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Le mentalais en une leçon

Ce que penser veut direséance 9

M. Cozic

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Previously on “Ce que penser veut dire”

I nous avons présenté et discuté le fonctionnalisme: sonidée générale, certaines de ses variantes, les difficultésqu’il rencontre

I nous avons été (délibérément!) vague sur l’application dufonctionnalisme aux différentes familles d’états mentaux

I nous allons maintenant nous intéresser plus en détails auxattitudes propositionnelles (APs) et, de manière générale,à l’intentionnalité

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AP et intentionnalité

I exemples d’APs:• Paul croit que la Terre est ronde• Paul espère que Marie sera présenteI les APs ont un contenu sémantique - elles représentent

quelque choseI les APs ont des conditions de satisfaction (une croyance

correcte ou pas, un désir satisfait ou pas, etc) quidépendent de ce contenu sémantique

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AP et activité de penser

I penser, ce n’est pas qu’avoir des APs, c’est aussi former,modifier, abandonner des APs

• Paul croit que si Marie était présente, Marc était content• Paul apprend que Marie était présente• Paul conclut que Marc était contentI on voudrait donc non seulement une théorie de ce que

c’est que d’avoir des APs, mais également de ce en quoiconsiste l’activité de penser

I on va présenter une théorie qui entend répondre aux deuxquestions: la théorie du langage de la pensée

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le langage de la pensée

I le langage de la pensée (language of thought, abrégéeLOT) est une théorie qui cherche à expliquer les pensées(les attitudes propositionnelles) et l’activité de penser. Elleest notamment défendue par Jerry Fodor (1975)

I on surnomme ce langage de la pensée le Mentalais(Mentalese)

I idée fondamentale: les APs sont des relations à desreprésentations mentales qui sont analogues à des signeslinguistiques

I objectif principaux de la séance: comprendre (i) quelsaspects du langage semblent pertinents aux défenseursdu Mentalais pour éclairer la pensée et (ii) quels aspectsde la pensée semblent expliqués par le Mentalais

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1. LOT: les épisodes précédents

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Figure: Platon

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Platon et le discours intérieur

I Platon, Théétète, 189e-190aSocrate: Et est-ce que tu appelles penser la même choseque moi ?Théétète: Qu’est-ce que tu appelles penser ?S: une discussion (logos) que l’âme elle-même poursuittout du long avec elle-même à propos des choses qu’il luiarrive d’examiner. C’est en homme qui ne sait, il est vrai,que je te donne cette explication. Car voici ce que mesemble faire l’âme quand ellle pense: rien d’autre quedialoguer, s’interrogeant elle-même et répondant, affirmantet niant...

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Platon et le discours intérieur

I Platon, Théétète, 189e-190aSocrate: ...Et quand, ayant tranché, que ce soit avec unecertaine lenteur ou en piquant droit au but, elle parle d’uneseule voix, sans être partagée, nous posons que c’est làson opinion (doxa). De sorte que moi, avoir des opinions,j’appelle cela parler, et que l’opinion, je l’appelle unlangage (logos), prononcé, non pas bien sûr à l’intentiond’autrui ni par la voix, mais en silence à soi-même.

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Platon et le discours intérieur

I Platon, Sophiste, 263dL’Etranger: Eh bien, pensée et discours ne sont qu’unemême chose, sauf que le discours intérieur (entosdialogos) que l’âme tient en silence avec elle-même a reçule nom spécial de pensée (dianoia).

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postérité du discours intérieurI l’idée de la pensée comme discours intérieur traverse toute

l’histoire de la philosophie de l’Antiquité au Moyen-Age(Saint Augustin, Porphyre, Boèce, Thomas d’Aquin...), etreçoit des interprétations différentes - voir l’excellentPanaccio (1993). Cette filiation culmine avec Guillaumed’Ockham (1285-1347) pour qui

• le langage de la pensée “n’est d’aucune langue”• les termes du langage de la pensée sont des signes de

choses extérieures mais (à la différence des signeslinguistiques) des signes non-conventionnels ou naturels

• le langage de la pensée a, comme les langues naturelles,une structure: les propositions mentales sont composéesde concepts

• le langage de la pensée se laisse analyser en catégoriesanalogues aux catégories grammaticales (noms, verbes,adverbes, préposition,...)

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Figure: Guillaume d’Ockham (1285-1347)

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2. LOT: position

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Figure: Jerry Fodor

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la récréation est finie: retour aux APs

I question: comment analyser une AP comme• Paul croit que la Terre est ronde• Paul croit que PI 2 options fondamentales:

(01) l’analyse monadique: Paul a un état mental= croire que P(//douleur)

(02) l’analyse relationnelle: Paul entretient une relation (lacroyance) à un contenu (P)l’option relationnelle “suit” la langue naturelle: les APssemblent se diviser en deux composantes: (a) un typeattitude (croyance, désir, espoir...) et (b) un contenu (laTerre est ronde, Marie était présente,...)

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(02) l’analyse relationnelle: Paul entretient une relation (lacroyance) à un contenu (P)

I problème: qu’est-ce que le contenu ? si l’on conçoit lecontenu comme un objet abstrait (une proposition),comment est-ce qu’un individu peut “entrer en relation”avec un contenu ?

I pensons au langage: grâce à lui, on peut véhiculer descontenus. Comment ? Parce que des symboles signifient(ou expriment les contenus

I d’où l’idée de postuler que ce avec quoi Pierre entre enrelation, ce n’est pas (directement) avec le contenu P maisavec un symbole qui signifie P - notons ce symbole P

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la théorie représentationnelle de l’espritI on peut appeler ce symbole P une représentation mentale.

Et on peut mettre en forme l’idée de la manière suivante:

(T1) pour toute attitude propositionnelle A (désirer que,croire que, espérer que....), il existe une relationpsychologique RA telle que pour toute proposition P,un individu A que P ssi il existe une représentationmentale P tq (a) l’individu entretient la relation RA à P et(b) P signifie que P

I si l’on ajoute à cette analyse la thèse (T2) selon laquelleles processus mentaux (raisonner, délibérer, etc) sont dessuites d’occurences de représentations mentales, onobtient une théorie que l’on appelle la théoriereprésentationnelle de l’esprit (RTM)

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la théorie représentationnelle de l’esprit

I question 1: qu’est-ce que la relation RA qui correspond àl’attitude propositionnelle A ? qu’est-ce que, par exemple,la relation qui correspond à la croyance ?

I réponse fonctionnaliste: Paul est disposé à affirmer que Pquand il désire être sincère, Paul est disposé à raisonnerde telle manière, etc. On peut faire l’exercice d’analysefonctionnelle pour chaque AP : pour la relationcorrespondant au désir, à l’intention, à l’interrogation, etc.

I question 2: qu’est-ce qui fait qu’une représentationmentale P signifie que P? voir séance suivante

I question 3: à quoi ressemble notre système dereprésentations mentales ?

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RTM et boîtes à API la réponse à la question 1 (analyse fonctionnaliste des

relations caractéristiques des types d’AP) est capturée parla métaphore de la boîte à croyances, boîte à désirs, etc

Figure: De Stich & Nichols (1992)M. Cozic Le mentalais en une leçon Ce que penser veut dire séance 9

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RTM et boîtes à AP, suite

. Fodor (1987)

“...voici ce qui se produit dans notre tête...lorsque nousavons l’intention de rendre P vraie. Nous mettons dans laboîte d’intentions un token d’un symbole mental qui signifieque P. Et la boîte commence à s’agiter, gargouiller,calculer et causer certains effets, si bien que nous nouscomportons d’une façon qui (ceteris paribus) fait en sorteque P. Ainsi, par exemple, supposons que j’aie l’intentionde lever ma main gauche...

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RTM et boîtes à AP, suite

. Fodor (1987)

“...Dans un tel cas, je mets dans ma boîte d’intentions untoken d’un symbole mental qui signifie “Je lève ma maingauche”. Par suite, après les agitations, gargouillements,calculs et causes appropriés, ma main gauche se lève?

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où l’on arrive enfin à LOTI LOT = (T1)+(T2)+ une réponse à la question 3I (T3) les représentations mentales appartiennent à un

système symbolique tel que(1) les représentations ont une syntaxe et une sémantique

combinatoire : les représentations complexes sontconstruites de manière systématique à partir deconstituants simples et le contenu sémantique d’unereprésentation complexe est fonction du contenusémantique de ses constituants atomiques et de sastructure syntaxique, et

(2) les opérations sur les représentations sont sensiblescausalement à la structure syntaxique des représentations

I qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? commençonspar (1)

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règles syntaxiques

I pensons aux phrases de la langue naturelle: ellesobéissent à des règles de formation (règles syntaxiques)

• “Paul aime Claire et Marie est enjouée” est construit àpartir des deux phrases (plus simples) “Paul aime Claire”et “Marie est enjouée” en les reliant par “et”. Règle: si S1 etS2 sont des phrases, alors “S1 et S2” est aussi une phrase.

• “Paul aime Claire” est construit à partir de “Paul” (nompropre, une sorte de groupe nominal) et de “aime Claire”(groupe verbal). Règle: si NP est un groupe nominal et VPun groupe verbal, alors “VPNP” est une phrase.

• “aime Claire” est construit à partir de “aime” (verbetransitif) et de “Claire” (nom propre). Règle: si Vt est unverbe transitif et PN un nom propre, alors “Vt PN” est ungroupe verbal

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règles syntaxiques

I idées:(i) les expressions bien formées sont celles que l’on peut

engendrer par application des règles syntaxiques(ii) ces règles sont en nombre fini(iii) elles s’appliquent à partir d’un répertoire (fini)

d’expressions de bases ou expressions atomiques(iv) les règles et le répertoire sont capables d’engendrer

(potentiellement) un nombre infini d’expressions bienformées

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règles sémantiquesI règles sémantiques=règle d’interprétation ; pensons (de

nouveau) aux phrases de la langue naturelleI interpréter “Paul est chauve”, c’est dire dans quelles

conditions la phrase est vraieI la vérité de “Paul est chauve” dépend de ce que signifient,

à leur tour, les constituants de la phrase et notamment“Paul” et “chauve”

• “Paul est chauve” est vrai ssi l’individu dénoté par “Paul” ala propriété exprimée par “est chauve”

I les règles sémantique donnent l’interprétation d’uneexpression à partir de l’interprétation des constituants del’expression et de la façon dont ses constituants sontstructurés

• “Paul aime Claire” et “Claire aime Paul” ont les mêmesconstituants mais pas la même structure...et pas la mêmesignification !

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retour aux représentations mentales

I la (T3) affirme que nos représentations mentales ont unesyntaxe et une sémantique qui ont les propriétés que nousvenons d’expliquer (propriétés qui seraient égalementpartagées par les langues naturelles)

I voici comment (Fodor et Pylyshin, 1988) résument lespropriétés importantes:

(1) il y a des représentations mentales (structurellement)atomiques et d’autres (structurellement) complexes

(2) les représentations complexes ont des constituantssyntaxiques qui sont eux-mêmes simples ou complexes

(3) le contenu sémantique d’une représentation complexe estfonction du contenu sémantique de ses constituantssyntaxiques et de la façon dont ils sont structurés

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l’hypothèse computationnelle

(2) les opérations sur les représentations sont sensiblescausalement à la structure syntaxique des représentations

I on revient ici au modèle de l’ordinateur qui effectue desopérations sur des symboles en vertu de la structuresyntaxique de ces propriétés

• exemple : Paul croit que si Marie était présente, Marc étaitcontent ; il apprend que Marie était présente ; il en conclutque Marc était content

• analyse: la boîte à croyance contient “si Marie étaitprésente, Marc était content” et “Marie était présente” ; larègle syntaxique qui autorise à conclure ”Q” de “Si P alorsQ” et “P” s’applique

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l’hypothèse computationnelle, suite

I LOT voit donc les processus cognitifs (l’activité de penser)comme des processus computationnels (ou calculatoires),analogues à ce qui se passe dans les ordinateurs

I pour cette raison, on désigne souvent LOT par le terme dethéorie computo-représentationnelle de l’esprit (CRTM)

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mentalais et langue naturelle

I objection:

“Bien sûr il y a un médium dans lequel nous pensons, etbien sûr c’est une langue. En fait, c’est une languenaturelle: l’anglais pour les locuteurs anglais, le françaispour les locuteurs français, l’hindi pour les locuteurs hindi,etc...Vous supposez que la langue naturelle est le médiumdans lequel nous exprimons nos pensées; en réalité, c’estle médium par lequel nous les pensons.” (Fodor, 1975, p[33])

I pourquoi faire l’hypothèse d’une langue de la pensée enplus de la langue naturelle ?

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renforcement de l’objection

I argument introspectif (Carruthers, 1996)

“L’introspection nous informe, en réalité, que beaucoup denos pensées sont entièrement exprimées dans la languenaturelle - par exemple, mes pensées quand j’écris ceci et,certainement, les vôtres quand vous le lisez. Quand jem’asseois et que j’écris une lettre à quelqu’un dans matête, par exemple, ce qui apparaît à ma conscience est unesuite de phrases anglaises dans mon imagination auditive(et peut-être kinesthésique), un peu comme si je dictais lalettre à haute voix...Selon l’introspection, par conséquent, la pensée privée etpublique sont semblables dans la mesure où ellesmobilisent des phrases de a langue naturelle.”

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argument 1: la pensée ches les êtres non-verbaux

I argument 1: il existe des organismes non-verbaux quipensent (enfants, animaux) (Pinker 1997 p. 68)

I exemple, K. Wynn (1992): capacités arithmétiques debébés de 5 mois

• méthodologie de la surprise• on ennuie le bébé avec un objet en évidence ; on cache

l’objet ; quand on le découvre de nouveau, 2 ou trois objetsapparaissent

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exemple: bébés

Figure: Wynn (1992)

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exemple: l’arithmétique des bébés

Figure: Wynn (1992)

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argument 2: l’apprentissage du langage

I argument 2: l’apprentissage par l’enfant de sa languenaturelle nécessite un langage mental

I apprendre un prédicat nécessite d’apprendre une règle devérité = une généralisation qui détermine son extension (=l’ensemble des entités auxquelles le prédicat s’applique)

• exemple : apprendre le prédicat “être une chaise”nécessite d’apprendre qchose comme : le prédicat “êtreune chaise” s’applique à y ssi y a telle propriété

I il faut un langage pour se représenter que tel prédicat obéità telle règle de vérité

I pour ne pas tomber dans une régression à l’infini, il fautsupposer que le langage mental est connu mais pas appris(innéisme)

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argument 2: l’apprentissage du langage

. Fodor (1975)

“...on ne peut pas apprendre un langage sans avoir unlangage. En particulier, on ne peut pas apprendre unepremière langue sans avoir au préalable un systèmecapable de représenter les prédicats dans ce langage etleurs extensions. Et, sous peine de circularité, ce systèmene peut pas être le langage qui est appris. Mais lespremières langues sont apprises. Par conséquent,certaines opérations cognitives, au moins, sont effectuésdans des langages qui ne sont pas des langues naturelles.”

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3. LOT: arguments

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l’ambition de LOT

. Fodor (1991)

“Il y a trois grandes énigmes métaphysiques à propos del’esprit. Comment quelque chose de matériel pourrait avoirdes états conscients ? Comment quelque chose dematériel pourrait avoir des propriétés sémantiques ?Comment quelque chose de matériel pourrait être rationnel? (Par là j’entends queque chose comme: comment lestransitions entre états d’un système physique pourraientpréserver les propriétés sémantiques?)”

I LOT est une réponse à la troisième question - et uneréponse partielle à la seconde.

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argument 1

I l’argument central de Fodor (1975) est un argument quiconsidère ce que nos meilleures théories postulent

(i) les modèles psychologiques des processus cognitifssupérieurs (décision, raisonnement inductif) les plusplausibles décrivent les processus mentaux commecomputationnels

(ii) le calcul présuppose un médium de représentation, i.e. unsystème représentationnel: “Pas de représentations, pasde calculs. Pas de calculs, pas de modèle.”

I les modèles présupposent plus précisément un systèmereprésentationnel fortement similaire au langage: (1)productivité, infinité potentielle de contenus différents ;(2)propriétés sémantiques

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objection argument 1

. objection que formule Tatie à Fodor (1987)

“Tatie met la Science Cognitive dans le même sac queSodome, Gomorrhe et Los Angeles. S’il est une chosedont Tatie est intimement convaincue, c’est qu’au planontologique, les psychologues couchent à droite et àgauche. Ainsi, dans le cas présent, bien que lespsycholinguistes puissent parler comme si leur professionles engageait à l’existence de représentations mentales,pour Tatie cela n’est qu’une façon de parler.”

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objection argument 1

I réponse: il existe des théories psychologiques qui sont

• empiriquement bien étayées• postulent des représentations mentales structurées• développent une description de processus cognitifs

conçues comme calculs sur ces représentations mentalesstructurées

I pourquoi ne pas accorder la même confiance ontologiqueà ces théories qu’à d’autres théories scientifiques ?

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argument 2

I seconde famille d’arguments, qui (en réalité) prolongel’argument 1

I ces arguments ont la structure suivante:- la pensée a telles et telles caractéristiques- le LOT est la meilleure explication de ces caractéristiques

I ces caractérisitiques sont (notamment): la productivité, lasystématicité

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caractéristique ] 1: productivité de la pensée

I productivité: capacité de considérer un nombre(potentiellement) infini de pensées

I or, des règles syntaxiques analogues à celles qui semblentgouverner les langues naturelles ont la propriété depouvoir engendrer une infinité de symboles à partir d’unebase finie

I pourquoi ? parce que ces règles sont récursives: une règlepeut construire une catégorie d’expressions à partird’expressions de la même catégorie

• “Paul croit que Pierre croit que Corinne croit que Marc estmalade.”

• “Le chien qui poursuit le chat qui a mangé le rat qui vivaitdans la maison que Jacques a construite est stupide.”

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caractéristique ] 2 : systématicité

I systématicité: les capacités cognitives exhibent une sortede symétrie: la capacité d’avoir certaines pensées estintrinsèquement connectée avec la capacité d’en avoird’autres

• langage: quand on comprend (ou sait exprimer) “Paul aimeMarie”, alors on comprend (ou sait exprimer) “Marie aimePaul”

• pensée: quand on peut former la pensée que Paul aimeMarie, alors on peut également former la pensée queMarie aime Paul

I si la pensée que Paul aime Marie n’avait pas une structureet des constituants analogues à celle que Marie aime Paul,on voir mal pourquoi on aurait ce genre de relationsystématique

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caractéristique ] 2 : systématicité

. Fodor (1987)

“Voici donc l’argument: les capacités linguistiques sontsystématiques, et c’est parce que les phrases ont unestructure en constituants. Mais les capacités cognitivessont systématiques elles aussi, et cela doit être parce queles pensées ont une structure en constituants. Mais si lespensées ont une structure en constituants, alors [LOT] estvraie. Donc je gagne et Tatie perd. Super !...

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caractéristique ] 2 : systématicité

. Fodor (1987)

“...Comment savons-nous que les capacités cognitivessont systématiques ?Un argument rapide est que les capacités cognitivesdoivent être au moins aussi systématiques que lescapacités linguistiques, puisque la fonction du langage estd’exprimer la pensée. Comprendre une phrase consiste àsaisir la pensée que son énonciation communiquenormalement; il ne serait donc pas possible que tous ceuxqui comprennent la phrase “Jean aime Marie”comprennent également la phrase “Marie aime Jean” s’iln’était pas le cas que tous ceux qui peuvent avoir lapensée que Jean aime Marie peuvent également avoir lapensée que Marie aime Jean?”

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le problème de l’intentionnalité

. Fodor (1991)

“Il y a trois grandes énigmes métaphysiques à propos del’esprit. Comment quelque chose de matériel pourrait avoirdes états conscients ? Comment quelque chose dematériel pourrait avoir des propriétés sémantiques ?Comment quelque chose de matériel pourrait être rationnel? (Par là j’entends queque chose comme: comment lestransitions entre états d’un système physique pourraientpréserver les propriétés sémantiques?)”

I énigme 2 = problème de l’intentionnalité ou problème deBrentano

I est-ce que LOT fournit une réponse au problème del’intentionnalité ?

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LOT et le problème de l’intentionnalité

I LOT dit que Paul croit que Pierre est beau ssi il est dans labonne relation fonctionnelle à la représentation mentalequi signifie que Pierre est beau (B(p))

I qu’est-ce qui fait que B(p) signifie que Pierre est beauplutôt que rien du tout, ou que Marie est laide ?

I B(p) signifie que Pierre est beau parce que B(.) exprime lapropriété d’être beau et p désigne Pierre

I mais qu’est-ce qui fait que B(.) exprime la propriété d’êtrebeau et que p désigne Pierre ?

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LOT et le problème de l’intentionnalité, suite

I en d’autres termes:(i) les propriétés du LOT permettent d’expliquer comment des

représentations mentales complexes peuvent avoir lasignification qu’elles sont en vertu de la signification desreprésentations mentales qui les constituent

(ii) LOT ne dit rien sur la façon dont les représentationsmentales simples (ou atomiques) ont la significationmentale qu’elles sont

I le problème de Brentano n’est donc pas résolu par LOT

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