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Le Lien Diocèse d’Oran 2, rue Saad Ben Rebbi 31007 Oran el Makkari ALGÉRIE Message du Pape pour le Carême 2012 Rencontre du Seigneur « Pierre et Mohamed» n° 379 janvier-février 2012

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Le Lien

Diocèse d’Oran 2, rue Saad Ben Rebbi 31007 Oran el Makkari ALGÉRIE

Message du Pape pour le Carême 2012

Rencontre du Seigneur

« Pierre et Mohamed»

n° 379 janvier-février 2012

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LA PRIÈRE QUI VIENT DE DIEU

Plus un homme prie, plus son cœur se fait humble, car on ne peut pas prier et demander sans être humble.

Un cœur brisé et humilié, Dieu ne le méprisera pas. L’humilité recueille le cœur.

Quand l’homme s’est fait humble, aussitôt la compassion l’entoure

et le cœur alors sent le secours divin.

Il découvre que monte en lui une force, la force de la confiance.

Quand l’homme sent ainsi le secours de Dieu, quand il sent qu’il est là et qu’Il lui vient en aide,

son cœur aussitôt est comblé de foi et il comprend alors que la prière est le refuge du secours,

la source du salut, le trésor de la confiance, le port dégagé de la tempête,

la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, le soutien des faibles, l’abri au temps des épreuves […].

Il a donc ses délices désormais dans la prière de la foi. Et tant sa joie est grande,

il fait de sa prière une action de grâce. Prière d’Isaac le Syrien, évêque du VIIème siècle.

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_________Éditorial_________

CHANDELEUR RENCONTRE DU SEIGNEUR

Tout récemment, en rangeant des livres, je suis tombé sur le calendrier liturgique d’Afrique du Nord, édité en 1872 par Mgr Lavigerie, archevêque d’Alger, et envoyé au Pape Léon XIII : tous les jours y figurent principalement les nombreux saints et surtout les nombreux martyrs de l’Église africaine des premiers siècles. Au 2 février figurent ces mots : « Purificatio Beatae Mariae Virginis - Purification de la Bienheureuse Vierge Marie ». Je me suis rappelé que dans notre jeunesse, jusqu’au Concile Vatican II, on parlait de la fête de la Purification de Marie ; fête donc de Marie, rappelant la démarche que toute femme juive devait faire au temple, quarante jours après la naissance de son premier fils. La loi de Moïse prescrivait une double cérémonie :

la purification de l’impureté légale contractée par la mère dont il reste le souvenir dans les « relevailles » que certaines femmes chrétiennes viennent fêter à l’église en demandent la bénédiction du prêtre ;

le rachat et la consécration de son premier-né.

Cette fête porte aussi et depuis longtemps le beau nom de « Chandeleur » à cause de la procession des cierges allumés pour aller à la rencontre du Seigneur. Les cierges allumés symbolisent la lumière du Christ annoncée par Siméon dans le Temple, lumière pour éclairer les nations, lumière dont nous sommes maintenant, les dépositaires et les porteurs pour la propager dans notre vie de tous les jours. Donc aujourd’hui, c’est principalement une fête du Seigneur présenté au temple pour venir à la rencontre des croyants !

Depuis le 4ème siècle cette fête est célébrée à Jérusalem et dans toute l’Église orientale sous le beau nom de fête de la Rencontre, celle du Seigneur avec toutes les nations, celle de notre rencontre avec notre créateur et notre Sauveur.

On comprend bien la pensée du Bienheureux Pape Jean-Paul II qui a fait du

2 février, non pas une fête des consacrés, mais une journée mondiale de la vie consacrée qui concerne tous les baptisés !

En effet, dans les textes de la messe de cette fête on trouve plusieurs éléments qui font comprendre la vie consacrée et qui encouragent la vie religieuse. J’en énumère quelques uns :

la révélation du mystère de Jésus, le Fils de Dieu qui est le consacré du Père.

Marie et Joseph, en présentant Jésus au temple pour le consacrer à Dieu, accomplissent une démanche généreuse pour faire sa volonté. Eux-mêmes ont consacré leur vie affective à l’Amour de Dieu.

l’emprise de l’Esprit Saint est fortement soulignée, tant dans la vie très simple des deux personnes âgées Siméon et Anne, que dans la vie de Marie et Joseph, des pauvres qui ne se replient pas sur eux-mêmes mais qui apportent la joie et la lumière du Seigneur autour d’eux. D’autres éléments peuvent caractériser la vie de totale donation à Dieu.

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Vous me direz à juste titre, et je tiens à le souligner, que tous les baptisés

sont consacrés à une vie de sainteté et à rayonner l’Amour de Dieu ! Alors, les personnes consacrées ont-elles quelque chose en plus ? Regardons-nous, interrogeons-nous !

Il me semble que par leurs vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, les religieux et les religieuses sont, ou devraient être, un signe prophétique pour tous les baptisés. Trop souvent la routine et les problèmes de tous les jours peuvent faire oublier aux chrétiens, qu’ils soient mariés ou célibataires, que tous sont appelés à la sainteté. Dans un monde où la religion est souvent marginalisée, où l’argent, la soif du pouvoir et le sexe priment sur les valeurs spirituelles et caritatives, il est bon que des personnes témoignent humblement de la transcendance divine dans la vie simple et ordinaire d’hommes et de femmes. Des amis musulmans nous parlent de ce témoignage lumineux que les religieux sont pour eux, même s’ils ne comprennent pas le célibat, (beaucoup de chrétiens sont dans le même cas !)

L’action puissante de l’Esprit de Dieu dans le cœur d’hommes et de femmes qui se sont livrés à l’Amour de Dieu ne reste pas inaperçue. Que ces personnes passent par des épreuves, des tentations et des échecs, la flamme de leur lampadaire ne reste pas cachée, mais est placée au milieu de la pièce pour en éclairer tous les recoins.

N’oublions pas que le disciple n’est pas au-dessus du Maître. Siméon a prédit à Marie que le glaive et la croix seront présents dans sa vie.

Les personnes consacrées doivent manifester à travers leur vie contemplative et active le primat de Dieu et le souci des pauvres et des rejetés de la société. La recherche de l’amitié préférentielle avec Dieu doit ouvrir le cœur à un amour plein de tendresse pour tous les mal-aimés ! Au lieu de devenir des vieux garçons et des vieilles filles repliés égoïstement sur eux-mêmes et leur petite tranquillité, sur l’observance scrupuleuse d’un règlement, les personnes consacrées devraient être comme Siméon et Anne, comme Marie et Joseph, des personnes débordant de la jeunesse de l’Amour de l’Esprit Saint, embrassant dans leur prière et leur dévouement tous ceux que le Seigneur place sur leur chemin.

Bonne fête donc aux

religieux, religieuses et consacrés du diocèse ! Célébrons ensemble dans l’action de grâce cette messe où le sacrifice rédempteur du Christ est rendu présent pour y inclure notre donation. Aidez-nous, par votre exemple dynamisant à vivre notre vie de baptisés pour aller avec joie à la rencontre du Christ qui nous attend sur le chemin de la sainteté.

Peut-être qu’un jour certains d’entre vous figureront sur le propre liturgique d’Afrique du Nord dont je vous ai parlé au début, avec le Bienheureux Charles de Foucauld ou nos martyrs plus récents.

Mais tous nous devons nous rencontrer dans la Maison du Père dont le Christ nous a ouvert la porte, en venant à notre rencontre sur cette terre.

+ Alphonse GEORGER Homélie du 2 février pour la messe animée par les religieux et religieuses.

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_______Église universelle________

MESSAGE DU PAPE POUR LE CARÊME 2012 (extraits)

« Faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes » (He 10, 24)

Frères et sœurs,

Le Carême nous offre encore une fois l’occasion de réfléchir sur ce qui est au cœur de la vie chrétienne : la charité. En effet, c’est un temps favorable pour renouveler, à l’aide de la Parole de Dieu et des sacrements, notre itinéraire de foi, aussi bien personnel que communautaire. C’est un cheminement marqué par la prière et le partage, par le silence et le jeûne, dans l’attente de vivre la joie pascale. Cette année, je désire proposer quelques réflexions à la lumière d’un bref texte biblique tiré de la Lettre aux Hébreux : « Faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes » (10, 24). […]

Je m’arrête sur le verset 24 qui, en quelques mots, offre un enseignement précieux et toujours actuel sur trois aspects de la vie chrétienne : l’attention à l’autre, la réciprocité et la sainteté personnelle.

1. « Faisons attention » : la responsabilité envers le frère. Le premier élément est l’invitation à « faire attention » : le verbe grec utilisé est katanoein, qui signifie bien observer, être attentifs, regarder en étant conscient, se rendre compte d’une réalité. Nous le trouvons dans l’évangile, lorsque Jésus invite les disciples à « observer » les oiseaux du ciel qui, bien qu’ils ne s’inquiètent pas, sont l’objet de l’empressement et de l’attention de la Providence divine (cf. Lc 12, 24), et à « se rendre compte » de la poutre qui se trouve dans leur œil avant de regarder la paille dans l’œil de leur frère (cf. Lc 6, 41). Nous trouvons aussi cet élément dans un autre passage de la même Lettre aux Hébreux, comme invitation à « prêter attention à Jésus » (3, 1), l’apôtre et le grand-prêtre de notre foi. Ensuite, le verbe qui ouvre notre exhortation invite à fixer le regard sur l’autre, tout d’abord sur Jésus, et à être attentifs les uns envers les autres, à ne pas se montrer étrangers, indifférents au destin des frères. Souvent, au contraire, l’attitude inverse prédomine : l’indifférence, le désintérêt qui naissent de l’égoïsme dissimulé derrière une apparence de respect pour la « sphère privée ». Aujourd’hui aussi, la voix du Seigneur résonne avec force, appelant chacun de nous à prendre soin de l’autre. Aujourd’hui aussi, Dieu nous demande d’être les « gardiens » de nos frères (cf. Gn 4, 9), d’instaurer des relations caractérisées par un empressement réciproque, par une attention au bien de l’autre et à tout son bien. Le grand commandement de l’amour du prochain exige et sollicite d’être conscients d’avoir une responsabilité envers celui qui, comme moi, est une créature et un enfant de Dieu : le fait d’être frères en humanité et, dans bien des cas, aussi dans la foi, doit nous amener à voir dans l’autre un véritable alter ego, aimé infiniment par le Seigneur. Si nous cultivons ce regard de fraternité, la solidarité, la justice ainsi que la miséricorde et la compassion jailliront naturellement de notre cœur. […] L’attention à l’autre comporte que l’on désire pour lui ou pour elle le bien, sous tous ses aspects : physique, moral et spirituel. La culture contemporaine semble avoir perdu le sens du bien et du mal, tandis qu’il est nécessaire de répéter avec force que le bien existe et triomphe, parce que Dieu est « le bon, le bienfaisant » (Ps 119, 68). Le bien est ce qui suscite, protège et promeut la vie, la fraternité et la communion. La

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responsabilité envers le prochain signifie alors vouloir et faire le bien de l’autre, désirant qu’il s’ouvre lui aussi à la logique du bien ; s’intéresser au frère veut dire ouvrir les yeux sur ses nécessités. L’Écriture Sainte met en garde contre le danger d’avoir le cœur endurci par une sorte d’« anesthésie spirituelle » qui rend aveugles aux souffrances des autres.

[…] « Prêter attention » au frère comporte aussi la sollicitude pour son bien spirituel. Je désire rappeler ici un aspect de la vie chrétienne qui me semble être tombé en désuétude : la correction fraternelle en vue du salut éternel. En général, aujourd’hui, on est très sensible au thème des soins et de la charité à prodiguer pour le bien physique et matériel des autres, mais on ne parle pour ainsi dire pas de notre responsabilité spirituelle envers les frères. Il n’en est pas ainsi dans l’Église des premiers temps, ni dans les communautés vraiment mûres dans leur foi, où on se soucie non seulement de la santé corporelle du frère, mais aussi de celle de son âme en vue de son destin ultime. […]

Il est donc très utile d’aider et de se laisser aider à jeter un regard vrai sur soi-même pour améliorer sa propre vie et marcher avec plus de rectitude sur la voie du Seigneur. Nous avons toujours besoin d’un regard qui aime et corrige, qui connaît et reconnaît, qui discerne et pardonne (cf. Lc 22, 61), comme Dieu l’a fait et le fait avec chacun de nous. 2. « Les uns aux autres » : le don de la réciprocité. Cette « garde » des autres contraste avec une mentalité qui, réduisant la vie à sa seule dimension terrestre, ne la considère pas dans une perspective eschatologique et accepte n’importe quel choix moral au nom de la liberté individuelle. Une société comme la société actuelle peut devenir sourde aux souffrances physiques comme aux exigences spirituelles et morales de la vie. Il ne doit pas en être ainsi dans la communauté chrétienne ! L’apôtre Paul invite à chercher ce qui « favorise la paix et l'édification mutuelle » (Rm 14, 19), en plaisant « à son prochain pour le bien, en vue d'édifier » (Ibid. 15, 2), ne recherchant pas son propre intérêt, « mais celui du plus grand nombre, afin qu'ils soient sauvés » (1 Co 10, 33). Cette correction réciproque et cette exhortation, dans un esprit d’humilité et de charité, doivent faire partie de la vie de la communauté chrétienne.[…]

La charité envers les frères, dont l’aumône – une pratique caractéristique du carême avec la prière et le jeûne – est une expression, s’enracine dans cette appartenance commune. En se souciant concrètement des plus pauvres, le chrétien peut exprimer sa participation à l’unique Corps qu’est l’Église. Faire attention aux autres dans la réciprocité, c’est aussi reconnaître le bien que le Seigneur accomplit en eux et le remercier avec eux des prodiges de grâce que le Dieu bon et tout-puissant continue de réaliser dans ses enfants. Quand un chrétien perçoit dans l’autre l’action du Saint Esprit, il ne peut que s’en réjouir et rendre gloire au Père céleste (cf. Mt 5, 16). 3. « Pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes » : marcher ensemble dans la sainteté. Cette expression de la Lettre aux Hébreux (10, 24), nous pousse à considérer l’appel universel à la sainteté, le cheminement constant dans la vie spirituelle à aspirer aux charismes les plus grands et à une charité toujours plus élevée et plus féconde (cf. 1 Co 12, 31-13, 13). L’attention réciproque a pour but de nous encourager mutuellement à un amour effectif toujours plus grand, « comme la lumière de l'aube, dont l'éclat grandit jusqu'au plein jour » (Pr 4, 18), dans l’attente de vivre le jour sans fin en Dieu. Le temps qui nous est accordé durant notre vie est précieux pour découvrir et accomplir les œuvres de bien, dans l’amour de Dieu. De cette manière, l’Église elle-même grandit et se développe pour parvenir à la pleine maturité du Christ (cf. Ep 4, 13). C’est dans cette perspective dynamique de croissance que se situe notre exhortation à nous stimuler réciproquement pour parvenir à la plénitude de l’amour et des œuvres bonnes.[…]

Benoît XVI

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DE L’ÉGYPTE À L’AFGHANISTAN ET À GAZA

Le frère Jean Jacques Pérennès, de l’Institut dominicain du Caire, a envoyé une longue circulaire de fin d’année à ses amis. Nous en extrayons quelques passages :

Le printemps égyptien, une incroyable surprise.

Qui aurait pu prédire, il y a un an, cet ébranlement profond du monde arabe ? Après coup, on analyse et y trouve des raisons : un décalage trop grand entre ces sociétés très jeunes et des dirigeants vieux et inamovibles, un changement radical d'idéologies politiques (le nationalisme arabe et le socialisme ont fait long feu), une place nouvelle de l'islam dans la société, etc. Les livres sortent, nombreux, sur un sujet que l'on n'a pas fini d'analyser, d'autant plus que la fin de l'histoire est loin d'être écrite. Le plus beau, à mes yeux, et cela reste aujourd'hui, c'est un sens retrouvé de la dignité, la fin d'un sentiment d'humiliation partagé par des populations méprisées pendant des décennies par leurs dirigeants et les appareils policiers grâce auxquels ils se maintenaient au pouvoir. Je ne peux vous décrire la joie qui régnait place Tahrir la nuit du départ de Moubarak, joie que j'ai pu partager avec des amis

égyptiens proches que j'avais rejoint. Cela reste et c'est beaucoup. Le temps de l'euphorie est maintenant passé. On est entré dans le temps de la politique et ce n'est pas simple, mais il reste aux Égyptiens cette fierté d'avoir relevé la tête et c'est ce qui explique que la place Tahrir s'anime à nouveau, régulièrement, dès que le peuple sent qu'on veut lui rogner cette liberté retrouvée. Que va-t-il se passer ? Le verdict des urnes est indiscutable : les islamistes ont une large majorité aux élections, de l'ordre de 70 %. Si les 40 % des Frères musulmans ne sont pas une surprise, les 25 % des salafistes en sont une. Les premiers avaient investi le champ social (entreprises, syndicats, associations dans les quartiers populaires) ; les seconds, qui représentent une version dure, à la saoudienne, de l'islamisme, avaient pris pied dans les mosquées, sans que l'on n'y prête attention. Le pouvoir s'occupait du politique et de l'économique, le pouvoir et l'argent étant à ses yeux les vraies choses sérieuses. On voit aujourd'hui les conséquences d'un abandon du champ éducatif et religieux à des courants obscurantistes. Il reste qu'il va falloir gouverner et donc être « raisonnable », acceptable par des partenaires occidentaux. Pour cela, il faudra faire des compromis : je ne vois pas l'Égypte ressembler à l'Arabie saoudite ou à l'Iran de Khomeiny. L'islamisation de la vie quotidienne est déjà un fait ici, depuis longtemps. Le sort fait aux femmes et aux chrétiens seront un test de la capacité d'ouverture de cette majorité islamiste. On peut s'attendre à deux ou trois ans de cafouillage, avec un discours qui affiche une identité islamique forte et des pratiques qui tiennent compte des réalités. Un système schizophrénique, en somme. La situation économique, très dégradée, conduira inévitablement au réalisme : diminution d'un tiers des recettes touristiques, chute de plus de 90 % de l'investissement étranger, fuite des capitaux égyptiens. Dans un pays où l'État soutient massivement les prix des produits de première nécessité, la menace d'émeutes massives n'est pas illusoire si l'on ne parvient pas à redresser rapidement l'économie. Si au moins le référentiel éthique des islamistes permettait d'instaurer plus de justice sociale : on jugera sur les faits. À mes yeux, la première urgence est d'ordre économique et social. Il est souhaitable que l'armée, qui gère mal cette transition, repasse le pouvoir dès que possible à des civils, mais elle a de gros intérêts qu'elle veut protéger, ce qui explique largement son refus de passer les rênes aux civils. La Turquie est vue ici comme un modèle. Y parvenir prendre du temps.

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Al Azhar a joué un rôle remarquable dans cette transition, se prononçant officiellement en juin dernier pour la création d’« un État national constitutionnel démocratique et moderne, basé sur une constitution approuvée par la nation, qui assure la séparation des pouvoirs et des différentes institutions dirigeantes ». C'est grâce à al-Azhar qu'un texte de loi acceptable par les chrétiens a été préparé sur le sujet très sensible de la construction des églises. Al-Azhar a aussi tiré la sonnette d'alarme du bas niveau d'éducation, qui explique, en partie, qu'une population peu éduquée écoute aussi facilement des marchands d'illusion (« quand règnera l'islam, tout ira mieux »). Le second chantier urgent, après le redressement de l'économie et une meilleure répartition de la richesse nationale, sera de remettre debout un système éducatif naufragé : classes surpeuplées, professeurs démotivés plus intéressés par le gain que par leur vocation d'éducateurs, culture dominante du par cœur et absence d'esprit critique. Immense chantier, à moyen et long terme, mais où des choses sont possibles comme le montrent les écoles et universités privées qui se multiplient. Les écoles catholiques d'Égypte sont un bel exemple, à suivre. Un automne en Afghanistan

Mes amis taquinent volontiers mon goût pour les voyages ! Me croirez-vous, je prétends avoir toujours de vraies raisons... Voilà que le mois d'octobre m'a conduit en Afghanistan, une destination peu courue, mais où m'amenait la trace de Serge de Beaurecueil, ce frère dominicain co-fondateur de l'IDEO et dont j'ai entrepris d'écrire la biographie. Serge était un personnage atypique. Spécialiste de la mystique musulmane, il a d'abord travaillé 17 ans au Caire sur un auteur persan du 11e siècle, Abdullah Ansari, dont il devient un des meilleurs spécialistes. Cela lui valut d'être invité à Kaboul en 1962 pour un congrès au terme duquel on lui proposa une chaire à l'Université de Kaboul. Passionné par ce pays, il sauta sur l'occasion, inespérée. Car l'Afghanistan était alors un pays quasi impénétrable, fermé de surcroît à tout prêtre chrétien. Et voilà qu'on l'y invite très officiellement. Il y passera vingt ans, enseignant au lycée franco-afghan Esteqlal, mais surtout s'occupant de dizaines d'enfants abandonnés ou éclopés qui ont partagé sa vie jusqu'à ce qu'il doive partir d'un jour à l'autre en 1983, quand les Soviétiques qui occupent le pays le font passer pour un espion et s'en prennent à ses enfants qu'ils emprisonnent et torturent. Exilé en France, Serge écrit ce merveilleux livre, Mes enfants de Kaboul, où il raconte son histoire. J'ai assez bien connu Serge. Son itinéraire humain et spirituel m'a fasciné (voir son livre Le Pain et le Sel) et j'ai donc décidé de me lancer dans une nouvelle biographie. Cela a, en outre, l'intérêt de me faire découvrir un visage non arabe du monde musulman, et un pays qui fait, hélas, l'actualité. J'y ai été merveilleusement accueilli par des amis afghans de Serge, par ceux qu'il avait accueilli dans sa maison, et par les Petites sœurs de Jésus qui n'ont jamais quitté le pays même au temps des talibans. J'ai pu me promener un peu, toujours accompagné, et aller à Hérat, au nord-ouest du pays à la frontière de l'Iran pour visiter la ville d'Ansari, me recueillir sur son tombeau et apercevoir les splendeurs de ce Khorassan qui était la capitale culturelle de

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l'Asie centrale au moyen-âge. J'ai beaucoup d'archives à dépouiller et environ deux ans de travail pour faire ce livre, mais cela me passionne. Au-delà d'une aventure humaine hors du commun, il y a chez de Beaurecueil un sens de la proximité spirituelle profonde entre chrétiens et musulmans sincèrement croyants. On a un besoin urgent de cette certitude aujourd'hui dans le contexte de « choc des civilisations » qui, hélas, s'accomplit sous nos yeux.

Des témoins qui redonnent du sens à nos vies

Avant de partir à Kaboul, j'avais lu le témoignage bouleversant d'un médecin afghan qui a dû fuir son pays et raconte son itinéraire : Nos luttes cachent des sanglots, de Ahmad Ashraf, chez Bayard. Livre à recommander, en particulier aux médecins à cause de ce qu'il dit de ce métier. Au cours de ce séjour à Kaboul, j'ai rencontré un personnage hors du commun, Alberto Cairo, un Italien, qui lui n'a pas quitté l'Afghanistan et s'est attaqué à une conséquence dramatique de la guerre : les amputations. À la tête d'un centre orthopédique de la Croix-rouge à Kaboul, qui a des antennes en province, il fait appareiller depuis plus de 20 ans des milliers d'afghans qui ont sauté sur des mines ou perdu un ou plusieurs membres au combat. Il s’occupe ensuite de la réinsertion sociale des victimes, qu'il accueille avec tendresse et compétence, cherchant surtout à leur redonner de l'espoir. Les 250 employés de ce centre sont eux-mêmes des amputés appareillés et réinsérés socialement, témoins quotidiens pour les patients que la vie est encore possible après ces drames. L'un d'entre eux, Walid, est un ancien de la maison de Serge qui a pansé ses moignons pendant des mois avant qu'on ne puisse l'appareiller. Walid a aujourd'hui un travail, trois enfants, et le sourire. Toujours à Kaboul, Ehsan Mehrangais, autre enfant de Serge, recueilli à l'âge de 10 ans dans un jardin public où il dormait. Après le départ de Serge, Ehsan a créé une Association, Afghanistan-demain, qui poursuit pour près de 500 enfants le travail d'accueil et de tendresse dont Serge avait donné l'exemple dans sa maison. Garçons et filles de familles pauvres des bidonvilles (Kaboul est surtout peuplée de réfugiés amenés là par la guerre qui sévit dans le pays) trouvent là scolarisation, éducation, soins de santé, bref une chance pour avoir une vraie vie, humaine. J'ai visité deux des trois centres d'Afghanistan-demain qui vient de fêter ses 10 ans. Visites émouvantes et réconfortantes dans un Kaboul ravagé par la pauvreté. Au Caire, nous voyons passer de temps en temps le professeur Christophe Oberlin, chirurgien parisien qui depuis dix ans vient régulièrement à Gaza avec une équipe médicale pour opérer et former des spécialistes palestiniens dans des spécialités pointues comme la microchirurgie. Formation de niveau français, précise-t-il. Et ceci malgré les bombardements à Gaza, les tracasseries administratives d'Israël, un soutien bien timide des autorités françaises, et dans une grande discrétion. Lisez Chroniques de Gaza, le livre témoignage de Christophe Oberlin récemment publié aux éditions Demi-lune. C'est roboratif à souhait. Et ça réconcilie avec ce monde si mal foutu, devant lequel Stéphane Hessel a bien raison de nous rappeler au devoir d'indignation. Avec ma fidèle amitié, dans la joie de Noël.

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LE PATRIARCHE MARONITE DEMANDE UNE SÉPARATION DES RELIGIONS ET DE L’ÉTAT AU LIBAN

Le patriarche des maronites, Mgr Béchara Raï, s’est prononcé dimanche

8 janvier pour la création d’un État démocratique fondé sur un contrat social moderne séparant les religions et l’État : « Nous devons construire un système social et politique qui soit juste, et un état civil, démocratique qui soit attrayant pour les citoyens, fondé sur un contrat social moderne de coexistence au sein de l’état qui sépare la religion et l’état », a-t-il déclaré au cours d’une homélie, dans son siège épiscopal à Bkerké, près de Beyrouth. Il a précisé que le système moderne ne devrait être ni un État religieux ni un État laïque opposé à la religion. Il a aussi demandé aux hommes politiques libanais de mettre de côté leurs intérêts personnels et de travailler au développement du pays en mettant l’accent sur la jeunesse et le travail des jeunes.

Mgr Raï avait abordé cette question quelques jours plus tôt en recevant à Bkerké une délégation de responsables du Hezbollah, conduite par cheikh Mohammad Omro, venue lui présenter leurs vœux à l’occasion du Nouvel An. Il leur avait déclaré que « le Liban devrait dire à tous les citoyens de l’Orient, qui sont pour la plupart chrétiens et musulmans, que nous pouvons vivre à l’ombre de la diversité et d’une démocratie qui sépare la religion de l’État ».

Le Liban connaît depuis son indépendance en 1943 un système de confessionalisme politique qui répartit les principaux postes politiques entre les différentes confessions religieuses.

Élu en mars 2011, 77e patriarche de l’Église maronite, Mgr Béchara RAÏ dirige une communauté de 3,5 millions de catholiques orientaux à travers le monde.

LA CONTRIBUTION DES CHRÉTIENS ARABES À L'ÉGLISE UNIVESELLE

Entretien de Mgr Paul Nabil el-Sayah, archevêque maronite de Haïfa et de Terre Sainte, avec L’Aide à l’Église en Détresse (agence ZENIT)

Les chrétiens qui vivent en Terre Sainte ont certainement besoin d’aide, mais leur contribution à l’Église universelle est aussi importante : « Nous sommes les gardiens des lieux saints où est né le christianisme et nous les conservons pour que tous puissent faire l’expérience unique de fouler les pierres de Jérusalem et de se promener sur les collines de Galilée où Jésus lui-même a marché ».

La vie des chrétiens en Israël et en Palestine n’est pas facile : « Pour les juifs, nous sommes des Arabes et donc des terroristes potentiels, et pour les musulmans nous sommes chrétiens et donc des infidèles. » Pourtant les difficultés n’arrêtent pas l’œuvre de médiation et de réconciliation entre les deux peuples, qui s’ajoute aux importantes contributions apportées par les chrétiens à l’instruction, au système de santé et aux services sociaux. « Notre apport dépasse largement notre petit pourcentage de 1,5% de la population. »

C’est aussi la coexistence pacifique qui est à la base du projet « Rencontre » que mène l’archevêque de Haïfa depuis déjà deux ans. Un groupe de jeunes gens (quatre chrétiens, quatre juifs et quatre musulmans) se rencontre régulièrement pour apprendre à se connaître et se confronter à des thèmes qui touchent à la religion et à leur société. « J’ai très confiance dans les jeunes, parce qu’ils sont prêts à changer et ne sont pas bourrés de préjugés. Notre parcours porte beaucoup de fruits. »

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Pour l’archevêque maronite, le conflit israélo-palestinien n’est pas entièrement lié à des raisons religieuses. « Évidemment il y a des extrémistes des deux côtés, mais je crois qu’à la base de tout cela il y a une question politique : deux peuples qui cherchent à se partager la même terre et qui visent l’un et l’autre le pouvoir. » Les chrétiens arabes se retrouvent alors à devoir coexister avec deux théocraties. « Dans l’islam et dans le judaïsme, la politique n’est pas séparée. Nous voudrions voir moins d’emphase sur la religion et davantage de respect pour chaque credo. »

À l’avenir, Mgr Sayah souhaite une plus grande séparation entre l’état et la religion et nourrit une certaine perplexité quant à la loi qui impose aux nouveaux citoyens de jurer fidélité à l’état « démocratique et juif » d’Israël. « 20% de la population est arabe – affirme-t-il – et il y a les millions de réfugiés palestiniens à qui les lois internationales garantissent le droit de rentrer. En disant qu’Israël est la terre des juifs, on laisse entendre que les autres ne sont pas bien acceptés ».

COMPTE-RENDU D’UNE MISSION NIGÉRIENNE À ABUJA (NIGÉRIA)

Il est 8 heures, ce vendredi 30 décembre 2011, lorsque l’avion présidentiel décolle de l’aéroport international de Niamey à destination d’Abuja, la capitale politique du Nigéria. A bord, il y a le Ministre d’État, ministre des Affaires Étrangères, un député de l’Assemblée Nationale, un conseiller du Président de la République, le Président de l’Association Islamique du Niger et moi-même, archevêque de Niamey. Nous allons en mission officielle au nom du Président de la République du Niger apporter un message de compassion au peuple du Nigéria, meurtri par les événements douloureux de la nuit de Noël où cinquante chrétiens sont massacrés par la secte islamiste Boko Haram.

Le trajet entre Niamey et Abuja ne dure qu’une heure trente. Ce temps m’a suffi pour échanger avec Cheik Ismaël, le président de l’Association Islamique du Niger, sur les relations fraternelles que nous entretenons au Niger entre chrétiens et musulmans tout en étant préoccupés par les courants extrémistes qui gagnent aussi du terrain au Niger.

Je lui ai signifié que cette année, des messages interdisant aux musulmans de participer aux fêtes de Noël étaient diffusés sur les téléphones portables. Je lui ai lu le texte libellé ainsi : « Dans le cadre de la lutte contre les perversités en Islam, on rappelle au musulman que les fêtes du 24, 25 et 31 décembre sont formellement interdites. Nous ne sommes plus ignorants. Le prophète (saw) a dit : Quiconque imite un peuple fait partie de ce peuple. Donc n’imite pas les chrétiens. Faites passer l’info, svp. ».

Il n’est pas étonné du message. Lui-même en reçoit régulièrement pour lui dire qu’il n’est pas dans la droiture de l’Islam. « Tout cela nous vient de l’extérieur et nous devons être vigilants et combattre ensemble ceux qui veulent nous diviser ; nous devons faire la paix et l’unité en interne, sinon, les diviseurs qui sont nombreux venant de l’extérieur et qui nous guettent pourront profiter de notre faiblesse pour nous dresser les uns contre les autres. Monseigneur, tous les deux, nous sommes dans la même situation et nous ne devons pas nous décourager …» me confiait-il en égrenant son chapelet que certains courants islamistes lui interdisent d’utiliser.

Pendant que nous échangeons, Monsieur le Ministre qui est assis en face de nous lit ses notes sur la secte Boko Haram que son chef de cabinet vient de lui remettre.

Boko Haram est un mouvement islamiste armé actif au nord-est du Nigéria. Ce mouvement prône un islam radical et rigoriste. Son idéologie est inspirée par les

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Talibans d’Afghanistan et a probablement des liens aussi avec Al-Qaïda au Maghreb islamique. Ses adeptes rejettent la modernité et visent à instaurer la charia dans les États au Nord du Nigéria. Boko vient du mot anglais « book » qui veut dire « livre » et haram est un mot arabe qui signifie « interdit ». Tous les livres sont mauvais et interdits (symboles de l’éducation occidentale) un seul livre est valable : le Coran.

Nous sommes accueillis à l’aéroport d’Abuja par l’Ambassadeur du Niger au Nigéria et par plusieurs autres personnalités de la ville. Après avoir bu un café chaud au salon d’honneur, nous sommes allés en trombe dans les voitures noires officielles au centre ville d’Abuja. La sécurité du convoi est impressionnante. Les militaires casqués, vêtus de gilet pare-balles tenaient leurs mitraillettes menaçantes. Ils étaient devant, au milieu et derrière. Je les sentais partout.

Après une heure de temps, grâce aux sirènes des cortèges officiels, nous arrivons rapidement à l’hôtel Hilton où le ministre des Affaires Étrangères du Nigéria nous accueille très aimablement. Notre anglais est faible comme leur français l’est, mais tout le monde parle hawsa. Nous n’oublions pas que certains peuples du Niger et du Nigéria sont frères et qu’ils partagent la même culture et la même langue.

Après les salutations d’usage à l’ombre des drapeaux du Nigeria et du Niger, nous reprenons les voitures pour la Présidence de la République, bien éloignée du centre ville. Nous franchissons de nombreux barrages militaires. Plus nous nous approchons du palais présidentiel, plus les militaires sont nombreux et armés. Tout est désert. Ces lieux sentent le danger permanent, tout le monde a peur du pire !

… Le Président de la République du Nigeria nous a remerciés très chaleureusement pour cette visite qui le touche profondément. Il souligne l’originalité de cette mission composée de l’imam et de l’archevêque. C’est le signe que ce qui se passe au Niger peut advenir aussi au Nigéria. Le Président a manifesté sa détermination à combattre la secte Boko Haram qui n’a rien à voir avec la religion et a demandé que les autres pays frontaliers se mettent ensemble avec le Nigéria pour mener une guerre sans merci à ces meurtriers. Il nous a avoué que les membres de la secte sont déjà au Niger, au Tchad et au Cameroun. Le lendemain, il fermera les frontières avec ces pays pour mieux traquer la secte qu’il qualifie de « cancer ». L’entretien n’a duré que dix minutes. C’était suffisant pour déceler chez les autorités politiques du Nigéria l’émotion de nous voir auprès d’elles pour traduire la compassion du peuple nigérien. Par la suite, on saura que le Niger sera le seul pays à se déplacer pour manifester sa solidarité.

C’est l’heure de la grande prière à la mosquée du Vendredi. Toute la délégation étant musulmane, l’ambassadeur du Niger au Nigéria a voulu avec beaucoup d’attention mettre à ma disposition une voiture pour que j’aille à l’ambassade me reposer mais j’ai préféré accompagner la délégation à la mosquée. La délégation est entrée à la mosquée pour la prière et je suis resté dans la voiture, avec interdiction formelle d’ouvrir les portières et de baisser la vitre par mesure de sécurité. Les militaires qui me gardaient étaient toujours présents mais cette fois-ci avec beaucoup de discrétion.

De la cour de la mosquée, j’ai aperçu la croix de la cathédrale et je me suis mis à prier en communion avec tous ceux qui à cette heure priaient à quelques mètres de moi. J’ai prié pour qu’il n’y ait aucune vengeance mais que le pardon soit premier, même s’il paraît impossible après ces tueries. Je me suis souvenu des paroles des évêques d’Afrique au dernier synode : « Ne pensez pas que le pardon ne sert à rien et qu’il vaut mieux tenter la vengeance : le vrai pardon, conduit à la paix qui va jusqu’à la racine du conflit et qui transforme les victimes et les ennemis de jadis en frères et sœurs. » J’ai prié aussi pour ces fanatiques qui continuent à perpétrer des actes ignobles, aveuglés par des intérêts égoïstes et qui n’ont dans le cœur que de la haine. J’ai prié pour que leur cœur se transforme radicalement si du moins ils daignent écouter en vérité et fidèlement la voix de Dieu dont ils se réclament.

Les événements du Nigéria ont bouleversé les consciences des croyants chrétiens et musulmans et tous unanimement nous condamnons cette violence. La violence exercée sur des innocents ne peut jamais être la résolution d’un conflit. Le

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résultat de la violence est connu d’avance. Elle détruit systématiquement et produit des massacres inutiles. Nous sommes allés dire que les vrais croyants ne peuvent pas entrer dans la logique de la violence… et j’ai cité la réflexion d’un jeune musulman à qui je demandai s’il respectait le seul chrétien du village : « Ton chrétien n’a pas de problème avec nous parce que c’est notre ami. L’islam et le christianisme ne sont pas des routes parallèles ». C’est vrai, les parallèles ne se rencontrent jamais. Nos routes sont peut-être sinueuses mais elles s’entrecroisent dans les échangeurs pour nous permettre de rouler chacun sur sa voie, dans l’écoute, le respect et la tolérance. Seul le respect du code de l’amour nous empêche le choc de l’affrontement et nous fait parvenir dans la liberté là où nous voulons arriver.

Fait à Niamey en cette journée mondiale de la Paix. 01.01. 2012 + Michel CARTATÉGUY. Archevêque de Niamey.

Au Maghreb

NOMINATION SURPRISE Personne ne s’attendait à la nomination de Mgr Maroun Lahham, archevêque de Tunis, comme Vicaire Patriarcal de Amman en Jordanie, nomination rendue publique par Radio Vatican, le 19 janvier.

Les évêques de la CERNA venaient de l’élire (le 15.11.2011) comme futur président de leur conférence pour entrer en fonction le 1er mars 2012, comme cela a été annoncé dans le Lien de décembre dernier.

Sitôt la nouvelle connue, notre Père évêque lui envoya ce message :

« Vives félicitations, cher Maroun, pour cette nomination inattendue, mais combien bénéfique pour le Patriarcat de Jérusalem ! Nous regrettons ton départ de la CERNA et nous prions pour ton nouveau ministère.

Respectueusement, chère future « Béatitude », et très amicalement tien, + Alphonse et le diocèse d'Oran ».

Les évêques catholiques de terre sainte lui ont écrit : « Nous nous réjouissons

pour le choix du Saint Père, et nous partageons la joie du peuple de Dieu qui vous sera confié. Votre personne est connue et nous vous manifestons toute notre estime… Nous pouvons imaginer votre état d’âme en ce moment où l’obéissance vous demande le sacrifice du détachement d’un pays et d’un peuple, que vous avez appris à aimer et qui vous ont aimé. Notre prière vous accompagnera. »

Mgr Maroun fera ses adieux à la communauté diocésaine de Tunis le dimanche

19 février pour rejoindre Amman le 22 février. Les Oranais, qui ont participé à la retraite qu’il a animée au Focolare de Tlemcen

en septembre dernier lui expriment leurs reconnaissance. Tous souhaitent le revoir en Oranie ou pouvoir le visiter en Terre Sainte.

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_______Église en Oranie_______

NOËLS COSMOPOLITES Cette année, dans les paroisses du diocèse, les célébrations de Noël ont

rassemblé des chrétiens d’origines encore plus diverses. Déjà de nombreuses nations africaines représentées par les étudiants ou, comme à Oran, par les migrants, constituent les communautés chrétiennes qui chantent la messe en plusieurs langues ; mais, pour la Naissance du Seigneur, à Oran, par exemple, des coptes – les chrétiens d’Egypte – sont venus en famille se joindre à la paroisse pour la messe de la nuit à Ma Maison ainsi que de nombreux Nigérians et il a fallu quatre voyages de bus pour ramener les étudiants dans les cités.

Pour la messe du jour, nous avons vu des bus entiers de travailleurs expatriés arriver de la zone industrielle de Mers el Hadjadj à la cathédrale et il a fallu rajouter des bancs : les Philippins ont chanté Ama namin (Notre Père) sur leur belle mélodie, les Italiens ont chanté à la communion Tu scendi dalle stelle (Tu descends des étoiles), heureux de pouvoir participer à la messe, il y avait aussi un bon groupe d’Espagnols. Un grand riz à la sauce camerounaise, préparé pendant la nuit par six femmes migrantes, et une part de bûche ont rassemblé les participants pour un moment de convivialité dans les salles du Centre diocésain.

Deux jours plus tôt, le vendredi soir, le Père Évêque m’a accompagné dans la zone industrielle à 60 km d’Oran, pour la messe de Noël dans le réfectoire d’une base-vie à 19 h 30 : les Philippins se sont rassemblés en foule, peut-être mille deux cents, pour une célébration joyeuse et intense comme ils savent faire. A la fin, le chef de camp coréen est venu présenter ses vœux et tous voulaient une photo avec l’évêque devant l’arbre de Noël pour envoyer à leur famille. Dans une autre base de vie ce fut aussi une belle célébration avec l’évêque le soir du 1ier janvier.

A Sidi bel Abbès, pour la messe de la nuit, des Italiens qui travaillent à la voie de chemin de fer sont venus à la chapelle et ils ont invité toute la paroisse à les rejoindre dans leur base-vie pour le soir de Noël. Ils ont envoyé un bus les chercher et les reconduire et quarante paroissiens, étudiants, sœurs et prêtres, ont chanté la messe avec eux avant un bon repas de fête arrosé comme il convient et une joyeuse soirée. Un autre groupe d’Italiens, vivant à Youb, n’a pas eu l’autorisation de se déplacer.

A Tlemcen, le Père Évêque s’est joint à la paroisse pour la messe de la nuit qui a regroupé une centaine de participants au Focolare ; les chants superbes exécutés par la chorale dans les langues des étudiants, ont permis l’intimité chaleureuse de la célébration et la soirée festive qui suivit a mis du baume dans le cœur de ces jeunes éloignés de leur famille.

Cette nuit de Noël, si importante pour les chrétiens loin de chez eux, chaque paroisse a eu à cœur d’en faire l’occasion d’une expérience de foi et d’une soirée chaleureuse et conviviale.

Thierry BECKER

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PIERRE CLAVERIE : MÉMOIRE VIVANTE

Le 17 décembre 2011, Mgr Teissier donnait au Centre Pierre-Claverie d’Oran une conférence intitulée : Mgr Pierre Claverie : Quels messages pour assumer nos

différences ? Persuadé que les paroles s’envolent et que les écrits restent, il avait préparé six pages de textes de Pierre Claverie lui-même, que tous les assistants avaient en mains pendant qu’il les parcourait et les commentait. Pour ceux qui ont connu Pierre Claverie autrefois ou qui ont lu ses textes, cela pouvait sembler des redites inspirées par la piété et la nostalgie. Mais pour d’autres, c’était différent et des mots qui nous sont familiers pouvaient retrouver leur verdeur originelle. Ainsi, venu d’un village situé à une centaine de kilomètres, un jeune professeur de français entendait ces choses-là pour la première fois ; rentré chez lui, il décidait de les redire à

son jeune frère ; mais comme celui-ci maîtrise mal le français, il lui traduisit tout le dossier en arabe ; et le frère décidait de ne pas garder cela pour lui et de le communiquer à ses amis qui partagent la même culture arabe et islamique. Dans sa circulaire de fin d’année, Jean-Jacques Pérennès écrivait :

« Fin juillet, un événement peu banal m’attirait au festival d’Avignon : le spectacle « Pierre et Mohamed », monté par un groupe de jeunes frères dominicains à l’occasion des quinze ans de la mort de notre frère Pierre Claverie, évêque d’Oran, dont j’ai écrit la biographie. Le texte, écrit par un jeune dominicain, raconte la dernière journée du jeune Algérien, Mohamed Bouchikhi, mort assassiné avec P. Claverie qu’il ramenait de l’aéroport d’Oran. Ce jeune musulman dit le sens qu’a pour lui cette amitié, sens qui l’aide à accepter les risques réels qu’il court en restant aux côtés de cet évêque courageux. En alternance avec les souvenirs de Mohamed, le texte fait entendre quelques grands textes de Pierre Claverie, dont sa fameuse dernière homélie de Prouilhe, où il assume lui aussi les risques qu’il court et en rappelle le sens. Dans un festival qui propose des centaines de spectacles chaque jour, « Pierre et Mohamed » a rempli une salle de cent places tous les soirs pendant huit jours. Le tout était servi, il faut le dire, par l’immense talent du comédien Nazim Boujenah, de la Comédie française, qui tenait la scène pendant une heure, avec le minimum de mise en scène et un léger accompagnement musical. Beaucoup d’émotion et la conviction qu’une vie donnée est un message fructueux pour notre temps… Depuis l’été, « Pierre et Mohamed » a été donné à Paris, Lille, Strasbourg, et le sera bientôt à Oran. » (voir Le Lien, n° 376 p. 15)

Effectivement, le spectacle a été donné à Oran le 7 janvier dans une salle pleine, dont le silence très dense n’a été interrompu que par quelques applaudissements qui

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ont salué spontanément trois ou quatre passages. Le message de Pierre Claverie quittait les textes imprimés, lus, cités, répétés, et il redevenait une parole, grâce à Nazim Boujenah, un grand artiste. Et on ne pouvait pas oublier qu’avec lui, c’était le fils d’un Oranais qui redonnait vie aux mots d’un évêque d’Oran. Comme à Avignon, il était accompagné par les notes discrètes de Francesco Agnello qui jouait du « hang », une sorte de « soucoupe volante » mise au point il y a sept ans par deux Bernois (hang signifie « main » en dialecte de Berne) pour remplacer les bidons volumineux sur lesquels les musiciens des Caraïbes frappent parfois… Une petite voûte métallique en alliage spécial, avec sept petits renfoncements disposés tout autour ; en les touchant de la main, on peut faire entendre les notes de la gamme de ré mineur (moins le sol) ; elles tombent comme des gouttes d’eau rafraîchissantes qui appellent le silence.

Jean-Louis DÉCLAIS

Nous insérons deux réactions : celle d’un journaliste de Mostaganem et celle (en extraits) de Sr Marie-Claude :

VIBRANT HOMMAGE À L’AMI DES « AUTRES »

La pièce «Pierre et Mohamed», écrite par Adrien Candiard et interprétée par Nazim Boudjenah, a été présentée au public durant l’après-midi du samedi 7 janvier, au centre Pierre-Claverie de St-Eugène, à Oran. La pièce est un message transmis par l’ex-évêque d’Oran, Monseigneur Pierre Claverie, assassiné le premier août 1996, avec son jeune chauffeur Bouchikhi Mohamed, originaire de Sidi-Bel-Abbès.

Ce message d’amitié, de tolérance, d’amour et de respect de l’autre raisonne

toujours dans le temps et même s’il est parti, Pierre Claverie aura laissé des paroles, qui nous feront toujours chaud au cœur et qui nous permettront de nous apercevoir qu’il y aura toujours des hommes qui savent vivre pour l’autre, écouter l’autre, aimer l’autre, accepter les idées de l’autre, souffrir avec l’autre, accepter la religion de l’autre et non pas la rejeter parce que les fanatiques la servent mal…

Pierre Claverie se savait menacé mais il ne voulait en aucun cas quitter ce pays, où il aimait tant vivre pour servir les autres. Feu Pierre Claverie ne craignait pas l’avenir des moments difficiles et il était convaincu que ceux qui voulaient lui ôter la vie, se condamnaient par leurs excès, lui qui connaissait oh combien la valeur d’une vie. Pierre a connu les moments difficiles de ce pays et notamment la guerre de libération. Il a vécu au temps de sa jeunesse dans la bulle coloniale. Beaucoup n’ont jamais compris pourquoi Pierre aimait tant ce pays qui souffre et qui se dévore lui-même…

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Ce côté mystérieux, beaucoup n’ont jamais pu le percer mis à part ceux qui connaissaient la grandeur de cet homme, qui avait un si bon cœur, et qui savait écouter. L’émergence de l’autre, la reconnaissance de l’autre et l’ajustement à l’autre sont devenus des hantises pour lui. Monseigneur Pierre Claverie était prêt à vivre avec l’autre, à se laisser façonner par l’autre sans crainte, cela ne signifiait pas perdre son identité disait-il, ni rejeter ses valeurs mais plutôt concevoir une société plurielle. Voila la grandeur et l’immensité d’un homme qui connaissait à fond notre religion, mieux que certains qui prétendent être musulmans et défendre les vertus de l'Islam. Cet homme, qui n’était pas là pour convertir les gens au christianisme et encore moins pour se convertir à l’islam, mais plutôt pour que les croyants puissent se parler car disait-il, le dialogue n’est pas la polémique. Pierre était convaincu qu’il fallait écouter l’autre non pas pour le convaincre qu’il avait tort mais pour le comprendre. Quel dommage que ceux qui avaient programmé sa mort, n’aient pas pris le temps et la peine de le comprendre. Pierre Claverie est un martyr de l’humanité et un messager de paix pour les croyants et les non croyants ; son âme continuera à planer sur l’humanité et il suffit de lire ses écrits pour comprendre comment doit être fait l'univers.

Un hommage aussi au comédien Nazim Boudjenah, qui s’est mis dans la peau d’un homme qu’il n’a pas eu la chance de connaitre, mais aussi au musicien Agnello Francesco, qui a su donner à cette pièce un cachet assez particulier. Les présents ont été vraiment plongés dans un univers virtuel et l’émotion était palpable. La famille du jeune Bouchikhi Mohamed a assisté à la présentation, la mère était inconsolable à la fin du spectacle. La finalité des choses est que Monseigneur Pierre Claverie, était parti avec son jeune chauffeur ; le sang

des deux hommes s’est mélangé comme l’aurait voulu Pierre, qui aimait tant vivre en harmonie avec tout le monde.

MIHOUB (Réflexion du 11/01/12 et El Adjwaa – Les Climats du 10/01/12, journaux de Mostaganem)

Quelques extraits d’une page envoyée par Sr Marie-Claude

ONE MAN SHOW À LA MAISON DIOCÉSAINE Un concours de circonstances a amené Nazim à Oran (anniversaire de la mort

de son père) et Francesco a bien voulu l’accompagner. Celui-ci me dira, à la fin de la représentation, combien ils ont été, tous deux touchés par ce drame, joué en Avignon et à Strasbourg, mais combien plus bouleversés encore de se produire dans cette salle de conférence contiguë au petit oratoire où repose Pierre auprès de sa cathédrale!...

Tout est accueilli dans un silence absolu, religieux, impressionnant ! Regards rivés sur cet acteur ! Nazim intériorise au plus haut point le témoignage de Pierre et la souffrance, l’angoisse de Mohamed… L’œil comme fixé sur l’infini, méditatif, les traits tirés : moments de silence dense, dense qui devient prière ! Tous ressentent l’intensité de la douleur de Mohamed : « Sa mère qui a déjà tant pleuré devra-t-elle pleurer sa mort ? »

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Émotion bouleversante, silence prolongé, interrompu trois fois cependant par des applaudissements soulignant ainsi des paroles fortes sur le respect de l’autre, de sa religion, de l’Islam et du Coran que Pierre connaissait parfaitement- « mieux que nous » s’écrie Mohamed ! « Si tu ne vois en toi que le musulman, si tu ne vois en moi que le chrétien, alors je ne peux plus rencontrer Mohamed et tu ne connaîtras jamais Pierre ; et je n’arriverai jamais à comprendre qui tu es, ni comment tu pries Dieu ! » disait Pierre !

Je jetais un coup d’œil furtif autour de moi. Tous dévoraient le visage de Nazim

qui parlait si fort dans le silence. Des visages dans les mains, cachant des larmes sans doute ! Que s’est-il donc passé ? Moment de grâce, de communion, de prise de conscience, de questionnement sur soi-même.

Viennent les derniers mots de Mohamed : «… Mais si je meurs avec Pierre, on retrouvera sur moi un petit carnet où je note mes pensées et mes prières. J’ai pris soin d’y dire ADIEU à tous ceux qui m’ont aimé, à tous ceux que j’aime. » Puis les mots de l’acteur (en arabe) : Au nom de Dieu, le Miséricordieux, Celui qui fait miséricorde. Silence, Nazim s’en va à petits pas, tête baissée lourde de ce drame. La salle se lève ; longs applaudissements, encore et encore… et lentement les spectateurs devenus « auditeurs priants » s’en vont pour se retrouver en « frères et sœurs » qu’ils sont tous devenus.

Il me faut aussi souligner l’art de Francesco (compositeur, metteur en scène) qui a su accompagner ce drame dans la douceur, le silence grâce à ses nouveaux instruments de musique. Ces artistes ne se connaissaient pas. Hasard ? Providence ? Dieu passe par eux. Pierre Claverie n’est pas mort pour rien ! Mohamed non plus. Connu, inconnu, leur message s’envole au-delà des frontières. Puisse-t-il être accepté par tous, sans distinction de race ni de religion. A la grâce de Dieu. In cha Allah !

Sr Marie -Claude

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DE LA PAMPA À LA SEBKHA

Les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres ont accueilli au printemps dernier sœur Liliana Parlanti qui arrive d’Argentine, Le Lien est heureux de la présenter à ses lecteurs.

Le Lien : Vous êtes arrivée directement de votre pays, aux antipodes, comment se fait-il que vous soyez venue de si loin vivre ici avec nous ? Sœur Liliana : Il y a, en Algérie, deux communautés de nos sœurs et j’ai souhaité faire une expérience missionnaire différente de celle que j’ai vécue en Afrique noire. La culture arabo musulmane m’attirait beaucoup et cela m’a poussée à faire une expérience en milieu non catholique, dans une culture tout à fait différente de la mienne et de celles que je connaissais auparavant. L.L. : En Argentine quelle était votre activité ? S.L. : J’étais en charge de l’animation missionnaire, pour faire comprendre aux chrétiens l’importance de la mission dans le monde d’aujourd’hui et je travaillais dans une école secondaire à Córdoba comme enseignante de langue et littérature espagnole. L.L. : Vous dites que vous avez vécu en Afrique noire. S.L. : J’ai vécu cinq ans au nord du Bénin, à la frontière du Burkina-Faso, à Tanguieta, une paroisse de première annonce, et j’y faisais la catéchèse et la préparation aux sacrements. La communauté de sœurs a un internat pour jeunes filles des villages qui étudiaient au lycée, en ville. Nous les accompagnions et les aidions dans leurs études. Pour les sœurs de N.D. des Apôtres, la formation des femmes est une priorité. L.L. : Parliez-vous une langue locale ? S.L. : La région où je me trouvais est un carrefour de plusieurs ethnies et j’ai appris un peu de biali, la langue du peuple berba, avec qui je faisais la catéchèse. L.L. : Vous attendiez-vous à trouver ici tant de jeunes subsahariens ? S.L. : Non, je ne m’imaginais pas en trouver autant, cela m’a aidée à être moins dépaysée. L.L. : En arrivant ici qu’avez-vous ressenti ? S.L. : J’ai été étonnée car je m’attendais à une société plus fermée, à devoir porter le voile et m’adapter à la vie des femmes ; j’ai été étonnée de découvrir qu’on m’accepte comme je suis. Je me suis sentie bien accueillie par des gens qui nous apprécient, qui nous invitent chez eux, qui nous font sentir que nous sommes comme chez nous. L.L. : Comment avez-vous trouvé notre Église ? S.L. : Je me suis trouvée très à l’aise avec le monde subsaharien ; j’ai été étonnée et heureuse du caractère cosmopolite de la communauté chrétienne. C’est une chance de rencontrer chaque jour des gens des diverses parties du monde et d’avoir avec eux des relations familiales. J’ai dû découvrir qu’il n’est pas facile d’obtenir une carte de séjour et maintenant je suis résidente à Mascara. L.L. : Quelles sont vos activités en Oranie ? S.L. : J’ai la charge, avec une autre sœur de ma communauté, d’une bibliothèque et nous sommes heureuses de donner aux enfants, aux collégiens et lycéens la possibilité de se cultiver et de lire. Il y a aussi du soutien en français et en informatique et, en partenariat avec la cinémathèque de la ville, nous faisons des projections pour les jeunes. Nous avons en projet un club littéraire pour les adolescents. Avec une jeune Sœur Blanche je suis chargée de l’aumônerie des étudiants : accompagner ces jeunes au long de leur séjour, organiser toutes les deux semaines une rencontre pour les aider à mieux vivre leur foi, préparer les temps liturgiques. Vingt-cinq à trente sont

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réguliers. La plupart des nouveaux sont anglophones et nous attendons une centaine de jeunes pour le week-end d’accueil de la rentrée. L.L. : Je crois que vous avez participé à des rencontres importantes, l’été dernier ? S.L. : Oui, j’ai participé à l’Université d’été à Alger et à « L’école de la différence » à la zaouïa de Mostaganem, ce furent des moments très riches. J’ai pu mieux connaître les étudiants et me sentir plus proches d’eux. A Mostaganem, j’ai été beaucoup interpellée sur ma manière de vivre la différence, j’avais des préjugés et j’ai découvert, dans des partages francs et ouverts, qui sont les musulmans avec qui j’étais et qu’il est possible de se rencontrer en vérité entre jeunes chrétiens et musulmans. L.L. : J’espère que vous pourrez rester plusieurs années… S.L. : Moi aussi, j’espère, mais seul Dieu connaît l’avenir. L’Algérie est un beau pays avec une histoire ancienne et des traces de mélanges des peuples qui y sont venus. J’ai vu avec grand intérêt les ruines romaines de Tipaza. Je désire connaître l’héritage espagnol d’Oran ; j’ai beaucoup aimé les côtes et les plages. L.L. : Pour terminer, que diriez-vous aux lecteurs du Lien, à votre arrivée de la Pampa ? S.L. : La rencontre des musulmans, la découverte d’un Dieu omniprésent, m’interpellent et me fortifient dans ma manière de vivre ma foi. Merci.

Propos recueillis par Thierry BECKER

CÉLÉBRATION DU MAWLID

Ce samedi 4 février, la communauté musulmane célébrait le Mouloud (naissance de sidna Mohamed). Dans les rues c’est marqué par des tirs de pétards mais l'association Cheikh al Alawi pour l'éducation et la culture soufie avait envoyé une invitation à la communauté chrétienne pour participer à la cérémonie qui avait lieu dans unes des plus grandes salles des fêtes d'Oran.

Le P. Thierry y est allé avec les petites sœurs Malika et Karima. L'accueil fut très chaleureux. C'était une immense assemblée de femmes qui priaient en chantant ou psalmodiant des textes à la gloire de Dieu et de Sidna Mohamed. il y avait des passages chantés en solo et repris par toute l'assemblée. Tout était chanté par cœur et avec joie et conviction.

Nous y avons entrevu plusieurs amies et connaissances. Avant de quitter l'assemblée nous avons pris le thé qui nous était offert et nous avons reçu de la part de plusieurs femmes dont la sœur du Cheikh des souhaits pour d'autres rencontres.

Pte Sr Karima

UNE SESSION BIBLIQUE Du 26 au 31 décembre 2011 a eu lieu à Alger une session biblique animée par le P. José-Maria. Nous étions treize personnes. Ce fut une source de découverte, d’approfondissement et également une révision sur certaines choses pour moi. Nous avons commencé par voir ce que représente la Bible pour nous. La Bible est une Parole de Dieu, une parole écrite, la parole d’un peuple ; elle est une expérience de foi vécue qui peu à peu est devenue tradition orale et texte sacré. Pour décortiquer tout cela, nous avons vu le Pentateuque qui contient la Loi et l’histoire d’Israël. Ces livres nous rappellent que Dieu est fidèle à ses promesses. Ensuite les Prophètes, leur importance et comment leurs paroles ont pris le vrai sens. Quand l’arche de Dieu a été enlevée du Temple, il ne restait plus que des paroles pour encourager la foi du peuple. Puis les Psaumes qui sont des poésies qui transmettent une expérience de foi vécue Et les évangiles. D’où viennent les ressemblances et différences ? L’essentiel est-il dans les ressemblances ou dans les différences ? L’essentiel est de comprendre le message qu’ils veulent nous transmettre, mais aussi les deux sont des richesses pour nous. Nous avons parlé du Coran et de la Bible, ce qui diffère et ce qui est commun. J’ai été contente d’avoir quelques informations sur cette question. Ainsi s’est achevée la session dans le désir d’approfondir davantage ma connaissance biblique et dans l’espoir d’avoir une suite. Nous avons terminé par une messe d’action de grâce.

St Colette KONÉ

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Informations Des dates à retenir et des réunions à porter dans la prière : 27-29 février : réunion à Alger de l’USMDA (Union des Supérieurs Majeurs d’Algérie). 1er mars : réunions à Alger de l’ADA (Association des Diocèses d’Algérie) et de

l’ACRCA (Association des Communautés Religieuses Catholiques d‘Algérie). 3 mars à Oran : appel décisif de catéchumènes du diocèse (9 h : rencontre des

catéchumènes avec l’évêque ; 11 h : célébration à la cathédrale). 9 mars : récollection de carême à Sidi Bel Abbès. 19-21 mars : récollection des étudiants à Tlemcen. 29-30 mars : célébration, à Notre Dame d’Afrique d’Alger, de la Journée des Jeunes

Chrétiens en Algérie (JAJ), en communion avec les célébrations mondiales à l’occasion des Rameaux.

Repas de Noël des aînés Le dimanche 11 décembre, le Centre diocésain s’anime. En effet, comme chaque année, l’hôtel Sheraton offre un repas de Noël pour les personnes d’un certain âge, mais aussi pour celles qui sont seules. Occasion de se rencontrer, de se rappeler des bons souvenirs ou de faire connaissance avec d’autres. Ainsi une soixantaine de personnes se sont retrouvées, honorées par la présence de M. le Consul général de France et de son épouse, ainsi que par celle de Mgr Teissier. Un grand sapin au fond de la salle et une crèche attiraient l’attention de l’assistance. A la fin, une chorale nous a fait entendre des chants de Noël. L’ambiance était conviviale, fraternelle, joueuse.

Sr Claire -Marie Chez les Sœurs franciscaines de Sidi Bel Abbès

Le 19 janvier Sœur ANTOINETTE MARINO a quitté Sidi Bel Abbés après 16 ans de présence parmi nous où elle accomplissait sa mission d’accueil. Dans les derniers mois de l’année 2011, la maladie a pris le dessus, nous lui avons procuré les soins nécessaires. Maintenant elle continue sa convalescence à Tunis, le pays qui l’a vu naitre. Elle est heureuse de ce retour à ses origines. Que la grâce du Seigneur l’accompagne en cette étape de la vie, elle nous reste proche par sa prière.

Nous avons la joie d’accueillir parmi nous Sœur HELENA KANG, Coréenne. Arrivée avant Noël, elle nous a bien aidées auprès d’Antoinette. Avec ses énergies nouvelles, nous sommes reparties vers l’inconnu. Maintenant nous lui souhaitons une bonne adaptation et beaucoup de grâces dans son nouveau ministère auprès des femmes.

Amaya et Malgorzata, fmm.

Décès COLETTE

Sœur Colette Calle, de la Congrégation des Sœurs Maristes, est décédée subitement à Adrar dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Il y a une quarantaine d’années, elle était à Tiaret et travaillait comme infirmière à Sougueur. Plusieurs personnes du diocèse sont allées à son inhumation à Ghardaïa.

Quelle surprise que l’annonce du décès de Colette ! Pour moi, elle était essentiellement une « Vivante », pleine d’entrain et d’enthousiasme, ne ménageant jamais sa peine. Avec son physique, toujours jeune, elle semblait indestructible, même si on pouvait deviner parfois ses fragilités.

Je l’ai rencontrée surtout à Béni-Abbès, pendant plusieurs années, et en particulier, pendant les Semaines saintes et fêtes de Pâques avec les Communautés d’Adrar et de Timimoun. C’étaient des temps fort intenses de recueillement, de prière et de vie fraternelle. Colette était sur tous les fronts, aussi bien dans les tâches matérielles que dans l’animation spirituelle. Elle avait à cœur de soulager le travail de chacun, attentive et efficace.

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Nous retrouver à Ghardaïa, en ce jeudi 5 janvier, a été son dernier cadeau. Une fois de plus, elle a été une « rassembleuse ». Malgré la tristesse de son départ, nous avons goûté à la joie des retrouvailles. Toutes les communautés du sud étaient représentées, et nous qui venions du nord, avons le bonheur de les retrouver après parfois de longues absences. L’attente au cimetière du « permis d’inhumer » a permis à chacun d’évoquer les souvenirs de ce que nous avions vécu avec elle, de ce qu’elle avait été pour chacun… J’ai admiré la patience et la sérénité de chacun dans cette attente imprévue.

La messe de sépulture, recueillie, nous a permis de rejoindre Colette dans ce qu’elle était au plus profond d’elle-même : une priante. Des gestes touchants et symboliques nous ont aussi rappelé sa vie donnée aux autres : des instruments d’infirmière dans l’attention aux plus petits près des femmes et des enfants, des objets de travail manuel nous disant le souci qu’elle portait aux femmes… et aussi ce collier, venant des Iles, offert au P. Claude Rault, rappelant son choix de vie dans la Congrégation des Sœurs Maristes. Les chants simples, en français et en arabe, ont soutenu notre prière.

L’après-midi, le permis d’inhumer étant enfin arrivé, nous nous sommes retrouvés au cimetière autour de son cercueil : moment de grande émotion avec l’adieu de ses Sœurs, Patricia et Christiane, du Père CL. Rault, de ses amis algériens particulièrement émus et de quelques autres. Tous ont dit leur gratitude pour ce que Colette avait été pour eux dans les différentes étapes de leur vie et de la sienne ; ils ont dit surtout ce qu’elle restera à jamais dans leur cœur : une « sœur ».

A Dieu, Colette, tu as rejoint Celui à qui tu avais consacré ta vie… et nous n’avons aucun doute : ces retrouvailles ont été joyeuses.

Annie BOUYÉ Madame Nelly DURR, née Capisano, est décédée le 6 février à Oran, dans sa quatre-vingt onzième année.

Publications La parution des Cahiers Évangile se poursuit régulièrement. Le n 157 (septembre 2011) publie un dossier passionnant sur « Traduire la Bible en français ». Occasion de rouvrir le n° 7 de la revue Pax et Concordia et son dossier sur la traduction. A la fin du numéro, plusieurs ouvrages sont recensés. Signalons-en un : Raymund SCHWAGER, Avons-nous besoin d’un bouc émissaire ? (traduit de l’allemand, Flammarion 2011, 363p., 24 €). L’auteur est un jésuite allemand. C’est en 1978 qu’il a publié ce livre qui « se propose de vérifier la fécondité de la théorie de Girard pour une lecture synthétique de la question de la violence dans l’Ancien et le Nouveau Testament ». Traduction tardive d’un travail qui est le fruit d’un « dialogue théologique engagé avec l’œuvre de Girard, alors à ses débuts ». Mais traduction bienvenue. Le n°158 (décembre 2011) est intitulé « le couple dans l’Ancien Testament », étude réalisée par Bernard Pinçon, doyen de la faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon. Dans l’Orient antique, « des récits mythiques et des pratiques rituelles sacralisaient la sexualité comme expression d’une puissance de vie... La littérature biblique se démarque nettement quand, parlant d’amour, elle se concentre sur des couples humains. » L’auteur en passe toute une série en revue, avec leurs histoires heureuses, ou difficiles, et parfois scandaleuses. De nos jours, les cieux ne sont plus habités par des dieux et des déesses dont les aventures pouvaient faire rêver les braves gens d’ici-bas ; mais on peut toujours fantasmer sur les princes et les princesses, sur les stars et les top-models, de sorte que les pages de la Bibles n’ont peut-être pas totalement perdu de leur utilité.

Jean-Louis DÉCLAIS

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CAMPAGNE DE PARTAGE Dans sa lettre de carême, le Pape nous rappelle

que : « Le carême est un cheminement marqué par la prière et le partage, par le silence et le jeûne, dans l'attente de vivre la joie pascale. » Et il ajoute : « Faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les œuvres bonnes. » Pour ce carême, nous vous proposons de tourner nos cœurs et nos regards vers ceux de nos frères les plus démunis et nous vous proposons des cas concrets :

• Des paniers sont distribués chaque mois à des familles démunies.

• Avec les nombreuses naissances chez les migrants subsahariens, nous avons besoin de layette et de vêtements pour jeunes enfants.

• Des familles souffrent du froid et nous demandent des couvertures et des chauffages, des vêtements chauds.

Au nom de toutes ces personnes, nous sollicitons votre aide matérielle. Nous vous remercions de votre solidarité avec les plus pauvres que nous côtoyons chaque jour.

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A PROPOS DES ABONNEMENTS

Administration Evêché d’Oran - 2, rue Saad ben Rebbi. DZ - 31007 Oran el Maqqari Téléphone : (0) 41 28 33 65 ; Fax : (0) 41 28 22 21 ; : [email protected]

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Pour le Maghreb 300 DA Règlement : Administration Évêché C.C.P. 403 – 53 - Clé 87 – Alger

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Pour l’étranger 23 € les chèques sont à faire à l’ordre de :

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Pour une gestion optimale de nos fichiers, nous prions les abonnés et réabonnés d’expédier ce coupon dûment rempli à : « Évêché d’Oran – 2, rue Saad Ben Rebbi , 31007 Oran el Maqqari Algérie » <<

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à l’ordre de « A.D. Nimes Pomaria », le……………………………..………2012

SOMMAIRE

Éditorial

• Chandeleur. Rencontre du Seigneur A. Georger 3

Église universelle

• Message du Pape pour le Carême Benoît XVI 5 • De l’Égypte à l’Afghanistan et à Gaza J.J. Pérennès 7 • Séparation des religions et de l’État au Liban Mgr Raï 10 • Chrétiens arabes et Église universelle Mgr el-Sayah 10 • Une mission nigérienne au Nigéria Mgr Cartatéguy 11

Au Maghreb

• Nomination surprise de Mgr Maroun Lahham 13

Église en Oranie • Noëls cosmopolites Th. Becker 14 • Pierre Claverie : mémoire vivante J.-L. Déclais 15 • Vibrant hommage à l’ami des « autres » Mihoub 16 • One man show à la maison diocésaine Sr Marie-Claude 17 • De la Pampa à la Sebkha Sr Liliana 19 • Célébration du Mawlid Pte Sr Karima 20 • Une session biblique. Sr Colette Koné 20 • Informations 21 • Campagne de partage 23

Publications

• Cahiers Évangile n° 157 et n°158 J.-L. Déclais 22