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TEMPS FORTS RD Congo ACTUALITE PAR THEMES Education/Mali ______________________________________p.14 Difficile rentrée des classes au Nord-Mali Les ravages du conflit malien, qui a pa- ralysé la scolarité pendant presque deux ans, ont perturbé la rentrée scolaire dans le nord du pays où les écoles en- dommagées, le manque de personnel et l’insécurité ont retardé l’enseignement. Justice/Côte d’Ivoire _____________________________ p.20 Des condamnations à 20 ans de prison dans le «Procès du cacao» Quatorze anciens dirigeants de la filière cacao de Côte d’Ivoire ont été condam- nés à 20 ans de prison pour des mal- versations massives par un tribunal d’Abidjan qui n’a toutefois pas deman- dé leur incarcération. Economie/Afrique ________________________________ p.24 La production de gaz pourrait doubler en 20 ans La production de gaz naturel en Afrique pourrait doubler en 20 ans, ce qui cons- tituerait un important accélérateur de croissance, selon l’Union internationale de l’industrie du gaz (UIG). Environnement/RD Congo _____________ p.22 Luki, une réserve de biosphère en voie de disparition L’une des deux seules zones de forêt primaire de la province du Bas-Congo, la réserve de biosphère de Luki, exploitée par les riverains pour son bois et ses ani- maux, perd rapidement sa grande biodi- versité qui fait sa spécificité. L’Unesco menace de la sortir de la liste des aires protégées si rien n’est fait pour assurer sa protection. Eau/Cameroun _________________________________________ p.13 De l’eau à Douala... dans deux ans D’ici deux ans au plus tard, Douala ne souffrira plus de problèmes d’eau, grâce à la mise en service de nouvelles infra- structures d’adduction à Ayatto et à la réhabilitation des stations existantes, promet le gouvernement. Afrique subsaharienne francophone DEVELOPPEMENT SOCIETE ECONOMIE #57 - Lundi 11 Novembre 2013 BéninBurkina FasoBurundiCamerounCongo BrazzavilleCongo RDCCôte d’IvoireDjiboutiGabonGuinéeMadagascarMaliMauritanieNigerRépublique CentrafricaineRwandaSénégalTchadTogo La Revue Indépendante des Professionnels du Développement Centrafrique __________________________________________________________________________________________________________________________________________________ Bangui demande 670 millions d'euros Le M23 vaincu, la paix reste à conquérir Le calme est revenu dans l'est de la RDC, au lendemain de la défaite des rebelles du M23, mais il reste à transformer ce succès militaire en chemin vers la paix pour cette région éprouvée par vingt ans de conflits. Le Premier ministre centrafricain de transition, Nicolas Tiangaye, a présenté une feuille de route et affirmé avoir besoin de 670 millions d'euros de financements extérieurs dans les 18 prochains mois pour redresser le pays, livré à une profonde crise humanitaire et sécuritaire. P lus d’un million de Centrafricains, soit 20% de la population du pays, sont menacés de disette du fait de mauvaises récoltes et des violences depuis le début 2013, a averti le Programme alimentaire mondial (PAM). Ces derniers jours ont été marqués par de nouvelles violences. Des fusillades à Bangui et Bossembélé ont fait une dizaine de morts. Des anciens rebelles de la Séléka ont par ailleurs pillé et incendié deux villages dans l’ouest du pays. Sahel : "C'est maintenant qu'il faut agir" Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, lors d’une tournée régionale, a appelé à une ac- tion concertée et urgente pour changer la donne au Sahel où plusieurs pays sont confrontés à des crises politique, sécuritaire ou humanitaire. L'Europe et la BM renforcent leur aide L’Union européenne et la Banque mondiale ont annoncé qu’elles débourseront plus de 6 milliards d’euros dans les années à venir pour la région. Un soutien “sans précédent” au vu des besoins “énormes”, déclare Bruxelles. Alimentation : L'heure est à la prévention La malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans devrait encore s’accentuer au Sahel cette année, malgré une pluviosité satisfaisante et des prévisions de récolte à peu près dans la moy- enne. Pourtant, alors que les experts recueillent de solides éléments d’appréciation, les bailleurs de fonds se montrent frileux.

Le Journal du Développement #57€¦ · Difficile rentrée des classes au Nord-Mali Les ravages du conflit malien, ... Quatorze anciens dirigeants de la filière cacao de Côte d’Ivoire

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Page 1: Le Journal du Développement #57€¦ · Difficile rentrée des classes au Nord-Mali Les ravages du conflit malien, ... Quatorze anciens dirigeants de la filière cacao de Côte d’Ivoire

TEMPS FORTS

RD Congo

ACTUALITE PAR THEMESEducation/Mali ______________________________________p.14

Difficile rentrée des classes au Nord-MaliLes ravages du conflit malien, qui a pa-ralysé la scolarité pendant presque deux ans, ont perturbé la rentrée scolaire dans le nord du pays où les écoles en-dommagées, le manque de personnel et l’insécurité ont retardé l’enseignement.

Justice/Côte d’Ivoire _____________________________ p.20

Des condamnations à 20 ans de prison dans le «Procès du cacao»Quatorze anciens dirigeants de la filière cacao de Côte d’Ivoire ont été condam-nés à 20 ans de prison pour des mal-versations massives par un tribunal d’Abidjan qui n’a toutefois pas deman-dé leur incarcération.

Economie/Afrique ________________________________ p.24

La production de gaz pourrait doubler en 20 ansLa production de gaz naturel en Afrique pourrait doubler en 20 ans, ce qui cons-tituerait un important accélérateur de croissance, selon l’Union internationale de l’industrie du gaz (UIG).

Environnement/RD Congo _____________ p.22

Luki, une réserve de biosphère en voie de disparitionL’une des deux seules zones de forêt primaire de la province du Bas-Congo, la réserve de biosphère de Luki, exploitée par les riverains pour son bois et ses ani-maux, perd rapidement sa grande biodi-versité qui fait sa spécificité. L’Unesco menace de la sortir de la liste des aires protégées si rien n’est fait pour assurer sa protection.

Eau/Cameroun _________________________________________ p.13

De l’eau à Douala... dans deux ansD’ici deux ans au plus tard, Douala ne souffrira plus de problèmes d’eau, grâce à la mise en service de nouvelles infra-structures d’adduction à Ayatto et à la réhabilitation des stations existantes, promet le gouvernement.

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DEVELOPPEMENT SOCIETE ECONOMIE#57 - Lundi 11 Novembre 2013

Bénin•Burkina Faso•Burundi•Cameroun•Congo Brazzaville•Congo RDC•Côte d’Ivoire•Djibouti•Gabon•Guinée•Madagascar•Mali•Mauritanie•Niger•République Centrafricaine•Rwanda•Sénégal•Tchad•TogoBénin•Burkina Faso•Burundi•Cameroun•Congo Brazzaville•Congo RDC•Côte d’Ivoire•Djibouti•Gabon•Guinée•Madagascar•Mali•Mauritanie•Niger•République Centrafricaine

La Revue Indépendante des Professionnels du Développement

Centrafrique __________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Bangui demande 670 millions d'euros

Le M23 vaincu, la paix reste à conquérirLe calme est revenu dans l'est de la RDC, au lendemain de la défaite des rebelles du M23, mais il reste à transformer ce succès militaire en chemin vers la paix pour cette région éprouvée par vingt ans de conflits.

Le Premier ministre centrafricain de transition, Nicolas Tiangaye, a présenté une feuille de route et affirmé avoir besoin de 670 millions d'euros de financements extérieurs dans les 18 prochains mois pour redresser le pays, livré à une profonde crise humanitaire et sécuritaire. Plus d’un million de Centrafricains, soit 20% de la population du pays, sont menacés de disette du fait de mauvaises récoltes et des violences depuis le début 2013, a averti le Programme alimentaire mondial (PAM). Ces derniers jours ont été marqués par de nouvelles violences. Des fusillades à Bangui et Bossembélé ont fait une dizaine de morts. Des anciens rebelles de la Séléka ont par ailleurs pillé et incendié deux villages dans l’ouest du pays.

Sahel : "C'est maintenant qu'il faut agir"Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, lors d’une tournée régionale, a appelé à une ac-tion concertée et urgente pour changer la donne au Sahel où plusieurs pays sont confrontés à des crises politique, sécuritaire ou humanitaire.

L'Europe et la BM renforcent leur aideL’Union européenne et la Banque mondiale ont annoncé qu’elles débourseront plus de 6 milliards d’euros dans les années à venir pour la région. Un soutien “sans précédent” au vu des besoins “énormes”, déclare Bruxelles.

Alimentation : L'heure est à la préventionLa malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans devrait encore s’accentuer au Sahel cette année, malgré une pluviosité satisfaisante et des prévisions de récolte à peu près dans la moy-enne. Pourtant, alors que les experts recueillent de solides éléments d’appréciation, les bailleurs de fonds se montrent frileux.

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2 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

“L es Forces ar-m é e s d e l a RDC (FARDC) ont le contrôle

total de la situation dans la zone” reprise au Mouvement du 23 Mars, a déclaré le comman-dant de la force de la Mission des Nations unies pour la stabi-lisation de la RDC (Monusco), le général brésilien Carlos Al-berto dos Santos Cruz.

Les FARDC consolident leurs positions “conquises au prix du sang”, a indiqué le lieu-tenant-colonel Olivier Amuli, porte-parole de l’armée pour le Nord-Kivu.

C’est dans cette province qu’a prospéré le M23 pendant 18 mois, jusqu’à ce que l’armée le chasse, avec l’aide de la Monusco, des deux collines où s’étaient retranchés ses derniers combattants face à l’offensive lancée le 25 octobre.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU a indiqué que “plus de 35.000 personnes” déplacées par ces combats “devraient commencer à retourner chez elles”.

A Jomba et Chengerero, localités du centre du pays tutsi d’où était partie la rébel-lion du M23, majoritairement composée de membres de cette ethnie rwandophone, plusieurs habitants témoignent du fait que les Tutsi congolais ont fui. Dans ces deux communautés rurales à 80 km au nord de Goma, une équipe de l’AFP n’a rencontré qu’un seul Tutsi, Férécien, 62 ans, qui dit être rentré après avoir entendu un message des autorités affirmant qu’il n’y a “pas de Tutsi, pas de Hutu, pas de Nande, que des Congolais”.

Le chef de la Monusco, Mar-tin Kobler, a indiqué mercredi avoir “averti les autres groupes armés” en particulier les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) “de ne pas profiter (...) du vide” laissé par

Le M23 vaincu, la paix reste à conquérir

le M23 sous peine de s’exposer à une riposte ferme des Casques bleus.

“Eradiquer toutes les forces néfastes”

L’ambassadeur congolais à l’ONU Ignace Gata a d’ailleurs assuré que son gouvernement voulait maintenant “éradiquer toutes les forces néfastes” dans l’est du pays.

M. Kobler a en outre informé que les Nations unies allaient aider à renforcer le contrôle des frontières pour empêcher armes et rebelles de passer dans les pays voisins.

L’important maintenant, a ajouté M. Kobler, c’est de “res-taurer l’autorité de l’Etat dans la province [du Nord-Kivu], en particulier dans tous les terri-toires qui ont été libérés”.

Il faut aussi “finaliser les

étapes prochaines de l’accord qui a été discuté à Kampala”.

“La RDC refuse de s’enivrer de ce succès militaire”, a con-firmé mardi le ministre des médias et porte-parole du gou-vernement, Lambert Mende.

“Beaucoup reste encore à faire pour stabiliser de manière durable la situation dans cette partie du pays qui vient d’être totalement libérée du joug des forces négatives”, a indiqué M.

Mende.“Seule la poursuite des volets

politique et diplomatique des efforts en vue de la résolution de cette crise peut permettre d’y parvenir”, a-t-il précisé.

Défait sur le terrain, le M23 a annoncé qu’il mettait “un terme à sa rébellion” et ferait désormais valoir ses vues paci-fiquement.

Un accord de paix pourrait être signé dès lundi 11 novem-

bre à Kampala.“L’accord est prêt et nous

attendons que tout le monde revienne lundi pour le signer”, a déclaré le porte-parole du gou-vernement ougandais, Ofwono Opondo.

Un accord de paix sur le point d’être signé

Cet accord devrait régler le sort des combattants du M23, notamment ceux réfugiés en Ouganda ces derniers jours

“L’accord détaillera com-ment chaque cas sera traité”, a précisé M. Opondo au sujet des combattants du M23: “il y a ceux qui sont sous sanctions de l’ONU et américaines, ceux qui veulent être réintégrés dans l’armée et ceux qui veulent simplement rentrer chez eux”.

Kinshasa a jusqu’ici refusé toute amnistie pour quelque 80 dirigeants du M23 accusés de crimes de guerre ou autres, mais compte en accorder une à tous les rebelles qui prendront l’engagement de ne jamais reprendre les armes contre le gouvernement.

L’accord négocié porte aussi sur le retour des réfugiés, la libération des prisonniers et la réintégration des combattants.

Ida Sawyer, de l’organisation Human Rights Watch, voit d’autres défis à relever. Outre le désarmement des groupes armés, les autorités doivent se concentrer sur deux points, se-lon elle: “arrêter les dirigeants du M23 responsables de crimes de guerre” et autres atrocités et les juger à l’occasion de procès “justes et crédibles”.

Elle a aussi réclamé “des ordres interdisant explicite-ment à tous les représentants des forces de l’ordre la moin-dre attaque de représailles ou violence contre des membres de la communauté tutsi ou des personnes soupçonnées d’avoir collaboré avec le M23”.

Agences

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RD Congo

Un ancien soldat du M23

Le calme était revenu mercredi 6 novembre dans l'est de la République démocratique du Congo, au lendemain de la défaite des rebelles du M23, mais il reste à transformer ce succès militaire en chemin vers la paix pour cette région éprouvée par vingt ans de conflits.

Le chef du M23 accusé d'atrocités

L e chef militaire du M23 se trouverait avec 1.500 de ses hom-mes, depuis jeudi 7 novembre, entre les mains de l’armée

ougandaise, trois jours après sa défaite face aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), affirme Kampala.

Sultani Makenga, 39 ans, figure sur une liste des sanctions de l’ONU qui l’accuse d’être responsable de violations graves des droits de l’homme et d’atrocités liées au M23 dans l’est de la RDC: meurtres, viols, enlèvements, recrutement d’enfants, enrôlements forcés...

L’ONU le considère comme l’un des “pires auteurs de viola-tions des droits de l’homme en RDC, voire au monde”. AFP

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3 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

P our la première fois depuis le début de l’offensive gouverne-mentale, lundi 4 no-

vembre, des Casques bleus ont participé aux combats en RDC.

En réponse à la chute d’obus sur Bunagana (80 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu), qui a fait au moins six morts civils, la Mission des Na-tions unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco) a reçu le feu vert pour attaquer le M23, dans le cadre de son mandat de protection des civils.

Selon un officier de la Mo-nusco, des Casques bleus de la brigade d’intervention de cette force de maintien de la paix sont entrés en action en tirant au mortier sur le dernier réduit rebelle.

“Il est important que le M23 (...) déclare la fin de la rébellion. Les combats doivent cesser”, a indiqué le chef de la Monusco, Martin Kobler, dans un com-

Le soutien décisif de la Monusco

muniqué.La brigade d’intervention de

l’ONU avait combattu en août au côté des FARDC, favorisant le succès d’une offensive qui avait alors permis de chasser le Mouvement du 23 Mars (M23) des collines d’où il menaçait Goma, et de faire reculer le front d’une quinzaine kilo-mètres.

“Une certaine symbiose”

Depuis le lancement, le 25 octobre, de l’offensive de l’armée ayant permis de libérer pratiquement l’intégralité du territoire national contrôlé par le M23, la Monusco n’avait encore jamais participé directe-ment aux attaques contre la rébellion. Elle s’était jusque-là contentée d’apporter à l’armée un soutien logistique et du renseignement, et avait dé-ployé ses patrouilles dans des zones reconquises, permettant aux FARDC d’assurer leurs

arrières.La Mission a fournit “des

rations de combat aux unités en opération et c’est considérable car les soldats savent ainsi qu’ils n’auront pas le ventre creux en se couchant”, note un expert.

Par ailleurs, selon un expert militaire qui connaît bien les missions de l’ONU, “une cer-taine symbiose” s’est établie

entre l’armée et la Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco) depuis l’arrivée de son nouveau chef, l’Allemand Martin Kobler, en août, rem-plaçant “l’incompréhension et la méfiance” qui régnaient jusque-là et qui avaient conduit à l’occupation de Goma par le M23 en novembre 2012.

AFP

T E M P S F O R T S

ON

U

RD Congo

Des soldats de la Monusco, près de la frontière ougandaise, le 31 octobre

L es Etats-Unis sont prêts à lever leurs sanctions contre le Rwanda si Ki-

gali coupe totalement les ponts avec les insurgés congolais du M23, qui ont mis fin à leur rébellion en RDC, a déclaré mercredi 6 novembre un res-ponsable américain.

Allié du Rwanda, Washing-ton a pris ses distances avec Kigali depuis juillet 2012 en gelant sa modeste assistance militaire de 200.000 dollars et en prenant des sanctions dans le même domaine de la forma-tion militaire pour 2014, afin de pousser le régime du président Paul Kagame à mettre un terme à son soutien au Mouvement du 23 mars (M23).

L'émissaire spécial des Etats-Unis pour la région africaine des Grands lacs, Russ Feingold, a rappelé lors d'une conférence de presse téléphonique que

Le soutien de l'ONU à l'armée congolaise explique en bonne partie le succès de la dernière offensive militaire de Kinshasa contre le M23, s’accordent à dire plusieurs experts.

Rwanda: Washington pourrait lever ses sanctionsson gouvernement avait “sanc-tionné” le Rwanda notamment pour l'enrôlement d'enfants sol-dats au sein du M23, un groupe d'anciens soldats congolais tut-sis que le Rwanda est accusé par l'ONU, la RDC et Washington de soutenir militairement.

“S'il s'avère que le Rwanda n'est plus impliqué dans ce genre d'activités, s'il a un rôle positif (...) nous regarderons évidemment s'il est approprié de continuer (d'imposer) ces sanctions”, a déclaré M. Fein-gold à quelques journalistes.

Washington demande une enquête

Le responsable a reconnu “ne pas être sûr” que cet appui de Kigali au M23 ait totale-ment cessé. Il a plaidé pour une “enquête factuelle avec l'espoir sincère que nous découvrions

que ce soutien est terminé”.Le département d'Etat a

salué mardi la “fin” de la rébel-lion annoncée par le M23 et la “réponse positive du gouverne-ment de la RDC”, appelant

toutes les parties à signer un accord de paix définitif dans les Grands lacs, selon les contours de négociations de paix qui se tiennent à Kampala, sous l'égide de l'Ouganda. AFP

Q uatre-vingt-quinze combattants du M23 ont été soignés par la Croix-Rouge rwandaise, a indiqué jeudi 7 novembre l’une

de ses représentantes.“Le nombre total est de 95 blessés M23 (...) Dix-neuf ont

traversé la semaine dernière. Hier (mercredi), nous en avons reçu 51 et aujourd'hui 25”, a déclaré Angelique Murungi, chargée de la gestion des catastrophes à la Croix-Rouge rwandaise.

“Nous leur donnons des couvertures, les premier soins etc. (... ), le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) se charge du transport à l'hôpital et leur fournit une assistance médicale”, a-t-elle ajouté.

Tous ces blessés sont soignés à l'hôpital de Rubavu (ancien-nement Gisenyi), dans l'ouest du Rwanda, sur la frontière congo-laise, a précisé Mme Murungi. AFP

La Croix-Rouge soigne les blessés du M23

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4 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

T E M P S F O R T S

ON

U

“L e coût esti-matif global du finance-ment de la

période de transition est de 490 milliards de francs CFA, environ un milliard de dol-lars américains (748 millions d’euros) réparti comme suit: contribution de l’Etat: 50 mil-liards FCFA, et à rechercher auprès des bailleurs de fonds: 440 milliards FCFA” (670 mil-lions d’euros), a déclaré M. Tiangaye, jeudi 7 novembre, lors d’un débat public devant le Conseil national de transition (CNT, Parlement provisoire) où il a présenté “la feuille de route” de son gouvernement.

Cette “feuille de route” compte “quatre piliers”, a-t-il poursuivi: “restauration de la sécurité et consolidation de la paix; assistance humanitaire; politique et gouvernance, et enfin relance économique”.

“Chaque pilier s’articule autour (...) d’actions que le gouvernement envisage de réaliser”, d’ici aux élections générales prévues à la fin d’une période de transition de 18 mois débutée en août, a-t-il ajouté.

“Le financement de la feuille

de route du gouvernement sera pris en charge en partie sur le budget national. Face à l’ampleur des besoins du pays et à la faiblesse des ressour-ces disponibles, le gouverne-ment, en concertation avec les bailleurs de fonds, envisage l’organisation d’une table ronde des donateurs après la finalisa-tion du programme d’urgence”, a expliqué le Premier ministre.

Rechercher “le bien commun”

Avant la présentation de “la feuille de route”, les autorités de transition - président, Pre-mier ministre, président du CNT - avaient signé lors d’une cérémonie solennelle un “Pacte républicain”. Dans ce catalogue de bonnes intentions, les pou-voirs publics s’engagent “mo-ralement” à rechercher le “bien commun”, “à ne jamais recourir à la violence”, et à respecter les “droits humains”.

Ce pacte a été établi par la communauté religieuse Sant’ Egidio “durant des pourpar- lers de paix qui se sont déroulés du 6 au 7 septembre et qui ont impliqué des représentants

du gouvernement de Bangui, du CNT, de la société civile et des confessions religieuses”, a indiqué la communauté dans un communiqué.

La veille, mercredi 6 novem-bre, le chef de l’Etat centrafri-

cain de transition Michel Djoto-dia a lancé un appel à toutes les forces vives pour un dialogue inclusif afin de restaurer la paix et la cohésion nationale.

“Nous invitons tous les ac-teurs de la vie publique du pays à adhérer à cette démarche qui vise la recherche de la paix et de la cohésion nationale”, a déclaré M. Djotodia dans un discours prononcé en sango, la langue nationale, et diffusé sur les

ondes de Radio Centrafrique, la radio publique du pays.

Le président de transition promet la paix d’ici la fin

de l’année

M. Djotodia a également promis de rétablir la paix d’ici à la fin de l’année dans son pays

“Nous comptons d’ici la fin de l’année, avec nos propres moyens, ramener la paix sur toute l’étendue du territoire centrafricain”, a déclaré M. Djotodia.

M. Djotodia a relevé que “Bangui est presque pacifiée. Sur les 16 préfectures que nous avons, il y en a seulement qua-tre qui connaissent encore des moments de troubles”. Il a im-puté les troubles dans ces qua-tre préfectures aux partisans du président déchu, François Bozizé.

M. Djotodia a aussi déclaré qu’il comptait sur l’aide inter-nationale pour ramener la paix dans son pays.

“Pour rétablir la paix dans un pays, il faut des moyens fi-nanciers et matériels, nous n’en avons pas”, a-t-il souligné.

AFP, Xinhua

Nicolas Tiangaye

Nicolas Tiangaye : 670 millions d'euros supplémentaires pour redresser le pays

Le Premier ministre centrafricain de transition, Nicolas Tiangaye, a présenté une feuille de route et affirmé avoir besoin de 670 millions d'euros de financements extérieurs dans les 18 prochains mois pour redresser le pays, livré à une profonde crise humanitaire et sécuritaire.

P lus d'un million de Centrafricains, soit 20% de la population du pays, sont menacés de disette dans les mois à venir du fait de mauvaises ré-

coltes et des violences depuis le début 2013, a averti vendredi 8 novembre le Programme alimentaire mon-dial (PAM).

“De nombreux agriculteurs ont fui leurs fermes, laissant leurs cultures en friche. La majorité des ménages a déclaré avoir été victime de vol de bétail. Certaines familles ont vendu leur bétail et leurs semences pour survivre, tandis que d'autres ont vendu

Un million de Centrafricains menacés de disetteleurs troupeaux par crainte des pillages ou par peur d'avoir à fuir”, indique un communiqué du PAM basé sur une récente enquête sur la sécurité alimentaire en Centrafrique.

“Cette enquête montre que 1,1 million de personnes ne sont pas en mesure de satisfaire leurs besoins alimentaires journaliers ou ont besoin d'une aide alimentaire pour survivre”, ajoute le texte, en soulignant qu'“il n'y aura pas assez de nourriture dans le pays pour couvrir les besoins des populations entre janvier et février 2014”. AFP

Centrafrique

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5 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

U ne fusillade oppo-sant deux groupes rivaux de combat-tants issus de l’ex-

coalition rebelle Séléka, a fait au moins un mort et deux blessés dans la nuit de mardi à mer-credi 5-6 novembre à Bangui.

“Un véhicule militaire trans-portant des sujets tchadiens de l’ex-coalition Séléka a tenté de franchir nuitamment la barrière se trouvant à la sortie nord de Bangui, muni d’une autorisa-tion contestée” par d’autres combattants qui gardaient le poste, selon source policière s’exprimant à l’AFP sous cou-vert d’anonymat.

Une fusillade a alors éclaté, qui “a entraîné la mort d’un su-jet tchadien et fait deux blessés”, a-t-on ajouté, précisant que des tirs opposant les deux groupes ont “encore été entendus mer-credi en fin de matinée”.

Des témoins, cités par l’Agence Xinhua, avancent le chiffre de trois morts.

“En finir avec les Tchadiens”

Des troupes de la Force afri-caine en Centrafrique (Misca) et des forces de sécurité centra-fricaines ont pris position dans le secteur pour ramener le calme et rassurer les habitants des quartiers environnants, dont certains, paniqués, ont

pris la fuite, toujours selon la même source.

Selon Xinhua, les ex-rebelles appartiendraient à l’ethnie Goula, celle du chef de l’Etat de la Transition Michel Djotodia.

“Nous, Goula, voulons en finir avec les ressortissants tchadiens de l’ex-Séléka, car, ils sont en train d’entrainer le pays vers un conflit religieux”, a déclaré un membre de cette ethnie.

Toujours dans la capitale, un policier congolais de la Misca a été blessé par balles lundi 4 novembre au soir, lorsque deux inconnus ont ouvert le feu sur une patrouille qui rentrait à sa base, a annoncé mardi l’état-major de la Force.

Une patrouille de la Misca attaquée

“Deux hommes armés sur une moto ont ouvert le feu”, blessant grièvement un poli-cier congolais, atteint de deux balles, selon l’état-major.

Les assaillants ont ensuite pris la fuite. “Une enquête est en cours pour déterminer l’identité des agresseurs et les causes de cette attaque”, a pré-cisé le commandant de la Force, le général Jean-Félix Akaga. Il a ajouté ignorer dans l’immédiat si cette attaque relevait du simple banditisme ou était liée aux missions de désarmement

Les violences de la Séléka se poursuivent

des combattants menées par la Misca.

Samedi 2 novembre, à Bos-sembélé, au sud-ouest du pays, sept personnes ont été tuées dans une attaque d’hommes armés, selon des ONG.

“La Croix-Rouge centrafri-caine a pris connaissance de la mort de sept personnes dans une attaque samedi à Bossem-bélé. Ils ont pris en charge une partie des corps et le reste a été fait sur place par les popula-tions”, a rapporté sous couvert d’anonymat un responsable d’un organisme humanitaire international oeuvrant en RCA, qui n’a pu toutefois préciser ni l’origine de l’attaque ni ses auteurs.

Vendredi 1er novembre, d’après des informations obte-nues le lundi suivant, des hommes armés issus de l’ex-coalition rebelle Séléka ont pillé et incendié une centaine d’habitations dans deux villages de l’ouest du pays.

Les habitants fuient dans la brousse

“Le village Vacap et une partie du village Yongoro (en-viron 400 km au nord-ouest de Bangui) sont partis en fumée. Tous les biens des villageois sont brûlés. Ces derniers sont tous en brousse”, a déclaré sous couvert d’anonymat un

officier de la Misca, sans faire état de morts ou de blessés, à son retour d’une mission dans la zone.

“Il était 11h lorsque ces ex-Séléka ont fait irruption dans notre village. Ils ont commencé par tirer en l’air, ont cassé les portes des maisons, ont pillé nos biens avant de mettre le feu aux maisons”, a témoigné de son côté Norbert Douï, habitant de Vacap.

Selon un officier des forces de sécurité centrafricaines, le colonel Adam Nassir, les combattants recherchaient “un marabout” qu’ils accusent de soutenir les milices d’auto-défense “anti-balaka”.

Selon le colonel Nassir, les combattants qui ont pillé et in-cendié les deux villages “avaient reçu des informations sures, fai-sant état de ce que le marabout qui vaccine les anti-balaka pour les rendre invincibles, résidait” dans la zone.

En Centrafrique, les exac-tions d’ex-rebelles ont provo-qué des violences inter-com-munautaires qui menacent de prendre un tour religieux entre chrétiens - qui constituent la grande majorité de la popula-tion et dont certains ont formé des groupes d’auto-défense - et musulmans, confession dont se revendiquent les ex-rebelles.

Le JD, avec agences

T E M P S F O R T S

D es inondations causées par des pluies dilu-viennes ont fait une centaine de sans-abris et dévasté des cultures vivrières dans la ville de

Ndélé, située au nord-est de la Centrafrique, ont confié jeudi 7 novembre des habitants de la ville.

“Depuis le début de cette semaine des pluies diluviennes ne cessent de s'abattre sur la ville de Ndélé. Cette situation a occa-sionné des dégâts énormes: plus d'une centaine d'hectares de cultures vivrières appartenant à des groupements agricoles et à des particuliers”, a rapporté Jean Bosco Dénagaï, membre de la Croix-Rouge locale.

“J'ai perdu mon champ contenant du maïs, du sorgho et plusieurs autres produits agricoles”, se plaint l'une des victimes,

Ces derniers jours ont été marqués par de nouvelles et nombreuses violences en Centrafrique. Des fusillades à Bangui et Bossembélé ont fait une dizaine de morts. Des anciens rebelles de la Séléka ont par ailleurs pillé et incendié deux villages dans l’ouest du pays.

Des inondations font une centaine de sans-abrisLazare Moussa. “Avec cette situation, je ne sais pas comment je vais survivre, d'autant plus que l'agriculture est ma seule source de revenus”, a-t-il poursuivi.

Zacharia Ousamne, chef de quartier, a également fait savoir que plus d'une centaine de personnes sont touchées par cette catastrophe. “Plusieurs maisons se sont écroulées, des toitures enlevées. Pour le moment, les autorités de la ville de Ndélé n'ont pas encore évalué les dégâts des inondations, faute de moyens matériels et financiers”, a-t-il révélé.

Ida Kadja, mère de sept enfants a souligné que “jusqu'à présent, nous n'avons pas encore reçu une assistance des autorités de notre ville. On ne sait pas actuellement ce que nous allons devenir sans nos champs”. Xinhua

Centrafrique

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6 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

ON

U

Ban : "C'est maintenant qu'il faut agir"

“Ce que je suis venu vous dire, c’est que nous sommes à vos

côtés. La communauté interna-tionale est solidaire des Sahé-liens. Nous devons dépasser les frontières institutionnelles et soutenir à l’échelle de la région les initiatives portant sur la situation politique, la sécurité, le développement, l’aide humanitaire. C’est main-tenant qu’il faut agir”, a déclaré M. Ban

“Nous sommes détermi-nés à collaborer avec les gou-vernements de la région et les organisations régionales et sous-régionales pour régler les problèmes de la région. Nous sommes déterminés à colla-borer avec les gouvernements et les institutions pour aider le Sahel, une terre dévastée par la sécheresse. Ensemble nous pouvons changer ce tableau. Nous pouvons vous aider à progresser plus vite. Le Sahel peut avancer et avancera si

seulement il reste uni”, a ajouté le chef de l’ONU, appelant à des actions urgentes et concertées.

Paix et développement

Les problèmes du Sahel “ont des racines profondes. Mais il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous pouvons faire front. (...) L’expérience nous a appris que la paix ne peut venir qu’avec le développement, et que le développement ne peut venir qu’avec la paix”, a-t-il encore dit, après avoir notam-ment visité la ville historique de Tombouctou, au nord-ouest du Mali.

M. Ban a poursuivi sa tour-née au Sahel avec plusieurs responsables d’institutions afri-caines et internationales, dont l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE), la Banque mondiale (BM) et la Banque africaine de développement (BAD), qui les a conduits en-suite au Niger, au Burkina Faso et au Tchad. D’après agences Ban Ki-moon à son arrivée à Niamey, mercredi

T E M P S F O R T S

Ban Ki-moon a appelé jeudi 7 novembre à Ouagadougou les pays du Nord à financer ceux du Sud dans une optique de développe-

ment durable et afin de lutter contre le changement climatique.“Le monde développé a des capacités, des moyens, de l'argent,

pour faire face à cela. Pas vous. Il est naturel que le monde dévelop-pé fournisse le financement et la technologie pour répondre à ce problème, l'atténuer et (vous) permettre de (vous) adapter à ces changements”, a affirmé M. Ban.

Le responsable de l'ONU a également appelé les pays africains à se saisir du problème: “L'Union africaine (UA) devrait défendre cette cause. Si vous ne parlez pas fort, qui le fera?”

Selon lui, le Burkina Faso est “l'un des pays africains qui a été le plus touché par le changement climatique”. AFP

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, en tournée régionale, a appelé mardi 5 novembre à Bamako à une action concertée et urgente pour changer la donne au Sahel, où plusieurs pays sont confrontés à des crises politique, sécuritaire ou humanitaire.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a plaidé mer-

credi 6 novembre à Niamey pour les droits des femmes dans le Sahel, afin de con-tenir la fécondité très im-portante dans cette région, notamment au Niger.

“Les femmes devraient pou-voir exiger leurs droits. Mais je veux aussi que les hommes les accompagnent dans ce sens. Aidez-nous à créer une égalité complète pour vos filles, vos soeurs et vos femmes”, a déclaré M. Ban.

M. Ban a annoncé le lance-ment du Projet d’autonomisation des femmes du Sahel, doté d’une enveloppe de 200 mil-lions de dollars, qui s’ajoute à l’engagement déjà pris par la Banque mondiale de verser 150 millions de dollars au cours des

Niger : Contenir la féconditédeux prochaines années.

“Aidez-nous à créer une so-ciété dans laquelle les femmes n'ont jamais peur de la violence des hommes. Aidez-nous à créer des familles dans lesquelles mères et pères décident ensem-ble du nombre d'enfants qu'ils veulent avoir. Il faut le faire maintenant”, a-t-il plaidé.

Le Niger est l'Etat connais-sant le plus important taux de fécondité au monde (7,6 enfants par femme), ce qui représente un défi de taille pour l'avenir de ce pays soumis à des crises alimentaires récurrentes.

Deux tiers des Nigériens ont actuellement moins de 24 ans, a indiqué le président nigérien Mahamadou Issoufou.

“Quand je regarde vers le futur, je constate que la géné-ration de mes enfants sera numériquement trois fois plus

importante que la mienne, c'est-dire qu'ils vont faire croître tous les besoins futurs, alors même que les besoins présents, en alimentation, en éducation et en santé, sont loin d'être satisfaits”, a observé le chef de l'Etat.

M. Issoufou s'est prononcé pour une meilleure éducation

des filles, qui en restant plus longtemps à l'école retarde-ront l'âge de leurs premières grossesses et espaceront leurs maternités, ce qui diminuera la mortalité infantile et mater-nelle, des indices pour lesquels le pays figure parmi les derniers au monde. AFP, Xinhua

Climat : Le Nord doit payer

Sahel

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7 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

L’ Union europé-enne va renfor-cer son aide au développement

au Sahel, considéré comme la région prioritaire en Afrique, en y consacrant cinq milliards d’euros entre 2014 et 2020, a annoncé lundi 4 novembre le commissaire au Développe-ment avant un voyage au Mali.

“Ce que nous allons faire pour le Sahel est sans précé-dent”, a déclaré le commissaire Andris Piebalgs à Bruxelles. “Cette région est à nos yeux la plus fragile en Afrique, et les besoins en termes de dévelop-pement et de sécurité y sont énormes”, a-t-il précisé.

L’aide de cinq milliards d’euros de l’UE, prévue dans le cadre du 11e Fonds européen de développement (2014-2020), est supérieure d’un milliard à celle de la période précédente (2008-2013). Sur ce total, 3,9 milliards seront consacrés à l’aide bilatérale aux six pays de la région (Burkina, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad).

La Banque mondiale a an-noncé en parallèle le déblo-cage de 1,5 milliard de dollars supplémentaires sur les deux prochaines années pour soute-nir l’agriculture, l’accès à la san-té et favoriser l’implantation du secteur privé dans la région.

Les fonds versés par la Banque mondiale serviront

plus précisément à dévelop-per l’énergie hydraulique et à soutenir l’agro-pastoralisme, un mode d’agriculture fondé sur la transhumance qui fournit une “source majeure” de reve-

nus pour plus de 80 millions de personnes dans la région, a indiqué l’institution, qui ap-portera également sa caution financière à un projet gazier en Mauritanie.

Le Mali prioritaire

Le Mali, considéré comme “le pays le plus fragile de la ré-gion” selon commissaire Andris Piebalgs, recevra 615 millions d’euros jusqu’en 2020, en plus des programmes lancés récem-

ment. “La priorité est don-née à la sécurité alimentaire, l’éducation et la réforme de l’Etat”, a précisé M. Piebalgs, en saluant “la détermination de l’Etat malien à sortir de l’ins-

tabilité pour se focaliser sur le développement du pays”, l’un des plus pauvres au monde.

“Notre approche est fondée sur le principe que la sécurité est un préalable à la croissance et au développement”, a encore souligné le commissaire.

Pour M. Piebalgs, les pro-grammes d’aide à “la résilience” lancés ces dernières années par l’UE ont permis aux pays sahéliens de faire face “mieux que prévu” à la sécheresse de 2012.

L'Union européenne et la Banque mondiale renforcent leur aide

Mais, selon la Banque mon-diale, environ 17 millions de personnes ont été confrontées l’an dernier à l’insécurité ali-mentaire due à la combinaison de la sécheresse, de la dégrada-tion de l’environnement et des conflits.

L’UE a engagé 500 millions d’euros d’aide humanitaire en faveur de la région du Sahel de 2008 à 2013. Cette année, 5,5 millions de personnes touchées par l’insécurité alimentaire ont bénéficié d’une aide.

Afin d’aider les pays de la région du Sahel à lutter contre les causes profondes et les conséquences de l’insécurité alimentaire chronique, la Com-mission européenne a lancé en 2012 un partenariat inter-national pour la résilience au Sahel (Alliance globale pour l’initiative Résilience - AGIR), en collaboration avec les gou-vernements, les organisations régionales, les agences des Nations unies et d’autres orga-nismes œuvrant dans le do-maine de l’aide humanitaire et du développement.

Les Nations unies, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, l’Union africaine et l’UE ont toutes confirmé leurs engagements en faveur de la feuille de route régionale AGIR. L’initiative prévoit de mobiliser 750 mil-lions d’euros sur les trois ans à venir. Le JD, avec agences

T E M P S F O R T S

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Le commissaire européen au Développement, le secrétaire général de l’ONU et le président de la Banque mondiale, en compagnie du Grand imam de la Mosquée de Tombouctou, mardi

L’Union européenne et la Banque mondiale ont annoncé qu'elles débourseront plus de 6 milliards d'euros dans les années à venir pour le Sahel. Un soutien “sans précédent” au vu des besoins “énormes”, déclare Bruxelles.

Sahel

Directeur de la Publication: Sébastien DransLe Journal du Développement est publié par l’association Information et Développement (I&D) 1, rue des Mésanges 22 170 Plerneuf - FranceE-mail: editions@lejournaldudeveloppement.comwww.lejournaldudeveloppement.com

Le Journal du Développement est un hebdomadaire électronique à destination des professionnels de l’humanitaire, de la coopération et de l’économie en Afrique subsaharienne.

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Les Etats-Unis perdent leur droit de vote à l'Unesco

L’ Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a

annoncé mercredi 6 novembre avoir réintégré le Mali dans ses instances, dix-huit mois après l’avoir suspendu à la suite du coup d’Etat de mars 2012.

Une résolution pour lever la mesure de suspension de la participation du Mali a été adoptée par le conseil permanent de la Francophonie (CPF), dans lequel sont représentés les 77 chefs d’Etat et de gouvernement des membres de l’OIF.

Cette mesure de suspension avait été prise le 30 mars 2012, dans la foulée du coup d’Etat du 22 mars.

Le Mali réintègre l'OIF“La réintégration du Mali a été

décidée à la suite à l’élection du prési-dent Ibrahim Boubacar Keita, lors des scrutins des 28 juillet et 11 août 2013”, a indiqué l’organisation dans un communiqué, précisant que les membres du CPF ont demandé au se-crétaire général de la Francophonie, le Sénégalais Abdou Diouf, de relancer la coopération entre l’OIF et les nouvelles autorités maliennes.

L’OIF a indiqué qu’elle dépêchera au Mali une “mission d’information et de contacts” à l’occasion des élections législatives prévues les 24 novembre et 15 décembre.

L es Etats-Unis et Israël ont perdu automatiquement vendredi 8 no-

vembre leur droit de vote à l’Unesco, deux ans après avoir cessé leur con-tribution financière en réponse à l’admission de la Palestine au sein de l’organisation, a indiqué une source de l’agence onusienne.

“Sur la liste des pays qui perdront le droit de vote il y aura les Etats-Unis et Israël. Ni l’un ni l’autre n’ont présenté la documentation nécessaire ce matin pour éviter de perdre le droit de vote”, a ajouté cette source sous couvert d’anonymat, en référence à l’absence d’engagement des Etats-Unis et d’Israël à reprendre leurs contribu-tions financières.

Ces deux pays ont cessé de payer après l’admission le 31 octobre 2011 de la Palestine comme 195e membre de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.

Le retrait des Etats-Unis a provoqué une grande crise financière au sein de l’organisation, qui a dû gérer une am-putation de 22% de son budget, passé de 653 à 507 millions de dollars.

Pour tenir ce budget, quelque 300 personnes risquent de perdre leur em-ploi. L’agence onusienne employait en 2012 1.200 personnes au siège installé à Paris et 900 à travers le monde.

La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, avait réussi à lever 75 millions de dollars pour faire face à la crise.

Washington avait déjà été absent de l’organisation entre 1984 et 2003. Dénonçant une dérive tiers-mondiste et des problèmes de gestion, les Etats-Unis avaient quitté l’Unesco sous la présidence de Ronald Reagan pour la réintégrer sous George W. Bush, expliquant avoir obtenu satisfaction à la suite de réformes internes.

Q U A R T I E R S G E N E R A U X

En bref...Mali : La BM inaugure ses nouveaux locaux

BAMAKO - Le président du groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim a inauguré mardi 5 novembre à Bamako les nouveaux locaux de l’institution, bâtis sur une super-ficie de 7.000 m2.

Lors de l’inauguration du nouveau siège, le vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique, Makhtar Diop, a déclaré que ce “bâtiment est l’expression de l’engagement de la Banque mondiale au Mali que notre institution n’a pas quitté même au plus fort de la crise”.

Mali : Le Rwanda enverra 140 soldats

KIGALI - Le Rwanda compte déployer 140 policiers pour renforcer la mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali, selon un communiqué officiel rendu public jeudi 7 novembre.

Le premier contingent, qui inclura 17 femmes, y servira pendant un an.

Mali : Le Cambodge dépêchera 298 Casques bleus

PHNOM PENH - Le Cambodge prévoit d’envoyer 298 soldats au Mali dans le cadre de la force de maintien de la paix des Na-tions unies (Minusma).

“Ce sera la première fois que le pays en-voie des Casques bleus”, a indiqué mercredi 6 novembre le directeur général du Centre national de la Force de maintien de la paix du Cambodge, le lieutenant-général Sem Sovanny.

“Au total 154 soldats de l’unité d’ingénie-rie aéroportuaire et 144 autres de l’unité de neutralisation des munitions explosives seront déployés en décembre au Mali, où ils commenceront leur mandat en janvier prochain”, a précisé le lieutenant-général Sovanny.

Les soldats cambodgiens ont acquis dans les années 90 une expérience notable dans le déminage et dans la lutte contre la guérilla.

En avril 2006, le Cambodge avait envoyé, pour la première fois, des soldats chargés du maintien de la paix à l’étranger, mais qui n’étaient pas placés sous la bannière de l’ONU. A ce jour, le pays a envoyé environ 1.610 militaires au Soudan, au Soudan du Sud, au Tchad, en Centrafrique, au Liban et en Syrie.

Washington assure qu'elle ne surveille pas l'ONUL e porte-parole de l’ONU, Martin

Nesirky, a indiqué mercredi 30 octobre que “les autorités américaines ont donné l’assurance que les commu-nications des Nations unies ne sont pas et ne seront pas surveillées”.

Interrogé sur les révélations par des médias évoquant des activités

d’espionnage des communications téléphoniques par l’Agence de sé-curité nationale américaine (NSA), M.Nesirky a expliqué que “lorsque ces rapports sont sortis (...) le secrétariat de l’ONU a en effet contacté les auto-rités américaines”.

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9 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

En bref...La BAD soutient un projet d'interconnexion électrique Mali: La BAD débloque

30 milliards FCFABAMAKO - Le président de la Banque

Africaine de Développement (BAD), Don-ald Kaberuka, a annoncé lundi 4 novembre à Bamako que son institution accorderait prochainement plus de 30 milliards de francs CFA en termes d’appui budgétaire au Mali.

Face à la presse, M. Kaberuka a rap-pelé que la BAD avait promis 240 millions d’euros au Mali, desquels “une bonne partie a été débloquée”.

Togo : L’UE annonce 216 millions d’euros

LOME - Le Togo bénéficiera d’une allo-cation de 216 millions d’euros de la part de l’Union européenne (près de 142 milliards de francs CFA) dans le cadre du 11è Fonds européen de développement (FED) sur la période 2014-2020, a annoncé jeudi 7 novembre le nouveau chef de la Délégation de l’Union européenne au Togo, Nicolas Berlanga Marinez.

Cette intervention est en augmentation de 70% par rapport au 10è FED (2008-2013).

Les actions subventionnées compren-nent notamment la gouvernance, la consolidation de l’Etat et la sécurité et le développement des villes secondaires.

Selon M. Berlanga Marinez, les fonds permettront de favoriser l’accès aux services de base pour tous les citoyens, d’équilibrer la présence des institutions sur l’ensemble du territoire et d’aider les jeunes à accéder à l’emploi.

Niger : Prêt chinois pour l’acheminement de l’électricité

NIAMEY - La Chine a accordé vendredi 8 novembre un prêt de 36,5 milliards de francs CFA au Niger pour construire deux lignes électriques de 132 kv, remboursable sur une durée de 20 ans dont 5 ans de dif-féré, au taux d’intérêt de 1%.

Il s’agit à travers ce projet d’acheminer l’électricité de la Société de Raffinage des hydrocarbures (SORAZ) à Walaléwa (région de Zinder) pour alimenter la ville de Zinder, la ville de Maradi et les postes associés, ainsi que l’usine de cimenterie de Malbaza (région de Tahoua).

L a Banque africaine de Développe-ment (BAD) a approuvé vendredi

8 novembre le projet d’interconnexion des réseaux électriques de Côte d’Ivoire, du Liberia, de Sierra Leone et de Guinée, dont le financement total de la BAD s’élève à 145 millions d’euros, soit 40% environ du coût total du projet, indique un communiqué de la BAD.

Cette interconnexion permettra de “sécuriser l’approvisionnement en énergie des quatre pays de l’Union du fleuve Mano, et sera mise en oeuvre entre 2014 et 2017”, précise le texte.

Elle implique la construction d’une “ligne à haute tension (225 kV) de quelque 1.400 km de long pour con-necter les réseaux domestiques des quatre pays, de 11 sous-stations élec-

triques et deux postes régionaux de répartition”, indique encore le com-muniqué de la BAD.

La ligne permettra dans un premier temps au Liberia, à la Sierra Leone et à la Guinée d’importer de l’électricité en provenance de Côte d’Ivoire.

Selon l’institution bancaire, “les faibles investissements dans le secteur des infrastructures électriques ont rendu celles-ci obsolètes, avec pour corollaire un niveau de service très faible”.

La BAD note par conséquent que le coût de la production d’énergie par kWh demeure très élevé dans ces pays, qui affichent “des taux d’accès à l’énergie parmi les plus bas au monde (2% au Liberia et en Sierra Leone, 10% en Guinée)”.

L'ONU alloue 500 millions de dollars à la Guinée

de la pauvreté, la création d’emplois pour les jeunes, l’éducation, la santé maternelle et l’alimentation.

“J’ai l’espoir que la Guinée peut aller loin et peut mieux faire pour la prospérité de ses populations”, a déclaré M. Boamah, avant d’ajouter qu’il est facile de créer de “la misère à travers les guerres et les conflits, mais, qu’il est difficile de réduire la pauvreté et de créer la prospérité”, pour les na-tions.

L’ ONU va débourser 500 millions de dollars en faveur de la Guinée

pour les cinq prochaines années, a fait savoir mardi 5 novembre le coordo-nateur local du système des Nations unies, Anthony Boamah.

De cette somme, 300 millions de dollars sont déjà disponibles, le reste devant être mobilisé auprès des parte-naires, a précisé M. Boamah.

Cette enveloppe sera consacrée à la bonne gouvernance, l’éradication

F I N A N C E M E N T S

Bénin : La BOAD finance les infrastructures routières

nances et de l’Economie, Jonas Gbian, la première phase de ce programme évaluée à 100 milliards de francs CFA, sera dédiée au financement des axes routiers Parakou-Djougou et Comé-Lokossa-Dogbo.

“Les autres projets, notamment énergétiques, suivront ultérieure-ment”, a-t-il précisé.

L a Banque ouest-africaine de déve-loppement (BOAD) s’est engagée

vendredi 8 novembre à verser 200 milliards de francs CFA (environ 400 millions de dollars) aux institutions financières pour appuyer les projets que l’Etat béninois entend soumettre au financement bancaire.

Selon le ministre béninois des Fi-

L es Etats-Unis ont accordé le 9 novembre 3 millions de dollars pour les prochaines élections législatives au Mali, le 24 novembre. Cette somme,

déposée dans le panier commun géré par le PNUD, servira notamment à la formation et la rémunération de plus de 121.000 agents électoraux ainsi qu’à l'entreposage, à la manutention et au déploiement du matériel électoral.

Mali : Soutien US aux élections

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Onusida : Aider les plus de 50 ans

Les changements démographiques survenus dans le cadre de l’épi-

démie de VIH/Sida exigent une nouvelle approche pour venir en aide aux personnes âgées de 50 ans et plus qui ne bénéfi-cient pas des soins dont ils ont besoin, a exhorté vendredi 1er novembre le Programme commun des Nations unies sur le VIH-Sida (Onusida).

Sur 35,3 millions de pa-tients vivant avec le VIH dans le monde, environ 3,6 millions

sont âgés de 50 ans et plus, d’après un nouveau rapport de l’agence axé sur la probléma-tique du VIH et du vieillisse-ment.

“Les gens de 50 ans et plus ne sont souvent pas pris en compte par les services de santé”, a fait observer le directeur exécutif de l’Onusida, Michel Sidibé. “Cela coûte des vies”.

“Une plus grande atten-tion doit être accordée à leurs besoins spécifiques et à l’intégration des soins contre le VIH dans les services de santé auxquels cette catégorie de pa-tients peut déjà avoir accès”, a ajouté M. Sidibé.

Le rapport révèle que dans les pays à revenu élevé, près d’un tiers des personnes vi-vant avec le VIH ont 50 ans ou plus.

Toutefois, la majorité des adultes âgés de 50 ans ou plus vivant avec le VIH se trouve dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire: ils sont 2,9 millions, soit plus de 10% des patients atteints de VIH.

“Vieillissement” de l’épidémie

Le “vieillissement” de l’épi-démie de VIH est dû à trois facteurs principaux: le succès

de la thérapie antirétrovirale à prolonger la vie des per-sonnes vivant avec le VIH, la diminution de l’incidence du VIH chez les jeunes adultes, concomitante à la hausse des comportements à risque chez les personnes plus âgées.

Le rapport souligne que les services de prévention du VIH, y compris de dépistage, adap-tés aux besoins des personnes âgées de 50 ans et plus, sont essentiels. Il décrit également l’importance de la mise en place rapide de la thérapie antiré-trovirale alors que le système immunitaire s’affaiblit avec l’âge. Xinhua

S A N T E

L' Organisation de coor-dination pour la lutte contre les endémies

en Afrique centrale (OCEAC), dont le siège se trouve à Yaoun-dé au Cameroun, et l'Allemagne ont signé mercredi 6 novembre un accord de financement de 23 millions d'euros, soit 15 mil-liards de francs CFA, pour la lutte contre le VIH-Sida dans la région.

Ces fonds, sur trois ans, portent notamment sur un appui à la mise en oeuvre du Projet prévention VIH-Sida en Afrique centrale (PPSAC), mené par l'OCEAC auprès de

Financement allemand contre le Sidases pays membres (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équato-riale, République centrafricaine et Tchad).

Entre 3 et 7% de prévalence

D'une population totale d'environ 37 millions d'habi-tants, cet espace communau-taire enregistre une prévalence moyenne du VIH qui varie entre 3 et 7% dans la population sexuellement active de 15 à 49 ans, selon l'OCEAC qui souligne “la nécessité d'un renforcement des réponses nationales par des

interventions complémentaires, d'une minimisation du coût des intrants, d'une harmonisation et d'une coordination de la réponse à l'échelle régionale”.

Le PPSAC est un projet com-posé de trois phases d'exécution. Les premières réparties de 2006 à 2008 et de 2009 à 2013 ont été déjà financées par l'Allemagne à travers la Banque allemande de développement (KfW) à hauteur respective-ment de 10 millions d'euros (6,5 milliards de francs CFA) et de 23 millions d'euros (15 milliards de francs CFA).

L'objectif général du projet

est de “contribuer à la réduction de la propagation de l'épidémie du VIH ainsi que des méfaits de la stigmatisation et de la discrimination envers les per-sonnes vivant avec le VIH”, à travers la mise à disposition de préservatifs et autres con-traceptifs, et “un changement positif des comportements des groupes cibles”.

Le projet s’adresse princi-palement aux jeunes, prosti-tuées, migrants/routiers, forces de l’ordre, travailleurs saison-niers, ains qu’aux femmes, enfants, personnes démunies et marginaux. Xinhua

L a représentante du Fonds des Nations unies pour l'Enfance (Unicef) au Mali, Françoise Ackermans, a procédé mercredi

6 novembre à une remise de matériel d'un montant de plus de 3 millions de dollars au ministre malien de la Santé et de l'Hygiène publique, Ousmane Koné.

Le don se compose de 90 réfrigérateurs solaires, 25 réfrigéra-teurs électriques, 27 congélateurs, 7.000 mèches, 500 appareils de contrôle de températures, 330 motos, 3 groupes électrogènes de 18 Kva, 102 stabilisateurs et 7 ordinateurs portables, dans le but de favoriser la conservation des vaccins, a fait savoir la représentante de l'agence onusienne.

Ces matériels sont destinés prioritairement aux Centres de Santé Communautaires (CSCOM) et Centres de Santé de Référence (CSREF). L'initiative est soutenue financièrement par les ambas-sades du Canada et du Japon et par l'Unicef. Xinhua

MaliDes équipements pour le stockage des vaccins Dans l’urgence,

donner lespremiers soins

www.msf.chCCP 12-100-2

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11 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

A L I M E N T A T I O N

U n peu moins de la moitié des 6,9 millions d’enfants morts avant l’âge

de cinq ans en 2011 résidaient en Afrique subsaharienne, selon le rapport 2013 du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) sur la situation des enfants dans le monde. D’après les chiffres de Médecins sans frontières (MSF), le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, le Niger et le Nigeria totalisent un tiers de ces décès, dont la cause sous-jacente est la malnutrition dans la moitié des cas.

“C’est énorme”, réagit Sté-phane Doyon, coordinateur de l’unité d’urgence de MSF en Afrique de l’Ouest. “La mortalité et la malnutrition sont indis-sociables ici”.

Ces deux dernières années, le nombre d’enfants atteints de malnutrition aiguë sévère (MAS) s’est accru au Sahel, jusqu’à atteindre 1,5 million en 2013. Si l’on y ajoute les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes atteints de malnutrition aiguë modérée (ou souffrant d’“amaigrissement”), le nombre de personnes mal-nutries dans la région s’élève à cinq millions.

Les raisons d’une telle hausse des cas de malnutrition en 2013 sont multiples. On peut notam-ment citer les prix élevés des denrées alimentaires, les con-flits, l’accroissement des taux d’incidence du paludisme et l’amélioration de la couverture humanitaire, qui peut se tradu-ire par une augmentation des cas rapportés.

Les autres causes structurel-les incluent les lacunes des sys-tèmes de santé, la pauvreté ex-trême, les mauvaises conditions sanitaires, l’accès limité à l’eau et des soins à la petite enfance inadaptés, selon l’ONG Alima, qui oeuvre dans le domaine de la santé et de la nutrition.

Dans de nombreux pays du Sahel, le traitement des

enfants souffrant de malnutri-tion aiguë sévère a atteint un niveau qu’Augustin Augier, responsable Afrique de l’Ouest chez Alima, qualifie “d’optimal”. En de nombreux endroits, les ONG, l’Unicef, le Programme alimentaire mondial (PAM) et les gouvernements ont oeuvré à sauver des vies (sauf quelques exceptions majeures, comme le nord du Nigeria, où les enfants sont très difficiles à atteindre).

Mais les efforts visant à pré-venir les principales causes de la malnutrition sont souvent mal intégrés; ils sont habituellement menés d’une manière cloison-née dans le cadre de projets pilotes ou de “programmes verticaux” axés sur la vaccina-tion, les soins de santé ou la nutrition, chacun de ces aspects étant traité par une organisation différente.

Traiter le paludisme pour traiter la malnutrition

Selon une étude réalisée par MSF, le principal facteur de mortalité chez les enfants de moins de cinq au Sahel est

Sahel : L'heure est à la préventionLa malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans devrait encore s’accentuer au Sahel cette année, malgré

une pluviosité satisfaisante et des prévisions de récolte à peu près dans la moyenne. Pourtant, alors que les experts recueillent de solides éléments d’appréciation, les bailleurs de fonds se montrent frileux.

le paludisme, suivi des infec-tions respiratoires aiguës, de la diarrhée et de la malnutrition aiguë. Il est évident que ces quatre causes sont étroitement liées: un enfant malnutri est plus susceptible de succomber au paludisme, par exemple, et inversement. “Il faut considérer [tous ces facteurs] dans leur globalité”, insiste M. Doyon, de MSF.

Chaque année, pendant la saison des pluies, les cas de paludisme - ou des cas associ-ant le paludisme à une autre maladie - saturent les hôpitaux régionaux et accablent les mé-decins. Et le nombre d’enfants traités par MSF pour malnutri-tion aiguë et sévère s’accroît d’année en année au Sahel, a poursuit M. Doyon. “Dans ces conditions, nous nous sommes sentis contraints de faire de la prévention. On ne peut pas continuer d’attendre que cette vague de maladies s’abatte chaque année”.

Au poste de santé de Konse-guela, à Kouitiala, dans la région malienne de Sikasso, MSF a en-trepris de prévenir la malnutri-

tion en s’attaquant à l’ensemble des causes qui y sont associées. Dans le cadre d’un programme de deux ans, l’organisation a distribué des antipaludéens à tous les enfants - qu’ils soient atteints ou non de la maladie - pendant les quatre mois que dure la saison du paludisme. L’ONG a également fourni des moustiquaires et des tests de diagnostic rapide du paludisme et enseigné aux travailleurs communautaires à mesurer la circonférence du bras pour évaluer la perte de poids. Les cas de paludisme ont chuté de 67%, les décès par paludisme, de 72% et les hospitalisations (toutes maladies confondues, y compris la malnutrition), de 63%.

Le programme a également vacciné les enfants contre les infections à pneumocoques, ad-ministré des sels de réhydrata-tion orale aux enfants souffrant de diarrhée, distribué du chlore pour le traitement de l’eau et proposé des compléments nu-tritionnels et des visites de suivi gratuites avec un travailleur de la santé.

(Suite page suivante)

Un enfant nigérian, victime de malnutrition

IRIN

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12 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

A L I M E N T A T I O N

Depuis le lancement du pro-gramme, il y a deux ans, les retards de croissance dus à la malnutrition ont chuté d’un tiers et la mortalité infantile, de moitié. M. Doyon qualifie ces résultats de “stupéfiants”.

Des approches intégrées comparables ont été mises en place par endroits dans les provinces de Tahoua, de Maradi et de Zinder, au Niger, et dans la ville de Massakory, au Tchad.

Ce qui n’est pas moins stu-péfiant, d’après M. Doyon, c’est que 97% des mères se sont tenues au programme. Sou-vent, les mères abandonnent les programmes de santé, car elles ne peuvent pas retourner à la clinique pour les contrôles médicaux, les vaccins et le soutien nutritionnel requis. En offrant tous ces services à la fois, ce programme était plus réalisable.

Le programme intégré de prévention de la malnutrition mené par le Projet iLiNS (Projet international pour les supplé-ments nutritionnels à base de lipides) a également enregistré des résultats positifs.

Robert Piper, coordinateur humanitaire pour le Sahel, estime que la région a besoin de nouvelles approches dans ce genre - et pas uniquement en matière de nutrition. “Il est temps que nous ayons ces discussions. Le problème nous échappe, et nous avons besoin de nouvelles idées et solu-tions”.

Agrandissement d’échelle

Ce qu’il faut maintenant, c’est augmenter l’échelle de ce type d’approche. Les bailleurs de fonds doivent commencer à les financer, affirme M. Augier, de l’ONG Alima.

D’après une évaluation som-maire réalisée par MSF, il faut compter environ 201,25 dol-lars par enfant pour deux ans (en partant du principe qu’une partie de cette somme sera couverte par des bailleurs de fonds existants tels que l’Unicef

ou la Fondation Gates). Mais de nombreux aspects pourront être réduits avec le temps, assure M. Doyon, notamment le prix des compléments alimentaires - des aliments riches en mi-cronutriments dont les enfants ont besoin - qui comptent ac-tuellement pour 113 dollars. Une augmentation d’échelle permettrait de faire baisser les coûts, ajoute-t-il.

À titre de comparaison, le traitement contre la malnutri-tion aiguë sévère coûte entre 80 et 100 dollars, d’après les organisations.

Les gouvernements natio-naux ne sont pas encore en mesure d’assumer seuls les coûts de ces programmes. Cette année, au Niger, environ 20% des 377.000 enfants atteints de malnutrition aiguë seront hospitalisés huit jours en moy-enne. En d’autres termes, 1.500 lits d’hôpitaux devront leur être consacrés, relève M. Au-gier. Mais Zinder et Niamey ne comptent que 80 lits chacune.

“Les gens parlent de confier le traitement de la malnutrition aux gouvernements, mais [ces derniers] n’en ont tout simple-ment pas les moyens”, souligne-t-il. “Le type de projet mené par MSF ne peut pas être conduit à l’échelle du Niger”.

Les gouvernements natio-naux doivent être aux com-mandes, suggère M. Piper, en reconnaissant que le type de capacité requise est “éminem-ment compliqué”.

“ I l faut amorcer cet te [augmentation d’échelle] en s’appuyant sur les mécanismes à disposition au sein des gou-vernements, en utilisant une base de données des personnes vulnérables”, propose Cyprien Fabre, responsable Afrique de l’Ouest auprès de l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO). Des gou-vernements comme ceux du Zimbabwe et de l’Éthiopie le font déjà, mais le Sahel n’en est pas encore là.

Les bailleurs de fonds doivent également offrir leur concours. Certains s’inquiètent que cela prenne du temps. “Nous avons besoin d’un engagement ferme dans ce sens de la part des bail-

leurs de fonds”, confirme M. Augier.

ECHO, l’un des principaux bailleurs de fonds en matière de nutrition au Sahel, est en “parfait accord” avec le principe d’intégration. “C’est ce que nous répétons depuis un certain temps”, explique M. Fabre. ECHO soutient déjà quelques initiatives d’intégration et étu-die le terrain pour comprendre quelles combinaisons - qu’il s’agisse de programmes de distribution d’espèces, de vac-cination, de subvention agricole ou d’autres formes d’aide - fonc-tionnent le mieux.

Mais pour M. Doyon, ce qui fonctionne en matière de prévention est déjà clair: “Nous faisons déjà [de la prévention intégrée] partout - en Amérique latine, en Europe, aux États-Unis. Ce n’est pas nouveau (...) Nous avons fait notre travail. Nous avons documenté les résultats. Nous nous sommes autofinancés. Nous n’avons pas la capacité de faire les choses autrement”.

Un engagement encore vague

Les bailleurs de fonds hu-manitaires sont théoriquement favorables à cette nouvelle approche, mais ils n’ont pas encore modifié leurs stratégies de financement.

L’instauration d’approches intégrées exige de coordon-ner les bailleurs de fonds; par exemple, certains donneurs pourraient se concentrer sur le paludisme, d’autres sur les vaccins, mais dans le cadre d’un lot combiné établi accordé à chaque enfant. Cependant, “coordonner [les bailleurs de fonds] n’est pas chose facile. Chacun est régi par ses propres politiques et règlements. Il est

difficile de les aligner”, recon-naît M. Fabre.

Le Département britannique pour le développement in-ternational (DFID) envisage de financer des programmes intégrés de prévention de la malnutrition dans la cadre de sa stratégie pour 2014-2017, mais il doit encore finaliser ses plans, révèle Nadia Jeanne Guillin, conseillère humanitaire du DFID pour le Sahel.

L’Agence des États-Unis pour le développement inter-national (USAID) n’a pas encore clairement annoncé si elle sou-haitait s’engager dans le sens d’une approche intégrée du problème de la nutrition. Elle tente néanmoins de renforcer la résilience en implantant des interventions combinant nutrition, sécurité alimentaire, agriculture et santé.

Dans le même temps, l’enga-gement des Nations unies en faveur d’un appel de fonds sur trois ans pour le Sahel démon-tre que “nous reconnaissons le besoin d’une nouvelle approche pour faire face à ces problèmes chroniques. Cela prouve que des leçons ont été tirées”, fait remarquer M. Piper.

Pour que de telles approches gagnent du terrain, les bailleurs de fonds pour le développement doivent montrer leur adhé-sion en versant des fonds et en définissant des objectifs.

“En fait, toutes les agences impliquées devraient se mettre d’accord sur un ensemble par-tagé de bénéficiaires”, propose M. Piper. Les bénéficiaires des agences humanitaires se re-coupent habituellement, mais “les mêmes foyers doivent être au cour des stratégies des pla-nificateurs du développement. C’est le changement radical qui est attendu”, conclut-il.

IRIN

Sahel(Suite de la page précédente)

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13 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

S i à l’heure actuelle, les populations de Doua-la ont des difficultés d’accès à l’eau, c’est

parce que la phase II du pro-gramme Ayatto n’est pas encore achevée et que les deux stations, à Japoma et à Massombou, sont en cours de réhabilitation, a expliqué le ministre Basile Atangana Kouna.

“Lorsque les travaux de réhabilitation seront achevés et les deux phases d’Ayatto mises en service, c’est-à-dire d’ici deux ans au plus tard, il n’y aura plus de problème d’eau à Douala, et ceci au moins jusqu’en 2025”, a promis le ministre de l’Eau et de l’Energie, précisant que ce sont ainsi 300.000 m3 d’eau qui seront produits par jour à

De l'eau à Douala... "dans deux ans"

Douala.“Nous avons achevé la pre-

mière phase en 12 mois en respectant les délais. Pour la deuxième phase, à mi-parcours de la durée d’exécution, les travaux sont accomplis à 85%”, explique de son côté Xiao Xin-sheng, directeur général de la société chinoise CGC Overseas Construction Group Co. Ltd (CGCOC), entrepreneur des travaux d’alimentation d’eau à Douala, financés par l’Exim Bank de Chine.

“Proches de la victoire”

“Nous sommes proches de la victoire. Mais les quelques pas encore à franchir sont les plus durs. Il faut construire un pont

de tuyaux pour que l’eau puisse traverser le Wouri (le fleuve qui coupe Douala en deux)”, ajoute M. Xiao.

La population de Douala, re-censée à 1,8 million d’habitants à fin 2007, devrait atteindre 2,7 millions en 2020. Selon la norme internationale des be-soins de 100 litres par jour et par personne, la consommation globale maximale en eau po-table de la ville sera de 270.000 m3/j, inférieure donc à la pro-duction de 300.000 m3.

Selon le ministre de l’Eau et de l’Energie, d’autres villes du Cameroun connaîtront également une amélioration dans l’alimentation en eau. Le gouvernement camerounais a récemment signé un accord-

cadre avec le gouvernement chi-nois pour un projet d’adduction d’eau de Sangmélina (sud), Bamenda (nord-ouest), Kribi (sud) et Bafoussam (ouest). Un autre accord similaire est prévu pour les villes de Dschang (ouest), Yabassi (littoral), Ga-roua (nord), Maroua (extrême-nord) et Garoua-Boulaï (est).

“Nous attendons la signature imminente de la convention de prêt. C’est un prêt concession-nel, sans fonds de contrepartie. Donc, ça va nous permettre d’aller vite. Dès lors que la convention de prêt sera signée, nous allons poser la première pierre. D’ici la fin de l’année, les travaux pourront commencer”, a déclaré M. Atangana Kouna.

Liu Fang, Xinhua

A C C E S A L ’ E A U

D'ici deux ans au plus tard, les populations de Douala, la métropole économique du Cameroun, ne souffriront plus de problèmes d'eau, grâce à la mise en service de nouvelles infrastructures d'adduction à Ayatto et à la réhabilitation des stations existantes. C’est ce que déclare Basile Atangana Kouna, ministre de l'Eau et de l'Energie, lors d'une interview accordée à l’Agence Chine Nouvelle mardi 5 novembre.

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14 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

Min

usm

a

Nord Mali : Difficile rentrée des classes

L es écoles ont rouvert dans tout le Mali au mois d’octobre. Le 21 octobre, le gouverne-

ment et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) ont lancé une campagne de reprise des classes pour aider 500.000 enfants et 9.000 en-seignants à redémarrer une sco-larisation. Bamako a également mis en place un programme d’aide financière pour inciter les fonctionnaires à retourner dans le nord du pays.

Le nord du Mali avait été en-vahi par les militants islamistes et les rebelles séparatistes après le renversement du gouverne-ment à Bamako en mars 2012. Les islamistes, qui imposaient une forme radicale de la loi islamique, ont été délogés par les forces françaises en janvier. Cependant, la sécurité n’est pas encore complètement revenue dans la région.

500 dollars pour retourner au nord

“Malgré les mesures prises par le gouvernement, beau-coup d’enseignants n’ont pas encore repris leur travail à Tombouctou”, signale Mody Abdoulaye Cissé, directeur de l’enseignement de Tom-bouctou. Certains enseignants considèrent que les 500 dollars donnés par le gouvernement pour encourager un retour dans le nord sont trop peu et trouvent que la région est encore trop dangereuse pour y retourner.

“Ce n’est pas seulement une question d’argent. C’est aussi une question de survie. Tout le monde sait que le conflit n’est pas fini et que des attaques suicide ont lieu partout. Le gou-vernement met la vie des ensei-gnants et des élèves en danger en ouvrant les écoles dans de telles conditions. C’est pour cela que j’ai décidé de ne pas

y retourner pour le moment”, explique Sekou Sala Koné, un enseignant de Tombouctou qui vit actuellement à Bamako.

Selon le ministère de l’Édu-cation, le conflit et la crise alimentaire, qui ont frappé la région du Sahel en 2011-2012,

ont laissé environ 800.000 enfants maliens sans école pen-dant deux ans. Même avant le conflit, le taux de scolarisation au Mali était très faible. Selon les estimations, 1,2 million d’enfants en âge d’aller à l’école, des filles pour la plupart, ne sont pas scolarisés.

Des années perdues

“Le principal problème est que beaucoup trop d’enfants ont perdu deux ans de scolarité. Cela peut provoquer une réac-tion en chaîne et décourager les enfants de retourner à l’école”, déclare David Gressly, chef de mission du Bureau des Nations unies au Mali et coordonnateur humanitaire.

Avec ce début d’année sco-

laire, la scolarisation a repris sans grandes perturbations dans la région de Tombouctou. Cependant, Mohamed Lamine, dont les enfants viennent juste de reprendre l’école, précise que le manque d’enseignants les oblige à travailler le double

alors que le calendrier scolaire est faussé.

À Gao, ville du nord du pays, l’Union des enseignants a appelé à la grève au sujet des salaires. Le leader de l’Union, Ibrahim Touré, a affirmé que là-bas, environ la moitié des 2.597 enseignants n’a pas reçu la prime de retour au travail.

Les écoles n’ont pas repris dans la région Kidal, au nord-est, contrôlée par le Mouve-ment national de libération de l’Azawad (MNLA), un groupe de rebelles séparatistes touaregs.

Pillages

“En réalité, les écoles d’ici sont fermées depuis le dé-but de la crise… Des milliers d’enfants sont privés de leur

droit à l’éducation”, déclare Adama Kamissoko, gouverneur de Kidal.

Soixante-sept pourcent des écoles du nord du Mali ont été mises à sac pendant la crise. Les militants occupaient environ le quart des écoles de la région.

Les écoles de Gao sont celles qui ont été le plus saccagées.

L’occupation islamiste de neuf mois a anéanti les ser-vices publics. Dans la plupart des endroits comme les hôpi-taux et les banques, l’eau et l’électricité viennent seulement de se remettre en marche.

Pour Oumar Touré, un enseignant qui a récemment repris ses fonctions à Tom-bouctou, “c’est l’avenir de ces pauvres enfants qui doit être pris en compte. Ils ont besoin de nous”.

“Je n’ai pas peur des atta-ques suicide à la bombe. Vous savez, que vous soyez à Bama-ko, Sikasso ou Kidal, vous pouvez mourir tout autant”, affirme-t-il.

IRIN

E D U C A T I O N

Opération “Retour à l’école”, le 21 octobre à Tombouctou

Les ravages du conflit malien, qui a paralysé la scolarité pendant presque deux ans, ont perturbé la rentrée scolaire dans le nord du pays où les écoles endommagées, le manque de personnel et l’insécurité ont retardé l’enseignement.

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15 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

Boni Yayi prône des autorités électorales indépendantes en Afrique

L e président bé-ninois Boni Yayi a plaidé pour la mise en place

dans chacun des Etats d’Afrique francophone d’une Autorité indépen-dante chargée des élec-tions.

“Cette Autorité indépen-dante et dotée d’une stricte neutralité devrait être compo-sée, à mon avis, surtout de tech-niciens pour éviter l’intrusion de considérations politiciennes dans la gestion de nos élec-tions et capitaliser ainsi les

acquis de chaque élection”, a-t-il déclaré.

“Précipitation” et “impréparation”

S’exprimant à l’ouverture du Colloque international sur la pratique du contentieux électo-ral dans les pays d’Afrique fran-cophone, le président béninois a souliné que “l’organisation des élections dans nos pays d’Afrique francophone est sou-vent confiée à des structures fortement dépendantes des acteurs politiques”.

Il a en outre estimé que la mise en place tardive des structures organisatrices des élections est souvent à l’origine du contentieux électoral.

“L’instabilité de la législation électorale, la précipitation dans son application et l’inévitable impréparation ou insuffisante préparation de l’organe chargé d’organiser les élections qui en résulte souvent sont des sources d’un contentieux dont il est souhaitable déjà de faire l’économie”, a-t-il indiqué.

M. Yayi a souligné la né-cessité pour le législateur de

mettre en place à temps le dispositif législatif encadrant les élections, afin que les com-missions électorales ne soient pas installées in extremis et contraintes d’organiser les élec-tions dans l’urgence.

Selon lui, au-delà des as-pects normatifs de la gestion qualitative des contentieux électoraux, il paraît tout aussi impérieux de prévenir ces con-tentieux en amont à travers la mise en oeuvre de réformes concourant à l’amélioration de la gouvernance électorale et constitutionnelle. Xinhua

D E M O C R A T I S A T I O N

L es prochaines élections locales précédemment fixées au 23 novembre auront lieu finalement le 14 décembre prochain,

indique un communiqué de la Commission électorale nationale et permanente (CENAP) publié mardi 5 novembre.

Selon le nouveau calendrier publié par la CENAP, la cam-pagne électorale s'ouvrira le 4 décembre. Elle prendra fin le 13 décembre.

Ce scrutin devait se tenir le 23 novembre. Mais le Premier ministre avait saisi la Cour constitutionnelle pour solliciter un report suite au retard accumulé dans la publication de la liste électorale.

La Cour constitutionnelle avait décidé de tenir le scrutin au plus tard le 21 décembre. La CENAP s'est donc donnée une marge d'une semaine par apport à la date butoir fixée par la Cour cons-titutionnelle.

R obinson Jean Louis, candidat de M. Ravalo-manana, et Hery Ra-

jaonarimampianina, pour le camp adverse, ont recueilli res-pectivement 21,10% et 15,93% des voix au premier tour du 25 octobre, distançant largement les 31 autres candidats, selon des résultats proclamés ven-dredi 8 novembre par la com-mission électorale (Cenit).

Le taux de participation a atteint 61,85%.

“Le deuxième tour sera ser-

Madagascar : Les deux favoris confirmésLe second tour de la présidentielle malgache opposera le 20 décembre les candidats de l'ex-président Marc

Ravalomanana et de l'actuel homme fort du pays Andry Rajoelina. Un affrontement par procuration qui inquiète les observateurs.

ré, je pense, et sera tendu parce que les deux finalistes sont les représentants des protago-nistes” de la crise malgache, estime l'analyste Sahondra Rabenarivo.

Risques de crise

“La possibilité d'une crise post-électorale n'est pas à écar-ter. Il incombe à la Cenit de faire son maximum pour minimiser toute forme de contestation”, souligne-t-elle.

La plupart des Malgaches voit dans cette présidentielle un premier pas pour sortir de la grave crise politique, économique et sociale dans laquelle leur pays, mis au ban des nations, est plongé depuis quatre ans.

La Grande Ile, déjà très pauvre, l'est davantage encore depuis le renversement en 2009 de Marc Ravalomanana par An-dry Rajoelina, plus de 92% de la population vivant désormais avec moins de 2 dollars par

jour. Et beaucoup espèrent la reprise de l'aide internationale et le retour des investisseurs avec l'arrivée d'une équipe di-rigeante légitime.

Malgré quelques incidents isolés, le premier tour s'est globalement “bien passé”, selon les observateurs, et l'atmosphère était détendue vendredi lors de la proclamation des résultats en présence des candidats, du gouvernement et du corps diplomatique.

AFP

Gabon : Les locales fixées au 14 décembreLes élections locales permettront d'élire les conseillers munici-

paux et départementaux. Ces derniers éliront au suffrage indirect les maires, les présidents des Assemblées départementales et les Sénateurs. Xinhua

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16 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

D e s m i l l i e r s d ’ o p p o s a n t s o n t m a r c h é mercredi 6 no-

vembre au soir à Nouak-chott contre l’organisation le 23 novembre des élec-tions législatives et muni-cipales, dont la campagne a débuté, en dénonçant une décision prise selon eux unilatéralement par le pouvoir.

“Les élections unilatérales tuent la démocratie”, ont scandé les manifestants, qui s’étaient rassemblés au centre de la capitale mauritanienne et ont marché sur 7 km avec en tête les dirigeants de plusieurs partis de l’opposition.

Aucun incident n’a émaillé

Mauritanie : Des opposants manifestent contre les élections du 23 novembre

la manifestation, qui s’est déroulée dans le calme, sous le regard de forces de l’ordre qui se sont tenues loin du parcours afin d’éviter tout contact avec les marcheurs.

L’appel à manifester avait été lancée par la Coordination de l’opposition démocratique (COD), coalition de onze partis d’opposition dont dix ont déci-dé de boycotter les élections du 23 novembre. La seule forma-tion de la COD qui a décidé d’y participer est le parti islamiste Tewassoul.

Des élections “nées mortes”

“Les élections (du 23 novem-bre) sont nées mortes, et nous ne ferons rien qui puissent leur

donner vie, au contraire, nous les ferons échouer”, a commen-té Mohamed Ould Khlil, un des dirigeants de la COD.

La marche s’est tenue à quel-ques heures de l’ouverture, dans la nuit de jeudi à vendredi, de la campagne électorale.

Quelque 1,2 million d’élec-teurs mauritaniens sont appelés aux urnes le 23 novembre pour élire leurs députés et conseillers municipaux.

D’après la Commission élec-torale nationale indépendante (Céni), 1.101 listes ont été en-registrées pour les municipales, qui renouvelleront la direction de 218 mairies alors que les législatives aligneront 437 listes candidates pour briguer les 147 sièges à pourvoir.

Parmi la centaine de par-

tis participant à ces scrutins, l’Union pour la République (UPR, au pouvoir) est le seul à avoir déposé des listes et inscrit des candidats dans toutes les circonscriptions.

Il est suivi par ordre décrois-sant en nombre de listes et de candidats par Tewassoul, puis de l’un des partis de l’opposition modérée, l’Alliance populaire progressiste (APP) du président de l’Assemblée nationale Mes-saoud Ould Boulkheir.

Les dernières législatives et municipales remontent à 2006, deux ans avant le coup d’Etat de Mohamed Ould Abdel Aziz, un ancien général ensuite élu président en 2009 dans des conditions contestées par l’opposition.

AFP

D E M O C R A T I S A T I O N

L es résultats définitifs des élections législatives tenues fin septembre en

Guinée seront publiés le 15 no-vembre au soir, a annoncé jeudi 7 novembre la Cour suprême, qui poursuivait l'examen des recours déposés à la fois par le pouvoir et l'opposition.

Les résultats provisoires complets des législatives ont été publiés le 18 octobre par la Commission électorale natio-nale indépendante (Céni).

Selon ces chiffres, le parti du président Alpha Condé, le Rassemblement du peuple de

Guinée (RPG), est arrivé en tête avec 53 députés et, avec les petits partis, le pouvoir obtient la majorité absolue (fixée à 58 sièges) à l'Assemblée nationale, comprenant au total 114 élus.

D'après les mêmes chiffres provisoires de la Céni, les partis d'oppo-sition ont obtenu 53 députés, mais l'opposition con-teste ces résultats et affirme que ces résultats ne correspondent pas “à la volonté” du peuple guinéen.

Depuis le scrutin, les ténors de l'opposition ont plusieurs fois demandé l'annulation des

législatives. Ils ont expliqué que, tout en rejetant les résul-tats, ils ont saisi la Cour su-prême et ont décidé de surseoir aux manifestations de rues en attendant les réponses à leurs requêtes.

Condé en faveur d’un gouvernement d’union nationale?

Toutefois, lors de son récent voyage à Dakar, à l’occasion du sommet de la CEDAEO, le président guinéen Alpha Con-dé a fait état de l’éventualité

d’associer toutes les obédiences sociopolitiques à la gestion des affaires de l’Etat, ce qui sous entend la formation d’un gou-vernement d’union nationale à court terme, a cru savoir l’Agence Chine Nouvelle.

Pour le moment, l’opposition guinéenne n’a pas réagi à l’éventualité de formation d’un gouvernement d’union natio-nale, mais, elle n’y verrait pas d’obstacle, selon des sources proches des milieux politiques guinéens, ajoute l’agence de presse chinoise.

Agences

Guinée: Résultats définitifs le 15 novembre

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17 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

“L e gouverne-m e n t d u Burundi dit que le Bnub

a terminé sa mission puisque la paix est revenue dans ce pays, il a donc demandé que l’ONU mette fin au mandat du Bnub”, a déclaré à l’AFP vendredi 8 novembre à la presse le chef de la délégation onusienne, Sam Ibok, directeur du département des affaires politiques pour l’Afrique.

L’ONU avait déployé une mission de paix au Burundi après la signature des accords d’Arusha en 2000 qui avaient ouvert la voie à la fin d’une longue guerre civile au Burundi. La mission a plusieurs fois changé de nom et de structure, pour devenir le Bnub après les dernières élections générales de 2010.

Ses missions comprennent l’appui au gouvernement du Burundi dans la promotion et la facilitation du dialogue entre les acteurs, la lutte con-

tre l’impunité, la protection et la promotion des droits de l’homme, le développement socioéconomique des femmes et des jeunes et l’intégration régionale du Burundi.

La mission d’évaluation a depuis lundi 4 novembre ren-

contré le Premier vice-prési-dent Bernard Busokoza, des membres du gouvernement, l’opposition, la société civile et les responsables des médias, selon une source onusienne à Bujumbura.

“C’est très surprenant. Pres-que tous ces interlocuteurs, même du gouvernement, esti-ment que l’heure du retrait n’a pas encore sonné pour le Bnub, au regard du rôle que ce bureau joue aujourd’hui et des échéances électorales qui

approchent”, a précisé cette source onusienne sous couvert d’anonymat.

De fait, le premier vice-président burundais Bernard Busokoza a déclaré jeudi que le Bnub était encore néces-saire, a rapporté l’Agence Chine

Nouvelle.M. Busokoza a souligné la

nécessité de collaborer, notam-ment avec les prochaines élec-tions qui approchent, a fait savoir le conseiller en com-munication du vice-président, Calixte Sinzinkayo.

Le vice-président burun-dais estime que “la cessation du Bnub se fera en douceur avec la collaboration de tout le monde”, a expliqué aux journa-listes M. Sinzinkayo.

Le Burundi a failli basculer

Faut-il fermer le Bureau de l'ONU?

une nouvelle fois dans la vio-lence après les élections de 2010, boycottées par les princi-paux partis d’opposition.

Le climat politique s’est ensuite amélioré, mais la paix au Burundi est toujours jugée “fragile” par l’ONU, dont des représentants expriment, sous couvert d’anonymat, le sou-hait d’accompagner le pays jusqu’aux prochaines élections, en 2015.

“Le Bnub est aujourd’hui indispensable si on veut créer les conditions d’élections justes et équitables en 2015”, a déclaré Léonce Ngendakumana, prési-dent de la coalition d’opposition ADC-Ikibiri. Pour lui, ceux qui demandent sa fermeture “veulent tricher encore une fois aux élections, veulent en-core ramener ce pays dans la tourmente”.

Le Conseil de sécurité doit annoncer sa décision sur le sort du Bnub avant le 15 février 2014, fin de l’actuel mandat du Bureau. Le JD

D E M O C R A T I S A T I O N

Une délégation de l’ONU est venue discuter la semaine dernière à Bujumbura de la fermeture du Bureau des Nations unies au Burundi (Bnub) demandée par le gouvernement, mais que l’opposition et plusieurs officiels trouvent mal venue à l’approche d’importantes élections.

“C’est très surprenant. Presque tous (nos) interlocuteurs, même du gou-vernement, estiment que l’heure du retrait n’a pas encore sonné pour le Bnub”

L e premier vice-président burundais, Bernard Busokoza, a ex-horté mardi 5 novembre les responsables des partis politiques

à tout mettre en oeuvre pour créer un environnement propice en vue des élections de 2015.

“S'il est vrai que les élections impliquent une compétition pour le pouvoir, il n'en demeure pas moins vrai qu'en démocratie, cette compétition doit être sereine, loyale et basée sur les idées, les programmes politiques et les projets de société”, a soutenu M.Busokoza à l'endroit des responsables des partis politiques et des acteurs politiques, en procédant à l'ouverture d'un séminaire consacré aux élections de 2015.

Selon M. Busokoza, pour prévenir les conflits électoraux, qui sont “souvent stériles”, les responsables des partis politiques doivent encadrer leurs militants, surtout les jeunes. Cet en-cadrement politique, a-t-il souligné, doit être mené “autour de programmes politiques rassembleurs, et dénués de toute velléité démagogique”. Xinhua

L e Burundi devrait promulguer en décembre un nouveau code électoral qui prévoit un bulletin unique et des scrutins combi-

nés pour les écheances de 2015, a déclaré vendredi 8 novembre le commissaire chargé de la communication et de l'éducation civique, Prosper Ntahorwamiye.

“Les inconvénients de beaucoup de scrutins en très peu de temps, ça fatigue les électeurs, ça coûte cher et ça alourdit aussi la logistique”, a expliqué M. Ntahorwamiye, qui intervenait en marge des assises sur les mécanismes de gestion des contentieux électoraux organisées par la commission électorale nationale indépendante (CENI).

Le projet de loi comprendrait l’organisation en une seule journée de la présidentielle, des législatives et des communales.

Par ailleurs, a-t-il ajouté, le bulletin de vote unique coûte moins cher et contribue à alléger les opérations de vote. “Nous pensons qu'il faut alléger le processus électoral pour le rendre de plus en plus crédible”. Xinhua

Les partis appelés à faire preuve de loyauté

Un nouveau code électoral en gestation

Burundi

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18 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

Une société suisse soupçonnée de complicité de crime de guerre en RDC

C ette mise en examen fait suite à une plainte pénale déposée lundi également par l’ONG

Trial (Track Impunity Always), basée à Genève, qui soupçonne Argor-Heraeus d’avoir blanchi de l’or pillé dans les mines de République démocratique du Congo (RDC).

“L’enquête menée et les preuves rassemblées indiquent qu’Argor-Heraeus SA aurait raffiné entre 2004 et 2005 près de 3 tonnes d’or pillé en RDC par un groupe armé finançant ses opérations par le trafic de cet or”, a déclaré l’ONG.

Selon Trial, “l’entreprise d’affinage savait ou aurait dû présumer que le minerai prove-nait du pillage, un crime de guerre”.

Trial a soumis les preuves dont elle dispose auprès du

procureur suisse, qui a immé-diatement décidé l’ouverture d’une enquête à l’encontre de cette société suisse basée dans le Tessin (sud) “pour complicité de crime de guerre et pillage”. Argor-Heraeus a en revanche réfuté ces accusations.

La dénonciation de Trial fait suite aux enquêtes sur la filière de l’or pillé congolais menées dès les années 2004-2005 par le Groupe d’experts des Nations unies sur la RDC, dans le cadre de la surveillance de l’embargo sur les armes à destination de ce pays. Toutes les entreprises africaines impliquées dans cette affaire avaient alors été sévère-ment sanctionnées par le Con-seil de sécurité, contrairement aux entreprises occidentales, malgré les recommandations du Groupe d’experts, déplore Trial.

Selon Trial, le Front natio-naliste intégrationniste (FNI), un groupe armé actif dès 2002 au nord-est de la RDC qui avait pris le contrôle de la ville de Mongbwalu (Ituri) et de la concession aurifère appelée “Concession 40” exploitait cette concession, en violation de l’embargo du Conseil de sécurité des Nations unies (de 2003), pour financer ses opéra-tions et acheter des armes.

RDC, Ouganda, Jersey, Suisse

Avec le soutien et les avions d’un homme d’affaires local, une part importante de cet or a été vendue en Ouganda à la société Uganda commercial impex ltd (UCI) qui revendait à son tour cet or à la société Hussar (Jersey), qui a chargé

la société suisse Argor-Heraeus SA de raffiner l’or entre juillet 2004 à juin 2005. Les lingots d’or raffinés étaient ensuite acquis par des institutions bancaires, affirme Trial.

Dans un communiqué dif-fusé lundi, Argor-Heraeus a refusé “fermement ces accusa-tions pour des faits dont elle avait déjà été blanchie dans le cadre d’enquête approfon-dies menées par l’ONU, Seco (Secrétariat d’Etat suisse à l’économie) et Finma (l’autorité suisse de surveillance des mar-chés financiers)”.

La société a ajouté par ail-leurs qu’en 2005, elle a “décidé de refuser de travailler des mé-taux précieux en provenance de cette région et de cesser par précaution tout rapport com-mercial avec Hussar”.

AFP

J U S T I C E

Le procureur fédéral suisse a ouvert lundi 4 novembre une enquête à l'encontre de la société suisse Argor-Heraeus pour complicité de crime de guerre et pillage, dans une affaire de blanchiment d'or pillé en RDC en 2004.

L a justice ivoi-r i e n n e d o i t s ' a c t i v e r s u r l ' i n s t r u c t i o n

d'un charnier découvert en 2000 à Abidjan, qui 13 ans après les faits continue de faire polémique, a déclaré vendredi 8 novembre le président d'une associa-tion de victimes.

Le 26 octobre 2000, un charnier de 57 corps était dé-couvert dans le quartier de Yo-pougon, après trois journées de violences ayant suivi l'élection du président Laurent Gbagbo.

Huit gendarmes poursuivis dans cette affaire ont été ac-quittés le 3 août 2001, faute de preuves. Douze témoins avaient alors refusé de venir déposer, soulignant craindre pour leur sécurité puisque le procès se

Charnier de Yopougon : Des familles de victimes entendues

déroule dans un camp de gen-darmerie.

En novembre 2011, le Collec-tif des victimes en Côte d'Ivoire (CVCI) avait demandé une réouverture de l'instruction, pour faire entendre de nou-veaux témoins.

Les témoins toujours pas entendus

Jeudi, soit deux ans plus tard, le parquet d'Abidjan a reçu 10 membres de familles des victimes, selon le CVCI. Les témoins n’ont toujours pas été entendus.

“Les gens n'ont pas de vo-lonté politique de rouvrir ce dossier. Ils se disent que c'est sensible”, constate Issiaka Di-aby, président du CVCI. “Tout le monde ne parle que de récon-ciliation, alors que la justice, les

droits des victimes, personne n'en parle”, soupire-t-il.

Le charnier de Yopougon est couvert par plusieurs lois d'amnistie prises sous le régime Gbagbo, explique Bruno Koné, le porte-parole du gouverne-ment. “On ne va pas remettre en cause tout ce qui a été fait avant”, lance-t-il.

Ce charnier reste un sym-bole de l'histoire ivorienne récente. Le 28 octobre dernier, au lendemain d'une célébration du CVCI, Notre voie, journal pro-FPI, le parti de Laurent Gbagbo, l’a qualifié de “mon-tage grossier” et de “création”

du RDR, le parti du président Alassane Ouattara.

Le CVCI a porté plainte con-tre ce quotidien.

Le charnier de Yopougon, dé-couvert au lendemain d'affron-tements ayant fait 155 morts, la plupart du RDR, selon des chiffres d'époque de cette for-mation, a été l'un des premiers évènements sanglants ayant frappé la Côte d'Ivoire.

Ce conflit a pris fin en avril 2011 avec le renversement de M. Gbagbo et l'arrivée au pou-voir du vainqueur de l'élection d'octobre 2010, Alassane Ouat-tara. AFP

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19 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

RFI

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Mali : Des avancées dans l'enquête sur l'assassinat des envoyés spéciaux de RFI

J U S T I C E

U n T o u a r e g d u nom de Bayes Ag Bakabo est re-cherché depuis

jeudi 7 novembre. Il est le propriétaire du véhicule qui a servi à l’enlèvement de Ghis-laine Dupont et Claude Verlon, respectivement journaliste et technicien de Radio France Internationale (RFI), assassi-nés samedi 2 novembre, selon une source sécuritaire malien-ne proche de l’enquête qui a ajouté qu’il était “très fortement soupçonné d’avoir planifié les enlèvements pour le compte d’Aqmi”, Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Panne du véhicule des ravisseurs

Des policiers français se trouvent depuis lundi 4 novem-bre au Mali, après l’ouverture par le Parquet de Paris d’une enquête pour “enlèvements suivis de mort en relation avec une entreprise terroriste”.

Selon cette source, Ag Ba-kabo appartient à “la même

tribu” qu’Ambéry Ag Rhissa, un responsable de la rébellion touareg du Mouvement na-tional de libération de l’Azawad (MNLA) à Kidal que les deux journalistes venaient juste d’interviewer. C’est devant son domicile qu’ils ont été enlevés, avant d’être tués moins de deux heures plus tard à une dizaine de kilomètres de la ville.

U n e s o u r c e m i l i t a i r e africaine à Kidal précise que

l’exécution de Ghislaine Dupont et Claude Verlon pourrait avoir été provoquée par “la panne” du véhicule des ravisseurs et leur crainte d’être traqués et rattrapés par l’armée française lancée à leur recherche.

Les deux journalistes étaient initialement “très probable-ment” destinés à être remis à la katiba (unité combattante) d’Aqmi dirigée par Abdelkrim Targui, selon elles. Celui-ci est

un ancien lieutenant touareg d’Abou Zeïd, un des chefs d’Aqmi tué en début d’année lors de l’offensive militaire tchadienne et française dans le massif des Ifoghas, dans la région de Kidal.

“Réponse aux crimes” contre l’Azawad

Dans une déclaration mer-credi à l’agence de presse mau-ritanienne en ligne Sahara Medias, Aqmi a revendiqué l’as-sassinat des deux Français.

“Cette opération intervient en réponse aux crimes quoti-diens commis par la France contre les Maliens et à l’oeuvre des forces africaines et interna-tionales contre les musulmans de l’Azawad”, nom donné par les Touareg au nord du Mali, selon l’organisation.

Aqmi considère que l’assassi-nat des journalistes “constitue le minimum de la facture que (le président français) Hollande et son peuple doivent payer en contrepartie de leur nouvelle croisade” au Mali. AFP

Claude Verlon et Ghislaine Dupont

L’enquête sur le rapt et le meurtre de deux journalistes français à Kidal (nord du Mali) a enregistré une avancée importante, avec l’identification très probable de celui qui aurait “planifié” cette action.

L e Conseil de sécurité des Nations unies a “fermement con-damné” l'enlèvement et l'exécution samedi 2 novembre de

deux journalistes français de Radio France internationale (RFI) à Kidal, dans le nord du Mali.

“En accord avec le droit international humanitaire, les journalis-tes, professionnels des médias et personnes associées engagées dans des missions professionnelles dangereuses dans des zones de conflit armé sont généralement considérés comme des civils et doivent être respectés et protégés en tant que tels”, a souligné un communiqué publié le soir même, demandant à “toutes les parties” impliquées dans un conflit de respecter ces obligations.

Le Conseil de sécurité a également demandé au Mali d'enquêter “rapidement” sur cette affaire et de “traduire les responsables devant la justice”.

Les circonstances précises de la mort des deux journalistes, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, restent inconnues. AFP

Le Conseil de sécurité "condamne fermement" Dans l’urgence,

donner lespremiers soins

www.msf.chCCP 12-100-2

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20 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

Côte d'Ivoire : Des condamnations à 20 ans de prison dans le "Procès du cacao"

J U S T I C E

L a disproportion entre la lourdeur de la peine infligée et l’absence de mandat de dépôt

assortie à cette sanction in-terpelle les connaisseurs du dossier comme les défenseurs des prévenus, qui qualifient ce jugement “d’effet d’annonce” ou de décision “politique”.

“La loi permet” un tel grand écart, souligne Me Emmanuel Yao, le défenseur de Théophile Kouassi, l’un des condamnés, mais ce contraste “montre simplement que la justice est mal à l’aise”, assure-t-il. “En vingt ans d’exercice, je n’avais jamais vu ça”.

Me Chrisostome Blessy, avo-cat de Lucien Tapé Doh, estime la condamnation “excessive”. “Le droit n’a pas été pénétré par ce qui fait sa force, la vérité. Nous allons bien évidemment faire appel de cette décision”, a-t-il indiqué.

Les faits reprochés aux pré-venus sont pourtant graves: “détournement de fonds, abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie, faux et

usage de faux en écriture privée de banque”... peut-on lire dans la copie du jugement.

L’ampleur des malversations a été évaluée à 540 milliards de francs CFA (824 millions

d’euros) par la cour pour la période 2002-2008, selon Me Luc Adjé, avocat de Henri Kassi Amouzou.

Les condamnés, alors que le prix du cacao était dérégle-menté, ont notamment récu-péré l’argent de taxes à leur fins personnelles, au détriment des planteurs, raconte une source proche du dossier.

Des “lampistes” ?

Cinq des prévenus, dont MM. Amouzou, Kouassi et Tapé Doh, ont été condamnés à 67 milliards de francs CFA (plus de 100 millions d’euros) de dom-mages et intérêt solidairement, d’après le jugement rendu à la chambre correctionnelle du tribunal d’Abidjan-Plateau.

Treize autres accusés ont été

relaxés.“Ce qui est particulier dans

cette condamnation, c’est que ce sont des lampistes qui ont été utilisés. Tout l’argent volé était soumis à la signature

des ministères”, mais aucun politicien d’envergure n’est inquiété, note un connaisseur du dossier.

Et cette source d’ajouter: “Il y a tellement de sous-entendus ou de raisons politiques der-rière cette affaire que ces gens seront ménagés”.

D’après une étude de Global Witness parue en 2007, l’argent du cacao a servi à financer le conflit en Côte d’Ivoire, qui a pris fin avec l’élection d’Alassane Ouattara, après des violences post-scrutin qui ont fait plus de 3.000 morts en 2010-2011.

“Entre l’absence de mandat de dépôt et l’appel à venir, les condamnés ne risquent pas d’aller en prison”, juge la même source.

En rendant sa décision,

le juge Hamed Souleymane Coulibaly a de son côté salué l’“épilogue” d’un procès “hors-norme”, qui a duré 18 mois, a excédé “le million de pièces” au dossier, pour des infractions portant sur “des centaines de milliards” de FCFA.

Ce procès a été “éprouvant” pour les prévenus, dont “la vie s’est arrêtée depuis 2008”, a commenté le magistrat.

L’affaire du café-cacao dé-bute sous la mandature de Laurent Gbagbo. En octobre 2007, une vaste enquête judi-ciaire est ouverte à la demande de l’ex-président, qui aboutit à l’arrestation en juin 2008 de la quasi-totalité des responsables de la juteuse filière, dont cer-tains de ses proches.

Vingt-deux prévenus sont remis en liberté en janvier 2011, après deux ans et demi de dé-tention provisoire.

Le procès est ensuite ren-voyé à plusieurs reprises, dont la dernière fin octobre pour “dysfonctionnement de la sono” de la salle d’audience.

AFP

Par Joris Fioriti et Evelyne Aka, à Abidjan

Un Rwandais qui vit au Danemark et dont Ki-gali a demandé l'extra-

dition pour son rôle dans le génocide de 1994 a saisi la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), a indiqué son avocat jeudi 7 novembre.

Emmanuel Mbarushimana, 51 ans, a épuisé tous ses re-cours au Danemark, y compris le dernier, mercredi, devant la Cour suprême.

Son avocat, Bjoern Elmqvist, a expliqué qu'il était sûr de ne pas obtenir de procès équitable

Quatorze anciens dirigeants de la filière cacao de Côte d'Ivoire, premier producteur mondial, ont été condam-nés mercredi 6 novembre à 20 ans de prison pour des malversations massives par un tribunal d'Abidjan, qui n'a toutefois pas demandé leur incarcération.

La CEDH saisie sur l'extradition d'un Rwandais du Danemark

dans son pays d'origine car “il craint que les tribunaux là-bas ne soient pas indépendants”.

“Il voulait faire venir des témoins au Danemark, qui au-raient pu dire à la cour que les conditions réelles ne correspon-dent pas à la lettre de la loi”, a ajouté l'avocat.

Suspension du processus d’extradition

L'appel devant la Cour de Strasbourg suspend le proces-sus d'extradition pour une du-

rée indéterminée, qui pourrait être de plusieurs années.

Un autre justiciable réclamé par le Rwanda, Sylvère Ahoru-geze, avait pu rester en Suède plus de deux ans, entre 2009 et 2011, en attendant la décision de la CEDH.

M. Mbarushimana, qui vit au Danemark depuis 2001, a été condamné en 2008 par contu-mace pour génocide. Le Dane-mark avait d'abord envisagé de le traduire devant ses propres tribunaux, mais ne pouvait le faire que pour “assassinats”,

l'introduction du génocide dans son code pénal datant d'après les faits.

La Cour suprême danoise a indiqué dans sa décision mercredi qu'elle avait examiné les conditions de la Justice rwandaise à travers un rapport d'un policier norvégien qui s'est rendu dans la prison de Kigali pour y rendre visite à un homme extradé pour génocide, Charles Bandora, et avec les informations données par les organisations de défense des droits de l'homme. AFP

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21 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

Q uelque 72 clandes-tins - 20 femmes et 52 enfants - “ont été retrouvés en plein

désert par une délégation du gouvernorat d’Agadez partie (lundi) matin se recueillir sur les tombes des migrants récem-ment décédés entre l’Algérie et le Niger”, a indiqué Azaoua Mamane, responsable de l’ONG Synergie.

Une source sécuritaire a con-firmé l’information sans donner

plus de précisions.Ce sauvetage contraste avec

la tragédie vécue début octobre qui a vu 92 migrants, essentiel-lement des femmes et des en-fants, mourir de soif dans le Sahara alors qu’ils cherchaient à rejoindre l’Algérie. Seuls 21 ont survécu.

Selon M. Mamane, les res-capés de lundi “paraissent fatigués et ont faim” mais ont “l’air en bonne santé”.

Tous ont été ramenés à Arlit

à bord des 4x4 de la déléga-tion du gouverneur d’Agadez, le colonel Garba Maïkido, a précisé Azaoua Mamane, dont l’ONG est basée à Arlit, dernière ville du nord du Niger avant la frontière algérienne.

Agadez est la grande ville du nord du pays, considérée comme la principale zone de transit pour le migrants à des-tination de l’Algérie et surtout de la Libye.

Baraka Souley, l’une des

femmes du groupe, a raconté que ces migrants originaires du sud du Niger, qui vivaient de “la mendicité” en Algérie, avaient “volontairement dé-cidé de rentrer au pays après l’annonce des décès atroces” de leurs compatriotes.

Selon elle, l’un des pneus de leur camion, qui était parti lundi matin de Tamanrasset (sud de l’Algérie), a crevé dans le désert, provoquant la panique au sein des passagers. AFP

Niger : 72 migrants sauvés dans le désert

D E P L A C E S / R E F U G I E S

L e Comité interna-tional de la Croix-Rouge (CICR) et

les Comités nationaux de la Croix-Rouge de Côte d'Ivoire et du Liberia ont lancé conjointement jeudi 7 novembre une campagne d'affichage pour retrouver les parents d'enfants sans nouvelles de leurs familles depuis la crise post-électo-rale de 2010-2011 en Côte d'Ivoire.

“Des affiches avec les pho-tos de 41 jeunes ivoiriens à la recherche de leurs parents sont placardées sur tout le territoire

72 migrants nigériens de retour d’Algérie ont été sauvés lundi 4 novembre par un convoi officiel alors que le camion qui les tranportait était immobilisé en plein désert, un pneu crevé.

Campagne pour réunir les familles ivoiriennesde la Côte d'Ivoire et du Libe-ria”, selon un communiqué du CICR publié jeudi.

Au total, 83 enfants et adul-tes vulnérables ivoiriens ont pu être réunis avec leurs familles grâce aux efforts conjoints du CICR et des Sociétés nationales de la Croix-Rouge entre octobre 2012 et novembre 2013, selon le communiqué.

850 enfants identifiés

Toujours selon le texte, quelque 850 enfants ivoiriens non accompagnés, réfugiés principalement au Liberia et en Guinée, ont été identifiés

depuis la fin de la crise post-électorale qui a fait au moins 3.000 morts.

“Plus de 550 d'entre eux ont pu rétablir le contact avec leurs familles en Côte d'Ivoire, et environ 250 ont pu rentrer chez eux” mais il reste “aujourd'hui encore plus de 40 enfants pour lesquels les recherches se pour-suivent”, souligne le docu-ment.

A en croire le responsable du programme de regroupement familial du CICR à Abidjan, Christopher Herby, les affiches des 41 enfants sont placardées “dans tous les bureaux Croix-Rouge, dans les administrations

locales et divers lieux publics, comme les marchés, les églises et les mosquées”.

“Ces enfants et adolescents qui vivent actuellement au Liberia, en Guinée et en Côte d'Ivoire recherchent désespéré-ment leurs proches”, indique M. Herby invitant “tout un chacun à venir consulter au plus vite ces photos”.

Christopher Herby appelle “toute personne qui reconnaî-trait un enfant à prendre con-tact avec n'importe quel bureau du CICR ou de la Croix-Rouge que ce soit en Côte d'Ivoire ou au Liberia”.

Xinhua

P lus des deux tiers des quelque 300.000 réfugiés ivoiriens sont rentrés au pays depuis leur départ en

2010-2011, a annoncé samedi 9 novembre le HCR.Quelque 80.000 d'entre eux vivent encore dans des camps,

très majoritairement au Liberia (58.000 réfugiés) et au Ghana (8.500), ainsi qu'en Guinée, au Togo, ou encore au Mali, selon les derniers chiffres du Haut commissariat aux réfugiés, qui datent de septembre.

Plus de 220.000 réfugiés sont rentrés en Côte d'Ivoire depuis 2011, dont 45.000 via le HCR - le reste l'a fait spontanément -, a estimé Ann Encontre, la représentante de cette agence onusienne en Côte d'Ivoire. Les retours se font depuis des mois à un rythme régulier, a-t-elle ajouté.

Le HCR veut “mettre les moyens” pour accélérer la tendance entre janvier et juillet 2014 et faire baisser le nombre de réfugiés ivoiriens à 20 à 25.000 d'ici l'été prochain, a observé la respon-sable du HCR.

Des milliers d'entre eux ne rentreront “jamais” en Côte d'Ivoire car ils savent avoir des choses à se reprocher (crimes, vols) et

Les deux tiers des réfugiés ivoiriens sont rentréscraignent des représailles, a cependant remarqué une source humanitaire, sous couvert d'anonymat.

De nombreux réfugiés, surtout originaires de l'ouest du pays ou d'Abidjan, les zones où les violences ont été les plus vives en 2010-2011, ont fui la Côte d'Ivoire au plus fort du conflit ou juste après ce dernier.

Nombre de réfugiés invoquent “la peur” de ce qui les attend de retour chez eux pour rester dans les camps, a expliqué Ann Encontre.

Le HCR organise des missions “go and see” et “come and tell” (“allez voir” et “revenez en parler”) pour de petits groupes de réfugiés, qui partent en éclaireurs dans leur villages d'origine, pour ensuite revenir dans les camps et expliquer ce qu'ils ont vu.

Les adultes et mineurs rentrant via le HCR reçoivent respec-tivement 75.000 et 50.000 francs CFA (environ 115 euros et 75 euros), ainsi que de la nourriture et des ustensiles ménagers de base. Le Haut commissariat aux réfugiés a budgétisé plus de 20 millions de dollars (15 millions d'euros) pour le seul retour au pays des Ivoiriens en 2013. AFP

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22 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

E N V I R O N N E M E N T

A l'occasion de la 27ème journée congolaise de l'Arbre, les membres du

gouvernement, des deux cham-bres parlementaires, du haut commandement militaire, des associations et des formations politiques ainsi que les diplo-mates en poste au Congo ont planté 800 arbres mercredi 6 novembre à Brazzaville.

“Le besoin de fournir aux populations un air sain et un cadre de vie agréable nécessite la création d'autres forêts intra-urbaines, afin d'augmenter la capacité d'absorption du gaz carbonique par ces poumons verts dans les villes”, a déclaré le représentant du ministre con-golais de l'Economie forestière et du Développement durable,

L a réserve de biosphère de Luki, à 140 km de Matadi, capitale de la province du Bas-

Congo, se dégrade peu à peu, perdant sa grande diversité d’espèces. Depuis quatre ans, elle subit une déforestation ac-célérée qui résulte du commerce du charbon et de la collecte de bois de chauffe.

Chef de programme du Fonds mondial pour la nature au Bas-Congo, Laurent Nsenga affirme qu’une cinquantaine de villages, installés à proximité de la réserve, exercent sur celle-ci une intense pression.

A côté de l’agriculture de subsistance, le commerce de viande de brousse qui prospère dans la province encourage le braconnage à grande échelle. De nombreux scieurs de long s’y sont établis et exploitent abusivement les bois sous le regard passif des gestionnaires de la réserve.

En 2012, une importante car-gaison de bois a été saisie dans la zone centrale de la réserve. Arrêté et mis à la disposition de la justice, le propriétaire, ancien cadre de la réserve converti en scieur, avait été relâché non sans récupérer sa marchandise à la stupéfaction générale.

Menaces d’exclusion

“C’est inimaginable. Ils cou-pent du bois en toute quiétude et parfois sans tenir compte de l'âge des arbres comme si cette réserve était comparable à une porcherie sans maître”, s'inquiète Julien Muanza, un paysan de Mangala, une agglo-mération proche de ce site.

Les travailleurs, frustrés, sont formels: si rien n’est fait, leur paysage se transformera dans quelques années en une zone de forêt secondaire, juste bonne pour l'agriculture vi-

vrière. Comme le font déjà certains villages établis dans les zones protégées.

Pourtant, depuis près de deux ans, les responsables de l’Unesco brandissent la menace de rayer de la liste des aires pro-tégées la réserve de biosphère de Luki si le gouvernement congolais ne prend pas des mesures nécessaires pour as-surer sa survie.

La réserve de Luki, font-ils remarquer, “ne répond plus, en l'état où elle se trouve, aux normes de l'Unesco qui exigent la protection sans faille de sa biodiversité. Et d'ici fin 2014, si rien n'est fait pour améliorer et renforcer son système sécu-ritaire, elle sera d'office” retirée, promettent-ils.

Domaine boisé de l’Etat créé en 1937, la réserve de biosphère de Luki est l’une des deux seules zones de forêt primaire restantes dans la province du Bas-Congo. Elle a été reconnue comme aire protégée par l’Unesco en 1979.

Elle couvre une superficie totale de 33.000 hectares.

En 2011, l'Organisation des Nations unies pour la protec-tion de l'environnement y avait dépêché ses émissaires pour faire un état de lieux. Dans leur rapport, les experts recom-mandaient au comité national MAB (Man and the biosphere)/RDC d’installer au plus vite “des caméras et des vidéothèques de sécurité dans cette réserve compte tenu de l'immensité de ses étendues”. Mais rien n'a été fait depuis lors.

Nombre d'espèces réduit de moitié

Après les zones tampon et de transition de la réserve où presque tous les bois précieux tels que les “limbas plan-tains” sont sauvagement sciés, leurs destructeurs au nombre desquels les paysans des villages environnants s'attaquent depuis l'an dernier à sa zone centrale

Bas-Congo : Luki, une réserve de biosphère en voie de disparition

L’une des deux seules zones de forêt primaire de la province du Bas-Congo, la réserve de biosphère de Luki, ex-ploitée par les riverains pour son bois et ses animaux, perd rapidement sa grande biodiversité qui fait sa spécificité. L’Unesco menace de la sortir de la liste des aires protégées si rien n’est fait pour assurer sa protection.

très riche en “tola”. Damien Nlandu Panzu, res-

ponsable chargé des travaux forestiers et cartographe de la réserve regrette que “de 1.052 espèces floristiques et près d'une soixantaine d'espèces fau-niques qu'elle comptait jadis, il n'en reste plus que près de la moitié pour chacune d'elles”.

Laurent Nsenga, du WWF, préconise la création de bar-rières notamment à Kai-Kalunga à l'entrée et au village Monzi, à la sortie de la réserve. “Chacune disposera des certificats qu'elle aura à délivrer à tout véhicule transportant du charbon ou de bois afin d'attester leur prove-nance”, suggère-t-il.

Relique de la forêt du May-umbe unique en son genre, la réserve de Luki est aussi intégrée dans un processus transnational qui rassemble la RDC, l’Angola et le Congo/Brazzaville.

Dieudonné Muaka www.syfia-grands-lacs.info

Brazzaville : 800 arbres plantésLéon Samba.

“Cette journée nationale de l'Arbre constitue une occasion favorable de sensibilisation et d'éducation de la population sur le rôle important que jouent l'arbre et la forêt au niveau na-tional, régional et mondial”, a par ailleurs indiqué M. Samba, précisant que cette stratégie a permis de créer plusieurs mas-sifs forestiers et d'arboriser des artères dans tous les départe-ments du pays.

La journée national de l'Ar-bre, instituée en 1984, a été pla-cée cette année sous le thème: “Le reboisement, un moteur pour l'émergence de l'économie verte au Congo”.

En novembre 2011, lors de la 25ème Journée nationale de l'Arbre, le président congolais Denis Sassou Nguesso avait lancé un programme national visant à planter en 10 ans un million d'hectares.

Xinhua

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23 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

Vers une liaison ferroviaire Niamey-Cotonou en 2015

E C O N O M I E

L e président ni-gérien Mahama-dou Issoufou, en visite au Bénin,

s’est engagé jeudi 7 novem-bre avec son homologue béninois à réhabiliter et compléter la liaison fer-roviaire entre Niamey et Cotonou, dont le port est “stratégique” pour l’exportation de l’uranium nigérien.

Les deux chefs d’Etat au-raient en outre porté leur choix sur le groupe français Bolloré comme le partenaire straté-gique du projet.

“Nous sommes engagés à réhabiliter la portion de chemin de fer entre Cotonou et Para-

kou (dans le nord du Bénin), et à compléter la réalisation des rails jusqu’à Niamey”, a déclaré M. Issoufou à la presse, à l’issue de sa rencontre avec le président béninois Thomas Boni Yayi.

“C’est un réseau ferroviaire long d’environ 1.200 km et qui devra nous servir dans les rela-tions commerciales entre nos Etats. Le port de Cotonou est pour nous stratégique”, a-t-il ajouté.

1,2 milliard d’euros

“Les travaux vont coûter au total 1,2 milliard d’euros et (le chemin de fer) doit être livré au plus tard en septembre 2015”, a précisé le ministre béninois des

Transports Ake Natonde.Pour réaliser ce projet, les

présidents nigérien et béninois ont décidé de créer une société multinationale chargée de la réhabilitation, de la construc-tion et de l’exploitation du chemin de fer, d’un capital de 70 milliards de francs CFA, ont-ils déclaré lors d’une conférence de presse.

Ce capital, ont-ils expliqué, sera réparti à 10% pour le Bé-nin, 10% pour le Niger, 20% pour les partenaires privés du Bénin, 20% pour les partenaires privés du Niger et 40% pour un partenaire stratégique, qu’ils ont identifié comme étant la société française Bolloré.

Ce partenaire stratégique, ont-ils poursuivi, se chargera de

la mobilisation des ressources nécessaires pour des travaux qui devraient démarrer au plus tard fin mars 2014.

Le Niger est l’un des plus grands producteurs mondiaux d’uranium, acheminé jusqu’à présent par camion jusqu’aux ports de son voisin béninois d’où il est exporté.

“L’accord intervenu à Coto-nou ce soir met fin à plusieurs années de contact et de travail entre les deux pays”, a estimé M. Natonde.

Il s’agira d’un important tronçon de l’axe ferroviaire ouest-africain qui reliera, à terme, Abidjan, Ouagadougou, Niamey, Cotonou et Lomé, a précisé le chef de l’Etat ni-gérien. Xinhua, AFP

L a commissaire grecque a annoncé qu'elle allait proposer aux ministres

des 28 pays membres de l'UE “d'identifier ces pays comme non-coopératifs dans la lutte” contre la pêche illicite, en in-tervenant lors d'une conférence sur ce thème à Bruxelles.

Si les ministres s'accordaient pour inscrire le trio sur une liste noire, cela entrainerait la fer-meture du marché européen à “tous les produits de pêche pris par des bateaux de ces pays”, a-t-elle mis en garde.

“Des accords bilatéraux de pêche ou des partenariats se-raient aussi hors de question”, a-t-elle ajouté.

Pour lutter contre les pê-cheurs-pirates, dans le cadre de sa politique anti-surpêche, la Commission européenne concentre dans l'immédiat ses efforts sur les Etats côtiers ou dispensateurs de pavillons, ac-cusés de fermer les yeux.

Dans la perspective de l'éta-blissement d'une liste noire, elle avait mis en garde huit pays il

Pêche : La Guinée menacée de sanctions

y a un an, mais a entretemps reconnu que cinq d'entre eux - Togo, Fidji, Sri Lanka, Panama et Vanuatu - avaient fait des “progrès crédibles” contre la pêche illicite.

La Commission a ainsi déci-dé de leur laisser plus de temps, avant une nouvelle évaluation en mars prochain, a affirmé Mme Damanaki.

Elle a relevé qu'ils avaient fait preuve de “bonne volonté”, en adoptant “de nouvelles légis-lations, et amélioré les contrôles et inspections”.

“Pas d’autre choix”

“Ce n'est pas le cas du Bélize, du Cambodge et de la Guinée (...) ce qui ne me laisse pas d'autre choix que de passer à l'étape suivante”, a-t-elle dit.

La Commission publie, par ailleurs, une liste noire des ba-teaux accusés de pêche illicite à travers les eaux du globe, dont la dernière version comptait 66 navires.

Au moins une dizaine sont

liés, selon Greenpeace, à des propriétaires européens récidi-vistes.

Les navires désignés comme “pirate”, en l'état tous imma-

triculés hors de l'UE, ne peuvent y vendre leurs prises, alors que 65% des poissons consommés par les Européens sont importés de pays tiers. AFP

La commissaire européenne à la Pêche, Maria Damanaki, a agité mardi 5 novembre la menace de sanctions commerciales contre la Guinée, ainsi que le Bélize et le Cambodge, pour incurie face à la pêche illégale.

L a Caisse régionale de refinancement hypothécaire de l'UEMOA (CRRH-Uemoa) a mis 20,2 milliards de francs CFA (plus de 44

millions de dollars) à la disposition de sept banques sous-régionales pour des besoins de financement de l'habitat sur dix ans, a annoncé cet organe mardi 5 novembre.

Il s'agit de quatre filiales du groupe panafricain Ecobank, de deux filiales de la BSIC et d'une filiale du groupe Orabank.

L’intervention vise à injecter dans lesdites banques des res-sources leur permettant de financer l’accès à l’habitat par des prêts sur des périodes allant jusqu’à 10 ans, a expliqué Christian Agossa, directeur général de CRRH-Uemoa.

Cette somme a été mobilisée à l'issue d'un emprunt sur le marché de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UE-MOA) pour répondre aux besoins de financement exprimés par les banques de l'espace.

Cette opération en faveur des sept banques porte à trois le nom-bre des opérations de refinancement de la CRRH-Uemoa qui a mo-bilisé au total 50,8 milliards de francs CFA en quatorze mois.

Accès au logementL'UEMOA injecte 20 milliards de francs CFA

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24 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 57- Lundi 11 Novembre 2013

Afrique : La production de gaz pourrait doubler en 20 ans

E C O N O M I E

L a production de gaz naturel en Afrique pourrait doubler en 20

ans, ce qui constituerait un important accélérateur de croissance pour le con-tinent, a annoncé mercredi 6 novembre l’Union inter-nationale de l’industrie du gaz (UIG).

“L’Afrique est en phase de croissance sur la scène gazière internationale, avec une augmentation de 60% de ses réserves prouvées depuis 2000”, a affirmé le Français Jérôme Ferrier, président de l’UIG, lors de l’ouverture d’une conférence sur le gaz dans le golf de Guinée, à Abidjan.

Les réserves du continent pourraient même “doubler d’ici 2020”, a souligné M. Ferrier.

Pour ce qui est de la produc-tion gazière, elle pourrait égale-

ment doubler d’ici 2035, pour passer de 200 à 400 milliards de mètres cubes par an.

L’UIG, qui regroupe 83 pays dont 10 africains et couvre 95% du marché du gaz naturel, a qualifié le développement de cette ressource de “réelle op-portunité pour l’Afrique” et de “facteur important” pour la “croissance économique et sociale du continent”.

“La recherche d’un gaz abon-dant et à prix raisonnable est une nécessité vitale pour la Côte d’Ivoire” alors que le prix du baril de pétrole avoisine actuellement les 100 dollars, a souligné Adama Toungara, le ministre ivoirien du Pétrole et de l’Énergie.

La Côte d’Ivoire aspire à devenir une plateforme énergé-tique dans l’Afrique de l’Ouest, a indiqué le ministre.

En témoigne la politique “agressive de promotion de

l’exploration et de la production gazière et pétrolière” d’Abidjan, qui a signé “17 contrats de partage de production les 20 derniers mois”, a expliqué M. Toungara.

Moins de 20% des Africains ont accès à

l’électricité

A peine 20% des Africains de l’Ouest ont accès à l’électricité, malgré les considérables res-sources en énergie du conti-nent, notamment en gaz, selon un rapport de la Communau-té économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Avec une population de 300 millions d’habitants, soit un tiers des habitants du continent, l’Afrique de l’Ouest connaît l’un des plus faibles taux de consom-mation d’énergie moderne au monde, selon la Cédéao.

L’accès à l’électricité dans la

région est d’environ 20%, mais des écarts importants existent entre le taux d’accès dans les zones urbaines (40%) et en milieu rural (4 à 8%), selon la même source.

“Les défis énergétiques de l’Afrique sont immenses. L’accès à l’énergie est un défi majeur”, a affirmé le responsa-ble des programmes de gestion de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), Akmel Akpa.

Une “révolution énergé-tique” doit survenir en Afrique de l’Ouest où la population con-tinue d’utiliser “massivement le bois, le charbon, fumier, etc. comme source d’énergie”, a lancé M. Akpa.

“La région ouest-africaine fait partie des zones sinistrées en matière énergétique”, avait déploré Adama Toungara, à l’ouverture du séminaire. AFP

“S i on arrive à faire le même nombre de visiteurs que

l'année dernière, ce sera bien. J'ai bien peur qu'on baisse de 4 ou 5%”, a indiqué mercredi 6 novembre le président de l'Office national du tourisme malgache (ONTM), Eric Koller. En 2012, Madagascar avait enregistré 260.000 arrivées de touristes.

Sur l'île de Nosy Be (nord), principale destination à Mada-gascar où toute l'économie locale dépend du tourisme, il y a eu une baisse des ar-rivées depuis les événements d'octobre.

“On ne peut pas nier (une baisse) durant la première se-maine”, a indiqué à la directrice financière de l'office régional du tourisme, Sehenoniaina Andria-marosolo.

Madagascar redoute une baisse du tourisme

“En ce moment, l'activité touristique reprend”, a-t-elle ajouté en dépit du fait que la France conseille toujours de choisir une “destination alternative” depuis plusieurs braquages à Nosy Be.

Près de 60% des touristes à Madagascar viennent de France et de l'île voisine de la Réunion.

15% du PIB du pays

L'ONTM espère redresser la barre lors de deux salons profes-sionnels du tourisme à Londres et à Colmar (France) ce mois-ci, afin de défendre ce secteur qui représente 15% du PIB d'un pays très appauvri par la crise politique provoquée par le ren-versement du président Marc Ravalomanana début 2009.

“La première chose qu'on

peut dire est que jusqu'à main-tenant, l'élection s'est bien déroulée”, a souligné Vola Rave-loson, directrice exécutive de l'Office national. Après un pre-mier tour calme de la présiden-tielle le 25 octobre, le deuxième tour est prévu le 20 décembre. Le retour de l'aide internatio-nale dépend de sa réussite.

“A Nosy Be, il y a eu trop de tourisme déviant. Il y a des gens qui veulent aller à Nosy Be pour faire des pratiques malsaines, tourisme sexuel et autres. La population de Nosy Be en a eu marre, il est possible que ce qui s'est passé là-bas a été le résultat

de ce ras-le-bol”, a-t-elle noté à propos des lynchages de début octobre.

“Nous allons expliquer tout ça à l'étranger. Ce n'est pas la population malgache qui ne respecte pas les touristes, et elle n'est pas xénophobe. Il y a eu une situation qui a dépassé la limite du tolérable”, a ajouté Mme Raveloson.

L'enquête française sur l'une des deux victimes lynchées par une foule en colère à Nosy Be, le Français Sébastien Judalet, a entièrement démonté les rumeurs de pédophilie à son encontre. AFP

Madagascar redoute une baisse du tourisme cette année en raison de l'instabilité politique avant les élections générales et de la publicité négative du triple lynchage de Nosy Be, où deux touristes européens et un Malgache ont été tués début octobre.

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A G R I C U L T U R E

D ans son village Obala, dans le sud du Came-roun, Jean Olin-

ga explique à ses fils les rudiments de l’utilisation du maïs hybride, indi-quant que cette variété est élaborée à l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) à Yaoundé, la capitale.

M. Olinga, qui est un produc-teur agricole, ajoute que la com-mercialisation de cette variété de maïs a débuté en 2010 dans le pays. Selon lui, grâce aux semences hybrides, elle a un rendement de huit à 10 tonnes à l’hectare, contrairement à la variété composite la plus utili-sée sur le marché local et qui produit quatre à six tonnes de maïs à l’hectare.

Sur l’accès aux semences hybrides, M. Olinga déclare ne pas avoir de difficultés. “Quand j’ai besoin de m’en procurer, je vais à l’IRAD pour avoir des semences de bonne qualité”.

Toutefois, selon des organi-sations locales de la société civile, cette variété de maïs n’est pas très éloignée du maïs dit transgénique dont l’utilisation reste interdite au Cameroun.

Bernard Njongang, président de l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs, explique: “Ce n’est pas une variété à la disposition de tous. Un kilogramme de maïs hybride se vend à près de trois dollars (1.300 francs CFA) contre un peu plus d’un dollar (650 FCFA) pour le maïs composite qui est le plus utilisé à travers le pays”.

“Ce maïs hybride a de fortes contraintes, les mêmes d’ailleurs que le maïs transgénique, en

Cameroun : Les produits OGM au coeur du débat agricole

termes d’utilisation d’engrais et de pesticides”, ajoute M. Njongang.

Face à ces exigences, l’intro-duction, ou non, des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l’agriculture locale, est revenue au cœur des débats. En effet, une étude présentée en juillet par des chercheurs en biotechnologie de l’Université de Yaoundé I, indique que près de 25% des denrées alimentaires importées par le Cameroun con-tiennent des OGM. Parmi ces produits, figurent notamment les huiles de table, la sardine et le riz.

L’urgence de combattre l’insécurité alimentaire

Les promoteurs des OGM es-timent qu’il devient urgent de se référer à ce type d’agriculture, pour combattre l’insécurité alimentaire et la famine. Selon les dernières estimations du bureau local du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), un enfant sur trois souffre chaque année de famine au Cameroun.

L’agriculture transgénique permettra, selon eux, de subve-nir aux besoins alimentaires des populations. “En introduisant les OGM dans notre agriculture, nous pourrons augmenter le rendement tout en rendant les plantes capables de produire leur propre ‘biopesticide’ et de capter, dans l'air, l'azote dont elles ont besoin. Car la popu-lation croît plus vite que les biens alimentaires”, explique Hortense Dodo, experte en biotechnologie.

Une voie que les paysans sont tentés de suivre/ “Avec le maïs composite, nous arrivons

à peine à faire des récoltes de quatre tonnes par hectare, alors que ceux qui ont les moy-ens d’utiliser le maïs hybride doublent leur production. Si les OGM avaient été introduits au Cameroun, nous aurions pu faire des récoltes allant à 11 tonnes sur un hectare”, confie Joël Ondobo, cultivateur dans la région du Centre. “Il faut que le gouvernement trouve une solu-tion à ce problème”.

Selon Mme Dodo, “c’est un devoir scientifique que de mettre la pression sur les parle-mentaires afin de voter les lois sur la biosécurité et apporter un plus à l’agriculture nationale”.

Le ministère de l’Agriculture se dit ouvert au développement des biotechnologies, pour les perspectives d’autosuffisance alimentaire. Mais, Sylvestre Ndongo, responsable de la communication du programme maïs précise: “Ces semences [du maïs hybride] n’ont rien à voir avec les OGM. Elles sont mises au point à l’IRAD avec l’autorisation du gouvernement. Les manipulations ne sont pas les mêmes que pour le maïs OGM”.

Une loi qui attend ses décrets d’application

En 2010, la principale entre-prise agroindustrielle du pays, la Société de développement du coton (SODECOTON), comptait sur les OGM pour booster sa production de 30%. Seulement, la loi relative aux OGM, adoptée en avril 2003 par le parlement, n’est pas encore entrée en vi-gueur, son décret d’application n’ayant pas encore été pris par le gouvernement camerounais. Ce qui retarde la mise en œuvre

du plan d’action de la SODE-COTON.

Au Comité national de bio-sécurité, un responsable qui a requis l’anonymat, explique la lenteur dans la prise du décret d’application par le fait que la loi doit être révisée par des ju-ristes étrangers qui pourraient y corriger d’abord certaines insuffisances.

Samuel Essoungou Ndemba, président de l’Association came-rounaise pour la défense des consommateurs, déclare être favorable à la mise en œuvre de cette loi qui, dit-il, pourrait grandement aider le pays à lut-ter contre la famine si elle est bien élaborée et bien appliquée. Cependant, en l’état actuel, admet-il, la loi “comporte de nombreuses insuffisances sus-ceptibles de fausser le débat”.

Mais M. Njongang souligne: “Les semences OGM ne sont accessibles qu’aux grands ex-ploitants dont les exploitations font entre 200 et 500 hectares. Si de petits producteurs les utilisent, ils auront du mal à rentrer dans leurs frais. Les techniques agricoles dans ce do-maine sont très rigoureuses et, contrairement à ce que pensent les producteurs, ils ne sont pas encore assez outillés pour s’en servir”.

Sur la relation entre les OGM et la santé humaine, Ariane Mendouga, la présidente de l’ONG Populations saines, affir-me: “Jusque-là, rien n’a prouvé que ces transformations puis-sent affecter la santé des con-sommateurs. Seulement, il est évident que toutes ces manipu-lations et les différents produits chimiques utilisés peuvent être à l’origine de maladies graves”.

Dorine Ekwe, IPS

Dans l’urgence,donner les premiers soins

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