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Le Japon : réussites et incertitudes économiques

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LE JAPON

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Collection ACTUELS

Le Féminisme en France, par Danièle Léger Les Ouvrières, par Danièle Kergoat Le Travail temporaire, par J.-F. Germe, F. Michon et F. Gaudou L'Automobile, par J.-P. Cendron, J. Jaulin et P.-A. Mangolte Homosexualités, par Gérard Bach La Pologne, par Jean-Yves Potel Les Etats industriels et la crise, par Jean-Marc Le Duc Dissidences et dissident(e)s, par Roger Rotmann Services secrets en Afrique, par Roger Faligot La Coopération trilatérale, par Bernard Duhamel L'Organisation du travail, par Jean-Claude Barbier L'Union soviétique et le monde arabe, par Fred Halliday Politiques agricoles et Paysanneries, par G. Allaire et M. Blanc La Biologie, mode d'emploi, par Joëlle Ayats Les Multinationales hors la crise, par Wladimir Andreff Femmes du Tiers-monde, par Jeanne Bisilliat et Michèle Fieloux Tiers-monde : poids et mesures, par Ahmet Insel, J.M. Glachant et F. Jacob

Sécurité et stratégie dans le golfe arabo-persique, par Raoul Delcorde La Crise du système monétaire international, par J.-P. Faugère Le Système économique soviétique, par Bernard Chavance L'Inde, économie et société, par Paresh Chattopadhyay

© S.F.I.E.D. 1984

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Laurent SCHWAB

LE JAPON Réussites et incertitudes

économiques

Le Sycomore

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INTRODUCTION

« Le Japon moderne pose un intéressant problème historique et philosophique. D'une civilisation très ancienne et très différente de la nôtre, fermée à toute influence étrangère pendant des siècles, le Japon a commencé, il y a une trentaine d'années, à adopter, du moins en partie, notre civilisation européenne. Féodal il y a quarante ans, ce peuple est aujourd'hui un peuple moderne. Pourquoi s'est-il européanisé ? Comment s'est-il modernisé ? »

Ainsi débute le récit de voyage en Extrême-Orient de M. Félicien Challaye publié chez A. Colin en 1905. Au-delà de la croyance naïve dans l'européanisation de ce pays, la surprise interrogative que traduit ce court passage semble être une constante dans la perception qu'ont les Occidentaux du Japon.

Aujourd'hui, plus que la « modernisation », c'est la réussite économique qui retient l'attentipn. Réussite sur le long terme avec un taux de croissance du PNB plus élevé que celui des autres pays occidentaux depuis l'après-guerre. Réussite conjoncturelle dans l'adaptation à une crise que l'on attribue d'abord au choc pétrolier. Réussite commerciale enfin dans des secteurs comme l'auto- mobile, la haute fidélité ou la robotique.

De l'étonnement naît facilement la fascination : face à des économies occidentales confrontées au marasme économique, au chômage, à la destructuration industrielle, le Japon fait figure de petit prodige, ou peut-être faudrait-il dire faisait, tant les changements sont rapides dans la période actuelle. D est malaisé de définir d'un trait l'origine de cette fascination : des agrégats macro-économiques ne suffisent pas. Est-ce l'avancée technolo- gique et scientifique ? La stabilité des relations sociales, réelle ou présumée ? Un peu de tout sans doute, chaque observateur

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occidental utilisant les spécificités japonaises à ses fms propres, parfois fort éloignées de l'analyse objective. Car dans une situation de crise structurelle, la tentation est forte de se jeter sur des « recettes » : l'automation, l'informatique ou les cercles de qualité.

De là à vouloir importer tout ou partie du « modèle », il n'y a qu'un pas que certains franchissent allègrement, oubliant que les procédés technologiques ou les techniques sociales ne peuvent se comprendre indépendamment de leur contexte. Aussi, depuis quelques années, hommes politiques de tous bords, industriels, syndicalistes se pressent au Japon et en rapportent souvent des images toutes faites : usines automatisées, motivation des travailleurs, circulation de l'information dans l'entreprise comme dans la société... La recherche, universitaire ou autre, reste en France extrêmement réduite du fait de la difficulté réelle que présentent la société et l'économie japonaises, sans compter l'éloignement et la barrière linguistique.

On n'en finirait pas d'énoncer les stéréotypes employés à propos du Japon : 90% des Japonais appartiennent à la classe moyenne ; l'Etat, le patronat et le parti libéral démocrate marchent main dans la main pour faire croître les bénéfices des entreprises, dans lesquelles règne un consensus social indéfectible ; l'armée économique japonaise se jette comme un seul homme dans la guerre commerciale internationale mais rend le marché intérieur impénétrable grâce à des ruses déloyales, etc.

Peut-on alors se faire une idée plus objective du fonctionne- ment de l'économie japonaise contemporaine, en montrer la puissance mais aussi les limites ? Tel est le but que se fixe ce petit livre.

Il cherche d'abord à faire le point sur les principaux changements intervenus au cours des dix dernières années. Cette restriction volontaire fait qu'il ne peut en aucune manière se substituer à des ouvrages plus complets, comme ceux de H. Brochier ou C. Sautter qui restent des références indispen- sables.

Elle se justifie cependant par le fait que le Japon a été touché par la crise de 1974, plus brutalement peut-être que les autres pays du fait de sa dépendance énergétique quasi complète et qu'il a offert ensuite l'exemple d'une reprise de son activité économique à un rythme surprenant. N'a-t-on pas été jusqu'à parler à son sujet

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de « modèle de sortie de crise » pour qualifier la période 1976-1981 ?

Cette interprétation doit être remise en cause, non seulement au vu des résultats économiques les plus récents mais aussi en examinant les « ressorts » de cette reprise et leurs limites. Cela passe tout d'abord par un examen de la structure et du fonctionnement du système productif qui a certes joué un rôle décisif dans l'adaptation de l'économie mais dont la représentation est le plus souvent faussée.

Il en est de même en ce qui concerne le système d'emploi, l'organisation du travail et les « relations industrielles ». En montrer les origines, les caractéristiques et les contradictions est nécessaire pour relativiser l'enthousiasme de ceux qui y voient un nouveau modèle de rapports sociaux.

Bénéficiant d'une parfaite régulation sociale, c'est aussi grâce à son avancée scientifique et technologique que le Japon aurait pu faire face à la crise. C'est là un thème dont l'influence dépasse largement le seul milieu des industriels et des techno- crates. Outre le fait qu'il renvoie à une analyse bien étroite de la crise et de ses causes, il passe rapidement sur le mode d'insertion sociale de la recherche dans ce pays et sur les difficultés que certaines innovations technologiques peuvent provoquer dans l'avenir, même si elles ne sont pas encore apparentes.

Comprendre la cohérence du système économique et social japonais implique que les aspects qui viennent d'être évoqués soient rattachés au rôle de l'Etat et que celui-ci soit explicité. Ici une observation superficielle fait surgir un paradoxe apparent : à en croire certains auteurs, l'Etat japonais serait tout puissant alors même que d'après les indicateurs macro-économiques, son poids est plus faible que celui d'autres nations développées. Comment s'exerce alors son intervention ? Celle-ci ne rencontre-t-elle pas certaines contradictions, notamment entre les objectifs en matière de défense et les contraintes nées de la crise économique et du vieillissement de la population ?

Partie visible de l'iceberg nippon, les succès commerciaux et les tensions qu'ils font naître avec les autres pays développés ne peuvent être convenablement appréhendés qu'après avoir présenté l'organisation socio-économique qui les a rendus possibles. Mais l'insertion du Japon dans l'économie mondiale ne se résume pas à sa seule stratégie exportatrice. Ici encore, il convient de bien

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prendre en compte les avancées mais aussi les contraintes auxquelles ce pays est confronté sur le plan international.

Au total, plutôt que les mystères de l'âme japonaise nourrie de bouddhisme et de shintoïsme ou le sentiment de revanche économique qui animerait un peuple de « nouveaux samouraïs », les facteurs qui expliquent les réussites et les limites du « modèle » japonais doivent être recherchés dans son organisation économique et sociale. Celle-ci présente effectivement des spécificités indéniables mais qui ne sauraient être rattachées à la seule dimension culturelle, par ailleurs présente dans toute société.

Essayer de faire apparaître les incertitudes et le choix devant lesquels se trouve ce pays à l'heure actuelle ne relève pas seulement de la curiosité pure. Cela devient indispensable quand, de toutes parts, des solutions « à la japonaise » sont prônées pour combattre la crise. En les replaçant dans leur contexte écono- mique et social, cet essai souhaite aussi montrer l'intérêt de l'observation et de la réflexion sur l'expérience japonaise.

L E J A P O N EN C H I F F R E S '

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1. Zones dont la population excède 5 000 personnes au kW. ■ Sources : OCDE.

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TABLE DES MATIERES

CARTE 6 INTRODUCTION 7 CARTE 12

I. UN SURVOL DE LA DYNAMIQUE ECONOMIQUE DES DIX DERNIERES ANNEES 13

La croissance « miraculeuse » 1960-1973 13 Du choc pétrolier à la reprise de 1976-1977 17 1983 : sortie de crise ou crise à venir 22

n. L'ADAPTATION INDUSTRIELLE : ACTEURS, STRATEGIES, ENJEUX 25

Dualisme ou hiérarchie inter-entreprises 25 La stratégie des entreprises et les contraintes économiques .... 29 Le rôle des intermédiaires financiers et commerciaux 31 L'Etat et l'organisation de la concurrence 32 L'adaptation industrielle depuis la crise 34

m. L'EMPLOI ET LES RAPPORTS SOCIAUX 41 Taylorisme et esprit d'entreprise 41 Les composantes du système actuel 45 Les syndicats et les limites du système 56 Conclusion 63

IV. L'ENJEU SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE 65 Les conditions du développement scientifique 65 Le rôle de l'Etat et les objectifs prioritaires 69 Automatisation et robotique : limites et enjeux ................... 73

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V. LE ROLE DE L'ETAT 79 L'Etat japonais : « mécanisme unique » ou lieu de régulation des contradictions 80 Face à la crise : accroissement ou transformation de l'intervention de l'Etat ? 86 Conclusion 92

VI. LES RELATIONS ECONOMIQUES AVEC L'ETRANGER 93 La montée des tensions commerciales depuis la crise 93 La « fermeture » du marché japonais 95 L'accélération de l'internationalisation du capital 97 Le leadership japonais sous contrainte 99

CONCLUSION 103 NOTES 107 BIBLIOGRAPHIE 111 ADRESSES UTILES ...................................................... 113