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Armand Colin «L'ENFANT PRODIGUE »: UNE PARABOLE FANTASTIQUE DE LÉON BLOY OU LE «DEUS IGNOTUS » Author(s): Bernard Sarrazin Source: Littérature, No. 8, LE FANTASTIQUE (DÉCEMBRE 1972), pp. 24-35 Published by: Armand Colin Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41704300 . Accessed: 15/06/2014 06:11 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Armand Colin is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Littérature. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.230 on Sun, 15 Jun 2014 06:11:34 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

LE FANTASTIQUE || « L'ENFANT PRODIGUE »: UNE PARABOLE FANTASTIQUE DE LÉON BLOY OU LE « DEUS IGNOTUS »

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Armand Colin

«L'ENFANT PRODIGUE »: UNE PARABOLE FANTASTIQUE DE LÉON BLOY OU LE «DEUSIGNOTUS »Author(s): Bernard SarrazinSource: Littérature, No. 8, LE FANTASTIQUE (DÉCEMBRE 1972), pp. 24-35Published by: Armand ColinStable URL: http://www.jstor.org/stable/41704300 .

Accessed: 15/06/2014 06:11

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Bernard Sarrazin, Paris VII.

« L'ENFANT PRODIGUE » UNE PARABOLE FANTASTIQUE DE LÉON BLOY

OU LE « DEUS IGNOTUS »

« La conversation en était là, lorsque Quelqu'un qui ne sentait pas bon fit son entrée dans l'appartement ' »

On conviendra aisément que cette chute d'un conte noir publié par Léon Bloy dans le Gil Blas pour effarer le bourgeois de la IIIe République, « irruption de l'inadmissible au sein de l'inaltérable légalité quotidienne 2 » a une indéniable odeur de fantastique. Et pourquoi parabole? Parce que cette odeur émane d'une parabole évangélique 3 revue et corrigée, dont la citation précède immédiatement la conclusion sus-dite :

Vous vous fichez de nous, Apemantus, intervint alors Mme du Fondement. Vous nous aviez promis une histoire.

- Vous y tenez donc. Soit. « Un homme riche avait deux fils. Le plus jeune dit à son

père : - Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils ayant rassemblé tout ce

qu'il avait, partit pour une région lointaine, et là, dissipa tout son bien en vivant luxurieusement... »

- Ahl ça, s'écria impétueusement la petite baronne du Car- can d'Amour, par qui la mode fut inventée de se décolleter un peu au-dessous du nombril, mais c'est la parabole de l'Enfant prodigue qu'il nous débite, ce monsieur. Il va nous apprendre que son héros fut réduit à garder les porcs, en mourant de faim et qu'un beau jour, las du métier, il revint à la maison de son père, qui se sentit tout ému, le voyant arriver de loin.

- Hélas! non, madame, répondit Apemantus d'une voix très grave, ce furent les cochons qui arrivèrent ...

La conversation en était là...

1. Léon Bloy, « Propos digestifs », Histoires désobligeantes , Œuvres complètes, t. VI, Mercure de France, p. 312.

2. T. Todorov, Introduction à la littérature fantastique , Éd. du Seuil, 1970, p. 29. 3. Luc, XV, 11.32.

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Ainsi pénètre dans le salon de la vidamesse du Fondement (Nina de Villars) et dans l'aire de pensée des parleurs et du lecteur, un personnage sur l'identité duquel on hésite : naturelle - c'est Catulle Mendès, dit l'historien - , ou surnaturelle - « le monstre invisible de l'iniquité spiri- tuelle 4 ».

Parabole fantastique : inventons ce genre pour les besoins de la cause, c'est-à-dire pour la durée de cette étude, à seule fin d'éclairer les méca- nismes du discours fantastique, par sa confrontation avec le discours parabolique, étant bien entendu qu'on ne cherchera ni à confondre ces deux discours datés et marqués par un milieu culturel, ni à juger de la valeur théologique de cette paraphrase infidèle. Quant à la délimitation du corpus, le découpage du texte de Luc ferait problème - il appartient au moins à un ensemble de trois « paraboles de la miséricorde », la brebis perdue, la drachme perdue, le fils perdu et le fils fidèle - , si son arbi- traire n'était imposé par le texte fantastique auquel nous donnons prio- rité. Pour celui-ci, il est évident qu'il faut replacer la parabole dans l'ensemble clos du conte. « Propos digestifs ».

Avant de commencer, précisons que ce travail se situe entre plusieurs textes critiques dont il s'inspire; Todorov, et la critique qu'en faitBellemin- Noël 6 d'une part, diverses études sémiotiques du récit biblique d'autre part, et en particulier l'analyse d'une autre parabole, celle du semeur 6 (Matthieu, XIII, 1-23). On s'attachera à celle-ci, plus exemplaire que la parabole de l'enfant prodigue, avant d'étudier la version que Bloy donne de cette dernière.

L'articulation fragmentaire du récit-parabole du Semeur et du conte « Propos digestifs » de Léon Bloy.

Dès cette première opération, la comparaison s'impose avec l'analyse textuelle de Matthieu par Louis Marin. Le conteur comme l'évangéliste inscrit la parabole proprement dite dans un complexe de discours et de récit qu'il faut rapidement inventorier en extrayant de l'analyse de Marin les éléments qui nous serviront pour le conte fantastique.

1. Le récit-parabole du Semeur. a. Introduction, XIII, 1.3 (récit I) : «Jésus sortit de la maison...»,

« Il monta dans une barque et parla à la foule... », « Il disait ». b. La parabole proprement dite, XIII, 3.9 (récit II) : «Voici que le

semeur est sorti pour semer... » c. Pourquoi Jésus parle en paraboles, XIII, 10.17 (discours métalinguis -

tique , aux disciples) : « ... A vous il est donné de connaître les mystères 4. Ruth E. Hager, Léon Bloy et l'évolution du conte cruel . Ses Histoires désobligeantes ,

Klincksieck, 1967. 5. J. Bellemin-Noël, « Des formes fantastiques aux thèmes fantasmatiques »,

Littérature , n. 2, mai 1971. 6. L. Marin, « Essai d'analyse structurale d'un récit-parabole », Études théolo-

giques et religieuses , 1971, n. 1, p. 35; « Sémiotique narrative, récits bibliques », Lan- gages, n. 22, 1971. Sémiotique de la Passion, Bibliothèque des Sciences religieuses, 1971.

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du Royaume des cieux. » Et citation d'Isaïe : « ...ils se sont bouché les oreilles de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'en- tendent... »

d. Explication de la parabole, XIII, 18.23. (2e partie du discours méta - linguistique ) : « Écoutez donc, vous, la parabole du semeur. Quelqu'un entend-il la Parole du Royaume sans la comprendre, arrive le Mauvais qui emporte ce qui a été situé dans le cœur de cet homme... »

Quelques remarques : - Le récit I entretient avec le récit II une relation métaphoro-

métonymique par une équivalence symbolique entre parole et semence. La parabole englobée dans le récit I réagit sur celui-ci et en permet le déchiffrement, et inversement, de manière circulaire.

- La parabole est un récit à double sens, sens patent, sens latent. Selon la catégorie sémique ouvert vs clos « qui se spécifie selon trois axes » : collectivité - espace - parole :

foules espace extérieur semence dans les épines ̂ sens patent disciples maison - semence en bonne terre sens révélé

- Il y a ainsi homologie structurelle entre les quatre parties du récit-parabole : Jésus est acteur (récit I) ou opérateur (récit II) d'un sys- tème d'oppositions qui permet la transformation du message clair-codé en secret-décodé.

- Du récit I se décroche un discours métalinguistique en deux par- ties. D'abord la figure parabolique est présentée comme figurant sans figuré, leurre pour la foule, et ce type de discours est fondé sur une cita- tion prophétique, point central de la structure, texte hors texte, ouver- ture du texte vers son « origine » (par la bouche d'Isaïe, Dieu parle). Ensuite, dans un discours didactique, la parabole est moins révélée que redite autrement : discours hybride entre langage et métalangage, trans- codage plutôt que décodage qui préserve le « mystère » du texte.

2. L'histoire désobligeante : « Propos digestifs . » a. Récit I : 2 pages .

Après boire et manger dans un salon parisien on discute des moyens d'exterminer les pauvres : « Tous les ventres étant pleins, on décide d'en finir avec les pauvres. » Le psychologue (P. Bourget), le philosophe, des poètes apportent leurs solutions : fusillades, mitraillades, etc. Enfin le narrateur intervient pour introduire le principal orateur de la soirée :

Ma conscience d'historien ne me permet pas d'omettre un individu bizarre et passablement indéchiffré dont la mise précaire étonnait dans un tel milieu. On le surnommait familièrement Apemantus et il était le Cynique. La maîtresse de maison lui demanda son avis :

- Alors, tant pis, ce sera une histoire, dit Apemantus, une histoire aussi désobligeante que possible, cela va de soi; mais auparavant, vous subirez - sans y rien comprendre, j'aime à le croire - , quelques réflexions ou préliminaires dont j'ai besoin pour stimuler en moi le narrateur.

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b. Discours métalinguistique , première partie : 1 page. Pour commencer, une explication de la parabole avant sa lettre :

Exterminez cette vermine, mais, attention, on ne sait jamais qui est un pauvre, et combien de démons il cache en lui. C'est l'occasion d'insérer dans le discours un récit évangélique, très bref, qui apparaîtra après coup comme l'homologue, en mineur, de la parabole proprement dite : Rap- pelez-vous, dit Apemantus, « l'étonnante multitude de pourceaux qui fut nécessaire pour loger convenablement les impurs démons sortis d'un seul homme » (allusion au « démoniaque de Gérasa », Marc, V, 1.20).

c. Discours métalinguistique proprement dit : 1 page. « Je veux bien condescendre à être tout à fait clair. » Apemantus fait

la théorie de la parabole qui va suivre, il en donne la recette littéraire :

Quelle est, si j'ose m'exprimer ainsi, la ficelle qui casse tout, l'arcane certain, le Sésame de Polichinelle qui ouvre les cavernes de l'émotion pathétique et qui fait infailliblement et divinement palpiter les foules?

Mon Dieu! c'est très bête, ce que je vais vous dire. Ce fameux secret, c'est tout bonnement, V incertitude sur l'identité des per- sonnes. [...] Cette mécanique émotionnelle est inconcevable sans le Pauvre, sans l'intervention et la perpétuelle présence du Pauvre dont je sollicite, par conséquent, le maintien au théâtre et dans les romans. [Le Pauvre, à la différence du riche qui] sue son iden- tité par tous les pores [...]. Nul ne sait son propre nom, nul ne connaît sa propre face, parce que nul ne sait de quel personnage mystérieux - et peut-être mangé des vers - il tient essentielle- ment la place.

- Récit I : « Vous vous fichez de nous, Apemantus... »

d. Parabole proprement dite ou récit II, déjà cité. - Récit I (fin) : « La conversation en était là lorsque Quelqu'un... »,

déjà cité.

Remarques : - Même relation métaphoro-métonymique entre le récit II et la

parabole proprement dite, qui se trouvent donc mutuellement englobants et englobés. En effet il y a double équivalence symbolique (ambiguë) entre d'une part l'arrivée des cochons et l'entrée dans le salon de « Quel- qu'un qui ne sentait pas bon », d'autre part entre le même « Quelqu'un », l'Enfant prodigue, et, on le verra, Apemantus ou le narrateur. La parabole évangélique, en marquant cette dernière séquence transforme le tableau de mœurs parisiennes lui-même en récit fantastique, plus précisément en « parabole » de la vie contemporaine qui voile/révèle le dessous de l'aris- tocratie bourgeoise.

- Le double discours métalinguistique (transcodage du Pauvre en « possédé », confidence sur la recette littéraire à partir de 1' « incertitude sur l'identité des personnes »), offre deux codes de déchiffrement possible

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de la parabole de l'Enfant prodigue, un code religieux, un code littéraire ou règle du jeu du fantastique. - On retrouve ainsi un même jeu, une même articulation d'opposi- tions sémantiques entre les quatre séquences du conte et donc une homo- logie structurelle :

riche identité certaine , réalité sociale parole claire fO O* , (<J - pauvre identité incertaine - réalité religieuse - parole obscure

On verra que c'est le croisement des deux axes parole-argent, riche vs pauvre et connu vs inconnu qui constitue le double caractère parabo- lique et fantastique du texte.

- Le statut de la parabole est ambigu : récit qu'Apemantus prend à son compte, citation implicite mais évidente de l'Évangile, et donc texte dans le texte et hors texte. Est-ce Dieu qui parle ou Apemantus? La figure de celui-ci joue en tout cas un rôle essentiel. Il est à la fois pauvre chez les riches et « indéchiffré » - connu (c'est le pseudonyme de Bloy), dans le récit I, et opérateur, dans le récit II, du système d'oppositions. Ainsi une chaîne paradigmatique conduit du locuteur (« je », Bloy narra- teur) au principal acteur (« Quelqu'un ») en passant par Apemantus, le Pauvre, le possédé de l'Évangile, le Fils prodigue. C'est dire que cette chaîne conduit à un signifiant sans signifié. - Quant à l'interlocuteur, l'opposition évangélique foule vs dis- ciples n'existe pas ici non plus que l'opposition clair-codé vs secret-décodé. Un ou deux codes sont donnés mais, à la fin du conte, la parabole n'est pas déchiffrée. L'interlocuteur qui est tout à la fois le lecteur du Gil Blas et la société mondaine restent dans l'incertitude.

On peut déjà tirer quelques conclusions de cette première opération, l'analyse de l'articulation fragmentaire.

1. Cette «histoire désobligeante» est tout entière parabole dans la mesure où :

- « le déroulement du récit est conjugué avec l'instauration de son chiffrement » (L. Marin); - le discours qui double le récit ouvre le texte sur un dessous du texte, un « hors-texte ».

2. Cette parabole est fantastique : à la différence du texte évangé- lique qui appelle un acte de foi (en la parole qu'il vient de figurer), le conte de Bloy, éminemment ambigu s'achève sur le jeu de l'incertitude, jeu qui se lit aux divers niveaux qu'énumère J. Bellemin-Noël dans l'ar- ticle cité plus haut :

- point de vue : la figure du « narrateur-protagoniste ». Il y a « je » - témoin lucide - qui s'interroge dans l'incertitude, et il y a « moi » - le héros - qui vit l'aventure avec passion (jusqu'à la mort ou la folie, dans la majorité des cas). Une analyse intertextuelle avait permis à Albert Béguin de montrer « le point de vue éminemment personnel » de l'œuvre conçue par Bloy comme, dirons-nous, un texte fantastique où l'histoire de Dieu est homologue de l'histoire du prophète-témoin, elle-même homologue de l'Histoire humaine; - type de narration : « d'un côté, un discours raisonneur [...] de l'autre côté, le discours de l'inexplicable »;

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- procédés de « réalisation » ; Il y a bien coexistence d'effets de réel (le salon parisien, tableau de mœurs, tranche de vie contemporaine) et d'irréel : « Quelqu'un qui ne sentait pas bon » a bien le caractère de la « chose fantastique », effet purement verbal de « mévisibilité » par inter- vention du seul sens de l'odorat. « Espèce de non signe » comme « la chose », 1' « Entité » (la majuscule de Quelqu'un fait office d'embrayeur de « désignification 7 »).

Les deux versions de la parabole de l'Enfant prodigue : diffé- rences et ressemblances de structures.

Pour montrer avec plus de précision comment la structure du dis- cours parabolique s'est en quelque sorte prêtée à la déformation fantas- tique, tentons une seconde opération, indispensable dès lors que le texte de Bloy est construit sur la modification du texte de la parabole de l'En- fant prodigue et comparons avec Luc, XV, 11.31. Deux versions : celle de la baronne du Carcan d'Amour et celle d'Apemantus, la version « dévote » et la version subversive qui cache une interprétation que nous évoquerons ensuite : « Essayez un peu de faire pénétrer ces similitudes grandioses, familières tout au plus à quelques lépreux dans la pulpe onctueuse et cataplastique de nos dévots accoutumés dès l'enfance à ne voir dans l'Évangile qu'un édifiant traité de morale 8... »

1. Le texte de Luc, XV, 11.31.

Une tentative pour en construire le modèle actantiel, en s'inspirant de Popp, Greimas, Cl. Bremond, pour y découvrir une logique des possibles narratifs, révèle que la parabole n'est pas pur récit. L'investissement du modèle de Greimas s'avère délicat : soit le Fils prodigue sujet et bénéfi- ciaire, l'héritage, objet, le Père, donateur, et le voyage en pays lointain, épreuve, les fonctions que couvre notre héros - non héros ou traître? - se succèdent de manière paradoxale. La série « aliénation » est bien suivie d'une série « réintégration », mais tout se passe comme si le donateur récompensait un échec ou un méfait. Le fils fidèle est spolié. En fait le récit se développe à deux niveaux : deux isotopies du réel et du sym- bolique, selon un procès en « double bind » comme dit Louis Marin, à propos d'une autre parabole 9, « en double entrave ou contrainte qui " coince " le récepteur émetteur dans deux réponses alternatives égale- ment inacceptables » et qui l'oblige à aller au-delà du sens premier : que le père satisfasse le fils fidèle, ou son frère prodigue, il enfreint la règle du jeu social; il faut donc déplacer le sens ou la « pointe » de la para- bole sur une tierce figure.

On peut s'inspirer d'une hypothèse de M. de Certeau 10, évoquant

7. J. Bellemin-Noël, op. cit . 8. L. Bloy, Le Salut par les Juifs , Mercure de France, 1949, p. 130. 9. Sémiotique de la Passion , p. 211. 10. M. de Certeau, « Le christianisme dans la culture contemporaine », in Esprit,

6 juin 1971, p. 1207.

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la logique d'un langage qui ne serait ni celui des exclusions (l'un ou l'autrei, ni celui des compromis (l'un et l'autre) mais celui du « ni l'un ni l'autre ». Le récepteur du récit parabole est renvoyé à la présence absente qui est tout à la fois Dieu père et fils. Le Père riche, si on se reporte au récit qui introduit la parabole, le substitut symbolique du Fils Jésus (ou l'inverse circulairement), de ce Jésus qui « fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ». Or, ce Jésus est aussi narrateur de la parabole. Louis Marin a analysé une figure du même ordre dans le texte de Matthieu. Jésus est, dit-il, celui sans lequel les relations structurales ne seraient pas possibles, mais qui est toujours l'autre, inidentifiable, centre vide de la parabole, « utopie » selon l'étymologie de ce mot, à la fois dans le texte et hors-texte, sujet de l'énoncé et sujet de l'énon- ciation qui permet le jeu entre code et message, parole et semence ou héritage, puisqu'il est à la fois sujet, objet et destinateur.

2. La version dévote .

Peu de chose à en dire sinon que la rassurante logique y est retrou- vée, simplificatrice. Le fils fidèle est éliminé; le schéma devient clair : Père donateur, fils-héros qui lutte contre la tentation, disons le Malin et le vainc par la repentance. Le père peut alors sans contradiction consacrer la victoire du héros, et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes fictifs.

3. La version d'Apemantus. La parabole est tronquée, le Fils prodigue ne revient pas. Une

autre fin est substituée, totalement absurde, selon la logique narrative : l'opposant, à savoir les cochons, alias les démons, prend la place du sujet. Le récit est cassé, l'histoire se défait... à moins qu'on ne considère qu'elle s'achève hors récit, une fois fermée la parenthèse par l'entrée du prodigue en la personne de « Quelqu'un ». Mais a-t-on le droit de remplir ainsi ce signifiant vide? De ce pronom indéfini on peut faire plusieurs lectures simultanées et contradictoires. Cette figure est le lieu d'un vacille- ment du sens par une sorte de « fading » qui se produit au moment où la fiction interfère avec le réel. En même temps que fiction et réel s'effacent mutuellement, la possibilité apparaît en effet de deux lectures contradic- toires, jeu entre sens et non-sens, non-sens et sursens.

« Quelqu'un », signe vide ou figure d'apocalypse?

Ces signes vides, le pronom indéfini et les trois points de suspension, opèrent une clôture-ouverture du texte, en direction de deux lectures, celle du non-sens fantastique, jeu littéraire de part en part, et celle du sursens religieux, renvoi à un discours prophétique qui traverse le discours narratif dont il transgresse les lois. La « parabole fantastique » joue sur ces deux tableaux. A notre tour, jouons d'un vocabulaire ambigu : ce signe vide, est-il T « autre » du texte, transcendant sa structure, ou apo- calypse de l'Autre transcendant, Deus Ignotus?

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1. « L'autre du texte . »

Prenons « Quelqu'un » comme opérateur neutre d'une transformation structurale, à la manière du Jésus de Louis Marin. « Utopie » à partir de laquelle se construit le sens, centre vide. Il apparaît alors que la trans- formation reste ici inachevée. Rappelons nos deux grandes oppositions sémantiques selon l'axe de l'argent (riche vs pauvre) et selon l'axe de la parole (clarté vs obscurité). Ajoutons, celle de la vie et de la mort puisque le texte commence par l'extermination (en parole) des pauvres. Que se passe-t-il entre le début et la fin du texte? Au départ, des oppo- sitions tranchées entre les riches présents et dominants, les pauvres absents et dominés. Une fin symétrique demanderait un retournement. Celui-ci est au moins esquissé, si c'est le Pauvre qui entre, si les cochons pénètrent chez les riches. Mais il est en même temps suspendu par la confusion des acteurs dans la figure de l'intrus. Figure neutre en laquelle les contraires s'annulent (Apemantus : pauvre/chez les riches - Fils pro- digue : pécheur /repenti - Quelqu'un : prestigieux par sa majuscule/ dérisoire par son odeur), qui intervient en un temps neutre (entre temps du récit I et temps du récit II, temps des trois points de suspension), en un lieu neutre (au seuil de l'appartement). Le récit s'achève en creux, dans le vertige du non-sens, mécanisme qui tourne à vide.

Il faut ici arrêter la comparaison avec le texte évangélique. Par la suppression de la fin de la parabole comme par le procédé de « l'incertitude sur l'identité des personnes », Bloy introduit le jeu fantastique. Par le Jésus de Luc ou de Matthieu, échangeur entre deux isotopies, par qui la contradiction du réel est résolue au niveau symbolique, c'est l'événement d'une histoire réelle, un « événement de parole » (Jésus parle) qui entre dans la structure du texte. A la différence du « Quelqu'un » des Propos digestifs , être de fiction, « monstre » fantastique, être verbal de part en part. L' « indécidable » dans l'un et l'autre texte ne semble pas de même nature, même s'il y a analogie de structure. D'un côté un message à croire, de l'autre le vertige du vide. Une analyse sémiotique comparée ne peut plus rien nous apporter et doit être relayée par une « rhétorique de l'indicible 11 » qui montrera comment la parabole fantastique de Bloy, évangile du non-sens, produit des « effets de surnaturel », ou de « sursens », avec le non-sens de cette métaphore vide, ce signifiant sans signifié, « Quelqu'un », « Deus ex machina fantastica », Deus ignotus.

2. L'Autre , « Deus Ignotus ».

On voudrait montrer que sur la métaphore du personnage malodo- rant se construit une théologie fantastique ou encore que le vide structural décrit plus haut devient métaphoriquement surréalité en creux. La non- identité dans les Propos digestifs , devient une sorte d'identité. On va le confirmer par d'autres textes dans lesquels Bloy file ou creuse cette méta- phore qui l'obsède.

Qui est Quelqu'un? Dieu ou le Diable? Deux lectures simultanées

11. J. Bellemin-Noël, op. cit .

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de la chute du conte qui s'imposent, et pourtant se combinent, se contre- disent :

1. Son entrée malodorante est évidemment figurée par l'arrivée des cochons dans la demeure de l'homme riche. Démon impur à la recherche d'un habitat, le salon parisien. Les cochons ont sauté la barrière des guillemets pour passer de la fiction dans le réel, le réel aussi fort que la fiction. Dans ce cas, « Quelqu'un » figure l'entrée fracassante du mal à visage nu. Et dans la mesure où il est bien de cette société mondaine, il lui révèle son vrai visage.

2. Les démons sont sortis du pécheur possédé. Ils arrivent seuls, suivis du pasteur débarrassé de son troupeau. Voici, dominant la piétaille bour- geoise, le Pauvre malodorant, l'Exclu de partout, le Dieu souffrant qui va révéler sa glorieuse identité.

« J'ai cherché le grand dans la folie et sous une forme cynique 12. » Le tableau de mœurs parisiennes est figure de l'avant-dernier ou du der- nier tableau de l'apocalypse : « J'attends les Cosaques et le Saint-Esprit », répétait Bloy au moment de la « Grande Guerre ». Venue de l'Antéchrist dans l'abomination de la désolation, elle-même figure inversée de la Parousie divine qui suivra. L'organisation même du récit (fin de la para- bole comme fausse fin, reprise en redondance par la fin du conte) figure bien le récit apocalyptique à tiroirs. Et l'incertitude signifie que nous sommes « au seuil de l'apocalypse 13 », à la charnière du temps historique et de l'éternel :

- degré zéro de la métaphore : un invité en retard, ou un intrus inattendu;

- degré 1 : arrivée d'Un Étranger, Christ ou Antéchrist?

L'écart est tout à la fois d'ordre logique et temporel. Dans la pers- pective d'un temps eschatologique, on parlera avec Bloy ď « un préfi- gurant séparé d'un préfiguré 14 »; en sémantique, d'un signe neutralisé, signifiant séparé de son signifié. D'autre part, deux métalogismes de sens contraire permettent de réduire l'écart. Sur le mode tragique, l'an- tithèse entre aujourd'hui et demain, le profane et le spirituel. Sur le mode de l'humour, l'antiphrase qui transforme Catulle Mendès en figure dérisoire d'apocalypse. La métaphore bloyenne fait violence au réel qu'elle falsifie. L'effet de surnaturel dont nous parlions est « effet de réalisme irréalisé », ce qui l'apparente au fantastique 16. Ce signe vide devient symbole « creux », comme l'enfer est le « ciel en creux » pour Barbey d'Aurevilly, mise en œuvre d'une théologie négative qui mime par le discours prophétique ce que Bloy appelle « les inversions de la fin ». L'être se dit à travers le non-être sur le mode de l'énigme.

L'œuvre de Bloy est ainsi peuplée de ces témoins négatifs, Caïn, le Pauvre, Napoléon, le Juif moderne, le Fils prodigue, qui renvoient tous à la figure sans figure, la troisième personne de la trinité divine, qui

12. Note de Bloy, au sujet des Propos digestifs, cité par R.-E. Hager, op. cit., p. 90. 13. Titre d'un tome du Journal de Bloy. 14. Le Salut par les Juifs , p. 66. 15. J. Bellemin-Noël, op. cit., p. 113.

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« est tellement l'identique de Lucifer » que « cela finit par ressembler dans la perspective des gouffres à une sorte d'identité 16 ».

Les spéculations théologiques du Salut par les Juifs prennent appui sur notre parabole. On y lira une opération métaphorique en deux temps qui confirme notre analyse. Premier temps : le père et les deux fils sont assimilés à la Trinité.

Allez donc dire aux catholiques modernes que le Père dont il est parlé dans le récit de Saint Luc, lequel partage la substance entre ses deux fils est Jéhovah lui-même, s'il est permis de le nommer par son nom terrible; que le fils aîné demeuré sage, et qui « est toujours avec lui » symbolise à n'en pas douter son Verbe Jésus, patient et fidèle; enfin que le Fils plus jeune, celui qui a voyagé dans une région lointaine où il dévora sa substance avec des prostituées [...] signifie très assurément l'Amour créateur dont le souffle est vagabond et dont la fonction divine paraît être, en vérité, depuis six mille ans, de nourrir les cochons chrétiens après avoir pâturé les pourceaux de la Synagogue.

Deuxième temps : assimilation métaphorique des aventures des frères de la parabole d'une part, de Caïn et d'Abel d'autre part :

Qu'il suffise d'observer que le Seigneur, ne pouvant parler que de lui-même, est nécessairement représenté du même coup par l'un et par l'autre, par le meurtrier aussi bien que par la victime [...] L'aventure du Prodigue [...] n'est au fond qu'une des innombrables versions de cette première aventure de l'huma- nité.

Et le délire métaphorique n'a plus de limite :

Ajoutez, si cela vous amuse, que le veau gras qu'on tue, qu'on mange et dont on se régale, pour fêter la résipiscence du libertin, est encore ce même Jésus-Christ...

Cela rappelle les cochons. Mais il ne faut pas perdre de vue qu'à travers ces identités contra-

dictoires, c'est l'inidentifiable qui se révèle, troisième personne, celle dont on parle. Bloy connaît comme Benveniste 17 1' « absent » des grammai- riens arabes. Mais voici que la « non-personne » va dire « je », transgres- sant la logique grammairienne : écoutons pour finir les échos fantastiques de cette voix d'au-delà :

Silence! Une voix d'En Bas. Voix d'exil extrêmement lointaine, exténuée, presque morte,

qui paraît grandir en montant des profondeurs. La Première Personne est Celle qui parle La Seconde Personne est Celle à qui Von parle La Troisième Personne est CELLE DE QUI L'ON PARLE .

16. Salut par les Juifs, p. 145-205. 17. Benveniste, Problèmes de linguistique générale , p. 223 sqq.

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Cette Troisième Personne, c'est MOI, Israël, praevalens Deo, [...] Je suis l'Absent de partout, l'Étranger dans tous les lieux habitables, le Divinateur de la substance [...] et mes taber- nacles sont plantés sur des collines si lugubres que les reptiles même des sépulcres ont fait des lois pour que les sentiers de mon désert fussent effacés 18.

Conclusion : structure et absence.

Pour conclure, faisons appel à deux références critiques fort dissem- blables. Étudiant le « discours mystique » de J.-J. Surin (1600-1665), M. de Certeau 19 y voit « une organisation destinée à représenter Vautre [...] discours qui articule le dit sur le non-dit, ou qui peut-être, vacillant de l'un à l'autre, ne fait rien d'autre que de juxtaposer des propositions contradictoires [...] La faille de 1' « indicible » structure elle-même le langage [...]. De la sorte la « chose » n'est plus manifestée par et dans le mot, mais « cachée » (mystique). Un « manque » articule des antino- mies et des paradoxes... » Cette faille de l'indicible, nous l'avons repérée dans la structure du récit de Bloy comme dans sa rhétorique 20. Quant aux antinomies et paradoxes de Bloy, un orfèvre en matière de théologie fantastique, J.-L. Borgès21 en fait le relevé dans l'un de ses propres contes :

Dans les livres hermétiques, il est écrit que ce qu'il y a en bas est identique à ce qu'il y a en haut, et ce qu'il y en haut iden- tique à ce qu'il y a en bas; dans le Zohar, que le monde inférieur est un reflet du supérieur. Les histrions fondèrent leur doctrine sur une perversion de cette idée. Ils invoquèrent Matthieu, VI, 12 (« remets-nous nos dettes, comme nous les remettons à nos débi- teurs ») et XI, 12 (« le Royaume des cieux souffre violence ») pour démontrer que la terre influe sur le ciel, et I Corinthiens , XIII, 12 (« nous voyons à travers un miroir, dans l'obscurité ») pour démon- trer que tout ce que nous voyons est faux. Contaminés par les monotones , ils imaginèrent aussi que nos actes projettent un reflet inversé, de sorte que si nous veillons, l'autre dort, si nous forni- quons, l'autre est chaste, si nous accaparons, l'autre est prodigue. Après notre mort, nous nous unirons à lui et serons lui. (Un écho de ces doctrines est demeuré chez Bloy.)

Faut-il décider si c'est là façon ou contrefaçon de théologie, mystère religieux ou « mystère-magazine », jeu de l'imaginaire ou parole pro- phétique? Ce serait oublier notre propos qui n'était pas de classer un

18. Le Salut par tes Juifs , p. 195. 19. M. de Certeau, « Histoire et mystique », in Revue d'Histoire de la Spiritualité ,

n. 18, 1972, p. 69 sqq. 20. « La présence épaisse des mots masque l'absence des choses en révélant la

présence incertaine de ce qui ne peut être ni être dit. C'est le triomphe de la rhétorique dans l'assaut de toutes les figures [...]. On pourrait même parler d'une rhétorique de l'indicible. », J. Bellemin-Noël, op. cit., p. 112.

21. J.-L. Borges, L'Aleph , a Les théologiens », N.R.F., p. 56.

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genre, la « parabole fantastique » de Léon Bloy. (Il aurait fallu, pour cela, commencer par l'inscrire dans son système culturel.) En montrant comment la parabole se prête au fantastique, on s'est contenté de mettre en évidence un des aspects du discours fantastique qui l'apparente aux discours mystique et évangélique : la connexion entre structure et absence.

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