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Anno XXII n. 2 - febbraio 2006 - Sped. a. p. - art. 2 - comma 20/c, Legge 662/96 - Filiale di Asti - Organo ufficiale del Centro Librario Sodalitium - Loc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA (TO) Tel. +39.0161.839.335 - Fax +39.0161.839.334 - IN CASO DI MANCATO RECAPITO, RINVIARE ALLUFFICIO C.R.P. ASTI PER RESTITUZIONE AL MITTENTE CHE SI IMPEGNA A CORRISPONDERE LA RELATIVA TARIFFA Tassa Riscossa - Taxe Perçue. ASTI CPO N° 58 Quarante ans après le Concile Vatican II. Joseph Ratzinger… Le Rhin se jette dans le Tibre

Quarante ans après le Concile Vatican II. Joseph Ratzinger… · tique formel avoué! C’est avec Hans Küng en effet, que, durant l’époque conciliaire, le jeune Ratzinger a

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Anno XXII n. 2 - febbraio 2006 - Sped. a. p. - art. 2 - comma 20/c, Legge 662/96 - Filiale di Asti - Organo ufficiale del Centro Librario Sodalitium -Loc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA (TO) Tel. +39.0161.839.335 - Fax +39.0161.839.334 - IN CASO DI MANCATO RECAPITO, RINVIARE

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ÉditorialÉditorialC’est à cheval sur les derniers jours

de Karol Wojtyla (édition italien-ne) et les premiers de Joseph Rat-

zinger (édition française) que sortait le der-nier numéro de Sodalitium.

Le 2 avril, en effet, Jean-Paul II se pré-sentait au jugement de Dieu, et le 5 avrilnotre Institut publiait un communiqué invi-tant tous les fidèles à la prière et à la péniten-ce avec l’espérance surnaturelle que leConclave donnerait à l’Église un Pontife lé-gitime. Le lendemain de l’élection de JosephRatzinger au Siège pontifical qui eut lieu le19 avril, s’adressant aux électeurs, BenoîtXVI manifestait clairement son intention, sa“ferme volonté”, de continuer à mettre enœuvre le Concile Vatican II. Inévitablement,le jour même, notre petit Institut déclaraitpubliquement ne pas pouvoir reconnaître enBenoît XVI l’Autorité divinement assistéepour diriger et gouverner l’Église du Christ.

Depuis ce printemps plusieurs mois ontpassé désormais, qui n’ont fait que confir-

mer pleinement le discours du 20 avril.Seuls ceux qui ne veulent pas voir, ceux quiveulent se leurrer (et dans les rangs des fi-dèles à la tradition de l’Église, ils sont nom-breux à avoir voulu s’illusionner durant cesderniers mois, comme d’autres le firentaprès l’élection de Jean-Paul II), seuls ceuxqui peut-être veulent tromper et abuser,peuvent ne pas avoir vu qu’en peu de joursJoseph Ratzinger a fait ce que Jean-Paul IIa mis de nombreuses années à faire. Les in-novations révolutionnaires du prédécesseur(ou des prédécesseurs immédiats) sont dé-sormais une nouvelle “tradition”. La visite àla Synagogue, les messages cordiaux au rab-bin Di Segni, la doctrine sur la “saine laïcitéde l’État”, la révocation de la décision deJean-Paul II (!) de béatifier le Père Dehon,accusé par les juifs d’antisémitisme, la pra-tique constante de l’œcuménisme et de lacollégialité, la communion sacrilège donnéePlace Saint-Pierre au pasteur protestant deTaizé, Roger Schutz (aujourd’hui décédé),sont des faits qui n’étonnent plus personne.De même que n’a surpris non plus personnela rencontre scandaleuse parce qu’amicaleavec le vieux camarade Hans Küng, héré-

“Sodalitium” Periodicon° 58, Anno XXII n. 2 2006

Editore Centro Librario Sodalitium

Loc. Carbignano, 36. 10020 VERRUA SAVOIA TOTel.: 0161.839335 Fax: 0161.839334 - CCP 36390334

INTERNET: www.sodalitium.it - email: [email protected] -

Direttore Responsabile don Francesco RicossaAutorizz. Tribunale di Ivrea n. 116 del 24-2-84

Stampa: - Ages Torino. Le présent numéro

a été achevé de rédiger le 10/02/2006

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En couverture : en fond, une séance du Concile Va-tican II. Sur les petites photos, certains artisans duConcile : Paul VI et Lercaro, Rahner et Ratzinger pré-sents comme théologiens (en costume-cravate…).

Éditorial p. 2Christianisme et judaïsme. “L’Ancienne Alliance jamais révoquée” p. 5Charles de Foucauld et l’Islam p. 25Sermon de Monseigneur Geert Stuyver p. 38La mort, début de la vie éternelle p. 40RECENSIONS :

Modernisme et antimodernisme. Histoire ou actualité ? p. 42En famille p. 44Cristina Campo ou l’ambiguïté de la tradition p. 45Autorité et épiscopat dans l’Église p. 45Histoire du Jacobinisme p. 46“Jusqu’à ce jour tout le monde a parlé de Mortara. Laissez maintenant la parole ... p. 47

Vie de l’Institut p. 49

✍ Sommaire

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tique formel avoué! C’est avec Hans Küngen effet, que, durant l’époque conciliaire, lejeune Ratzinger a travaillé pour abattre lesbastions de l’Église catholique, qui, sous lescoups de pioche de ces théologiens icono-clastes modernes, sont finalement tombés,comme le souhaitait un maître de Ratzin-ger, l’ex-jésuite Hans Hurs von Balthasar.

En ces jours désormais lointains, un cer-tain Ralph M. Wiltgen, prêtre missionnaire,suivait le Concile, non comme théologien,mais comme journaliste. En 1967, il publiaaux États-Unis, un compte rendu personneldes assises conciliaires dûment muni del’imprimatur et dont la première éditionfrançaise parut en 1973 au Cèdre.

Le Père Wiltgen intitula son livre LeRhin se jette dans le Tibre. Dans la préfacede la première édition écrite en 1966, le PèreWiltgen explique son choix: “Cent ans avantla naissance du Christ, Juvénal, dans l’une deses Satires, écrivait que l’Oronte, fleuve prin-cipal de la Syrie, s’était jeté dans le Tibre. Ilentendait par là que la culture syrienne, qu’ilméprisait, avait réussi à pénétrer la culture desa Rome bien-aimée.

“Ce qui s’est passé sur le plan culturel autemps de Juvénal s’est passé de nos jours surle plan théologique. Mais, cette fois, l’in-fluence est venue des pays riverains du Rhin- Allemagne, Autriche, Suisse, France etPays-Bas - et de la voisine Belgique. C’estparce que les cardinaux, évêques et théolo-giens de ces six pays ont réussi à exercer surle deuxième Concile du Vatican une influen-ce prédominante que j’ai intitulé mon livre‘Le Rhin se jette dans le Tibre’ (Préface, p.9, éd. du Cèdre, Paris 1975).

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Les six pays de l’Alliance européenneavaient en commun les traces profondesqu’y avait laissé le protestantisme. L’influen-ce du protestantisme, puis du jansénisme, duprotestantisme libéral, du modernisme, en-fin du néo-modernisme de la nouvelle théo-logie condamnée par Pie XII, était profon-de. Les cardinaux Liénart (France), Suenens(Belgique), König (Autriche) et surtoutFrings (Allemagne), furent les principauxartisans de la révolution conciliaire. Et par-mi les théologiens, deux noms émergent: Jo-seph Ratzinger, expert de l’archevêque deCologne, Frings, et Karl Rahner, expert del’archevêque de Vienne, König.

En revoyant les images de Benoît XVI,à Cologne, navigant sur le Rhin avant depénétrer dans la Synagogue locale, com-ment s’empêcher de penser qu’avec sonélection, c’est vraiment et totalement quele Rhin s’est jeté dans le Tibre!

De Cologne à Rome. Mais Rome est-elleencore Rome, se demande-t-on en voyant cequ’était, il fut un temps, le couronnement duSouverain Pontife? Place Saint-Pierre per-sonne n’a ceint de la tiare le front de JosephRatzinger qui a voulu innover par rapportmême à ses prédécesseurs immédiats: la tiarea disparu aussi des armes pontificales, rem-placée par le pallium archi-épiscopal. Il nes’agit pas d’un détail héraldique. Le “préfetde la congrégation pour la doctrine de laFoi” avait déjà exprimé sa pensée selon la-quelle la papauté devait “revenir” au pre-mier millénaire. Renier la tiare signifie re-nier la papauté dans toute sa majesté, tellequ’elle se manifesta au monde avec SaintGrégoire VII, Innocent III, Boniface VIII…jusqu’à Pie XII. La papauté que déjà Jean-Paul II voulait réformer (Ut unum sint) n’estplus ce qu’elle était. Le Pape ne sera plusmonarque de l’Église, “Le Pape n’est pas unsouverain absolu”, a dit Benoît XVI en pre-

Concile Vatican II : sortie des Pèresconciliaires de la Basilique vaticane

Benoît XVI à la synagogue de Cologne au cours deson voyage en Allemagne. À droite avec le schofar

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nant possession de la basilique du Latran(absolu, non, monarque, oui). “Ce Pape quine parle jamais de ‘pontificat’ mais toujoursde ‘ministère pétrinien’, qui a supprimé la tia-re sur les armes pontificales, qui ne manquejamais de souligner qu’il est d’abord et avanttout l’‘évêque de Rome’, a expliqué qu’il n’estpas un monarque absolu, mais un serviteur…(…) Le monde orthodoxe et oriental [héré-tique et schismatique, n.d.r.] attendait un re-tour à l’image de la papauté comme ministèrede l’évêque de Rome, qui en tant que telconfirme ses frère, conserve et transmet, deconcert avec tout le collège des successeursdes apôtres, la foi dans le Christ unique sau-veur et rédempteur du monde” (A. Tornielli,Il Giornale, 8 mai 2005, p. 13). La Collégiali-té épiscopale sera sans doute l’un des pointsfondamentaux de l’action de Benoît XVI, etc’est aussi pour cette raison que Sodalitiumdédie un long article au concept de l’épisco-pat dans Vatican II, ainsi qu’aux rapportsentre collégialité et Primat (voir note à côté).

Nous ne savons pas si Benoît XVI ac-cordera une plus grande liberté à la célé-bration de la Messe, comme l’ont laissé àpenser ses écrits précédant l’élection et sonentrevue avec Mgr Fellay à la fin août.Mais nous savons de façon certaine qu’ilcélèbre chaque jour le rite réformé et qu’ildonne aussi bien la communion dans lamain, et même à des non-catholiques.

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Sodalitium a fêté les vingt ans de l’Insti-tut Mater Boni Consilii. L’anniversaire aété solennisé à Verrua le samedi 5 no-vembre avec l’ordination solennelle dedeux nouveaux prêtres: Deo gratias! Toute-fois ce n’est pas en notre Institut que nousmettons notre espérance. Notre espéranceest, et reste, en l’Église et les promessesfaites à l’Église par son fondateur, Jésus-Christ. C’est à Lui que revient la tâche desauver Son Église. Nous sommes sûrs qu’Ilne l’abandonnera pas. Malgré les notestristes de cet éditorial, notre Foi nous sou-tient et nous soutiendra encore. Nousn’avons aucune espérance humaine en Rat-zinger et en tous ceux qui sont en commu-nion avec lui. Mais nous savons que Celuiqui a fait du persécuteur Saul le grandApôtre saint Paul, pourra, quand et commeil le voudra, faire triompher la Foi là où elleest maintenant humiliée. Ce ne sera pasalors un triomphe du persécuteur, mais unevictoire miraculeuse de la Grâce de Dieu.Portæ inferi non prævalebunt!

Note

Dans l’éditorial de ce numéro, nous par-lons d’un article sur la collégialité épiscopalequi a été publié dans l’édition italienne de So-dalitium. Or, puisqu’il n’y avait plus de placedans la présente édition française, il sera pu-blié, si Dieu veut, dans le prochain numéro.Le lecteur français pourra cependant le liredans sa traduction française sur notre site in-ternet (www.sodalitium.it/france) dès quepossible. Au terme de cet article est égale-ment examiné le discours que Benoît XVI afait aux cardinaux en décembre 2005 sur l’in-terprétation du Concile Vatican II; étant don-né l’actualité du sujet, nous conseillons unelecture attentive de cette partie sur notre siteinternet. Sur le même sujet (le discours deRatzinger) signalons aussi l’article (en an-glais) de Mgr Sanborn intitulé “Saving the ba-by”, publié sur le numéro de janvier du bulle-tin du séminaire de la T. S. Trinité, et quevous pouvez trouver, toujours sur internet, àl’adresse suivante:http://www.traditionalmass.org/articles/article.php?id=71&catname=15.

Le Père Romero l’a traduit en espagnoldans la revue argentine “Integrismo”, quipeut être demandée à l’adresse électroniquesuivante: [email protected]

Joseph Ratzingerdonnant la communionPlace St-Pierre au pas-teur protestant de TaizéRoger Schutz (décédé

depuis)

Ordinations sacerdotales : Accipe Spiritum Sanctum…

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Christianisme et judaïsme.“L’Ancienne Alliance

jamais révoquée”Par M. l’abbé Curzio Nitoglia

L’ENSEIGNEMENT DE JEAN-PAUL II

1ère OBJECTION

Depuis sa première rencontre avec unedélégation juive, le 12 mars 1979, J.-P.

II cite la Déclaration Nostra Ætate, «dontl’enseignement exprime la foi de l’Église»(comme il le précisera plus tard à Caracas,au Vénézuela, le 27 janvier 1985).

Selon Nostra Ætate [désormais N.A.] unlien relie spirituellement le peuple du Nou-veau Testament avec la lignée d’Abraham,qui sont non seulement les juifs de l’An-cienne Alliance mais aussi ceuxd’aujourd’hui.

En effet, citant Rm. XI, 28-29 «le Conci-le déclare - écrit le P. Jean Stern de l’Uni-versité Pontificale Urbanienne - à proposdes juifs [post-bibliques] qu’ils forment un“peuple très aimé du point de vue de l’élec-tion, à cause de leurs pères, car Dieu ne re-grette rien de ses dons”. Par conséquent, sila communauté religieuse juive, marquéepar l’enseignement des rabbins, appartientà la lignée [spirituelle] d’Abraham... le ju-daïsme [d’après l’exil] constitue une reli-gion, les juifs d’aujourd’hui, eux, formentessentiellement un peuple» (1).

1ère RÉPONSE EN TROIS POINTS

Je réponds:A) “N.A.” représente la foi de l’Église:

La Déclaration “N.A.”, du 28 octobre1965, sur «l’Église et les religions non chré-tiennes», au n° 2 parle de l’Hindouisme etdu Bouddhisme, au n° 3 des Musulmans, aun° 4, du “lien de l’Église avec la lignéed’Abraham”. Or lignée = race ou descen-dance charnelle d’Abraham; alors quel’Église est ultranationale et supraraciale;elle est universelle, catholique, concerne lafoi, les âmes de tous les hommes, de toutes

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les époques, de tout le monde. L’Église n’ade lien spirituel avec aucune lignée particu-lière. On ne peut donc pas mettre en rela-tion la lignée charnelle ou le sang, avec lafoi, l’âme ou l’esprit. Ceci est la premièregrande anomalie ou contradiction dans lestermes de “N.A.”.

Le judaïsme post-biblique n’est pas seu-lement une pure religion mais une idéolo-gie ou “religion” raciale; Elio Toaff, anciengrand rabbin de Rome, a écrit: «Est juif lepeuple qui a une religion. Les deuxconcepts sont indissociables. L’identité jui-ve est constituée surtout par l’appartenanceau peuple juif. Même celui qui n’est pas re-ligieux est juif puisqu’il appartient aupeuple juif. La religion juive est seulementpour le peuple juif» (2).

Il faut ensuite préciser que lignéed’Abraham ce ne sont pas seulement lesjuifs, mais ce sont aussi les arabes: en effet,Ismaël (leur souche) était fils d’Abraham etAgar (alors qu’Isaac, l’ancêtre des juifs, étaitfils d’Abraham et Sara). Par conséquent,quand “N.A.” parle des “points de contactavec les Musulmans” au n° 3 et au n° 4, où ilest question de la “lignée d’Abraham”, entraitant seulement “des juifs”, elle commetune discrimination raciale à l’égard desarabes (qui sont présentés seulement com-me “musulmans qui cherchent à se sou-mettre... à Dieu comme... Abraham, auquella foi islamique se réfère volontiers”), sansdire que si du côté de la mère ils sont fils del’esclave Agar, du côté du père ils sont filscharnels ou descendants d’Abraham commeles juifs. Ils ne sont pas “Nescio Nomen”, ontmère et père, même si leur mère était uneesclave, et la mère d’Isaac et des juifs était lamaîtresse de maison.

La théologie catholique a distinguéd’une manière adéquate (avant et mieuxque le Concile Vatican II) la descendanced’Abraham:

a) selon la chair: juifs et arabes.b) selon la foi: c’est-à-dire ceux qui ont la

foi d’Abraham, qui, croyant dans le Christ àvenir, était chrétien in voto. Jésus dans

La question juive Le judaïsme post-bibliquen’est pas seulement une purereligion mais une idéologieou “religion” raciale

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l’Évangile de Jean (VIII, 56) dit “Abraham,votre père (selon la chair), désira voir monjour (l’Incarnation du Verbe), il l’a vu (enesprit) et s’en est réjoui (il m’accueillit dansson âme, dans sa foi, tandis que vous non)”.

Donc, seul celui qui a la foi d’Abrahamdans le Christ à venir (A.T.) et venu (N.T.),est lié à l’Église du Christ, indépendammentdu peuple auquel il appartient; “dans leChrist il n’y a plus ni juif, ni grec”, on estchrétiens, fils dans la foi d’Abraham, quel’on soit juif ou non selon le sang. Lesapôtres, la Sainte Vierge, le Christ commehomme, étaient juifs de sang et chrétiens defoi, vrais fils d’Abraham selon l’un et surtoutl’autre. Eugenio Zolli (3) était juif de race,mais devint chrétien de foi, et c’est alors seu-lement qu’il fut vrai fils d’Abraham. Or ladescendance charnelle, lignée, race oupeuple d’Abraham qui n’a pas accepté leChrist comme Dieu et Messie, n’a pas delien spirituel avec l’Église chrétienne, ellen’en partage pas la foi dans la divinité duChrist. Ce n’est donc pas la lignée qui comp-te (ce serait du racisme, et l’Église le rejet-te), mais la foi dans la divinité de Jésus.

En effet, il est révélé que “en Jésus-Christ la bénédiction donnée à Abraham estpassée aux Gentils” (Gal. III, 14); Jésusdans l’Évangile dit aux pharisiens: “ne ditespas: Nous avons Abraham pour père”(Matth. III, 9 ; Lc III, 8), “la postérité…procède de la foi d’Abraham” (Rm. IV, 16),“ceux qui ont la foi sont bénis avec Abra-ham le croyant” (Gal. III, 9).

L’ambiguïté de “N.A.” est de faire passertous ceux qui descendent d’Abraham (sauf

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les arabes) comme ayant des liens spirituelsou de foi avec l’Église chrétienne. Mais leschoses ne se passent pas ainsi, la plupart desfils d’Abraham selon la chair ne croient pas àla divinité du Christ, seul “un petit reste”(Rm. IX, 27 - XI, 15) l’a accepté commeDieu et Messie. Jésus le révèle “vous n’avezpas pour père [selon l’esprit ou la foi] Abra-ham, mais le diable” (Jn VIII, 44).

La descendance ou race d’Abraham estcomposée:

a) des arabes, qui spirituellement sont -en très grande partie - musulmans, et quin’ont donc pas la foi d’Abraham en la divi-nité du Christ, même s’ils Le reconnaissentcomme prophète.

b) des juifs, qui depuis le Vendredi-Saint se trouvent scindés en deux:

a) La “petite partie” fidèle au Christ:“le petit reste”, c’est-à-dire les Apôtres

et les disciples, qui ayant accepté le Christ,a donné origine à l’Église (lignée+foid’Abraham).

b) la plus grande partie infidèle ou in-crédule envers la divinité du Christ:

a renié la foi d’Abraham, le mosaïsmevetero-testamentaire, et a donné lieu au ju-daïsme post-biblique, post-chrétien, talmu-dico-cabalistique et rabbinico-pharisaïque,qui plus qu’une religion est une lignée ouune “religion raciale” et raciste.

Les exégètes distinguent nettement lejudaïsme Antique, du Temple, c’est-à-direbiblique, du Nouveau, rabbinico-“post-templier” (après la destruction du Templeen 70 après J.-C.), talmudique et cabalis-tique, c’est-à-dire antibiblique (4).

De Wojtyla à Ratzinger : la continuité dans la tradition...Les occupants du siège apostolique changent mais le Rabbin est

toujours le même... Jean-Paul II et Benoît XVI avec le grandrabbin de Rome Riccardo Di Segni le 14/02/2003 et le 16/01/2006

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L’Église est “la société des baptisés, quiont la même foi (au Christ), la même mora-le, participent aux mêmes sacrements etsont soumis aux légitimes pasteurs, lesévêques ou successeurs des Apôtres et spé-cialement au Pontife romain, successeur dePierre” (st Robert Bellarmin). Comme onle voit, il n’est pas question de descendanceou de peuple dans cette définition clas-sique, et communément acceptée, de l’Égli-se. Il n’y a donc aucun “si grand patrimoinespirituel commun aux chrétiens et aux juifs”(“N.A.”, n° 4f).

Au n° 4e, “N.A.” enseigne: “selonl’Apôtre, les juifs restent encore, à cause deleurs pères, très chers à Dieu, dont les donset l’appel sont sans repentance”. J’ai déjàréfuté le sophisme: st Paul dit seulementque l’appel de Dieu ne change pas (“Egosum Dominus et non mutor”). Au contrai-re, la réponse humaine à l’appel de Dieupeut changer, comme cela a été pour laplus grande partie du peuple d’Israël, quidurant la vie de Jésus, a mal correspondu àl’appel et au don de Dieu, en tuant les Pro-phètes et le Christ; c’est pourquoi est cher àDieu, c’est-à-dire demeure en grâce deDieu, seul “le petit reste” de ceux qui ontaccepté le Messie Christ venu (N.T.), com-me leurs pères dans l’A.T. acceptèrent jadisle Christ à venir.

Au n° 4g, la Déclaration conciliaire écrit:“Le Christ s’est soumis à la mort à cause despéchés de tous les hommes. Encore que desautorités juives, avec leurs partisans, aientpoussé à la mort du Christ, ce qui a été com-mis durant sa passion ne peut être imputé niindistinctement à tous les juifs vivant alors,ni aux juifs de notre temps”.

Il faut distinguer:Le Christ est mort pour racheter les pé-

chés de tous les hommes, autrement dit, lafinalité de la mort du Christ est la rédemp-tion du genre humain.

Mais la cause efficiente qui a produit lamort du Christ, ce ne furent pas les péchésdes hommes, mais le judaïsme post-bi-blique, qui en niant la divinité du Christ, lecondamna à mort et fit exécuter la sentencepar les Romains. Pour tous les Pères del’Église, unanimement (5), la cause efficien-te et responsable de la mort de Jésus est lejudaïsme pharisaïque, talmudique et anti-chrétien par le truchement de ses “fidèles”.Dans la mort du Christ, c’est la communau-

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té religeuse d’Israël post-biblique qui estimpliquée et non toute la lignée (un “petitreste” qui fut fidèle au Christ: les Apôtres,les Disciples), même si la majeure partie dupeuple prit une part active à la condamna-tion de Jésus. L’accord unanime des Pèresest signe de tradition divine: ils sont l’orga-ne qui transmet la tradition divino-aposto-lique, leur commun accord est règle de foi,c’est-à-dire qu’il est révélé par Dieu etconfié aux Apôtres, ce que les Pères ecclé-siastiques enseignent avec consensus mora-lement unanime en matière de foi et demorale (le consensus absolu ou mathéma-tique n’est pas nécessaire). Ils ont en effetété placés par Dieu dans l’Église pourconserver la tradition divine reçue par lesApôtres. Dans notre cas les Pères (de stIgnace d’Antioche † 107 à st Augustin †430, en passant par st Justin † 163, st Irénée† 200, Tertullien † 240, st Hyppolite de Ro-me † 237, st Cyprien 258, Lactance † 300, stAthanase † 373, st Hilaire de Poitiers † 387,st Grégoire de Nazianze † 389, st Ambroisede Milan † 397, st Cyrille d’Alexandrie †444) sont non seulement moralement, maisaussi mathématiquement d’accord pour en-seigner que la grande partie (infidèle auChrist) du peuple juif, c’est-à-dire le judaïs-me talmudique est responsable, commecause efficiente, de la mort du Christ et adonné lieu à une nouvelle religion schisma-tique et hérétique, le talmudisme, qui sedétache du mosaïsme et qui aujourd’hui en-core refuse la divinité du Christ et lecondamne comme idôlatre, puisque d’hom-me il prétend se faire Dieu (6).

a) les chefs:ils savaient clairement, comme enseigne

st Thomas d’Aquin, (S.T. III, q. 47, aa. 5, 6/II-II, q. 2, aa. 7, 8) que Jésus était le Messieet ils voulaient ignorer ou ne pas admettrequ’il était Dieu (ignorance affectée, aggra-ve la culpabilité).

b) le peuple:qui pour la majorité a suivi les chefs, alors

qu’un “petit reste” a suivi le Christ, a eu uneignorance non affectée ou voulue, mais vin-cible, donc une faute moins grave que leschefs, mais objectivement ou grave en soi(subjectivement, c’est-à-dire dans le cœur dechaque homme où seul Dieu entre). Lepeuple, qui avait vu les miracles du Christ, ala circonstance atténuante d’avoir suivi legrand prêtre, le sanhédrin, les chefs; son pé-

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ché est grave en soi, même s’il est en partiediminué, pas totalement effacé, par ignoran-ce vincible mais non affectée (S.T. supra).

Le judaïsme d’aujourd’hui, dans la me-sure où il est la libre continuation du ju-daïsme rabbinique du temps de Jésus ets’obstine à ne pas l’accepter, participe ob-jectivement à la responsabilité du déicide.

“N.A.” n° 4h écrit: «les juifs ne doiventpas être présentés comme réprouvés parDieu ni maudits, comme si cela découlaitde la Sainte Écriture».

Tout d’abord, il faut spécifier que nousparlons de l’hébraïsme, religion post-bi-blique, et de ses fidèles, les juifs qui suiventla Cabale et le Talmud (“N.A.” est équi-voque, quand elle emploie le simple mot“juifs”, alors qu’elle parle des “rapportsentre lignée d’Abraham qui a des liens spi-rituels très étroits avec l’Église du Christ”).

Il faut préciser ensuite les termes théo-logiques et bibliques de réprovation et ma-lédiction.

a) Réprouver:signifie rejeter, considérer inutile,

désapprouver, rompre une amitié. Or la sy-nagogue talmudique (que l’Apocalypse dest Jean appelle à deux reprises Synagoguede Satan), après le meurtre du Christ, a étédésapprouvée, rejetée par Dieu qui aconstaté son infidélité au pacte conclu parLui avec Abraham et l’a répudiée pourconclure une Nouvelle Alliance avec le“petit reste” d’Israël fidèle au Christ et àMoïse, et avec tous les Gentils prêts à ac-cueillir l’Évangile (lesquels, en très grandepartie, ont correspondu au don de Dieu,alors que seule une “relique” L’a refusé,pour s’adorer narcissiquement elle-mêmeau moyen d’idoles qu’elle s’était construitesen guise de miroir). Dieu a désavoué ceuxqui ont renié son Fils unique et consubstan-tiel “vrai Dieu de vrai Dieu”. Par consé-quent, la saine théologie a interprété l’Écri-ture et a enseigné que le judaïsme post-bi-blique est réprouvé ou désapprouvé parDieu, autrement dit tant qu’il demeuredans le refus obstiné du Christ, il n’est pasuni spirituellement à Dieu, il ne Lui est pascher, il n’est pas en grâce de Dieu.

b) Maudire:signifie condamner, ce n’est pas une

“malédiction formelle” lancée par Dieucomme une imprécation pour nuire, mais“objective”, c’est-à-dire une situation qui

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est condamnée par Dieu, dont Il dit du malou “maudit”: en effet, Dieu ne peut approu-ver, dire du bien ou “bénir” le refus duChrist. Le Père, ayant constaté la stérilitédu judaïsme pharisaïque et rabbinique, quia tué les Prophètes et son Fils, la condamne,désapprouve, en “dit du mal” ou “maudit”.Comme Jésus qui constatant la stérilité d’unfiguier le maudit, c’est-à-dire ne l’appréciapas, mais le condamna car infructueux (7).

Je rapporte ce qu’a écrit une juiveconvertie: «Il faut distinguer le judaïsme del’A.T. du judaïsme post-christique. Le pre-mier (A.T.), est une préparation du christia-nisme; le second au contraire (le judaïsmepost-christique), a nié la messianité de Jésuset continue de refuser le Messie, Jésus-Christ. En ce sens, il y a une oppositionentre le christianisme et le judaïsme actuel.L’Ancienne Alliance est basée aussi sur lacoopération des hommes. Moïse reçut la dé-claration de Dieu, contenant les conditionsdu pacte. L’Alliance n’est pas incondition-nelle (Dt. XI, 1-28), mais est soumise àl’obéissance du peuple d’Israël: “Je mets de-vant vous une bénédiction et une malédiction:la bénédiction, si vous obéissez aux comman-dements de Dieu... la malédiction, si vousn’obéissez pas” (Dt. XI, 28)... L’alliance dé-pend aussi du comportement d’Israël etDieu menace plusieurs fois de la rompre àcause des infidélités du peuple juif qu’il vou-drait détruire (Dt. XXVIII; Lev. XXVI, 14ss.; Jer. XXVI, 4-6; Os. VII, 8 et IX, 6).Après la mort du Christ le pardon de Dieun’est pas accordé à tout Israël, mais seule-ment à “un petit reste” fidèle au Christ et àMoïse. À la suite de l’infidélité de l’en-semble du peuple d’Israël envers le Christ etl’A.T. qui L’annonçait, le pardon de Dieu serestreint à “un petit reste”. Ce n’est pas unerupture du plan de Dieu, mais une modifica-tion de l’Alliance primitive prévue dès l’ori-gine, dans l’Alliance nouvelle et définitive,qui donnera au “petit reste” des juifs fidèlesau Messie un “cœur nouveau” et s’ouvrira àl’humanité entière... Jésus n’a pas instauréune nouvelle religion, il a enseigné que Dieuvoulait le salut de toute l’humanité et que lavenue du Christ était la condition de ce sa-lut... La communauté chrétienne est restéefidèle à la tradition vetero-testamentaire, enreconnaissant en Jésus le Christ annoncé parles Prophètes. Pour les chrétiens, c’est le ju-daïsme post-biblique qui est infidèle à

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l’A.T., mais il y a un “petit reste” fidèle, quien entrant dans l’Église chrétienne garantitla continuité de l’Alliance (ancienne-nouvel-le), en vue du Christ à venir et venu. Il est lapierre d’angle qui “a fait des deux (peuples:juifs et gentils) un seul” (les chrétiens)» (8).

Je réponds:B) Il y a un lien qui unit spirituellement leN.T. au judaïsme post-biblique:

Le N.T. croit à la divinité du Christ, le ju-daïsme actuel ou post-biblique la nie: entreeux il y a opposition de contradiction (leChrist est Dieu; le Christ n’est pas Dieu),c’est-à-dire qu’il s’agit de la plus grande op-position qui ne permet pas la vérité des deuxpropositions, donc ou le Christ est Dieu (etalors c’est le N.T. qui est en vigueur), ou leChrist n’est pas Dieu (et c’est donc le judaïs-me post-biblique qui est vrai), tertium nondatur. La position iréniste du Concile Vati-can II et de Nostra Ætate particulièrement,constitue la troisième voie qui est impossiblepuisque contradictoire.

En outre, le lien qui unit spirituellementchristianisme et judaïsme actuel, est contrai-re à l’enseignement de l’Évangile et de laTradition patristique; en effet, Jésus dit auxpharisiens qui niaient sa divinité (c’est-à-di-re au judaïsme rabbinique et postbibliqueou antichrétien) que leur père selon la gé-nération charnelle est Abraham, mais selonl’esprit est le diable (Jn VIII, 31-47; ST JEANCHRYSOSTOME, Commentaire sur l’Évangileselon St Jean, Homélie LIV, 1; ST AUGUS-TIN, Commentaire sur Jean, Discours XLII,1; ST THOMAS D’AQUIN, Commentaire sur StJean, VIII, Lectio IV, 1201).

Je réponds:C) le peuple juif [ou religion talmudique]est aujourd’hui encore aimé par Dieu:

Deus non deserit nisi prius deseratur, l’Al-liance conclue avec Abraham est un pacte bi-polaire et conditionnel: de la part de Dieu(ex parte electionis), le Seigneur s’engage àprotéger son peuple, s’il Lui est fidèle; autre-ment il y a rupture. De la part du peuple, ilpeut compter sur l’amour en acte de la partde Dieu, s’il Lui est fidèle, autrement il serarépudié comme idolâtre, comme une prosti-tuée qui a abandonné son époux pour sevendre à des inconnus. Tout l’A.T. se fondesur ce rapport bipolaire et conditionnel. Orle peuple juif a été infidèle à Dieu (il a tué

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les Prophètes et le Messie); Dieu a doncrompu l’alliance avec lui et a conclu une al-liance nouvelle et définitive avec le “petitreste” fidèle et avec les Gentils.

Certes les dons de Dieu sont irrévocablesou sans repentance, ex parte electionis. Dieuappelle, choisit un peuple, une personne àune vocation particulière (Israël à accueillirle Messie Jésus; Judas à être Apostolus JesuChristi; mais les deux ont trahi leur vocationex parte cooperationis); Dieu ne change pasd’avis, la vocation demeure, mais nousvoyons qu’il n’y a pas de correspondance dela part de l’appelé, qui, en ne correspondantpas, n’est pas aimé par Dieu. D’où, si Dieuaime les pères de l’hébraïsme actuel, selon lagénération charnelle (Abraham, Isaac, Ja-cob...), il n’aime pas le talmudisme en soipuisqu’il a refusé le Christ, unique Sauveuret Rédempteur de l’humanité.

2ème OBJECTION

«La nouvelle Commission Pontificalepour les relations religieuses avec le Judaïsme- observe le Père Michel Dubois o.p. - étaitrattachée au Secrétariat pour l’Unité desChrétiens, alors que la Commission pourl’Islam devait dépendre du Secrétariat pourles non-chrétiens. Une telle décision étaitlourde d’une signification théologique...[certains redoutaient] qu’une telle décisionestompât exagérément la différence fonda-mentale entre judaïsme et christianisme» (9).

2ème RÉPONSE:Le judaïsme qui nie la divinité du Christ

(essence de la religion chrétienne) et Leconsidère comme une idole méritant lamort, a été incorporé à la Commission pourles rapports avec les chrétiens (comme si lechristianisme était un rameau du judaïsmeactuel ou post-biblique, ou si le judaïsme tal-mudique rendait vrai le christianisme, quodrepugnat); alors que l’Islam qui nie la divini-té du Christ mais Le respecte comme pro-phète est considéré, avec raison, a-chrétien,en conséquence, sa distance avec le christia-nisme est moindre que celle du judaïsme.

3ème OBJECTION

En 1980, Jean-Paul II, à Mayence en Al-lemagne, a appelé les juifs «le peuple del’Ancienne Alliance jamais révoquée»; cette

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expression - explique le P. Paul Beauchamps.j. - était déjà présupposée «dans la liturgienouvelle (version française officielle) duVendredi-Saint, avec l’oraison implorantDieu que les juifs “progressent dansl’amour de son Nom et la fidélité à son al-liance”. Qui est exclu d’une alliance ne peuty progresser [le judaïsme actuel maintien-drait donc l’Alliance avec Dieu]» (10).

Le père jésuite Norbert Lohfink (11) a ap-profondi le sens de la phrase prononcée àMayence par J.-P. II, et a expliqué que der-rière le concept de Nouvelle et Éternelle Al-liance se cache un certain antijudaïsme chré-tien, il s’agirait d’un concept d’antagonismeenvers le judaïsme, hérité de l’Église primiti-ve; l’auteur soutient qu’il faut parler d’uneunique Alliance et d’une double voie desalut, évitant de dire que ce n’est que dans leChrist qu’est le salut pour tout homme[contredisant explicitement le donné révélé,n.d.a.]; les juifs peuvent se sauver en parcou-rant la voie du judaïsme talmudique, les chré-tiens celle de l’Évangile, il y a une seule Al-liance à laquelle participent juifs et non-juifs,chacun suivant sa propre route.

Selon l’auteur, J.-P. II se réfère sansdoute au peuple juif d’aujourd’hui; il parleen effet de «la rencontre entre le peuple deDieu de l’Ancienne Alliance jamais révo-quée (Rm. I, 19) et celui de la Nouvelle Al-liance, c’est... un dialogue... entre la pre-mière et la seconde partie de sa Bible».

3ème RÉPONSE:La péricope est équivoque, en effet, le

peuple de l’Ancienne alliance et celui de laNouvelle et éternelle est spirituellement lemême; il est composé de ceux qui croyaientau Christ Messie à venir (Mosaïsme) et deceux qui croient au Christ Messie venu

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(Christianisme); pour la théologie catho-lique il y a un perfectionnement de l’An-cienne Alliance au moyen de la Nouvelle;alors que J.-P. II parle de deux peuples, lepeuple chrétien et le peuple du judaïsmeactuel, avec lequel - pour la saine théologiecatholique - Dieu a rompu l’Alliance puis-qu’il a été trahi par lui qui a refusé les Pro-phètes et le Christ.

Le rabbinisme pharisaïco-talmudique,au contraire, est présenté par J.-P. II com-me le peuple avec qui Dieu est encore enalliance.

Le peuple de l’Alliance établie avecMoïse est spirituellement le christianisme;en effet, matériellement Moïse, il y a envi-ron trois mille ans, était le chef du peupled’Israël selon la chair; mais ce peuple, danssa majeure partie, quand vint le Messie,pour lequel Dieu avait conclu une allianceavec Israël, Le refusa et à partir de ce mo-ment il ne peut plus être considéré commefils spirituel d’Abraham, de Moïse et deDieu, mais seulement comme descendantmatériellement d’Abraham, de Moïse, ré-pudié par Dieu spirituellement et par consé-quent fils spirituel du diable (Jn VIII, 44).

Lohfink écrit que J.-P. II «enfreint avecaudace la tradition, en rapportant Rm. XI,29 à cette “ancienne alliance”, tandis queLuc XXII, 20 parle de «la Nouvelle Allianceen mon [du Christ] sang, versé pour vous».Lohfink estime au contraire que «en se ré-férant à l’interprétation du rapport hébraïs-me-christianisme, existent les soi-disant“théories de l’unique alliance [qui a deuxétapes, la vieille et la nouvelle, n.d.a.], etqu’existent aussi par contre les “théoriesdes deux alliances”» (12).

Pour le jésuite, «l’hébraïsme actuel peutrapporter à lui-même le mot “alliance”,même d’un point de vue parfaitement chré-tien puisque son “ancienne alliance” n’a ja-mais été révoquée par Dieu» (13).

Il est au contraire évident que si Dieu aconclu une Nouvelle et Éternelle Alliancedans le Sang répandu par Jésus, l’Anciennequi a été perfectionnée et remplacée par laNouvelle ne subsiste plus (14).

D’après le jésuite, «le concept populairechrétien de “nouvelle alliance” favorisel’antisémitisme. Le chrétien normal face audiscours de l’“ancienne et nouvelle allian-ce” imagine qu’il y a deux alliances, une“ancienne” et une “nouvelle” qui se succè-

La visite historique de Jean-Paul II à la synagogue de Rome (13 avril 1986)

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dent l’une l’autre...; un “testament” anciens’éteint quand quelqu’un va chez le notaireet fait rédiger un testament “nouveau”.

Quand nous autres chrétiens parlons dela “nouvelle alliance”, nous considérons lesjuifs d’aujourd’hui comme les descendantsdes juifs d’alors qui n’avaient pas trouvé ac-cès à la “nouvelle alliance”, et puisquemaintenant l’“ancienne alliance” n’existeplus, ils n’ont plus aucune “alliance” [ce mesemble pur bon sens, n.d.a.].

Ceci est le point dans lequel s’insère laformulation de J.-P. II à Mayence» (15).

Or St Paul, divinement inspiré, a écrit:«En parlant d’une Alliance Nouvelle, Il

rend vieille la première; or ce qui est vieilliet vétuste touche à sa fin» (16).

Le remède à cette distorsion du “chré-tien normal, du peuple chrétien”, seraitd’après le jésuite un “christianisme a-nor-mal et élitaire”, c’est-à-dire ésotérique, gnos-tique et cabalistique, cripto-judaïque qui es-time - contredisant st Paul – qu’il faut par-ler de «deux alliances: d’une antique quicontinue, bien qu’elle soit vétuste et toucheà sa fin (il y a déjà environ 2000 ans), etdans laquelle se trouve aussi l’actuel hé-braïsme et de la nouvelle, donnée aux chré-tiens; avec la prudence d’ajouter immédia-tement qu’il n’existe aucun motif pour lesjuifs de renoncer à la leur... Le jésuite se de-mande si J.-P. II, dans son discours deMayence, n’a pas été dans ce sens» (17).

Le jésuite poursuit en disant que le ter-me Nouvelle alliance est «une arme concep-tuelle de l’église primitive, pour marginaliserles juifs, en outre cette affirmation [Nou-velle Alliance] n’est pas historiquementcertaine...» (18), pour prouver ceci l’auteurdoit nier, de manière compliquée et confu-se, la divine inspiration des Évangiles quiseraient le produit des premières commu-nautés chrétiennes, du Christ de la foi etnon du Christ de l’histoire (19).

Il est intéressant de remarquer com-ment l’affirmation de J.-P. II de 1980 qui fitdu bruit, était déjà contenue dans leN.O.M. de 1968 (Vendredi-Saint) où l’ondemande à Dieu de faire progresser dansl’alliance avec Lui le peuple et la religionjudaïque post-biblique.

En effet, J.-P. II n’a rien fait d’autre qued’expliciter ce qui était déjà contenu dansle Concile Vatican II, nous livrant ainsi sonexacte interprétation, qui n’est pas celle de

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la Tradition divino-apostolique, qui nousest transmise à travers les Pères, les Papes,les Docteurs et les Saints; mais qui lacontredit formellement, comme le ouicontredit le non.

Il me semble que cette affirmation de J.-P. II, est contraire au donné révélé (“Celuiqui croira [à l’Évangile, n.d.a.] et sera baptisése sauvera. Celui qui ne croira pas seracondamné”, Mc XVI, 16), rend vaine la ré-demption de l’unique médiateur Jésus-Christ, “en créant” artificieusement une sub-sistance de l’Ancienne Alliance qui n’a plusraison d’être, à cause de l’Incarnation, de laPassion et de la Mort de Notre-Seigneur Jé-sus-Christ. En effet, dans quel but instituerune nouvelle alliance si la première est en-core valide? Ce serait incorrect, inutile etmalhonnête de la part de Dieu à l’égard del’ancien et du nouvel allié (absit), ce seraitcomme si un mari se remariait sa premièrefemme étant toujours vivante, causant ainsidu tort tant à la première qu’à la seconde;ou comme si un père abrogeait son premiertestament, rédigé par le notaire en faveur deson fils aîné, et le remplaçait par un deuxiè-me et définitif en faveur de tous ses enfants,et que l’autorité judiciaire considéreraitcomme encore valide le premier testament(remplacé, par volonté explicite du père, parun second et dernier), et - de manièrecontradictoire - le second, de telle sorte qu’ily aurait deux testaments valides, dont l’unrend héritier seulement l’aîné et l’autre tousles autres, ce qui est impossible, eu égard auprincipe de non contradiction.

En résumé, J.-P. II “judaïse”, c’est-à-di-re remonte avant le Concile de Jérusalemoù fut définie, par les Apôtres “avec Pierreet sous Pierre”, l’unicité de la rédemptionet le salut du genre humain opéré par leChrist, au moyen de la foi surnaturelle auChrist-Dieu et des bonnes œuvres. LeConcile de Florence (1438-1445) a défini(Décret pour les Jacobites) que les obser-vances légales de l’Ancien Testament ontcessé avec la venue du Christ et qu’ontalors commencé les sept Sacrements duNouveau Testament (D. 712) (20); il essayede réintroduire le culte et les pratiques del’Ancienne Alliance, qui sont “mortuæ etmortiferæ”, puisqu’elles signifiaient la réali-té du Christ à venir. Or si on les respecteencore aujourd’hui, cela signifie implicite-ment que seul le Christ est Sauveur de l’hu-

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manité (“Il n’y a de salut en aucun autre;car nul autre nom n’a été donné sous le cielaux hommes par lequel nous devions êtresauvés”, Actes IV, 12), qu’Il ne serait pasencore venu et que par conséquent l’An-cienne Alliance doit rester encore en vi-gueur, le Messie, médiateur universel entreDieu et l’homme, n’étant pas présent.

Ces erreurs conduisent à l’apostasie, auchangement d’une religion (le Christianis-me qui fonde ses racines dans l’Ancien Tes-tament) par une autre (le judaïsme postbi-blique, antimosaïque et talmudique, lequelnie le concept de Sauveur universel que lafoi catholique applique seulement et exclu-sivement au Christ).

4ème OBJECTION

Le 13 avril 1986, au cours de sa visite àla synagogue de Rome, J.-P. II «ayant citéle passage de Nostra Ætate sur les haines etles manifestations d’antisémitisme dont lesjuifs ont été victimes, “quelle qu’en soitl’époque et quels qu’en soient les auteurs”,ajouta “je le répète, quels qu’en soient lesauteurs”. Il pensait sans doute à l’un oul’autre de ses prédécesseurs, à Paul IV parexemple» (21).

Le Frère Jean-Miguel Garrigues concluten écrivant qu’«il a fallu plus de dix-neufsiècles pour que l’Église comme telle sepenche ex professo sur “le lien qui relie spi-rituellement le peuple du Nouveau Testa-ment avec la lignée d’Abraham” (N.A., n.4). En se prononçant pour la première foisavec autorité, l’Église a exposé au ConcileVatican II les fondements révélés de sa foi enla vocation surnaturelle du peuple juif. LeConcile Vatican II a ainsi donné... un regardde foi sur le peuple d’Israël..., qui engagel’Église proprement dite par son Magistèredoctrinal, à la différence de diverses disposi-tions disciplinaires de tant de conciles et depapes aux époques de chrétienté, si dépen-dantes de conditionnements historiquescontingents, qui ne relèvent, elles, que d’uneassistance divine de type prudentiel etfaillible dans l’ordre du gouvernement [del’Église].

On ne peut pas manquer de remarquerque la partie de la Déclaration “N.A.” quiconcerne le peuple juif est le seul texte duConcile Vatican II où les références sontexclusivement scripturaires, aucun texte

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postérieur n’étant allégué. Cela signifie que«le Concile n’a pas trouvé d’expression adé-quate, pour enseigner la doctrine de la foi,dans les nombreux passages des Pères, desDocteurs et des Saints qui traitaient des juifs,en effet ces textes sont grevés par desconditionnements très humains venant dela polémique entre juifs et chrétiens. [...] Ilserait souhaitable que cette relecture, enesprit de repentir, de siècles chrétiens depolémique, de mépris et de violence anti-juive..., se fasse par une mise en lumièreplus explicite de l’authentique doctrine de lafoi catholique sur le peuple juif, telle que leMagistère suprême de l’Église a commencéà l’enseigner ex professo depuis le ConcileVatican II. [...] le Magistère achève de re-dresser, par l’autorité de la doctrine de lafoi, les opinions théologiques qui sont à labase de cet enseignement [patristique] du“mépris”, ces opinions théologiques, pour“communes” qu’elles aient pu être dans lamentalité des siècles de chrétienté, ne sontque des opinions humaines qui n’exprimentpas adéquatement la foi catholique et n’en-gagent donc pas l’Église comme telle [...].Les juifs qui ne croient pas en Jésus sonttoujours dans le plan du salut “une partied’Israël”. Celui-ci, même en ceux de ses en-fants qui refusent d’entrer dans la NouvelleAlliance messianique, reste l’UniquePeuple de Dieu. [...] La formule “nos frèresaînés”, utilisée par J.-P. II en 1986 dans lasynagogue de Rome provient de la formuleliturgique du Vendredi-Saint “le peupleque Dieu s’est acquis en premier”» (22).

4ème RÉPONSE EN SEPT POINTS:

1°) Il est grave d’affirmer que les papesantérieurs à J.-P. II ont favorisé la haineantisémite, et que ce n’est qu’avec le Conci-le Vatican II (1962-1965) que l’Église a ap-porté une réponse adéquate au rapportchristianisme-judaïsme post-chrétien.

Les rapports entre Ancien et NouveauTestament sont à la base de la foi de l’Égli-se: or si les papes antérieurs à J.-P. II n’ontpas enseigné correctement la doctrine de lafoi de l’Église sur ce problème, les portesde l’enfer auraient prévalu contre Elle et lapromesse du Christ aurait été fausse (portæinferi non prævalebunt).

2°) Autrement grave est l’affirmationselon laquelle se sont écoulés dix-neuf

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siècles, pour que l’Église enseignante étu-diât scientifiquement le rapport entre chris-tianisme et judaïsme post-biblique, c’est-à-dire le lien spirituel entre les descendantsd’Abraham selon la chair et le sang, et leschrétiens. St Jean dans son Évangile a réso-lu admirablement le problème, les Pèresl’ont commenté de manière unanime; or,quand il y a le consentement moralement,et non mathématiquement, unanime, enmatière de foi et de morale, des Pères sur lasignification de la Ste Écriture, il est infal-lible, puisqu’il nous fait connaître la tradi-tion divino-apostolique dans sa véritable si-gnification (V. ZUBIZARRETA, Theologiadogmatico-scholastica, éd. El Carmen, Vic-toria 1948, vol. I, n° 699, thèse IV).

3°) L’Église se serait prononcée pour lapremière fois avec autorité, en exposant safoi, sur les rapports christianisme judaïsmerabbinique, avec le Concile Vatican II, quia engagé l’Église enseignante et hiérar-chique, par l’intermédiaire du magistèredoctrinal et non disciplinaire (au contrairede ceux qui affirment que le Concile Vati-can II est pastoral, non doctrinal, et n’adonc jamais engagé l’infaillibilité). Avant,spécialement au cours de la chrétienté, ilexistait beaucoup de dispositions discipli-naires des papes qui étaient faillibles puis-qu’elles dépendaient des contingences his-toriques de l’époque médiévale.

Ce n’est pas exact et ce ne peut l’être;déjà à partir du Concile de Jérusaleml’Église avec st Pierre, premier pape, s’estexprimée doctrinalement (et en a tiré desconséquences pratiques), et clairement jus-qu’à Pie XII, sur les judaïsants, qui se sontmanifestés à nouveau durant le Concile Va-tican II (cf. C. NITOGLIA, L’antica e la Nuo-va Legge, il Talmùd e il Concilio VaticanoII, in «Per padre il diavolo. Un’introduzioneal problema ebraico secondo la Tradizionecattolica», SEB, Milan 2002, pp. 117-124).

Toutes les décisions disciplinaires desPapes de la Chrétienté sur les juifs prove-naient d’un jugement doctrinal sur les er-reurs du Talmud; ces jugements doctrinauxengageaient l’autorité de l’Église qui, donc,était assistée infailliblement.

4°) Demander une interprétation plusexplicite de la foi catholique sur le judaïs-me post-biblique est ambigu; il en est demême quant à Vatican II qui n’aurait pasété aussi explicite qu’on voulait. En effet,

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l’auteur ajoute que le Magistère suprême acommencé à donner l’interprétation avec leConcile Vatican II et donc laisse entendrequ’elle doit encore être accomplie. Maisétant donné la mentalité (les Papes et lesPères étaient conditionnés par les polé-miques humaines de leur temps) de l’au-teur qui en historicisant relativise tout (ilsn’ont donc pas résolu le problème avec au-torité doctrinale, mais seulement avec desopinions personnelles et faillibles), il pour-rait arriver que Vatican II aussi ait ressentiles influences de son temps et se soit laisséinfluencer par lui, c’est pourquoi son inter-prétation n’est pas adéquate et doit être re-vue et corrigée, et ainsi à l’infini.

5°) Les Pères ont exprimé seulement desopinions (non des certitudes) théologiques,qui bien qu’étant communément ensei-gnées, doivent être corrigées par le Magistè-re infaillible, dans la mesure où elles étaienthumaines et seulement probables.

Nous avons déjà vu que «en matière defoi et de morale, le consensus unanime mo-ralement des Pères est un témoignage irré-futable de Tradition divine» (V. ZUBIZAR-RETA, op. cit. n° 699).

6°) La vérité est que l’Écriture a révélé etle Magistère a défini que Jésus est l’uniqueSauveur de tous les hommes (y compris lesjuifs), lequel a fondé une seule Église, horsde laquelle nul ne peut se sauver (y comprisles juifs).

Soutenir que les juifs qui ne croient pasen Jésus sont inclus également dans le plandu salut, signifie renier le christianisme etjudaïser: en effet, il est révélé que Jésus est“l’unique médiateur entre Dieu et leshommes” (I Tim. II, 5), qu’ “il n’y a de saluten aucun autre” (Actes IV, 12), que “noussommes justifiés au Nom du Seigneur Jésus-Christ” (I Cor. I, 30), que “le Christ est mortpour tous” (II Cor. V, 14-15), que “par sonNom, nous avons la rémission des péchés”(Act. X, 43), que “nous sommes réconciliésavec Dieu par la mort de son Fils” (Rm. V,9-10). En outre, Il affirme: “si c’est par Moique quelqu’un entre, il sera sauvé” (Jn X, 9),“celui qui croira [à l’Évangile] sera sauvé,celui qui ne croira pas sera condamné” (McXVI, 15), “Qui n’est pas avec Moi est contreMoi, et qui n’amasse pas avec Moi dissipe”(Lc XI, 23), “celui qui ne croit pas (en Moi)est déjà condamné” (Jn III, 18), que “Dieu aamené pour Israël un Sauveur, Jésus” (Act.

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XIII, 23), que “le Père a envoyé son Filscomme Sauveur du monde” (I Jn IV, 14),que “Dieu veut se réconcilier par Lui avectoutes choses” (Col. I, 19-20), “Médiateur dela Nouvelle Alliance” (Héb. XII, 24).

L’Église a défini infailliblement et im-muablement que “le Christ est législateur etjuge de tous les hommes” (De fide, DS.1571, Concile de Trente), que “par sa Mortsur la Croix, le Christ nous a rachetés et ré-conciliés avec Dieu” (De fide, DS. 1740 et1531, Concile de Trente), que “le Christ estmort pour tous les hommes, sans exception”(Sententia fidei proxima, DS. 1522, Concilede Trente), et que “par sa passion il nous amérité notre justification” (De fide, DS.1529, Concile de Trente), que “personne futlibéré du pouvoir du démon, sinon aumoyen du mérite du médiateur Jésus-Christ” (Sententia certa, DS. 1347, Décretpour les Jacobites), que “l’Église du Christest nécesaire pour le salut de tous, extraquam (Ecclesiam) nulla salus, nec remissiopeccatorum, d’où ils doivent être membresde l’Église, au moins in voto, tous ceux quiveulent se sauver” (DB, 388, 626, 1646,Concile du Latran IV; Concile de Florence):ceci est un dogme de foi, fondé sur la Volon-té positive de Dieu; par conséquent, ne peutse sauver celui qui, connaissant l’institutiondivine de l’Église, refuse d’y entrer.

Le cardinal Pietro Parente récapitule:«C’est une vérité de foi que le Christ estMédiateur parfait entre Dieu et leshommes. Saint Paul I Tim. II, 5: “Car il n’ya qu’un seul Dieu, qu’un seul médiateuraussi entre Dieu et les hommes: un homme,le Christ Jésus”. De la même façon lesPères et le Magistère de l’Église (Conc.Trid., sess. 5, DB. 790)» (23).

7°) L’expression utilisée par J.-P. II à lasynagogue de Rome (1986), par laquelle ilappelle les juifs “frères aînés dans la foi”, setrouve déjà dans la nouvelle liturgie (1968)du Vendredi-Saint, où l’on dit «le peuple juifque Dieu s’est acquis en premier».

Mais l’auteur ne distingue pas le peuplede l’A.T., fidèle au mosaïsme (lequel futchoisi en premier chronologiquement, parpure et gratuite bonté de Dieu, et non on-tologiquement par un mérite intrinsèque aupeuple juif), et le peuple juif post-bibliquequi a abandonné Moïse pour le Talmud etla Cabale rabbinico-pharisaïque.

On peut tranquillement conclure que le

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magistère de “N.A.” et des enseignementsqui l’ont suivie, sur les rapports spirituelsde l’Église avec le judaïsme post-chrétien,est très différent de celui de l’Écriture, desPères ecclésiastiques et des Docteurs del’Église. L’ambiguïté de “N.A.” et l’erreurmanifeste des enseignements à la lumièrede “N.A.”, fait supposer que le judaïsme re-ligion post-biblique est pur de toute erreur.Il faudrait alors penser que la Tradition di-vino-apostolique et le Magistère de l’Églisepréconciliaire est faux. Mais ceci est impos-sible, étant donné l’indéfectibilité de l’Égli-se et l’assistance divine à Elle promise. Enoutre, quand on lit les textes du ConcileVatican II et le magistère qui s’en est suivi,on déduit l’affirmation, de la part de celuiqui les élabore et interprète, d’un magistèreauthentique (sur les rapports avec le judaïs-me) qui commence avec “l’Église du Conci-le” (cardinal Walter Kasper), qui est encontradiction avec celui de la patristique etde l’Église préconciliaire. Il me semble queles choses soient ainsi, l’église conciliaireest la “synagogue de Satan” dont nous par-le l’Apocalypse, c’est le marranisme, “la fu-mée de Satan qui a pénétré jusqu’au som-met de l’Église” (Paul VI) laquelle “s’auto-démolirait” (Paul VI), si fieri potest; sedportæ inferi non prævalebunt.

C’est une sorte d’apostasie plus qued’hérésie, en effet l’hérétique choisit d’ac-cepter certains dogmes et d’en refuser aumoins un (par ex. on nie l’ImmaculéeConception de Marie), tandis que l’aposta-sie est le passage d’une religion (par ex.chrétienne) à une autre (par ex. judéo-tal-mudique), en reniant totalement la premiè-re. Pour la théologie catholique, plus exac-tement, c’est l’abandon de la foi de la partd’un baptisé. C’est un péché mortel et iln’admet pas de légèreté de matière, étantune offense dirigée contre Dieu; le Droitcanon la range dans les crimes contre la foi.L’élément matériel de l’apostasie estl’abandon total de la foi catholique, mani-festée extérieurement par des paroles oudes actes non équivoques; il ne faut pas quel’apostat adhère à une confession spéci-fique (ce serait une circonstance aggravan-te), il suffit de devenir panthéiste, matéria-liste, libre penseur. Il faut la parfaiteconscience et pleine liberté d’abandonnerla foi chrétienne. L’apostat encourt ipsofacto l’excommunication latæ sententiæ.

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Quiconque a donné son nom ou a adhérépubliquement à une secte a-catholique de-vient ipso facto infâme (24).

Le cardinal Walter Kasper

A) Dans une conférence tenue à la VillaPiccolòmini, à Rome le 28 octobre 2002(publiée par la Commission pour les Rela-tions avec les Juifs. Conseil Pontifical pourla Promotion de l’Unité Chrétienne, Cité duVatican, qui la présente comme “importan-te et autorisée opinion privée du cardinalKasper, et non comme une déclaration offi-cielle du Magistère”, 6 fév. 2003), le prélatallemand, président de la “CommissionPontificale pour les relations religieusesavec les juifs” a dit que «il y a quelques gé-nérations des montagnes de préjugés et dessiècles d’injustice créaient une séparationfatale entre chrétiens et juifs. Le tournantde cette tension... a été le Concile VaticanII [...] pas à pas l’église de Vatican II [sic!]arriva au “blâme” conciliaire de l’antisémi-tisme et à la reconnaissance solennelle de lavalidité perpétuelle de la promesse de Dieu[...] après Nostra Ætate, le 28 octobre 1965,il n’y a pas de place, sous aucun point devue, pour l’antisémitisme dans l’Église ca-tholique. Au contraire, l’Église catholique...est capable d’attendre ceux qui par cultureou habitude sont gênés face à la réforme li-turgique ou à d’autres réformes de VaticanII. Mais l’Église catholique ne peut accepteren aucune manière et pour aucune raison des’attarder dans le préjugé et dans le méprisenvers les juifs et envers le judaïsme [...] Ilfaut penser à ce que l’accusation de “déici-de”... a créé et en quel lieu elle continue àcréer les condition d’une inimitié qui blas-phème tant le judaïsme que l’évangile del’humanité. En rompant avec la perversion“religieuse” du déicide nous avons donnécomme chrétiens une contribution auxcroyants et non croyants...».

Je réponds:Affirmer qu’avant Vatican II, “des mon-

tagnes de préjugés créaient une séparationentre juifs et chrétiens”, est erroné; en effet,l’Église ne peut avoir enseigné pendant dix-neuf siècles au moyen de “préjugés”, maisseulement au moyen de jugements théologi-quement sûrs, sur une matière de foi, quelest le rapport entre hébraïsme et christianis-

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me, en se basant sur les Évangiles interpré-tés unanimement, et donc infailliblement,par les Pères ecclésiastiques.

En outre, il me semble que le fait de nepas pouvoir attendre ceux qui s’attardentdans le préjugé - en admettant, ce qui resteà prouver, qu’il en soit ainsi - vers le judaïs-me post-biblique, ne respecte pas la volon-té de Dieu, lequel “ne veut pas la mort dupécheur et qu’il périsse dans ses péchés”. Sile cardinal Kasper a moins de patience queDieu, c’est son problème et celui de ceuxqu’il a appris à fréquenter, (“dis-moi qui tuhantes, je te dirai qui tu es” dit le prover-be), lesquels “épiaient chaque mouvementde Jésus pour le mettre à mort”, alors quecelui qui s’attarde dans le jugement plurisé-culaire de l’Église, reste fidèle à l’épousedu Christ et à son Chef que la “synagoguede Satan” a mis à mort, après un procès bâ-clé et plein de réels préjugés.

B) Lors d’une conférence à Boston le 6novembre 2002, (publiée et diffusée par la“Commission pour les Relations Religieusesavec les Juifs”, Cité du Vatican) le prélat al-lemand a dit que Jean XXIII a été l’architec-te du “commencement d’un nouveau com-mencement”, c’est-à-dire a projeté la transi-tion de l’“Église en construction constante”,qui depuis son pontificat, vit en une conti-nuelle mutation et devenir (p. 2). Le change-ment le plus important de l’“église enconstruction” a été la nouvelle conception

Le cardinal Walter Kasper

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des rapports entre Église et judaïsme, aprèstant de siècles d’incompréhension, de “théo-logie du mépris” (comme l’appelait JulesIsaac). Jean XXIII convoque le Concile (p.3) par surprise, et confie au cardinal Agosti-no Bea la rédaction de la Déclaration sur lesjuifs, qui connut de nombreuses réactions(de la Curie romaine et des Pays arabes) etdut être intégrée, comme chapitre d’une Dé-claration plus générique sur les relationsentre Église et religions non chrétiennes,Hindouisme, Bouddhisme, Islam et Judaïs-me (“N.A.”). Mais le christianisme a une re-lation spéciale et préférentielle avec le ju-daïsme que J.-P. II a défini intrisèque àl’Évangile, c’est-à-dire que le christianismeest enraciné dans le judaïsme et non dans lesautres religions, avec lesquelles il veut ce-pendant toujours dialoguer même si cela estde façon subordonnée au judaïsme (p. 4).

Le défi actuel se fonde - pour Kasper - surle problème des Missions; après le Concile (etDignitatis Humanæ), l’Église refuse lesconversions forcées et toute coercition en ma-tière de foi, toutefois le seul mot “mission”évoque parmi les juifs les phantasmes et lesblessures du passé qui ne sont pas encore cica-trisées. Mais, en même temps, la missionévangélisatrice est le cœur du christianisme.Dialogue ne signifie pas demander aux chré-tiens de ne plus être chrétiens (p. 10). Ce quipeut se faire, pour éviter l’impasse, est deremplacer le terme mission (mot théologique-ment incriminé ou incorrect) par “témoignageou évangélisation” (p. 11) ; en effet, missionpeut s’appliquer au paganisme appelé del’idolâtrie au Monothéisme, mais non au ju-daïsme; c’est pourquoi il n’y a plus de mission-naires pour les juifs. Ils peuvent se sauver, s’ilssuivent leur foi, en dehors du Christ (p. 12).

N.T. et A.T. sont la mémoire du passagede l’Égypte en Terre sainte et de la mort àla résurrection de Jésus. Le judaïsme actuelest la mémoire de la Shoah, d’Auschwitz;même le christianisme doit en conserver lamémoire (“Nous nous souvenons”, docu-ment Vatican de 1998, concerne la mémoi-re de la Shoah).

En outre, nous avons en commun laconscience messianique, ou promesse dufutur (p. 13).

Je réponds:Kasper confirme la notion d’une nou-

velle église, qui a été fondée après la mort

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de Pie XII. Elle est une église en perpétueldevenir (évolution hétérogène du dogme)et la grande nouveauté de cette église infieri est le rapport qu’elle a avec le judaïs-me actuel ou post-biblique, qui est coessen-tiel à l’église du Concile, laquelle a ses ra-cines précisément dans le judaïsme actuelet non mosaïque, comme on le croyaitavant le Concile Vatican II. En effet, on nedoit plus parler de Missio envers Israël quiest resté toujours dans l’alliance avec Dieuet est encore aujourd’hui aimé par Lui, etn’a pas donc pas besoin de se convertir àl’Évangile du Christ, à la différence despaïens qui sont appelés à se convertir dupolythéisme au monothéisme.

Au contraire, Jésus a envoyé sesApôtres prêcher l’Évangile et la conversionà la foi en sa divinité en premier lieu auxjuifs et seulement après aux païens; en ef-fet, le judaïsme actuel nie la divinité duChrist, unique Sauveur et Médiateur entreDieu et les hommes et la Trinité des Per-sonnes divines dans l’unité de la nature deDieu. L’Église catholique n’a jamais ap-prouvé les conversions forcées, puisque lafoi est un acte libre et méritoire; je ne voisdonc pas comment Kasper peut affirmer etprouver le contraire.

Les juifs nient le Christ, pour nous chré-tiens, il est Dieu: comment peut-on éviterde s’arrêter sur cet article de foi qui noussépare, pour considérer seulement ce quenous aurions en commun avec les juifspost-bibliques (la foi d’Abraham? Non, ilcroyait au Christ à venir; la Loi et les Pro-phètes? Non, le judaïsme rabbinique sefonde sur la Cabale et le Talmud et non surle mosaïsme; la commune alliance avecDieu? Non, maintenant nous vivons dans laNouvelle Alliance, dans le sang du Christ,qui a perfectionné et englobé l’Ancienne,qui était seulement préparatoire de la nou-velle et définitive). Il s’ensuit que la rela-tion entre christianisme et judaïsme actuelest de contradiction et non d’amitié, decommunauté. “Qui n’est pas avec Moi estcontre Moi” a dit Jésus: comment le judaïs-me actuel antichrétien peut-il être en com-munion avec le christianisme quand il refu-se Jésus fondateur de l’Église? Et si le neo-christianisme du concile est en communionavec le judaïsme rabbinique, il ne l’est pasavec le Christ, pour le principe évident enlui-même d’identité et de non contradic-

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tion, qui ne peut être nié de bonne foi.Donc les judaïsants de l’“église du Conci-le”, ne veulent pas voir la vérité; leur igno-rance est affectée, volontaire et inexcu-sable, comme celle de celui qui n’a pas vou-lu remonter de l’effet à la Cause et s’est dé-gradé dans l’idolâtrie polythéiste, ou com-me celle des chefs des juifs qui ne voulurentpas admettre la divinité du Christ quepourtant ils connaissaient.

Il me semble exagéré de dire que chris-tianisme = judaïsme puisqu’ils sont tousdeux des religions d’une mémoire histo-rique, qui pour les chrétiens est la mort etla résurrection du Christ Dieu, et pour lesjuifs actuels est la mémoire d’Auschwitz. Jene veux offenser personne, mais on ne peutmettre sur le même plan Jésus etAuschwitz, le Créateur et la créature, fon-dant la nouvelle religion holocaustique surun passé qui ne passe pas.

Pour ce qui regarde la conscience mes-sianique future, il me semble que le Christmessie est venu il y a environ 2000 ans, seulle judaïsme talmudique s’évertue à at-tendre un autre messie futur qui pour latradition catholique est l’Antéchrist. OrKasper et le magistère qui a fait suite à“N.A.”, parlent souvent de l’attente com-mune aux chrétiens et aux juifs du Messie,sans spécifier que les chrétiens attendentseulement la parousie, ou le second retourde Jésus à la fin du monde pour le Juge-ment universel, alors que les juifs, en ayantrefusé Jésus, attendent encore la premièremanifestation du messie. Donc vouloir ré-unir christianisme et judaïsme dans l’atten-te du messie est ambigu, mal sonnant etnon conforme à la foi catholique, fonda-mentalement antichristique.

Il me semble pouvoir conclure que

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l’“église du Concile”, comme l’appelle Kas-per, est presque la “Synagogue de Satan”dont parle saint Jean, dans l’Apocalypse, quidans un premier temps suivra l’Antéchrist etseulement après ses persécutions se conver-tira à “Celui qu’ils ont transpercé”. Elle a faitsienne la “tentation” du grand rabbin deRome Riccardo Di Segni (17 janvier 2002,au Grand Séminaire Romain):

«Ce qui ennuye les juifs, c’est de direque le but du dialogue est de convertir l’in-terlocuteur à sa propre foi. [...]

La Bible nous présente deux person-nages: Noé de qui descend toute l’humani-té, raison pour laquelle les Gentils sont ap-pelés Noachides...

Mais dans la famille humaine il existeun groupe particulier, celui des fils d’Abra-ham, Jacob-Israël... “un royaume deprêtres, un peuple distinct [différent desautres; on appartient aux deux groupes parnaissance, non par foi, n.d.a.].

Universalisme juif signifie deux voiesparallèles vers le salut [celle d’Israël et celledes non-israélites, n.d.a.]. On discute si ladivinité de Jésus peut être compatible pourun non juif avec l’idée monothéiste [c’est-à-dire si les Noachides peuvent croire à la di-vinité de Jésus; la réponse du judaïsme or-thodoxe est non; cette croyance est idolâ-trie et est passible de mort] (25).

La conséquence - poursuit Di Segni - estque le chrétien pourrait, selon l’opinion ri-goureuse, ne pas être dans la voie du salut[...]. Les chrétiens devraient arriver à ad-mettre que les juifs... possèdent une vie auto-nome pleine et spéciale vers le salut et qu’ilsn’ont pas besoin de Jésus» (26).

Donc: les juifs sont prêts à fermer un œilsur l’idolâtre religion chrétienne, pas stric-tement Noachide, si les chrétiens admettentque Jésus n’est pas nécessaire au salut com-me unique Médiateur entre Dieu et l’hom-me. Il y a donc deux voies de salut: celleprincipale des juifs, et une “voie secondai-re” [cf. J.-P. II, Redemptor hominis n° 13-14, 4 mars 1979 “la voie et la route”, n.d.a.]des non juifs ou Noachides.

Il me semble évident que “N.A” et lemagistère qui s’en est suivi sur les rapportsjudéo-chrétiens a, je ne dis pas accepté,mais carrément devancé, la proposition ou“tentation” de Riccardo Di Segni, qui enconséquence porte à renier le christianisme.En effet, il n’est pas possible de demeurer

La visite de Benoît XVI à la Synagogue de Cologne, aucours de son voyage en Allemagne

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chrétiens si l’on nie que le Christ estl’unique Sauveur de l’humanité, juifs com-pris; c’est pourquoi, quand les pan-œcumé-nistes disent: nous sommes disposés au dia-logue avec le judaïsme (selon la ligne Di Se-gni), mais vous ne pouvez pas nous deman-der [explicitement] de renoncer à être chré-tiens, en réalité ils ont déjà renoncé [impli-citement, pour ne pas jeter le masque] àl’être, en concédant que Jésus n’est pas né-cessaire au salut de tous (Absit).

L’Épiscopat américain

Le 13 août 2002 à Washington le “Comi-té Épiscopal Américain des affaires œcumé-niques et interreligieuses” et le “ConseilNational américain des Synagogues” soute-naient que la conversion des juifs au catho-licisme était un but inacceptable; ils citaientJ.-P. II «qui a enseigné explicitement queles juifs “sont le peuple de Dieu de l’An-cienne Alliance, jamais révoquée parDieu”..., en outre rappelons les notes duVatican de 1985 [qui] firent l’éloge du ju-daïsme postbiblique... sa fécondité spirituelleest toujours pratiquée... le judaïsme rabbi-nique, qui s’est développé après la destruc-tion du Temple, doit être considéré divin...Du point de vue catholique, le judaïsme estune religion qui est issue de la révélation di-vine. Comme l’a noté le cardinal Kasper “lagrâce de Dieu..., est accessible à tous. Ainsil’Église croit que le judaïsme, c’est-à-dire laréponse fidèle du peuple juif à l’Alliance ir-révocable de Dieu, est salvifique pour eux,puisque Dieu est fidèle à ses promesses”.[...] La mission évangélisatrice de l’Églisen’inclut plus la volonté d’absorber la foi jui-ve dans le christianisme, mettant ainsi fin autémoignage spécifique que les juifs rendentà Dieu dans l’histoire humaine. [...] Les juifsrestent dans l’Alliance salvifique de Dieu...en outre ils sont appelés par Dieu à prépa-rer le monde au Royaume des Cieux [...].

Le judaïsme - à son tour - considère quetous les peuples sont obligés d’observer uneloi universelle, c’est-à-dire les sept Comman-dements noachides... avec l’interdiction del’idolâtrie».

Je réponds:Il me semble opportun de préciser que

le judaïsme postbiblique, ayant refusé leMessie a rompu le pacte avec Dieu, qui non

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deserit nisi prius deseratur; Dieu ne romptpas en premier un pacte, mais s’il constatel’infidélité de l’autre partie, il se considèrelibéré de toute alliance qui devient ainsivieille et est remplacée par une nouvelle.

En outre, le Christ a envoyé ses Apôtresprêcher l’Évangile à tous les hommes, juifsen premier, en disant à tous que celui qui necroira pas à l’Évangile ne sera pas sauvé,même les juifs. L’Église du Christ ne peutrenoncer à la mission que le Christ lui adonnée.

Enfin, la loi noachide pour les goïm, encondamnant l’idolâtrie, entend réprouverla foi en la divinité du Christ, impiété quiest passible de mort, comme cela fut déjàpour le Messie qui se proclama Dieu; Iln’est, pour le judaïsme post-biblique, àl’époque comme aujourd’hui, qu’un hom-me. Le chrétien, s’il veut le rester, ne peutaccepter cette loi qui nie et condamne la di-vinité du Christ et condamne la foi en ellecomme idolâtrique.

Un livre récent du cardinal Lustiger

Récemment est paru un livre du cardi-nal Jean-Marie Lustiger (La promesse, éd.Parole et Silence, Paris 2002), qui ras-semble une série de conférences qu’il a te-nues pendant près de vingt ans, dans lequelil revient, à plusieurs reprises, sur les rap-ports entre judaïsme et christianisme.

Le prélat français écrit que “le massacreet la persécution d’Israël [furent accomplis]par les pagano-chrétiens” (p. 74), Hérodeserait la figure ou le type des pagano-chré-tiens (ivi), la société chrétienne plus qu’unefigure du Royaume des Cieux en est “la ca-ricature souvent infernale” (p. 112), le pé-ché des chrétiens est celui de déicide “àpropos du sort qu’ils ont réservé au peuplejuif... La victime absolue - dont Jésus n’estqu’un symbole - est Israël” (pp. 51 et 75); lathéologie de la substitution chrétienne “estune appopriation abusive ou blasphématoi-re de l’Élection [d'Israël]” (p. 162).

De telles phrases prononcées et répé-tées depuis vingt ans au moins, jettent unelumière inquiétante sur la judaïsation desmembres de l’Église, et surtout des plushaut placés.

Lire aussi:- FIDELITER, n° 151, janvier-février 2003,

pp. 10-11.

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- L’EXPRESS, 5 décembre 2002, pp. 88-100, Débat: Juifs-Chrétiens. Pourquoi Lusti-ger dérange, par CHRISTIAN MAKARIAN.

La genèse de Nostra Ætate

Ainsi que nous l’avons vu, tant les juifsque les chrétiens considèrent que “N.A.”est la “Déclaration” la plus importante duConcile, ayant donné lieu à une ère nouvel-le, celle de l’“église conciliaire” (commel’ont appelée les cardinaux Benelli et Kas-per), fondée sur les rapports entre judaïsmeet christianisme. Jésus n’y est plus nécessai-re au salut des juifs, lesquels sont toujourschers à Dieu, ils sont toujours son peuplechoisi et restent dans son Alliance qui n’ajamais été révoquée.

Mais comment en est-on arrivé là?Marx Jules Isaac, a été l’un des princi-

paux protagonistes de la rédaction de“N.A.”; c’était un juif, non croyant, de ten-dance communiste et inscrit au B’naï B’rith(la maçonnerie juive), comme l’a révélé leprésident du “B.B.” français, Marc Aron, le16 novembre 1991, dans un discours à l’oc-casion de la remise du Prix international du“B.B.” au cardinal Decourtray (27).

La rencontre entre Roncalli et Isaac (13juin 1960) fut organisée par le “B.B.” et pardes hommes politiques socialo-commu-nistes (28).

L’autre artisan de “N.A.” fut le cardinalAgostino Bea (29). Le prélat allemand, vou-lut rencontrer - aussitôt après avoir reçu deRoncalli la charge d’arriver à un document“révisionniste” sur les rapports judéo-chré-tiens - Nahum Goldman, président duCongrès Juif Mondial, à Rome le 26 oc-tobre 1960. Bea demanda à Goldman, de lapart de Roncalli, une épreuve du futur do-cument du Concile sur les rapports avec lesjuifs et sur la liberté religieuse (“N.A.” etDignitatis Humanæ). Le 27 février 1962 lememorandum fut présenté à Bea par Gold-man et Label Katz (membre du “B.B.”), aunom de la Conférence Mondiale des Orga-nisations Juives. Eh bien, c’est cetteébauche inspirée par la maçonnerie juive(“B.B.”) et par le Congrès Juif Mondial,qui a produit Nostra Ætate (30).

Le même Bea, depuis 1961, rencontraitfréquemment, à Rome, le rabbin AbrahamHeschel, professeur au séminaire théolo-gique juif, qui «comme collègue scienti-

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fique de Bea... exerça une influence no-table sur l’élaboration de “N.A.”» (31).

En 1986, Jean Madiran a révélé l’accordsecret de Bea-Roncalli avec les dirigeantsjuifs (Isaac-Goldman), en citant deux ar-ticles de Lazare Landau, sur “Tribune Jui-ve” (n° 903, janvier 1986 et n° 1001, dé-cembre 1987). Landau écrit: «Par une soiréeglaciale de l’hiver 1962-1963, les dirigeantsjuifs recevaient en secret, au sous-sol [de lasynagogue de Strasbourg], un envoyé du pa-pe... le père dominicain Yves Congar chargépar le cardinal Bea, au nom de Jean XXIII,de nous demander, au seuil du Concile, ceque nous attendions de l’Église catholique...Les Juifs… demandaient leur complète ré-habilitation... En un lieu caché de la syna-gogue… la doctrine de l’Église avait bienconnu une totale mutation» (32).

STANISLAS FUMET, JACQUES MARI-TAIN DANS LA GENÈSE DE

NOSTRA ÆTATE

Une revue française (33) a traité, récem-ment, du problème de certains «juifs [mal]-convertis au christianisme, “chrétiens judaï-sant” et “juifs christianisant”» (34), qui don-nèrent lieu à la formation du documentconciliaire Nostra Ætate.

Les Maritain

Selon l’auteur (très bien informé), Raïs-sa Maritain, née juive et «pénétrée de hassi-disme [la mystique ou cabale juive de Luria,n.d.a.]» (35), eut une influence notable surson époux Jacques. Autour des Maritain seforma un cénacle d’intellectuels, esthètes,

Jacques et Raïssa Maritain

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mysticoïdes qui eurent un rôle fondamentaldans la révision de la théologie du rempla-cement de la Synagogue par l’Église. L’und’eux fut Léon Bloy «dont l’influence seraimportante sur le couple Maritain» (36), unautre est «Charles Péguy, qui après LéonBloy, a été un des grands inspirateurs duphilosémitisme chrétien» (37), et enfin le fu-tur cardinal Charles Journet.

Raïssa naquit en Russie d’où elle émi-gra dix ans après sa naissance (1883), etrencontra Jacques en 1901; dans les toutespremières années du vingtième siècle ilsconnurent Léon Bloy. «Sans doute doit-onse replacer dans le climat d’inquiétude etd’exaltation où les a plongés [la connaissan-ce de Bloy, n.d.a.], pour mieux comprendreles raisons qui ont incité en 1906 les Mari-tain à exhumer à leurs propres frais un livrede Bloy aussi étrange et complexe que LeSalut par les Juifs» (38). Bloy révèle à Raïssaqu’entre christianisme et judaïsme post-bi-blique «il n’y a qu’unité, continuité, harmo-nie parfaite» (39).

Suivant le conseil de Bloy, «Jacques etRaïssa ont beaucoup prié N.-D. de La Sa-lette... [ils] croyaient fermement à son re-doutable Secret... tenue en grande suspi-cion par l’Église, l’Apparition constituepour Bloy un événement d’une significa-tion et d’une beauté exceptionnelles» (40).Le 21 décembre 1915, «un décret du Saint-Office... interdit de traiter du Secret de LaSalette [non de l’apparition, n.d.a.] sousquelque prétexte ou sous quelque formeque ce soit» (41), étant donné son contenumillénariste et joachimite, qui pouvait faire

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entrevoir la fin du Nouveau Testament etl’aurore de la troisième alliance ou ère duSaint-Esprit, sans Église hiérarchique ni sa-cerdoce. En 1926, Jacques lut La vie admi-rable et les révélations de Marie des Vallées,d’Émile Dermenghem, celui qui a décou-vert le premier les écrits inédits de J. deMaistre. Il a fait connaître au public la pen-sée ésotérique et cachée du Savoyard, liantla vision millénariste du comte aux révéla-tions de Marie des Vallées (qui en soi necontiennent rien d’hétérodoxe, mais peu-vent être mal interprétées, comme cela esteffectivement arrivé au vingtième siècle,par une secte brésilienne: la TFP).

Autour des époux Maritain, mais sous ladirection de fer de Raïssa, se forme un cé-nacle d’artistes, puisque Raïssa pensait quela culture et l’art associés à la mystique has-sidique lurienne, pourraient rénover le tho-misme, le christianisme et la chrétienté (enles démolissant). Une grande partie de cespersonnages esthètes et bizarres étaient desdévoyés (Jean Desbordes, François Mau-riac, Julien Green et Jean Cocteau étaienthomosexuels déclarés, certains étaient toxi-comanes et écrivaient des romans incitant àla perversion morale). Ils ont créé un étatd’âme et une attitude mentale décadente,dandy, remplie de décadence intellectuelleet morale, puisque l’on pense comme l’onvit. C’est malheureusement de ce cénaclequ’est sorti Humanisme intégral (1936), et lenéo catholicisme-libéral ou démocratie-chrétienne silloniste, avec le “christianis-me”-judaïsant ou judaïsme-talmudique (dé-fini par Jacques Maritain, dès 1906, “la Ra-ce aînée”) (42) qui, petit à petit, dans les an-nées vingt s’est développé jusqu’à croître età prévaloir en 1965 avec Nostra Ætate, etsurtout avec le long règne de Karol Wojtyla;il représente la vraie peste et la grandeapostasie de notre temps.

Les Fumet

Il me semble, cependant, que la figurequi se détache, même si elle est peuconnue, est celle de Stanislas Fumet (43)(1896-1983), qui vécut jusqu’au pontificatde J.-P. II, «ami ardent d’Israël, il voulaitconcilier avant-garde artistique, vie mys-tique [“hassidique ou cabalistique et le Zo-har”] (44) et renouveau thomiste [sous unangle “humanistico-intégral”, n.d.a.];

Stanislas Fumet

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converti vers le début du vingtième siècle,venu de l’anarchisme et de l’occultisme juif,«transfuge de l’anarchie et du spiritismevers un catholicisme quelque peu ésoté-rique... se sent proche du Sillon» (45).

Il introduisit dans le milieu catholique àpartir de 1920, une note de non-conformis-me et un style fortement bohémien à la Os-car Wilde; son itinéraire est lui aussi passéà travers Péguy et Léon Bloy. «Un autrelivre que l’on doit à l’influence de Fumet:celui d’un jeune juif d’origine égyptienne,Jean de Menasce, Quand Israël aime Dieu(1931)» (46). En 1976 le futur cardinal Jean-Marie Lustiger, juif “converti” mais judaï-sant, écrivit à Fumet pour avoir plus d’in-formations sur le père dominicain Jean deMenasce, «dont le livre l’avait fasciné» (47).

«Comme son ami Maritain, Stanislas aépousé (1919) une juive convertie d’originerusse, du nom de Aniouta Rosenblum, quiavec Raïssa ont transmis à leurs époux res-pectifs le souci de l’Orient russe et del’Orient juif..., par un philosémitisme ar-dent qui se prolonge vite en philo-sionis-me» (48).

Les origines de ce philo-sionisme doi-vent être recherchées dans Bloy, pour qui -le salut venant encore après le Calvaire dujudaïsme post-biblique - il faut «accorderau “Foyer national juif” toute la sympathieet... [qui] rêve d’une Église juive catho-lique, comme il y a une Église grecque ca-tholique» (49). Les époux Fumet sont à l’ori-gine de l’union des Amis d’Israël (née en1925 et condamnée par le Saint-Office en1928), associés à la véritable fondatrice,Franceska Van Leer, juive hollandaise mal-convertie, laquelle après la condamnationretourna au marxisme révolutionnaire deRosa Luxembourg, d’où elle venait (50).

Stanislas Fumet, en 1925, parle de“frères aînés” à propos des juifs, expres-sion déjà employée par Adam Mickiewicz(1798-1885) en 1842, ami de Andrea To-wianski (1799-1878) “disciple” de Josephde Maistre (51). Cette expression sera repri-se par J.-P. II en 1986, lorsqu’il avait exaltécomme son maître, en 1978, précisémentAdam Mickiewicz. Un autre grand admira-teur de Maritain a été Jerzy Turowicz(1912-1999), ami personnel de Karol Woj-tyla, qui en 1968 fut poussé précisémentpar Turowicz à exprimer le premier d’unelongue série de mea culpa à l’égard du ju-

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daïsme, de la part de l’Église romaine,dans une synagogue de Cracovie, où Woj-tyla était archevêque. Les Turowicz étaientdes juifs frankistes (comme Mickiewicz)qui se convertirent extérieurement auchristianisme, tout en restant intérieure-ment juifs, en 1760, sur ordre du marraneJacob Frank (52).

Selon Stanislas Fumet, il faut «faireconnaître aux catholiques la philosophiemystique des Hassidim [la cabale impure,n.d.a.], il faut que les chrétiens sachent qu’ilexiste chez leurs frères aînés une élévationspirituelle et mystique» (53).

Fumet soutenait que «lorsqu’un chrétiencommunie, il devient de la race d’Israël,puisqu’il reçoit le sang [minuscule, n.d.a.]très pur d’Israël dans ses veines» (54). Leschrétiens doivent donc communier fréquem-ment pour devenir de la même “race” (motutilisé par Fumet) que les juifs, au moyend’une sorte de “transfusion de sang” (on no-te la ressemblance avec la thèse de l’homici-de rituel). C’est pourquoi les deux Testa-ments et les deux peuples sont un seul, l’Is-raël post-biblique. «Le Saint-Office ne pou-vait pas laisser passer [cette théorie] et metfin à l’Association en 1928» (55).

Fumet a été un des premiers gaullistesde la France occupée, «avant 1939, DeGaulle était “un Ami de Temps Présents”,hebdomadaire dirigé par Fumet» (56); ilétait aussi l’ami de Jacques Chirac.

Après le Concile Vatican II, en 1968,son esthétisme le fait «s’engager personnel-lement [comme tant d’autres personnes quiaimaient le chant grégorien et le latin, maispas la Messe romaine, n.d.a.] au sein dumouvement Una voce» (57), tout commeson ami Maritain.

Jules Isaac

Après la fin de la seconde guerre mon-diale, Jules Isaac, disciple de Péguy, lancel’offensive destinée à judaïser le christianis-me, en partant de la shoah. Il réussira àpréparer (avec l’aide du Bené Bérith) le do-cument conciliaire Nostra Ætate, voulu parJean XXIII et “ébauché” par le cardinal jé-suite Agostino Bea, par le père dominicainJean de Menasce (juif “converti”) et par lepère Paul Démann (idem) de la congréga-tion des Pères de Sion (58). Leur but étaitsurtout d’éviter de «rabaisser le judaïsme

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biblique ou postbiblique, dans le butd’exalter le christianisme» (59), d’ensevelirla théologie de la substitution et de mélan-ger judaïsme veterotestamentaire et talmu-dique ou antichrétien. Malheureusement ledocument fut accueilli par les pères conci-liaires en 1965, et est devenu le cheval debataille de l’enseignement wojtylien, selonlequel le Christ est le médiateur entre Dieuet les chrétiens, alors que les juifs n’ont pasbesoin de Jésus puisqu’ils attendent leurmessie (60).

Pour comprendre pleinement la genèsede Nostra Ætate, il était indispensable desonder ce monde obscur et secret des mar-ranes, mysticoïdes, modernistes et dévoyésqui nous a apporté “le cheval de Troie dansl’Église de Dieu”, contre laquelle, cepen-dant, ils ne l’emporteront pas, selon lespromesses du Divin Rédempteur.

Les étapes de Nostra Ætate

1°) Avant le Concile (1962). Appendiceau schéma De Verbo Dei:

[texte retiré ou non examiné par laCommission Centrale Préparatoire].

«L’Église... reconnaît que l’origine de safoi et de son élection..., se trouve chez lespatriarches et les prophètes d’Israël... bienqu’une grande partie du peuple élu resteloin du Christ, ce serait injuste de l’appeler“peuple maudit”, vu qu’il reste cher à Dieuà cause des pères...».

2°) La session du Concile (1963). Cha-pitre IV du schéma De Œcumenismo:

[texte distribué aux évêques le 8 no-vembre 1963, discuté mais retiré].

«L’Église... reconnaît que l’origine de safoi et de son élection..., se trouve chez les pa-triarches et les prophètes d’Israël... bienqu’une grande partie du peuple élu reste loindu Christ, ce serait injuste de l’appeler“peuple maudit”, vu qu’il demeure cher àDieu à cause des pères... ou bien “peuple déi-cide”, parce que le Seigneur a effacé par sapassion et sa mort les péchés de tous leshommes, qui furent la cause de la mort de Jé-sus. Cependant la mort du Christ n’a pas étéprovoquée par tout le peuple vivant alors, etmoins encore par le peuple d’aujourd’hui...».

3° a) III session (1964). Déclaration surles rapports de l’Église avec les religionsnon chrétiennes:

[texte distribué le 25 septembre 1964 et

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discuté du 28 au 30 septembre (89ème-94ème Congrégation); réduit au para-graphe concernant les juifs, augmenté parl’ajout de deux paragraphes: un sur la pa-ternité universelle de Dieu, avec un allu-sion aux musulmans, l’autre avec lacondamnation de toute forme de discrimi-nation; premier texte amoindri].

«L’Église... reconnaît que l’origine de safoi et de son élection..., se trouve chez lespatriarches et les prophètes... Du fait d’unsi grand patrimoine spirituel, commun auxchrétiens et aux juifs, le Concile veut re-commander entre eux la connaissance etl’estime mutuelles... [pour ce motif] que ja-mais le peuple juif ne soit présenté commeun peuple réprouvé par Dieu… Ce qui futperpétré dans la passion du Christ ne peutaucunement être imputé à tout le peuplevivant alors, moins encore au peuple d’au-jourd’hui».

3° b) III sess. (1964). Déclaration sur lesrapports...

[texte corrigé et augmenté, distribué le18 novembre 1964, discuté et voté le 20 no-vembre, par 1651 placet, 99 non placet, 242placet iuxta modum, 4 votes nuls (125èmeCongrégation), qui devait être mis en ap-pendice à De Ecclesia; retour aux idéesd’origine].

«L’Église... reconnaît que l’origine de safoi et de son élection..., se trouve chez lespatriarches, Moïse et les prophètes... du faitd’un si grand patrimoine spirituel, communaux chrétiens et aux juifs, le Concile veutrecommander entre eux la connaissance etl’estime mutuelle... L’Église, déplore la hai-ne, les persécutions exercées contre lesjuifs... Les juifs ne doivent pas être présen-tés comme réprouvés par Dieu ni maudits.Cependant ce qui a été commis durant sa

Charles Péguy

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Passion ne peut être imputé ni indistincte-ment à tous les juifs vivant alors, ni auxjuifs de notre temps... ».

4°) IV session (1965) Déclaration Nos-tra Ætate, De Ecclesiæ habitudine ad reli-giones non christianas, paragraphe 4èmeDe Judæis.

[texte revu par le Secrétariat en mai1965, distribué aux Pères conciliaires le 11octobre 1965, discuté et amendé le 14-15octobre et après 8 scrutins obtint 1763 pla-cet, 250 non placet, 10 votes nuls, adoptédans le scrutin définitif le 28 octobre (7èmesession publique), par 2041 placet, 88 nonplacet, 3 votes nuls; texte final amoindri].

Cf. texte définitif Nostra Ætate in Tutti iDocumenti del Concilio, Massimo, Milan1971, ou in Enchiridion Vaticanum, testo la-tino-italiano. Documenti. Il Concilio Vatica-no II, EDB, Bologne, 9ème éd., 1971 (61).

Notes

1) J. STERN, Jean-Paul II face à l’antijudaïsme, inRadici dell’antigiudaismo in ambiente cristiano. Collo-quio intraecclesiale. Atti del Simposio teologico-stori-co, Cité du Vatican, 30 ottobre-1 novembre 1997,LEV, Cité du Vatican 2000, pp. 64-65.

Cf. aussi: PONTIFICIA COMMISSIONE BIBLICA, Il po-polo ebraico e le sue Sacre Scritture nella Bibbia cristia-na, LEV, Cité du Vatican, 2001.

F. GALEONE, Da “perfidi giudei” a “fratelli maggio-ri”. Ci separa da Israele il suo “no” a Gesù; ci unisce lafede nel Dio di Abramo. Le nostre radici ebraiche fan-no parte del nostro essere cristiani, ELLE DI CI, Leu-mann (TO) 1994.

COMMISSION PONTIFICALE «JUSTICE ET PAIX», LaChiesa di fronte al razzismo. Per una società più frater-na, EDB, Bologne 1989.

PAGINE DOCUMENTI/3, In dialogo con i «fratellimaggiori», AVE, Rome 1988.

CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRE-LIGIEUX, Camminare Insieme. La Chiesa cattolica indialogo con le altre tradizioni religiose del mondo,LEV, Cité du Vatican 1999.

M. TH. HOCH - B. DUPUY (textes rassemblés, tra-duits et annotés par), Les Églises devant le Judaïsme.Documents officiels (1948-1978), Cerf, Paris 1980.

2) E. TOAFF, Essere ebreo, Bompiani, Milan 1994, p. 13.3) C. NITOGLIA, De la Synagogue à l’Église. Les

conversions d’Edgardo Mortara, Giuseppe StanislaoCoen et Eugenio Zolli, CLS, Verrua Savoia (TO) 1997.

4) Cf. DAVID M. NEUHAUS s.j. (de l’Institut Pontifi-cal Biblique de Jérusalem), L’idéologie judéo-chrétien-ne et le dialogue juifs-chrétiens, RSR 85/2 (1997), pp.249-276, in Etnia e cultura in Israele par E. BIANCHI,Guerini e Associati, Milan 1997.

Cf. A. RAVENNA, L’ebraismo postbiblico, Morcel-liana, Brescia 1958.

5) V. ZUBIZARRETA, Theologia dogmatico-scholas-tica, ed. El Carmen, Vitoria 1948, n° 699, tesi IV.

6) D. JUDANT, Judaïsme et Christianisme, éd. du

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Cèdre, Paris 1969, pp. 88-91.ID., Jalons pour une théologie chrétienne d’Israël,

éd. du Cèdre, Paris 1975, pp. 7-15.7) Cf. Mgr L. M. CARLI, La questione giudaica da-

vanti al Concilio Vaticano II, in Palestra del Clero, n°4, 15 febbraio 1965, pp. 192-203.

8) D. JUDANT, Jalons pour une théologie chrétienned’Israël, éd. du Cèdre, Paris 1975, pp. 33-83, passim.

9) M. DUBOIS, Status quæstionis della problematicadell’antigiudaismo, in Radici dell’antigiudaismo in am-biente cristiano. Colloquio intraecclesiale. Atti del Sim-posio teologico-storico, Cité du Vatican, 30 ottobre-1novembre 1997, LEV, Cité du Vatican 2000, pp. 41-42.

10) P. BEAUCHAMP, Remarques additives sur l’anti-judaïsme, in Radici dell’antigiudaismo, cit. p. 118.

11) N. LOHFINK, l’Alleanza mai revocata. Riflessio-ni esegetiche per il dialogo tra cristiani ed ebrei, Queri-niana, Brescia 1991.

12) Ibidem, p. 13.13) Ibidem, p. 13.14) Cf. C. NITOGLIA, Per padre il diavolo, SEB, Mi-

lan 2002, chap. VI et VII, pp. 95-132.15) N. LOHFINK, op. cit., p. 17.16) Hébr. VIII, 13.17) Ibidem, p. 18.18) Ibidem, pp. 21-22.19) Ibidem, p. 22.20) Cf. C. NITOGLIA, Per padre il diavolo, SEB, Mi-

lan 2002, pp. 104-108.21) J. STERN, Jean-Paul II face à l’antijudaïsme, in

Radici dell’antigiudaismo in ambiente cristiano, cit. p. 59.

22) J-M. GARRIGUES, Antijudaïsme et théologie d’Is-raël, in Radici dell’antigiudaismo..., cit. pp. 321-327.

23) F. SPADAFORA, Fuori della Chiesa non c’è sal-vezza, Krinon, Caltanissetta 1988.

E. HUGON, Hors de l’Église point de salut, Paris 1907.G. SIRI, Fuori della Chiesa non c’è salvezza, in Re-

novatio, n° 20, gennaio-marzo 1985, pp. 5-7.R. GARRIGOU-LAGRANGE, De Revelatione per Ec-

clesiam Catholicam proposita, vol. II, 5ª ed., Desclée,Rome-Paris 1950, Chap. XV.

T. ZAPPELENA, De Ecclesia Christi, II vol., 2ª ed.,Rome 1954, pp. 341-398.

24) Cf. F. ROBERTI, Nuovo Digesto Italiano, Ma-rietti, Turin 1937, pp. 524-525.

25) Cf. A. UNTERMANN, Dizionario di usi e leggen-de ebraiche, Laterza, Bari 1994, p. 211.

26) R. DI SEGNI, I Noachidi, in Shalom, n° 2, 2002, p. 1.27) Cf. E. RATIER, Mystères et secrets du B’naï Bri-

th, Facta, Paris 1993, pp. 114-115 et 371-381.28) J. MADIRAN, L’accord secret de Rome avec les

dirigeants juifs, in Itinéraires n° III, septembre 1990, p.3, note 2.

29) Cf. L. ISRAEL. NEWMAN, Jewisch Influence onChristian Reform Movements, Columbia UniversityPress, New York 1925.

P. GINIEWISKI, La Croix des Juifs, MJR, Genève1994.

A. SCHMIDT, Agostino Bea. Il cardinale dell’unità.Città Nuova, Rome 1987.

F. RICOSSA, Sodalitium n° 40, janvier 1996, pp. 20-36.30) N. GOLDMAN, Staatmann ohne Staat. Autobio-

graphie, Cologne-Berlin 1970, pp. 378 ss.31) C. SCHMIDT, Il cardinal Agostino Bea..., cit. p.

612, note 179.32) J. MADIRAN, in Itinéraires, automne 1990, n°

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III, pp. 1-20.Cf. F. RICOSSA, in Sodalitium n° 41, avril-mai 1996,

pp. 12-28.33) Histoire du Christianisme Magazine, 2003, n°

16, pp. 48-71, par MICHEL FOURCADE (de l’Universitéde Montpellier III).

34) Ibidem, p. 48.35) Ibid., p. 50.Cf. J.-L. BARRÉ, Jacques et Raïssa Maritain. Les

mendiants du Ciel, Stock, Paris 1995.R. MARITAIN, Les Grandes Amitiés, Desclée de

Brouwer, Paris 1949.Le Hassidisme a un «caractère ésotérique... il a tra-

duit dans des formes populaires la cabale qui se trans-forma en mouvement populaire» (J. MAIER - P.SCHAEFFER, Piccola enciclopedia dell’ebraismo, Ma-rietti, Casale Monferrato 1985, p. 128).

Il a un fondement “magique”, croit dans l’imma-nence de Dieu et «son influence s’est fait sentir jus-qu’à l’époque moderne [Levinas et Buber, n.d.a.]» (A.UNTERMANN, Dizionario di usi e leggende ebraiche,Laterza, Bari 1994, p. 63).

L’ancêtre du Hassidisme est Isaac Lurìa (XVIèmes.) qui enseignait l’émanation du monde de Dieu, l’avè-nement du Messie et la «supériorité de l’âme des juifssur celle des gentils» (A. UNTERMANN, op. cit., p. 171).

Les Loubavitch sont un «groupe interne au Hassi-disme... en des temps récents les Loubavitch sont arri-vés à croire que leur rabbin Menachem MendelScheerson († 1994) est le Messie» (A. UNTERMANN,op. cit., p. 169).

36) Ibid., p. 50.37) Ibid., p. 52.38) J.-L. BARRÉ, Jacques et Raïssa Maritain. Les

mendiants du Ciel, Stock, Paris 1995, p. 99.39) Ibidem, p. 99.40) Ibid., p. 110.41) Ibid., p. 186.42) Ibid., p. 449.43) S. FUMET, Histoire de Dieu dans ma vie, Cerf,

Paris 2002.M. O. GERMAIN, Stanislas Fumet ou la Présence au

temps, Cerf, Paris 1999.44) M. O. GERMAIN, Stanislas Fumet ou la Présence

au temps, op. cit. p. 25.Selon Savinien de Savigny, le Hassidisme «se sert

de la cabale pratique ou théurgique et donna naissan-ce à des générations de “faiseurs de prodiges”, bonspour impressionner le petit peuple» (SAVINIEN DE SA-VIGNY, Frankisme, in Lectures Françaises, n° 561, jan-vier 2004, p. II).

Cf. aussi: G. SCHOLEM, Les grands courants de lamystique juive, Paris 1960.

ID., Du Frankisme au Jacobinisme, Paris 1979.Les épouses de Jacques et de Stanislas étaient

toutes deux juives d’origine russe et la cabale hassi-dique russe est plus spéculative que la cabale pratico-émotionnelle polonaise, cf. A. UNTERMANN, cit. p. 169.

45) S. FUMET, Histoire de Dieu dans ma vie, cit. p.VI (introduction).

46) M. O. GERMAIN, op. cit. pp. 41-42.47) Ibidem, p. 43.48) Histoire du Christianisme Magazine, 2003, n°

16, p. 58.49) Ibid., p. 59.50) S. FUMET, Histoire de Dieu dans ma vie, cit. p. 300.51) C. NITOGLIA, L’Esoterismo, CLS, Verrua Savoia

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(TO) 2002, chap. IV Joseph de Maistre, pp. 118-163.52) Cf. F. RICOSSA, Karol, Adam, Jacob, in Sodali-

tium n° 48, avril 1999, pp. 61-73.R. BUTTIGLIONE, Il pensiero di Karol Wojtila, Jaca

Book, Milan 1984.A. MANDEL, Il Messia militante, Arché, Milan 1984.L. QUERCIOLI-MINCER, La contesa sulle origini

ebraiche di Mickiewicz, in La Rassegna Mensile d’Is-raele, 1999, n° 1, pp. 29-49.

M. BLONDET, Cronache dell’anticristo, Effedieffe,Milan 2001, pp. 104, 121-129.

C. NITOGLIA, L’Esoterismo, CLS, Verrua Savoia(TO) 2002, pp. 111-116.

H. DE LUBAC, La posterità spirituale di Gioacchinoda Fiore. Da Saint Simon ai nostri giorni, vol. II, JacaBook, Milan 1984, chap. XV: Adam Mickiewicz, pp.261-315. Cf. aussi Appendice D, pp. 507-520.

A. MICKIEWICZ, Scritti politici, publié par M. Ber-sano Begey, Utet, Turin, 2ème éd. 1965, introductionpp. 11-26, IV leçon pp. 153-169 et V leçon, pp. 169-179(Gli Slavi), dans lequel on fait référence explicitementà l’enseignement ésotérique de Joseph de Maistre.

SAVINIEN DE SAVIGNY, Frankisme, in LecturesFrançaises, n° 561, janvier 2004, pp. I-VII.

53) Histoire du Christianisme Magazine, 2003, n°16, p. 59.

54) Ibid., p. 60.«Lorsqu’un chrétien communie, il devient de la race

d’Israël, puisqu’il reçoit le sang très pur d’Israël dansses veines... Toutes les nations doivent être bénies danscette race... Chrétiens et Juifs sont de la même race» S.FUMET, Histoire de Dieu dans ma vie, cit. pp. 297-298.On remarque comment Fumet met sur le même planet remplace Jésus par Israël, selon la cabale de Luriaet parle explicitement de sang et de race.

55) Ibidem.56) Ibidem.57) M. O. GERMAIN, Stanislas Fumet ou la Présence

au temps, cit. p. 98.58) Cf. C. NITOGLIA, Nostra Ætate, in www.cattoli-

cesimo.com - mailing-list don Curzio Nitoglia.59) Histoire du Christianisme Magazine, 2003, n°

16, p. 69.60) C. NITOGLIA, Nostra Ætate, in www.cattolicesi-

mo.com - mailing-list don Curzio Nitoglia.Cf. D. PAGLIARANI, La Chiesa conciliare rinuncia

alla conversione della Sinagoga, in Tradizione cat-tolica, n° 53, 2003, pp. 56-61.

P. STEFANI, Alleanza perenne e Chiesa della circonci-sione, in Il Regno, n° 919, 15 febbraio 2003, pp. 89-92.

61) Cf. T. FEDERICI, Israele nella storia della salvez-za, in Humanitas, 22/1-2 (1967), pp. 75-109.

A. BEA, La Chiesa e il popolo ebraico, Brescia 1966.B. HUSSAR, La religione giudaica, in Le religioni

non cristiane nel Vaticano II - La Dichiarazione “Lerelazioni della Chiesa con le religioni non cristiane”,genesi storica, esposizione e commento, Coll. Magisteroconciliare, n° 15, Leumann (TO) 1966, pp. 199-203.

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Paris 1965, pp. 175-196.S. GAROFALO, Dizionario del Concilio Vaticano II,

Unedi, Rome 1969.

Charles de Foucauld et l’IslamPar M. l’abbé Ugolino Giugni

Depuis quelques mois, Charles de Fou-cauld défraie la chronique et fait la une

des journaux. En effet, le 13 novembre 2005Benoît XVI l’a “béatifié” (1) (Cf. Osservato-re Romano 14-15/11/2005). Comme cela ar-rive toujours depuis le Concile Vatican II(dont on a célébré la clôture en 2005), tout“saint” ou “bienheureux” qui se respectedoit être œcuménique et œcuméniste et pré-curseur dudit “Concile”. Suivant cette règlenon écrite, on a essayé de présenter égale-ment dans cette optique Charles de Fou-cauld comme un adepte de l’œcuménisme(effectivement, il fut un prêtre catholiquequi partit vivre en terre d’Islam) et du “dia-logue” avec les musulmans (qui le tuè-rent…). Sur L’Eco di Bergamo on lit :“Charles de Foucauld est un témoin radicalde l’Évangile, il est un exemple de dialoguerespectueux entre les religions et les civilisa-tions, il est un modèle pour les chrétiens duXXIème siècle (…). Une stratégie que leConcile Vatican II a faite sienne et qui en-suite a fait école dans l’Église” (2). Un autreauteur, son récent biographe affirme: “Iln’est pas difficile d’imaginer combien frèreCharles se serait réjoui si l’Église officiellede son temps avait proclamé l’égalité detous les hommes et le devoir de la justicesociale, comme il l’aurait fait avec le Conci-le Vatican II. Il aurait souscrit avec enthou-siasme à cette page de Gaudium et Spes (n°29)” (3). Mais les choses sont-elles vraimentainsi ?

Le but de cet article sera de découvrirquelle était la pensée de cet ermite du désertconcernant les rapports entre catholicisme etIslam. Cette étude sera particulièrement in-

téressante pour nous qui vivons aujourd’huidans une Europe toujours plus multieth-nique et qui semble devenue terre deconquête de l’Islam à cause de la politiqued’immigration incontrôlée et inconsidéréeopérée par nos gouvernements. La penséede Charles de Foucauld semble parfois pro-phétique et éclairante sur les rapports entrechristianisme et Islam dans le monde d’au-jourd’hui, et sur le rôle que les nations Ca-tholiques auraient dû exercer à l’égard de cespeuples islamiques de l’Afrique du Nord.

Chronologie de la vie de Charles deFoucauld

Charles de Foucauld naît le 15 sep-tembre 1858 à Strasbourg, en Alsace, d’unefamille aristocratique, dont la devise est“Jamais arrière”. Il est baptisé dès sa nais-sance. Charles a une sœur, Marie, de troisans sa cadette.

• Ses parents meurent l’un après l’autreen 1864. Charles en demeure profondé-ment blessé.

• Les deux orphelins sont confiés à leurgrand-père maternel, le colonel de Morlet,homme bon mais faible.

• Après la guerre franco-prussienne de1870, la France perd l’Alsace et la Lorrai-ne. La famille quitte Strasbourg pour Nan-cy et opte pour la nationalité française.

� � Islam et Christianisme

Charles de Foucauld fut-ilvraiment un précurseur deVatican II et un exemple dedialogue entre les religions ?Quels sont les rapports entreChristianisme et Islam ?

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• Études secondaires à Nancy puis à Pa-ris, chez les Jésuites, où il obtient le bacca-lauréat. Il commence sa préparation àl’École Militaire de Saint-Cyr. Jugé pares-seux et indiscipliné, il est renvoyé en coursd’année. Charles situe sa perte de la foi à lafin de ses études secondaires, vers 16 ans.

CARRIÈRE MILITAIRE :• 1876 : entrée à Saint-Cyr.• 1878 : son grand-père meurt en fé-

vrier ; il hérite d’une grosse fortune qu’ildilapidera rapidement. En octobre, il entreà l’école de Cavalerie de Saumur, d’où ilsortira en 1879, 87ème sur 87.

• À l’école, il mène une vie de fêtard etmultiplie les actes d’indiscipline et d’excen-tricité (il se déguise en mendiant). Il dessineet approfondit sa culture en lisant beaucoup.

• 1879 : en garnison à Pont-à-Moussonil mène grande vie et s’affiche avec une jeu-ne femme de réputation douteuse : Mimi.

• 1880 : son régiment est envoyé en Al-gérie. Il emmène Mimi en la faisant passerpour sa femme. Quand la supercherie estdécouverte, l’Armée le somme de la ren-voyer. Charles refuse et préfère être sus-pendu temporairement de l’Armée. Il re-vient vivre en France, à Evian.

• 1881 : il apprend que son régiment estengagé dans une action dangereuse en Tuni-sie. Il abandonne Mimi, demande sa réinté-gration et rejoint ses compagnons d’armes.

• Pendant 8 mois, il se montre un excel-lent officier, apprécié tant des chefs que dessoldats.

VOYAGES D’EXPLORATION :• 1882 : séduit par l’Afrique du Nord, il

quitte l’Armée et s’installe à Alger pour pré-parer scientifiquement un voyage de recon-naissance au Maroc. Il apprend l’arabe et l’hé-breu.

• Juin 1883 - mai 1884 : il parcourt clan-destinement le Maroc déguisé en rabbin et

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conduit par le rabbin Mardochée. Il risquesa vie à plusieurs reprises.

• 1885 : il reçoit la médaille d’or de laSociété Française de Géographie pour sareconnaissance au Maroc.

• 1885-1886 : voyage dans les oasis duSud Algérien et Tunisien.

• 1886 : il rentre en France où il retrou-ve sa famille, en particulier sa cousine Ma-rie de Bondy.

• Il rédige “Reconnaissance au Maroc”.Il s’interroge sur la vie intérieure et sur laspiritualité. Il entre dans les églises - sansfoi - et continue de répéter la prière :“Mon Dieu, si vous existez, faites que jevous connaisse”.

LA CONVERSION :• Fin octobre 1886 : il entre dans l’égli-

se Saint-Augustin à Paris pour demander àl’abbé Huvelin (que lui a fait connaître Ma-rie de Bondy) des leçons sur la religion.

• L’abbé Huvelin lui demande de seconfesser et de communier immédiatementet il le fait.

• 1887-1888 : il séjourne en famille, enprovince, chez sa sœur Marie et commenceà penser à la vie religieuse.

• Décembre 1888 - janvier 1889 :Charles se rend en Terre Sainte. Nazarethle marque fortement.

• Rentré en France il donne tous sesbiens à sa sœur. Il fait diverses retraitespour chercher un ordre religieux où il pour-rait entrer.

• Il se sent appelé à vivre “la vie cachéede l’humble et pauvre ouvrier de Nazareth”.

La Trappe lui semble l’endroit le plusadapté.

LA VIE RELIGIEUSE :• 15 janvier 1890 : il part à la Trappe

“Notre-Dame-des-Neiges” en France.• 6 mois après, il part pour une Trappe

beaucoup plus pauvre à Akbès, en Syrie.• Il rédige un premier projet de congré-

gation religieuse “à sa manière”. Il écrit :“Je soupire après Nazareth...”.

• Il demande à être dispensé des vœux.En octobre 1896, on l’envoie à Rome pourétudier.

• Janvier 1897 : L’Abbé général desTrappistes le laisse libre de suivre sa voca-tion.

NAZARETH :• Dès le mois de mars 1897 il est à Na-

zareth où il s’engage comme domestique

Charles de Fou-cauld jeune sous-

lieutenant au 4ème Hussards

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des Clarisses et vit dans une cabane dansleur jardin.

• “J’obtins la permission de me rendreseul à Nazareth et d’y vivre inconnu, en ou-vrier, de mon travail quotidien. Solitude,prière, adoration, méditation de l’Évangile,humble travail”.

• Il y reste un peu plus de 3 ans. Peu àpeu, les Clarisses et son confesseur, l’abbéHuvelin, le convainquent d’embrasser le sa-cerdoce.

• Il rentre en France, à Notre-Dame-des-Neiges, pour s’y préparer.

• 9 juin 1901 : il est ordonné prêtre àViviers (Ardèche, France).

BENI-ABBÈS ET LES VISITESCHEZ LES TOUAREGS :

• Septembre 1901 : Frère Charles setrouve à Alger. Il va s’établir à Beni-Abbèsoù il construit un ermitage pour fonder unefraternité de moines.

• 1902 : il sensibilise ses amis et les au-torités au drame de l’esclavage.

• Il rachète plusieurs esclaves.• 1905 : Il fait plusieurs tournées chez

les Touaregs.• Il apprend leur langue.• Aucun prêtre n’a pénétré chez eux

avant lui.• Pour eux, il fait un catéchisme en

langue locale et commence à traduirel’Évangile.

• 1906 : un compagnon, frère Michel, sejoint à lui, mais très vite il tombe malade etrepart.

TAMANRASSET - 3 VOYAGES ENFRANCE :

• Juillet 1907 : Charles entreprend unénorme travail scientifique sur la languedes Touaregs, leurs chants, leurs poésies. Ilse fait aider par un homme du pays.

• Il est le seul chrétien. Il ne peut pascélébrer l’Eucharistie, mais il choisit de res-ter... pour les hommes. Cela durera sixmois, puis il recevra enfin l’autorisation decélébrer seul la Sainte Messe, mais pas degarder le Saint-Sacrement.

• Janvier 1908 : Épuisé, il tombe mala-de et frôle la mort. Les Touaregs le sauventen partageant le peu de lait de chèvre quileur reste en ce temps de sécheresse.Charles se sent impuissant, dépendant deses voisins...

• 1909-1911-1913 : Il fait trois voyagesen France pour présenter son projet d’une

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“Union des frères et sœurs du Sacré-Cœur”,association de laïcs pour l’évangélisation despeuples. “De fervents chrétiens de toutesconditions capables de faire connaître parleur exemple ce qu’est la religion chrétien-ne, et de faire ‘voir’ l’Évangile dans leurvie”. (Règlement - Conseils) -1909-1913.

• 1914 : La guerre éclate en France.Charles reste à Tamanrasset sur les conseilsd’un ami, le général Laperrine.

LA DERNIÈRE ANNÉE : la mort• 1915 : Dans le désert la situation n’est

pas tranquille : rezzous marocains et me-naces des Senoussites de Lybie.

• Pour protéger les populations, Charlesconstruit un fortin à Tamanrasset. Il s’y ins-talle seul en attendant d’accueillir les gensd’alentour en cas de danger.

• Il continue à travailler poésies et pro-verbes touaregs.

• 1er décembre 1916 : Un groupe deTouaregs, sous influence senoussite, le cap-turent et le ligotent.

• Pendant le pillage, arrivent deux mé-haristes (soldats aux ordres des Français)de façon inattendue. C’est l’affolement,une balle part et frère Charles est tué. Sadépouille est enterrée dans le fossé qui en-toure le fortin (4).

PENSÉE DE FOUCAULD

• Désir de la Conversion des Arabes aucatholicisme

« Les Berbères ne sont point fanatiques,ni méprisants. Et il est à croire que ce sera,dans l’avenir, “l’établissement des Berbèresdans la foi qui y disposera et y fera entrer lesArabes” » (5). Frère Charles, dans seslettres, ne cesse de s’accuser du lent progrèsde son apostolat : s’il était moins indigne,tous les musulmans, les juifs et les mauvaischrétiens seraient déjà devenus ou redeve-nus fidèles. Il déclare que sa propre conver-sion est l’évidente condition de la conver-sion des autres. Dans son zèle, il n’oublie au-cune âme ; il se laisse emporter loin des pal-miers de Beni-Abbès, il souhaite la conver-sion de toute l’Afrique, du monde entier. Sacongrégation de missionnaires ne prêcheraitdonc pas l’Évangile directement, mais le fe-rait connaître, admirer et aimer par la vie deprière, de charité et de pauvreté que mène-raient les moines parmi les musulmans. LesPetits Frères du Sacré-Cœur seraient avant

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tout des adorateurs portant leur Maître aumilieu des âmes infidèles.

La question coloniale. Peut-on convertir lesArabes au catholicisme ?

En 1903 Charles de Foucauld est à Beni-Abbès en plein désert algérien, où il s’est éta-bli ; il reçoit la visite du Père Guérin, préfetapostolique du Sahara et d’un autre prêtrequi l’accompagne. Les deux prêtres s’entre-tiennent sur une question de grande impor-tance : la question coloniale. Je cite cequ’écrit René Bazin, biographe de Foucauld.

« (6) Dans les salons, les réunionsd’hommes, si l’on s’entretient d’unemeilleure administration de nos possessionsd’Afrique, on est certain d’entendre expri-mer cette opinion : “Les musulmans sontinconvertissables” ou, comme on disait audébut du dix-neuvième siècle : “Ils sont in-associables, inmiscibles”. Elle est devenueune maxime. (…) Le monde immense qu’el-le condamne et dont elle désespère est loinde nos yeux. Nous ne voyons pas assez net-tement l’injustice dont nous sommes ainsicomplices en nous taisant. Ceux dont les in-térêts purement terrestres oriententpresque toujours l’effort ne mesurent pas ledanger que le développement même denotre puissance coloniale nous fait courir, sinous ne savons pas nous concilier les espritset les cœurs. Ou bien, malgré tant d’avertis-sements, ils s’imaginent que la civilisationmécanique et économique a le pouvoir dechanger le fond des âmes, et de transformeren amis fidèles des peuples que leur religionexcite à nous mépriser et à nous maudire, etqui apprennent, sous la tente ou dans lamaison de terre, à répéter le proverbe :“Baise la main que tu ne peux couper”.

Voyez cependant ce qu’il y a d’inhu-main, de contraire à la charité, dans cetteopinion si répandue ! Plusieurs centainesde millions d’hommes seraient donc dansl’impossibilité de connaître la vérité et des’élever jusqu’à la civilisation véritable ? Lemusulman serait à perpétuité un être infé-rieur ? Il y aurait, ici-bas, deux sortesd’âmes : des païennes, des bouddhistes, desjuives qui peuvent apercevoir la beautétranscendante de la religion chrétienne, seconvertir et fraterniser avec les peuples duChrist ; puis les âmes musulmanes, inca-pables de comprendre, ou incapables de

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cette part de volonté qui entre dans touteconversion ? Est-ce acceptable ? Une sigrande injure peut-elle être faite auxhommes ? N’est-elle pas faite d’abord àDieu ? N’est-ce pas nier son pouvoir, sagrâce, sa parole formelle, puisqu’il a com-mandé de prêcher l’Évangile “à toute créa-ture” ? La raison, et la révélation qui la dé-passe et la contente, défendent de pronon-cer contre aucune race humaine, contre lessectateurs d’une fausse religion quelconque,un arrêt si cruel.

Voilà pour l’objection de principe. Je re-viendrai tout à l’heure sur celle qu’on pré-tend tirer de l’expérience. Ce qui est hors dedoute, c’est que les gouvernements successifsde la France, au siècle dernier et au nôtre,ont agi comme s’il était certain, a priori, queles musulmans ne peuvent devenir chrétiens.

Charles de Foucauld en 1902, ermite à Beni-Abbès

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(…) Bien des efforts ont été faits pour as-similer les indigènes. Notre empire africain aété doté de routes, de chemins de fer, detramways, de bureaux de poste et de télé-graphe ; on a répandu de nouvelles culturesou de nouvelles méthodes agricoles, établides hôpitaux et des dispensaires, bâti desécoles où tout est enseigné, excepté la reli-gion chrétienne. Les indigènes sont-ils plusprès de nous, par l’esprit, qu’au début de laconquête ? Usant, très volontiers, de plu-sieurs des biens que notre civilisation leurapporte, ont-ils accepté celle-ci, et peut-ondire qu’ils se considèrent comme les fidèlessujets de la France et à jamais ? (…) Il suffitde connaître un peu l’histoire des trente ouquarante dernières années (…) il suffit de sepromener pendant une heure au milieu desfoules musulmanes, et de savoir lire dans lesyeux. Sans doute, pendant la Grande Guer-re, des milliers d’Arabes ou de Berbères, su-jets de la France, sont venus combattre à cô-té de nos troupes métropolitaines… (…)Mais il serait faux, et donc dangereux, decroire que, depuis 1914, les populations mu-sulmanes de l’Afrique du Nord se sont assi-milées à nous, ou simplement rapprochéesde nous, et qu’il y a, entre elles et nous, intel-ligence, estime, amitié, seuls liens durables.

La faute en est aux hommes, bien diffé-rents, par l’origine et le talent, mais sem-blables par l’illusion ou le préjugé, qui ontconduit les affaires africaines pendant ledernier siècle et au début de celui-ci. Ilsn’ont pas compris que notre civilisation estchrétienne essentiellement. Certains ont purejeter pour eux-mêmes toute religion : ilsne peuvent faire que toute notre histoire nesoit celle d’une nation façonnée par le ca-tholicisme ; que notre sensibilité, nos habi-tudes, nos mœurs, notre charité, ne procla-ment pas la foi qui les a formées. S’ils ne re-connaissent pas, dans l’état présent, cette vé-rité, elle apparaît comme évidente aux mu-sulmans, habitants de nos colonies, qui ap-pellent indistinctement les Français du nomde chrétiens. Ce sont les musulmans qui ontici raison contre des politiques à bien courtevue. Ils jugent qu’au fond, cette puissanceantique, à laquelle la leur s’est heurtée, plusd’une fois dans le passé, est demeurée la mê-me. Nous sommes pour eux et nous seronsles Roumis (7). La neutralité proclamée del’État, les actes de persécution, les discours,même les faveurs imprudentes accordées à

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l’islamisme, ne les empêchent pas de voirque la vocation de la France n’a pas changé.Et d’ailleurs, si jamais, - ce dont il n’y a nulleapparence, - les Français devaient abjurer lafoi catholique (8), nous n’aurions rien gagnéauprès des musulmans de l’Afrique, et nousserions devenus plus sûrement encore et ir-rémédiablement un objet de mépris pour cespeuples religieux.

(…) L’autre erreur consiste à favoriseret à répandre l’islamisme. Que nous la com-mettions, et de propos délibéré, il est inutiled’en donner des exemples ; ils abondent, etle mufti hanéfite (9) d’Alger pouvait raison-nablement dire à un de ses amis : “Notreculte est le seul qui soit reconnu par l’Étatfrançais”. Or, l’histoire de quatorze siècles,l’expérience quotidienne de tous ceux quihabitent parmi des populations musul-manes, nous apprennent que l’animositécontre le chrétien est, en fait, développéepar l’enseignement de la loi coranique (10).

(…) Nous pouvons conclure de là quetout acte de la puissance publique qui tendà développer l’enseignement du Coran estfait contre nous-mêmes. C’est assez de nepoint entreprendre sur la liberté religieusedes musulmans, de leur laisser leur culte etleurs coutumes, d’être parfaitement justesenvers eux, et parfaitement bons : en allantau delà, nous sommes faibles, et même unpeu plus que faibles.

Lorsque ces vérités de sens commun au-ront été reconnues par ceux qui dirigent lapolitique musulmane de la France, que fau-dra-t-il faire ? Ni notre cœur, ni notre inté-rêt, ne nous conseillent de restreindre notreambition à quelque alliance économique,inférieure et précaire, avec les peuples mu-sulmans qui vivent dans le domaine de laFrance. Comme le dit bellement le Hollan-dais cité tout à l’heure, “il faut que l’an-nexion matérielle soit suivie de l’annexionspirituelle”. Or, c’est là un vœu qu’on peutformer sans être catholique. Du jour où lemusulman comprendra la beauté du catho-licisme, il aura compris la France ; et dansla mesure où il admirera la charité chré-tienne, il nous aimera » (11).

La conversion des musulmans est-ellepossible ?

« Est-ce à dire qu’il faille chercher àconvertir les musulmans, et à faire d’eux

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des chrétiens ? La formule serait ambiguë ;elle ne préciserait point de quelle manièrelente, douce et fraternelle, une telle conver-sion, si Dieu le permet, doit s’accomplir.Mieux vaut dire ceci : il faut que la France,chargée d’une nombreuse famille coloniale,prenne enfin conscience de toute sa missionmaternelle, et que les musulmans, commeles païens, sujets d’une grande nation ca-tholique par son histoire, par son génie, partoute son âme et par ses épreuves mêmes,puissent connaître le catholicisme, et y ve-nir, s’ils le veulent.

Du moins, ils le connaîtront, et d’abordpar sa charité. C’est elle qui sera l’ambassa-drice. Qu’on la laisse donc aller vers eux ;qu’elle ne soit pas entravée, soupçonnée,mais amicalement soutenue. Nous sommesdans notre propre domaine, en présenced’un peuple immense, tout pétri d’erreurs,de colères entretenues depuis des siècles,de rancunes également dont plusieurs sontfondées. La première œuvre à faire estd’“apprivoiser les musulmans”, selon l’ex-pression chère au Père de Foucauld, et àson ami le général Laperrine, qui conduisitsi souvent, dans le désert, des “tournéesd’apprivoisement”. Les fonctionnaires, lesofficiers peuvent avoir là un rôle magni-fique. Que par eux la justice de la France,c’est-à-dire la justice chrétienne ; la bontéde la France, apparaissent à ces hommesqui n’ont pas soif seulement de l’eau despuits. Mais que la charité ingénieuse et for-te, celle qui connaît, depuis deux mille ans,toute douleur humaine, soit libre aussi deconsoler, de soigner, de guérir, et de durer,comme dure le mal et comme dure la souf-france, en se renouvelant. Qu’elle puissefonder ses salles d’asiles et ses écoles, ses

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dispensaires et ses hôpitaux, ses orphelinatsde jeunes gens et de jeunes filles, ses mai-sons de retraite pour les vieux qui sont reje-tés de tous ! Elle recevra la misère sanscertificat de bonne vie et mœurs, sans exi-ger l’extrait du casier judiciaire, ni se préoc-cuper de la croyance de ses clients. Elleprêchera son Dieu silencieusement, si elleest assez magnifique pour qu’on ne puissepas ne pas apercevoir en elle un rayonne-ment divin. Cela durera des années, peut-être beaucoup d’années. Elle a tout l’avenirdevant elle ; la France aussi : on peut at-tendre. Sûrement, joignant ses efforts àceux que j’ai dits déjà, elle nous obtiendrace beau triomphe : que les peuples musul-mans, sans accepter encore la doctrinechrétienne, en auront du moins l’intelligen-ce, l’estime et çà et là le désir secret. Et si,plus tard, des âmes musulmanes, persua-dées ainsi qu’il n’y a rien dans l’Islam quivaille la France charitable et religieuse, envenaient à dire : “Si le disciple est ainsi,que doit être le maître ? Apprenez-nous laloi qui vous fait le cœur si grand ?”, quelbien pour l’État, quelle francisation del’Afrique du Nord ! Ce serait un monde ré-généré, une France prolongée, notre pou-voir reconnu, l’avenir assuré, et la plus hau-te gloire qu’une nation civilisée puisse vou-loir et obtenir : la création à son image !

Ici, nous nous heurtons à l’objection ba-nale : les musulmans, en fait, ne se conver-tissent pas ; il n’y en a, pour ainsi dire,point d’exemple. C’est une erreur moinsgrave que de prétendre qu’ils ne peuventpas se convertir : c’en est une cependant.

Toute la vie d’apostolat du Père deFoucauld a été fondée sur la convictionqu’il est possible, au contraire, par la priè-re, l’exemple, une prédication qui tientcompte de l’ancienneté de leur erreur et dela faiblesse d’une pauvre volonté humaineen lutte contre des siècles et contre unpeuple entier, d’amener peu à peu les mu-sulmans à la pleine grâce du Christ.• La persévérance du musulman converti

La difficulté n’est pas tant de persuaderun musulman de la vérité de la religionchrétienne, que d’assurer la persévérancedu converti. Les Arabes devenus chrétiensne peuvent plus vivre où ils vivaient. Ilssont hors-la-loi. Tout est mis en œuvre pourleur faire abandonner la foi ; leur vie mê-me est menacée, et la crainte de les voir

Charles de Foucauld à Beni-Abbès en 1903, en compa-gnie du Père Guérin, préfet apostolique du Sahara

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apostasier, c’est-à-dire se charger d’un cri-me énorme, est la raison qui empêche sou-vent d’accueillir la demande des catéchu-mènes, et de les baptiser. Le temps de lapréparation collective à recevoir la foi nepeut être court. Il faut changer l’esprit pu-blic avant d’achever les conversions indivi-duelles. L’habitation dans les centres depopulation musulmane, le dévouement, lacharité, l’école, la conversation sur les som-mets accessibles à la raison, doivent prépa-rer la prédication de la doctrine révélée.Les hommes qui ont le mieux aimél’Afrique n’ont cessé de recommander cet-te méthode. Ils n’ont pas prétendu que lemusulman fût inconvertissable » (12).• Le Coran…

Le Père de Foucauld travaillait intensé-ment à la traduction de l’Évangile en languetouareg pour leur rendre accessible. « Cettetraduction devra surtout leur être lue … Iln’y a pas lieu de chercher à apprendre auxTouaregs l’arabe, qui les rapproche du Co-ran ; il faut au contraire les en détourner. Ilfaut leur apprendre le tamahaq, langue ex-cellente, très facile, y introduire peu à peules mots indispensables pour exprimer desidées religieuses, des vertus chrétiennes, eten améliorer le système d’écriture, sans le

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changer… Il va sans dire, que, dès que lesconversions commenceront à se faire, ilfaudra un catéchisme en tamahaq » (13).• Exemples de musulmans portés au catho-licisme

« N’avons-nous pas, tout près de nous,le spectacle des chrétiens kabyles groupésautour des postes de Pères Blancs ? Débutssans doute, minces chrétientés disséminéesen onze points, souvent éloignés, de ce paysde montagnes, composées chacune de tren-te, quarante, cinquante familles, mais preuvevivante qu’il est possible d’amener des mu-sulmans au catholicisme. J’ai visité, en hauteKabylie, un de ces postes de missionnaires,celui des Beni-Mengallet. J’ai assisté à lagrand-messe, au milieu d’une assemblée dequatre-vingts fidèles. Les hommes et les pe-tits garçons, - une soixantaine, - occupant lapartie haute, les femmes et les petites fillesla partie basse de la chapelle. Je regardaisces jeunes cultivateurs berbères, blancs devisage, portant la moustache, solides, graves,attentifs, et je les trouvais assez pareils, saufpar le costume, à nos paysans de France.Après la messe, j’ai causé avec eux, car ilssavent le français. Dans les yeux de la plu-part, j’ai lu cette bienvenue, cette confiancepréparée de loin, à quoi on ne se trompepas. L’œuvre date d’une trentaine d’années.Là ou ailleurs, elle n’a guère été favoriséepar les autorités qui représentent la Franceen Algérie ; elle a été contrariée souventpar la politique générale de notre pays ;pour des causes diverses, les gouverneursgénéraux n’ont pas compris, ou n’ont pasparu comprendre que la paix africaine serala suite certaine et la récompense de laconversion de l’Afrique, et que tous lesautres moyens, la force et la faiblesse, la ré-pression, la flatterie, l’abondance des ri-chesses et des inventions, ne rapprocherontpas de nous un peuple qui ne voit en nousque des païens, et nous nomme de ce nom. Ilfaut qu’il aperçoive la plus grande supériori-té, l’essentielle : la religieuse. C’est à descœurs gagnés par la sainteté, qu’il sera pos-sible un jour d’expliquer la doctrine » (14).

Pas de prière commune avec l’Islam

Une anecdote remontant environ à 1908, futensuite racontée en France en en déformantles faits : on pensait que Charles de Fou-cauld avait prié à la manière des musul-

Un Touareg au Sahara

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mans. La réalité était autre et Bazin avantd’écrire son livre en 1921 voulut s’en assureren écrivant aux témoins oculaires. Voici cequ’il écrit :

« Dans des revues ou des journaux, on apu lire que, “la mère de Moussa ag Amasta-ne” étant tombée très gravement malade, lePère de Foucauld fut appelé près d’elle, et,pour l’encourager dans le passage de lamort, n’aurait trouvé rien de mieux que deréciter quelques sourates du Coran : “Ilvint, il fit son office de consolateur, et il en-dormit la vieille dame en Allah, avec lesstrophes du Coran appropriées”. Lorsquemes yeux passèrent sur ces lignes, - il y a desmois et des mois, - j’eus aussitôt le senti-ment que la vérité devait être différente. Jeme dis qu’un prêtre catholique aurait pu, eneffet, suggérer à la mourante de réciterquelque sourate énonçant une vérité certai-ne, opportune, exhortant, par exemple, aurepentir des péchés, à la confiance en Dieu.C’eût été la simple traduction, dans le lan-gage que cette femme comprenait le mieux,d’un acte de contrition ou de charité chré-tienne. Mais que le Père de Foucauld l’eûtfait, je ne le pouvais croire, sachant qu’il re-doutait l’extension de l’islamisme, et qu’ildevait donc, le plus possible, éviter de pro-noncer une formule coranique, fût-elle ac-ceptable. Je voulus savoir si j’avais raison,et j’écrivis à l’amenokal du Hoggar. Je luidemandai de se souvenir des paroles mêmesde son ami le Père de Foucauld. Il compritadmirablement le sens de la question que jelui avais posée. Ce non-civilisé avait de l’es-prit. Il me répondit, quelques mois plustard, une lettre, dont voici la traduction :

“Louange à Dieu l’Unique ! Nul nesubsiste que lui.

Tamanrasset, 5 chabân 1338 (25 avril1920).

Au très honoré, savant entre les savantsfrançais, René Bazin, de l’Académie.

À toi, mille et mille saluts, mille faveursdivines ! De la part du serviteur de la Fran-ce, l’émir Moussa, fils d’Amastane, ameno-kal en Hoggar.

Ta lettre m’est parvenue, où tu me de-mandes de te donner des détails sur legrand ami des Touaregs-Hoggar. Soit !sache que le marabout Charles m’avait entrès grande estime, Dieu le rende bienheu-reux, et le fasse habiter en Paradis, si c’estSa volonté !

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Maintenant, voici les détails que tu m’asdemandés : sur sa vie, d’abord. Les gensd’entre les Touaregs-Hoggar l’aimaient trèsprofondément durant sa vie, et maintenantencore ils aiment sa tombe comme s’il étaitvivant. Ainsi, les femmes, les enfants, lespauvres, quiconque passe près de sa tombe,la salue, disant : “Que Dieu élève le rangdu marabout en Paradis, car il nous a faitdu bien durant sa vie !” Aussi tous les gensdu Hoggar honorent sa tombe comme s’ilétait vivant, vraiment oui, tout autant.

Ensuite, tu me demandes ce qui s’est pas-sé, quand il a assisté à la maladie de ma mè-re, c’est-à-dire de ma tante (Tîhit), sœur demon père, lors de la maladie dont elle mou-rut. Voici : il lui rendit visite en compagniedu médecin qui lui dit, en français, s’aperce-voir qu’elle allait mourir. Alors le maraboutCharles lui dit en tamacheq “oksâd massi-nîn” (crains Dieu !) puis il la quitta. Ellemourut le lendemain. Nous portâmes lecorps jusqu’à la tombe, et il était avec nous ;tandis que nous priions pour elle, il était de-bout, la couleur [du visage] altérée, à causede sa mort. Il ne fit pas la prière pour elleavec nous. Quand nous la plaçâmes dans satombe, il se tint debout sur le bord, l’enterraavec nous, et nous dit : “Dieu augmentevotre consolation au sujet de Tîhit ! Qu’il luidonne le Paradis, en sa tombe !”.

Un jour d’entre les jours, un an avant samort, elle était venue le voir en sa cellule,et l’avait trouvé priant ; elle se tint immo-bile derrière lui, attendant qu’il eût fini saprière, puis elle lui dit : “Moi aussi, je prieDieu, à l’heure où tu fais ta prière”.

Quant à la renommée du marabout, elleest toujours vivante au Hoggar, et les gens

L'émir Moussa, amenokal du Hoggar

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à qui, comme à nous, il fit du bien, c’est-à-dire tous les gens du Hoggar, honorent satombe comme s’il était vivant.

Telles sont les informations que tu m’asdemandées, données sans faute. Je remetspour toi cette lettre au capitaine Depom-mier, le commandant en chef de chez nous.

“Que Dieu te bénisse en ta vie !Puisses-tu vivre en bonne santé ! Salut !”

(Cachet de) MOUSSA AG AMASTANE

La réponse est claire : j’avais eu raisond’écrire. L’incident aura même servi, plusque je ne l’espérais, la mémoire du Père deFoucauld. Elle amena, en effet, le thaleb deMoussa, Ba-Hammou, celui-là même qui atravaillé dix ans avec le Père de Foucauld, àfaire de bien intéressantes déclarationsqu’un témoin m’a transmises en mêmetemps que la lettre. Les voici :

“Nous savons parfaitement que le mara-bout ne pouvait nous dire de prononcer lachahada (la formule de la prière musulma-ne), il n’y a aucun doute pour nous à ce su-jet. Cela était incompatible avec ses fonc-tions de prêtre catholique, nous le savonstous. Un fait, que personne n’ignore ici, leprouve. Le Père de Foucauld recevait conti-nuellement les pauvres, les vieillards, les ma-lades, les femmes, les enfants et de nom-breux Touaregs qui venaient le visiter, et luidemander aide ou conseil. Au début de soninstallation, il arrivait que certains de ses vi-siteurs, sortant de chez lui aux heures de laprière musulmane, s’arrêtaient près de l’er-mitage pour prier. Le Père de Foucauld lesinvitait aimablement à s’éloigner de l’ermi-tage, en leur disant qu’ils devaient com-prendre qu’il désirait ne pas les voir prierprès de chez lui, comme eux-mêmes ne pou-vaient désirer le voir prier près d’une mos-quée… Il disait ces choses en termes telle-ment aimables et bons, que, très peu detemps après, aucun de nous ne les ignorait,et ne se serait permis d’enfreindre ses dé-sirs”.

Le témoin, particulièrement bien infor-mé, qui me rapportait ces souvenirs du tha-leb, ajoutait cette réflexion personnelle : “Sil’on veut bien dépouiller de toute questionde forme les relations qu’avait le Père deFoucauld avec les Touaregs, il est absurde etmensonger de dire qu’il ait jamais rien faitou rien dit qui ne visât à l’évangélisation,qu’en fin de compte, il poursuivait” » (15).

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Le danger musulman pour l’Europed’après le Père de Foucauld

Cette lettre de Charles de Foucauld estcélèbre ; il l’écrivit à René Bazin, membrede l’Académie française et président de la“Corporation des publicistes chrétiens”, de-venu ensuite son premier biographe (ample-ment cité dans cet article). Elle fut publiéedans le Bulletin du Bureau catholique depresse, n° 5, octobre 1917. René Bazin la ci-te en partie dans son livre (16).

« Ma pensée est que si, petit à petit,doucement, les musulmans de notre empirecolonial du nord de l’Afrique ne se conver-tissent pas, il se produira un mouvementnationaliste analogue à celui de la Turquie ;une élite intellectuelle se formera dans lesgrandes villes, instruite à la française sansavoir l’esprit ni le cœur français, élite quiaura perdu toute foi islamique, mais qui engardera l’étiquette pour pouvoir, par elle,influencer les masses ; d’autre part, la mas-se des nomades et des campagnards resteraignorante, éloignée de nous, fermementmahométane, portée à la haine et au mé-pris des Français par sa religion, par sesmarabouts, par les contacts qu’elle a avecles Français (représentants de l’autorité,colons, commerçants), contacts qui tropsouvent ne sont pas propres à nous faire ai-mer d’elle. Le sentiment national ou barba-resque s’exaltera donc dans l’élite instrui-te ; quand elle en trouvera l’occasion, parexemple lors de difficultés de la France au-dedans ou au-dehors, elle se servira de l’Is-lam comme d’un levier pour soulever lamasse ignorante, et cherchera à créer unempire africain musulman indépendant.

L’empire nord-ouest africain de laFrance, Algérie, Maroc, Tunisie, Afriqueoccidentale française, etc., a trente millionsd’habitants ; il en aura, grâce à la paix, ledouble dans cinquante ans. Il sera alors enplein progrès matériel, riche, sillonné dechemins de fer, peuplé d’habitants rompusau maniement de nos armes, dont l’élite au-ra reçu l’instruction de nos écoles. Si nousn’avons pas su faire des Français de cespeuples, ils nous chasseront. Le seul moyenqu’ils deviennent Français est qu’ils devien-nent chrétiens.

Il ne s’agit pas de les convertir en unjour ni par force mais tendrement, discrète-ment, par persuasion, bon exemple, bonne

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éducation, instruction, grâce à une prise decontact étroite et affectueuse, œuvre sur-tout de laïcs français qui peuvent être bienplus nombreux que les prêtres et prendreun contact plus intime.

Des musulmans peuvent-ils être vrai-ment Français ? Exceptionnellement, oui.D’une manière générale, non. Plusieursdogmes fondamentaux musulmans s’y oppo-sent ; avec certains il y a des accommode-ments ; avec l’un, celui du medhi, [leur mes-sie, n.d.r.] il n’y en a pas : tout musulman,(je ne parle pas des libres-penseurs qui ontperdu la foi), croit qu’à l’approche du juge-ment dernier le medhi surviendra, déclarerala guerre sainte, et établira l’Islam par toutela terre, après avoir exterminé ou subjuguétous les non musulmans. Dans cette foi, lemusulman regarde l’Islam comme sa vraiepatrie et les peuples non musulmans commedestinés à être tôt ou tard subjugués par luimusulman ou ses descendants ; s’il est sou-mis à une nation non musulmane, c’est uneépreuve passagère ; sa foi l’assure qu’il ensortira et triomphera à son tour de ceuxauxquels il est maintenant assujetti ; la sa-gesse l’engage à subir avec calme son épreu-

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ve ; “l’oiseau pris au piège qui se débat perdses plumes et se casse les ailes ; s’il se tienttranquille, il se trouve intact le jour de la li-bération”, disent-ils ; ils peuvent préférertelle nation à une autre, aimer mieux êtresoumis aux Français qu’aux Allemands, par-ce qu’ils savent les premiers plus doux ; ilspeuvent être attachés à tel ou tel Français,comme on est attaché à un ami étranger ; ilspeuvent se battre avec un grand couragepour la France, par sentiment d’honneur,caractère guerrier, esprit de corps, fidélité àla parole, comme les militaires de fortunedes XVIème et XVIIème siècles mais, d’unefaçon générale, sauf exception, tant qu’ils se-ront musulmans, ils ne seront pas Français,ils attendront plus ou moins patiemment lejour du medhi, en lequel ils soumettront laFrance.

De là vient que nos Algériens musul-mans sont si peu empressés à demander lanationalité française : comment demanderà faire partie d’un peuple étranger qu’onsait devoir être infailliblement vaincu etsubjugué par le peuple auquel on appartientsoi-même ? Ce changement de nationalitéimplique vraiment une sorte d’apostasie, unrenoncement à la foi du medhi... ».

Synthèse de la pensée et du comportementdu Père de Foucauld

Foucauld fut ermite au Sahara et mis-sionnaire en terre d’Islam, parmi les Toua-regs, et connut donc très bien la religionmusulmane et la mentalité de ces peuples ;il pouvait donc donner des conseils, enconnaissance de cause, sur le comporte-ment que le catholique doit avoir vis-à-visde l’Islam. À partir de ce que nous avons lude la pensée de Charles de Foucauld, il mesemble que l’on peut retenir les points sui-vants :

1- Foucauld désirait profondément laconversion des Arabes au Catholicisme, etil avait été chez eux pour préparer le ter-rain aux futurs missionnaires. Son apostolatétait le plus souvent celui de la présencequi rendait témoignage à la grandeur duchristianisme, puisqu’il était le premierprêtre catholique avec qui les Touaregs en-traient en contact.

2- Il estimait que la conversion des mu-sulmans était possible. Il y avait desexemples dans l’histoire et dans les commu-

Carte du Sahara avec les endroits où vécut le Père de Foucauld

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nautés kabyles évangélisées par les Spiri-tains. Le gros problème était d’assurer lapersévérance des convertis s’ils vivaient enterre d’Islam.

3- La responsabilité des gouvernantsdes nations européennes qui n’ont pas en-couragé et travaillé pour la conversion desmusulmans dans les colonies françaisesétait grave et l’est encore. Le progrès maté-riel, culturel et technologique que la Franceapportait à ces peuples n’aurait pas suffi àen faire des “Français”, il faut au contraireque le musulman perçoive la supériorité re-ligieuse, qui est l’essentielle, des nations ca-tholiques : ce n’est que de cette manièrequ’il pourra vraiment être “apprivoisé etassimilé”. Il faut que l’annexion matériellesoit suivie de l’annexion spirituelle.

4- Il ne faut pas encourager l’étude de lalangue arabe [les Touaregs parlent uneautre langue] parce que cela rapproche cespeuples du Coran, alors qu’ils doivent aucontraire en être éloignés, puisque les rai-sons de la non assimilation et de la nonconversion des musulmans se trouvent pré-cisément dans le Coran.

5- L’athéisme d’État et l’indifférence àl’égard de toutes les religions (pratiqué au-jourd’hui par presque tous les états euro-péens qui se proclament “laïcs”) ne favori-se pas la conversion des musulmans mais yfait obstacle puisque ceux-ci méprisent (àjuste titre) l’homme non religeux et secroient supérieurs à lui. En revanche, la re-ligiosité et sa pratique catholique animéepar la charité, méritent le respect et l’admi-ration de ces peuples.

6- La foi musulmane en leur “messie”(medhi) est un grave obstacle à la conver-sion et à l’insertion dans le tissu social denos nations de ceux-ci, puisqu’ils croient

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qu’un jour, tôt ou tard, ils nous dominerontde toute façon.

7- Foucauld ne priait pas “avec” et à lamanière des musulmans ; il maintenait lesdistances requises et n’encourageait pas lemoins du monde le syncrétisme religieux,mais il travaillait toujours pour l’évangélisa-tion des musulmans qui le comprenaient, et,en conséquence, l’aimaient et le respectaient.

Conclusion et exhortation

Le problème des rapports entre christia-nisme et Islam est toujours plus actuel, et neconcerne pas seulement les nations del’Afrique du Nord comme au temps deCharles de Foucauld, mais a traversé la Mé-diterranée et se présente impérieusementchez nous en Italie, en France, en Alle-magne et dans toute l’Europe (17). Les motsprophétiques de Foucauld dans sa lettre àRené Bazin: “Si nous n’avons pas su fairede ces peuples des Français, ils nous chasse-ront” semblent malheureusement se vérifiertoujours plus sous nos yeux. Il est vrai enoutre que le problème de la cohabitationavec l’Islam naît avec la naissance même del’Islam puisque quand Mahomet était enco-re en vie déjà ses bandes de “fidèles”avaient commencé la guerre sainte pourconquérir des peuples et des territoires à lanouvelle religion. En peu de temps, les ma-hométans s’emparèrent des côtes del’Afrique du Nord, conquérant des chré-tientés florissantes (précisément les terri-toires où le Père de Foucauld était allé vivreen ermite), et des côtes du Moyen Orient,puis ils pénétrèrent en Espagne imposant àl’Europe une guerre défensive qui durapresque mille ans. Poitiers en 732, Lépanteen 1571, le siège de Vienne en 1683, sontdes dates de l’histoire qui nous rappellentcette attaque de la “forteresse” européenne(18).

Nous devons être conscients que l’at-taque de l’Europe par des disciples de Maho-met continue aujourd’hui encore, même sicela s’accomplit avec des armes différentes,non moins dangereuses, comme se poursui-vent de la part de l’Islam les persécutionscontre les chrétiens dans plusieurs régions dumonde ; et tout ceci se produit avec l’encou-ragement occulte des puissances et des “pou-voirs forts” qui pour protéger leurs intérêtséconomiques et de domination mondiale ali-

La tombe de Charles de Foucaulddans le désert du Sahara

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mentent le soi-disant “choc des civilisations”.En confirmation de ce dessein de conquêtede la part de l’Islam, on peut citer les motsdu président algérien Houari Boumédiène àNew York à l’ONU en 1974 : “Un jour, desmillions d’hommes abandonneront le Sud dumonde pour faire irruption dans les espacesrelativement accessibles de l’hémisphèreNord à la recherche de leur survie. Et cesmillions d’êtres humains ne viendront pas enamis. Il n’y aura pas besoin de combattre, ceseront les ventres de nos femmes qui nousdonneront la victoire” ; paroles à compléterpar celles du cheik Omar Bakri, qui vit enAngleterre : “grâce à vos lois démocratiquesnous vous envahirons, grâce à nos lois reli-gieuses nous vous dominerons” (19). Pour lemoins inquiétante est la complète cécité poli-tique de ceux qui détiennent les postes degouvernement en Europe, qui favorisentsans discrimination cette immigration scélé-rate sans rien faire pour l’endiguer ; mais onsait qu’ils obéissent probablement à desordres et des plans maçonniques venant d’enhaut. Ces desseins maçonniques mondialistestendent à la réalisation de la société multi-ethnique et multi-religieuse faisant despeuples européens des déracinés et des apo-stats, et pour ce faire se servent des peuplesislamiques comme d’un bélier. Ainsi se réali-sera le péril mahométan dont Charles deFoucauld parlait déjà il y a près de cent ans ;il suffit de changer les mots “ils nous chasse-ront” par “ils nous envahiront” ; ce quipourrait être aussi, dans les desseins de Dieu,un grave châtiment réservé à l’Europe pouravoir manqué à sa mission d’évangélisationdes peuples islamiques du nord de l’Afrique.La possibilité de “l’entrée dans l’Europe” dela Turquie dans les années à venir constitueune nouvelle inquiétante qui mériterait undiscours à part, mais cela nous conduiraithors des limites et du sujet de cet article.

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Face au danger de l’invasion mahomé-tane, en l’absence de solutions politiquesconcrètes, la solution ne se trouve que dansla croix de Jésus-Christ et dans la prièrepour leur conversion au catholicisme. Pourne pas devenir musulmane l’Europe doitredevenir sincèrement chrétienne, redécou-vrir ses valeurs, se souvenir de son histoire,croire en Jésus-Christ. Il faut absolumentéviter la “culture du néant”, le laïcisme etl’indifférentisme d’État qui s’opposent partous les moyens à l’Église et, ce faisant, mi-nent les fondements de la civilisation occi-dentale en préparant sa ruine. Un catholi-cisme vraiment vécu, la conscience de la vé-rité possédée sont la défense la plus effica-ce que les peuples européens ont face à cet-te agression de l’Islam.

Nous devons recourir à l’Immaculée, latrès sainte Vierge Marie, qui a vaincutoutes les hérésies, pour qu’elle nous aideet nous protège. Nous pouvons le faire avecces deux prières : « Ô Dieu éternel et tout-puissant, aux mains de qui sont le pouvoiret les droits de toutes les nations du monde,nous vous supplions ; venez à notre aide etpar l’intercession de la Vierge Marie libé-rez notre patrie et l’Europe de cette nou-velle et sournoise invasion de païens, quimenace la Chrétienté. Nous vous le deman-dons par Jésus-Christ votre Fils, Notre-Sei-gneur. Ainsi soit-il » (20).

Prière à Notre-Dame d’Afrique: « ÔCœur Saint et Immaculé de Marie, si pleinde miséricorde, soyez touché de l’aveugle-ment et de la profonde misère des Musul-mans. Vous, la Mère de Dieu fait homme,obtenez-leur la connaissance de notre Sain-te Religion, la grâce de l’embrasser et de lapratiquer fidèlement, afin que, par votrepuissante intercession, nous soyons tous ré-

L'ermitagefortifié de

Tamanrasset (àdroite) construit

et habité parCharles de Fou-cauld jusqu'à sa

mort en 1916

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unis dans la même foi, la même espéranceet le même amour de votre divin Fils,Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a été cru-cifié et qui est mort pour le salut de tous leshommes, et qui, ressuscité plein de gloire,règne en l’unité du Père et du Saint-Esprit,dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Ô Notre-Dame d’Afrique, priez pournous et pour les Musulmans » (21).

Bibliographie

RENÉ BAZIN, Charles de Foucauld Ex-plorateur du Maroc, ermite au Sahara, Nou-velle Cité, Montrouge 2005.

ALESSANDRO PRONZATO, Il seme nel de-serto Charles de Foucauld, Gribaudi, Milan2005.

DENISE ET ROBERT BARRAT, Charles deFoucauld et la fraternité, éditions du Seuil,Bourges 1961.

Notes

1) L’Institut Mater Boni Consilii et sa revue Soda-litium suivent la position théologique de Mgr Guérarddes Lauriers, dite “Thèse de Cassiciacum” qui consi-dère que le siège apostolique est formellement vacantau moins depuis le 7/12/1965, et par conséquent queles canonisations et les béatifications intervenues de-puis lors sont nulles puisque promulguées par un sujetqui n’a pas l’Autorité dans l’Église.

2) Article de Pier Giuseppe Accornero sur l’Ecodi Bergamo du 13 novembre 2005.

3) ALESSANDRO PRONZATO, Il seme nel desertoCharles de Foucauld, Gribaudi Milan 2005, Vol. II p. 105.

4) Cette chronologie est tirée du site:http://www.charlesdefoucauld.org

5) RENÉ BAZIN, Charles de Foucauld explorateurdu Maroc, ermite au Sahara, Nouvelle Cité, Montrou-ge 2005, p. 243.

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« Pour dire adieu à Matteo Croce,président piémontais de la commu-nauté religieuse islamique italienne,et à sa fille Layla, 7 ans, morts dansun accident de la route, hier matinl'église de l'hôpital St-André de Ver-celli s'est ouverte à un double rite,chrétien et musulman. Mgr GiuseppeCavallone a célébré l'office : “l'églisedoit être proche des hommes et êtreprès d'eux à chaque événement deleur vie”, a-t-il dit, citant St Paul et leConcile Vatican II. Ensuite, le prési-dent milanais de la communauté reli-gieuse islamique, Abd Al Waid Palla-vicini a pris la parole. S'en est suiviela “prière des défunts”, à laquelle ladélégation islamique a invité tout lemonde à participer ».

(La Stampa 20 /10/2005).

Ces cérémonies interreligieuses nepeuvent exister que depuis le Conci-le Vatican II, avant elles étaient for-mellement interdites et condamnées.Rappelons en outre que le dénomméPallavicini est un guénonien notoire,apostat du catholicisme, et qu'il futofficiellement invité à participer à lapremière réunion œcuméniqued'Assise en 1986.

2005 : l'Islam dans l'Église...

Benoît XVI saluant une délégation deTouaregs à Saint-Pierre après la céré-monie de béatification de Charles deFoucauld (La Stampa 14 /11/2005).

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6) Cette longue citation, tirée du livre de RenéBazin, même si elle n’est pas un texte écrit par Charlesde Foucauld rapporte fidèlement sa pensée et celledes catholiques qui comme lui avaient travaillé en ter-re d’Afrique à la conversion et à la civilisation de l’Al-gérie et du Maroc. La seule remarque que l’on puissefaire est celle d’une vision un peu trop idéalisée de laFrance comme phare de la civilisation et puissance ca-tholique quand, hélas, déjà à cette époque, surtout de-puis la Révolution, elle avait perdu beaucoup de sonrôle et était gouvernée par des hommes qui faisaienttout pour estomper et entraver sa mission, commeprécisément l’auteur cité le fait remarquer lui aussi.

7) Roumis est le nom par lequel les Arabes appel-lent généralement les chrétiens.

8) Ce que l’auteur, qui écrivait en 1925, considé-rait “absolument improbable” est devenu malheureu-sement la triste réalité de nos jours après le ConcileVatican II et la crise dans l’Église et dans la sociétéqui s’en est suivie, et ce, non seulement pour la Francemais pour toutes les nations européennes autrefois ca-tholiques. On comprend que cette apostasie s’est pro-duite non à un niveau individuel mais pour les nationset leurs institutions. La dispute au sein de l’Europe quia conduit au refus des “racines chrétiennes” par lanouvelle constitution européenne est révélatrice decet état d’esprit ; notons que l’un des opposants lesplus chevronnés de ce projet a été le président françaisJacques Chirac.

9) Le mufti est le théoricien et l’interprète dudroit canonique musulman, remplissant des fonctionsà la fois religieuses, judiciaires et civiles. L’école hané-fite représente la position la plus avancée dans le do-maine juridique musulman, puisqu’elle prône le re-cours au raisonnement analogique.

10) Je mets ici en note un intéressant passage,toujours rapporté par Bazin, d’un chercheur hollan-dais qui compare les musulmans modérés à nos mo-dernistes pour démontrer comment le jihad, ou guerresainte, est inhérente à l’islamisme : “Un des hommesqui font autorité en ces questions, le HollandaisSnouck Hurgronje, disait en 1911, dans une de ses cé-lèbres conférences à l’Académie des administrateurspour les Indes néerlandaises : « D’après la lettre etl’esprit de la loi sacrée [des musulmans], c’est dans lesmesures violentes qu’il faut chercher le moyen par ex-cellence de propager la foi. Cette foi considère tous lesnon-croyants comme des ennemis d’Allah. Un petitgroupe de mahométans se montre actuellement, il estvrai, partisan de l’adaptation de l’Islam aux concep-tions modernes, mais ils représentent aussi peu la reli-gion dont ils sont les adeptes par naissance, que lesmodernistes celle de l’Église catholique. On ne trouvepas de divergences, à ce sujet, entre les savants légistesdes différentes écoles, aux époques successives ».

11) RENÉ BAZIN, op. cit. pp. 279-286.12) RENÉ BAZIN, op. cit. pp. 286-288.13) RENÉ BAZIN, op. cit. p. 322.14) RENÉ BAZIN, op. cit. pp. 289-290.15) RENÉ BAZIN, op. cit. pp. 436-439.16) RENÉ BAZIN, op. cit. pp. 477-478.17) Sur les origines de l’Islam et sur ses rapports avec

le christianisme, on peut lire le très bon article de l’abbéNitoglia “Islam et judaïsme” in Sodalitium n° 40 p. 4.

18) Ici le mot Europe est à prendre dans son sensde “Chrétienté”, c’est-à-dire communauté de peuplesdifférents par leurs origines et leur culture mais qui

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professent la même foi en Jésus-Christ et sont soumisaux mêmes pasteurs.

19) Cité par la Padania du 1er décembre 2004, p. 9.20) Cette prière a été composée récemment parun curé piémontais.21) Prière composée par Mgr Pavy, second

évêque d’Alger, en 1858.

Vie Spirituelle

Sermon de MonseigneurGeert Stuyver

à l’occasion des ordinations sacerdotales du5 novembre 2005 à Verrua Savoia

“Magnificat anima mea Dominum” : Mon âme exaltele Seigneur.

Par ces paroles, mes chers amis, jem’adresse à vous pour exprimer ma

grande joie à l’occasion de cette ordinationà la prêtrise de deux diacres. Cet événe-ment heureux et encourageant n’aurait paseu lieu si on n’avait pas pu fêter cette annéele 20ème anniversaire de l’Institut MaterBoni Consilii.

En effet, dès sa fondation, l’Institut Ma-ter Boni Consilii a comme finalité primairel’offrande quotidienne sur les autels de“l’oblatio munda”, c’est-à-dire du Saint Sa-crifice, de la Sainte Messe qui est vierge detoute allégeance à Benoît XVI (hier Jean-Paul II) afin qu’il ne soit pas profané nisouillé. Il me semble que l’ouverture du sé-minaire Saint Pierre Martyr pour les candi-dats au sacerdoce était une conséquence lo-gique de cette finalité primaire. Soyons re-connaissants aux fondateurs de l’Institut (etn’oublions pas Mgr Guérard des Lauriers)d’avoir eu la foi, le courage et la persévé-rance de continuer ce séminaire. Aujour-d’hui, Dieu soit loué, nous voyons le fruitde cette œuvre : l’ordination de deuxprêtres. Bien sûr, c’est le petit nombre parrapport au nombre des candidats les joursd’ordination dans les diocèses d’autrefois.Mais Dieu ne compte pas les nombres, Ilregarde l’intensité de notre Foi, de notreEspérance et de notre Charité.

“Sacerdos alter Christus”

Par l’imposition des mains et la préfaceconsécrative, les paroles de l’ange adres-

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sées à la Vierge Marie se réalisent à nou-veau : “l’Esprit-Saint viendra sur vous et lapuissance du Très-Haut vous couvrira deson ombre” (1). Tout à l’heure, le Saint-Es-prit enveloppera les deux élus et opèreraentre le Christ et eux une éternelle ressem-blance. Après cette cérémonie, ils serontdes hommes transformés : “Tu es prêtre àjamais, selon l’ordre de Melchisédech” (2).Cette ressemblance au Christ est produitedans l’âme du prêtre par le caractère sacer-dotal. Ce caractère marque l’âme de l’em-preinte ineffaçable de Jésus, Pontife suprê-me : il demeurera en lui pour l’éternité. Cecaractère consacre le prêtre au Christ enqualité de ministre. Il lui donne un pouvoirsurnaturel. Le Christ le revêt de son pou-voir. Jésus opère efficacement par le minis-tère du prêtre. Vous avez certainement re-marqué que pendant la Sainte Messe leprêtre ne dit pas : “Ceci est le Corps... est leSang du Christ”, mais qu’il dit : “Ceci estmon Corps... ceci est mon Sang...”. Pour-quoi ose-t-il dire cela ? En raison de sonidentification avec le Christ, le Pontife éter-nel. Au confessionnal il dit : “Ego te absol-vo : Je vous absous”. Il ne fait pas appel àDieu, il commande : “Ego, Je vous ab-sous”. L’Église, en mettant sur les lèvres duprêtre cette formule sacrée, sait qu’il est unavec “le Christ qui opère avec lui et parlui”. Le prêtre est l’intermédiaire sacréentre la terre et le ciel. “Car tout pontifepris d’entre les hommes est établi pour leshommes en ce qui regarde Dieu” (3). Il estchargé des dons sacrés. Au Père, il offre Jé-sus immolé sacramentellement ; auxhommes, il fait part des fruits de la Ré-demption, c’est-à-dire qu’il leur apporte lesgrâces et le pardon divins. Bien sûr, JésusLui-même sanctifie les âmes des élus, maisIl le fait par l’intermédiaire de ses prêtres.Du berceau au lit de mort, on trouve leprêtre qui tient la place du Christ. Il est làcomme dispensateur autorisé des trésors etdes miséricordes de Dieu.

“Sacerdos alter Christus”, “le prêtre estun autre Christ”, dit l’adage. Il est le refletparmi les hommes du sacerdoce du Fils. Ici-bas : rien au-dessus de l’excellence du sacer-doce. Faisons-nous donc une très haute idéede la dignité sacerdotale. Un jour d’ordina-tion, saint François de Sales s’apercevait qu’àla porte de l’église un nouvel ordonné s’arrê-tait comme s’il disputait avec quelqu’un d’in-

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visible à qui passerait le premier. Le jeuneprêtre avouait qu’il avait le bonheur de voirson ange gardien. “Maintenant, disait-il, il neveut plus passer avant moi”.

“Innova in visceribus eorum spiritumsanctitatis”

Chers ordinands, de cette dignité résultepour vous une grave obligation de tendrevers la perfection. Vous devez vousconvaincre de la réelle sainteté à laquellevous êtes appelés. Le saint Pape Pie X,dans son exhortation au clergé catholique,dit qu’entre le prêtre et un honnête hommequelconque, il doit y avoir autant de diffé-rence qu’entre le ciel et la terre ; et pourcette raison, le prêtre doit prendre gardeque sa vertu soit exempte de tout reproche,non seulement en matière grave, mais en-core en matière légère. Votre devoir detendre à la sainteté est une exigence devotre pouvoir sur le Corps et le Sang duFils de Dieu. Vous serez les intimes de Jé-sus, les ministres de son sacrifice. Pensez-ysouvent. Vous aurez la fonction de dispen-sateurs de la grâce. À ce titre, ne devez-vous pas vous-même, les premiers, êtresanctifiés par elle ? Et enfin, les fidèles at-tendent de vous une leçon d’exemple. Si leprêtre prêche aux autres la loi du Christ,peut-il par sa conduite démentir la véritéqu’il enseigne ? N’oubliez jamais que vousne cessez pas d’être prêtres en descendantde l’autel. Vous le serez partout et tou-jours. Comme Jésus, vivez l’esprit tournévers les intérêts de Dieu.

Ne perdez pas courage. Le poids de tantde gloire, de tant de grâces et de tant deresponsabilité ne vous accablera pas, car lecaractère sacerdotal est aussi un foyer d’oùjaillit une grâce surabondante, force et lu-mière. “Dieu est assez puissant pour aug-menter sa grâce en toi”. Et Saint Paul dit :“J’ai confiance que Celui qui a commencéen vous cette bonne œuvre la perfection-nera” (4). Mes chers ordinands, Jésus estprêtre en raison de l’union hypostatique. Saconception dans le sein virginal de Marieétait son ordination. Sur le Cœur Immaculéde la Vierge Marie est fondé le sacerdocecatholique. Alors, il est tout à fait naturelque le prêtre se consacre au Cœur Immacu-lé de Marie. La Vierge Marie est la “domusaurea”, est la “maison d’or” du prêtre, elle

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est la mère du prêtre. “Dans les périls, lesangoisses, les doutes, pense à Marie, in-voque Marie” (St Bernard).

Je termine avec un souhait tiré du ponti-fical : “que la bonne odeur de vos vertus ré-jouisse l’Église de Jésus-Christ; que votreprédication et votre exemple édifient lamaison de Dieu, c’est-à-dire ses enfants, sibien que pour avoir conféré ou reçu lacharge d’un tel ministère, Dieu ne nous pu-nisse pas mais nous récompense plutôt”.

Que la Mère du Bon Conseil vousconseille et vous protège.

Notes

1) Luc I, 35.2) Psaume 109, 4.3) Hébreux V, 1.4) Philippiens I, 6.

LA MORT, DÉBUT DE LAVIE ÉTERNELLE

par M. l’abbé Curzio Nitoglia

Novembre, mois des Morts. Tout être vi-vant doit mourir et se transformer en

un autre être vivant. Il faut mourir pour re-naître à une vie meilleure.

Notre existence terrestre est un voyagevers l’éternité et pour trouver la vie éter-nelle il nous faut passer par la mort. Notrevie est donc une procession vers le cimetiè-re, mais ce, en vue de la véritable vie. Ci-metière signifie, en effet, ‘lieu où l’on dort’et non lieu où l’on meurt. Le monde actuelne veut pas entendre parler de mort, desouffrance : et pourtant on ne peut pas lesôter de cette vie terrestre. Mais s’il n’estpas possible de les éviter, il est possible deles connaître, de les méditer et de les vivreen vue de les surmonter, en Dieu.

Nos épreuves et nos souffrances (y com-pris l’ultime et dernière : la mort), sontcomparables aux blessures qu’un valeureuxguerrier a reçu dans la bataille ; cicatriséesdans l’Esprit Saint, elles deviennent sourcede sagesse et de vie.

L’important est de pénétrer au plus pro-fond de notre âme (par la méditation etl’examen de conscience) pour comprendrela valeur de la souffrance et trouver en elleforce et lumière pour accomplir notre voya-

Mgr Stuyver prêchant lors des ordinations du 5 novembre

ge (sur cette terre) vers la Patrie (le Ciel).Durant ce voyage nos ennemis (le diable, lemonde et les concupiscences) tentent denous opposer des obstacles, de nous arrêter,nous ôtant l’espoir d’arriver au terme (lamort et la résurrection à la vie éternelle).Pour nous empêcher d’avancer, de changerde vie, ils utilisent la tactique de l’accusa-tion, du chantage. Le diable (l’ennemi, l’ac-cusateur, le calomniateur) et ses suppôts(les mondains) se servent des trois concu-piscences pour nous river à eux, afin quenous ne puissions plus avancer vers Dieu.Le diable qui a péché et surtout a voulucontinuer à pécher, avec obstination, sansvouloir réparer, changer, retourner à Dieu,voudrait nous faire croire que nous sommes,comme lui, définitivement fixés dans le mal(sine ulla spe...) et - comme les pharisiens etles scribes - il s’érige en juge suprême alorsque c’est lui qui est jugé. Jésus, lui, est exac-tement l’opposé du diable. Il est l’avocat, ledéfenseur, il encourage à changer de vie ets’il y a douleur, repentir et volonté de seconvertir - et d’en prendre … les moyens - ilest celui qui pardonne : le Sauveur. Nousne devons donc pas suivre les conseils dudiable qui nous accable de reproches etnous fait chanter pour arrêter notre voyagevers Dieu ; il faut écouter Jésus qui nous in-

Il faut mourir pour renaître àune vie meilleure

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vite à la pénitence, au changement de vie età la résurrection. Ce n’est pas d’où nous ve-nons qui importe (nous sommes tous nésavec le péché originel), c’est l’intensité denotre désir de changement. Dieu nous aide-ra à nous convertir - jour après jour - àabandonner le mal et à faire le bien, pourarriver le jour de notre mort, purs et prêtsdevant Lui, Dieu que nous avons cherchétout au cours du voyage de la vie. Si nousdemeurons unis à Dieu, dans sa grâce, ayantquitté le mal, rien ne pourra nous nuire etempêcher qu’après la mort, nous Le voyonsface à face, Lui notre Créateur et notre Ré-dempteur. Et qui plus est, dans ces condi-tions, même l’ennemi et les ‘ennemis’, sessuppôts ou mondains, non seulement nepeuvent nous nuire en rien, mais ils nous ai-dent à obtenir la protection et la bénédic-tion divine, laquelle sait de tout mal tirer unbien supérieur.

Le diable (et ses suppôts) ne peut pluss’unir à Dieu parce qu’il a été (et il conti-nue à être) victime d’un délire de toutepuissance (‘Non serviam’, ‘Eritis sicut dii’),délire qui ne lui permet pas de voir son malet sa volonté perverse. L’ennemi investittout dans lui-même, il voudrait nous possé-der et nous rendre esclaves comme lui.Malheureusement, l’homme peut mal ré-agir face au serpent accusateur, il peut ré-agir en se rendant esclave, en se laissantécraser, entraîner vers le péché. Comme ce-lui qui recherche dans la vie la tranquillité.Il se tait de peur de souffrir, il ne lutte pas,il ne prend pas position (avec le Christ etcontre satan), il suit une idole (une créatureà la place du Créateur) qui peut être unhomme mauvais sous l’apparence d’un ‘an-ge de lumière’, il veut en dépendre, il endevient esclave, il investit tout sur l’autre(et non sur Dieu) avec l’illusion de trouverainsi une sécurité qui n’est en fait qu’appa-rente, et cache au contraire une inquiétudeet une crainte réelle. La juste réponse à sa-tan (et aux hommes mauvais qui agissentselon satan) est de s’abandonner avecconfiance entre les mains de Jésus, aprèss’être repenti du mal fait et pris la fermedécision (les moyens concrets) de ne plus lecommettre, sûrs de l’amour miséricordieuxet infini de Dieu pour tout pécheur qui serepentit. Se repentir est la ‘conditio sinequa non’ pour entrer en communion avecDieu, sur terre avec la grâce sanctifiante,

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puis parfaitement et au Ciel seulement,avec la vision béatifique. Celui qui ne veutpas se repentir, changer, réparer est sem-blable au pharisien auquel Jésus a dit que‘les publicains et les femmes de mauvaisevie le précèderont dans le Royaume deDieu’ car le pharisien sait tout mais ne veutpas changer lui-même. Aussi Dieu ne pour-ra-t-il jamais lui pardonner, vu son impéni-tence obstinée : ‘Mes enfants, ne péchezpas ; mais si quelqu’un a péché, nous avonsun avocat auprès du Père: c’est Jésus-Christ’ (St Jean) ; de même que nousavons un ‘accusateur’ : c’est le diable (etles ‘mauvais’), celui qui n’a pas voulu répa-rer et se corriger. Il voudrait maintenantnous empêcher nous aussi de nous conver-tir, par l’accusation et le chantage. ‘Cui re-sistite fortes in fide’ (St Pierre).

Aussi, loin de nier la souffrance, la mort,la misère humaine (qui nous est co-naturel-le), il faut l’examiner, la traverser, l’aban-donner et en sortir vainqueur, transformépar la Miséricorde toute puissante et auxi-liaire de Dieu. La vie est un voyage ‘hé-roïque’, une aventure (comme celle de Dan-te ou de Tolkien), où l’on se transforme, oùchacun est susceptible de rédemption saufcelui qui ne veut pas être racheté, ne veutpas se corriger, mais voudrait incriminer lesautres, ceux qui s’efforcent de sortir de la‘forêt sauvage, rude et difficile’, des misèreset des souffrances humaines, au moyend’une bonne volonté soutenue par la grâcedivine. Le ‘Malin’ et les ‘malins’ voudraientnous convaincre que nous sommes maudits,sans espoir, marqués intrinsèquement et dé-finitivement ‘mauvais’. Mais il n’en est pasainsi. Lui est définitivement mauvais, juste-ment parce qu’il ne veut pas changer,rendre à Dieu et au prochain ce qui leur ap-partient respectivement. Nous devons doncexaminer les profondeurs de notreconscience. Ne pas cacher les côtés obscursqui s’abritent en chacun de nous: le ‘vieilhomme’ à convertir et non à voiler, nier, ca-cher ou feindre de détruire. En tout hommeil y a l’orgueil, l’attachement aux biens ter-restres et la sensualité. Nous ne devons pasles accepter, les laisser passer à l’acte. Ni lesnier, réprimer, vouloir détruire. Mais aprèsen avoir pris conscience, il faut se convertir:laisser les créatures ou en user seulementcomme moyens, nous unir au Créateur,notre fin ultime. Confessons nos infirmités,

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mais qu’elles ne nous bloquent pas, passonsoutre, marchons vers Dieu.

Le diable ‘envieux et homicide’ voudraitnous anéantir, nous rendre esclaves despassions - pour toujours - comme lui. Il uti-lise la calomnie, la médisance, les commé-rages, les reproches, le chantage. Il est ‘en-vieux’ et ne supporte pas que nous puis-sions nous libérer du mal, aussi en arrive-t-il à nous haïr et à nous vouloir damnés,fixés pour toujours dans le mal; ou bien ilcherche à nous convaincre - par la tentation- que nous le sommes. En réalité il n’en estpas ainsi. Nous devons lui répondre: ‘vaderetro satana. Sunt mala quæ libas, ipse vene-na bibas’! Quant à nous, efforçons-nous,avec l’aide de Dieu, de transformer en bienle mal potentiel qui se trouve en nous. Ef-forçons-nous de nous convertir du mal aubien et ne craignons pas le démon et les ca-lomnies qu’il continuera à vomir de sabouche infernale. Prière, méditation, tra-vail sont les moyens de transformation.‘Quand je suis faible et reconnais mon in-firmité, c’est alors que je suis fort, car Dieuvient à mon aide’ (St Paul). Ce que Dieuattend de nous, c’est la reconnaissance denotre misère, afin d’user envers nous deMiséricorde. En effet, ‘sans misère il nepourrait y avoir de Miséricorde’ (Garrigou-Lagrange), à condition - cependant - quenous reconnaissions nos infirmités et vou-lions en être libérés par Dieu, avec notrecoopération. ‘Dieu, ayant vu le néant de saservante (la T. Sainte Vierge Marie), a faiten elle de grandes choses’ (Magnificat). ‘Ilfaut mourir à soi-même pour renaître à unenouvelle vie’ (Évangile). ‘Si nous disonsque nous sommes sans péché, nous noustrompons nous-mêmes. Si au contraire,nous le reconnaissons et le confessons,Dieu nous purifiera de toutes nos fautes (StJean).

La fin, le but de la mort est donc une vé-ritable vie. Qui niecette vraie vie ne vitpas dans la réalité.La mort n’est pas lafin de la vie, mais lecommencement.

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Modernisme et antimoder-nisme. Histoire ou actualité ?

Une revue comme la nôtre se réclamantdu principal mouvement antimodernis-

te du siècle dernier, le Sodalitium pianum, etnée pour combattre le néomodernismetriomphant de Vatican II, ne peut ignoreraucune contribution à l’histoire de ces tempsqui pèsent encore sur notre époque.

C’est ainsi que nous avons lu pour vousune œuvre collective - Don Orione neglianni del modernismo [Don Orione dans lesannées du modernisme] - qui traite d’un su-jet apparemment, mais apparemment seu-lement, en marge de l’histoire de ce qui aété défini comme “la somme de toutes leshérésies”, autrement dit du modernisme.

Évidemment Lanza et Peloso, prêtres ethistoriens de la congrégation de don Orione,sont intéressés par l’histoire de leur saintfondateur, mais le but du livre - édité par Ja-ca Book (Communion et Libération) - est dejeter un pont entre modernisme et antimo-dernisme, entre hérésie et orthodoxie. DonOrione, ami sincère de saint Pie X et du Car-dinal Merry del Val, et dans le même tempsen relation avec les chefs du modernisme ita-lien, semble bénir depuis le Ciel l’entrepriseimpossible du sénateur Andreotti (directeurde 30 Jours): promouvoir la réhabilitation deBuonaiuti et d’un certain modernisme, en-treprise explicitement réévoquée par l’un desauteurs, Padre Peloso, et considérée commepossible après la “purification de lamémoire” entreprise par Jean-Paul II (pp.264-265). Si Buonaiuti avait su attendre -comme l’a dit le “bienheureux” Jean XXIII -ses “meilleures” aspirations auraient été réa-lisées par son vieux condisciple (ce mêmeJean XXIII) sans la rupture traumatiqueavec la communion ecclésiastique.

Si tel est le but du livre - comme je lepense - a-t-il été atteint? À mon avis, non.

Et ce, pas tellement à cause de la figurede don Orione dont la doctrine intransigean-te et la charité ouverte aux plus éloignés sontl’objet d’un portrait fidèle… Don Orioneétait en effet l’ami de modernistes (Père Se-meria, Gallarati Scotti, don Brizio Casciola,

Recensions

La mort du juste

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Buonaiuti lui-même…) tout comme deprêtres tombés dans le désordre moral etdont il s’occupait pourtant aussi: c’est l’ami-tié du Bon Pasteur pour la brebis égarée, duPère pour le fils prodigue, de Jésus pour lepécheur. Il fut aussi, comme son maître donBosco, un habile ouvrier au service de l’Égli-se dont ils étaient tous deux émissaires auto-risés. Mais ce n’est pas tant le fait que le per-sonnage de don Orione ne peut être le moinsdu monde accusé de sympathie pour le mo-dernisme (les auteurs eux-mêmes ne le ca-chent pas) qui fait manquer au livre son butconciliateur, c’est plutôt l’image des moder-nistes, spécialement Buonaiuti, qui ressortdes documents publiés.

Dans les diverses tentatives faites pour saréconciliation, quelle était la véritable inten-tion du prêtre excommunié? Lorsqu’en1928, deux saints prêtres comme don Orioneet le Père Cappello tentèrent la réconcilia-tion de Buonaiuti avec l’Église, Buonaiutiestima que le pardon que lui offrait l’Églisepar miséricorde, sanctionnait au contraire,comme il l’écrivait le 10 octobre 1928, “montriomphe le plus marquant” (p. 237). Ce n’estpas lui qui, touché de tant de bonté, revien-drait à la vérité, c’est l’Église qui viendrait àses idées: “L’autorité ecclésiastique est venueà rescipicence ce qui m’a rempli de stupeur”(p. 237, 18/10/28). La levée de l’excommuni-cation ne signifierait pas le triomphe de lagrâce, mais celui du modernisme: “Il mesemble pouvoir constater toujours mieuxqu’un certain repentir du traitement iniquequi m’a été infligé est à la source de cette nou-velle attitude envers moi. Je mets maintenanttous mes efforts à tirer de cette situation para-doxale le maximum d’avantages pour lacause que je défends depuis vingt ans” (p.241, 22/10/28). Buonaiuti ne veut pas se ré-tracter, il veut que l’Église se rétracte. Ettandis que don Orione et le Père Cappellopensent à son âme, lui pense à la chaire uni-versitaire qui lui a été ôtée par le gouverne-ment après le Concordat: “J’espère en uneheureuse solution de mon différend ecclésias-tique pour réoccuper la chaire. Situation épi-neuse, s’il en est, qui m’impose un sang-froidexceptionnel et peu conforme à mon caractè-re, pour que l’avidité de l’enseignement ne mefasse pas faire des concessions plus grandesque celles qui me sont consenties par la plusrigide cohérence intellectuelle” (p. 247). Dansces conditions, l’absolution de l’hérésiarque

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n’aurait pas gagné son âme à Dieu: elle au-rait seulement introduit le loup dans la ber-gerie, quarante ans avant le Concile.

C’est comme argument en leur faveurque le désir de Buonaiuti et des modernistesen général de rester ou de retourner dansl’Église a été adopté (y compris dans le livredont nous faisons la recension). Pour nous,ce désir n’est pas une excuse mais une cir-constance aggravante: c’est justement leurcapacité d’infiltrer et de dissimuler qui a per-mis aux modernistes de triompher (provisoi-rement!) après la mort de Pie XII. C’est àraison que De Mattei écrit, citant Buonaiuti:“Le modernisme se proposait… de transfor-mer le catholicisme de l’intérieur, laissant in-tacte dans la mesure du possible, l’enveloppeextérieure de l’Église: ‘le culte extérieur -continue Buonaiuti - durera toujours commela Hiérarchie, mais l’Église, en tant que maî-tresse des sacrements et de ses ordres, modi-fiera la hiérarchie et le culte selon les temps:elle rendra celle-là plus simple, plus libéra-le, et celui-ci plus spirituel; et par cette voieelle deviendra protestante; mais un protes-tantisme orthodoxe, graduel; non violent,agressif, révolutionnaire, insubordonné; unprotestantisme qui ne détruira pas la continui-té apostolique du ministère ecclésiastique nil’essence même du culte” (p. 50; la citation deBuonaiuti est tirée de Il modernismo cattoli-co, [Le modernisme catholique] Guanda,Modena 1943, p. 130).

La contribution de De Mattei n’est pasen harmonie avec le but que nous avions cruidentifier dans le livre, et mérite d’être lueattentivement et avec un préjugé favorable.Étant cependant dans la situation de devoirlui [De Mattei] chercher des “poux”, noussignalons l’omission de la contribution dedon Tafi à la vie de Mgr Volpi (p. 58, n° 29),la fausse attribution à saint Pie V de l’insti-tution du Saint-Office (p. 61) et, erreur defond, la tendance (tendance partagée par laplupart des intégristes français, certaine-ment pas par les italiens) à attribuer à LéonXIII une certaine complaisance envers lemodernisme et à attribuer à Fides et Ratiode Jean-Paul II une inspiration antimoder-niste qui n’existe que dans l’imagination (oudans la plume) de De Mattei (pp. 33 et 35).

Quoiqu’il en soit, le lecteur ne perdrapas son temps, comme il le ferait avectoutes les études sur le modernisme (ycompris celles du factieux Bedeschi). Et

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pour conclure, souhaitons que soient réali-sées d’autres études sur don Brizio Casciola(celui qui inspira la figure du “Saint” deFogazzaro), personnage moins connu maisplus dangereux peut-être que Buonaiuti.

abbé Francesco Ricossa

M. BUSI, R. DE MATTEI, A. LANZA, F. PELOSO

Don Orione negli anni del modernismo Jaca Book, Milan 2002, 373 pp., 23 €

En famille

Notre revue s’appelle Sodalitium enl’honneur du Sodalitium pianum fondé

par Mgr Benigni, sous le pontificat de SaintPie X, pour combattre le modernisme. Lescompagnons de Mgr Benigni n’avaient pashonte de s’appeler “catholiques intégraux”,c’est-à-dire intégralement catholiques ;pour leurs ennemis, au contraire, “intégris-te” était et est encore un terme insultant etun épouvantail, spécialement en France.Mais qui étaient, en réalité, les“intégristes” ? Cette école de pensée a euses historiens : rappelons par exemple Inté-grisme et catholicisme intégral (1969) et Ca-tholicisme, démocratie et socialisme. Lemouvement catholique et Mgr Benigni de lanaissance du socialisme à la victoire du fas-cisme (1977) d’Émile Poulat, mais aussi laDisquisitio rédigée par le futur cardinal An-tonelli pour la canonisation de Pie X et quele Courrier de Rome a eu le mérite de tra-duire et de publier (Conduite de Saint Pie Xdans la lutte contre le modernisme, 1996).

Tous les catholiques intégraux ne firentcependant pas partie du Sodalitium… Parexemple, Mgr Henri Delassus (1836-1921),directeur de la Semaine Religieuse de Cam-brai, et l’abbé Emmanuel Barbier (1851-1925), fondateur et directeur de la revue Lacritique du libéralisme n’y appartinrent pas.Si les éditions du Sel ont publié la biogra-phie de Mgr Delassus de Louis Medler, ilmanquait encore une biographie de l’infor-tuné abbé Barbier ; infortuné, parce quetrès nombreuses furent les polémiquescontre lui, soit à cause de sa sécularisation(il quitta la Compagnie de Jésus, devenantprêtre diocésain), soit à cause de la mise àl’index, en mai 1908, de deux de ses écritssur le ralliement. Saint Pie X ne manqua

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pourtant pas de louer et de soutenir l’abbéBarbier, non seulement avant, mais aussiaprès la décision douloureuse et inévitablede 1908 ; il lui écrivit par exemple le 3 mai1912 : “à notre très cher fils EmmanuelBarbier, Prêtre, en le félicitant de tout cœur,d’avoir très bien mérité de la cause catho-lique et priant Dieu de lui accorder en ré-compense toute prospérité et toutes faveurs,Nous accordons très affectueusement en té-moignage de notre bienveillance la bénédic-tion apostolique”. L’abbé Barbier, en effet,fut parmi les premiers et les plus courageuxdéfenseurs de l’orthodoxie catholiquecontre le modernisme et le sillonisme, etleurs complices et défenseurs. Les éditionsClovis ont remédié au silence qui pesait surl’abbé Barbier, en publiant sa premièrebiographie. À vrai dire, on peut espérermieux, mais ce premier essai, étant précisé-ment le premier et pour le moment le seul,mérite tout notre intérêt. Le livre, présentépar Yves Chiron, est composé des souve-nirs d’un ami de l’abbé Barbier, MauriceBrillaud (c’est la partie que je croyais plusintéressante et qui au contraire s’est révé-lée la plus décevante), d’une biographie deYves Chiron, toujours scrupuleuse dans lesrecherches d’archives mais un peu troppauvre, en l’occurence, dans la manière defaire revivre la pensée de Barbier, dans lapublication de deux souvenirs de Barbierpubliés à l’occasion de sa mort (de FélixLacointa et de l’abbé Paul Boulin, qui était,lui, du Sodalitium pianum) et enfin d’unetrès précieuse bibliographie, toujours pré-sentée par Chiron. Puisque nous avons dé-ploré une relative “pauvreté” dans l’exposéde la pensée de Barbier, nous renvoyons lelecteur à la lecture de ses œuvres : plu-sieurs ont été récemment éditées en réim-pression anastatique par les éditions Saint-Rémy de Cadillac, comme il est soigneuse-ment indiqué dans la bibliographie. Le lec-teur pourra ainsi mieux connaître ce prêtre(dont le noble visage est reproduit dans levolume proposé par Chiron), qui avait engrande partie prévu et dénoncé les mauxqui affligent aujourd’hui l’Église.

abbé Francesco Ricossa

MAURICE BRILLAUD - YVES CHIRONL’abbé Emmanuel Barbier (1851-1925)Clovis, 2005

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Cristina Campo ou l’ambiguïtéde la tradition

Cristina Campo (1923-1977), écrivain etpoète, a connu après sa mort un grand

succès de la part du public et de la critique.Les seuls à l’avoir apparemment oubliéesont les catholiques “traditionalistes”, dontelle fut pourtant une personnalité de pre-mier plan. Vittoria Guerini (véritable nomde Cristina Campo) a, parmi les fondateursd’Una Voce-Italia, apporté une contribu-tion décisive à la rédaction du Bref examencritique du nouveau missel présenté à PaulVI par les cardinaux Ottaviani et Bacci.Ces années-là, nous trouvons autour deCristina Campo Mgr Lefebvre et le PèreGuérard des Lauriers, Mgr d’Amato etMgr Pozzi et, en France, Jean Madiran etl’abbé de Nantes… et le lecteur découvrirapeut-être pour la première fois une bonnepartie de l’histoire de l’opposition à la ré-forme liturgique - lorsque tout était encorepossible - de 1965 à 1970. En suivant lestraces de Cristina Campo, on peut, dans lemême temps se perdre dans les méandresd’une autre “tradition” bien différente dela tradition catholique ! De Simone Weil àla psychanalyse jungienne, du manichéismeà l’hésychasme byzantin, du Vedanta au ca-balisme d’Abraham J. Heschel, CristinaCampo parcourt les voies ténébreuses del’ésotérisme “chrétien”, guidée en cela parle maître indiscuté qu’est Elémire Zollaavec lequel elle partagea sa vie.

Quel est donc le vrai visage de CristinaCampo, une femme qui, au sens propre, vé-cut “sous un faux nom” ? Quelle est cellequi repose dans sa Bologne natale, aux

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pieds de la Viergede San Luca à la-quelle l’avait consa-crée sa mère: l’intré-pide admiratrice dela Messe romaineou une inquiétanteinitiée ? L’auteurtente de résoudre cedilemme auquel, endernier ressort, Dieu seul pourra donner laréponse. L’historien - pour sa part - ne peutque se fier aux documents. Outre dessources inédites, l’abbé Ricossa a pu se pré-valoir des archives de l’un des protago-nistes de notre histoire - le Père M.-L. Gué-rard des Lauriers - et des témoignages deson dernier confesseur, le Cardinal Augus-tin Mayer…

Dans la seconde partie de ce livre est re-publié un texte désormais introuvable (édi-té par Borla en 1970 et l’année suivante parle Père Barbara) mais fondamental : la Ré-ponse à la “Lettre à un religieux” écrite parle Père Guérard des Lauriers, texte qui eutune grande importance dans le chemine-ment spirituel de Cristina Campo.

Abbé FRANCESCO RICOSSA - Mgr M.-L. GUÉRARD DES LAURIERS O.P.

Cristina Campo ou l’ambiguïté de latradition.Réponse à la “Lettre à un religieux” de Simone WeilCentro Librario Sodalitium,Verrua Savoia 2006, pp. 164, 9,50

Autorité et épiscopatdans l’Église

L’année 2005 a été marquée par la célé-bration des vingt ans de l’Institut Mater

Boni Consilii fondé en décembre 1985 à Ni-chelino, dans la province de Turin. À partirde cette date, la revue Sodalitium en a tou-jours été l’organe officiel (auparavant, c’étaitla revue officielle du district italien de laFSSPX). Pour fêter cet heureux anniversaire,le Centro Librario Sodalitium, émanation dela même revue, a pensé proposer dans ce

Cristina Campo sur unephoto de jeunesse

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livre des articles publiés dans le passé et dé-sormais introuvables du fait de l’épuisementdes anciens numéros de Sodalitium (nn° 13et 16). Ces textes constituent la “pierre angu-laire” de l’histoire de l’Institut et de sa posi-tion théologique (la Thèse de Cassiciacum)face à l’actuelle crise dans l’Église, et c’est àeux qu’il faut toujours se référer pour com-prendre l’évolution et le développement dela pensée qui s’en est suivie.

Les deux textes fondamentaux de MgrGuérard des Lauriers sont : “l’interview”(publiée dans le “fameux” n° 13 de Sodali-tium de mai 1987), par laquelle Sodalitiumembrassait officiellement la Thèse du PèreGuérard ; et “Consacrer des Évêques” (pu-blié sur Sodalitium n° 16 de mars-avril1988), par lequel l’Institut considérait op-portun de perpétuer la “Missio” selon lapensée du Père Guérard en choisissant“l’option épiscopale”. Ces deux textes del’illustre théologien dominicain sont accom-pagnés de deux articles introductifs de l’ab-bé Ricossa (actuel directeur de Sodalitium)expliquant la situation qui s’est créée dansl’église après le Concile Vatican II et lesmoyens pour conserver la foi, vivifiée parles Sacrements.

Il sera très intéressant de remarquercomment, dans ses écrits, Mgr Guérardavait déjà répondu et donné une solution àtoutes les questions qui aujourd’hui encore,à vingt ans de distance, inquiètent les ca-tholiques fidèles et divisent les “traditiona-listes” (notons, en passant, comment dansl’interview il affirmait déjà l’invalidité dunouveau rite de consécration épiscopale,dont certains traditionalistes d’aujourd’huicroient être les découvreurs...).

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Mgr Guérard des Lauriers a été un vrai“Maître à penser” dans les questions théo-logiques liées à la défense de la foi après leConcile Vatican II, et c’est toujours un plai-sir de lire et de relire ses écrits. Il supportadans sa vie la conséquence de ses choix ri-goureux avec une Foi profonde, au prixd’un isolement quasi total vers la fin de savie, mais il a enseigné à tous, par sonexemple, les exigences de la “VÉRITÉ”.

Cet opuscule se veut donc être un hom-mage de la très vive reconnaissance de So-dalitium à Mgr Guérard des Lauriers. “Ve-ritas liberavit vos” (Jn VIII, 32).

abbé Ugolino Giugni

MGR GUÉRARD DES LAURIERSLe problème de l’autorité et del’épiscopat dans l’ÉgliseCollection Cassiciacum, Tome IICentro Librario Sodalitium, VerruaSavoia 2006, pp. 104, 8,40 €

Histoire du Jacobinisme

Les éditions DPF ont réédité Mémoirespour servir à l’histoire du Jacobinisme

de l’abbé Augustin Barruel, ouvrage désor-mais introuvable, fondamental pour appro-fondir l’étude de la Révolution. Après lapremière publication de 1798-99, l’ouvragefut réédité sept fois en version intégrale,neuf fois en version abrégée. DPF a voulupublier une édition intégrale, moderne etpourvue d’instruments de recherche effi-caces. Précédée d’une biobibliographie dequarante-quatre pages, elle est dotée denotes infrapaginales ajoutées au texte deBarruel (avec la référence NDLE), pourcorriger certains lapsus de l’auteur ou pouridentifier des personnages dont Barruel nedonnait que les initiales. Pour les personnesintéressées, un dossier de présentation surBarruel et son œuvre est disponible chezDPF (joindre deux timbres).

abbé Giuseppe Murro

AUGUSTIN BARRUELMémoires pour servir à l’histoire duJacobinisme. Éditions de Chiré 2005,2 vol. (502 + 638 pages), 49 €.

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“Jusqu’à ce jour tout le mondea parlé de Mortara. Laissez

maintenant la parole àMortara lui-même”

Vittorio Messori vient de faire paraîtrel’autobiographie de Pio Edgardo Mor-

tara, retrouvée dans les archives des Cha-noines réguliers du Très Saint Sauveur duLatran à Rome.

Dans cette biographie, Mortara recons-truit lui-même ce qui se passa réellement.Vittorio Messori, dans sa longue et perspi-cace introduction, écrit qu’il y eut un vraiEdgardo Mortara, “ celui de l’histoire”, etun faux Mortara, celui “du mythe”.

Messori cite en effet un bon nombred’historiens auteurs d’une reconstructioncomplètement irréelle de “l’affaire Morta-ra”. Or le Père Pio Edgardo Mortara écriviten espagnol, en 1888, une “autobiographie”qui vient d’être présentée en 2005 pour lapremière fois en italien, chez Mondadori,par Vittorio Messori. Dans ce “procès Mor-tara” rien ne vaut la parole du protagonistelui-même: laissons-la lui. Je pense qu’aprèscette publication, l’“affaire Mortara” peutêtre considéré comme réglé; en effet l’auto-rité de l’auteur, son expérience directe, sascience théologico-historique et juridique,lui permettent d’exposer les faits tels qu’ilsse passèrent réellement, de réfuter les ob-jections soulevées par des “historiens”contre Pie IX et l’Église romaine avec uneprécision absolue et une clarté sans ré-plique, ne laissant subsister aucun doute.

Le mémorial

De ce “mémorial” émergent, à monavis, quelques éléments “nouveaux” quemême les grands défenseurs de Mortara (L.Veuillot entre autres) n’avaient pas encoremis en pleine lumière.

Ces éléments peuvent, à mon avis, serésumer comme suit:

1) Lorsqu’éclate l’“affaire Mortara”, lemonde se réveille, reconnaissant qu’il avaitoublié la doctrine catholique sur le Baptê-me (p. 89). Pages 149-151, Messori expliqueau point de vue théologico-juridique pour-quoi Pie IX ne put rendre au judaïsme uneâme baptisée.

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2) Entre “le Talmud et l’Évangile (…) il yavait un abîme, une antipathie traditionnelle,un antagonisme implacable. C’était une sortede muraille de Chine, une barrière insurmon-table qui séparait les uns [les juifs] des autres[les chrétiens], mettant obstacle à tout com-promis, toute transition, tout mélange et touteconfusion. [Contre la théologie œcuméniquede l’“Ancienne Alliance jamais révoquée”,n.d.a.]” (p. 97). En effet, comme l’écrit Mes-sori, “la religion mosaïque’ [ou plutôt talmu-dique, n.d.a.] est absolument l’antithèse de lareligion catholique” (p. 100) et cela “empê-chait [et empêche!] tout mélange hybride” (p.98). Le petit Mortara priait, et a continué àprier jusqu’à la fin (1940) pour la conversiondes Juifs au Christianisme, demandant àDieu qu’“Il les délivre des ‘ténèbres et desombres de la mort’, en leur enlevant le voilequi cachait la vérité dans leur cœur” (p. 104;cf. le mystère de l’“aveuglement de la Syna-gogue”). Mortara, une fois catholique, sesentait “détenteur de la vérité” (p. 105), iln’était pas un “frère cadet en recherche”,puisqu’il possédait déjà “l’unique vrai Dieu etson Envoyé, Jésus-Christ” (p. 105) ainsi quela “religion authentique” (p. 106), autrementdit la religion catholique, apostolique et ro-maine, et non la religion talmudique.

3) Mortara forge un terme très actuelencore de nos jours, celui de “clérophobie”(p. 130); la clérophobie tenaillait les libé-raux du XIXème comme aujourd’hui leslibres penseurs qui appellent à une croisade“laïciste et libertaire” contre Pie XII, àl’image de leurs ancêtres qui la menèrentcontre Pie IX au temps de Mortara.

4) Mortara était convaincu que, revenantau judaïsme post-biblique, il serait allé au-de-vant de l’“apostasie et de la ruine éternelle” (p.131). En effet la «religion israélite [est] contra-dictoire, dépassée par l’histoire» (p. 151).

5) L’abbé Pio Edgardo nous rappellequ’il faut haïr “les ennemis spirituels, ceux quisont pour nous un obstacle sur la route dubien et de la vérité. Nous devons les fuir, nepas prêter attention à ce qu’ils nous disent” (p.156). Il rappelle «aux catholiques timides etcouards qui … n’osent pas témoigner exté-rieurement de leur foi (…) que la couardiseest une chose vile dans tous les domaines (…),mais qu’en matière religieuse elle est prochede la désertion et de l’apostasie” (pp. 161-2).

Mortara s’adresse spécialement «auxcatholiques à demi [les catholiques libéraux,

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n.d.a.], pusillanimes et faibles, amants descompromis et des conciliations. Ils cher-chent des accommodements et des capitula-tions, là où elles ne sont absolument pas ad-missibles. Ils rêvent (…) d’idéaux de rap-prochement de l’Église (…) avec “l’espritmoderne”… “Amateurs des jeux d’équilibre(…) catholiques à demi” (p. 162). Commentconcilier en effet la Foi en la Très SainteTrinité, en la Divinité du Christ, avec le ju-daïsme talmudique qui la considère commeidolâtre et, aujourd’hui encore, digne demort? Comment concilier le catholicismeavec “la maçonnerie… ennemi éternel et ir-rémissible de Jésus-Christ”, avec “le maçonqui doit haïr l’Église et Jésus-Christ s’il veutêtre un bon frère”? (pp. 164-5).

Ces pages écrites par un Juif converti, finconnaisseur du judaïsme talmudique et de lathéologie catholique, doivent nous faire ré-fléchir sur les bien tristes accommodementsjudaïsants d’une certaine “théologie à demi”qui sévit depuis presque quarante ans dansles milieux catholiques. Mortara nous metdevant l’aut aut: ou catholiques croyants enla Trinité et l’Incarnation du Verbe, ou tal-mudistes apostats qui ont renié le Christ, laTrinité et l’Église. Tertium non datur!

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L’“Introduction” de Vittorio Messori

Vittorio Messori s’était déjà intéressé àl’“affaire”, et son introduction est très intel-ligente et courageuse; les points nouveaux etsaillants peuvent être présentés ainsi:

a) C’est l’«affaire Mortara» qui détermi-na la fondation de l’Alliance Israélite Uni-verselle, qui eut tant de poids dans la naissan-ce du sionisme et de l’État d’Israël (p. 21).

b) La tentative d’enlèvement dont futvictime le jeune Mortara à Rome, après le 20septembre 1870, s’apparente aux «“meurtresciblés” de l’armée israélienne actuelle pouréliminer ceux qui déplaisent; ou à la captured’Adolphe Eichman en Argentine en 1961, àl’insu des autorités de ce pays» (p. 21).

c) Pour “être libre l’Église … doit êtreMaîtresse chez elle, elle ne doit pas être l’hô-te d’un Grand de la terre … Pie IX a vu jus-te en refusant des pièges comme la Loi desGaranties (…) apparemment généreuse,mais dans laquelle en réalité le seul patronétait l’État qui, bénévolement et souveraine-ment, tant qu’il y allait de son intérêt, accor-dait l’hospitalité» (p. 42). Combien est ac-tuelle (pour l’Église comme pour lesprêtres) une telle constatation!

d) Comme l’observe avec perspicacitéVittorio Messori (pp. 53-55), la conscriptionet l’école obligatoire constituent un véri-table rapt d’âmes chrétiennes soumises ences matières à l’État Léviathan; alors quePie IX se trouva dans l’obligation de donnerune éducation catholique à une âme faitechrétienne par le Baptême jusqu’à ce que -devenue majeure - elle puisse choisir elle-même dans quelle religion vivre.

e) Pressés par les Juifs et la maçonnerie,les USA, «où l’hypocrisie (…) est une em-preinte dont ce grand pays est entaché depuisson origine et dont il ne semble pas réussir àse libérer» (p. 57), protestèrent contre l’“en-lèvement” de Mortara; cette protestation dela part de la “Patrie de la Liberté” où le sta-tut de l’esclavage était encore en vigueur àl’époque, touchait à l’impudence.

Cette remarque est importante, actuelleet “théologiquement incorrecte”, à l’heureoù les soi-disants “chrétiens” de droite outhéo-conservateurs (Pera, Adornato, Ferra-ra…) voient dans l’Amérique, dans l’occi-dent chrétien-libéral et dans l’État d’Israëlle bastion et l’idéal de vie. En effet Messoria été ponctuellement attaqué par Antonio

«Avec les troupes qu’il maintenait àRome, Napoléon III protégeait en appa-rence le pape. En réalité, de façon sour-noise et cachée il aidait le roi subalpin àconclure l’unité de l’Italie, fondée sur lesruines des autres trônes… Napoléon III aété le Pilate du XIXème siècle qui a remisle Christ de Dieu au bourreau, en s’en la-vant les mains… Homme aux dixconsciences, selon l’expression du grandabbé Jacques Margotti (…), l’Empereurvoulait apporter la solution définitive à laquestion de l’enfant Mortara».

«Vous tous qui avez condamné oucondamnez Pie IX, regardez ce qu’ont faitet font aujourd’hui, au nom du progrès etde la liberté, les gouvernements rationa-listes et leurs coryphées … On centraliseet on monopolise l’enseignement, un en-seignement antireligieux et éminemmentmaçonnique, dans des chaires pestilen-tielles d’hommes sans foi, sans principeset sans morale. On oblige les parents àconfier les âmes bien-aimées de leurs en-fants à ces démons incarnés. Autrement,ces enfants demeureront sans carrière,sans droits civils, parfois sans toit ni lit».

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Socci dans Il Giornale du 14-6-2005 pouravoir dépoussiéré l’“affaire Mortara (…) cedont personne ne sentait le besoin si ce n’estles semeurs de discorde qui cherchent l’accro-chage entre catholiques et juifs”. Je penseque la “nouvelle chrétienté” de Maritain, re-vue et corrigée par M. Novack, autrementdit (USA, EU, Israël) laïcisée, sera le chevalde bataille du nouvel ordre mondial et de lanouvelle théologie sécularisée, lesquels, aunom du “conservatisme-libéral persécute-ront surtout ceux qui (comme Pie IX etMortara) voudront rester intégralement ca-tholiques et non catholiques “à demi”.

Que Benoît XVI sache et puisse s’oppo-ser à ce mouvement et n’en devienne pasl’avant-garde doctrinale et religieuse: telleest ma prière et mon espérance.

abbé Curzio Nitoglia

Vittorio Messori«Io bambino ebreo rapito da Pio IX» IlMemoriale inedito del protagonista del“caso Mortara” [“Moi, l’enfant juif enle-vé par Pie IX» Le Mémorial inédit duprotagoniste de l’“affaire Mortara”].Mondadori Milan 2005, 166 pages.En langue italienne

CONSEILS DE LECTURE

LISBETH BURGERMon Journal de sage-femme. “Ma viepour 2283 enfants”Éditions de Chiré 2004, 278 pp., 19 €À commander : SA DPF, BP 1 - 86190Chiré-en-Montreuil.

JEAN MADIRANLa laïcité dans l’ÉgliseConsep, 2005 - 13 rue de Saint-Honoré,78000 Versailles, 152 pp., 18 €

«Aux Catholiques orgueil leux quiosent mettre en discussion les actes del’autorité spirituelle, prêts à les désap-prouver et à les condamner, je dirai quede catholique ils n’ont que le nom et lesapparences… Aux Catholiques timides etcouards qui respectent les droits de l’Égli-se mais n’osent pas témoigner extérieure-ment leur foi, je dirai que la couardise estune bien vilaine chose dans tous les do-maines de la réalité, mais qu’en matièrereligieuse elle est proche de la désertionet de l’apostasie…».

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a Vie de l’Institut

Chers lecteurs, le dernier numéro deSodalitium vous avait accompagnédans la vie de l’Institut jusqu’en

mars 2005 ; cette chronique vous emmène-ra jusqu’à la fin de l’année qui vient de seterminer : depuis, notre petite famille quicompte désormais 24 membres, a fêté lesvingt ans de sa fondation avec deux ordina-tions sacerdotales.

Les vingt ans de l’Institut, et les ordina-tions sacerdotales. Le 18 décembre 1985, àTurin, naissait l’Institut Mater BoniConsilii, fondé par quatre prêtres du dis-trict italien de la Fraternité Saint-Pie X, quivenaient précisément de quitter la congré-gation de Mgr Lefebvre. La meilleure ma-nière de célébrer ces vingt ans de ministèresacerdotal pour la gloire de Dieu, la fidélitéà l’Église et le salut des âmes, a été celuid’assurer à Dieu, à l’Église et aux âmesdeux nouveaux prêtres, l’abbé Jocelyn LeGal, de l’Institut Mater Boni Consilii, et lePère Joseph Marie Mercier, moine béné-dictin à Faverney, en Franche-Comté. Le 3novembre, jour anniversaire de son ordina-tion sacerdotale, Mgr Stuyver arrivait àl’aéroport de Milan accompagné de l’abbéChrist van Overbecke et accueilli par l’ab-bé Giugni. Le soir arrivaient à Verrua, avecplusieurs confrères, des fidèles et amis departout. Le samedi 5 novembre avaient lieules ordinations sacerdotales à Verrua, dansune église archi-comble (vous pourrez lirele sermon de l’évêque p. 38). Plus de deuxcents personnes sont restées au repas, après

Ordinations sacerdotales du 5 novembre 2005

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1997, année où il a suivi sa vocation béné-dictine à Faverney, au sein de la fondationdu Père Verrier. Après avoir commencé sesétudes ecclésiastiques au Séminaire Saint-Pie X d’Ecône, il a rejoint notre séminaireen 2002. Le Père Mercier est l’un des septprêtres qui, bien que n’appartenant pas àl’Institut, ont accompli au moins une partiede leurs études à Verrua.

Séminaire Saint Pierre Martyr. Le 24juin, avec la dernière journée des examensde fin d’année, s’est terminée l’annéed’études 2004-2005. Après les vacances (etl’apostolat estival), ce fut la rentrée à Ver-rua en la fête de Notre-Dame des SeptDouleurs suivie du début des cours le 20septembre. Du 26 au 30 septembre, MgrStuyver a donné les Exercices Spirituels (deSaint Ignace) aux prêtres et aux sémina-ristes de l’Institut, ainsi qu’à deux prêtresextérieurs (l’abbé Casas Silva, argentin, etl’abbé James Baird, américain résidant enAllemagne) et à d’autres membres de l’Ins-titut. Après les ordinations, les cours ontrepris, y compris pour les nouveaux prêtres.Un candidat a déjà été accepté pour la pro-chaine année d’études, et nous espéronsnaturellement que d’autres le suivront.

Sœurs du Christ-Roi à Moncestino(Alessandria). Après Pâques, la petite com-munauté a fait un bref retour à la Maison-Mère de Serre-Nerpol, où, devant l’abbéMurro, le dimanche 3 avril, la Supérieurede Moncestino, Mère Marie-Thérèse, etSœur Marie-Gabrielle, ont prononcé leursvœux perpétuels, alors qu’une postulante areçu l’habit religieux commençant ainsi sonnoviciat. Mais pendant la période… sedevacante, la maison de Moncestino n’est pasrestée sans surveillance : notre Sœur Elisa-beth de Jésus veillait ; elle nous a aussi ai-dés à Verrua durant toutes les vacances dePâques. Le 30 octobre ont eu lieu les 25 ansde la fondation de la Maison St-Josephavec les premiers vœux d’une sœur.

Les Sœurs de l’Institut Mater BoniConsilii. Si à Pâques, Sœur Elisabeth deJésus a commencé à s’exercer à la cuisine, àpartir du 27 juin, elle a quitté la Casa SanGiuseppe de Moncestino pour continuerson noviciat à Verrua, où une aile de lamaison a été séparée et destinée à la clôtu-re, incluant la chapelle de Saint-Pierre-Martyr. Du fait des obligations familialesde Mme Gillio, qui depuis de nombreuses

la cérémonie, pour fêter le vingtième anni-versaire et les deux nouveaux prêtres. Par-mi les prêtres présents à la cérémonie, onnotait la présence de tous les prêtres del’Institut, tant ceux de Verrua (l’abbé Caza-las, l’abbé Giugni, l’abbé Murro et l’abbéRicossa) que ceux des autres maisons (l’ab-bé Nitoglia de Rome et l’abbé Carandinode Rimini), de l’abbé Casas Silva (prêtreassistant du Père Mercier), de l’abbé Phi-lippe Guépin (prêtre assistant de l’abbé LeGal), et de deux prêtres italiens, un reli-gieux et un diocésain ; rappelons aussi laprésence des religieuses de l’Institut et duChrist-Roi (Serre-Nerpol). Le lendemain,l’abbé Le Gal célébrait sa première messesolennelle à l’oratoire du Sacré-Cœur, àTurin, tandis que le Père Mercier a célébrésa première messe solennelle à Faverney,en présence de son supérieur, le Père Ver-rier, le 20 novembre ; dans les deux cas,c’est l’abbé Ricossa qui a prêché. Les pre-mières messes solennelles ont été elles aus-si, évidemment, émouvantes et très belles,journées inoubliables pour les nombreux fi-dèles qui ont tenu à y assister, venant par-fois même de très loin. L’abbé Le Gal a en-suite célébré également dans plusieurs en-droits (Rimini, Chieti, Milan, Serre-Nerpol,Nantes) des “premières” Messes qui ontencouragé les fidèles locaux. Le nouveauprêtre de l’Institut est né à Nantes en 1975,après des études à l’école St-Michel deChâteauroux (de la Fraternité Saint-Pie X),il a obtenu son diplôme d’ingénieur à Paris,en 1998. L’année suivante, il est entré auséminaire à Verrua. Le Père Mercier (Vin-cent de son nom de baptême) est né en1979 à Dôle (Jura). Il a étudié à l’école dela Fraternité Saint-Pie X à Bitche de 1994 à

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années assure auprès de nous le secrétariatet la cuisine, la relève par Sœur Elisabethest devenue nécessaire. En attendant, lesjeunes filles intéressées par la nouvelle fon-dation ne manquent pas, c’est pourquoinous espérons un jour devoir acheter unenouvelle maison pour les religieuses…

La Maison de Verrua… est désormais la“maison-mère” pour tous ceux qui sontpartis pour une nouvelle fondation de l’Ins-titut : rappelons Mgr Stuyver, en Belgique,l’abbé Carandino à Rimini et, depuis oc-tobre 2004, l’abbé Nitoglia à Rome. À laplace de l’abbé Nitoglia, comme vous le sa-vez, est venu l’abbé Casas Silva, qui a don-né une impulsion notable aux centres deTurin et de Verrua, où a été organisé aussiun repas sud-américain avec la communau-té argentine et latino-américaine des alen-tours. Il est rentré en Argentine le 6 no-vembre, après les ordinations, sachant quenous avions quelqu’un pour le remplacer,mais a promis qu’à partir du mois de marsil passera de nouveau quelques mois parminous. Depuis juin, les travaux pour la bi-bliothèque sont enfin terminés. La biblio-thèque terminée, le plus dur travail attendle bibliothécaire, compliqué par le fait que,à la fin de l’année, nous avons reçu en do-nation de l’historien Gianni Vannoni, deFlorence, l’imposant fonds d’archives sur lafranc-maçonnerie du défunt père jésuiteFlorido Giantulli, éminente figure de prêtreresté toujours fidèle à la tradition de l’Égli-se, et auteur, en 1973, de l’ouvrage L’essen-za della massoneria italiana : il naturalismo(Pucci Cipriani editore, Florence).

L’Institut “virtuel”. Le site de l’Instituten espagnol et en anglais était une promes-se, il est maintenant une réalité ; un grandmerci à tous ceux qui se sont occupés du si-te et des traductions. Nous rappelons queles seuls sites internet de l’Institut sont lessuivants : www.sodalitium.it etwww.casasanpiox.it . Certes, ne manquentpas de nombreux autres sites tenus par deslaïcs qui sont des amis de notre Institut,mais il est clair que seuls les sites officielsci-dessus représentent les positions et lapensée de notre Institut.

Activités estivales. Le Camp Saint-Louis-de-Gonzague, à Raveau du 11 au 25juillet, a fêté cette année ses 15 ans d’exis-tence en réunissant 23 garçons, sous la di-rection de l’abbé Le Gal et de l’abbé Giu-

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gni. Les enfants ont visité le château médié-val d’Ainay-le-Vieil (où pour leur plusgrande joie ils ont pu endosser armures etépées - en plastique - pour rendre la visiteplus réaliste…) et le parc animalier de Bou-tissaint (toujours très apprécié pour sescerfs, sangliers et bisons…). Au cours de lacolonie a eu lieu la communion solennelledes deux frères Bernard et Joseph Langletqui participaient au camp. Pour informa-tion, nous devons signaler qu’après le campde Raveau 2004, nous avons eu un premierrefus d’une caisse d’allocations familialespour le versement des bons de vacances.Après le camp 2005, nous avons eu deuxautres refus. Le motif est toujours le mê-me : notre camp “ne respecte pas l’obliga-tion de neutralité philosophique, politique,syndicale ou confessionnelle”… Cette an-née, le camp des filles organisé par lesSœurs du Christ-Roi, avec l’assistance spiri-tuelle de l’abbé Murro, s’est déroulé àChantelouve, destination connue de ceuxqui ont déjà fait le camp. La beauté de l’en-droit, le vaste choix de promenades, lacommodité du lieu du campement ne dé-çoivent jamais fillettes et surveillants. Avecles lacs, les marmottes, les jeux, les prome-nades, tout le monde était content, person-ne ne voulait plus repartir ; même le chiendu berger, passant par notre campement,voulait rester avec nous et ne pas retournersurveiller le troupeau. Mais les joies de cet-te terre ne sont pas éternelles, et c’est ainsique nous avons dû repartir. Pour qui sou-haite retrouver ces beaux moments, ren-dez-vous est pris pour l’été prochaine.

Belgique. Mgr Stuyver a administré 4baptêmes (dont nous parlons dans la ru-

M. l'abbé Guépin imposant les mainsaux nouveaux prêtres

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brique appropriée) et a prêché une retraitede trois jours pendant le mois d’août. Il aégalement conféré le sacrement de confir-mation en privé. Pour le reste, se poursui-vent sur place les cours d’aide scolaire à plu-sieurs garçons, ce qui occupe beaucoup MgrStuyver et ses collaborateurs. En plus de laHollande et du nord de la France, nous de-vons signaler cette fois la visite de Mgr Stuy-ver en Allemagne, à Karlsruhe, du 15 au 17juin, à l’invitation de l’abbé James Baird, quiaccomplit son ministère à la St Andreas Ka-pelle de cette ville. Le 16 juin, il a administréles confirmations. L’abbé Baird a été ordon-né par Mgr Stork et, comme vous avez pu lelire, il s’est rendu à Verrua pour les Exer-cices. Mgr Stuyver remercie tout le monde:l’abbé Baird, sa gouvernante, les fidèles deKarlsruhe pour l’accueil qui lui a été réser-vé, et la gentillesse de tous à son égard. Pournotre part, nous nous réjouissons de cesnouveaux contacts avec le catholicisme alle-mand, favorisés par le fait que Mgr Stuyverparle cette langue et que l’abbé Baird est vé-ritablement (nous l’avons constaté à Ver-rua) un prêtre… polyglotte !

France. Au cours de l’année dernière, ona recommencé à parler et à discuter (grâce àun forum) de la question de la vacance duSiège Apostolique ; le fait que le débat sesoit ouvert même hors des milieux “sédéva-cantistes” s’avère particulièrement intéres-sant. Ainsi, la conférence-débat que le 17mai le Centre Saint Paul de Paris a dédiée àla question a attiré un grand nombre de par-ticipants, parmi lesquels plusieurs prêtres etpersonnalités du monde “traditionaliste”.L’abbé Ricossa, qui était parmi les audi-teurs, a voulu conclure en soulignant deux

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points qui apparaissaient communs aux dif-férents camps : le fait que l’Église ne peutdisparaître, et le fait que les réformes conci-liaires ne peuvent venir de l’Église. Ces véri-tés partagées (on l’espère) peuvent être unpoint de départ pour tous les catholiquessincères, pour donner un jugement sur la si-tuation actuelle de l’autorité dans l’Église. Ànotre avis, l’analyse la plus correcte se trou-ve toujours dans la thèse de Cassiciacum. Unlecteur argentin nous a signalé une curiositéde théologie positive à ce sujet : avant mê-me le cardinal Cajetan, la distinction mate-rialiter/formaliter dans la papauté se trouvedans les écrits d’Augustin Trionfo, théolo-gien augustinien mort en 1328 ; sa Summade potestate ecclesiastica “constitue un véri-table monument d’ecclésiologie” (Encyclopé-die catholique). Sodalitium se promet de re-venir sur la question. Le 15 août : à Serre-Nerpol, l’abbé Cazalas a accompli la proces-sion habituelle pour fêter l’Assomption de laSainte Vierge, patronne de la France. Le 30octobre, fête du Christ-Roi, a été célébré àSerre-Nerpol l’anniversaire des 25 ans de lafondation de la Maison St-Joseph. Amis etbienfaiteurs ainsi que plusieurs anciennesélèves se sont retrouvés en ce jour de joie oùils se sont remémorés les moments saillantsde l’achat, des travaux et des constructionsdes bâtiments et de l’église actuellement uti-lisés par le couvent et l’école. La journée aégalement été marquée par la profession re-ligieuse d’une novice au cours de la Messechantée par l’abbé Murro. Les catéchismesse poursuivent à Vinay, Annecy et Cannesavec des incursions en Suisse, ainsi que lesconférences au Cercle Saint Barnard par desprêtres de l’Institut ou des orateurs invitésexprès (comme le docteur Cazalas). Lesprêtres de l’Institut n’hésitent pas à suivreleurs fidèles même éloignés. Ils visitent etapportent les Sacrements aux personnes ma-

Ordinations sacerdotales du 5 novembre 2005 : la prostration

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lades et âgées, qui n’auraient pas autrementla possibilité de les recevoir. L’ordination del’abbé Le Gal permettra d’intensifier notreprésence en France ; en particulier, noussommes en train de nous organiser pour lacélébration de la Messe à Paris. En re-vanche, de notables sacrifices financiers sontdemandés ailleurs : à Lyon, tout particuliè-rement, et à Annecy, où nous devrons quit-ter la chapelle que nous occupons depuis denombreuses années, ce qui nous oblige àtrouver un nouveau lieu de culte.

Italie. Signalons deux voyages de l’abbéNitoglia qui s’est rendu en Irlande et en Es-pagne pour visiter des familles amies. À Ro-me, caput mundi (et Ecclesiæ !), l’abbé Ni-toglia se réjouit de voir de nouveaux fidèlesà l’oratoire Saint-Grégoire VII, et desjeunes intéressés aussi aux alentours, com-me à Tivoli. Pour tous ceux qui le désirent,l’abbé Nitoglia a organisé, avec l’associationculturelle Roma Fidelis, des cours de vie spi-rituelle chaque troisième samedi du mois.Le 17 juillet, il a été entendu par la Commis-sione parlamentare affari sociali à propos duprojet de loi (auquel nous sommes opposés)en matière de don du corps post mortem(mort cérébrale). En Lombardie. Le 26 juin,l’abbé Giugni a célébré la Ste Messe à laCassina Anna dans le cadre de la Milàn fest.Le dimanche 30 octobre et le 8 décembre, ilest aussi allé célébrer la Ste Messe dans laprovince de Varèse non loin de la ville.Étant donné la ferveur des fidèles de Varè-se, l’intention de continuer l’apostolat danscette région est à l’étude ; nous invitonstous ceux qui sont intéressés à prendrecontact avec l’Institut. Le dimanche 27 no-vembre, l’abbé Le Gal a célébré une “pre-mière messe basse” à Milan à l’oratoire. ÀMilan, le 7 décembre, fête de St Ambroise,la Ste Messe a été célébrée en rite ambro-sien à l’oratoire du même nom. Le 17 dé-cembre a été prêchée une courte récollec-tion de préparation à Noël. Comme il est detradition durant l’Avent ambrosien, les mai-son des fidèles ont été bénies. En Vénétie. ÀRubano, près de Padoue, la relève entre “lesdeux don Ugo” a eu lieu le 23 octobre ; l'ab-bé Carandino s'occupe désormais du groupedes fidèles vénètes (le quatrième dimanchedu mois), plus proches géographiquementde Rimini (les personnes souhaitant avoirdes informations ou recevoir la visite duprêtre peuvent prendre contact avec la Mai-

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son St Pie X de Rimini) permettant ainsi àl’abbé Giugni d’augmenter le nombre deMesses dans le Trentin qui passent ainsi àdeux célébrations mensuelles (le 1er, le 3ème etle 5ème dimanche du mois). Le groupe deTrente continue à suivre les cours de doctri-ne le lundi après le 3ème dimanche. Le 21 no-vembre, au cimetière de Trente, organisépar l’association catholique Sacra Famiglia,un rosaire de réparation pour l’augmenta-tion des avortements dans cette province aété organisé ; l’abbé Giugni y participaitégalement. Le journal télévisé régional deTCA du 21/11, les quotidiens l’Adige du22/11/05 (article : Un rosario contro gliaborti) et Trentino du 21/11/05 et du22/11/05 (Il rosario antiaborista di don Ugo-lino) ont parlé de l’événement. À l’article duTrentino qui lui attribuait une phrase jamaisdite dans l’interview, l’abbé Giugni a répli-qué par une lettre au quotidien, qui a permisde préciser la doctrine de l’Église sur lesLimbes des enfants, publiée le 25/11/05.Tout le monde connaît la paroisse de Spin-ga, dans le diocèse de Bressanone, célèbreparce que ses curés, avant l’abbé Pedevillaet ensuite l’abbé Zieglauer, étaient restés in-ébranlablement fidèles à la Messe de leurordination (célébrant, entre autre, “non unacum”). Malheureusement l’abbé Zieglauer adû quitter l’église paroissiale, où immédiate-ment l’autel a été remplacé par la table lu-thérienne.

En Émilie, la Messe est dite à Maranel-lo (Modène) et à Ferrare. Cette année aus-si, le 8 décembre, la fête de l’Immaculée aété solennisée par des chants polypho-niques exécutés par la Chorale de Porotto,

Première Messe de l'abbé Le Gal à Turin le 6 novembre 2005

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qui a exécuté la Messe de Perosi. Vouspouvez suivre en détail nos activités en Ro-magne sur le site : www.casasanpio.it etsur Opportune, importune, lettre d’informa-tions de la Maison Saint Pie X. Signalonsici quelques cérémonies particulières. Di-manche 22 mai, l’abbé Carandino a célébréla Messe pour les morts de la Rsi dans lesanctuaire de Paterno (Mercato Saraceno,Forlì), propriété de l’Associazione Nazio-nale Famiglie Caduti e Dispersi della Rsi(article sur L’ultima Crociata, Anno LIV,n° 7, septembre 2005). Dimanche 31 juillet,a eu lieu la Ste Messe dans une église pa-roissiale de la commune d’Apecchio (PU)chantée par la chorale de la paroisse, parti-cipation du Prieur et des confrères de laConfrérie du SS. Sacrement et du Rosaire.Le 8 décembre, première Messe de l’abbéLe Gal à l’oratoire de Rimini (article surLa Voce di Romagna du 7 décembre 2005).Abruzzes. À l’oratoire de Chieti Scalo, lesamedi 15 octobre a eu lieu une retraite depersévérance pour les fidèles abruzzainsayant participé aux Exercices Spirituels aucours de ces dernières années. Tous lesmois, en outre, les fidèles se réunissent au-tour de l’abbé Carandino pour le catéchis-me des adultes. Le 8 décembre a eu lieuune “première messe basse” avec bénédic-tion du nouveau prêtre, l’abbé Le Gal ;nombreux étaient les fidèles présents desAbruzzes et de Potenza.

Dans les Pouilles et Basilicate, les vi-sites de l’abbé Carandino sont toujours plusfréquentes tant à Modugno qu’à Potenza.En septembre, l’abbé Murro, qui se trou-vait dans sa famille, a pu célébrer deuxMesses dominicales à Potenza. Piémont.Turin est la ville où l’activité de notre Insti-tut est la plus intense. À Turin, à l’oratoire

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du Sacré-Cœur, différentes activités sontorganisées en plus de la Ste Messe : coursde catéchisme, un cours de philosophiepour adultes, le salut du St-Sacrement lepremier samedi du mois, les cérémoniespropres à certaines périodes de l’année(comme la Neuvaine de Noël, l’HeureSainte prêchée et le Te Deum de fin d’an-née), des sorties pour les jeunes filles del’oratoire, etc. Comme chaque année, le 29avril à Turin, au cimetière monumental,l’abbé Casas Silva et l’abbé Giugni ont béniles tombes des morts de la Rsi.

Conférences. Comme toujours, lesconférences tenues ou organisées par nosprêtres sont nombreuses.

Conférences et activités organisées par leCentro Studi Giuseppe Federici (Rimini).Sur le nouveau site internet du Centro StudiFederici (www.centrostudifederici.org) il estpossible de lire tous les communiqués diffu-sés ces dernières années. Envoyez votre e-mail pour recevoir les communiqués (en ita-lien) à : [email protected]. Le 22avril, s’est déroulé à Rimini le congrès avec laprésentation du livre Autodafè dell’Occidente(Ed. Segno) de Pietro Ferrari, avec des inter-ventions de l’auteur et de l’abbé Carandino(La Chrétienté agonisante, l’Occident apostatet l’expansionnisme islamique). Le 25 juin, aeu lieu le repas papalin, en l’honneur de PieIX, pour les membres et amis de l’associationqui se sont réunis dans un agritourisme surles collines de Rimini. Le 18 septembre, àVenise, le Centro Federici a tenu un stand debonne presse à la 18ème Festa dei Popoli Pada-ni. Pour le 20 septembre, a été diffusé uncommuniqué de presse publié par La Voce diRimini le 18 et le 20 septembre, et une Messepour les morts papalins a été célébrée parl’abbé Carandino ; un dépôt de gerbe a éga-lement eu lieu dans l’église du cimetière deRimini avec une délégation de Rimini de lanouvelle Dc. Le 22 octobre, à Rimini s’estdéroulé le congrès pour la défense de la vie :Le résultat référendaire de juin 2005 : ligned’arrivée ou point de départ ?, avec l’avocatMassimo Micaletti et le Dr Alessandro Per-tosa. Le 26 novembre, en collaboration avecla Municipalité de Rimini, Quartiere n° 1, aeu lieu la conférence ayant pour sujet Le90ème anniversaire du Génocide arménien(1915 - 2005) : le souvenir des oubliés, avecprojection d’un documentaire sur le génoci-de. Intervenant : le Dr Pietro Kuciukyan. Le

Exercices Spirituels à Verrua en 2005

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16 décembre, parmi les initiatives de Equa-mente, au Palazzo del Podestà, conférence in-titulée Les Chrétiens en Terre Sainte : un dra-me oublié, c’est l’abbé Carandino qui interve-nait. Toujours dans le cadre de Equamente (3- 31 décembre), a eu lieu un banquet duCSGF avec des produits de l’artisanat catho-lique de Terre Sainte. Section Zanarini deBologne. Le 2 décembre 2005 à Bologne auPalazzo dell’Assemblea Legislativa de la Ré-gion Émilie-Romagne, l’abbé Ricossa a pré-senté son livre sur Cristina Campo, introduitpar le conseiller Mauro Manfredini.

Conférences et activités organisées parle Centro Studi Davide Albertario. Le C.S.Giacomo Margotti de Turin (qui est devenucentre d’études autonome en 2005) et leC.S. Davide Albertario de Milan ont orga-nisé deux conférences de l’abbé Ricossaayant pour sujet Rome 1969 : la NouvelleMesse de Paul VI et le rôle de Cristina Cam-po entre réforme liturgique et ésotérisme ;la première s’est tenue à Turin le 6 mai, laseconde à Milan, le 13 mai. Pendant lesconférences a été présenté le livre de l’abbéRicossa édité par le C.L.S. Cristina Campoo l’ambiguità della Tradizione avec la Ris-posta alla Lettera a un religioso di SimoneWeil du Père Guérard des Lauriers. Le 19juin, le CSDA a installé un banc de bonnepresse à Pontida à l’occasion de la fête dela Lega Nord. Le 13 octobre à Milan s’esttenu un colloque intitulé L’Espagne d’hieret d’aujourd’hui : de la Guerre Civile augouvernement Zapatero. Maçons, commu-nistes et anarchistes contre l’Église (1936,2005). Les intervenants étaient le Pr Massi-mo Zannoni du cercle culturel Filippo Cor-ridoni de Parme et notre confrère l’abbéCasas Silva prêtre et journaliste, président

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de la Fondazione San Cayetano de Rosarioen Argentine. Le 26 novembre a eu lieu leCongrès d’études albertariennes, arrivé cet-te année à sa quatrième édition. Il s’est te-nu à la Bibliothèque Sormani, dans la pres-tigieuse salle du Grechetto, avec le patro-nage de la Regione Lombardia Culture,Identità e Autonomie della Lombardia et dela Municipalité de Milan. Le sujet traité aété À quarante ans de la clôture du ConcileVatican II. Rupture ou continuité ? Les in-tervenants ont été trois prêtres de l’InstitutMater Boni Consilii : l’abbé Giugni qui aintroduit le sujet de la journée ; l’abbéMurro, qui a traité le sujet : La définitionde l’Église selon la doctrine traditionnelle etcelle contenue dans Lumen Gentium ; en-fin, l’abbé Ricossa, directeur de la revueSodalitium dont l’intervention concernaitLa religion révélée et l’œcuménisme : leproblème de Nostra Ætate.

Conférences auxquelles ont participédes prêtres de l’Institut. Suivons les diffé-rents conférenciers… D’abord l’abbé Nito-glia, qui dans le contexte du cycle de confé-rences Éclipse du Sacré, déclin de l’Occi-dent ? organisé par l’Association de cultu-re et tradition catholique Roma fidelis (sec-tion du Coordinamento Cattolico) a parlésur De la révolution culturelle et politique àla révolution religieuse : de l’École deFrancfort au Concile Vatican II. La confé-rence, suivie d’un débat, a eu lieu à Romele 2 avril. L’abbé Ricossa a été invité parl’association culturelle Plus ultra à tenir àVarèse, à la Villa Recalcati, une conférencesur le sujet Union européenne : racineschrétiennes ou antichrétiennes ? La confé-rence, qui s’est déroulée le 21 mai, a étéprécédée et suivie par des articles de jour-nal (La Prealpina du 18 et 22 mai) et d’uneinterview à des télévisions privées. Lundi23 mai, l’abbé Giugni a tenu une conféren-ce sur le Concile Vatican II à Busto Arsiziopour la Comunità Giovanile. Signalonsmaintenant les conférences faites par l’ab-bé Carandino. À Chieti le 14 mai, dans laSalle du Conseil de la Province, la Maisond’éditions Tabula Fati a organisé le col-loque Fécondation artificielle et référendum.Présentation de l’éditeur Marco Solfanelli,intervenants : le Dr Alessandro Pertosa,l’avocat Massimo Micaletti et l’abbé Caran-dino. À Faenza (RA) le 10 juin, il a parléau congrès organisé par l’Association Evita

Pèlerinage àLorette : lespèlerins en

marche

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Peron intitulé L’embryon : être humain ouchose ? À Sirmione (BS) le 11 juin, s’esttenue l’École politique Fédérale des JeunesPadaniens, avec une intervention de l’abbéCarandino sur l’origine de la religion mu-sulmane (commentaire du livre du pèreThéry). À Modugno, plusieurs conférencesde l’abbé Carandino se sont tenues au siègedu Centro Tradizione e Comunità : le 10mai, L’exode des Chrétiens de la Terre Sain-te : un drame oublié ; le 15 novembre :Instaurare omnia in Christo : redécouvrirl’Avent et Noël pour retrouver Notre-Sei-gneur. La même conférence a eu lieu à Po-tenza pour l’association Il Sentiero le 16 no-vembre ; les autres mois, se déroulent ha-bituellement les cours de formation doctri-nale. Le 1er décembre à Modène, l’Asso-ciation Terra e Identità a présenté le livre ORegina, o santa. L’unica italiana sul tronod’Inghilterra : Maria Beatrice d’Este spo-destata per la fede. Intervenants : l’auteurElena Bianchini Braglia, le Pr Gino Badini,directeur des Archives d’État de ReggioEmilia, l’abbé Carandino ; modératrice :Simonetta Aggazzotti. Le 15 novembre àFlorence, invités par l’association Eumes-will, et avec le patronage de la Municipalitéde Florence, l’abbé Ricossa et l’abbé Giu-gni ont parlé respectivement sur Voyagedans les Exercices Spirituels de St Ignace etVoyage dans les symboles de la liturgie ro-maine.

L’Institut et la presse. De nombreux ar-ticles sur nos activités ont déjà été signalésprécédemment. À l’occasion de la mort deJean-Paul II et de l’élection de Benoît XVI,les articles sur la position des “traditiona-listes” n’ont pas manqué, et par conséquentaussi sur l’Institut. Avant le Conclave, lequotidien Il Foglio dans la rubrique Pro eli-gendo Papa, et Marco Ferrazzoli sur Libero

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(14 avril) en ont parlé ; après le Conclave,Andrea Colombo sur Libero (21 avril, p.14), Silvano Cardellini sur Il Resto del Carli-no (30 avril, p. XXXII), et Sandro Mangia-terra sur il Venerdì di Repubblica, (n° 893,29 avril, pp. 42-45) et Ignazio Ingrao sur Pa-norama (29/9/05, p. 81). Diario (année X, n°25, 24/6/2005, p. 14) nous confond avec laFraternité Saint-Pie X dans un article sur laLega qui évoque les célèbres enquêtes surles “complots noirs”, particulièrement envogue dans la gauche des années 70. Mêmesscénarios et même style, voire même pire,sur Informazione antifascista (n° 5, nov.2005). Le Combat catholique, un bulletin sé-dévacantiste de Rennes (n° 51, mars-avril2005) reprend les articles et les déclarationsde l’Institut en évitant cependant de lenommer. Le 30 avril 2005, il Resto del Carli-no a repris un reportage publié la veille parIl Venerdì di Repubblica intitulé À la droitede Benoît XVI, avec une interview de l’abbéMoncalero de la FSSPX et de l’abbé Caran-dino de l’IMBC. Signalons aussi un articlede Pierangelo Buttafuoco sur Rimini dansPanorama, dans lequel il parle aussi del’oratoire St-Grégoire-le-Grand, et un autreen réponse, de la revue de Rimini Chiama-micittà, (15-28 juin 2005, Vade retro, Rimi-ni !) dans lequel on ironise sur les soutaneset les Messes de St Pie V. Un article de l’ab-bé Giugni (Les ‘racines chrétiennes’ et lespectre de Machiavel) a été publié sur L’In-sorgente (n° 2, mai-juin 2005, p. 2). Surl’hebdomadaire il Federalismo (19 dé-cembre 2005) est parue une interview del’abbé Carandino par Gianluca Savoini surNoël (Qui va commencer la guerre contre lafête de Noël ?). Sur le site www.forzanuovacesena.interfree.it la section de Cesena apubliée une interview de l’abbé Carandinosur la situation actuelle de l’Église.

Sodalitium et la presse. Plusieurs re-vues, en particulier en France, parlent deSodalitium ou de l’Institut. Parmi les revuesamies, Simple lettre, Integrismo (P. Rome-ro) et la lettre aux amis et bienfaiteurs deFaverney. Signalons aussi Aletheia, Le selde la terre, La voie, la Tour de David, Lec-tures Françaises, etc.

Le Centro Librario. Trois titres de notrecatalogue ont été signalés. D’abord, la réédi-tion du livre du Pr Sermonti, Le forme dellavita (Emmeciquadro, n° 3/avril 2005, p. 120)indiqué sur Il federalismo de Andrea Ro-

4ème congrès des études albertariennes sur le ConcileVatican II, à la bibliothèque Sormani, à Milan

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gnoni. Le livre de l’abbé Ricossa sur CristinaCampo a été recensé favorablement sur lesite de Una Voce Venetia et sur Il federalis-mo sous la signature de Andrea Rognoni :Comment défendre la liturgie des Pères (29août 2005) ; Antonio Socci en parle sur IlGiornale du 18 septembre, tandis que Ca-millo Langone en fait une critique négativesur Il Foglio du 12 juillet. “Très bonne initia-tive que celle du Centro Librario Sodalitium,consistant en la reproduction de ‘I tesori spi-rituali - Sacramenti e Sacramentali’” ; c’estce qu’écrit la revue turinoise Inter multi-plices Una Vox (n° 1, mai 2005, pp. 46-47)dans une belle recension.

L’Institut et la radio. Le 19 avril, l’abbéGiugni a donné une interview sur TelePa-dania avec Max Ferrari, sur le conclave encours et les attentes de l’Église. L’abbé Ri-cossa a été interviewé par Andrea Rognonisur Cristina Campo, et a présenté son der-nier livre sur Radio Padania Libera unepremière fois dans le cadre du programmeAux racines de la Foi le 9 mai et ensuite le 9juillet. Le 7 novembre, l’abbé Giugni a par-lé des aumôniers militaires durant la retrai-te de Russie, sur RPL au cours d’une émis-sion des chasseurs alpins padaniens. Le ma-tin du 26 novembre, avant le congrès, l’ab-bé Giugni a été interviewé par Andrea Ro-gnoni sur RPL sur le quarantenaire duConcile Vatican II. Le 12 décembre, le pro-gramme de l’abbé Carandino Aux racinesde la Foi sur RPL a atteint la 100ème émis-sion. L’abbé Carandino a été en outre in-terviewé sur RPL le 21 novembre et le 25novembre 2005 dans les programmes desGiovani Padani sur le Concile et le 17 dé-cembre dans le programme de Silvia Sanzi-ni sur les Chrétiens en Terre Sainte.

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Le nombre et l’intérêt des inscrits àl’Apostolat de la Prière dont s’occupe l’ab-bé Cazalas est en constante augmentation.

Exercices Spirituels. Cinq sessionsd’Exercices ont été données à la Maison St-Joseph pour les fidèles : du 4 au 9 avril (ab-bé Murro et abbé Cazalas, 7 participants) ;du 27 juin au 2 juillet, avec l’abbé Murro etl’abbé Ricossa (17 participants) ; du 16 au24 août, les Exercices de 8 jours pour leshommes, donnés par l’abbé Giugni et l’abbéCazalas (12 participants) ; en octobre, l’ab-bé Cazalas a aidé à donner les Exercicesaux élèves de l’école de Serre-Nerpol ; endécembre, du 26 au 31 par l’abbé Murro etl’abbé Cazalas (12 exercitants). Deux ses-sions données à Raveau : du 1er au 6 août,(9 dames, donnés par l’abbé Giugni et l’ab-bé Murro) ; du 8 au 13 août (10 messieurs,donnés par l’abbé Murro et l’abbé Cazalas).Du 22 au 24 avril, à Verrua Savoia, l’abbéRicossa et l’abbé Giugni ont prêché unecourte retraite à quelques membres du Roc-kers-Klan. Toujours à Verrua, les deux tra-ditionnelles sessions d’été, données par l’ab-bé Ricossa et l’abbé Carandino : du 22 au27 août (14 dames) et du 29 août au 3 sep-tembre (20 messieurs). À ces sessions, ilfaut ajouter les Exercices qui sont donnéschaque année aux religieuses (du 7 au 15septembre par l’abbé Ricossa à la MaisonSt-Joseph) et au clergé (comme il a déjà étédit, du 26 au 30 septembre). D’avril à dé-cembre nous avons donc donné 11 sessionsd’Exercices à 142 exercitants : le program-me ? Faire encore mieux !

Pèlerinage Osimo-Lorette 28-29 mai2005. Les 20 ans de notre Institut, consacré àla très Sainte Vierge, ont été préparés de lameilleure manière qui soit par le pèlerinagequi s’est achevé à la Santa Casa de Lorette,lieu marial par excellence. Samedi 28 mai :le rendez-vous est à Osimo, dans la provinced’Ancône, où arrivent fidèles et amis venantde plusieurs régions (Piémont, Lombardie,Vénétie, Trentin, Émilie et Romagne,Marches, Abruzzes, Toscane, Latium,Pouilles…). Les sacs sont rangés dans les ca-mionnettes prévues, les casquettes offertespar l’Entreprise Ferlandia protègent du so-leil cuisant, les bannières sont déroulées, leslivrets de chants et de prières sont distri-bués : tout est prêt, on part ! Parmi les ban-nières, se détache la bannière traditionnellede l’Irlande (verte avec une harpe couleur

Pèlerinage à Lorette : le groupe devant la Basilique

Page 58: Quarante ans après le Concile Vatican II. Joseph Ratzinger… · tique formel avoué! C’est avec Hans Küng en effet, que, durant l’époque conciliaire, le jeune Ratzinger a

or), portée par une famille de fidèles italiensarrivée exprès de l’Île. On note aussi un petitgroupe de dames françaises, qui ont affrontécourageusement le long voyage. On a aussiremarqué l’absence de l’abbé Ricossa, im-mobilisé par la grippe. Les pèlerins sontquatre-vingt, une quinzaine de plus que l’an-née précédente, beaucoup de jeunes. Pre-mière étape, dans la basilique de St Josephde Copertino, où l’abbé Giugni encourageles participants à la ferveur. Après avoir vé-néré le corps du Saint, commence la marchede 21 kilomètres, à travers les chemins de lacampagne des Marches et les rues de cer-taines localités. Seconde halte au sanctuairede Campocavallo : là, c’est l’abbé Carandi-no qui encourage les présents à la générosi-té. Tard dans l’après-midi, les pèlerins arri-vent à Castelfidardo, où ils s’installent pourpasser la nuit. Le dîner suscite le même en-thousiasme que l’année dernière. Pour les fi-dèles, c’est le moment de parler au calme, derenforcer de vieilles amitiés ou de mieuxconnaître les familles des autres régions ;pendant ce temps, des jeunes volontaires dis-tribuent les tee-shirts (toujours de l’Entre-prise Ferlandia : merci Benizzi !) avec lesarmoiries pontificales et l’amusante inscrip-tion : Papa-Re Boys. Le matin du dimanche29 mai, l’abbé Carandino célèbre la Messepour les fidèles et l’abbé Giugni entend lesconfessions. Le recueillement des fidèles sus-cite l’admiration des gérants de l’hôtel.Après la copieuse collation, on reprend lamarche. La récitation du Rosaire et le chantdes cantiques marials, ainsi que les éten-dards, attirent l’attention respectueuse deplusieurs personnes qui se signent au passa-

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ge des pèlerins. La première halte se fait ausanctuaire de Crocette (ossuaire), qui rap-pelle la bataille de Castelfidardo de 1860.L’abbé Giugni fait le parallèle entre l’héroïs-me des soldats de Pie IX et les catholiquesd’aujourd’hui qui doivent combattre contreles erreurs modernes ; après le sermonl’Hymne Pontifical est entonné. Désormaisles collines de Lorette, avec l’imposante ba-silique, montrent aux pèlerins toute leurbeauté, mais la route est encore longue : lacanicule rend le dernier tronçon de marche,avant la halte pour le repas, particulièrementméritoire… Aux portes de Lorette estconsommé un repas tiré du sac, puis les pèle-rins se disposent pour la procession finalequi, après avoir longé les murs extérieurs,leur permet d’entrer sur l’esplanade princi-pale et d’admirer ainsi la façade monumen-tale de la basilique qui depuis des siècles ac-cueille les dévots de la Sainte Vierge. L’émo-tion est générale et sur le visage de certainsfidèles coulent des larmes de joie. Les pèle-rins se rendent en groupe dans la Santa Casaoù l’abbé Giugni récite la dernière prière.Puis les participants prient en particulierdans plusieurs coins de la basilique, pour en-suite prendre leurs bagages, et se rendre enbus au parking d’Osimo afin d’y reprendreles véhicules laissés la veille. C’est là quesont échangés les dernières salutations etune recommandation générale : se retrouvertous pour la 3ème édition du pèlerinage pré-vue, si les élections le permettent, le 13/14mai 2006. Un remerciement particulier vaaux organisateurs romagnols et aux zélésjeunes gens du service d’ordre, qui ont veillésur les pèlerins durant toute la marche.

Autres pèlerinages. Le 16 août, l’abbéCarandino s’est rendu avec les fidèlesabruzzains à l’Ermitage di Santo Spirito, surla Maiella (province de Pescara). Les fidèlestrentins se sont rendus au Sanctuaire dePietralalba, le 28 mars (lundi de Pâques)avec l’abbé Giugni ; et le 13 août à la pa-roisse de Spinga (BZ) avec l’abbé Carandi-no. Le 19 août, l’abbé Carandino est alléavec des fidèles émiliens et romagnols ausanctuaire marial de Boccadirio (BO). Le24 septembre a eu lieu le pèlerinage abruz-zain de 10 km à pied de l’abbaye de SantaMaria Arabona au sanctuaire de la Sainte-Face à Manoppello (Pescara). Les pèleri-nages marials pour les mois de mai et oc-tobre continuent au Sanctuaire de San

Après l’ordination, les deux nouveaux prêtres se sontmutuellement donné la bénédiction

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Luca, à Bologne, auquel participent désor-mais depuis des années les amis émiliens etromagnols : sous les portiques accédant ausanctuaire qui domine la ville, se trouventles quinze chapelles des mystères du Rosai-re que les pèlerins récitent entièrement lorsde la montée. Le 7 mai s’est tenu le pèleri-nage annuel à Notre-Dame-de-l’Osier (Isè-re). Cette année, l’intention de prière choi-sie a été le rapport mutuel entre Église etÉtat à l’occasion de l’anniversaire des loisde séparation d’il y a cent ans en France. Laveille, le professeur Jean de Viguerie a tenuune conférence à la Maison St-Joseph danslaquelle il illustrait le processus qui a amenéà ces lois à partir de la Révolution française(il en a parlé également dans la revue Lec-tures Françaises n° 577, mai 2005, pp. 36-37). Nombreux ont été les fidèles qui ontparticipé avec ferveur au pèlerinage pourdéposer leurs prières aux pieds de Notre-Dame. Le 15 mai (dimanche de Pentecôte),les fidèles de Cannes ont fait leur pèlerina-ge annuel, avec l’abbé Cazalas, du Sanctuai-re de Ste-Marie-des-Grâces à celui de St-Jo-seph de Cotignac (Var). L’abbé Cazalas achanté la Ste Messe, et après le repas, lespèlerins (qui apprécient toujours plus cetteoccasion pour se retrouver) se sont rendus àpied en chantant et priant d’un sanctuaire àl’autre, arrivant au lieu même où en 1660 StJoseph apparut à un paysan. Samedi 8 oc-tobre, les fidèles lombards se sont retrouvésau pied du Sacro Monte de Varèse pour lepèlerinage régional. Conduits par l’abbéGiugni et l’abbé Casas Silva, une trentainede fidèles provenant des provinces de Mi-lan, Varèse, Bergame, Lecco et Côme ontparcouru, en récitant les trois chapelets, lechemin des Chapelles qui illustrent les 15

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mystères du St Rosaire pour arriver à la ci-me du Sacro Monte où se trouve le trèsbeau sanctuaire dédié à la Madone, qui do-mine la ville et toute la plaine du Pô. Ce futune journée comblée de grâces ; le soir, lesparticipants se sont ensuite retrouvés aurestaurant pour un dîner convivial.

Anniversaires. Le 17 avril à Turin, l’ab-bé Murro a célébré la Messe pour les 50ans de mariage d’Antonio et FrancescaPortaluri. Les fêtes de Notre-Dame du BonConseil (26 avril) et de St Pierre Martyrsont toujours solennisées, avec le baise-ment de la relique et le chapitre général del’Institut.

Baptêmes. Dans le dernier numéro,nous avons omis, par oubli, le baptême desjumelles Adriana et Fernanda Cardellini,filles du Pr Claudio Cardellini, que l’abbéRicossa a baptisées à Levone (Turin) le 15janvier 2005 dans la maison familiale. Sa-medi 11 juin, dans une église du Trentin,l’abbé Carandino a baptisé le petit Grego-rio, fils de Paolo Motta et Silvia Ferretto.Le 13 juin, l’abbé Murro a baptisé à Anne-cy Louise Pouvert, fille des époux GrégoryPouvert et Alexandra Lapierre. Le 27 août,il a aussi baptisé à Annecy, Enzo Sau-gneaut, fils de Gérald et Gaëlle. Le 4 sep-tembre, un baptême aussi à Verrua, celuide Thomas Bonino, administré par l’abbéCasas Silva. Le même jour, la petite LauraRosa, fille de Gianpaolo et Elona De Luca,était baptisée dans la chapelle du Colom-baio (Loro Ciuffenna). Le 8 octobre, àGrottaferrata, l’abbé Nitoglia a administréle Saint Baptême à Marco Prieto et GiulioGioacchini. Le 10 décembre, à Serre-Ner-pol, Benoît Joseph Luis, fils de Michel etFrançoise Luis a été baptisé par l’abbéMurro. En Belgique, dans son église à Den-dermonde, Mgr Stuyver a baptisé le 30 juin,Christoff Van Overbeke, fils de Jan et Elia-ne Van Overbeke ; le 5 juillet, Marie Le-houck, fille de Sven et Séverine Lehouck ;le 21 août, Jonas De Wilde, fils de Didier etEls De Wild, et le 16 octobre, Jozef Daele-mans, fils de Alfons et Lena Daelemans.

Premières Communions. “Laissez venirà moi les petits enfants”. À Cannes le 29mai a eu lieu une grande fête : l’abbé Ca-zalas a donné la première communion àFlorian Darius, Joseph Récular, NicolasGrandfils, Thomas Van Gorp et AmélieToulet ; Guillaume Charmoille et Pauline

Camp des filles : photo de groupe au sanctuairede N.-D. de La Salette

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Toulet ont fait leur communion solennelle.Le 19 juin, à Turin, l’abbé Murro a donnéla première communion à Ludovica Porta-luri. Le dimanche 11 décembre, HuguesChiocanini, à Serre-Nerpol a reçu Jésuspour la première fois des mains de l’abbéCazalas. Le 29 mai (Fête-Dieu) à Serre-Nerpol ont eu lieu les communions solen-nelles et la procession du Saint-Sacrement.

Confirmations. Comme nous l’avons dit,Mgr Stuyver a administré les confirmationsen Belgique et en Allemagne. À l’occasiondes ordinations de novembre, les confirma-tions ont aussi été administrées à Verrua.

Mariages. Le 30 avril, à la Maison Saint-Joseph, l’abbé Murro a béni le mariage deDavid Perotto et Isabelle Faure. Deux ma-riages ont eu lieu en septembre, nous signa-lons celui de Eric Cirelli et Maria ChiaraMoschetta, le 18, à Sabbioncello San Pietro(Ferrare). Un autre mariage a été célébré àVerrua le 19 novembre.

Défunts. L’écrivain français JacquesPloncard d’Assac est mort le 20 février

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2005 à La Garde (Toulon), âgé de presque95 ans, comme nous l’apprenons par la re-vue Lectures Françaises (n° 575, mars 2005,pp. 17-19). Nous nous souvenons qu’il a étél’un des premiers auteurs à avoir parlé avecadmiration du Sodalitium pianum fondé parMgr Benigni, dans son livre L’Église occu-pée (Chiré 1975/1983). Ploncard, en effet,de la même façon que Mgr Benigni, colla-bora à la célèbre Revue Internationale desSociétés Secrètes de Mgr Jouin, et méritedonc une place d’honneur dans l’histoire dela lutte contre la Franc-Maçonnerie. Aumois de juin, une lettre de Mme Catta nousannonçait la mort de son mari, R. S. Catta,connu, comme poète et écrivain, sous lenom de Isal ; il est décédé le 11 mars 2005au Canada, où il vivait ; il aurait eu 91 ansen avril. Français d’origine corse, il était ap-parenté au chanoine Catta, qui eut un rôleimportant aux origines de la “Tradition”.Chaque fois qu’il recevait Sodalitium, ilnous envoyait une offrande et un commen-taire pour chaque article. “C’est toujoursrassurant de recevoir Sodalitium - nousécrivait-il dans sa dernière lettre du 10 dé-cembre - comme le rayon d’un phareconnu, et proche dans la tempête”, et ensui-te il nous entretenait d’une grave maladiequi l’avait porté au seuil de la mort, entrejuin et août 2004. Nous avons honoré samémoire par une Messe de suffrage. Nousrappelons aussi la figure du Père JulienGaillard, né en 1914 et décédé le 8 avril2005. Missionnaire en Afrique, il rentra enFrance tandis que se déchaînait la révolu-tion conciliaire : tous les prêtres devaientsuivre une formation de recyclage aux fraisdu diocèse. Le Père Gaillard demanda defaire la formation chez… le Père Barbara,qui naturellement, le recycla, mais dans lesens opposé à celui désiré par les moder-nistes. Bien vite, il devint une bannière dela tradition en Bretagne, où sa chapelle àRennes, avec des centaines de fidèles, était- après Paris - la plus fréquentée de France.Nous nous avons, nous aussi, eu la chancede le connaître, et d’être en communion defoi avec lui. Un beau souvenir du PèreGaillard, sous la signature de Jean YvesBusnel, a été publié sur Le Combat catho-lique de Rennes (n° 51, mars-avril 2005, pp.2-4). Un autre prêtre resté fidèle nous aquittés ces temps-ci : il s’agit de l’abbé Poz-zera, notre abonné, qui ne se cachait pas de

Cannes : les enfants de la première communion et de lacommunion solennelle avec l’abbé Cazalas

Les pèlerins en marche vers N.-D. de l’Osier

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«Cassiciaco, ubi ab æustu sæculi requievimus in te, amœnitatem sempiternevirentis paradisi tui» (St Augustin, Confessions IX, 3)

Tome I

Abbé Donald J. Sanborn

LA PAPAUTÉMATÉRIELLE

(De Papatu Materiali)Texte latin-français

NOUVEAUTÉS

Nouve

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partager la Thèse de Cassiciacum de MgrGuérard des Lauriers. Une autre figure quia laissé une trace profonde dans l’histoirede la résistance à Vatican II est celle deMme le Docteur Elisabeth Gerstner, néeKleinpass. Née à Wesel, en Allemagne, en1924, diplômée en philosophie, elle travaillaau Vatican au Comité permanent desCongrès internationaux pour l’Apostolatdes Laïcs. Ceci lui permit de connaître denombreux prélats et cardinaux romains, cequi lui fut d’une grande utilité quand ils’agit de s’opposer à la réforme liturgique.Elle participa au premier plan à toutes lesplus importantes initiatives de cetteépoque : la fondation de Una Voce, l’entre-prise du Breve Esame Critico del Novus Or-do Missæ, les Pellegrinaggi Romani (1970,1971, 1973) du PERC (Pro Ecclesia Roma-na Catholica). En Allemagne, elle fonda larevue Kyrie Eleison, et défendit longtempsla position du “siège vacant”. ElisabethGerstner, qui nous rendit visite avec sonmari à Verrua, lisait et estimait notre revue,même si nos positions étaient devenues in-conciliables. Elle est morte le 3 novembre2005 en Angleterre, où elle s’était établie.

Le 15 avril est décédée subitement àAnnecy Mme Monique Larfaillou. De Pa-ris, elle était venue habiter dans la régiond’Annecy pour être fidèle à la Messe “nonuna cum”, l’oblatio munda. Ceux qui ontfait il y a plusieurs années le camp d’été oules Exercices Spirituels à Raveau avaientpu apprécier non seulement sa cuisine maisaussi sa bonne humeur. En effet, ce fut grâ-ce aussi à son aide que ces deux activitéspurent avoir lieu les premières années àRaveau. Elle était également connue des fi-dèles de Turin depuis les temps de Nicheli-no, où elle venait, tant pour assister aux cé-rémonies que pour donner un coup demain. Infatigable, elle ne refusait jamaisd’aider aux différents travaux pour l’Insti-tut, de la sacristie au secrétariat, de la cuisi-ne à la couture. Elle fut généreuse non seu-lement en faisant mais aussi en donnant, se-lon la possibilité de ses moyens. Depuisquelques années, elle souffrait d’une mala-die qui l’avait obligée à cesser toute activi-té. Ses funérailles se sont déroulées dansnotre chapelle d’Annecy le 17 avril et elle aété inhumée au cimetière de Cran Gevrier.Le 20 avril, à Montevarchi, est décédéeMme Piera Guidi veuve Rennella, à qui

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l’abbé Ricossa avait donné les derniers sa-crements ; l’abbé la connaissait bien, puis-qu’elle était la mère de son oncle. De ma-nière inattendue, est arrivée le 2 juin lanouvelle de la mort, dans un accident, del’avocat Carlo Ludovico Coppi. Depuis uncertain temps il ne nous fréquentait plus,mais nous n’oublions pas qu’il fut l’un despremiers exercitants de l’Institut, et qu’ilpassa avec nous un courte période pourexaminer sa vocation. Nous sommes trèsproches, en cette terrible circonstance, desfamilles Coppi, Nicoletti et Senni. À la findu mois de juin est décédé également M.Jean Godin, de Cannes, que nos fidèles ontvu tant de fois à la chapelle N.-D. des Vic-toires. Un autre fidèle des temps anciens,que nous ne voyions plus ces dernierstemps, était le Pr Antonio Zocco, de Mi-lan ; il nous a quittés lui aussi cette année.En juillet, inattendue, la fin terrestre deMario Spataro, journaliste, écrivain, confé-rencier apprécié, qui a plusieurs fois donnédes conférences pour ou avec les prêtres del’Institut. Le 20 août 2005, s’est éteint à SanBenedetto (AP) M. Leo Capacchietti, de laclasse 1921 ; il fréquentait notre groupe deprière de Grottammare et avait reçu del’abbé Carandino l’Extrême-Onction au dé-but de la maladie qui l’a conduit à la mort.La Messe du trentième jour a été célébréepar l’abbé Carandino à Grottammare, enprésence de sa veuve, qui a assisté avec ten-dresse son époux durant toute sa maladie.Le 2 septembre 2005, après 11 mois de co-ma, s’est éteinte à l’hôpital de TeramoMme Fernanda d’Ottavio veuve Graziani,âgée de 83 ans ; elle a toujours participéavec conviction et dévotion aux Messes quel’abbé Carandino a célébrées ces dernièresannées à Teramo. Nous adressons à ses filsAdolfo et Domenico et à leurs familles res-pectives nos plus sincères condoléances. Le9 novembre, est décédée à l’hôpital de Par-me, Mme le professeur Giovanna DelGrosso di Altavilla Irpina, mère de M. Se-verino ; deux jours avant, l’abbé Murroavait pu la confesser et lui administrer l’Ex-trême-Onction. L’abbé Nitoglia a célébré àAvellino la messe du trentième jour. Mar-cel Van Gorp aurait dû être avec nous le 5novembre, pour les ordinations, mais sesconditions de santé ne lui avaient pas per-mis de venir à Verrua, où il avait déjà éténotre hôte, comme nous l’avions été nous-

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mêmes à l’occasion des ordinations au dia-conat ; il est en effet décédé le 24 no-vembre en Belgique, suite à une opérationchirurgicale, à laquelle il s’était préparé enrecevant les Saints Sacrements. M. VanGorp était depuis des années ami et bien-faiteur du Père Vinson ; une de ses fillesest religieuse chez le Sœurs du Christ-Roi(Serre-Nerpol). Plus récemment, il devintaussi un grand ami de l’Institut, au point devouloir habiter à Dendermonde, pour pou-voir assister chaque jour à la Sainte Messedans la chapelle de Notre-Dame du BonConseil de Mgr Stuyver. C’est dans cettemême chapelle que se sont déroulées le 30novembre ses funérailles, en présence del’abbé Medina, de l’abbé Schoonbroodt,qui a célébré, et de Mgr Stuyver qui a pro-noncé l’homélie. À son épouse et à ses en-fants, les condoléances de tout l’Institut. Le12 décembre, l’abbé Murro a célébré à

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Grenoble les funérailles de Mme SimonneReffienna, décédée à l’âge de 91 ans, à quil’abbé Cazalas avait administré les Sacre-ments. Prions aussi pour Julien Vinson, frè-re du Père Georges Vinson, récemmentdisparu.

• Camp St Louis de Gonzague : pour garçons de 8 ans accomplis à 13 ans,du lundi 10 au lundi 24 juillet à Raveau (Nièvre).

• Camp pour les filles : (de 8 à 16 ans) dans les Alpes, du lundi 10 au samedi 29juillet. S’adresser à la Maison Saint-Joseph. 38470 Serre-Nerpol. Tél.: 04.76.64.24.11.

Exercices Spirituels de Saint Ignaceà Raveau (Nièvre)

• Pour hommes et jeunes gens :du lundi 7 août à 12 h, au samedi 12 août à 12 h• Pour dames et jeunes filles :du lundi 31 juillet à 12 h, au samedi 5 août à 12 h

Belgique :Pour toute information relative aux activités, s'adresser à Mgr Geert Stuyver

Pour tout renseignement s'adresser à :Institut Mater Boni Consilii

• Loc. Carbignano, 36 - 10020 Verrua Savoia (To) ItalieTél.: + 39.0161.839.335 - Fax: + 39.0161.839.334

• 350 route de Mouchy Raveau 58400 France - Tél. et Fax 03.86.70.11.14.

www.sodalitium.it/france - e-mail: [email protected] - [email protected]

ACTIVITÉS ÉTÉ 2006

L’Institut Mater Boni Consilii, à la demandedes fidèles ne trouvant pas à Paris une

Messe qui ne soit pas célébrée en commu-nion avec Benoît XVI (non una cum), célèbrela Sainte Messe à Paris depuis le mois de jan-vier. Pour l’instant, elle a lieu une fois parmois, à 10h30 (confessions à partir de 9h30).

Pour tout renseignement, téléphoner au 0169 05 33 51 ou bien au 06 81 68 78 14.

Nous cherchons un lieu stable à Paris intramuros : nous sommes ouverts à toute propo-sition.

Messe à Paris

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CENTRES DE MESSES

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- Il n’y a pas d'abonnement à “Sodalitium”. Ce périodique est envoyé gratuitement à tous ceux qui dési-rent le recevoir. Nous demandons aux personnes qui, pour un motif quelconque, ne désirent pas le rece-voir, de nous le faire savoir.- L’Institut Mater Boni Consilii et son périodique “Sodalitium” n’ont pas d’autres ressources que vos of-frandes sans lesquelles ils ne peuvent vivre.

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San Martino dei Mulini (RN). Casa San Pio X.Abbé Ugo Carandino - Via Sarzana 86. Pourtoute information, téléphoner au0541.75.89.61. Fax: 0541.757.231.

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ITALIEChieti Scalo: Oratoire du Précieux Sang, via Colonnet-

ta 148. Le 2ème dimanche du mois à 18h30 etle 3ème à 10h30.

Ferrare: Chiesa S. Luigi, Via Pacchenia 47 Albarea.Ste Messe tous les dimanches à 17h30. Le 2ème di-manche du mois à 11h30.

Loro Ciuffenna (Arezzo): Fattoria del Colom-baio, str. dei 7 ponti. Ste Messe le 1er di-manche du mois à 17h30.

Maranello (Modène): Villa Senni. Strada per Foglia-no. Ste Messe tous les dimanches à 11h, sauf le2ème dimanche du mois à 9h.

Milan: Oratoire St Ambroise. Via Vivarini 3. SteMesse tous les dimanches et fêtes à 11h.

Padoue: le 1er dimanche du mois à 18h.Rimini: Oratoire St Grégoire le Grand, via Moli-

ni 8: dimanches et fêtes, Messe à 11h.Rome: Oratoire St Grégoire VII. Via Pietro della

Valle, 13/b: dimanche et fêtes, Messe à 11h.Rovereto (Trente): Messe 1er le 3ème et 5ème

dimanche du mois.Turin: Oratoire du Sacré-Cœur, via Thesauro 3/D.

Dimanches: Messe chantée à 9h. Messe basse à11h15. Tous les premiers vendredis du mois:Messe à 18h15.

Valmadrera (Lecco): via Concordia, 21. Ste Messele 2ème et 4ème dimanche du mois.

Varèse: se renseigner à Verrua.

Confessions une demi-heure avant les messes. Pour touteinformation, téléphoner à Verrua Savoia ou à

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