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NEUROL-1294; No. of Pages 7
Histoire de la neurologie
Le docteur Francoise Cathala Pagesy et l’histoiredes maladies a prions
Doctor Francoise Cathala and history of prions diseases
L. Court a, J.-J. Hauwb,c,*a 12, rue de Montmagny, 95410 Groslay, FrancebUniversite Pierre-et-Marie-Curie, 4, place Jussieu, 75005 Paris, FrancecAcademie nationale de medecine, 16, rue Bonaparte, 75273 Paris cedex, France
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i n f o a r t i c l e
Historique de l’article :
Recu le 30 decembre 2013
Recu sous la forme revisee le
15 fevrier 2014
Accepte le 19 fevrier 2014
Mots cles :
Francoise Cathala
Prions
Agents transmissibles non
conventionnels
Infections virales lentes
Keywords:
Francoise Cathala
Prions
Non-conventional transmissible
agents
Slow virus diseases
r e s u m e
Le docteur Francoise Cathala Pagesy, nee le 7 juillet 1921, est morte le 5 novembre 2012.
Neurologue et virologue imaginative, passionnee et non conformiste, elle consacra sa vie a
la recherche sur les infections virales latentes ou lentes et, notamment, les agents trans-
missibles non conventionnels ou prions. Chercheuse a l’Inserm, elle y participa des l’origine
de ces concepts, en collaboration avec, notamment, l’equipe de Carlton Gajdusek (le NINCDS
– National Institute of Nervous Central System and Stroke – du NIH), qui montra la
transmissibilite du kuru et de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, et celles du Centre de
recherches du service de sante des armees, a Percy-Clamart et du CEA, puis de groupes
marseillais. Ainsi fut institue un vaste programme de recherches et de colloques ou se
reunissaient, au Val-de-Grace a Paris, l’ensemble des chercheurs francais et etrangers sur
les « infections virales lentes ». S. Prusiner y presenta le concept – alors fort discute et
toujours en evolution – de prion. F. Cathala vecut les grandes crises sanitaires : hormone de
croissance contaminee, encephalopathie spongiforme bovine (« vache folle ») et nouvelle
variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob au Royaume-Uni, puis en France, avant de
prendre sa retraite de l’Inserm et de mourir paisiblement a Paris.
# 2014 Publie par Elsevier Masson SAS.
a b s t r a c t
Doctor Francoise Cathala Pagesy, MD, MS, born on July 7, 1921 in Paris, passed away
peacefully at home on November 5, 2012. Unconventional, passionate and enthusiastic
neurologist and virologist, she devoted her life to research on latent and slow viral
infections, specializing mainly on unconventional transmissible agents or prions. As a
research member of Inserm (French Institute for Medical Research), she soon joined the
Disponible en ligne sur
ScienceDirectwww.sciencedirect.com
* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (J.-J. Hauw).
team of Carlton Gajdusek
Stroke – of NIH), who firs
Pour citer cet article : Court L, Hauw J-J, Le docteur Francoise Cathala Pagesdx.doi.org/10.1016/j.neurol.2014.02.003
http://dx.doi.org/10.1016/j.neurol.2014.02.0030035-3787/# 2014 Publie par Elsevier Masson SAS.
(the NINCDS – National Institute of Nervous Central System and
t demonstrated the transmissibility of kuru and Creutzfeldt-Jakob
y et l’histoire des maladies a prions. Revue neurologique (2014), http://
disease to monkeys. When she came back to Paris, where she was followed by one of NIH
members, Paul Brown, she joined the Centre de Recherches du Service de Sante des Armees
(Army Health Research Center), in Percy-Clamart, where she found the experimental design
and the attentive help needed for her research, which appeared heretical to many French
virologists, including some authorities. A large number of research programs were set up
with numerous collaborations involving CEA (Center for Atomic Energy) and other ins-
titutions in Paris and Marseilles on epidemiology, results of tissue inoculation, electro-
physiology and neuropathology of human and animal prions diseases, and resistance of the
infectious agent. International symposia were set up, where met, in the Val-de-Grace
hospital in Paris, the research community on ‘‘slow viral diseases’’. Stanley Prusiner
introduced the concept – then badly accepted and still in evolution – of prion, a protein
only infectious agent. Before retiring from Inserm, Francoise Cathala predicted and was
involved in some of the huge sanitary crises in France. These were, first, Creutzfeldt-Jakob
disease from contaminated growth hormone extracted from cadavers, which led parents to
instigate legal procedure – a quite unusual practice in France. The second was Mad cow
disease in the United Kingdom then in France, followed by new variant of Creutzfeldt-Jakob
human epidemics, paradigmatic food safety crisis bringing together the poles of production
(beef and meat-and-bone meal) and consumption, and leading to an unexpected social
bang. Through Francoise Cathala exemplary life, the history of French, and more generally
of worldwide prions diseases is dealt with.
# 2014 Published by Elsevier Masson SAS.
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Neurologue, membre de la Societe de neurologie depuis 1978,
le docteur Francoise Cathala Pagesy (Fig. 1) est morte
paisiblement a son domicile parisien le 5 novembre 2012. Sa
carriere tres riche lui fit connaıtre toutes les joies et les
difficultes que reservent la medecine, la recherche et le non-
conformisme a une femme de culture scientifique etendue qui
se passionna et consacra toute sa vie a l’etude de concepts
nouveaux. Nee dans une famille d’officiers du Languedoc le
6 juillet 1921 a Paris 7e, ses etudes secondaires brillantes au
Lycee Victor-Duruy la conduisirent aux baccalaureats de
philosophie et mathematiques elementaires. Presentee au
concours general de mathematiques, elle suit a Montpellier les
classes preparatoires de mathematiques superieures puis
Fig. 1 – Francoise Cathala, devant la chapelle Saint-Louis de
la Salpetriere.
Pour citer cet article : Court L, Hauw J-J, Le docteur Francoise Cathala Pagesdx.doi.org/10.1016/j.neurol.2014.02.003
speciales. Juin 1940 interrompt ses etudes. Elle change
d’orientation et, toujours a Montpellier, passe le certificat de
Physique, Chimie et Biologie (PCB) et effectue ses premiere et
deuxieme annees de Medecine. En troisieme annee, elle
s’engage dans la 1re armee francaise qui debarquait alors en
Provence. Medecin auxiliaire apres un stage de reanimation-
transfusion, elle rejoint le huitieme bataillon medical de la
Division marocaine de Montagne sous la direction des
generaux de Herdin et Guillaume. Elle sert jusqu’a la fin de
la guerre a la formation chirurgicale no 6. Demobilisee le
6 octobre 1945, elle se presente immediatement au concours
de l’Externat ouvert aux candidats militaires.
1. La formation en France (1946–1968)
Recue, elle beneficie d’une excellente formation diversifiee
chez les plus grands maıtres d’alors : externe dans les services
de C. Vincent, J. Cathala, J. Lenegre, N. Peron, R. Debre,
C. Mollaret, T. Bertrand-Fontaine, R. Cachera et L. Michaux,
externe en premier dans le service de G. Richet, elle se marie
avec Henri-Pierre Cathala, fils du professeur J. Cathala. Ils
auront quatre enfants, un garcon, Bertrand, et trois filles,
Frederique, Nathalie et Delphine. Interne des ho pitaux de Paris
en 1954, elle est l’eleve d’A. Grossiord, T. Bertrand-Fontaine,
C. Mollaret a Claude-Bernard et des maıtres de l’ecole de
neuropsychiatrie de la Salpetriere, R. Garcin, L. Michaux et
T. Alajouanine, dont elle sera chef de clinique en 1958 et 1959.
Bien conseillee par son beau-pere, elle approfondit ses
connaissances en biochimie et suit l’enseignement de l’Ins-
titut Pasteur (IP) dont elle devient diplo mee en microbiologie,
virologie et serologie en 1959 et 1961, tout en poursuivant une
carriere clinique (attachee de neuropsychiatrie dans le service
de neurochirurgie de R. Houdart a Lariboisiere). Elle construit
cette activite de virologiste et de neurologue, selon son
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expression « assistant de neurochirurgie le matin et de
microbiologie et virologie l’apres-midi ». Sa these est
consacree a l’etude du virus herpetique dans l’herpes
simplex, la varicelle et le zona [1], paradigme des infections
virales ou l’inoculation precoce peut e tre suivie d’infections
latentes puis de manifestations recidivantes. Dans une
demarche partant de l’observation clinique, elle suit alors
un jeune patient atteint d’encephalite qui avait un taux tres
eleve d’anticorps antimorbilleux dans le liquide cerebro-
spinal (LCS). Elle obtient une biopsie cerebrale et desire
proceder a la mise en culture d’un fragment de la biopsie et
de pratiquer une inoculation a l’animal. Cela paraissait
d’autant plus imperatif qu’un jeune neuropathologiste,
M. Bouteille lui montra au microscope electronique un
paramyxovirus ressemblant en tous points, par cette
technique, au virus de la rougeole dans le tissu cerebral
preleve a l’autopsie de ce patient. Cela impliquait le
diagnostic de panencephalite sclerosante subaigue (maladie
de Van Bogaert). Cette maladie, que venaient de decrire
I. Tellez-Nagel et G. Zu Rhein et confirmer l’Ecole neuropa-
thologique de Marseille, etait due a une revelation tardive
d’une infection latente par le virus morbilleux. Francoise
Cathala se heurte alors a l’incomprehension generale de sa
demarche par les infectiologues francais [2]. Elle est
cependant, selon son expression, absolument « fascinee »
par la notion de « virus latent », retrouve dans le systeme
nerveux central apres une infection primaire le plus souvent
passee inapercue. L’hypothese d’« infections virales latentes
ou lentes », alors considerees comme relevant de processus
voisins [3], etait principalement defendue par deux equipes :
l’une, islandaise, de B. Sigurdsson a l’Institute for Experi-
mental Pathology de Reyjavik, qui travaillait sur des virus
que nous qualifierions aujourd’hui de « conventionnels » et
l’autre, americaine, du National Institute of Health (NIH) a
Bethesda, que dirigeait D. Carlton Gajdusek. Cette derniere
etudiait des agents infectieux que nous appellerions main-
tenant « non conventionnels ». Suivant un cas de myelite
transverse avec taux d’anticorps antimorbilleux tres eleve
dans le LCS, Francoise Cathala se propose de rechercher
systematiquement les anticorps dans ces cas et dans la
sclerose en plaques (SEP). Avec l’appui sans faille de
P. Castaigne, elle constitue gra ce a E. Schuller, specialiste
de l’etude des proteines du LCS, une collection d’echantil-
lons. C’est avec cet ensemble de materiel biologique
et l’intention de proceder a des inoculations a l’animal
qu’elle rejoint le laboratoire de Carlton Gajdusek, le NINCDS
– National Institute of Nervous Central System and Stroke –
du NIH [2].
2. La decouverte de la recherche aux Etats-Unis (1968–1969. . .)
Tres bien acceptee par l’equipe de C. Gajdusek impressionnee
par sa culture clinique, elle y decouvre, avec Joe Gibbs,
veterinaire, vice-amiral de l’US Navy au passe militaire
prestigieux dans le Pacifique et experimentateur remarquable,
la methodologie, la rigueur experimentale et les moyens de
l’animalerie de Patuxent (Md) dans l’enceinte des laboratoires
de pathologie infectieuse de l’Armee des Etats-Unis.
Pour citer cet article : Court L, Hauw J-J, Le docteur Francoise Cathala Pagesdx.doi.org/10.1016/j.neurol.2014.02.003
C. Gajdusek et J. Gibbs venaient de reussir la transmission
du kuru et d’un cas de Creutzfeldt-Jakob (CJ) au chimpanze.
Elle constate la puissance de la recherche medicale aux Etats-
Unis, les collaborations remarquables entre Gajdusek, Gibbs et
l’Ecole de neurologie americaine dans le but de preciser
l’origine transmissible de certaines maladies neurodegenera-
tives, avec l’aide de neuropathologistes exceptionnels
(P. Lampert et E. Beck). Francoise Cathala decouvre trois
autres aspects complementaires de cette equipe. Le premier
etait l’importance du travail medical ethnographique de
Gajdusek. Il avait decrit et explique le kuru, maladie
decouverte quelques annees plus to t par un officier de sante
australien, V. Zigas, chez les Fore, peuple primitif de Nouvelle-
Guinee Papouasie. I. Klatzo avait etabli, sur une hypothese de
C. Gajdusek et de P. Lampert, le parallelisme lesionnel entre
cette maladie et le CJ decrit en Allemagne au cours de la
premiere partie du siecle. Cela avait conduit C. Gajdusek a
tenter – et reussir – la transmission de ces affections aux
primates. Le deuxieme etait le rapprochement, fait par J. Gibbs
et l’Ecole veterinaire americaine de W.J. Hadlow, des lesions
neuropathologiques de ces affections et de celles d’une
maladie du mouton, tres anciennement connue sous le nom
de « scrapie » (tremblante). Enfin, il existait une collaboration
etroite entre le NINCDS et les services du Ministere US de
l’Agriculture charges de suivre la maladie animale, notam-
ment W.J. Hadlow des Rocky Mountains Laboratories de
Hamilton. Elle se souvenait de son enfance et des bergers des
Cevennes qui connaissaient parfaitement cette maladie du
mouton. A son retour en France, ils l’assurerent qu’elle n’avait
pas disparu. . . L’ensemble des moyens mis a la disposition du
NINCDS par l’armee americaine a Patuxent permettait de
coder et d’informatiser, gra ce a un specialiste, les protocoles
experimentaux, la preparation rigoureuse des inocula, les
observations cliniques des malades comme des animaux, les
examens biologiques et anatomopathologiques. Elle pouvait
ainsi suivre l’evolution du kuru et du CJ inocules par
differentes voies chez des primates varies : chimpanze,
gibbon, macaques rhesus et cynomolgus, singes araignee et
ecureuil et les premiers essais de passage au cobaye.
Invitee par Gajdusek en sa maison de Chevy-Chase, elle
rencontrait l’atmosphere particuliere d’une famille atypique :
il avait en effet adopte, avec son ami Joe Wegstein, chef de
service informatique au FBI, des jeunes garcons orphelins dont
les familles avaient ete decimees par le kuru, les sauvant d’une
mort certaine. Les principes educatifs etaient stricts et
austeres, en depit des apparences, mais sous une expression
bien differente de celle de son enfance cevenole.
3. Le retour en France, les difficultes et lareussite scientifique (1968–1979)
Le retour en France preceda l’attribution du Prix Nobel a
C. Gajdusek en 1976. Si Francoise Cathala fut parfaitement
accueillie par ses confreres neurologues, tant a Paris qu’en
province, et par certains virologues (comme P. Lebon de
l’ho pital Saint-Vincent-de-Paul a Paris), les contacts avec l’IP
furent plus difficiles : Andre Lwoff (Prix Nobel en 1965, qui
avait propose une classification des virus comportant toujours
un ADN ou un ARN, ce qui ne semblait pas compatible avec le
y et l’histoire des maladies a prions. Revue neurologique (2014), http://
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concept de prion) n’acceptait qu’avec beaucoup de nuances la
notion d’infection virale a expression lente. Il s’etait deja
oppose a T. Alper et R. Latarjet qui avaient montre la
radioresistance de ces agents atypiques et avaient propose
l’hypothese d’une proteine infectieuse ou de l’absence d’un
acide nucleique codant [4]. De plus, il n’avait pas d’affinites
particulieres avec l’equipe du NIH, meme lorsqu’elle fut
aureolee par le prix Nobel. Francoise Cathala avait alors
l’intention de promouvoir, avec le soutien du NIH, des essais
d’inoculation a partir de maladies degeneratives du SNC : CJ,
Alzheimer, SEP et sclerose laterale amyotrophique. Une
tentative de transmission de CJ se fit, helas, sans resultat,
avec perte de l’animal. Et l’experience ne put se repeter : l’IP,
avec J.-L. Guenet qui venait de l’animalerie de primatologie du
CEA de Fontenay-aux-Roses, renoncait a utiliser les primates
en faveur d’une animalerie modele de souris.
C’est alors que H.P. Cathala, chef du service d’electro-
physiologie de la Salpetriere, avec lequel l’un d’entre nous
avait de fructueux echanges dans le traitement de l’informa-
tion en EEG, nous proposa une collaboration avec son epouse.
Il connaissait bien nos themes de recherche, en particulier
l’effet des radiations sur le SNC. Il savait que nous disposions,
tant au CEA de Fontenay qu’au Centre de recherches du
service de sante des armees (CRSSA) a Percy-Clamart,
d’animaleries de primates et que, grace aux travaux de
M.J. Klein et C.L. Milhaud au Centre d’etudes et de recherches
de medecine aeronautique, il nous etait possible d’experi-
menter sur le chimpanze. La decision fut prise, fin 1972, de
realiser avec F. Cathala et le NIH une etude clinique,
biologique, electrophysiologique et anatomopathologique
d’une transmission de maladie de CJ au chimpanze. Celle-ci
etait quasi inconnue du plus ancien d’entre nous qui se
souvenait seulement d’un EEG particulier qui avait ete
commente dans la clinique de J. Dechaume. Mais, radio-
biologiste eleve de R. Latarjet, il savait que ce specialiste des
rayons UV, X et gamma avait decrit a Curie et a Orsay,
l’importante radioresistance de certains agents, en particulier
de la tremblante, du kuru et du CJ. Il avait meme evalue a
quelques nm la valeur de la dimension de ces cibles
potentielles [4]. Nous etions fort interesses par ces donnees
car elles pouvaient correspondre tant a un mecanisme de
radioresistance proprement dit qu’a une radio-restauration. Il
nous fut alors possible de decrire l’evolution de la maladie
chez un chimpanze provenant de Patuxent et inocule par voie
intracerebrale (IC) par un prelevement cerebral d’une malade
de F. Rohmer. Le responsable des etudes de radiosensibilite du
SNC du groupe du Service de sante des armees au CEA sollicita
le renouvellement du contrat que nous avions obtenu pour les
premieres etudes. Ce fut acquis avec l’appui de R. Latarjet,
R. Naquet, alors directeur des Sciences du vivant a la Direction
des Recherches et Moyens d’Essai de la Delegation Generale a
l’Armement, et de nombreuses autres personnalites influen-
tes comme D. Albe-Fessard, P. Bancaud et M. Jouvet. Deux
autres animaux furent adresses du NIH. Nous disposions a
Fontenay-aux-Roses d’installations plus reduites qu’a Patu-
xent, mais plus modernes, de la presence d’un veterinaire,
N. Bouchard, venu nous rejoindre des laboratoires de micro-
biologie de la DGA a Vert–Le Petit et de l’aide du service de
neuropathologie Charles Foix de la Salpetriere dirige par
R. Escourolle, ou l’un d’entre nous travaillait, en collaboration
Pour citer cet article : Court L, Hauw J-J, Le docteur Francoise Cathala Pagesdx.doi.org/10.1016/j.neurol.2014.02.003
avec F. Gray et J.-F. Foncin. Au CRSSA de Clamart, le concours
de G. Deloince et de G. Lemercier, neuropathologiste qui
revenait de Dakar (ou il collaborait avec H. Collomb) et qui
travaillait au CRSSA de Lyon sur la microscopie electronique
des virus de l’hepatite et surtout sur la tremblante, nous etait
acquis. Les installations et les techniques indispensables a
cette recherche difficile, en raison, notamment, de la longueur
inhabituelle de l’incubation des infections a agents non
conventionnels, etaient enfin reunies. Les etudes de trans-
mission, programmees tant a Fontenay-aux-Roses qu’a
Clamart, se multiplierent. Elles associaient l’electrophysiolo-
gie et la psychophysiologie puis la neuropathologie de
rongeurs, chimpanzes et singes ecureuils inocules par
differentes formes de CJ, le kuru, puis la tremblante. De
multiples inocula (tissu cerebral, LCR, ganglion, plaque de
Peyer, leucocytes) et toutes les formes d’inoculation (IC, IM, IV,
SC, per os) furent utilises. Des essais de passage du CJ et de la
tremblante a la souris et au rat furent couronnes de succes.
Notre recherche pouvait enfin avancer.
C’est alors que l’Institut national de la sante et de la
recherche medicale (Inserm), ou elle etait Chargee de recher-
che, detacha Francoise Cathala dans le service de J. Huppert au
Centre international de recherches sur le cancer a Lyon. Le but
etait louable (une promotion a la Maıtrise de recherches) mais
ce transfert ne facilitait pas les recherches. Francoise Cathala
subissait toutes les subtilites de l’administration de la
recherche en France lorsque la mode scientifique considere
le sujet peu important, voire « heretique » et decide d’en brider
toute extension.
Toutefois, la machine etait en marche. R. Naquet du Centre
national de la recherche scientifique (CNRS), avec notre accord
et celui de Francoise, creait un laboratoire et un service sur le
sujet a Marseille. J. Bert, neuropsychiatre et medecin du
Service de sante de la marine, qui avait travaille a la NASA sur
le chimpanze, y assurait les experimentations et le suivi
clinique. Le laboratoire de microbiologie de J. Tamalet, qui
avait manie les « virus lents » (visna et encephalopathie du
vison) etait charge des etudes microbiologiques et biochimi-
ques. C’est ainsi qu’en 1981, J. Nicoli, chef du Service de neuro-
virologie du Pharo (Institut de medecine tropicale du service de
sante des armees) isolait une fraction proteique particuliere-
ment infectieuse du tissu cerebral. Parmi les rares specialistes
des proteines en France, les seuls susceptibles de se lancer
dans un codage travaillaient alors sur la cholinesterase a
l’Ecole normale superieure pour le service de sante des
armees, dans le cadre de la recherche contre les toxiques de
guerre. Ils ne disposaient pas de laboratoire protege contre le
risque infectieux. Les etudes ne purent d’ailleurs se poursuivre
a la suite d’un mouvement qui s’opposait au maintien d’une
unite de primatologie dans l’enceinte hospitaliere de la
Timone, alors que l’effort realise en France pouvait etre
couronne et que S. Prusiner, visitant le laboratoire du Pharo, y
decidait immediatement de l’orientation de son travail.
Francoise Cathala revint enfin a Paris, Maıtre de recher-
ches, et se consacra a l’epidemiologie du CJ en France, en
accord avec C. Gajdusek ; elle recevait la collaboration et
l’appui d’un medecin du NIH, P. Brown, qui epousa sa niece
lors de ce sejour. Elle avait auparavant lance une serie de
travaux dans le but de preciser l’action des agents non
conventionnels sur des cultures neuronales et de limiter les
y et l’histoire des maladies a prions. Revue neurologique (2014), http://
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experimentations animales. Les etudes epidemiologiques
furent immediatement productives gra ce au reseau qu’elle
sut creer et animer et a l’accueil efficace des neurologues et
neuropathologistes francais. Son equipe s’augmentait de
J. Chatelain, N. Delasnerie-Laupretre pour l’epidemiologie et
M.-H. Bassant qui poursuivait au CEA une innovante analyse
electroclinique et biochimique de la tremblante du rat.
A Fontenay-aux-Roses, comme a Clamart, de multiples
explorations conduisaient a de tres nombreux resultats
portant sur l’efficacite des voies d’inoculation, la description
des modifications electrophysiologiques, toutes precoces et
bien anterieures au debut des signes cliniques, l’apparition
d’une epilepsie partielle chez le singe ecureuil, d’une
encephalopathie associant signes electrocliniques de comi-
tialite et activites lentes continues dans le kuru, le ro le
accelerateur des biopsies cerebrales ou l’influence des
irradiations cephaliques ou globales – radiations ionisantes
ou non ionisantes (hyperfrequence) confondues. La recherche
sur la tremblante du mouton etait initiee en collaboration avec
B. Toma de l’Ecole veterinaire d’Alfort. Une etude epidemio-
logique, couplee a celle du CJ mise en place par F. Cathala et
P. Brown, fut mise en œuvre avec J. Chatelain : si la maladie de
CJ s’averait rare, la tremblante des ovins et des caprins, bien
plus repandue, etait quasi endemique [5]. Variable avec la race
et le terroir, gardee confidentielle, elle ne posait pas de
probleme sanitaire aux veterinaires. L’equipe se completa
avec la venue de jeunes assistants radio-biologistes du Service
de sante : ce fut d’abord P. Gourmelon qui devait decrire aux
Etats-Unis la maladie de CJ du chat s’accompagnant de la
disparition du sommeil paradoxal, qui presentait de grandes
analogies avec l’insomnie fatale familiale humaine qui venait
d’etre reconnue. D. Dormont, un an plus tard, s’initiait aux
techniques de la biologie moleculaire aux Etats-Unis ; il
reussissait alors, avec R. Latarjet et P. Marcovits, dans la ligne
des travaux de J.-P. Moreau, le passage en culture de l’agent
infectieux et l’augmentation de son infectiosite [6], ce qui
permit plus tard de confirmer la resistance des agents du kuru,
de la maladie de Creutzfeldt-Jakob et de la tremblante aux
radiations [7]. J. Viret [8] et A. Privat [9] demontraient chez la
souris, en resonance paramagnetique et en microscopie
electronique, les modifications tres precoces, des la troisieme
semaine, des membranes neuronales dans la tremblante de la
souris. L’ensemble etait presente par F. Gros, de l’IP, a
Biochem. Biophys. Res. Commun. qui lui reserva un accueil
favorable [8].
4. La reconnaissance (1979–1988. . .)
En 1979, cet ensemble de recherches etait expose a l’Academie
de medecine [10–13]. La demarche experimentale etait
regulierement organisee a partir de reunions tenues a la
Salpetriere, a Fontenay-aux-Roses ou, le plus souvent, a Percy-
Clamart, autour de R. Naquet, R. Latarjet, M. Marcovits, F. et
H.P. Cathala. Francoise Cathala etait internationalement
reconnue [3].
Dans le cadre d’une serie de reunions internationales
tenues de 1981 a 1996 [14–16], c’est fin decembre 1981 que nous
organisions, Francoise et nous, au Val-de-Grace, un congres
international qui devait rassembler le monde scientifique et
Pour citer cet article : Court L, Hauw J-J, Le docteur Francoise Cathala Pagesdx.doi.org/10.1016/j.neurol.2014.02.003
medical s’interessant a l’ensemble des problemes des « virus
lents » [3]. A cette occasion, S. Prusiner exposait le concept de
proteine infectieuse (PrPres) resistant aux agents denaturant
les acides nucleiques qui conferait son caractere infectieux a
une proteine cellulaire normale (PrPc) par simple contact. Ce
concept de prion lui rapporterait le Prix Nobel en 1997. Il n’eut
pas d’echos tres favorables aupres de l’ecole de L. et
E.E. Manuelidis (Yale University), de ses anciens collegues
au laboratoire de Gibbs, notamment R. Rohwer et surtout de
A.G. Dickinson et R.H. Kimberlin (ecole ecossaise de la
tremblante). Elle rencontra un scepticisme mesure aupres
de R. Latarjet.
5. Le temps de crises sanitaires (1988–1996. . .)
Au cours du congres de 1981, fut notamment discutee en
seance l’infectiosite des echantillons biologiques que faisait
craindre la transmission de la maladie de CJ a des patients
explores a l’aide d’electrodes intracraniennes ou traites avec
des outils chirurgicaux insuffisamment « sterilises » par des
methodes conventionnelles. P. Brown y discuta les modes
drastiques de sterilisation de ces agents [17]. Ces donnees
posaient la question de l’innocuite des hormones preparees a
partir d’hypophyses humaines. Quelques cas avaient ete
signales dans le traitement de la sterilite mais c’est un peu
plus tard que des cas de maladie de CJ transmis a partir
d’autres preparations hormonales allaient conduire pratique-
ment tous les pays a l’abandon immediat de ce type de
preparation sans une purification rigoureuse. Pour des raisons
complexes et en depit de mises en garde repetees, notamment
par F. Cathala, L. Court et R. Latarjet, la France eut le
douloureux privilege de compter, a partir de 1991, le nombre
de cas le plus eleve d’encephalopathie spongiforme en relation
avec « le traitement par l’hormone de croissance d’origine
humaine ». Francoise Cathala avait alors eprouve un profond
mouvement de revolte et de desarroi devant l’incapacite totale
que nous avions eu a nous faire entendre. Plus tard les
rapports – excellents – de D. Dormont, rediges a la demande
d’H. Curien, ministre de la Recherche, ne devaient pas
modifier beaucoup l’etat des esprits : cette recherche etait
marginale et ne concernait pas la sante publique.
L’hypothese que nous soutenions alors avec R. Latarjet
etait l’association de la proteine infectieuse a un retrovirus. J.-
C. Cherman, specialiste des retrovirus a l’IP, avait constate, en
meme temps que l’equipe de R.H. Kimberlin, que les kryptates,
inhibiteurs des reverse transcriptases, s’opposaient a l’infec-
tion s’ils etaient injectes pendant ou peu apres l’inoculation.
F. Cathala et J. Chatelain les utiliserent alors dans la
tremblante naturelle, protegeant avec succes les agneaux
par des injections qui precedaient immediatement la mise bas
ou etaient realisees quelques jours apres elle, ceci sur le
terrain et dans une ferme modele de l’Aisne (ces donnees ne
furent malheureusement pas publiees).
Le Congres organise au Val-de-Gra ce a Paris avec Francoise
Cathala sur le theme general des infections virales lentes, du
18 aux 20 mars 1996 [16], reunit tous les chercheurs concernes :
apres une introduction solennelle par C. Gajdusek, une lecon
tres documentee et avant-gardiste de S. Prusiner, nous eumes
la surprise, le deuxieme jour, avant toute presentation, de voir
y et l’histoire des maladies a prions. Revue neurologique (2014), http://
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s’envoler, sans un mot, tous les chercheurs britanniques, dans
une bourrasque remarquable : ils avaient ete rappeles par leur
gouvernement qui annoncait, a la Chambre des Communes,
10 cas de « variante de la maladie de CJ » lies a une exposition a
l’agent de l’Encephalopathie Spongiforme Bovine (ESB) qui
decimait le cheptel du pays depuis 1981 [18]. Cette epidemie
etait nee d’une modification de la preparation des aliments du
betail (farines de viande et d’os) confectionnes a partir de
viande et de carcasses ovines et bovines qui ne subissaient
plus de sterilisation sous pression a temperature elevee. Elle
devait devenir une crise sanitaire paradigmatique en raison de
l’atteinte simultanee des consommateurs et des producteurs.
Son origine reste encore mysterieuse. Certes, nous avions pu,
quelques annees plus to t, avec F. Cathala et J. Chatelain
reconnaıtre en France, en Bourbonnais, l’existence de la
tremblante naturelle de la vache, transmise ensuite a la souris
(ce qui ne fut malheureusement pas publie). On soupconnait
aussi d’exceptionnels cas d’encephalopathie spongiforme
sporadiques (analogues a la majorite des CJ humains) chez
les bovins. De plus, J. Gibbs et W.J. Hadlow avaient decrit des
cas analogues chez les ruminants sauvages des parcs
nationaux des Etats-Unis, mais la maladie etait rarissime et
une origine purement endogene restait difficile a concevoir.
F. Cathala et l’un d’entre nous ne pouvions que nous souvenir
des mises en garde faites a l’Institut national de recherche
agronomique (Inra) sur le danger potentiel des aliments et des
bovins importes du Royaume-Uni. P. Millot, chercheur de
l’Inra a l’IP, avait demontre, des 1982 [6], la sensibilite de
certaines races ovines et l’existence probable du meme
phenomene chez les bovins. L’Inra, a la difference des
autorites de Nouvelle-Zelande qui avaient detache a toutes
nos reunions leur attache militaire, n’avait jamais reagi devant
les importations de ces aliments ou animaux. Le cataclysme
britannique, les pertes economiques et les problemes sociaux
poses a l’Europe par l’epidemie d’ESB devaient entraıner, en
France, une seconde replique apres celle de l’hormone de
croissance. L’ensemble eut le merite de relancer les etudes et
les unites concues par P. Syrota, Directeur des sciences du
vivant au CEA, et dirigees par D. Dormont [19] puis J.-P. Deslys.
Elles allaient devenir un centre de recherches international
tres actif. La decouverte du virus de l’immunodeficience
humaine allait cependant bouleverser leur recherche :
D. Dormont et son equipe se consacrerent a cette epidemie
naissante et seul J.-P. Deslys poursuivit a Fontenay-aux-Roses
la thematique des prions. Des essais therapeutiques de type
compassionnel furent plus tard realises dans le CJ, sans
resultat.
L’Inserm, poursuivant les travaux de F. Cathala [20], creait
l’Unite 360 dirigee par A. Alperovitch. Celle-ci, avec le soutien
initial de la Direction Generale de la Sante (DGS), mettait en
place, en 1992, le premier reseau national de recherche
epidemiologique sur la maladie de CJ coordonne par
N. Delasnerie-Laupretre [21]. La DGS creait la Cellule nationale
de reference de la maladie de CJ dirigee par J.-P. Brandel. La
DGS initiait, puis l’Institut national de Veille Sanitaire (InVS)
reprenait, le Centre de reference des ATNC dirige par l’un
d’entre nous. Il comportait, outre le laboratoire de neuropa-
thologie R. Escourolle, les laboratoires de J.-P. Deslys, S. Haık et
J.-L. Laplanche. L’InVS financait ainsi le reseau Neuropatho-
logie de la maladie de CJ, lui aussi dirige par l’un d’entre nous,
Pour citer cet article : Court L, Hauw J-J, Le docteur Francoise Cathala Pagesdx.doi.org/10.1016/j.neurol.2014.02.003
qui harmonisait les procedures et collectait les donnees de
l’ensemble du territoire francais. Ces initiatives furent suivies
d’une surveillance animale accrue [22].
6. Conclusion
F. Cathala avait eu la joie, peu avant de se retirer, en depit des
innombrables oppositions ou se melaient doute et juste
critique, absence de parler-vrai et tracasseries que l’organisa-
tion humaine peut secreter, de se voir proposer par J.-
P. Changeux la creation d’une unite de recherches sur ce
theme a l’IP. Francoise y avait propulse D. Dormont, le
successeur de l’un d’entre nous au CRSSA et au CEA. Elle
cessait son activite apaisee, consciente de ses resultats, ayant
vu son action reconnue dans la recherche etio-pathogenique
d’un ensemble de maladies degeneratives du SNC qui
depassait le cadre des affections transmissibles reconnues.
Celles-ci restent une preoccupation majeure des neuroscien-
ces pour lesquelles la notion de proteine prion reste encore
bien insuffisante. Ses amis J. Gibbs, prematurement, puis
F. Rohmer, R. Naquet et D.C. Gajdusek un peu plus tard,
l’avaient quittee aux termes d’une vie enrichissante et
douloureuse. Mais son travail etait reconnu, elle etait
soutenue par l’amitie naissante de J. Brugere-Picoux et
pouvait, avec elle et les equipes epidemiologiques, ramener
a de justes proportions les inquietudes qui etaient nees de
l’apparition de l’encephalopathie bovine et de ses consequen-
ces humaines. Elle meditait toujours le fait que la nouvelle
variante de la maladie de CJ avait pu s’etendre en France et en
Grande Bretagne, deux des pays ou la recherche sur le sujet
avait ete la plus feconde, sans avoir toujours pu convaincre, en
depit des publications les plus riches et des reunions
scientifiques les plus internationales. . . Alors qu’elle se
consacrait dans la paix et la joie a la theologie de l’Eglise de
sa jeunesse, elle perdait alors, avec son epoux, un soutien de
tous les instants.
Elle a ete exposee a toutes les difficultes qu’eprouve un
chercheur menant de front la vie d’epouse et de mere de
quatre enfants. Elle a certes subi dans cette carriere
exceptionnelle, soutenue par un enthousiasme et une energie
de tous les jours, la mise en doute de son travail (problema-
tique sans interet nee a partir d’une maladie unique et
rarissime. . .), les deplacements volontaires ou imposes en
France ou des Etats-Unis a la Nouvelle-Guinee, la jalousie
d’une unite dont on surveillait l’expansion et l’aisance. Elle a
beneficie en revanche d’appuis solides, de la comprehension
intelligente de son epoux, de la solidite de sa famille. Mais rien
n’aurait ete possible sans l’appui constant de P. Castaigne et de
toute la neurologie francaise et internationale. Elle a ete
soutenue par des amities profondes qui savaient moderer ses
enthousiasmes, canaliser son energie, discipliner son action
en lui faisant valoir les critiques constructives. Elle a subi la
jalousie mais « la jalousie cesse quand la superiorite enviee est
egalisee ou aplanie », la mechancete, mais « le mechant ne
peut etre ni sans l’objet haı ni avec. Peut-etre est-il
secretement amoureux ? » On retiendra sa determination,
son courage au service de qualites exceptionnelles. Une autre
remarque de V. Jankelevitch caracterise son action :
« L’intention. . . cela ne veut pas dire se faire remarquer par
y et l’histoire des maladies a prions. Revue neurologique (2014), http://
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l’Absolu, ni attendre les graces la bouche ouverte. . . cela veut
dire realiser cette sincerite avec soi qui est a la lettre presence
d’esprit et qui est l’ame de la sincerite comme elle est la foi
intime de l’intention » [23]. F. Cathala fut une femme pour
notre temps.
Declaration d’interets
Les auteurs declarent ne pas avoir de conflits d’interets en
relation avec cet article.
Remerciements
Nous voudrions remercier sincerement la famille de Francoise
Cathala pour l’aide qu’elle nous a fournie et le docteur Nicole
Delasnerie-Laupretre qui nous a procure la photographie de
Francoise Cathala utilisee dans cet article.
r e f e r e n c e s
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