Publication du Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes.

JUIN 2014

LE JO

URNA

LLa certification du JFACC pour la NRF 2015

Directeur de publication : Général de corps aérien Thierry Caspar-Fille-Lambie, commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes.Rédacteurs : Lcl Xavier Toutain, Cne François Nolot, Cne Richard Lerat, Clc Marie-Ange Ilmany.

Conception graphique / Infographies : Maj Patrick Martin, Sgc Yoann Rannou.Photographies : P. Martin. - O. Ravenel - S. Grignon - N. Vissac.

Agenda CDAOA

L e J F A C C P e r m a n e n t (suite)

SOMMAIRELe MOT DU GCS

A l’aube de ce second semestre 2014 et alors que les opérations SERVAL et SANGARIS se poursuivent au Mali et en Centrafrique, mobilisant en permanence les personnels du JFACC AFCO, nous avons désormais comme objectifs majeurs la protection des cérémonies de Normandie le 6 juin prochain et la certification de notre JFACC en vue de la NRF.

Dans le cadre du DPSA destiné à assurer la protection aérienne des cérémonies du 70e anniversaire du débarquement, l’armée de l’air complète les capacités de détection et d’intervention du dispositif permanent, en particulier pour faire face aux menaces que peuvent constituer les mobiles de faibles dimensions, évoluant à très basse altitude et à basse vitesse. Ce renforcement mobilisera plus de 330 aviateurs et des moyens conséquents : radars mobiles, centre de commandement déployable, systèmes sol-air, avions de chasse, avions légers et hélicoptères MASA. Comme les aéronefs en alerte, ces moyens complémentaires seront placés, de même que la frégate anti-aérienne Jean Bart, sous l’autorité du COMDAOA pour l’engagement des menaces éventuelles.

Après Steadfast Cobalt en mai, deux autres exercices nous permettront de certifier notre JFACC dans le cadre de la NRF 2015 : Noble Arrow du 13 au 24 octobre et Trident Juncture du 2 au 13 novembre. Afin de préparer ces activités, un cycle de planification se déroulera tout au long du mois de juin en concertation étroite avec le JFC de Naples et l’AIR COMMAND de Ramstein. Le JFAC permanent aura la responsabilité de conduire cette planification.

Général de division aérienne Jean-Jacques Borel,Commandant en second la défense aérienne et les opérations aériennes.

Créé en août 1993, c’est dans le Berry, depuis la base aérienne d’Avord, qu’opère le 36ème EDCA. Organiquement, cet escadron dépend de la Brigade aérienne du contrôle de l’espace du CFA. Il est composé de 3 escadrilles opérationnelles et contribue ainsi à la mission de sûreté aérienne et prend part aux opérations aériennes.

Equipé de 4 avions E-3F SDCA (système de détection et de commandement aéroporté), le 36ème EDCA dispose d’une technologie de pointe embarquée en termes de détection radar et de relais radio. Reconnaissable par son radar noir à bande blanche fixé sur le haut du fuselage, l’E-3F déploie une couverture radar et radio étendue en complément des centres de contrôles au sol, tout particulièrement en basse altitude.

La mission de sûreté aérienne, confiée au CDAOA, consiste à détecter et identifier les aéronefs dans l’espace aérien national et à faire appliquer les mesures actives de sûreté aérienne. Dans ce cadre, l’E-3F guide les avions de chasse et les hélicoptères lors de l’interception d’aéronefs en difficulté ou en infraction. C’est l’une des missions permanente à laquelle participe l’EDCA.

Dossier

4

L e plus de Zone OPS

Le 36ème escadron de détection

et de contrôle Aéroporté

P 4

A g e n d a P 4

JFACC

PERMANENT

En 2015, la France prendra pour la 4ème

fois, après les NRF* 5, 12 et 17, la tête de la composante aérienne de l’OTAN. A ce titre, 3 exercices, dont un LIVEX1, sont programmés en 2014.

Chacun de ces exercices permettra de tester l’interopérabilité des forces aériennes françaises dans un cadre multinational en vue de la certification du JFACC2 français. Ainsi STEADFAST COBALT concernera les

SIC, et TRIDENT JUNCTURE sera dédié à la préparation de l’Etat-major interarmées (Joint Headquarters), tandis que lors de NOBLE ARROW, il s’agira d’entraîner les unités aériennes et le JFACC.

NOBLE ARROW sera conduit du 13 au 24 octobre 2014. La dernière réunion de planification se tiendra les 11 et 12 juin à Lyon.

1LIVEX : exercice avec vols réels2JFACC : cf. page 2

Le 36ème escadron de détection et de contrôle Aéroporté D OSSIER

Le JFACC permanent

Le concept P 2, 3 et 4

A CTUALITÉ

Noble Arrow 2014

P 1

Lors d’opérations aériennes telles qu’HARMATTAN, l’E-3F assure également le contrôle tactique de l’ensemble des moyens engagés. Il est alors un excellent relais en termes de liaison de données pour les décideurs en cas d’accompagnement d’un raid aérien conventionnel. En interarmées ou en interministériel, la qualité de son radar et d’autres capteurs embarqués fait également de lui un démultiplicateur de forces pour les moyens déployés dans le cadre de la lutte contre les narcotrafics ou la piraterie.

Au total, 200 personnes, militaires et civils issus d’une vingtaine de spécialités, se mobilisent 24 h/24 et 7j/7.

1

SERVAL et SANGARIS, ou le préfet dans le cadre des missions interministérielles.

Aujourd’hui, le JFACC permanent adapte son armement en personnel au « tempo » des opérations et des missions. Il dispose d’une organisation extrêmement flexible, dont le cœur repose sur la salle d’opérations du CNOA, armée en permanence pour assurer la mise en œuvre de la posture permanente de sûreté (PPS). Depuis la fin du mois d’avril, toute la partie conduite de SERVAL et SANGARIS, jadis réalisée à N’Djamena, se fait depuis la salle d’opérations du CNOA, au sein duquel les fonctions planification et programmation bénéficiaient déjà d’une salle dédiée. En complément, la division transport du CNOA a mis sur pied une entité du JFACC chargée de la planification et de la conduite des opérations logistiques intra-théâtre :

le Regional air movement control center (RAMCC). Déjà internationalisé, ce RAMCC permet d’intégrer les avions de transport mis à disposition par certains pays européens, dans le cadre de SERVAL et SANGARIS. Il sert également aujourd’hui sous l’autorité d’un commandement de forces multinationales, au profit de l’opération de l’UE en République centrafricaine : EUFOR RCA.

Avec la mise en service opérationnelle de l’ACCS et la livraison au CNOA des salles équipées de ce système, un espace plus important favorisera une meilleure organisation, permettant la proximité des parties programmation et planification avec la partie conduite. Cette nouvelle organisation sera encore plus flexible qu’auparavant, car chaque poste ACCS pourra réaliser des tâches allant de la programmation des opérations

jusqu’au contrôle des missions. Cette structure C2 Air fixe sera donc modulable en fonction des opérations, et tout le travail sera ainsi accompli depuis l’ouvrage enterré lyonnais.

Cette organisation offre de nombreux avantages tels que la réduction des délais de réactivité (programmation et planification) et des coûts (aucune projection de matériel et de personnel), et la mise à disposition immédiate de spécialistes formés à tout type de mission (sûreté aérienne, recherche et sauvetage, opérations). Nous pourrons désormais nous appuyer sur un effectif plus réduit mais plus compétent car mieux entraîné, et pouvant de ce fait s’inscrire dans la durée d’une opération nationale ou multinationale.*ACCS : Air command and control system.

BALTIC AIR POLICING 2014, depuis le 29 avril à Malbork (Pologne).

DPSA D-DAY, du 4 au 6 juin.

BRAVE BEDUIN, Danemark (Skives Barracks), du 15 au 20 juin.

CASEX PERF1, Allemagne (Baumholder), du 23 juin au 4 juillet.

PRECISE RESPONSE, Canada (Suffield), du 7 au 25 juillet.

SERPENTEX, France (Mont-de-Marsan), du 15 septembre au 3 octobre.

*NRF : NATO response force,

force de réaction de l’OTAN.

dossier L e J F A C C P e r m a n e n t

LE CNOA / JFACC PERMANENTLE CNOA / JFACC PERMANENTLE CNOA / JFACC PERMANENTLE CNOA / JFACC PERMANENTLE CNOA / JFACC PERMANENT A la tête du CDAOA depuis septembre 2012, le général Thierry Caspar-Fille-Lambie a dirigé, quelques mois plus tard, le début des opérations aériennes au Mali. Puis la fin 2013 a vu éclater la crise en République Centrafricaine. Fort de son expérience des opérations aériennes, le COMDAOA livre pour « Zone Ops » son concept du C2 Air. Explications.

Depuis le début des années 90, l’armée de l’air s’est résolument engagée à mettre sur pied un JFACC, c’est-à-dire un commandement de composante aérienne au profit d’une opération nationale ou multinationale. Ces travaux ont été confiés au CDAOA dès sa création en 1994. Jusqu’aux années 2000, le concept de JFACC consistait à se déployer. Les parties planification et conduite, étaient parfois colocalisées, parfois séparées : la partie « arrière », fixe, pour la planification (JFACC rear) et la partie « avant », déployée, pour la conduite. Mais la planification pouvait aussi bien se trouver projetée sur le théâtre, en fonction du besoin.

Ce concept a été mis en œuvre à plusieurs reprises, notamment pour l’opération ARTEMIS en République démocratique du Congo en 2003 : sous mandat de l’Union européenne, un JFACC était déployé sur l’aéroport d’Entebbe en Ouganda au plus près du poste de

3

commandement interarmées des opérations. Un JFACC fut activé au Pakistan en 2005, dans le cadre de la NRF, puis un autre à Abéché au Tchad en 2008, dans le cadre de l’EUFOR TCHAD. Lors de l’opération HARMATTAN en Libye (2011), nous nous sommes aperçus qu’il était possible de conduire complètement des opérations aériennes depuis un JFACC fixe : ces opérations ont été successivement conduites depuis Lyon, Ramstein (Allemagne, commandement US) puis Poggio Renatico (Italie, commandement OTAN). C’est en 2012 que nous nous sommes véritablement interrogés sur la conduite des opérations aériennes, sous l’autorité d’un commandant interarmées d’opérations (COMANFOR). Mais comment les planifier et les conduire depuis Lyon ?

Un nouveau concept JFACC a commencé à naître au sein du CDAOA. Il consistait à rassembler les fonctions planification, programmation et conduite au sein de l’ouvrage enterré lyonnais. En parallèle, l’OTAN a décidé de réformer ses structures en ne gardant que 2 CAOC, en Espagne et en Allemagne. Dès lors, le CAOC que la France projetait de construire allait devenir de facto un centre de conduite national, équipé

du standard ACCS*, et donc en mesure de conduire des opérations nationales ou multinationales, tout en assurant la mission permanente de sûreté aérienne. Sans attendre 2016, date de la mise en service opérationnel de l’ACCS, le CDAOA s’est organisé pour mettre en œuvre ce concept de « JFACC permanent » au sein du CNOA. L’opération SERVAL nous a rapidement permis de le confronter à la réalité des opérations. Elle a été planifiée, programmée et parfois conduite depuis Lyon, mais surtout depuis N’Djamena où un CAOC était déjà déployé. Ce fut la création du JFACC pour l’Afrique centrale et de l’ouest. En 2013, le CNOA/JFACC a continué à planifier, et parfois conduire, d’autres opérations aériennes parallèlement aux missions interministérielles conduites sur le territoire national et aux exercices conventionnels de l’armée de l’air.

Progressivement, s’est alors imposée l’idée que le CNOA, initialement conçu pour conduire la mission permanente de sûreté aérienne, était finalement un JFACC permanent. Il était capable de mener simultanément d’autres opérations aériennes, sous différentes autorités, telles que le COMDAOA, le commandant du JFACC AFCO sous les directives des COMANFOR

LE CORE-JFACCLE CORE-JFACCLE CORE-JFACCLE CORE-JFACCLE CORE-JFACC

LE CASPOALE CASPOALE CASPOALE CASPOALE CASPOA

Successeur du Centre de conduite des opérations aériennes de Taverny, le Centre national des opérations aériennes a été inauguré en 2007 à Lyon Mont-Verdun. A l’instar du Core JFACC, cette unité est intégrée à la Brigade aérienne des opérations (BAO). 24h/24 et 7j/7, le CNOA est l’acteur majeur de la mission de sûreté aérienne et des opérations de recherche et de sauvetage. Mais il a également comme mission la planification et la conduite des opérations aériennes, sur et en dehors du territoire national. Pour cela,

il réalise la programmation des missions, avec la définition des séquences de vol nécessaires à leur bon déroulement. Il en assure ensuite la conduite, en respectant la programmation effectuée et réadapte le dispositif aérien en temps réel si la situation l’exige.

Composé en permanence de 148 personnes, le CNOA peut monter en puissance et ainsi se constituer en JFACC en vue de la planification et de la conduite d’une opération aérienne en temps de crise.

Le noyau de Joint force air component command, ou Core-JFACC, a été créé à Taverny en 2005. Depuis 2009, il a rejoint la BA 942 : il constitue aujourd’hui la BAO du CDAOA aux côtés du CNOA/JFACC permanent et du CASPOA.

Unité organique chargée de l’acquisition et du maintien de toutes les compétences nécessaires à l’armement d’un JFACC pour une opération, y compris les processus les plus complexes, le Core-JFACC dispose d’environ 30 experts C2. Ces spécialistes occupent les postes clés des JFACC de

circonstance, comme pour le Pakistan en 2005, ou BALISTE en 2006.

L’unité a été très sollicitée pour HARMATTAN en 2011, puis SERVAL et SANGARIS en 2013 et 2014. Depuis avril, elle renforce, en tant que de besoin, le JFACC permanent qui a notamment repris à Lyon la conduite du JFACC AFCO.

En parallèle, le Core-JFACC prépare la NRF 2015. Comme pour les NRF 5 et 12, il contribuera à mettre sur pied la structure C2 adaptée.

Créé à Taverny en 1997, le Centre d’Analyse et de Simulation pour la Préparation aux Opérations Aériennes rejoint le Mont-verdun en septembre 2010.Certifié Centre d’Excellence de l’OTAN depuis 2008, il a reçu son renouvellement en qualité d’organisme de formation OTAN en 2013.

Au sein de l’Alliance, le CASPOA est le seul centre d’expertise du C2 Air. Unité de la BAO, il a pour mission principale de préparer le personnel militaire, issu de l’OTAN et de pays partenaires hors Alliance, à la planification et à la conduite des opérations

aériennes. Les cours sont dispensés en anglais par du personnel français, allemand, américain, britannique et italien. En 2014, le CASPOA a formé 1074 stagiaires, issus de l’OTAN (100), des pays partenaires de l’Alliance (64), de l’Ecole de guerre (58) et des armées françaises (852).

Les instructeurs du CASPOA peuvent être amenés à armer des postes clés au sein d’une structure C2 Air dédiée à une opération, renforçant ainsi le CNOA/JFACC permanent.

2 Sites CASPOA : (www.caspoa.air.defense.gouv.fr) ou (www.caspoa.org)