 7130 35,5% 19,6 12065 54,3% 26,2 -18,7 -6,6

Total 20075 100,0% - 22233 100,0% - - -

Composition socioprofessionnelle des pôles ' industrie lourde' Lorsque l'on considère la ventilation des emplois par catégorie socioprofessionnelle, cela se traduit dans une légère diminution des écarts observés entre la structure de ces pôles et la structure moyenne: à l'exception notable des cadres dont la part dans l'emploi double mais reste très largement

18 En très forte croissance, Roissy bénéficie essentiellement d'une croissance locale particulièrement forte des

transports, du commerce de gros et des services opérationnels. La croissance de Poissy s'alimente elle des

activités extra-territoriales, des administrations publiques, mais aussi du Conseil, du commerce de gros et des

Industries d'équipements électroniques et électriques et bénéficie d'une résistance particulièrement forte des

emplois ouvriers alors même que le pôle était positionné sur des activités a priori peu dynamiques (automobile,

construction, industrie de composants électriques et électroniques). La structure d'Orly était elle relativement

neutre: la croissance des transports aurait normalement dû équilibrer la baisse des effectifs dans le commerce de

gros. Mais le pôle a souffert d'une baisse massive des emplois dans les transports que la croissance

particulièrement forte des activités de télécommunication et de pharmacie n'a pas suffit à équilibrer. Enfin, en

dépit de la résistance des emplois ouvriers (particulièrement dans l'automobile, les services opérationnels, les

industries d'équipements du foyer et la métallurgie) le pôle d'Aubergenville perd beaucoup d'emplois, sa

structure étant adossée à des secteurs en très fort déclin pendant les dix dernières années (automobile

essentiellement, mais aussi construction et industries des équipements mécaniques et des équipements

électriques et électroniques).

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en retrait eu égard à la très forte dynamique régionale, toutes les autres catégories voient leur part se rapprocher de la moyenne. Parmi les emplois les plus importants de la classe, les activités sont plus variées que dans les autres pôles et l'administration occupe une place moins dominante même si les employés de la santé (6,5%) ou les professions intermédiaires de l'Education (4,3%) sont surreprésentés. Les emplois les plus surreprésentés sont tous des emplois d'ouvriers (services collectifs, fabrication ou industrie lourde), seuls les employés de la santé faisant exception, tous les autres étant des ouvriers.

Evolution Effet structurel (RUP) Effet local (RUP) (Pôles sans Paris) Pôle

Effectifs 1999

Effectif 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 ef. struct. ef. local

Montereau 9186 10061 -875 -9% -1017 -10% 142 1% -10,5% 1,8%

Persan 3845 4132 -287 -7% -849 -21% 562 14% -19,2% 12,2%

Noyon 7104 6713 391 6% -619 -9% 1010 15% -8,1% 14,0% Décomposition structurelle de l'emploi des pôles et évolution 1990-1999

Entre 1990 et 1999, les trajectoires de chacun des pôles de la classe ont été originales, avec toutefois un point commun: la structure héritée est toujours défavorable, que l'on considère l'ensemble de la RUP ou les seuls pôles non parisiens

19.

Profils industriels spécialisés (3) : Industrie textile

En raison de la structure mono-polaire de cette classe, le traitement sera beaucoup plus léger que pour les précédentes: en décroissance sur la période, son emploi représente en effet une part très petite de l'emploi des pôles régionaux (de 8 500 à 6 000 en 1999). Le pôle a connu une très forte diversification sur la période, son indice qui était trois fois plus élevé que celui des 'avant-postes' en 1975 ne lui est aujourd'hui supérieur que de 50%.

Indice de spécialisation 1975 1982 1990 (nap) 1990 (naf) 1999

Romilly 0,0777 0,0552 0,0498 0,0266 0,0150 Indices de spécialisation de Romilly

1999 1975 Evolution PCS

effectif part écart effectif part écart de la part de l’écart

Artisans, chefs d'entreprises 286 4,8% 0,0 515 5,9% 0,5 -1,2 -0,5

Cadres 432 7,2% -15,7 337 3,9% -8,2 3,3 -7,5

Professions intermédiaires 1240 20,6% -4,9 989 11,4% -8,0 9,2 3,1

Employés 1558 25,9% -4,6 1878 21,6% -11,8 4,3 7,2

Ouvriers 2499 41,5% 25,6 4966 57,2% 29,1 -15,6 -3,5

Total 6015 100,0% - 8685 100,0% - - -

Composition socioprofessionnelle de Romilly La part de cadres dans l'emploi local a évolué de la même manière que dans les pôles industriels mais ici encore cela ne suffit pas pour rattraper le retard du pôle par rapport à la région en terme d'emplois de cadres. Dans le même temps, la surreprésentation des ouvriers est restée quasiment stable tandis que la sous-représentation des employés et des professions intermédiaires reste

19 Persan est le pôle qui a la structure la plus défavorable (la baisse des emplois ouvriers dans les activités

immobilières, de la chimie lourde, et de l'habillement a ainsi un effet très négatif sur le pôle), mais sa dynamique

locale très positive alimentée par les industries des équipements mécaniques, les industries des équipements

électriques et électroniques, et les services opérationnels le conduit au final à une perte légèrement plus faible

que celle subie par Montereau-Fault-Yonne qui résiste localement beaucoup moins bien à l'érosion de son

activité : les difficultés de l'industrie des composants électriques et électroniques, ou des équipements

mécaniques sont encore aggravés localement et la résistance du pôle dans les activités métallurgique n'est pas

assez forte, ni la croissance localement très forte des activités de santé ou de services opérationnels. Le seul pôle

qui croisse est Noyon : sa structure est aussi défavorable que celle de Montereau (dans des secteurs légèrement

différents: construction, industrie des équipements du foyer, métallurgie, IAA), mais l'effet idiosyncratique lié

aux services opérationnnels, aux industries des produits minéraux, à la Santé et aux administrations publiques est

d'une ampleur voisine de l'effet observé à Persan. Ceci permet au pôle de connaître une augmentation de 6% de

son emploi sur la période.

149

Page 149: Le desserrement de l’emploi dans la région urbaine de

importante. Le pôle présente donc toujours une structure originale par rapport à la moyenne observée dans les autres pôles de la région. Cela se lit directement dans les emplois principaux de la classe qui sont essentiellement des ouvriers, concentrés dans des activités originales, les ouvriers du textile et de l'habillement représentant autour de 15% des emplois locaux. De manière évidente, la structure de l'emploi pèse beaucoup dans la diminution de l'emploi local.

Evolution Effet structurel (RUP) Effet local (RUP) (Pôles sans Paris) Pôle

Effectifs 1999

Effectif 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 Val Abs. % 1990 ef. struct. ef. local

Romilly-s-Seine 6027 6704 -677 -10% -866 -13% 189 3% -9,2% -0,9%

Décomposition structurelle de l'emploi de Romilly et évolution 1990-1999 Entre 1990 et 1999, l'emploi chute de près de 10%, essentiellement donc dans des secteurs ailleurs en très forte croissance mais dont la dynamique locale est négative (services opérationnels, éducation, commerce de détail). C'est ainsi que si l'on considère cette évolution sans tenir compte de l'évolution de Paris (qui est l'autre pôle textile de la région), la dynamique locale devient négative.

Conclusion :

Les pôles découpés sur la base des concentrations d'activités sont donc relativement homogènes en interne: les communes d'un même pôle tendent à avoir les mêmes activités et à occuper des fonctions similaires dans la Région Urbaine de Paris. Ce résultat est attendu dans la mesure où l'on constate l'existence de groupes de communes spécialisées qui dépassent le contour même d'un ou deux pôles. Les pôles, et les communes qui les composent, s'insèrent donc tous dans un système productif organisé à l'échelle régionale. Au sein de ce système, et en dépit des évolutions profondes de l'activité, la permanence des oppositions est remarquable sur la période. Elles sont de deux types, la première étant l'opposition fonctionnelle entre le Centre et la Périphérie, la seconde relevant de logiques sectorielles et se traduisant par des spécialisations locales. D'une part, les pôles du centre (Paris et la Banlieue sud-ouest) concentrent les emplois de cadres et sont spécialisés dans les fonctions supérieures, s'opposant en cela à la fois au reste de la banlieue, plutôt orientée vers les emplois techniques, et à la fois aux pôles périphériques, concentrant plutôt les emplois d'exécution. D'autre part, des oppositions sectorielles se greffent sur ces logiques fonctionnelles. Elles se traduisent par le regroupement de pôles similaires situés à proximité les uns des autres. La permanence des structures est toutefois doublée d'une convergence des différents pôles au sein des classes comme entre les classes. Ainsi, dans la plupart des pôles l'emploi s'est renforcé dans les secteurs déjà importants mais la croissance de l'emploi s'est traduit par une diversification de la structure des pôles.

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