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Tous droits réservés © Éditions Biscuit Chinois, 2007 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 30 mai 2021 15:18 Biscuit Chinois Littérature pop Le deuil en six étapes difficiles Ophelia Sabrez Répondeurs Numéro 6, 2008 URI : https://id.erudit.org/iderudit/2435ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Éditions Biscuit Chinois ISSN 1718-9578 (imprimé) 1920-7840 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Sabrez, O. (2008). Le deuil en six étapes difficiles. Biscuit Chinois,(6), 110–115.

Le deuil en six étapes difficiles - Érudit...le fond, j'ai hâte de le voir en sacrament parce que je com-Celui qui vit par l'épée périra par le faser. * 114 * mence à avoir

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  • Tous droits réservés © Éditions Biscuit Chinois, 2007 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation desservices d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politiqued’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/

    Cet article est diffusé et préservé par Érudit.Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé del’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec àMontréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.https://www.erudit.org/fr/

    Document généré le 30 mai 2021 15:18

    Biscuit ChinoisLittérature pop

    Le deuil en six étapes difficilesOphelia Sabrez

    RépondeursNuméro 6, 2008

    URI : https://id.erudit.org/iderudit/2435ac

    Aller au sommaire du numéro

    Éditeur(s)Éditions Biscuit Chinois

    ISSN1718-9578 (imprimé)1920-7840 (numérique)

    Découvrir la revue

    Citer cet articleSabrez, O. (2008). Le deuil en six étapes difficiles. Biscuit Chinois,(6), 110–115.

    https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/https://www.erudit.org/fr/https://www.erudit.org/fr/https://www.erudit.org/fr/revues/bc/https://id.erudit.org/iderudit/2435achttps://www.erudit.org/fr/revues/bc/2008-n6-bc1000116/https://www.erudit.org/fr/revues/bc/

  • Ophelia Sabrez

    Je sais ce que vous pensez. En lisant le titre, je suis certaine que vous vous êtes dit : « Bon, une autre qui va se vautrer dans le misérabilisme et la sensiblerie ! » Ah non ? Même pas un peu? Ah, c'est décevant, je m'étais préparée en fonction de... Bah, je vais vous le dire quand même. D'abord, les deuils bien digérés font grandir et nous rendent plus forts. Ensuite, les deuils mal digérés rendent cyniques et vulgaires, mais justement, les gens cyniques et vulgaires sont souvent les plus fascinants à écouter parler. Enfin, les deuils qu'on observe chez les autres nous permettent d'imaginer des histoires comiques ou tristes, ou les deux. Voilà trois bonnes raisons d'apprécier le deuil. Mais bien sûr, le deuil est souvent difficile. Selon plusieurs, pour en venir à bout, ça prend six étapes, six petites morts, et un peu de recul. Ce qui nous amène au .38 Spécial qui justement, accueille chaleureusement six balles dans son barillet dont chaque coup tiré procure un certain recul. Il y a comme un concept, là, là...

  • * 111 *

    (e deuileti ûbo etafieà diffki£e6 chouchou du comité de lecture

    CHOC

    Salut, vous êtes bien chez Chloé et Manuel. S'il vous plaît, laissez votre message après le timbre sonore, ou avant si vous êtes pressés, BIIIP !

    «Euh... » Five-nineteen-pm-Friday. BIIIP !

    DÉNI

    Salut, vous êtes bien chez Chloé et Manuel. S'il vous plaît, laissez votre message après le timbre sonore, ou avant si vous êtes pressés, BIIIP !

    « Salut Chloé, salut Manuel, héhé... Manuel, c'est le nom de ton nouveau chien? Hé! c'est quoi c't'affaire là? Comment ça t'as un nouveau chien? Je voulais un chien moi ! Je le voulais, le rottweiler de chez PetZoo, mais toi, non, t'sais, un chien c'est pas propre, ça pue, ça mange toute, gnagnagna gnagnagna ! Première affaire que tu fais après que j 'm'en aille, tu t'achètes un chien ! C'est quoi ton osti de problème ? En tout cas, bye ! »

    Five-twenty-one-pm-Friday. BIIIP !

    Si les snobs pèfenf de la broue / c'est qu'ils boivent la bière par le mauvais orif ice.

  • * 112 *

    RAGE

    Salut, vous êtes bien chez Chloé et Manuel, S'il vous plaît, laissez votre message après le timbre sonore, ou avant si vous êtes pressés, BIIIP !

    « Manuel câlisse, c'est ton prof de salsa ! Le gars avec, le sourire de devant de Cadillac pis qui "bougeait donc bien des hanches" ! C'est pour ça qu'on s'est laissés en fin de compte, c'est pas pour toutes les raisons bidons que tu m'as données, c'est parce que tu trippais sur ton osti d'Oyé-como-va ! T'aurais pu me le dire me semble ! Ben non, tu voulais pas heurter ma sensibilité ! Comment tu penses que je me sens, quand j'entends "Manuel" sur ton répondeur? Depuis quand y habite chez nous ? Pendant les trois mois que je payais ma part du loyer comme un cave, lui, y te fourrait gratos dans toutes les pièces! Depuis quand t'es avec? Depuis quand tu trippes dessus? Pis c'est qui qui a fait le premier move, hein? Ah, pis j'veux même pas le savoir ! VA DONC CHIER, CRISSE DE CHARRUE ! ! ! »

    Five-twenty-six-pm-Friday. BIIIP !

    Salut, vous êtes bien chez Chloé et Manuel. S'il vous plaît, laissez votre message après le timbre sonore, ou avant si vous êtes pressés, BIIIP !

    « PlS TOI, MON GRINGO, VAS DONC SWIGNER TON BASSIN DANS

    TON PAYS AU LIEU DE CRUISER NOS FEMMES ! Y EN A PAS ASSEZ

    CHEZ VOUS ? VOUS VENEZ ICITTE, VOUS AMENEZ DU TROUBLE PIS

    DE LA DROGUE PIS DES GUERRES DE GANG, PIS COMME SI C'ÉTAIT

    PAS ASSEZ, VOUS FLAUBEZ VOS CHÈQUES DE B.S. CHEZ WALMART

    PIS VOUS VOTEZ POUR CHAREST ! ! ! »

    Five-thirty-pm-Friday. BIIIP !

  • * 113 *

    NÉGO

    Salut, vous êtes bien chez Chloé et Manuel. S'il vous plaît, laissez votre message après le timbre sonore, ou avant si vous êtes pressés, BIIIP !

    « Ok ! C'est correct. Je retire mes paroles du dernier message, c'est juste que j 'ai eu une mauvaise journée, c'est pas toi, là. T'sais, vas-y avec ton nouveau chum, de toute façon, ça me libère l'esprit de savoir que tu sors avec lui, ça fait ben mon affaire dans le fond, ça m'oriente vers des objectifs plus euh... plus réalistes. En tout cas plus ambi-tieux, ça c'est sûr. Dans le fond, t'étais pas mon genre. Dans le fin fond, c'est quasiment moi qui t'ai laissée, ça me remet juste sur les rails de ma première décision. J'ai seule-ment eu un moment de faiblesse, là, excuse-moi. Alors en tout cas, on se rappelle, ce serait le fun de déjeuner ou de prendre un café à un moment donné. Je viens de découvrir une place vraiment sympathique sur Laurier, je fais rien de spécial demain matin. Ou dimanche matin. Ou diman-che soir, y a de l'impro au bar de la Plaza, y sont vraiment drôles ! Tu pourrais amener ton chum si tu veux, ça me dérange même pas ! On prendra une bière les trois ensem-ble ! En tout cas, donne-moi des nouvelles, sinon euh... Ben j 'te rappelle ! Ok, ciao ! »

    Ten-eleven-pm-Friday. BIIIP !

    FOND

    Salut, vous êtes bien chez Chloé et Manuel. S'il vous plaît, laissez votre message après le timbre sonore, ou avant si vous êtes pressés, BIIIP !

    « Allô Chloé... Tu peux... Tu peux même pas concevoir comment que je suis tout tordu en dedans. Y en a qui disent qu'on peut pas remonter tant qu'on touche pas au fond. Là, le fond, j 'ai hâte de le voir en sacrament parce que je com-

    Celui qui vit par l'épée périra par le faser.

  • * 114 *

    mence à avoir le mal des profondeurs. Hier soir, je pense que je t'ai hallucinée sur la galerie. Je t'ai vue dans ta robe d'été, mais t'étais immobile, tu me souriais... et tu disais pas un mot. Je pensais que tu revenais, je me suis senti bien, pis mal, pis ému, pis coupable, pis chanceux, pis... damné. Je te regardais, je murmurais ton nom sans arrêt, je voulais pas bouger de peur que tu disparaisses. Je le savais bien que t'étais pas réelle, mais je voulais que ça dure. Je pouvais me contenter juste de ça, ton image sur ma galerie. Je crois que ma tête m'a joué un tour, peut-être juste pour que je puisse passer la nuit, parce que sincèrement, cette nuit, c'aurait été plus l'fun de m'arracher toute la peau et de me frotter avec du gros sel que de vivre ce que j 'ai vécu. Maintenant, je sais plus quoi faire, quoi... quoi être. Le gars que je suis, la job que j 'ai. Avant, je bûchais dur pour ramasser un gros tas de cash, sans trop savoir pourquoi. Maintenant, je me rends compte que je faisais ça juste pour toi, parce que je voulais t'offrir le monde. Mais apparem-ment t'en veux pas, en tout cas pas avec moi. À c't'heure, tout est tellement vain pis vide de sens... Je... Je pense que m'a aller checker sur la galerie si t'es encore là. »

    One-forty-five-pm-Saturday. BIIIP !

    PAIX

    Salut, vous êtes bien chez Chloé et Manuel. S'il vous plaît, laissez votre message après le timbre sonore, ou avant si vous êtes pressés, BIIIP !

    « Salut Chloé. C'est mon dernier message, promis. Tu peux oublier les autres avant, je les effacerais si je pouvais... Je me rappelle d'avoir caressé tes cheveux en sortant de la clinique, t'avais le regard tellement... tellement ailleurs. C'est la dernière fois que je t'ai caressée. Je voulais le garder, mais toi... J'ai jamais accepté ça. C'est comme un

    l i lU rature p"J w w w . b i s c u i t c h i n o i s . c o m

    http://www.biscuitchinois.com

  • * 115 *

    p'tit bonhomme perdu dans le temps. L'affaire, c'est que je nous voyais tellement nous trois, mais toi tu voulais pas de lui. Je l'ai quasiment haï, le petit tabarnak, mais plus main-tenant. C'est pas lui qui a toute fucké, c'est pas de l'avoir flushé qui a toute fucké, c'est que c'était déjà fucké avant. C'est que tu voulais pas de moi au départ. Ouais, Chloé, ça fait mal en criss de se rendre compte de ça, mais en même temps je me sens quasiment euphorique de l'avoir enfin catché. J'espère que Manuel c't'un bon gars. Manuel, en passant, excuse-moi pour toutes les conneries que je t'ai dites hier, j'étais tellement en tabarnak, je me rappelle pas de la moitié. J'espère que t'es un bon gars, parce que dans vie, ça a l'air qu'on a notre quota de pain noir à manger, pis je pense que Chloé en a eu une bonne batch avec moi. Chloé, t'es due pour du pain blanc... Bon, le blanc, t'aime pas ça, mais en tout cas, du meilleur pain. Je te dis pas que j't'aime, parce que ce serait cheap, mais dis-toi que je sou-haite vraiment que le bonheur te suive jusqu'à la fin. Je t'embrasse... sur les joues. C'est Kevin en passant. »

    Five-nineteen-pm-Saturday. BIIIP !

    Quand on n'a rien à dire, on cite un proverbe chinois (proverbe chinois).