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1 Le marché urbain de l’embouche bovine à Bamako - Rapport d’étude qualitative et quantitative - Préparé pour Groupe Développement / Acting for Life Fabrice Escot Août 2011

Le marhé urain de lemou he ovine à Bamako - … · Le marché de Daral, qui se tient chaque samedi, est considéré comme le principal marché aux bovins de Bamako. Niamana , au

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Le marché urbain de l’embouche bovine à Bamako

- Rapport d’étude qualitative et quantitative -

Préparé pour Groupe Développement / Acting for Life

Fabrice Escot Août 2011

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Sommaire

1. Présentation de l’étude p. 3 1.1. Rappel du contexte et des objectifs généraux assignés à l’étude p. 3 1.2. Rappel de la méthodologie p. 3

2. Résultats détaillés p. 5 2.1. L’activité d’embouche urbaine s’ancre autant voire plus dans le marchand que dans l’élevage. p. 5 2.2. L’activité d’embouche est saisonnière et se réduit très fortement pendant l’hivernage. p. 6 2.3. Géographie de l’embouche urbaine et périurbaine à Bamako p. 7 2.4. Estimation du nombre d’emboucheurs urbains/périurbains p. 11 2.5. Estimation de la population animale p. 12 2.6. Profil des emboucheurs urbains/périurbains p. 13 2.7. Le cycle de l’embouche p. 18 2.8. Pratiques zootechniques p. 23 2.9. Les débouchés de l’embouche urbaine à Bamako p. 26 3. Annexe : questionnaire utilisé pour la collecte des données quantitatives p. 33

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1. Présentation de l’étude 1.1. Rappel du contexte et des objectifs généraux assignés à l’étude Cette étude s’inscrit dans le cadre du Projet d’Appui à la Productivité de l’Élevage, mené par l’ONG Acting for Life / Groupe Développement au Mali, au Burkina Faso et au Bénin. Le volet 4 de ce projet concerne la mise au point d’un outil de formation sur le « commerce du bétail en Afrique de l’Ouest ». Il s’intéresse et présente de façon prospective les principaux enjeux pour cette filière. L’un d’eux concerne la place de l’embouche urbaine, souvent présentée par les autorités politiques et techniques comme la solution d’avenir pour maintenir les parts de la production locale à destination des capitales ou à l’export vers les marchés côtiers. Aujourd’hui, la production et la mise en vente de la filière bovine sont relativement bien documentées quant à l’élevage pastoral et l’élevage agro-pastoral. Mais l’embouche urbaine est fort peu décrite dans la littérature scientifique, et les données sont encore lacunaires sur ce marché :

- Sa taille (la part des animaux issus de l’embouche) ; - Les emboucheurs eux-mêmes (nombre, origine, formation, stratégies) ; - Les pratiques des emboucheurs urbains.

L’étude avait quatre objectifs principaux :

- Saisir les déterminants du marché de l’embouche urbaine, en amont et en aval de l’embouche, et notamment les circuits commerciaux, la taille du marché, les modes de catégorisation des animaux

- Recenser les emboucheurs périurbains, identifier leurs profils, et comprendre les termes de leur logique et de leur stratégie dans le contexte de la dynamique spécifique de ce marché (sur des questions aussi bien d’organisation qu’économiques) ;

- Documenter le ‘cycle’ de l’embouche et les pratiques zootechniques des emboucheurs sur toute la durée de ce cycle

- De façon plus secondaire, rendre compte de l’évolution saisonnière (hivernage – saison froide – saison chaude) du marché, des contraintes et des pratiques.

1.2. Rappel de la méthodologie L’étude s’est déroulée en trois phases :

1. Une première étape d’observation et de compréhension du contexte et des différents acteurs de la filière (au-delà des emboucheurs, vendeurs d’aliment, acheteurs de bétail, organisation du marché…),

o Une semaine d’observation sur 5 marchés importants (Daral, Sans-Fil et Niamana surtout, également Djikoroni et Faladjie)

2. Une deuxième étape qualitative d’identification des logiques et des stratégies

o 16 entretiens approfondis auprès d’emboucheurs sur les différents sites identifiés par l’étude.

o 10 entretiens rapides auprès de bouchers, pour la plupart acheteurs de bovins embouchés,

o 7 entretiens rapides auprès de commerçants d’aliment bétail et/ou de son situés autour du marché Sans-Fil ou à proximité

Les entretiens ont été réalisés, en français, en bambara ou en peul (avec l’aide d’un assistant de recherche comme traducteur)

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3. Une troisième étape de documentation sur les pratiques zootechniques des emboucheurs urbains

60 questionnaires ont été réalisés sur 5 marchés :

Marché

Sans-Fil Niamana Djikoroni Faladjie Daral

% 25% 17% 25% 27% 6%*

* le faible nombre de questionnaires réalisés à Daral s’explique du fait des difficultés structurelles à rencontrer des emboucheurs sur ce site :

- distant de la ville (40km) - où les emboucheurs sont non résidents mais disséminés dans les villages et les brousses

environnants - où les emboucheurs ne peuvent dès lors être rencontrés que lors du marché hebdomadaire,

mais dans ce contexte ils sont très peu disponibles pour un questionnaire ; plusieurs questionnaires n’ont pu être menés à terme et n’ont pu être exploités ; ils n’ont pas été comptabilisés.

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2. Résultats détaillés 2.1. L’activité d’embouche urbaine s’ancre autant voire plus dans le marchand que dans l’élevage. L’embouche est perçue par les emboucheurs eux-mêmes comme une ‘sur-alimentation’ des animaux afin de satisfaire un marché demandeur d’animaux ‘gras/gros’. Le bovin d’embouche est un ‘produit de consommation’, auquel l’embouche fournit une valeur ajoutée.

- L’embouche urbaine est essentiellement une activité de production/de fourniture : o De viande directement, à destination des bouchers, o D’animaux à destination sacrificielle :

Pour des cérémonies (les mariages sont très fréquemment cités) Pour des sacrifices (commandités par des marabouts ou des féticheurs)

- L’emboucheur n’envisage l’animal embouché que dans un rapport de gain lié à un acte d’achat et un acte de vente.

- L’activité d’embouche urbaine est surtout réalisée « hors sol », c’est-à-dire en excluant la pâture ‘naturelle’. Le mode même d’alimentation de la majeure partie des animaux embouchés s’inscrit dans un système d’approvisionnement en aliments commercialisés, achetés par l’emboucheur.

- Les principaux sites d’embouche sont en corollaire situés sur les lieux de commercialisation du bétail, et notamment ceux à destination de consommation de viande.

Cette dimension marchande de l’embouche urbaine se traduit notamment par trois éléments :

- 95% des emboucheurs questionnés se déclarent marchands de bétail, ce qui est incohérent avec la réalité observée : les emboucheurs qui par ailleurs ont une activité régulière et structurée de marchands de bétail ne constituent qu’une minorité de la population totale des emboucheurs. Cet élément est toutefois à corréler avec le fait que pendant l’hivernage, l’activité d’embouche se rapproche d’une opération achat-entretien-vente d’animaux (cf. infra)

- La plupart des emboucheurs déclarent acheter les bêtes qu’ils embouchent à des marchands de bétail (85% déclarent avoir acheté à un marchand de bétail pour le dernier animal vendu, et 93% pour le dernier animal acheté), alors que la phase d’observation tend à indiquer que bon nombre d’animaux destinés à l’embouche sont directement vendus par des éleveurs sur les grands marchés à bestiaux périurbains.

- Les emboucheurs également éleveurs achètent la quasi-totalité des bêtes destinées à l’embouche et ne les prélèvent pas sur leur propre cheptel L’embouche et l’élevage urbains et périurbains sont fortement imbriqués en termes d’acteurs et de géographie, mais les deux activités sont de fait dissociées.

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2.2. L’activité d’embouche est saisonnière et se réduit très fortement pendant l’hivernage. L’embouche est peu rentable pendant l’hivernage, quand les animaux qui pâturent sont le plus gros/gras ; l’investissement en intrants alimentaires ne peut être rentabilisé par la différence de prix entre animaux embouchés ou non embouchés. La saison d’embouche commence ainsi à la fin de l’hivernage (septembre – octobre). Le ‘pic’ d’activité et de production correspond à la saison chaude, de mars à juin, quand les troupeaux ‘de brousse’ sont les plus maigres, et où la valeur ajoutée de l’embouche est plus importante (et justifie l’investissement).

« Pendant l’hivernage, tu ne gagnes pas trop, car les vaches qui viennent des pâturages sont grasses. » (emboucheur exclusif, Sans-Fil)

« On achète quand les bouchers paient. On vend en juillet. Pendant l’hivernage, c’est fini ; on recommence en octobre, on achète 40 vaches. » (gros emboucheur exclusif, Moribabougou) « On ne fait pas pendant l’hivernage. A la fin de l’hivernage, on va vers la RCI et on achète 45 bœufs dans un container, on se met à plusieurs emboucheurs. » (emboucheur exclusif moyen, Niamana)

Au cours de l’hivernage, au creux de l’activité d’embouche, les emboucheurs doivent s’orienter vers d’autres activités selon leur profil (cf. infra : agriculture, élevage, commerce de bétail…). Les emboucheurs exclusifs se tournent alors souvent vers le commerce de bétail.

« Pendant l’hivernage, je vais acheter des vaches qui pâturent ; le patron donne l’argent, j’achète et je revends ici. Mais quand on fait l’embouche, c’est le patron qui vend les animaux. » (employé d’une unité d’embouche, Sans-Fil)

Sept. Oct. Nov. Dec. Janv. Fev. Mars Avril Mai Juin Juil. Août

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2.3. Géographie de l’embouche urbaine et périurbaine à Bamako 2.3.1. Les sites d’embouche L’embouche urbaine et périurbaine est concentrée sur sept sites :

- Quatre sites au cœur de la ville : o Le site le plus important est situé au centre de la ville, aux abords du marché Sans-

Fil, autour de l’abattoir et du grand Garbal urbain (marché principal le dimanche, mais les animaux sont également vendus les autres jours à partir de 17 heures)

o Les trois autres sites sont ceux de Djikoroni, Djielibougou et Faladjie. Ces sites ne comportent aucun équipement particulier (abattoir ou garbal) et se sont créés suivant l’extension urbaine pour répondre à la demande locale en viande et en lait. A noter que les sites de Djielibougou et de Faladjie ne sont pas des sites mineurs : ils regroupent chacun plus de 200 éleveurs et emboucheurs.

- Trois sites périurbains :

o Les deux sites les plus importants sont situés à proximité des deux grands marchés à bétail vers lesquels convergent les circuits d’acheminement du bétail vers Bamako :

Daral à proximité de Kati, au nord de Bamako, qui reçoit surtout des animaux des zones pastorales du nord-ouest du Mali (Banamba, Kolokani, Didieni, Nara, Nioro, etc.). Le marché de Daral, qui se tient chaque samedi, est considéré comme le principal marché aux bovins de Bamako.

Niamana, au sud-est de Bamako, qui reçoit surtout des animaux des zones pastorales du centre (Ségou) et du nord-est du Mali (Mopti, Douentza, etc.)

o Un site plus mineur est situé dans le village de Moribabougou, en direction de Koulikoro ; il semble également accueillir des animaux venus du Nord-ouest

Fig. 1 : Carte des principaux sites d’embouche à Bamako

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Notes : la carte ci-dessous montre la localisation des sept sites urbains et périurbains ;

- Les noms des sites d’embouche sur fond marron (Daral, Sans-Fil, Niamana) correspondent aux sites situés autour d’un garbal avec marché aux bestiaux régulier.

- Pour des raisons de mise en page, la partie Est de la ville (en direction de Koulikoro) n’a pas été représentée, car aucun site important ne s’y trouve

- Les sites périurbains ne sont pas disposés en respectant une échelle de distance stricte. Il convient de distinguer deux types de sites :

- Des sites résidentiels, publics, o ‘spécialisés’, organisés sur des périmètres relativement délimités

Ces sites sont alloués par la mairie. Chaque emboucheur ‘résident’ paie un droit d’installation qui varie selon les mairies et donc les sites, mais qui semble de niveau équivalent ; à Sans-Fil, ce droit est de 3 000 francs par an. Ce droit ne semble pas être lié à la surface occupée ; la répartition des espaces semble plutôt être établie par les emboucheurs et éleveurs eux-mêmes sur la base de leurs besoins, de leur ancienneté, avec de possibles négociations et ‘sous-locations’ pérennes ou temporaires. (néanmoins, cet aspect a été très peu investigué lors de l’étude, de plus les informations recueillies ne sont pas toujours convergentes)

« La mairie prend un droit de 300 000 francs, qui est réparti entre les gens qui sont sur le site. » (responsable, Faladjie) « Moi je paie 3 000 francs, j’ai vingt vaches, je paie la même chose que ceux qui ont trois vaches. » (Sans-Fil) « J’ai installé mon taureau sur la place d’un autre emboucheur qui ne l’occupe pas actuellement et qui me loue la place. Je le paierai quand j’aurai vendu le taureau. » (Sans-Fil)

La gestion courante et l’administration de ces sites est sur le principe opérée

par la mairie avec en relais local un responsable des ‘concessionnaires’. Dans la réalité, il semble que mis à part le recouvrement des droits, la mairie intervient très peu dans l’administration des sites.

Ces sites sont diversement équipés : le site du marché Sans-Fil est particulier

du fait du garbal (qui inclut une mosquée), de l’abattoir, d’une forme de quai d’embarquement et de boutiques

Chaque site dispose au moins d’un puits public ; néanmoins, certaines unités importantes et/ou qui y résident depuis longtemps et de façon permanente ont pu creuser un puits privé.

La majorité des emboucheurs sont installés sur ces périmètres ; néanmoins, une minorité (non négligeable) occupe les bords des rues adjacentes, et notamment à Sans-Fil, où environ 40 unités d’embouche se sont installées jusqu’à 400 mètres du périmètre, qui est ‘saturé’.

- Des sites individuels, privés : fermes ou terrains possédés par des particuliers (surtout des agriculteurs, des éleveurs et/ou des marchands de bétail), par nature fortement disséminés dans les zones de brousse environnant la ville.

« Il n’y a personne qui s’installe ici. Tous les emboucheurs sont sur des terrains tout autour d’ici. » (Employé du marché, Daral)

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« La plupart des emboucheurs gardent leurs animaux sur des terrains à Sénou, il y a de l’herbe là-bas. » (emboucheur résident, Niamana)

2.3.2. Géographie interne des sites ‘résidentiels’ Sur tous les sites ‘résidentiels’, les quatre domaines d’activité suivants sont exercés :

- L’embouche bovine - L’élevage de laitières, le lait étant vendu le soir au bord de la route (à Sans-Fil, la proximité

de la laiterie semble avoir induit un système de collecte) - L’embouche (voire de l’élevage) de petits ruminants, ovins surtout - L’élevage de taureaux ‘métis’ fula-européen, parfois considérés comme ‘embouchés’ mais le

plus souvent non destinés à la vente mais exploités pour leur reproduction pour créer un cheptel laitier à plus forte production.

« Ce taureau là, il vaut plus d’un million, mais je ne le vendrai jamais. Les éleveurs me paient pour l’accoupler à leurs vaches. » (emboucheur, Faladjie) « On m’a proposé deux millions pour le taureau métis, mais j’ai refusé. » (éleveur, Sans-Fil)

Chaque site se divise en deux ‘zones’ :

- Une zone ‘ouverte’, où les animaux sont attachés à des piquets (et notamment les animaux d’embouche)

- Une zone d’enclos, apparemment surtout investie par des Peuls, qui pratiquent l’embouche et/ou l’élevage (de laitières surtout)

Parmi la population rencontrée en quantitatif, la quasi totalité a ses bêtes sur les lieux d’embouche, sauf une minorité à Daral et Niamana, ce qui est cohérent avec la géographie de ces sites, mais aussi certains à Faladje et Djikorojni en cohérence avec les stratégies de certains éleveurs-emboucheurs) 2.3.3. Le marché Sans-Fil Le marché Sans-Fil ne se distingue pas véritablement pas le nombre d’emboucheurs et/ou d’éleveurs qui y exercent ; il se distingue plutôt à trois niveaux :

- Au niveau de l’équipement : le fait d’être situé à côté/autour de l’abattoir avec une chambre froide et du principal garbal urbain, avec un quai d’embarquement, ce qui lui influe :

o Une dynamique moins purement locale que les autres sites urbains. o Une attractivité auprès des bouchers grossistes, les ‘chevillards’, qui y trouvent des

bénéfices fonctionnels (égorger et dépecer sur place, conserver la viande au moins une nuit) qu’ils ne peuvent trouver sur les autres sites, où le boucher qui achète doit repartir avec l’animal sur pied.

- Sa géographie très structurée et géométrique, même si, comme dit précédemment, ce site est saturé et nombre d’emboucheurs voire de petits éleveurs se sont installés sur les côtés des rues adjacentes.

- Du fait du passage obligé des animaux par le garbal pour être vendus le dimanche et/ou pour être égorgés à l’abattoir les jours de semaine :

o Une gestion financière plus transparente o Apparemment, une plus grande rigueur dans la santé animale ;

D’après les discours en comparatif des emboucheurs eux-mêmes D’après l’observation réelle : les phases d’observation et d’entretiens

qualitatifs nous ont amenés à nous rendre plus de dix fois sur ce site, et à

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chaque fois nous avons vus des vétérinaires voire nous les avons rencontrés avec les emboucheurs

Fig. 2 : Carte schématique de l’embouche au marché Sans-Fil

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2.4. Estimation du nombre d’emboucheurs urbains/périurbains En termes d’estimation de population, il convient plutôt de parler d’unités d’embouche que d’emboucheurs ; bon nombre d’emboucheurs travaillent en équipe ou plutôt en entreprises informelles : un ‘patron’ qui dirige des employés, son ou ses frères cadets, etc. Apparemment, seuls les plus ‘petits’ emboucheurs’ (un à quelques animaux à l’embouche simultanément) travaillent seuls. Note : tous les chiffres présentés dans cette section proviennent d’estimations croisées, effectuées :

- Par les acteurs eux-mêmes sur chacun des sites - Sur les sites ‘résidentiels’ visités, au jugé par les chercheurs et assistants de recherche après

parcours des sites Trois sites plus ‘faciles’ à dénombrer car résidentiels et visités

- Sans-Fil : environ 120 unités d’embouche - Faladjie : environ 100 unités d’embouche - Djikoroni : environ 90 unités d’embouche

Deux sites estimés, résidentiels mais non visités :

- Djelibougou : environ 60 unités d’embouche - Moribabougou : environ 40 unités d’embouche

Deux sites beaucoup plus difficiles à estimer :

- Daral/Kati, non résidentiel, le site est ouvert sur les champs et terrains de la zone - Niamana/Sénou, peu résidentiel :

o Environ 40 unités d’embouche ‘résidentes’ o Mais le site est ouvert sur les champs et terrains de la zone

De façon très approximative, il est ainsi possible de donner un ordre de grandeur du nombre d’emboucheurs :

- Environ 450 à 500 sur les sites d’embouche délimités (urbains + Niamana +Moribabougou) - Un nombre très difficile à estimer, mais qui doit pouvoir se situer autour de quelques

centaines sur les zones de ‘sites privés’ (Niamana et Daral surtout) o La minorité avec un nombre d’animaux plus importants (plus de 30 souvent, ce qui

correspond à la pratique des achats par lots de 20 à 40 têtes, profils soit d’emboucheurs exclusifs, soit d’éleveurs-emboucheurs)

o La majorité au contraire avec très peu de têtes à l’embouche (profil d’agriculteurs-emboucheurs)

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2.5. Estimation de la population animale L’investigation qualitative sur le nombre d’emboucheurs et de bêtes nous a fourni une estimation d’environ 10 têtes par emboucheur. Les questionnaires montrent plutôt un nombre moyen de bovins à l’embouche de 12 têtes par emboucheur (en excluant l’un d’entre eux qui embouche 150 animaux mais surtout dans sa région d’origine et très peu sur site bamakois). Le tableau ci-dessous montre la répartition des emboucheurs selon le nombre de bovins à l’embouche

Nombre de têtes

1 à 4 5 à 9 10 à 19 20 à 35 + 100

Nombre d’emboucheurs

21 15 10 12 1

% 36% 25% 17% 20% 2%

On ne note pas de différence notable selon les sites où les questionnaires ont été réalisés, pour autant, deux populations ont certainement été sous-représentés du fait de leur position géographique excentrée en zone périurbaine.

- Les ‘gros emboucheurs’ qui élèvent et embouchent sur leur propre terrain, surtout vers Sénou (Niamana) et dont la plupart embouchent plus de 20 bêtes simultanément

- Les ‘très petits emboucheurs’ disséminés surtout dans la zone de Kati (agriculteurs surtout) Dans cette perspective, le nombre de 12 peut être validé comme indicateur vraisemblable de la moyenne. Calcul du nombre de bovins embouchés annuellement sur les sites urbains et périurbains En considérant :

- Une population des emboucheurs estimée au maximum à 800 unités - 12 animaux en moyenne par emboucheur - Un cycle d’embouche de 2,5 mois en moyenne - Une durée d’embouche de deux mois ‘morts’, cinq mois ‘faibles’ et cinq mois ‘forts’ (soit 7,5

mois ‘pleins’) - Le nombre de vaches embouchées doit être d’environ 800 x 12 x (7,5 / 2,5)

Soit un ordre d’échelle de 28 000 vaches embouchées par an à Bamako et sur les sites périurbains. Dont la quasi totalité (voire infra) est achetée et consommée par le marché local (bouchers et particuliers de Bamako).

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2.6. Profil des emboucheurs urbains/périurbains La très grande majorité des emboucheurs sont des hommes, ce que confirment à la fois :

- Les observations réalisées sur les sites d’embouche (et les entretiens qualitatifs ont exclusivement été réalisés auprès d’hommes),

- Le très faible nombre de femmes interviewées en quantitatif : quatre. Lieux d’habitation :

- 85% des emboucheurs enquêtés habitent à Bamako/Kati - 15% habitent hors de la région bamakoise :

o 12% à Ségou, dont la grande majorité rencontrée à Niamana o 3% au Nord (Nara, Mopti) o À noter néanmoins que, du fait même de leur mobilité et de leur présence

temporaire à Bamako, les ‘étrangers’ ont dû être sous-représentés dans l’échantillon quantitatif.

Au-delà, la population des emboucheurs est très diversifiée, qu’il s’agisse :

- De l’origine - Du nombre d’animaux embouchés - Des types d’activités exercées parallèlement à l’embouche - Et en corollaire du statut de l’embouche dans leurs activités économiques

Activités non liées à l’élevage ou l’embouche : La très grande majorité des emboucheurs urbains questionnés en quantitatif (ce que confirment largement le qualitatif et la phase d’observation) n’ont d’activité que liées au bétail.

- 6% sont commerçants - 2% sont retraités - 6% sont cultivateurs (à Kati, Ségou, Mopti) - 5% se déclarent également bergers

Activités liés à l’élevage ou l’embouche :

100% pratiquent l’embouche bovine

60% font également de l’élevage de bovins

40% ne font pas d’élevage de bovins

36% font de l’élevage de petits ruminants

2% font de l’élevage de petits ruminants

20% pratiquent

l’embouche de petits

ruminants

5% pratiquent

l’embouche de petits

ruminants

2% pratiquent

l’embouche de petits

ruminants

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La majorité des emboucheurs apparaît ainsi être également des éleveurs, souvent diversifiée ; les autres emboucheurs n’ont presque aucune activité liée à l’élevage de bovins ni à l’élevage ou l’embouche petits ruminants. Les emboucheurs qui pratiquent également l’élevage bovin sont surtout situés à Daral et Niamana, ce qui est cohérent avec la disponibilité de terrains, mais aussi à Faladjie. Ils élèvent en moyenne 26 têtes de bétail, dont 12 laitières. Ceux qui pratiquent également l’élevage de petits ruminants élèvent en moyenne 6 têtes Ceux qui pratiquent également l’élevage de petits ruminants embouchent en moyenne 10 têtes à date de l’étude. 6 ‘profils’ principaux d’emboucheurs ont été identifiés :

a. Les emboucheurs exclusifs b. Les emboucheurs ‘d’appoint’ c. Les marchands de bétail-emboucheurs d. Les éleveurs-emboucheurs e. Les éleveurs ‘contraints à l’embouche’ f. Les agriculteurs-emboucheurs

a. Les emboucheurs exclusifs (ou quasi exclusifs) On retrouve ce profil sur tous les sites ‘résidentiels’, à savoir les sites urbains, Niamana et Moribabougou. L’embouche est l’activité principale. Ces personnes sont, soit issues de Bamako (et leur famille n’a pas toujours une culture de l’élevage ou de l’embouche), soit d’origine peul et de milieu d’élevage. Tous déclarent avoir choisi l’embouche, très jeunes ou après divers parcours professionnels, par désir d’exercer cette activité ; ils considèrent l’embouche comme leur ‘métier’.

« Moi je suis un dugule, je suis Traoré, je suis né à Bamako. J’ai commencé à faire de l’embouche à 22 ans, j’ai choisi ça, parce que ça me plaisait, j’aime bien être au milieu des animaux. J’ai actuellement 16 bêtes à l’embouche. » (emboucheur exclusif moyen, Sans-Fil)

« Quand j’étais jeune, je suis parti à l’aventure au Gabon. Quand je suis revenu à Bamako, j’ai été boucher. Un jour, j’ai acheté un mouton 25 000 francs, je l’ai embouché, et je l’ai vendu 40 000 francs. Peu à peu, je suis monté, et je me suis mis à faire de l’embouche de bovins. Actuellement j’embouche un gros taureau depuis trois mois, et deux autres jeunes que j’ai achetés il n’y a pas longtemps. » (petit emboucheur exclusif, Sans-Fil) « J’aime l’embouche. Avant d’essayer ça, je faisais le transport de petits animaux en RCI, quand ça n’a plus été rentable, j’ai commencé l’embouche. Aujourd’hui j’ai 14 vaches à l’embouche et trois moutons. Je ne fais pas d’autre métier » (emboucheur exclusif moyen, Niamana) « C’est un métier difficile, mais moi j’aime ça, je viens d’une famille de Peuls, j’aime être avec les animaux » (commerçant de bétail-emboucheur, Sans-Fil)

Dans un cas, l’emboucheur a été marchand de bétail ‘emboucheur par la force des choses’ qui a finalement opté pour l’embouche exclusive, plus sécurisée à son sens par rapport aux aléas du commerce

« J’étais marchand de bétail, mais j’avais acheté des animaux trop faibles pour être vendus. J’ai commencé l’embouche. Aujourd’hui, je ne fais que de l’embouche, c’est mieux que

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marchand de bétail, l’embouche, c’est comme une épargne, tu gardes de l’argent. » (gros emboucheur exclusif, Moribabougou)

Les unités d’embouche sont très diversifiées :

- Les plus petites sont constituées d’une personne travaillant seule et embouchant quelques animaux. Ces personnes trouvent de petits espaces sur les sites résidentiels ou à proximité (ex. les rues proches du marché Sans-Fil), qu’ils sous-louent à d’autres emboucheurs ou qu’ils occupent de façon spontanée et apparemment provisoire.

« J’ai mis le taureau contre le mur du garbal, je loue la place à un emboucheur qui loue à l’année, moi je le paierai quand j’aurai vendu. Les deux jeunes sont dans le deuxième carré derrière la laiterie. » (‘petit’ exclusif, Sans-Fil)

- Les plus importantes sont installées sur des sites plus ou moins délimités, soit en ‘piquets’

soit (Peuls surtout) en ‘enclos’. o A Sans-Fil, l’une des plus importantes, qui travaille en entreprise informelle sous la

direction d’un ‘patron’ sur un site relativement aménagé et pérenne, dispose d’un puits creusé à titre privé

o A Niamana, l’un d’eux vit avec sa famille dans une concession construite sur le terrain entre le garbal et la zone d’embouche proprement dite. Ce cas ne semble pas unique néanmoins très minoritaire.

Certains emboucheurs de ce profil exercent des activités secondaires :

- Egorgeurs plus ou moins occasionnels.

- Commerce de bétail occasionnel d’animaux dont la couleur peut intéresser des acheteurs

motivés par des besoins sacrificiels. L’entretien de ces animaux n’est pas associé à l’embouche (alimentation à base de foin surtout vraisemblablement). « Je viens d’acheter ce petit bœuf blanc, je le nourris juste, j’espère le revendre à un particulier pour un sacrifice. Mais il n’est pas embouché, j’espère le vendre vite. »

- Embouche d’ovins pour la tabaski

b. Les emboucheurs ‘d’appoint’ Cette population n’a pas été rencontrée en qualitatif et semble assez minoritaire, pour autant non négligeable (elle regroupe 8% des questionnaires). Elle concerne des commerçants (femmes surtout) et des retraités qui ont investi l’embouche comme activité secondaire. Ces personnes sont présentes sur tous les sites d’embouche résidentiels, mais apparemment surtout urbains (on les retrouve majoritairement à Sans-Fil, Djikoroni, et Faladjie en quantitatif), ce qui apparaît cohérent avec l’exercice d’une activité principale et d’une résidence urbaine. Elles embouchent peu d’animaux simultanément (moins de cinq) ; au-delà, aucun élément ne les distingue des emboucheurs ‘exclusifs’. c. Les marchands de bétail - emboucheurs

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Ce profil a été rencontré en qualitatif et en quantitatif (mais, rappel, la majorité des personnes vues en quantitatif se déclarent marchands de bétail, ce qui empêche l’identification des ‘vrais’ marchands de bétail). Ces personnes semblent plus souvent nées dans des zones voire des familles d’élevage. Elles résident à Bamako mais gardent des attaches avec leur milieu d’origine, et pratiquent structurellement les deux activités de commerce de bétail et d’embouche.

« Je viens de Banamba, j’habite à Bamako mais ma mère est toujours à Banamba. Je suis revenu de Banamba, j’y ai acheté 10 bêtes, mais je n’en ai vendu que 5, j’embouche les autres et j’en ai acheté 5 autres que j’embouche aussi. »

d. Les éleveurs-emboucheurs Ces personnes sont des éleveurs (ou agro-éleveurs), souvent nés dans des zones voire des familles d’élevage, qui pratiquent structurellement les deux activités d’élevage (production de lait surtout) et d’embouche en cumul. Ce sont parfois des agro-éleveurs (de ce fait classés comme éleveurs, du fait du profil ‘agriculteurs’ qui quant à lui ne pratique pas l’élevage au sens strict du terme). Cette population semble la plus importante : elle représente 60% de l’échantillon quantitatif, et de fait les phases d’observation et qualitative ont permis d’identifier de nombreux sites d’activité mixte :

- Soit dans des enclos sur les sites ‘résidentiels’ (nommés ‘enclos des peuls’ sur la carte du marché Sans-Fil du fait de la dénomination utilisée par nos indicateurs)

- Soit sur des terrains à proximité des sites périurbains o Niamana surtout (Sénou), sur leurs propres terrains o Daral sinon, apparemment plutôt en nomadisant sur les brousses inexploitées

- Sachant que certains ont leur site d’élevage dans leur région d’origine (Ségou, Mopti, Douentza) et font venir sur les sites de Bamako :

o Un noyau de laitières pour la vente du lait o Les bêtes qu’ils achètent ou qu’ils prélèvent sur leur cheptel à vocation d’embouche

« Je suis aussi producteur de lait au village »

Deux types d’éleveurs-emboucheurs :

- Un type urbain/périurbain (Kati, Sénou) - Un type ‘allochtone’ (ceux rencontrés en quantitatif habitent à Ségou ou Mopti, soit les

zones d’origine Nord-Est du bétail). À Niamana, une population de Dogons originaires de Koro semble notamment avoir constitué de véritables ‘réseaux’ d’exploitation et de commercialisation d’animaux, notamment à l’export, cf. la section réservée à l’export). C’est dans ce profil que l’on retrouve les plus ‘gros emboucheurs’ : jusqu’à 150 bêtes à l’embouche. Néanmoins, ils n’embouchent pas exclusivement à Bamako ; l’un d’entre eux embouche principalement sur son site ‘régional’. Il semble dès lors difficile de comptabiliser ses bêtes dans l’estimation du nombre de bovins embouchés à Bamako. e. Les éleveurs ‘contraints à l’embouche’

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Ce profil n’a pas été rencontré en qualitatif, et vraisemblablement non plus en quantitatif, mais il a été décrit par de nombreuses personnes, notamment au marché Sans-Fil et également à Daral. Ces personnes sont des éleveurs, vivant sur les brousses pastorales, venus vendre du bétail à Bamako. Ce ne sont pas des emboucheurs réguliers, et l’activité d’embouche est induite par la mévente de certains de leurs animaux, notamment lorsqu’ils sont trop maigres. Ils cherchent à vendre leurs bêtes au plus vite pour pouvoir rentrer chez eux, mais la loi du marché leur impose de faire grossir leurs animaux ; ils se voient ainsi contraints de recourir à l’embouche, néanmoins sans expérience de cette activité.

- Les rares personnes qui s’installent provisoirement aux abords du garbal de Daral (totalement non résidentiel) sont décrits comme relevant de ce profil.

« Ici il n’y a personne qui s’installe. Les emboucheurs de la zone sont tous en brousse, sur leur propre terrain ou sur des brousses. Les seuls qui s’installent à côté des parcs sont des gens qui viennent d’ailleurs, qui n’ont pas de moyens et qui n’ont pas pu vendre leurs animaux. » [employé du marché de Daral]

Ils sont décrits par les autres acteurs comme particulièrement peu anticipateurs en termes de dépenses et de gains, non ‘calculateurs’, et il apparaît que l’opération d’embouche peut souvent se solder par des pertes. Ce profil est bien connu des autres acteurs car certains qui ont subi trop de pertes ne peuvent plus retourner chez eux, en tout cas avec ‘dignité’, et s’installent sur le marché en offrant leurs services aux autres :

- Les hommes sont notamment employés par les éleveurs résidents pour aller faire pâturer les laitières (ce qui est parfois décrit comme une ‘promenade de santé’, mais par des emboucheurs non éleveurs)

- Certaines épouses rejoignent leur mari ; à Sans-Fil, elles tiennent notamment les gargotes où viennent manger les différents acteurs du site

f. Les agriculteurs (non éleveurs) Ces personnes sont membres de familles d’agriculteurs installées dans les villages périurbains. Ceux rencontrés en qualitatif habitent vers Kati (Daral), mais il semble également (et de façon plausible) que l’on retrouve ce profil vers Niamana. L’embouche est considérée comme une activité d’appoint. Elle semble assez limitée : une à quelques bêtes, et plus ou moins occasionnelle. L’activité d’embouche s’inscrit dans l’activité agricole :

- Les animaux mangent les sous-produits agricoles, ce qui diminue les dépenses des emboucheurs (seul le tourteau est acheté)

- Ils produisent la fumure des champs - L’embouche s’articule parfois à une stratégie d’achat des animaux de trait

« J’ai 35 ans, je suis le fils de cultivateurs à 7 km de Kati. On achète des bœufs de labour pour l’hivernage, après l’hivernage, on les embouche pendant trois ou quatre mois et on les revend, on achète d’autres animaux, on répète l’opération deux fois. A la fin, on rachète des bœufs de labour » (agriculteur, Kati)

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2.7. Le cycle de l’embouche a. Circuits d’achat Même les éleveurs-emboucheurs semblent le plus souvent acheter les bêtes destinées à l’embouche. En quantitatif, seule une personne déclare avoir extrait de son cheptel le dernier animal mis à l’embouche. Les modes d’achat des bêtes embouchées sont divers et personnalisés, néanmoins ils peuvent être rapprochés de certains profils :

- Les petits emboucheurs urbains achètent les bêtes au cas par cas, le plus souvent au marché de Daral, sinon de Niamana. L’achat n’est pas planifié mais suit la vente d’un animal pour ‘ré-initier’ un cycle d’embouche.

o L’amplitude de l’activité détermine également le nombre de bêtes achetées simultanément : une ou quelques-unes.

o Il n’existe pas de relation de ‘fidélité’ entre vendeurs et acheteurs. A Daral, on achète un animal et non la production de tel ou tel éleveur ou marchand de bétail. Le vendeur et l’acheteur ne se connaissent le plus souvent pas ; la transaction s’effectue selon les lois du marché et non sur la base de principes déjà posés entre personnes.

« Je ne suis pas allé à Daral la semaine dernière car je n’ai pas vendu. Mais j’ai vendu cette semaine, et mon petit frère y va samedi pour acheter deux bêtes. » (emboucheur exclusif moyens, Sans-Fil)

- Les marchands de bétail et/ou ‘gros’ emboucheurs (plus de 30-40 bêtes à l’embouche),

souvent liés à des familles/zones d’élevage du Centre et du Nord, achètent plutôt par lots de souvent 20 voire 40 bêtes. Contrairement aux bêtes destinées à la vente, les animaux destinés à l’embouche (et souvent déjà embouchés) sont convoyés par camion.

o Certains sont fidèles à la zone dont ils sont originaires (ex. un marchand de bétail qui achète toujours à Banamba)

« On n’achète pas à une seule personne, on achète à des commerçants de bétail à Daral, à Niono, à Douentza, à Kaka avant Mopti. Les bêtes viennent en camion. Si on en met beaucoup, ça coûte 7 500 francs par vache, si c’est pas beaucoup c’est 10 000 francs. » (gros emboucheur exclusif, Sans-Fil)

- Enfin, certains gros emboucheurs (surtout rencontrés à Nianama, et notamment

‘spécialistes’ de l’export, cf. infra) fonctionnent sur des réseaux d’approvisionnement avec leurs parents/associés résidents dans leur région d’origine.

Données quantitatives concernant le lieu d’achat du dernier animal acheté pour embouche :

- 40 animaux sur 60 ont été achetés sur les deux grandes ‘plaques tournantes’ d’importation du bétail à Bamako :

o 35 à Daral o 5 à Niamana,

- 12 ont été directement achetées dans d’autres régions : o 6 à Ségou o 6 dans le Nord (Nioro, Nara, Didieni, Douentza…) o Ce qui correspond bien aux pratiques d’achat recensées en qualitatif, notamment de

la part de certains marchands de bétail et d’éleveurs, qui s’approvisionnent directement dans leur région d’origine

- 6 sur les sites urbains de Bamako :

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o 3 à Sans-Fil, 2 à Faladjie, 1 à Djikoroni On observe une forte constance des lieux d’achat du dernier animal vendu et du dernier animal mis à l’embouche, ce qui traduit la régularité des pratiques de chacun. 60% des animaux d’embouche, et surtout 75% des animaux achetés par les emboucheurs qui travaillent sur les sites urbains de Bamako, sont achetés à Daral. Ce qui confirme le rôle de Daral comme ‘plaque tournante’ du circuit d’approvisionnement en animaux d’embouche. Niamana a une place plus réduite, mais peut être considérée comme le deuxième centre d’approvisionnement En tenant compte des emboucheurs qui viennent du Nord avec leurs animaux, 90% des animaux achetés pour embouche viennent directement du Nord/de Ségou Très peu d’achats sont réalisées sur les sites urbains, ce qui minimise l’ampleur des achats d’emboucheur à emboucheur et donc les cycles d’embouche réalisés successivement par plusieurs emboucheurs (exprimé minoritairement en qualitatif : un emboucheur embouche une vache maigre, la revend ‘moyenne’ à un autre emboucheur qui la revendra ‘grasse’). b. Type de bêtes/Profil des bêtes achetées pour l’embouche (fourniture du marché) La catégorisation des animaux 5 critères principaux sont utilisés :

- La race bovine - Le sexe de l’animal - Le poids - La couleur - L’âge

La race bovine Les emboucheurs sont plus ou moins experts en matière de détermination des races bovines. La très grande majorité des animaux proviennent de trois ‘races’ :

- les races maure (‘suraka mishi’) ou peule (‘fula mishi’) o ou métis entre ces deux races

- la race de Nioro, qui est décrite comme une variété des ‘fula’ Les emboucheurs issus des milieux d’élevage ont une classification plus fine, qui inclut :

- Une sous-race de Nioro dite ‘toronke’ - Les vaches borododji du Niger - Les vaches sonraï

La race ‘mèrè’ du pays malinké/du Fouta est très peu présente sur les sites, ce qui peut s’expliquer par sa robe fauve et sa petite taille qui la rend peu pertinente sur un marché dont les débouchés sont orientés sur le poids et secondairement sur la couleur. La seule personne déclarant avoir embouché une vache mère est un agriculteur justifiant ce choix par le fait d’utiliser les mèrè comme animaux de traits pour leur robustesse, et les embouchant ensuite dans leur cycle d’embouche intégré à leur besoin agricole. Les animaux métis ‘local-européens’ sont aisément identifiés, mais destinés à la reproduction et à la production laitière. Ils sont très peu concernés par l’embouche.

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La race tchadienne, apparemment récemment importée, est très peu présente sur les sites et par ailleurs très méconnue des emboucheurs. A l’instar des vaches métis européennes, elle semble plutôt caractérisée par sa robustesse et une plus grande production laitière ; elle semble donc plutôt destinée à l’élevage laitier.

« Moi je n’achèterais pas une tchad mishi car je ne sais pas comment ça grossit. Ceux qui achètent ça doivent le faire par curiosité. » (marchand de bétail-emboucheur, Sans-Fil)

« Les gens commencent à aimer les vaches du Tachd car elles produisent beaucoup plus de lait que les vaches peules. » (éleveur rencontré sur le garbal du marché Sans-Fil)

Les données quantitatives des derniers animaux achetés confirment la préférence marquée pour les races maure et peule :

- 50% ont acheté un animal suraka - 40% ont acheté un animal fula - 3% ont acheté un animal métis suraka-fula - 7% ont acheté un animal métis local-européen

On observe néanmoins que 2/3 ont acheté la même race pour le dernier animal acheté et le dernier animal vendu, ce qui suppose chez certains emboucheurs une préférence pour l’une ou l’autre de ces races. Cette préférence ‘mineure’ (l’indifférence se traduirait par 50% de récurrence entre les deux achats) est justifiée en qualitatif du fait que :

- Certains emboucheurs expriment une absence de préférence - Certains emboucheurs, notamment ceux issus des régions d’élevage, expriment une

préférence affective pour la race dominante de leur région (sans explication autre) - En termes de débouchés, les vaches maures ‘suraka’ sont à la fois perçues :

o Avec une meilleure prédisposition à la prise de poids o Comme plus calmes et plus faciles à ‘travailler’ que les vaches peules jugées trop

‘nerveuses’ - Ceux qui préfèrent les vaches peules et notamment les ‘Nioro’ se justifient plutôt, au-delà de

l’affectif, par la qualité de la viande (moins de graisse que les ‘suraka’)

« Les Nioro , c’est plus cher, mais c’est la meilleure qualité. » (gros emboucheur exclusif, Sans-Fil) « Les toronke, c’est une branche des Nioro mishi, la viande est de meilleure qualité. » (marchand de bétail-emboucheur, Sans-Fil)

Une faible majorité des vaches ‘suraka’ s’achète à Daral, une faible majorité des ‘fula’ plutôt directement au Nord (en cohérence avec, d’une part l’ouverture de Daral sur le nord-ouest plutôt ‘suraka’, d’autre part avec le fait que les éleveurs-emboucheurs semblent plutôt venir du nord-est, plutôt ‘fula’. Le sexe : taureau ou vache L’embouche concerne principalement des taureaux, et les données quantitatives confirment les appréciations et commentaires issus des phases d’observation et d’entretiens. 90% des derniers animaux vendus comme des derniers animaux achetés sont des taureaux. La préférence pour les taureaux s’explique par plusieurs raisons :

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- Une masse plus importante, des animaux qui deviennent plus gros et ‘collent’ ainsi mieux au marché de la boucherie

- Les taureaux semblent être également préférés pour les sacrifices et sont plus pertinents pour le marché des particuliers

- D’après l’un de nos interviewé, les taureaux sont également plus faciles à transporter par camion (sans que nous ayons pu avoir l’explication)

Il apparaît néanmoins que ce sont très souvent les mêmes emboucheurs qui ont acheté des vaches pour le dernier animal vendu et le dernier animal acheté, ce qui suppose une préférence de certains emboucheurs pour les ‘femelles’. Le poids Le poids de l’animal acheté semble être le principal déterminant de son prix. Les divers emboucheurs développent des stratégies différentes :

- Certains achètent de préférence plutôt des animaux maigres et projettent des cycles d’embouche :

o de moyen terme, en considérant que cela permet un rapport marge/temps optimal o de long terme, dans un rapport au gain replacé dans une perspective d’épargne sur

pied voire de bénéfices non financiers (fumure des champs pour les cultivateurs) « Moi j’achète surtout des animaux maigres, à moins de 100 000 francs. J’estime le poids de la vache et le poids de la viande en enlevant la tête et les pattes. J’essaie de revendre en gagnant 15 à 25 000 francs » (marchand de bétail-emboucheur, Sans-Fil)

« On les achète maigres, on achète de deux à quatre vaches à la fois, et on les revend autour de 260 000 francs. Je ne sais pas très bien ce que ça coûte et ce que ça rapporte, mais pour nous, agriculteurs, ça permet aussi de produire de la fumure pour les champs, on fait aussi du maraîchage. Au moment de l’hivernage, on a besoin de deux bœufs de labour » (agriculteur 1, Kati)

- D’autres au contraire privilégient des animaux déjà plutôt ‘moyens’ ou gras, en espérant parvenir plus ou moins rapidement (et de façon très schématisée, anticipée) à un niveau de poids satisfaisant pour la vente, et en visant plutôt un prix de vente le plus élevé possible « Nous on achète à 210 000, 225 000, 250 000, par lots. On prend ça par groupe. Si les animaux sont faibles, l’embouche dure trois mois, si ils sont peu faibles, l’embouche dure deux mois et dix jours » (gros emboucheur exclusif, Sans-Fil) « Nous on fait de l’embouche pour gagner de l’argent et aussi pour profiter de la fumure. On n’embouche pas les bœufs de labour. On fait de l’embouche à la saison sèche, entre 3 et 5 vaches, on stocke du foin et on ne paie pas l’eau. On n’achète pas trop maigre, et on donne du tourteau et du son car ça fait grossir plus vite, on a un gros taureau qu’on a embouché depuis 5 mois. Je pense qu’on gagne ente 50 000 et 75 000 francs par vache » (agriculteur 2, Kati)

« J’achète souvent ceux qui sont un peu gros, qu’on peut nourrir en peu de temps et revendre, on regarde le poids, l’animal, si c’est dur et robuste, on sait qu’on peut faire un mois et revendre, c’est plus rentable de faire en un mois. » (emboucheur exclusif moyen, Niamana)

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Données quantitatives concernant le poids des bêtes achetées Le tableau ci-dessous montre la répartition de l’état de maigreur/grosseur subjectif ainsi que le poids estimé (note : seuls les deux tiers des emboucheurs ont pu estimer le poids de l’animal) Le poids apparaît indépendant de la race bovine.

Très maigres Maigres Moyennes Grasses

% sur l’ensemble 45% 25% 28% 2%

Poids estimé

30 à 90 kilos 72% 91% / /

100 – 150 kilos 28% 9% 93% /

180 kilos / / 7% /

260 kilos / / / 100%

Les prix d’achat restitués sont cohérents entre les deux moments d’achats investigués. Les prix sont très échelonnés, surtout de 50 000 à 240 000, et culminent à 360 00 francs

Prix d’achat déclaré Dernier animal acheté Dernier animal vendu

50 à 80 000 fcfa 9% 12% 90 à 120 000 fcfa 16% 12% 120 à 140 000 fcfa 16% 14% 140 à 170 000 fcfa 14% 27% 175 à 200 000 fcfa 19% 14% 200 à 240 000 fcfa 19% 16% 250 à 280 000 fcfa 5% 2% Plus de 300 000 (max 360 000 fcfa) 2% 3%

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2.8. Pratiques zootechniques (données recueillies sur le dernier animal acheté) 73% des animaux partagent leur mangeoire. Le qualitatif a constaté ces mangeoires collectives rassemblent deux ou trois animaux. D’autant que le modèle de mangeoire le plus courant, voire quasi exclusif, est le demi-tonneau de métal sur pieds, qui ne permet pas de rassembler plus d’animaux.

« Si on met trop d’animaux autour de la même mangeoire, ils deviennent nerveux et se battent »

Certains emboucheurs tentent de calculer la consommation quotidienne ou hebdomadaire de chaque animal ou de petits groupes d’animaux qui mangent deux à deux ou trois à trois. Les gros emboucheurs, et notamment ceux qui achètent par lots ont plutôt tendance à calculer la consommation sur la base de ces lots ; on notera que ce calcul est nécessairement faussé par la vente progressive des animaux

« On a acheté 20 vaches il y a un moi set demi. On en a déjà vendu certaines. […] Les 20 bêtes mangent chaque jour deux sacs de tourteau et ½ sac de son de mil » (gros emboucheur exclusif, Moribabougou)

« Chaque matin, on donne deux sacs de tourteau pour 40 vaches, et cinq sacs de son » (gros emboucheur exclusif, Sans-Fil)

100% déclarent en quantitatif donner les mêmes quantités des divers intrants chaque jour, sans variation dans le temps (ce que rejoignent les descriptifs des pratiques recueillis en qualitatif). 13% des emboucheurs n’ont pas pu (ou pas voulu ?) estimer la consommation de leurs animaux à un rythme hebdomadaire ou quotidien. Le régime alimentaire des animaux embouchés suit un schéma suivi par la grande majorité : foin, son, tourteau, eau, sel. L’aliment bétail est surtout envisagé comme l’aliment qui supporte la prise de masse des animaux. Le son est également support à la prise de poids Mais les vertus ‘nutritionnelles’ des différents types de céréales sont perçues différemment :

- D’une façon générale, le mélange son de mil et son de maïs est associé à une prise de poids rapide, et est la ‘recette’ adoptée par la quasi totalité des emboucheurs

- Le son de riz est plutôt associé à une prise de ‘viande’ plutôt que de ‘graisse’ ; il n’est utilisé que par une minorité d’emboucheurs, et parfois en complément de son de mil/maïs.

« Moi je donne du son de mil mélangé à du son de maïs, c’est ce qui fait le plus grossir » « Moi je donne tous les sons : du mil, du riz, du maïs, c’est plein de vitamines. Le son de riz fait moins grossir, car ça attire l’eau du corps » « Moi je préfère donner du son de riz car ça fait moins de graisse que le son de mil »

Sur la base de ceux qui ont pu estimer la consommation de leurs animaux, soit 52/60, la ration d’aliment bétail est ce qui distingue le plus les modes d’alimentation des divers emboucheurs :

- 8% des emboucheurs donnent ‘plus d’aliment bétail’ que la moyenne : o 2 sacs de tourteau par semaine (estimés à 8-10 kilos par jour) en moyenne

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estiment donner 3 sacs de mil par semaine… mais en poids/jour, pareil que les autres, de 3 à 10 kilos par jour

pas de différence observée en moyenne sur le foin - 37% des emboucheurs donnent ‘un peu plus d’aliment bétail’ que la moyenne

o 1 sac de tourteau par semaine (estimés à 5-8 kilos par jour) en moyenne estiment donner 1 à 2 sacs de mil par semaine… mais en poids/jour, pareil

que les autres, de 3 à 10 kilos par jour pas de différence observée en moyenne sur le foin

- 37% des emboucheurs donnent ‘peu d’aliment bétail’ o 0,5 sacs de tourteau par semaine (estimés à 2-4 kilos par jour) en moyenne

estiment donner 3 sacs de mil par semaine… mais en poids/jour, pareil que les autres, de 3 à 10 kilos par jour

pas de différence observée en moyenne sur le foin - 18% déclarent ne pas donner d’aliment bétail, apparemment sans compensation en

moyenne sur les autres intrants alimentaires. Et ceci sans corrélation avec le poids des bêtes à la vente. Ceci est peut-être à rapprocher d’une alimentation en aliment bétail à base de son, donc une confusion sur les termes, mais ceci demeure hypothétique.

Quelques rares emboucheurs déclarent ne donner que de l’aliment bétail et du son, mais pas de foin (souvent des emboucheurs non éleveurs). Ce qui semble corrélé avec des quantités de son de mil importantes : l’un d’eux déclare en donner 25 kilos par jour. Ceci est à rapprocher par hypothèse à des emboucheurs qui recherchent une prise de poids très rapide, un engraissement « forcé » Ce qui pourrait être également rapproché des expériences de ‘mort subite’ d’animaux trop gras…, exprimé notamment par un emboucheur qui recherche un engraissement supérieur aux attentes de la moyenne… une mort plutôt lié à une insuffisance de matière à ruminer ?

« Le gros taureau qui est là depuis trois mois, je veux encore le faire grossir car je veux le vendre 450 000 francs. Je vais encore l’emboucher pendant deux mois. […] Il y a des bêtes qui meurent car elles sont trop grasses, surtout à la fin de l’embouche. Moi ça m’est déjà arrivé deux fois, ça donne beaucoup de difficultés, car tu perds tout ce que tu as investi. » (petit emboucheur exclusif, Sans-Fil)

L’eau, le sel et les frais de santé animale, même s’ils constituent des dépenses mineures, contribuent néanmoins à amoindrir les faibles gains dégagés par l’embouche. L’eau surtout, et de façon bien moindre le sel, peuvent représenter une dépense de plusieurs milliers de francs sur une durée moyenne de plusieurs mois La santé animale La santé animale est un sujet, sinon préoccupant, du moins apparemment investi par les emboucheurs, ne serait-ce que sur un plan économique : une bête en bonne santé est une bête qui mange mieux et qui grossit plus vite (et qui a moins de chances de mourir, bien que la perspective de la mort des animaux ne semble réellement anxiogène que pour une minorité d’emboucheurs) La santé animale repose sur deux dispositions :

- La vaccination et la prise de ‘comprimés’ lors de l’achat (apparemment, moins de 1 000 francs au total)

- Le recours au vétérinaire en cas de maladie (selon les expériences relatées, de quelques milliers de francs à 20 000 francs pour des cas rares mais ‘plus graves)

« Nous, on connaît les animaux, on ne prend pas le vétérinaire. On paie le médicament et le vaccin. Chaque animal prend deux comprimés, après tu le laisses se reposer pendant dix jours.

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Le vaccin c’est 200 francs, chaque comprimé c’est 200 francs, ça fait 600 francs par vache » (gros emboucheur exclusif, Moribabougou)

« Si la vache est maigre, il faut le vétérinaire pour la soigner. Ils font des injections et donnent des comprimés, le jaune et l’oxy, c’est de la vitamine pour qu’ils puissent manger plus. Sinon, si la vache n’est pas maigre, on embouche directement. » (emboucheur exclusif moyen, Niamana)

Les données quantitatives montrent que les emboucheurs estiment en moyenne à environ 3 000 francs le prix de la santé animale pour le dernier animal vendu

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2.9. Les débouchés de l’embouche urbaine à Bamako a. Les acheteurs finaux Les emboucheurs ne connaissent en majorité pas leurs clients ; certains bouchers sont bien connus des sites d’embouche, mais ils n’entretiennent pas de relation commerciale privilégiée avec tel ou tel emboucheur. Les achats se font à l’unité ; ils ne sont pas liés au vendeur mais sur l’intérêt pour l’animal. L’opération de vente s’effectue ainsi uniquement selon la loi du marché. Le quantitatif confirme le caractère local du marché. Et le poids des particuliers émerge fortement, cf. l’acheteur donné pour le dernier animal vendu :

- 2/3 des animaux ont été vendus à des bouchers de Bamako - 1/3 des animaux a été vendu à des particuliers de Bamako - Un seul animal a été vendu à un autre emboucheur - Seulement deux animaux ont été vendus à l’export (un à un étranger, un à un intermédiaire)

Les bouchers achètent exclusivement sur le poids/la ‘grosseur’ de l’animal, et sur la qualité de la viande, estimée à travers une tape sur la croupe de l’animal.

« Le boucher passe, il ne regarde même pas l’animal, il donne un coup, selon la façon dont ça résonne, il sait si la viande est bonne ou pas, si il est content, alors seulement là il regarde l’animal et si il est satisfait il parle à l’emboucheur et on négocie. » (exprimé par la majorité des emboucheurs)

Les bouchers qui constituent le gros des débouchés achètent pour plusieurs destinations :

- La directe vente aux particuliers sur les marchés - La vente au circuit de la restauration - Beaucoup semblent être des « chevillards », bouchers grossistes, qui revendent une partie de

la viande à d’autres bouchers.

« Les clients, c’est surtout les bouchers, et les gens pour les mariages. Les bouchers qui ont de l’argent, ils achètent jusqu’à dix vaches » (gros emboucheur exclusif, Sans-Fil)

La chambre froide du marché Sans-Fil permet notamment un achat groupé : l’animal acheté est égorgé et découpé en quartiers le soir, conservés dans la chambre froide. Le partage entre les différents bouchers s’opère le lendemain matin. Le prix au kilo de la viande embouchée semble faiblement supérieur à celui des bêtes non embouchées (1 600 francs le kilo) : 1 700 francs le kilo au consommateur final, mais seulement 1 600/1 650 francs en cas de revente à un boucher détaillant. Les motivations des bouchers pour les bovins embouchés semblent liées à deux registres :

- Des attentes qualitatives de la part de leurs clients - Un calcul de rapidité de vente lié à l’aspect du produit : une ‘belle’ viande, plus appétissante

pour le client

« J’égorge surtout les vaches à l’embouche, parce que c’est plus gras et sans eau dans la viande. Mes clients sont les hôtels, les restaurants, les particuliers. Les avantages, c’est que c’est beau à voir, ça attire le client, ça donne la notoriété, et c’est vite acheté. Les inconvénients, c’est que ça ne permet pas plus de gain » (boucher, Bamako)

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« Je revends aux autres bouchers et au camp militaire de Dar Salam. J’égorge six à dix vaches par jour. J’égorge des vaches embouchées, parce qu’il y a plus de viande et c’est plus gras. Les avantages, c’est qu’il y a plus de gain car ça pèse plus lourd, je vends 1 700 francs le kilo. » (boucher, Bamako)

« On nous appelle les « chevillards », on est les bouchers qui revendent aux autres bouchers. Je vends embouché car c’est de la bonne qualité, il y a de la graisse et la viande est tendre. Mes clients sont les particuliers, les restaurants, et j’ai moi-même une rôtisserie. Je vends 1 700 francs le kilo, mais si je revends au boucher revendeur, c’est 1 600 ou 1 650 francs le kilo. L’inconvénient, c’est les clients qui n’aiment pas la graisse » (boucher, Bamako)

« Je fais les deux, des vaches embouchées et des vaches non embouchées. Je préfère les vaches embouchées, parce que le calcul est plus facile pour moi, je calcule par le poids et le prix au kilo. L’avantage, je vends plus vite, je peux vendre deux vaches embouchées à la place ‘une vache non embouchée. L’inconvénient, c’est qu’il faut enlever la graisse, que les gens n’aiment pas beaucoup, ça fait des pertes. Mes clients sont les particuliers et les bouchers, je vends 1 700 francs le kilo aux particuliers et 1 600 francs aux bouchers. J’égorge trois ou quatre vaches par jour, je suis un « chevillard » (boucher, Bamako)

« Je ne fais pas de vache embouchée car ça coûte plus cher, moi je mets moins d’argent, l’inconvénient c’est que ça se vend moins vite. Mes clients sont des femmes qui vendent de la viande préparée et des particuliers du quartier, je vends 1 600 francs le kilo » (boucher, Bamako)

Les particuliers ont d’autres critères :

- La couleur semble jouer un rôle important o surtout pour des achats à destination sacrificielle,

Le blanc, le noir, le rouge et le moucheté noir et blanc ont chacun(e) des vertus particulières selon le type de sacrifice que l’on veut faire : le blanc pour les mariages et les sacrifices musulmans, le noir et le rouge pour des sacrifices de magie (blanche ou noire) ; le moucheté semble pouvoir s’intégrer dans ces diverses destinations

o également pour des cérémonies, mais plus secondaire, selon les désirs des particuliers acheteurs

o le poids est un critère statutaire mais secondaire du sacrifice en tant que tel, de plus le critère poids se retrouve confronté au pouvoir d’achat des acheteurs, ce qui induit, dans la perception des emboucheurs comme dans l’analyse du poids des animaux venus aux particuliers, par un poids moyen inférieur à celui des animaux achetés par les bouchers

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b. Tableau des « prix » des bêtes à la vente

Prix de vente du dernier animal vendu

% sur l’ensemble

Marge moyenne

(différentiel achat/vente)

Durée moyenne

(mois)

CA mensuel

Gain estimé par l’emboucheur sur l’opération

80 000 1% 17 000 2 8 500 20 000

100 à 149 000 6% 39 000 0,3 121 000 38 000

150 à 199 000 9% 62 000 1,9 33 000 18 000

200 à 249 000 9% 61 000 2,5 24 000 26 000

250 à 299 000 16% 100 000 2,9 35 000 29 000

300 à 349 000 9% 126 000 2,7 46 000 44 000

350 à 399 000 6% 150 000 4,3 35 000 37 000

400 à 425 000 4% 190 000 2,3 84 000 35 000

Les données quantitatives confirment les informations du qualitatif :

- Les particuliers achètent des animaux moins gros - En revanche, ils paient assez largement moins cher que les bouchers

Acheteur Boucher

Particulier

Poids moyen estimé à la vente lorsque estimé

179 kilos 159 kilos

Prix de vente moyen donné 268 000 francs 208 000 francs

Note sur les prix d’achat et de vente des animaux (calculé sur 41 processus d’achat-vente avec poids des animaux estimé par l’emboucheur) Le prix d’achat (par les emboucheurs) au kilo » est décroissant avec le poids (calcul confirmé sur le dernier embouché et sur le dernier vendu)

- Animaux de moins de 60 kilos : variable, mais moyenne à 2 500 f - Animaux de 60 à 95 kilos : variable, autour de 2 000 f - Animaux de 100 à 135 : 1 700 f - Animaux de 140 kilos et plus : 1 400/1500 f le kilo

Le prix de vente (par les acheteurs) au kilo » est moins décroissant avec le poids, sauf pour les bêtes les plus grosses (toujours au moins 100 kilos estimés à la vente)

- Animaux de 100 à 130 kilos : 1 600 f le kilo - Animaux de 140 à 155 kilos : 1 500 f le kilo - Animaux de 170 à 180 kilos : 1 600 f - Animaux de 200 kilos et plus (18 ventes) : 1 200 f le kilo

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Il semble donc que l’effet de l’embouche ‘forcée’ soit peu rémunérateur, or le marché recherche surtout des animaux très gras ; il semble ainsi y avoir un ‘effet pervers’ d’une demande et de règles de marché qui ne favorisent pas la rentabilité de l’embouche. c. Les gains et l’anticipation des gains Les gains de l’embouche sont jugés très réduits, et, de façon compréhensible, ceci est surtout exprimé par les ‘petits’ emboucheurs, qui ont de faibles moyens et embouchent peu d’animaux simultanément. Les gains sont également perçus comme aléatoires, avec parfois des pertes. Globalement, le différentiel vente/achat rapporté à la durée de l’embouche égale environ 46 000 francs mensuels ; pour obtenir un gain sur l’opération d’embouche, l’emboucheur doit ainsi dépenser moins que cette somme. Or, les emboucheurs estiment de 30 000 à 45 000 francs par mois selon les personnes le coût de l’embouche moyen.

« Chaque jour, chaque gros bœuf mange pour 1 500 francs de son, de foin et de tourteau. Mais c’est 750 francs si c’est un petit bœuf. » (‘gros’ exclusif, Sans-Fil) « Moi je compte 30 000 francs par mois et par bête en tout, je calcule comme ça, quand je revends je compte mon prix d’achat, 30 000 francs par mois et j’essaie de rajouter 25 000 francs. » (marchand de bétail, Sans-Fil) « Moi je calcule 100 000 francs pour trois mois pour une bête. » (exclusif moyen, Niamana)

La plupart des emboucheurs calculent peu leurs dépenses, ou de façon globale et non par animal. Les animaux ne sont souvent pas achetés et surtout, même en cas d’achat groupés, pas vendus en même temps, ce qui compliquer les tentatives de calcul par tête.

« C’est difficile de connaître le gain par vache. Si tu gardes les animaux pendant deux mois, tu peux gagner 50 ou 60 000 francs. Si tu gardes trois mois, tu as perdu, mais je ne sais pas combien. » (gros emboucheur exclusif, Moribabougou)

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En quantitatif, un comparatif entre le gain estimé sur le dernier animal vendu et le calcul des coûts d’après les déclaratifs de dépenses montre un décalage très important, et notamment des pertes sèches fréquentes. A noter que le caractère approximatif des estimations permet difficilement de statuer sur les gains réels des emboucheurs ; il traduit surtout, de façon manifeste, le très faible contrôle de leurs marges.

Gain estimé par l’emboucheur et proportion au sein de l’échantillon

Gain ‘réel calculé’ en moyenne (sur la base des estimations des dépenses)

+ 50 – 75 000 (12 emboucheurs soit 20%) 49 000 francs de gain (une perte de 64 000)

+ 30 – 45 000 (15 emboucheurs soit 25%) 49 000 francs de gain (de 7 000 de pertes à 134 000 de gains)

+ 20 – 27 000 (17 emboucheurs soit 28%) 800 francs de gain (de 60 000 de pertes à 80 000 de gains)

+ 10 – 15 000 (8 emboucheurs soit 13%) 4 000 francs de pertes (de 66 000 de pertes à 14 000 de gains)

- 15 000 (1 emboucheur soit 2%) 50 000 francs de pertes

Il ne semble pas possible de corréler ces informations à un profil d’emboucheur (type d’activités, nombre de bêtes à l’embouche), à un profil d’animal (race, âge) ou à un profil d’alimentation. Néanmoins, les rares vaches ‘femelles’ embouchées semblent fournir moins de gain/plus de pertes que les taureaux. Un seul emboucheur interviewé en qualitatif témoigne d’une volonté de contrôle des dépenses et des gains. Cette approche le conduit à calculer par tête (ou groupe de deux animaux si achetés en même temps) et non sur le global des 16 bêtes qu’il embouche. Cette approche l’amène également à réaliser des opérations non rentables en termes de gains, mais pertinentes en termes de gestion de trésorerie :

« Moi je sais ce que je mets dans chaque mangeoire. Les deux bœufs blancs qui mangent ensemble, c’est parce que je les ai achetés en même temps. […] J’ai vendu un animal cher récemment, j’ai acheté un autre animal, et j’ai acheté ce veau avec l’argent qui me restait. Je vais l’emboucher pendant un mois et demi et le revendre. Je ne vais rien gagner sur l’opération, je ne fais pas ça pour le gain, mais c’est pour pas bouffer l’argent. » [Exclusif]

d. Point sur la vente à l’export La vente à l’export semble représenter une part très mineure de la production d’animaux d’embouche urbaine/périurbaine Seulement 9 emboucheurs sur 60 interrogés en quantitatif ont vendu à l’export

- 1/3 récemment - 2/3 la majorité en 2007-2009, ce qui correspond avec le quali, la plupart vendent de façon

très occasionnelle à l’export, certains l’ont fait et ont abandonné, et ceux qui le font sont plus ou moins spécialisés, et affrètent des camions, mettent en lace une opération.

Ces ventes sont surtout réalisées Niamana et à Daral, sites qui au-delà de leur statut de ‘plaques tournantes’ ont un quai d’embarquement lié au garbal

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« Les gens de la Gambie et du Sénégal viennent ici, mais ils n’achètent que des gros taureaux. » (emboucheur exclusif moyen, Niamana)

« Les gens du Sénégal viennent acheter à Daral, ils paient bien, mais ils sont très difficiles, ils veulent des animaux très gros. » (éleveur-emboucheur, Daral)

Les sites purement urbains ont un débouché à l’export très faible (Sans-Fil) voire quasi nul (Faladjié-Djikoroni, et vraisemblablement Faldjié)

« C’est rare que les gens de la Gambie viennent ici, mais quand ils viennent ils peuvent prendre un camion entier. Sinon, il y a des étrangers qui viennent ici pour remplir leur camion s’ils n’ont pas tout trouvé à Daral. » (petit emboucheur exclusif, Sans-Fil)

« Les gens de la Gambie qui viennent ici viennent surtout pour des bœufs blancs, mais ce ne sont pas des animaux d’embouche. » (marchand de bétail-emboucheur, Sans-Fil)

« Ici c’est très rare que les étrangers viennent, nous on vend aux bouchers de Bamako et aux particuliers de Bamako. » (emboucheur exclusif, Faladjié)

Ce sont notamment les profils ‘marchand de bétail-emboucheur’ et surtout ‘éleveur-emboucheur’ (cf. le réseau structuré des Dogons de Koro vers Douentza) qui semblent pratiquer l’export massif de bêtes embouchées à l’export, de façon plus ou moins structurelle selon leurs ressources et leur assise financières. L’activité d’export et notamment l’organisation de camions destinés à l’export s’assimile fortement à leur gestion de flux d’animaux, déjà très structurée et ‘systématisée’ entre leur région d’origine et d’ancrage et la capitale.

« Je pars vendre à l’étranger. Tant qu’il y a un marché, on part vendre là-bas. On achète ici, on revend là-bas, on revient, on repart. La dernière fois, c’était il y a moins de deux mois vers le Sénégal. Quand le garbal est plein à Niamana, on achète des bœufs embouchés au garbal, à des emboucheurs qui n’ont pas les moyens de partir, qui ont deux à quatre têtes. Je fais cinq à six voyages par an au Sénégal, avec environ 20 à 30 vaches par camion. On loue le camion à deux, ça coûte 22 000 francs par tête. La douane, il y a un document d’état, il faut compter 2 000 francs par tête, et 1 000 francs de vaccin. C’est surtout des vaches que j’achète ici, pas des vaches que j’embouche moi. Ici, un gros taureau, tu le vends 225 ou 250 000 francs, là-bas, 325 ou 350 000 francs. Si on ne vend pas tout de suite, on reste, on les nourrit et on attend. » (gros éleveur-emboucheur 1, Niamana)

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Fig. 3 : Carte des principaux circuits de vente à l’export

Le registre des camions en partance pour Dakar permet de compter le nombre de camions par mois (en moyenne 38 ou 40 têtes par camion) :

- Octobre-novembre : une dizaine - Décembre-janvier : une quinzaine - Février : 25 - Mars-avril : 30 à 35

Note : en l’absence des vétérinaires, nous n’avons pu consulter le registre que très rapidement pour faire le compte par mois des camions en partance. Ce qui permet d’estimer que moins de 10 000 têtes de bovins partent à Dakar par an. Ce chiffre inclut d’autre part des bêtes non embouchées ou non embouchées à Bamako (ex. camions en provenance de Ségou ou Mopti notamment), sur la proportion desquelles il est impossible de statuer. Quoi qu’il en soit, le nombre de bêtes embouchées dans la zone urbaine de Bamako à destination de Dakar semble ne pas dépasser quelques milliers.

« Moi j’élève et j’embouche à Koro, j’embouche un peu ici. Je vends à Bamako ou à l’étranger, ça dépend, selon le moment, parfois c’est plus cher à un endroit, on va là où ça vend le mieux. Mais je fais partir les camions directement de Koro. Il faut compter 800 000 francs de transport et 250 000 francs de douane et de vétérinaires. Parfois je fais ça seul, parfois avec une autre personne. Mais une vache que tu vends 225 000 francs à Bamako, tu la vends 260 000 à Dakar, et 300 000 à Cotonou. Tu peux vendre 20 vaches en une journée ou en 5-6 jours. A Dakar, ils préfèrent les suraka mishi, à Cotonou ils préfèrent les fula mishi, elles sont plus résistantes au climat de Cotonou. » (gros éleveur-emboucheur 2, Niamana)

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Annexe : questionnaire utilisé pour la collecte des données quantitatives

Site d’enquête Daral Niamana Marché Sans-Fil Faladié, Torokorobougou, Diélibougou a. Profil de l’emboucheur Q.01/ Ou habitez-vous la plupart de l’année ? Bamako . . . . . . . . . . . Q.02/ Quelles sont vos activités ?

Embouche bovine Oui Non

Embouche de moutons

Elevage bovin

Elevage de petit bétail

Boucher

Marchand de bétail bovin

Achat-vente occasionnel de têtes de bovins

Autres (préciser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Autres (préciser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Q.03/ Combien de têtes possédez-vous actuellement ?

Nombre de bovins à l’embouche

/. . . /

Nombre de bovins d’élevage hors embouche

/. . . /

Dont nombre de vaches laitières

/. . . /

Nombre de moutons et/ou de chèvres à l’embouche

/. . . /

Nombre de moutons et/ou de chèvres d’élevage hors embouche /. . . /

Q.04/ Où sont les bovins que vous embouchez actuellement ?

Sur votre terrain en brousse

/. . . /

Sur les sites d’embouche à proximité du garbal

/. . . /

34

b. Données sur le dernier animal mis à l’embouche : Date d’achat : Lieu d’achat : Vendeur :

Élevé soi-même Acheté à un éleveur Acheté à un marchand de bétail

Prix d’achat : . . . . . . 000 fcfa Type d’animal

- Sexe de la bête Moussomishi Taureau

- Race bovine : Fula mishi Suraka mishi Métis fula-suraka Mèrè mishi Tchad mishi Toubabou mishi

- Age (connu ou estimé) à la date d’achat / . . . . . / ans / . . . . . / mois

- Etat de la bête lors de l’achat

Très maigre Maigre Moyenne Grasse Très grasse

- Poids (connu ou estimé) à la date d’achat

- Modes d’alimentation actuels

o Mangeoire : individuelle ou partagée avec d’autres animaux ?

o Rythme Tous les jours pareil ou variable selon les jours ?

35

Au cours de la semaine écoulée, quelle quantité avez-vous donnée à cette bête… (réponse selon l’unité de référence de l’interviewé)

Quantité :

Kilos Sacs Bottes/ ballots

De foin/paille

/. . . /

/. . . /

/. . . /

De son de mil

/. . . /

/. . . /

/. . . /

De son de maïs

/. . . /

/. . . /

/. . . /

De son de riz

/. . . /

/. . . /

/. . . /

De tourteau

/. . . /

/. . . /

/. . . /

Autre (préciser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

/. . . /

/. . . /

/. . . /

Autre (préciser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

/. . . /

/. . . /

/. . . /

Et au cours de la semaine écoulée, quelle quantité d’eau avez-vous donnée à cette bête ?

Quantité :

Litres Seaux Bidons

/. . . /

/. . . /

/. . . /

Hier, quelle quantité avez-vous donné précisément (adapter la réponse selon l’unité de référence de l’interviewé) à cette bête ?

Quantité :

Kilos Sacs Bottes/ ballots

De foin/paille

/. . . /

/. . . /

/. . . /

De son de mil

/. . . /

/. . . /

/. . . /

De son de maïs

/. . . /

/. . . /

/. . . /

De son de riz

/. . . /

/. . . /

/. . . /

De tourteau

/. . . /

/. . . /

/. . . /

Autre (préciser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

/. . . /

/. . . /

/. . . /

Autre (préciser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

/. . . /

/. . . /

/. . . /

36

Et hier, quelle quantité d’eau avez-vous donnée à cette bête ?

Quantité :

Litres Seaux Bidons

/. . . /

/. . . /

/. . . /

Pratiques liées à la santé animale Durée estimée de l’embouche (rubrique de réponse selon le choix de l’interviewé) ; (bien relancer)

- A partir de la date d’achat / . . . . . / mois / . . . . . / jours

- Ou à partir de la date de l’entretien : / . . . . . / mois / . . . . . / jours

- NSP Prix de vente estimé/espéré/présumé : . . . . . . 000 fcfa Q.03/ Catégorisation

- Critères et données utiles fournies par la phase 2 o Sur l’emboucheur lui-même o Sur son ‘site’ d’embouche o Sur ses circuits d’achat des aliments bétail, etc.

A quel prix achetez-vous (adapter la réponse selon l’unité de référence de l’interviewé) :

Kilo Sac Botte/ ballot

Le foin/la paille

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

Le son de mil

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

Le son de maïs

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

Le son de riz

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

Le tourteau

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

Autre (préciser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

Autre (préciser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

Où vous procurez-vous l’eau que vous donnez à cette bête ? Puits personnel Puits public

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Puits du marché Fontaine/Forage du marché A quel prix achetez-vous l’eau ?

Seau Bidon

Le foin/la paille

. . . . . fcfa

. . . . . fcfa

c. Données sur le dernier animal d’embouche vendu : Question de méthodo : faut-il directement recueillir les données sur le dernier animal vendu pour l’export ou (comme c’est le cas) partir plus large, et au besoin recueillir quelques données sur la vente à l’export ? Date de vente : Date d’achat de la bête : Lieu d’achat : Vendeur : Élevé soi-même Acheté à un éleveur Acheté à un marchand de bétail Prix d’achat le cas échéant : . . . . . . 000 fcfa Type d’animal

- Sexe de la bête Moussomishi Taureau

- Race bovine : Fula mishi Suraka mishi Métis fula-suraka Mèrè mishi Tchad mishi Toubabou mishi

- Age (connu ou estimé) à la date d’achat / . . . . . / ans / . . . . . / mois

- Etat de la bête lors de l’achat

Très maigre Maigre Moyenne Grasse Très grasse

- Poids (connu ou estimé) à la date d’achat

Durée de l’embouche, de l’achat à la vente : / . . . . . / mois / . . . . . / jours

- Poids (connu ou estimé) lors de la vente : . . . . . . kilos NSP

- Prix de vente : . . . . . . 000 fcfa Acheteur : Boucher(s) de Bamako Particulier de Bamako Intermédiaire de bouchers de Bamako Intermédiaire pour l’export à l’étranger, parti revendre la bête (préciser le pays)

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Acheteur étranger (préciser le pays) Pouvez-vous estimer ce que l’embouche de cette bête vous a coûté :

En foin/paille

. . . . . fcfa

En son de mil

. . . . . fcfa

En son de maïs

. . . . . fcfa

En son de riz

. . . . . fcfa

En tourteau

. . . . . fcfa

Autre (préciser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . fcfa

Autre (préciser) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . fcfa

En eau

. . . . . fcfa

En autres dépenses et taxes

. . . . . fcfa

A combien estimez-vous votre gain sur cette bête, en comptant tout ce qu’elle vous a coûté ? si le dernier animal vendu a été vendu pour le marché bamakois : d. Données sur le dernier animal d’embouche vendu à l’export : Date de vente : Prix de vente : . . . . . . 000 fcfa Destination : Date d’achat de la bête : Prix d’achat le cas échéant : . . . . . . 000 fcfa Durée de l’embouche Gain sur l’opération totale :