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SILEXGRAPHIE OBJECTIF MARS 2050 ! VU PAR DES LE FUTUR ÉTUDIANTS INTERVIEWS ANDREW MCAFEE MARK ESPOSITO PROSPECTIVE LES ALGORITHMES VONT-ILS DICTER NOS VIES ? SILEX ID : STAY TUNED & JOIN THE CLUB L 12793 - 9 - F: 2,00 - RD

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SILEXGRAPHIEOBJECTIFMARS 2050 !

VU PAR DESLE FUTURÉTUDIANTS

INTERVIEWSANDREW MCAFEEMARK ESPOSITO

PROSPECTIVELES ALGORITHMESVONT-ILS DICTERNOS VIES ?

S I L E X I D : S T A Y T U N E D & J O I N T H E C L U BL 12793 - 9 - F: 2,00 € - RD

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2 n e w s p a p e r

Enseignant et expert de l’économie circulaire, Mark Esposito nous met en garde contre les dérives de notre « croissance à tout prix », et nous livre sa vision des grands changements économiques de demain.

Silex ID : Beaucoup de gens misent sur la blockchain pour disrupter l’économie. En quoi cette technologie est-elle liée à l’économie circulaire ?

Mark Esposito : La blockchain est une plateforme collaborative qui permet de se passer du système bancaire, et par la même occasion, du manque de transparence qui le caractérise. Ce que l’économie circulaire cherche également à faire ! Nous manquons de visibilité sur l’identité des responsables : sera-t-elle encadrée par la communauté directement, ou par les acteurs historiques du système bancaire ? C’est précisément sur ce point que l’appartenance de la blockchain à l’économie circulaire peut être discutée. En France, les recherches sont en grande partie menées par les structures bancaires traditionnelles. Je n’aimerais vraiment pas voir Visa ou MasterCard devenir les plus grands acteurs dans la technologie blockchain. Je suis convaincu que cette technologie peut tenir ses promesses et devenir la première plateforme collaborative financière, mais nous devons faire en sorte de la rendre plus accessible à l’ensemble de la communauté si nous voulons que cela se réalise.

Les ruptures économiques et technologiques vont-elles venir des pays en développement ?

M.E : Ils ont l’opportunité d’adopter plus rapidement que les pays développés des technologies de rupture comme la

I N T E R V I E W S

VErs uNE èrENouVELLE

blockchain, car ils n’ont pas à défaire des systèmes complexes déjà mis en place. si certains pays émergents parviennent à démontrer la viabilité d’un modèle basé sur l’utilisation de nouvelles technologies, comme l’absence de tiers de confiance dans les transactions bancaires, les pays développés seront obligés de suivre le changement. Néanmoins, ce scénario ne pourra pas voir le jour si nous ne rééquilibrons pas l’accès au monde digital entre les différentes nations. Le monde de demain sera divisé entre les « riches », capables de comprendre et de maîtriser les technologies, et les « pauvres », privés de ces compétences.

Les nouvelles technologies bouleversent notre façon de construire le monde de demain. Pour nous aider à anticiper les développements à venir, vous avez cocréé le framework de prédictions économiques « DRIVE ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

M.E : « DrIVE » est construit autour de cinq axes de développement caractéristiques de nos sociétés : la Démographie, la rareté des ressources, l’Inégalité, la Volatilité, et le dynamisme des Entreprises. L’idée est d’identifier les problématiques autour de ces axes et d’agir en amont, avant qu’il ne soit trop tard. Nous devons mettre en avant

les initiatives originales qui permettent d’enrayer le déroulement des scénarios catastrophes, comme la raréfaction de l’eau. Au Pérou, les panneaux publicitaires permettent de transformer l’humidité de l’air en eau potable ! on ne prédit pas l’avenir pour dire aux gens ce qui va se passer, on le fait pour identifier des moyens d’agir avant que cet avenir ne se réalise. Les entreprises ont un rôle primordial à jouer dans la recherche de solutions innovantes aux grands défis de demain. Les « économies du peu », venues d’Inde, permettent d’obtenir de grands résultats à partir de peu de moyens. C’est le cas du frigo construit à partir d’argile, fonctionnant sans électricité ! Nous devons importer ces nouvelles façons de créer dans les pays développés, et réinventer notre manière d’innover. Faire beaucoup de choses en utilisant peu de ressources, c’est ce que nous essayons de mettre en avant avec « DrIVE ».

L’usI, C’Est L’oCCAsIoN DE rENCoNtrEr DEs sPEAkErs tous PLus INsPIrANts LEs uNs quE LEs AutrEs. Nous AVoNs INtErVIEwé Pour Vous DEux théorICIENs Du Futur, quI Nous DoNNENt LEur PoINt DE VuE sur L’AVENIr DE NotrE MoNDE :

MArk EsPosIto Et ANDrEw MCAFEE. ExtrAIts.

j u i l l e t 2 0 1 6

o c T o T E c h N o l o gyÀ chaque édition, l’usI réunit des speakers inspirés venus partager leur vision sur l’impact des technologies sur nos vies, nos entreprises et notre société. Cette année encore grâce aux écoles Centrale supélec et EssEC, nous avons voulu inclure à ces échanges cette génération qui devra construire le monde de demain. De sapiens à l’homo Evolutis, des racines de l’informatique au Machine Learning, de notre économie vacillante aux promesses de la Blockchain, du monde réel au monde virtuel, les conférences usI c’est leur avenir. Il est plus que jamais temps de leur demander leur avis sur le digital et sur son héritage…

E S S E c b u S I N E S S S c h o o lLe développement de l’EssEC est guidé par la conviction que le leader moderne doit combiner des compétences transverses et être capable d’articuler des compétences managériales, technologiques et de design. C’est pourquoi nous avons lancé nos Centres d’Excellence à vocation transverses ainsi que le k-Lab de l’EssEC où nous proposons à nos étudiants des expériences pédagogiques innovantes grâce aux technologies digitales et au design thinking. La vision d’usI va dans le même sens. Cette édition spéciale articule des regards croisés et donne à nos étudiants l’opportunité de prendre dès à présent un rôle de thougth leader en s’appropriant les idées qui feront le monde de demain.

c E N T R a l E S u p é l E cLes élèves ingénieur de l’école Centrale Paris (groupe Centrale supélec) sont conscients de la place qu’ils ont à jouer dans notre économie digitale, dans un monde de plus en plus connecté. La participation d’élèves de l’option Informatique de 3e année à l’événement usI 2016, aux côtés d’oCto technology, est très importante pour l’école. Les éclairages des speakers usI apportent une ouverture précieuse sur les évolutions de notre monde, non seulement sur le plan technologique mais aussi sur les usages, les problématiques sociales et sociétales de notre monde. Nous comptons sur nos élèves pour être des digital managers - et des « sapiens » responsables... - éclairés, dès leur entrée dans la vie active !

Prendre ses responsabilités

La vingtaine, c’est ce que nous avons tous en commun dans cette salle. une bande de jeunes fraîchement sortis d’école de commerce ou d’ingénieurs, que ce soit l’EssEC pour certains, ou Centrale supélec pour d’autres. Devant nous, les organisateurs aguerris des prestigieuses journées de l’usI, unexpected sources of Inspiration, qui nous posent un défi de taille : imaginer le monde de demain.

Les thèmes abordés en conférence sont passionnants. Nous comprenons que le monde va changer, que les révolutions annoncées sont nombreuses et qu’elles vont transformer nos modes de vie. Les nouvelles technologies progressent à vitesse exponentielle et la transformation digitale est en marche. « Homo Informaticus », « Blockchain », « Machine Learning »… autant de termes inconnus du grand public qui auront pourtant un impact déterminant sur notre monde, et dont nous voulons vous parler dans ce Newspaper. Notre génération est rêveuse et volontaire, prête à voir les opportunités qui naissent dans ce monde nouveau. Nous voulons travailler différemment, obéir différemment, diriger différemment. Être heureux avant d’être vieux, comme d’autres avant nous.

Mais le monde de demain est aussi porteur d’une multitude de défis. Les nouvelles technologies automatisent, simplifient, réduisent les coûts, mais excluent de l’emploi des milliers de travailleurs traditionnels. La transformation digitale passionne et fascine, mais pose un formidable défi de protection des données personnelles. Les notions même d’emploi, de travail, d’entreprise et la valeur qu’ils apportent à la société sont remises en question dans un monde où des start-ups d’une centaine d’employés peuvent valoir autant que des multinationales industrielles qui emploient des milliers de personnes.

Le monde de demain, finalement, reste à construire, et nous nous devons de prendre part à cette aventure. Nous savons que nous ne savons rien, mais nous savons aussi que nous pouvons tout. La vingtaine, c’est l’assurance d’avoir la vie devant nous. une vie que nous pouvons utiliser pour aider à bâtir cette modernité portée par la transformation digitale, pour construire un monde technologique sans exclure les humains qui le peuplent. La vingtaine, c’est choisir notre avenir et porter nos rêves, car personne ne le fera à notre place. C’est prendre ses responsabilités.

Par Pauline, Inès, Paul, Roxane, Paul, Ludovic, Pierre, Nicolas.

N o s p a r t e n a i r e s

É d i t o

« Les entreprises ont un rôle primordial à jouer dans la recherche de solutions innovantes aux grands défis de demain. »

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3i n t e r v i e w s

3 q u e s t i o n s à … E m m a n u e l l e D u e z

WoMen’Up, une association qui encourage la mixité en entreprise depuis maintenant cinq ans, The Boson Project, cabinet de conseil atypique et start-up composée d’entrepreneurs mettant les collaborateurs au cœur des processus de transformation… Une chose est sûre, la serial entrepreneure Emmanuelle Duez a plus d’un tour dans son sac. Passionnée, elle nous en dit plus sur l’évolution de l’éducation.

Selon vous, quelle place occupera l’école dans notre formation ?

seulement 7 % des jeunes de moins de 20 ans considèrent l’école comme un lieu de formation. Demain, on apprendra surtout de l’entreprise, de facto, avec l’obsolescence des compétences.

L’école va-t-elle subir des modifications avec les nouvelles technologies ?

les jeunes arrivent avec la possibilité d’apprendre par goût sur des ordinateurs, et peuvent vérifier la véracité des cours. Michel Serres parle même de « présomption de

compétence » pour les enseignants. Assisterons-nous à une refonte du système éducatif dans les années à venir ? Oui. Est-ce que vos jeunes sont terrorisés ? Non. Ils ont trouvé la solution eux.

Notre rapport au travail va t-il être impacté ?

Bien sûr ! Une enquête de l’OCDE confirme que les jeunes de moins de 30 ans auront en moyenne 13 métiers différents.

Extrait de la conférence USI 2016

Chercheur au MIT et co-auteur du bestseller The Second Machine Age, Andrew McAfee s’interroge sur l’impact des nouvelles technologies et le basculement du monde vers un nouvel âge, où les machines se substitueraient au travail humain.

Silex ID : Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire votre livre ?

Andrew McAfee : Avec mon co-auteur, nous avons remarqué depuis quelques années un pessimisme ambiant par rapport aux nouvelles technologies et à l’innovation, alors qu’il n’y en avait que peu ! Et nous n’étions pas d’accord. Nous voulions donc écrire un livre pour mettre en avant cette époque géniale de révolutions technologiques. Car nous sommes tous les deux optimistes à propos du futur, du monde et des nouvelles technologies. Notre livre The Second Machine Age est consacré à ce moment très important que nous vivons actuellement, avec toutes les questions qui en découlent.

Le « deuxième âge de la machine » va supprimer beaucoup de métiers. Comment s’adapter à ce changement brutal ?

A.MA : La technologie nous rend plus riches de manière générale et permet de mieux prendre soin de la planète. Même les économistes s’accordent à dire que le progrès technologique amène avec lui une foule d’avantages. évidemment, il y a aussi une foule de challenges qui accompagnent cette révolution technologique. Ce n’est pas non plus une nouveauté : le progrès technique a toujours supprimé certaines catégories d’emplois pour en créer de nouvelles. Les jobs qui disparaissent les premiers sont répétitifs et physiques, comme le travail à la chaîne, y compris dans les pays émergeants. Je suis convaincu que ce phénomène va prendre de l’ampleur et affecter des jobs plus qualifiés, comme les médecins : le diagnostic médical pourra être réalisé avec plus de précision par des machines et de la technologie. La technologie va accélérer la transformation de nos métiers et il faut s’y préparer dès

maintenant. Comment contrôler l’effet de ces innovations ?

A.MA : Il n’y a aucun moyen de garantir que les innovations auront un effet positif sur la vie des gens. Il est fort probable que la technologie apporte des inégalités. Mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons rien y faire, nous pouvons gérer ces conséquences négatives, qui seront là quoi que l’on fasse. Nous avons des exemples de pays dans l’histoire qui n’ont pas voulu adopter la technologie : tous ont montré que c’était la meilleure façon de devenir pauvres dans un monde connecté et globalisé et de ne pas rester compétitifs.

Quid de l’intelligence artificielle ?

A.MA : C’est un non-sens absolu d’avoir peur d’une intelligence artificielle maléfique. C’est aussi stupide que de s’inquiéter de la surpopulation sur Mars. Les professionnels de l’intelligence artificielle s’accordent tous sur ce point. Mais, bien évidemment, il ne faut jamais dire jamais et la technologie nous surprendra toujours. D’autres choses sont bien plus urgentes : arrêter le réchauffement climatique, réduire les inégalités de richesse, combattre le cancer… L’intelligence artificielle est la technologie la plus puissante que l’homme ait développé pour régler ses problèmes. s’en inquiéter est la pire chose à faire, on se mettrait des bâtons dans les roues.

Quelle est la technologie la plus révolutionnaire que vous ayez vu ces dernières années ?

A.MA : La « loterie à la naissance », définit si l’on naît dans un pays pauvre ou un pays riche. Cela conditionne quasiment tout dans notre existence : l’éducation que l’on va avoir, l’accès aux soins médicaux, à la nourriture… Cette qualité de vie a été réservée à une élite. Grâce aux smartphones, il est désormais possible de donner l’accès à la connaissance quasiment à tous les individus à travers le monde et de rentrer en contact avec des personnes situées à plus d’une journée de marche de là où l’on se trouve. Cela n’est jamais arrivé dans l’histoire de l’humanité ! Personne ne sait comment ça va se passer, mais c’est quelque chose d’incroyable : connecter l’humanité, voilà la plus grande révolution en marche !

Retrouvez la suite des interviews sur silex-id.com© U

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« S’inquiéter de l’intelligence artificielle est la pire chose à faire, on se mettrait des bâtons dans les roues. »

« Connecter l’humanité, voilà la plus grande révolution en marche ! »

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Découvrez le regard affuté de Tonu, cartooniste, sur les conférences de l’USI.

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Imaginons un instant que les Hommes doivent quitter la Terre suite à une catastrophe d’une ampleur globale… L’exploration de nouveaux espaces deviendrait alors une priorité pour assurer notre survie. Et si l’on découvrait de nouvelles formes de vie sur Mars ? Et si les conditions d’installation sur la planète rouge n’étaient pas celles que nous envisagions ? Et si notre salut était à chercher dans des contrées plus lointaines ?

LA SURVIE DE L’ESPÈCE

Vous hésitez pour votre prochaine excursion martienne? Laissez-vous charmer par la visite du Mont Olympus, la montagne la plus haute du système solaire. Préférez-vous plutôt découvrir la Valles Marineris, une terre de gouffres et de cratères ? Zut, le prochain Dragon de SpaceX est complet ! Peut-être qu’il reste encore un peu de place dans une co-navette de BlaBlaRocket, vous savez, le service de partage de fusée pour les voyages dans l’espace ? Avec un peu de chance, vous y découvrirez là-haut votre deuxième moitié… Ah, c’est tellement beau l’espace !

LE TOURISME SPATIAL

Pour Elon Musk, multi-entrepreneur à succès (Tesla, SpaceX…), le voyage spatial a toujours été une question de survie pour l’humanité. Dans 500 millions d’années, notre soleil s’étendra et brûlera la Terre, réduisant la vie à l’état de bactéries marines... Musk n’avait qu’un rêve : réussir à poser le pied sur Mars au cours de son existence. Il a même préféré mourir sur la planète rouge, en précisant toutefois qu’il souhaitait que cela ne soit pas dû à l’atterrissage. Aujourd’hui en 2050, les touristes terriens peuvent visiter le musée Elon Musk sur Mars, et venir se recueillir sur la tombe du dinosaure de la tech.

LE MAUSOLÉE ELON MUSK

Perdre plusieurs mois pour acheminer du matériel avec de coûteuses fusées-cargo ou s’approvisionner localement et instantané-ment ? Lancée en 2010 dans la Silicon Valley, la start-up Made In Space a opté pour la seconde solution en se spécialisant dans l’impression 3D en condition d’apesanteur. Plusieurs modèles ont déjà été développés et testés avec succès dans la station spatiale internationale. En 2050, sa filiale Made In Mars gère la production d’objets manufactu-rés, de médicaments et de composants alimentaires pour toute la station touristique martienne. Une belle réussite industrielle !

MADE IN MARS

Pour rejoindre Mars, comptez 6 mois de trajet. Nos conseils : posez vos jours de congés à l’avance et préparez-vous mentalement pour ce périple spatial.Les canettes « en polymérisation naturelle »,conçues à base d’algues marines et d’eau par le chef étoilé Thierry Marx et le Centre Français d’Innovation Culinaire vous permettront de profiter comme il se doit de votre statut privilégié de touriste intergalactique. Légère, 100 % comestible, biodégradable en 3 jours et adaptée aux conditions d’apesanteur :la cuisine du futur est déjà là !

LA CANETTE DU FUTUR

LA PROJECTION LASERJusqu’à 23 % plus rapide que la lumière, la propulsion photonique placerait Mars à quelques jours de la Terre pour un vaisseau inhabité, et seulement un mois avec quelqu’un à bord. Cette technologie utilise la quantité de mouvement des photons pour propulser un objet à travers l’espace. Un vaisseau pourrait donc avancer sans carburant, grâce à des lasers placés en orbite, qui capteraient la lumière du soleil et la redirigerait vers le vais-seau. Certains points d’ombre restent à éclair-cir : les scientifiques s’interrogent sur les conditions de freinage une fois arrivé à destina-tion, afin de se mettre en orbite et atterrir en toute sécurité…

BASE DE LANCEMENT

MARS2050 OBJECTIF

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Imaginons un instant que les Hommes doivent quitter la Terre suite à une catastrophe d’une ampleur globale… L’exploration de nouveaux espaces deviendrait alors une priorité pour assurer notre survie. Et si l’on découvrait de nouvelles formes de vie sur Mars ? Et si les conditions d’installation sur la planète rouge n’étaient pas celles que nous envisagions ? Et si notre salut était à chercher dans des contrées plus lointaines ?

LA SURVIE DE L’ESPÈCE

Vous hésitez pour votre prochaine excursion martienne? Laissez-vous charmer par la visite du Mont Olympus, la montagne la plus haute du système solaire. Préférez-vous plutôt découvrir la Valles Marineris, une terre de gouffres et de cratères ? Zut, le prochain Dragon de SpaceX est complet ! Peut-être qu’il reste encore un peu de place dans une co-navette de BlaBlaRocket, vous savez, le service de partage de fusée pour les voyages dans l’espace ? Avec un peu de chance, vous y découvrirez là-haut votre deuxième moitié… Ah, c’est tellement beau l’espace !

LE TOURISME SPATIAL

Pour Elon Musk, multi-entrepreneur à succès (Tesla, SpaceX…), le voyage spatial a toujours été une question de survie pour l’humanité. Dans 500 millions d’années, notre soleil s’étendra et brûlera la Terre, réduisant la vie à l’état de bactéries marines... Musk n’avait qu’un rêve : réussir à poser le pied sur Mars au cours de son existence. Il a même préféré mourir sur la planète rouge, en précisant toutefois qu’il souhaitait que cela ne soit pas dû à l’atterrissage. Aujourd’hui en 2050, les touristes terriens peuvent visiter le musée Elon Musk sur Mars, et venir se recueillir sur la tombe du dinosaure de la tech.

LE MAUSOLÉE ELON MUSK

Perdre plusieurs mois pour acheminer du matériel avec de coûteuses fusées-cargo ou s’approvisionner localement et instantané-ment ? Lancée en 2010 dans la Silicon Valley, la start-up Made In Space a opté pour la seconde solution en se spécialisant dans l’impression 3D en condition d’apesanteur. Plusieurs modèles ont déjà été développés et testés avec succès dans la station spatiale internationale. En 2050, sa filiale Made In Mars gère la production d’objets manufactu-rés, de médicaments et de composants alimentaires pour toute la station touristique martienne. Une belle réussite industrielle !

MADE IN MARS

Pour rejoindre Mars, comptez 6 mois de trajet. Nos conseils : posez vos jours de congés à l’avance et préparez-vous mentalement pour ce périple spatial.Les canettes « en polymérisation naturelle »,conçues à base d’algues marines et d’eau par le chef étoilé Thierry Marx et le Centre Français d’Innovation Culinaire vous permettront de profiter comme il se doit de votre statut privilégié de touriste intergalactique. Légère, 100 % comestible, biodégradable en 3 jours et adaptée aux conditions d’apesanteur :la cuisine du futur est déjà là !

LA CANETTE DU FUTUR

LA PROJECTION LASERJusqu’à 23 % plus rapide que la lumière, la propulsion photonique placerait Mars à quelques jours de la Terre pour un vaisseau inhabité, et seulement un mois avec quelqu’un à bord. Cette technologie utilise la quantité de mouvement des photons pour propulser un objet à travers l’espace. Un vaisseau pourrait donc avancer sans carburant, grâce à des lasers placés en orbite, qui capteraient la lumière du soleil et la redirigerait vers le vais-seau. Certains points d’ombre restent à éclair-cir : les scientifiques s’interrogent sur les conditions de freinage une fois arrivé à destina-tion, afin de se mettre en orbite et atterrir en toute sécurité…

BASE DE LANCEMENT

MARS2050 OBJECTIF

Illustration : Camille RocchiTextes : Nicolas Cabanes,

Ludovic Lay & Pierre Gallet

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6 n e w s p a p e r j u i l l e t 2 0 1 6

6h34

C’est l’heure à laquelle Marta a choisi de me réveiller ce matin. Elle connaît mes habitudes, ça fait quand même près de 15 ans que nous nous côtoyons. Je n’ai plus de secrets pour elle, elle sait tout de moi : mon emploi du temps, ce que j’aime manger le matin, le temps qu’il me faut pour prendre ma douche. Parfois j’en viens même à oublier que derrière cette voix ne se cachent que des lignes de code. Depuis notre rencontre, je revis le matin : elle me prépare mon petit déjeuner, me laisse le choix entre deux tenues après avoir vérifié la météo et mes meetings de la journée, et organise même les documents dont j’ai besoin pour ma journée. Cela me laisse du temps pour mes enfants.En avalant mes œufs au plat, j’écoute Marta proposer à ma femme de nous réserver des places pour le concert d’un jeune artiste de musique classique. selon elle, il devrait beaucoup nous plaire. C’est vrai qu’elle se trompe rarement dans ses sélections. Je n’arrive pas à me souvenir du dernier spectacle que j’ai pu trouver mauvais ; de la même manière que je ne me rappelle pas d’un spectacle qui m’ait récemment surpris. J’en viens à me demander si ne pas se tromper est un défaut. si Marta avait existé il y a vingt ans, je n’aurai sûrement

p R o j E c T I o N E N 2 0 3 6

LEs DoNNéEs Et LEs ALGorIthMEs VoNt-ILs

DICtEr Nos VIEs ? Texte : Pauline Bouvier & Inès Salhi

jamais rencontré ma femme ! Nos routes se sont croisées alors que je sortais d’une pièce de théâtre avant la fin, exaspéré par la piètre qualité du jeu. Elle avait pris la même décision, au même moment. Coïncidence ? À l’époque, oui. Nos emplois du temps n’étaient alors pas autant paramétrés à l’avance, et nous avons rapidement pu écrire notre histoire ensemble.

7h02

Marta me suggère de réduire la durée de mon jogging matinal car des travaux commencent sur le rEr aujourd’hui ; il est donc prévu que plus de monde prenne une voiture pour se rendre au travail. Vous l’aurez compris, je fais du jogging. J’ai fini par y prendre goût, mais cela n’a pas été très naturel pour moi. Je m’y suis forcé lorsque mon assurance santé est devenue trop chère. Courir me permet d’engranger des « points santé », qui influent directement sur le tarif de mon assurance. heureusement,

une loi a été votée le mois dernier pour interdire l’utilisation des données à caractère héréditaire pour calculer ses coûts. À force d’augmenter la précision des algorithmes, le système devenait de plus en plus inégalitaire. Ce qui a réveillé les consciences, c’était l’affaire rLE. Je lisais un article sur le sujet hier. Les banques voulaient utiliser le Remaining Lifetime Expectancy pour octroyer des prêts. C’est

GrâCE Au MAChINE LEArNING Et À L’INtELLIGENCE ArtIFICIELLE, LEs DoNNéEs oMNIPrésENtEs VoNt CoNsIDérABLEMENt IMPACtEr Nos VIEs, s’oCCuPANt

Pour Nous DE Nos AutoMAtIsMEs Et DE Nos hABItuDEs. LEs ENJEux DE soCIété AuxquELs Nous sEroNs CoNFroNtés s’EN trouVEroNt éGALEMENt FortEMENt ChANGés. Nous AVoNs suIVI L’uN DE Nos CAMArADEs DE ProMotIoN, INGéNIEur

DANs uN GrAND GrouPE FrANçAIs, PENDANt uNE JourNéE EN 2036.

un coefficient qui estime l’espérance de vie des personnes, et qui se fonde sur leurs informations génétiques combinées aux données récupérées via les objets connectés qu’ils utilisent. L’exploitation du rLE à des fins commerciales vient donc d’être interdite, mais son utilisation n’est pas encore très encadrée. Cela sonne pour les assureurs le retour en force du VVC, le fameux Valeur Vie Client qui oriente les

« Je ne me rappelle pas d’un spectacle qui m’ait récemment surpris. J’en viens à me demander si ne pas se tromper est un défaut. »

3 q u e s t i o n s à … Y u v a l H a r a r i

Yuval Harari, auteur du bestseller international Sapiens : Une brève histoire de l’humanité répond à nos questions sur l’exceptionnalité et la vulnérabilité qui nous composent, nous, les Homo Sapiens.

Qu’est-ce qui vous fascine le plus chez les Sapiens ?

notre immense pouvoir d’imagination, notre capacité à construire des mondes fictifs et à agir comme s’ils étaient bien réels. C’est ce qui nous permet de nous rassembler, de coopérer et de dominer la planète.

Quelle nouvelle espèce pourrait nous remplacer ?

Soit nous utiliserons la technologie pour créer un homme augmenté, soit nous briserons la règle la plus fondamentale du cycle de la vie en créant de toutes pièces de nouvelles espèces, qui n’auraient plus rien d’organique, en faisant ainsi disparaître la notion même de sélection naturelle au profit de celle de conception intelligente.

Vouloir combattre à tout prix la mort : n’est-ce pas la chose la plus auto-destructrice ?

Peut-être, mais c’est aussi une tentation à laquelle nous ne pouvons pas résister. la mort a toujours été perçue comme un phénomène métaphysique. Mais la science moderne a redéfini la mort comme un problème technique. Plus besoin de s’en remettre à Dieu pour l’éviter, quelques geeks dans un laboratoire font désormais l’affaire !

Interview intégrale sur blog.usievents.com

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7A r t I C l E

stratégies marketing depuis plus de 20 ans. C’est l’exploitation des données qui oriente les stratégies marketing. Aussi, recevoir une nouvelle offre d’assurance habitation avec des démarches simplifiées de changement d’adresse alors que j’envisage de déménager ne me surprend plus. Mais je trouve amusant de penser que ce sont mes habitudes qui trahissent ce projet, et non une lecture abusive de mails échangés avec mon agent immobilier (ils sont cryptés depuis bien longtemps).Je suis toujours impressionné par la capacité qu’ont les chiffres à modifier notre comportement. Même moi, qui pourtant n’aime pas que l’on me dicte ce que je dois faire, je me suis laissé porter par la tendance citoyenne : l’éducation par la data. Les data scientists en parlaient pourtant déjà il y a vingt ans. Je me rappelle d’une discussion au début de ma carrière avec éric Biernat, alors directeur Big Data chez oCto technology. Il m’avait dit : « Ce sont les algorithmes qui normaliseront le comportement citoyen. Chacun pourra comparer ses habitudes à celles des autres, et recevoir des conseils d’amélioration en cas de comportement trop différent ». Cela s’est vite révélé exact pour la conduite. Je fais partie des rares personnes qui conduisent encore, et j’ai réduit de 15 % mon assurance automobile en suivant les conseils de mon assureur. Mes progrès ont permis de diminuer mon risque d’accident, et ont des répercussions positives sur l’environnement. quand on y pense, c’est le comportement des meilleurs conducteurs qui m’a éduqué. Ce « bon » comportement n’a pas été induit par une institution sur des critères arbitraires, mais par une analyse précise des données. qui s’élève élève le monde…

8h59

Ma journée de travail commence par un meeting avec mon équipe. seule la moitié est présente physiquement, l’autre moitié étant représentée par des hologrammes. La technologie est encore balbutiante, mais nous permet tout de même de discuter naturellement de la stratégie de déploiement de notre nouveau produit. très vite, la discussion tourne autour des gens qui ne rentrent pas dans notre modélisation d’acte d’achat. Pour ceux là, aucun algorithme ne peut nous aider à savoir s’ils se situent dans notre cible. Certains souhaitent ne pas les considérer, car ils représentent une minorité, mais je trouve au contraire que ce sont de ceux que nous considérons

« marginaux » que peuvent émerger les nouvelles tendances. En effet, si un algorithme est capable de découvertes, en mettant parfois en évidence des corrélations pertinentes, il est incapable de créer. toute la créativité et l’inventivité appartiennent à l’homme. Il est donc essentiel de se focaliser non pas sur les comportements prévisibles, puisque les algorithmes sont plus performants que nous pour cela, mais de se recentrer sur le nouveau, les idées. Ainsi, avec la montée en puissance de la capacité de prédiction des algorithmes, mon travail est devenu de plus en plus intéressant : finis les schémas conventionnels, le raisonnement de masse, bienvenue aux idées nouvelles, aux changements de paradigmes, et aux disruptions massives ! L’automatisation des tâches m’a libéré du cadre strict qui m’était imposé pour remplir les objectifs de mon patron, et je peux maintenant laisser vagabonder mon esprit librement, pour répondre aux nouveaux défis auxquels mon entreprise doit faire face.

11h42

Je reçois une offre exceptionnelle pour un restaurant thaïlandais dans le quartier où je travaille. Je ne comprends pas ce qui arrive : je n’ai jamais goûté de nourriture asiatique ! Je dois être victime d’A/B testing de la part de Marta. Je vais peut-être me laisser surprendre. D’autant plus que je déjeune aujourd’hui avec une amie d’enfance, que j’aimerais bien aider. Elle ne trouve pas de

l’arrivée du Big Data et de l’intelligence artificielle dans notre quotidien pourrait bien nous permettre à tous d’avoir notre « Samantha » comme dans l’excellent film Her de spike jonze.

« Ce sont les algorithmes qui normaliseront le comportement citoyen. Chacun pourra comparer ses habitudes à celles des autres, et recevoir des conseils d’amélioration en cas de comportement trop différent. »

travail, se sent mise en marge de la société. tant de gens sont dans son cas ! Et pourtant, elle a fait de bonnes études, il y a 20 ans. seulement, elle a eu le malheur de faire ses études dans un secteur qui s’est fait disrupté, et ne trouve pas de moyen pour se recycler dans l’un des nombreux métiers qui embauchent. 60% d’entre eux n’existaient pas quand elle a décidé de son orientation*. C’est à se demander s’il y a du travail pour tous. quand je vois qu’en 16 ans de carrière, j’en suis déjà à six métiers différents, j’ai le sentiment que le cycle de vie d’un métier diminue, et que le recyclage est une problématique qui n’est plus uniquement environnementale ! Faire évoluer son travail perpétuellement est quelque chose que j’apprécie beaucoup, mais je suis conscient des difficultés engendrées. Notre formation se doit d’être continue, et quiconque ne parvient pas à suivre le rythme est marginalisé.

13h32

Mon téléphone vibre à nouveau ; c’est un message de ma mère. Elle me remercie pour mon cadeau. Merci Marta, surtout ! son anniversaire m’était complètement sorti de la tête.J’en profite pour mettre fin à mon déjeuner, car je suis attendu pour donner un coup de main dans l’association « une place pour chacun », où je suis bénévole. Nous cherchons des solutions non pas sociales mais économiques à cette problématique de marginalisation et d’accessibilité au travail ; le casse-tête est titanesque ! C’est selon moi l’enjeu majeur de notre génération. Comment garantir à chaque homme une place, sa place, dans la société ? Les technologies permettent d’automatiser tant de tâches ! L’économiste Daniel Cohen l’expliquait déjà à l’usI en 2016 : les technologies du 20e siècle ont permis des gains de productivité évidents avec une complémentarité homme-machine. « Aujourd’hui il y a encore de la complémentarité, mais il y a surtout une substituabilité ». C’est

la technologie qui dans bon nombre de cas remplace l’homme. Alors, repenser la valeur du travail ? Cesser la quête insatiable de croissance économique ? Daniel Cohen questionnait déjà notre envie avide de richesse : « Vous êtes plus riche et ça n’a aucune espèce d’influence sur votre bien-être [...]. Dans un siècle on sera tellement riche, qu’on travaillera deux ou trois heures par jour, on s’intéressera à ce qui compte vraiment ». on a encore un peu de chemin à faire pour que ce rêve devienne réalité. Mais l’une des pistes est probablement un revenu de base, universel pour tout homme. Le mois prochain, les Français doivent se prononcer dessus, et décider si nous suivons les pas de la Finlande (qui le pratique depuis 2015) puis de nombreux autres pays européens. Cela fait un moment que le sujet est abordé, mais le rythme des réformes en France n’a pas évolué. Le temps s’accélère, mais pas notre capacité à réformer !

15h12

Je profite d’un instant de répit pour consulter mes notifications mises en attente. E-mails publicitaires, messages des différents groupes de chat dont je fais partie, ou encore demandes d’informations que Marta n’a pas jugé urgentes. Grâce aux progrès de l’intelligence artificielle, tous les mails concernant la prise de rendez-vous ou la participation à des événements sont pré-remplis en fonction de mon agenda, et je n’ai plus qu’à valider leur envoi. tout ce temps gagné me permet de finir tôt ma journée de travail. J’en profite alors pour faire mes deux heures d’études quotidiennes pour ne pas me retrouver largué dans mon boulot. La formation, le e-learning, et la capacité à apprendre sont devenus primordiaux, bien plus que les compétences que les gens arborent fièrement sur leur profil LinkedIn !

17h00

Ma journée se termine, et je peux m’adonner à mes passions, et prendre le temps de les vivre pleinement.

C’est ce que tous ces algorithmes de machine learning ont permis : se recentrer sur l’essentiel. Vivre est redevenu un art, et dès lors que vous avez une place dans la société, que vous savez l’entretenir par une formation continue et un apprentissage rigoureux, cette substitution des technologies aux compétences humaines n’est que bénéfique. Gandhi voyait juste : « Vis comme si tu devais mourir demain. Apprends comme si tu devais vivre toujours. »

« C’est ce que tous ces algorithmes de machine learning ont permis : se recentrer sur l’essentiel. Vivre est redevenu un art. »

« Si un algorithme est capable de découvertes, en mettant parfois en évidence des corrélations pertinentes, il est incapable de créer. Toute la créativité et l’inventivité appartiennent à l’homme. »

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d I S p o N I b l E d a N S N o T R E R é S E a u

L’année passée, les start-ups américaines ont récolté 72,4 milliards de dollars, selon les estimations du cabinet CB Insights, et cette tendance est mondiale. Les structures de financement n’ont jamais été aussi nombreuses : aux traditionnels « prêt bancaire » et « love money » (argent prêté ou investi par l’entourage proche) se sont ajoutés d’autres modèles. Le crowdfunding ou financement participatif, les Business Angels, qui sont des particuliers, généralement des dirigeants, qui non seulement investissent des fonds dans une start-up, offrent également leurs conseils avisés et font profiter de leur réseau, les « super Business Angels » - des serial entrepreneurs à succès -, les Corporate Venture ou Venture Partners (fonds de capital-risque adossés à des grands groupes), les incubateurs puis les accélérateurs, sans oublier bien sûr les aides gouvernementales. Cet afflux de liquidité pose de sérieuses questions sur la capacité des investisseurs à maîtriser la possibilité d’une éventuelle « bulle start-up ». Face à ces craintes, comment les investisseurs et structures de financement s’organiseront-ils ? quelles seront les modes d’investissements et de financement en 2050 ?

VERS pluS dE SpécIalISaTIoN

La complexification des technologies, le besoin croissant de fonds pour s’imposer sur un marché concurrentiel et mondial laisseront peu de place aux petits investisseurs individuels. Les banques ne semblent pas être en mesure de s’adapter à ce mouvement complexe où la spéculation et le taux de risque effraient des structures qui n’ont plus le droit à l’erreur. L’hypothèse plausible pour 2050 semble être un partage de l’investissement entre des entreprises privées et des structures spécialisées de type incubateurs. « Les incubateurs vont devenir de plus en plus sophistiqués pour apporter le bon outil en fonction d’une industrie en particulier » affirme Fabrice Cavarretta, auteur du livre Oui la France est un paradis pour les entrepreneurs. En 2050, nous pouvons donc espérer une sophistication, ou spécialisation, encore plus prononcée des structures de financement. Aujourd’hui, la plupart des structures d’investissement commencent seulement à se spécialiser par thèmes, comme le Labo de l’édition de Paris&Co, mais il faudra fournir un effort bien plus grand pour des industries comme la Biotech, qui nécessitent des fonds, des effets d’échelles et des besoins industriels que l’on ne trouve pas encore dans les structures de financement privé actuelles. De nouvelles formes de financements hybrides pourraient bien voir le jour : les start-ups pourraient bénéficier, en plus du financement, d’accompagnement et de réseau ajustés à leur secteur d’activité.

qui sont les startuppers ?

Avec l’instauration du statut d’auto-entrepreneur en 2008, le profil-type du créateur d’entreprise s’est considérablement diversifié : ce ne sont plus seulement de jeunes chasseurs d’opportunités de moins de 25 ans, diplômés de l’enseignement supérieur qui se lancent dans l’aventure, mais de plus en plus des cadres en activité professionnelle ! En 2016, près d’un Français sur deux considère que la carrière d’entrepreneur est la plus intéressante actuellement. horizon 2050, la création d’entreprise sera largement démocratisée.

Les équipes aux commandes changeront elles aussi : plus internationales, du fait du rapprochement des réseaux entrepreneuriaux européens et mondiaux, plus mixées socialement et avec une plus grande amplitude d’âge, de 7 à 77 ans. Les fondateurs auront bénéficié de l’apprentissage cross-compétences : le triptyque ingénieur, commercial et développeur laissera progressivement sa place à des ingénieurs-commerciaux-développeurs, aux domaines d’expertise très spécialisés, et avec une meilleure connaissance des aptitudes des autres formations académiques. Entreprendre en 2050 sera accepté socialement, facilité financièrement, de par la prolifération et la professionnalisation des structures d’accompagnement, d’un réseau et voire même directement de clients. qui seront ces futurs startuppers qui relèveront ces défis d’une autre envergure ?

gullIVER chEz lES lIllIpuTIENS

Multinationales et grandes entreprises pourront également apporter les dernières garanties pour les derniers hésitants : venir entreprendre en interne dans une structure du type Lab d’innovation offrant le filet de sécurité d’un grand groupe en cas d’échec. si l’entrepreneur individuel a tous les outils à sa portée, un mouvement se dessine aussi du côté des grandes

entreprises où l’inertie des structures est un réel frein à l’innovation. Les grands groupes font le constat que l’innovation qui leur est si critique, leur échappe de plus en plus. « Les grandes entreprises se sont engouffrées dans la mode de l’innovation ouverte, sentant bien qu’elles avaient du mal à suivre le rythme effréné des innovations dans leur secteur, notamment celles qui sont induites par les vagues technologiques issues du numérique » affirme olivier Ezratty, auteur du Guide des start-ups et de Quelques femmes du numérique !.

Les entreprises ont rapidement compris que les start-ups étaient la clé d’une réinvention de leur r&D. Les grands groupes s’intéressent depuis longtemps à la scène start-up, mais la vague des rachats massifs de jeunes pousses semble s’essouffler et d’autres modèles d’interaction fleurissent sur le principe de l’open-innovation : hackathons, séminaires d’immersion dans des start-ups, ouverture de « labs » ou d’incubateurs d’entreprise où les grands groupes comme Publicis Conseil, renault, le groupe seb, orange, BNP, sNCF, Les Galeries Lafayette… reçoivent et interagissent avec des start-ups.

start-up ou r&D 2.0 ?

Les grands groupes apportent un avantage compétitif – financier et stratégique – non négligeable pour les start-ups qui y sont liées. Il est fort probable que le mouvement open-innovation s’intensifie jusqu’à retrouver le modèle classique où chaque grande entreprise aura un laboratoire de r&D composé de jeunes entrepreneurs sur un mode qui reste à définir. Il est donc très probable que les grandes sociétés « digèrent » cet afflux massif d’idées et d’innovation. Des structures de plus en plus complexes pour formaliser l’intégration de ces ex start-ups dans le groupe vont se développer. Et ainsi, d’ici 2050, cette « bulle start-up » que tout le monde craint va être régulée par les politiques de ré-internalisation de l’innovation. Les entrepreneurs qui ne souscriront pas à ce type de partenariat ou d’intégration auront une tâche complexe : trouver des fonds pour être compétitifs face aux projets des grands groupes, où les liquidités affluent. Ils pourront se regrouper en structures indépendantes pour faire face à la complexification de la création et donc à la difficulté d’entreprendre seul. Incubateurs privés, pépinières, hacker-house, et autres espaces de coworking semblent être des alternatives crédibles pour les 20 prochaines années, avant l’avènement d’autres types de structures...

Ce ne sont plus seulement de jeunes chasseurs d’opportunités de moins de 25 ans, diplômés de l’enseignement supérieur qui se lancent dans l’aventure, mais de plus en plus des cadres mariés en activité professionnelle !

Fonds d’expertise d’entrepreneurs

u N é c o S y S T è m E E N p l E I N E m u TaT I o N

2050 : LA Mort DEs stArt-uPs ?AVEC 146 LICorNEs, stArt-uPs VALorIséEs À PLus D’uN MILLIArD DE DoLLArs, LA sCèNE stArt-uP

N’A PAs été AussI ACtIVE DEPuIs 2000. BoursEs, outILs Pour LA CréAtIoN D’ENtrEPrIsE, DéCIsIoNs PoLItIquEs, JurIDIquEs Et FIsCALEs… L’ENtrEPrENEurIAt N’A JAMAIs été AussI ACCEssIBLE.

Texte : Roxane Albert, Nicolas Cabanes & Paul Poupet

L’innovation échappe de plus en plus aux grands groupes.