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LE DISPATCHING EN MINE A CIEL OUVERT A l’usage des chefs de chantiers en mine à ciel ouvert Conception : Ir. Théodore KAYEMBE KABWE 1

Le Dispatching en Mine a Ciel Ouvert

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Le dispatching des engins miniers suivant l'expérience d'une grande société minière en République Démocratique du Congo.

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LE DISPATCHING EN MINE A CIEL OUVERT

A l’usage des chefs de chantiers en mine à ciel ouvert

Conception : Ir. Théodore KAYEMBE KABWE

Copyright and printed by Joseph MBUYA UMPUNGU nov. 2008

LE DISPATCHING

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I. LES OBJECTIFS DU COURS

Le suivi du travail des engins miniers dans les différents chantiers incombe au « dispatch ». Par suivi du travail des engins miniers il faut comprendre :

La connaissance du travail en train d’être accompli par l’engin ; La mesure du travail accompli par l’engin et sa comparaison aux

normes établies ; La communication de ces informations aux personnes en charge

des travaux accomplis par l’engin.

Le dispatch apparaît donc comme l’organe de gestion des informations relatives à la production minière. Ces informations concernent essentiellement :

Le comportement mécanique des engins miniers ; L’utilisation des engins miniers disponibles ; Les performances des engins primaires de production ; La production réalisée ; Toutes autres informations pouvant contribuer à l’amélioration de

la production.

Ce cours établit un canevas de gestion des informations relatives à la production minière suivant les réalités du Siège de KAMBOVE-KAKANDA.Ainsi à la fin du cours, le chef de chantier devra être capable de gérer un dispatch suivant le canevas établi en vue du suivi et de l’amélioration de la production minière.

Les objectifs spécifiques du cours sont :1) Le calcule des indicateurs de gestion des engins miniers ;2) La comparaison de ces indicateurs aux normes établies par la

société ;3) L’établissement d’un canevas de circulation des informations en

vue du suivi et de l’amélioration de la production minière ;4) La fixation de la périodicité de récolte des informations ;5) La définition des « savoir-faire »

II. LA RAISON D’ETRE DU DISPATCH

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1. Qu’est-ce que le dispatch   ?

D’après le dictionnaire LAROUSSE, un « dispatch » ou plus précisément un « dispatching » est un centre de commande assurant la régularisation du trafic des trains, des avions, la répartition de l’énergie électrique de le secteur d’utilisation, la distribution du pétrole dans un pipe-line, etc.Par analogie, le dispatch dans une mine à ciel ouvert est l’organe à partir duquel le suivi de la production minière est effectué dans l’objectif d’une meilleure utilisation des engins miniers. Ainsi diverses informations relatives à l’activité minière sont manipulées par le «dispatcher» en vue de l’amélioration du travail des engins miniers.

2. Le rôle du dispatch

Le rôle du principal du «dispatch» consiste à la récolte de toutes les informations relatives à l’activité dans la mine et à la gestion de ces informations.

Les informations habituelles récoltées sont : Le volume des excavations réalisées ; Le tonnage et la qualité des minerais extraits ; L’affectation des engins miniers ; L’état des engins miniers ; L’évolution des alimentations du concentrateur…

Le dispatcher gère toutes ces informations. Concrètement ceci signifie : Qu’il juge de la qualité du travail accompli dans la mine en

comparant des indicateurs de gestion des engins miniers aux normes établies par la société ;

Qu’il transmet les conclusions à la hiérarchie de la mine pour des actions correctives éventuelles.

Le rôle du dispatch vu sous cet angle est très important dans les activités quotidiennes de la mine à ciel ouvert.

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III. LES INFORMATIONS DES ACTIVITES JOURNALIERES DE LA MINE A CIEL OUVERT

1. La production minière

La production minière s’exprime, dans la tradition GECAMINES, en termes de volume des excavations : on dira, par exemple, qu’à la mine de KABABANKOLA on a «fait» 3452 m3.De ce volume des excavations, le tonnage sec des minerais contenus est ressorti, néanmoins la tendance actuelle est à l’expression des extractions des minerais en termes de volume (m3).

- Exemple : la mine de KAMOYA Sud a produit, pour la journée du 14 août 2000, 3852 m3 dont 2059 tonne sèches de minerais.

La saisie de la production minière par le dispatch s’effectue par :

L’enregistrement du nombre de voyages effectués par les bennes ;

La conversion du nombre total de voyages en volume des excavations en appliquant la capacité du bac de la benne au nombre de voyages.

Ainsi peuvent être connues la production horaire, la production d’un poste, la production d’une journée.L’enregistrement du nombre de voyages des bennes est réalisée à l’aide de la communication radiophonique, habituellement effectuée à partir de l’engin de chargement (pelle ou chargeuse), doit préciser :

- Le numéro de la benne dont le chargement vient d’être terminé ;

- La destination des produits transportés par la benne. Ainsi les produits transportés peuvent être classés «stériles» ou «minerais».

Suivant la tradition à la GECAMINES, la quantité de stériles déplacés s’exprime en terme de volume (m3) et celle des minerais peut être exprimée en m3 ou en tonne sec. Le tonnage des minerais est obtenu par application de la densité des minerais sur le volume (m3) des minerais excavés.

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Le dispatcher doit donc être capable de fournir, à chaque instant que cela lui es demandé :

La production heure par heure ; Le cumul de la production à chaque instant.

2. L’affectation des engins miniers

Le dispatcher doit posséder toutes les informations relatives à l’affectation des engins miniers c’est-à-dire les chantiers dans lesquels les engins travaillent et le genre de travail qu’ils effectuent :

Pelle : - à quel niveau de la mine travaille-t-elle ? - quel genre de produit manipule-t-elle ? - quel genre de travail elle effectue : manipulation ? excavation ?

Benne : - à quelle destination les produits sont-ils déposés ? - à quel engin de chargement est-elle chargée ? - quel genre de travail effectue-t-elle ? Transport normal des produits ? ou autre travail («régie») ?

Bulldozer : - dans quel chantier travail-il ? Remblai ? autour de la pelle ? Plate-forme de forage ? autre travail ? - quel genre de travail effectue-t-il ? Elimination des pieds ? nettoyage du remblai, de la plate-forme ? traçage d’une piste ?

Grader : - où travaille-t-il ? - quel genre de travail ? nivelage ou autre travail ?

Arroseuse : - où arrose-t-elle ? Fait-elle un autre travail ? Lequel ? Pourquoi ?

Chargeuse : - travaille-t-elle à l’alimentation du concentrateur ? - travaille-t-elle aux extractions dans la mine ? - Fait-t-elle un autre travail ? Lequel ? Pourquoi ?

Locomotive : - que fait-elle ? Quel trafic ? Traction des wagons de concentrés ou de minerais ? Sondeuse : - est-elle en train de forer ? si oui, où ? Si non,

pourquoi ?3. L’état des engins miniers

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Le dispatcher doit toujours posséder toutes les informations relatives à l’état des engins miniers :

L’engin est-il en panne ? Est-il disponible ? S’il est en panne, quel genre de panne ?

L’information doit être aussi précise que disponible. Des informations du genre ‘’défaut de vitesse’’ ou ‘’défaut de giration’’ ou ‘’bruit anormal au moteur’’ ou fuite d’huile hydraulique’’ devront être davantage précisées. Le dispatcher doit donc rechercher la vraie panne, le vrai problème sur l’engin. C’est cette vraie panne, ce vrai problème qu’il devra consigner dans le rapport du poste.

o Exemple : La chargeuse Cat 992C s’arrête et l’opérateur signale un bruit anormal au moteur. Le dispatcher signalera dans un premier temps que l’engin est à l’arrêt pour bruit anormal au moteur. Il devra ensuite rechercher la vraie information auprès du service de maintenance. Ainsi, après avoir précisé le vrai problème, il consignera dans son rapport ‘’injecteurs desserrés’’ au lieu de ‘’bruit anormal au moteur’’.

4. Les performances des engins miniers

La société a fait établir des normes de rendement pour les engins miniers, c’est-à-dire les rendements considérés comme normaux lorsque les engins travaillent dans de bonnes conditions.Le dispatcher doit connaître ces normes de rendement. Dans le suivi des activités minières, il doit suivre les performances des engins miniers, spécialement des engins primaires de production : Les pelles et les bennes. Les rendements qui s’éloignent de façon significative des normes établies devront être portés à la connaissance de la hiérarchie de la mine pour des actions de correction.

5. l’évolution des alimentations du concentrateur

Le dispatcher doit être informé de l’évolution des alimentations du concentrateur, c’est-à-dire concrètement :

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Posséder toujours la bonne information sur la situation de la chaîne de concassage du concentrateur : est-elle (la chaîne) à l’arrêt ? Pourquoi ? Est-ce un problème lié à l’organisation de la mine ?

Posséder toujours la bonne information sur l’état et l’utilisation des engins affectés aux alimentations : sont-ils (les engins) en bon état ? A quoi sont-ils exactement utilisés ? Sont-ils en satnd by ? Pourquoi ? Etc. ;

Calculer le tonnage ou le volume des minerais déversés dans la trémie du concassage primaire heure par heure et son cumul à chaque instant : ceci permettra au dispatcher de vérifier l’utilisation réelle des engins au travail d’alimentation du concentrateur ;

Suivre les teneurs en métaux dans les minerais alimentés : ces teneurs sont habituellement disponibles au concentrateur toutes les deux heures. Le dispatcher est ainsi informé de la qualité des minerais alimentés et peut ainsi provoquer des corrections en cas de baisse sensible ou de fluctuation exagérée des teneurs ;

Suivre les résultats métallurgiques enregistrés dans le traitement des minerais : les mauvais résultats métallurgiques proviennent pour une grande part de la mauvaise qualité des minerais alimentés. Le dispatcher doit chercher la bonne information auprès du chef de poste du concentrateur et provoquer des actions correctives de la hiérarchie de la mine si la qualité des minerais est mise en cause.

Le dispatcher doit posséder ces informations et les gérer c’est-à-dire juger s’il est nécessaire ou non de faire provoquer des actions de corrections de la part de la hiérarchie de la mine (chef de poste, conducteur des travaux, chef de service, Directeur).

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IV. LE SUIVI DU TRAVAIL DES ENGINS

Le suivi du travail des engins miniers constitue la tâche primordiale du dispatcher. Le suivi du travail des engins miniers s’effectue par le contrôle permanent des indicateurs de gestion de ces engins. Les indicateurs principaux de gestion d’un engin minier sont :

Le taux de disponibilité ou de mise à la disposition couramment appelé taux de MAD ou MAD tout court ;

Le taux de marche ; Le taux d’utilisation ; Le rendement.

1. La répartition des heures de prestation d’un engin minier

Pendant une période déterminée (une heure, un poste, une journée, une semaine, une année…) il est indispensable de distinguer les uns des autres temps pendant lesquels l’engin es passé sous diverses responsabilités :

o Le temps pendant lequel l’engin, bien qu’en état de servir, a été mis à l’arrêt par la direction du siège. Ce temps est appelé ‘’temps d’inactivité’’ ou ‘’heures d’inactivité’’ (Hin) ;

o Le temps pendant lequel l’engin était sous la responsabilité du service de maintenance et cela pour diverses raisons (pannes, utilisation pour une tâche du service de maintenance…). Ce temps est appelé ‘’temps de maintenance’’ ou ‘’heures de maintenance’’ (Hmtn) ;

o Le temps pendant lequel l’engin est à la disposition de la mine : c’est le temps ‘’temps de disponibilité’’ ou ‘’heures de mise à disposition’’ (HMAD) ;

o Le temps pendant lequel l’engin a été à la disposition de la mine et qu’il a été effectivement utilisé au travail de production minière : c’est le ‘’temps de marche’’ ou les ‘’heures de marche’’ (Hmar) ;

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Hact = Hper - Hinact

HMAD = Hact - Hmtn

Hmar = HMAD - Hch

o Le temps pendant lequel l’engin a été à la disposition de la mine et qu’il a été utilisé à un autre travail que la production minière : c’est le ‘’temps de chômage’’ ou ‘’heures de chômage’’ (Hch).

Des relations évidente lient les temps de prestation des engins tels que définis ci-dessus :

Heures d’activité (H act)

En appelant Hper le nombre d’heures contenues dans la période de référence (1 poste=8 heure, 1 journée=24 heures…), les heures d’activité c’est-à-dire le temps pendant lequel la Direction souhaiterait que l’engin soit e train de produire, se calculent comme suit :

La tendance est au travail continu 24 heures par jour. Les heures d’inactivité sont donc habituellement inexistantes et ainsi les heures d’activité sont équivalentes aux heures théoriques de la période considérée.

Heures de mise à disposition

L’objectif est de réduire autant que possible les heures de maintenance pour que les heures de mise à disposition tendent vers les heures d’activités. La réduction des heures de maintenance équivaut pratiquement à la réduction des interventions de service de maintenance sur l’engin : les pannes doivent être rares, les pannes fictives doivent d’être découragées…

Heures de marche

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Dans ce cas, le dispatcher surveille les heures de chômage qui doivent être réduites à un strict minimum nécessaire. L’objectif est de faire tendre les heures de marche vers les heures de mise à disposition (Hmar = HMAD).

3. Le taux de disponibilité d’un engin minier

Le taux de disponibilité de l’engin, couramment appelé ‘’taux de MAD’’ ou ‘’MAD’’ tout court, exprime en % le rapport entre les heures de mise à disposition et les heures d’activité :

HMAD

%MAD = --------------- x 100 Hact

Le taux de MAD est de la responsabilité du service de maintenance qui est le seul habilité à immobiliser un engin pour cause de panne. Beaucoup d’arrêt pour panne entraîneront un faible taux de MAD qui est préjudiciable à la production minière.L’objectif est d’avoir des taux de MAD élevés : EMM a fixé la norme de taux de MAD des engins miniers à 85%. Des taux de MAD inférieurs à cette norme indiquent des problèmes dans la maintenance des engins : manque de pièces de rechange, manque de moyens logistiques, organisation de la maintenance, vétusté des engins…

Le taux de MAD est affecté par l’augmentation de temps de maintenance. Ce temps augmente principalement avec les arrêts pour pannes, les retards de circulation des informations sur les pannes survenues et les retards d’intervention du service de maintenance (manque de véhicule, recherche des outils de travail, démotivation du personnel…).

La contribution du dispatcher dans l’amélioration du taux de MAD des engins miniers réside dans la rapidité de la transmission des informations relatives aux pannes qui surviennent sur les engins. Le dispatcher doit veiller à ce que :

Le service de maintenance soit informé de la panne dès qu’elle survient ;

La description de la panne soit la plus précise possible pour éviter des tâtonnements dans l’intervention par le service de maintenance.

4. Le taux de marche d’un engin minier

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Le taux de marche mesure le degré d’utilisation du temps pendant lequel l’engin établit à la disposition de la mine. Il représente le rapport en % entre les heures de marche et les heures de mise à disposition :

Hmar

%Marche = ---------- x 100 HMAD

La norme de taux de marche à la société est de 85%. Ce taux est en fait une moyenne entre le taux élevé habituellement réalisé pendant la saison sèche (plus de 90%) et le faible taux réalisé pendant la saison des pluies (autour de 80%).

Le dispatcher doit surveiller ce taux de marche car il est de la totale responsabilité de la mine. Surveiller le taux de marche signifie pratiquement : - Calculer à chaque heure le taux de marche des engins, principalement les engins primaires de production (pelles, chargeuses, bennes, sondeuses, dozers) ;

- rechercher les causes des faibles taux de marche (inférieur à 85%) ;- attirer l’attention de la hiérarchie de la mine sur les taux de marche inférieurs à 85% et sur les causes reconnues.

Les pertes de temps (heures de chômage) affaiblissant le taux de marche sont essentiellement dues :

Au temps perdu pendant la relève ; A la prise en charge de l’engin par l’opérateur montant ; A l’indisponibilité d’un engin du tandem (par exemple quand la

pelle est à l’arrêt, les bennes chôment) ; Aux appoints d’eau dans les radiateurs, etc.

5. Le taux d’utilisation d’un engin minier

Le taux d’utilisation montre l’utilisation des heures d’activité c’est-à-dire la portion du temps d’activité qui a été réellement consacrée au travail de production minière. Ce taux s’obtient par la relation suivante : Hmar %MAD x %Marche %Util = ----------- x 100 = -------------------------- Hact 100

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Concrètement, ce taux signifie qu’un engin utilisé à 51% ne travaille que 12,24 heures sur les 24 heures recommandées par la Direction du siège, ce qui est très faible. Le dispatcher agit sur ce taux d’utilisation en surveillant étroitement le taux de marche : il doit être le plus élevé possible.

6. Le rendement d’un engin minier

Le rendement ou la productivité d’un engin minier se définit comme la quantité de travail que l’engin est en mesure de fournir pendant une unité de temps : heure, jour, année… Ce facteur très important dans le suivi du travail des engins permet de juger des conditions de travail dans lesquelles ceux-ci travaillent.Cet indicateur a fait l’objet de nombreuse études statistiques à la GECAMINES qui ont permis de fixer des normes :

ENGINS RENDEMENT UnitéPelle O&K RH 75 C 360 m3/heurePelle PH 1600 300 m3/heureBennes 100T 300 m3.kmstd/heureSondeuse IR DMH 30 m.forés std/heureSondeuse BE 45R 25 m.forés std/heureArroseuse 40 m3 250000 m2 arrosés/heureChargeuse CAT 992 C 300 m3/heureChargeuse CAT 966 C m3/heureBulldozer CAT D9N 500 (*) m3/heureGrader CAT 16 G 15.000 (*) m2 nivelés/heureBenne CAT 769 120 m3.kmstd/heure (*) performances selon les constructeurs

Le dispatcher suit de façon particulière les performances des engins primaires de production : les pelles les bennes et les sondeuses. Il doit aussi garder un œil attentif sur le travail des autres engins.

a) Le suivi de la productivité des pelles

La production d’une pelle est, en pratique, calculée à partir du dispatch par le dénombrement des bennes chargées par heure. Connaissant la capacité des bennes, il est possible de déterminer le volume horaire chargé (m3/heure) par la pelle.La contribution du dispatcher dans l’amélioration de la productivité des pelles se trouve dans la surveillance des temps suivants :

Le temps de chargement d’une benne ;

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Le temps mort entre fin du chargement d’une benne et le début du chargement de la benne suivante.

Le temps de chargement d’une benne doit fréquemment être contrôlé par le dispatcher. Des chronométrages effectués à la GECAMINES ont permis de déterminer les durées moyennes de chargement des bennes :

PELLE/BENNES MatériauxAltérés (*)

MatériauxDolomitiques (*)

Tempsmoyen

Pelle PH 1600/benne 100T 5,50 5,50 5,50

Pelle O&K RH75C/benne 100T

5,33 6,00 5,70

Chargeuse CAT 992C/benne 100T

6,00 6,000 6,00

(*) temps moyen de chargement dépendent des conditions de travail de la pelle ou de la chargeuse. Le dispatcher surveille ce temps de chargement et signale les anomalies à la hiérarchie de la mine. Il en va de même du temps mort entre les changements de deux bennes successives.

b) Le suivi de la productivité des bennes

Le dispatcher calcule le rendement horaire des bennes en dénombrant les voyages effectués en une heure et en appliquant la capacité des bennes. Il apparaît clairement que l’augmentation de la productivité des bennes signifie pratiquement :

La réduction du temps de chargement des bennes ; La réduction du temps de cycle des bennes.

Faire le suivi de la productivité équivaut, pour le dispatcher à : Vérifier fréquemment si le temps de chargement des bennes par la

pelle ou la chargeuse est dans les limites normales. Sinon, il faut prévenir la hiérarchie pour des actions de correction ;

Contrôler fréquemment le temps de cycle des bennes.

Le contrôle du temps de cycle des bennes sera conduit par le dispatcher de la minière suivante :

1) Déterminer le temps de cycle théorique que les bennes doivent normalement afficher sur l’itinéraire utilisé. Pour déterminer ce temps de cycle, il faut connaître le profil en long du trajet utilisé

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c’est-à-dire les différents tronçons du trajet avec leurs longueurs et leurs déclivités.

Connaissant les normes de vitesse sur les tronçons, on calcule les temps de parcours en faisant les rapports entre ces vitesses et les longueurs correspondantes.Le temps de cycle théorique est la somme de ces temps de parcours à l’aller et au retour, du temps de chargement normal, du temps de positionnement à la pelle et au remblai et du temps de déversement au remblai.

Des normes existent pour tous ces paramètres :

Normes de vitesses

BENNES 100 T Sans charge

(km/heure)Avec charge (km/heure)

Roulage sur niveau 30 30Descente incliné (*) 27 24Montée inclinée (*) 12 25(*) pente maximum 8 à 10%

Normes de temps de chargement :

PELLE/BENNES Temps moyen

(min)Pelle PH 1600/benne 100T 5,50Pelle O&K RH75C/benne 100T 5,70Chargeuse CAT 992C/benne 100 T 6,00

Normes de temps de déversement et de manœuvre :2 minutes

Normes de temps de positionnement à la pelle :1 minute.

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Le temps de cycle théorique sera donc la somme de ces normes de temps et des temps de parcours allé et retour calculés sur base des normes de vitesses.

2) Chronométrer le temps de cycle réel ou le déterminer sur bas du graphique pelle-bennes. 3) Comparer les temps de cycle réel et théorique : les écarts importants doivent être portés à la connaissance de la hiérarchie de la mine pour des corrections éventuelles.

c) Le suivi de la productivité des sondeuses

A partir du dispatch, le rendement de la sondeuse se calcule comme suit : - Dénombrer les trous de la mine forés au cours de la période considérée (une heure, un poste, une journée…). Il convient pour un suivi permanent de considérer comme période : l’heure ; - A l’aide des profondeurs des tous et des duretés des terrains renseignés par les sondeuses, calculer la longueur totale forée pendant la période considérée. Cette longueur s’exprimes en mètres forés standard ; - Faire le rapport entre la longueur totale ainsi calculée et les heures de la période considérée. L’on obtient ainsi le rendement de la sondeuse en mètres forés standard par heure.

Le rendement calculé est comparé à la norme de rendement de la sondeuse considérée : 30 mstd/heure pour la DMH et 25 mstd/heure pour la sondeuse BE 45R. En cas d’écart important du rendement calculé par rapport à la norme, le dispatcher informe la hiérarchie de la mine.

Une méthode de contrôle du travail des sondeuses est la comparaison du temps de cycle réel de la sondeuse à la norme de temps de cycle. Les normes de temps de cycle sont calculées à partir des normes de rendement. Pour un forage de trous de 12m de profondeur, les normes de temps de cycle sont :

24 minutes pour la sondeuse IR DMH ; 29 minutes pour la sondeuse BE 45R.

Les temps de cycle s’écartant de façon significative de ces normes doivent être corrigés sur impulsion du dispatcher.

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V. LA GESTION D’UN DISPATCH

a. LES DOCUMENTS UTILISES PAR LE DISPATCH

Les documents habituellement utilisés par le dispatch sont :

i. Le graphique :

Ce document est utilisé par le dispatcher pour enregistrer en détail et sous forme de trait, l’activité de chaque engin pendant son poste. Le dispatcher enregistre l’activité de l’engin sur le graphique en suivant des traits conventionnels :

Un trait continu en bleu = activité normale de l’engin ; Un trait discontinu en bleu = engin disponible mais non utilisé

(en stand by) ; Un trait continu en rouge = engin à la disposition du service de

maintenance pour dépannage, entretien, réparation ou autre utilisation.

L’activité doit être indiquée au-dessus du trait la représentant.Le graphique est subdivisé en colonnes représentant les heures de la journée : de 6h00 à 7h00, de 7h00 à 8h00…Les traits sont tracés à l’échelle c’est-à-dire qu’une longueur qui représente une durée bien déterminée. Par exemple, 5 mm = 10 minutes. Ainsi, à partir du graphique, il est possible de connaître la durée de chaque activité de l’engin : on peut lire par exemple sur le graphique la durée de visite électromécanique de la pelle O&K en mesurant la longueur du trait continu rouge représentant la visite de la pelle par le service de la maintenance.

ii. La synthèse de production du poste :

Ce document reprend la synthèse du rapport sur le travail des engins pendant le poste : les heures de marche des engins pendant le poste, l’excavation des minerais et des stériles par engin de chargement et par benne ainsi que les noms des opérateurs des divers engins.Ce document est rempli par le chef dispatcher à la fin du poste.

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iii. Le document de saisie des données de production du jour :

Il s’agit du rapport des activités de production de la mine pour toute la journée considérée. Ce rapport reprend notamment les performances des engins miniers, les divers arrêts des engins, la production du jour, les commentaires sur la production du jour…Ce document est rempli par le chef dispatcher du 3ème poste à la fin de son poste.

iv. Le carnet des communications importantes :

Le dispatcher réceptionne des communications diverses. Les communications importantes sont signées dans un carnet des communications.Les communications importantes sont habituellement les ordres de travail transmis par la hiérarchie de la mine et les actions menées par le chef dispatcher pour trouver solution aux problèmes de production survenus dans son poste.

v. Le carnet de suivi de la marche de la chaîne de concassage du concentrateur :

L’alimentation des concentrateurs étant du ressort de la mine, la marche de la chaîne de concassage doit être particulièrement suivie par le dispatch. L’objectif est de :

- Noter tous les blocages à la réalisation de la production ;- Identifier les problèmes du ressort de la mine ;- Rechercher les solutions aux problèmes imputables à la mine,

en se référant à la hiérarchie si cela est nécessaire.

Le carnet de suivi de la marche du concassage est tenu dans cet objectif.

vi. Les carnets des consignes de travail pour les alimentations

du concentrateur et pour l’exploitation :

Les consignes de travail pour le travail de la mine doivent être écrites. Les carnets utilisés à cette fin sont conservés au dispatch. Le dispatcher prend soin de lire les consignes laissées par les différents responsables et de les comprendre. Ainsi, il pourra facilement surveiller le travail réalisé pour découvrir les écarts aux objectifs et les faire corriger.

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vii. Le tableau des résultats de production :

Le dispatch dispose toujours d’un tableau où sont exposés les résultats de production de la journée précédente ainsi que quelques informations utiles sur la marche de la journée en cours.Les résultats de production habituellement affichés sont : le volume de production réalisé par poste et cumulé, les performances des engins, les teneurs d’alimentation, les arrêts importants de la mine et des alimentations…les informations utiles de la journée en cours sont :les productions horaires et cumulées, l’évolution des teneurs d’alimentation, les arrêts importants des activités de production…

b. LES OUTILS DE TRAVAIL DU DISPATCHER

Les outils de travail du dispatcher sont :

i. Sa tête c’est-à-dire son cerveau : le dispatcher doit réfléchir sur toutes les situations de production qui se présentent à lui. Il doit toujours se poser les questions suivantes : comment est-ce arrivé ? Pourquoi ? Que faut-il faire ? Faut-il requérir l’avis des chefs ? etc.

La grande capacité d’analyse et d’action opportune reste la qualité primordiale du dispatcher.

ii. La calculatrice : le dispatcher calcule fréquemment pour se

rendre compte du niveau de réalisation de la production, des performances des engins, des projections de production pour la fin de son poste…

iii. Le chronomètre ou l’horloge : il faut suivre les temps de cycle

des engins miniers, dater certains évènements…

iv. Les différents documents à remplir.v. Les appareils de télécommunication : les radios et le

téléphone.

c. LA JOURNEE DU DISPATCHER

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La journée du dispatcher doit se présenter de la manière suivante :

i. Au début du poste

- Faire la remise-reprise avec le chef dispatcher sortant c’est-à-dire concrètement s’informer :1. Des résultats de production du poste précédent :

excavation minière et alimentation du concentrateur, les performances des engins du poste et les raisons des faibles performances éventuelles ;

2. De l’état des engins miniers : Quels engins sont en état d’utilisation ? Quels engins sont en panne et quelles pannes ? 3. De l’affectation des engins miniers : où travaille chaque engin en bon et quel genre de travail est-il occupé à réaliser ?4. Des consignes de travail du poste précédent.

- Prendre en charge son poste en prenant connaissance des consignes de travail du poste et en s’assurant que le respect de ces consignes est effectif.

ii. Pendant son poste

- Suivre à chaque instant l’évolution des activités de production c’est-à-dire :

1. A l’aide des moyens de communication disponibles s’informer de l’état des engins en service et de l’avancement des travaux sur les engins à la disposition du service de maintenance. Le dispatcher doit, à chaque instant, disposer de toutes les informations pour pouvoir les répercuter en cas de besoin ;2. Enregistrer, à chaque heure, les résultats de production.

Le dispatcher doit connaître les chiffres de production horaire cumulés pendant son poste ;

3. Surveiller les performances des engins primaires de production. Le chef dispatch surveille principalement les temps de cycle des pelles, bennes et sondeuses. Les écarts doivent être signalés au chef de poste de l’exploitation pour justifications et corrections éventuelles.

4. Enregistrer, à chaque heure, les performances des engins : le taux de MAD, de marche et les rendements. Le

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chef dispatcher doit également pouvoir justifier ces indicateurs en récoltant toutes les informations utiles.

5. Faire circuler toute information jugée importante. Les informations devant être portées à la connaissance de la hiérarchie de la mine doivent l’être. Le chef dispatcher doit donc faire preuve de jugeote pour ne pas être accusé de rétention de l’information. Dans tous les cas, les difficultés susceptibles d’empêcher la réalisation des objectifs doivent être soumises à la hiérarchie.

iii. A la fin du poste

La fin du poste est consacré à la rédaction des rapports de fin de poste et à la remise-reprise avec le chef de poste entrant.

VI. LES DIX SAVOIR-FAIRE DU DISPATCHER

La compétence du chef dispatcher se mesure par sa maîtrise et sa gestion d’information.

Les dix savoir-faire du dispatcher sont :

1) Etre informé des consignes de travail tant pour l’exploitation que pour l’alimentation du concentrateur ;

2) Etre, à chaque instant, informé des résultats de production : Chiffres horaires et cumulés des excavations dans la mine et de l’alimentation du concentrateur ;

3) Etre informé de l’état mécanique de tous les engins miniers ;

4) Etre informé de l’affectation des engins miniers : quel chantier ? Quel travail ?

5) Etre informé des performances accomplies à chaque heure et en cumul par les engins : taux MAD, de marche pour tous les engins et les rendements pour les engins primaires de production ;

6) Etre informé des raisons des taux de MAD et de marche affichés par les engins : tel engin connaît tel taux de MAD parce qu’à telle heure il a connu tel événement…

7) Etre informé de l’avancement des travaux sur les engins à la

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disposition du service de maintenance ;

8) Etre informé de l’évolution des teneurs d’alimentation et réagir en cas d’écart néfaste à la concentration des minerais ;

9) Faire remarquer à qui de droit les cas de baisse sensible des performances ;

10) Etre sûr de diffuser des vérités en ayant soin de bien s’informer soi-même.

nov. 2008

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