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ROQUELAURE-BRAZEILLES Magalie
UPVD Perpignan
Master 2 professionnel
« Interventions Sociales »
Promotion 2009 - 2010
« La participation des bénéficiaires du
Revenu de Solidarité Active, à la conduite,
au suivi et à l’évaluation de la Politique
Départementale d’Insertion »
Unité de Sociologie
Le devoir qui va suivre a pour objectif d’appréhender la mise en œuvre de « la participation
des bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active, à la conduite, au suivi et à l’évaluation
de la Politique Départementale d’Insertion» au regard d’une analyse sociologique, afin de
dégager plusieurs grilles de lecture et d’interprétation des enjeux de cette nouvelle disposition
de la loi et de son application dans un contexte départemental, celui de l’Aude.
De nombreuses années de travail en qualité d’assistante de service social, ainsi qu’une
formation en thérapie familiale (approche systémique), m’ont permis de rencontrer de
nombreux bénéficiaires des minima sociaux (qui vont être les sujets de mon étude).
Jusqu’ici mon intervention se situait dans le cadre de l’intervention sociale en faveur d’un
usager, d’une famille, dans l’aide à la résolution d’une problématique de type individuel.
Dans le travail de mise en situation professionnelle dans le cadre du « Master 2 d’Intervention
Sociale », la commande que me propose le Conseil Général de l’Aude est quelque peu
différente. Il s’agira d’apporter mon concours à la mise en œuvre d’un des articles de la loi
généralisant le RSA, qui prévoit d’associer les bénéficiaires à participer à l’élaboration, la
mise en œuvre et l’évaluation de la Politique Départementale.
L’approche collective, ainsi que la méthode sont différentes même si l’aide et le soutien aux
bénéficiaires reste la finalité de ce travail.
I – Qu’est-ce que l’approche sociologique ?
Avant d’expliquer ma démarche dans le contexte d’une approche sociologique
contemporaine, je tenterai de définir cette discipline « la sociologie », cette « science
sociale », quels en sont les différents courants, les paradigmes et les concepts qui me
permettront d’éclairer mon étude ?
A) la Sociologie
Définition : « La sociologie est une science qui cherche à comprendre et à expliquer l'impact
du social sur les représentations (façons de penser) et comportements (façons d'agir)
humains. Ses objets de recherche sont très variés puisque les sociologues s'intéressent à la
fois au travail, à la famille, aux médias, aux rapports de genre (hommes/femmes), bref, à
l'environnement humain.
Les diverses théories sociologiques rendent compte des phénomènes sociaux humains sous
plusieurs angles. Elles mettent parfois plutôt l'accent sur l'impact de la société sur le
phénomène étudié (effet de la CSP, du sexe, etc.), s'intéressent parfois plus aux motivations
des acteurs considérés comme relativement rationnels ou encore aux interactions entre
individus. »1
Emile Durkheim, Karl Marx et Max Weber sont les pères fondateurs de la sociologie. Leurs
approches sont différentes. Les paradigmes2 d’E. Durkheim et de M. Weber sont en
opposition sur la place de l’individu dans la société.
— Le paradigme holistique de Durkheim : Pour Emile Durkheim, la société préexiste à
l’individu et les individus sont gouvernés par elle. Dans ce cadre, la société englobe
les individus et « la conscience individuelle n'est vue que comme un fragment de la
conscience collective». Selon ce point de vue, l'objet des recherches sociologiques est
le fait social, qu'il faut traiter comme une chose, sa cause devant être cherchée dans
des faits sociaux antérieurs. Le fait social, qui fait l'objet d'une institutionnalisation,
est extérieur à l’individu et exerce une contrainte sur ce dernier. Les individus sont
donc encadrés dans des institutions, elles-mêmes insérées dans des structures
homologues les unes par rapport aux autres. La sociologie est alors la science des
invariants institutionnels dans lesquels se situent les phénomènes observables.
— Le paradigme atomistique de Weber : Le point de vue de Max Weber est différent,
pour lui, chaque individu est un atome social. Les atomes agissent en fonction de
motifs, intérêts, d’émotions propres et sont liés aux autres atomes. Un système
d'interactions constantes entre les atomes produit et reproduit la société. Selon ce
point de vue, l'objet des recherches sociologiques est l'action sociale. L’accent est
porté sur la cause des actions sociales et le sens donné par les individus à leurs
actions. On ne cherche plus des arrangements d’institutions mais un horizon de
significations qui servent de références. L’institution est là mais elle sert les motifs et
les intérêts des agents et les enserre : c'est la « cage de fer » de la bureaucratie.3
D'autres paradigmes fonctionnent dans la sociologie. On peut citer l'idée que toute société doit
organiser les conflits que fabriquent nécessairement les inégalités fondées sur des différences.
Plus près de nous, Pierre Bourdieu a développé ses analyses grâce aux concepts d'« habitus »,
de « reproduction ». L'émergence récente d'une analyse sociologique fondée sur les réseaux
sociaux suggère des pistes de recherche dépassant l'opposition entre approche holistique et
approche atomistique.
Dans le travail qui consiste à aider un groupe de bénéficiaires à s’organiser, il me semble que
l’approche qui s’intéresse aux réseaux sociaux est de nature à nous apporter des éléments de
compréhension utile à la mise en œuvre de ce projet.
— « La sociologie pragmatique récuse l'idée d'un individu rationnel uniforme,
calculateur et utilitariste, préférant recourir à des notions comme celle d'"actants", de
"personnes" d'"êtres",…. qui peuvent être tout autant des personnes singulières que
des objets, des entités morales et juridiques. Elle cherche à échapper à «l'opposition
rituelle du collectif et de l'individuel», a aussi pour ambition de déplacer les
1 : Source : Wikipédia
2 : Un paradigme est plutôt le détail d'une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle
cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie (matrice disciplinaire, modèle théorique ou courant
de pensées « Se rapportant à une conception théorique dominante ayant cours à une certaine époque dans une
communauté scientifique donnée, qui fonde les types d'explication envisageables, et les types de faits à découvrir
dans une science donnée. » (Source : Trésor de la langue française) 3 : Source : wikipédia
catégories sociologiques usuelles - classe sociale, statut, rôle, culture, société,
pouvoir, etc. -,en se détachant, des sociologies classiques, elle nous "invite à
confectionner des outils d'analyse prenant en compte une pluralité de modes
d'engagement des êtres, humains et non humains, dans le monde. Elle refuse de se
situer dans une logique exclusive de rupture avec le sens commun, mais dans un
double mouvement de continuité et de discontinuité avec lui. Il s'ensuit un
renversement de perspective par rapport à la posture épistémologique d'un Pierre
Bourdieu - on passe de la sociologie critique à la sociologie de la critique, selon Luc
Boltanski (1990). Du reste il n'y a pas une mais "plusieurs pragmatiques": la
pragmatique philosophique, la pragmatique linguistique, la pragmatique
sociolinguistique, etc.; » La sociologie pragmatique a considérablement modifié les
manières de lier logiques d'enquêtes, productions de modèles et styles de restitution
des travaux. 4
Pour Danilo MARTUCELLI5 (sociologue contemporain), aujourd’hui, « l’individu se
retrouve projeté sur le devant de la scène sociologique… dans les travaux actuels, le regard
se porte de plus en plus sur l’individu lui-même… à l’exclusivité d’une vision descendante
(de la société à l’individu) s’ajoute, plus que ne s’oppose, une vision ascendante (de
l’individu vers la société). Reconnaissons, au vu de ce qu’a été l’histoire de la sociologie,
l’importance de ce mouvement intellectuel ». Dans l’histoire des sciences sociales, l’individu
a été étudié dans plusieurs disciplines (dont la psycho-sociologie). Danilo MARTUCELLI
nous propose une sociologie de l’individu à partir de trois concepts : la socialisation, la
subjectivation et l’individuation.
Dans le travail que je vais devoir effectuer, il me semble pertinent d’appréhender la
participation des bénéficiaires du RSA en tenant compte des ces différentes dimensions de
l’individu, afin de mieux cerner l’ « acteurisation », à savoir son implication dans son
environnement et l’engagement qui lui permet de se situer et de modifier le système dans
lequel il vit.
d’une part parce que, effectivement, la population « bénéficiaires RSA » est très
hétérogène : bénéficier d’un minimum social n’informe en rien sur un profil type,
d’ailleurs les notions de précarité et d’exclusion (que nous allons utiliser) regroupent
de nombreuses réalités,
d’autre part, les bénéficiaires des minima sociaux sont pour la plupart éloigné de la
scène publique et peu enclin à exprimer leurs attentes ou remarques,
enfin, l’engagement des acteurs dans une forme de participation ne peut se résumer,
évidemment, en un simple calcul rationnel et utilitariste, mais doit tenir compte de la
complexité des différents aspects de cet engagement.
B) l’Intervention Sociale d’Expertise
Le sociologue n’est pas un consultant ou un expert qui élabore une proposition qu’il applique,
mais par son travail il peut apporter des connaissances qui vont permettre à l’expert ou au
consultant d’agir.
4 : Source : site Shvoong
5 : Danilo MARTUCELLI, « Les trois voies de l’individu sociologique », EspacesTemps.net, Textuel,
08.06.2005
Le sociologue doit traiter des informations afin de faire émerger les dominations, les conflits,
et, d’avoir une vision synthétique de son terrain d’étude. Il doit adopter une posture de
neutralité et de tiers. Il doit produire de la connaissance sur les rapports sociaux qui se
déploient dans la réalité. Il s’appliquera à faire apparaître la place des acteurs sociaux en
présence dans la pyramide sociale, de mettre en évidence les interactions entre ces même
acteurs, et, de pointer les oppositions qui font la réalité du terrain de son étude et qui
témoignent de la confrontation des modèles.
« L’Intervention Sociale d’Expertise porte un regard différent sur les usagers, les systèmes
d’interventions ou plus globalement les politiques sociales globales. L’Intervention Sociale
d’Expertise met en œuvre (une réflexion, une analyse), une action au croisement de processus
relevant de la participation des « usagers » de la détermination sociopolitique et de la
technique ou élaboration des systèmes d’intervention sociale et éducative. La préoccupation
éthique se trouvant à l’intersection des processus cités6. »
II- Quels sont les concepts que je vais utiliser pour construire mon
étude
A) Présentation de la commande du service « Lutte contre
l’exclusion »
« Le législateur a prévu dans la loi généralisant le R.S.A
7., la participation de représentants
des bénéficiaires dans les Equipes Pluridisciplinaires Départementales (chargées de donner
un avis sur les décisions relatives à la suspension ou la réduction de l’allocation, ainsi que
les décisions de changements de référents).
Le Conseil Général de l’Aude souhaite inscrire la participation des usagers dans le cadre
définit par la Charte de l’Action Sociale Départementale qui souhaite promouvoir
l’expression et la participation des usagers de l’Action Sociale Départementale.
Concrètement, cette participation s’organisera dans le cadre de groupes ressources
constitués sur le territoire des Equipes Locales d’Insertion.
Ces groupes auront pour objectif de recueillir directement auprès des usagers les remarques
et propositions tant sur leurs attentes et leurs besoins que sur l’efficacité et la pertinence des
outils mis en place pour y répondre. »8
Quels sont les enjeux de la participation des bénéficiaires du RSA ?
Depuis 2003, le conseil général a pour mission le financement et la mise en œuvre du RMI.
Depuis, il apparaît que l’évaluation des résultats, en termes de sortie positive des
bénéficiaires, est difficile à établir.
Le conseil général définit ses attentes concernant la participation des bénéficiaires du RSA de
la façon suivante : « La participation des bénéficiaires doit avoir pour effet :
- De modifier les représentations et catégorisations (présenté comme un outil
d’insertion sociale intéressant),
6 : BARBANT J. Christophe, « Postures et compétences de l’Intervention Sociale d’Expertise », Changer le
social, coll. Etudes, 2008 7 : Loi du 1
er juin 2009 généralisant le RSA prévoyant la participation des bénéficiaires
(Annexe n° 1) 8 : Note de service de la Directrice Départementale de la Solidarité – Conseil Général de l’Aude (22.10.09)
- D’améliorer la compréhension des besoins, (adapter les outils aux attentes des
usagers),
- D’accroître l'efficacité du dispositif, dans la limite des compétences de chacun, (dans
un souci de transparence). »
L’évaluation de la participation des bénéficiaires aux groupes ressources et à l’Equipe
Pluridisciplinaire Départementale (à laquelle je vais devoir apporter mon concours) devra
permettre :
- de mesurer l’effectivité de la participation aux GR et à l’EPD,
- d’en analyser la plus-value telle que ressentie par les représentants des bénéficiaires
(qu’attendaient-ils du GR et de l’EPD? Ont-ils eu une réponse satisfaisante à leurs
attentes ? Que leur a apporté cette participation?)
- d’en analyser la plus value pour les partenaires institutionnels (autres membres de
l’équipe pluridisciplinaire, référents…)
- de mesurer les impacts sur le dispositif RSA (nombre d’actions modifiées suite à une
proposition des groupes ressources) 9
.
Depuis Décembre 2009, un groupe ressource est mis en place à titre expérimental sur un
territoire, à partir d’un échantillon de 12 bénéficiaires RSA afin :
1. De tester les modalités de repérage des participants (le conseil général a organisé le
choix des participants parmi des bénéficiaires du RSA socle listés par les référents
sociaux à partir de critères tels que : volontariat, sous contrat d’engagement, en
démarche d’insertion socioprofessionnelle, mobile)
2. De modéliser un fonctionnement qui réponde aux attentes des bénéficiaires dans un
cadre déontologique défini par la charte de l’action sociale départementale
(Annexe n°2)
3. De travailler sur l’organisation et l’animation des GR
4. De modéliser la sélection des représentants qui siègeront à l’E.P.D.
5. De travailler sur les circuits pour faire remonter la parole de ces groupes
Mon travail se situe dans le domaine de « l’aide à la mise en œuvre d’un projet », pour lequel
il est important :
de repérer les acteurs en présence,
de connaître leurs représentations ainsi que leurs attentes quand à l’implication des
bénéficiaires dans un dispositif qui les concernent directement,
d’aider les acteurs (bénéficiaires mais aussi élus, directeurs et travailleurs sociaux) à
s’approprier le sens de la démarche, mais aussi à envisager leur propre participation,
et de construire avec eux des outils permettant de mesurer le « travail » effectué, ainsi
que la restitution qui peut en être faite.
B) Définition des concepts que je vais utiliser : comment le conseil
général va organiser la mise en œuvre des groupes ressources et la participation
des bénéficiaires aux Equipes Pluridisciplinaires Départementales.
Les concepts10
constituent un des outils qui permettent de décrire/interpréter le réel avec
assez de rigueur pour élaborer une connaissance qui tend vers la scientificité.
9 : Extrait : compte-rendu émanent du service « Lutte contre l’Exclusion » conseil général de l’Aude
10 : On nomme concept une idée ou représentation de l'esprit. Il abrège et résume une multiplicité d'objets
empiriques ou mentaux par abstraction et par généralisation de traits communs identifiables « relatif à une
L’objectif de l’analyse des concepts, étant de dégager des outils qui nous permettront de
favoriser l’implication des bénéficiaires, d’optimiser à la fois leurs rôles et leur légitimité, et
faire apparaître des indicateurs qui permettront de mesurer la plus-value que peut apporter
cette nouvelle disposition législative.
Mon travail de recherche va s’appuyer sur des travaux en sociologie ainsi qu’en
psychosociologie, deux disciplines qui se sont intéressées à l‘individu (comment il se
construit mais aussi sa place, son rôle dans la société et dans les groupes…)
Il s’agira de cerner, de quelle population parle t-on ? Peut-on dégager un profil type des
bénéficiaires du RSA ? Peut-on parler d’exclusion sans risquer de stigmatiser et réduire les
difficultés et potentialités de ce public ? Comment les individus peuvent s’intégrer dans un
groupe, et devenir acteurs de changement ?
Lorsque l’on parle de leur participation, de quoi parle t-on ? Comment cette participation
peut-elle s’organiser de manière à impliquer les bénéficiaires ? Qu’est-ce qui légitime la
représentativité ?
Quels sont les objectifs recherchés ? Quels sont les indicateurs que l’on va mettre en évidence
pour organiser l’évaluation du processus de participation des bénéficiaires ?
1. modifier les représentations et catégorisations
a) faire un travail sur les représentations :
Définition : « Le concept de représentation sociale, l'une des notions fondatrices de la
psychologie sociale, mais aussi de la sociologie, désigne une forme de connaissance sociale,
la pensée du sens commun, socialement élaborée et partagée par les membres d'un même
ensemble social ou culturel. C'est une manière de penser, de s'approprier, d'interpréter notre
réalité quotidienne et notre rapport au monde11
. »
L’objectif de ce travail consiste non pas à créer une culture commune entre les acteurs mais à
repérer les différents enjeux en présence : il s’agira d’apporter un éclairage permettant de
mettre en place un espace propice à leur engagement. Comment chacun de sa place va
pouvoir, à travers la connaissance fine des représentations et attentes des autres acteurs
positionner sa propre place, son rôle ?
Comment chacun de sa place, va pouvoir amener de sa compétence (technique ou d’usage)
dans la construction d’un espace commun, de libre échange, de confrontation et de
négociation pour créer un éclairage à la décision qui tienne compte de l’avis de chacun ?
b) l’exclusion sociale:
La notion d’«exclusion sociale » reste difficile à définir :
représentation mentale abstraite et générale, objective, stable, munie d'un support verbal. » (Source : Trésor de
la langue française) 11
: Source wikipédia
Selon Alain FORGEOT (1993), elle trouve son origine dans l’ouvrage de René Lenoir : "Les
exclus", paru en 1974. Celui-ci met l’accent sur la notion de pauvreté
« multidimensionnelle ». 12
L’exclusion peut résulter d'un refus d’intégration économique (revenu, consommation) et/ou
sociale (emploi, vie en collectivité), par un individu ou un groupe. Il s'agit le plus souvent
d'un processus subi. Le résultat, dans tous les cas, est la rupture du lien social.13
L’hétérogénéité des bénéficiaires du RSA inscrit dans le processus de participation, est un
indicateur à considérer quant à la constitution de ses groupes, mais également dans la gestion
que devra en faire l’animateur. Cela peut représenter une difficulté dont il faudra tenir
compte.
La mise en œuvre des groupes ressources risque de faire apparaître chez les participants des
différences de niveaux de socialisation , subjectivation (cette population est très hétérogène et
le groupe ne se constitue pas à priori sur un objectif commun) et individuation (l’exclusion
provoque des situations défensives ou de repli), qui vont nécessiter un temps d’adaptation et
les compétences de l’animateur pour faire naître un projet commun, de la mobilisation et une
forme de cohésion et de collaboration dans le groupe.
Il pourrait être intéressant de créer un outil permettant de repérer l’implication des
participants, les difficultés qu’ils pourraient avoir à prendre la parole, les compétences qu’ils
sont en mesure d’activer ou d’acquérir, afin d’aider l’animateur à favoriser les échanges ainsi
que la restitution des travaux des groupes.
2. l’implication des acteurs
Les premières réunions du groupe ressource expérimental nous donne un certain nombre
d’indication sur la manière dont se décline l’implication des bénéficiaires :
Répartition inégalitaire de la parole, vocabulaire différent selon les personnes, attentes
divergentes quant à la représentation dans le groupe mais aussi dans les instances, autant de
critères qui interrogent sur les modalités de mise en œuvre de ses groupes, et attentes de
chacun des protagonistes.
b) repartir de l’individu pour aider à l’animation des groupes
ressources
Danilo MARTUCELLI14
, nous propose d’appréhender l’individu à travers « trois grandes
stratégies intellectuelles » :
12
: « A partir de 1975, les représentations mentales changent, l’existence des pauvres est reconnue et découverte
sous l’appellation de « nouveaux pauvres ». Les concepts de « pauvreté multidimensionnelle » et d’« exclusion
sociale » apparaissent. Le concept de pauvreté se définit principalement par la faiblesse des ressources
économiques et, plus largement, par les déficiences dans plusieurs domaines de sociabilité (revenu, emploi,
éducation, logement, etc.) très souvent liés. Nombre de chômeurs se sentent exclus socialement, puisqu'avec la
perte de leur travail, ils perdent tout lien et reconnaissance de leur groupe d’appartenance. Rapport : BOUGET
Denis, NOGUES Henry, CENTRE D'ECONOMIE DES BESOINS SOCIAUX, 1993/03 (France) 13
: Sources : travail social (www.Educspé.com) 14
: Danilo MARTUCELLI, « Les trois voies de l’individu sociologique », EspacesTemps.net, Textuel,
08.06.2005
La socialisation :
« Désigne (…) le processus par lequel les individus, en acquérant les compétences
nécessaires, s’intègrent à une société, et la manière dont une société se dote d’un type
d’individu. Toutes les théories de la socialisation rendent compte de la tension entre les
aspects naturels, les compétences innées, et les dimensions culturelles d’un acteur
socialement constitué. Les individus se construisent, sinon toujours en reflet, au moins en
étroite relation avec les structures sociales : valeurs d’une culture, normes de conduite,
institutions, clivages sociaux, classes, styles familiaux. (…) Le processus de socialisation a été décrit par la psychologie. La sociologie s’intéresse elle à
« la fonction théorique que le processus de socialisation joue dans l’interprétation de la vie
sociale ». L’homme moderne ne peut plus se construire sur l’identification à un modèle.
Confronté à une multitude de situations complexes, il va devoir « acquérir des compétences
diverses pour faire face aux différentes actions qu’il aura à accomplir. Dans ces conditions
on comprend aisément les difficultés d’adaptation qui peuvent apparaître pour des individus
fragilisés.
Berger et Luckmann, (1966-1986) introduisent la distinction entre la socialisation primaire
(celle de la prime enfance) et la série des socialisations secondaires auxquelles chaque
individu est soumis tout au long de sa vie. La socialisation cesse d’être un processus unique
et fini, et devient une réalité ouverte et multiple. »
Les bénéficiaires du RSA témoignent des difficultés qu’ils rencontrent : isolement,
discriminations, désocialisation progressive. La perte d’emploi peut être un facteur
d’isolement et de désocialisation. Dans le travail qui nous occupe, il paraît essentiel de
quantifier non seulement les effets de la participation en termes de modifications des
dispositifs d’aide, mais aussi la plus-value en termes de socialisation, de cohésion entre les
participants aux groupes-ressources.
La subjectivation :
S’intéresse à l’émancipation de l’individu, sa capacité à dire « je » en tant que sujet
individuel, mais aussi sujet collectif. Avec les principes Marxistes l’émancipation ne peut se
produire que grâce au sujet collectif. Avec Foucault, le sujet collectif ne peut être qu’assujetti,
il introduit l’idée d’un sujet individuel, maître de sa conduite en dehors des règles imposées.
La sociologie contemporaine étudie la relation émancipation/assujettissement, « (…) il est tout
simplement faux de penser que les individus puissent créer, librement et de manière
autonome, leur « existence ». La subjectivation se définit toujours, que ce soit de manière
directe ou indirecte, en relation à une action collective et elle est dès lors inséparable d’un
conflit social et de rapports de pouvoir (…) À propos de la subjectivation, le rapport à soi est
toujours étudié comme le résultat d’une opposition entre les logiques du pouvoir et leur
contestation sociale. »
On pourrait alors, en s’appuyant sur l’analyse des mouvements sociaux, envisager que la
participation des usagers puisse leur permettre d’acquérir suffisamment de « compétences »
au sein du groupe pour ensuite les utiliser dans le cadre de leur insertion sociale et
professionnelle. L’intérêt de mon travail serait alors de lister, pour pouvoir les repérer, le type
de « compétences » que ces groupes pourraient développer chez les participants : « il s’agit
toujours de cerner les nouvelles formes de fabrication personnelles de soi induites par le
processus de subjectivation collective ».
Le rôle des animateurs devient ici crucial car il va permettre de réguler les relations, répartir la
parole, relancer la discussion, permettre de valoriser les travaux du groupe, et mesurer la plus-
value collective mais aussi la révélation de chaque « acteurs ».
L’individuation :
Va interroger « sur le type d’individu que fabrique structurellement une société. » Il s’agira de
réinterpréter l’histoire personnelle au regard de la complexité du contexte. Comment se
contexte sociétal fabrique l’individu.
C’est Simmel qui dessine l’homme moderne devant s’adapter à la complexité des situations
qui le traversent, contrairement à Dumont qui le présente comme existant par lui-même.
Depuis une vingtaine d’années, Beck, Gibbens, Dubet ou Bauman, étudient les
« conséquences ambivalentes de l’injonction faite à l’individu de développer et assumer sa
propre trajectoire biographique. »
Avec cette notion d’individuation, on est au cœur de la place de l’individu dans la société et
de l’impact de cette place sur la trajectoire de cet individu.
On pourra dans la construction d’un outil d’analyse des relations et comportements des
groupes, chercher des indicateurs pour analyser finement la place à laquelle chaque
bénéficiaire se situe, et analyser si cette place se modifie avec le temps.
Le groupe peut amener les participants à pouvoir prendre de la distance par rapport à leur
propre parcours. Cette distance peut leur permettre de repérer les aspects sur lesquels ils
peuvent agir, et les paramètres qu’ils ne maîtriseront pas, processus indispensable à la prise de
décision.
c) la participation :
L’implication de plus en plus sollicitée dans le domaine de l’intervention sociale :
Selon O’Reilly et Chatman (1986), l’implication ne peut être définie que dans le sens d’une
symbiose entre les valeurs d’une organisation et celles de ses membres. C’est « l’attachement
psychologique ressenti par la personne pour l’organisation », qui s’effectue parce que cet
individu internalise ou adopte les valeurs, buts et normes de l’organisation. Mowday a plus
récemment ajouté (1998) que l’implication pouvait être vue comme « une force générale
conduisant l’individu à s’identifier et à s’engager envers l’organisation dans laquelle il
travaille ». Mathieu et Zajac (1990) introduisent deux formes d'implication organisationnelle
: L’implication attitudinale, qui caractérise l’implication organisationnelle dans le
comportement et les attitudes de l’individu, par une forte croyance dans les buts et les valeurs
de l’organisation, une volonté d’exercer des efforts significatifs au profit de celle-ci et un fort
désir d’en rester membre.
La seconde forme est l'implication calculée, établie par les travaux de Becker (1960), définie
par Hrebiniak et Alutto (1972) comme "a structural phenomenon which occurs as a result of
individual organizational transactions and alterations in side-bets or investments over time".
Cette dernière serait ainsi liée à la façon dont les salariés perçoivent l'encouragement de
l'organisation pour leurs contributions, et les avantages ou investissements liés au système
qui les emploie.
D'autres formes d'implication organisationnelles ont ensuite été étudiées, l'implication
normative (Wiener, 1982), et l'identification organisationnelle (Hall, Schneider et Nygren,
1970). Allen et Meyer ont définis les attributs de l’implication organisationnelle, et proposent
de distinguer 3 dimensions de l’implication :
- l’implication affective se réfère à l’attachement émotionnel, à l’identification, à
l’engagement envers l’organisation (les individus restent dans l’organisation par
désir profond, par volition). L’individu exprime une orientation active et positive
envers l’organisation (Porter, Steers et Mowday, 1994)
- l’implication calculée fait référence à une connaissance qu’à l’individu des coûts
associés à son départ de l’organisation : à partir d’un choix raisonné, les individus
jugeant plus opportun de rester fidèles au réseau que de le quitter, opération
désavantageuse, compte tenu des investissements matériels et immatériels engagés.
- L’implication normative se réfère au sentiment d’obligation de rester travailler dans
l’organisation par devoir moral, loyauté ou pour achever un projet dans lequel la
personne est engagée (devoir de rester dans le réseau compte tenu de ce que le réseau
leur a apporté). Pour Wiener (1982), c'est l'acceptation des valeurs et attentes de
l'organisation comme guide de la conduite individuelle Meyer et Allen (1997)
dénoncent également le danger de considérer que seule l'implication affective peut
conduire à des comportements désirés par l'organisation.
Face à ces multiples approches de la notion d’implication, ce travail de réflexion a pour but
de questionner les résultantes de cette demande d’implication ainsi que les modalités
d’actions qu’elle génère dans le champ de l’intervention sociale, c’est à dire de comprendre
les enjeux que recouvre la demande d’implication des acteurs au sein des réseaux
d’intervention sociale, en définissant le réseau comme une forme d’organisation. Dans le champ de l’intervention sociale, il existe plusieurs formes de réseaux, cela en
fonction de l’action menée ou en référence au dispositif régissant la mise en réseau.
Il s’agit ainsi des réseaux concernant les politiques publiques (Vincent LEMIEUX 1999), qui
sont des réseaux qui visent la transmission des ressources, tout en se préoccupant de la mise
en ordre de la variété dans l’environnement.
La sociologie des réseaux sociaux (Degenne et Forsé 1994) est caractérisée comme suit
dans l’ouvrage de Pierre Mercklé : « Il s’agit fondamentalement d’un ensemble de méthodes,
de concepts, de théories, de modèles et d’enquêtes, mis en œuvre en sociologie comme dans
d’autres disciplines des sciences sociales (anthropologie, psychologie sociale, économie ...)
qui consistent à prendre pour objets d’étude non pas les attributs des individus (âge,
profession etc...) (- ou attributs des groupes- YL) mais les relations entre les individus (ou les
groupes) et les régularités qu’elles présentent pour les décrire, rendre compte de leurs
formations et de leurs transformations.
Il s’agit donc de « restituer aux comportements individuels la complexité des systèmes de
relations sociales dans lesquels ils prennent sens et auxquels ils donnent sens ».
Avec l’accent mis sur les interactions (interactionnisme symbolique, Becker, Goffman,
Strauss). On peut considérer prioritairement les interrelations, comme un sous-ensemble de
l’approche interactionniste.
Le concept de « compliance » sur lequel Etzioni (1961) se base pour définir le concept
d’implication, est le fait pour l’individu, de se conformer aux exigences de l’organisation,
celle-ci pouvant être formalisées sous la forme de directives. Il décrit une « relation à travers
laquelle un acteur se comporte en accord avec les directives appuyées par un autre acteur »
Il introduit ainsi la question de conformité et de réciprocité dans les relations d’action.
L’implication désigne alors l’engagement par sensibilisation à la responsabilité de quelqu’un
ou d’un groupe dans une action déterminée.
Arrêtons-nous un instant sur la terminologie utilisée : dans « L’analyse des concepts 15
», les
auteurs définissent les termes pluridisciplinarité et interdisciplinarité afin d’éclairer le lecteur
sur les formes de collaborations possibles entre différentes disciplines : nous considèrerons
« l’expertise d’usage » comme une discipline.
La pluridisciplinarité est « l’association de disciplines(…) sans qu’aucune n’aie cependant
jamais à modifier sensiblement ses propres conceptions et ses propres méthodes, ses propres
modes de contribution théoriques. La pluridisciplinarité se restreint ainsi à juxtaposer des
15
: Sous la dir. de Philippe ROBERT-DELMONTROND, L’analyse des concepts, éd. Apogée, 2004
points de vue et des contributions relevant de disciplines distinctes (…), en substituant
provisoirement au champ disciplinaire un inter-champ communicationnel qui a l’avantage de
donner à plusieurs disciplines la possibilité d’occuper, …, une position dominante.
L’interdisciplinarité doit se comprendre comme l’utilisation, l’association et la coordination
des disciplines appropriées, dans une approche intégrée des problèmes. Le terme évoque un
espace commun, un facteur de cohésion entre les différents savoirs. Chacun accepte de faire
un effort hors de son domaine propre et de son propre langage technique, pour s’aventurer
dans un domaine dont il n’est pas le propriétaire exclusif. »
Ces deux définitions nous paraissent de nature à éclairer l’évaluation de la participation des
bénéficiaires aux instances départementales de décisions.
La participation peut se définir comme « un ensemble d’actions organisées et finalisées dans
le but d’associer les personnes les plus directement concernées à la conception ou à la
réalisation d’un projet complexe16
. »
Avec la perte de la notion de citoyen, les individus qui ne se reconnaissent plus comme faisant
partie de la société sont tentés de se désintéresser des affaires publiques. La crise que
rencontre actuellement le monde politique avec l’augmentation du taux d’abstention aux
suffrages appelle à la participation citoyenne.
Alain TOURAINE écrit dans « Un nouveau paradigme : Pour comprendre le monde
aujourd’hui »17
: « Ne pensons-nous pas que la modernité écarte les trônes et les autels pour
laisser la société se gérer elle-même, considérant son intégration comme un besoin central
qui doit servir de critère d’évaluation des conduites ? Nous sommes fier de nous regarder
comme des citoyens membres d’une nation, et dépositaires de la souveraineté, et donc du
pouvoir de faire et de changer la loi, et tout aussi fiers d’être des travailleurs dont l’activité
est utile à la collectivité, à la société qui le reconnaît par diverse sortes de rétributions, en
particulier monétaires. »
La démocratie participative est utilisée dans le discours politique afin de replacer l’individu,
le citoyen en position de participer aux décisions qui le concernent. Elle est utilisée dans les
quartiers, les régies de quartier, pour développer des initiatives de la politique de la ville, en
faveur du logement, mais aussi dans les pays en voie de développement, dans l’objectif
d’associer les habitants aux actions de développement ou d’aménagement de leur cadre de
vie.
Dans l’expérience qui nous occupe, il s’agira d’associer les usagers à l’élaboration de la
politique départementale.
Mais dans quelle proportion les représentants d’usagers vont pouvoir être en mesure
d’exprimer leurs besoins, ressentis et suggestions ? Il s’agira de repérer les instances dans
lesquelles la politique d’insertion est votée afin de vérifier si la parole des bénéficiaires y est
représentée.
La notion de pouvoir18
:
16
: Zaïr KEDADOUCHE, « Participation des habitants dans les opérations de renouvellement urbain », rapport
à Jean-Louis Borloo, DIV, avril 2003, page 15 17
: Alain TOURAINE, Un nouveau paradigme : Pour comprendre le monde aujourd’hui, éd. Fayard, 2005 18
: Marc MONTOUSSE-Gilles RENOUARD, Cent fiches pour comprendre la sociologie, éd. Bréal, 2009
« dans le domaine économique, les relations basées sur un échange devraient être
équilibrées, mais le fait de posséder un capital ou un revenu élevé permet à un
individu ou un groupe d’imposer sa volonté à un individu dépourvu de ressources,
dans le domaine culturel, le langage, diplôme, création d’œuvre culturelle offrent
à certains une position sociale supérieure,
dans le domaine politique, l’inégalité se mesure dans les capacités à mobiliser ses
relations pour parvenir à ses fins. Certains pouvoirs sont légiférés, d’autres tacites
(les normes socioculturelles) pour lesquelles les individus adoptent
automatiquement un comportement en fonction qui est jugé normal. »
La notion de temporalité : la mise en œuvre d’un projet de participation ne peut s’établir que
sur une longue durée. Les rythmes sociaux et les rythmes administratifs et politiques ne sont
pas synchrones. Ainsi il y a des temps courts de la réponse à l’urgence et les temps longs
d’une maturation des projets, d’une consolidation des organisations, de la transformation
progressive. Il faut respecter une certaine lenteur inhérente à l’écoute, au dialogue, à la
reformulation, à l’appropriation et à l’interpellation.
3. la représentativité Dans un article de la revue «dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté
mondiale » Philippe Brachet propose un modèle de « la participation des usagers dans les
services publics »19
:
Pour lui, « L’amélioration de la qualité des services publics, la connaissance des
dysfonctionnements et leurs corrections supposent la concertation entre services et usagers.
Dans la concertation, l’usager est considéré comme un interlocuteur, les décisions prises
tiennent compte des points de vue qu’il exprime. »
A La Courneuve20
, une expérience de participation citoyenne témoigne de la participation des
« habitants-relais » du quartier de la Tour : « un groupe d’habitants est devenu le lien
privilégié entre les habitants et la municipalité : ils informent les habitants de l’évolution du
projet et font remonter les remarques des habitants aux services municipaux »
Ces expériences nous éclairent la nécessité de créer un mouvement de « va et vient » entre les
bénéficiaires et le conseil général. Le rôle des bénéficiaires-élus pourrait être :
d’une part, de récolter les besoins, remarques et attentes des autres bénéficiaires
(expertise d’usage), de les représenter dans les instances de décisions (EPD et autres),
d’autre part, d’informer ces mêmes bénéficiaires des dispositions prises par le conseil
général suite à leurs remarques.
Dans l’analyse des premières réunions avec les bénéficiaires, la question de la
représentativité revient à plusieurs reprises, dans leur discours.
Les questions tournent autour de leur légitimité à représenter des personnes sans connaître
leurs préoccupations, c’est pourquoi nous devons nous interroger sur le moyen par lequel une
majorité de bénéficiaires vont devoir être consultés, afin de prendre en considération leurs
préoccupations, leurs attentes et leurs difficultés inhérentes à l’utilisation du dispositif
départemental d’insertion.
19
: Philippe BRACHET, « la participation des usagers dans les services publics », revue : dialogues,
propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale, 2005 20
: Cécile FLEUREAU, « La Courneuve : multiplier les occasions de s’impliquer », revue : dialogues,
propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale, 2002
Pour que la consultation des bénéficiaires autour de cette nouvelle disposition soit efficace et
qu’elle permette d’optimiser l’implication de cette population, il parait indispensable de
travailler sur un moyen de restitution de la collecte des remarques et suggestions, tant en
direction des décideurs du conseil général que de l’ensemble des bénéficiaires.
Comment le conseil général va-t-il pouvoir, à la foi être un des protagonistes de cette
concertation et permettre que ces groupes-ressources puissent faire remonter leurs besoins et
revendications ? Il s’agira dans la mise en œuvre de la participation des bénéficiaires de
travailler sur :
d’une part, l’aide que peut apporter le conseil général : à savoir connaissance,
technicité et logistique, mais également animation, et,
d’autre part l’autonomisation de ses groupes afin qu’ils puissent effectivement être
force de propositions.
Il nous paraît indispensable de consulter les BRSA y compris pour la mise en place des outils
de recueil de données et d’analyse, afin de favoriser leur appropriation mais aussi
d’augmenter la pertinence des questions posées.
Conclusion :
L’ensemble des concepts, leur analyse ainsi que les notions qu’ils ont fait apparaître sont un
matériau précieux afin d’organiser l’ensemble des indicateurs qui me serviront à construire un
outil d’évaluation de la participation des bénéficiaires du RSA à la conduite, au suivi et à
l’évaluation de la Politique Départementale d’Insertion.
Mon travail va s’organiser autour de trois objectifs opérationnels :
1. Faire remonter la parole des Bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active :
Créer un outil de recueil la parole des bénéficiaires RSA socle21
afin :
d’éclairer les groupes ressources sur leurs attentes et remarques (augmenter la
légitimité et l’efficacité)
ainsi que leur degré de connaissance du dispositif au moment de la signature du 1er
Contrat d’Engagement : accès au RSA et aux droits connexes, désignation du référent,
accompagnement à l’insertion, l’offre d’insertion du Programme Départemental
d’Insertion et du PTI (rendre le dispositif plus lisible)
2. Faire redescendre de l’information en direction des BRSA :
Avec l’aide du GR expérimental, envisager une information des BRSA :
qui présente la démarche des participants (leurs motivations, l’expérience de leur
engagement dans les GR et l’EPD)
21
: La population qui bénéficiera de cette action-recherche devra obligatoirement percevoir du RSA socle et être
accompagné par un référent social ou socio professionnel. Sont exclus de ce travail les bénéficiaires
accompagnés par pôle-emploi, non disponibles pour participer à cette démarche.
ainsi que des informations qu’ils jugeront utile de communiquer aux nouveaux
entrants dans le dispositif (infos pratiques, droits et devoirs…).
cette information pourra servir d’invitation à fréquenter les groupes ressources.
3. Evaluer la plus-value de la mise en œuvre de la participation des BRSA :
En croisant :
les attentes de l’ensemble des protagonistes (bénéficiaires, partenaires de l’EPD et
commanditaires),
l’analyse de la mise en œuvre du GR à titre expérimental,
ainsi que les circuits de prise en compte des remarques et suggestions des BRSA…
Élaborer un outil qui permettra l’évaluation :
des modifications qui auront pu se faire grâce à leur engagement,
la plus-value pour les bénéficiaires (socialisation, cohésion du groupe, acquisitions de
nouvelles compétences, valorisation des travaux …) et pour le dispositif
ainsi que la généralisation et la pérennisation de la participation des BRSA sur tout le
département.