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Le Légitimisme by Stéphane RialsReview by: Émile PoulatArchives de sciences sociales des religions, 31e Année, No. 61.2 (Apr. - Jun., 1986), pp. 307-308Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30191697 .

Accessed: 15/06/2014 13:13

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position dominante dans la thdologie protes- tante de la premiere moiti6 du XXC si~cle comment l'a-t-il conquise ? Question passion- nante mais d'une telle ampleur que l'auteur a eu raison de la circonscrire dans un p~rim~tre bien d6limit6 : la thbologie francophone dans la pdriode antdrieure A 1945. I1 est exact - B.R. le ddmontre dans cet ouvrage - qu'il a exist6 un barthisme d'expression frangaise prdsen- tant des traits distinctifs. D'autre part il est tr~s stimulant de rapprocher les protestantismes de France et de Suisse romande car, malgr6 leur difference de situation socio-religieuse, leur interd~pendance thdologique et culturelle est assez 6troite.

La ddcouverte de Barth, dans les anndes vingt, est assez lente et elle reste limitbe. C'est le lausannois R. Guisan et le milieu professoral de la Facult6 de Strasbourg qui, les premiers, se sont int~ressds aux positions du thdologien dialectique. Mais A partir de 1931 se posent, assez brusquement, A la France et A sajeunesse des probl~mes relativement semblables A ceux que l'Allemagne avait dO affronter au lende- main de 1918, ce qui favorise l'6mergence dans la nouvelle g~ndration d'une < vague bar- thienne > orchestrde par un homme aux mul- tiples talents : Pierre Maury, A la fois 6diteur de Barth, son interpr~te et l'organisateur d'un r~seau barthien. De jeunes suisses se reconnais- sent dans ce non conformisme thbologique spdcialement Rougement et Pury qui, avec Corbin et quelques autres, vont animer la publication barthienne provocatrice Hic et Nunc. L'audience de Barth s'l61argit 6galement A certains cercles catholiques frangais et belge, favorisant indirectement les debuts du dialogue oecumdnique (ses contraintes vont amener les barthiens francais A changer partiellement l'eccl~siologie barthienne: ce que Barth affirmait sur l'Eglise comprise comme Eglise locale va 6tre attribu6 A l'Eglise institution).

Par ailleurs, et cela est trbs important pour expliquer le ddveloppement de l'emprise du barthisme, les 6vdnements se prdcipitent: A peine les francophones des ann~es trente commencent A assimiler la dialectique bar- thienne (qu'A la suite de Maury ils latinisent et figent en partie) des anndes vingt que surgit (en 2 temps) un nouveau Barth : celui du Kirchen- kampf face A Hitler et surtout celui qui, A partir de 1938, prend de plus en plus, comme thbolo- gien, des prises de position politiques. Les contradicteurs de Barth sont pris de court par l'6volution de la situation; certes le ddbat

BULLETIN DES OUVRAGES

thbologique continue (vive opposition, notam- ment, entre Barth et les libdraux suisses, ddbat Congar-Maury en 1937) mais il estbiais6 par la n~cessit6 6thique de trouver globalement posi- tif le combat de Barth contre le national- socialisme. Celui-ci apparait comme le sym- bole de la resistance au nazisme et ses choix thbologiques se trouvent ainsi 16gitim6s.

B.R. termine son 6tude en donnant des traits typiques du barthisme francophone. Tous me semblent pertinents et notamment l'indication que le ddbat s'est ddroul6 sur deux fronts: entre barthiens et n6o-protestants d'une part, barthiens et catholiques de l'autre. Il n'est jamais devenu triangulaire ce qui a permis aux barthiens d'occuper une position stratugique.

Peu habituds A une telle perspective et ayant tendance A faire de Barth un < nouveau rdfor- mateur a certains protestants accepteront mal la mise en perspective effectude par B.R. Raison de plus pour indiquer ici qu'elle est mende de fagon trbs irdnique (parfois mdme un peu trop, notamment sur la ddmission de Wilfred Monod oi l'A. n'a pas pu percer la loi du silence qui rbgne depuis pros de 50 ans sur cette affaire) et, qu'A plus d'un titre, elle me parait exemplaire. Nous avons besoin d'autres 6tudes de ce genre. Espdrons que B.R. lui- m~me la complktera par un nouvel ouvrage traitant de la pdriode post~rieure A 1945.

Jean Baubdrot.

61.356 RIALS (Stdphane). Le Lgitimisme. Paris, PUF, 1983, 125 p. (Coll. ( Que sais-je ? >, 2107).

Un exceptionnel petit livre sur un theme qui fut longtemps sensible et qui reste souvent (ou est devenu) aussi mal compris que mal 6valu6 ; et un livre manifestement A l'6troit dans les limites que lui impose la c6lbre collection. La matibre est trop riche et I'auteur trop plein de son sujet, qu'il traite en faisant 6claterl'histoire traditionnelle et en convoquant un peu toutes les sciences sociales.

Definition stricte : le Ilgitimisme va de 1830, < usurpation du tr6ne par Louis-Philippe >, A 1883, mort du comte de Chambord. Depuis, il se survit, aprbs avoir 6clat6 en plusieurs direc- tions. Le but de ceux qui s'en rdclament ne peut Ctre une impensable restauration : ils visent A << sauvegarder tout un pan de la mdmoire

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

nationale >. Ces Blancs sont des Verts d'un certain genre, ( des 6cologistes de la Tradi- tion >.

Quelques concepts traversent l'6tude : 16gi- timisme intransigeant et catholicisme intran- sigeant, et done leurs rapports - complexes, mouvants, multiples -, et done cet autre concept de stparatisme/instparatisme entre politique et religieux. S.R. attache une grande attention A cette dimension aux consequences interminables. Catholique d'abord ou roya- liste d'abord ? Vieille querelle, venue du fond des si~cles de l'Ancienne France. Mais, en 1883, " tous ceux, de plus en plus nombreux, qui privil~gient le religieux sont en v~rit6 sur le chemin du ralliement, au moins implicite >>, au regime republicain (p. 114). C'est-A-dire sur la voie du disenchantement, s'il est vrai que la thtmatique religieuse du 16gitimisme le condui- sait A vivre ( dans un monde enchantd >, oA, selon l'expression du Cardinal Pie, ( tout est concrttement surnaturel (p. 44).

~mile Poulat~

61.357 RIORDAN (Brendan P.), 6d. Anger. Issues ofEmotional Living in an Age of Stress for Clergy and Religions. Whitins- ville (Mass.), Affirmation Books, 1984, 141 p. (The Tenth Psychotheological Symposium).

Dans la sbrie persistante des Symposium ( Psychothdologiques n (Arch., 46, na 390; 51, no 415 ;51,n0 450), celui-ci- le dixibme -est probablement celui qui met le plus de soin sinon A pr~ciser son statut et ses attendus 6pist~mologiques, du moins A analyser les diff~rentes strates et les diverses significations de l'attitude mise sous etude, ou plut6t sous 6valuation. Puisque la colkre trouve sa genbse dans la frustration, les communica- tions que l'on pr~sente ici mettent l'accent sur la frustration rencontr~e dans la vie en commu- naut6 avec des gens irritts et malheureux; la frustration dans le dtsir de maintenir des relations saines et aimantes; I'exptrience frustrante de l'isolement au milieu des injus- tices eccltsiastiques, politiques et g~ntrales; la frustration et la culpabilit6 de la colkre A l'6gard de Dieu lui-meme >, (p. 11). Dans les chapitres qui suivent cette introduction de Riordan, le programme est A peu prbs conve- nablement respect&.

Du point de vue d'une psychologie moins orient~e, on fera tout de meme quelques remar-

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ques A propos de ce programme: I'enracine- ment adequat de la colkre dans le sentiment de frustration; celui-ci 6tant pose, I'occultation des optrations qui, dans les modeles les mieux valides et les plus heuristiques, articulent la frustration ou l'agression, plus difficilement rtcuptrable par ce genre de rtflexion; la tonalit6 coupable que prend obligatoirement la frustration A l'6gard de Dieu.

Jean-Pierre Deconchy.

61.358 ROBINSON (David). The Unitarians and the Universalists. West- port-Londres, Greenwood Press, 1985, 368 p. (Coll. "Denominations in America", 1).

Cet ouvrage inaugure une collection qui, si elle reste fidele a la qualit6 initiale, rendra de nombreux services, en particulier aux Euro- ptens qui desirent y voir plus clair dans la constellation denominationnelle ambricaine. Trop ignores en Europe, quand ils n'y sont pas tout simplement traitts avec condescendance, en particulier dans les milieux thbologiques ou religieux, Unitaires (l'expression me semble meilleure, en frangais, que Unitariens) et Universalistes constituent une branche histo- riquement importante du protestantisme am&- ricain. Le propos de D.R. est essentiellement de retracer leur histoire, non sans montrer clairement, des le depart, ce qui distingue les uns des autres. Son survol va des origines, au XVIIIe sitcle, aux temps actuels, oA la distinc- tion entre les uns et les autres demande A atre clairement maintenue.

L'ouvrage est fait de deux parties: la pre- mitre (204 p., y compris les notes) retrace l'histoire de ces deux denominations A l'ori- gine commune ; la seconde partie (p. 205-355) est un < dictionnaire biographique a des prin- cipales personnalitts qui ontjalonn6 l'histoire de ces deux denominations.

Le tout ne constitue 6videmment pas une histoire exhaustive ni definitive de ces mou- vements, mais une excellente table d'orien- tation. Elle devrait pour le moins permettre A ses lecteurs et utilisateurs d'6viter A propos de I'Unitarisme et de l'Universalisme les contre- sens ou les contrevtritts qu'on rencontre trop souvent A leur propos. Onze pages d'orienta- tion bibliographique, en fin de volume, per- mettront A ceux qui dtsirent en savoir plus de reptrer facilement les autres ouvrages A lire sur ce theme.

Bernard Reymond.

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