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17 16 C e n’est pas La Petite Maison dans la prairie. Mais presque. Avec la même insouciance apparente et cette osmose avec la nature... Cet environ- nement verdoyant qui s’impose, comme si le tumulte citadin n’était qu’un songe lointain. Sans prise aucune sur ce qui se trame au cœur de la ferme templière. Ici, on fait les choses calmement, avec application. Ici, on est serein. Le visiteur le sent. Il a envie de s’asseoir en tailleur sur le plancher en chêne et de méditer les yeux clos. La conscience en éveil, l’âme tournée vers les terres en culture de Christian Escriva. Ce type aux che- veux neige qui pèse et pense chaque mot qu’il prononce. Son éthique en étendard. Ce n’est pas un hippie. Ça y est, tout le monde l’a compris. Elles sont loin les années Roya. 1984. Ce (bon vieux) temps où lui et Odile – son associée, la mère de ses enfants – posaient les premières pier- res du Gattilier. Les premières graines. Une démarche qui ne trouvait que peu d’écho dans la vallée. Mais un art dont, aujourd’hui, on reconnaît les vertus. Tous les jours un peu plus. Et notam- ment à Valderoure où l’on semble plutôt fier de cohabiter avec pareils profession- nels depuis seize années. Huiles essentielles, macérations solaires, hydrolats, alcoolatures de plantes desti- nées à la phytothérapie et de bourgeons pour la gemmothérapie... Entre les murs de pierre de la bâtisse du XIII e siècle – pour une partie, la plus grande datant du XIX e –, et surtout sur les 67 hectares de terre, on répète des gestes ancestraux. On pratique même l’enfleurage de plan- tes à parfum, comme le faisaient les vieux parfumeurs grassois. À la différence qu’on utilise, ici, de l’huile de jojoba. On cultive, on prélève. Souvent, la nature fait bien les choses... Spontanément. Christian Escriva a les yeux qui brillent : « Nous sommes à 1 100 mètres mais le cli- mat de Valderoure est réputé froid. C’est absolument génial. On serait à 500 mètres, à Grasse par exemple, on ferait des cho- ses. Mais pas les mêmes. » Pas autant. Ici, les possibilités sont immenses. Et le pro- priétaire raisonné : « Ça fonctionne parce qu’on est réalistes. On n’a pas mis en place tout ça pour gagner un maximum d’argent. » La priorité c’était de suivre l’ordre des choses. De ne rien tordre ou forcer. Cent teintures mères, soixante Depuis 1984, Christian Escriva cultive, cueille et transforme fleurs, plantes, bour- geons en solutions thérapeutiques ou cosmétiques naturelles. Et haut de gamme. Un art développé à Valderoure, en haut pays grassois. AU POUVOIR DES FLEURS Le Gattilier laisse son cœur #1 # o s m o s e PAR GAELLE BELDA ([email protected]) CADRE DE VIE / PLANTES MÉDICINALES @GaelleBelda 1. La ferme templière, La Commanderie à Valderoure. 2. Christian Escriva : « En 1984, j’avais des doutes mais ça me plaisait. En 1990, ça s’ouvrait. Maintenant, c’est franchement ouvert. Il faut voir les centaines de personnes qui se bousculent quand on organise une journée portes ouvertes. À chaque fois, je n’en reviens pas ! » 3. Un vrai labo de confection de produits à visée thérapeutique ou cosmétique. 4. La gemmothérapie : chaque bourgeon est cueilli à la main. Chaque flacon est « dynami- sé » plusieurs fois par jour. C’est-à-dire, qu’il est remué délicatement. « On s’occupe d’eux comme des bébés », glisse Odile Sallantin. 5. Odile et des produits finis, dans une des réserves de La Commanderie. 6. C’est ici que l’on presse la fleur pour en recueillir l’essence. #2 #CHRISTIAN ESCRIVA Il crée Le Gattilier en 1984 à Breil- sur-Roya avec Claude Immordino – aujourd’hui pro- priétaire de La Santé par les plantes, à Nice – et Odile Sallantin, psycholo- gue de formation. CADRE DE VIE / PLANTES MÉDICINALES #4 #3 #5 #6 PHOTOS : FRANZ CHAVAROCHE ET GA.B. ([email protected]) @franzchavaroche

Le Gattilier laisse son cœur AU POUVOIR DES FLEURS · 20 21 Christian Escriva – Le Gattilier –, nous livre quelques recettes à base d’huiles essentielles (HE) pour que les

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Ce n’est pas La Petite Maisondans la prairie. Mais presque.Avec la même insoucianceapparente et cette osmoseavec la nature... Cet environ-

nement verdoyant qui s’impose, commesi le tumulte citadin n’était qu’un songelointain. Sans prise aucune sur ce qui setrame au cœur de la ferme templière.Ici, on fait les choses calmement, avecapplication. Ici, on est serein. Le visiteurle sent. Il a envie de s’asseoir en tailleursur le plancher en chêne et de méditerles yeux clos. La conscience en éveil,l’âme tournée vers les terres en culturede Christian Escriva. Ce type aux che-veux neige qui pèse et pense chaque motqu’il prononce.Son éthique en étendard.Ce n’est pas un hippie. Ça y est, tout lemonde l’a compris. Elles sont loin lesannées Roya. 1984. Ce (bon vieux) tempsoù lui et Odile – son associée, la mère deses enfants – posaient les premières pier-res du Gattilier. Les premières graines.Une démarche qui ne trouvait que peud’écho dans la vallée. Mais un art dont,aujourd’hui, on reconnaît les vertus.Tous les jours un peu plus. Et notam-ment à Valderoure où l’on semble plutôtfier de cohabiter avec pareils profession-nels depuis seize années.Huiles essentielles, macérations solaires,hydrolats, alcoolatures de plantes desti-nées à la phytothérapie et de bourgeonspour la gemmothérapie... Entre les mursde pierre de la bâtisse du XIIIe siècle

– pour une partie, la plus grande datantdu XIXe –, et surtout sur les 67 hectaresde terre, on répète des gestes ancestraux.On pratique même l’enfleurage de plan-tes à parfum, comme le faisaient les vieuxparfumeurs grassois. À la différencequ’on utilise, ici, de l’huile de jojoba.On cultive, on prélève. Souvent, la naturefait bien les choses... Spontanément.Christian Escriva a les yeux qui brillent :« Nous sommes à 1 100 mètres mais le cli-mat de Valderoure est réputé froid. C’estabsolument génial. On serait à 500 mètres,à Grasse par exemple, on ferait des cho-ses. Mais pas les mêmes. » Pas autant. Ici,les possibilités sont immenses. Et le pro-priétaire raisonné : « Ça fonctionne parcequ’on est réalistes. On n’a pas mis enplace tout ça pour gagner un maximumd’argent. » La priorité c’était de suivrel’ordre des choses. De ne rien tordre ouforcer. Cent teintures mères, soixante

Depuis 1984, Christian Escriva cultive, cueille et transforme fleurs, plantes, bour-geons en solutions thérapeutiques ou cosmétiques naturelles. Et haut de gamme.Un art développé à Valderoure, en haut pays grassois.

AU POUVOIR DES FLEURSLe Gattilier laisse son cœur

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PAR GAELLE BELDA ([email protected])

CADRE DE VIE / PLANTES MÉDICINALES

@GaelleBelda

1. La ferme templière, La Commanderie à Valderoure.2. Christian Escriva : « En 1984, j’avais des doutes mais ça me plaisait. En 1990,ça s’ouvrait. Maintenant, c’est franchement ouvert. Il faut voir les centaines depersonnes qui se bousculent quand on organise une journée portes ouvertes.À chaque fois, je n’en reviens pas ! »3. Un vrai labo de confection de produits à visée thérapeutique ou cosmétique.4. La gemmothérapie : chaque bourgeon est cueilli à la main. Chaque flacon est « dynami-sé » plusieurs fois par jour. C’est-à-dire, qu’il est remué délicatement. « On s’occuped’eux comme des bébés », glisse Odile Sallantin.5. Odile et des produits finis, dans une des réserves de La Commanderie.6. C’est ici que l’on presse la fleur pour en recueillir l’essence.

#2

#CHRISTIANESCRIVA

Il crée Le Gattilieren 1984 à Breil-sur-Roya avecClaude Immordino– aujourd’hui pro-priétaire de La Santépar les plantes,à Nice – et OdileSallantin, psycholo-gue de formation.

CADRE DE VIE / PLANTES MÉDICINALES

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PHOTOS : FRANZ CHAVAROCHE ET GA.B. ([email protected]) @franzchavaroche

1918

Le Gattilier,c’est del’amour. Desconvictions pro-fondes. Maispas que. C’estaussi beaucoupde rigueur,de précision,de soin.De temps.

CADRE DE VIE / PLANTES MÉDICINALESCADRE DE VIE / PLANTES MÉDICINALES

extraits de bourgeons, une quinzaine d’hui-les essentielles… fabriquées sur la base deplantes cultivées sur site ou sauvages. On enpasse. Le Gattilier a la maîtrise de plusieurscentaines de végétaux et développe unegamme encore plus énorme de produits arti-sanaux et biodynamiques. « Notre catalogueest monstrueux », reconnaît Christian Escriva.Qui ne compte plus. Parce que s’ajoutentmille autres préparations à celles 100 % loca-les. « Nous collaborons avec un réseau de pro-ducteurs qui travaillent dans le même étatd’esprit que nous. »

ÉVOLUER TOUT LE TEMPSIls œuvrent même avec Nitya, 29 ans, le filsd’Odile Sallantin et de Christian Escriva. Ils’est installé, à son compte, comme agricul-teur et a notamment fait le choix de la plantearomatique et médicinale de « collection ». Ilest également distillateur d’huiles essentiel-

les. Et il vit dans la bâtisse de paille fabri-quée maison par le paternel il y a quelquesannées.Les chiens ne font pas des chats. Christian etOdile sourient. « Nos enfants ne sont jamaisallés à l’école, vous savez... » Le maître deslieux marque une pause. « Je suis fier. Je suiscontent. Je m’en suis occupé de mes troisenfants. » Les cours à la maison. Avec papa etmaman. Ça ne rentre pas dans la petite casetout spécialement dédiée à nos mômes maisça peut donner de grandes choses. « Ananda,32 ans, est médecin à Bruxelles et avec soncompagnon elle a monté une gamme de pro-duits cosmétiques haut de gamme. » Que dunaturel, que du bio, que du bon. Et de quoijustifier la présence de bonbonnes en verreétiquetées « Ananda » en réserve.Pas de plante à distiller ou de préparationstockée pour Shanti, 24 ans. Christian Escrivabalaye la pièce du regard... « C’est elle qui a

Quelques plantes en culture auGattilier : cassis, hysope canes-cens, lavande officinale, thym vul-gaire à Thujanol, angélique archan-gélique, échinacée pourpre, valé-riane officinale, sarriette des mon-tagnes, pavot de Californie, saugesclarée... « Le thym, la lavande, lasarriette, la sauge précitées sont descultures issues de graines, issues

elles-mêmes de plantes sauvages.On parle de culture de population :ce ne sont pas des clones. Le spec-tre aromatique devient très étroits’il est multiplié à l’infini. Ici, il resteriche et large. » Et quelques-unes àl’état spontané : aubépine, viornelantane, cornouiller sanguin, frêne,marronnier d’Inde, tilleul. À peineplus loin, on ramasse le framboi-

sier sauvage. Nombre de pharma-cies dans le Var et les Alpes-Mariti-mes distribuent les produits duGattilier. Les huiles, les hydrolats– comme celui de bleuet, aveclequel il est difficile de fabriquerune huile essentielle –, les pro-duits phytothérapeutiques, etc.

> Rens. legattilier.com

QUELLES PLANTES ?

conçu tout ça. » La petite dernière est archi-tecte et elle fait ses armes chez Jean Nou-vel. Rien que ça. Et, bien entendu, elle neparticipe à la réfection de la ferme tem-plière qu’en pensant écomatériaux etconstruction écologique. C’est dans lesang.On ne consacre pas sa vie aux plantes, auxsaisons, à la lumière, à la pluie, aux astreset aux vents sans en récolter les fruits…Même si Le Gattilier d’aujourd’hui n’a pasle même visage que celui d’hier. L’équipe aentrepris de grands travaux. « On suit lesnouvelles règles. Les nouvelles normes.Tout évolue extrêmement vite et nousn’avons aucune aide pour honorer lesdemandes. » Il faut pourtant s’y atteler.Passer en mode labo ultra-asceptisé. Virerles étagères en bois, enfiler la charlotte defaçon systématique, fermer certains accèsou les limiter. Noter, noter. Rendre descomptes. Tout le temps.Christian Escriva fronce les sourcils : « Onle fait et on y arrive parce que notre activitéest en place. On a une pharmacienne con-sultante, Monique Vignon, qui nous accom-pagne depuis des années. Cela fait long-temps que l’on est scrupuleux, attentifs. Àmon avis, il serait impossible de développerune exploitation comme la nôtre en 2018.

C’est trop lourd. » Le métier est noble. Maisil s’acquiert sur le long. Doucement. AuGattilier, on s’est interdit de cloisonner leschoses. Il faut savoir tout faire. Avec lecœur. Même si se dessinent rapidementdes domaines de prédilection. Du travailde la terre, à la cueillette, auséchage, au trempage, à la macé-ration, au pressage, au filtrage, àl’administratif en passant par letravail de communication, la par-tie commerciale ou même l’orga-nisation de visites, de rencon-tres, de formations…Marika Katsaounis, Colette Gueirard, JulieDesjardins, Daniela Ghiencia s’accordentmerveilleusement. Il y a aussi des renfortsponctuels. « Nous sommes en train d’embau-cher deux personnes », précise ChristianEscriva. L’entreprise est florissante. Il rit :« Le maire m’a dit que j’étais le premieremployeur de la commune ! » (1)

Le chat s’étire. Ça sent le bois et les essen-ces de fleurs. Le ciel est bas. Ça sent aussil’entretien qui touche à sa fin. Le spécia-liste a encore mille tâches à son pro-gramme. Il ne s’en plaint pas. Jamais.Ce n’est pas un job. C’est une philosophie.C’est sa vie. C’est une leçon de vie.1. Valderoure compte environ 300 habitants.

« Nouvelles règles,nouvelles normes.Tout évolue vite. »

2120

Christian Escriva – Le Gattilier –, nous livre quelquesrecettes à base d’huiles essentielles (HE)pour que les vacances soient belles... et naturelles.

LES MAUX DE L’ÉTÉPour que s’évaporent

PAR GAELLE BELDA ([email protected])

CADRE DE VIE / HUILES ESSENTIELLES

@GaelleBelda

CADRE DE VIE / HUILES ESSENTIELLES

AVANT-SOLEIL> Il est possible d’utiliserune macération solaire decalendula officinal.Le Gattilier en présente unedans son catalogue.Pour une expositionraisonnable au soleil.Il ne s’agit pas d’un écrantotal, attention !La composition ? Huiled’argan, de macadamia. HEd’ylang-ylang complète, deniaouli, de palmarosa, delavande officinale sauvage.(14,50 €)

BZZZ... ÇA PIQUE !> Pour les moustiques,Le Gattilier proposedeux choses : l’huileà la citronnelle et le spray àla citronnelle. (10 €)

> L’huile de massage peutaussi être utilisée pour atté-nuer les démangeaisons etcicatriser.

> En cas de piqûre grave ilest possible d’appliquer surla piqûre, plusieurs fois parjour, en massage local, del’HE de tea tree (quelquesgouttes sur la zone de lapiqûre) ou de l’HE delavande Séville.

LE MAL DES TRANSPORTS> Pour les adultes, appliquer deux ou trois

gouttes d’HE de menthe poivréeou de basilic tropical à méthylchavicol,

sur le plexus solaire. Ou ingérer une goutte del’une de ces deux HE dans un excipient (miel

par exemple, ou sirop d’agave,ou sirop d’érable…).

> Pour les enfants au-dessus de 7 ans, unegoutte de l’une ou l’autre de ces deux HE, peut

être appliquée sur le plexus solaire.

> Pour les enfants entre 4 et 7 ans, ne pas utili-ser l’HE de menthe poivrée. Utiliser l’HE de

basilic tropical à méthylchavicol : une goutte enapplication sur le plexus solaire.

> Pour les enfants de moins de 4 ans, utiliser enmassage la préparation d’huile douce à la rose

de Damas. Plutôt enmassage sur le ventre. (14 €)

ODE À LA DÉTENTEPour la relaxation – c’est bel et bien le

moment ! –, l’une de ces deux prépara-tions peut être utilisée : huile de mas-

sage à la lavande (huile de jojoba, huileessentielle de petit grain bigaradier et

de lavande officinale sauvage –20,50 €), ou huile de massage au néroli

(jojoba, argan, néroli – 21,50 €).

ATCHOUM !Pour les allergiessaisonnièresil existe uncomplexe « Prin-temps sensible »,à prendre (chezl’adulte) en curesde trois semainesà raison de20 gout-tes dansde l’eauavantchacundestroisrepas.(17 €)

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EN PROFITER...POUR SE RESSOURCERPour la récupération pendant lapériode d’été, il est conseillé defaire une cure de cassis bour-geons, pendant deux mois, à ladose de 25 gouttes dans de l’eauavant chacun des trois repas (pourl’adulte - 15,80 €).

APRÈS-SOLEIL> Le Gattilier a une huile toute prêtetrès efficace pour atténuer les brûlu-res du soleil (ou le dessèchement dela peau par le sel) et apaiser la peau.Il est possible de la passer plusieursfois par jour. Après exposition ausoleil, pas avant. C’est-à-dire le soirou en fin de journée. (13,50 €)

> L’application d’hydrolat d’Héli-chryse corse pur, sur une région brû-lée par le soleil, à plusieurs reprisespendant la journée,à volonté, est conseillée.

> L’hydrolat de bleuet est classique-ment utilisé pour le soin des yeuxirrités. Il peut être appliqué en spray,à volonté.

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