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Le Lien Diocèse d’Oran 2, rue Saad Ben Rebbi 31007 Oran el Makkari ALGÉRIE n° 402 août - septembre - octobre 2016

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Le Lien

Diocèse d’Oran 2, rue Saad Ben Rebbi 31007 Oran el Makkari

ALGÉRIE

n° 402

août - septembre -

octobre 2016

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Éditorial VOUS AVEZ DIT MARTYRS ?...

Le 17 septembre dernier, nous avons vécu une très belle journée autour des dix-neuf d’entre nous à qui a été prise la vie donnée par tous les membres de l’Église durant ce que l’on a appelé la décennie noire. Dix-neuf ont versé leur sang, mais tous l’avaient offert en acceptant consciemment un risque auquel ils auraient pu facilement se soustraire. Tous, à commencer par Mohamed Bouchikhi dont le magnifique testament spirituel montre à quel point, selon les mots de Christian de Chergé, il avait « envisagé » cette issue si terrible quand on a un peu plus de vingt ans et la vie devant soi. Au nom de son amitié pour Pierre Claverie

C’est à l’initiative du frère Thomas Georgeon, postulateur de la cause en béatification, et grâce à l’accueil du Cardinal Barbarin, qu’a

été organisée cette journée de mémoire. Elle a été précédée la veille au soir par une très belle conférence de Monseigneur Teissier qui s’est attaché au regard que des Algériens ont pu porter sur l’attitude de l’Église et sur ces assassinats.

Parmi les différents temps de cette journée, j’en retiens deux : la rencontre de prière à la grande mosquée de Lyon et le grand banquet interreligieux de quatre cents personnes. Ces deux évènements ont permis de donner tout le sens de ces vies emportées non pas d’abord par des musulmans, mais avec des musulmans. Ainsi que l’avait déjà montré le colloque sur Pierre Claverie au printemps dernier, ce témoignage n’a pas moins de prix aujourd’hui qu’hier. Au contraire. La rencontre du 17 septembre, grâce à ces deux moments, a montré que la mémoire de ces évènements peut rassembler au lieu de diviser.

Un autre motif de surprise et de joie a marqué cette journée : elle avait été préparée avec grand soin par des personnes musulmanes et chrétiennes, heureuses de réussir quelque chose ensemble, et que l’on n’imaginait pas spontanément retrouver dans ce genre de manifestation. Interrogeant l’une d’elles sur la raison de son engagement dans l’organisation de cette manifestation, elle me répond : « Nous avons des amis musulmans, nous avons appris à nous découvrir et à nous connaître, et nous étions heureux de faire cela ensemble ! ». A ma question de savoir où ils s’étaient rencontrés, grande fut ma surprise d’entendre la réponse : « Lors des manifestations contre le mariage pour tous ! ». Un point les avait réunis, une même vision de la famille. Et à partir de ce point commun, la connaissance réciproque a fait tomber bien des barrières et des préjugés. Nous connaissons cela. Ce fut pour moi un motif de joie car cela signifie que d’autres lieux de rencontres en humanité, inattendus, peuvent se présenter qui inversent cette course folle à la diabolisation de l’autre.

L’autre motif de joie m’est venu de l’espérance qui a été donnée à notre frère Paul Desfarges de voir déclarés bienheureux les dix-neuf d’entre nous qui ont payé le prix du sang. Si cette béatification est un signe d’unité entre croyants musulmans et chrétiens et de reconnaissance des vies sacrifiées par tant et tant de d’anonymes, dont les techniciens croates égorgés à quelques kilomètres du monastère de Tibhirine le 14 décembre 1993 au nom de leur foi chrétienne, alors oui, nous pouvons déjà nous préparer à vivre un grand moment.

+ fr. Jean-Paul Vesco op

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La restauration du sanctuaire Notre Dame de Santa Cruz suit son cours… Voici quelques aperçus des travaux déjà effectués avant et après

La statue a été démontée, sa corrosion traitée,

ses lacunes restaurées ; les parties manquantes ont été reconstituées avec une résine spéciale -

et elle a été protégée durablement.

Le dôme : Des travaux importants de réparation du béton ont été réalisés pour redonner un aspect visuel régulier et une nouvelle pérennité structurelle.

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Les façades Les enduits ont été refaits à neuf et les teintes ont

fait l’objet d’échantillonnages. L’harmonie avec les teintes ocres de la colline a été privilégiée.

La restauration a permis le remplacement de certaines pierres, un nettoyage délicat des autres

et la réfection de tous les joints.

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Les événements de l’été

JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE

Accompagnés par le P. Jean-Paul Vesco, les fr. Pascal et Mariusz et quelques autres adultes, une trentaine de jeunes constituaient la délégation algérienne aux JMJ de Cracovie du 26 au 31 juillet. Plusieurs ont laissé quelques réflexions par écrit. « C’est une expérience à vivre plutôt qu’à raconter. » « Je manque de mots pour la qualifier. Aux JMJ, il n’y a plus d’Italiens, de Burundais, d’Algériens, de Français, de Polonais, il y a des chrétiens, des JMJistes et chacun à sa façon apporte quelque chose de merveilleux. Il y a une joie qui me dépasse. » Tous disent combien ils ont été heureux de découvrir la Pologne et d’y recevoir un accueil aussi chaleureux de la part de la population en général, et des frères capucins de Cracovie en particulier (« Ils ont changé mon avis sur la vie religieuse, moi qui pensais que c’est une vie fermée et restrictive… »). Expérience de prière collective, certes, « mais il n’y avait pas que la prière, il y avait aussi cette nécessité de vivre ensemble, depuis le petit groupe jusqu’à l’ensemble des participants : faire la chaîne pour les repas, les toilettes, marcher à petits pas à la cadence de la foule pour aller et venir… Parfois, c’était fatigant, mais on était toujours joyeux et souriants. »

C’est aussi un temps d’enseignement grâce aux diverses catéchèses et aux homélies du Pape. « Il nous a encouragés à être des jeunes vivants, à ne pas vivre comme des retraités, à être l’espérance du futur et à laisser de bonnes empreintes partout où nous irons. » On n’oublie pas pour autant les problèmes du monde. « Cette ambiance a fait que

je me suis posé certaines questions : Pourquoi la guerre ? Pourquoi la violence dans le monde ? Vivre ensemble est possible, c’est à nous de le vouloir. » La visite du camp d’Auschwitz-Birkenau a rappelé à tous les tragédies du siècle passé (on a découvert l’histoire de Saint Maximilien Kolbe).

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Témoignage de fr. Pascal.

On ne peut pas dire que je sois fan des JMJ ! Chrétiennes ou pas, ces grandes foules ne me disent rien qui vaille. Au mieux, elles ont la ferveur de celles des stades de football ou de rugby. Au pire, elles acclament des chefs qu'elles suivent aveuglément, comme un troupeau. Les évangiles ne sont pas tendres avec elles. A moins de m'y baigner en manifestant pour une cause que je pense juste, en général, je les évite.

Mais notre groupe n'était pas une foule ! Tout le contraire : malgré mon parachutage, un accueil chaleureux m'a été offert au sein d'un collectif plein d'attention aux autres, de délicatesse,

tissé de relations

fraternelles simples et authentiques. J'ai perçu avec beaucoup d'intensité et de gratitude ce que ces jeunes africains, algériens ou sub-sahariens, vivaient de convivialité profonde, de joie débordante et communicative, de foi vive et curieuse. Nous n'étions pas des moutons, même si nous nous sommes volontiers laissés

conduire par frère Mariusz, poisson agile dans les eaux polonaises, chien de berger solide et attentif aux dangers, à l'écoute de son Maître, et le nôtre. J'ai personnellement beaucoup goûté les témoi-gnages de l'histoire de la Pologne dans chaque lieu

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visité. Ce pays démontre existentiellement comment la foi peut soutenir un peuple dans ses vicissitudes, combien elle peut être récompensée de moments de joie et de libération. J'ai aussi mieux apprécié la figure de saint Jean-Paul II, Karol Wojtyła, grâce en particulier à la visite de sa ville natale, aux signes posés un peu partout de son influence et de la force de sa pensée et de son action, encore vives aujourd'hui. Le père Bernard n'est pas pour rien dans cet apprivoisement. Ce temps de grâce, achevé avec une journée agréable et fraternelle en compagnie de notre évêque Jean-Paul, m'a donné encore plus le désir de rejoindre la terre africaine. A bientôt donc, In sha' Allah !

Les JMJ, ça finit comme ça !

PÈLERINAGE À ROME (photos de Luc Feillée)

Dans le cadre de l’année

sainte de la Miséricorde décidée par le pape François, les quatre diocèses d’Algérie ont envoyé à Rome pendant la dernière semaine de septembre une délégation d’une quarantaine de personnes, guidée par Mgr Paul Desfarges et le P. Michel Guillaud, tous deux de Constantine. Hébergés chez les Pères Théatins à S. Andrea della Valle dans le Centre historique de la ville, les

pèlerins étaient bien placés puisqu’ils pouvaient faire leurs

déplacements à pied. Et la marche à pied est bien le meilleur moyen de découvrir une ville. Chacun aura vécu cette expérience selon ce qu’il est. En interrogeant l’un ou l’autre, on peut dégager quelques points.

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1) La présence du passé. « Dès mon arrivée à Rome, j’ai senti que j’avais sous les pieds les traces d’une histoire immense. » C’est visible partout avec les grands monuments de la Rome antique toujours en place (Colisée, Panthéon…) ou les bouts de murs aperçus à tous les carrefours. Et ce fut particulièrement sensible lors de la visite de l’église Saint Clément : l’étage supérieur est une église du 12e siècle avec une mosaïque qui illustre la fécondité de la croix, arbre de vie ; en-dessous, on voit les restes d’une église plus ancienne, détruite lors d’un raid des Normands de Sicile ; et encore en-dessous, on marche dans des ruelles étroites vieilles de 2000 ans et on aperçoit un sanctuaire dédié au dieu Mithra.

2) La présence de l’Église (particulièrement dans le centre historique où non seulement les paroisses, mais les communautés religieuses et les diverses institutions se sont construit des églises, grandes ou petites) est très sensible, surtout pour un groupe habitué à voir des mosquées dans son entourage. « En marchant à Rome, j’entends des cloches, alors qu’en Algérie j’ai l’habitude d’entendre l’appel des mosquées. J’ai compris que, cloche ou mosquée, c’est toujours un appel à retrouver Dieu pour un moment d’intimité, d’adoration et de reconnaissance. Comme chrétienne algérienne vivant au milieu des musulmans, je me suis sentie heureuse. »

3) Le pèlerinage comporte un rituel. En l’occurrence il s’agit d’entrer dans les quatre basiliques majeures de Rome par une porte qui n’est ouverte que pendant les années jubilaires et qu’on appelle la « porte sainte ». « Certes, ce n’est qu’un rituel, dit l’un, ça n’a rien de magique, et pourtant en passant la porte pour entrer dans Saint Pierre, je sais que j’ai vécu quelque chose de fort. » Ou encore : « J’ai eu l’occasion de la passer deux fois. La première fois j’ai prié pour moi, ma vie, mon avenir, ma famille, les blessures de ma vie. La deuxième fois, j’ai pensé à mon Église d’Oran, aux prisonniers pour lesquels le P. Thierry a ouvert une “porte de miséricorde” dans leur prison, à toutes les portes que nous franchissons tous les jours, celles de nos maisons, de la

bibliothèque où je travaille, toutes celles du Centre Pierre-Claverie franchies tous les jours par des migrants, des étudiants et tant d’Oranais et d’Oranaises en quête d’un service, d’une activité ou d’un simple accueil. Désormais, pour moi, ce ne seront pas des portes ordinaires. »

4) Pour l’audience du mercredi, le groupe s’est trouvé placé au premier rang, à quelques mètres du Pape. Les groupes les plus divers emplissaient la grande place. Comme chaque mercredi, le Pape a donné son enseignement en italien, lequel a été ensuite résumé en français, anglais, espagnol, portugais, arabe, polonais, etc. avec mention des groupes correspondants.

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« Je garde dans mon cœur le regard du pape François qui a croisé le mien sur la place Saint-Pierre. » Et on a écouté avec émotion le carillon de plusieurs cloches, placé devant la foule,

qu’un carillonneur fait sonner pour accompagner les chants.

5) La rencontre avec le cardinal Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a été un moment important. « Il nous a écoutés, il a entendu les différences qu’il y avait entre nous… »

De quoi parler encore ? Peut-être de la visite chez les Petites Sœurs de Jésus à leur

maison générale dans les jardins de la Trappe de Tre Fontane, dans la banlieue de Rome, là où la tradition situe le martyre de saint Paul ; l’une d’entre elles, Sr Jeanne, 97 ans, fut une des premières compagnes de leur fondatrice, la Pte Sœur Madeleine ; elles étaient heureuses de goûter aux dattes et de recevoir le drapeau algérien (à chaque rencontre en effet on offrait un souvenir du pays).

Également de la présence au milieu de nous du P. Paul-Élie Guennoun, un prêtre de Toulon. Et aussi de la visite au Séminaire Français où des jeunes de divers diocèses de France sont en formation ; répartis entre toutes les tables, nous avons partagé leur repas, souvent fort étonnés des idées fausses qu’ils ont sur la vie de la communauté chrétienne en Algérie. Enfin de la visite à la basilique St Barthélémy, dans l’île du Tibre, récemment choisie pour abriter le souvenir des martyrs chrétiens de l’époque contemporaine.

« En visitant toutes ces différentes communautés, j’ai compris

que chacun fait un travail qui complète celui des autres. C’est comme un puzzle, comme les briques qui, chacune à sa place, construisent l’unique maison de Dieu. »

Des pèlerins

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ROUEN ET ORAN, 26 JUILLET ET 1er AOÛT

Après le massacre du 14 juillet à Nice, le meurtre du P. Jacques Hamel dans son église près de Rouen, le 26 juillet, ravivait en Algérie de douloureux souvenirs. Ne voulant pas se

contenter des habituels communiqués de presse au langage souvent convenu, les autorités musulmanes en France ont suggéré à leurs fidèles de se rendre dans les églises pour assister à la messe en signe de solidarité et de protestation. C’est ainsi qu’à Oran plusieurs musulmans étaient à la messe du dimanche 31 juillet. L’un d’eux me dit en arrivant : « J’ai téléphoné à un ami en France pour qu’il aille à la messe en mon nom. Il m’a répondu : Il y a sûrement une messe à Oran, vas-y donc de ton côté. »

Le lendemain 1er août, vingtième anniversaire de la mort de Mgr Claverie, je célébrais la messe chez les Petites Sœurs des Pauvres, solennisée par la présence d’Amilton et de sa chorale. Là encore, un bon groupe de musulmans ont voulu être présents. C’était aussi la première apparition à Oran du P. Henry Osuji (voir p. 19) et le premier anniversaire de son ordination, ce que la chorale n’a pas manqué de fêter.

Jean-Louis DÉCLAIS

CÉLÉBRATIONS LYONNAISES Les vendredi et samedi 16 et 17 septembre, l’Église de

Lyon a organisé deux journées de célébration en souvenir des prêtres et religieuses tombés en Algérie il y a une vingtaine

d’années, ainsi que des autres victimes, chrétiennes et musulmanes, de cette période. Dans une conférence, Mgr Teissier a parlé du témoignage des musulmans sur les victimes chrétiennes, rappelant que plusieurs d’entre eux ont payé de leur vie leur solidarité avec les chrétiens présents en Algérie.

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Le samedi matin, dans la crypte de Saint-Irénée, le P. Thomas Georgeon, postulateur de la cause de béatification a réuni les représentants des familles des victimes et de leurs congrégations religieuses pour leur parler de l’avancement de la cause et du sens qu’il faut lui donner dans le cadre du dialogue interreligieux.

L’après-midi, à la mosquée principale de Lyon, il y eut un moment

de prière avec les musulmans. L’un d’entre eux a évoqué sa visite à Tibhirine. Les deux journées s’achevaient dans la soirée avec une messe à Fourvière.

Notre diocèse était représenté par notre évêque, par trois Sœurs de Notre-Dame-des-Apôtres (qui ont pu rencontrer les frères et sœurs de leur Sœur Bibiane, assassinée à Belcourt le 3 septembre 1995 en compagnie de Sœur Marie-Angèle) ainsi que par la mère et le frère de Mohammed Bouchikhi, tué à Oran le 1er août 1996 avec Mgr Claverie.

RÉCOLLECTION DIOCÉSAINE

Pour la 3ème année, le Focolare de Tlemcen accueille la « récollection diocésaine » en ce lundi 19 septembre. Cette rencontre est un succès, puisque chaque année nous sommes plus nombreux à nous retrouver (plus de 50 cette année).

Ce titre de « récollection » ne recouvre pas vraiment la réalité. Dans son mot d’accueil et de lancement, notre évêque, Jean-Paul, nous le rappelle : ces journées sont consacrées au « vivre ensemble », à la détente, à la joie des retrouvailles, à la convivialité ; il ne s’agit pas de « prise de tête » sur une réflexion, sur un bilan ou une préparation d’année ! Chacun a bien compris le message, et avec cette feuille de route, c’est dans la joie et la bonne humeur que nous commençons ces trois jours.

Jean Toussaint, que nous accueillerons bientôt dans notre diocèse, nous propose une lecture, souple, de la lettre pastorale de la CERNA. Cette réflexion nous servira de « fil rouge » pour nos échanges en petits groupes qui nous permettront de nous écouter sur nos vécus et de mieux nous connaître.

Nous aurons aussi un long temps pour les nouvelles du diocèse, données par Jean-Paul : départs, arrivées, attentes, espoirs, déceptions des refus, projets… Chaque communauté a pu aussi faire part de son vécu.

En dehors des pauses qui permettent des échanges plus personnels, des temps forts nous sont proposés. Nous n’oublierons pas la vidéo et les commentaires de Mariusz sur les

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JMJ ; nous avons partagé la chaleur de l’accueil des séminaristes polonais et de la famille de Mariusz. Que de joie et de fraternité partagées ! Nous avons aussi vécu, avec les jeunes, leur Taizé-Tlemcen de cet été : une foi vécue dans la joie

Pour l’année « Charles de Foucauld », les Petites Sœurs de Jésus nous ont présenté une vidéo sur sa vie et son message. Même ceux qui pensaient tout ( !) connaître sur Frère Charles y ont trouvé des nouveautés !

Nous n’oublions pas les liturgies préparées par chaque communauté et partagées avec ferveur par tous. Un grand merci à Naoumi et à Bernadette Michel pour leur disponibilité et l’ardeur qu’elles ont mise à nous rassasier. Bonne année 2016-2017 à tous.

Annie BOUYÉ

TAIZÉ-À-TLEMCEN Comme chaque année depuis plus de dix ans, le Focolare de Tlemcen a accueilli du 15 au 28 août les deux sessions de « Taizé-à-Tlemcen ». Plus de 150 étudiants et étudiantes ont participé à ces deux moments de vie commune, de réflexions et de prière, organisés sur le modèle de ce qui se fait depuis des décennies en Bourgogne, sur la colline de Taizé. Comme d’habitude les animateurs étaient allés se former pendant plusieurs semaines à Taizé le mois précédent. Cette année, le thème de réflexion portait sur la « miséricorde ». Les deux photos de couverture de ce numéro viennent des rencontres de Tlemcen. Le 14 octobre, le fr. Aloys, prieur de Taizé, écrivait : Cher Jean-Paul, Du fond du cœur merci à toi et aux jeunes qui l'ont réalisée pour la belle vidéo qui donne en effet une bonne image des rencontres de Tlemcen, de l'atmosphère qui s'est établie entre les jeunes, du sérieux de leur prière et de leurs partages. Quelle belle possibilité de cheminement commun s'est mise en place à travers ces rencontres ! J'en suis très reconnaissant. Merci de ton appui pour les rendre possibles avec continuité.

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Étudiants

TÉMOIGNAGES D’ÉTUDIANTS FINISSANTS

De nombreux étudiants viennent de différents pays avec des cultures et des mentalités différentes et aussi des attentes diverses sur leurs études ici. En arrivant en Algérie, ils découvrent une autre réalité, certains sont déçus. D’autres tiennent jusqu'au bout et arrivent à terminer leurs études grâce aux communautés chrétiennes qui sont pour eux des lieux d'accueil. A la paroisse d'Oran quatre étudiants finissants ont fait part de leurs expériences.

En dehors d'étudier, j'ai participé aux nombreuses activités de la

paroisse d'Oran. On m’a fait confiance et on m’a donné des responsabilités (faire partie du conseil du bureau d’étudiants, animateur de la prière de Taizé) qui ont tellement fortifié ma manière de vivre, sociale et spirituelle. J’ai été touché par les petits gestes, les amitiés entre étudiants, la possibilité de vivre ensemble en harmonie, choses que je n’avais jamais vécues au pays. J’ai surtout appris à parler français et à être responsable.

Ma vie à Oran est une preuve que Dieu répond à la prière que je formule depuis le lycée : « God make me a kind of man you want me to be. »

KABUYE Elkana, Ougandais, (Génie des procèdes, Bac +3 )

La paroisse d’Oran a été pour moi une place où j’avais toujours

envie de rester car, grâce à sa mission principale d’annoncer la bonne nouvelle à toute personne (pauvre ou riche) pour que nous devenions membres du corps du Christ, je me trouvais avec plein de gens venant de plusieurs nationalités et ayant diverses cultures, on priait ensemble et on partageait beaucoup de choses. Cette paroisse a une particularité dans toute l’Algérie quant aux célébrations de messes : Elle accueille beaucoup de gens pendant la messe et c’est là où j’ai eu l’impression d’être dans mon pays.

Être choisi par notre aumônier en tant qu’accompagnateur des catéchumènes est une expérience qui m’a permis de découvrir davantage

comment m’exprimer sur ma foi sous différents aspects et différentes questions que me posent certaines personnes en rapport avec ma foi.

Tout cela m’a aidé à entretenir ma vie spirituelle, ça a ravivé mes besoins de vivre en tant que chrétien. Bref, la paroisse m’a tout donné pour pouvoir vivre en tant que bon chrétien catholique, mais aussi comme un homme mature pouvant faire des choix meilleurs dans sa vie.

NIYONKURU Dieudonné, Burundais (Physique théorique, Bac +5)

En dehors de l’ambiance de la vie à la cité, le Centre Pierre-Claverie

est un endroit où on se sent chez soi et bien accueilli. Au centre, comme j’appelle communément l’église, j’ai fait la connaissance de plusieurs personnes très amicales et de diverses nationalités. Les liens que nous avons tissés tant à la cité qu’à l’église ont fait de toutes ces personnes ma nouvelle famille en Algérie.

Comme dans une famille chacun a un rôle particulier. Faisant partie de la chorale d’Oran j’ai vécu des meilleurs moments à la paroisse. En Algérie plusieurs perdent leur foi du fait des circonstances et du mode de vie. Alors, en plus d'être une paroissienne d’Oran, le fait d’être un membre de la chorale m’a aidée à toujours rester proche de Dieu dans tous mes mauvais moments pour continuer de le louer et l’adorer. C’est Dieu qui m’avait

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permis d’être en Algérie et c’est Dieu seul qui pouvait me faire vivre dans ce pays. Ainsi, j’exhorte tous ceux qui ont eu la grâce et le privilège de faire partie d’une paroisse quelconque, de ne pas se limiter à être un simple paroissien mais d'intégrer une fonction (chorale, lecteur, servant de messe...) pour la gloire de Dieu et aussi pour participer au bon fonctionnement de la paroisse et avoir une famille spirituelle dynamique. Je rends gloire à Dieu pour mon passage en Algérie et dans la paroisse d’Oran.

Sara Joyce LOUPOUPOU, Congolaise (Bac +5)

Être à la paroisse d’Oran, c’est comme si vous assistiez aux sommets de l’Union Africaine, où tous les représentants africains te regardent. On y apprend comment être en relation avec des personnes de différentes cultures, et surtout de différentes religions. Cela m’a beaucoup aidé. Cette opportunité, je ne l’aurais jamais obtenue mais la paroisse me l’a donnée sans frais. Elle a également construit ma vie spirituelle, a changé ma façon de voir les choses dans la vie notamment en Algérie.

Vive la paroisse d’Oran… Maintenant je sais comment danser comme les Cap-Verdiens !

Eng. Enock Jacob MASINDE, Ougandais (Génie civil, Bac +3)

Côté migrants

LIONEL 14 juillet 2016. Aujourd’hui nous allons enterrer Lionel (Dansoko Noumou), un migrant qui

avait disparu depuis plus de deux mois et qu’on a retrouvé mort aux alentours de Tiaret. Le docteur Ilyès fait le déplacement avec Lotfi, tous les deux de l’association Médecins du Monde d’Alger. A Tiaret nous retrouvons Mariusz qui les jours précédents a fait toutes les démarches auprès du procureur général, bien aidé par Madjouba, notre amie assistante sociale qui connaît beaucoup de monde à Tiaret, pour que nous puissions récupérer le corps à l’hôpital et aller l’enterrer dans le petit cimetière chrétien de Mellakou sous l’ombrage des pins d’Alep et aux cotés d’Edwige et de M. et Mme Robillard décédés il y a quelques années.

Une quinzaine de migrants sub-sahariens dont Gifty, l’épouse de Lionel, sont arrivés d’Alger dans la nuit accueillis par Mariusz et René.

Arrivant à Tiaret nous apprenons le décès de la petite sœur de Madjouba dans la nuit, à l’hôpital de Tiaret où elle avait été admise d’urgence quelques jours plus tôt.

Nous aurons donc deux enterrements à célébrer ce jour-là. Nous allons chez le procureur avec Gifty. Elle est reçue avec délicatesse par cet homme

qui refuse qu’elle s’incline devant lui car « Ne vous inclinez jamais devant les autorités, Madame, vous êtes en Algérie et ce pays respecte les droits et les personnes ». Quelques jours auparavant Gifty avait reconnu les vêtements de son mari et sa montre.

Le juge d’instruction reçoit ensuite Gifty et lui déclare qu’elle peut se porter partie civile dans le jugement des assassins de son mari. Que son statut d’étrangère lui donne néanmoins tous ces droits. Le juge parle aussi longuement avec Ilyès.

Sortant du Palais de justice, nous allons d’abord voir M. Djillali, notre ami menuisier qui a préparé le cercueil en beau bois blanc bien poncé.

Puis nous allons, toujours avec le docteur Ilyès, présenter nos condoléances à Madjouba et sa famille chez une des sœurs de Madjouba, en haut de la ville tout près de la koubba de Sidi Khaled. Une assemblée nombreuse se presse à la maison. Madjouba vient vers nous et se jette dans nos bras, le visage ravagé par les larmes sous son voile ; sa douleur est immense. Sa maman est

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dans la maison. Nous ne la verrons pas. Il y a trop de monde. Je ne trouve pas de mots pour dire à Madjouba que nous voulons être avec elle mais qu’il nous faut aller enterrer Lionel et que nous ne pourrons accompagner sa sœur au cimetière.

A ce moment-là me vient à la mémoire le récit de la visite de Jésus aux deux sœurs de Lazare au moment de sa mort… Justement la sœur de Madjouba, Myriam est restée en bas, à la maison, pour être auprès de leur vieux papa bien malade. Nous allons aussi les visiter.

Il est l’heure d’aller chercher le corps de Lionel à l’hôpital. Un mini-bus retenu par notre ami Belkacem emmène la quinzaine de migrants. Devant la morgue, la camionnette commandée par M. Djillali nous attend avec le cercueil. Il y a aussi une escorte de gendarmes qui seront là pour accompagner notre cortège tout au long du chemin.

Les employés de la morgue nous facilitent les choses. Nous découvrons le corps de Lionel. C’est difficile ! Il nous faut faire vite. Avec deux migrants nous le déposons dans le beau cercueil enveloppé dans des draps donnés par l’hôpital et nous le refermons. Les compagnons migrants de Lionel portent le cercueil sur la camionnette et prennent position auprès de lui pour le trajet d’une quinzaine de km jusqu’au paisible village et petit cimetière de Mellakou, escortés par la gendarmerie qui doucement nous ouvre la route.

Les employés de la mairie et quelques hommes sont là qui nous attendent et qui ont préparé avec soin le lieu du repos de notre frère, creusant un espace profond dans la terre pour y accueillir le cercueil.

Les expressions des femmes migrantes en deuil nous déroutent un peu et je ne sais trop comment je dois faire pour accomplir les rites de l’ensevelissement. Le geste de l’eau, quelques paroles venues de l’Évangile et une pelletée de terre jetée sur le cercueil descendu au cœur de la terre. Notre frère est arrivé au bout de sa migration et repose à présent dans la terre d’Algérie dans le petit cimetière de Mellakou. Dans quelques semaines Gifty reviendra pour faire faire une belle tombe. Nous repartons alors que les employés de la mairie finissent le travail d’ensevelissement.

Au retour me vient la suite du récit de l’Évangile de la résurrection de Lazare : « Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : “Enlevez la pierre.” Marthe, la sœur du défunt, lui dit : “Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là.” Alors Jésus dit à Marthe : “Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu.” »

Je crois bien qu’aujourd’hui j’ai vu la gloire de Dieu. « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme c’est la vision de Dieu ». Cette célèbre citation de saint Irénée, il me semble bien qu’elle s’est vérifiée ce jour-là. C’était cette humanité vivante, solidaire et digne, rassemblée autour de Madjouba et sa famille et de Gifty et sa famille de migrants. C’était l’humanité des autorités judiciaires, policières, des employés de l’hôpital et de la mairie. C’était la présence d’Ilyès.

Au retour dans la voiture qui nous ramène à Oran, IIyès écrit sur son compte Facebook : « Une solidarité entre musulmans et chrétiens ; une brigade de

gendarmerie au service des victimes ; un procureur de la république juste et humain ; un jeune juge d'instruction, juste et décidé à ce que la migrante qui a retrouvé son mari mort dans une forêt se constitue partie civile pour que justice soit faite ; un enterrement d’une musulmane algérienne puis d'un migrant chrétien ; des larmes de peines mais aussi de joie : Telle a été ma journée et telle a été mon Algérie aujourd’hui. Aujourd’hui j’étais plus que fier de mon Algérie. Merci à toutes les personnes qui ont fait partie de cette journée. »

Et je me suis souvenu : c’est l’année de la miséricorde. La septième œuvre de miséricorde est justement de donner une sépulture aux morts. Comme dit Ilyès, c’était une peine et aussi une joie d’avoir pu entourer Madjouba et Gifty et de donner ensemble à nos morts une digne sépulture

Hubert LE BOUQUIN

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L’ŒUVRE SCIENTIFIQUE DE CHARLES DE FOUCAULD

Le 21 octobre à Oran, on a voulu commémorer avec quelques semaines d’avance le centenaire de la mort de Charles de Foucauld (les 1er et 2 décembre, Alger en fera la célébration à la date précise). La messe célébrée en fin de matinée était donc celle du bienheureux Charles de Foucauld. L’après-midi, une douzaine de panneaux réalisés par Luc Feillée (Ghardaïa) étaient exposés dans le hall d’entrée de la salle de conférence. Avec photos, schémas et texte bilingue, ils présentent les grandes étapes de sa vie, sa postérité religieuse et son œuvre scientifique. Et c’est cette œuvre scientifique qui a été l’objet de la conférence de M. Dominique CASAJUS, directeur de recherche au CNRS, spécialiste du monde sahélien, bon connaisseur de la culture et la langue des Touaregs.

A sa mort en 1916, Ch. de Foucauld était pratiquement inconnu du public. C’est le livre écrit par René Bazin à la demande de Massignon (Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, ermite au Sahara, 1921) qui le fit connaître, avant le fameux film l’Appel du silence. Dès lors, de Foucauld devenait un personnage « religieux » avec tous les clichés que cela implique (jeunesse militaire débauchée, conversion subite et radicale, etc.) Dans son livre

Charles de Foucauld, moine et savant, CNRS éditions, 2009), D. Casajus met en valeur son travail scientifique, à ce jour non dépassé en ce qui concerne la langue touarègue. Il s’attache également à préciser la nature de ses relations avec les gens du Hoggar. A vingt ans, Ch. de Foucauld était un jeune homme inquiet, mélancolique, manquant d’estime pour lui-même. Entré dans la carrière militaire sans conviction (à Saint-Cyr, il préfère lire les auteurs grecs et latins plutôt que de se plonger dans ses cours), il la quitte à 24 ans. Mais il était déjà un travailleur infatigable et méthodique, ses petits carnets d’arabe et de berbère en font foi. Et si, à 25 ans, il part pour une exploration au Maroc pleine de risques, c’est pour se prouver à lui-même qu’il est capable de faire quelque chose de sérieux ; et ce sera un succès puisque son travail recevra la médaille d’or de la Société de géographie de Paris. Après sa « conversion » de 1886, il est toujours à la recherche d’expériences extrêmes. La vie de moine trappiste ne lui suffit pas. De recherche en recherche, il aboutit en 1901 à Béni-Abbès, puis en 1904 à Tamanrasset pour une installation enfin définitive en 1905 après sa rencontre avec l’amenokal Moussa agg Amastan. Connaissant déjà un peu le berbère, il va se mettre à la langue des Touaregs qui est de la même famille. Il commence par essayer la traduction de quelques prières chrétiennes à partir de l’arabe, aidé par un métis arabo-touareg. Non qu’il ait l’intention de se faire missionnaire (il

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se veut moine et rien d’autre !), mais il pense à ceux qui viendront… et qui ne sont jamais venus. Vite, il se rend compte que, linguistiquement, c’est mauvais. Alors, première évolution, il comprend qu’avant de proposer sa parole aux Touaregs, il devrait les écouter et recueillir leur parole. Il fait alors appel à Motylinski, officier, professeur d’arabe et de berbère. Ils travaillent ensemble quelques mois. Motylinski emporte à Alger la matière d’un lexique et d’une grammaire (ce sera publié en 1908), mais il meurt du typhus en 1907. De Foucauld sait que l’œuvre est encore imparfaite, sa fibre scientifique se réveille et il se lance seul dans le travail. Et là, deuxième évolution, il réalise deux choses : la langue et la culture touarègues sont de grande valeur (« une langue bien plus belle et plus vaste qu’on ne croyait, à reconnaître », écrit-il à Massignon en 1909) et tout cela constitue un patrimoine en grand danger, car cette société nomade va profondément changer. Dans une lettre à René Basset, son éditeur algérois, il demande qu’on forme un jeune qui serait à la fois linguiste, ethnologue et archéologue auquel il fixe un programme de trente ans concernant non seulement les Touaregs du Hoggar, mais aussi ceux des autres régions. En attendant, il se met lui-même à faire ce travail pour le Hoggar, travaillant 11 heures par jour avec son collaborateur Ba-Hammou. « Se livre-t-on impunément à un tel programme, qui l’a absorbé bien au-delà de ce que la règle cistercienne eût exigé du trappiste qu’il a été ? Dans le tourment, le malaise et le scrupule, le savant et le moine ont fini par marcher d’un même pas… Cet asile qu’il cherchait à Béni-Abbès dans la méticulosité d’emplois du temps réglés à la demi-heure près, il l’aura donc finalement trouvé dans une activité de moine copiste poursuivie

sans relâche jusqu’à sa mort. » (p. 79). En 1915, il achève le grand Dictionnaire touareg-français de sa petite écriture régulière et avec ses dessins précis qui en font une véritable encyclopédie ; ce sera publié à Paris en 4 volumes en 1951-1952. Trois jours avant sa mort, il termine son travail sur les Poésies touarègues (dialecte de l’Ahaggar), qui seront publiées en deux tomes en 1925-1930. Dans son livre, D. Casajus insiste sur ce que Ch. de Foucauld a reçu des Touaregs au-delà de la documentation linguistique. Grâce à eux, il est enfin redevenu lui-même et il s’accepte tel qu’il est. A la fin de sa vie en effet, il signait tout simplement de son vrai nom Ch. de Foucauld, abandonnant les titres qu’il se donnait à lui-même dans ses années de recherche comme Fr. Marie-Albéric ou Fr. Charles de Jésus. « Il a cessé de se fuir. Sous-lieutenant peu conformiste et rapidement mis en non-activité pour inconduite, demandant

peu après à être réintégré dans un corps des officiers dont il démissionne huit mois plus tard, explorateur du Maroc au péril de sa vie, trappiste que l’inquiétude finit par faire quitter la clôture, valet des Clarisses de Nazareth à nouveau gagné par l’inquiétude après une courte période où la sérénité n’exclut pas quelques moments de sublime folie, puis prêtre libre dans un

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Béni-Abbès d’où l’insistance de Laperrine l’a bousculé, tel aura été de Foucauld jusqu’à son arrivée à Tamanrasset. Là, dans ces lieux arides et “délaissés”, il a enfin trouvé des raisons de demeurer, et le “mouvement à l’infini” qui n’avait cessé de le pousser de place en place a lentement pris fin. Je ne sais si l’homme qu’un adolescent a abattu dans un moment de panique au soir du 1er décembre 1916 avait enfin trouvé la sérénité, mais je veux croire que sa “pauvre et misérable vie, si mal commencée”, avait cessé de lui paraître “vide”. » (p. 89) Que ces quelques lignes vous incitent à lire tout le livre de D. Casajus. Le lendemain samedi, Dominique Casajus a fait la même conférence à Mascara devant un public de vingt-cinq personnes, fortement motivées et intéressées car connaissant bien le sujet.

J.-L. Déclais

PROGRAMME DE CLÔTURE

DU CENTENAIRE DE LA MORT DE CHARLES DE FOUCAULD

À ALGER JEUDI 1er décembre

• 19h à l’église d’Hydra : veillée de prière avec la famille spirituelle du P. de Foucauld

VENDREDI 2 décembre - Journée foucauldienne à Notre Dame d’Afrique

• 10h30 : messe solennelle • 12h : animation et repas pour tous dans le jardin de la nonciature • 14h-15h30 : 1ère conférence publique par le cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque de

Ouagadougou o Thème : L’Église et la pluralité des religions aujourd’hui. Réponses théologiques et

pastorales • 16h-17h30 : 2e conférence publique par M. Dominique Casajus, chercheur à l’Institut

des Mondes Africains o Thème : L’œuvre scientifique du Père de Foucauld et son rayonnement

aujourd’hui • 18h-19h30 : spectacle sur Charles de Foucauld : Comme un voyageur dans la nuit de

Bruno Durand et Benoît Weeger

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Informations Nominations

Mme Muriel de FAILLY, dont le mari travaille à Oran, a proposé ses services à l’Église d’Oran. Collaborant avec Marion, directrice de la bibliothèque du Centre Pierre Claverie, elle créera un espace de ludothèque au service des activités de l’Église auprès des enfants (Centre aéré du mardi après-midi sous la responsabilité de Béatrice, jardin des femmes sous la responsabilité de Danuta) et de nouvelles activités qu’elle pourra initier en relation avec les associations oranaises.

Suite au départ d’Amilton, Charles Jude MATUMBWE, ougandais, étudiant en médecine, rejoint Donatien pour le service d’accueil au Centre Pierre-Claverie. Nouvelles arrivées

Nous accueillons un nouveau prêtre spiritain ! Il nous vient du Nigéria et s’appelle Henry OSUJI. Nous nous réjouissons avec nos frères spiritains de Sidi-Belabbès et Mascara. Je m’appelle Henry Chimezie OSUJI. Je suis né le 12 décembre 1981. Bien que je sois du sud-est du Nigeria, je suis né et fait mes études scolaires dans le sud-ouest du pays. Pour ma formation religieuse chez les Spiritains, on m’a envoyé au sud-est du Nigeria où j'ai fait la philosophie et la théologie. J'ai appris le français au Sénégal et j'ai fait mon stage dans le sud de la Guinée. J’ai été ordonné prêtre au Nigeria le 1er août, 2015. Après mon ordination, j’ai travaillé dans une paroisse des Spiritains au sud du Nigéria pendant neuf mois, avant de venir ici en Algérie le 7 juillet 2016. Depuis mon arrivée ici, je passe le temps à découvrir le pays, à approfondir l’apprentissage de la langue française, à apprendre l’arabe, à rendre service par l’enseignement de l’anglais au Centre d’activités à Sidi Belabbès et par le service de l’eucharistie.

Père Henry Le P. Jean TOUSSAINT¸ prêtre à Alger depuis plusieurs années, nous rejoint et s’installe à Tlemcen auprès du P. Gérard Jeanningros. Les Sœurs Blanches d’Oran accueillent le retour d’une ancienne, Clémentine MUKAMPABUKA, et la venue d’Aurélie DUSHIME. Après un séjour à Alger, Malgorzata SEKOWSKA vient retrouver ses Sœurs Franciscaines à Sidi-Belabbès, Marie-Julienne-Rémi COULIBALY est arrivée chez les Filles du Cœur Immaculé de Marie. Elle va aider la sœur Maïsy dans la direction du Centre Pierre-Claverie : Je suis sœur Julienne Rémi Coulibaly, Fille du Cœur Immaculé de Marie, de nationalité malienne, du diocèse de Sikasso (3e région du Mali), paroisse de Kimparana. De profession, je suis secrétaire de direction. Je suis la benjamine d’une famille de 14 enfants (8 filles et 6 garçons). Les deux parents et neuf enfants étant au ciel, nous sommes deux filles et trois garçons tous mariés. J’ai fait ma première profession dans la congrégation le 30 septembre 2006 à Kati, diocèse de Bamako. Ensuite, j’ai été envoyée en mission dans la première région du Mali, diocèse de Kayes. Mon apostolat était auprès des femmes de la paroisse de Kayes, les jeunes, les enfants (AK), la chorale dont j’étais aumônière, la

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promotion féminine, la catéchèse des enfants scolarisés ou non. Là, je suis restée sept ans. En 2013, j’ai été envoyée à Sikasso dans mon diocèse pour m’occuper du Centre d’accueil diocésain Charles Lwanga où j’ai passé trois ans. Après mes vœux perpétuels le 6 août dernier, je suis envoyée à Oran pour remplacer au Centre diocésain Sœur Colette qui doit préparer ses vœux perpétuels. J’avais peur parce que je n’avais jamais servi ailleurs qu’au Mali, mais la crainte a disparu car j’ai été bien accueillie à mon arrivée à Oran le 7 octobre. Depuis Alger jusqu’à Oran, je suis tombée sur des gens très gentils et accueillants. Ma communauté m’a bien accueillie et mise à l’aise, le diocèse aussi à travers l’évêque et ses collaborateurs, la directrice du Centre et tout le personnel. Je suis contente de découvrir Oran, de servir le diocèse à travers le centre d’accueil et tout ce que le diocèse me confiera au nom de ma foi. Je remercie tout le monde pour ce que nous aurons à vivre et à partager au nom de Jésus-Christ.

Sr Julie Départs Les sœurs Jeanne (cf. le dernier numéro), Agnès et Colette ont quitté Oran, les deux premières pour un départ définitif, la troisième pour continuer sa formation. Sr Pauline a quitté Sidi-Belabbès pour faire une formation d’infirmière au Burkina et revenir dans deux ans. Et au début de novembre, Sr Bernadette LAENGY va quitter Hennaya pour des raisons de santé. Après ses premiers vœux dans la congrégation des Sœurs de Notre-Dame-des-Apôtres, elle fut infirmière à Sétif (1961-1967), puis à Constantine (1967-1971), à Alger (1971-1974). De 1974 à 1977, elle a suivi un stage de recyclage à Casablanca. Elle est revenue à Alger de 1977 à 1995, avec une interruption en 1982 pour une “reprise de vie” à Rome. Depuis 1996, elle était infirmière à domicile à Hennaya. Merci, Bernadette, pour toutes ces années et bon repos près de votre famille. Le samedi 22 octobre, une messe d’action de grâces a réuni autour d’elle la communauté de Tlemcen. Déplacements Le fr. Henri BONNET quitte Mostaganem pour Oran et le fr. Michael SEXTON fait le chemin inverse. Natalia TARRICONE a déménagé au Centre Pierre-Claverie. Nouvelles des anciens Josianne NGOUHADA est bien arrivée à Paris pour suivre des études à l’IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques). Amilton est à Reims ; il réside au foyer Saint-Sixte du Chemin Neuf. Elkana, ancien de l’équipe de rédaction du Lien, est à Grenoble, également dans un foyer du Chemin Neuf après avoir été accueilli chez des amis. Décès Le corps de Donald Christian DETCHOUA, décédé depuis plusieurs semaines, est passé à l’église d’Oran le 1er août avant son rapatriement à Cameroun. M. Frédéric BOUBA, migrant camerounais, décédé le 4 octobre, a été inhumé le 24 octobre au cimetière de Tamashouet (Oran). Plusieurs membres de la communauté ont eu des deuils dans leur famille proche. A tous et à chacun nous exprimons notre amitié.

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Dans La Croix du 19 août :

L’ÉGLISE ET LES ENFANTS DE « PIEDS-NOIRS »

« Beaucoup de gens dans mon entourage m’ont dit que mon récit leur donnait à eux aussi l’envie d’aller en Algérie. Mais je n’ai jamais reçu la moindre carte postale d’Alger ! », s’amuse Olivia Burton, dramaturge et auteur du roman graphique L’Algérie, c’est beau comme l’Amérique. Tiraillés entre leur désir de poser le pied en Algérie, les craintes pour leur sécurité, l’envie de rejeter au loin cette mémoire douloureuse, nombreux sont ceux qui hésitent à traverser la Méditerranée.

Pour ceux qui se lancent, l’Église d’Algérie sert parfois de guide, ou de point d’appui. À son arrivée à Alger, Olivia Burton a logé au centre des Glycines, un lieu d’études diocésain qui organise régulièrement des conférences animées par des universitaires et chercheurs algériens et étrangers. …

Sur place, ces « enfants du départ » demandent parfois une messe – moins que leurs aînés toutefois –, ou simplement un point de chute. « Certains ne passent pas par nous, mais pour d’autres, nous pouvons être un petit trait d’union », résume le P. Michel Guillaud, vicaire général du diocèse de Constantine. Prêtre à Batna, il se souvient d’une « fin d’après-midi mémorable, lorsque se sont réunis à la paroisse un tas de gens qui s’étaient mobilisés pour aider une jeune femme d’origine juive – et qui arrivait assez craintive – à retrouver ses anciens voisins. Une dizaine au moins s’était mise en chasse, d’autant que le “grand parc” dont on lui avait parlé s’était révélé être un square… »

« Nous pouvons aussi servir de médiateurs, ne serait-ce que pour la langue », relève ce prêtre, qui observe combien les Algériens sont « heureux » de ces contacts avec des étrangers, et combien ceux-ci sont « apaisants » pour ces enfants à qui une mémoire douloureuse a été transmise.

À Tiaret où il est prêtre, le P. Hubert Le Bouquin les accompagne parfois au cimetière – même si celui-ci n’est pas géré par l’Église : « Cela peut être traumatisant parce que les tombes ont parfois été pillées ou dégradées. » Au-delà de ces missions ponctuelles, l’Église d’Algérie est aussi « l’institution qu’ils connaissent, une sorte de repère fixe dans leur histoire, quand certaines autres – les écoles par exemple – ont changé ou disparu », estime Hubert Le Bouquin, qui voit cet accueil et cette réconciliation comme l’une des missions de son Église. « Elle est un lieu où ils peuvent exprimer ce qu’ils vivent ici. À la fois témoin du passé pour leur famille – lorsque celle-ci est chrétienne – et en même temps du présent de l’Algérie : elle fait un lien entre les deux et montre concrètement que la rupture n’est pas totale ou du moins qu’elle est “dépassable”. »

Anne-Bénédicte Hoffner

(Voir aussi l’article de Paul Souleyre dans le n°400 du Lien)

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Côté lecteur

Adrien CANDIARD, Veilleur, où en est la nuit ? éditions du Cerf, 112 p.

Les Frères m’ont passé pour ma retraite un merveilleux petit livre « Veilleur où en est la nuit ? ». Adrien Candiard, un dominicain, est l’auteur de la pièce « Pierre et Mohammed ». Il vit au Caire et chaque fois qu’il rentre en France, il est frappé par le pessimisme ambiant, voire le désespoir avec des livres comme « le suicide de la France ».

Il part de l’expérience de Jérémie qui était dans une époque plus perturbée encore que la nôtre. Le royaume de Juda se révolte contre Babylone, d’où un siège atroce où les femmes dévorent leurs propres enfants, les habitants sont déportés, la ville de Jérusalem est détruite : plus de Temple, plus de terre. Pendant ce temps Jérémie est emprisonné et il ose annoncer dans ces circonstances que Dieu va tout recréer. Dieu n’a pas oublié ses étonnantes promesses faites à Abraham et à tout son peuple, il va accomplir ses promesses de façon incroyable en Jésus. Il faut espérer en Dieu et en Lui Seul sans compter sur un roi, une terre, un Temple.

Dans la première partie, il regarde la réalité de la situation en France aujourd’hui. Dieu est dans le réel. Donc il regarde de près toutes les situations difficiles de la société et de l’Église : la perte de la foi, la montée de l’islamisme, la violence inexplicable et donc d’autant plus inquiétante. La religion chrétienne est devenue une angoisse profonde. Quel sens donné dans la foi à ce mouvement de déchristianisation ? Pour défendre l’espérance authentique, Jérémie n’a jamais cessé de subir les persécutions de ceux qui disaient que tout irait bien, alors que lui-même n’annonçait que malheur sur malheur. L’espérance chrétienne demande de renoncer à l’illusion, à tous les faux espoirs. La seule promesse que Dieu fait à Jérémie c’est la promesse de sa Présence.

La deuxième partie s’intitule : espérer pour la vie éternelle, la vie ici- bas et celle de l’au-delà étant la même vie. La Présence promise a un coût exorbitant : renoncer d’abord à toutes les consolations imaginaires dont nos vies sont remplies…. Dieu se rencontre dans le monde réel, où sont chômage et terrorisme… L’espérance chrétienne ne prend pas source dans notre espérance, dans un manque que nous chercherions à combler. L’espérance n’est possible que parce que Dieu s’est donné. Le salut, s’il est porteur de joie véritable, passe par la Croix.

Espérer, c’est croire que Dieu nous rend capable de poser des actes éternels, c’est-à-dire des actes d’amour. Je vous laisse découvrir comment l’auteur nous dit que nous pouvons reproduire le miracle de Cana : changer l’eau de la vie ordinaire en vin de vie éternelle ou … en vinaigre. Donc beaucoup d’appels à la conversion, ce que les artistes des cathédrales avaient bien compris en faisant des acrobates capables de marcher sur les mains, l’image de la conversion, du retournement où on voit le monde, les personnes autrement.

Il y a beaucoup d’autres choses, et combien importantes, dans ce petit livre, mais je veux seulement vous donner l’envie de le lire.

Marie-Agnès de Cussac, Tamanrasset

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Éditorial J.-P. Vesco 2 Église en Oranie Nouvelles de Santa Cruz 3 Journées Mondiales de la Jeunesse P. Aude 5 Pèlerinage à Rome 7 Rouen et Oran, 26 juillet et 1er aout J.-L. Déclais 10 Célébrations lyonnaises 10 Récollection diocésaine A. Bouyé 11

Taizé-à-Tlemcen 12 Témoignages d’étudiants finissants 13 Lionel H. Le Bouquin 14 Conférence de D Casajus :

L’œuvre scientifique de Charles de Foucauld J.-L. Déclais 16 Informations 19 L’Église et les enfants de Pieds-Noirs A.-B. Hoffner 21

Lecture Veilleur, où en est la nuit ? M.-A. de Cussac 22

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Aide-moi, Seigneur, pour que mon cœur soit miséricordieux,

afin que je ressente toutes les souffrances de mon prochain.

Je ne refuserai mon cœur à personne. Je fréquenterai sincèrement même ceux qui, je le sais, vont abuser de ma bonté,

et moi, je m’enfermerai dans le Cœur très miséricordieux de Jésus.

Je tairai mes propres souffrances. Que Ta miséricorde repose en moi,

ô mon Seigneur.

C'est Toi qui m’ordonnes de m’exercer aux trois degrés

de la miséricorde ; le premier :

l'acte miséricordieux - quel qu'il soit ; le second : la parole miséricordieuse –

si je ne puis aider par l'action, j'aiderai par la parole ;

le troisième : c’est la prière – si je ne peux témoigner la miséricorde

ni par l'action, ni par la parole, je le pourrai toujours par la prière.

J’envoie ma prière même là où je ne puis aller

physiquement.