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EHESS Le Détour. Pouvoir et modernité. (Coll. « L'Espace du Politique ») by Georges BALANDIER Review by: Jean Séguy Archives de sciences sociales des religions, 34e Année, No. 67.2 (avril-juin 1989), pp. 235-236 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41623228 . Accessed: 12/06/2014 11:19 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.76.54 on Thu, 12 Jun 2014 11:19:31 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Le Détour. Pouvoir et modernité. (Coll. « L'Espace du Politique »)by Georges BALANDIER

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Le Détour. Pouvoir et modernité. (Coll. « L'Espace du Politique ») by Georges BALANDIERReview by: Jean SéguyArchives de sciences sociales des religions, 34e Année, No. 67.2 (avril-juin 1989), pp. 235-236Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/41623228 .

Accessed: 12/06/2014 11:19

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BULLETIN DES OUVRAGES

politique, vues par des juristes-théologiens d'un côté (Al HillI, Ibn Taymiyya, Al Mawardï, Tab5tabaci, Ibn Khaldün, etc), par des philo- sophes de l'autre (Al Farabî, Ibn Ruchd, etc).

L'aboutissement de ces parcours historico- épistémologiques débouche sur des pages de conclusion à propos de « L'Islam aujour- d'hui». Conclusion n'est sans doute pas le terme qui convient à ce genre d'investigations. Il faudrait plutôt parler d'instigation à pour- suivre l'analyse de la façon dont les nombreux héritages intellectuels (et affectifs) islamiques se développent dans les sociétés contempo- raines travaillées par une culture et une civi- lisation qui ont créé et se sont annexé la « modernité », une série de réflexions donc sur la manière de penser l'islam, avec et sans majuscules, et dont la sociologie des religions ne peut être que partie prenante.

Contant Hamès.

67.281 BACANI (Mgr Teodoro C). Église et Politique aux Philippines. Paris, Éd. du Cerf, 1987, 142 p. (Coll. « L'Histoire à vif »).

L'Église catholique (85 % de la population) et sa hiérarchie (75 diocèses) ont joué un grand rôle dans la « révolution » de 1986, le passage de la dictature à la démocratie. Cer- tains le lui ont reproché. L'évêque auxiliaire de Manille s'en explique ici, non dans un récit continu, mais dans une douzaine d'interven- tions occasionnelles, visant à clarifier, à rec- tifier ou à justifier ce qui s'est fait et dit. « Nous étions motivés non par une prise de position politique partisane, mais par notre conviction que, dans un combat entre les forces du bien et les forces du mal, l'Église des Philippines ne pouvait être neutre », explique le cardinal Sin en préface.

Le ton est donné d'une Église religieuse- ment engagée en faveur des pauvres, de la justice, de la libération : « Un engagement sans précédent », source inévitable d'incom- préhensions et de confusions. Le plus neuf du livre, c'est sans doute ce que l'évêque dit de sa participation à la Commission dont les mem- bres, nommés par la Présidente Corazón Aquino, étaient chargés de préparer la nou- velle constitution. Celle-ci était, traditionnel- lement (1935 à 1973), sur le modèle américain en ce qui concerne les rapports de l'État et des

Églises. Celle de 1986 a confirmé le régime de séparation : Mgr B. accepte le régime mais déplore la formule, qu'il juge « ambiguë » et qu'il aurait voulu faire remplacer par « auto- nomie mutuelle ». Dans le Préambule, il a obtenu que l'invocation à la « Divine Provi- dence » soit remplacée par celle de « Dieu Tout-Puissant ». Les constituants parlent de « fraternité » là où il avait demandé « amour », et il regrette cet alignement sur la Révolution française. Malgré tout, il l'a ratifié, et il garde le souvenir du travail accompli comme d'une expérience irremplaçable, où il a appris ce que signifiait « une réelle compétence acquise par l'étude, la formation et l'expérience », la supé- riorité de ses collègues laïcs devant des ques- tions techniques, économiques et politiques que ne résout pas l'appel à un charisme par- ticulier (p. 127-28).

Maladresses ou négligences de traduction (de l'anglais) : p. 10, Manille devient Marseil- le ; p. 116, la séparation interdit toute loi « res- pectant l'établissement d'une religion » ;p. 126, les membres ecclésiastiques de la Constitu- tion... « Le choix prioritaire des pauvres » dans le titre (p. 77), traduction correcte de l'espagnol, devient dans le texte (passim) « l'option préférentielle en faveur des pau- vres »... Une brève annotation aurait été sou- haitable sur les deux constitutions précédentes pour éclairer les choix faits en 1986 et la discussion qui en est faite.

Émile Poulat.

67.282 BALANDIER (Georges). Le Détour. Pouvoir et modernité. Paris, Fayard, 1985, 269 p. (Coll. « L'Espace du Poli- tique »).

Le retard pris - quatre années écoulées -à rendre compte de ce livre important nous interdit d'implorer une quelconque compré- hension de la part de son éditeur, du directeur de la collection où il paraît, de l'A. lui-même. Admettons simplement que nous avons trop tardé et supportons-en les conséquences.

Notre jugement sur ce livre est, en tout cas, des plus favorables, toutes circonstances mises à part. Il s'agit, par un anthropologue connu pour ses apports à une « sociologie actuelle de l'Afrique noire », mais aussi à la sociologie générale, d'une « exploration de la moderni- té ».

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

L'originalité de l'entreprise se dit en quel- ques lignes. G.B., mettant à profit son expé- rience des sociétés africaines, ne se contente pas de les opposer, comme sociétés tradition- nelles, à la modernité occidentale, Tune et l'autre apparaissant ainsi comme exclusives. La comparaison ne vise pas ici à l'opposition - encore qu'elle passe par elle- elle est surtout appréhension d'un modèle par un autre ; en l'occurrence notre modernité se voit appréhendée à partir de la figure particulière que revêtent les périodes d'interrègne dans les sociétés traditionnelles. C'est bien en effet l'affaiblissement des certitudes et des institu- tions, celui du pouvoir aussi, l'attente de la nouveauté et la crainte - en même temps que l'espérance - de sa survenue, un phénomène de déstructuration-restructuration en somme qui caractérisent et l'interrègne traditionnel et la modernité. A partir de là seulement, les différences apparaissent facilement et sont, ici, bien mises en relief.

La comparaison aurait pu être menée à partir d'un dépaysement dans le temps, sans changer de continent ; on le comprend bien lorsqu'on lit l'ouvrage de G.B. après celui de Ralph Gissey (publié en français en 1987 seulement, à Paris et chez Flammarion), Le Roi ne meurt jamais, où il est question de l'interrègne dans l'histoire de la monarchie française. Et sans doute est-ce à la même conclusion que l'on serait parvenu, à savoir que le traditionnel ne disparaît pas au sein de la modernité. Celle-ci recrée et valorise celui- là au profit du pouvoir (des pouvoirs serait-on tenté de dire pour suivre la leçon de l'ouvrage collectif intitulé, The Invention ofTradition, Eric Hobsbawm et Terence Ranger, éds., Londres, Cambridge University Press, 1983).

Puisse notre recension différée et rapide remplir une fonction malgré tout utile : rap- peler à tous les retardataires éventuels - nous pourrions ne pas être le seul - que la lecture de cet ouvrage très riche - on en a à peine effleuré le contenu ici - s'impose à quicon- que fait en modernité, même religieuse.

Jean Séguy.

67.283 BARNES (J.-R). An Introduction to Religious Foundations in the Ottoman Empire. Leyde, Brill, 1987, 184 p. Analyse de l'évolution particulière, dans

l'Empire Ottoman, d'une institution islami-

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que : le waqf ou habous, liée aux rapports spécifiques entre État et Religion au cours de cette période de l'histoire turque.

Institution juridique en islam, le waqf est un bien de mainmorte constitué à partir de dona- tions pieuses (terrains, bâtiments, exploitations agricoles...) dont les produits sont destinés à des œuvres religieuses ou charitables (cons- truction et entretien de mosquées, d'écoles coraniques, d'hôpitaux, d'orphelinats...). Deve- nu propriété inviolable (toute succession, donation ou vente étant interdites), le bien waqf doit servir à assurer la subsistance de la fondation pour laquelle il a été créé ou à développer d'autres institutions de même type. Depuis l'établissement de la législation en matière de waqf par les écoles juridiques de l'islam sunnite au XIXe siècle, toute modifica- tion est considérée comme bid a ou innovation blâmable au regard de la loi et par conséquent condamnée. Dans les faits, chaque société a adapté cette législation à son système d'orga- nisation propre bien avant les réformes reli- gieuses qu'on a observées dans le monde musulman à partir du XVIIIe siècle. L'objet de cet ouvrage est de mettre en évidence la spéci- ficité du waqf ottoman, vakif (pluriel evkaf) dont l'auteur retrace l'histoire depuis la nais- sance de l'Empire Ottoman au XVe siècle jusqu'à sa chute au début du XXe siècle.

La thèse principale de J.-RB., qu'il argu- mente en se basant sur une documentation très riche, est que les conditions qui président à la naissance et au développement extraor- dinaire des fondations religieuses sont celles- là mêmes qui en provoqueront le déclin, en particulier l'assujettissement de ces institu- tions au pouvoir politique. Constitués princi- palement par les mukataa ou revenus des terres appartenant à l'État et assignés à des individus sous forme de temlîk ou bail à long terme, les evkaf ottomans, non canoniques, sont légalisés sous cette forme par un juris- consulte du XVIe siècle, Ebussuud, à condition que ces terres soient attribuées par décision du Sultan. Les bénéficiaires de ces mukataa sont surtout des militaires, des Ulama (hommes religieux) et des membres de confréries que l'État récompense pour leurs services. Para- doxalement, cette pratique qui était supposée alléger les charges de l'État en assurant la rétribution des fonctionnaires de l'administra- tion, va déposséder l'État d'une partie de ses biens. En effet, progressivement, les mukataa vont être transformés en evkaf familiaux, d'un statut comparable à celui de la propriété pri-

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