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Le libéralisme et ses ennemis · Le cardinal Ratzinger et la théologie contemporaine, Le Cerf, 1987 et 2005. Les mots de la foi, Le Centurion, 1990. Des idées chrétiennes pour

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Lelibéralismeetsesennemis

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Dumêmeauteur

Libérationsocialeetsalutchrétien,LeCerf,1974.L’heuredeschoix,LeCenturion,1978.LecardinalRatzingeretlathéologiecontemporaine,LeCerf,1987et2005.Lesmotsdelafoi,LeCenturion,1990.Desidéeschrétiennespourlasociété,avecBenjaminSteck,DescléedeBrouwer,1991.Tocqueville,Montchrestien,1998,«Clefs».Religionetpolitique:lechristianisme,l’islam,ladémocratie,Grasset,2001,«LeCollègedephilosophie»;LeLivredepoche,2004,«BiblioEssais».Latentationrelativisteouladémocratieendanger,DescléedeBrouwer,2007.

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inférieure;etcommecettefaçondelejugerneluiplairaitpas,c’estluirendreservicequedel’enavertird’avance…Ilvaudraitmieuxenvéritéque lapolitiqueactuellepermîtde rendreplussouvent ce service, et qu’une personne pût dire franchement àson voisin qu’il est en faute sans passer pour grossière ouprétentieuse5. »Quand il y aundommagedéfini ouun risquedéfinidedommage,ajoute-t-il,onsortdudomainedelalibertépourtombersouslecoupdelamoraleoudelaloi.Pourautant,on ne peut priver tout lemonde des plaisirs qu’on condamne.StuartMillviseicilespuritainsdontildénoncelerigorismeetlavolontédetoutrégenter.

Contreleconformismeetlerègnedel’opinion

Les libéraux duXIXe siècle, et tout particulièrement StuartMill et Tocqueville, ne conçoivent pas l’individu comme unélémentdansunensemblemaiscommeunsujet libre.C’est laraison pour laquelle ils s’en prennent au conformisme desopinions. StuartMill le dit en des termes tels qu’on pourraitpenserqu’ilparlepournotresociétéduXXIesiècle:«Jamaisilne leur vient à l’idée qu’ils puissent avoir d’aspirations autresque la coutume. Ainsi l’esprit lui-même plie sous le joug, etmêmedanscequelesgensfontpourleurplaisir,leurpremièrepenséevaà laconformité : ilsaimentenmasse; ilsneportentleurchoixquesur leschosesqu’onfaitengénéral ; ilsévitentcommeuncrimetoutesingularitédegoût,touteexcentricitédeconduite, si bien qu’à force de ne pas suivre leur naturel, ilsn’ont plus de naturel à suivre ; ils n’ont généralement niopinions ni sentiments de leur cru, ou vraiment leurs.Maintenant, est-ce là la condition idéale de la naturehumaine6 ? » L’auteur ajoute deux remarques qui précisent et

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complètentsonanalyse.Enpolitique,dit-il,c’estl’opinionquidirigelemonde:«Leseulpouvoirdignedecenomestceluidesmasses et celui des gouvernements en tant qu’ils se font lesorganes et les tendances des instincts des masses7. » Et lesmasses se veulent progressistes : « Nous sommes avidesd’amélioration en politique, en éducation et même en morale,quoique ici notre idée d’amélioration consiste surtout àpersuader ou à forcer les autres d’être aussi bons que nous-même. Ce n’est pas au progrès que nous nous opposons ; aucontraire,nousnousflattonsd’êtrelepeupleleplusprogressistequi ne vécût jamais. C’est contre l’individualité que noussommes enguerre8. »C’est une assez bonne description de lasensibilitéfrançaisedecedébutduXXIesiècleoùrègneplusquejamais le jacobinisme progressiste et l’État-providencedépensier…Leconformismen’est peut-êtrepasdu côtéqu’onpense…Ces remarquesnous étaientdéjà suggéréesparAlexisdeTocquevilleavecquinousavonspassédu temps (voirnotreTocqueville).Nous n’allons pas reprendre tout ce qu’il a écritsur la tyrannie de la majorité dans ce qu’il appelle l’« étatsocial » de la démocratie. Rappelons simplement qu’il entendpar « état social » lamentalité d’une société ; en démocratie,l’état social énonce que tous les hommes sont libres et égaux,mais de fait l’accent estmis davantage sur l’égalité que sur laliberté, particulièrement en France, notait-il déjà. Il en résultequ’on fait confiance à ce que pense et désire la majorité. Aunom de l’égalité statutaire des individus, la majorité desmembresdelasociétéestportéeàdire:«Puisquejevousvaux,cequejepensevautbiencequevouspensez.»L’opinionbanalepeutainsil’emportersurl’étudeapprofondie.Cecomportementhélas dominant est typique de l’égalitarisme et du relativisme,mais pas, en soi, du libéralisme. Tocqueville, et c’est le point

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que nous allons reprendre, montre bien que l’état socialdémocratique conduit au développement de l’État et à lacentralisation du pouvoir. Il s’ensuit une forme nouvelle dedespotisme doux mais régulier et durable. Citons un textecélèbre : « Le souverain étend ses bras sur la société toutentière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règlescompliquées,minutieuses et uniformes, à travers lesquelles lesesprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses nesauraientsefairejourpourdépasserlafoule;ilnebrisepaslesvolontés mais il les amollit, les plie et les dirige ; il forcerarementd’agirmaisils’opposesanscesseàcequ’onagisse;ilnedétruitpoint, ilempêchedenaître ; ilne tyrannisepoint, ilgêne,ilcomprime,ilénerve,iléteint,ilhébète,etilréduitenfinchaquenationàn’êtreplusqu’untroupeaud’animauxtimidesetindustrieuxdontlegouvernementestleberger9.»L’explicationde ce phénomène dont la description n’a rien perdu de sonactualité dans la France étatiste du XXIe siècle, réside pourTocqueville dans le fait que ses contemporains sont travailléspar deux passions ennemies : « Ils sentent le besoin d’êtreconduitset l’enviederester libres.Nepouvantdétruireni l’unni l’autre de ces instincts contraires, ils s’efforcent de lessatisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoirunique, tutélaire, toutpuissant, mais élu par les citoyens. Ilscombinent la centralisation et la souveraineté du peuple. Celaleurdonnequelquerelâche.Ilsseconsolentd’êtreentutelleensongeant qu’ils ont eux-mêmes choisi leurs tuteurs. Chaqueindividusouffrequ’onl’attache,parcequ’ilvoitquecen’estpasunhommeniuneclasse,mais lepeuple lui-même,qui tient leboutdelachaîne10.»Toutepersonnequisesentenaccordavecce texte est authentiquement de sensibilité libérale. Oncomprend mieux a contrario pourquoi on entend parler en

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renseigne sur ce que doit être l’action de chacun en matièreéconomique.Entermesplussimples,leseffetsproduitsparunedécision économique renseignent le décideur sur sa conduite(exemple:leproduitnesevendpasparcequ’ilesttropcheroutechnologiquementdépassé).Lemarchépar les renseignementsqu’il fournit évite l’intervention d’agents non économiquescommel’État.Celasupposeévidemmentl’absencedefraude,demonopole ou de violence (actualisons ce que disait Hayek enrappelantqueleTraitéconstitutionnelpourl’Unioneuropéennede2005parlait de « concurrence libre et non faussée »).Ceciétant précisé. Hayek revient sur le sens du mot « social ». Àl’originece termedésignecequiappartientà lastructureetaufonctionnement de la société. En ce sens-là, la justice est unphénomènesocial.Mais«justicesociale»,dansl’usageactuel,ne désigne pas ce qui précède, c’est-à-dire quelque chose quis’est développé en tant que pratique suivie dans l’actionindividuelle ou au cours de l’évolution sociale. Elle estaujourd’huiuneconceptionqu’ilfautimposeràlasociétéparceque,depuis leXIXe siècle, la« justice sociale»a remplacé lesmots tels que « moral » et « bon ». Ce concept, connotémoralement,envientgraduellementà signifierque« la sociétédevrait se considérer comme responsable de la situationmatériellede toussesmembresetde faireensortequechacunreçoivecequi luiestdû21.»Cela revientdoncàconsidérer lasociété comme un sujet doté d’un esprit conscient et deprincipes moraux. La vérité, nous dit notre auteur, est quel’appel à la justice « sociale » est le plus souvent lié à desconsidérationségalitaires,maislesprixnesontpasfixésselonles mérites et les efforts des individus. Si un gouvernementvoulaits’engagerdanscettevoie, ildevrait traiter les individusdefaçontrèsinégalepourétablirl’égalité.Etchacunsaitquele

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projetd’établiruneégalitétotaleestprécisémenttotalitaire.Onpourrait penser queHayek n’a quemépris pour ceux qui « nes’en sortent pas », pour employer une expression familière. Iln’enestrien,carilestfavorableàl’idéed’unrevenuminimumgaranti à condition qu’il soit fourni hors marché, c’est-à-direqu’il nedevrait pas le fausser.Ence sens, onpeutpenserqueHayek serait opposé auRevenu de solidarité active, s’il vivaitencore.OnauracomprisqueHayekrefusedeconsidérercommevalides intellectuellement les droits sociaux tels qu’ils sontformulés dans laDéclaration de 1948.Ainsi l’affirmation quechacun«adroitàlaréalisationdesdroitséconomiques,sociauxet culturels indispensables pour sa dignité et le libredéveloppement de sa personnalité22 ». À l’égard de qui fairevaloircesdroits,sinondelasociétéconçuecommel’employeurdechaqueindividu?L’objectionestfortepourquiconqueveutéviter une société d’assistanat, de revendication permanente etdebureaucratiefortpeudémocratique.Hayeksoulèvedefaitunproblème fondamental : dans les sociétés démocratiques, onconnaîtà la fois l’individualismepar lequelchacunrevendiquesalibertédanslaconduitedesavieet…veutêtreprisenchargedèsqu’ilestimeêtreendifficulté.TocquevilleavaitdéjàexposécetraitdecomportementdansDeladémocratieenAmérique23.

L’auteurenvientalorsàsapropositionthéoriquemajeureencequiconcernelasociétéetl’économie.Ilprésenteauchapitre10, l’ordredumarchécomme«catallaxie».L’ordredumarchén’est pas identique à celui d’une entreprise. Le kosmos(ensemblequinedépendpasd’uneprogrammation)dumarchéne peut pas être gouverné par une échelle unique d’objectifs.Pourexplicitercela,Hayekforgeletermede«catallaxie»,quivient du grec katallattein et signifie « échanger », « admettredans la communauté ». Il désigne par là l’ordre engendré par

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l’ajustement mutuel de nombreuses démarches individuelles :«Unecatallaxieestainsil’espèceparticulièred’ordrespontanéproduitparlemarché24.»Ceciseproduitquandsontrespectéesles règles juridiques concernant la propriété, les dommages etlescontrats.Lacatallaxierelèvedoncdel’ordrespontanéqu’ildésigne par le terme kosmos, alors que les mesures prises enéconomieparungouvernementouuneentrepriserelèventdecequ’ilappelletaxis,termeimpliquantuneorganisation,unprojet.L’ordre spontané est donc celui par lequel, chacun enpoursuivantlasatisfactiondesesbesoinsetintérêts,contribueàla satisfaction des besoins des autres. Le fait que dans cettelogique,iln’yaitpasdecommunautédebuts,choquemaisc’estla condition même de la liberté. Celle-ci est inséparable d’untypederémunérationquin’a,enprincipe,aucunrapportaveclemérite personnel. Tel est l’essentiel du tome II de l’ouvragemajeur de Hayek. Il nous livre dans le tome III, « L’ordrepolitique d’un peuple libre », sa philosophie politique qui estsansdoute laplus explicite et la plus argumentéeparmi cellesquiseréclamentdulibéralisme.Sonconstatdebaseestqueladémocratie contemporaine est prisonnière théoriquement etpratiquement de la volonté majoritaire identifiée à la volontépopulaire. Nous avons, de plus, pris l’habitude d’appelerdémocratie, un système dans lequel une majorité du corpslégislatif est chargée à la fois de confectionner les lois et dedirigerlegouvernement.Or,depuisAristote,ilfautquelesloissoient souveraines, pour que la démocratie soit véritablementunepoliteia,c’est-à-direunvéritablerégime.Hayekentendpar« loi », comme nous l’avons déjà noté, les dispositionsgénérales, issues de la tradition, qui permettent le vivre-ensemble.Ceciest remisencausepar lepouvoirquasi illimitéque le peuple consent à l’État, expression des gouvernants.

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logique rousseauiste,qui est la logiquedebase, il y a identitéentre la loi et lavolontépopulairepuisqu’elle est l’expressionde la volonté générale. Pour Rousseau par conséquent, il y aidentité entre gouvernants et gouvernés. On peut parler alorsd’autodéterminationdupeuple.Ence sens, ilpeutyavoirunedémocratieendictature(selonSchmitt).

Venons-enàprésent, auxprincipesduparlementarisme.Lepremier est que le législatif y domine l’exécutif au nomd’uneconception qu’on trouve bien exprimée par Guizot au XIXe

siècle,exposantcequ’estlerègnedudroit:lespouvoirsdoiventêtrecontraintsdediscuteretdechercherensemblelavérité;cespouvoirs doivent être placés sous le contrôle des citoyens ; lalibertédelapresseencouragecesderniersàcherchereux-mêmeslavéritéetàladireaupouvoir.Onpourraitobjecter,ditSchmitt,qu’on n’a pas la garantie que la raison soit présente auparlement. Plus profondément, il faut considérer le libéralismecomme un système global, de nature métaphysique ; celle-cis’exprime dans la conviction que la vérité procède du libreconflit des opinions. Penser cela, c’est déjà avoir renoncé àl’atteindre.Lecaractèrepublicdel’opinionestsacralisécontrel’absolutisme et le secret qu’il génère. Ce caractère public estcelui de l’Aufklärung qui est censée libérer de la superstition,dufanatismeetdesintrigues.Maislalibertéd’opinionestunelibertédespersonnesprivées,pournotreauteur.

Le deuxième élément fondamental du libéralisme est laséparation des pouvoirs. Selon Locke, tel que le présenteSchmitt,lesautoritésquipromulguentlesloisnedoiventpaslesélaborerelles-mêmes.LaConstitutiondanscecasestidentifiéeà la séparation des pouvoirs. La loi dans la logique duparlementarismeestidentifiéeàlaraison.Ellen’estpascenséetraduire des désirs. Elle relève du général et s’oppose auparticulieretausingulier.Schmittestopposéàcetteconception

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et se trouve évidemment en accord avec celle deHobbes, pourqui la loi est commandement. On connaît sa formule :Auctoritas,nonveritasfacitlegem(«C’estl’autoritéetnonlavéritéquifaitlaloi»).

Schmitt tout en critiquant ce primat de la législationémanantdesparlements,reconnaîtquelalogiqueduFédéraliste(ensemble des textes deHamilton,Madison et Jay, publiés en1788)quidégagelesprincipesdugouvernementdesÉtats-Unisd’Amérique,estlamoinsdoctrinairedanslamesureoùcetextedéclare que l’exécutif doit résider dans les mains d’un seulhomme ; le législatifestdélibération, l’exécutifestdécisionetsauvegardedessecretsd’État.L’actionpolitiquesupposel’unitéde la décision, doncde l’exécutif. Il n’en reste pasmoins quepourunlibéraltelqueLocke,laforceetlepouvoircommefaitsbruts représentent lemal.Ladiscussiondoit se substituer à laforce. Le problème est que cela n’estmême pasmis enœuvredans le travail parlementaire qui échappe de plus en plus à ladiscussion.

Schmittrevientalorsàl’oppositionentreparlementarismeetdémocratie. S’il reconnaît que le parlementarisme est unmoindre mal par rapport au bolchévisme et à la dictature, ilpersistedansl’idéequ’iln’estpas identifiableà ladémocratie.Cettedernière,danssesréalisationsdiverses,n’ajamaisignoréle concept d’étranger. Dans la sphère politique, ce conceptd’étranger doit être maintenu contre l’idée non politiqued’égalité universelle des hommes : « L’égalité de tous leshommesentantqu’hommesn’estpasdeladémocratiemaisunecertaineformedelibéralisme;cen’estpasuneformedel’État:c’estunemoraleetunevisiondumondehumanitairesenfaveurdesindividus16.»

Schmittàcestadedesonraisonnement,fait remarquerque

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dans leContrat social de Rousseau, l’État repose, non sur lecontrat, mais sur l’homogénéité de la volonté générale. End’autres termes, la démocratie doit être l’identité desgouvernantsetdesgouvernés.Lacrisede l’Étatmodernevientde ce qu’une démocratie de masse et une démocratie del’humanité sont incapables de réaliser une véritable formed’État,pasmêmeunÉtatdémocratique.Enrevanche,déclare-t-il,lebolchévismeetlefascismesontcertesantilibéraux,commetoutedictature,maispasnécessairementantidémocratiques.Eneffet des méthodes dictatoriales peuvent être portées parl’acclamation du peuple ; on en revient à cette conviction deSchmitt selon laquelle le pluralisme n’honore pas le statut dupolitiquecommeunitédeladécision.Leparadoxecontemporainrésidedans le faitqu’avec la fusionentre la sociétéet l’Étatàlaquelle nous assistons, nous ne sommes plus dans lelibéralisme qui suppose un État neutre. Si l’État et la sociétédeviennent identiques, et c’est le cas avec l’État-providence,alorstouslesproblèmessociauxetéconomiquesdeviennentdesproblèmes immédiatement étatiques. L’État-providence, nommécommetelparl’auteur,absorbetoutlesocial.Lasociétéestentrain de passer à un État potentiellement total. Et ce sont lesquestions économiques qui prennent alors la première place.Schmitt fait preuve, une fois de plus, d’une grande lucidité etd’une capacité d’analyse qui va se vérifier dans l’ouvrage de1928:ThéoriedelaConstitution17.

Ce texte, reconnu comme important même par lesadversairesde l’auteur, illustre l’oppositionàKelsenconsidérécomme le représentantparexcellencedupositivismeet justifiethéoriquement le décisionnisme,mais d’unemanière que nousestimons peu convaincante. Nous nous attachons aux deuxpremières parties : la notion deConstitution et la composante

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l’Histoire, y compris sous la forme d’une représentation del’actiondesmassesinnombrablesparl’und’unnompropre7.»En termes plus clairs, cela signifie que Staline par exemple aincarnélaréalisationdusensdel’Histoireenmettantenœuvrelapolitiquesoviétique.

Ces données très abstraites et fort déconcertantes(concernant Mao Zedong et Staline) étant présentées, il fauttenterdecomprendrecommentBadiouseréfèreàl’Histoireetàdes valeurs. L’article publié dansLeMonde des 14-15 février2010estinstructifàcetégard.

Il commence par déplorer qu’on ait rendu illisible la« séquence robespierriste » alors qu’elle était d’un apportimportant (l’auteur réhabilite la Terreur). Aujourd’hui lediscoursambiantrecommencecetteopérationentransformantlaséquence antérieure (1917-1991 par exemple en URSS) enpathologie opaque. Il faut tenir sans faiblir l’hypothèsecommuniste;onnepeutpasjugerl’expériencesoviétiqueparcequ’ellen’aduréquesoixante-dixans(onpeutestimerquecelaasuffi…). L’idée communiste n’a parcouru « qu’une portioninfimedutempsdesavérification».

Auplandesvaleurs, l’hypothèsecommuniste tient en troisaxiomes : 1) L’idée égalitaire. Elle est à affirmer de manièrenormative car elle est homogène à l’hypothèse communiste. 2)Vient ensuite la conviction qu’un État coercitif n’est pasnécessaire ; c’est la thèse du dépérissement de l’État, iciréaffirmée : « On peut organiser l’action politique populairesans qu’elle soit soumise à l’idée du pouvoir, de lareprésentation dans l’État, des élections, etc. » La contraintelibératricedel’actionorganiséepeuts’exercerdel’extérieurdel’État. Ainsi le mouvement de décembre 1995 a ralenti deplusieurs années les « mesures antipopulaires concernant les

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retraites » (à moins que cela n’ait contribué à aggraver lasituation…). 3) Dernier axiome : l’organisation du travailn’implique pas sa division. Il faut abolir la différence entretravailmanuelettravailintellectuel.

Cettehypothèsecommuniste,nousditBadiouenrevenantàl’Histoire, a connu deux grandes étapes et nous entrons dansune troisième phase de son existence. Elle s’installe entre lesrévolutionsde1848etlaCommunedeParisen1871.Dominentalors le mouvement ouvrier et l’insurrection. La deuxièmeséquencevade1905à1976(révolutionculturelleenChine).Lethème dominant est alors le parti, avec comme slogan : ladisciplineestlaseulearmedeceuxquin’ontrien.

La conviction deBadiou est qu’une troisième séquence vas’ouvrirconcernant l’hypothèsecommunisteavecsonexistencemême comme enjeu. Le témoin clé de l’inhumanité de nossociétésestaujourd’huile«prolétaireétrangersanspapiers».Ilestlamarquequ’iln’yaqu’unseulmonde.

AprèsletextedeBadioudansL’idéeducommunisme,deuxautresapparaissentmériterd’êtrerelevés:lepremier,deNegri,parcequ’ilesttoutaussiproblématiquequeceluideBadiou;lesecond, de Rancière, parce qu’il fait preuve d’un regard sansconcession sur l’histoire des formes politiques qui se sontréclaméesdeceterme.

Antonio Negri est un philosophe italien qui s’est faitconnaîtreparsonsoutienauxBrigadesrougesenItalie,soutienquiluiavaludelaprison.Ilapublié,avecMichaëlHardt,pourcequinousoccupe,l’ouvrageintitulé:Empire8.Sacontributions’intitule:«Communisme:quelquesréflexionssurleconceptetlacritique.»Saconvictionestqu’ilestpossibledesortirducapitalismeetdéveloppequatre thèsesquisont l’expressiondesesconvictions:

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1)Lescommunistes soutiennent à juste titreque l’Histoireest toujours l’histoire de la lutte des classes. Tout dans la vieéconomiquerelèvedelavaleurd’échange,lavaleurd’usagedesbiensétantréduiteànéant.

2) Être communiste signifie : être contre l’État. Celaimplique de reconnaître que la sphère publique est une formeorganisée d’aliénation et d’exploitation du travail, deprivatisation du travail commun au profit de quelques-uns. Ilfaut par conséquent que l’indignation que cela suscite setraduiseen«puissanceconstituante».«Lepouvoirconstituantest la clef qui peut nous permettre d’anticiper et de réaliser lavolonté révolutionnaire contre l’État9. » On aura noté laréférenceàCarlSchmittquiaélaborécettenotionde«pouvoirconstituant », dans sa Théorie de la Constitution (voir notrechapitre précédent). Mais Negri ajoute que cette action de lamultitude comme pouvoir s’oppose à l’en-haut de lasouveraineté. Ce disant, après s’être servi de Schmitt, il s’enéloigne radicalement car chez ce dernier, la souveraineté dupouvoir est première, le peuple s’en étant remis à lui paracclamation.

3) Être communiste, cela signifie donc « construire unmonde nouveau dont l’exploitation capitaliste etl’assujettissementàl’Étatseraientexclus10»(p.223).Seulelaforce permettra ce passage, cette rupture constituante ; c’estdans ce moment de la rupture que l’imagination communistes’exalte. Voyons plutôt : « Un salaire plus important contrel’exploitationdutravail,unrevenuuniverselcontrelacrisedelafinance, la démocratie de tous contre la dictature. »Tout cela,ajoute-t-il, naît d’une histoire qui commence à produire lavolontéconstituante,mais…celanesuffitpasparcequ’iln’yapas de révolution sans organisation : la multitude est un

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Schmitt.Ilreprocheaupremiersonpositivismejuridiquequileconduit à déclarer que les lois nazies sont de vraies lois. Ilreproche au second, son décisionnisme qui aboutit au mêmearbitraire que celui deKelsen, ces deux auteurs étant pourtantopposésentreeux.Hayekfaitscandaleens’opposantàlanotionde justice sociale, la justice étant pour lui, un attribut de laconduite humaine et non de la société qui n’est ni juste niinjuste. Le marché est le meilleur indicateur des bons choixéconomiques car il opère les corrections nécessaires en nousrenseignantpareffetderétroactionsurcequi«marche»oune«marche»pas, sevendoune sevendpas. Iln’estni justeniinjuste. Hayek, ce disant, s’inspire des travaux de lacybernétique et des théories de l’information. Il prétend quetoute intervention de l’État sur la société détruit la régulationopéréeparl’ordrespontané.Encesens,l’État-providencequ’ilappelle l’État total, est d’orientation totalitaire car il n’y aaucune raison pour qu’il limite ses interventions. Son analysedesphénomèneséconomiquesetsociauxleconduitàrestreindrele pouvoir de décision des majorités élues dans la mesure oùelles représentent les intérêts de ceux qui bénéficient desinterventionsde l’Étatouquiviventde l’État.Aveccetauteur,nous disposons de la théorisation la plus cohérente dulibéralisme.

Avec Carl Schmitt, nous sommes en présence d’unadversairedéterminédecelibéralismeetmêmed’unennemi,quiveut redonner au politique la première place dans la vie dessociétés. Il s’agit de retrouver la souveraineté, c’est-à-dire lacapacité de décider pour tous, les situations exceptionnellesétantcesmomentsclésoùl’onretrouvelerôledecesouverainquiaprisaufondlaplacedeDieu.PourSchmitt,lescatégoriespolitiques et particulièrement celle de l’État sont unesécularisation de termes théologiques. Cela implique une

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reconnaissance de la place centrale de l’anthropologie dansl’analyseduvécuensociété.Lesouveraindoitêtredécisifcarlemal est présent dans l’humanité ; l’homme, en effet, n’est pasfondamentalement bon. Le politique se définit par conséquentparlecoupleami-ennemi.L’oppositionestunedonnéecentralequidéfinit lepolitique.Oncomprendalors l’hostilitédenotreauteuraulibéralismequi,pourlui,estunenégationdupolitiquedanslamesureoùildéveloppeunemoraleindividualiste.Ilfautsavoir accepter la guerre quand elle est nécessaire. Elle est lelieusuprêmed’exercicedupolitiqueetilfautsavoirqu’iln’yapas de guerre juste car il n’y a pas d’instance supérieure auxpartiesenprésencequipourraitlajugertelle.

Il en résulte, chez Schmitt, une critique déterminée duparlementarismequiincarnepourlui,souslaformedusystèmeparlementaire, le libéralisme d’un côté avec l’échanged’opinions constitutif du débat au parlement, et lareprésentation de l’autre, dans laquelle le peuple n’est plussouverain.Rappelons,pourterminercebilan,quepourSchmitt,l’égalitén’estpasunobjectifàréaliserparlepouvoirpolitiqueetquelanotiond’Étattotals’appliqueparfaitementselonlui,àl’État-providence. Ce sont alors les questions sociales etéconomiquesquiprennenttoutelaplace.Ilnousfaudraprendrepositionsurlaconceptionschmittiennedupolitique.

Leretourdecequenousavonsappelélethéologicopolitiquea été le troisième élément de notre parcours. Le fait qu’uncertain nombre d’auteurs appartenant à l’extrême gaucheintellectuelleutilisentdescatégoriesélaboréesparceluiquiestapriorileurennemi,CarlSchmitt,estuneindicationfortedelaprésence du théologico-politique, c’està-dire d’unereprésentationdel’actiondanslaquellelepolitiqueaunevaleurabsolue et est censé apporter à l’humanité le salut définitif.Dans cette visiondumonde et de la société, le libéralisme est

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l’ennemiabsolu;ilincarnelemalcontrelequelilfautlutter;ilestl’ennemidespauvres,desimmigrés,desprolétaires.Vaincrelelibéralisme,vaincrel’Étatdedroit,refusertoutelimiteàceuxquiluttentpourlibérerlepeuple,c’estsauverl’humanité.Noussommes en présence d’une sécularisation des catégoriesjudéochrétiennes de la rédemption, du salut apporté par lemessie humilié. La révolution est donc nécessaire etnécessairementbonne;l’Étatestmauvaisetdoitêtreaboli;ladémocratien’estpasdifférentedutotalitarisme;laviolenceetladictaturesontbonnessiellessontmisesauservicedesdominés.Onnepeutédicterdetellesaffirmationssansavoirlacertitudequ’ondétientlavéritéabsolue.

RappelonsqueSloterdijknousamontrédemanièrelimpidecomment toute cette idéologie est une expression détournéed’unbesoindevengeance,dépendantlui-mêmeduressentimenttel que Nietzsche l’a démasqué dans La généalogie de lamorale. Ilnousfaudrarevenir làencoresurcetteutilisationdupolitique qui le travestit et rend incompréhensible l’apport dujudéo-christianisme en ce qui concerne la libération del’humanité.

Lasituationfrançaise:Révolutionfrançaiseetantilibéralisme

LesFrançaissecaractérisent,parmilespeuplesdéveloppés,parleurmentalité antilibérale qui apparaît dans tous les sondagesfaits enFrance et enEurope. Il vaut la peine d’y aller voir deplus près. Nous disposons pour ce faire d’études depsychosociologie et d’histoire auxquelles on peut ajouter lamanière de faire de la sociologie.Commençons par ce dernierpoint.Cen’estpaslefaitduhasardqueDurkheimaitdéveloppé

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maisattenddupouvoirpolitique,assistanceetrevenu.Écoutonsencore Tocqueville : « Tous conçoivent le gouvernement sousl’image d’un pouvoir unique, simple, providentiel etcréateur26.»Iladéjàperçulalogiquedel’État-providencequiestencoredansl’étatnaissant.Unesortededespotismedouxestentraindesemettreenplace,despotismequirègnesurtouslesaspectsdelaviedesindividus:«Au-dessusdeceux-làs’élèveun pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurerleurjouissanceetdeveillersurleursort.Ilestabsolu,détaillé,régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissancepaternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer leshommesàl’âgeviril;maisilnecherche,aucontraire,qu’àlesfixerirrévocablementdansl’enfance;ilaimequelescitoyensseréjouissentpourvuqu’ilsnesongentqu’àseréjouir. Il travaillevolontiersàleurbonheur,maisilveutenêtrel’uniqueagentetleseularbitre;ilpourvoitàleursécurité,prévoitetassureleursbesoins,faciliteleursplaisirs,conduitleursprincipalesaffaires,dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurshéritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble depenser et la peine de vivre27 ? » Ce pouvoir, nous dit-il, à lasuite de ce texte qui mérite de figurer par les classiquesconsacrésàl’État-providence,n’estpasviolentmaisdétruit lesénergiesetempêchedefaire.ÉcoutonsTocquevilleunedernièrefoissurcethème:«Ilnetyrannisepoint,ilgêne,ilcomprime,ilénerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation àn’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieuxdont le gouvernement est le berger28. » Quelle meilleuredescription pourrions-nous faire de la situation française dudébut du XXIe siècle ? Le génie de Tocqueville est d’avoircomprisdèsavant1840(datedelapublicationdutomeIIdeDela démocratie en Amérique) que l’état social démocratique

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fondé sur l’égalité statutaire de tous les individus, engendraitl’individualisme, le primat de la classe moyenne, le goût dubien-êtrematériel, la finpratiquedesgrandesrévolutionsetenFrance,l’accroissementdelacentralisationetladominationdel’Étatauquelilestlepremieràaccolerleterme:providence.

Nous pouvons tirer une première leçon de ce parcourssociologique : nous ne sommes plus, dans les démocratiesdéveloppées,ensociétéholiste.Leprimatdel’individuestdoncinéluctablemaiscelan’entraînepasenFrance,l’applicationdelalogiquelibérale.Pourcettedernière,l’individuadesdroitsetdes devoirs.L’affirmationde la liberté personnelle implique ledevoir de se prendre en charge, d’assumer le fait d’êtrefinancièrementethumainementautonome,devouloirseformerafin d’accéder à cette autonomie. Les antilibéraux ont unproblèmedecohérence:ilsrevendiquentunelibertétotaledanslechoixdeleurmodedevie,del’exercicedeleursexualité(enrevendiquant le mariage homosexuel, l’avortement, l’adoptiond’enfants par les couples homosexuels, la reconnaissance desmèresporteuses,etc.),maisattendentdel’Étatqu’il lesprenneen charge financièrement, qu’il leur trouve un emploi, qu’ilprenneenchargeleursdépensesdesanté,leurretraite.Ilyalàune incohérence notoire qui semble échapper à la plupart desobservateurs : il est constant d’entendre des journalistes deradio,de télévisionquine semblentpas êtred’extrêmegaucheparailleurs,parleràtoutproposd’ultralibéralisme,alorsmêmeque les gouvernants français ne sont pas libéraux, pas plus àdroite qu’à gauche. L’étatisme ne peut être la solution auxproblèmesdessociétésdéveloppéesmaisendettéeset leprimatde l’individu se paie par la reconnaissance des devoirs dechacun. Telle est la première grande leçon que nous pouvonstirerdudonnésociologique.

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Unesociétédediscussion

La deuxième caractéristique de nos sociétés développées,liéed’ailleursauprimatdel’individuetdesesdroits,estqu’ony débat officiellement de toutes les opinions et de toutes lescroyances.C’estcequ’ilnousfautexaminerennousdemandants’ilyatoujoursautantdedébatsqu’onleprétend.

Lecontextedel’élaborationetdelaréceptiondesopinionset des croyances a en effet, changé. Dans une sociététraditionnelle,cellequenousavonsappelée:holiste,onacceptece que disent les autorités, qu’elles soient religieuses,politiques,socialesoufamiliales.Cesautoritésseréclamenteneffetdelatraditionquileuraétélivréeetqu’elleslivrentàleurtour.Danscetteconfigurationdelasociété,c’estlepasséquiestpremier. Chacun est appelé à reproduire les valeurs, lescomportementsquiontfaçonnésonéducation.

Dans la société contemporaine où règne l’individualisme,l’autoritédelatraditionnevautplus.DepuisleXVIIIesiècle,lesphilosophesdesLumièresnousontditquechacundevaitpenserpar lui-même. Le texte de référence à cet égard est celui deKant:Qu’est-cequelesLumières29?Ilfautoserpenserparsoi-même,nousdit l’auteurde laCritiquede laraisonpure.Celasignifiequ’onaccepteouqu’onrefuse la traditionselonqu’onestimequesoncontenuvadanslesensdelalibertédepratiqueetdepenséeous’yoppose.Auplanhistorique,celas’esttraduitenFranceparl’abolitiondustatutdereligiond’Étatqu’avaitlecatholicismejusqu’en1789.Lalaïcitédel’écolerépublicaineenFranceàpartirde1882estlatraductionsocialeetpolitiquedecette prise de distance à l’égard de la tradition religieuse.N’oublionspascependantquel’écolerépublicainearecrééunetraditionqu’ilfautsavoircritiqueraussilibrement30…Retenons

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auxbesoins»(34).Ilestcependantpréciséquetouslesbesoinsne sont pas solvables. Le paragraphe suivant souligne lalégitimité de la lutte contre un système économique « entenducommeméthodepourassurerlaprimautéabsolueducapital,delapropriétédes instrumentsdeproductionetde la terre sur lalibertéetladignitédutravaildel’homme»(35),maislesystèmesocialiste est tout aussi nettement refusé car il n’est qu’uncapitalismed’État.Lasuitedutextedéfinit l’entreprisecommedevant mettre en œuvre le profit qui a un rôle pertinent. Eneffet,«quanduneentreprisegénèreduprofit,celasignifiequeles facteurs productifs ont été dûment utilisés et les besoinshumainscorrespondantsconvenablementsatisfaits»(35).Maisl’entreprisenepeutsesatisfairedecettedonnéecarelleestunecommunauté de personnes dans laquelle chacun recherche lasatisfaction de ses besoins fondamentaux. La réflexion sepoursuit sur les biens collectifs, l’aliénation et le jugement àportersurlecapitalisme.L’Étataledevoir«d’assurerladéfenseetlaprotectiondesbienscollectifsquesontlemilieunatureletlemilieuhumaindontlasauvegardenepeutêtreobtenueparlesseulsmécanismesdumarché»(40).Leparagraphe41traited’unconceptpopulariséparlejeuneMarx:celuid’aliénation.Jean-Paul II estime que la conception marxiste est erronée parcequ’elleestmatérialisteencequ’elleréduitl’hommeàn’êtrequeleproduitdesrapportsdeproductionetencequ’elleméconnaîtla légitimité « et le caractère positif des relations du marchémêmedansleurpropredomaine»(41).Lepapelivresapropreconception : « L’homme est aliéné quand il refuse de setranscender et de vivre l’expérience du don de soi et de laformationd’unecommunautéhumaineauthentiqueorientéeverssafindernièrequ’estDieu.Unesociétéestaliénéequand,danslesformesdesonorganisationsociale,delaproductionetdelaconsommation,ellerendplusdifficilelaréalisationdecedonet

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la constitution de cette solidarité entre hommes » (41). Jean-Paul II vise essentiellement la consommation qui asservitl’individuàsesdésirsetquiestmiseenscèneparlesmédias.

Onparvientainsiauparagrapheessentiel,le42,danslequellepapenouslivresonjugementsurlecapitalisme.Voicilecorpsde l’argumentation : « Si, sous le nom de “capitalisme” ondésigne un système économique qui reconnaît le rôlefondamentaletpositifdel’entreprise,dumarché,delapropriétéprivéeetde laresponsabilitéqu’elle impliquedans lesmoyensde production, de la libre créativité humaine dans le secteuréconomique, la réponse est sûrement positive,même s’il seraitpeut-êtreplusappropriédeparlerd’“économied’entreprise”,oud’“économie de marché”, ou simplement d’“économie libre”.Mais si par “capitalisme”, on entend un système où la libertédansledomaineéconomiquen’estpasencadréeparuncontextejuridique ferme qui la met au service de la liberté humaineintégrale et la considère comme une dimension particulière decettedernière,dont l’axeestd’ordreéthiqueet religieux,alorslaréponseestnettementnégative»(42).Lepapeprécisequesadoctrine sociale constitue une orientation intellectuelleindispensable. L’économie de marché est donc consacrée parcetteencycliquede1991,cequiconstitueuneprisedepositiontrèsnette,aveclaréserveindiquéeci-dessusquecelasupposeuncontexte juridique ferme manifestant ce qu’est la libertéhumaineenrecherchedevaleurséthiquesetreligieuses.

LechapitreVprécisémentabordecettequestiondesvaleurs(il est intitulé : « L’État et la culture ») lorsqu’il traite de ladémocratie. Plusieurs affirmations importantes sont à retenird’autant plus qu’elles traitent du relativisme37… En premierlieu, l’agnosticismeet le relativismene sont en aucuncas« laphilosophie et l’attitude fondamentale accordées aux formes

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démocratiquesdelaviepolitique»(46).Onaledroitetmêmeledevoir,nousditlepape,depenserquelavériténedépendpasd’unemajorité.Ilvaplusloin:«Unedémocratiesansvaleurssetransforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois,comme le montre l’Histoire » (46). Pour autant la véritéchrétiennen’estpasuneidéologie.Elleposecommeprincipelerespectdelaliberté,quin’estmiseenvaleurqueparl’accueildela vérité. La liberté ne peut s’exercer à vide…Elle est libertépourlebien.

En conséquence, les requêtes qui viennent de la sociétédoiventêtreexaminées«selonlescritèresdelajusticeetdelamoralité » et non « d’après l’influence électorale ou le poidsfinancierdesgroupesqui les soutiennent» ;autrementdit, lesintérêts privés doivent être replacés dans le cadre d’« uneconceptioncohérentedubiencommun.Ilestrappeléquecelui-ci n’est pas seulement la sommedes intérêts particuliers,mais«ilsupposequ’onlesévalueetqu’onlesharmoniseenfonctiond’une hiérarchie des valeurs équilibrée et, en dernière analyse,d’une conception correcte de la dignité et des droits de lapersonne » (47). Pour la doctrine sociale telle qu’elle esténoncéeparJean-PaulIIencontinuitéavecsesprédécesseurs,ladémocratie ne peut être agnostique en termes de valeurs. Leparagraphe 48 intitulé « Droits et devoirs de l’État », estéclairant sur ce point d’autant plus que nous avons pour lapremièrefois,uneprisedepositionsurl’État-providence.

Première affirmation : l’économie de marché ne peut sedéroulerdansunvideinstitutionnel,juridiqueetpolitique.Ellesuppose au contraire, « que soient assurées les garanties deslibertés individuelles et de la propriété, sans compter unemonnaie stable et des services publics efficaces » (48). Onnotera que le pape prend position sur des fonctionnementsconcrets de l’État : stabilité de la monnaie, efficacité des

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référenceincontestée;ils’identified’ailleursàladémocratieausens courant du terme. Le libéralisme économique estaujourd’huifortementcontesté,enFrancetoutparticulièrementoùlagauchepolitiqueetunebonnepartiedesjournalistes,parleà tout propos d’« ultralibéralisme ». La présentation que nousavons faite des apports d’Adam Smith et Friedrich Hayek,établit que le marché fondé sur les mécanismes de laconcurrence, est le meilleur régulateur possible des échangeséconomiques en société. Il existe, c’est vrai, des domaines quine peuvent être entièrement régulés par le marché, tels quel’éducation,lasanté,lesressourcesnaturelles,cequineveutpasdirequ’onnedoitpasmesurerlescoûts,enmatièred’éducation,desantéetderessourcesnaturelles.Àqualitédeservicerenduégal, il vaut mieux procurer aux élèves les ouvrages ou lesordinateurs les moins coûteux et en matière de santé, lesmédicaments les moins chers. Nous ne pouvons détailler cesdonnées,maisvoulonssimplementrappelerquedéclarerquedesdomaines sont hors marché, ne peut signifier qu’ils sont horscalculdescoûts.

NouspouvonsdireégalementquelapositiondeHayeksurleconceptdejusticesocialen’estpassanspertinence.Onpeutetondoit lecritiquerquandildéclarepurementetsimplementqu’elleestun«mirage».Onpeutappliqueràl’ensembled’unesociétéletermede«juste»oud’«injuste»danslamesureoùlesécartsderevenuoudeconditionsdeviesontimmenses.Ondit alors qu’ils sont injustifiés, c’est-à-dire non justifiables,donc injustes.Surcepoint, le refusdeHayekest trop radical.Par contre, l’idée que la justice ou l’injustice qualifie lesrapports de personnes entre elles, est tout à fait juste etrigoureuse,cequiexpliquequ’ilrefused’appliquercestermesàuneabstractiontellequelasociété.Quanddonconlesappliqueàcetteentité,c’estparanalogieaveclaconduited’unepersonne

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envers une autre. Une société dite « injuste » est une sociétédans laquelle la responsabilité de personnes est engagée vis-à-visd’autresmembres.Autrementdit,ausenspremier,l’injusticerelèvede laconduited’un sujet libre.Surcepoint l’apportdeHayekestfortetincontestable.Demême,sacritiquedel’État-providence comme intervention injustifiée d’un Étatbureaucratiqueetdoucementtotalitairedoitnousalerter,commelefaitl’encycliqueCentesimusannus,surlecaractèrenéfastedel’assistanat et la déresponsabilisation des personnes qu’ilentraîne.

Telles nous semblent être les leçons qu’on peut tirer duthéoricien le plus puissant du libéralisme contemporain. Parcontre,onauranotéque,pournous,lelibéralismeculturelposeproblème. Rappelons que ce terme forgé par les politologuesGérard Grunberg et Étienne Schweisguth dans leur chapitreXVIII:«Levirageàgauchedescouchesmoyennessalariées47»,désignel’attitudeantiautoritaired’unepartetlapermissivitéenmatière demorale sexuelle d’autre part.Voici les quatre itemsconstituant l’indice de libéralisme culturel tels que les ontrédigés les deux chercheurs: « Tout à fait ou plutôt d’accordpour qu’une fille puisse prendre la pilule avant dixhuit ans,l’école devrait avant tout former des gens à l’esprit éveillé etcritique,sij’avaisuneautrenationalité,jem’entrouveraisaussibien, les tribunaux sont trop sévères envers les jeunesdélinquants. » Nous utilisons ce terme pour désigner lesrevendications telles que l’avortement comme méthode decontraception (l’avortement banalisé et la possibilité pour lesmineuresd’avortersansquelesparentssoientconsultés,cequiest désormais légal…), le mariage pour les homosexuels, lapossibilitéd’adopterdes enfantspour cettemêmecatégorie, laprocréation artificielle pour les femmes homosexuelles, la

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gestation pour autrui, l’insémination après la mort du mari,l’euthanasie. Toutes ces revendications qui font fi évidemmentdelaloinaturelle,decequ’estl’essencehumainedel’hommeetde la femme, sont fondées sur la conviction que vaut ce quechacundésire.Ilsuffitdedésirerpourqueledésirsoitlégitimequant à l’objet qu’il veut obtenir. Le titre de ce qui fut uneémission de France 3 exprimait cela très bien: « C’est monchoix. » Cettementalité est désormais très répandue sans queceux qui s’en réclament mesurent toujours l’énormité de leurprétention. Si c’estmon choix de tuer quelqu’un ou de battremonconjoint,estcequecelaestjustifiablepourautant?Dansla perspective relativiste, il n’y a rien à objecter. On conçoitaisémentquecetteperspective rend impossible toute recherched’unbienquisoitcommunàl’individuetàlasociétéàlaquelleilappartient.

Pourrechercheruntelbien, ilfautêtreconvaincuqu’ilyadesvaleursuniversellesetqu’ellesneconcernentpasseulementce qu’on appelle la sphère publique mais également ce qu’onnomme la vie privée. Il se trouve que tout ce qui concerne lasexualitéetlagestiondelavieestdevenupublic.Lameilleurepreuveenestquecequ’onappellelapolitiquedelasantéinclutla contraception, l’avortement, l’éducation sexuelle desadolescents, lapréventiondu sida, les conseilsdonnéspour lapratiquesexuelledesmineurs,conseilsdonnésdanslesclassesdu collège. Comment peut-on après cela, parler encore de vieprivée?C’estahurissantetd’unemauvaisefoitotale.

Ces faitsnousconduisent à regretterquedesauteurs aussiremarquablesqueJean-MarieDonéganietMarcSadounfassentleur la position relativiste deRorty au point d’écrire au termed’une longueprésentationde lapenséede cet auteur : «C’estpourquoi lapolitique libérale telleque la conçoiventRortyouOakeshottestextrêmementfragile,expériencecontingentedont

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