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LE GRAND DEFI DE L’ENERGIE : Comprendre les enjeux d’aujourd’hui pour construire le monde de demain DROGOU Gilles 1

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LE GRAND DEFI DE

L’ENERGIE :

Comprendre les enjeux d’aujourd’hui pour construire le monde de demain

DROGOU Gilles

1

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« L’homme, par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propresintérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en unmot, par son insouciance pour l’avenir et pour ses semblables, sembletravailler à l’anéantissement des moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce… »

Lamarck – 1820

« Les énergies renouvelables de part leur nature non concentrée permet un partage des ressources, des richesses et donc du pouvoir.Se partage n'est pas du goût des acteurs traditionnels du secteur.Une révolution énergétique est en marche. A nous de se l'approprier. »

Gilles Drogou – 2010

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Le grand défi de

L’énergie :

comprendre les enjeux d’aujourd’hui pour construire le monde de demain

Gilles DROGOU

[email protected]

Résumé des conférences réalisées par l’auteur

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Table des matières

Présentation p. 6Introduction p. 7

Chapitre 1 La situation énergétique actuelle p. 9Les différentes formes d'énergie p. 9La consommation mondiale d'énergie p. 9Le cas du pétrole p. 10Les études de monsieur Hubert p. 11Le prix du baril en dollar constant p. 12Les économies d'énergie en Europe p. 14L'énergie en France p. 15Les importations d'énergie p. 15L'inefficacité énergétique p. 16L'énergie grise p. 17Le futur énergétique p. 17Conclusion p. 19

Chapitre 2 Les actions d'efficacité énergétique p. 21Introduction p. 21Les économies d'énergie

Dans le bâtiment p. 21Dans la maison p. 27Dans le transport p. 27

L'efficacité à la production p. 28Les 5 familles d'énergies renouvelables p. 29

Le solaire p. 29La biomasse p. 33La géothermie p. 36L'hydraulique p. 38L'éolien p. 39

La complémentarité des énergies renouvelables p. 41Conclusion p. 42

Chapitre 3 L'énergie nucléaire P. 43Fonctionnement d'une centrale p. 43Les surgénérateurs p. 44Le nucléaire dans le monde p. 44Le nucléaire en France p. 45Le coût du nucléaire p. 45Les coûts cachés du nucléaire p. 46Les coûts futurs du nucléaire p. 46Le nucléaire : une énergie cher, qui ne peut être exporté que bon marché p. 48Les déchets radioactifs p. 48L'accident nucléaire p. 50Les effets sanitaires du nucléaire p. 50L'exemple de l'Allemagne p. 52La fusion nucléaire p. 52Les enjeux climatiques p. 53Conclusion p. 54

Conclusion générale p. 55

Index P. 56

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PRESENTATION

a préservation de la nature et les questions liées à l’environnement n’ont pas toujours été pour moi une priorité. Elles sont venues comme une évidence au fur et à mesure des réponses aux questions que je me posais. L

Ce qui m’anime véritablement, c’est la compréhension des choses, sans chercher à éviter les questions dérangeantes. Approfondir mes connaissances et remettre en question mes acquis, voilà qui me permet de mieux prendre en compte les nouvelles données. Après des études en électrotechnique qui m’ont fait acquérir des bases solide sur les conversions et les unités d’énergie, je me suis perfectionné en lisant beaucoup sur les sujets qui m’intéressaient : la production d’énergie, les énergies renouvelables, les énergies fossiles et fissiles.Par la suite, des rencontres avec des producteurs d’énergie et des visites sur les lieux de production m’ont permis de me rendre compte de la diversité des moyens à notre disposition et de leur impact réel ou supposé sur le milieu naturel.Enfin, fort de ces connaissances et de ces expériences, il me paraissait important de les faire partager. C’est ainsi que je propose des exposés et des conférences sur le thème de l’énergie et des moyens d’agir. Mais les sujets abordés sont vastes et leur approche peut se faire de façon multiple. Il est donc impossible de tout traiter lors d’une intervention. Ce livre est pour moi une nouvelle forme d’expression, plus précise et plus complète qui permet d’atteindre un autre public.En espérant que mon expérience pourra servir à d’autres...

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INTRODUCTION

es émissions de gaz à effet de serre sont rejetées en plus grand nombre chaque année. Elles s’accumulent dans l’atmosphère, provoquant une augmentation des températures moyennes sur la surface de la Terre. Ce réchauffement global se

fait déjà sentir. Même si nous ne savons pas encore exactement quelles seront les conséquences futures du dérèglement climatique, il est important d’agir le plus rapidement possible pour en limiter les effets.

LLa communauté scientifique, dans sa grande majorité, est d’accord sur le fait que le réchauffement est provoqué par les activités humaines. Pourtant, il existe une minorité de scientifiques qui se rangent du côté des plus grands pollueurs de la planète pour affirmer que les activités humaines n’y sont pour rien (voir le film de Martin Durkin « The great global warming swindle » (La grande escroquerie du réchauffement global) mars 2007. Après avoir nié le réchauffement climatique pendant des années, au profit d’entreprises peu scrupuleuses, certains affirment que ce n’est pas très important ou même, pire, qu’il serait bénéfique. Après le lobby de la cigarette ou celui de l’amiante qui ont pesé de tout leur poids pour cacher les conséquences terribles de leurs activités, une autre bataille s’engage pour lutter contre le négationnisme de la pollution de la planète.

LE CYCLE DU CARBONE

Il existe des émissions de gaz à effet de serre naturelles et d’autres qui proviennent des activités humaines. Sur l’ensemble de ces gaz émis, une partie est stockée dans la végétation, dans le sol ou dans les océans. Ce cycle de rejet et de fixation du carbone est aujourd’hui largement en déséquilibre. Il en résulte qu’une part de plus en plus importante de gaz à effet de serre s ‘accumule dans l’atmosphère. Les concentrations de carbone dans l’atmosphère n’ont jamais été aussi importantes qu’à présent. Les calottes glaciaires des pôles Nord et Sud, ont piégé des bulles d'air sur une période de plusieurs centaines de milliers d’années. En analysant la composition de ce que contiennent ces bulles d’air, il est possible de connaître la concentration des différents gaz qui ont composé l’atmosphère au fil des ans. On a pu constater que sur les 700 000 dernières années, les taux de parties par millions (ppm) n’ont jamais dépassé 300. Or nous sommes aujourd’hui à 380. Des scénarios tendanciels prédisent que ce taux pourrait atteindre les 900 à la fin de ce siècle. Ces scénarios montrent que le taux pourrait descendre à 700 voire 450 avec de gros efforts (voir le 3ème rapport du GIEC 2000). Quoi qu’il en soit, nous sommes en train de vivre une expérience en grandeur réelle dont nul ne peut prédire les conséquences. Il existe une relation forte entre le taux de carbone dans l’atmosphère et la température moyenne à la surface de la terre.

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Les scientifiques pensent qu’à un certain stade il pourrait y avoir un emballement (voir le rapport de l'Office Parlementaire N° 426 juin 2006). En effet, on a vu que, dans le cycle du carbone, il y a une phase de stockage. Mais, en changeant les conditions de température, les possibilités de stockage pourraient être réduites. Cela pourrait même entraîner la libération du carbone déjà stocké, provoquant par là même une augmentation proportionnelle des gaz à effet de serre et donc une élévation des températures moyennes.Ce descriptif n’est en rien un exercice de catastrophisme, mais rappelle simplement qu’il est temps d’agir. Ce livre montrera à la fois les limites du système énergétique actuel, mais également ce qui est aujourd’hui à notre disposition pour diminuer l’impact de nos sociétés sur la planète.

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CHAPITRE 1

LA SITUATION ENERGETIQUE ACTUELLE

LES DIFFERENTES FORMES D’ENERGIE

’énergie se répartit sous trois usages principaux : la production de chaleur, la production de transport et la production d’électricité. Pour satisfaire à ces différents usages énergétiques, on émet de grandes quantités de pollutions.L

Aujourd’hui la production de chaleur est assurée principalement par le gaz, le pétrole, le charbon et le bois. Les énergies renouvelables n’en représentent qu’une faible part. Elles sont pourtant très efficaces pour produire de la chaleur. La production d’électricité est assurée essentiellement par le charbon, le gaz, l’hydraulique et l’uranium. La production d’électricité à partir d’énergies renouvelables est tout à fait possible.L’énergie utilisée pour les transports provient, quant à elle, à plus de 97% du pétrole. En effet, le pétrole est facile à transporter, il a un pouvoir calorifique très important et il est (ou était) bon marché. Or l’utilisation d’énergie renouvelable dans les transports est beaucoup plus difficile. La dépendance du transport vis-à-vis du pétrole constituera donc un handicap pour la transformation de cette forme d’énergie.

LA CONSOMMATION MONDIALE D’ENERGIE

La consommation d’énergie a littéralement explosé à la fin de la seconde guerre mondiale. C’est le charbon qui fut la première source d’énergie fossile consommée à grande échelle. Le pétrole arriva par la suite mais prit rapidement la première place en terme de quantité. Le gaz représente la troisième énergie en volume. Le nucléaire et les énergies renouvelables ferment la marche à parts égales.

(Source : Schilling et al., IEA, Observatoire de l'énergie)

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Il est intéressant de remarquer que la consommation d’énergie a toujours été en augmentant. Il n’en va pas tout à fait de même avec le pétrole. En effet, lors du second choc pétrolier, la part du pétrole a diminué, mais elle a été compensée par une augmentation de la part du charbon.

LE CAS DU PETROLE

Le pétrole ne sert pas uniquement à alimenter les réservoirs de nos véhicules, il se retrouve partout. Il constitue la matière première par excellence pour le bon fonctionnement des sociétés occidentales. L’agriculture (produits phytosanitaires, carburant des tracteurs…), les textiles pour l’habillement, les matières synthétiques pour l’habitat, les produits de traitement dans l’industrie, les matières plastiques présentes partout dans la vie courante, les transports de marchandises et de personnes, sont autant de secteurs qui dépendent du pétrole.

(source: ASPO – Association for the Study of Peak Oil).

Le diagramme ci-dessus représente la situation du pétrole dans le passé avec une évolution possible.Le bleu représente les découvertes de gisements de pétrole dans le passé (avant les années 2000). Le rouge représente les découvertes plausibles de gisements futurs. Le tracé en jaune représente la consommation de pétrole dans le passé. Ce que l’on peut remarquer, c’est que les plus grands gisements de pétrole ont été découverts avant les années 1960. A partir des années 1980, la consommation de pétrole est devenue plus importante que la découverte de nouveaux gisements. Aujourd’hui, pour six barils consommés on en découvre un seul. Cela signifie que la consommation repose presque exclusivement sur les réserves déjà découvertes.

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Les études de monsieur Hubbert Le professeur Hubbert était géologue. Pour lui, il était possible de modéliser l’exploitation d’un champ de pétrole sous forme d’une cloche. D’après lui la production d’un nouveau champ (composé de plusieurs puits) est faible au début de son exploitation. Puis la production devient de plus en plus importante jusqu'à atteindre un maximum. A ce moment, la production du champ diminue inexorablement jusqu’au tarissement de celui-ci. La courbe d’exploitation du puits de la découverte à son extinction, peut donc se modéliser en forme de cloche.

(Source : www.hubbertpeak.com/hubbert/1956/1956.pdf).

Le sommet de la courbe représente le moment où la moitié du pétrole initialement présent dans le champ a été extraite. La deuxième partie de la courbe représente la deuxième moitié du pétrole extrait. Ce pétrole étant plus difficile à extraire, son exploitation se fait donc en déclinant. Le sommet de la courbe est appelé le pic de pétrole. On l’appelle aussi le pic de Hubbert. D’après Hubbert, l’exploitation d’un champ modélisé sous la forme d’une cloche peut se reproduire de la même façon pour une région exploitant du pétrole, pour un pays ou pour un continent.Pour illustrer ses travaux, le professeur Hubbert a étudié la production de pétrole des Etats-Unis. Cette étude réalisée dans les années 50 concluait à un pic de pétrole en 1970 pour la production américaine. Le professeur Hubbert devint célèbre dans les années 80, lorsque les experts pétroliers s’aperçurent que les prédictions faites une trentaine d’années plus tôt s’étaient réalisées. La production pétrolière avait atteint un maximum puis avait décliné. Cette baisse de production fut compensée par des importations plus importantes et donc par une dépendance des Etats-Unis de plus en plus marquée envers les pays de l’OPEP. Mais ce qui attira le plus l'attention, ce fut l’étude du pic mondial. En effet, avec les données qu’il possédait à l’époque, le professeur Hubbert prévoyait un pic de pétrole mondial en 1997. On peut facilement imaginer l’inquiétude des experts confrontés à des études s’avérant sérieuses prédisant une pénurie. Or le pic de pétrole ne fut pas atteint cette

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année-là. Alors, que s’est-il passé ? Pourquoi l’étude américaine s’est-elle avérée exacte mais pas l’étude mondiale ? On pourrait se dire que ce qui est vrai pour un pays ne l’est plus au niveau mondial. Il y a pourtant une explication simple, une suite d'événements qui ont modifié les données au niveau mondial et qui furent transparents pour l’étude américaine. Il s’agit des deux chocs pétroliers des années 1970. Les sociétés occidentales fortement dépendantes du pétrole développèrent des politiques d’économies d’énergies, d’efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables. Cela contribua à diminuer la consommation de pétrole à partir de cette date. Ces événements survenus plus de vingt ans après les conclusions des études de monsieur Hubbert ne pouvaient évidemment pas être pris en compte. Mais cela ne remet nullement en cause la validité de ces études. Le pic est simplement repoussé dans le temps. Nous arrivons à la courbe en pointillés qui représente la consommation future supposée du pétrole. La question n’est pas de savoir si le pic de Hubbert se réalisera ou pas. Elle est de savoir quand il aura lieu. Cette question est relativement difficile car les acteurs du secteur pétrolier ne diffusent que peu d’information. L’ASPO (Association pour le Suivi du Peak Oil) s’y intéresse de près. Elle regroupe des géologues à la retraite (donc libérés de leurs obligations de réserve, pour ne pas dire de silence) qui ont conservé leurs contacts et carnets d’adresses. Les différentes études réalisées par l’association en 2004 concluaient à des pics mondiaux compris entre 2007 et 2015. (source : http://aspofrance.org)« Il faut en priorité ralentir la croissance de la consommation de pétrole. Ramener son augmentation annuelle en dessous d'un million de barils/jour, c'est diminuer les tensions présentes et retarder d'une vingtaine d'années le moment où la production plafonnera, ce qu'on appelle le peak oil. » Thierry DESMARETS, Président, Total, juin 2006

L’ancien président de Total lui-même, Monsieur Thierry Desmarets, avait ainsi annoncé un pic de pétrole pour 2020-2025 dans un rapport annuel de la société. Cela lui valut les foudres des administrateurs qui voyaient dans ces déclarations l'aveu d’une remise en cause profonde des perspectives de la société pétrolière.

LE PRIX DU BARIL EN DOLLARS CONSTANTS

Le prix du baril est resté constant et bon marché jusque dans les années 70. Il s’est maintenu entre 10 et 20 dollars (en données constantes). Cet âge d’or pour le gaspillage d’énergie rendait tous les travaux en faveur des économies d’énergie bien trop onéreux aux vues du prix de l’énergie elle même. Lors du premier choc pétrolier, le baril est passé en quelques semaines à 40 dollars. Ce fut un choc, non seulement pétrolier, mais également un facteur de crise pour l’ensemble des pays occidentaux qui découvrait du jour au lendemain que leurs sociétés étaient fortement dépendantes du liquide noir. Ces pays s’efforcèrent donc de réduire cette dépendance en réfléchissant aux économies d’énergie et en développant la recherche d’énergies renouvelables.

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Prix du baril en dollars constants et courants Source : Ministère de l'Economie, des Finances et de l’industrie.

Vers la fin des années 70, le second choc pétrolier fit encore grimper le prix du baril. L’ensemble des recherches réalisées lors du premier choc furent mises en pratique à grande échelle. La sobriété énergétique fut expérimentée pour ne plus gaspiller. L’efficacité énergétique fut appliquée au secteur du bâtiment via des réglementations thermiques et le début des énergies renouvelables promettait beaucoup. Le contre-choc pétrolier de 1986, occasionna la plus grande catastrophe environnementale de la fin du vingtième siècle. Les politiques de sobriété énergétique furent abandonnées et le gaspillage repartit de plus belle. On arrêta de faire évoluer les réglementations thermiques dans le bâtiment et l’efficacité énergétique n’était plus une priorité, augmentant d’autant la consommation et les pollutions. Les énergies renouvelables qui promettaient tant furent abandonnées, le recours aux énergies fossiles étant redevenu bon marché. Cette situation, qui fit augmenter la consommation d’énergie fossile et fissile, perdura jusqu’au début des années 2000. On voit depuis 2003 une augmentation lente mais continue du prix du baril. Cette augmentation nous amène vers un troisième choc pétrolier. En effet, depuis 2005, le prix du baril en dollars constants a dépassé le prix du premier choc pétrolier et depuis 2007, il a même dépassé celui qu’il avait atteint lors du deuxième. Cette nouvelle augmentation du baril a fait renaître l’intérêt que l’on avait perdu pour les énergies renouvelables. Cela permet, s'il était besoin, de constater l’incohérence de la politique énergétique française, dont la préoccupation d’économisée de l’énergie est directement proportionnelle au prix du baril de brut.Si les deux premiers chocs pétroliers avaient comme origine des facteurs politiques et ont pu être réglés de manière diplomatique, ce troisième choc pétrolier est dû à des facteurs géologiques. En effet, jusqu'à présent, l’augmentation de la demande de pétrole a toujours été assurée par l’augmentation de la production (sauf lors des chocs pétroliers). Avec l’approche du pic de Hubbert, la production a, et aura, de plus en plus de mal à satisfaire la demande. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande se

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traduit par une augmentation du prix du baril. Il sera donc de plus en plus difficile de réguler le prix du baril en agissant sur la production. Il faudra donc agir sur la demande d’énergie. En réduisant la demande de pétrole, on rééquilibre l’écart qui existe entre l’offre et la demande. Plus la demande de pétrole aura diminué, plus le prix du baril baissera.

Flash au 18 décembre 2010:le dernier rapport de L'AIE (Agence International de l'Énergie) explique sans le dire que le Pic de pétrole a été atteint en 2006:« La production de pétrole brut se stabilise plus ou moins autour de 68-69 MB/j à l'horizon 2020, mais ne retrouve jamais le niveau record de 70 MB/j qu'elle a atteint en 2006 »cette déclaration qui implique pourtant des conséquences énorme sur le fonctionnement même de nos société, est passer complètement inaperçu dans les médias.

LES ECONOMIES D’ENERGIE EN EUROPE

Source : http://base.china-europa-forum.net/rsc/docs/doc_305.pdf

« La consommation d'énergie de l'Union Européenne est dominée par le pétrole, en grande partie importé. La consommation d'énergie a relativement peu augmenté depuis le milieu des années 70. L'intensité énergétique de l'Union (ici EU 15 car l'élargissement à 25 pays est très récent) a diminué régulièrement, à un rythme de 1% par an environ. Si l'on considérait que l'intensité énergétique de EU 15 avait en 2004 la même valeur qu'en 1980, la consommation totale d'énergie primaire serait alors de 500 Mtep supérieure à ce qu'elle a été réellement en 2004. Les économies d'énergie réalisées du fait de la baisse de l'intensité énergétique sont représentées sur la figure suivante par les "Négajoules". On voit que la contribution en 2004 des Négajoules comptés depuis 1980 est à peine inférieure à la contribution du pétrole dans le bilan énergétique de EU 15 en 2004 : 500 Mtep comparés à 600 Mtep. Les économies d'énergie ainsi réalisées sur la période sont imputables à certains changements structurels (moins d'industries lourdes par exemple) mais surtout aux économies d'énergie réalisées sur les consommations finales d'énergie, notamment dans les secteurs de l'Industrie et du bâtiment (secteurs Résidentiel et Tertiaire). » Source : « L’efficacité énergétique dans l’union européenne. Expérience acquise et leçons à en tirer » Bernard LAPONCHE et José LOPEZ.

Une étude de la Commission européenne de 2004 montre qu’après le pétrole la première source d’énergie en Europe… ce sont les économies d’énergie. En effet les

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mesures prises lors des événements des années 70 ont permis, au fils des années, d’augmenter les économies d’énergie. Par exemple, une réglementation thermique appliquée en 1975 permet de construire des bâtiments bien mieux isolés. Les économies engendrées s’accumulent et s’amplifient au fil du temps en fonction du nombre de maisons construites et de leur durée de vie. Cette étude est d’autant plus importante que l’abandon des politiques d’économies d’énergie est arrivé une dizaine d’années après leur mise en place. Malgré les conclusions très surprenantes de cette étude, on peut se demander quels auraient été les résultats si il n’y avait pas eu d’abandon des politiques en faveur des économies d’énergie au milieu des années 80. Le potentiel d’économies d’énergie est donc très élevé. D’autant plus que les techniques pour réduire les consommations ont évolué et sont devenues encure plus efficaces.Ces économies d’énergie contribuent de façon considérable à l’indépendance énergétique du pays.

L’ENERGIE EN FRANCE

L’augmentation du prix de l’énergie a fait exploser les factures énergétiques : + 5.5% en 2003, + 24.3% en 2004, + 37.3% en 2005, + 18.5% en 2006 pour atteindre 46.2 milliards d’euros. (Source ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industriewww.industrie.gouv.fr/energie/statisti/pdf/facture-2006.pdf)Cette augmentation a fini par plomber le commerce extérieur qui a atteint un déficit record de 30 milliards d’euros en 2006. Autrement dit, si on supprime la facture énergétique, la balance du commerce extérieur français redevient positive. Par ailleurs, les exportations d’électricité qui font la fierté d’EDF n’ont rapporté que 2,6 milliards d’euros la même année. Le renchérissement de l’énergie fait rappeler l’importance de ce secteur dans les sociétés occidentales. L’investissement dans les économies d’énergie et dans des productions d’énergie localisées est à nouveau économiquement et stratégiquement indispensable. En France les énergies renouvelables, représente 7% de l’énergie primaire consommée (Source: http://www.hubbertpeak.com/hubbert/1956/1956.pdf), ce qui est très faible. De plus la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité n’est que de 12%, alors qu’elle était de 15% en 1990, l’objectif étant d’atteindre 21% pour 2010. On voit donc que, non seulement les objectifs ne seront pas atteints, mais que le bilan en 2010 risque d’être moins bon que l’année de référence. Les efforts sur les énergies renouvelables doivent donc redoubler.

LES IMPORTATIONS D’ENERGIE

La France est fortement dépendante des importations pour le secteur énergétique. Le pétrole consommé est importé à 98%, avec une production nationale très faible. De la même façon, le secteur nucléaire importe son combustible, l’uranium à 100%, le gaz est importé à 95,9% et le charbon à 87,3%. (Source : petit mémento énergétique de Global Chance).Le secteur des énergies renouvelables, par contre, est dépendant des importations à 0%. La totalité de la production d’énergie renouvelable est local. Ce secteur contribue donc de fait à l’indépendance énergétique du pays.

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Sur l’ensemble du secteur énergétique, la France dépend à 91,2% de l’étranger pour satisfaire ses besoins actuels. En important la totalité de l’uranium pour alimenter les centrales nucléaires, la France augmente de façon très importante sa dépendance énergétique. Le seul et unique secteur qui contribue réellement à l’indépendance énergétique du pays reste celui des énergies renouvelables.

L'INEFFICACITE ENERGETIQUE

Les sociétés occidentales engloutissent de gigantesques quantités d’énergie et en sont fortement dépendantes. Le prix bas de l’énergie, qui a prévalu jusque-là, a encouragé ces fortes dépenses et rien n’incitait à se détourner de ce modèle. Les images satellite où l’on voit se dessiner les pays dans la nuit en raison de l’éclairage public sont un symbole fort de l’inefficacité énergétique de nos sociétés. Nous éclairons bien évidemment l’espace commun, mais une grande partie de cette lumière est aussi dirigée vers le ciel. Au final, on produit de l’énergie et on consomme de l’énergie, dont une grande partie ne sert strictement à rien. Lorsqu’on en a besoin, le recours à l’énergie doit s’accompagner d’une utilisation beaucoup plus rationnelle et intelligente de celle-ci. Tout d’abord, il faut arrêter de gaspiller l’énergie et ne l’utiliser seulement quand on en a besoin. C’est ce que l’on appelle la sobriété énergétique. Ensuite, lorsque l’on consomme de l’énergie, il faut le faire le plus efficacement possible. Cela se fait en augmentant les rendements. Ils doivent être améliorés lors de la production en augmentant par exemple les rendements des centrales électriques. Ils doivent aussi être améliorés à la consommation, comme avec les ampoules à économie d’énergie qui consomment cinq fois moins d’électricité pour un même éclairage que les ampoules à incandescence. Enfin, il faut développer les énergies renouvelables.L’ensemble de ces mesures permettront de passer d’un système d’inefficacité énergétique à un système d’intelligence énergétique. Un autre exemple est le recours à la cogénération qui, pour l’instant, est très peu utilisée en France. La cogénération permet de produire à la fois de l’électricité et de la chaleur à partir d’une même source d’énergie. L’électricité est injectée dans le réseau EDF/RTE tandis que la chaleur est distribuée dans les maisons via un réseau de chaleur pour le chauffage ou pour l’eau chaude sanitaire. Au lieu de cela, en France, on produit d’un côté de l’électricité via les centrales nucléaires et de l’autre de la chaleur via une multitude de chaudières dont le rendement est souvent faible et qui sont alimentées pour la plupart par des énergies fossiles. La cogénération est un système de production dont le rendement énergétique est bien meilleur que celui d'une production séparée, l’ensemble étant souvent contrôlé, contrairement aux chaudières individuelles dont le rendement n’est pas optimisé.

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L’ENERGIE GRISE

Les échanges internationaux de produits et d’aliments impliquent dans nos sociétés mondialisées des dépenses d’énergie considérables. L’extraction des matières premières, la fabrication des produits, leur transport et leur conditionnement sont autant d’étapes nécessaires. Ces différentes phases consomment plus ou moins d’énergie. L’énergie grise regroupe l’ensemble des dépenses énergétiques utilisées pour qu’un produit ou un aliment puisse être disponible dans notre magasin. Cette énergie est bien souvent ignorée de tous. Deux produits qui paraissent identiques à première vue peuvent contenir des quantités d’énergie grise très différentes. Une simple tomate d’Espagne, que l’on trouve fréquemment dans les supermarchés, dépense une énergie grise très importante. C’est une tomate cultivée sous serre, avec un système mécanique d’irrigation, consommant des pesticides et des engrais chimiques issus du pétrole, parcourant de très grandes distances pour arriver dans notre magasin, et enfin conditionnée sous film plastique pour avoir une meilleure présentation. Bref, une longue succession d’étapes très énergivores. Prenons maintenant une même tomate, mais récoltée cette fois dans le jardin. Le système d’irrigation est inutile, car la tomate a besoin de très peu d’eau (en période sèche, 1 litre tous les 15 jours suffit). En tirant profit de la biodiversité du jardin, il devient inutile d’utiliser les engrais et pesticides de l’industrie pétrolière. Pour aller du jardin à la cuisine, on n’a pas besoin de camions. Enfin le conditionnement est inexistant. De plus, les qualités nutritives de cette tomate seront souvent bien meilleures que celles des tomates cultivées hors sol. Au final, non seulement une tomate du jardin a une énergie grise négligeable, pour un prix bien moindre, mais en plus elle est meilleure. Ce n’est qu’un exemple, car l’énergie grise est incluse dans tous les objets de la vie courante. Un étiquetage en tenant compte de l’énergie grise permettrait d’en prendre conscience et donc de réduire les pollutions qui s’y rattachent.

LE FUTUR ENERGETIQUE

Quelle sera la consommation d’énergie dans 50 ans et quel type d’énergie permettra de la satisfaire ? Pour répondre à cette question, on établit des prospectives énergétiques.

Source : Négawatt

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Le schéma de gauche est une prospective énergétique réalisée par le Commissariat général au plan. Il s’agit du scénario tendanciel, avec, comme hypothèse de base, une croissance de 2% par an. La consommation d’énergie qui en résulte est en forte progression. Le gaz est en forte augmentation, la part du charbon diminue, la consommation de pétrole augmente, avec toujours autant de nucléaire et toujours aussi peu d’énergies renouvelables. Les perspectives de ce scénario sont préoccupantes car il implique à la fois une forte augmentation des gaz à effet de serre et une hausse de la facture énergétique. De plus, c’est à partir de ce genre de prospectives que les dépenses publiques sont programmées, pour y adapter l’évolution des infrastructures.Le scénario de droite est une prospective énergétique réalisée par l’association Négawatt, qui est composée de professionnels travaillant dans l’efficacité énergétique ou dans les énergies renouvelables. Ce scénario prend les mêmes données de base que le scénario précédent, à savoir une croissance de 2% par an. Il en résulte pourtant une consommation deux fois moins importante avec le même service énergétique que le scénario précédent. On arrive à de tels résultats en faisant appel à l’intelligence énergétique. La première partie en clair représente la sobriété énergétique. Il s’agit de sensibiliser la population pour ne plus gaspiller l’énergie, éteindre les lumières s'il n’y a personne dans la pièce, utiliser les transports en commun ou le vélo plutôt que la voiture lorsque cela est possible, faire du covoiturage, avoir une conduite souple et économe. Ce sont des gestes simples, à la portée de tous, mais trop longtemps oubliés. La seconde partie en clair représente l’efficacité énergétique pour l’offre d’énergie. C’est agir sur l’augmentation des rendements pour l’ensemble des moyens de production d’énergie, par exemple par la diminution de consommation des voitures. Ou encore par l’utilisation d’une centrale électrique fonctionnant en cogénération, ce qui permet de produire de l’électricité et de la chaleur à partir d’une même source d’énergie, avec de meilleurs rendements. Enfin la troisième partie en clair représente l’efficacité énergétique pour la demande d’énergie. Il existe des ampoules à LED pour l’éclairage public qui consomment 8 fois moins que les ampoules au sodium traditionnel. Les bâtiments de demain consommeront 10 fois moins d’énergie pour le chauffage. Après avoir économisé une très grande quantité d’énergie, la production énergétique est assurée pour un petite part par le gaz, la part du charbon est devenue négligeable, le pétrole est tout aussi faible que le gaz, quant au nucléaire, il a été abandonné en l’espace de 30 ans. Mais la production d’énergie la plus importante provient des énergies renouvelables, à plus de 70%.Irréalisable ou utopiste diront certains, et pourtant le scénario Négawatt a été établi avec des techniques qui sont connues et directement exploitables dès aujourd’hui. Il est évident que les 50 prochaines années verront de nouvelles techniques de production qui ne sont pas encore prises en compte dans ce scénario, mais qui amélioreront encore le bilan.Voilà donc deux scénarios que tout oppose : les investissements dans les infrastructures, la dépendance énergétique, les différentes formes de pollution et même la répartition des richesses.

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CONCLUSION

La réduction de la consommation d’énergie est indispensable pour limiter à la fois les effets du réchauffement climatique et les tensions internationales (recherche de matières premières dont la quantité disponible ne cesse de diminuer). La transformation d’une société énergivore en une société sobre et efficace est tout à fait possible avec les moyens que nous connaissons aujourd’hui. De plus le potentiel de ces techniques est beaucoup plus important que certains voudraient nous le faire croire. Les énergies renouvelables ne devront pas rester une part négligeable à l’ombre des grands équipements polluants. Mais pour que les énergies renouvelables prennent la place qui leur est due, il est important que les politiques comprennent les enjeux réels du secteur énergétique et leur influence dans les différents domaines de la société : énergétique, économique, social…Forcé de constater que les conditions d’une prise en compte par les différents décideurs ne sont toujours pas mises en place. Car même si le grenelle de l'environnement fut une occasion pour une prise de conscience, et pour faire travailler de façon concrète différent acteurs complémentaire, qui ne le faisait pas avant, les actions concrètes qui en ressort sont très décevantes.

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CHAPITRE 2

LES ACTIONS D’EFFICACITE ENERGETIQUE

Introduction

’ensemble des énergies fossiles et fissiles, qui sont fortement polluantes à divers titres et dont le pouvoir calorifique est très concentré, ont la particularité d’être des énergies productivistes. Elles ont donc la capacité de produire de grandes

quantités d’énergies avec un effectif réduit de personnel. Ce type d’énergie ne contribue que modérément à la création d’emplois dans le secteur de l’énergie, contrairement à ce que certains "experts" veulent nous laisser croire.

LLes énergies renouvelables, au contraire, ont un pouvoir calorifique bien plus faible mais sont très bien réparties sur la surface de la planète. Leur exploitation requiert un personnel bien plus important, et sont donc fortement créatrices d’emplois. A l’heure où l’armée américaine se déploie partout sur la planète pour s’accaparer les réserves de pétrole et de matières premières, il importe de rappeler qu’il n’est pas nécessaire de soulever une armée pour récolter du vent, qu’il n’est pas nécessaire de soulever une armée pour récolter les rayons du soleil. Les économies d’énergies et les énergies renouvelables participent donc concrètement à réduire les tensions internationales, car elles réduisent la demande en matières premières. Le troisième choc pétrolier nous rappelle que l’or noir, qui n’a jamais aussi bien porté son nom, huile toujours autant les rouages des sociétés occidentales qui en dépendent. Il s’agit donc d’énergies de partage que les pays riches ne sont visiblement pas encore tout à fait -prêts à laisser se développer.

LES ECONOMIES D’ENERGIES

LES ECONOMIES D’ENERGIES DE CHALEUR DANS LE BATIMENT

La moyenne de consommation sur l’ensemble du bâti ancien (avant 1970) français représente environs 350 kWh par mètre carré et par an. Le faible prix de l’énergie nous a fait prendre de très mauvaises habitudes. Le parc immobilier est un secteur qui demande une très grande quantité d’énergie. Il est pourtant possible de construire des logements ne consommant que très peu d’énergie. Pour y parvenir, il importe de suivre des règles qui sont quelquefois très simples.

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L'exposition

Tout d’abord, il faut absolument réfléchir à l’orientation de la construction. En effet, on connaît la course du soleil tout au long de l’année. Il se lève à l’Est, parcourt un arc de cercle plus ou moins haut au Sud et se couche à l’Ouest. De plus, nous avons des demandes en termes de confort thermique qui évoluent dans l’année. A partir de ces données il devient évident qu’il faut favoriser les apports thermiques gratuits du soleil d’hiver et se protéger du soleil d’été pour éviter l’inconfort estival. Il est donc très important d’avoir de grandes ouvertures côté Sud. Elles permettent de récupérer de grandes quantités de chaleur en hiver, lorsque le soleil est bas et que ses rayons arrivent perpendiculairement dans la maison. Ces mêmes fenêtres côté Sud ne feront entrer que peu le soleil d’été car celui-ci est haut à cette période de l’année. Les rayons du soleil arrivant avec un angle important ont tendance à être réfléchis. Comme il est haut, le soleil ne pénètre que peu dans la maison. Il est également possible de stopper ses rayons par une avancée de toit ou autre, pour protéger les ouvertures du soleil estival. En conséquence, il faut retenir que la façade Sud sera celle qui apportera le plus de calories gratuites en hiver, et qu’il est facile d’éviter les calories indésirables d’été.A l’inverse, la façade Nord ne reçoit aucun apport thermique, que ce soit en été ou en hiver. Les fenêtres de ce côté ne serviront donc qu’aux apports lumineux. Leurs dimensions devront être aussi limitées que possible. Il est également souhaitable d’incorporer dans l’architecture de la maison des pièces dites « tampon » au nord qui permettent de réduire les déperditions thermiques de ce côté. En effet les pièces à vivre, qui sont chauffées, ne seront ainsi pas en contact direct avec des parois extérieures froides. Les pièces « tampon » sont des pièces qui n’ont pas besoin d’être chauffées et qui servent d’espace intermédiaire entre les parois froides du mur extérieur et les parois chaudes des pièces à vivre.Le côté Ouest est un cas un peu plus particulier. De ce côté les apports thermiques en hiver restent très faibles et ne représentent donc que peu d’intérêt. Par contre, en été, la course du soleil descend sur l’horizon en soirée et les rayons rentrent donc dans la maison. Cela provoque un apport thermique supplémentaire au bâtiment qui aura déjà subi les chaleurs de la journée. Les ouvertures côté Ouest devront donc prendre en compte les risques de surchauffe en été.Le côté Est n’apporte que peu d’énergie thermique en hiver comme en été. Certes, le risque d’apport thermique en été de ce côté existe, mais il reste limité car le soleil du matin est moins agressif. De plus, il est souvent recommandé de placer les fenêtres des chambres de ce côté, car le soleil du matin nous illumine au réveil pour le reste de la journée.Enfin nous ferons attention aux vents dominants. Les pertes thermiques dues au vent et les contraintes sur la maison dues aux intempéries peuvent être préjudiciables pour celle-ci. Une avancée de toit donnant sur une terrasse du côté des vents dominants peut protéger la maison.Encore faudrait-il que les économies d’énergie par l’orientation et l’architecture des bâtiments soient prises en compte par les services officiels de l’Etat.

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L'isolation

L’isolation est un secteur qui n’a jamais eu la place qu’il méritait. Jusqu’à présent, elle subissait la concurrence d’une énergie trop bon marché. Le calcul, qui prévalait encore il y a peu, était que les 10 premiers centimètres d’isolation étaient les plus efficaces et que les centimètres supplémentaires coûtaient trop chers pour compenser la différence du prix de l’énergie que l’on devrait payer chaque année. Ce calcul ne prend pas en compte les coûts environnementaux d’un tel gaspillage.

Source : ADEME

Mais ce qui est valable économiquement avec un baril à 30 dollars et une énergie bon marché ne l’est plus du tout avec un baril à 100 dollars et l’augmentation du prix de l’énergie qui en découle. Ce qui ne relevait hier que de la catastrophe écologique (donc jamais prise en considération) se double d’une catastrophe économique aujourd’hui.Une très bonne isolation des bâtiments combinée avec une bonne ventilation doit être l’objectif affiché d’une politique sérieuse d’économies d’énergie. Cette très bonne isolation se traduira inévitablement par une diminution des besoins thermiques dans les bâtiments, tout en augmentant le confort. L’isolation du bâtiment doit être réalisée de manière à éviter les déperditions de chaleur par le sol, les murs, la toiture et les ouvertures. Par exemple, il vaudrait mieux mettre 30 cm d’isolant au mur au lieu de 10 petits centimètres comme cela se fait dans la grande majorité des cas. Le chauffage d’un bâtiment ne sert souvent qu’à compenser les pertes thermiques et donc l’inefficacité thermique du bâtiment. Ce qu’il y a de plus efficace, c’est d’isoler les murs par l’extérieur. Dans ce cas, le mur sert à l’inertie thermique du bâtiment. En effet, lorsque l’on chauffe une pièce isolée par l’intérieur, on chauffe uniquement l’air de la pièce. Lorsque l’on arrête de chauffer, la pièce descend en température. Par contre lorsque l’on chauffe une pièce dont le mur est isolé par l’extérieur, on chauffe l’air mais également le mur. Lorsque l’on arrête de chauffer, le mur qui a absorbé des calories les restitue dans la pièce. L’isolation par l’extérieur permet de diminuer les écarts de température dans la maison entre les moments de chauffe. Le confort thermique y est également bien meilleur.

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Ponts thermiques vu par une caméra thermique Source : www.schoeck.fr

L’isolation extérieure permet également d’éviter les ponts thermiques. En effet, lorsque l’on isole une pièce par l’intérieur, il est souvent difficile d'avoir des raccords parfaitement joint, ce qui provoque des pertes thermiques. Les planchers entre étages ne sont pas toujours isolé (comme on peut le voir sur le photo thermique), Ce qui provoque de véritables fuites de calories vers l’extérieur. Il arrive aussi que les niches de fenêtres ou de volet roulant ne soit pas isolé.En isolant par l’extérieur, les murs servent de masse thermique augmentant d’autant l’inertie du bâtiment tout en supprimant les ponts thermiques.

Ventilation

La qualité de l’air est tout aussi importante, c’est pourquoi il faut assurer son renouvellement. La ventilation mécanique contrôlée (VMC) classique évacue l’air vicié de la maison et les calories qui vont avec. La ventilation double flux permet un échange calorifique entre l’air entrant et l’air sortant. Il n’y a pas de contact direct entre les deux flux. L’air sortant cède simplement ses calories, préchauffant ainsi l’air neuf. Ce dispositif permet d’économiser de l’énergie sur le renouvellement d’air.Il est également possible de faire arriver l’air neuf par un tuyau d’une trentaine de mètres de long, passant à 2 mètres sous terre environ. A cette profondeur, la température est stable à environ 15 degrés Celsius, avec une fluctuation de plus ou moins 5 degrés en fonction de la saison. L’air passant dans ce tuyau échange des calories avec la terre lors de son passage. Cela permet de préchauffer l’air en hiver, lorsque l’air extérieur est plus froid que la température de la terre. Mais cela permet aussi de rafraîchir l’air en été lorsque l’air extérieur est plus chaud que la température du sol. Ce dispositif s’appelle un puits « canadien » ou puits « provençal » en fonction de son utilisation en hiver ou en été. Il faut comprendre qu'il était jusqu'à présent bien plus économique de construire des bâtiments peu isolés et d’y ajouter un système de chauffage adapté aux pertes thermiques, plutôt que de construire des bâtiments tellement bien isolés que le système de chauffage devient inutile. Ce réflexe économique risque d’être de moins en moins pertinent.

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La consommation dans l’habitat

Le but que l’on doit se fixer, pour diminuer notre pollution et réduire notre dépendance énergétique, c’est d’arriver à construire des habitations qui soient tellement bien isolées que l’installation d’un système actif de chauffage y devienne pratiquement inutile. Un simple poêle à bois suffirait pour compenser les quelques jours dans l’année où il y a besoin d’un apport thermique. Ces bâtiments consommeraient tellement peu que la quantité d’énergie d'une seule maison d’aujourd’hui suffirait pour satisfaire demain à la consommation d’énergie de l’ensemble d’un quartier. Les économies d’énergie qui en résulteraient seraient considérables.

La consommation moyenne d’énergie dans le bâtiment ancien est à l’heure actuelle d’environ 350 kwh / m² / an. Cette même consommation dans le bâtiment neuf est de 100 kWh / m² / an en moyenne. Si l’on veut diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre dans l’avenir, il faut arriver à faire des bâtiments qui ne consomment que 50 kWh / m² / an. Cet objectif est tout à fait à notre portée, dans la mesure où il existe déjà des constructions neuves qui ne consomment que 15 kWh / m² / an pour les besoins thermiques. Ces constructions n’ont évidemment pas vu le jour en France, mais dans des pays qui ont, assez curieusement, des climats plus rudes que le nôtre. Les normes Minergie© ou PassivHass© arrivent, pour les normes les plus exigeantes, à des consommations aussi faibles. Un exemple parlant est celui d’une maison construite à 1000 mètres d’altitude et qui ne consomme en tout et pour tout que 2 stères de bois par an pour les besoins de chauffage (Source Max SCHNEIDER, directeur de « Sun Watt Bio Energie » et créateur de l’association Minergie©). Ce qui est possible à 1000 mètres d’altitude est possible partout ailleurs. Consciente de son retard, la France a mis en place un programme pour aboutir à une norme de maison à énergie positive. Ce seront des maisons dont la consommation d’énergie sera compensée par ses productions d’énergies renouvelables. Cette différence jouera en faveur de la production, d’où leur nom, maisons à énergie positive. Mais avant d’arriver à produire plus, il faudrait pouvoir généraliser la construction des bâtiments à très faible consommation. Il était grand temps que la France prenne enfin exemple sur ses voisins.

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Ancien Après 75 RT 2000 Objectif Minérgie

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Les limites des constructions neuves

Il importe de disposer des normes de construction les plus exigeantes pour les bâtiments neufs, car ce sont des secteurs où l’on peut faire de très grosses économies qui dureront plusieurs dizaines d’années. Par contre, les nouvelles constructions ne représentent que 300 000 unités par an (Source : BULLETIN DE LA BANQUE DE FRANCE – N° 65 – MAI 1999). Au rythme actuel, il faudrait une centaine d’années pour remplacer l’ensemble du parc.

Le bâti ancien

Le bâti ancien représente plus de 30 millions d’unités, dont les trois quarts sont antérieures à 1970. Ce qui veut dire que les trois quarts des logements se sont construits sans réglementation thermique. La consommation annuelle de ces logements est le plus souvent très importante. C’est dans ce secteur qu’il faut agir en priorité pour diminuer les consommations. Le potentiel d’économie d’énergie est considérable. Il faudra :

− privilégier l'isolation extérieur des murs. cela permet d'augmenter l'inertie thermique de l'habitat tout en conservant la surface habitable et évite les désagréments des travaux dans l'habitation.

− remplacer les fenêtres par du double ou du triple vitrage (en fonction des orientations)

− envisager la ventilation double flux. Car en hiver, dans une maison bien isoler les pertes par renouvellement d'air sont prépondérantes.

Des actions au niveau de la commune

Il est souvent dit qu’il coûte cher d’avoir une politique environnementale. Cela reste vrai dans certains cas mais il est également possible de faire des choses très efficaces qui ne coûtent pourtant presque rien.Un exemple très concret avec ce qui se pratique déjà dans quelques communes : la commune est responsable des écoles, elle assure les frais d’entretien et paye les factures d’énergie. Dans le cadre d’une politique de sensibilisation aux économies d’énergie, il est possible de signer un partenariat entre la commune et les écoles. Ce type d'accord stipule que, pour toutes les économies d’énergie réalisées par l’école signataire, la moitié des économies financières réalisées reviendra à l’école. En prenant plusieurs années de référence, qui serviront de base pour calculer les économies réalisées, les écoles sensibiliseront les écoliers aux économies d’énergie réalisables dans leur enceinte. La commune, quant à elle, fera des économies financières proportionnelles aux économies d’énergies réalisées par l’école. Et les écoliers apprendrons logiquement à intégrer les économies d’énergie dans leur vie quotidienne. Bref, tout le monde y gagne.C’est un exemple à suivre sans modération.

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LES ECONOMIES D’ENERGIE DANS LA MAISON

Une étude de la société ENERTECH, réalisée en 2001 sur un parc de 114 logements et sur un échantillon de 874 appareils, a montré que des économies d’énergie très importantes peuvent être réalisées. A confort égal, il est possible de réduire de 40 % la consommation en changeant, par exemple, les ampoules à incandescence par des ampoules à basse consommation qui nécessitent cinq fois moins d’électricité pour une même intensité lumineuse. L’achat de ce genre d’équipement est très rentable, puisque, à raison de 4 heures par jours, le surcoût est remboursé en moins d’un an, par rapport a la consommation d'une ampoule a incandescence. L’étude montre qu’il est possible de réduire considérablement ses consommations à condition de les connaître. (Source : http://www.enertech.fr/docs/mde01.pdf). S’équiper d’appareils électroménagers les plus performants réduit également la consommation. Il importe aussi d'éteindre les veilles dans toute la maison, car elles peuvent représenter jusqu'à 500 kWh d’électricité par an (ce qui correspond à 60 W en continu, 24 h/24, 365 jours par an). Si l’ensemble des veilles étaient supprimées cela économiserait déjà l’équivalent de la production d’une tranche nucléaire.

LES ECONOMIES DANS LE TRANSPORT

Les politiques de la ville

La politique du "tout voiture" a largement montré ses limites. La plupart des grandes collectivités l’ont bien compris et mettent en place des politiques de déplacements urbains bien mieux équilibrées. Les transports en commun retrouvent une place plus honorable et la redécouverte du tramway donne une bouffée d’oxygène aux villes trop longtemps polluées. A ce propos, les tramways consomment de l’électricité. Les détracteurs des énergies renouvelables affirment qu’il faudrait construire beaucoup de centrale nucléaire pour assurer la consommation des transports utilisant de l’électricité. Il faut savoir que la consommation de l’ensemble de ces transports électriques a représenté 11 TWh en 2001. La seule production hydraulique représentait 65 TWh la même année (source : Les Cahiers de Global Chance, hors-série n°1, petit mémento énergétique, janvier 2003). L’utilisation de transports électriques n’est donc absolument pas incompatible avec l’expansion des énergies renouvelables.Le vélo comme moyen de transport utile cumule de nombreux avantages : non polluant, très silencieux, ne prenant que peu de place et financièrement accessible à tous. Son impact sur les trajets en ville est donc très positif. L’urbanisme est pensé en fonction de l’utilisation de la voiture. Ce mode d’organisation à rendu son utilisation incontournable. Avec un baril de pétrole en augmentation, la voiture deviendra de plus en plus un piège économique. Organiser la vie pour que les activités reprennent un caractère de proximité doit être la priorité des politiques d’aménagement des villes. Imaginer les besoins quotidiens autour du déplacement à pied ou à vélo implique une transformation radicale des politiques de la ville appliquées jusqu’ici. A défaut, le passage du pic de Hubbert risque d’être douloureux pour tous.

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Le moteur Pantone

Il s’agit d’une modification relativement simple pouvant être effectuée sur n’importe quel moteur existant, essence ou diesel. Le principe est de récupérer une partie de la chaleur des gaz d’échappement (pertes thermiques) afin de prétraiter le carburant et l’air d’admission (mélange hydrocarburé). Une proportion d’eau sous forme de vapeur est également employée dans le mélange d’admission. Cette eau contribue à l’efficacité du procédé, mais il ne s’agit aucunement d’un moteur à eau. Ce dispositif permet de réduire les émissions de particules de façon très importante. La consommation de carburant est également diminuée d’au moins 20 %. La diminution de la pollution et de la consommation devraient constituer un domaine de recherche très poussé. Mais quasiment rien n’est fait dans ce domaine. Ces deux objectifs ne sont visiblement des priorités pour aucun industriel. L’installation d’une petite boîte à la portée de tous, qui ferait baisser la consommation et donc les rentrées fiscales, n’est pas du goût de tout le monde. Le moteur Pantone n’est développé que par quelques bons bricoleurs. A noter tout de même que la ville de Vitry-sur-Orne (en Moselle) en a installé sur plusieurs véhicules communaux, avec des résultats très intéressants.

L’EFFICACITE A LA PRODUCTION

LA COGENERATION

Lorsque l’on parle de production d’énergie et du gaz carbonique qui en résulte, on nous affirme que, grâce au nucléaire, la France n’en émet que très peu pour sa production d’électricité. Or le secteur énergétique produit aussi de la chaleur et du transport. Ces deux secteurs sont trop souvent occultés dans le bilan des émissions de gaz à effet de serre. En effet, le nucléaire ne couvre que 14% de l’ensemble de nos besoins d’énergie (source : Cahier de global chance n°25, page 10). Les plus fortes économies de GES ont été réalisées en délocalisant les industries de sidérurgie ou les manufactures très polluantes, ce qui a d’ailleurs entraîné la délocalisation de la pollution qui va avec.On produit donc d’un côté de l’électricité à partir du nucléaire, et de l’autre côté de la chaleur à partir d’énergie fossile, et l’on se contente d’analyser le taux de gaz à effet de serre lors de la production électrique.L’un des moyens de réduire les pollutions de toutes sortes est de produire de l’électricité et de la chaleur à partir d’une seule source d’énergie. Cette production en cogénération permet d’avoir des rendements très importants et de valoriser la chaleur produite lors de la fabrication de l’électricité. Il est possible de chauffer des maisons, des appartements ou des bâtiments communaux grâce au réseau de chaleur alimenté par la cogénération. De plus, si la source d’énergie utilisée est du gaz, il sera possible de faire évoluer l’installation pour qu’elle puisse recevoir du biogaz et donc fonctionner avec des énergies renouvelables. Ce système est utilisé au Danemark, par exemple qui produit 50 % de son électricité de la sorte. En France, par contre, la cogénération ne représente que 4 % de la production. (source : http://www.petitecogeneration.org/Contexte.php).

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Les industriels qui consomment de grandes quantités de chaleur trouveraient ainsi un revenu supplémentaire en produisant de l’électricité à partir des pertes de leurs systèmes. Il existe déjà des petits cogénérateurs pour les particuliers. A Fribourg, en Allemagne, il est possible d’assister à des visites organisées par la Ville où l’on voit un immeuble équipé de ce dispositif. Il permet de produire de l’électricité pendant la période de chauffe et donc en période de pointe par les particuliers eux-mêmes. La généralisation de la cogénération chez les particuliers apporterait une production électrique appréciable en période de pointe. De petites unités de production utilisant un moteur Stirling commencent à voir le jour. (Source : http://produits-btp.batiproduits.com/De-Dietrich/Chaudiere-electrogene/fiche/r?id=1472262366).

LES CINQ FAMILLES D’ENERGIES RENOUVELABLES

LE SOLAIRE

L’énergie solaire se décompose en deux grands types de production. Le solaire thermique pour la chaleur, d’un côté, et le solaire photovoltaïque pour l’électricité de l’autre.

Le solaire thermique

Le solaire thermique produit de la chaleur pour l’eau chaude sanitaire ou pour le chauffage.Un système de production solaire thermique se compose de panneaux solaires dans lesquels circule un fluide caloporteur, d’un ballon d’eau chaude comprenant un échangeur thermique, d’une pompe de circulation et d’un système de régulation. Le principe en est très simple : lorsqu’il y a du soleil, la température du fluide dans les panneaux augmente. Lorsque la température des panneaux est supérieure de 5 degrés à celle du ballon, alors la pompe se met en fonctionnement. Le fluide chaud passe dans l’échangeur et chauffe l’eau qui se trouve dans le ballon. Pour avoir de la chaleur même lorsqu’il n’y a pas de soleil, il faut prévoir un appoint.Il est possible de ne pas utiliser de pompe de circulation si les panneaux sont situés en-dessous du ballon. En effet, l’eau chaude se dilate et sa densité est donc plus faible que celle de l’eau froide. Dans ce cas, comme les panneaux sont situés plus bas que le ballon, l’eau chaude aura tendance à monter et l’eau chaude à descendre. Ce dispositif demande quand même le respect d'un certain nombre de règles et sa mise en œuvre doit être soignée.Pour la production d’eau chaude, 3 à 5 m² de panneaux suffisent en fonction du lieu de résidence. Par contre, si l’on veut avoir du chauffage, il faut prévoir au minimum 12 m². Mais il faut bien comprendre qu’il y a un décalage entre les besoins de chaleur, principalement en hiver, et la production qui se fait principalement en été. Les besoins en eau chaude sont relativement constants toute l’année. La production étant plus importante l’été, il est possible d’alimenter le lave-linge et le lave-vaisselle avec le ballon d’eau chaude solaire. Lorsque l'on se rend compte que 60 % de l’électricité consommée par ces appareils sert au chauffage de l’eau, il est clair que c’est autant d’énergie économisée.

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Les panneaux seront idéalement inclinés pour avoir le meilleur rendement en hiver, car cela permet d’exploiter au mieux chaque rayon solaire à cette période. Par contre le rendement des panneaux en été sera moins bon, mais cet inconvénient est largement compensé par l’ensoleillement estival.

Le solaire photovoltaïque

Il s’agit de plaques composées de semi-conducteurs dont la principale propriété est de laisser passer des électrons lorsqu’elles sont frappées par des photons. Les panneaux transforment donc la lumière en électricité de type continu. Ce phénomène fut découvert par Antoine BECQUEREL en 1839. Pour la petite histoire, il s’agit du grand-père de celui qui découvrit la radioactivité en 1896, Henri BECQUEREL.On utilise le photovoltaïque de deux façons différentes : en site isolé, en stockant l’électricité dans des batteries, ou bien raccordé au réseau, en injectant une partie ou la totalité de l’électricité produite au réseau EDF. Les installations en site isolé permettent d’électrifier des sites difficiles d’accès ou de se passer du réseau EDF, par volonté de produire autrement. Lorsque la consommation se fait alors qu’il y a du soleil on consomme directement l’électricité produite. Si la production est supérieure à la consommation, on stocke le surplus d’électricité dans les batteries. S’il n’y a plus de soleil, on consomme l’électricité stockée dans les batteries. Il peut y avoir des jours où il y a du soleil et que les batteries sont pleines, dans ce cas une partie de l’électricité ne sera pas utilisée. Par contre on transforme l’énergie électrique produite par des panneaux solaires en énergie chimique en la stockant dans des batteries. Ensuite on transforme l’énergie chimique des batteries en énergie électrique pour la consommer. Ces différentes transformations provoquent des pertes plus ou moins importantes. Le point faible de ce genre de système, ce sont les batteries. Elles peuvent représenter jusqu’à 40 % du prix du dispositif. De plus, elles demandent une attention particulière et leur durée de vie est inférieure à 10 ans. Enfin, s’il n’y a pas de soleil et que les batteries sont vides, il faut prévoir un groupe électrogène. Le recours à ce groupe peut être néanmoins limité par un bon dimensionnement des batteries en fonction de l’utilisation. L’utilisation d’une autre source d’énergie renouvelable (comme une éolienne) permet d’avoir une complémentarité de production appréciable. La politique d’EDF a été très longtemps en faveur du photovoltaïque en site isolé car l’électricité produite, n’étant pas injectée dans le réseau, ne fait pas concurrence au nucléaire.

La production d’électricité raccordée au réseau n’utilise pas de batteries mais transforme le courant continu produit par les panneaux en courant alternatif à l’aide d’un onduleur. Ce courant ainsi transformé peut soit être utilisé directement dans la maison, soit être injecté directement dans le réseau de distribution d’électricité d’EDF. Cela dépend du type de contrat de rachat d’électricité établi avec EDF. Il est possible de revendre la totalité de l’électricité produite avec les panneaux solaires mais il faut dans ce cas acheter la totalité de l’électricité que l’on consommée. Il est également possible de ne revendre que le surplus de l’électricité non consommée par le foyer. Le système raccordé au réseau permet d’utiliser la totalité de l’électricité dès que les rayons du soleil illuminent les panneaux. Cette production sera utilisée soit sur place, soit par les maisons d’à côté via le réseau. Ce type de production locale et

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décentralisée évite les pertes en ligne dues au transport de l’électricité d’un gros système de production éloigné vers le consommateur. Pour optimiser la production des panneaux lorsque le système est raccordé au réseau, il faut les orienter de façon à avoir le meilleur rendement au moment où les rayons solaires sont les plus importants, à savoir en été. Dans ce cas on placera les panneaux avec un angle de 35 degrés environ. En site isolé, par contre, il faudra prendre en compte les besoins d’électricité tout au long de l’année ainsi que les capacités de stockage. L’orientation des panneaux se fera donc au cas par cas. L’électricité produite par les panneaux photovoltaïques n’engendre pas de déchets et n’émet pas de pollution. Par contre, il faut dépenser de l’énergie pour les construire. Le bilan énergétique est souvent contesté par certains, qui affirment qu’il faut plus d’énergie pour les construire que l’ensemble de l’électricité qu’ils produiront durant toute leur vie. Si cela était vrai pour les premiers panneaux, surtout ceux utilisés par les satellites lors de la conquête de l’espace, aujourd’hui, avec les technologies récentes, ce n’est plus le cas, comme le montrent plusieurs études. L’une d’elles a été réalisée par l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), qui faisait le bilan énergétique des installations photovoltaïques en fonction des positions géographiques des villes (source : http://www.iea-pvps-task10.org/IMG/pdf/report_IEA-PVPS_T10-01-2006.pdf). En effet, chaque point du globe ne reçoit pas la même quantité d’énergie solaire suivant la latitude où il se trouve. L’étude conclut que, pour des panneaux posés en toiture, il faut 3 ans de production à Paris et 2 ans à Marseille pour compenser l’énergie nécessaire à la fabrication du dispositif photovoltaïque. La durée de vie des panneaux est garantie entre 25 et 30 ans. Ce qui veut dire que le constructeur garantit que la puissance des panneaux solaires sera au moins égale à 80 % de la puissance initiale au bout de 25 ou 30 ans. Une autre étude réalisée par des chercheurs américains a répertorié l’ensemble des produits utilisés pour la fabrication des panneaux, comme le protoxyde d’azote (N2O) et les métaux lourds (arsenic, cadmium, plomb, mercure et nickel) durant la fabrication de 4 types de cellules. Vasilis M. Fthenakis et ses collègues du Brookhaven National Laboratory ont publié l’analyse dans la revue « Environmental Science and Technology ». Ils estiment que pour chaque unité d’énergie produite par les cellules photovoltaïques, l’émission de gaz à effet de serre et autres pollutions par les cellules représentait entre 2 et 11 % des émissions créées par les autres technologies américaines et européennes utilisées pour produire la même quantité d’énergie.De plus l’industrie photovoltaïque utilise des résidus du secteur de l’informatique pour s’approvisionner en matière première. Une grande partie du silicium est récupéré dans les résidus de fabrication de semi-conducteurs qui ne sont plus utiles en informatique, mais peuvent être utilisé pour la fabrication des panneaux. Enfin, l’industrie du photovoltaïque met progressivement en place une filière pour récupérer les anciens panneaux de plus de 30 ans. Le silicium en est extrait pour refaire de nouveaux panneaux, dont les besoins énergétiques à la fabrication seront réduits (source : revue Système Solaire n° 184 mars-avril 2008).

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Calcul de superficie pour produire 500 TWh

La consommation française d’électricité est d’environ 500 TWh par an. Ce qui représente 500 milliards de kWh, dont plus des trois quarts sont produits par fission nucléaire.Il est évident que la totalité de cette électricité ne sera jamais produite uniquement par du solaire photovoltaïque. Par contre, il paraît intéressant de calculer ce qu’une telle production impliquerait comme surface. En règle générale, 1 kW de panneau solaire photovoltaïque représente 10 m² de superficie. Cela permet de produire en moyenne 1 000 kWh d’électricité par an. Environ 900 kWh dans le Nord contre 1 300 kWh dans le Sudil faut donc en moyenne 5 000 km² de panneaux pour produire 500 TWh d’électricité. Sachant que la superficie de la France est de 540 000 km², cela revient à dire qu’il faudrait couvrir 1 % du territoire de panneaux pour produire l’ensemble de l’électricité consommée en France. Evidemment, assurer 100 % de la production d’électricité avec du photovoltaïque n’est pas un objectif très raisonnable, mais sachant que 60 % de l’électricité est consommés en journée, il est tout a fait envisageable d’en produire 10 %. Cela ne posera aucun problème du point de vue de la superficie.

1 kW => 10 m² => 1 000 kwh / an500 000 000 000 kWh => 5 000 000 000 m²5 000 000 000 m² => 5 000 km²soit 1 % du territoire français ( 540 000 km²)(soit un carré de 71 km de côté).

Le prix du photovoltaïque est encore trop élevé pour avoir une influence massive face aux énergies polluantes. Mais l’évolution du coût de production montre que, tôt ou tard, il deviendra concurrentiel. A ce moment-là plus rien ne pourra arrêter son essor.

Le solaire thermodynamique

Il est possible de produire de l’électricité en concentrant les rayons du soleil pour obtenir une température élevée au point focal. Cette température peut être utilisée soit pour entraîner un moteur Stirling, couplé à une génératrice, soit pour produire de la vapeur d’eau pour faire tourner des turbines. Ce mode de production fut expérimenté dans les années 60-70 et fut délaissé lors du contre-choc pétrolier. Aujourd’hui il revoit le jour sous l’impulsion de l’Espagne et des Etats-Unis dont les conditions climatiques sont propices à cette technologie.

Le four solaire

Une simple boîte isolée en bois ou en carton dans laquelle on place une plaque offset ou de l’aluminium est recouverte d’une fenêtre amovible. On place le plat à l’intérieur. Les rayons du soleil chauffent le plat et font monter la température dans la boîte. Il s'agit d'un système très simple et peu onéreux pouvant être appliqué dans beaucoup d’endroits.

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Il faut un petit temps d’adaptation au mode de cuisson au four solaire. Mais cela en vaut vraiment la peine eu égard aux économies d’énergie réalisées.Dans les pays pauvres, bien souvent, l’accès à une énergie comme le gaz est trop onéreux. Le seul moyen de cuire les aliments reste le bois. La corvée de bois mobilise plusieurs heures par semaine tout en accélérant à certains endroits la déforestation. Elle provoque aussi des fumées nocives pour ceux qui préparent la cuisine. Le four solaire est un outil d’amélioration de la qualité de vie et de préservation des ressources encore trop méconnu. De plus la cuisson y est douce, ce qui permet de conserver la qualité nutritive des aliments. Des associations comme Bolivia-inti font la promotion des fours solaires en France, en Amérique latine, en Afrique et en Asie.

LA BIOMASSE

Elle se décompose elle-même en plusieurs sources d’énergie : le bois-énergie, la méthanisation et les biocarburants.

Le bois-énergie

Un arbre, en grandissant, capte du carbone. Lorsqu’il dépérit, il rejette une partie de ce carbone en se décomposant. La valorisation du bois sous forme énergétique n’émet donc pas plus de CO2 que s’il se décompose sur place. Le bois-énergie utilise le carbone en cycle court, contrairement au pétrole qui résulte d'un processus de plusieurs millions d’années.La France est fière de produire la plus importante quantité de bois-énergie en Europe. Or, la grande majorité de ces m3 est brûlée dans des cheminées au rendement très faible, pour chauffer des maisons mal isolées. Le résultat est qu'il arrive que des foyers consomment 20, 30 voire 40 stères de bois par an pour le chauffage. Se contenter du chiffre de la production en volume, c’est faire la promotion de l’inefficacité énergétique et oublier que le plus important reste l’usage que l’on en fait.Avec le troisième choc pétrolier au début des années 2000, l’utilisation plus rationnelle du bois-énergie est apparue enfin comme plus évidente à nos politiques. C’est ainsi que des incitations pour installer des poêles à bois au rendement est supérieur à 65 % ont été mises en place. Utiliser des foyers dont le rendement est élevé permet non seulement une réduction de la consommation mais également une réduction des émissions de polluants lors de la combustion. En parallèle, sous l’impulsion cette fois des collectivités, des filières de production ont aussi vu le jour (plaquettes, granules…), valorisant des bois forestiers inexploités autrements, ainsi que les résidus de scieries ou les rebuts de bois, tout en créant de nouvelles activités localement. Il est bien plus profitable à la collectivité de financer cette économie locale que de faire des chèques qui iront aux grands groupes pétroliers.La filière bois-énergie est aujourd’hui bien lancée mais doit s’inscrire dans une politique plus large de rénovation de l’habitat pour réduire les besoins thermiques des habitations.

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La méthanisation

La méthanisation permet d’obtenir du biogaz à partir de déchets agricoles ou fermentescibles. En plaçant ces résidus agricoles dans des conditions particulières de température et sans oxygène, il y a production de biogaz contenant une grande quantité de méthane. Par la suite on valorise ce biogaz, soit en le brûlant pour faire de la chaleur, soit en cogénération pour produire à la fois de la chaleur et de l’électricité. Il est possible également de le valoriser en co-carburant ou encore de l’injecter dans les réseaux de gaz de ville après purification. En outre, le digestat, qui est le résidu solide du processus de méthanisation, est après compostage/maturation un amendement de très bonne qualité mieux assimilé par les plantes qu’un épandage classique, ce qui évite les pollutions des sols et des rivières.Brûlé, le biogaz est meilleur pour l’environnement, car le méthane qu’il contient est un gaz à effet de serre 20 fois plus puissant que le CO2. En brûlant le méthane on diminue donc les émissions de gaz à effet de serre. Il est possible de méthaniser les résidus agricoles, les boues d’épuration ainsi que la fraction fermentescible des déchets ménagers. On peut également récupérer les biogaz issus des la fermentation des centres d’enfouissements technique (les décharges).Le méthane, traité et comprimé, est également valorisé comme co-carburant pour moteurs diesel, notamment ceux des véhicules de collecte d’ordures ménagères.La France dispose de grandes quantités de résidus agricoles fermentescibles utiles à la production de biogaz, ce qui présente un intérêt énergétique et économique non négligeable. Pourtant, les installations en ce domaine sont encore peu nombreuses, contrairement à ce qui se passe chez nos voisins allemands, autrichiens, espagnols ou danois, qui ont mis la méthanisation en oeuvre dès les années 1970.

En France, quatre unités sont opérationnelles ou en construction :Lille – MarquetteVarennes-JarcyMontpellierForbach (Moselle – Est en construction)

La méthanisation est aussi utilisée depuis fort longtemps en Inde, en Chine et dans le reste de l'Asie. Le méthane est alors principalement utilisé pour la cuisson des aliments. Dans ces pays, le biogaz permet d’éviter la déforestation et fertilise le sol tout en diminuant la pollution des terres et des rivières.

Les biocarburants

L'HVB

L’Huile Végétale Brute (HVB) est obtenue à l’aide d’une tritureuse (sorte de broyeur à grains) à partir de graine de colza ou de tournesol. On obtient ainsi 1/3 d’huile et 2/3 de tourteau. L’huile doit être filtrée pour alimenter les moteurs diesel à injection indirecte, à hauteur de 30 % ou de 100 % si le moteur à été modifié. Les résultats en termes de pollution sont les suivants :

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Une forte réduction des suies de particules, du monoxyde de carbone (CO) et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ainsi que des composés soufrés (SO2). Une légère réduction des oxydes d’azote (Nox), des hydrocarbures imbrûlés et des émissions d’ozone (O3). (Source Livret "Rouler à l'Huile de Tournesol, Pourquoi et Comment mettre des fleurs dans son moteur" de Thomas Plassard).Il y a un équilibre entre le CO2 émis lors de la combustion et celui capté par la plante. Cela induit au final que la carburation à l'HVB de tournesol n’entraîne pas d’augmentation des émissions de CO2 dans l’atmosphère, car le carbone est utilisé en cycle court.L’utilisation de l'HVB dans une exploitation agricole permet de produire localement de l’huile ainsi que du tourteau qui remplacera une partie de alimentation du bétail, augmentant par là même l’autonomie de l’exploitation. Cela permet d’éviter les importations de soja d’Amérique du Sud ou des Etats-Unis qui sont bien souvent transgéniques. L’objectif n’est pas de chercher l’autonomie en carburant, mais d’alimenter localement une partie de l’élevage et de valoriser l’huile sous forme de carburant. Des agriculteurs et des associations essaient de promouvoir l’essor de la filière sans l’aide des pouvoirs publics et contre les firmes pétrolières. Mais leur situation reste difficile. Voici ce que constatait le journal Le Monde le 20 octobre 2001 : « Confrontés au monopole des industriels, aux verrous techniques, aux études défavorables, à l'exonération de TIPP réservée à la seule filière Ester, les artisans de l'huile végétale brute n'ont rapidement plus eu d'autres choix que de poursuivre seuls et sans aides publiques, parfois dans l'illégalité, leurs expériences sur la carburation ».

L'agrocarburant

Pour répondre aux préoccupations liées au réchauffement climatique, les industriels ont mis en place une filière qui leur permet de rester incontournables dans l’approvisionnement en carburant.L’Ester Méthylique d’Huile Végétal (EMHV) est obtenu par de multiples opérations industrielles à partir de l’huile végétale. Comparativement aux HVB, les bilans énergétiques, environnement aux et économiques de l’EMHV sont beaucoup moins intéressants. De toute façon, l'HVB ou les agrocarburants ne pourront pas satisfaire aux besoins gigantesques de nos sociétés, la priorité restant de diminuer notre consommation : urbanisme n’imposant plus l’usage de la voiture, fabrication d’articles localement, consommation des fruits et légumes de saison. Il ne faudrait pas en arriver à devoir choisir entre rouler et manger.

L'huile de friture

Il est également possible de récupérer les huiles de fritures usagées puis de les filtrer pour alimenter les moteurs diesel à injection indirecte. Selon les réglementations (articles L 541.2, L 541.3, L 541.9, L 541.22, L 541.24 et L 211.1 du Code de l’Environnement et Décret 2002-540 du 18 avril 2002) les restaurateurs sont tenus d’assurer l’élimination de leurs huiles alimentaires usagées dans le respect de l’environnement.

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Il est notamment interdit d’abandonner des déchets, de déverser, laisser écouler, rejeter, déposer des matières susceptibles de provoquer ou d'accroître la dégradation des eaux. Les peines encourues sont de 2 ans d'emprisonnement et 75 000 € d'amende. Malgré ces risques, certains professionnels préfèrent jeter les huiles usagées dans les égouts, les ruisseaux ou la mer car le ramassage par des entreprises spécialisées est trop cher.Comme on ne peut rien entreprendre dans l’hexagone sans tomber sous le coup de la Loi, plusieurs particuliers récupèrent et filtrent eux-mêmes ces huiles. Le potentiel est de 500 000 tonnes d’huile récupérables en France chaque année. Cette huile était considérée comme un déchet, il faut la voir comme une ressource. Il n’y a plus dans ce cas de concurrence entre l’usage alimentaire et l’usage automobile.

Le biogaz

L’utilisation de gaz comme combustible permet de réduire fortement les rejets en termes de particules et de gaz nocifs pour la santé, car la combustion d’un gaz se fait mieux que la combustion d’un liquide (comme le pétrole) dans la mesure où le mélange air/combustible est meilleur. Plusieurs villes en Europe et même en France utilisent le biogaz pour leurs transports en commun. Les expérimentations actuelles permettent de valider la production d’un carburant local.

LA GEOTHERMIE

La croûte terrestre permet à certains endroits de récupérer des sources chaudes. Cette chaleur peut être utilisée directement pour le chauffage des bâtiments. Mais dans certains cas, il est possible également de produire de l’électricité. Il existe des couches d’eau chaude relativement importantes au niveau du Bassin Parisien, du Bassin Aquitain et en Alsace (67 – Soultz-sous-Forêt) ou dans les anciennes zones volcaniques. Cette énergie renouvelable fut exploitée dans les années 70, jusqu’au contre-choc pétrolier. La plupart des projets furent ensuite mis en sommeil. Le troisième choc pétrolier les a fait se réveiller.

Petit rappel sur le chauffage électrique

Le rendement d’une centrale électrique est de 30 %. Ce qui veut dire que pour 1 kWh d’électricité qui sort de la centrale il aura fallu 3 kWh d’énergie thermique à l’entrée. Comme il s’agit de grosses centrales, il faut distribuer l’électricité sur de grandes distances, avec des pertes en ligne. Au final, le chauffage électrique transforme l’électricité en chaleur. ainsi, on transforme de la chaleur en électricité que l’on transporte puis que l’on retransforme en chaleur avec, à chaque étape, des pertes plus ou moins importantes. Le chauffage électrique est donc une aberration technique.

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Le rapport RTE (Réseau de Transport d’Electricité)

Ce rapport montre que le CO2 issu du kilowattheure d’électricité n’est pas fixe et dépend de l’utilisation. La consommation en « base » fait peser des risques liés à la radioactivité des centrales nucléaires. La consommation en pointe fait ajouter à ce risque les rejets de gaz à effet de serre liés à l’utilisation des centrales thermiques classiques utilisant des énergies fossiles. En effet, en période de pointe, les centrales nucléaires ne peuvent assumer les trop fortes variations de production. Ces variations sont donc assurées par l’hydraulique et par les centrales thermiques à flamme. En fonction du moment d’utilisation de l’électricité et donc de l’usage que l’on en fait, le kilowattheure d’électricité intégrera plus ou moins de CO2. (Source : publication RTE/ADEME 08.10.2007).

Les pompes à chaleur (PAP)

On classe d’ordinaire les pompes à chaleur utilisant des sondes géothermiques comme relevant des énergies renouvelables. La pompe à chaleur utilise un fluide frigorifique et un compresseur. C’est ce fluide qui, en se condensant et en s’évaporant, va produire successivement du froid et du chaud, exactement comme ce qui se passe dans un réfrigérateur. Ce qui permet cet échange d’état, c’est le compresseur. Tout comme il serait ridicule de considérer un réfrigérateur comme une énergie renouvelable, il est tout aussi ridicule de considérer les pompes à chaleur comme telles. Il serait plus juste de les envisager comme des appareils efficaces mais sûrement pas comme étant des énergies renouvelables. Les pompes à chaleur doivent, par contre, être considérées comme des chauffages électriques qui seront utilisés lorsqu’il fait froid, donc en période de pointe sur le réseau. Au moment où la production électrique est assurée par des centrales émettrices de gaz à effet de serre, la généralisation des pompes à chaleur aura pour conséquence une augmentation du pic de consommation, et donc une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Le fluide caloporteur que fait circuler le compresseur n’est plus du CFC, interdit à la vente en Europe depuis 2000, car il détruit la couche d’ozone. Les fluides qui le remplacent sont néanmoins 1 000 fois plus puissants que le CO2 en termes d’effet de serre.Le bilan des pompes à chaleur géothermiques n’est pas très bon, mais celui des pompes à chaleur aérothermiques est encore plus mauvais, car dans leur cas le coefficient de performance (COP) dépend des conditions de température extérieure. Marcel BOITEUX, ancien Directeur général d’EDF, ne déclarait-il pas au journal Le Point, le 30 juillet 1973 (il y a plus de 30 ans) : "Tout client nouveau qui opte pour le chauffage électrique nous amène à augmenter d’autant notre programme nucléaire".

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L’HYDRAULIQUE

La production des rivières

Il est intéressant de constater qu’au niveau mondial la production hydraulique (2 918 TWh) est du même ordre de grandeur que celle du nucléaire (2 772 TWh). Par contre, le bilan de l’énergie primaire donne un bilan trois fois plus important au nucléaire (6,3%) qu’à l’hydraulique (2,2%). Cela n’est dû qu’au mode de calcul donnant une part bien plus importante au nucléaire qu’aux autres types de production. En effet, pour la production nucléaire, on comptabilise les pertes thermiques des tours de refroidissement. La production hydraulique ne passe pas par une transformation thermique. Les pertes sont donc très faibles. Le bilan en énergie primaire est lui aussi plus faible. Ce mode de calcul revient à dévaloriser considérablement l’efficacité énergétique.Il faut distinguer deux modes de production hydraulique différents, qui impliquent des impacts sur l’environnement bien distincts. D’un côté, il y a le grand hydraulique, constitué de grands barrages construits pour la plupart dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale. Ces grands barrages permettent de disposer d’une puissance électrique importante en stockant une réserve d’eau, mais provoquent également des cassures le long des rivières. L’ensablement, l’envasement, l’eutrophisation, la diminution du nombre d’espèces sont autant d’impacts néfastes que provoquent ces ouvrages.De l’autre côté, on trouve des petites centrales hydrauliques dont la puissance est inférieure à 10 MW, ou des micro-centrales hydrauliques, dont la puissance est comprise entre 100 kW et 5 MW qui fonctionnent au fil de l’eau. Elles utilisent l’eau en flux, déployant leur capacité en période de précipitations, mais limitant celle-ci en période sèche. La puissance de ces centrales est bien plus faible, tout comme leur impact sur le milieu naturel. La part du petit hydraulique dans la production d’électricité française était de 1,5 % dans les années 90. Il existe un potentiel de production supplémentaire par la réhabilitation de sites abandonnés. Cela pourrait représenter l’équivalent de la puissance de deux réacteurs nucléaires. D’anciens moulins à eau construits à partir du XVIIe siècle, aujourd’hui désaffectés, peuvent être réutilisés relativement facilement, dans la mesure où la plupart des travaux d’infrastructure sont déjà réalisés. La construction de nouvelles installations semble, par contre, coûter trop cher pour le moment.

La nouvelle recherche hydraulique

Depuis quelques années, des recherches ont lieu sur l’exploitation de l’énergie des mers, notamment celle des courants marins ou de la houle. Des expérimentations sont en cours pour déterminer leur potentiel. Ces nouvelles énergies prometteuses viendront s'ajouter aux techniques de production d’énergie hydraulique déjà existantes.

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L’EOLIEN

La France possède le second potentiel éolien d’Europe. En 2005, la puissance installée ne représentait que la 11e place dans l’Europe des 15, avec des productions en dents de scie en fonction des changements des conditions d’installation. Il est facile de bloquer une filière émergente… En changeant les règles régulièrement, on oblige les professionnels du secteur à revoir leur façon de travailler et on retarde les projets. C’est ainsi qu’ont été installés 981,3 MW en 2006 et seulement 718,2 MW en 2007. Des pays au potentiel pourtant moins important que le nôtre ont fait le choix d’investir dans ce secteur aux perspectives mondiales très importantes. Les attaques de l’industrie nucléaire contre ce concurrent sont nombreuses et bien souvent injustifiées ou largement abusives. J'ai moi-même visité une douzaine de sites éoliens, et je me suis rendu compte qu’il y avait une différence très importante entre ce qu’affirment leurs détracteurs, curieusement largement repris dans les médias, et ce que l’on peut constater sur le terrain. Le bruit que font les éoliennes est faible et devient généralement inaudible à 100 mètres de distance. Lorsque le vent souffle plus fort, le bruit est, dans la plupart des cas, couvert par le vent lui-même. De plus le bruit du vent dans les arbres ou les poteaux électriques est bien plus fort. Les lignes électriques à très hautes tension sont indispensables au transport de l’électricité produite par les grandes centrales pour l’acheminer vers le consommateur sur de grandes distances. Leurs pylônes, construits parfois tout près des habitations, ne font pourtant pas l’objet de critiques dans les médias.Voici un exemple significatif des méthodes de désinformation utilisées par l’Etat pour faire refuser les énergies renouvelables au profit de l’énergie nucléaire : le dimanche 26 août 2004, j’étais présent lors d’une réunion au pied des éoliennes de St Crépin en Charente-Maritime, pour fêter leur mise en service. Pendant cette journée, il y a eu plus de deux cents personnes qui sont venues voir tourner leurs pales. Nous avons pu, en tant qu’associatifs, répondre aux différentes questions des personnes présentes. Nous avons même rencontré un riverain des éoliennes qui habite à 600 m de celles-ci. Il était ravi de voir s’ériger cette production d’énergie n’engendrant aucune pollution près de chez lui. Cette journée fut pour moi le témoignage que l’énergie éolienne pouvait enfin prendre son essor dans un contexte trop longtemps dominé par la monoculture énergétique. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, deux mois plus tard, un reportage au 13 h de France2 dénonçait le bruit des éoliennes, affirmant que les riverains ne pouvaient plus dormir, le tout accompagné d’un groupe de 7 personnes de l’association « Vent de colère ». J’étais stupéfait de voir que 7 personnes dénonçant les éoliennes peuvent faire déplacer les médias alors que deux cents personnes n’y trouvant rien à redire ne les intéressent pas. Cette différence partiale de traitement relève bien plus de la désinformation que de l’information.

Il est plus qu’étonnant de constater que l’on se préoccupe tant du bruit des éoliennes sur la santé humaine, alors que le bruit des aéroports ne fait l’objet que de très peu d’études, et que l’on arrive même à refuser des murs antibruit aux riverains d’autoroutes.

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Calcul pour produire 500 TWh

Encore une fois, on ne produira pas 100 % de notre électricité avec de l’éolien, mais il est malgré tout intéressant de calculer les besoins en éoliennes pour produire la totalité des 500 TWh d’électricité produits chaque année. Pour faire ce calcul, j’ai pris comme hypothèse que les éoliennes fonctionnent l’équivalent de 20 % du temps à pleine puissance, soit 1 752 heures par an. Il s’agit d’une hypothèse défavorable à l’éolien dans la mesure où, pour qu’un parc soit considéré comme rentable, on table aujourd’hui sur un minimum de 2 000 heures.500 000 000 MWh / 1 752 = 285 400 MW Il faut donc installer une puissance éolienne de 285 400 MW pour produire 500 TWh d’électricité par an. Puisque la puissance moyenne d’une éolienne installée aujourd’hui est de 2 MW, il faudra donc installer 142 700 éoliennes. Sachant qu’il y a 560 000 exploitations agricoles en France, cela signifie qu’il suffirait qu’un agriculteur sur quatre implante une éolienne de 2 MW sur son exploitation, pour produire 100 % de l’électricité avec de l’éolien terrestre. Pour l’objectif tout à fait réaliste de 20 % de l’électricité produits avec de l’éolien, dont la moitié en terrestre et l’autre moitié en offshore, il suffirait d’implanter 14 270 éoliennes de 2 MW sur terre (soit chez 1 agriculteur sur 38) et 2 860 éoliennes de 5 MW en mer. Ces chiffres sont à comparer aux 100 000 pylônes THT de 400 000 V et 225 000 V qui servent au transport de l’électricité produite par un petit nombre de très grosses centrales. Le prix de rachat du kWh éolien est de 8 centimes d’euros. Il est accusé d’être trop élevé et de plomber la facture d’électricité du consommateur. La différence entre le prix du kWh du marché et celui de rachat de l’éolien est assurée par la CSPE (Contribution au service public de l’électricité (0,0045 €/KWh). Tous les consommateurs payent cette taxe pour aider à l’accès à l'électricité sur les îles, à l’action sociale, au raccordement électrique des sites éloignés du réseau… Elle permet aussi le financement des énergies renouvelables. En 2006 le coût des énergies renouvelables n’a représenté que 3% de la CSPE. Le prix du kWh du marché de l’électricité est compris entre 4 et 5 centimes d’euros. L’aide apportée au secteur éolien est donc de 3 à 4 centimes par kWh. (Source : www.cler.org). C'est extrêmement bas, comparé aux aides pratiquées par des pays résolument favorables à l’éolien. Cela veut dire aussi que le financement des énergies renouvelables se fait par le consommateur et non par l’Etat. On entend parfois dire que les éoliennes plombent les finances françaises, alors que l’Etat n’est pour rien dans ce financement. Une étude de 1997 réalisée par la Danish Wind Turbine Manufacturers Association estime qu’il faut 3 mois de production d’une éolienne pour compenser l’ensemble de l’énergie nécessaire à sa fabrication, son installation, son fonctionnement, sa maintenance et son démantèlement. Elle produira donc 80 fois plus d’énergie durant sa période d’exploitation que ce qu’elle devra elle-même consommer sur une durée de vie de 20 ans… C'est très important, y compris par rapport aux énergies polluantes qui ne rembourseront pourtant jamais la pollution engendrée. L’éolienne étudiée avait une puissance de 600 kW. Les éoliennes que l’on installe aujourd’hui ont une puissance de 2 000 kW et les processus de fabrication s’améliorent. Il serait intéressant de refaire l’étude avec les techniques de production actuelles.Il arrive d’entendre dire : "les éoliennes, c’est moche". L’homme a toujours adapté son environnement à ses besoins, sans se soucier des conséquences. Aujourd’hui, par

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refus des énergies renouvelables qui ne génèrent pourtant ni gaz à effet de serre ni déchets toxiques ni déchets radioactifs, on nous parle d’esthétisme… On peut encore répondre que les énergies décentralisées produisent une énergie à des tensions plus faibles que les énergies centralisées, ce qui permet de réduire le nombre de pylônes à très haute tension, aujourd’hui au nombre de 250 000.

LA COMPLEMENTARITE ENTRE ENERGIES RENOUVELABLES

Certaines énergies renouvelables sont des énergies de flux, c’est-à-dire qu’elles produisent de l’énergie lorsque le flux est présent, mais ce flux n’est pas constant. Il y a donc fluctuation de production. Ces énergies de flux sont le solaire, l’éolien et le petit hydraulique. D’autres énergies renouvelables sont des énergies de stock. Ce sont la géothermie, l’hydraulique de puissance et la biomasse. Les énergies de stock peuvent donc être mises à contribution lorsque les énergies de flux ne produisent pas. Comme la consommation d’électricité n’est pas constante varie en fonction des besoins, il faut en permanence ajuster la production à la demande. L’idée centrale de l’intelligence énergétique est d’utiliser l’énergie disponible la moins chère et la moins polluante au moment où l’on en a besoin. Par exemple l’énergie solaire produit de l’électricité en journée. Cela tombe bien, parce que 60 % de l’électricité est consommée en journée. L’éolien et l’hydraulique produisent plus d’énergie en hiver. Une expérimentation liée à l’utilisation d’énergie renouvelable pour la production d’électricité est en cours en Allemagne, dans une petite ville qui compte 12 000 foyers. Elle met à profit la complémentarité des énergies renouvelables. L’expérimentation consiste à regrouper plusieurs types de production d’énergie d’origine renouvelable autour d’un régulateur qui reçoit l’ensemble de la production d’électricité et qui l’ajuste en fonction de la puissance demandée par le réseau électrique. Le régulateur peut définir la production des énergies de stock en fonction de la production des énergies de flux et de la demande du réseau. Le but affiché est de produire une électricité 100 % renouvelable. Ce dispositif est destiné à être étendu à l’ensemble de l’Allemagne. (Source AFP 22.10.07 Vent, soleil, eau et biomasse pour atteindre 100 % d'énergie renouvelable).

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CONCLUSION

Nous utilisons chaque jour une source d’énergie qui vient d’ailleurs, et parfois de très loin. Il est difficile dans ces conditions de comprendre l’impact réel que cela engendre. Il est reconnu qu’utiliser une énergie renouvelable chez soi permet de prendre conscience de la valeur que peut avoir l’énergie. Les particuliers producteurs d’énergie sont donc bien plus sensibles aux économies d’énergie.L’orientation énergétique doit être révisée au plus vite. Notre dépendance vis-à-vis des importations de pétrole, de gaz et d’uranium devient bien trop lourde pour que cela puisse durer. La diminution des factures énergétiques et des pollutions doit être une priorité.L’énergie la moins chère et la moins polluante est celle que l’on ne consomme pas. Les économies d’énergie doivent par conséquent être la priorité.Les énergies renouvelables permettent de diversifier la production d’énergie tout en utilisant les ressources locales. Ces ressources permettent de diminuer le recours aux importations d’énergie, qu’elle soit fossile ou fissile, et augmentent l’indépendance énergétique. L’exploitation de ces énergies locales permet de créer des emplois de proximité, non délocalisable. En effet, on valorise des ressources locales qui sont exploitées sur place. L’argent nécessaire à leur utilisation reste donc sur le territoire, ce qui en fait un outil de développement local très important. Ce développement peut également s’inscrire dans une stratégie industrielle plus large. Les débouchés des énergies renouvelables existent dans le monde entier. Tous les pays, même les moins riches, peuvent développer des petites fermes éoliennes, implanter des méthaniseurs ou installer des panneaux solaires. Le développement de petites structures peut donc être reproduit à l’infini. Hélas, cette vision industrielle n’est pour le moment pas comprise par nos décideurs. L'objectif étant une augmentation de l’indépendance énergétique du pays, il est incontestable que les énergies renouvelables sont les seules qui peuvent vraiment y répondre.Les énergies renouvelables sont par définition inépuisables, bien réparties sur le territoire et sur la planète, et donc décentralisées. Si l’on exploite une énergie au plus près du lieu de production, le coût environnemental et économique lié à son transport est très faible. Leur faible impact sur notre environnement fait que les énergies renouvelables sont les seules qui permettent de répondre durablement à nos besoins sans épuiser notre planète.L’utilisation des ressources locales permet de réduire les tensions internationales liées à l’approvisionnement en matières premières. En effet, il est inutile de soulever une armée pour protéger les approvisionnements en vent ou en rayons du soleil. Il est donc évident que quiconque œuvre à la promotion des énergies réellement renouvelables œuvre pour la paix dans le monde.L’industrie des énergies polluantes voit dans les nouvelles techniques de production des adversaires redoutables. Il est bien connu que la meilleure défense, c’est l’attaque. Il n’est donc pas étonnant de voir les énergies renouvelables se faire attaquer sur tous les terrains. A chacun donc de s’informer suffisamment pour pouvoir juger en toute connaissance de cause. La volonté politique est bien sur d’une importance capitale dans ce domaine.

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CHAPITRE 3

L’ENERGIE NUCLEAIRE

FONCTIONNEMENT D’UNE CENTRALE

ans un réacteur, la fission des atomes d'uranium produit une grande quantité de chaleur. Cette chaleur élève la température de l'eau, qui circule autour du réacteur, aux alentour de 300 à 500 °C. L'eau est maintenue sous très forte pression pour l'empêcher de bouillir. Ce circuit fermé est appelé

circuit primaire. L’eau y est en contact direct avec les gaines du « combustible » radioactif. Des grappes de commandes constituées de matériaux absorbeurs de neutrons permettent de réguler la réaction en chaîne à l’intérieur du réacteur.

DLe circuit primaire communique avec un deuxième circuit fermé, appelé circuit secondaire par l'intermédiaire d'un générateur de vapeur. En théorie la radioactivité ne doit pas passer du circuit primaire au circuit secondaire. Dans ce générateur de vapeur, l'eau chaude du circuit primaire chauffe l'eau du circuit secondaire qui se transforme en vapeur. La pression de cette vapeur fait tourner une turbine qui entraîne à son tour un alternateur. Grâce à l'énergie fournie par la turbine, l'alternateur produit un courant électrique alternatif.Un transformateur élève la tension du courant électrique produit par l'alternateur pour qu'il puisse être plus facilement transporté dans les lignes à très haute tension.À la sortie de la turbine, la vapeur du circuit secondaire est à nouveau transformée en eau grâce à un condenseur dans lequel circule de l'eau froide en provenance de la mer ou d'un fleuve. Ce troisième circuit est appelé circuit de refroidissement. En bord de rivière, l'eau de ce 3e circuit peut alors être refroidie au contact de l'air circulant dans de grandes tours, appelées aéroréfrigérants.

Les 3 circuits d'eau sont, en théorie, étanches les uns par rapport aux autres. Or, en pratique, sur les 58 réacteurs en fonctionnement, 38 générateurs de vapeurs ont dû être changés. En effet, les températures et la radioactivité à cet endroit provoquent des contraintes intenses sur les matériaux qui finissent par se fissurer. La radioactivité n’y est donc plus confinée.

Le combustible est composé à 7% d’uranium 235 et d’uranium 238 pour le reste. L’U235 a la particularité d’être fissile, c’est-à-dire que son atome a la faculté de se scinder en deux lorsqu’il est percuté par une particule. L’isotope 238 de l’uranium par contre n’est pas fissile mais constitue l’essentiel (99,28 %) de l’Uranium que l’on trouve. Il faut donc enrichir l’uranium naturel en isotope 235 pour en faire du combustible nucléaire. Cette étape demande beaucoup d’énergie et produit des résidus d’U 238 non fissile en grandes quantités.

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LES SURGENERATEURS

L’idée de récupérer cet uranium inutilisable dans les centrales conventionnelles et d’en faire un combustible est vite apparue comme une évidence. Le combustible des surgénérateurs est composé d’U 238 et de plutonium. L’appellation de surgénérateur vient de la propriété qu’on ces réacteurs de créer du plutonium à partir d’uranium 238. Chaque fois qu’un noyau de plutonium 239 subit la fission, il y a production de 3 neutrons. L’un d’entre eux sert à casser un autre noyau de plutonium et à entretenir la réaction en chaîne. Un autre de ces neutrons est capturé dans l’uranium 238, qui se transmute en plutonium 239 et assure ainsi le remplacement du noyau de plutonium consommé : le réacteur est générateur. Mieux encore, le 3e neutron est tantôt perdu, capté par les matériaux qui forment le réacteur, tantôt absorbé par un autre noyau d’uranium 238. Il y a ainsi production d’un peu plus de plutonium qu’il n’en a été consommé : le réacteur est surgénérateur.

Le fluide caloporteur est du sodium liquide (Superphénix en contenait près de 5 000 tonnes). Le sodium est très dangereux. Il s’enflamment à l’air et explose au contact de l’eau. Il n’existe plus de surgénérateurs de taille industrielle en fonctionnement en raison des problèmes techniques que rencontre cette filière. La France a fermé Superphénix par décret du 31/12/1998. Ayant connu panne sur panne, il a produit très peu d’électricité et a finalement été un gouffre financier. La relance de cette filière se dessine sous la forme d’un « forum génération 4 », comme 4e génération de réacteur. Parler de génération en nucléaire permet d’imager un progrès de la filière. En réalité, revenir au surgénérateur serait un retour en arrière, d’autant que les défis techniques restent importants.

LE NUCLEAIRE DANS LE MONDE

En 1974, l’AIEA (l’Agence internationale à l’énergie atomique) prévoyait une puissance installée de 4 450 000 MW. Il y avait en 2007 439 réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde, répartis dans 211 centrales, dont la puissance totale installée n’était que de 371 700 MW. La part du nucléaire dans le bilan mondial de la consommation d’énergie finale ne représente plus que 2,5% (source : Cahier de global chance n°25 septembre 2008, page 10). Une trentaine de pays possèdent au moins une centrale mais quatre pays (USA, France, Japon, Allemagne) fournissent à eux seuls 66 % de la production mondiale d’électricité d’origine nucléaire. La moyenne d’âge des centrales nucléaires est de 23 ans.

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LE NUCLEAIRE EN FRANCE

La France possède 58 réacteurs nucléaires répartis dans 19 centrales.

Source CNRS

En France, le nucléaire représente 78 % de l’électricité mais seulement 14 % de l’énergie finale consommée.De plus, on vante les mérites du nucléaire pour l’indépendance qu’il procurerait. Or la dernière mine d’uranium française a été fermée en 2001. Depuis cette date, la totalité du combustible uranifère dépend des approvisionnements de mines étrangères. Principalement de l’Australie, du Canada et du Niger. Quant au prix de l’électricité, qui serait en France très inférieur aux prix pratiqués dans le reste du monde, prétendument grâce au coût compétitif du nucléaire, il se situe en réalité juste en dessous du prix moyen pratiqué en Europe.

LE COUT DU NUCLEAIRE

Pour prévenir toute polémique autour du recours au nucléaire, ses promoteurs affirment haut et fort (encore une fois relayés par les médias) que l’énergie atomique est la moins chère à produire. Une étude un peu plus approfondie montre que, au contraire, c’est une énergie qui coûte très cher.En 1953 le président des Etats-Unis lançait le discours « Atom for Peace », « l’Atome pour la Paix ». Il promettait une énergie abondante et bon marché pour tous, au service de la paix. Il déclarait même que cette énergie coûterait si peu que ce ne serait plus la peine de la comptabiliser. Attirés par une énergie aussi bon marché, les distributeurs d’électricité de tous les USA s’empressèrent de faire construire des centrales en grand nombre. Mais après les beaux discours vient la réalité. Les promoteurs du nucléaire pensaient que ce qui coûterait le plus cher dans une centrale serait l’investissement initial. Ils pensaient que la maintenance et le fonctionnement ne représenteraient qu’une petite part. Or il n’en est rien, car le coût de fonctionnement et de maintenance sur la durée de vie d’une centrale nucléaire dépasse même le coût du prix initial. Ces dépassements de budget sont d’autant plus difficiles pour les électriciens américains que, là-bas, seule compte l’économie de marché, et ils doivent

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supporter le coût de fonctionnement. C’est ainsi que, le nombre de commandes a fortement diminué au début des années 70. L’accident de Three Mile Island porta un coup décisif à une industrie nucléaire déjà sur le déclin. En France l’industrie nucléaire fut portée à bout de bras par l’Etat et donc par le contribuable. La volonté d’acquérir l’arme atomique poussa les pouvoirs publics à investir massivement dans des infrastructures dédiées à la recherche sur l’atome. Il est apparu pratique et économique d’utiliser des centrales nucléaires pour se procurer le plutonium qui est la matière première des bombes.

Le prix de l’électricité en France

Il est souvent dit que le kWh payé par les Français est bien meilleur marché que dans les pays n’ayant pas ou peu d’énergie atomique. En réalité, le prix du kWh hexagonal se situe dans la moyenne européenne. En 2005, le prix TTC payé par les Français était de 12 centimes d’euro. Certaines personnes sont parfois surprises par ce chiffre et pensent qu’il n’est pas correct. A force d’entendre dire que le prix de notre électricité est le plus compétitif au monde, on finit par y croire les yeux fermés. Je me suis amusé à faire le calcul du kWh que je payais en 2007. Résultat : 13 centimes d’euros. Le prix de 12 centimes d’euros est bien le prix moyen payé par le consommateur, d’ailleurs tout le monde peut le calculer à partir de sa facture EDF. La moyenne européenne en 2005 était quant à elle de 13,6 centimes. De plus, si effectivement 12 pays avaient des tarifs plus élevés, 12 autres pays avaient des tarifs inférieurs. De toute façon, nous sommes très loin d’une électricité bon marché grâce à la production nucléaire.

LES COUTS CACHES DU NUCLEAIRE

Source : Eurostat

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Le consommateur d’électricité ne paye qu’une partie du coût réel du kWh électrique. En effet, la recherche et le développement dans le secteur nucléaire a été entièrement pris en charge par l’Etat. Le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) fut créé à la fin de la seconde guerre mondiale pour promouvoir l’énergie atomique. De 1946 à 1992, le CEA a bénéficié de 47 milliards d’euros. Cette subvention publique mobilise non seulement de l’argent public mais aussi les meilleurs scientifiques du service public, qui consacrent l’essentiel de leur temps à la recherche sur le nucléaire. Le coût d’investissement pour la construction des 58 réacteurs en fonctionnement et de la dizaine en cours de démantèlement est évalué à plus de 153 milliards. « La répartition par grands postes du coût moyen du kilowattheure sur la durée de vie d’une centrale nucléaire s’établit à 43 % pour l’exploitation, 32 % pour le combustible et 25 % pour l’investissement » (Bernard Laponche, commentaire sur le rapport Charpin-Dessus-Pellat, La gazette nucléaire 185/186, Octobre 2000). Malgré le prix élevé d’un réacteur, le coût dominant, et de loin, reste son exploitation.Cela explique les difficultés rencontrées par le nucléaire aux Etats-Unis, car les entreprises de production d'électricité supportaient seules ces coûts. La relance éventuelle du nucléaire outre-atlantique ne se fera que par l’apport massif d’argent public dans le secteur. En effet, si le contribuable paye une partie de l’outil de production (comme en France) la charge devient alors plus légère pour l’exploitant. « Voici un demi-siècle, on nous disait que l’électricité d’origine nucléaire allait devenir trop bon marché pour être comptabilisée. En réalité, les coûts n’ont cessé d’augmenter, jusqu’à un niveau qui ne permet plus à un investisseur de construire de centrale nucléaire si le revenu n’est pas garanti par l’Etat » (Greenpeace, 2001)

LES COUTS FUTURS DU NUCLEAIRE

Malgré une exploitation bien plus onéreuse que prévu, le prix du kilowattheure nucléaire n’a pourtant pas fini de s’envoler. Le démantèlement et la gestion des déchets vont encore faire grimper la note, alors que les centrales ne produiront plus d’énergie. EDF a provisionné une dizaine de milliards d’euros pour les futurs démantèlements. La Cour des comptes estime quant à elle qu’il faudrait 48 milliards. La facture pourrait être encore bien plus élevée.La pile atomique de Brennilis d’une puissance de 73 MW en Bretagne, devait être la vitrine du savoir-faire français pour le démantèlement futur des centrales nucléaires. Le coût initial était estimé à 20 millions d’euros. Or la facture est montée très vite. Elle est passée à 260 millions, puis 350 pour être évaluée aujourd’hui à près de 480 millions d’euros. Une simple règle de trois permet de montrer que le coût est passé de 17 milliards à 414 milliards en extrapolant sur l’ensemble du parc nucléaire français.

Les Britanniques ont chargé une commission de déterminer le coût du démantèlement de leurs 20 réacteurs nucléaires. Les rapports successifs de cette commission ont montré des coûts bien plus élevés que les premières estimations. Ces dernières conclusions évaluaient l'opération à 100 milliards d’euros. Une autre règle de trois nous permet d’évaluer, sur cette base, à 300 milliards d’euros les dépenses en France.Quoi qu’il en soit, le coût du démantèlement est largement sous-estimé et il faudra bien un jour l’assumer. La question est de savoir qui va payer. Un autre coût caché est la gestion des déchets irradiés.

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Les dépenses futures du secteur nucléaire aussi importantes soient-elles, ne prennent pas en compte l’éventualité d’un accident nucléaire, qui n’est plus du tout niée par les autorités, bien au contraire

LE NUCLEAIRE :UNE ENERGIE CHERE QUI NE PEUT ETRE EXPORTEE QUE BON MARCHE

Le nucléaire demande des investissements très lourds. Les pays qui ont investi dans ce secteur y ont injecté une quantité considérable d’argent public. Cet argent public (prélevé sur le contribuable sans lui demander son avis) a réduit artificiellement la facture pour le consommateur final.Mais une centrale nucléaire est faite pour produire de grosses quantités d’électricité de façon constante. Il est difficile de réguler de façon précise la puissance en sortie de la centrale. Or la consommation d’électricité n’est pas constante. Elle évolue en permanence. Aux périodes creuses succèdent des périodes de fortes consommations. On ajuste ces successions de forte et faible demande par l’augmentation ou la diminution de la puissance sur l’ensemble du parc nucléaire, mais aussi en jouant avec des sources de production électrique plus faciles à réguler (hydraulique, centrales thermiques à flamme…) Or, modifier la puissance d’exploitation des centrales nucléaires pose des problèmes pour la durée de vie du combustible et des structures. Le but pour l’exploitant est donc de trouver des débouchés pour évacuer l’électricité en heures creuses. D’où une tarification « heures pleines / heures creuses ». On peut avoir une électricité bon marché lorsqu’on n’en a pas besoin. Mais pour éviter de trop diminuer la puissance nucléaire la nuit, EDF exporte cette électricité au moment où elle est la moins utilisée, donc lorsqu’elle coûte le moins cher. C’est ainsi que l’électricité produite en France est exportée à des prix défiant toute concurrence, et qui ne reflètent en rien le coût réel de production. Malheureusement, comme le nucléaire ne peut pas assurer les pointes de production électrique, EDF se trouve obligé d’importer de l’électricité au moment où la consommation est la plus forte et donc lorsqu’elle coûte le plus cher.

LES DECHETS RADIOACTIFS

Il existe plusieurs types de déchets :- Les TFA (Très Faible Activité) regroupent des déchets dont la radioactivité est comprise entre 10 et 100 Bq/g. Ils proviennent de l’industrie électronucléaire (ferrailles, gravats, béton…), des centres de recherche du CEA, de la médecine

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nucléaire, d’hôpitaux. Le démantèlement des centrales nucléaires produit de grandes quantités de ce type de déchets. - Les déchets de catégorie A, de faible et moyenne activité à vie courte, inférieure à 300 ans, proviennent principalement des opérations de maintenance des centrales. Le volume de ces déchets est estimé à 1,4 millions de m3. - Les déchets de catégorie B, de moyenne activité, qui seront radioactifs durant des milliers d’années, représentent 50 000 m3. - Les déchets de catégorie C, de haute activité, composés principalement de combustibles irradiés, ont un volume estimé à 5 000 m3. Il existe aussi des déchets qui ne sont pas catalogués, malgré leur nocivité : déchets avec tritium, résidus d’usine, déchets miniers. Ces derniers peuvent présenter des concentrations de plusieurs milliers de Bq/g et se doubler d’un risque chimique lié aux métaux lourds qu’ils contiennent, comme l’arsenic.

Que faire de tous ces déchets ?Enfouissement, entreposage, transmutation…L’étanchéité du stockage en conteneur ou vitrifié pour certains des déchets les plus dangereux est garanti 300 ans par les industriels. Ce qui est insuffisant au vu des durées engagées. La transmutation a pour but d’isoler des éléments radioactifs à longue durée de vie en vue de transmuter les plus nocifs vers des formes capables de retrouver plus rapidement un état stable.Les procédés sont complexes, difficiles à mettre en œuvre et cette voie laisse peu d’espoir. Elle requiert beaucoup d’énergie pour de maigres résultats. De surcroît, la transmutation aboutirait à transformer des déchets à vie longue en éléments à vie plus courte, mais aussi plus radioactifs, et donc plus irradiants pour des décennies.Selon le GSIEN (Groupement de scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire) « en l’état du dossier, la transmutation n’est qu’un argument pour continuer le nucléaire. En effet, faire croire que cette voie existe permet de minimiser l’importance des déchets. » (La gazette nucléaire 165/166, avril 1998).L’enfouissement pose de gros problèmes liés aux infiltrations, au suivi et à la réversibilité du procédé.L’entreposage pose des problèmes liés à la sécurité.

Le réacteur EPR, qui est dit révolutionnaire par ses promoteurs, n’apporte rien de nouveau dans ce domaine.« L'EPR ne résout en rien les risques de prolifération, estime Benjamin Dessus, ingénieur et économiste, ancien directeur du programme de recherches interdisciplinaires sur les technologies pour l'écodéveloppement (Ecodev) au CNRS. La question des déchets à haute activité et à “vie longue” ne trouve pas plus de solution qu'avant, ni en quantité ni en dangerosité. »

La gestion financière très lourde des déchets fait et fera peser un risque de malversations très grand dans leur suivi. Pour éviter un coûteux stockage, il est tentant pour les industriels de se débarrasser à bon prix de leurs déchets en les recyclant frauduleusement et incognito. C’est ainsi que l’entreprise Isover Saint-Gobain a introduit des déchets radioactifs dans ses laines de verre (les niveaux de

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radioactivité restent cependant très faibles). L’exemple de la Cogéma est bien plus grave car elle a fourni de l’uranium appauvri pour l’incorporer à hauteur de 10 % dans la fabrication de bijoux et d’objets décoratifs. L’analyse révéla un taux de 4 000 Bq/g.

L’ACCIDENT NUCLEAIRE

Un accident nucléaire peut intervenir à tout instant dans chacun des 439 réacteurs en service à travers le monde, sans même parler des lieux de stockage. Le droit à l’erreur n’existe pas. Les compétences techniques et scientifiques doivent être conservées à un haut niveau, ce qui est possible dans un pays riche, stable et développé. Ces conditions ne peuvent être garanties sur le très long terme, comme l’exigerait pourtant une industrie aussi pointue que le nucléaire.Le coût financier d’un accident serait considérable pour le pays qui le subit et pour les éventuels pays frontaliers. Les conséquences d’un accident nucléaire sur la vie de territoires entiers sont considérables. Pourtant les organismes de promotion du nucléaire (dont l’AIEA) minimisent considérablement les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. Cela n’a pour effet que d’amplifier encore les conséquences de l’accident sur les habitants déjà atteints, le but étant pour ces organismes de faire accepter le nucléaireà tout prix :ils tentent de minorer les conséquences d’un futur accident nucléaire pour que survive coûte que coûte cette industrie.

LES EFFETS SANITAIRES DU NUCLEAIRE

Le modèle qui a servi pendant très longtemps pour déterminer la dangerosité d’une irradiation était celui de Hiroshima. Après l’explosion de la première bombe nucléaire le 6 août 1945, des scientifiques américains sont en venus étudier les conséquences sur les populations et les dégâts que cela engendrait. En fonction de la radioactivité établie sur un périmètre et des dégâts constatés (nombres de morts ou de blessés), des modèles de dangerosité ont été établis. Il s’agissait du seul exemple d’irradiation à grande échelle observé jusque-là. Or c’était une exposition principalement externe, de courte durée, due à un flash mais d’une intensité très importante. Depuis 1986, il existe un autre modèle. L’accident de Tchernobyl implique des postulats de départ complètement différents. L’exposition est due à une source diffuse, bien plus persistante dans le temps. La contamination est externe mais aussi et surtout interne, due à l’alimentation contaminée par la terre qui a recueilli les poussières radioactives. Les niveaux de contamination furent importants pour les « liquidateurs », ceux qui se sont sacrifiés pour éviter une catastrophe bien plus grave encore (la fonte du réacteur et le contact du corium avec la nappe phréatique auraient provoqué une explosion nucléaire). Le nombre de morts et de malades parmi cette population est considérable mais ne fait l’objet d’aucune étude ni de suivi sérieux. La population qui vit dans des endroits dont la terre est plus ou moins contaminée par les retombées radioactives subit une contamination interne due à l’ingestion de produits eux-mêmes contaminés. Mais les conséquences sur les populations restent volontairement sous-estimées par les autorités. Elles reste d’autant plus facilement sous silence que la radioactivité ne se voit pas, n’a aucune odeur et passe complètement inaperçue, si on ne dispose pas d’un appareil capable de déterminer la radioactivité ambiante type compteur Geiger. Il est très facile pour l’industrie nucléaire

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de nier des phénomènes que les victimes elles-mêmes ont beaucoup de mal à prouver. L’impact d’un élément radioactif s’opère à très petite échelle.

Source : Photo de couverture du livre « Recommandation 2003 du Comité Européen sur le Risque de l’Irradiation »

Sur la photo, on voit ce qu’un bombardement alpha provenant d’une particule d’oxyde de plutonium de deux micromètres provoque sur les tissus d’un poumon. L’impact n’est pas détecté par les cellules nerveuses. Le cerveau n’a donc aucun moyen de savoir qu’il y a une source radioactive à proximité. Les risques nucléaires sont largement sous-évalués par l’industrie (comme naguère pour l’amiante, voir le rapport de l’académie de médecine de 1996). Ainsi, d’après Chris Busby, directeur du CERI (Comité européen sur le risque de l’irradiation), la législation en vigueur est « grossièrement insuffisante et scientifiquement obsolète ». Le CERI a analysé les insuffisances du modèle adopté par les experts officiels pour rendre compte des effets de la radioactivité sur l’être humain, en se basant sur toutes les données épidémiologiques disponibles. Ainsi, les effets d’une contamination par des particules radioactives microscopiques (notamment de plutonium ou d'uranium appauvri) se révèlent 100 à 1 000 fois plus graves que prévu par les instances officielles. Selon une étude de l'Université d'Oxford, en Grande-Bretagne, l'industrie nucléaire tue chaque année des milliards de poissons, du fait des rejets des circuits de refroidissement des centrales. Dans les régions les plus touchées, les taux de mortalité seraient équivalents à la moitié des prises commerciales pour certaines espèces. Selon Peter Henderson, chercheur en environnement, les centrales qui ont des systèmes de refroidissement permettant d'extraire l'eau de mer seraient à l'origine de cette hécatombe. En effet, les poissons attirés par l'eau réchauffée utilisée pour refroidir les réacteurs se font tuer par l'installation qui permet de puiser l'eau nécessaire pour le circuit de refroidissement de la centrale.

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L’EXEMPLE DE L’ALLEMAGNE

Depuis que l’Allemagne a officiellement décidé de sortir du nucléaire, elle est devenue la bête noire de l’industrie de l’atome. On l’accuse d’importer son électricité des centrales nucléaires françaises pendant qu’elle ferme les siennes, de polluer beaucoup parce qu’elle ne recourt pas assez au nucléaire, etc. Tout cela part d’un postulat faux à la base : on affirme qu’en France, le nucléaire assure 50 % des approvisionnements énergétiques ; comme l’Allemagne émet pratiquement deux fois plus de CO2 que la France, il suffirait qu’elle produise son énergie à l’aide du nucléaire pour moins polluer. Il s’agit d’une vision simpliste qui tient pas compte des les réalités. Il faudrait au préalable connaître la part de la production d’électricité, celle de chaleur et celle imputée au carburant.Tout d’abord, le nucléaire ne représente que 14 % des approvisionnements d’énergie en France alors qu’il couvre environ 78% de la production d’électricité. Ensuite, l’Allemagne produit encore près de 30 % de son électricité à partir du nucléaire. Donc, même un recours massif à l’énergie nucléaire ne représenterait chez qu’une diminution très faible des émissions de CO2. L’électricité ne se stocke pas, elle s’échange en permanence entre pays riverains. C’est ainsi que la France accuse systématiquement tous les pays qui ne veulent plus recourir au nucléaire d’en importer de France. Or, depuis 2004, c’est l’Allemagne qui exporte vers la France plus d’électricité, principalement en hiver, pour satisfaire aux pointes de consommation liées à l’utilisation du chauffage électrique. En effet, en France, pour justifier la construction de nouvelles centrales nucléaires, on favorise le chauffage électrique (pompes à chaleur comprises), que ces mêmes centrales ne pourront pas alimenter en période de pointe, nécessitant l’importation de plus en plus massive d’électricité d’origine fossile, donc fortement chargée en CO2.La politique énergétique allemande, basée sur les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables, est très ambitieuse car elle vise à réduire les émissions de gaz à effets de serre de 80 % en 2050, tout en se passant de l’énergie atomique. Le surcoût lié à cette politique ambitieuse n’est que temporaire et se traduira par des bénéfices sur le long terme si les investissements y sont conséquents, comme le montre le rapport du ministère fédéral de l’environnement allemand de 2006 où l’on voit que le prix des énergies renouvelables sera concurrentiel avec celui des énergies polluantes aux alentours de 2020.

LA FUSION NUCLEAIRE

Les défis pour produire de l’énergie à l’aide de la fusion atomique sont multiples. Il faut tout d’abord vérifier s’il est possible de maîtriser la fusion elle-même, ensuite s’il est possible d’en tirer de l’électricité. Il faut pouvoir produire le combustible et surtout le tritium radioactif. Enfin, il faut trouver un matériau pour fabriquer le réacteur, qui puisse supporter les températures extrêmes (aux alentour de celle qui règne au cœur du soleil) ainsi que la radioactivité intense, avec notamment des neutrons encore plus énergétiques que ceux qu’on trouve dans les surgénérateurs.Sans compter les contraintes techniques. Pour éviter que le plasma ne pulvérise le réacteur en touchant ses parois, il est maintenu en lévitation à l’intérieur du réacteur. Cela se fait au moyen d’un champ électromagnétique de très forte intensité. Ce champ

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électromagnétique est réalisé en supraconductivité, c’est-à-dire aux alentours du zéro absolu (–270 °C). On aura donc des températures extrêmement hautes à l’intérieur du réacteur et des températures extrêmement basses à l’extérieur. Le but d’ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) n’est pas de produire de l’électricité. C’est un laboratoire qui a comme finalité de voir s’il est possible de récupérer plus d’énergie à l’aide de la fusion que l’énergie qu’il aura fallu pour déclencher et entretenir la réaction. Cette expérimentation sera considérée comme valide si l’énergie de fission est produite pendant plus de 400 secondes. Le coût du programme ITER, qui ne constitue que la première phase de l’ensemble des défis à relever, est estimé à 10 milliards d’euros. Il faudra une dizaine d’années pour la construction et une vingtaine d’années d’expérimentation. Les estimations les plus optimistes pour une production d’électricité par des réacteurs à fusion atomique n’interviendraient pas avant 2050. Beaucoup de physiciens doutent qu’on puisse jamais y arriver. Mais si au final on arrive à produire de l’électricité avec la fusion, sans même parler d’en produire de manière économiquement rentable, il s’agira du moyen de production qui aura englouti le plus d’argent public de toute l’histoire.

LES ENJEUX CLIMATIQUES

Le nucléaire n’est pas à la hauteur des enjeux liés au changement climatique. Non seulement la part du nucléaire est très faible dans le bilan mondial, mais il est structurellement sensible au réchauffement climatique. En effet, les besoins en eau pour le refroidissement des centrales obligent à les installer près des rivières ou de la mer. Or, avec l’accroissement des périodes de canicule, elles risquent d’avoir besoin d’eau au moment même où il en manquera. Lors des sécheresses, le risque d’emballement thermique existe. Les restrictions d’eau qui sévissent en ces périodes ne peuvent être respectées par l’industrie Sous peine de nuire dangereusement au refroidissement des réacteurs. A cela s’ajoutent les risques liés à la montée des mers, due à la fonte des glaciers et à la dilatation du fluide marin, pour les centrales implantées au bord de la mer. Comme cela s’est produit lors de la tempête en décembre 1999 avec l’inondation de la centrale de Blaye en Gironde, les événements climatiques extrêmes font peser de lourds périls sur les installations nucléaires. Sans compter les risques sismiques qui ont été minimisés lors de leur construction. Les tremblements de terre au Japon, qui ont obligé à fermer des centrales pourtant réputées pour pouvoir résister à des séismes extrêmes, ont rappelé que nul ne peut prévoir l’imprévisible. Enfin, la nécessité d’avoir une politique ambitieuse d’économies d’énergie est en contradiction avec les moyens de production centralisés. Ceux-ci imposent de trouver des débouchés aux grandes quantités d’électricité produites. Ils vont à l’encontre des logiques de développement des techniques d’efficacité énergétique et d’économies d’énergies qui impliquent de réduire les quantités d’énergie gaspillée, de disposer de moyens de production souples et de diminuer les besoins à la consommation.

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CONCLUSION

Le nucléaire reste une des sources d’énergies la plus chère, la plus dangereuse et la plus polluante que l’homme ait jamais exploitée. L’invisibilité de la pollution qu’il génère permet à ses promoteurs d’en cacher les conséquences. Nier les dangers du nucléaire est donc devenu un métier de pointe pour faire accepter cette industrie. Seuls de grands spécialistes de l’industrie nucléaire, connaissant parfaitement la recherche atomique mais également la recherche médicale et la biologie, peuvent encore prouver les nuisances de cette industrie. Mais l’expérience montre que ces scientifiques qui osent contredire la parole officielle se retrouvent dans des positions très difficiles : ils sont discrédités, perdent leur emploi ou se retrouvent même en prison (exemples de jean-françois Viel ou du professeur Bandazhevsky).Tout comme d’autres types d’industries à risque comme l’amiante, la chimie ou la manipulation génétique, le nucléaire fait partie du dogme du progrès. Ces industries ont pourtant des conséquences terribles sur la santé et l’environnement. Avec elles, le droit à l’erreur n’est pas et pourtant le risque zéro existe puisqu’il suffit d'en sortir. Les politiques énergétiques françaises ont porté, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, sur la production de grandes quantités d’énergie et des moyens pour les mettre en œuvre. Les sursauts lors des chocs pétroliers des années 70 nous ont montré néanmoins le potentiel d’une autre vision du secteur énergétique.Le choix fait par la France de se lancer dans une industrie nucléaire, très lourde à mettre en place et donc très lourde à abandonner, empêche littéralement le secteur de l’énergie de pouvoir évoluer comme il le faudrait. Le refus idéologique des politiques de tous bords de se passer du nucléaire les empêche d’avoir une vue d’ensemble des différents secteurs de l’énergie. L’objectif étant pour le moment de trouver des moyens de consommer le plus possible l’électricité produite par des centrales nucléaires construites en sur nombre et qu’on ne peut arrêter et remettre en route à volonté. Il importe, avec cette logique d’un autre âge, de trouver de plus en plus de débouchés pour consommer ou surconsommer, voire même gaspiller de l’électricité. Cet aveuglement dans la poursuite d’une filière qui cumule pourtant les inconvénients fait prendre à l’industrie énergétique française un retard considérable dans des secteurs pourtant très prometteurs. Terminons par le constat que les pays qui ont recours au nucléaire sont ceux-là mêmes qui produisent le plus de gaz à effet de serre. Car le modèle de société qui privilégie une forte production consomme forcément beaucoup. Le gaspillage électrique induit par l’utilisation du nucléaire se retrouve alors dans la consommation abusive des autres types d’énergie.

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CONCLUSION GENERALE

L’heure de l’insouciance est aujourd’hui terminée. Si les multiples pollutions et le changement climatique ne nous ont jamais fait réfléchir aux conséquences de nos modes de vie, l’augmentation du prix de l’énergie nous rappelle que nos sociétés sont fortement prédatrices de ressources non durables et à cet égard, fragiles.L’intelligence supérieure que nous croyons avoir par rapport aux autres animaux ne nous sert pas à organiser des sociétés qui respectent la santé, la nature et la durabilité de notre planète. Elle ne sert pour l’instant qu’à appliquer le modèle d’organisation le plus universellement reconnu : celui du plus fort. Les énergies concentrées et polluantes permettent également de concentrer les richesses et donc les pouvoirs. Les énergies renouvelables, au contraire, impliquent d’inventer une société de partage des richesses et des pouvoirs.

Le secteur énergétique est en très forte évolution depuis une dizaine d’années et connaîtra des transformations majeurs tant du point de vue de la production que du point de vue de la consommation. Or, pour accompagner ces transformations, il faudra adapter le monde industriel, la formation des étudiants et des professionnels, les infrastructures, créer des entreprises et des emplois nouveaux. Il s’agit ni plus ni moins d’aider un secteur émergent comme ont été aidées en leur temps toutes les autres formes de production d’énergie à leur début. C’est ainsi que le charbon, le pétrole, le gaz ou le nucléaire ont bénéficié d’aides considérables lors de leur apparition. Or toutes ces filières sont aujourd’hui décriées pour les pollutions qu’elles engendrent. Les secteurs des économies d’énergie et des énergies renouvelables, eux, n’ont encore bénéficié que d’une petite partie de ces aides au niveau mondial.

Ce qui est en jeu, c’est aussi la création de plusieurs centaines de milliers d’emplois au niveau d’un Etat et de plusieurs millions au niveau mondial. Ce point reste visiblement mal compris en France. Or la transformation du secteur de l’énergie et des infrastructures industrielles ne nous attendra pas pour se développer…

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INDEX

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3 : Page 10 : Nuclear energy and the fossil fuels by M. King Hubbert chief consultant (General Geology)www.hubbertpeak.com/hubbert/1956/1956.pdf

4 : Page 11 : L’ASPO (Association pour le Suivi du Peak Oil) http://aspofrance.org 5 : Page 12 : Prix du Baril en Dollars courant et constant

Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie6 : Page 13 : Rapport 2010 de l'AIE (Agence International de l'Énergie). Il Confirme que le pic de

pétrole à été atteint en 2006.http://www.iea.org/weo/docs/weo2010/weo2010_es_french.pdf

7 : Page 13 : « l'efficacité energétique dans l'union européenne. Expérience acquise et leçon à en tirer ». Par Bernard LAPONCHE et José LOPEZ.http://base.china-europa-forum.net/rsc/docs/doc_305.pdf

8 : Page 14 : Augmentation de la facture énergétique française.www.industrie.gouv.fr/energie/statisti/p df/facture-2006.pdf

9 : Page 14 : Les importations d'énergies en francewww.global-chance.org

10 : Page 16 : Prospective énergétique NégaWattwww.negawatt.org

11 : Page 26 : Connaissance et maîtrise des usages spécifiques de l'électricité dans le secteur résidentiel. Olivier SIDLER Note technique N° 090401 Avril 2009 www.enertech.fr/docs/mde01.pdf

12 : Page 26 : Les Cahiers de Global Chance, hors-série n°1, petit mémento énergétique, janvier 2003

13 : Page 27 : Cahier de global chance n°25, page 1014 : Page 27 : http://www.petitecogeneration.org/Contexte.php15 : Page 28 : Exemple d'une chaudière micro-cogénération à usage domestique

http: //produits-btp.batiproduits.com/De-Dietrich/Chaudiere - electrogene/fiche/r Id=1472262366 16 : Page 30 : Bilan énergétique des installations photovoltaïques en fonction des positions

géographiques des villes.www.iea-pvps-task10.org/IMG/pdf/report_IEA-PVPS_T10-01-2006.pdf

17 : Page 30 : l’industrie du photovoltaïque et récupérer les anciens panneaux. Revue Système Solaire n° 184 mars-avril 2008

18 : Page 34 : L'huile Végétale Bruite: Article Du Monde le 20 octobre 200119 : Page 34 : Elimination de leurs huiles alimentaires usagées

articles L 541.2, L 541.3, L 541.9, L 541.22, L 541.24 et L 211.1 du Code de l’Environnement et Décret 2002-540 du 18 avril 2002

20 : Page 36 : Le contenu en CO2 du kWh électrique http://www.waternunc.com/assets/pdf/Ademe_Rte_CO2_kwh_elec_contenuCO2longue.pdf 21 : Page 39 : Article du CLER sur la CSPE et les ENR

www.cler.org22 : Page 40 : AFP 22.10.07 Vent, soleil, eau et biomasse pour atteindre 100 % d'énergie renouvelable23 : Page 42 : Fonctionnement d'un réacteur nucléaire à fission

www.cea.fr/jeunes/themes/l_energie_nucleaire/le_fonctionnement_d_un_reacteur_nucleaire24 : Page 43 : La part du nucléaire dans le bilan mondial

Cahier de global chance n°25 septembre 2008, page 1025 : Page 46 : Bernard Laponche, commentaire sur le rapport Charpin-Dessus-Pellat, La gazette

nucléaire 185/186, Octobre 2000http://resosol.org/Gazette/2000/185_186p6.html

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Édition Mai 20083ème impression décembre 2010

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