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www.lemonde.fr 62 e Année - N˚19099 - 1,20 ¤ - France métropolitaine --- Jeudi 22 juin 2006 Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Jean-Marie Colombani Afrique CFA 1200 F CFA, Algérie 60 DA, Allemagne 1,70 ¤, Antilles-Guyane 1,80 ¤, Autriche 1,70 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 3 $, Danemark 17 KRD, Espagne 1,80 ¤, Finlande 2,20 ¤, Grande-Bretagne 1,10 £, Grèce 1,80 ¤, Hongrie 460 HUF, Irlande 1,80 ¤, Italie 1,80 ¤, Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 20 KRN, Pays-Bas 1,70 ¤, Portugal cont. 1,80 ¤, Réunion 1,80 ¤, Suède 20 KRS, Suisse 2,50 FS, Tunisie 1,6 DT, USA 2,50 $. U n rapport sur la prise en charge de la psychopathie, rendu public mardi 20 juin par la Haute Autorité de la santé, recommande notamment le repéra- ge précoce des troubles comportemen- taux chez l’enfant et l’adolescent. Relevant que la « majorité des adultes » présentant des troubles de la personnalité à expres- sion psychopathique ont souffert de trou- bles du comportement pendant l’enfance, les experts préconisent un dépistage préco- ce, « afin de ne pas laisser les enfants en souf- france sans proposition de prise en charge ». Déjà formulée par l’Inserm en 2005 et ins- crite dans le projet de loi de prévention de la délinquance, cette proposition avait sus- cité un vent de fronde chez les profession- nels de la petite enfance. a Lire page 13 Une proposition de dépistage des enfants difficiles V êtus de tenues jaune et noir, des prisonniers enchaînés les uns aux autres transpor- tent du bois. Le cliché date de 1920. Il a été pris au Katanga, une province de ce qui était alors le Congo belge avant de devenir le Zaïre puis la République démocra- tique du Congo. La photo fait par- tie d’un fonds oublié, riche de plu- sieurs dizaines de milliers de pho- tos et de films, qui raconte près d’un siècle de l’histoire d’une riche région industrielle au cœur du continent noir. Entre les paysages d’usine, la vie des colons blancs, la dure condition des Noirs, souvent traités comme du bétail humain, c’est un trésor photographique que l’on découvre et qu’il s’agit de sauvegarder. a Lire pages 22-23 L e Japon et la Norvège vont pouvoir chasser davantage la baleine après la victoire que ces deux pays ont rem- portée devant la Commission baleinière internationale, qui s’est terminée le 20 juin à Saint-Kitts-et-Nevis, dans les Caraïbes. Une très large majorité d’Etats membres (33 contre 32) a approuvé une déclaration remettant en question le moratoire sur la chasse à la baleine. Celui- ci reste cependant en vigueur : trois quarts des voix sont nécessaires pour l’abroger. Sous couvert de « chasse scien- tifique », autorisée par l’article 8 de la Convention, le Japon, la Norvège et l’Is- lande continuent à chasser les cétacés, notamment le petit rorqual. Ce débat occulte les nouvelles mena- ces qui pèsent sur les cétacés et qui décou- lent de la dégradation environnementale des océans : contamination chimique, prise dans les filets de pêche, collisions avec les navires, nouvelles techniques de recherche pétrolière. a Lire page 8 Congo belge : les photos retrouvées du temps colonial D ans un entretien au Monde, Ekme- leddin Ihsanoglu, le secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), qui tient sa réunion annuelle à Bakou (Azerbaïd- jan), évoque la fracture entre l’Islam et l’Europe, accentuée depuis un an par la publication dans la presse européenne de caricatures du prophète Mahomet. Il appelle à « mettre les points sur les “i” et à parler en toute franchise » et affirme que l’OCI « recherche une réconciliation » avec l’Europe. Le fossé entre Islam et Occident sera aussi la question centrale, même sans être explicitée, du sommet Etats-Unis – Union européenne qui se tient mercredi 21 juin à Vienne (Autriche). Car le réchauffement des relations transatlanti- ques, après la fracture diplomatique de 2003 sur l’Irak, bute sur les violations des droits de l’homme par les Etats-Unis dans la « guerre contre le terrorisme ». Les Européens doivent souligner à Vienne leur souhait d’une fermeture de la prison de Guantanamo, où des centai- nes de suspects de terrorisme sont déte- nus par les Etats-Unis hors de tout cadre international, ainsi qu’aborder la question du transfert illégal de prison- niers par la CIA, notamment via le sol européen. Pour les Européens, l’existen- ce de Guantanamo est en soi un facteur d’incompréhension avec le monde musulman et contribue à creuser le fos- sé existant. « Nous sommes engagés dans la lutte contre le terrorisme, mais si nous suppri- mons les droits civiques et les libertés civi- ques, alors ce serait une victoire pour les terroristes », déclare le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, dans un entretien publié mer- credi par l’International Herald Tribune, précisant que l’Occident risquait de « perdre son âme » dans la « guerre contre le terrorisme ». a Lire page 4 PAGE TROIS Un nouveau poinçon pour les plus beaux bijoux français Les meilleurs joailliers français pourront désormais apposer un nouveau poinçon sur leurs bijoux : un mini hexagone. Une manière de reconnaître l’excellence des artisans français alors que la concurrence internationale se renforce. Environ 70 ateliers pourraient bénéficier de ce poinçon inspiré du « Swiss made ». Europe Un plan pour la vigne En finir avec la surproduction viticole. Tel est l’axe de la politique de la commissaire européenne chargée de l’agriculture. Mariann Fischer Boel propose l’arrachage de pieds de vigne sur 400 000 hectares en cinq ans et la modernisation de l’étiquetage. Un plan rendu public au moment où l’on apprend la disparition de René Renou, 54 ans, promoteur d’une réforme des appellations d’origine contrôlée (AOC). Pages 17 et 35 Culture Crise sociale à la Cinémathèque Le pari d’augmenter le nombre de spectateurs de la Cinémathèque après son déménagement rue de Bercy à Paris a été gagné. Mais les tensions sociales et la crainte d’une réduction des effectifs se sont renforcées. Page 28 Le moratoire sur la chasse à la baleine remis en cause Budget 2007, EADS, GDF : Villepin dans l’impasse Parlement Le débat d’orientation sur la loi de finances s’engage jeudi L’Organisation de la conférence islamique tend la main à l’Europe Sommet Etats-Unis – UE : les droits de l’homme dans la « guerre contre le terrorisme » ALAIN ETCHEGOYEN «VITRIOLESQUE !» «VITRIOLESQUE !» a Sommaire complet en page 38 L es socialistes ont décidé de profiter du dernier débat d’orientation budgétai- re de la législature, prévu jeudi 22 juin, pour attaquer le bilan de la politique menée par la droite depuis cinq ans. Le député PS de l’Isère, Didier Migaud, a esti- mé à l’Assemblée que « la majorité a échoué sur toute la ligne : depuis qu’elle gouverne, le poids de la dette s’est accru de plus de dix points de PIB, les dépenses publiques ont aug- menté de 2,3 points de PIB (...), et la France est en situation de déficit excessif depuis 2002. La croissance moyenne est de 1,4 % par an, très inférieure à notre potentiel ». Le député UMP Gilles Carrez dresse lui aussi un diagnostic très sévère sur les finan- ces publiques : « Les bonnes années, l’Etat dépense 15 % de plus qu’il ne fait de recettes ; les mauvaises, 20 %. Et cela dure depuis vingt-cinq ans. Aucune famille, aucune entre- prise ne se comporte ainsi », fait-il valoir pour expliquer la nécessité de bloquer pen- dant plusieurs années les dépenses à leur niveau actuel. Le rapporteur général du budget ne s’arrête pas là, puisqu’il propose de jouer davantage sur le non-remplace- ment des départs à la retraite des fonction- naires et pense qu’« une pause des baisses d’impôt est indispensable ». De son côté, le député UDF de la Marne, Charles de Cour- son, juge « déraisonnables » les hypothèses de croissance retenues pour 2007, compte tenu de l’envolée des prix du pétrole et de la remontée des taux d’intérêt, et critique la stratégie de cession des actifs publics et de désendettement du gouvernement. Minimisant à nouveau les critiques for- mulées le 13 juin par la Cour des comptes, le ministre délégué au budget, Jean-Fran- çois Copé, s’est félicité, mardi, d’« avoir été en 2005 au rendez-vous ». Et il a contre- attaqué sur le coût du programme socia- liste : selon lui, sa mise en œuvre « se tra- duirait par une aggravation annuelle des charges publiques de 115 milliards d’euros en 2012 ». Un chiffrage formellement contesté par le PS. a Lire pages 12 et 13 Prisonniers enchaînés transportant du bois, Congo 1920.

Le monde 22 06 06

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Page 1: Le monde 22 06 06

www.lemonde.fr

62e Année - N˚19099 - 1,20 ¤ - France métropolitaine --- Jeudi 22 juin 2006 Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Jean-Marie Colombani

Afrique CFA 1200 F CFA, Algérie 60 DA, Allemagne 1,70 ¤, Antilles-Guyane 1,80 ¤, Autriche 1,70 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 3 $, Danemark 17 KRD, Espagne 1,80 ¤, Finlande 2,20 ¤, Grande-Bretagne 1,10 £, Grèce 1,80 ¤, Hongrie 460 HUF, Irlande 1,80 ¤, Italie 1,80 ¤, Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 20 KRN, Pays-Bas 1,70 ¤, Portugal cont. 1,80 ¤, Réunion 1,80 ¤, Suède 20 KRS, Suisse 2,50 FS, Tunisie 1,6 DT, USA 2,50 $.

U n rapport sur la prise en charge de lapsychopathie, rendu public mardi20 juin par la Haute Autorité de la

santé, recommande notamment le repéra-ge précoce des troubles comportemen-taux chez l’enfant et l’adolescent. Relevantque la « majorité des adultes » présentantdes troubles de la personnalité à expres-sion psychopathique ont souffert de trou-bles du comportement pendant l’enfance,les expertspréconisent un dépistage préco-ce, « afin de ne pas laisser les enfants en souf-france sans proposition de prise en charge ».Déjà formulée par l’Inserm en 2005 et ins-crite dans le projet de loi de prévention dela délinquance, cette proposition avait sus-cité un vent de fronde chez les profession-nels de la petite enfance. a

Lire page 13

Une propositionde dépistage desenfants difficiles

V êtus de tenues jaune et noir,des prisonniers enchaînésles uns aux autres transpor-

tent du bois. Le cliché date de1920. Il a été pris au Katanga, uneprovince de ce qui était alors leCongo belge avant de devenir leZaïre puis la République démocra-tique du Congo. La photo fait par-tie d’un fonds oublié, riche de plu-sieurs dizaines de milliers de pho-

tos et de films, qui raconte prèsd’un siècle de l’histoire d’une richerégion industrielle au cœur ducontinent noir. Entre les paysagesd’usine, la vie des colons blancs, ladure condition des Noirs, souventtraités comme du bétail humain,c’est un trésor photographiqueque l’on découvre et qu’il s’agit desauvegarder. a

Lire pages 22-23

L e Japon et la Norvège vont pouvoirchasser davantage la baleine aprèsla victoire que ces deux pays ont rem-

portée devant la Commission baleinièreinternationale, qui s’est terminée le20 juin à Saint-Kitts-et-Nevis, dans lesCaraïbes. Une très large majorité d’Etatsmembres (33 contre 32) a approuvé unedéclaration remettant en question lemoratoire sur la chasse à la baleine. Celui-ci reste cependant en vigueur : troisquarts des voix sont nécessaires pourl’abroger. Sous couvert de « chasse scien-tifique », autorisée par l’article 8 de laConvention, le Japon, la Norvège et l’Is-lande continuent à chasser les cétacés,notamment le petit rorqual.

Ce débat occulte les nouvelles mena-ces qui pèsent sur les cétacés et qui décou-lent de la dégradation environnementaledes océans : contamination chimique,prise dans les filets de pêche, collisionsavec les navires, nouvelles techniques derecherche pétrolière. a

Lire page 8

Congo belge : les photosretrouvées du temps colonial

D ans un entretien au Monde, Ekme-leddin Ihsanoglu, le secrétairegénéral de l’Organisation de la

conférence islamique (OCI), qui tient saréunion annuelle à Bakou (Azerbaïd-jan), évoque la fracture entre l’Islam etl’Europe, accentuée depuis un an par lapublication dans la presse européennede caricatures du prophète Mahomet. Ilappelle à « mettre les points sur les “i” et àparler en toute franchise » et affirme quel’OCI « recherche une réconciliation »avec l’Europe.

Le fossé entre Islam et Occident seraaussi la question centrale, même sansêtre explicitée, du sommet Etats-Unis –Union européenne qui se tient mercredi21 juin à Vienne (Autriche). Car leréchauffement des relations transatlanti-ques, après la fracture diplomatique de2003 sur l’Irak, bute sur les violationsdes droits de l’homme par les Etats-Unisdans la « guerre contre le terrorisme ».

Les Européens doivent souligner àVienne leur souhait d’une fermeture dela prison de Guantanamo, où des centai-nes de suspects de terrorisme sont déte-nus par les Etats-Unis hors de toutcadre international, ainsi qu’aborder laquestion du transfert illégal de prison-niers par la CIA, notamment via le soleuropéen. Pour les Européens, l’existen-ce de Guantanamo est en soi un facteurd’incompréhension avec le mondemusulman et contribue à creuser le fos-sé existant.

« Nous sommes engagés dans la luttecontre le terrorisme, mais si nous suppri-mons les droits civiques et les libertés civi-ques, alors ce serait une victoire pour lesterroristes », déclare le président de laCommission européenne, José ManuelBarroso, dans un entretien publié mer-credi par l’International Herald Tribune,précisant que l’Occident risquait de« perdre son âme » dans la « guerrecontre le terrorisme ». a

Lire page 4

PAGE TROIS

Un nouveau poinçon pourles plus beaux bijoux françaisLes meilleurs joailliers français pourront désormaisapposer un nouveau poinçon sur leurs bijoux : un minihexagone. Une manière de reconnaître l’excellence desartisans français alors que la concurrence internationalese renforce. Environ 70 ateliers pourraient bénéficierde ce poinçon inspiré du « Swiss made ».

EuropeUn plan pour la vigneEn finir avec la surproduction viticole. Tel est l’axede la politique de la commissaire européenne chargéede l’agriculture. Mariann Fischer Boel proposel’arrachage de pieds de vigne sur 400 000 hectaresen cinq ans et la modernisation de l’étiquetage. Un planrendu public au moment où l’on apprend la disparitionde René Renou, 54 ans, promoteur d’une réforme desappellations d’origine contrôlée (AOC). Pages 17 et 35

CultureCrise sociale à la CinémathèqueLe pari d’augmenter le nombre de spectateursde la Cinémathèque après son déménagement ruede Bercy à Paris a été gagné. Mais les tensions socialeset la crainte d’une réduction des effectifs se sontrenforcées. Page 28

Le moratoiresur la chasseà la baleineremis en cause

Budget 2007, EADS, GDF :Villepin dans l’impasseParlement Le débat d’orientation sur la loi de finances s’engage jeudi

L’Organisationde la conférenceislamique tend lamain à l’EuropeSommet Etats-Unis – UE :les droits de l’homme dans la« guerre contre le terrorisme »

ALAIN ETCHEGOYEN

«VITRIOLESQUE !»«VITRIOLESQUE !»

a Sommaire complet en page 38

L essocialistesont décidédeprofiterdudernier débat d’orientation budgétai-re de la législature, prévu jeudi 22

juin, pour attaquer le bilan de la politiquemenée par la droite depuis cinq ans. Ledéputé PS de l’Isère, Didier Migaud, a esti-mé à l’Assemblée que « la majorité a échouésur toute la ligne : depuis qu’elle gouverne, lepoids de la dette s’est accru de plus de dixpointsdePIB, lesdépensespubliquesont aug-menté de 2,3 points de PIB (...), et la Franceest en situation de déficit excessif depuis2002.La croissancemoyenneestde1,4 %paran, très inférieure à notre potentiel ».

Le député UMP Gilles Carrez dresse luiaussiundiagnostic trèssévèresur les finan-

ces publiques : « Les bonnes années, l’Etatdépense 15 % de plus qu’il ne fait de recettes ;les mauvaises, 20 %. Et cela dure depuisvingt-cinqans.Aucune famille,aucuneentre-prise ne se comporte ainsi », fait-il valoirpour expliquer la nécessité de bloquer pen-dant plusieurs années les dépenses à leurniveau actuel. Le rapporteur général dubudget ne s’arrête pas là, puisqu’il proposede jouer davantage sur le non-remplace-ment des départs à la retraite des fonction-naires et pense qu’« une pause des baissesd’impôt est indispensable ». De son côté, ledéputé UDF de la Marne, Charles de Cour-son, juge « déraisonnables » les hypothèsesde croissance retenues pour 2007, compte

tenude l’envolée des prix du pétrole et de laremontée des taux d’intérêt, et critique lastratégie de cession des actifs publics et dedésendettement du gouvernement.

Minimisant à nouveau les critiques for-mulées le 13 juin par la Cour des comptes,le ministre délégué au budget, Jean-Fran-çois Copé, s’est félicité, mardi, d’« avoirété en 2005 au rendez-vous ». Et il a contre-attaqué sur le coût du programme socia-liste : selon lui, sa mise en œuvre « se tra-duirait par une aggravation annuelle descharges publiques de 115 milliards d’eurosen 2012 ». Un chiffrage formellementcontesté par le PS. a

Lire pages 12 et 13

Prisonniers enchaînés transportant du bois, Congo 1920.

Page 2: Le monde 22 06 06

Les pressions politiques et les conces-sions allemandes seront-elles suffisan-tes pour conduire la Bourse paneuro-péenne Euronext à se marier avec sonhomologue allemande, la Deutsche Bör-

se, malgré la publication des bans avec la Bourseaméricaine, le New York Stock Exchange(NYSE) ?

Repoussant jusqu’à présent les avances alle-mandes, Euronext, qui fédère lesplaces de Paris, d’Amsterdam deBruxelles et de Lisbonne, a préfé-ré signer une promesse de maria-ge avec les Américains et pourrait avoir fusionnéavec Wall Street d’ici six mois. Angela Merkel s’enest d’ailleurs plainte auprès de Jacques Chiraclors d’une rencontre début juin. M. Chirac a assu-ré qu’il « privilégie la solution franco-allemandepour des raisons de principe », ajoutant qu’unaccord avec Francfort maintiendrait « à Paris unminimum d’activité et d’emploi ».

La réunion des deux plus gros marchés finan-ciers européens continentaux aurait évidemmentdu sens. Elle serait de nature à renforcer la mon-naie unique et à faire face à l’écrasante domina-tion de Wall Street et de Londres en matière finan-cière. Elle relancerait aussi l’intégrationeuropéenne.

Pourquoi, en dépit de bonnes intentions, laFrance et l’Allemagne ont-elles, une fois de plus,tant de mal à s’entendre ? Il existe d’abord desfreins techniques. En l’état, les modèles économi-ques des deux entreprises sont très différents :Euronext s’est constituée comme une fédérationde Bourses, où chacune garde son ancrage local.L’opérateur de la Bourse de Francfort a, au

contraire, fait le pari de la concentration, et propo-se à ses clients une prestation financière complè-te, qui va de la plate-forme de négociation desordres de Bourse jusqu’au règlement-livraisondes titres échangés, assuré pas sa filiale Clears-tream (aujourd’hui, malgré elle, au cœur d’unscandale franco-français). La Commission euro-péenne pourrait par ailleurs s’inquiéter d’unmariage franco-allemand, compte tenu des posi-

tions dominantes d’Euronext etde la Deutsche Börse sur le mar-ché des produits financiersdérivés.

Mais la question de l’équilibre entre Paris etFrancfort est en fait la principale. La DeutscheBörse a présenté une première proposition defusion, en mai, dont la rigidité était difficilementacceptable par la direction d’Euronext et la placede Paris. Elle voulait regrouper toutes les fonc-tions de direction de l’entité fusionnée à Franc-fort. Sa nouvelle offre, présentée lundi 19 juin,comporte de réelles avancées (Paris conserveraitla mission stratégique de surveillance du marchéboursier, de gestion des relations avec les presta-taires extérieurs et de direction du marché desactions), mais les directions juridique et financiè-re resteraient centralisées à Francfort. Des pro-ches d’Euronext estiment en tout cas que les amé-liorations allemandes ne se font « qu’à lamarge ».

A sa décharge, le Suisse Reto Francioni, patronde la Deutsche Börse depuis huit mois, n’a pas lescoudées franches. Cet interlocuteur, réputé conci-liant et francophile, subit les pressions du Land deHesse, l’une des deux autorités de tutelle de laBourse de Francfort (avec la Bafin, le gendarme

des marchés boursiers allemand), particulière-ment tatillonne sur la défense des emplois et de laplace financière de Francfort. Il doit aussi compo-ser avec la présence de salariés de la Bourse à sonconseil de surveillance, cogestion à l’allemandeoblige.

En France, tout n’a peut-être pas été tenté jus-qu’à présent pour arrondir les angles, notammentdu côté des hommes politiques. Ces derniers réa-gissent aujourd’hui isolément et tardivement. Lesbanques françaises portent, elles aussi, une res-ponsabilité, puisqu’elles ont revendu, après l’in-troduction en Bourse d’Euronext, en 2001, lesactions de l’entreprise qu’elles détenaient.Aujourd’hui, elles ne peuvent que constater qu’el-les n’ont presque plus voix au chapitre, l’essentieldu capital d’Euronext étant aux mains de fondsspéculatifs anglo-saxons.

Rivalité et méfiance réciproquesLa mésentente entre les places de Francfort et

de Paris est-elle une fatalité ? Elles entretiennentdepuis longtemps des relations difficiles, faites derivalité et de méfiance réciproques. Aujourd’huiprésident de la Banque centrale européenne(BCE) à Francfort, Jean-Claude Trichet, qui s’estrécemment prononcé en faveur d’une solutioneuropéenne pour les Bourses, qualifiait pourtant,lorsqu’il était directeur du Trésor à Paris, de « ter-rible catastrophe » la possible localisation de laBCE en Allemagne ou aux Pays-Bas, (dans le livreLes Hommes qui ont fait l’euro, de Jean Quatremeret Thomas Klau, éd. Plon, 1999).

Au milieu des années 1990, les premières dis-cussions entre les deux places avaient déjà donnédes résultats décevants. Le projet d’alliance entreParis, qui disposait alors, avec le Matif, du pre-mier marché à terme d’Europe continentale où senégociaient les produits dérivés sur les taux d’inté-rêt, et la Deutsche Termin Börse (DTB) avaientéchoué en 1996. La victoire du marché allemandsur le Matif (qui fermera ses portes à la fin desannées 1990) restera par la suite gravée dans lamémoire de M. Théodore. Ce fleuron de la placefinancière française a été victime, faute de soutienà Paris, de la concurrence du modèle de négocia-tion électronique de Francfort. Paris reviendradans la course en rachetant, en 2001, le marché àterme britannique Liffe, ennemi juré du marchéallemand en matière de produits dérivés.

Plus récemment, en pleine négociation de rap-prochement avec Paris, Werner Seifert, le patronde la Deutsche Börse à l’époque, avait planté uncouteau dans le dos de M. Théodore, en annon-çant, en 2000, une alliance avec la Bourse de Lon-dres. Les deux nouveaux partenaires devaientcréer un marché des valeurs européennes, appelé« iX ». Le nom d’Euronext n’était même pas men-tionné dans le projet. M. Théodore lavera cetaffront la même année : tandis que le projet anglo-allemand échoue, il annonce la création d’uneBourse paneuropéenne, avec Bruxelles et Amster-dam. Lisbonne s’y ralliera plus tard.

Aujourd’hui, la direction d’Euronext estimeque son accord transatlantique défend bien lesintérêts de la place de Paris. Pour autant, unmaria-ge avec les Allemands est-il définitivement com-promis ? Pas sûr. Nombre de financiers françaisredoutent une fusion avec les Américains. Si, àcourt terme, les intérêts européens semblent biendéfendus, rien, selon eux, ne permet de penserqu’il en sera de même à plus long terme. Beau-coup dépendront aussi du pouvoir d’influence despolitiques sur des entreprises privées, qui doiventpour s’entendre consentir à d’importantesconcessions. a

Cécile Ducourtieux, Cécile Prudhommeet Adrien de Tricornot

Faire un musée : penser, classer, regar-der, rester ferme, aller au compromis,discuter, dépenser, intégrer (Paris, latour Eiffel). Faire le Musée du quaiBranly : penser les êtres, les objets, les

lieux ; classer, chanter dans un buisson de ques-tions (René Char : « Nul rossignol n’a le cœur àchanter dans un buisson de questions »). Passer àl’acte : se faire peur, se faire plaisir, se faire outra-ge, nuits blanches, engager uneéquipe, un projet, vivre commevivent les toreros : le courage n’yintervient pas. La peur, elle, estpartout : peur de défaillir, peurde se manquer, peur que ça nemarche pas, peur de la peur qui est la peur del’architecte.

Cette année, l’architecte Jean Nouvel (né àFumel, Lot-et-Garonne, en 1945) aura donnétrois conférences : Columbia (New York), Har-vard (Boston), Institut français d’Athènes (le27 février). A l’Institut français, l’architecte s’ex-prime avec calme, devant un pupitre en plasti-que translucide. Il met son grain de sel aux ima-ges qu’il montre : « Vous aurez compris que je par-ticipe à pas mal de concours. D’une façon générale,j’en perds plus que je n’en gagne. En fait, les chosesse passent un peu comme à Vegas : vous perdez pen-dant trois heures, et d’un coup, vous gagnez

deux fois. » L’architecte présente deux concoursgagnés ensemble : le Musée du quai Branly(ouverture le 23 juin) et un bouquet de trois théâ-tres à Minneapolis, en porte à faux sur leMississippi (inauguration, le 24 juin).

A l’Institut français d’Athènes, l’architecteraconte son architecture. Il dit la proximité écra-sante du Parthénon. Voix douce, à distance,confiante. De façon récurrente, un petit rire joue

à saute-mouton avec le propos.Nouvel : l’architecture est lapétrification d’un moment deculture. Ce moment supposequ’on s’intéresse à autre chosequ’à l’architecture : « On ne peut

pas inventer l’architecture à partir de l’autonomiede l’architecture. » Résumons : le substrat, cesont les arts plastiques (poussés à une autreéchelle) ; le cinéma comme inspiration perma-nente ; mais au-delà des arts de l’œil, la culturede l’époque, liée aux idées de l’époque. La musi-que avant toute chose. L’architecture est cet artdernier qui vient après les autres mais se montreplus qu’eux.

N’importe quel torero vous le dira : on n’estjamais que le contemporain de sa propre épo-que. « Je ne serais pas l’architecte que je suis, si jen’étais né dans cette époque : le structuralisme,Lévi-Strauss, Michel Foucault, Deleuze… » En

retour, l’architecte se doit de se plier aux don-nées du lieu où il œuvre : à ses couleurs, songénie, ses matériaux, son histoire, sa géogra-phie, à la direction des vents dominants quil’inondent.

De l’Ecole des beaux-arts comme machine àrecettes, l’architecte a retenu l’impératif de sin-gularité, la recherche personnelle d’ancrages, decorrespondances, d’échos. Elle interfère avec cequi précède : « Plus que jamais, l’architectureannule les lieux, les banalise, les violente. Alorsqu’elle doit révéler les géographies, les végétations,les horizons, les lumières. Elle est l’extension denotre monde au moment où celui-ci rapetisse. » Audébut d’un projet, tel un tireur à l’arc, un musi-cien free, un sage, l’architecte se met dans unétat de non-savoir. Valéry : « Le temps scintille etle songe est savoir. » Parti de l’inconnu, l’architec-te fait vibrer le temps. Conscient que la maîtriseest méprise, il vise le dérapage, la griffure, lalumière, le rythme, la digression, l’instant, lescontraires et le plaisir de vivre quelque part.« Nous pensons avec nos sens, nous sentons avecnos idées. »

Quai Branly, le théâtre modulable frise la per-fection. La question n’est pas là, l’architecture gîtdans les détails : « Ma cousine et ma tante étaientbrodeuses. De sorte que, pensant à elles, j’ai fait bro-der les numéros des places sur les sièges. » a

L’architecte au Parthénon

CULTURE

CHRONIQUEFRANCIS MARMANDE

Musée Chirac par Colcanopa

Mariages boursiers

ANALYSE

Société Editrice du Monde SAPrésident du directoire : Jean-Marie Colombani

Directoire : Jean-Marie Colombani; Noël-Jean BergerouxJean-Paul Louveau, directeur général

Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves RomainDirecteur de la publication : Jean-Marie Colombani

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Sylvie Kauffmann et Franck Nouchi (Le Monde des livres)Responsable de la conception : Eric Azan

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Conseil de surveillance : Alain Minc, président,Marie-Béatrice Baudet, vice-présidente

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet(1969-1982) André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991),

Jacques Lesourne (1991-1994)Le Monde est édité par la Société Editrice du Monde SA

Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social :149017497 ¤. Actionnaires directs et indirects : Le Monde SA, Le Monde et Partenaires Associés,Société des Rédacteurs du Monde, Société des Cadres du Monde, Société des Employés du Monde,Société des Personnels du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Société desPersonnels du groupe des publications de la Vie Catholique, Association Hubert-Beuve-Méry, Sociétédes Lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le MondePresse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations, Investmonde.

Rédaction : 80,boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ; télécopieur : 01-57-28-21-21

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ÉDITORIAL

Équation basque

Le coup de filet lancé par les polices espagnoleet française contre des Basques soupçonnésd’être des financiers de l’organisation indé-pendantiste ETA ruine-t-il les espoirs depaix après les offres de dialogue du gouverne-

ment de Madrid ? C’est l’interprétation qui a été immé-diatement donnée par les responsables de Batasuna, lavitrine politique de l’ETA, qui ont dénoncé « une atta-que nette et frontale ». La réalité est sans doute plusnuancée. Le président du gouvernement espagnol, JoséLuis Rodriguez Zapatero, a pris des risques en accep-tant de négocier avec une organisation ayant recouru,depuis des décennies, à des actions terroristes pourobtenir l’« indépendance » du Pays basque, qui com-prend, selon elle, les trois provinces appartenant à l’Es-pagne, la Navarre et le Pays basque français.

M. Zapatero l’a fait à condition que les violences ces-sent. Dans un premier temps, il avait obtenu le soutiende l’opposition conservatrice avant qu’elle changed’avis et reproche aux socialistes de négocier avant ledésarmement de l’ETA. L’expérience de la négociationentre les Britanniques et l’IRA en Irlande du Nord mon-tre, au contraire, que le désarmement des groupes para-militaires doit être affiché comme principe, mais quesa réalisation est elle-même l’objet des négociations.

Il n’en ira pas autrement en Espagne. M. Zapatero atoutefois intérêt à entamer les négociations, dont ilpourrait annoncer prochainement le début officiel,dans une position de force, tant vis-à-vis de ses interlo-cuteurs de l’ETA ou de ses dépendances que de l’oppo-sition, prête à exploiter politiquement la douleur desvictimes du terrorisme. L’opération policière franco-espagnole relève de cette démonstration de fermeté quiest aussi nécessaire à la réussite des éventuels pourpar-lers que le courage politique et l’ouverture d’esprit.

Quant à la solution institutionnelle qui pourrait sor-tir des négociations, il est trop tôt pour en juger. Maisla réforme du statut de la Catalogne, qui vient d’êtreapprouvée par référendum, est un précédent qui pour-rait être utile pour le Pays basque. Dans une Espagnelargement décentralisée depuis la disparition de Fran-co et l’avènement de la démocratie, les Catalans ontobtenu de nouveaux pouvoirs, une satisfaction symboli-que qui pèse au moins autant que les prérogativesfinancières. La Catalogne s’est vu reconnaître le statutde « nation » dans l’ensemble espagnol. Les Basquesle demanderont aussi, et ce qui a été accordé aux Cata-lans ne saurait leur être refusé. D’autres régions pour-raient se manifester

La cohésion de l’Espagne est-elle pour autant mena-cée, comme l’affirme, dans l’opposition, le Parti popu-laire, héritier du vieux centralisme conservateur ? Lareconnaissance mutuelle des spécificités locales peutêtre au contraire une condition de l’unité. a

0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA). La reproduction de tout articleest interditesans l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agences depresse n° 0707 C 8197 ISSN 0395-2037

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01232 Jeudi 22 juin 2006

Page 3: Le monde 22 06 06

Un nouveau poinçon apparaîtrabientôt sur les bagues, brocheset autres colliers : un petithexagone pour matérialiser lelabel « Joaillerie de France »,

dont l’Union française de la bijouterie,joaillerie, orfèvrerie des pierres et des per-les (BJOP) annoncera la création mercredi21 juin, à Paris. Grandes marques, artisansetateliers indépendants affichent une dou-ble ambition : « promouvoir une filière defabrication » et « rétablir la confiance »d’unconsommateur soucieuxde« transpa-rence » et de « respect de l’éthique ».

Inspiré du « Swiss made » des horlo-gers helvètes, le label français sera décernéavec « la plus grande rigueur », promet laprésidente déléguée de l’Union françaiseBJOP, Bernadette Pinet-Cuoq. Dans unpremier temps, seuls 70 ateliers environpourraient en bénéficier.

Ce label suffira-t-il à relancer un secteurfragilisé ? Non pas que la santé desjoailliers soit particulièrement mauvaise.La plupart des grandes marques françai-ses, à l’instar de leurs concurrentes étran-gères, ont vu leurs ventes augmenter en2005. Et c’est le créneau du luxe qui mar-che le mieux : en France, les ventes debijoux en or à moins de 300 euros ontfléchi de 5 % en 2005 (par rapport à 2004),tandis que celles des pièces à plus de1 000 euros progressaient de 2 %.

« Un atout supplémentaire »Maismêmedans cette industried’excep-

tion, où les pièces sont fabriquées encoreen grande partie à la main, la mondialisa-tion est à l’œuvre. La clientèle du bijou deluxe évolue : Chinois et Russes sont désor-mais parmi les premiers acheteurs. Laconcurrence prend de nouvelles formes :les grandes marques étrangères – l’améri-cain Tiffany, l’italien Bulgari – disposentd’un réseau commercial internationalisé ;les enseignes de prêt-à-porter (Gucci,Dior…)semettent à vendredes bijouxcom-me accessoires de mode ; des fabricantsanonymes inondent le marché, en réalisant95 % des ventes mondiales. Italiens et Bel-ges, premiers exportateurs mondiaux, sonttalonnés par les Indiens, suivis des Chinoiset des Thaïlandais, qui disposent d’uneclientèle locale importante, d’une main-d’œuvre bon marché et sont proches deslieux d’extraction des pierres précieuses…

Devant ces bouleversements, la meilleu-re arme des marques françaises reste leurréputation d’excellence, qui repose en

grande partie sur l’habileté des employésdes ateliers indépendants. D’où le label,qui vise à faire reconnaître un savoir-faireproprement « français ».

Mais qu’est-ce qu’un bijou « français »,quand le diamant vient d’Angola, de Rus-sie ou d’Afrique du Sud, qu’il a été taillé àNew York, Tel Aviv, Bombay ou Anvers, etqu’une partie de sa fabrication est de plusen plus souvent réalisée en Chine, en Indeou en Thaïlande ? Selon François Mellerio,rejeton de la dynastie joaillière Mellerio(installée rue de la Paix dès le XVIIe siècle),« on peut qualifier de “français” un bijoufabriqué à Paris par des ouvriers-artisans

français ». Le discret joaillier fait ses cour-ses dans le monde entier, achetant ici unlot de diamants, là une poignée de pierresprécieuses. Il assure savoir distinguer unbijouhaut degammed’un autre,moins raf-finé, et repère, sans faillir, le produit decontrefaçon. « Même si les ateliers de Ban-gkok ont fait des progrès, la qualité n’est pasla même. Ce qu’il en sera dans vingt ou trenteans, personne ne peut le dire… », ajoute-t-il.

Certains joailliers jugent l’initiative dulabel tardive ou par trop protectionniste.Chez Boucheron, on considère qu’il est« trop tôt pour se prononcer ». M. Mellerio,lui, soutient le label, dans la mesure où cela

peut représenter « un atout supplémentai-re » pour la filière.

L’argument laisse de glace les responsa-blesde Mauboussin, quia récemmentdélo-calisé une partie de sa production enChine. « Il s’agissait de relancer la maison,qui connaissait de grandes difficultés finan-cières et de rapprocher notre fabrication desclients et des centres d’extraction de la matiè-re première », explique Alain Némarq,directeur général de l’ancienne maisonfamiliale, en fonctions depuis mai 2002.

Pour attirer une nouvelle clientèlemoins fortunée, celui qui apparaît commele mouton noir de la place Vendôme n’a

pas craint de casser les prix. Et les tabous :dans ses publicités, les prix sont affichés.« Aujourd’hui, dans ma clientèle, j’ai desbanlieusards et j’en suis fier ! », s’amuseM. Némarq, qui traite ses détracteurs de« gens de l’Ancien Régime ».

Les autres font la grimace : « Pour leManègeà bijouxdechezLeclerc, il ya un inté-rêt à délocaliser la production, dit un grandnom de la place. Mais pas pour nous. Nousvendons une belle pièce mais aussi du rêve, unstatut social. On ne va quand même pas cas-ser la romance pour trois francs six sous ! » a

Cécile Ducourtieuxet Catherine Simon

Face aux grandes marques étrangères ou aux fabricants des pays asiatiques, la joailleriefrançaise mise sur un nouveau label qui garantirait la tradition « made in France »

La Place Vendôme contre le monde entier

ON NE DIRA ni le nom de l’atelierni son adresse exacte. Ses clientsdonneurs d’ordres – quelques-unes des marques de joaillerie lesplus prestigieuses de la place Ven-dôme – cultivent la discrétion.Mais aussi pour des raisons éviden-tes de sécurité : ici, l’or, le platineet les pierres fines s’entassent surles établis et même la poussière ausol est hors de prix. Elle estd’ailleurs soigneusementrecueillie, tous les soirs.Sachez juste que l’entreprise estsituée dans le 3e arrondissementde Paris. « La maison s’est installéeici à la fin du XIXe siècle, préciseson patron – qui tient à rester ano-nyme –, parce que les douanes, quiapposaient le poinçon de titre [quigarantit la proportion de métal pré-cieux pur], étaient proches. »

Sachez encore que l’endroit, oùtravaillent une soixantaine d’arti-sans, est l’un des établissementsles plus fameux de l’étroit milieude la fabrication joaillière françai-se (elle emploie 12 000 profession-nels). A ce titre, il devrait être undes premiers à bénéficier du label« Joaillerie de France ».

Cela étant dit, le contraste entrela beauté des bijoux qui sortent del’atelier et la vétusté des lieux estsaisissant. L’atelier est installédans d’anciens appartements àpeine réaménagés. Les artisanstravaillent au coude-à-coude,dans de petites pièces aux murs etaux sols défraîchis et à l’atmosphè-re confinée.

Dans un capharnaüm que l’onsoupçonne très organisé, les échop-pes voisinent avec la machine àprototyper à 80 000 euros et lematériel de conception assistéepar ordinateur (CAO) dernier cri.Et toujours des bijoux partout, àtous les stades de leur fabrication,qui manquent d’être renversés aumoindre pas.

Les clients semblent s’en accom-moder – les bons de commandeou de livraison aux adresses presti-gieuses traînent partout. De fait,pour réaliser leurs produits sophis-tiqués, dont la qualité et la soliditédoivent être irréprochables, lamachine n’a pas encore remplacéle « tour de main ».

Doigté, minutie, patience, sensdu beau sont les maîtres mots.Dans une des pièces, les uns sculp-tent des prototypes dans la cire.Plus loin, d’autres polissent desbagues. L’opération est délicate : ils’agit de donner du brillant à la piè-ce sans perdre trop de matière. « Ilfaut compter une heure parbague », précise le maître deslieux. L’étape du sertissage – l’in-sertion des pierres fines dans lamonture des bijoux – est cruciale :« Il s’agit d’ajuster la pierre dansson chaton sans la griffer », expli-que l’un des sertisseurs. « Certainsdes bijoux qui sortent de l’atelier ontnécessité jusqu’à 120 heures de mani-pulation. A bien des égards, nous res-semblons aux ateliers de haute cou-ture », ajoute son patron. a

C. Du.

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Sertissage de bague et moules en cire des prototypes de bijoux, dans un atelier parisien. BERTRAND DESPREZ/VU POUR « LE MONDE »

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Dans un atelier parisien,doigté, patience et minutie

0123Jeudi 22 juin 2006 3

Page 4: Le monde 22 06 06

IRAN SELON LE MINISTRE IRANIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Téhéran n’a pas encore arrêté sa réponse à l’offre internationale sur le nucléaireBAKOU

ENVOYÉE SPÉCIALE

Le ministre iranien des affairesétrangères, Manouchehr Motta-ki, a déclaré, mardi 20 juin àBakou (Azerbaïdjan), en margede la réunion annuelle de l’Organi-sation de la conférence islamique(OCI), qu’il n’était « pas encore enmesure de dire quand l’Iran aurafini d’élaborer sa réponse à l’offre »qui lui a été faite par les pays occi-dentaux pour garantir la non-mili-tarisation de son programmenucléaire. « Cette offre est à l’étude

de manière sérieuse et soignée. Aus-sitôt que la réponse [iranienne]sera prête, nous la ferons connaî-tre », a ajouté M. Mottaki lorsd’une conférence de presse.

« Je voudrais néanmoins ajou-ter, a dit M. Mottaki, qu’une formede négociations peut avoir lieuavant [l’élaboration de] la réponsedéfinitive [de l’Iran]. Il peut y avoirquelques questions et certains dou-tes qui nécessitent des clarifica-tions. Des négociations sans condi-tions préalables peuvent aider lesparties [concernées] à se rappro-

cher. » L’Iran a reçu le soutien des57 pays membres de l’OCI, quiont appelé mercredi à des négocia-tions « sans conditions préala-bles ».

Interrogé sur la possibilité queTéhéran donne sa réponse avantle 29 juin, date fixée par les Euro-péens, M. Mottaki a soulignéqu’« aucune date limite n’a été déci-dée pour notre réponse lorsque cepaquet [de propositions] nous aété présenté ». Les Européens évo-quent le 29 juin car une réunionde préparation du G8, qui se tient

en juillet à Saint-Pétersbourg(Russie), aura lieu ce jour-là àBruxelles. Toutefois, les Etats-Unis se sont contentés, de leurcôté, d’indiquer que Téhéran dis-posait de « quelques semaines » etnon de mois pour répondre.

Lundi, avant de s’envoler pourle sommet Etats-Unis - Unioneuropéenne de Vienne, le prési-dent américain George Bush adéclaré que, si l’Iran rejetait l’of-fre occidentale, « il y aura uneaction devant le Conseil de sécuritéde l’ONU, un isolement de l’Iran

sur le plan international et des sanc-tions politiques et économiques d’in-tensité croissante ».

M. Mottaki s’est contenté delui répondre que « le temps desmenaces est révolu dans le monded’aujourd’hui », avant d’ajouter :« Dans l’atmosphère actuelle,basée sur la volonté politique de cha-cun, les droits politiques de l’Irandoivent être d’un côté respectés, et leprogramme de restriction desarmes nucléaires réalisé del’autre. » a

M. Na

SOMMET

George Bushà Viennepour la rencontreEtats-Unis - UE

SIX ANS de prison et deux grèvesde la faim l’ont quelque peu fragili-sé, mais Akbar Ganji n’a rien per-du de sa faculté d’indignation.Libéré le 18 mars, le journaliste ira-nien condamné en 2001 pour avoiraccusé des dignitaires du régimede l’assassinat d’intellectuels étaitde passage à Paris, mardi 20 juin,invité par l’association Reporterssans frontières (RSF).

L’occasion, a-t-il confié dansun entretien au Monde, de « mêlerma voix à celle des défenseurs desdroits de l’homme à l’extérieur dupays pour dénoncer vingt-sept ansd’un régime, à Téhéran, qui bafoueles droits les plus élémentaires ». Ets’il reste volontairement discretsur ses propres conditions dedétention, Akbar Ganji n’a de ces-se d’énumérer les « anomalies »d’un pays qui, selon Amnesty, afait exécuter 94 personnes en2005 : « Le fait que le code pénalautorise un citoyen à en assassiner

un autre s’il est jugé “impie” ; l’in-terdiction d’écrire pour les journalis-tes “opposants” ; la difficulté demanifester (70 femmes ont été arrê-tées il y a quelques jours) ou encorela chape d’“autoritarisme” qui igno-re toute vie privée et transforme lesimple geste pour une femme dedéplacer son foulard sur sa tête enun geste politique ».

Pour cet intellectuel rompu à ladialectique, qui cite indistincte-ment Kant, Arendt, Chomsky ouKundera, le parcours a été diffici-le. Ancien gardien de la révolutionqui a cru aux idéaux d’une « Révo-lution à la française », il s’estimprovisé journaliste d’investiga-tion, le temps de « remettre en cau-se l’action des dirigeants, mais aus-si les idées mêmes qui sous-tendentla révolution islamique. » Une len-te prise de conscience pour unconstat sans appel : rien n’est pos-sible dans ce système « bloqué ».« Il ne faut, dit-il, ni religion étati-

que, ni Etat religieux, mais la sépa-ration des deux. » Et le temps deregretter que ses amis réforma-teurs n’aient pas « voulu payer leprix pour leurs idées » en restantfrileusement dans le cadre de laConstitution, il lance : « Nousdevons instaurer une démocratie.La démocratie a ses failles : il y a lacorruption et Guantanamo ; maiselle accepte que l’on en parle, c’estcela la grande différence. »

Comment y parvenir ? « Enmobilisant les intellectuels, les jeu-nes, les femmes, les opposantsmêmes, tous ceux qui veulent unchangement démocratique. Une coa-lition fondée sur trois principes debase : démocratie, liberté, droits del’homme. Ce qui manque, c’est le lea-dership. » Y serait-il prêt et pen-se-t-il lancer un parti politique ? Ilsourit, cite Gandhi, Mandela etSolidarnosc, en Pologne : « Je pré-conise depuis dix ans la désobéissan-ce civile et la résistance passive.

C’est la seule voie. Le régime dit queje suis un traître ; moi, je ne saisplus ce que je suis exactementaujourd’hui, ironise-t-il, sauf unpacifiste et un non-violent au servi-ce des droits de l’homme. » Et il enprofite pour rappeler aux démo-craties occidentales « leur devoirde dénoncer les atteintes aux droitsde l’homme. Pourquoi ne pas fairefigurer cela dans chaque négocia-tion avec l’Iran, y compris nucléai-res ? », lance-t-il.

Pense-t-il que les Iraniens fontbloc autour de leur président,Mahmoud Ahmadinejad, sur laquestion nucléaire ? « Pure propa-gande ! Sur le strict plan du droitbien sûr, si la Chine, l’Inde et tantd’autres ont le nucléaire, l’Iran y adroit, mais peu d’Iraniens approu-vent le programme déraisonnableactuel. Les réformateurs sontcontre, l’ex-président Rafsandjani,inquiet, a fait savoir publiquementses réticences ; même les conserva-

teurs divergent entre eux… »Et Akbar Ganji de se lancer

dans une attaque contre le gouver-nement qu’il juge « peu solide » et« en pleine dérive bonapartiste, oùdes gens issus des groupes paramili-taires sont infiltrés à tous lesniveaux : télévision, députés, minis-tres ». Le président Ahmadinejada pour système de gouvernement« la fuite en avant justifiée par lacréation d’ennemis successifs, dit-ilencore : la presse, l’Amérique. L’af-faire des caricatures de Mahometest probante, une bonne occasiond’entretenir cette idée d’ennemisimaginaires pour tenter de rallierles gens. Avec les pays arabes, c’estpire : au nom de l’hégémonie islami-que dont il rêve, il renchérit surtout ; nous sommes, en paroles, plusradicaux que les radicaux. C’estdans ce cadre qu’il faut comprendreses diatribes contre Israël, à usageinterne. »a

Marie-Claude Decamps

Dans un entretien au « Monde »,le secrétaire général del’Organisation de la conférenceislamique, réunie à Bakou(Azerbaïdjan), appelle à réduirele fossé entre l’Occidentet le monde musulmanmis en évidence par l’affairedes caricatures de MahometBAKOU

ENVOYÉE SPÉCIALE

Un fossé s’est creusé entre Occident etmonde musulman, qui semble traduireune incompréhension réciproque totale…

Ce fossé est réel. Il tient d’une part à ladisparité entre le développement économi-que et social des deux parties et d’autrepart aux lacunes de la connaissance quechacune d’elles a de son vis-à-vis. Il tientaussi à la non-reconnaissance des préjudi-ces historiques, notamment de la part del’Europe, depuis le Moyen Age. Nous ten-tonsde combler ce fossé par une réconcilia-tion historique entre le monde musulmanet l’Europe.

Si nous ne mettons pas les points sur les« i » et si nous ne nous parlons pas en tou-te franchise, le lourd héritage historiquequi continue de prévaloir dans l’incons-cient remontera à la surface de part etd’autre. C’est ce qui est arrivé à l’occasionde la publication des caricatures méprisa-bles [publiées en septembre 2005 auDanemark] qui ont porté atteinte au pro-phète Mahomet.Comment l’Organisation de la conféren-ce islamique [OCI] s’emploie-t-elle àcombler ce fossé ?

Je vous donnerai deux exemples. Il y ad’abord le Programme d’action décennaladopté par le sommet extraordinaire del’OCI [réuni à Djedda en décembre 2005].C’est un document historique, une feuillede route vers la modernisation et la modé-ration qui nous permettront de parvenir àl’entente [avec l’Occident. Ce programmedéfinit entre autres les grandes orientationsen matière d’enseignement et d’éducationpour promouvoir « la tolérance », « l’ouver-ture, le rejet du fanatisme et de l’extrémis-me », « la bonne gouvernance », ainsi quela lutte contre le terrorisme et « contre l’isla-mophobie »].

Autre exemple : récemment, j’ai partici-pé, aux côtés de nombreux ministres desaffaires étrangères européens, de représen-tants d’organisations non gouvernementa-les européennes et d’autres ONG musul-manes d’Europe, ainsi que d’universitai-res, d’intellectuels et de représentants desmédias, à une réunion organisée à WiltonPark, en Grande-Bretagne.Nous avons discuté de cettequestion et un document vabientôt être publié. Je m’étaisdéjà exprimé sur ce sujetdevant le Conseil de l’Europeet à l’OSCE [Organisationpour la sécurité et la coopéra-tion en Europe], sans parler demultiples autres rencontresavec de hauts responsableseuropéens dont M. [Javier]Solana [haut représentant del’Union européenne pour la politique exté-rieure et de sécurité].Il y a déjà eu un nombre incalculable deconférences et autres colloques sur ledialogue des religions, dont les résul-tats se font pour le moins attendre…

Le dialogue entre l’Islam et l’Occidentexiste depuis des décennies : entre l’islamet le catholicisme, entre l’islam et l’ortho-doxie chrétienne, entre les trois religions[monothéistes]… Mais lorsque nous noussommes retrouvés devant l’épreuve des

caricatures, nous avons dûnous rendre à l’évidence : lerésultat [de ces dialogues] estégal à zéro.

Nous devons nous enga-ger sur une autre voie, fon-dée sur deux principesforts : une volonté politiqueet la coopération desmoyens d’information pournous aider à éclairer les opi-nions publiques. Nousdevons tirer les leçons de

nos erreurs. A propos des caricatures,nous avons fait de notre mieux [pour cir-conscrire le problème]. Mais lorsque l’opi-nion publique se saisit d’une affaire, ildevient difficile d’arrêter des gens qui sesentent insultés, démonisés. [L’Europe]

doit respecter l’Autre et ne pas se contredi-re à propos de l’universalité de certainesvaleurs.Mais l’OCI a-t-elle les moyens d’influen-cer les prédicateurs musulmans quienflamment les esprits et multiplientles fatwas en tout genre ?

Le Programme d’action décennalappelle à la modération, à la mesure et àla tolérance. Il prévoit une réforme del’Académie de la jurisprudence [« confor-mément aux objectifs suivants : assurer lacoordination entre les instances chargées dela fatwa à l’échelle du monde musulman,contrer l’extrémisme religieux et le sectaris-me, s’interdire de taxer d’apostasie les diffé-rentes écoles de jurisprudence (…) promou-voir la modération, le sens de la mesure et latolérance et récuser les fatwas qui détour-nent les musulmans des principes et desconstantes de l’islam et des différentes éco-les »]. L’Académie sera ainsi le vigile enmatière de religion. Tous les membres del’OCI ont approuvé cette décision. a

Propos recueillis par Mouna Naïm

LE PRÉSIDENT américain GeorgeBush est arrivé à Vienne (Autriche),mardi soir 20 juin, pour le sommetannuel Etats-Unis - Union euro-péenne. Il devait s’efforcer, mercre-di, lors de ses entretiens avec lesdirigeants européens, d’apaiser lespréoccupations sur les violationsdes droits de l’homme par les Etats-Unis dans la « guerre contre le ter-rorisme ».

M. Bush, accompagné de lasecrétaire d’Etat CondoleezzaRice, devait évoquer les grands dos-siers internationaux : crise nucléai-re iranienne, conflit israélo-palesti-nien, libéralisation des relationscommerciales, approvisionne-ments en énergie et protection del’environnement.

Les Européens devaient, pourleur part, évoquer le maintien endétention de centaines de prison-niers dans le camp de Guantana-mo, à Cuba, dont ils réclament lafermeture. – (AFP.)

« [L’Europe] doitrespecter l’Autre

et ne passe contredireà propos de

l’universalité decertaines valeurs »

www.gap.fr

IRAN DROITS DE L’HOMME

Akbar Ganji : « La désobéissance civile est la seule voie » pour changer l’Iran

57 PAYS MEMBRES

Création. Née en 1969 après l’incendiecriminel de la mosquée Al-Aqsa, à Jéru-salem, l’Organisation de la conférenceislamique (OCI) rassemble 57 pays et apour but principal de renforcer la coopé-ration économique, politique, sociale etculturelle entre les Etats membres. Lenombre des musulmans à travers lemonde est évalué à 1,3 milliard de per-sonnes. Adoptées par consensus, lesrésolutions des sommets et des ses-sions ministérielles (affaires étrangè-res) de l’OCI ne sont que moralementcontraignantes pour les Etats mem-bres.Programme. Le Programme d’actiondécennal adopté en décembre 2005 parun sommet extraordinaire prévoit de« restructurer l’Organisation, d’en chan-ger le nom, d’en réviser la charte et lesactivités », afin de la rendre plus effica-ce. Il prévoit la mise en place un méca-nisme de suivi des résolutions.

Manifestation au Pakistan, en février, contre la publication dans la presse européenne des caricatures de Mahomet : la colère soulevéepar l’affaire chez les musulmans a révélé l’étendue de l’incompréhension réciproque entre l’Islam et l’Occident. ASIM TANVEER/REUTERS

Diplomatie Entretien avec Ekmeleddin Ihsanoglu, secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique

« L’OCI rechercheune réconciliationhistorique entrel’Islam et l’Europe »

INTERNATIONAL4 0123Jeudi 22 juin 2006

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BUENOS AIRES

CORRESPONDANTE

Il est plus de minuit à BuenosAires, et, dans le petit studio, unelueur de lassitude est apparuedans les yeux d’Hebe de Bonafini.La présidente de l’association desMères de la place de Mai, qui aura78 ans en décembre, dément : « Jene suis jamais fatiguée car je ne mefatigue pas de vivre ! »

Hebe a perdu ses deux fils pen-dant la dictature militaire, elle estveuve depuis 1982, mais vit deréunions en réunions, voyageantà l’étranger, défiant les crisesd’asthme et de diabète. Commetous les lundis, de 22 à 24 heures,elle a présenté son émission « Laradio des Mères ». « Nous avonsdes choses à dire et, si nous ne le fai-sons pas nous-mêmes, les journauxnous ignorent », regrette-t-elle.

Les Mères de la place de Mai nese contentent plus de faire leurronde hebdomadaire, tous les jeu-dis, sur la place, face à la CasaRosada, le palais présidentiel.Elles avaient commencé le30 avril 1977, défiant les générauxpour réclamer des informationssur le sort de leurs enfants dispa-rus. Simples femmes au foyer, lesmilitaires les avaient baptisées« les folles de la place de Mai ».

A deux pas du Congrès, la Mai-son des Mères est une vraie ruche,oùs’affairentune vingtainede fem-mes dont l’âge oscille entre 75 et92 ans. Elles ont lancé unprogram-me de festivités jusqu’en avril 2007pour commémorer leurs trente ansde combat. Outre leur émissionradiophonique, elles ont leur jour-nal mensuel, leur imprimerie etdes archives sur les années derépression, qui vont être digitali-sées grâce à un accord passé avec leministère de l’éducation. Elles ontaussi fondé en avril 2000 – en plei-ne tourmente économique – uneuniversité,dont lesmurssont tapis-sés d’affiches avec Che Guevara.Plusieurs séminaires sont animéspar de prestigieux intellectuels,comme l’historien Osvaldo Bayerou le romancier David Viñas, et lessujets sont variés, allant de la lectu-re du Capital, de Marx, à la théolo-gie de la libération, en passant parune introduction à la psychanaly-

se. En août 2003, le présidentvéné-zuélien, Hugo Chavez, a ouvert uncycleconsacré à sa« révolutionboli-varienne ». L’université populairedesMères de laplace de Mai comp-te 1 200 élèves, des jeunes en majo-rité, engagés dans des activitéssociales, mais des conférences sontégalement ouvertes au grandpublic.

« Notre lutte s’est politisée,reconnaît Hebe. Nous exigeons lajustice sociale, nous soutenons lalutte des plus démunis. Nos enfantssont morts pour un idéal, nouscontinuons leur lutte. » Hebe n’ajamais été aussi optimiste :« L’Amérique latine vit unmoment historique, avec l’arrivéeau pouvoir de gouvernements degauche dans plusieurs pays quiaffrontent l’impérialisme améri-cain. » Elle revendique son amitiéavec M. Chavez, avec le présidentbolivien, Evo Morales, et celle, delongue date, avec Fidel Castro.« Je vais en août à La Havane pourson anniversaire », se réjouit-elle.

« Un nouveau pays »Pour la première fois depuis le

retour de la démocratie en Argen-tine, en 1983, elle est acquise auchef de l’Etat. Nestor Kirchner,qui revendique son passé de péro-niste de gauche dans les années1970, a fait des droits de l’hommeune priorité du gouvernement.« C’est l’un de nos fils », assureHebe, pour qui la tâche n’est plusde « résister, mais de soutenir laconstruction d’un nouveau pays ».

Visiblement émue, elle était aucôté du président Kirchner, le25 mai, pour fêter les trois ans desa prise de fonctions. Un anniver-saire qui a été l’occasion d’unespectaculaire démonstration deforce du chef de l’Etat, un an avantl’élection présidentielle de 2007.

M. Kirchner a l’habitude de fai-re attendre longtemps ses visi-teurs. Grâce à l’intervention d’He-be, le cinéaste et ancien députéFernando Solanas a été reçu enmai à la Casa Rosada, pour présen-ter un projet de nationalisationdes hydrocarbures. « Je rentresans frapper dans le bureau prési-dentiel », confie Hebe en riant. a

Christine Legrand

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LE PROCÈS de trois activistesappartenant au groupe islamistekurde irakien Ansar Al-Islam(Partisans de l’islam) et soupçon-nés d’avoir planifié un attentatcontre l’ex-premier ministre ira-kien Iyad Allaoui lors d’une visiteen décembre 2004 à Berlin s’estouvert, mardi 20 juin, à Stut-tgart, sous haute surveillance, etdevrait durer jusqu’en septem-

bre. Les suspects, qui risquentjusqu’à dix ans de prison, avaientété arrêtés le matin de l’attentatprésumé, après des mois de sur-veillance téléphonique.

Le même jour, le procès dedeux autres membres d’AnsarAl-Islam, soupçonnés d’avoirapporté un appui financier à l’or-ganisation, s’est ouvert àMunich. – (Corresp.) a

La mort de 15 Irakiensà Baaqouba soulève unepolémique. Les Américainsprétendent qu’ils sont des« terroristes » et la policeirakienne, des paysans

POUR la première fois en Argenti-ne depuis l’annulation des loisd’amnistie par la Cour suprême,en juin 2005, un procès s’estouvert, mardi 20 juin, à La Plata(province de Buenos Aires),contre un ancien commissaire depolice, Miguel Etchecolatz (76ans), accusé d’homicides, arresta-tions illégales et tortures commis

pendant la dictature militaire(1976-1983). Il était le bras droitdu général Ramon Camps, chefde la redoutable police de la pro-vince de Buenos Aires, décédé.D’autres procès suivront dans lesprochains jours contre d’ancienspoliciers et des ex-militaires res-ponsables de violations des droitsde l’homme. – (Corresp.) a

L’ÉGLISE épiscopalienne desEtats-Unis se sépare de la Com-munion anglicane – 70 millionsde fidèles en Grande-Bretagne etdans les pays du Common-wealth – et devient, de fait, uneEglise schismatique. Ses délé-gués ont rejeté, mardi 20 juin,lors de leur convention à Colum-bus (Ohio), un moratoire visant àsuspendre les ordinations d’évê-ques homosexuels et les bénédic-tions de couples gays.

Archevêque de Canterbury, chefde l’Eglise anglicane (70 millionsde fidèles), Mgr Rowan Williamsavait souhaité l’adoption de cemoratoire pour mettre fin aux divi-sions qui ont suivi la nomination,en 2003 dans le New Hampshire,de Gene Robinson, premier évê-que homosexuel. Les Eglises afri-caines avaient lancé la polémiqueet rompu avec les Etats-Unis.

Les épiscopaliens ont ajoutéune nouvelle provocation en éli-sant comme « primat » de l’Egli-se américaine, le 18 juin, Kathari-ne Jefferts Schori, femme-évêquedu Nevada, hostile au moratoireet à toute interprétation « fonda-mentaliste » de la Bible qui inter-dit l’homosexualité.

Les minoritaires déplorent le« mépris » (Robert Duncan, évê-que de Pittsburgh) manifesté parl’Eglise épiscopalienne vis-à-vis dureste de la Communion anglicane.« Il y a bien deux Eglises, dit l’und’eux à l’Agence France-Presse.L’une qui croit à un christianismedéfini par les Ecritures il y a 2 000ans. L’autre qui croit aux sensationset aux expériences. » Déjà, des pres-sionss’exercent sur l’archevêquedeCanterbury pour recréer une Egliseépiscopalienne aux Etats-Unis. a

Henri Tincq

Des membres d’Ansar Al-Islamjugés à Stuttgart et à Munich

Deux soldats américains enlevésont été égorgés par Al-Qaida en Irak

Premier procès depuis l’abolitiondes lois d’amnistie

ARGENTINE APRÈS TRENTE ANS DE COMBAT

Les Mères de la place de Maipolitisent leur mouvement

ANGLICANISME POLÉMIQUE SUR LES ÉVÊQUES GAYS

L’Eglise épiscopalienne desEtats-Unis choisit le schisme

BAGDAD

ENVOYÉ SPÉCIAL

Quatre jours après leur dispa-rition au cours d’uneembuscade tendue par des

insurgés à leur convoi, les corpsde deux jeunes soldats améri-cains ont été retrouvés, mardi20 juin, près du lieu du guet-apens, à la sortie de la localité agri-cole de Youssoufiya, au bord del’Euphrate, à 25 km au sud de Bag-dad.

Kristian Menchaca, 23 ans, etThomas L. Tucker, 25 ans, ont étéégorgés. L’armée américaine serefusait encore, mercredi matin, àconfirmer les propos d’un généralirakien selon lesquels les deux sol-dats auraient été préalablement« horriblement torturés ».

Sur Internet, un communiquédu Conseil consultatif des moud-jahidines, une organisation rebel-le sunnite regroupant 7 ou 8 grou-pes d’insurgés dominés par labranche irakienne d’Al-Qaida, aannoncé la « bonne nouvelle à lanation islamique », précisant que« les deux croisés pris en otage àYoussoufiya ont été exécutés parégorgement ». Le « départementd’information » du Conseil profi-te de l’occasion pour « féliciterl’émir Abou Hamza Al-Mouha-jer », successeur d’Abou Mous-sab Al-Zarkaoui à la tête d’Al-Qai-da en Mésopotamie, d’« avoir misen œuvre la décision du tribunal dela charia (loi islamique) » concer-nant les deux soldats. Pas un moten revanche sur la mort d’un cer-tain Mansour SouleimaneAl-Machhadani, présenté, mardi,par l’armée américaine commel’un des « bras droit » de Zar-kaoui.

Pour retrouver ses deux hom-mes, dont la mort porte à 2 502 lenombre de soldats américainstués depuis l’invasion de l’Irak enmars 2003, l’armée des Etats-

Unis avait lancé plus de8 000 hommes à leur recherche,notamment à Ramadi et Baaqou-ba, deux localités majoritaire-ment sunnites – comme Youssou-fiya –, à l’est et au nord de Bag-dad. Les deux cadavres avaientété repérés près d’une centraleélectrique dès lundi soir, mais legénéral William Caldwell, porte-parole de l’armée américiane, aexpliqué, mardi, qu’il « fallaitattendre que le jour se lève pour évi-

ter les attaques de nuit et vérifierqu’il n’y avait pas d’engins explo-sifs piégés sur les lieux avant d’en-voyer un assez grand nombre detroupes » récupérer les corps.

« Employés d’un élevage »Au cours des opérations à Baa-

qouba, 90 km au nord de Bagdad,les troupes américaines affirmentêtre tombées sur un « repaire deterroristes », lesquels auraientouvert le feu avant de succomber à

un assaut soutenu par des hélicop-tères de combat. « Quinze terroris-tes ont été tués » lors de cette opéra-tion, a dit le général Caldwell.« Faux », affirment plusieurstémoins irakiens, dont un officierde police et l’activisted’une organi-sation de défense des droits del’homme, Hadi Al-Azzaoui : « Lestreize, et non quinze, personnes tuéesétaient des employés d’un élevagesemi-industriel de volailles qui, àcause de la chaleur (50 degrés àBaaqouba) et pour parer aux vols,avaient pris l’habitude de dormirdehors. » Un jeune survivant qui aréussi à se cacher pendant l’as-saut, Houssam Chamel, a déclaréavoir vu son père et trois de ses frè-res se faire abattre par les soldatsaméricains sans provocationaucune.

D’autre part, l’un des avocatsde l’équipe de défense de l’ex pré-sident Saddam Hussein a été tuémercredi. « L’avocat Khamisal-Obeidi a été assassiné par des ter-roristes », a annoncé la télévisionpublique Iraqia. a

Patrice Claude

Devant un hôpital de Baaqouba, les familles des Irakiens tués lors de l’assaut de l’armée américainecontre un « repaire de terroristes » entourent les cadavres des leurs, mardi 20 juin. ALI/AFP

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Page 7: Le monde 22 06 06

CAMP DE DJABAL (Tchad)

ENVOYÉ SPÉCIAL

Le camp de Djabal, dans l’est duTchad, est plongé dans la torpeur.Depuis mars, le dédale de paillotes et

de tentes, qui abritent près de 15 000 réfu-giés du Darfour (ouest du Soudan), estdevenu un terreau pour la rébellion souda-naise qui y recrute des combattants âgésparfois de 14 ans. « Les rebelles arriventdans le camp soi-disant pourvoir leur famillemais ils enrôlent », explique sous couvertd’anonymat un responsable onusien.

Derrière les branchages qui entourentles habitations, les hommes en âge de sebattre sont rares – certains ont été tués parles janjawids (miliciens arabes), d’autresont pris les armes contre Khartoum, dontla campagne au Darfour aurait fait près de200 000 morts et déplacé plus de 2 mil-lions de personnes dont certaines ont trou-vérefuge au Tchad voisin.Djabal, à 75 kilo-mètres de la frontière, est livré aux femmeset aux enfants qui jouent parmi quelquesânes squelettiques et de rares volailles.

« Nous savonsque le campest rempli d’ar-mes blanches et que certains détiennent pro-bablement des armes de guerre », poursuitle responsable onusien. Dans le village de

Goz Beïda, à quelques centaines de mètresdu camp, l’Armée de libération du Soudan(SLA) a ouvert un bureau, en face de celuide l’armée tchadienne, et ses hommes enarmes paradent dans les rues.

« Nous avons des témoignages selon les-quels, dans l’école du camp, plusieurs profes-seurs recrutent de manière très agressive »,explique David Buchbinder, un enquêteurde l’ONG Human Rights Watch, qui a pas-sé plusieurs semaines sur place. Les res-ponsables des ONG, eux, voient des gensdisparaître tous les jours. La plupart desrecrues sont majeures et partent volontai-rement dans les camps d’entraînement,mais la SLA accepte parfois des enfants de14 ans. Et certains sont enrôlés de force.

Comme d’autres camps proches de lafrontière soudanaise, Djabal est devenuunebase arrière pour laSLA, dont les hom-mes viennent se reposer, se ravitailler en

nourriture, en cigarettes ou en médica-ments, laissant leurs armes à l’entrée, gar-dée par une poignée de gendarmes tcha-diens. Selon plusieurs sources, la popula-tion de ces camps est artificiellement gros-sie par leurs représentants, qui obtiennentainsi des surplus de nourriture qui sontdétournés vers la rébellion. Des taxesseraient aussi prélevées sur les réfugiés.

Le Haut Commissariat aux réfugiés(HCR) estime que ces activités « menacentle caractère civil des camps de réfugiés et doncla garantie d’être toujours protégés par ledroit international ».MaisàDjabal, la rébel-lion est très populaire parmi les réfugiésquiontsubi lesattaquesdes janjawids.Adi-dje Moussa Yaya, une jeune femme, racon-te comment sa famille a été chassée par« les Arabes », qui ont tué sept de ses pro-ches, « et parfois violent les filles ». ChérifFadoul Ismaïl affirme que « le gouverne-

ment soudanais, avec les janjawids, a tué18 personnes et brûlé les cases » de son villa-ge, au nord d’El-Geinena, au Darfour. « Ilsont tué mes frères et ont violé mes sœurs sousmes yeux », dit-il. Comme la plupart desréfugiés du camp, il est opposé à l’accordde paix signé par une partie des rebelles duDarfour avec le gouvernement soudanais.Réfugié « depuis deux ans et un mois », ilestime qu’« il n’y a pas de changement auSoudan, il est impossible de rentrer ».

Le désir de retour motive nombre desnouvelles recrues. Lorsque les réfugiéssont arrivés à partir de juin 2004, les6 000 habitantsde Goz Beïda leur ont por-té assistance. Mais l’hospitalité des villa-geois, qui vivent dans un dénuement totalalors que l’aide afflue dans le camp,s’émousse. La compétition pour les raresressources naturelles est renforcée par laprésence toute proche d’un autre camp où12 000 Tchadiens ont trouvé refuge, dépla-cés par la propagation du conflit du Dar-four dans l’est du Tchad.

Car les janjawids multiplient les incur-sions au Tchad avec la complicité de tribuslocales pour s’emparer de têtes de bétail etpiller les villages africains. Fin mai,Human Rights Watch a ainsi confirmé lamort de 118 personnes, certaines décou-pées à la machette, dans des villages situésentre Djabal et la frontière soudanaise. Etl’ONU fait état d’informations évoquant« l’émergence de janjawids tchadiens » quimenacent d’enflammer la région. a

Philippe Bolopion

JUSTICE SIERRA LEONE

Charles Taylor, ancienprésident libérien,a été transféré à La Hayepour y être jugéSOUS haute protection, à bord d’un héli-coptère puis d’un avion affrété par lesNations unies, l’ancien président libé-rien Charles Taylor a été transféré, mardi20 juin, de la prison de Freetown (SierraLeone) vers le centre de détention de hau-te sécurité de Scheveningen, dans la ban-lieue de La Haye (Pays-Bas), où il doitêtre jugé.

L’ex-« seigneur de la guerre », qui aplaidé « non coupable », est inculpé pour« crimes contre l’humanité », « crimes deguerre » et neuf autres chefs d’inculpa-tion par le Tribunal spécial pour la SierraLeone (TSSL) pour des faits commisentre 1997 et 2000.

Charles Taylor est accusé d’avoir soute-nu les rebelles sierra-léonais du Frontrévolutionnaire uni (RUF) afin de s’em-parer des richesses en diamants de cepays et de financer des achats d’armes.Le RUF terrorisait ses victimes en leurcoupant des bras, des oreilles et deslèvres.

Les guerres civiles du Liberia et de Sier-ra Leone ont causé la mort de dizaines demilliers de personnes entre 1989 et 2003.Se félicitant, mardi, du transfert, le secré-taire général de l’ONU, Kofi Annan, a sou-haité que « tous les pays coopèrent avec letribunal spécial (…) en facilitant (…) témoi-gnages et auditions de témoins ».

Criminel de guerreL’arrivée en Europe de Charles Taylor

constitue une étape déterminante dans leprocessus qui doit mener au jugement del’un des principaux criminels de guerreafricains de ces dernières années. Ni leLiberia d’Ellen Johnson Sirleaf, éluedémocratiquement en novembre 2005,ni la Sierra Leone ne souhaitait que le pro-cès ait lieu sur son territoire, par craintede déstabilisation.

Dès l’arrestation de l’ancien dictateurréfugié au Nigeria, le 29 mars, le TSSLavait demandé le dépaysement del’audience dans les locaux de la Courpénale internationale, à La Haye. Mais ilavait fallu encore trois mois pour qu’unEtat, la Grande-Bretagne, se porte volon-taire pour incarcérer M. Taylor après uneéventuelle condamnation.

Les Pays-Bas ont en effet accepté d’hé-berger le procès à condition que l’accusépurge sa peine dans un autre pays. Le feuvert britannique, jeudi 15 juin, avaitdébouché, deux jours plus tard, sur unvote du Conseil de sécurité de l’ONU offi-cialisant le transfert à La Haye. a

Ph. B.

Situé à 75 km de la frontière,le camp de Djabal est devenuune base arrière pour l’Arméede libération du Soudan (SLA)

Le président soudanais Omar Al-Bachir aréitéré, mardi 20 juin, son opposition audéploiement d’une force internationale auDarfour, affirmant que son pays ne seraitpas « recolonisé ». « Pourquoi y aurait-ilune force internationale ? », a demandéM. Bachir lors d’une conférence de presseconjointe avec le président sud-africain,Thabo Mbeki, en visite au Soudan. « Nousavons notre propre système de surveillance,qui nous a permis de déterminer que cette for-

ce internationale a des visées coloniales. Ellene vient pas pour maintenir la paix, maispour se comporter au Darfour comme uneforce d’occupation », a dit le M. Bachir.

« Je jure qu’il n’y aura aucune interven-tion militaire internationale au Darfour tantque je serai au pouvoir », avait-il déclarélundi soir. L’ONU souhaite le déploiementd’une force de maintien de la paix à la finde l’année ou début 2007 pour prendre larelève des troupes de l’Union africaine.

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Au Tchad, les camps de réfugiés du Darfoursont un vivier pour la rébellion soudanaise

RECONNU coupable par le tribu-nal correctionnel de Paris d’avoirfomenté, en 1995, un coup d’Etataux Comores, l’ex-mercenaireBob Denard ne retournera cepen-dant pas en prison. Refusant desuivre les réquisitions du parquet,qui avait réclamé une peine ferme,les juges ont condamné, mardi20 juin, l’ancien « colonel Bob » àcinq années de prison avec sursis.

Ses 25 compagnons d’armes,eux aussi poursuivis pour « asso-ciation de malfaiteurs en vue de lapréparation d’un crime », bénéfi-cient également du sursis, voired’une dispense de peine. Agé de77 ans et souffrant de la maladied’Alzheimer, Robert Denardn’avait pas assisté aux audiences.

Le rôle des services secrets fran-çais dans cette opération, qui avaitabouti à déposer par la force le pré-sident comorien Saïd MohamedDjohar, a été reconnu par le tribu-nal, mais pas au point d’exonérerles prévenus, comme l’avaient plai-dé leurs avocats, faute de la preu-ve d’un ordre explicite. « La sim-ple conviction que l’opération étaitimplicitement couverte », ont esti-mé les juges, n’est « pas suffisan-te » pour les disculper.

Pour autant, la décision n’épar-gne pas les autorités françaises.« Il est impossible et impensable,constate-t-elle, qu’une opération

qui a perduré pendant 131 jours(…) ait pu être méconnue des servi-ces secrets et de la cellule africainede l’Elysée. » Et de souligner : « Ilest tout aussi manifeste qu’aumoins [les services secretsfrançais] n’avaient rien fait pourentraver [le coup d’Etat] et qu’ilsl’avaient donc laissé arriver à sonterme. En conséquence, c’est que lesresponsables politiques l’avaientnécessairement voulu aussi. »

Pour justifier le refus d’une pei-ne ferme de prison, le tribunal atenu compte de « l’ancienneté »des faits, de l’absence de « violen-ce caractérisée », mais aussi du« fait que les autorités françaisesles avaient entérinés ».

Avocat de Bob Denard, Me ElieHatem estime qu’en reconnais-sant la culpabilité de l’ancien mer-cenaire, le tribunal a « voulu fairepayer les lampistes ». Il souligne« la difficulté de mise en cause del’Etat et des politiques, qui se sonttous dérobés ». De son côté,Me Saïd Larifou, avocat de l’an-cien président Saïd MohamedDjohar, mort en février, se félicitede voir la culpabilité de BobDenard « établie pour la premièrefois ». Il interprète cependant cejugement comme une « prime aumercenariat, un encouragement àcommettre des coups d’Etat ». a

Philippe Bernard

Le Soudan refuse toute force de l’ONU

COMORES PROCÈS DE L’EX-MERCENAIRE À PARIS

Bob Denard est condamnéà cinq ans de prison avec sursis

Près du village de Goz Beïda, dans l’est du Tchad, des enfants du camp de réfugiés de Djabal jouent au milieu des ordures qui se consument, mercredi 14 juin. CHIP EAST/SIPA

ISRAËL-PALESTINEMM. Abbas et Olmertse rencontrent à PétraPÉTRA. Le président de l’Autoritépalestinienne, Mahmoud Abbas,et le premier ministre israélien,Ehoud Olmert, devaient se ren-contrer pour la première fois, et« de manière informelle », jeudi22 juin, en présence du roiAbdallah II en Jordanie.D’après un haut responsabledu palais royal, cette rencontredevait être l’occasion de débattre« notamment du conflit israélo-palestinien ». Mardi, M. Abbasavait appelé « tous les groupesarmés à cesser immédiatement lestirs de roquettes contre Israël et àrespecter la trêve ». Le soir même,un raid israélien contre une voitu-re transportant des activistespalestiniens à Gaza avait causé lamort de trois enfants. – (AFP.)

CORÉE DU NORDLe Pentagone se prépareà répliquerà un éventuel tir de missileWASHINGTON. Le conseiller duprésident George Bush pour lasécurité nationale, StephenHadley, a refusé de commenter,mardi 20 juin, les affirmationsdu quotidien Washington Timesselon lesquelles le Pentagone aactivé le système américain dedéfense antimissile.Selon ce quotidien, l’une desoptions envisagées consisterait àabattre le missile nord-coréen àl’aide de l’un des intercepteursbasés en Californie ou en Alaska.– (AFP, Reuters.)

JAPON-ÉTATS-UNISTokyo lève son embargosur le bœuf américainTOKYO. Le Japon a décidé, mercre-di 21 juin, de lever son embargosur les importations de bœuf,réglant ainsi le principal conten-tieux avec son grand allié avantla visite du premier ministre Juni-chiro Koizumi aux Etats-Unis, lasemaine prochaine. – (AFP.)

ÉQUATEUROccupation d’une installationpétrolière françaiseQUITO. 200 villageois exigeant lerespect de l’environnement ontoccupé une station de pompagede pétrole de la compagnie fran-çaise Perenco, en Amazonie équa-torienne, lundi 19 juin. Un mani-festant a disparu suite à l’inter-vention de militaires. – (AFP.)

ÉTATS-UNISUn Texan exécutéHUNTSVILLE. Lamont Reese,28 ans, a été exécuté, mardi20 juin, par injection létale, pouravoir abattu trois hommes àl’aide d’un fusil d’assaut, en1999. Le condamné a clamé soninnocence jusqu’à sa mort.Depuis le début de l’année, il estle 12e exécuté au Texas. – (AP.)

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Depuis 1946, la Commission baleinièreinternationale (CBI) a créé plusieurssanctuaires pour protéger les baleines.Antarctique. Ce premier sanctuaire aété décidé en 1938. Il couvre une zoneallant de 40 degrés de latitude sud jus-qu’au continent antarctique et s’éten-dant entre 70 et 160 degrés de longitu-de ouest. En 1955, cette zone a été par-tiellement ouverte pour réduire la pres-sion sur les autres zones de chasse.Océan Indien. Ce deuxième « site » aété mis en place en 1979. Il s’étend surune zone montant jusqu’à 55 degrés de

latitude. La capture des cétacés à desfins commerciales y est interdite.Mers du Sud. En 1994, lors de sa46e réunion annuelle, la CBI a décidé del’établissement d’une zone protégéedans les mers du sud allant jusqu’à 40degrés de latitude sud. Et à 60 degrésau large de l’Amérique du Sud et dans lePacifique sud. Tous les dix ans, ce sanc-tuaire fait l’objet d’une révision.Atlantique sud et Pacifique sud.Depuis des années, ces deux projetssont à l’étude. Mais, faute d’un soutienfort, ils n’ont toujours pas été décidés.

La condamnation du moratoireprotégeant les cétacés renforceles pays pour lesquelscertaines espèces sont assezabondantes pour supporterun « prélèvement limité »

Aen croire plusieurs observateursprésents à la réunion annuelle de laCommission baleinière internatio-

nale (CBI), qui s’est achevée mardi20 juin à Saint-Kitts-et-Nevis aux Caraï-bes, la diplomatie n’était pas la règle. Laraison ? La guerre de la baleine qui a per-mis à ce minuscule Etat des Caraïbes(39 000 habitants) d’entrer dans l’histoi-re comme le lieu où, pour la premièrefois, une majorité de pays membres de laCBI (33 contre 32) ont condamné lemoratoire sur la chasse à la baleine adop-té en 1986.

Si cette décision n’a pas de conséquen-ce immédiate – la levée du moratoire quiprotège les cétacés ne peut se fairequ’avec les trois quarts des votes –, ellerenforce la position du Japon et de la Nor-vège. Ces deux pays pratiquent depuislongtemps déjà la « chasse scientifique »que l’article 8 de la Convention autorise.Et le vote qui vient d’être obtenu auxCaraïbes les conforte dans leur position,fortement décriée par les associations dedéfense de l’environnement.

Le Japon, qui a tué 916 grands cétacésen 2005, prévoit ainsi de porter ce chiffreà 1 143 en 2006 et à 1 325 en 2007. Demême, la Norvège, qui a chassé 639 balei-nes en 2005, envisage de prélever1 052 individus en 2006 et 1 200 en2006. Pour sa part, l’Islande prévoit aus-si de tuer 100 de ces mammifères marins.Ces trois pays remontent donc lente-ment, mais sûrement, au niveau qu’ils

occupaient en 1987. Cette année-là, ladernière qui autorisait la chasse commer-ciale, 6 000 rorquals et cachalots au totalont été pris. Déçus, les écologistes s’ap-prêtent à mobiliser leurs forces pour laréunion de la CBI qui se tiendra en 2007aux Etats-Unis – en Alaska –, plus sensi-bles aux actions de protection.

Toute la difficulté du débat sur la pro-tection des cétacés dépend aujourd’huide la capacité que l’on a à évaluer lespopulations des différentes espèces et del’interprétation que l’on fait ensuite deces chiffres.

Si plusieurs espèces de grands cétacés(baleines franches, baleines grises del’ouest Pacifique) sont mena-cées d’extinction, si certainessont dans une situation incer-taine (comme la baleinebleue, le plus grand animalterrestre, dont il ne reste plusque quelques milliers d’indi-vidus), d’autres ont bienretrouvé la santé depuis l’ar-rêt d’une chasse qui a menéles stocks, espèce après espè-ce, au bord de la disparition.Ainsi, rorquals communs etjubartes sont maintenant estimés à plu-sieurs dizaines de milliers d’individus,tandis que les cachalots seraient environ360 000.

C’est sur ce point que s’appuient lespays chasseurs en ciblant essentielle-ment le petit rorqual, riche de centainesde milliers d’individus dans les deuxhémisphères, et qui pourrait donc, disent-ils, supporter un « prélèvement limité .Dans les années 1980, le comité scientifi-que a ainsi adopté une procédure de ges-tion (dite RMP, revised management pro-cedure) qui légitime la chasse d’une espè-ce dès lors qu’elle ne met pas en dangersa survie. Mais la Commission n’a jamaisadopté cette RMP, et a maintenu le mora-

toire. C’est contre cette position que s’arc-boutent les chasseurs, tandis que lesopposants refusent par principe toutecapture.

Ce blocage est d’autant plus gênantqu’il dissimule de nouveaux dangers aux-quels sont exposés ces animaux marins.Selon un rapport de novembre 2005 rédi-gé par l’Allemand Boris Culik, biologistemarin pour le Programme des Nationsunies pour l’environnement, les petitscétacés, dauphins et marsouins, sontsous la menace, notamment des filets dela pêche hauturière.

On craint d’autre part que le réchauffe-ment du climat n’entraîne une diminu-

tion du krill, nourriture debase des cétacés en Antarcti-que. Enfin, la contamina-tion par des produits chimi-ques s’observe de plus enplus chez les cétacés à dents(odontocètes), situés ausommet de la chaîne alimen-taire. Ainsi, le gouverne-ment japonais a dû interdi-re la consommation de vian-de de cachalot aux femmesenceintes en raison du

degré élevé de pollution chimique deschairs. Derniers périls : les collisionsentre cétacés et navires et les effetsfâcheux et destructeurs de certaines tech-niques d’exploration pétrolière (notam-ment les canons sonores) qui condui-raient à désorienter les cétacés, quis’échouent.

La CBI a adopté une résolution criti-quant ces pratiques. Mais l’acrimoniedes débats empêche, malheureusement,que les nouvelles nuisances subies parles mammifères, et qui sont le reflet de ladégradation constante de l’environne-ment océanique, soient sérieusement pri-ses en compte. a

Hervé Kempf

CARINE CAMBY, la directricegénérale de l’Agence française dela biomédecine, a annoncé, mardi20 juin, que six équipes de biolo-gistes travaillant dans des structu-res publiques étaient autorisées àmener des recherches sur des cel-lules souches embryonnaireshumaines. Ces cellules très parti-culières de l’organisme sontissues de la destruction d’em-bryons conçus in vitro et qui nes’inscrivent plus dans le cadred’un projet parental.

Cette autorisation très atten-due survient près de cinq moisaprès la publication du décret du7 février 2006 précisant les moda-lités d’autorisation de ces recher-ches. Mais aussi près de deux ansaprès la promulgation de la loi debioéthique du 6 août 2004 qui enacceptait le principe, à titre déro-gatoire et pour une période decinq ans.

En pratique, les travaux autori-sés ont trois objectifs. D’abordaméliorer les connaissances fon-damentales pour mieux compren-dre les mécanismes de différencia-

tion des cellules souches quiconstituent un embryon humain.Ensuite, tester l’utilité de cesmêmes cellules dans l’élabora-tion de modèles d’étude des mala-dies génétiques. Enfin, évaluerleur potentiel thérapeutique.

Douze équipes de biologistesavaient, après la publication dudécret, formulé des demandesd’autorisation. Aucune n’a étérefusée. Six viennent d’être rete-nues. Cinq autres sont en coursd’instruction et une dernière s’estretirée.

Produits importésSur les six premières autorisa-

tions accordées par l’Agence debiomédecine, cinq concernent deséquipes de l’Inserm et de l’InstitutPasteur de Paris qui se proposentde travailler sur des lignées de cel-lules souches embryonnaires éta-blies à l’étranger. Et ce dans lesmêmes conditions éthiques quecelles définies par la loi françaisedu 6 août 2004.

Ces produits biologiques sontd’ailleurs importés en France

avec l’aval des autorités sanitaireset éthiques.

Pour l’heure, une seule équipe– codirigée par Marc Pechanski(Istem, Evry) et Stéphane Viville(CHU de Strasbourg) – est autori-sée à créer sur le territoire natio-nal des lignées de cellules souchesà partir d’embryons conçus invitro. Il s’agit d’embryons por-teurs des stigmates d’une maladiegénétique identifiée lors d’un dia-gnostic pré-implantatoire deman-dé par des couples qui risquent detransmettre cette affection. Lespremières recherches dans cedomaine portent sur les maladiesneuro-dégénératives dites de Stei-nert et de Huntington.

Les autorisations annoncéespar Mme Camby marquent aussi,au terme d’un long processusd’évaluation troublé par une sériede décisions prises dans une cer-taine confusion, la possible entréedes biologistes français dans lepaysage prometteur et concurren-tiel de la biologie contemporaineet de la médecine de demain. a

Jean-Yves Nau

LES SANCTUAIRES

Les baleines à nouveau menacéespar la « chasse scientifique »

Le Japon, qui a tué916 grands cétacés

en 2005,prévoit de porterce chiffre à 1 143

en 2006 et à 1 325en 2007

GÉNIE GÉNÉTIQUE RÉGLEMENTATION FRANÇAISE

Premières autorisations de recherche surles cellules souches embryonnaires humaines

Quelques espèces concernées par le moratoire

Source : Royal BC Museum - illustrations : Al Denbigh

Longueur Poids Populationestimée

33 m 190 t4000

à 6 000

27 m 70 t

19 m 100 t 8 000dont quelques

centaines enhémisphère Nord

18 m 30 t 22 600

10 m 10 t360 000

à 935 000

25 000à

50 000

0 10 20 30

0123

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MÉDECINEUne méthode fiable pourle diagnostic du rhésus fœtalLe laboratoire de biochimie etbiologie moléculaire de l’hôpitalNord de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille est l’undes trois centres en France àdéterminer le rhésus du fœtuspar génotypage à partir d’unesimple prise de sang chez lamère. Un progrès essentiel, carles incompatibilités entre unemère ayant un sang de rhésusnégatif et un fœtus de rhésuspositif sont sources d’anémiessévères potentiellement mortel-les pour l’enfant à naître.Cette technique permet de don-ner à bon escient une prophy-laxie sans avoir nécessairementrecours à l’amniocentèse. Cha-que année, près de 150 000 fem-

mes rhésus négatif sont encein-tes, dont 90 000 portent unfœtus rhésus positif.Le diagnostic du rhésus est systé-matiquement fait chez les 15 %de femmes enceintes d’un rhésusnégatif.

AGRICULTUREPlusieurs pays africainsdécident de cultiver du cotontransgéniquePour pallier les difficultés de lafilière coton, huit pays africainsont décidé de promouvoir laculture du coton transgénique etde favoriser la mise en communde la production d’engrais. Ils’agit du Bénin, du Burkina Faso,du Mali, du Tchad, du Came-roun, de la Côte d’Ivoire, du Gha-na et du Togo, qui se sont enga-gés dans cette voie à l’occasion

d’une réunion de l’Organisationmondiale du commerce, qui setenait à Ouagadougou. (AFP.)

ZOOLOGIEL’Australie mobilise l’arméecontre le crapaud-buffleOriginaire d’Hawaï et introduitvers 1930 en Australie, le cra-paud-buffle (Bufus marinus), un« monstre » de plus de 20 cm,terrorise les habitants des territoi-res de l’ouest et du nord du pays.Le batracien, particulièrement àl’aise dans son nouvel habitat – ily en aurait 100 millions – est plu-tôt placide.Mais il inquiète ceux qui le croi-sent en raison du venin produitpar ses glandes. Les militairesaustraliens sont à pied d’œuvrepour fixer l’ennemi et le réduiresi nécessaire.

ENVIRONNEMENT & SCIENCES8 0123Jeudi 22 juin 2006

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ESPAGNE

Madrid veut négocierla paix avec l’ETAet interpelle sesfinanciers supposésMADRID

CORRESPONDANTEL’opération policière menée, en Franceet en Espagne, contre douze personnessuspectées d’être des responsables duréseau d’extorsion de fonds de l’ETA,mardi 20 juin, alors que José Luis Rodri-guez Zapatero s’apprête à annoncer offi-ciellement l’ouverture des négociationsavec le groupe armé, ne pouvait pas nepas faire l’objet de lectures politiques dela part des protagonistes de ce dossier.

Le chef de file de Batasuna, vitrine poli-tique de l’ETA, Arnaldo Otegi, a considé-ré que le coup de filet était le fruit d’une« décision politique du gouvernement espa-gnol » en même temps qu’une « attaquenette et frontale contre les espoirs de paix »au Pays basque. L’un de ses lieutenants,Joseba Permach, y a vu la preuve que« l’Etat espagnol persiste dans la voierépressive et sa stratégie de guerre ».

La présidence du gouvernementn’avait pas encore indiqué, mercredi21 juin, quand, précisément, s’exprime-rait M. Zapatero devant les députés – cequ’il s’est engagé à faire avant que sesreprésentants ne s’assoient à la table desnégociations avec les émissaires du grou-pe armé. Le chef de l’exécutif peut le faireà tout moment, soit dans le cadre de l’or-dre du jour ordinaire, soit à l’occasiond’une séance consacrée à la fin du terro-risme basque, en tout état de cause dansles dix jours. Mardi matin, pas moins detrois ministres ont commenté les arresta-tions pour expliquer qu’elles démontrentque, contrairement à ce que soutient l’op-position conservatrice, le gouvernementn’a pas décidé d’entraver l’action de lajustice pour attirer l’ETA à la table desnégociations. « Cela prouve clairementque ni les juges ni les policiers ne restent lesbras croisés », a commenté le ministre del’intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba.

La fin du procès des deux supposésassassins de Miguel Angel Blanco, jeuneconseiller municipal conservateur d’Er-mua, tué par l’ETA après quarante-huitheures de captivité en juillet 1997, a don-né une mesure de la tension qui entourele dossier des négociations avec l’ETA.Les proches de la victime ont applaudi leréquisitoire du procureur, qui a demandéune peine de cinquante ans d’emprison-nement pour Francisco Javier Garcia Gaz-telu « Txapote » et sa compagne, IrantzuGallastegi Sodupe « Amaia ». Il a aussisouligné « l’indifférence » et « le manqueabsolu de repentir » manifestés par lesdeux accusés durant le procès, au pointque la présidente du tribunal les a faitexpulser de la salle.

« Riez, riez, a lancé la sœur de MiguelAngel Blanco aux proches des deux accu-sés en sortant de la salle d’audience. Jerirai encore davantage lorsque je verrai vosenfants moisir en prison ! » Les deux etar-ras sont sortis de leur mutisme à la fin duprocès : « Oui, nous sommes de l’ETA, etnous n’arrêterons pas de lutter pour la liber-té de l’Euskadi. » Le verdict a été mis endélibéré. a

Cécile Chambraud

L ’arrestation du parrain des par-rains, Bernardo Provenzano, enavril, et celles qui ont suivi repré-

sentent-elles un tournant dans la luttecontre Cosa Nostra ?

Oui, car à travers les billets que nousavons trouvés, avec lesquels les bossmafieux communiquent, nous avons eu laconfirmation que Provenzano était plusqu’unchef. Pour une organisation comple-xe comme la mafia, il représentait un pointd’équilibre essentiel qu’il sera difficile, àprésent, de retrouver. A l’extérieur de l’or-ganisation, c’est lui qui a su faire prévaloirla stratégie du silence en mettant un termeaux attentats, comme ceux de 1992, quiont tué les juges Falcone et Borsellino.

Attentats qui ont créé une alarme socia-le et entraîné une riposte de l’Etat, qui aprocédé à de nombreuses arrestations.Cosa Nostra est restée dans l’ombre, seconsacrant aux affaires en toute tranquilli-té, car, sur le plan intérieur, Provenzano asu assurer la paix mafieuse entre tous lescourants. Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu demorts dans les rixes entre clans, mais ilsn’étaient pas « voyants ».

Ils ont privilégié la « lupara bianca »,du nom de la vieille arme de chasse chèreaux anciens mafieux : on fait disparaîtretout simplement l’adversaire. Pas de cada-vre, rien : on met du temps à dénoncer unedisparition, la presse en parle peu, il n’y aaucune certitude. Ça renforce l’idée que lamafia a disparu…La cavale de Provenzano a duré quaran-te-trois ans. Comment l’expliquer sinonpar des appuis haut placés, y comprispolitiques ?

Elle s’explique justement parce que, cesdernières années, la mafia a lentementconstruit une sorte d’écheveau au seinmême de la société, où toute une « bour-geoisie mafieuse » s’entremet sans êtretotalement dans l’organisation : techni-ciens, avocats, médecins, commerçants,politiciens. Un réseau si dense que nousavons découvert un jour qu’un entrepre-

neur lié à Cosa Nostra recevait régulière-ment la visite d’un policier, de nos servi-ces, venu l’informer. Avec lui, Provenzanoétait au courant de nos enquêtes presqueen temps réel…Avant les législatives d’avril, vous avezdemandé aux partis de retirer des listestout candidat soupçonné de liens avecla mafia. En vain. Le président de larégion Sicile, Toto Cuffaro, pourtantjugé pour « faveurs à la mafia », a étéréélu. Y a-t-il trop d’intérêts en jeu ouest-ce la conséquence du recul de la lut-te antimafia sous Berlusconi ?

Présenter des candidats sous enquête,c’est déjà lancer un message à la mafia. Lapolitique doit assumer sa responsabilité :elle devrait se doter de règles d’autorégula-tion, d’un code éthique. Je l’ai dit et leredis, mais il faut croire que les temps nesont pas encore mûrs… M. Berlusconiavait fort à faire lui-même avec la justice.

Peut-être, à ce moment-là, y a-t-il eu unebaisse d’attention, la lutte contre la mafian’étant plus autant une priorité.

Mais nous avons marqué des points.Dans un billet adressé à Provenzano, Mat-teo Messina Denaro, parrain de la régionde Trapani, nous rend l’hommage que lepouvoir, parfois, omet de nous rendre : ilse plaint de ce que la justice a arrêté nonseulement plusieurs vagues « d’hommesd’honneur » mais aussi leurs remplaçantspotentiels dans les rangs mafieux. Et ajou-te : « Si cela continue, ils arrêteront jus-qu’aux endroits même où l’on se réunit ! »Autre fait encourageant, à l’électionen Sici-le, Rita Borsellino, sœur du juge assassinéet novice en politique, en faisant une cam-pagne centrée contre la mafia, a remportéplus de 40 % des suffrages.Comment voyez-vous la « succes-sion » ? On parle de la famille Lo Picco-lo de Palerme mais aussi de Matteo Mes-

sina Denaro. Il est jeune, aime les voitu-res, les vêtements chics et les femmes.Un style nouveau ?

Il faut se méfier des hypothèses… Descollaborateurs de justice nous parlent d’un« directoire », d’un « triumvirat ». Lesmafieux cherchent la formule. S’ils ne trou-vent pas d’accord, on peut s’attendre à desviolences. Je penseque les familles palermi-taines sont les mieux placées. Elles ont uncôté traditionnel qui s’accommode mald’un nouveau style. Elles font des affairespour gagnerde l’argent, pas pour le dépen-ser ! Puis, il y a aussi les boss en prison quicontinuent à commander, voire à réclamerdes actions dures contre l’Etat. Rien n’estjoué… La seule certitude, c’est que la mafiaest forte, elle a infiltré le pouvoir, et l’écono-mie mais avec les coups portés, nous avonsréussi à la désorienter. a

Propos recueillis parMarie Claude Decamps

Dans un entretien au « Monde »,le procureur national antimafiase réjouit des coups portésà Cosa Nostra, à la suitede l’arrestation de BernardoProvenzano, son chef suprême

Pietro Grasso : « La Mafia est forte,mais nous avons réussi à la désorienter »

PAYS BALTES VILNIUS CONNAÎT SA 13e CRISE GOUVERNEMENTALE DEPUIS 1991

Les populistes plongent la Lituanie dans une crise politiqueSTOCHKOLM

CORRESPONDANCE

Après la démission du gouverne-ment, début juin, le Parlementlituanien a refusé, mardi 20 juin,de voter la confiance au social-démocrate Zigmantas Balcytis,auquel le président Valdas Adam-kus avait confié la tâche de mettresur pied une coalition de centregauche. Depuis que l’URSS lui areconnu son indépendance en1991, la Lituanie en est à sa treiziè-me crise gouvernementale.

Cette fois, la crise a été précipi-tée par le sulfureux milliardaired’origine russe, Viktoras Uspaski-chas, créateur, il y a quelquesannées, d’un « parti travaillis-te ». Il a fait une percée éclair auxélections législatives de 2004,s’imposant ainsi comme la pre-mière formation du pays avec unagenda ultrapopuliste.

Profitant d’un climat politi-que délétère et de fréquentes

affaires de corruption, cetancien soudeur, qui a fait fortu-ne dans la vente de métaux puisdans l’importation de gaz russeen Lituanie, avait raflé un tiersdes voix avec des slogans décli-nés sur le mode « je suis riche, jen’ai pas besoin de voler. » Mêmesi beaucoup s’inquiétaient de sesliens avec le géant russe Gaz-prom, les Lituaniens avaient étéconquis.

Sans issueAyant raflé avec son parti 40

des 141 sièges de la Chambre desdéputés, M. Uspaskichas avaitobtenu d’être nommé ministre del’économie dans le gouvernementde coalition péniblement mis surpied par le social-démocrate Algir-das Brazauskas.

Mais il avait été contraint dedémissionner, en 2005, à causede soupçons d’irrégularités dansl’attribution de fonds européens,

notamment à l’une des entrepri-ses de son groupe d’agroalimen-taire Vikonda. Plusieurs hommesd’affaires auraient aussi reçu desfonds européens après avoir payédes pots-de-vin à des membresdu parti.

Il y a un mois, la police a perqui-sitionné au siège du parti et à sondomicile. M. Uspaskichas est subi-tement parti pour Arkhangelskdans le nord-ouest de la Russie,sa région d’origine, « pour affai-res personnelles ». Depuis, il n’estpas rentré. Il a renoncé à la prési-dence de son parti mais affirmene rien craindre des investiga-tions en cours en Lituanie.

Le parti travailliste, qui comp-tait cinq ministres dans le gouver-nement actuel, les a tous retirésaprès la défiance exprimée surl’honnêteté et la compétence dedeux d’entre eux par le présidentAdamkus. Sans son soutien, legouvernement Brazauskas deve-

nait minoritaire. Il a préféréremettre sa démission. La tentati-ve de le remplacer par son minis-tre des finances, Zigmantas Balcy-tis, s’est révélée sans issue.

Un quart des quarante députésdu parti « du travail » ont fait dis-sidence pour créer un nouveauparti. Mais le « parti travaillis-te » demeure cependant la pre-mière formation du pays, ce quirend ses adversaires nerveux.Sans une très large coalitionallant au-delà des clivages tradi-tionnels droite-gauche, il conser-ve sa place d’arbitre.

Un groupe de plusieurs partisde droite, réunissant 48 députés,a proposé, récemment, la nomina-tion du chef du Parti conserva-teur, Andrius Kubilius, au postede premier ministre. Mais nom-bre d’observateurs doutent qu’ilpuisse obtenir plus de voix queson rival social-démocrate. a

Olivier Truc

ROME

CORRESPONDANT« Nous avons découvert que les vents de laguerre s’étaient levés sur Palerme, c’est pour-quoi nous sommes intervenus. » C’est ainsique Giuseppe Caruso, préfet de police dela capitale sicilienne, a expliqué le vastecoup de filet déclenché, mardi 20 juin àl’aube, contre la mafia locale.

Au cours de l’opération dite « Gotha »,menée par 500 policiers, 45 suspects ontété arrêtés sur les 52 visés par des man-dats d’arrêt. Parmi eux, les trois chefs quiexpédiaient les affaires courantes de CosaNostra depuis la capture du chef suprême,Bernardo Provenzano, 73 ans, arrêté le

11 avril, près de Corleone, après quarantetrois ans de clandestinité. La police, quiles espionnait depuis de nombreux mois,a acquis la certitude qu’une guerre de suc-cession était en préparation entre les hom-mes de Provenzano et le clan des ambi-tieux Salvatore et Sandro Lo Piccolo, enfuite depuis plusieurs années.

Avec l’arrestation de Nino Rotolo,60 ans, de Francesco Bonora, 64 ans, etd’Antonino Cina, 61 ans – de vieillesconnaissances de la justice –, « Cosa Nos-tra est à genoux », s’est félicité Pietro Gras-so, le procureur national antimafia. Lesenquêteurs ont été aidés, dans leur connais-sance de l’organisation, par le décryptage

des « pizzini », ces messages codés trou-vés dans la cache de M. Provenzano. Maisils écoutaient aussi les conversations des« boss » lors de leurs réunions au sommet.Un cabanon en tôle, meublé d’une table etde huit chaises en plastique, telle était, à lapériphérie de Palerme, la salle du conseild’administration de Cosa Nostra.

Dans ce repaire dénué de tout confort,les « administrateurs provisoires » de l’en-treprise mafieuse parlaient librement, secroyant à l’abri des oreilles indiscrètes grâ-ce à un système de brouillage. C’est ainsique la justice a appris le resserrement desliens entre la mafia et la politique. « Lastratégie de Cosa Nostra n’est plus seule-

ment de soutenir des candidats aux diversesélections, mais d’insérer sur les listes des can-didats encore plus fiables car liés aux hom-mes d’honneur par des liens de parentèle »,ont écrit les magistrats sur leurs mandatsd’arrêt.

Selon la presse italienne, les dirigeantsde la mafia sicilienne avaient déjà désignéleurs candidats en vue des élections muni-cipales à Palerme, en 2007. « La capturede Provenzano et tout ce qui en découle nousdonnent un avantage significatif pour l’ave-nir de la Sicile et de sa vie démocratique »,estime le ministre de l’intérieur, GiulianoAmato. a

Jean-Jacques Bozonnet

Le procureur national antimafia Pietro Grasso (de face), à la sortie de la préfecture de police de Palerme, mardi 11 avril, où il venaitd’entendre, à la suite de son arrestation le même jour, le chef suprême de Cosa Nostra, Bernardo Provenzano. OLYMPIA LANNINO/SIPA

Trois chefs de Cosa Nostra arrêtés à Palerme au cours de l’opération Gotha

FAIT DIVERSVarsovie ajournel’extradition du meurtrierde Joe Van HolsbeeckBRUXELLES. Un tribunal d’appel deVarsovie a décidé, mardi 20 juin,de consulter la Cour suprême polo-naise sur l’extradition vers la Belgi-que d’Adam G., 17 ans, meurtrierprésumé du jeune Joe Van Hols-beeck, poignardé le 12 avril à lagare centrale de Bruxelles pourson baladeur MP3. Le tribunal aajourné sa décision de trente

jours. Le 31 mai, un tribunal régio-nal de Varsovie avait marqué sonaccord pour l’extradition, à condi-tion qu’Adam G. puisse effectuersa peine en Pologne s’il estcondamné. En principe, la Polo-gne n’extrade pas ses nationaux etAdam G. est mineur. La Coursuprême se prononcera, en fait,sur l’application du mandat d’ar-rêt européen par la Pologne. –(Corresp.)

CANARIESUn plan européen pour enrayerl’immigration clandestineMADRID. Quatorze pays européensont défini, mardi 20 juin, un planpour enrayer la vague d’immigra-tion illégale qui déferle des côtesafricaines sur les îles Canaries(Espagne), a indiqué le ministèreespagnol de l’intérieur. 10 000émigrants clandestins sont arrivésaux Canaries par mer depuis ledébut de l’année. L’opération seracoordonnée par Frontex, l’agenceeuropéenne des frontières, etdotée d’« 1,3 million d’euros »,selon un communiqué du ministè-re espagnol. – (AFP.)

EUROPE10 0123Jeudi 22 juin 2006

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Le dernier débat d’orientation budgé-taire du quinquennat de JacquesChirac, prévu jeudi 22 juin à l’As-

semblée et une semaine plus tard auSénat, va tourner à la querelle d’héritage.En présentant la partie dépenses du pro-jet de loi de finances pour 2007, sur les-quelles la majorité et l’opposition vonts’affronter, le ministre délégué au bud-get, Jean-François Copé, a lui-mêmeouvert la voie, dès le 12 juin, en précisantqu’il entendait « prendre date » avec leParti socialiste (PS).

« Chiche », lui ont rétorqué en substan-ce le PS et le Parti communiste. En s’ap-puyant, pour une large part, sur le rap-port de la Cour des comptes sur les finan-ces publiques mais aussi sur l’exécutiondu budget 2005, les députés socialistes etcommunistes sont passés à l’attaque. L’of-fensive a débuté, mardi, avec l’examen àl’Assemblée du projet de loi de règlement.

Didier Migaud, député PS de l’Isère, a ana-lysé dans le détail l’exécution du budget2005 : « Je propose d’évaluer les résultatsdu gouvernement selon la méthode préconi-sée par la loi organique relative aux lois definances, c’est-à-dire en vérifiant si les objec-tifs fixés par cette majorité en début de légis-lature ont été atteints ou pas », a précisél’ancien rapporteur général du budget.« La majorité, a-t-il poursuivi, a échouésur toute la ligne : depuis qu’elle gouverne,le poids de la dette s’est accru de plus de 10points de PIB, les dépenses publiques ontaugmenté de 2,3 points de PIB, les prélève-ments obligatoires se sont alourdis de 1point de PIB – soit environ 18 milliardsd’euros – et la France est en situation de défi-cit excessif depuis 2002 ».

« Erreur de diagnostic »Le député de l’Isère a évoqué la persis-

tance du déficit budgétaire, en raison nonpas « d’un niveau de dépense publique apriori trop élevé (…) mais d’un décalageentre les dépenses et les recettes ». « Ce déca-lage, vous l’avez creusé en baissant massive-ment, mais de façon très ciblée, les prélève-ments qui pèsent sur les plus aisés », s’est-ilexclamé, rejoint sur ce terrain par le dépu-té communiste du Cher, Jean-Claude San-drier qui propose, lui aussi, de revenir surles baisses d’impôt décidées par la droite.

Dans la ligne des critiques du prési-dent de la Cour des comptes, PhilippeSéguin, M. Migaud a dénoncé « la multi-plication des niches fiscales », « la dégrada-tion » du compte de résultat de l’Etat etde son patrimoine, ainsi que « des manœu-vres budgétaires », comme le recours mas-sif aux recettes exceptionnelles. Le grou-pe socialiste, a-t-il conclu, déposera unrecours devant le Conseil constitutionnelsur « les multiples entorses à la sincéritébudgétaire » marquant, selon lui, l’exécu-tion du budget 2005.

Le secrétaire national du PS chargé desquestions économiques et de la fiscalité,Eric Besson, devait prendre le relais dèsmercredi, lors d’une conférence de presse, àla veille du débat d’orientation budgétaire.A la « relance réussie de 1997, parfaitementconçue et mise en œuvre », le député socialis-te de la Drôme oppose un « mauvais pilota-ge macro-économique » qui, « depuis quatreans, a clairement contribué à l’essoufflementde la production ».« La gestionde l’économiefrançaise par l’UMP, et singulièrement parM. Breton, se caractérise par une grossièreerreur de diagnostic sur la situation économi-

que française (…) et une croissance durable-ment faible », très inférieure à celle connuesous la précédente législature. Evoquant lelourd manque à gagner pour les financespubliques des baisses d’impôts des ména-ges les plus aisés – « 25 milliards d’euros »cumulés sur quatre ans –, M. Besson penseque la droite laissera au gouvernement issudesurnes en2007 « un lourdpassif demesu-res votées et non financées ».

M. Copé, lui, s’est déclaré satisfaitd’« avoir été en 2005 au rendez-vous ». Il aopposé au « choix de la responsabilité » en2007 celui « de la dépense publique supplé-

mentaire », assurant que la mise en œuvreduprogramme duPS« se traduiraitpar uneaggravation annuelle des charges publiquesde 115 milliards d’euros en 2012 ». Ce chiffreest contesté par M. Besson qui, après uneréunion, mardi soir, avec les experts du PS,confirmait les évaluations de François Hol-lande (35 milliards) et de DominiqueStrauss-Kahn (50 milliards). Les 15 mil-liards d’écart tiennent à la différence entrele net et le brut, a-t-il précisé, comme pourfaire la synthèse. Le chiffrage détaillé du PSest attendu pour le 1er juillet. a

Claire Guélaud

Le projet de loi sur la participation et l’ac-tionnariat salarié, présenté au conseildes ministres, mercredi 21 juin, abritedes dispositions additionnelles ayantpeu à voir avec le thème principal. Lamesure la plus importante instaure un« congé de mobilité ». Ce congé permet,à titre expérimental, à un employeur (àpartir de 1 000 salariés) de proposer àun salarié occupant un emploi « vulnéra-ble » des actions de formation ou desmissions dans d’autres firmes. Ce congéinterrompt la procédure de licenciementet le salarié, qui peut refuser cette mesu-re, l’effectue dans le cadre de son préavissans que son contrat de travail ne soitrompu.

UN RESPONSABLE du Frontnational (FN) sur une radios’adressant en priorité aux Fran-çais d’origine maghrébine est iné-dit. Pas étonnant donc que la pres-

tation de Marine Le Pen, vice-pré-sidente du parti, sur Beur FM le6 juin soit commentée dans lesmilieux d’extrême droite.

Minute dans son édition du14 juin lui consacre trois pagesainsi que sa couverture, où onpeut lire : « Un million de voix enjeu : quel sera le vote “beur” ? »« Marine Le Pen fut mieux quebien accueillie », s’émerveillel’hebdomadaire d’extrême droite,qui voit là le fruit de l’oppositiondu président du FN à l’interven-tion américaine en Irak. Minutedéveloppe l’idée selon laquellel’électorat « d’origine immigrée »et « soucieux de s’assimiler » sup-porte de moins en moins les « inci-vilités » dont il serait, « comme lesGaulois », la « première victime ».Il aspirerait « à voir l’ordre réta-

bli », mission à laquelle la gaucheet le ministre de l’intérieur, Nico-las Sarkozy, auraient « failli ».Selon Minute : « Les suffragesbeurs qui s’étaient portés surChirac en 2002 ont peu de chanced’être accordés à Nicolas Sarkozyen 2007. Ils ne le seront pas plus àPhilippe de Villiers, qui mène unecampagne pro-israélienne assez stu-péfiante. Reste qui ? l’éventuel can-didat “altermondialiste”; le candi-dat socialiste s’il s’agit de SégolèneRoyal, et seulement d’elle ; et Jean-Marie Le Pen .»

En résumé, pour l’hebdomadai-re d’extrême droite, l’émission« Forum débat » animée parAhmed El Keiy, sur Beur FM, àlaquelle Mme Le Pen a participé,aurait prouvé que l’horizon entrele FN et les beurs est dégagé.

Ce que Minute omet cependantde mentionner, c’est que cadreset militants frontistes ont très lar-gement contribué au « bonaccueil » de Mme Le Pen. Et celaen profitant, lors de l’émission,des 35 minutes de questionsposées en direct par les audi-teurs, sans qu’il y ait de sélectionpréalable. Ainsi a-t-on eu la sur-prise d’entendre un certain« Louis de Toulouse » évoquer lecodéveloppement entre la Franceet l’Afrique pour stopper « lesflux migratoires ». « Il a un peu demal, Louis », s’est étonné M. ElKeiy devant les hésitations de cedernier à poser sa question.« Oui, il est très timide » a répli-qué Mme Le Pen en réprimant dif-ficilement un fou rire car elleavait reconnu dans ce Louis tou-

lousain Louis Aliot, le secrétairegénéral du FN.

A deux reprises, M. El Keiys’est amusé à démasquer desimposteurs : « J’aime bien votreaccent, Mustapha, mais il faut unpeu le travailler », a-t-il lancé àl’un d’entre eux qui venait dedéclarer à « Mme Li Pen [sic] »qu’il voterait pour elle. « Vousavez le discours qui vous permetd’être membre du FN » a-t-il répli-qué à un certain Mourad de Parisqui venait d’expliquer qu’il enavait assez « d’être agressé par descousins dans le métro ».

Ces intrus ne sont tout demême pas parvenus à occulter lesinterventions d’authentiquesFrançais d’origine étrangère. Cer-tains ont montré leur intérêtpour la nouvelle égérie du Front.

La plupart ont parlé du racismedont ils sont victimes. D’autres sesont inquiétés des relations entrele FN et l’Algérie, si d’aventure ilarrivait aux affaires. Hormis unauditeur qui a menacé d’une« frappe stratégique pendant deuxcents ans » toute personne« essayant d’exercer une pres-sion » sur les musulmans, le tonest resté courtois. Y comprisquand une auditrice évoquant lafable du « Petit Chaperon rouge »s’est demandé si Beur FM, eninvitant Mme Le Pen, ne permet-tait pas au « loup » frontiste de« draguer les Beurs ». « Ce seraitnaïf de penser le contraire, maisc’est de bonne guerre » lui a répon-du M. El Keiy, qui tient au plura-lisme de son émission. a

Christiane Chombeau

Création d’un« congé de mobilité »

Pourquoi faut-il stabiliserles dépenses de l’Etat ?

Les bonnes années, l’Etatdépense 15 % de plus qu’il ne faitde recettes ; les mauvaises, 20 %.Et cela dure depuis vingt-cinqans. Aucune famille, aucuneentreprise ne se comporte ainsi.L’effort sans précédent de maîtri-se de la dépense engagé par lamajorité depuis 2003 doit êtreamplifié. Pour stabiliser puisréduire la dette, les dépenses de

l’Etat doivent être bloquées pen-dant plusieurs années à leurniveau actuel. Les orientationsdu gouvernement vont dans cesens. A structure fiscale constan-te, une croissance de 2 % en volu-me conjuguée à une inflation de1,8 % assurent à l’Etat environ12 milliards d’euros de recettesen plus. Depuis 2004, les recettesfiscales progressent plus vite quela croissance. Je pense donc queles hypothèses de recettes pour2006-2007 sont robustes et fia-bles. En 2007, près de 80 000agents de l’Etat partiront à laretraite. Un sur cinq ne sera pasremplacé. On est loin des 50 %envisagés initialement, mais c’estun début. A l’avenir, il faudrajouer davantage sur ce levierpour rééquilibrer nos comptes.Une pause dans les baisses d’im-pôt est indispensable. Réduire ladette est un engagement incon-tournable envers nos enfants. a

Propos recueillis par C. Gu.

La prévision de croissance de2,25 à 2,5 % pour 2007 est-ellecrédible ?

Les hypothèses de croissanceretenues dans le projet de budgetpour 2007 ne sont pas raisonna-bles. L’envolée des prix du pétrolepourrait nous coûter 0,9 point dePIB. Les taux d’intérêt devraientremonter d’au moins 1,25 point.L’augmentation annoncée de laTVA pourrait freiner la consomma-tion en Allemagne, notre premier

partenaire commercial. Le gouver-nement aurait donc dû s’en tenir àune prévision qui ne dépasse pas2 %. Se désendetter, c’est se don-ner les moyens de réduire progres-sivement le déficit à zéro, ce n’estpas céder des actifs publics, com-me les autoroutes, dont la rentabili-té est supérieure au taux d’intérêt.L’Etat doit faire mieux que stabili-ser ses dépenses en volume et ten-dre vers le zéro valeur pendantdeux à trois ans. Les dépensessociales devraient évoluerd’un point au-dessus des prix. Ilfaut que l’Etat cesse de pousser lescollectivités locales à la dépense. Etqu’il soit mieux géré. Les départs àla retraite et les gains de productivi-té possibles de l’ordre de 2 % paran permettent de supprimer40 000 postes par an. Or 18 000l’ont été en quatre ans. Il faut inté-resser les fonctionnaires à cette évo-lution, en liant le niveau de leursprimes à l’effort de productivité. a

Propos recueillis par C. Gu.

Dans quelle situation économi-que la France se trouve-t-elle ?

Les ministres de l’écono-mie,Thierry Breton, et du budget,Jean-François Copé, vivent dansune bulle. Ils pensent que tout vamieux, alors que le déficit, les pré-lèvements obligatoires, l’endette-ment et la dépense publique sesont dégradés depuis juin 2002.Le gouvernement prétend vouloirfaire baisser l’endettement de2 points de PIB, après l’avoir fait

croître de 10 points. Mais com-ment ? En recourant aux recettesde privatisation, en ajustant sesfonds de trésorerie ? C’ est trèsartificiel. La Cour des comptes l’adit : la norme d’évolution de ladépense n’est pas respectée. Legouvernement Jospin a mieuxmaîtrisé la dépense publique. Lacroissance française est molledepuis plusieurs années. Je crainsque le budget ne soit bâti sur deshypothèses trop optimistes etqu’il ne faille le corriger par uncollectif. Le projet de loi de finan-ces n’a pas vocation à être exécu-té. Le gouvernement a une appro-che idéologique des effectifs defonctionnaires : il ne raisonnequ’en termes d’excès d’agentspublics. Cela n’a pas de sens. Sides redéploiements sont nécessai-res, nombre d’administrationssont en grande difficulté : la justi-ce, la sécurité, la santé, l’éduca-tion, la recherche par exemple. a

Propos recueillis par C. Gu.

www.gap.fr

Budget Le dernier débat d’orientation budgétaire du mandat Chirac se tiendra jeudi 22 juin à l’Assemblée

Le PS attaque le bilan économique de la législature

QUESTION À… GILLES CARREZ (DÉPUTÉ UMP)

« L’Etat dépense 15 à 20 % deplus qu’il ne fait de recettes »

QUESTION À... CHARLES DE COURSON (DÉPUTÉ UDF)

« Des hypothèses decroissance déraisonnables »

QUESTION À... DIDIER MIGAUD (DÉPUTÉ PS)

« M. Breton et M. Copévivent dans une bulle »

FRANÇOIS NASCIMBENI/AFP

EXTRÊME DROITE MARINE LE PEN SE DÉMARQUE DE PHILIPPE DE VILLIERS

Le Front national « drague » la communauté maghrébine sur Beur FM

MAXPPPJACQUES DEMARTHON/AFP

POLITIQUE & SOCIÉTÉ12 0123Jeudi 22 juin 2006

Page 13: Le monde 22 06 06

Debout, au milieu de 700 militantsdu PS assis en cercle autour d’elle,Ségolène Royal soudain s’enflam-

me : « On est dans pays tassé, tiré vers lebas, gouverné par des gens incapables, quise disputent entre eux et qui en viennentmaintenant à la violence verbale à l’Assem-blée nationale ! »

La présidente du conseil régional dePoitou-Charentes, candidate à l’investitu-re de son parti pour 2007, n’était pas pré-sente en séance lors de l’incident qui aopposé, mardi 20 juin dans l’après-midi,Dominique de Villepin à François Hollan-de. Mais, le soir, pour son premier mee-ting parisien dans un gymnase du19e arrondissement, elle prend vivementla défense de son compagnon. « Vousavez vu maintenant comme le premiersecrétaire du PS se fait traiter de lâche ?C’est inadmissible ! Je voudrais ici défendreFrançois, car c’est inadmissible d’être agres-sé comme ça quand on est le chef d’un partipolitique ! », lance-t-elle sous les applau-dissements.

Quelques heures plus tôt, l’hémicycles’est embrasé après que le chef du gouver-nement, en réponse à une question deM. Hollande, a taxé ce dernier de « lâche-té ». Le député de la Corrèze avait repro-ché au premier ministre son « irresponsa-bilité » en citant tout à la fois le projet deprivatisation de Gaz de France (GDF), lesactions en justice intentées à l’encontrede journalistes à propos de l’affaireClearstream, et les levées de stock-options réalisées par des dirigeantsd’EADS avant que le cours de l’entreprisene s’effondre. « Dans toute démocratiedigne de ce nom, le chef de l’État ou le Parle-ment auraient mis fin à cette situation »,avait affirmé le premier secrétaire du PS.

« Monsieur Hollande, il est desmoments dans la démocratie où l’on nepeut pas dire n’importe quoi, répond lechef du gouvernement. Il est des momentsdans une démocratie où on ne peut pasmélanger les carottes et les choux-fleurs. »M. de Villepin se raidit, l’attaque lui brû-le les lèvres. Fixant son adversaire, ilhausse le ton : « Je dénonce, monsieur Hol-lande, la facilité, et je dirai même, en vousregardant, la lâcheté… » Plusieurs dépu-tés socialistes bondissent, les cris fusent.« Sa lâcheté, je le redis », martèle le pre-mier ministre. « Démission ! », scandentles élus du PS, qui se massent au pied del’hémicycle. Les huissiers font rempartpour les empêcher de se frotter au pre-mier ministre. La suite des interventionsse perd dans le brouhaha. Jean-LouisDebré décide de lever la séance « afin quenotre assemblée retrouve la sérénité néces-saire à nos débats ».

Que se sont-ils dits, après, dans les cou-loirs ? Après un bref échange avec le pré-sident de l’Assemblée, M. de Villepinquitte le Palais-Bourbon. M. Debré luia-t-il fait comprendre que ce départ étaitnécessaire au retour à la « sérénité » ?M. Hollande, pour sa part, estime que,« s’il n’y a pas d’excuses, demain, à l’Assem-blée, la séance ne pourra pas se dérouler nor-malement ». François Bayrou réclame

« des élections anticipées ». « Plus rien nemarche », estime le président de l’UDF,décrivant « un état de sidération généra-le », « un pathétique effondrement », la« décomposition du régime ». « Je penseque, de toute façon, le premier ministren’était pas en état de faire une session extra-ordinaire », lâche Jean-Christophe Lagar-de (UDF, Seine-Saint-Denis).

Pour nombre de députés de l’UMP, entout cas, le doute n’est pluspermis. « J’étais le premier àdire, il y a un mois, qu’il[M. de Villepin] devait sedemander s’il servait les inté-rêts de la majorité, répète Jean-Paul Anciaux (UMP, Saône-et-Loire). La démonstrationest faite qu’il les dessert. Lesincidents succèdent aux inci-dents. Il est temps qu’il en tireles conséquences. »

« La réponse de Villepin estune provocation, s’étrangleChristine Boutin (UMP, Yvelines). Il fautque le premier ministre s’en aille. Ce n’estplus possible. » « Cela montre que le pre-mier ministre traverse des circonstances dif-ficiles et qu’il est sous pression, se contentede remarquer Marc-Philippe Daubresse(UMP, Nord). C’est comme Zidane :quand il est fatigué, il commet des fautes. »

La pression, en effet, ne s’est pas relâ-

chée sur le premier ministre, notammentsur le dossier GDF-Suez, en dépit de l’ac-cord intervenu la veille entre le gouverne-ment et les présidents UMP du Sénat etde l’AssembléE. Les critiques à l’encon-tre du projet de privatisation de GDF nese sont pas tues, mardi matin, lors desréunions du bureau et du groupe desdéputés UMP. Bernard Accoyer, leur pré-sident, reconnaît que « le débat existe

encore ».En réalité, les réserves

qui ont continué à s’expri-mer au sein même de l’UMPjettent une hypothèque surles chances du projet de loiqui sera présenté, mercredi28 juin en conseil des minis-tres, d’être examiné à la ren-trée. « Personne ne croit àune session extraordinaire àla rentrée », avance Fran-çois-Michel Gonnot (UMP,Oise), qui souligne la

« concomitance avec les suppressions depostes d’enseignant ». Le responsable desquestions de l’énergie à l’UMP s’interditde n’envisager qu’une solution indus-trielle. « On vote bien des lois qui ne sontpas promulguées. On peut bien présenterdes lois qui ne seront pas votées », lâche lesarkozyste Yves Jégo. a

Patrick Roger et Isabelle Mandraud

Lors de la séance des questionsà l’Assemblée nationale,mardi 20 juin, le premierministre a dénoncé la « lâcheté »de François Hollande.Le PS exige des excuses.

LES DROITS des enfants victimes d’unmanque de détermination gouvernemen-tal ? Rapporteure de la mission d’informa-tion de l’Assemblée nationale sur lafamille et les droits des enfants, qui avaitrendu un rapport remarqué le 25 janvier,Valérie Pecresse (UMP, Yvelines) n’en-tend pas que « des mois de travail restentsans suite ». Alors qu’a débuté au Sénat,mardi 20 juin, l’examen du projet de loisur la protection de l’enfance présentépar le ministre délégué à la famille, Philip-pe Bas, la députée dépose de son côté sixpropositions de loi s’appuyant sur les tra-vaux de la mission, mais que le gouverne-ment n’a pas reprises à son compte.

La plupart d’entre elles, pourtant,avaient recueilli dans lamission parlemen-taire, présidée par Patrick Bloche (PS,Paris), un large consensus. « Pour des rai-sons diverses, le gouvernement n’a pas jugéopportun de les mettre en débat », regretteMme Pecresse. Nommée rapporteure duprojet de loi sur la protection de l’enfance,– il devrait être examiné en commission àl’Assembléedébut juillet et discutéenséan-ce à l’automne –, elle se garde la possibilitéde les présenter, toutes ou en partie, sousforme d’amendement. « Ce que je veux,c’estque le débatait lieu et qu’on ne se conten-te pas de les évacuer sous prétexte que leurobjet s’éloigne du projet de loi ou que ça coûtecher », affirme-t-elle.

Au cœur de ces propositions, l’intérêt del’enfant, « qui doit, quoi qu’il arrive, primersur les aspirations des adultes ». Et la priseen compte de la « désinstitutionnalisationde la vie familiale », ajoute la porte-parolede l’UMP, soulignant que « les situations“à côté de la loi” se multiplient ». Ainsi,avait relevé la mission parlementaire, la loiRoyal de 2000 autorisant la délégationd’autorité parentale ne concerne que quel-ques milliers de bénéficiaires, « quand

3 millions d’enfants ne vivent pas avec leursdeux parents ». « L’intérêt de l’enfant, esti-meMme Pecresse, c’est de consacrer le rôle du“parent en plus”, du “parent social”, à la foisdans le regard de la société et dans les yeux del’enfant. »

Le retard françaisUne des six propositions non retenues

instaure ainsi une « délégation de responsa-bilitéparentale pour les actesde la vie couran-te de l’enfant ». Elle procéderait d’une sim-ple convention enregistrée au greffe du tri-bunal, révocable à tout moment, alors quela délégation d’autorité parentale supposeune décision du juge des affaires familia-les. Si cette procédure est à l’étude dansplusieurs pays, elle se heurte aux réticen-ces des professions judiciaires, qui esti-ment leur intervention nécessaire. Ladéputée, ancien magistrat, est cependantconvaincue qu’elle « correspond vraimentà une demande sociétale ».

Deux autres propositions portent, l’une,sur la médiation familiale et l’exercice del’autorité parentale après la séparation desparents, l’autre, sur le droit de l’enfant àentretenir des relations avec ses grands-parents. La première vise, elle aussi, à ladéjudiciarisation des conflits familiaux etveut offrir à l’enfant la possibilité dedemander la révisiondesconditionsd’exer-cicede l’autoritéparentale. La députéesou-ligne le retard de la législation française auregard de la Convention internationale surles droits des enfants en ce qui concernel’accès à la justice. Elle entend, à traversdeux autres propositions de loi, faire avan-cer le droit à l’« accès aux origines », en ins-taurant un « accouchement dans la discré-tion », qui se substituerait à l’accouche-mentsous X, et en rendant possible la levéede l’anonymat des donneurs de gamètes. a

P. Rr.

LAHAUTEAutoritédesantéarendupubli-ques, mardi 20 juin, des recommandationsde prise en charge de la psychopathie, unethématique sensible au carrefour de la psy-chiatrie et de la criminologie. Présidée parla magistrate Nicole Maestracci, une com-mission d’audition composée de psychia-tres, juristes et sociologues, estime néces-saire de faire preuve de « la plus extrêmeprudence » sur le sujet, particulièrementsur l’existence d’un « lien causal » entrepsychopathie et délinquance. Elle plaidepour « des actions préventives précoces »de ce trouble de la personnalité, notam-ment par le repérage des troubles desconduites chez l’enfant et l’adolescent.

Au mot « ambigu » de « psychopathe »,qui n’est pas une catégorie clinique et quicontientune charge sémantique« péjorati-ve », la commission préfère le « terme d’or-ganisation de la personnalité à expressionpsychopathique ». Ce trouble de la person-nalité ne se manifeste qu’à l’âge adulte,avec apaisement des symptômes au-delàde 40 ans. Il se caractérise par une indiffé-rence froide aux sentiments d’autrui, unmépris des règles, une intolérance à la frus-tration, une irritabilité ainsi que des passa-ges à l’acte avec agressivité dirigée contresoi (tentatives de suicide, automutila-tions) ou autrui.

Les spécialistes estiment que le nombrede psychopathes a augmenté ces dernièresannées,maisaucunedonnéeépidémiologi-que fiable ne permet de le confirmer. Selonles experts, « la majorité des adultes souf-frant d’une organisation de la personnalité àexpression psychopathique a présenté destroublesde laconduite dans l’enfance et l’ado-lescence ». Ce constat récurrent a conduitla commission à se prononcer pour un

repérage précoce de ces troubles pendantl’enfance.Figurant dans un rapport de l’In-sermdeseptembre 2005, la même préconi-sation, reprise par Nicolas Sarkozy dansson projet de loi sur la prévention de ladélinquance, avait suscité un vent de fron-de chez les professionnels de la petiteenfance.

« Risque de stigmatisation »La commission se déclare « consciente

du risque de stigmatisation inhérent à toutepolitique de repérage précoce » mais « esti-me que le risque de laisser les enfants en souf-france sans proposition de prise en chargeest largement plus important ». « Nousdéfendons de manière très ferme l’idée qu’ilfaut s’occuper des enfants qui vont mal », aexpliqué Mme Maestracci, tout en recon-naissant que « le pire serait de repérer lesenfants sans leur offrir autre chose qu’uneplace sur une liste d’attente ». La magistra-te a ainsi relevé qu’en Seine-Saint-Denis,5 000 enfants n’ont pu être reçus par unestructure de prise en charge pédopsychia-trique « dans l’année de leur demande ».

En matière de prise en charge à l’âgeadulte, la commission rappelle que « letraitement, qui repose sur un long travaild’élaboration psychique, ne peut avoir la pré-vention de la récidive pour premier objectif,même s’il peut y contribuer ». Elle se mon-tre réservée sur le fait de conditionner uneréduction de peine au suivi d’une thérapieen prison. La commission exprime parailleurs son malaise face à la loi du12 décembre 2005 sur la récidive, qui« multiplie le recours aux expertises psychia-triques et situe la perspective de soin dansune logique purement sécuritaire ». a

Cécile Prieur

M. de Villepin joue l’esclandreet jette un froid dans sa majorité

M. Cambadélis, député socialiste, est retenu par un huissier alors qu’il s’adresse fermement aupremier ministre lors des questions au gouvernement à l’Assemblée, mardi 20 juin. F. DUFOUR/AFP

L’ancien porte-parole de FrançoisMitterrand, Max Gallo, et le pro-bable candidat de l’UMP à l’élec-

tion présidentielle, Nicolas Sarkozy,officialisent leur rapprochement pourla dernière de l’émission de Franz-Oli-vier Giesbert, « Culture et dépendan-ces », qui sera diffusée mercredi21 juin sur France 3.

Timides, se souriant, se cherchant duregard, l’historien à succès et le ministrede l’intérieur se sont retrouvés pour célé-brer la France. Le biographe du généralde Gaulle et de Napoléon a adoré le dis-cours prononcé par M. Sarkozy à Nîmes,le 9 mai, dans lequel il exaltait la gran-deur de la France et fustigeait la maniede la repentance.

Soutien de Jean-Pierre Chevènementen 2002, M. Gallo s’est dit « tout à faitd’accord » avec cette vision, regrettantque les médias ne s’en soient pas suffi-

samment fait l’écho. « J’affirme que ce dis-cours mériterait d’être lu et relu », a lancél’écrivain admiratif qui, au passage, afélicité le numéro 2 du gouvernementd’avoir déclaré « comprendre » les parti-sans du non au traité constitutionneleuropéen.

M. Sarkozy lui a aussitôt retournél’hommage, en affirmant que c’est unevisite rendue auparavant à M. Gallo quilui avait inspiré ce discours nîmois. Leurconversation a rassuré l’auteur de Fierd’être français (Fayard) qui, explique-t-il,craignait que M. Sarkozy ne soit pro-américain et communautariste. Peu ava-re de bonnes manières, M. Sarkozy a lan-cé : « On doit s’enrichir en rencontrant desgens différents. »

Au-delà de l’anecdote, cet assautd’amabilités télévisées est, pourM. Sarkozy, le signe que son discoursporte aussi à gauche et notamment dans

les anciens bataillons de M. Chevène-ment. Entre l’ex-ministre de l’intérieuret son successeur, les bonnes manièresne manquent pas.

Plusieurs collaborateurs du présidentd’honneur du Mouvement républicain etcitoyen (MRC) ont vu leur carrière facili-tée par le patron de l’UMP. L’ancienconseiller parlementaire de M. Chevène-ment, Didier Leschi, dirige le bureau cen-tral des cultes. Son ex-directeur adjointde cabinet, Michel Bart, est aujourd’huipréfet des Hauts-de-Seine. Spécialiste dela Corse, Yannick Blanc dirige à présentla police générale à la Préfecture de poli-ce. Enfin, François Lucas, qui fut chargédes collectivités locales, est devenu pré-fet délégué à la sécurité en Bretagne.

« Nous avons été plutôt bien servis »,estime l’un des heureux recasés du che-vénementisme. a

Philippe Ridet

FAMILLE PROJET DE LOI SUR LA PROTECTION DE L’ENFANCE

Le texte du gouvernement déçoitla rapporteure UMP, Valérie Pecresse

PSYCHOPATHIE UN RAPPORT DE LA HAUTE AUTORITÉ DE SANTÉ

Des experts préconisent un repérage destroubles du comportement chez l’enfant

« Les incidentssuccèdent auxincidents. Il est

temps queM.de Villepin en tireles conséquences »

Jean-Paul Anciauxdéputé UMP

Le pas de deux de Max Gallo et Nicolas Sarkozy

PARTI RADICAL DE GAUCHEEmile Zuccarelli penchepour Laurent FabiusLe député PRG de Haute-Corse a indiqué,mardi 20 juin, qu’un an après le référen-dum du 29 mai « la question européennene peut être escamotée dans le débat prési-dentiel ». Emile Zuccarelli a expliqué qu’il« attendait du candidat de gauche qu’il res-pecte le vote du peuple souverain ». « J’at-tends de voir ce que mon parti va décider »,a-t-il ajouté, précisant que parmi les postu-lants du PS « Laurent Fabius était celuiqui répondait le plus à ses préoccupations ».

VERTSLe secrétaire nationalveut réformer son partiLe secrétaire national des Verts, YannWehrling, a déclaré, mardi 20 juin, qu’ilsouhaitait engager une réforme des sta-tuts et du fonctionnement de son parti,afin d’avoir « une vraie majorité et unevraie direction ». « L’exécutif n’est qu’unconglomérat de courants qui se regardenten chien de faïence et on n’avance pas »,a-t-il précisé en référence aux tensionsactuelles au sein du collège exécutif desVerts.

POLITIQUE & SOCIÉTÉ0123Jeudi 22 juin 2006 13

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Lors du réquisitoire, le parqueta estimé que l’équipagede l’A320 avait été maintenudans l’erreur « en raison d’uneergonomie [du cockpit]favorable à la confusion »

SANTÉ RAPPORT DU CONTRÔLE GÉNÉRAL ÉCONOMIQUE ET FINANCIER

L’Institut du cancer n’a « pas étéà la hauteur des enjeux », selon un audit

COLMAR (Haut-Rhin)

ENVOYÉ SPÉCIAL

A l’issue d’un réquisitoire de cinqheures, les procureurs Claude Pal-pacuer et Laurent Guy ont deman-

dé, mardi 20 juin, des peines d’emprison-nement assorties du sursis à l’encontrede quatre des six prévenus qui comparais-sent depuis le 2 mai devant le tribunal cor-rectionnel de Colmar (Haut-Rhin), suiteà la catastrophe aérienne qui avait provo-qué la mort de 87 personnes le 20 janvier1992 au mont Sainte- Odile.

Les deux représentants du ministèrepublic ont requis un an de prison avec sur-sis pour Claude Frantzen, chef du servicede la formation aéronautique à la direc-tion générale de l’aviation civile (DGAC),Bernard Ziegler, directeur technique dela société Airbus au moment des faits, etDaniel Cauvin, directeur général adjointde la compagnie Air Inter jusqu’en 1989.Ils ont réclamé neuf mois égalementassortis du sursis pour Eric Lammari, quiétait en service à la tour de contrôle deStrasbourg-Entzheim le soir du drame.

Ils laissent au tribunal le soin d’appré-cier l’éventuelle culpabilité de Pierre-Henri Gourgeon, directeur général de laDGAC et de Jacques Rantet, directeur del’exploitation de la compagnie Air Inter àl’époque du drame, tout en considérantqu’aucune charge susceptible d’engager

une responsabilité pénale n’est établiecontre ces deux responsables.

En commençant son propos, M. Palpa-cuer savait que ses réquisitions pou-vaient nourrir des déceptions. Commepour amadouer les parties civiles, dont ilcraignait qu’elles « trouvent ses demandesde peines insuffisantes », il avait prévenu :« Il y aura des mécontents. » « La véritédes victimes n’est pas la vérité des préve-nus » a-t-il lancé. Et s’il a rappelé lestémoignages poignant des familles de vic-times, des orphelins, des veuves, despères et des mères entendus au début decette audience, il a pris soin de soulignerque la justice pénale se doit« de dépasser l’émotion ».Elle a « des exigences rudes,a-t-il relevé. C’est sa façonde respecter les victimes endisant le droit. » D’autantqu’il existe des charges quifondent, selon le parquet,ce procès qui aura été« humainement nécessaireet techniquement utile ».

Au fil de son réquisitoi-re, le procureur a balayé lathèse développée par M. Ziegler et lasociété Airbus, selon laquelle le pilote etle copilote de l’A320, tous deux mortsdans l’accident, pourraient être responsa-bles du crash de l’appareil. « J’ai la convic-tion qu’après un guidage approximatif,l’équipage – novice sur un appareil nova-teur –, a été pris de façon durable dans uneerreur de représentation en raison d’uneergonomie favorable à la confusion », a-t-ildéclaré.

En clair, selon M.Palpacuer, l’ergono-mie du cockpit de l’A320 dans sa premiè-re version – il a été modifié par Airbus

après la tragédie – était conçue de tellemanière qu’elle n’a pas aidé l’équipage àcorriger les erreurs enregistrées lors del’approche sur l’aéroport de Strasbourg.C’est là le principal grief que l’accusationretient contre M. Ziegler. Selon le ministè-re public, « sa fierté légitime » d’avoir étécomme il se définit lui-même « l’architec-te de l’A320 » le rend « réticent à reconnaî-tre que tout n’est pas parfait sur cet appa-reil ».

Concernant M. Lammari, le contrô-leur aérien, M. Palpacuer estime que letribunal doit prendre en compte le« niveau de responsabilité » des différents

prévenus. Aussi, le ministèrepublic n’a pas voulu êtred’une sévérité extrême à sonégard.

En revanche, il n’a pas lamême indulgence à l’égard deMM. Frantzen et Cauvin.Pour Laurent Guy, qui a prisla suite de M. Palpacuer auministère public, M. Frantzena délibérément « négligé » leGPWS (avertisseur de proxi-mité du sol), dont la présence

à bord de l’appareil aurait « sauvé les pas-sagers et l’équipage », a-t-il assuré. « Avecle GPWS nous avons un exemple d’immobi-lisme : Air Inter attend que l’administra-tion lui impose cet instrument et l’adminis-tration attend qu’Air Inter soit disposé àl’accepter », a-t-il déploré. « Air Inter dic-tait-elle sa conduite à l’autorité de tutel-le ? », s’est-il interrogé. En tout cas, selonlui, ces deux hauts dirigeants, « bien infor-més » ont commis « une faute injustifia-ble ». Suite du procès jusqu’au 27 juinavec les plaidoiries de la défense. a

Yves Bordenave

Crash du mont Sainte-Odile : du sursisrequis contre quatre des six prévenus

SI LA caractéristique des bons rapports estde ne fâcher personne, l’audit sur l’Institutnational du cancer (INCa) est parfait. Lerapport du Contrôle général économiqueet financier « réfute de manière claire etsans ambiguïtés les accusations de dépensessomptuaires et les diverses assertions calom-nieuses dont avait fait l’objet l’INCa et sesdirigeants », ont estimé, mardi 20 juin,dans un communiqué, les ministères de larecherche et de la santé. Le professeurDavid Khayat n’est pas moins satisfait :« Je n’ai rien à me reprocher, a déclaré, mar-di, le président de l’institut. Ma gestion estimpeccable, mon honneur est restauré. »

Le rapport de Bercy propose pourtantde diviser par deux le nombre de salariésde l’institut, ne voit pas pourquoi celui-ciaurait besoin de 8 000 m2 de locaux etsuggère, vu ses résultats, de le dégager« de toute tâche de gestion ». Il s’interrogemême sur l’intérêt d’un institut dont « lavaleur ajoutée n’est pas pleinement assu-rée ». Les formules, s’agissant d’un pro-jet piloté par l’Elysée, sont certes pruden-tes, et les contrôleurs ne relèvent jamaisde bévues, tout au plus « des facilités nonoptimales », mais sur le fond, le bilan estsévère.

Selon le rapport, le conseil d’administra-tion ne contrôle rien et « connaît encore desmarges de progrès ». Du conseil scientifi-que, on ne sait pas grand-chose (« l’écartentre les minutes des réunions et le compterendu public est regrettable ») : il faut« remanier au plus vite la gouvernance » del’INCa et créer un conseil de surveillanceet un directoire.

« Liens de parenté »Quant aux « assertions calomnieuses »,

le rapport n’en fait pas totalement litière.La direction avait reconnu trois « recrute-ments marqués par des liens de parenté »devant le conseil d’administration.« Aurait également pu être citée la cousinedu directeur du département “Transfert,tumorothèques et médicaments inno-vants” », ajoutent les rapporteurs, qui esti-ment joliment que « le contrat d’embauchene devrait pas être signé par une personneliée à l’embauché ».

Un directeur de département « a vu sarémunération plus que doubler lors de sonembauche » à un taux « hors des pratiquesusuelles des organismes publics ». L’adjoin-ted’un autre, dont le salaire était déjà déro-gatoire, a touché 9 439 euros en heuressupplémentaires sur trois mois, une situa-tion « irrégulière pour un cadre », notentles rapporteurs. Un troisième directeur aété rémunéré « par le biais d’un contrat deprestations de services avec une société dedroit belge dont il était dirigeant ».

Le chapitre sur les passations de mar-chés est plus inquiétant : une seule entre-prise s’est vu confier les fournitures debureau, le matériel vidéo, l’informatique,l’aménagement des bureaux et l’achat demobilier. La gestion des loyers conduit lesrapporteurs à conclure que « l’INCa n’estpas armé » pour traiter lui-même les ques-tions immobilières et à demander de « ren-forcer l’attention générale à la gestion et à larigueur ».

Au fond, l’institut est-il indispensable ?Les rapporteurs hésitent. Même si l’INCan’a qu’un an, « le recensement des fluxfinanciers » – avant et après le plan can-cer – est « partiel, mal consolidé », et il estdifficile de se faire une idée. L’évaluationdes pratiques de soins « n’est pas enga-gée ». Concernant la recherche, desdépartements ont été créés « dans l’im-provisation », mais « aucun débat stratégi-que, ni en réunion de direction entre lesdirecteurs de départements, ni au conseilscientifique ou au conseil d’administra-tion, n’a eu lieu sur ce point ». D’ailleurs,« la synergie entre soins et recherche, fonde-ment de l’INCa, n’est pas nettement le critè-re d’intervention de l’institut ».

« La préoccupation du patient est un desfondements de l’INCa, notent les rappor-teurs, peut-être même sa raison d’être entant qu’institution spécifique. » Hélas, ledépartement qui en est chargé « n’est guè-re doté de moyens ». En somme, tranche lerapport, « l’organisation des instances etsurtout leur conduite comme l’animationdes équipes de l’INCa n’ont pas été à la hau-teur des enjeux et des difficultés de la luttecontre le cancer ». a

Franck Johannès

SÉVRIER (Haute-Savoie)ENVOYÉE SPÉCIALE

C’était avant la garde à vue. Avant la com-parution devant le juge. Avant que leursmots ne se posent, tordus, sur des procès-verbaux. Avant que la procédure et letemps ne les usent. Que leurs avocats neles lissent. Que la solennité glacée d’unecour d’assises et la terreur d’un verdict àvenir ne les émoussent. Des mots sansadjuvant ni édulcorant, surpris sur desécoutes téléphoniques.

Le président Bessy a choisi de les diffu-ser, lundi 19 juin, après que le lieutenantde gendarmerie Thierry Dupin eut présen-té son enquête sur la tuerie du Grand-Bor-nand. Dès les premiers jours des « soup-çons » s’étaient portés sur David Hotyat,dont l’audition avait révélé des contradic-tions dans son emploi du temps du 11 avril.Sa ligne téléphonique et celle de sa compa-gne avaient été placées sur écoutes.

Le 24 juin 2003, David Hotyat, qui vientde recevoir sa convocation pour se soumet-tre à un test ADN, appelle Alexandra Lefe-vre. Depuis le 12 avril, elle sait ce qu’il afait, la nuit précédente dans le chalet Flac-tif. « Ça va ? – Ouais – Ils veulent me voirpour mon ADN. – Ah ouais ? – Mais moi, jevais les rappeler, je vais leur dire que j’suispasd’accord. » Elle lui recommande molle-ment d’y aller. « T’as rien à te reprocher,pourquoi t’irais pas le faire, l’ADN ? – Nonmais, j’vais pas me faire chier. Ils ont qu’àchercher ailleurs, hein ? Et puis, t’as le droitde dire non, hein. – Ah ben ouais, t’as ledroit… – Je leur pète dessus, moi ! »

Le lendemain, il téléphone à la gendar-

merie. « Allô, ici c’est David Hotyat. C’estpour le test ADN, en fait, j’ai discuté avec mafemme et je préfère pas le faire… » Onentend la voix du gendarme qui s’étonne :« Vous êtes la première personne qui refuse letest, observe-t-il. – Ben, c’est parce que moi,je suis concerné en rien, hein, j’ai rien à mereprocher ! – Oui, bien sûr, mais le juge, voussavez, il va se poser des questions et forcémentça va attirer son attention… » L’argumentporte. « Bon, ben, je vais y aller. »

« Mon rêve, il est démoli ! »Cet été-là, les tensions montent dans le

couple. Une dispute, parmi d’autres, éclatele 14 août. « Tu sais bien que depuis le moisd’avril, j’suis pas bien », dit Alexandra Lefe-vre. « A cause ed’mi ? lui demande DavidHotyat dans son patois du Nord. – A causedu mois d’avril. – Quoi ? éructe-t-il. Qu’est-ce qu’il y a eu au mois d’avril ? »

Le 18 août, le climat semble apaisé entreeux, mais ils nourrissent des inquiétudessur leurs deux « meilleurs amis », Stépha-ne et Isabelle Haremza. Le « gros con » et« la grosse pute » qu’ils désignent sontassis à quelques centimètres d’eux dans lasalle d’audience. Comme tout le monde, ilsécoutent.« Elleparle derrièrenot’dos », s’af-fole Alexandra Lefevre. David Hotyat veutlui régler son compte. « Ecrase-toi, David,vu comment elle est fouteuse de merde et toutlebordel, parce quenous, not’vie, elle peutêtrefoutue en l’air d’un seul coup ! »

La voilà justement, la voix d’IsabelleHaremza.On est le29 août, elle appellesonamie. « J’vais devoir te parler, dit-elle. –Pourquoi ?–Ben, j’peuxpas, là…–C’estgra-

ve ? – Ben ouais, c’est Julie… [une autreamie] – Quoi ? Tu lui as parlé ? – Ben non,mais elle l’a dit à mon frère. – Je vais la cho-per, hein ! Moi, je lui ai rien dit, hein, surtoutça ! A moins que j’étais défoncée, j’m’en rap-pelle plus. – C’est ça que j’ai pensé… » Onentend les enfants d’Alexandra qui jouentà côté d’elle. « J’ai peur, moi, mon rêve il estdémoli ! Ah ! maintenant, j’suis contra-riée… », soupire-t-elle.

Où est la vérité d’un homme ? Celled’une femme ? Ici et maintenant ou hier etlà-bas ? Sans doute dans les deux. Mais àcet instant, qu’ils pèsent lourd, ces mots,sur la cour et les jurés !

D’écoutes téléphoniques, il a encore étéquestion, mardi 20 juin. Le 16 septembre,David Hotyat est placé en garde à vue. Aubout d’une demi-heure, raconte le gendar-me qui a procédé à son audition, « il aavoué sans rechigner » les cinq assassinats,puis la crémation des corps, en précisantqu’il avait « tout fait seul ». Comme ildemandait tous les quarts d’heure à voir safemme, le gendarme a eu une idée.

Pendant son « temps de repos », expli-que-t-il, il lui a diffusé l’enregistrementd’une conversation « disons, assez salace »,où Mlle Lefevre parle de son amant avecune de ses copines. « Et que disait-elle ? »,lui demande l’un des avocats de DavidHotyat, Me Didier Leick. « Elle évoquaitquelques, euh,quelques…–Frasques ?suggè-reMe Leick.–Oui, elle racontait cequ’elle fai-sait sur le capot d’une voiture… », dit d’unair gêné le gendarme, qui se justifie :« C’était pour l’aider à se reconcentrer. » a

Pascale Robert-Diard

En commençantson propos,le procureur,

M. Palpacuer, savaitque ses réquisitions

pouvaient nourrirdes déceptions

POITIERSCORRESPONDANT

Les sans-papiers qui occupent l’ancien-ne école Saint-Louis depuis la fin dumois de mai, dans le centre ville de Poi-tiers, ont entamé leur troisième semainede grève de la faim. Ils étaient 99, audébut, principalement des Guinéens etenviron 70, lundi 19 juin.

Ils ont immédiatement bénéficié duréseaudesolidaritéconstituéautourducol-lectif de soutien, créé il y a bientôt dix ans,lorsde la promulgationdes circulairesChe-vènement sur les sans-papiers. Plus d’unecentainedepersonnes –organisationscari-tatives, partis d’extrême gauche, bénévo-les –, se relaient quotidiennement à leurscôtés. Des médecins et des infirmiers ontpris en charge leur suivi sanitaire.

D’autres ont entamé avec eux des négo-ciations avec le préfet de la Vienne pourréclamer leur régularisation et celle des250 autres sans-papiers identifiés dans ledépartement. La mobilisation est appuyéepar deux manifestations hebdomadairesdevant les grilles de la préfecture.

Le consul de Guinée s’est déplacé deuxfois. Les pouvoirs publics ont annoncé la

régularisation de 70 personnes, faisantapplication de la circulaire prise le 13 juinparNicolas Sarkozy pour les familles ayantdes enfants scolarisés. Mais ces mesures,qui s’accompagnent d’aides financières auretour pour celles et ceux qui ne sont pasrégularisés, ne concernent que 15 grévistesde la faim. Elles ont déclenché la colère decelles et ceux qui continuent d’occuperl’école Saint-Louis.

Pendant quelques heures, les plus déter-minés ont décidé de ne plus ingérer l’eausucrée et salée ainsi que les comprimés devitamines qui leur sont prescrits.

Condé Ibrahima, 37 ans, dénonce leschoix des pouvoirs publics : « Ils régulari-sent des gens qui sont dehors et nous, ils fontcommes’ilsnenousvoyaient pas.Lapréfectu-re asaboté notre grève de la faim. »Le collec-tif de soutien ne baisse pas les bras. Avecson aide, le porte-parole du mouvement,MohamedSakho, a annoncé qu’il allait col-lecter des certificats et attestations démon-trant que de nombreuses personnes – quelapréfecturen’a pasencoreprisesencomp-te – entrent dans les critères de la circulai-re Sarkozy du 13 juin. a

Alain Defaye

JUSTICE PROCÈS DE LA TUERIE DU GRAND-BORNAND

Des écoutes accablent David Hotyat et Alexandra Lefevre

JUSTICEPédophilie sur internet :un ancien magistratcondamnéLe tribunal correctionnel de Toursa condamné, mardi 20 juin, cinqmembres d’un réseau d’échanged’images pédophiles sur internetà des peines allant de 8 mois deprison avec sursis à 16 mois fer-me. Michel Joubrel, 52 ans, anciensubstitut général à la cour d’appelde Versailles, a été condamné à8 mois de prison avec sursis et1 000 euros d’amende. Le magis-trat avait déjà comparu devant laformation disciplinaire du Conseilsupérieur de la magistrature (LeMonde du 14 juin 2004) et avaitété radié de la magistrature enfévrier 2005. – (AFP.)

FAIT DIVERSUn militant d’extrême-droitesoupçonné de meurtreL’auteur présumé d’un coup decouteau mortel sur un hommed’origine maghrébine de 27 ans,dans la nuit de dimanche à lundi,à Paris, serait, de source policiè-re, un ancien responsable dumouvement d’extrême-droiteUnité radicale, dissous puisreconstitué en Bloc identitaire.Fabrice Robert, président de cedernier, a démenti, mardi20 juin, cette information. Le pré-sident de SOS Racisme, Domini-que Sopo, a demandé à NicolasSarkozy « que le groupuscule Jeu-nesses identitaires [auquel appar-tiendrait l’auteur du coup decouteau] soit dissous ». – (AFP.)

IMMIGRATIONLa Cimade dénoncela situation dans les centresde rétentionUne délégation de la Cimade aremis, mardi 20 juin, au ministè-re de l’intérieur une lettre ouver-te s’inquiétant de la « déshumani-sation » des centres de rétention.Reçue par Guillaume Larrivé,conseiller technique chargé del’immigration au cabinet de Nico-las Sarkozy, la délégation adénoncé des « faits et pratiquesavilissants » dont sont témoinsquotidiennement les interve-nants dans ces centres, la présen-ce d’enfants (validée par une déci-sion du Conseil d’Etat en date du12 juin) et la « politique du chif-fre » menée par le ministère.

SANTÉLa Cour des comptesdéplore le manque de moyensde France AlzheimerDans un rapport rendu publicmercredi 21 juin, la Cour descomptes déplore l’insuffisancedes moyens de l’association Fran-ce Alzheimer face « aux besoinscréés par la rapide extension de lamaladie », qui touche 800 000personnes en France. La Cour,qui a examiné la gestion de l’asso-ciation entre 2000 et 2003, n’a« pas constaté de dépenses contrai-res à l’objet de l’appel à la générosi-té publique ». Mais elle reprochenotamment à l’association uneffort trop faible en matière decréation de centres d’accueil dejour pour les malades. – (AFP.)

IMMIGRATION GRÈVE DE LA FAIM DEPUIS TROIS SEMAINES

Mobilisation de sans-papiers à Poitiers

SOCIÉTÉ DES LECTEURSDU 123

La Société des lecteurs du Monde a tenu son assembléegénérale annuelle le samedi 10 juin à l’université Paris-Sorbonne (17, rue de la Sorbonne, Paris 5e), sous laprésidence de Marcel Desvergne, président du conseild’administration et directeur général de la société depuis le29 décembre 2003.

Réunie avec un quorum de 43,24 % des actions présentes oureprésentées, l’assemblée a approuvé à une large majoritéles sept résolutions soumises à son vote, dont lerenouvellement du mandat d’administrateur de BernardAngaud, Jean Martin et Bruno Parmentier.

POLITIQUE & SOCIÉTÉ14 0123Jeudi 22 juin 2006

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ARCELOR a cédé à la grogne de sesactionnaires, qui ont été nombreux,depuis l’annonce du mariage avec Severs-tal, à mettre en cause la défense du sidé-rurgiste contre Mittal Steel. Il a convain-cu son allié russe de revoir son offre, afinde la rendre plus acceptable pour sesactionnaires. Mercredi 21 juin, AlexeiMordachov, le propriétaire et le patron deSeverstal, a donc rendu sa nouvelle copie,et un conseil d’administration d’Arcelordevait l’examiner dans la matinée.

M. Mordachov a accepté de ramener saparticipation dans la nouvelle entité, queconstitueraient Arcelor et Severstal, de32 % dans son projet initial à 25 %. Encontrepartie, il apporterait ses actionsSeverstal et n’ajouterait pas, comme pré-vu, un versement en cash de 1,25 milliardd’euros. « Cette nouvelle offre valorise Arce-lor 2 milliards d’euros de plus que la précé-dente », affirme Severstal dans un commu-niqué, publié mercredi. En outre, dans lecas où la part de Severstal au capital d’Ar-celor atteindrait 33 %, M. Mordachovs’engage à déposer une offre publiqued’Achat (OPA).

Ce qui n’était pas le cas dans le schémaprécédent. Il était en effet prévu qu’AlexeiMordachov verrait sa participation mon-ter de 32 % à 38 % – suite à l’Offre publi-que de rachat d’actions (OPRA) de 6,5 mil-liards d’euros que comptait lancer Arce-

lor pour concurrencer l’OPA de Mittal –et que cela ne s’accompagnerait pas dulancement d’une OPA. Au grand mécon-tentement de nombre d’actionnaires d’Ar-celor – au premier rang desquels RomainZaleski qui détient 7,4 % de son capital etColette Neuville, présidente de l’associa-tion de défense des actionnaires minori-taires (ADAM) qui en représente 2,5 %.

ConcessionsIls ont donc obtenu gain de cause à

double titre puisque non seulement Arce-lor a renoncé à son OPRA mais en plusAlexei Mordachov a limité sa montée enpuissance. En gage de bonne foi, le mil-liardaire russe a aussi consenti à n’avoiraucun pouvoir exécutif au sein du comitéstratégique. Et comme prévu dans l’ac-cord initial, il devra, pendant cinq ans,voter conformément aux recommanda-tions du conseil d’administration et nepas céder d’actions Arcelor. Passé cedélai, il tiendra les cordons de la maison.

Autre concession faite aux actionnai-res, la direction d’Arcelor est d’accordpour étudier leur demande de revoir lesconditions d’agrément de la fusion avecSeverstal. Emmenés par Goldman Sachs– la banque conseil de Mittal Steel – plu-sieurs actionnaires d’Arcelor, qui repré-senteraient quelque 30 % du capital,avaient en effet demandé au sidérurgiste

de revoir les règles du jeu, qu’ils nejugeaient pas démocratiques. Ils souhai-taient donc ajouter une résolution en cesens à l’ordre du jour de l’assemblée géné-rale du 30 juin.

Dans une lettre envoyée à ses action-naires lundi, le président du conseil d’ad-ministration d’Arcelor Joseph Kinschindique que cette résolution « a bien étéajoutée à l’ordre du jour de l’assembléegénérale des actionnaires du 30 juin ».Avant d’ajouter : « Cependant, nousdevons, conformément à la loi luxembour-geoise, vérifier qu’une telle requête est dépo-sée par des actionnaires représentant 20 %du capital du groupe au moment de lademande ». Joseph Kinsch demandedonc aux actionnaires qui ont déposé cet-te requête d’envoyer un document certi-fiant qu’ils détenaient bien des actionsArcelor au moment où cette requête a étéadressée, et le nombre d’actions qu’ilsdétenaient.

Cela suffira-t-il à calmer l’exaspéra-tion de certains actionnaires ? Mardisoir, l’homme d’affaires espagnol, JoséMaria Aristrain, qui détient 3,7 % d’Arce-lor, a demandé l’abandon du projet defusion avec Severstal. Et réclamé ladémission de Guy Dollé, le patron d’Arce-lor, et de Joseph Kinsch, selon le Finan-cial Times de mercredi.a

Dominique Buffier

La crise autour d’EADS a gagné lesmilieux politiques mardi 20 juin.Au centre de l’affrontement droite-

gauche à l’Assemblée nationale (lirepage 13), le rôle de l’Etat qui est action-naire à 15 % dans le groupe franco alle-mand d’aéronautique et de défense. Lespouvoirs publics veulent faire évoluer lepacte d’actionnaires qui limite la margede manœuvre de l’Etat.

« En 2000, c’est vous qui avez défini,avec Lionel Jospin le pacte d’actionnai-res », d’EADS, a lancé le premier minis-tre Dominique de Villepin au premiersecrétaire du PS François Hollande.L’acte fondateur avait été signé par Lio-nel Jospin, premier ministre, Domini-que Strauss-Kahn, ministre de l’écono-mie, Jean-Luc Lagardère, et côté alle-mand, par le chancelier Gerhard Schroe-der et Jürgen Schrempp, président deDaimlerChrysler. Aucun de ces hommesn’est encore en fonction.

« C’est votre responsabilité et nousremettrons les choses à plat », a ajoutéM. de Villepin. Auparavant, le ministrede l’économie Thierry Breton avaitannoncé avoir rencontré Arnaud Lagar-dère, coprésident du conseil d’adminis-tration d’EADS, « pour parler avec luides évolutions éventuelles de l’actionna-riat mais aussi du management ».

Pour comprendre cette passe d’ar-mes, il faut revenir à la création d’EADSen 2000, né de la fusion du français Are-

posapatiale-Matra, de l’allemand Dasaet de l’espagnol Casa. La volonté politi-que était forte de part et d’autre du Rhinde faire avancer la construction euro-péenne en la concrétisant par une socié-té commune.

Le principe était de constituer ungroupe détenu à parité, chacun ayant30 % du capital. Coté allemand,DaimlerChrysler posait comme condi-tion que la société soit une firme privéeet ne voulait pas de participation publi-que. Ce ne fut pas le cas puisque les inté-rêts français se réunissaient dans laSogeade une société rassemblant Lagar-dère (actionnaire du Monde) et l’Etatavec chacun 15 % des parts.

Maintenir l’équilibreEn contrepartie, un pacte d’actionnai-

res était signé garantissant que l’Etat neparticipe pas à la gestion du groupe.« Le crapaud que nous avons dû avaler,comme on dit en allemand a été relative-ment petit », affirmait en octobre 1999, àl’issue des négociations, Manfred Bis-choff alors patron de Dasa, en évoquantle maintien d’une participation del’Etat. Peut-être, avait-il sous-estimél’enjeu de cette concession.

A chaque crise qu’a traversée le grou-pe, notamment lors de la bataille entrepatrons français pour diriger EADS en2004, la question du rôle de l’Etat s’estposée. Aujourd’hui, la donne a changéavec le désengagement partiel des deuxactionnaires privés, Lagardère etDaimlerChrysler en avril. Coté françaisLa décision de Lagardère de réduire demoitié sa participation dans EADS pourla ramener à 7,5 %, rend moins évidentle leadership qui était le sien du tempsde Jean-Luc Lagardère. Devenu le pre-mier actionnaire français, l’Etat entendêtre plus actif.

« Il est légitime que les actionnairesfrançais dans les circonstances actuellesfassent le point sur la situation », recon-naissait Arnaud Lagardère, coprésidentdu conseil d’administration d’EADS àl’issue de sa rencontre avec Thierry Bre-ton. A Bercy, on souligne que l’Etat estdans son rôle d’actionnaire en voulanten priorité connaître l’origine du problè-me des retards de l’A380 et les solutionspour y remédier.

Les réflexions concernent la circula-tion d’informations entre Airbus et samaison mère EADS. Quant au remplace-

ment éventuel de Noël Forgeard, copré-sident exécutif, il ne serait pas à l’ordredu jour en dépit de pressions multiples.Mercredi 21 juin, le premier secrétairedu PS réclamait son départ, « non pasdémissionner lui-même s’il ne le veut pas,mais être démissionné par le gouverne-ment ». Le nom de Louis Gallois, prési-dent de la SNCF et représentant del’Etat au conseil d’EADS circule commesuccesseur potentiel.

« Il faut à tout prix que la crise n’aitpas de retombées négatives sur la coopéra-

tion franco-allemande », insiste le minis-tre des transports Dominique Perben.D’où la volonté au gouvernement de nepas revoir dans l’immédiat le pacte d’ac-tionnaires. Cela ne ferait qu’aggraverles tensions, les allemands y étant oppo-sés.

DaimlerChrysler, se refusait à toutcommentaire. En marge d’une manifes-tation du patronat de l’industrie BDI àBerlin, mardi 20 juin, le ministre del’économie Michael Glos a indiqué quela situation chez EADS « préoccupe » le

gouvernement, lançant implicitementun appel au calme. Il a appelé les action-naires à régler leurs querelles aussi viteque possible et à rechercher des solu-tions pour que « l’A380 remplisse dèsque possible les attentes placées en lui », aestimé M. Glos. Interrogé sur le pacted’actionnaires, un porte-parole duministre de l’économie a rappelé mardisa position en faveur du maintien del’équilibre franco-allemand. a

Dominique Gallois etAdrien de Tricornot (à Francfort)

SIDÉRURGIE DEMANDE DE DÉMISSSIONS

Pour calmer ses actionnaires, Arcelor revoitles modalités de son mariage avec le russe Severstal

Aéronautique Une conséquence du retrait partiel des actionnaires privés, Lagardère et DaimlerChrysler

L’Etat veut peserdavantage dansla stratégie d’EADS

« LE COURS D’EADS ne se fait pas à l’As-semblée nationale », affirmait un analys-te, mardi 20 juin, pour expliquer laremontée de l’action du groupe d’aéro-nautique (+ 6,20 %, à 21,40 euros) endépit des nouvelles turbulences politi-ques.

De même, l’éventualité selon laquellela société de leasing d’avions Internatio-nal Lease Finance Corporation (ILFC)pourrait annuler sa commande de dixA380, entraînant un manque à gagnerde 3 milliards d’euros, n’a pas provoquéde réactions sur le titre.

Pour les boursiers, par son ampleur,la chute de 26 % de l’action mercredi14 juin – soit une dépréciation de près

de 6 milliards d’euros – incluait à la foisle manque à gagner de 2 milliardsd’euros d’ici à 2010 dû aux retards delivraison des avions et d’éventuels man-ques à gagner en cas de résiliation decontrats.

Il s’agit donc d’une amorce de rattra-page. Cependant, ce mouvement demeu-re fragile tant la crise de confiance dansle groupe est profonde. Le titre est enco-re loin de ses plus hauts du printemps –il avait culminé à 35,13 euros le 24 mars–, période durant laquelle six dirigeantsdu groupe, dont Noël Forgeard, coprési-dent exécutif, ont exercé leurs stock-options. En avril, les actionnaires histori-ques, DaimlerChrysler et Lagardère, ont

quant à eux décidé de réduire leur parti-cipation.

Enquêtant sur d’éventuels délits d’ini-tiés dans le cadre de ces ventes, des mem-bres de l’Autorité des marchés financiers(AMF) se sont rendus, lundi et mardi, àToulouse chez Airbus. Ils cherchent à véri-fier le calendrier de l’information financiè-re délivrée par le groupe. Le gendarmefrançais de la Bourse avait annoncé, le16 juin, qu’il enquêtait « depuis plusieurssemaines sur le marché du titre EADS ».

En Allemagne, la Bafin, équivalent del’AMF, a indiqué, mardi 20 juin, qu’elleprocédait à des « contrôles de routine »des transactions sur le titre EADS. a

D. G. et A. de T. (à Francfort)

FINANCEEuronext présente une offred’achat à la Bourse de MilanEuronext, qui gère la Bourse de Paris,pourrait déposer une offre de rachat dela Bourse de Milan cette semaine, selonLa Tribune du 21 juin. Engagée dans unprojet de fusion avec la Bourse deNew York, le NYSE, Euronext est aussiconvoitée par la Bourse de Francfort. Leprojet allemand, présenté le 19 juin, aété désavoué, mardi 20 juin, par le Landde Hesse. « La direction de Deutsche Bör-se a fait un pas de trop », selon RolandKoch, ministre-président du Land.

TRANSPORTLa Commission européenne« préoccupée » par SkyteamLa Commission européenne s’est dite« préoccupée », lundi 19 juin, par l’effetque l’alliance de compagnies aériennesSkyTeam pourrait avoir sur la concurren-ce, se gardant toutefois de la remettre encause. Bruxelles a envoyé une « commu-nication de griefs », première étaped’une procédure antitrust, aux huit mem-bres de Skyteam.

TECHNOLOGIESPhilips se désengagedes semi-conducteursLe groupe néerlandais a annoncé, mer-credi 21 juin, qu’il ne conservera qu’uneparticipation minoritaire dans sa divi-sion semi-conducteurs, pour laquelle il aengagé les opérations devant conduire àune mise en Bourse au second semestre.Philips pourrait aussi vendre des titres àdes investisseurs financiers.

Microsoft élargit les fonctionsde sa messagerie MSNLe groupe américain Microsoft a lancé,mardi 20 juin, une nouvelle version deMSN Messenger, sa messagerie instanta-née, baptisée Windows Live Messenger.Elle permettra de téléphoner et partagerde la musique ou des photographies.

ASSURANCELa Macif veut se développerdans les assurances de personnesGérard Andreck a été élu à la présidencede la Macif, lundi 19 juin. Il succède àJean Simonnet. La mutuelle va créer unpôle assurances de personnes pour réé-quilibrer son portefeuille.

INDUSTRIEClara Gaymard quitte l’AFIIpour General Electric FranceLa branche française du conglomérataméricain General Electric a annoncé,mercredi 21 juin, que Clara Gaymard vaprendre sa présidence. Mme Gaymard pré-sidait jusqu’alors l’Agence française desinvestissements internationaux (AFII).

DISTRIBUTIONCarrefour porte plainte en Argentinecontre PricewaterhouseCoopersCarrefour, a annoncé, mardi 20 juin,avoir porté plainte en Argentine contrele groupe d’audit PricewaterhouseCoo-pers. Le groupe français affirme que lescomptes de Norte, société acquise en2001, ont été falsifiés et gonflés d’aumoins 120 millions de dollars (95 mil-lions d’euros), et qu’ils ont été certifiésen connaissance de cause par l’auditeur.

L’ACTIONNARIAT

Juillet 2000. Naissance du groupeEADS, issu de la fusion du français Aéros-patiale Matra, de l’allemand Dasa et del’espagnol Casa. Il est alors détenu à pari-té par les Français (Etat et Lagardère réu-nis dans Sogeade, avec chacun près de15 % des parts) et l’allemand Daimler-Chrysler (29,7 %).Avril 2006. Les deux actionnaires pri-vés, français et allemands, décident cha-cun de réduire leur part de 7,5 %.Mai 2006. DaimlerChrysler détient22,3 % du capital et Sogeade 29,7 %,répartis entre l’Etat et Lagardère. La partde ce dernier va se réduire, les 7,5 %étant utilisés, à partir de juin 2007, pourrembourser des obligations converti-bles qu’il a émises.Outre 1,8 % du capi-tal conservé en autocontrôle, l’Etat espa-gnol (CEPI) en détient 5,5 %. Le flottant– 40,7 % – est disponible en Bourse.

L’usine d’assemblage de l’avion géant A380 à Toulouse. ULRICH LEBŒUF/ODESSA

En Bourse, le titre du groupe aéronautique revit

ÉCONOMIE & ENTREPRISES0123Jeudi 22 juin 2006 15

Page 16: Le monde 22 06 06

Le groupe Borletti, actionnairede Rinascente, détiendra àterme 30 % du groupe, valorisé1,075 milliard d’euros. Un fondsimmobilier de la Deutsche Bankpossédera les 70 % restants

A la veille de l’été, le Printemps tour-ne une page de son histoire. Pinault-Printemps-Redoute (PPR), proprié-

taire de l’enseigne de grands magasins aannoncé, mardi 20 juin, qu’il entrait ennégociations exclusives avec un consor-tium emmené par Maurizio Borletti, prési-dent et actionnaire du groupe italienRinascente (Le Monde du 21 juin).

Le Printemps, qui compte 17 magasinset 5 287 salariés, a été valorisé à 1,075 mil-liard d’euros. PPR cède immédiatement lecontrôle de sa filiale, mais, à la demandede l’acheteur, restera au capital à hauteurde 49 % jusqu’en 2007

Le groupe Borletti détiendra à terme30 % du groupe, tandis que son associé,RREEF, une filiale de Deutsche Bank quigère des fonds immobiliers, sera proprié-taire des 70 % restants. L’opération, bou-clée par Rothschild côté PPR et DeutscheBank côté italien, sera financée sur fondspropres et par dette bancaire assurée parNatexis.

Le projet doit maintenant être soumisdébut juillet aux représentants du person-nel et aux autorités de la concurrence.

« Notre stratégie consiste à organiser legroupe autour de deux grandes activités : leluxe et la distribution en donnant la prioritéau développement international, expliqueau Monde François-Henri Pinault, PDGde PPR. Le Printemps n’avait pas de projetà l’étranger, c’est pourquoi nous avons vou-lu profiter d’un contexte immobilier favora-ble pour céder cet actif, c’était le bonmoment. »

Le processus de vente a été engagé il y aun an. La multiplication d’offres non solli-citées a fini par convaincre PPR de sedéfaire de son actif.

Parmi les prétendants, Philippe Houzé,président des Galeries Lafayette, qui, dèsle mois d’avril 2005, avait mis en placeune petite équipe pour regarder le dossier.Cette initiative lui avait d’ailleurs valu unemise au point avec son nouvel actionnai-re, Baudoin Prot, PDG de BNP Paribas,qui n’avait pas été tenu au courant. Dansles dernières semaines les Galeries étaientrevenues en force, cette fois avec le sou-tien de BNP Paribas. En vain.

M. Pinault souligne que le choix del’acheteur s’est fait en fonction « desgaranties satisfaisantes qu’il offrait. Sonprojet est ambitieux et se situedans la droite ligne de ce quenous avons engagé. Il n’y adonc pas d’inflexion stratégi-que, mais plutôt une accéléra-tion en terme de moyens », esti-me M. Pinault afin de rassu-rer les salariés sur leur avenir.

« Nous avons pleine confian-ce dans l’équipe en place, nosprojets sont très proches »,confirme au Monde M. Borlet-ti. Dans ces conditions, mêmes’il encore trop tôt pour évo-quer le sujet, il n’est pas excluque Laurence Danon restePDG du Printemps.

« Nous voulons continuer àpositionner le Printemps sur le haut de gam-me en jouant à la fois sur l’offre mais aussisur la qualité d’accueil et de service », souli-gne M. Borletti, qui envisage d’investir280 millions sur les cinq prochainesannées, soit à peu près le double de ce qu’aconsenti PPR depuis 2001.

Concernant les magasins en province,le nouveau propriétaire du Printemps seveut rassurant. « Il y a sûrement des maga-

sins qui marchent moins bien que d’autres,nous allons étudier la situation, mais il fautplus s’attendre à des ajustements locaux plu-tôt qu’à une restructuration ou un change-ment de périmètre », assure M. Borletti.

PPR devrait retirer de cette cessionentre 850 et 900 millions d’euros, unefois déduits les droits de mutation et lestaxes sur les plus values. Dans un premiertemps, cette somme viendra améliorer lastructure financière du groupe qui suppor-tait au 31 décembre 2005 une dette de4,5 milliards d’euros, soit un ratio surfonds propres de 56 %.

La vente du Printemps redonne desmarges de manœuvre à PPR pour se déve-lopper dans le luxe. « Nous sommes prêts àsaisir les opportunités pour compléter notre

portefeuille de marques que cesoit en terme de catégorie deproduit que sur un plan géo-graphique », annonceM. Pinault.

Après le Printemps, la ces-sion de Conforama ou de laFnac n’est cependant pasd’actualité. « Nous conti-nuons à améliorer lescontours du groupe mais celui-ci reste organisé autour dedeux activités complémentai-res – le luxe et de la distribu-tion – qui doivent répondre àdes critères de croissance et derentabilité solides », estimeM. Pinault

Pour les Galeries Lafayette, il s’agitd’un nouveau revers. En 2005, l’enseignede grands magasins s’était fait souffler LaRinascente, déjà remportée par M. Borlet-ti. Les Galeries devront désormais comp-ter sur un nouveau concurrent, sans douteplus redoutable que PPR, dans la mesureoù les grands magasins seront son princi-pal métier.a

Stéphane Lauer

LES SOLDES d’été débuteront le 28 juinà Paris et dans la plupart des villes fran-çaises – le coup d’envoi ne sera donnéque le 5 juillet dans certaines aggloméra-tions – et sans remise en cause profonde.Des aménagements devraient être appor-tés plus tard. Probablement pour ceuxd’hiver, début 2007.

La durée, pour ces derniers, serait ainsiréduite de six à quatre semaines. Ledébut de la période des soldes – d’hiver etd’été – aurait également lieu à une datefixe et commune à l’ensemble du territoi-re. Une loi « est sur les rails », selon Char-les Melcer, président de la Fédérationnationale de l’habillement (FNH).

En janvier, le ministre de l’économie,Thierry Breton, avait ouvert ce dossier,en déclarant qu’il était nécessaire derevoir d’urgence la réglementation. Ilavait notamment évoqué une multiplica-tion des périodes de soldes dans l’année.

Le 28 février avait eu lieu une réuniondu Conseil national de la consommation,en présence de représentants du commer-ce et des consommateurs, partagés surcette question. Y était aussi présent leministre des petites et moyennes entre-prises (PME) et du commerce, RenaudDutreil, hostile à la proposition de M. Bre-ton (Le Monde du 12 janvier).

D’après Bercy, les soldes – période oùles commerçants sont autorisés à vendreà perte – représentent chaque année3 milliards d’euros de chiffre d’affaires,soit 0,2 point du produit intérieur brut(PIB). Or, ce sont surtout les grandesenseignes qui tirent leur épingle du jeu,contrairement aux petits commerces.

Les derniers soldes d’hiver ont aussimontré que l’engouement des consom-mateurs marque le pas : depuis 2003, sol-des et promotions représentent environ27 % de la consommation annuelle devêtements, selon l’Institut français de lamode (IFM). Les consommateurs vien-

nent surtout au cours des deux premièressemaines et les remises importantesinterviennent plus vite qu’avant.

Les soldes sont d’autant moins attrac-tifs que « des promotions sont organiséestout au long de l’année », analyse EvelyneChaballier, directrice des études à l’IFM.D’ailleurs, certains professionnels de l’ha-billement préféreraient une multiplica-tion des périodes de promotions – pourlesquelles la vente à perte est interdite –plutôt que des soldes.

Un compromisIl a donc fallu trouver un compromis.

Les soldes d’hiver dureront désormaisquatre semaines. Par ailleurs, la date dedébut des soldes d’hiver comme d’été res-tera inchangée d’une année à l’autre etsera commune à l’ensemble des régions.Il est fort probable que la durée de quatresemaines s’applique dès les prochains sol-des d’hiver, début 2007. Les soldes d’été,quant à eux, resteront à six semaines.

Pour certains produits, tels que les bar-becues et les technologies de pointe, ilsera possible d’organiser deux autressemaines de soldes à un autre momentde l’année. « Mais pour le textile, il n’yaura toujours que deux périodes de sol-des », s’empresse de préciser M. Melcer.

Par ailleurs, une dérogation serait pré-vue pour les stations balnéaires et de ski,pour démarrer hors de la date officielle,lorsque la saison commence vraimentavec l’arrivée des vacanciers.

La fixation d’une date unique de débutde période des soldes est souhaitée carelle permettrait de rétablir une égalitéentre commerce traditionnel et vente enligne : ainsi aujourd’hui, un habitant deNice, où les soldes débuteraient plus tardqu’à Paris, pourrait, sans attendre, « fai-re des affaires » sur un site Internet baséà Paris. a

Hélène Foyer

Pour M. Pinault, « c’était le bonmoment pour vendre le Printemps »

- Nom et adresse officiels de l’organisme acheteur : maître d’ouvrage : Conseil Général del’Hérault (collectivité territoriale - services généraux des administrations publiques) - 1000, rued’Alco - 34087 Montpellier France Cedex 4 - site : www.cg34.fr, Mandataire du Maître d’ouvrage :Hérault Aménagement. Personne responsable du marché : monsieur le Président du ConseilGénéral - maître d’ouvrage : Conseil Général de l’Hérault- mandataire du Maître d’ouvrage :Hérault Aménagement, parc Euromédecine II - bâtiment D 109 Rue Henri Noguères - cS 84 268,34098 Montpellier France Cedex 5, tél. : 04-67-40-92-00, télécopieur : 04-67-40-92-01, adresseinternet : [URL]http://www.cg34.fr[/URL].Le pouvoir adjudicateur n’agit pas pour le compte d’autres pouvoirs adjudicateurs.

Objet du marché : Construction du complexe immobilier départemental « Pierres Vives».Type de marché de travaux : exécution.CPV : Objet principal : 45210000-2 (identique pour tous les lots).Lieu d’exécution : commune de 34080 Montpellier France.L’avis implique un marché public.

Caractéristiques principales : Marché de travaux tous corps d’état (12 lots) pour la réalisation,sur une assiette foncière de 3.5 HA, d’un complexe immobilier départemental d’une superficied’environ 27 000 m2 SHON destiné à accueillir :- les archives départementales ;- la bibliothèque départementale de prêt (Ddll) ;- l’office départemental des sports ;Durée du marché ou délai d’exécution : 32 mois à compter de la réception de l’ordre de service(délai identique pour tous les lots)Options : descriptions concernant les achats complémentaires : des options sont définies aurèglement de consultation :Des variantes seront-elles prises en compte : oui. Le marché est couvert par l’accord sur les marchés publics (A.M.P.).Prestations divisées en lots : oui. Possibilité de présenter une offre pour un ou plusieurs lots.

Cautionnement et garanties exigés : une retenue de garantie de 5 % sera appliquée sur le montantdu marché. Cette retenue de garantie pourra être remplacée au gré du titulaire par une garantieà première demande.Modalités essentielles de financement et de paiement et/ou références aux textes qui lesréglementent : articles 86 à 111 du Code des marchés publics français. Une avance forfaitairesera versée au titulaire, sauf indication contraire dans l’acte d’engagement, lorsque le montantfixé dans le marché est supérieur à 50 000 Euros HT. Pas d’Avance facultative.Modalités de règlement des comptes : Conditions du C.C.A.G.-Travaux. Les projets d’acomptesdûment visés par le Maître d’œuvre suivant les dispositions prévues au chapitre 2.9 de la Noted’organisation de Chantier seront remis au Mandataire. Ces projets intègrent l’état d’avancementvisé par l’OPC. Les travaux seront rémunérés par application d’un prix global forfaitaire.Les prix sont révisables suivant les modalités fixées aux 3.5.3 et 3.5.4 du CCAP. Le délai globalde paiement est de 45 jours.Modalités de financement : Marché financé sur les ressources propres de la Collectivité

Forme juridique que devra revêtir le groupement d’entrepreneurs, de fournisseurs ou deprestataires de services : en cas de groupement, la forme souhaitée par la personne respon-sable du marché est un groupement solidaire ou conjoint avec mandataire solidaire. Si le grou-pement attributaire du marché est d’une forme différente, il pourra se voir contraint d’assurersa transformation pour se conformer au souhait de la personne responsable du marché tel qu’ilest indiqué ci-dessus.Les candidats peuvent présenter une offre, soit en qualité de candidats individuels, soit en qua-lité de membres d’un ou plusieurs groupements. Ils ne peuvent donc pas cumuler les deuxqualités.Un même prestataire ne pourra pas être mandataire de plus d’un groupement pour un mêmemarchéL’exécution du marché est soumise à d’autres conditions particulières : l’exécution du marchécomporte une clause d’insertion par l’activité économique obligatoire pour les lots 1, 2, 3, 4,6, 7, 8 et 9.

Langues pouvant être utilisées dans l’offre ou la candidature : français.Unité monétaire utilisée, l’euro.

Conditions de participation : Critères de sélection des candidatures :1 - garanties et capacités techniques et financières2 - références et/ou Qualifications professionnellesSituation juridique - références requises :Les plis portant la mention « objet du marché et numéro du lot » (inscrire l’intitulé précis etcomplet) en haut à gauche de l’enveloppe extérieure contiendront : - une 1ère enveloppe intérieure qui contiendra les justifications à produire indiquées ci-dessous- et une 2ème enveloppe intérieure qui contiendra l’offre (une enveloppe par lot).• Lettre de candidature et habilitation du mandataire par ses co-traitants (DC4 ou forme libre)• Déclaration sur l’honneur dûment datée et signée par le candidat pour justifier en application

des articles 43, 44, 44-1 et 46 du CMP (DC5 ou forme libre) :a) qu’il satisfait aux obligations fiscales et sociales de l’année n-1;b) qu’il n’a pas fait l’objet d’une interdiction de concourir;c) qu’il n’a pas fait l’objet, au cours des cinq dernières années, d’une condamnation inscrite au

bulletin n°2 du casier judiciaire pour les infractions visées aux articles L.324-9, L.324-10,L.341-6, L.125-1 et L.125-3 du Code du travail;

d) Que dans la mesure ou il est assujetti à l’obligation définie à l’art. L323-1 du code du travail,le candidat a souscrit la déclaration visée à l’article L323-8-5 du code du travail ou, s’il enest redevable, versé la contribution au Fonds de Développement pour l’InsertionProfessionnelle des Handicapés visée à l’article L323-8-2 du Code du Travail;

• si le candidat est en redressement judiciaire, la copie du ou des jugements prononcés (ou DC5) ;• Les renseignements permettant d’évaluer les capacités professionnelles, techniques et financières

du candidat et des documents relatifs aux pouvoirs de la personne habilitée pour l’engager (ouDC5) :

– déclaration concernant le chiffre d’affaires global réalisé au cours des trois derniers exercices(ou DC5) ;

– déclaration indiquant les effectifs du candidat et l’importance du personnel d’encadrement,pour chacune des trois dernières années (ou DC5) ;

– déclaration indiquant l’outillage, le matériel et l’équipement technique dont le prestatairedispose pour l’exécution des services (ou DC5) ;

– liste de références de travaux équivalents en cours d’exécution ou exécutés au cours des cinqdernières années, indiquant notamment le montant, la date et le destinataire (ou DC5) ;

– les références et/ou qualifications QUALIBAT de leur entreprise (voir détail par lot).Marché réservé : non.

Critères d’attribution :Offre économiquement la plus avantageuse appréciée en fonction des critères énoncés ci-dessousavec leur pondération.

- valeur technique : ce critère sera apprécié au regard du mémoire technique (sur la basedu cadre fourni en annexe du règlement de la consultation) : 55%;

- prix des prestations : ce critère sera apprécié au regard de l’offre financière calculée aprèsvérification par le maître d’œuvre : 45%.

Une enchère électronique ne sera pas effectuée.

Type de procédure : appel d’offres ouvert.Publications relatives à la même consultation : Date d’envoi du présent avis au J.O.U.E. : 13 juin 2006 Date limite de réception des offres : 19 septembre 2006, à 16 heures.Délai minimum de validité des offres : 180 jours à compter de la date limite de réception des offres.

Autres renseignements :Numéro de référence attribué au marché par la personne publique : 06HA006/1.Renseignements complémentaires :Il est précisé que les résultats des calculs liés à la mise en œuvre de la clause de pondérationseront arrondis au centième inférieur.Avis obligatoire.Dématérialisation des procédures :Les candidats sont autorisés à transmettre, par voie électronique, leurs plis à l’adresse sui-vante : Via la plate-forme de dématérialisation des marchés publics accessible parwww.cg34.fr.Le fuseau horaire de référence sera celui de (Gmt+01:00) Paris, Bruxelles, Copenhague,Madrid.L’offre peut être envoyée sous la forme d’un double envoi (d’une part la signature électronique,

d’autre part l’offre). Le délai séparant la réception de la signature électronique de la réceptionde l’offre ne peut cependant excéder 12 heures.Le niveau minimum de signature électronique exigé des candidats est le Niveau II (équivalentclasse 3) de la PRI (Politique de Référencement Intersectoriel).Tout document contenant un virus informatique fera l’objet d’un archivage de sécurité et seraréputé n’avoir jamais été reçu. Il est conseillé aux candidats de soumettre leurs documents àun anti-virus avant envoi.Les documents transmis par voie électronique seront re-matérialisés après l’ouverture des plis.L’attribution du marché pourra donner lieu à la signature manuscrite d’un marché papier.Conditions et mode de paiement pour obtenir les documents contractuels et additionnels :conformément à l’article 41 du CMP, le dossier de consultation des entreprises sera remis àchaque candidat contre un chèque de 500,00 euros, à l’ordre du tireur de plans, pour paiementdes frais de reproduction.Le présent marché a un caractère périodique : non.Ce marché s’inscrit-il dans un projet / programme financé par les fonds communautaires : non.Conditions de remise des offres ou des candidatures : les offres peuvent être transmises parlettre recommandée avec accusé de réception ou déposées contre récépissé.Date d’envoi du présent avis à la publication : 13 juin 2006.

Adresse auprès de laquelle des renseignements d’ordre technique peuvent être obtenus : via laplate-forme de dématérialisation des marchés publics accessible par www.cg34.fr ou : ZahaHadid ltd - mandataire du Groupement. Correspondant : Stéphane HOF, studio 9, 10 bowling Green Lane - Londres Ec1 R OBQAngleterre, tél. : (+44)20-72-53-51-47, télécopieur : (+44)20-72-51-83-22, courriel :[email protected], adresse internet : http://www.cg34.frAdresse auprès de laquelle des renseignements d’ordre administratif peuvent être obtenus : viala plate-forme de dématérialisation des marchés publics accessible par www.cg34.fr ou :Hérault Aménagement. Correspondant : Jean-Roch MIRABEL, Parc Euromédecine II - bâtimentD 109 rue Henri Noguères CS 84 268, 34098 Montpellier France Cedex 5, tél. : 04-67-40-92-14, télécopieur : 04-67-40-92-37, courriel : [email protected], adresse inter-net :http://www.cg34.fr.Adresse auprès de laquelle les documents peuvent être obtenus (Sur support papier et Cdrom) :Arts Helio. 10 Bld Victor Hugo, 34000 Montpellier France, tél. : 04-67-58-34-82, télécopieur :04-99-13-35-11, courriel : [email protected] à laquelle les offres/candidatures/demandes de participation doivent être envoyées :via la plate-forme de dématérialisation des marchés publics accessible par www.cg34.fr ou :Conseil Général de l’Hérault. Secrétariat CDAO - bureau 5010 1000 rue d’Alco, 34087Montpellier France Cedex 4, adresse internet : http://www.cg34.fr.

Instance chargée des procédures de recours : Tribunal Administratif de Montpellier -6 Rue Pitot - CS 99002, 34063 Montpellier France Cedex, tél. : 04-67-54-81-00, courriel :[email protected], télécopieur : 04-67-54-74-10.Organe chargé des procédures de médiation : monsieur le Président du Comité ConsultatifInterrégional de règlement amiable des litiges en matière de marchés publics préfecture deRégion - secrétariat Général pour les affaires interrégionales - 30 rue Paul Peytral, 13282Marseille France Cedex 20.Service auprès duquel des renseignements peuvent être obtenus concernant l’introduction desrecours : Greffe du Tribunal Administratif de Montpellier 6 Rue Pitot - CS 99002, 34063Montpellier France Cedex, tél. : 04-67-54-81-00, courriel : [email protected],télécopieur : 04-67-54-74-10.

Renseignements relatifs aux lots (Tous les renseignements relatifs aux lots sont en libre-accèssur la plate-forme de dématérialisation des marchés publics accessible par www.cg34.fr) :Lot(s) 1. - Gros œuvre - VRD - menuiseries extérieures - étanchéité - fondations spéciales.Lot(s) 2. - Courants forts & courants faiblesLot(s) 3. - CVC - plomberie - GTCLot(s) 4. - Peintures - revêtements de sols souplesLot(s) 5. - Chapes - revêtements en résinesLot(s) 6. - Cloisons - doublagesLot(s) 7. - Faux plafondsLot(s) 8. - Menuiseries intérieures - équipements spécifiquesLot(s) 9. - SerrurerieLot(s) 10. - Ascenseurs - escalatorsLot(s) 11. - RayonnagesLot(s) 12. - Cloisons vitrées

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Thierry Breton revoit à la baisseses projets de réforme des soldes

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VALEURS DU CAC40LES BOURSES DANS LE MONDE 21/6, 9h55

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2006 2006

ACCOR ............................◗.....46,50......46,41 .....0,19 .....0,09 ......52,95 .....42,30....1,15 ...FR0000120404AGF ....................................◗ .....90,80......91,20....-0,44 .....8,48....105,00 .....83,20....3,60 ...FR0000125924AIR LIQUIDE ......................◗ ...146,70 ...146,90....-0,14 ....-0,69....163,35 ...140,26....3,85 ...FR0000120073ALCATEL A .........................◗........9,77 ........9,88....-1,11 ....-6,69 ......13,82........9,07....0,16 ...FR0000130007AXA ....................................◗ .....24,37......24,43....-0,25 ....-8,87 ......30,09 .....23,00....0,88 ...FR0000120628BNP PARIBAS ....................◗ .....71,60......71,90....-0,42 .....5,60 ......79,25 .....66,65....2,60 ...FR0000131104BOUYGUES........................◗ .....38,75......39,35....-1,52 ....-6,17 ......47,40 .....37,61....0,90 ...FR0000120503CAP GEMINI ......................◗ .....43,83......43,75 .....0,18 ...29,25 ......47,90 .....33,71....0,50 ...FR0000125338CARREFOUR ......................◗ .....43,82......43,78 .....0,09 ...10,71 ......46,58 .....37,61....1,00 ...FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............◗ .....28,03......28,33....-1,06 .....5,34 ......34,17 .....26,65....0,94 ...FR0000045072DANONE............................◗ .....91,20......91,40....-0,22 .....3,34....102,30 .....85,20....1,70 ...FR0000120644DEXIA.................................◗ .....18,21......18,28....-0,38 ....-6,57 ......22,19 .....17,50....0,53 ...BE0003796134EADS ..................................◗ .....21,65......21,46 .....0,89..-32,13 ......35,42 .....16,75....0,49...NL0000235190EDF .....................................◗ .....38,81......39,21....-1,02 ...21,36 ......49,10 .....31,81....0,79 ...FR0010242511ESSILOR INTL.....................◗ .....76,85......76,80 .....0,07 ...12,68 ......83,85 .....66,65....0,94 ...FR0000121667FRANCE TELECOM ............◗ .....16,73......16,84....-0,65..-20,30 ......21,94 .....16,37....1,00 ...FR0000133308GAZ DE FRANCE................◗ .....25,85......25,83 .....0,08 .....4,40 ......32,00 .....24,64....0,68 ...FR0010208488LAFARGE............................◗ .....89,85......89,75 .....0,11 ...18,22....104,90 .....73,55....2,55 ...FR0000120537LAGARDERE ......................◗ .....56,00......56,35....-0,62..-13,85 ......68,90 .....54,00....1,10 ...FR0000130213L'OREAL .............................◗ .....69,85......70,10....-0,36 ...11,23 ......76,45 .....62,30....1,00 ...FR0000120321LVMH MOET HEN. ............◗ .....73,75......74,15....-0,54 ....-1,73 ......85,95 .....68,75....0,90 ...FR0000121014MICHELIN ..........................◗ .....47,69......48,28....-1,22 .....0,44 ......60,60 .....45,54....1,35 ...FR0000121261PERNOD RICARD ..............◗ ...148,60 ...149,90....-0,87 .....0,81....160,90 ...140,30....1,08 ...FR0000120693PEUGEOT ...........................◗ .....48,83......49,40....-1,15 .....0,27 ......54,30 .....46,60....1,35 ...FR0000121501PPR .....................................◗ .....97,30......97,65....-0,36 .....2,26....106,40 .....87,85....2,72 ...FR0000121485PUBLICIS GROUPE ............◗ .....29,02......29,48....-1,56 ....-1,29 ......33,78 .....28,99....0,30 ...FR0000130577RENAULT ...........................◗ .....84,75......85,70....-1,11 ...23,00 ......97,50 .....68,90....2,40 ...FR0000131906SAINT-GOBAIN .................◗ .....53,75......54,05....-0,56 .....6,97 ......60,80 .....49,06....1,28 ...FR0000125007SANOFI-AVENTIS .............◗ .....72,90......72,70 .....0,28 ....-1,49 ......79,85 .....69,50....1,52 ...FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC.......◗ .....77,00......77,90....-1,16 .....2,19 ......93,40 .....70,85....2,25 ...FR0000121972SOCIETE GENERALE ..........◗ ...109,30 ...109,40....-0,09 .....5,20....126,70 ...101,00....4,50 ...FR0000130809STMICROELECTRONICS ...◗ .....12,61......12,54 .....0,56..-16,88 ......16,56 .....11,82....0,07...NL0000226223SUEZ...................................◗ .....30,33......30,30 .....0,10 ...15,32 ......36,15 .....26,34....1,00 ...FR0000120529THALES ..............................◗ .....29,72......29,80....-0,27..-22,40 ......40,50 .....26,72....0,83 ...FR0000121329THOMSON.........................◗ .....13,05......13,04 .....0,08..-26,27 ......19,32 .....12,57....0,28 ...FR0000184533TOTAL ................................◗ .....48,25......48,35....-0,21 ....-7,86 ......57,40 .....46,52....3,48 ...FR0000120271VEOLIA ENVIRON. ............◗ .....38,72......39,01....-0,74 .....1,26 ......49,45 .....36,49....0,85 ...FR0000124141VINCI..................................◗ .....79,15......79,40....-0,31 ...10,94 ......84,05 .....69,53....1,30 ...FR0000125486VIVENDI.............................◗ .....27,35......27,47....-0,44 .....3,36 ......29,60 .....24,74....1,00 ...FR0000127771.....................................................................................................................................................................................

FRANCE CAC 40 4742,45 21/6 -0,59 5329,16 11/5 4564,69 14/6 12,00

CAC Mid100 6505,37 21/6 -0,46 7678,54 11/5 6002,28 2/1

CAC Small 90 7624,17 20/6 -0,49 8710,94 11/5 7341,46 2/1

SBF 250 3359,18 20/6 0,73 3755,62 9/5 3244,18 13/6 12,80

ALLEMAGNE DAX Index 5454,65 21/6 -0,71 6162,37 11/5 5243,71 14/6 12,40

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5637,50 21/6 -0,37 6137,10 21/4 5467,40 13/6 11,90

SUISSE Swiss market 7371,76 21/6 -0,35 8158,89 11/5 7123,18 13/6 14,40

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 10974,84 20/6 0,30 11670,19 10/5 10661,15 20/1 14,00

Nasdaq composite 2107,06 21/6 -0,16 2375,54 20/4 2065,11 14/6 22,70

JAPON Nikkei 225 14644,26 21/6 -0,03 17563,37 7/4 14045,53 14/6 17,10

Mercredi 21 juin 9h30Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

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Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'anima-tion. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2006. n/d : valeur non disponible.

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteur

Dernier cours connu le 21/6 à 9h

Valeur Cours date

en euro valeur

Fonds communs de placementsECUR.1,2,3 FUTUR 49,41 20/6ECUR.ACTS EUROPEC 17,78 20/6ECUR.CAPIPREMIEREC 2501,85 20/6ECUR.CAPITAL.C 51,97 20/6ECUR.DYNAMIQUE +D 37,94 20/6ECUR.ENERGIE D 43,66 20/6ECUR.EURIBOR 1123,90 20/6ECUR.EXPANSION C 16502,80 20/6ECUR.INVEST D 52,96 20/6ECUR.MONEPRE.INSTC 106600,51 20/6ECUR.MONEPREMIEREC 2183,84 20/6ECUR.SECURIPREM.C 2350,72 20/6ECUREUIL SENSIPREM 3060,80 20/6ECUR.TRESORERIE C 60,58 20/6ECUR.TRIMESTRIEL D 263,88 20/6

CAPITOP MONDOBLIG 64,05 19/6Fonds communs de placementsATOUT EUROLAND D 156,35 19/6

ATOUT EUROPE C 503,08 16/6ATOUT EUROPE MONDE 39,72 16/6ATOUT FRANCE C 212,39 19/6ATOUT FRANCE D 175,28 19/6ATOUT MONDE C 42,56 16/6ATOUT VERT HORIZON 14,10 16/6CAPITOP EUROBLIG C 123,12 16/6CAPITOP EUROBLIG D 84,12 16/6CAPITOP MONETAIREC 205,59 21/6CAPITOP REVENUS 166,13 19/6

EURCO SOLIDARITE 258,21 19/6MONELION JOUR C 528,62 19/6MONELION JOUR D 418,64 19/6SICAV 5000 155,05 19/6SLIVAFRANCE 260,70 19/6SLIVARENTE 41,72 16/6SLIVINTER 129,88 19/6TRILION 792,90 19/6Fonds communs de placementsDYNALION EUROPE 87,86 19/6EGERIS AC 25-65C 182,54 19/6EGERIS AC 25-65D 150,03 19/6EGERIS AC 55-100C 166,74 19/6EGERIS AC 55-100D 141,51 19/6EGERIS AC PEA25-65 163,68 19/6EGERIS ACPEA55-100 61,65 19/6EGERIS PRUDENT 196,35 19/6INTERLION 294,37 19/6

Fonds communs de placementsCIC FRANCE D 33,56 20/6CIC EURO OPPORTUNI 33,89 20/6CIC EUROLEADERS C 37,72 20/6CIC JAPON 6,94 20/6CIC OBLIGATIONS D 25,74 20/6CIC PLAN BOURSE 12,67 19/6CIC PROF.TEMPERE 158,22 19/6

CIC PROFILE EQUILI 19,24 19/6CIC PROFILE DYNAMI 26,38 19/6CIC USA 12,38 20/6CIC OBLI C.T. D 133,99 20/6

Multi-promoteursCM ACTIONS EURO C 22,81 20/6CM EUR.TECHNOLOG. 2,80 13/6CM FRANCE ACTIONSC 37,23 20/6CM MID-ACT.FRANCE 44,32 20/6CM MONDE ACTIONS C 255,37 20/6CM OBLIG.COURT T.C 185,50 20/6CM OBLIG.LONG T.C 134,52 20/6CM OBLIG.MOYEN T.C 405,38 20/6CM OBLIG.QUATRE 171,30 20/6CM OPTION DYNAM.C 35,08 20/6CM OPTION EQUILI.C 67,15 20/6Fonds communs de placementsCM OPTION MODER.C 22,76 20/6

Fonds communs de placementsHDF CAPITAL APPR. 471,17 16/6HDF EUROPE EQUITY 578,96 16/6HDF GLOBAL EQUITY 470,93 16/6HDF GLOBALOPPORTUN 533,24 16/6HDF MULTI ALTERNAT 416,66 16/6

ADDILYS C 116,99 18/6ADDILYS D 108,29 18/6AMPLITUDE AMERIQUE C 21,25 15/6AMPLITUDE AMERIQUE D 19,81 15/6AMPLITUDE EUROPE C 31,69 15/6AMPLITUDE EUROPE D 28,61 15/6AMPLITUDE FRANCE C 96,18 15/6AMPLITUDE FRANCE D 88,76 15/6

AMPLITUDE MONDE C 201,87 15/6AMPLITUDE MONDE D 172,99 15/6AMPLITUDE PACIFIQUE C 20,85 15/6AMPLITUDE PACIFIQUE D 19,03 15/6ELANCIEL EURO 89,47 15/6ELANCIEL FRANCE 38,81 15/6EMERGENCE EURO POSTE 27,85 15/6ETHICIEL C 121,38 15/6ETHICIEL D 114,85 15/6GEOBILYS C 140,90 15/6GEOBILYS D 123,26 15/6INTENSYS C 22,69 15/6INTENSYS D 17,75 15/6KALEIS DYNAMISME PEA C 84,43 15/6KALEIS DYNAMISME PEA D 79,60 15/6KALEIS DYNAMISME C 229,15 15/6KALEIS DYNAMISME D 214,51 15/6KALEIS EQUILIBRE C 221,12 15/6KALEIS EQUILIBRE D 206,36 15/6KALEIS SERENITE C 210,88 15/6KALEIS SERENITE D 196,41 15/6KALEIS TONUS C 70,37 15/6KALEIS TONUS D 66,23 15/6OBLITYS C 138,17 15/6OBLITYS D 128,01 15/6POSTE GESTION C 2884,40 18/6POSTE GESTION D 2240,48 18/6PRIMIEL EURO C 110,36 15/6PRIMIEL EURO D 104,09 15/6REVENUS TRIMESTRIELS 766,98 15/6THESORA C 221,89 15/6THESORA D 175,71 15/6TRESORYS 52943,76 18/6Fonds communs de placementsALTERNAPOSTE 10 E 6120,62 15/6DEDIALYS FINANCE 90,53 15/6DEDIALYS MULTI-SECTEURS D 66,58 15/6DEDIALYS SANTE 101,30 15/6DEDIALYS TECHNOLOGIES 25,25 15/6DEDIALYS TELECOM 40,61 15/6POSTE EURO CREDIT 125,92 15/6POSTE EUROPE C 112,18 15/6POSTE EUROPE D 103,45 15/6

POSTE PREMIERE 2-3 ANS 10664,33 15/6POSTE PREMIERE MONETAIRE 7838,11 18/6REMUNYS PLUS 113,61 15/6

FCP Multi-gestionF&C BIOPHARMA 15,79 20/6F&C EM MKTS BD USD 12,00 20/6F&C EUR INFL LINK 9,96 20/6F&C EURO HI.YLD.BD 14,95 20/6F&C EURO.CORP. 18,29 20/6F&C EUROP SM CAP A 14,76 20/6F&C EUROPEAN EQTY 15,52 20/6F&C FAR EAST EQUIT 10,12 20/6F&C GL CONVER BOND 11,93 20/6F&C GL REAL ESTATE 16,43 20/6F&C GL.EMG.MKT.USD 15,61 20/6F&C COM GL EM MKTS 98,39 20/6F&C JAPAN.EQTY 26,96 20/6F&C NORTH AMER EQ. 21,60 20/6F&C PACIFIC EQTY 31,58 20/6F&C STEWARDSHI.INT 9,49 20/6F&C US SM CAP USD 82,07 20/6

Fonds communs de placementsFED.ACTS.ETHIQUES 83,52 19/6FED.CROISSANCE C 50,62 19/6FED.EPAR.ACTS 60,51 19/6FED.EURO DYNAMIQ. 29,87 19/6FED MULTI ACTS EUR 134,48 16/6FED MULTI 21E SIEC 57,69 16/6PRO FED.OBL. 39,08 19/6PRO FED.OBL.CONVER 23,15 19/6FED OBLIG.VARIABLE 21,71 19/6..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pourl'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue.n/d : valeur non disponible.

Achat Vente

dollar us ................................1,2622...........1,2626

yen .......................................144,8100 ......144,8800

couronne tchéque .............28,5450.........28,5660

couronne danoise ...............7,4532...........7,4542

livre sterling.........................0,6841...........0,6847

forint hongrois...............276,2200 ......277,2200

zloty polonais ......................4,0730...........4,0830

couronne suédoise ..............9,1969...........9,2019

couronne slovaque ..........38,3400.........38,4400

franc suisse ...........................1,5602...........1,5605

couronne norvég. ...............7,9028...........7,9058

rouble ...................................34,0490.........34,1480

livre turque...........................2,0501...........2,0601

dollar australien ................1,7092...........1,7103

dollar canadien ...................1,4053...........1,4063

yuan chinois .......................10,0974.........10,1074

won sud-coréen ............1206,5000 ....1207,5000

dollar néo-zéland...............2,0295...........2,0395

rand sud-africain................8,9258...........8,9359

TAUX D'INTÉRÊT LE 21/6Taux Taux Taux Tauxj.le j. 3 mois 10 ans 30 ans

france 2,84 2,98 3,98 4,23

royaume-uni 4,61 4,75 4,78 4,58

italie 2,84 2,98 4,18 4,58

allemagne 2,84 2,98 3,94 4,22

japon 0,12 0,33 1,85 2,26

états-unis 5,04 5,44 5,24 5,41

suisse 1,41 1,49 2,65 2,88

Etats-UnisLes mises en chantier de logements,en baisse depuis trois mois, ont pro-gressé de 5 % en mai, à 1,957 milliond’unités, a annoncé, mardi 20 juin, ledépartement du commerce.

SuèdeLa Banque centrale a augmenté sontaux directeur de 0,25 point de base, à2,25 %, mardi 20 juin. A en croire laRiksbank, d’autres hausses devraient sui-vre de manière à contenir l’inflationsous la barre des 2 % annuels. L’infla-tion a atteint 1,6 % en mai.

FranceLa consommation des ménages fran-çais en produits manufacturés a aug-menté de 0,6 % en mai après une pro-gression de 0,9 % en avril (+ 0,7 % en pre-mière estimation), selon les donnéespubliées mercredi 21 juin par l’Institutnational de la statistique (Insee).

PologneLa production industrielle est en haus-se de 3,8 % en mai, par rapport àavril, soit une augmentation de 15,6 %sur un an, a annoncé, mardi 20 juin, leBureau national des statistiques.

OMCLes pays arabes ont décidé, mardi 20juin, de se regrouper au sein de l’Orga-nisation mondiale du commerce(OMC) pour mieux coordonner leurspositions aux négociations du cycle deDoha, a annoncé le ministre égyptien ducommerce, Mohammed Rachid. Il com-prendra les 12 pays arabes membres del’OMC (Bahreïn, Djibouti, Egypte, Jorda-nie, Koweït, Mauritanie, Maroc, Oman,Qatar, Arabie saoudite, Tunisie et Emi-rats arabes unis).

La Commission européennedevait présenter les grandeslignes de sa nouvelle politiqueviticole, jeudi 22 juin.Au programme : arrachageet modernisation de l’étiquetage

ÉNERGIE FUSION AVEC SUEZ

GDF : le projet pourraêtre « modifié » parles députés, assureM. Accoyer (UMP)

COURS DE L'EURO

TAUX

OR

MERCREDI 21 JUIN 9h55 Cours % var.

LIGHT SWEET CRUDE.......................69,34.......-0,36

POLITIQUE MONÉTAIRE LUTTE CONTRE L’INFLATION

La Banque du Japon envisageune hausse des taux dans un bref délai

SICAV ET FCP

Produire moins, mais mieux pourrivaliser avec les vins du nouveaumonde (Chili, Argentine,Brésil, Afri-

que du Sud, Australie…), telle est la philo-sophie de la réforme de la politique vitico-le de l’Union, dont Mariann Fischer Boeldoit dévoiler les grandes lignes jeudi22 juin à Bruxelles. La commissaire euro-péenne en charge de l’agriculture veut enfinir avec la surproduction, en procédantà l’arrachage de 400 000 hectares en cinqans – sur un total de 3,4 millionsaujourd’hui. Elle propose aussi de suppri-mer la distillation, qui absorbe les surplusmais est très coûteuse.

Pour Patrick Aigrain, responsable dugroupe des experts économiques de l’Or-ganisation internationale de la vigne et duvin (OIV), le recours à l’arrachage« revient à de la décapitalisation, et ne sepratique pas dans les vignobles du nouveaumonde ». Les pays de l’hémisphère Suddoivent, eux aussi, gérer la surproduction,mais ils ont recours à des méthodes diffé-rentes. Quand les Européens intervien-nent après la phase de vinification, notam-ment avec de la distillation, leurs rivauxagissent en amont. Leur raisin peut êtretransformé en moût, voire laissé sur sou-che, comme en Australie où, en 2005,

l’équivalent, selon l’OIV, de 1,5 à 2 mil-lions d’hectolitres n’a pas été vendangé. Atitre de comparaison, la Commissionvient d’autoriser la France à distiller 3 mil-lions d’hectolitres en 2006.

Consommation stableSans être réduits, les subsides affectés à

la viticulture seraient dépensés différem-ment. Dans l’esprit de Mme Fischer Boel, cebudget de 1,2 milliard d’euros par an – ver-sés pour l’essentiel à la France, l’Italie etl’Espagne – serait affecté à des mesuresde développement rural dans les régionsviticoles, pour financer des infrastructu-res, moderniser les installations de pro-

duction, ou faire de la formation. ChaqueEtat membre disposerait d’une envelop-pe, qu’il pourrait, par exemple, affecter àun fond de gestion de crise.

La réforme, qui sera négociée en 2007,avant d’être adoptée avec l’aval des Etatsproducteurs et du Parlement européen,survient dans un contexte de concurrencecroissante entre vins du Vieux continentet du Nouveau Monde. D’autant que lesrécoltes ont été bonnes en 2004 et en2005 et que la consommation mondiale,elle, a peu augmenté.

Selon les chiffres publiés mardi 20 juinpar l’OIV sur lesvendanges 2006dans l’hé-misphère Sud, la production est encore enaugmentation, à 51,18 millions d’hectoli-tres – contre 178 millions d’hectolitres enmoyenne ces cinq dernières années dansl’Union. « Ces pays du Sud ont augmentéproduction et superficie, mais consommentmoins, s’agace Federico Castellucci, ledirecteur général de l’OIV. Leur nécessitéd’exporter va donc croître. » Déjà, leurpart de marché des exportations est pas-sée de 1,7 % au début des années 1980, à10 % en 1995 et 21 % aujourd’hui.

Les Vingt-Cinq exportent, en volume,à peine 7,5 % de leur production. La Com-mission préconise qu’ils misent davanta-ge sur la promotion des bouteilles euro-péennes et modernisent leur étiquetage.Elle suggère aussi de modifier les prati-ques œnologiques. Par exemple, en géné-ralisant l’utilisation de copeaux de bois,afin de rivaliser avec les techniques àl’œuvre dans le Nouveau Monde.a

Laetitia Clavreul etPhilippe Ricard (à Bruxelles)

TOKYO

CORRESPONDANCELa Banque du Japon (Bank ofJapan, BoJ) pourrait décider dansun délai « bref » une hausse de sestaux d’intérêt, a déclaré, mardi20 juin, le gouverneur de l’établis-sement central, Toshihiko Fukui.Cette hausse sera « lente et progres-sive », a-t-il ajouté.

Ces déclarations ont relancé lesspéculations sur une évolution destaux dès juillet. Les analystestablaient surce délai, mais la récen-te chute des marchés financiers, etles révélations sur l’investisse-ment controversé de M. Fukuidans un fonds aujourd’hui aucœur d’un scandale, avaient modi-fié leur appréciation.

Mardi, M. Fukui a précisé que lahausse sera décidée en fonction deplusieurs éléments, et pas seule-mentde l’évolution des prix.La sor-tie de sept années de déflationavait motivé l’abandon, en mars,de la politiquemonétaire ultra-sou-ple suivie depuis en 2001. Il sembledésormaisque l’établissement cen-tral,désireux de soutenir une crois-

sanceéquilibrée, prendra en comp-ted’autres facteurs, comme l’inves-tissement des entreprises.

L’annonce de M. Fukui inter-vient tandis que le gouvernement,malgré des doutes sur les perfor-mances des entreprises – notam-ment avec les prix du pétrole éle-vés –, continue à se montrer opti-miste pour la croissance. Le13 juin, il a revu à la hausse l’évolu-tion du produit intérieur (PIB)pour le premier trimestre, à 3,1 %en glissement annuel, contre1,9 %.

La perspective d’une hausse destaux continue de peser sur les mar-chés. Depuis l’annonce de la fin dela politique monétaire ultra-sou-ple, l’indice Nikkei baisse. Il a per-du près de 2 000 points en deuxmois, victime du retrait de leursavoirs par les investisseurs étran-gers. Mardi, les déclarations deM. Fukui ont fait chuter lesvaleurs des entreprises fortementendettées. Mercredi, leNikkei a ter-miné la journée en baisse de0,03 %, à 14 644,26 points. a

Philippe Mesmer

LE PRÉSIDENT du groupe UMP de l’As-semblée nationale, Bernard Accoyer, aaffirmé, mardi 20 juin, que le projet de loisur la privatisation de Gaz de France(GDF) – préalable à son mariage avecSuez – pourra être « modifié et amendé ».

Les députés UMP « veulent être cer-tains que toutes les possibilités ont été explo-rées » avant de donner leur aval à la priva-tisation, a déclaré M. Accoyer. « Nousserions plus sereins encore si nous avions lacertitude que l’on a encore recherché pen-dant un certain temps d’autres solutions »,a-t-il ajouté. Le texte gouvernementalprévoit de ramener la part de l’Etat dansGDF à 34 % (contre 80 % actuellement).Des élus de la majorité jugent préférablesdes participations croisées, une entrée del’italien Enel dans l’accord ou la possibili-té pour l’Etat de garder 51 % du capital.

Les syndicats ne sont pas parvenus àmobiliser, mardi, les 150 000 salariés desindustries électriques et gazières contre leprojet de privatisation du gazier. Près de10 % des agents d’EDF et 13,4 % de ceuxde GDF ont suivi l’appel à la grève desfédérations CGT, FO, CFE-CGC, SUD etUNSA-énergie, selon les directions desdeux entreprises. Lors des précédentesgrèves contre la fusion GDF-Suez, ellesavaient relevé des taux de grévistes respec-tivement de 18,5 % et 22,5 % le 23 mars,puis de 5,2 % et 6 % le 11 avril. La Fédéra-tion mines-énergie de la CGT estimequ’un tiers des gaziers et électriciensdevant travailler mardi a fait grève. a

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0,85

0,75

0,50

3,7

3,6

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2002 20042003 2005

0,835

SUPERFICIE DES VIGNOBLES

— 63 000 ha

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0123Jeudi 22 juin 2006 17

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La rédaction de Paris Match vit desheures mouvementées après lerefus d’Alain Genestar, directeur

général de la rédaction de l’hebdomadai-re, d’accepter une autre activité au seindu groupe. Selon nos informations,M. Genestar aurait en effet refusé la direc-tion des rédactions du groupe HachetteFilipacchi Médias (HFM) que lui auraitproposée, mardi 20 juin, la directiongénérale du groupe. M. Genestar, quidirige la rédaction de Paris Match depuisjuillet 1999, aurait refusé cette proposi-tion « de manière ferme et définitive »,selon une lettre de la rédaction, réuniemardi après-midi en assemblée générale.

La rédaction de l’hebdomadaire aadressé cette lettre à Gérald de Roque-maurel, PDG de HFM, et Arnaud Lagar-dère, patron du groupe (actionnaire duMonde) et propriétaire d’HFM, indi-quant que « la rédaction, déstabilisée parneuf mois de rumeurs constantes (…), déplo-

re cette mise à l’écart pour des raisons politi-ques. Dans ce contexte, les journalistes deParis Match présents à la réunion soutien-nent Alain Genestar, à la suite d’un voteayant recueilli l’unanimité ». La sociétédes journalistes (SDJ) dénonce « l’ingé-rence du politique », à moins d’un an del’élection présidentielle.

Les rumeurs sur une mise à l’écart deM. Genestar étaient récurrentes depuisla « une » du magazine du 25 août 2005,où l’on voyait Cécilia Sarkozy, épouse deNicolas Sarkozy, au côté de RichardAttias, présenté dans le journal commeson « compagnon ». Arnaud Lagardèren’avait pas apprécié le fait de ne pas avoirété informé de cette intrusion dans la vieprivée de son ami Nicolas Sarkozy. Ill’aurait dit fermement à M. Genestar à cemoment-là. Selon le Canard Enchaîné,Nicolas Sarkozy aurait été très mécon-tent et l’aurait fait savoir à M. Lagardère.

Une grève évoquéeEn novembre 2005, M. Genestar assu-

rait qu’il n’était pas menacé dans ses fonc-tions, après des propos tenus parM. Lagardère. Ce dernier, interrogé suri-télé sur un éventuel « changement àMatch », avait répondu : « Il y a ceux quel’on vire, oui, absolument ! C’est la vie… Jecrois que c’est parfois nécessaire et il fauteffectivement prendre un peu de recul par

rapport à ces choses-là. Cela ne veut pas direqu’on est cruel, parce qu’en écartant un jour-naliste, (…) on laisse la chance à d’autres ».

Une réunion de crise devait se tenirmardi soir chez M. de Roquemaurel. Cedernier était présent, mardi, au colloquePresse Liberté organisé par l’associationdu même nom, avec Anne-Marie Cou-derc, directrice générale adjointe deHFM. Interrogés sur un départ d’AlainGenestar, ils ont répondu, un peu hési-tants : « Il n’y a rien de nouveau. » Offi-ciellement, « la direction générale d’HFMne souhaite pas s’exprimer sur le sujet », afait savoir mardi une porte-parole dugroupe. M. Genestar n’a pas souhaité fai-re de commentaires. Il était encore à sonposte mardi soir.

La SDJ a appelé à une autre assembléegénérale mercredi 21 juin à 15 heures.« La grève pourrait être évoquée », note unmembre de la SDJ, ce qui ne s’est jamaisproduit dans l’histoire de Paris Match,longue de cinquante-sept ans.

Dans un contexte morose pour la diffu-sion de la presse magazine en France,Paris Match a vu ses ventes progresser de1,5 % à 634 369 exemplaires en 2005,selon l’OJD, et l’hebdomadaire comptait4,2 millions de lecteurs en 2005, selonl’Association des éditeurs de pressemagazine (AEPM). a

Pascale Santi

Arnaud Lagardère, propriétairedu titre, veut écarterle directeur de la rédactiondu magazine. Les journalistesdénoncentdes « raisons politiques »

I M M O B I L I E RREPRODUCTION INTERDITE

Chambre des notaires de Paris - Place du Châtelet - Paris-1er - Téléphone : 01-44-82-24-00 Pour plus d’informations : www.paris.notaires.fr ou www.encheres-paris.com

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VENTE IMMOBILIÈRE ET ÉTAT DES RISQUES TECHNOLOGIQUES OU NATURELS

Depuis le 1er juin 2006, au titre d’une double obligation d’information auprofit des acquéreurs ou locataires, les promesses de vente ou d'achatet les contrats réalisant ou constatant la vente d’un bien immobilierdoivent annexer un état des risques technologiques ou naturels dès lorsque le bien est situé dans des zones couvertes par un plan de préventionde ce type de risques ou dans des zones de sismicité (art. L 125-5 duCode de l’environnement).La liste des communes concernées par un plan de prévention estarrêtée par chaque préfet, ainsi que, pour chaque commune, la listedes risques et des documents à prendre en compte (par exemple,risques d’inondation, d’avalanche, de mouvement de terrain, detoxicité ou d’effet thermique).

Cette obligation d’établissement d’un état des risques pèse sur levendeur ou le bailleur. Compte tenu de la technicité des informations quidoivent être recueillies, il est conseillé de faire établir cet état par unprofessionnel, tel un géomètre.

Le vendeur ou bailleur doit également informer par écrit l’acquéreur oule locataire de tout sinistre subi par un immeuble bâti ayant donné lieuau versement d’une indemnité en application de l’article L.125-2 ouL.128-2 du code des assurances.

Le non respect de ces deux obligations d’information peut entraîner larésolution du contrat ou une diminution de prix.

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LE CONSEIL supérieur de l’audiovisuel(CSA) a décidé de revenir sur sa décisiondu 13 juin de classer François Bayrou etdix autres députés de l’UDF dans l’opposi-tion, pour la répartition du temps de paro-le des partis politiques dans l’audiovisuel.Le CSA a adressé une lettre à M. Bayrou,publiée mardi 20 juin sur son site, expli-quant avoir pris note du « désaccord »exprimé par le président de l’UDF et assu-rant ne prétendre « en aucun cas situerune formation politique contre son gré ».

Cette décision faisait suite à unedemande de Bernard Accoyer, présidentdu groupe UMP de l’Assemblée, après levote par onze députés UDF de la motionde censure contre le gouvernement, le16 mai. Le CSA indique avoir « révisé » sadécision pour finalement « maintenir ledispositif en vigueur depuis le vote de la

motion de censure ». Le temps de parolede l’UDF sera désormais « comptabilisésans être imputé sur celui de la majorité nicelui de l’opposition ». Une méthode qui« déroge aux règles traditionnelles duConseil, reconnaît le CSA, mais quirépond à une situation inédite ».

Marielle de Sarnez, vice-présidente del’UDF, s’est félicitée, mardi, de cette déci-sion, « qui reconnaît explicitement le droitpour l’UDF d’exister en tant que telle et nonpar rapport aux autres ».

La première décision du CSA avait sus-cité un tollé à l’UDF mais aussi à gauche.François Hollande, premier secrétaire duPS, avait indiqué que son parti allait étu-dier les possibilités de recours, tandisque le PCF avait dénoncé « un choix politi-que et incohérent ». a

Sylvie Kerviel

Alain Genestar est prié de quitterla direction de « Paris Match »

AUDIOVISUEL TEMPS DE PAROLE

Le CSA revient sur sa décisionde classer M. Bayrou dans l’opposition

JUSTICEPascal Clément veut renforcerle droit à la protection des sourcesdes journalistesLe ministre de la justice, Pascal Clément,a réaffirmé, mardi 20 juin, son souhaitque le droit des journalistes à la protec-tion de leurs sources soit inscrit dans laloi du 29 juillet 1881 sur la liberté de lapresse. Il s’est prononcé pour un code dedéontologie commun à tous les médias.

TÉLÉVISIONGrève des locales de M6Les rédactions locales de M6 ont fait grève,mardi, contre la fin des décrochages de Ren-nes et Nantes (15 suppressions d’emplois).

Le groupe Canal+ cède le PSGCanal+ a annoncé, mardi, avoir finaliséla cession du club du PSG aux fondsColony Capital, Butler Capital Partnersassociés à la banque Morgan Stanley.

MÉDIAS20 0123Jeudi 22 juin 2006

Page 21: Le monde 22 06 06

Ma chance au départ,c’est d’avoir étéparfaitement bilinguedès l’enfance

Boulanger-pâtissier, onconnaît. Chauffeur-livreur aussi. Linguiste-bijoutière, c’est plusrare. Mais la rareté estun terme qui va com-me un gant à MarinaYaguello, qui n’a

jamais été du genre à suivre les voies tou-tes tracées. Quant à « bijoutière », c’estun terme qu’elle réfute, qui sent trop lajoaillerie façon place Vendôme et les pier-res précieuses serties. Tout ce qu’elledéteste. Elle, ce qu’elle crée, ce sont des« parures », des ornements de corps, despièces uniques et primitives.

Rapide retour en arrière. MarinaYaguello a tout juste 14 ans quand, sui-vant des cours de russe – on parle russe àla maison –, elle découvre la philologiedes langues slaves. C’est une révélation.Elle aborde, émerveillée, le perfectif etl’imperfectif, les catégories sémantico-linguistiques. Elle fait aussi du latin, del’anglais, de l’allemand, de l’italien, del’espagnol – elle s’attaquera plus tard auserbe et au wolof. La jeune fille deparents russes émigrés, décorateurs tousles deux, est « entrée » en langues.

Ensuite tout ira très vite. Une agréga-tion d’anglais à l’âge de 22 ans. Un posted’assistante à la Sorbonne l’année suivan-te, grâce à celui qu’elle décrit comme sonmaître, Antoine Culioli, père de la « théo-rie des opérations énonciatives » etcofondateur de Paris-VII, qui a reconnuen elle une « personne très active, organi-sée, et susceptible d’apporter la boufféed’oxygène nécessaire à cette discipline qui

avait du mal à s’imposer ». « Ma chanceau départ, c’est d’avoir été parfaitementbilingue dès l’enfance », explique, commepour s’excuser, celle qui se classera bien-tôt parmi les linguistes les plus recon-nus, aux côtés de Claire Blanche-Benve-niste ou de Claude Hagège. Elle voyage,publie ouvrage sur ouvrage. Féministedans l’âme, elle écrit Les Mots et les fem-mes (Payot), qui sera plus tard illustrépar Claire Bretécher, best-seller sans ces-se réédité. Puis ce seront Alice au pays dulangage (Le Seuil, son record absolu deventes), et, toujours au Seuil, son éditeurde cœur, Petits faits de langues, Des lan-gues imaginaires et de leurs inventeurs(tout récemment republié dans une ver-sion réactualisée)… Mouche à tout coup.Marina Yaguello devient la nouvelle figu-re de la linguistique. C’est elle qui dirige-ra Le Grand Livre de la langue française,une œuvre collective cette fois.

Expérience qu’elle ne renouvellerapas : « Je suis une solitaire. Mon autono-mie est mon plus gros défaut : j’aime trop

décider seule, agir comme je l’entends. »Car elle ne fait rien comme tout le

monde, ce qui lui vaut un cursus atypi-que – elle ne prendra le temps de passerson doctorat d’Etat qu’en 1983 –, et nelui fait pas que des amis dans le petitmonde universitaire. « Etre là où on nel’attend pas », telle est sa devise : « Jedéteste les spécialistes au sens étroit du ter-me, qui se délimitent un champ et passentdes années à labourer le même sillon. »

Entre-temps, il est vrai, elle aura, aucours de ses nombreuses missions de parle monde, vécu un nouveau coup decœur : les arts premiers, les matières bru-tes, ses « perles rares ». « J’ai commencéen collectionneuse, amassant des stocks etdes stocks de cornaline, de spondyles, degranit, de jadéite, d’agates, de stéatite, decoraux, de bronzes de fouille, de coquilla-ges, de plumes, de dents, de carapaces, detoutes ces matières qui ont fait partie inté-grante des parures depuis des millénai-res. »

Car la parure, Marina Yaguello est for-melle, n’a pas, de par les âges, été seule-ment objet de séduction, et ne s’est passeulement conjuguée au féminin : « Elleest aussi porteuse de messages religieux oude pouvoir, elle est trophée, signe de célébra-tion ou de rituels magiques. »

Afrique de l’Ouest, Océanie, Chine,Moyen-Orient, Australie, elle court lesmarchés d’antiquaires, les muséesarchéologiques, les étals de fouilles, dontelle rapporte ses « perles ». Totalementautodidacte en la matière, elle va se met-tre, comme elle l’a fait depuis des annéesavec les mots, à les classer, les trier, pour

en remonter les origines, en analyser lasubstance, en tirer une syntaxe, et biensûr aussi, de ses mains de sculpteuse, lesassembler. Vingt ans durant, ses proprescréations, elle sera la seule à les porter…,« à l’émerveillement de mes étudiants, quime voyaient arborer une parure différentechaque jour en cours ».

Un accident de la route change lecours des choses. Elle manque perdreune jambe, subit de multiples interven-tions, et en sort plus forte, plus détermi-née que jamais à vivre, à foncer, à ne riense refuser. D’où la surprise – « beaucoupde gens n’ont pas compris » – lorsqu’en2000, alors qu’elle avait encore treizeans de carrière devant elle, elle quitte sonprestigieux poste universitaire pour seconsacrer entièrement à sa nouvelle pas-sion. « J’ai toujours confusément su que,chez elle, ce serait le monde qui l’entoure,les choses à faire, le concret qui l’emporte-raient », reconnaît celui qui fut au départson mentor.

Depuis, ce sont deux expositions-ven-tes par an (mi-juin et mi-décembre),dans son petit atelier-bijou en lisière duMarais, où elle reçoit sur invitation pourfaire découvrir ses créations à quelquesaficionados – qui deviennent presquetous des amis.

L’argent est immédiatement réinvestidans de nouveaux voyages, de nouvellesacquisitions : du quartz ou du bronze ici,des piques de porc-épic là-bas ou du ver-re archéologique pour un pectoral, uneceinture, des bijoux de main, de cheville,de lèvre ou d’oreille. Il y a aussi ses troisenfants devenus grands et son compa-gnon, universitaire et violoncelliste. Samaison au Sénégal et celle de Bretagne,où elle aime retrouver sa tribu pourvivre, cuisiner, bricoler, construire, reta-per.

Une autre vie ? Elle répond oui, unedeuxième vie. Mais elle n’a de cesse deles faire se rencontrer, de les juxtaposer,de faire de l’une la continuation del’autre. Son rêve ? Publier une « Taxino-mie de la parure », mettre en grammairetout ce qu’elle a appris sur le sujet. Maisce serait sûrement un ouvrage trop cherà réaliser à cause des reproductions.

Et s’il vous prend la fantaisie de cares-ser l’un des colliers exposés, d’en remon-ter du doigt les perles en lui demandant« en somme, ceci est une phrase ? », ellesourit et un éclair vient jouer dans le bleuquasi minéral de ses yeux. « C’est un peuça », dit-elle. a

Hélène Vialaphoto Claudine Doury/vu

pour « Le Monde »

1944Naissance à Parisde parents russes émigrés.

1966Reçue à l'agrégationd'anglais.

1981Publie Alice au pays dulangage : 150 000exemplaires vendus.

1983Découvre l’Afrique et passeson doctorat d'Etat.

1997Prend la direction de l'UFRde l'Institut Charles-V(université Paris-VII).

2000Prend sa retraited’universitaire pour seconsacrer à ses parures.

Linguisteinternationalementreconnue, auteurde nombreuxbest-sellers surle langage, cetteprofesseure émérite del’université Paris-VIIa fait un virage surl’aile pour se consacrerà son autre passion :les pierres rares,les arts premierset les parures sauvages

DécryptagesPortrait

PARCOURS

Je déteste les spécialistesau sens étroitdu terme

Marina YaguelloAlice au pays des

coquillages

0123Jeudi 22 juin 2006 21

Page 22: Le monde 22 06 06

Au temps

Congobelge

Un trésor a été découvert au Katan-ga, une province de l’ancien Congobelge. Ce trésor, sans équivalent

en Afrique francophone, ce sont les dizai-nes de milliers de photos prises entre1906 et les années 1980 par les compa-gnies minières qui exploitaient les riches-ses en étain, cobalt, zinc que recèle leKatanga. La majorité des clichés tout com-me les quelques films sauvegardés ren-voient à la colonisation belge, au temps del’Union minière du Haut Katanga(UMHK). Pris le plus souvent par des ano-nymes, ils racontent la vie au cœur ducontinent africain dans une zone indus-trielle. On y voit des mines et des usinesgigantesques. On y découvre ce qu’était lavie des Blancs avant l’indépendance duZaïre – aujourd’hui République démocra-tique du Congo –, leurs loisirs à des mil-liers de kilomètres de la mère patrie. On ytouche du doigt surtout les conditions de

vie des Noirs, qu’ils soient ou nonemployés dans les mines.

Les photos embrassent une longuepériode et témoignent que le statut desNoirs a évolué au fil du temps. La « solida-rité de la mine » réunissant Blancs etNoirs dans la seconde partie du XXe siècleétait inimaginable pour les générationsprécédentes.

Il n’empêche qu’un malaise se dégageà compulser les vieilles photos qui, parmilliers, montrent les Congolais africainstraités parfois comme du bétail humainjusque dans les années 1930. Les tra-vailleurs noirs amenés d’autres provincesdu Congo ou de pays limitrophes, photo-graphiés nus à leur arrivée, sont dirigésvers des hôpitaux pour recevoir des soinsavant d’être envoyés vers les mines ou lesusines. Constitué par le colonisateur bel-ge, le fonds photographique a été récupé-ré en 1966 par la Gécamines, la société

d’Etat congolaise héritière de l’UMHKnationalisée. D’autres photos sont venuesl’enrichir jusqu’à ce que la Gécamines,pillée par le pouvoir central, tombe enfaillite. Elle emploie encore aujourd’hui12 000 personnes payées de manière épi-sodique. Parce qu’il faut bien vivre dansun Congo qui a connu plusieurs guerresciviles, les salariés de la Gécamines récu-pèrent donc les photos et les cèdent à vilprix. Aujourd’hui, cet ensemble est mena-cé d’être dispersé et donc de perdre toutevaleur pour les historiens et les cher-cheurs. C’est dans ce contexte que l’Espa-ce francophone de Lubumbashi, dirigépar Hubert Maheux, a acquis des milliersde clichés, de négatifs, de plaques de ver-re, grâce à un don d’un industriel belge,Georges Forrest, installé au Katanga.C’est un échantillon de ce trésor queLe Monde publie. a

Jean-Pierre Tuquoi

Nouveau camp pour « indigènes mariés » à la mine de l’Etoile,à Lubumbashi, où le cuivre et le cobalt sont exploités depuis le débutdu XXe siècle. Alignées, couvertes de paille, les cases sont construites enbriques cuites dites « kimberley ». L’ensemble est clos de pieux et de fil defer. L’organisation des camps, où les célibataires et les couples sont séparés,et les techniques de construction sont directement inspirées des modèlessud-africains en vigueur à l’époque. La photo a été prise le 3 juin 1925.

Panorama d’une usine en construction au quartier Panda, à Likasi, une ville minière. On distingue une tour de broyage. Les usines implantées au Katanga bénéficient de la tradition industriellede la Wallonie et du savoir-faire des colons anglo-saxons installés en Afrique du Sud. La vue a été prise le 9 mai 1938. Aujourd’hui, la plupart de ces ensembles industriels ne sont plus que des friches.A Likasi, les structures métalliques sont en cours de démontage. Le fer est vendu au poids. Il part vers la Chine.

Défilé de travailleurs de l’UMHK, place Albert, à Lumumbashi.On ignore quel est le prétexte à la manifestation ainsi que la dateexacte (les années 1920). Les travailleurs, torse nu, sontidentifiables par leurs outils de travail, qu’ils exhibent avec fiertédevant les Blancs : barres à mines, masses,tuyauxmétallurgiques utilisés dans les fours.

Chambre de désinfection du camp de préparation des recrues. La photoa été prise le 14 mars 1927. Les mines, les usines de concentration du mineraiou de fabrication de tôles de cuivre ont besoin de bras. Les recrues arriventpar caravanes d’autres régions du Congo, principalement du Kasaï, et despays voisins (Zambie, Tanzanie, Rwanda, Burundi…). Avant d’être envoyéesau travail, les recrues sont désinfectées et soignées. Commencent ensuiteplusieurs mois d’« acclimatation » – c’est le terme officiel – à leur nouvellevie. Cette acclimatation passe par l’apprentissage de la langue locale.

Enquête

du

22 0123Jeudi 22 juin 2006

Page 23: Le monde 22 06 06

Travailleurs de Wittaker, une entreprise sous-traitante de l’UMHK, à Ruashi (Lubumbashi).Ils sont photographiés en décembre 1926, avant un séjour de deux mois et demi à l’hôpitalde l’entreprise belge. Dès que la caravane des futurs travailleurs arrivait au Katanga, les recruesles plus mal en point étaient envoyées à l’hôpital. A la fois pour des raisons d’hygiène et par souciscientifique, les hommes étaient photographiés nus, de face et de dos, au début et à la finde leur séjour. Sur une autre photographie, une flèche signale un homme placé au centreavec cette légende : « Boy de même race et de bonne constitution. »

Le Cercle des Belges. Les cadres européens bénéficiaient pour leurs loisirs du mess et des sallesà manger de l’Union minière du Haut Katanga (UMHK), à Lubumbashi. En dehors des réunionsmondaines, les hommes, tirés à quatre épingles, viennent s’y détendre en lisant la presse belge(Le Soir, Le Journal…). Les femmes sont admises. La société met aussi un Cercle à la dispositionde ses employés blancs. S’y donnent rendez-vous les amateurs de tennis, de natation,de tir à l’arc. Des troupes de théâtre amateur donnent à l’occasion des représentations.Le cliché date de 1925.

0123Jeudi 22 juin 2006 23

Page 24: Le monde 22 06 06

Franco-marocain,de sensibilité soufie.Un leader charismatique plusqu’un politique.

Lhaj Thami BrezePRÉSIDENT

Stratège de l’organisation.Chargé des relations avec le CFCM.

1ER VICE-PRÉSIDENTFouad Alaoui

Ancien trésorier, il joue un rôle clé dansles relations avec les pays du Golfe

2E VICE-PRÉSIDENTNazir Hakim

42 ans. Professeur de physique, représentela génération montante.

PRÉSIDENT DU CRCMRHÔNE-ALPES

Azzedine Gaci

Cet intellectuelmodéré exerceune influencelocalement, maispeine à s’imposerau plan national.

IMAM DE BORDEAUX

Tarek Oubrou

AQUITAINE

MIDI-PYRÉNÉES

CORSE

AUVERGNE

BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ

ALSACE

LORRAINE

CENTRE

Î-DE-F.

BASSE-NORMANDIE

HAUTE-NORMANDIE PICARDIE

NORD-PAS-DE-CALAIS

CHAMP.-ARDENNE

PAYS-DE-LOIRE

POITOU-CHARENTES

BRETAGNE

LIMOUSIN

PROVENCE-ALPES-CÔTE D'AZUR

LANGUEDOC-ROUSSILLON

RHÔNE-ALPES

Listes UOIF et alliées Listes FNMFCCMTF (Turcs) Mosquée de Paris

Sources, photos : CFCM, UOIF Infographie Le Monde

2003 2005

** FNMF = Fédération nationale des musulmans de France* CCMTF = Comité de coordination des musulmans turcs de France

La Mosquée de Paris, financée par l’Algérie regroupe les mosquées algériennes.La FNMF, liée au Maroc, fédère les mosquées marocaines.

20032005

en nombre de sièges

19

10 31

16

6 4 2

1310

Indépendants

FNMF**

Mosquée de Paris CCMTF*

UOIF

JMF

Jeunes musulmans

de France

CBSP

Comitéde bienfaisance

et de secoursaux palestiniensEMF

Etudiants musulmans

de France

Associationde médecins

Avicenne

LFFM

Ligue françaisede la femmemusulmane

Il forme les cadresreligieux danstrois sites :

Institut européen des sciences humaines

GEDIS

Edition de livres,cassettes

et CD (Sarl)

Associationles imams de France

Dar Al FatwaInstance théologique,référence religieuse

de l’organisation

35 mosquées300 associations

Huit associations spécialisées

- St Léger-de-Fougeret (Nièvre)- Saint-Denis - Leicester (Roy.-Uni)

Fédération des organisations islamiques d’Europe (FOIE)

Union des organisations islamiques de France

Union des organisationsislamiques de France(UOIF)

UNE INFLUENCE SURTOUT LOCALISÉE DANS LE GRAND OUEST

UN LÉGER RECUL AU CONSEIL FRANÇAIS DU CULTE MUSULMAN (CFCM)

Considérée comme lacomposante la plusintransigeante duConseil français duculte musulman(CFCM), l’Union desorganisations islami-ques de France (UOIF)vient de lancer une opé-

rationde transparence en publiant un livreintitulé Qu’est-ce que l’UOIF ? (éd. L’Archi-pel, 120 pages, 8,50 euros). L’occasion defaire le point sur cette organisation contro-versée.

Constituéeen 1983, l’UOIF est, à l’origi-ne,un regroupementd’une quinzaine d’as-sociations, créé par des étudiants étran-gers, principalement tunisiens. Leur réfé-rence religieuse est le Libanais FayçalMawlawi, qui se situe dans la mouvancedes Frères musulmans, mouvement poli-tico-religieux fondé en Egypte en 1928.Comme beaucoup d’associations musul-manes, l’UOIF a pu se constituer après lasuppression, en octobre 1981, des arti-cles 22 à 28 de la loi de 1901, qui interdi-saient aux étrangers de créer des associa-tions.

En1989, l’UOIFa fait parler d’elle à l’oc-casion de la première affaire de foulard, enprenant la défense des deux jeunes fillesexclues du collège de Creil (Oise). L’annéesuivante marque un tournant.Deux de ses membres, Abdal-lahBen Mansouret AmarLas-far, entrent au Conseil deréflexion sur l’islam de France(Corif), créé par le ministre del’intérieur de l’époque, PierreJoxe. L’organisation changede nom : d’Union des organi-sations islamiques en France,elle devient l’Union des organisations isla-miques « de France » et axe son discourssur la « citoyenneté ».

En 1993, l’exécutif de l’UOIF change.Une nouvelle équipe, principalementmarocaine, encore en place aujourd’hui,prend les commandes. Lhaj Thami Brezedevient président et Fouad Alaoui secrétai-re général. La plupart des responsablesont obtenu la nationalité française. LhajThami Breze a été naturalisé en 2005.

L’UOIF entend incarner un islam deFrance, face à la Mosquée de Paris, finan-cée par le gouvernement algérien et laFédération nationale des musulmans deFrance (FNMF), liée au Maroc. Elle n’estpas la première force de l’islam en France,mais elle est sans doute la mieux structu-rée. Constituée selon un schéma pyrami-dal, elle est, elle-même, une branche del’Uniondes organisations islamiquesd’Eu-rope (UOIE). Le territoire a été découpé en12 régions administratives, représentéespar un délégué. Propriétaire de 35 mos-quées ou centres islamiques, l’UOIF acontribué à l’acquisition de plus de 150autres lieux de culte et fédère environ 300associations.

L’efficacité de l’organisation est liée àl’engagement de ses militants. Salariés oubénévoles, ces derniers acceptent de consa-crer une part de leur temps libre et de leurrevenu à l’organisation. Avant tout sou-cieux de la solidité de la structure, ils pen-sentqu’elle est incontournable dans le pay-sage musulman français, malgré les atta-ques dont elle est régulièrement l’objet.

L’influence de l’UOIF s’exerce aussi àtravers des actions qui lui sont propres.Elle édite un calendrier des prières large-ment diffusé et, surtout, elle organise cha-que année, au parc des expositions duBourget (Seine-Saint-Denis), le rassemble-

ment des musulmans de France, qui attireplusieurs dizaines de milliers de person-nes, dont beaucoup de jeunes. Le public sedéplace pour écouter des conférenciers,mais aussi pour faire ses achats dans unvaste espace commercial.

L’UOIF a beaucoup misé sur la créa-tion, en 2003, du CFCM. Elle s’est enga-gée dans le processus, espérant qu’il luiapporterait la reconnaissance des pou-voirs publics.Cette stratégie a provoqué devivescritiques ausein de labase, qui regret-teque l’organisation n’ait pas été suffisam-ment pugnace lors du vote de la loi interdi-sant le voile à l’école. Aujourd’hui, l’UOIFse recentre sur elle-même, privilégiant laformation des cadres et l’ouverture d’éco-les privées musulmanes.

Lors des premières élections des repré-sentants au Conseil français du cultemusulman, en avril 2003, l’UOIF a rem-porté 11 régions sur 25. Mais ce succèscache de grandes disparités d’implanta-tion selon les régions. L’organisation estsurtout présente dans une grande moitiéOuest, notamment à Bordeaux, Poitiers,Nantes, et plus à l’est, à Reims. Autant dezones où les musulmans sont relativementpeunombreux. En revanche, elle est faible-ment implantée en Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais, Alsace-Lorraine, Rhônes-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Lan-

guedoc-Roussillon, là où lacommunauté musulmaneest importante. Quandl’UOIF parvient à exercerune influence, c’est par unjeu d’alliances locales avecd’autres courants. Ainsi, en2005, Lhaj Thami Breze etAzzedine Gaci ont, respecti-vement, été réélus président

du Conseil régional du culte musulman(CRCM) de l’Ile-de-France centre et deRhône-Alpes, deux régions où l’UOIFn’est pas majoritaire au CFCM.

On reproche à l’Union des organisa-tions islamiques de France l’opacité de sonfinancement. Elle a longtemps vécu grâceà des dons versés par de généreux dona-teursvivant dans lespays du Golfeet entre-tientde bons rapports avec la Ligue islami-que mondiale. Elle affirme, aujourd’hui,que l’aide de ces donateurs étrangers n’ex-cède pas 20 % de son budget, estimé, en2002, à 1,5 million d’euros, le reste étantfourni par les fidèles.

Le manque d’implication des jeunes dela deuxième génération dans ses structu-res constitue la principale faiblesse del’UOIF. Elle a pourtant pris ses distancesavec le conférencier suisse Tariq Rama-dan, très populaire chez les jeunes musul-mans pratiquants.

En outre, l’UOIF est régulièrementmontrée du doigt pour ses liens avec lamouvance islamiste des Frères musul-mans. Lors du rassemblement annuel duBourget,elle invite despersonnalités se rat-tachant plus ou moins directement à cecourant comme des responsables du partialgérien Mouvement de la société de lapaix (MSP) ou le cheikh YoussoufAl-Qaradhawi, prédicateur sur la chaînesatellitaire Al-Jazira. Les liens entrel’UOIF et le Tanzim al-dawli, l’organisa-tion internationale des Frères musulmans,sont réels mais informels. Fouad Alaouiadmet qu’il rencontre de temps à autreHassan Al-Howeidi, l’ambassadeur itiné-rant des Frères. Cependant, l’UOIF sem-ble prendre ses distances avec ce mouve-ment : depuis 2000, Youssouf Al-Qarad-hawi n’est plus invité au Bourget. a

Xavier Ternisien

UOIFUn réseauen quête dereconnaissance

La fin de l’idylle avec Nicolas SarkozyDÉBUT MAI, juste après le grand rassem-blement du Bourget, le site musulmansaphirnews.com titrait : « L’UOIF lâcheSarkozy ». L’auteur de l’article soulignaitun « changement de ton et de discours de ladirection de l’UOIF à l’égard du ministre del’intérieur ». Il en voulait pour preuve letexte lu à la tribune, au Bourget, le 6 mai,par le vice-président Fouad Alaoui, danslequel celui-ci critiquait les déclarationsde Nicolas Sarkozy sur l’immigration.

Ainsi s’achevait une idylle commencéeen 2002, avec l’arrivée de M. Sarkozy auministère de l’intérieur. Celui-ci pensaitsans doute trouver, alors, dans l’organisa-tion musulmane un relais d’influence effi-cace. L’UOIF, de son côté, appréciait lesbonnes paroles du ministre sur les reli-gions et sa vision conservatrice de la socié-té française. L’idylle entre le ministre del’intérieur et l’UOIF avait culminé le

19 avril 2003, lorsqu’il s’était rendu auBourget. Lhaj Thami Breze avait déclaré àcette occasion : « Nous recevons un ami,que nous avons découvert et qui nous adécouverts. »

Les jeunes musulmans, qui constituentune large part du public des rassemble-ments de l’UOIF, n’ont pas accepté ce rap-prochement avec le ministre de l’inté-rieur. Ils reprochent à l’organisation des’être notabilisée, de ne plus être assezengagée en faveur de la cause palestinien-ne, de ne pas s’être opposée avec assez deforce à la loi sur le foulard à l’école. Dansune tribune publiée le 25 avril 2005 sur lesite oumma.com, Yamin Makri, membredu Collectif des musulmans de France(CMF) et proche de Tariq Ramadan, s’enprenait aux « nouveaux notables de laRépublique (…) qui multiplient les arrange-ments, accords et compromissions » et quali-

fiait les responsables de l’UOIF de« conservateurs petits-bourgeois ». Peuaprès, le 29 juin 2005, Farid Abdelkrim,ancien président des Jeunes musulmansde France (JMF), annonçait qu’il démis-sionnait du conseil d’administration del’UOIF. Il était pourtant le seul musulmande la deuxième génération à siéger danscette instance.

Les propos de Nicolas Sarkozy sur la« racaille » pendant la flambée de violen-ce dans les banlieues, à l’automne 2005ont encore creusé le fossé avec la jeunessemusulmane. De leur côté, les dirigeantsde l’UOIF constatent que la reconnaissan-ce de la religion musulmane n’est plusune priorité pour le ministre de l’intérieurmême si, lors du dernier rassemblementdu Bourget, le 6 mai, des élus UMPétaient présents. a

X. T.

L’organisationa longtemps vécugrâceaux généreuxdonateursdes pays du Golfe

Radiographie de l’Union des organisationsislamiques de France (UOIF), très structuréeet influente, souvent dénoncée pour ses liensavec la mouvance radicale des Frères musulmans

Focus24 0123Jeudi 22 juin 2006

Page 25: Le monde 22 06 06

Quai Branly. Contrairement à ce quenous indiquions dans la légende accompa-gnant la photo de Claude Lévi-Straussvisitant le Musée du quai Branly (Le Mon-de du 21 juin), Emmanuel Desveaux n’estpas chargé de mission auprès de JacquesChirac mais auprès du président duMusée, Stéphane Martin. Il est, d’autrepart, directeur d’études à l’EHESS.

Amérique latine. L’article intitulé« Immature Amérique latine » de JulioMaria Sanguinetti, publié dans la pageDébats du Monde du 20 juin, aurait dûêtre accompagnée du copyright El Pais.

Dreyfus. Vincent Duclert, auteur dupoint de vue paru dans Le Monde dusamedi 17 juin, intitulé « Dreyfus au Pan-théon ? », précise que le capitaineDreyfus a bien été réintégré dans l’arméepar une loi votée le 13 juillet 1906, au len-demain de l’arrêt de la Cour de cassationle réhabilitant totalement. Cependant,cette loi l’a seulement promu au grade decommandant et n’a pas reconstitué sacarrière comme l’ordonnait la reconnais-sance juridique de son innocence.Dreyfus demanda, en juillet 1907, samise à la retraite anticipée. Il reprit duservice durant les quatre années de la pre-mière guerre mondiale et termina sa car-rière militaire comme lieutenant-colonel.

Que cache la vague populiste ?En Europe centrale, les politiciens libéraux ne craignent pas le vote protestataire. Explications

RECTIFICATIFS ET PRÉCISIONS

Le populisme se répand danstoute l’Europe. Le Zeitgeist(le climat) populiste est ren-du responsable du non auxPays-Bas et en France, qui aenterré la Constitution euro-péenne ; et les mots d’ordre

populistes s’imposent dans le discourspolitique « normal » : Le Monde ne rap-portait-il pas récemment qu’une majoritéde Français approuve certaines idées deJean-Marie Le Pen, tandis que les partis degouvernement font de leur mieux pours’approprier ses thèmes ?

L’Europe centrale fait figure de capitalede ce nouveau populisme. Il est au pouvoiren Pologne, l’a emporté en Slovaquie danssa version de gauche, et fait une percée enBulgarie. De fait, le style populiste triom-phe dans la plupart des autres pays post-communistes. La recette de ce succès n’estpas un secret : elle est faite de colère, dehaine des élites, de flou politique, de désirégalitariste, de conservatisme culturel,d’euroscepticisme doublé d’anticapitalis-me, de nationalisme déclaré, de xénopho-bie latente, et d’autant de rhétorique anti-corruption que possible. C’est la versionélectorale du cocktail Molotov.

Curieusement, les libéraux ne semblentpas s’inquiéter ni se scandaliser outre

mesure de ce phénomène. On les sent unpeu honteux, assez mal à l’aise, mais guèreplus. Ils jugent le populisme à la mêmeaune que la prostitution : c’est vil et mal-honnête, mais inévitable et potentielle-ment très amusant. Les libéraux auraient-ils perdu leur capacité à se scandaliser ouleur modération a-t-elle d’autresexplications ?

Pour eux, démocratie et libéralismesont jumeaux. Ils ont donc pris l’habitudede s’attaquer à l’« antidémocratisme » deleurs ennemis. Ils dénoncent soit le dis-cours simpliste et manipulateur, adresséaux tripes, soit une politique électoralistefaite pour « acheter » les voix populaires.Mais, au fond, est-il interdit, en démocra-tie, d’en appeler aux passions du peuple ?Et qui décide quelles politiques sont popu-listes quand d’autres sont honorables ? Aufond, c’est la nature démocratique dupopulisme qui laisse les libéraux sans voix.

Mais leur passivité a aussi une autreexplication : ils savent que les populistes

ne sont pas, au fond, des antilibéraux. Lepopulisme est d’abord la stratégie marke-ting de tous ceux qui débutent en politi-que. En Amérique latine, cette doctrines’appelle la « politique du violon » : onempoigne le violon de la main gauche,mais on joue de la droite. En Europe, onfait campagne sur des thèmes populisteset on gouverne selon les recettes libérales.Dans un monde politique européen domi-népar de faux socialistes, de faux conserva-teurs et de faux écologistes, les faux popu-listes sont la dernière trouvaille.

Ainsi, quand, en 2001, l’ancien roi deBulgarie, Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha, a fondé un nouveau parti politiqueet causé un véritable tremblement de terreen remportant la majorité au Parlement,les observateurs ont conclu au triomphedu populisme. Le parti du roi s’était impo-sé dans toutes les classes d’âge, de revenu,ou de niveau d’éducation. Son discoursétait vague et opportuniste, et son ton plusmoraliste que politique. Quelques annéesplus tard, son parti a rejoint l’internationa-le libérale et a été un facteur décisif dansl’intégration prochaine de la Bulgariedans l’Union européenne. Les libéraux ontdonc peut-être raison de ne pas trop s’enfaire, puisqu’il pourrait se révéler que lespopulistes ne sont que des libéraux qui

avancent masqués. Le « facteur Unioneuropéenne », justement, pèse de tout sonpoids dans ce manège entre populistes etlibéraux.

Ces derniers se raccrochent à l’UE unpeu comme les laïques turcs se raccro-chent à l’armée pour endiguer l’is-lamisme. Mais si l’UE est le dernier rem-part pour stopper les populistes, elle estaussi la cause de leur succès. Les électeursqui subissent les contraintes fixées parBruxelles ont le sentiment que, s’ils peu-vent changer les hommes, ils sont impuis-sants à infléchir les politiques. D’où leurattirance pour les partis antisystème,qu’ils soient de gauche ou de droite.

Il y a un dernier aspect à ce pas de deuxentre libéraux et populistes, et c’est sansdoute le plus intéressant. En ce moment,les populistes gagnent les élections enpourfendant la corruption. Or, à l’origine,le discours anticorruption a été produitpar les libéraux eux-mêmes. Vers le milieudes années 1990, en Europe centrale, lemécontentement populaire montait, lesgens ne supportaient plus d’être exhortésà la patience en attendant que les réformesprônées par l’Occident portent leursfruits. Le sentiment anticapitaliste, et par-ticulièrement antiprivatisations, grandis-sait. L’accusation de corruption devintalors, pour le citoyen postcommuniste, leseul moyen d’exprimer sa déception àl’égard des élites politiques et de se lamen-ter sur la perte des espoirs nés de 1989.

Les libérauxse sont emparésde la rhéto-riqueanticorruption, qui leur semblait pré-férable à d’autres expressions de colère,comme le nationalisme xénophobe,d’autant qu’elle semblait une occasion derecadrer le débat. La corruption était unvéritable problème, sans doute celui qu’ilfallait régler le plus rapidement.

Mais en fin de compte ce discours estdevenu le point faible des libéraux, parcequ’ils n’ont pas su interpréter les aspira-tions anticorruption des gens. Aux yeuxdes libéraux, la corruption est un problè-meinstitutionnel dont les réponses se trou-vent dans une plus grande transparence etune série de réformes ; tandis que, pourl’opinion publique, c’est une questionmorale : il faut que les hommes au pouvoirsoient intègres. Quand les libéraux parlentd’équité, l’opinion comprend montée desinégalités. Quand ils accusent l’Etat decréer la corruption et vantent les privatisa-tions, la majorité blâme le marché et s’indi-gne du bradage des entreprises publiques.

Les enquêtes montrent que ce n’est pasla corruption à la petite semaine quiinquiète l’opinion, mais uniquement lacorruption des politiques. Et plus un gou-vernement tente de faire de la lutte contrela corruption sa priorité, plus les gens lesoupçonnentd’être corrompu. L’imaginai-re de la corruption possède sa propre dia-lectique : on commence par croire que lacorruption est partout, puis l’on seconvainc que tous les politiques sont cor-rompus, on atteint enfin le stade suprêmelorsque l’on pense que l’objet même detout gouvernement est la corruption.

La guerre contre la corruption auradonc rendu le populisme respectable. Atta-quer le populisme aujourd’hui, en Europecentrale, c’est défendre « les copains et lescoquins ». La tentative libérale pour dépoli-tiser la lutte contre la corruption et en faireun instrument de réformes institutionnel-les était condamnée d’avance. Les libérauxauraient dû comprendre que le populismeest avant tout une vision du monde danslaquelle la société est constituée de deuxgroupes séparés : le « peuple pur » et les« élites corrompues ».

Reste à savoir pourquoi les représen-tants des élites ne sont pas plus inquiets.Serait-ce parce qu’ils s’efforcent déjàd’être les prochains populistes ? a

Départ en vacances par Nicolas Vial

Les « Outreau »quotidiensde la justice

La formation des juges

Ainsi donc, notre justice fait grise mine aulendemain de l’affaire dite d’Outreau. L’ar-me absolue contre ce genre de dérive sem-ble avoir été trouvée : la collégialité. Maisqui dit « collégialité » dit mobilisationd’effectifs supplémentaires. Pour mener àbien une telle entreprise, le ministre de lajustice, par un arrêté en date du 1er juin, afixé à 200 le nombre de places offertes auconcours d’entrée à l’Ecole nationale de lamagistrature pour la session 2006, soitenviron 40 de moins que l’année précé-dente. Cela s’appelle se donner lesmoyens de ses ambitions, non ?

Clément IncertiChilly-Mazarin (Essonne)

L’estime et le respect

(…) Enseignante, je sais la désolation desélèves qui veulent travailler, et qui en sontempêchés par quelques « durs ». Un pro-fond sentiment d’impuissance et d’injusti-ce saisit alors ces élèves sérieux quin’osent plus se manifester, et encoremoins protester, par crainte de repré-sailles. Les familles souffrent avec leursenfants, et sont réduites au silence (…).Etre exigeant avec les jeunes, c’est unemarque de respect et d’estime. A condi-

tion d’être juste et raisonnable, et exigeantpour soi-même. Le laxisme est une formed’indifférence et de mépris. Dans le mêmeesprit reconnaître des devoirs est une mar-que d’estime (…). Une campagne présiden-tielle est l’occasion d’en débattre.

Lise Sandraz Paris

Musée Chirac

Non pas un musée d’art moderne occiden-tal comme Georges-Pompidou. Pas plusun mausolée des sciences et de l’industrieà la manière de Valéry Giscard d’Estaing.Encore moins une pharaonienne bibliothè-que, calquée sur l’ego de François Mit-terrand. Non, Jacques Chirac choisit l’ave-nir, c’est-à-dire l’émergence de l’homme,l’anthropologie naissante, l’universalitédes arts premiers. Question modernitéscientifique, M. Chirac possède quelqueslongueurs d’avance sur ses prédécesseurs.Nul besoin pour lui de se faire photogra-phier avec le dernier volume de JulienGracq. La culture classique d’aujourd’hui,c’est la paléo-anthropologie d’Yves Cop-pens et Pascal Picq. C’est aussi la sciencede pointe de demain. Il est rare qu’un chefd’Etat soit le contemporain du savoir deson temps.

Christian de MaussionParis

Aucourrierdeslecteurs

Banale, édifiante, cette petite his-toire racontée par l’avocate pari-sienne Françoise Cotta. Elle sedéroule il y a dix ans. Un jeune

homme est accusé de vols par sonemployeur. Sa juge d’instruction l’interro-ge :

« Alors, monsieur, vous croyez pouvoirnier encore longtemps ?

– Je suis innocent, madame.– Bien, monsieur, vous pourrez réfléchir

à la Santé. »Direction la prison, donc. Aucun témoi-

gnage, aucune preuve. Deux mois plustard, même interrogatoire.

« Alors, monsieur, ça vous a permis deréfléchir, la Santé ?

– Je suis innocent, madame.– Vous allez réfléchir encore un peu. »

Le client repart à la Santé. Le tempspasse. La défense obtient un nouvel inter-rogatoire. La juge reprend :

« Maître, expliquez-lui que son intérêt,c’est d’avouer. Comment vous mettre enliberté si vous n’êtes pas capable d’assumervos responsabilités ? (…) »

Le détenu avoue et repart pour la San-té.

« Madame le juge, il a avoué, mainte-nant, tenez votre parole, il faut le libérer. »

L’avocate a fini par convaincre sonclient de rédiger des aveux. Par précau-tion, la lettre fut envoyée au juge une foisreçu l’ordre de mise en liberté. « Six moisplus tard, il a été jugé et relaxé après que lalettre eut été lue devant les magistrats et unpublic sidérés », écrit Me Cotta, dansl’ouvrage collectif dirigé par l’une de sesconsœurs du barreau, Christine Courré-gé, Le Dossier noir de l’instruction.

Ces histoires de juges et d’avocats,innombrables « Outreau du quotidien »,dessinent au pochoir une réforme souhai-table de la justice pénale. Dans le débatrelancé après la catastrophe judiciaired’Outreau, les droits de la défense occu-pent une place centrale. Les avocats n’ontpas manqué d’apporter leur contribution.

Leurs plaidoiries explorent les pointsfaibles du système : l’égalité des citoyensdevant la justice, la pratique profession-nelle des juges, l’équilibre des armesdans le procès. Parce qu’il touche au sym-bolique et aux libertés, le procès pénalconcentre les analyses. Avec ses figuresdu mal à soigner : l’extorsion de l’aveu,l’usage débordant de la détention provi-soire, les instructions « à charge et àdécharge » devenues unijambistes, lesvoies de recours épuisantes et vaines.

Me Courrégé et ses vingt-neuf confrè-res auteurs ne croient pas au grand soir :« Pour être réaliste, il faut rester modeste »,défendent-ils. Ils espèrent plutôt un sur-saut des professionnels de la justice. Lemiroir tendu par le juge Fabrice Burgaudn’a-t-il pas provoqué un séisme ? Mat-thieu Boissavy, avocat à Paris lui aussi, etThomas Clay, professeur d’université,proches d’Arnaud Montebourg, optentdans leur Reconstruire la justice (OdileJacob, 176 pages, 19 ¤) pour une autrestratégie. Ils ont pour ambition de« réconcilier la justice avec les Français ».Leurs très mitterrandiennes 110 proposi-tions veulent dépasser « la focale obses-sionnellement fixée sur la justice pénale ».Pour eux, « la justice des Français estavant tout celle qui règle le contentieux dela famille, des loyers, des affaires, du tra-vail, etc. Il convient donc de faire des propo-sitions pour l’ensemble de l’institution ».

De son côté, Gilles-Jean Portejoie,ténor du barreau et maire adjoint deClermont-Ferrand, s’en tient dans sa Jus-tice au bénéfice du doute (Presses de laRenaissance, 208 pages, 17 ¤) à quin-ze pistes de réforme, mais invite les victi-mes au débat. Me Portejoie suggère d’ins-tituer un « acquittement au bénéfice dudoute » qui ouvrirait pour la partie civilele droit à indemnisation. Pragmatiques,programmatiques ou incantatoires, lesidées foisonnent. Déboucheront-elles ?Jugement après les élections, en 2007. a

Nathalie Guibert

Ivan KrastevPolitologue et président du Centerfor Liberal Strategies à Sofia

La guerre contrela corruption aura doncrendu le populismerespectable

Lelivredujour

Le Dossier noir de l’instruction,30 avocats témoignentsous la directionde Christine Courrégé,Odile Jacob, 316 pages, 20 ¤

Débats0123Jeudi 22 juin 2006 25

Page 26: Le monde 22 06 06

La nouvelle restauration des musées

Les Ombres, avec vue sur la tour Eiffel

On le sait peu, mais le Muséed’Orsay abrite l’un des plusélégants restaurants de Parisavec ses lustres de cristal étin-celants sous les plafonds

marouflés de Ferrier et Constant. C’estl’ancienne salle à manger et le fumoir del’hôtel d’Orsay, achevés en 1900, quioffrent leur exceptionnel décor classé àfresques, dorures et larges baies vitrées.L’on y déguste une cuisine traditionnellefrançaise de qualité élaborée par Chris-tian Leboutet, avec un foie gras de canardaux fruits, feuilles de moutarde et cara-mel de Banyuls (14 euros) ou bien unsteak d’espadon à la plancha, ragoût defèves et d’aubergines safranées, jus auchorizo (16 euros). C’est le groupe Eliorqui, à la suite d’un appel d’offres, vient derenouveler, pour onze ans, son contrat.

A partir des années 1970, les grandesréalisations de l’Etat – le Centre Pompi-dou, le Musée d’Orsay, la Cité des scien-ces et de l’industrie, le Grand Louvre –ont vu peu à peu leurs programmes inté-grer une ou plusieurs cafétérias, des espa-ces de petite restauration et parfois mêmedes restaurants à part entière selon desmodèles en vigueur à l’étranger, inspirésde l’expérience anglo-saxonne.

Une nouvelle législationAu Musée Guggenheim de Bilbao, par

exemple, c’est le chef basque Martin Bera-sategui (troisétoiles Michelin)qui supervi-se la restauration, tandis qu’à New York,au Musée d’art moderne (MoMA), le res-taurant The Moderna obtenu, avec un cheffrançais d’origine alsacienne, une étoiledans le guide rouge des restaurants deNewYorkparuà l’automne 2005.En Fran-ce, on a longtemps considéré que la cultureet le commerce n’étaient pas compatibles.Unenouvelle législationfavorisant leparte-nariat public-privé a été adoptée en 2003 ;et plusieurs musées ont vu leur statut êtreouvert à l’activité commerciale à la suite duMusée du Louvre et de la Cité des scienceset de l’industrie, qui avaient anticipé lemouvement en créant des boutiques et desespaces de restauration.

En échange de la concession donnée àdes sociétés privées, pour des périodes decinq à dix-huit ans, de créer des services

répondant à un cahier des charges, lesmusées perçoivent une redevance calcu-lée sur le chiffre d’affaires. Le leaderincontesté de la restauration concédée estle groupe Elior, très présent dans lesmusées franciliens, qui exploite aussiquelques établissements de prestige com-me le Jules Verne au second étage de latour Eiffel (étoilé Michelin), la Maison del’Amérique latine ou bien le Ciel de Paris(tour Montparnasse), et qui vient d’obte-nir la concession de la restauration aunouveau Musée du quai Branly.

Au Louvre, les Parisiens connaissentsurtout le café Marly, au logo rougecobalt et or, et ses plats minimalistes,impeccables et vite servis. C’est une cuisi-

ne classique dans l’univers Costes : sala-de de haricots verts, tartare poêlé,cabillaud vapeur garni de purée, pâtisse-ries de chez Secco. Mais le Louvre, selonElior, c’est une dizaine de restaurants dif-férents, dont le fleuron, Le Grand Louvre,situé sous la Pyramide, est dirigé par YvesPinard, cuisinier et amateur de peinturequi, le dimanche, propose un « ambigu »comme au XVIIe siècle, un ancêtre dubrunch. Café Mollien, café Denon, caféRichelieu, espaces de restauration rapidesur la mezzanine, les visiteurs du muséedisposent d’une offre multiforme.

Au Centre Pompidou, chez Georges(SNC Costes), on vise moins la restaura-tion de masse qu’une certaine élite bran-

chée, pour une somme qui dépasse80 euros en moyenne le soir. Carte élé-gante, faite de peu, quelques produitsfrais, des légumes spartiates. Un beau ver-re de bon vin, beaucoup de clients buvantde l’eau ou du thé, un service souple deserveurs jeunes et de jeunes filles, élégan-tes lianes.

Petit bijou d’architectureRéservons un véritable coup de cœur à

l’initiative récente du Musée d’artcontemporain du Val-de-Marne à Vitry –petit bijou d’architecture contemporaine– qui s’est attaché la collaboration dedeux jeunes chefs, Inaki Aizpitrate et Lau-rent Chareau, ainsi que les conseils de

Gilles Stassart, spécialiste de la confron-tation des arts plastiques et de l’alimenta-tion. Plus intéressante et aboutie qu’auTokyo-Eat (Palais de Tokyo à Paris), ladémarche de cette équipe est réellementnovatrice avec son plat de néobistrot(12 euros), ses mini- « installations » delégumes bruts, charcuterie, fromages etdesserts, ou son plat d’exposition emblé-matique de l’artiste exposé, ainsi le« mono lapin » lorsque l’artiste JacquesMonory est à l’affiche. a

Jean-Claude Ribaut

Le Transversal : place de la Libération (94400)Vitry-sur-Seine. Tél. : 01-55-53-09-93. Fermé lelundi. A la carte, compter de 25 à 35 euros.

Art et gastronomie fontaujourd’hui bon ménage.Ces dernières années,les musées parisiensont réservé des espacespour servir des repas

AlcoolLes Français apprécientles spiritueuxEn 2005, 3,61 millions d’hectoli-tres de spiritueux ont été consom-més en France, (5, 8 litres parhabitant)soit 1,2 % de moinsqu’en 2004. « La consommationdes spiritueux résiste relativementbien, même si elle est négative,dans un contexte général morosepour les boissons alcoolisées qui

voit une baisse inéluctable de laconsommation d’alcool et un dur-cissement des politiques de santépublique et de sécurité routière »,se félicite la Fédération françaisedes spiritueux. Bien que la Fran-ce reste, derrière la Grande-Breta-gne, le deuxième plus gros mar-ché en Europe, 38 % des Fran-çais affirment ne jamais en boire,et 39 % moins d’une fois parsemaine, selon un récent sonda-

ge d’Ipsos. Les alcools forts res-tent essentiellement prisés parles hommes, qui sont 36 % à enboire une fois par semaine aumoins (contre 12 % pour les fem-mes). Les moins de 25 ans sontdes buveurs plus rares : 42 %d’entre eux affirment ne jamaisen boire. La France produit460 millions de litres par an despiritueux, dont 350 millionssont exportés.

Rendez-vousGoûts

PARIS 7e

Le Petit NiçoisCuisine provençale

Spécialités : Bouillabaisse, Paëlla de la mer, Petits farcies, Morue à l’aïloli, Onglet de bœuf poêlé aux échalottes.

Formules de 18 € à 29 €Ouvert tous les jours

10, rue Amélie - 75007 - 01.45.51.83.65 - www.lepetitnicois.com

A la Cloche d’Or« Excellente cuisine de tradition

et belle carte de vin »Ouv. TLJ jusqu’à 5h du matin

- Fermé dimanche3, rue Mansart - m 01.48.74.48.88

PARIS 9e

LE POLIDOR depuis 1845« Ce lieu que fréquentèrent, tour à tour,Verlaine, Hemingway, Gide et Boris Vian...maintient des bons plats bien de cheznous, à prix modérés et la belle carte desvins perpétue la tradition ».Menu midi 12 € (entrée, plat, dessert)et 20 € - 41, rue Monsieur Le Princem 01.43.26.95.34 - O.T.L.J. jusqu’à 0h30

PARIS 6e

Ascot affiche d’emblée sa grandegénérosité et s’impose commeune adresse incontournable. À

deux pas des Champs Elysées, l’endroitest à la fois chaleureux et parfaitementclimatisé, convivial et chic. Les friandsde viandes de qualité y dégustent,par exemple, des onglets de bœuf,des cœurs de rumsteck, des pavésavec une sauce belle époque, desfaux-filets façon “New York strip”au poivre mignonnette… tous aussigoûteux que tendres. Ces morceauxde choix vous sont proposés en taillenormale, entendez un minimum de300 g, mais pour les petites faims, lamaison en propose quelques-uns en200 g. On s’y rend également pourdes sommités telles que le carré ou le

gigot d’agneau allaiton de l’Aveyron.Grande adresse oblige, les amateursapprécient les superbes huîtres quicomptent parmi les meilleures de la capitale.Ne passez pas non plus à côté des desserts grandioses, à l’instar de la crème de mascarpone au citronvert et fruits de saison, du macaronau chocolat et glace pistache, ducarpaccio d’ananas arrosé de vieuxrhum…

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PARIS 14e

AU MOULIN VERT

LE MUSÉE du quai Branly offredeux espaces consacrés à la res-tauration (le Café Branly au rez-de-chaussée et le restaurant LesOmbres, sur la terrasse), tousdeux accessibles indépendam-ment du musée.

Semblable à la coquille d’unormeau posé sur la toiture, le res-taurant jouit d’une vue exception-nelle sur la tour Eiffel, qui sembleavoir impressionné l’architecte.Celui-ci a imaginé le décor du res-taurant comme une ombre portéede la dentelle métallique sur leparquet, les tables et même lesassiettes. D’où son nom : LesOmbres.

Le groupe Elior, qui a obtenula concession, a confié à LouisGrondard, qui fit l’ouverture duJules Verne puis de Drouant, lesoin de recruter le jeune Arno Bus-

quet, 30 ans, second chez Lau-rent, formé chez Joël Robuchon,pour diriger la brigade. « Pas ques-tion d’imaginer une cuisine des ori-gines », dit Louis Grondard, maisde rappeler, par quelques symbo-les (légumes anciens et exotiques,produits du commerce équitable)et avec l’aide de Malraux que « lejardinier oublié avait fait planterdes arbrisseaux pour que, des sièclesplus tard, la psalmodie inconnue dela terre se fît entendre aux hom-mes ».

Ainsi le foie gras des Landesest-il accompagné d’un chutneyde mangue aux épices, la soupede carottes d’un assaisonnementau cumin, la tête de veau en terri-ne d’une gribiche aux herbes oùl’estragon impose ses fragrances.C’est une cuisine vive aux goûtstranchés, sans mièvrerie. Le sau-

mon légèrement fumé au bois dehêtre évoque-t-il le boucané, unetechnique de cuisson des Huronsd’Amérique ? Peut-être, mais lesfines lamelles de concombre àl’anis vert en font un plat de hautgoût. Même justesse des saveurs,avec un filet de veau sauce authon, inspiré du vitello tonnatoItalien, ou bien un canard de Chal-lans frotté au romarin. Chocolatd’Amérique, vanille de Tahiti, ana-nas au pain d’épices, les saveursdu monde sont conviées à cettetable, à des prix raisonnables. a

J.-C. Rt

Les Ombres. Portail alma. 27, quai Bran-ly, 75007 Paris. Tél. : 01-47-53-68-00www.lesombres.fr ouvre le 7 juillet (leCafé Branly au rez-de-chaussée est fer-mé le lundi.). Menu de saison : 32 ¤. A lacarte, plats en dégustation (45 ¤).

Dessins parus dans « Le Monde », affiches : Desclozeaux expose jusqu’au 30 juin à l’Ecole de l’image des Gobelins, 73, bd Saint-Marcel 75013 Paris.

26 0123Jeudi 22 juin 2006

Page 27: Le monde 22 06 06

Divine bonne mine ! Elle mas-que la fatigue et donne l’aird’être en forme. Certes, pério-diquement ressort l’image duteint de porcelaine, notam-

ment promue par des grandes marquesjaponaises, telles que Shu Uemura etSisheido, pour qui la peau blanche desgeishas demeure un idéal esthétique.Mais en Occident, à moins d’avoir unepeau très claire, sans défaut et sanstache, la peau bronzée demeure un critè-re de beauté, synonyme de bonne santé.

Mais, depuis quelques années, lescampagnes de prévention et les mises engarde des dermatologues – alarmés parl’augmentation croissante des cancersde la peau – ont sensibiliséles populations aux méfaitsdes UV (y compris dans lescabines spécialisées). Celles-ci ont entendu le message,elles ont limité les tempsd’exposition et amélioré laprotection. Surtout, elles ontdécouvert le produit mira-cle : l’autobronzant qui, com-me son nom l’indique, agittout seul. Sous l’effet de lamolécule DHA (dihydroxya-cétone) qui favorise la pigmentation, ceproduit est en quelque sorte une peintu-re qui colore la peau. Sans soleil.

Les marques de cosmétiques n’ontpas laissé passer cette opportunité. Ellesn’ont eu de cesse d’améliorer les pro-duits, parvenant à progressivement effa-cer nos mauvais souvenirs des premièrescrèmes autobronzantes qui faisaient leteint carotte, laissaient de grandes tracesdisgracieuses sur la peau et salissaientles vêtements.

La formule de la DHA a été améliorée.Concentrée à 3 % pour les peaux claireset 5 % pour les peaux mates, elle estdésormais associée, par exemple, à desacides de fruits qui lissent la surface de

la peau, de la glycérine et de la vitamineF qui la nourrissent. Du coup, les auto-bronzants, que l’on trouve désormais engel, crème, huile, lingettes ou spray,offrent une vraie hydratation et un sécha-ge de plus en plus rapide.

Résultat, l’autobronzant est devenuun best-seller parmi les cosmétiques : ila été utilisé en 2005 par 20 % des fem-mes. Dans les ventes des produits Jeand’Estrée, il se retrouve en cinquièmeposition derrière les crèmes antirides etpour peaux sensibles. Encore très saison-nier – on se rue dessus aux premiersrayons printaniers, pour pouvoir arborerla petite jupe jambes nues et bronzées etpour ne pas arriver toute blanche à la pla-ge –, l’autobronzant se vend aussi l’hi-ver, essentiellement pour le visage.

« On sait que les gens sont plus raison-nables avec le soleil, qu’ils renouvellentplus facilement l’application des protec-tions solaires toutes les deux heures »,remarque Catherine Brient, directricemarketing chez Jean d’Estrée. Aujour-d’hui, on aime toujours être bronzé,

mais sans forcément avoirenvie de jouer la crêpe pen-dant des heures sur un tran-sat. « L’autobronzant est unbon moyen de concilier la pru-dence et la bonne mine. Danscertains pays, comme leCanada, hostiles aux exposi-tions solaires et friands d’in-dices de protection très élevés,sa consommation est énor-me, presque un rituel. » Il estaussi fort apprécié en Gran-

de-Bretagne, où il permet aux peaux quiont du mal à ne pas rougir au soleil deprendre instantanément une jolie cou-leur.

L’utilisation de l’autobronzant, qui(faut-il encore le préciser ?) ne contientpas de filtre UV, est uniquement un ges-te de plaisir. « Chez nous, pas questiond’être contre le soleil. Au contraire. Nousen avons besoin pour la santé. Notre slo-gan, “La peau se protège en bronzant”,montre d’ailleurs bien que l’on encourageplutôt à le vivre avec intelligence, à traversdeux gestes bien différents : l’autobron-zant comme préparation à l’exposition etla protection solaire haute sécurité, indis-pensable pendant l’exposition », souligne

Christine Bonhomme, responsable mar-keting chez Esthederm.

Gélules préparatrices, cabine de jetsautobronzants qui assurent une bellecouleur sous toutes les coutures, prolon-gateur de bronzage relèvent d’une mêmevolonté : se donner et offrir aux autresun teint « bonne santé ». Le bronzageest un phénomène social et culturel qui,selon les marques de cosmétiques, n’estpas près de disparaître. D’ailleurs, cha-

cun continue de travailler à une meilleu-re performance de ses produits. L’Oréalavoue continuer à développer des formu-les de plus en plus perfectionnées,notamment sur la qualité du hâle. ChezJean d’Estrée, on reconnaît que l’idéalserait de faire, en matière d’autobron-zant, du sur-mesure, adapté à chaquetype de peau. A l’impossible, nul n’esttenu ! a

Véronique Cauhapé

PréventionQue faire en cas de volde son mobile ?En cas de vol, les propriétaires detéléphone mobile doivent nonseulement faire suspendre leurligne afin d’éviter de payer lescommunications du voleur, maisaussi faire en sorte que l’appareildevienne inutilisable.Il suffit pour cela de noter et deconserver le numéro IMEI (Inter-national Mobile Equipment Iden-tity), sorte de carte d’identité del’appareil. Ce numéro apparaîtlorsqu’on compose #06# sur leclavier ; il est également inscritsous la batterie de l’appareil etsur l’étiquette de son coffret d’em-ballage. Il faut aussi porter plain-te auprès du commissariat depolice ou de la gendarmerie enindiquant le numéro IMEI, puisenvoyer par courrier une copiedu récépissé ou du procès-verbalde la plainte au service clients deson opérateur.Entre 2003 et 2005, le nombre devols a reculé de 14 % et 40 000tentatives d’appel à partir demobiles volés ont été bloquéeschaque mois en 2005 (contre12 000 en 2004).

ManuelPour écrireen toutes circonstancesMême lorsqu’on aime écrire, onpeut se trouver désemparé lors-qu’on veut adresser une lettre derupture ou de condoléances ouqu’on doit écrire à son banquierou à son percepteur. Le PetitManuel d’écriture à l’usage descomplexés de la plume (ou de lasouris) d’Anne-Françoise Boul-land (éditions Village Mondial,

223 p., 17 euros) a recensé entrois parties, « écrire à la mai-son », « écrire au travail » et« écrire pour soi », les différentescatégories de missives, sansoublier le courriel. On y trouverade nombreux conseils et astucespour s’en sortir honorablement.

EnfanceUn CDcontre les dangersL’association Enfance et partage,qui lutte depuis près de trenteans pour la reconnaissance et ladéfense des droits de l’enfant, lan-

ce « Protection de l’enfance – Sui-vez Arthur ! », un CD-Rom d’in-formation et de prévention desti-né aux enfants de 6 à 10 ans. Réa-lisé par des spécialistes, ilapprend aux enfants commentréagir face à des situations à ris-ques ou en cas de maltraitance etcomment se protéger lorsqu’ilsutilisent Internet. Ce CD-Romest disponible gratuitement, etsur demande faite par courrier(en joignant 2 euros pour lesfrais de port), auprès de l’associa-tion Enfance et partage, 2-4, citéde l’Ameublement, 75011 Paris.

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AVEC ou sans toi, mais pas sanstoit pour toi : cette maxime à laRaymond Devos résume l’engage-ment moral que devrait prendretout propriétaire d’animal domes-tique. Il est, en effet, quelquefoisdifficile d’emmener son compa-gnon à quatre pattes avec soi envacances. On doit s’assurer, lorsde la réservation, qu’il sera accep-té à l’hôtel, dans le centre de vacan-ces ou au camping. Il ne pourraaccéder à ces établissements ques’il est tatoué, vacciné et munid’un certificat de santé.

A la mer, il sera exclu de nom-breuses plages et à la montagne,

de tous les parcs naturels. Enfin,pour un départ à l’étranger (l’ani-mal doit être âgé de plus de3 mois) il faut s’enquérir des exi-gences propres au pays : vaccina-tions, tatouage, puce électronique,traitement antiparasitaire. Se ren-seigner auprès du vétérinaire.

Parallèlement à sa campagneannuelle contre l’abandon des ani-maux (sanctionné par deux ans deprison et jusqu’à 30 000 eurosd’amende), la Fondation 30 Mil-lions d’amis édite un dépliant inti-tulé Vacances pas bêtes. On y trou-ve, notamment, la carte des plagesoù la présence des chiens est auto-risée, ainsi que la réglementation :par exemple, l’obligation de tenirson animal en laisse.

Un chien casanierSi on voyage en train, on acquit-

tera 8 euros pour un animal depetite taille, pesant moins de 6 kg,placé dans un sac. Un gros chientenu en laisse paiera demi-tarif.En avion, tout dépend de la taillede l’animal : les plus petits reste-ront en cabine avec leur maître,les autres iront en soute climati-sée et pressurisée ; dans ce cas, ilfaut louer ou acheter une cageréglementaire. Les tarifs descages et du transport varientselon les compagnies.

Le maître qui ne peut pas par-tir avec son animal optera pourl’une des différentes formules degarde, à domicile, en pension, oudans une famille d’accueil. Lechoix dépendra à la fois de la

durée de l’absence et du caractèrede l’animal. Pour un chien casa-nier et âgé, on préférera la gardeou les visites à domicile. Dans lepremier cas, une personne (sou-vent un couple de retraités) s’ins-talle à demeure. Dans le second,on s’adresse à une société de servi-ces qui envoie une ou plusieursfois par jour une personne char-gée de nourrir et de promener lechien (10 à 15 euros l’heure ou lepassage). Là encore, le dépliantpropose des adresses d’organis-mes sérieux.

On peut aussi confier cette mis-sion à des voisins ou à des pro-ches (famille, amis). Si elle dépan-ne pour quelques jours, cette solu-tion peut se révéler contraignanteà la longue, excepté lorsqu’on dis-pose d’une maison confortable(villa avec piscine, par exemple)située dans un lieu agréable, oùles personnes pressenties serontravies de s’installer gratuitementquelques semaines, en contrepar-tie de la garde des animaux.

Pour un chien plus jeune etsociable, on cherchera unefamille d’accueil près de chez soi,que l’on trouvera par l’intermé-diaire d’organismes spécialisés,car il s’agit là d’un appariement« sur mesure ». On peut aussiconfier l’animal à une pensionque l’on prendra soin de visiterpréalablement et où on le placeraquelques jours avant le départ,afin de s’assurer que tout se passebien. a

Michaëla Bobasch

L’autobronzantou avoir bonnemine sans danger DÉSORMAIS, grâce au simulateur

Marel (Ma Retraite En Ligne), il sera pos-sible de calculer soi-même sa retraite enquelques clics. Ce site remplace la plu-part des instruments existants, notam-ment celui de la Caisse nationale d’assu-rance-vieillesse. Il fait partie des nou-veaux outils d’information que le GipInfo Retraite, qui coordonne les travauxdes 38 organismes de retraite, devait pré-senter, mercredi 21 juin, en direction desfuturs retraités.

Avec Marel, il suffit de répondre auquestionnaire : date de naissance, dated’entrée en activité professionnelle, chô-mage, jobs étudiants et emplois temporai-res, période de service militaire pour leshommes, cotisations à des organismesde retraite complémentaire, salaire dedébut d’activité et salaire actuel. Il fautégalement préciser l’évolution des rému-nérations tout au long de la carrière. Onanticipe enfin, à l’intérieur d’une four-chette donnée, son revenu de fin de car-rière.

A partir de ces données, le simulateurcalcule le montant mensuel de la pension(retraite de base et complémentaire)qu’on peut espérer à 60, 61, 62, 63, 64 et65 ans). A l’exception des professionslibérales, qui seront intégrées à la fin2006, tous les régimes sont pris en comp-te : salariés du privé et de la fonctionpublique, artisans, commerçants, agricul-teurs, adhérents des régimes spéciaux,élus locaux.

« Cet outil de simulation ne remplacepas le bilan personnalisé que nous prati-quons. Nous partons en effet des cotisationseffectivement versées aux organismes deretraite et des droits effectivement acquis.Enfin, nous offrons des services complémen-taires en fonction de ce que demande leclient », affirme Pierre Péchery, prési-dent de France Retraite, un des organis-mes qui fournissent le même servicemoyennant finances (357 euros).

Le Gip Info Retraite prépare aussi lamise en place du système qui permettrad’adresser tous les cinq ans, à chaqueassuré, un document sur les droits qu’ils’est constitués et sur le montant estiméde sa future retraite. Les plus de 50 ans lerecevront à partir de 2007 et les plus de35 ans en 2010. a

M. Bo.

Accès par www.info-retraite.fr et par tous lessites des régimes de retraite. Ou directement :www.marel.fr

INTERNET

Un site publicpour calculersa retraite

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Animaux en vacances

On se rue dessusaux premiers

rayons printaniers,pour pouvoir

arborer la petitejupe jambes nues

et bronzées

pratiqueTéléphone. Le 32-60 (0,15 eurola minute), service de la Fondation30 Millions d’amis ; jusqu’au31 août, de 10 heures à 12 heureset de 15 heures à 17 heures.Internet. www.30millionsda-mis.fr (on y trouve le dépliantVacances pas bêtes).www.spa.asso.fr (site de la socié-té protectrice des animaux : listedes plages autorisées, conseils).www.etapes-avec-animaux.com(hôtels accueillant les animaux ;site réalisé avec le concours de laFédération française des commer-ciaux). www.leguidedeshotels-quiaimentleschiens.com (400hôtels ; guide à commander sur leNet ou par courrier : SociétéB. Grégoire consulting, 264, rueJean-Monnet, 27012 EvreuxCedex ; 20 euros.

Ces produits miracles, qui teintent la peau, évitent le désagrément de se retrouvertout blanc sur les plages estivales. SYLVIE BOUVIER POUR « LE MONDE »

En hausse, les ventesde ce produit témoignentde la persistancede la mode du bronzageet de la prise en comptedes risques du soleil

MODES DE VIE0123Jeudi 22 juin 2006 27

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LES NOUVEAUX FILMS

Crise de croissance à la Cinémathèque

CorridaUne campagne d’affichagecontre la tauromachie à ParisLa Société protectrice des animaux(SPA) et le Comité radicalement anticor-rida (CRAC) ont lancé une campagned’affichage contre la tauromachie,appuyée par dix personnalités, dont lefondateur de Charlie Hebdo, FrançoisCavanna, le scientifique et essayisteAlbert Jacquard, le philosophe MoradEl Hattab et le chanteur Renaud, quiont apposé leur signature sur les affi-ches sous le slogan : « Corrida : la souf-france n’est pas un spectacle. La loi doitl’interdire ! »Cette campagne n’aura lieu qu’à Paris,dans les rues et dans le métro, car « suiteaux pressions locales exercées, notammentpar les municipalités taurines », a expli-qué la SPA, l’afficheur y a renoncé « audernier moment dans les villes du Sud ».Selon la même source, la CRAC arecueilli plus de 280 signatures au basd’une pétition pour l’abolition des corri-das, parmi lesquelles celles de deuxanciens premiers ministres, RaymondBarre et Michel Rocard. – (AFP.)

La Cinémathèquefrançaise a enrichises activités et accruson public depuis neufmois. Mais la fusion avecla Bibliothèque du filminquiète les salariés

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Arts, expos, photographie, cinéma, danse, musique et théâtre.

Supplément gratuit de 28 pages dans 0123 du jeudi 22 juin daté vendredi 23 juin 2006

LaNébuleusedu cœurAUTEUR d’une soixantaine de documen-taires, l’ethnologue Jacqueline Veuves’est vue récemment contrainte de se faireposer un pacemaker. Cette épreuve lui adonné l’envie de connaître l’histoire ducœur des autres. D’où cette étude de l’orga-ne dans tous ses états : peint ou cuisiné àla poêle, greffé ou transplanté. L’échogra-phie d’une femme enceinte ou la soumis-sion de l’organe vital de Louis XVII au testADN font-elles comprendre ce qu’est uncœur d’enfant ? Quoi de commun entre cemuscle autopsié, cette icône en cire, sucreou or vénérée dans les églises ou lesmusées, et les émotions qui lui sont asso-ciées ? Effrayée de voir son « cœur en paind’épice » battre au ralenti, Jacqueline Veu-ve court d’hôpitaux à la Basilique de Saint-Denis, recueille les témoignages du cardio-logue ou du boucher, des « malades » etdu pathologiste, pour un périple assezenjoué qui vise à honorer les gens de

cœur : donneurs d’organes, amateursd’âmes, collectionneurs de reliquesvivantes. a

J.-L. D.Documentaire suisse de Jacqueline Veuve(1 h 30.)

DikkenekAMATEURS DE BÊTISE, de médiocritéet de laideur, vous allez vous régaler. Lesautres, méfiez-vous des risques d’indiges-tion. Produite par Luc Besson et réaliséepar Olivier van Hoofstadt, la comédie bel-ge Dikkenek rassemble une brochette depersonnages issus de classes sociales diffé-rentes, mais réunis par une commune bas-sesse instinctive. Pourquoi ? Pure complai-sance envers les pires travers de l’humani-té ? Désir de caricaturer la Belgique com-me un pays de beaufs pas remis de l’affai-re Dutroux ? Ou d’évacuer une bonne foispour toutes un paquet de haine de soi, sigros qu’il étouffe tout, sens du récit et sensde l’humour compris ? Car si l’absence descénario cohérent pourrait éventuelle-

ment renvoyer à une tradition belge d’hu-mour absurde, les gags, eux, font cruelle-ment défaut – ou, du moins, n’appellent-ils pas le moindre sourire. On est doncailleurs. Dans un cinéma où ne compteque la capacité à définir un vague conceptvendable, et éventuellement à réunir unepanoplie d’acteurs « bancables » (sûrsd’être rentables pour leur producteur).Soit ici, aux côtés de deux Belges inconnusdu public français : Marion Cotillard,Dominique Pinon, Jérémie Renier, Cathe-rine Jacob, Mélanie Laurent. a

I. R.Film franco-belge d’Olivier van Hoofstadt. AvecFrançois Damiens, Jean-Luc Couchard, MarionCotillard. (1 h 24.)

Metal,voyageau cœurdelabêteLE HEAVY METAL est un genre musicaldécrié, qui suscite les moqueries (et mêmedes chefs-d’œuvre de moquerie, comme lefilm This is Spinal Tap) et parfois la persé-

cution. Ethnologue et fan de metal, SamDunn entreprend de redresser tous lestorts dont a été victime sa musique d’élec-tion. Il le fait de manière si scolaire, siméthodique, que l’on se convaincra viteque cette musique bruyante n’attire pasque des bons à rien, mais aussi d’excel-lents éléments. On glanera, dans cette dis-sertation, quelques anecdotes piquantes :comment Ronnie James Dio, chanteurentre autres de Black Sabbath, a répanduparmi les fans de metal le signe du diable(poing fermé, pouce et petit doigt éten-dus) après l’avoir emprunté à sa grand-mère sicilienne. Et l’on se remémorera,avant de procéder à la canonisation d’AlGore, le rôle peu glorieux qu’a joué l’an-cien vice-président (alors sénateur) dansla tentative de censure dont firent l’objetles musiciens de heavy metal, en 1984.Mais ces petites perles sont enchâsséesdans une démonstration répétitive dont larhétorique laisse à désirer. a

T. S.Film documentaire américain de Sam Dunnet Scott McFayden (1 h 36.)

La Cinémathèque française seremet de son premier mouve-ment de grève depuis vingt ans.Pendant une semaine, du 1er au8 juin, les personnels ont été

rejoints par ceux de laBibliothèque du film(BiFi)pourdire leurmécontentement, cris-tallisé sur le projet de licenciement pourfaute grave d’une salariée de l’accueil (LeMondedu10 juin). L’ampleurde cemouve-ment a été tel que la direction a préférérenoncer à cette sanction et reclasser lasalariée dans un autre service.

Cet incident lié à une mésentente, som-me toute banale, entre une salariée et sachef de service a déclenché un mouvementdont la radicalité a pour le moins surpris.La grogne provient du double statut despersonnels de l’accueil – certains font par-tie de la Cinémathèque, les autres sontemployés par une société externe, la Ceri-tex. « Les grilles de salaires et les conventionssont différentes. Ils n’ont pas tous les mêmessalaires pour le même travail », affirme unreprésentant du personnel. N’ayant pas lesmoyens d’entretenir une vingtaine de per-sonnes à la billetterie, au contrôle et à l’ac-cueil, la directionde la Cinémathèqueenvi-sage d’externaliser tous ces postes. Quitteà reclasser ses propres employés qui occu-pent actuellement ce type de fonctions.

Cette crise a laissé des fractures profon-des au sein même de la direction, diviséesur lecas de la salariée incriminée.La Ciné-mathèque avait déjà, par le passé, procédéà des licenciements, sans déclencher un teltollé. Mais cette crise a, par ricochet, dévoi-lé des inquiétudes sur la difficile mise enplace de la fusion entre la Cinémathèque etla BiFi, prévue sur le papier en jan-vier 2007. Avec ses milliers d’affiches, dedessins de costumes et de décors de films,de photographies de tournages, d’ouvra-geset d’archives sur le cinéma, la BiFi, déjàinstallée dans le même bâtiment que laCinémathèque, est accessible aux simplescinéphiles et aux chercheurs.

Les représentants du personnel dénon-centun manque dedialogueet deconcerta-

tion sur cetépineux sujet, qui devrait abou-tir à une absorption de la BiFi par la Ciné-mathèque. Cette dernière devrait voir seseffectifs gonfler de près 70 employés, quis’ajouteront aux 110 actuels. Les syndicatset les représentants des salariés redoutentqu’« un schéma d’économie libérale ne s’ap-plique sur un projet culturel, au risqued’oublier les missions de la Cinémathèque ».

350 000 visiteurs en neuf moisMais ils ont surtout peur d’une réduc-

tion des effectifs. Serge Toubiana, le direc-teur de la Cinémathèque, écarte totale-ment une telle hypothèse : « Nous avonsdéjà engagé quarante personnes depuis deuxans, ce qui est rare dans l’actuel contexte bud-gétaire.Les métiers exercés par laCinémathè-que et la BiFi sont globalement complémen-taires, et il n’est pas du tout envisagé de sup-primer des postes. Au contraire, c’est unefusion qui va coûter de l’argent. » La Ciné-mathèque a réussi la première étape de sa

métamorphose : son déménagement, finseptembre 2005, rue de Bercy (12e arron-dissement de Paris), dans le bâtiment deFrank Gehry. Ce changement s’est accom-pagné d’une forte augmentation de sesactivités – renforcement de l’action cultu-relle et pédagogique, de la programma-tion, création d’un service juridique, etc. –et d’un accroissement de ses publics. Lelieu a attiré 350 000 visiteurs en neuf mois(dont 175 000 dans les quatre salles et155 000 pour les expositions Renoir etAlmodovar). Avant de déménager, oncomptait 115 000 spectateurs par an, maisdans deux salles seulement.

Ce pari d’élargir la base de la fréquenta-tion grâce à des expositions temporaires afonctionné en un temps record. La concur-rence s’exerce finalement très peu avec lesgros multiplexes du quartier : entre le1er janvier et le 6 juin, la fréquentation del’UGC Cité Bercy a augmenté de 8 % (à1,194 million d’entrées) et celle du MK2

Bibliothèque, situé de l’autre côté de la Sei-ne, a augmenté de 17 % (à 523 480). Signeque la Cinémathèque a su drainer et élar-gir son propre public. La compétition esten revanche bien plus vive avec les autressalles d’art et essai parisiennes.

Le ministère de la culture, qui finance,via le Centre national de la cinématogra-phie, 85 % du budget de la Cinémathèque,a jusqu’à présent réellement soutenu cetteinitiative, en triplant en trois ans sa contri-bution (à 17,76 millions d’euros en 2006,en hausse de 10 % par rapport à 2005).Depuis trois ans, les bilans sont positifs etpermettent de combler un déficit cumuléde 1 million d’euros. Toutefois, les créditsalloués à la restauration des films se rédui-sent comme peau de chagrin.

« On m’a demandé d’emmener la Ciné-mathèque à Bercy. J’ai fait mon boulot », ditSerge Toubiana. S’il n’avait jamais dirigéuneentreprise de cette taille avant de pren-dre la tête de la Cinémathèque, l’ancien

pilier des Cahiers du cinéma possède uneréelle légitimité. Adossée à un statut assezpesant d’association de loi de 1901 -quidoit être modifié pour introduire unenotion de commerce en vue de l’ouvertured’une librairie-, la Cinémathèquereste aty-pique. Elle a connu des crises à répétition,même sous les règnes très dynamiquesd’Henri Langlois ou de Dominique Païni.

« La deuxième phase sera de pérenniser lesuccèsdes salles,d’augmenter encore lavisibi-lité de nos expositions, assure M. Toubiana,tout en réussissant la fusion avec la BiFi. Onva encore changer d’échelle. » Il concèdequ’une telle opération est « compliquée »et que les deux directions dialoguent« plus ou moins ». Il espère que « la tutelleaidera à pacifier le terrain ». « La concerta-tion est impérative, et la fusion effective desdeux structures – pas seulement son proces-sus administratif et juridique – prendra aumoins trois ans », dit-il. a

Nicole Vulser

La salle Henri-Langlois (415 places) de la Cinémathèque française, rue de Bercy à Paris. STÉPHANE DABROWSKI

CULTURE28 0123Jeudi 22 juin 2006

Page 29: Le monde 22 06 06

Cette semaineavec Le Monde 2un supplémentgratuit consacréau vin.

Vendredi 23 juin en région parisienneet samedi 24 juin partout en France

La petite famille des horreurs LES NOUVEAUX FILMS

C’est le célèbre critiqueaméricain Roger Ebertqui le dit : « Au coursdes années 1960, lesgens sont devenus cyni-

ques et ironiques. Les films deminuit ont ouvert la porte à la nais-sance de l’ironie. » On ne sauraitmieux exprimer l’idée : ce dontparle Midnight Movies est cettetransformation du spectateur, duchangement profond qui allaitmodifier le public des films etengendrer une mutation ducinéma.

A coups de témoignages diverset d’extraits, le documentaire deStuart Samuels retrace l’histoirede la réception d’une poignée defilms dont le succès fut très diffé-rent des conditions normales dusuccès en salles. Des films qui,après une exploitation tradition-nelle peu conséquente, ont connuune nouvelle carrière, glorieusecette fois, en étant projetés, sanspublicité, dans des séances deminuit.

Quoi de commun entre le wes-tern métaphysique d’AlexandreJodorowsky El Topo, l’horreurgore séminal de La Nuit des morts-vivants de George Romero, lepolar musical jamaïquain Tout,tout de suite, de Perry Henzel, lemauvais goût underground dePink Flamingos de John Waters, ledélire musical de The Rocky Hor-ror Picture Show de Jim Sharman,

l’inquiétante et incompréhensiblefable Eraserhead de David Lynch ?D’avoir connu une gloire véritablegrâce à leur passage dans les pro-jections de minuit, pour la plu-part, dans le célèbre et désormaismythique cinéma Elgin de NewYork. Un nouveau type de partici-pation du public y est né, qui pou-vait, dans les cas plus extrêmes(The Rocky Horror Picture Show),organiser de véritables cérémo-nies (déguisements et reprises enchœur des répliques, etc.), don-nant son véritable sens à l’expres-sion film-culte.

Ce qui résisteSymptôme d’une transmuta-

tion du spectateur de cinéma, cesséances furent aussi l’occasionpour un certain nombre d’œuvresindépendantes relevant d’uneesthétique marginale, peu noble,voire extravagante, de se décou-vrir un public potentiel avantd’être progressivement intégréeset récupérées par le système hol-lywoodien ou la cinéphilie interna-tionale.

Quoi de mieux que le parcoursd’un John Waters ou d’un DavidLynch pour en témoigner ? Maisle plus troublant est sans doute dedécouvrir à nouveau à quel pointun film pouvait avoir plusieursvies en salles. En serait-il demême aujourd’hui ?

La parodie cinématographique

est aujourd’hui fille de cet engoue-ment distancié né alors, même sila tradition remonte parfois à plusloin. Ainsi, la série des ScaryMovies, dont le quatrième épisodesort en salles, doit sans douteautant à une antique tradition demise en boîte des conventions dufilm d’épouvante qu’à l’ironie« moderne ». Cependant, peuconvaincant, ce quatrième épiso-de repose sur un trop faible nom-bre de gags que les auteurs s’em-pressent de surligner abondam-ment, comme s’ils étaient fiers deleurs maigres trouvailles.

Pourtant, ce qui résiste aujour-d’hui, et que vient de démontrerbrillamment le film d’AlexandreAja,La colline a des yeux (lire ci-des-sous), c’est cette capacité deréflexion transgressive quecontiennent parfois les ressorts dela série B. Une réflexion qui a putrouver par le passé, comme le rap-pelle le film de Stuart Samuel enévoquant La Nuit des morts-vivants de George Romero, unpoint de jonction avec un souci col-lectif de critique subversive de lasociété. a

Jean-François Rauger

Midnight Movies. Film américain deStuart Samuels. Avec John Waters,David Lynch, George Romero. (86 min.)Scary Movie 4. Film américain de DavidZucker. Avec Anna Faris, Regina Hall,Craig Bierko. (1 h 23.)

Le premier mérite de La colline ades yeux est sans doute de rem-plir avec succès le contrat qui lelie implicitement au spectateurdu samedi soir amateur de ter-

reur cinématographique qui se risqueraitdans une des salles qui le projette : leplonger en terrain connu et lui offrir mal-gré tout son lot de surprises.

Celles-ci ne seraient pas seulementcomprises dans les diverses manières dele faire sursauter de frayeur, mais aussidans la façon de donner un sens aux cli-chés sur lesquels il fonctionne. Il nes’agit pas d’opposer la peur à l’intelligen-ce, mais bien plutôt de voir comment cel-le-ci peut trouver sa pâture dans l’épou-vante elle-même ou, en tout cas, dans cequi la rend possible et en constitue l’ori-gine.

Tout d’abord, La colline a des yeux, réa-lisé par Alexandre Aja, est un remake :celui d’un film de Wes Craven, succès dela fin des années 1970. C’est à cette épo-que que le fantastique cinématographi-que, entendu au sens large, désormaislégitime, s’assure une place dans la sérieA hollywoodienne et devient presque sys-tématiquement rentable. Aussi, et sur-tout, il se révèle une incroyable machineformelle contribuant, par la liberté figura-tive que les auteurs s’y autorisaient,d’une manière poétique tout autant queradicale ou transgressive à décrire lemonde contemporain et ses transforma-tions inquiètes.

Il y avait dans le film de Craven, com-me d’ailleurs dans ceux qui lui ont servide modèle (Délivrance, Massacre à la tron-çonneuse), une critique violente de l’idéed’un état primitif et idéal de l’Amérique

tout autant qu’une manière de dévoilerce qu’il pouvait y avoir de barbare dans lacivilisation elle-même. La vague récentede remakes de films d’horreur à laquellele film d’Aja appartient doit notammentson existence au souci de recréer plus pré-cisément et plus efficacement, avec désor-mais les moyens offerts par la techniquenumérique, les univers monstrueux etfantasmagoriques, mais aussi l’hyperréa-lisme gore lié au genre.

Les membres d’une famille américai-ne moyenne, traversant pour ses vacan-ces le désert du Nevada, deviennent laproie d’un clan d’autochtones dégénérésqui ne leur épargnent aucun sévice ettuent la plupart d’entre eux, avant de suc-comber sous les coups vengeurs des survi-vants, ceux-ci répondant à la barbariepar plus de barbarie encore.

Ce schéma, ce programme pourrait-on dire, d’une simplicité biblique fait l’ob-jet par le réalisateur et ses scénaristesd’un traitement inventif et d’une efficacemontée dramatique de la tension qui ali-

mente avec succès une jubilation et uneexcitation un peu enfantines. Mais, eninscrivant dans un théâtre et un contexteparticulier son récit, Aja en dévoile quasithéoriquement la pulsion quiest, en fait, l’origine de sonprojet. Les agresseurs mons-trueux sont les habitantsd’une région où eurent lieudiverses explosions atomi-ques expérimentales dans lesannées 1950.

Contaminés, ils viventdans des décors utilisés àl’époquepar l’arméeaméricai-ne pour évaluer les effetsdévastateurs de l’armenucléaire. A l’intérieur mêmede ces habitations vouées à connaître lesouffle de l’explosion se trouvaient dispo-sés des mannequins, effigies destinées àsimuler de dérisoires silhouettes humai-nes.

Au-delà de la beauté un peu surréalisteque font surgir ces pantins de plastique,

c’est toute une vision de la civilisation quis’y trouvait caricaturée et réduite ici àl’état de ruines. Ces mannequins simu-laient la vie quotidienned’une famille amé-ricaine banale (un mari dans un fauteuil,des enfants devant la télévision, etc.).

Avec le rappel de cette vision d’une exis-tence calme et désuète, le réalisateur mon-tre ce qui fait le centre véritable de sonœuvre : une idée de la famille qui, au-delàde l’antagonisme facile sur lequel le récitsemble fonctionner (bonne famille contremauvaise famille dégénérée et clanique),la désigne comme l’objet en soi, la ciblemême de la pulsion qui donne au film tou-te son énergie. Comme ces militaires etsavants atomistes, finalement, quivoyaient, peut-être, l’exutoire d’un secretdésir de mort dans l’horizond’une destruc-tion du modèle dérisoire de ce bonheur unpeu idiot vu par l’American way of life del’ère Eisenhower.

Le surcroît de violence qui caractérisece remake d’un film pourtant déjà bienéprouvant est sans doute à mettre aucompte de ce souci de retrouver et d’incar-ner cette énergie libératoire. La textureconférée à certains plans par l’usage d’ef-fets spéciaux numériques incarne précisé-

ment le fort sentimentqu’une volonté de lacérationjouissive des images (et doncdes clichés idéologiques) està l’œuvre.

Cette lacération morbidetrouve à s’incarner dans labrutalité graphique persis-tante des péripéties (coupsdepiochedans le crâne, cruci-fixions et autres sévices sesuccèdent). La colline a desyeux montre que derrière lalogique d’assouvissement

des mauvaises passions qui détermine lecinéma d’horreur peut se cacher une vitali-té fortement subversive. a

Jean-François Rauger

Film américain. Avec Aaron Stanford, KathleenQuinlan, Vinessa Shaw. (1 h 43.)

L’EntentecordialeUn aristocrate, fonctionnaire ringard duQuai d’Orsay, se retrouve avec un interprè-te de l’Unesco, asthmatique bourré de pro-blèmes sentimentaux et financiers, pournégocier le rachat à un ex-membre duKGB d’une arme convoitée par des diplo-mates plus ou moins véreux. Cette abraca-dabrantesque jamesbonderie accumuledes gags plus ou moins éculés en lorgnantsur la formule favorite de Francis Veber :la cohabitation forcée entre un homme àprincipes et un emmerdeur, les gaffes dusecond pouvant sortir le premier de situa-tions préoccupantes. Malgré une mise enscène par moment approximative et uneinterprétation souvent caricaturale (chezles seconds rôles), cette comédie trépidan-te fait parfois mouche. Dans son registrehabituel, Christian Clavier montre tou-jours autant d’abattage. a

J.-L. D.Film français de Vincent de Brus. Avec ChristianClavier, Daniel Auteuil, Jennifer Saunders, JohnCleese. (1 h 33.)

LaRuptureVince Vaughn est l’une des figures lesplus intrigantes du cinéma commercialaméricain. Son visage un peu mou, soncorps au bord de l’embonpoint peuventdevenir menace (dans le remake de Psy-chose par Gus Van Sant) ou machine comi-que. Là, il s’essaie à la séduction et l’objetde ses efforts a les traits de Jennifer Anis-ton. Entre la ci-devant vedette de Friendset le Serial Noceur, le scénario élabore unealchimie toxique, faite d’opposition descontraires : elle est chic et intellectuelle, ilest grossier et d’extraction modeste ; ellevoudrait l’emmener au ballet, il préfèrejouer à GTA. Cette guerre de tranchées seconclut comme l’indique le titre – mais lescénario, la mise en scène et le jeu desacteurs échouent à faire comprendre cequi a réuni ces deux-là. Reste la beautédes paysages urbains de Chicago. a

T. S.Film américain de Peyton Reed. Avec JenniferAniston, Vince Vaughn (1 h 46.)

TERREUR DANS LES ANNÉES 1960, AUX ÉTATS-UNIS, NAISSANCE D’UN GENRE

L’autre cinéma de minuit

NominationPascal Rambert dirigerale Théâtre de GennevilliersL’auteur, metteur en scène dethéâtre, de cinéma et d’opéra,Pascal Rambert, a été nommé àla direction du Centre dramati-que national (CND)-Théâtre deGennevilliers par le ministre dela culture Renaud Donnedieu deVabres. Il remplacera BernardSobel, qui avait fondé ce théâtre,en 1963, à partir du 1er janvier2007.

ElectionFrançois Taillandier,président de la Sociétédes gens de lettresLe romancier et essayiste Fran-çois Taillandier a été élu, vendre-di 14 juin, à la présidence de laSociété des gens de lettres(SGDL) pour un an.Il succède à Alain Absire, qui aprésidé pendant quatre ans cetteassociation qui assure la protec-tion du droit moral des auteursde l’écrit, ainsi que la défense de

leurs intérêts juridiques etsociaux.

Droits d’auteurLe nouveau texte doitêtre débattu le 30 juinLa commission mixte paritaire(sept députés, sept sénateurs) aété chargée d’élaborer un textede compromis entre les versionsdes deux Assemblées sur lesdroits d’auteur qui doit êtredébattu en séance publique, le30 juin, à l’Assemblée nationale.

Les agresseursmonstrueux sont

les habitantsd’une régionoù eurent lieu

diverses explosionsatomiques

expérimentales

Aaron Stanford dans « La colline a des yeux ». DR

« La colline a des yeux »

d’Alexandre AjaLe remake d’un filmde Wes Craven où chacunredouble de violencecacheune vitalité subvervise

CULTURE0123Jeudi 22 juin 2006 29

Page 30: Le monde 22 06 06

ART PRIX RECORD POUR UNE TOILE DE GUSTAV KLIMT

Cultures juivesMosaïques séfaradesLe Festival des cultures juives,plus particulièrement orienté cet-te année vers le monde séfarade,propose conférences, exposi-tions, concerts, films et specta-cles.Jusqu’au 29 juin. Information et réserva-tions au Café des psaumes. 16, rue desRosiers, Paris-4e. Tél. : 01-42-17-10-69www.fsju.org/festivalculturesjuives

PhotographieLaissez-nous aussiregarder la FrancePlus de 150 000 étrangers restentaujourd’hui en France dans l’atten-te d’une déclaration d’asile politi-que. Six étudiants de Sciences Po

Paris regroupés dans l’associationPhoto sans papier ont demandé à14 d’entre eux de refléter, grâce àun appareil photo mis à leur dispo-sition, leur vision d’une Francedont ils risquent d’être expulsés.Le résultat est une exposition itiné-rante d’une soixantaine de clichésaccompagnés de textes, de toilesdu peintre Kamel Amzal, d’unevidéo de l’ensemble des clichés pré-sélectionnés (200) et d’un espacesonore (témoignages, entretiens).Jusqu’au 25 juin à l’espace La Générale,40-46, avenue du Général-Lasalle,Paris-20e, Mo Belleville. Du 4 au 21 juillet àla mairie du 3e, 2, rue Eugène-Spuller,Paris-3e, Mo Temple.Photo sans papier, chez Jérémy Lachal,34, rue Saint-Sauveur, Paris-2e.

Portrait d’Adele Bloch Bauer, peint en 1907 par GustavKlimt. « C’est notre Mona Lisa », déclare Ronald Lauder, magnat descosmétiques, qui l’aurait acquis en vente privée pour 135 millions de dol-lars, selon The New York Times. Un prix qui, s’il était avéré, dépasseraitde loin le précédent record pour un tableau, 104,1 millions de dollarsobtenus en 2004 chez Sotheby’s pour un Picasso. Ronald Lauder a fon-dé à New York la Neue Galerie, consacrée entièrement à l’art allemandet autrichien.La toile, spoliée par les nazis et exposée à Vienne, au Belvedere, avaitfait l’objet d’une bataille entre le gouvernement autrichien et les héri-tiers du modèle qui avaient obtenu gain de cause. Depuis le mois d’avril,elle était au Los Angeles County Museum of Art (Lacma). Il faudra main-tenant aller à New York la voir, à la Neue Galerie, où elle sera montrée du13 juillet au 18 septembre, avec quatre autres Klimt également propriétéde la famille Bloch-Bauer, et eux aussi restitués aux héritiers par le gou-vernement autrichien.

AFP PHOTO / MUSEUM ASSOCIATES-LOS ANGELES COUNTY MUSEUM OF ART

LUGANO (suisse)

ENVOYÉE SPÉCIALE

Il est un lieu en Europe où l’insaisissa-ble Martha Argerich se pose durantquelques jours, un endroit où l’onpeut entendre la pianiste mythiquejouer une dizaine de fois en moins de

trois semaines. Il faut pour cela venir aubord du lago di Lugano, dans la ville oùmourut Arturo Benedetti Michelangeli, en1995, et où s’était fixé le pianiste allemandWilhelm Backhaus après la guerre.

Depuis cinq ans, Martha Argerich, sou-tenue par la banque suisse BSI, offre àLugano une villégiature à la musique, nonpour soi, mais entre soi. Sont invités desartistes confirmés (les frères Renaud etGautier Capuçon font partie de sa garderapprochée) et de jeunes débutants aveclesquels elle joue, comme en témoigne lecoffret Martha Argerich and Friends paruchez EMI, deux fois nominé pour le Gram-my Award 2006.

Ce soir du samedi 17 juin, au Palais descongrès de Lugano, cela fait cinq jours quele festival a commencé. L’Orchestre de laSuisse italienne, sous la directiond’Alexan-der Vedernikov, vient de donner l’ouvertu-re de Don Giovanni : de la prestance et dujarret. Suit le Rondo pour piano KV 382 deMozart, par la Vénézuélienne GabrielaMontero (née à Caracas en 1970), tandisque Piotr Anderszewski est le protagonistedu Concerto pour piano n˚ 24 KV 491. Pro-tagoniste est le mot, tant le pianiste polo-nais se veut maître de l’étrangeté dans cet-te musique véhémente et tragique.

Toute familière au contraire, voire fami-liale, la Symphonie concertante pour violonet alto KV 364 qui réunit la mère, DoraSchwarzberg, et la fille, Nora Romanoff-Schwarberg. La première, annoncée souf-frante (elle finira effectivement la soiréedans un hôpital de la ville), semble à la foistancer et encourager la jeune altiste de20 ans. Ce jeu de chat et de souris va bien àMozart, qui passe avec bonheur de l’espiè-glerie au chant éperdu.

Enfin, Chostakovitch, avec le rarissimeConcerto pour piano, trompette et orchestreà cordes op. 35. Martha est entrée en piste.Royale et fuyante, comme à l’accoutumée.Celle qui « aime le piano » mais « déteste

être pianiste » a tout gardé de sa jeunessetourmentée et souveraine, le regard à lafois impérieux et rieur, l’opulente et som-bre chevelure maintenant auréolée d’ar-gent, la fougue de cavale noire, la puissan-ce érotique du jeu. Martha s’amuse, etnous aussi, de cette musiquecruelle et câli-ne, qui se gausse et tonitrue mais fait son-ner comme personne la trompette magis-trale du jeune Russe Sergeï Nakariakov(né en 1977 à Gorki).

Pas des tièdesUne petite réception suit. Martha finira

par arriver en coup de vent, glissera entrelesofficielspour finir entreamiset enmusi-que. La répétition qui suit, dans les studiosde la Radio suisse italienne, durera tarddans la nuit, jusqu’à 4 heures.

C’est dire s’il est tôt pour elle le lende-main lorsque commence, vers 16 h 30,dans l’orangerie du superbe hôtel de la Vil-la Castagnola, la répétition du concert dedimanche après-midi. Le jeune AdrielGomezMansur, 17ans, devait jouer en pre-mière partie. Mais il a déclaré forfait. A18 h 30, c’est donc la Japonaise AkaneSakai qui s’y colle avec Chopin : Mazurkaop. 63 n˚1, puis Scherzo en mi majeur,op. 54. Impressionnée, la jeune femmejoue un peu brouillon, mais la sensibilitéest belle, le jeu prenant. Tous les « artistesde Martha Argerich » ont en commun den’être pas des tièdes.

La Sonate pour violon et piano de CésarFranck, par Ivry Gitlis, est rivée au clavierde Sergio Tiempo (né à Caracas en 1972,l’une des révélations de Martha). Le grandvioloniste, vieux monsieur, est toujoursaussi séduisant, même si la fatigue l’obligedésormais à jouer assis, la volute de l’ins-trument fichée au flanc du piano. Ludiqueet bien sonnante, la Sonate pour deux pia-nos KV 448 de Mozart. En face de MarthaArgerich, la pétulante Karin Merle. Celaressemble à une conversation animéeentrecopines où la musique tiendrait natu-rellement la première place.

Le soir, au dîner gracieusement offertparMarisa Garzoni, lachaleureuseetmélo-mane hôtesse des lieux, on commencesans attendre Martha, partie vérifier quesa carte bancaire était bien restée à la mai-son. Le coordinateur du « Progetto Mar-tha Argerich » et ancien directeur de laRadio suisse italienne, Carlo Piccardi,racontera au retour comment il en a profi-té pour lui tirer les vers du nez pour la pro-grammation de 2007. La carte était bien àla maison, une maison avec une cafetière àexpresso, remplie de Coca-Cola, de musi-que et d’amis. a

Marie-Aude Roux

Progetto Martha Argerich, Festival de Lugano(Suisse). Jusqu’au 29 juin. Tél. :00-41-91-924-14-75. De 10 ¤ à 55 ¤.www.rtsi.ch/argerich

Martha Argerich et ses artistesau Festival de Lugano

ArtLe Musée Getty pourrait ren-dre jusqu’à 21 objets à l’ItalieSelon le Los Angeles Times, des négocia-tions seraient en cours entre le muséeGetty de Los Angeles et des responsablesculturels italiens pour que des antiquitésqui auraient été pillées en Italie et en Grè-ce soient rendues à Rome. L’établisse-ment avait affirmé en septembre ne pasavoir acheté sciemment des objets pillés,tout en admettant que 82 de ses piècesétaient d’origine douteuse. L’ancienneresponsable des antiquités du musée,Marion True, a été accusée « d’associa-tion de malfaiteurs » destinée au « receld’œuvres d’art ». Son procès s’estouvert, à Rome, en novembre. RobertHecht, un marchand d’art américain, estaccusé d’avoir joué le rôle d’intermédiai-re. La Grèce est également sur la piste deMme True, après avoir saisi dans une vil-la qu’elle possède sur l’île grecque de

Paros, 29 antiquités non déclarées, dontles archéologues grecs examinent actuel-lement la valeur en vue d’éventuellespoursuites pénales. – (AFP).

MusiqueLe Teknival breton devraitavoir lieu à VannesLe Teknival prévu pour le premier week-end de juillet dans le Morbihan devraitfinalement avoir lieu sur l’aérodrome deVannes. Les élus locaux et responsableséconomiques et agricoles morbihanaisse rejettent depuis plusieurs semaines, àtravers pétitions, déclarations et manifes-tations, l’organisation de cette rave-par-ty à laquelle sont attendues 50 000 à80 000 personnes. La préfecture de Bre-tagne a décidé depuis deux ans d’organi-ser chaque été une grande rave-party,mais l’Etat, qui veut éviter les rassemble-ments clandestins, peine à convaincreles municipalités – (AFP).

AGENDA

APRÈS LA QUATRIÈME dispersion dufonds de la librairie Berès, qui a eu lieu àl’hôtel Drouot, le 20 juin dans la soirée, lesstendhaliens sont complètement rassurés.Les six cahiers du Journal de Stendhal, quicouvrent plusieurs années entre 1801 et1814,ont été préemptés, au coursde la ven-te, par la Ville de Grenoble, pour 800 000euros (hors frais).

La veille, le libraire avait fait don à laFrance d’un autre joyau de sa collection :un exemplaire de la Chartreuse de Parme,abondamment corrigé, et complété par lessoins de l’auteur (Le Monde du 20 juin).Charleville-Mezières, ville natale de Rim-baud, a eu moins de succès : elle n’a puacquérir aucun des douze poèmes manus-crits de « l’Homme aux semelles devent ». Estimés chacun entre 100 000 et200 000 euros, ils ont (à une exceptionprès) tous dépassé leur estimation haute :Génie est parti à 235 000 euros, Comédie dela soif à 310 000 euros, Larmes à 250 000euros et Bonne pensée du matin à 240 000euros. La représentante de la ville a dû secontenter de préempter, pour 1 000 euros,une modeste copie (anonyme mais d’épo-que) d’un texte de Rimbaud. L’un des deuxlibraires qui se disputaient âprement lesmanuscrits rimbaldiens lui en a d’ailleursfait cadeau.

La Bibliothèque nationale de Frances’est réservée quelques pièces majeures : lepremier jeu d’épreuves du poème de Mal-larmé Un coup de dés jamais n’abolira lehasard, minutieusement corrigé par sonauteur (185 000 euros) ; un ensemble de

manuscrits autographes constituant lamajeure partie d’Alcools, de GuillaumeApollinaire (130 000 euros) ; mais aussiun texte de Proust, Sentiments filiaux d’unparricide, copié par Céleste Albaret, avecdes corrections de l’écrivain (10 000euros).

Etienne de Laigue et BalzacLes représentants du Muséum d’histoi-

re naturelle de Paris étaient venus à troispour tenter de faire une razzia sur les nom-breux livres scientifiques de Pierre Berès.Ils ont dû se borner à préempter (20 000euros) le Singulier Traicté contenant « lapropriété des tortues, escargotz, grenoilles, etartichaultz », d’Etienne de Laigue, publiéà Lyon vers 1533. Ils n’ont pu retenir leRecueil de dessins aquarellés d’oiseaux, attri-bué à Pierre Gourdelle (1550), qui a battutous les records de la vente avec 1,22 mil-lion d’euros (hors frais).

En revanche, à l’exemple de Grenoble,d’autres collectivités territoriales se sontmanifestéesavec un certainsuccès.Notam-ment le département d’Indre-et-Loire quia préempté, pour le château de Saché, lesépreuves férocement corrigées par Balzacdu Lys dans la vallée (305 000 euros).

Dans l’ensemble, cette quatrième vaca-tion, organisée par la firme Pierre Bergé etassociés, a été un succès : la plupart desestimations hautes ont été largementdépassées. L’ultime dispersion du fondsdu libraire de l’avenue de Friedland auralieu en décembre 2006. a

Emmanuel de Roux

Martha Argerich (au piano) et Sergej Nakariakov (à la trompette), le 17 juin. ALIX LAVEAU

QUESTIONS D’INFOLe Monde - LCP-Assemblée nationale - France Info

Frédéric Haziza, LCP-Assemblée nationalePatrick Roger, Le Monde

et Marie-Eve Malouines, France InforeçoiventFrançois Hollande, premier secrétaire du Parti Socialiste

sur LCP-Assemblée nationalejeudi 22 juin à 20 h 30

Rediffusions : jeudi 22 juin à minuit, vendredi 23 juin à 13 h 30 et21 heures, samedi 24 juin à 12 h 30 et dimanche 25 juin à 23 heures.

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VENTE LE FONDS DU LIBRAIRE PIERRE BERÈS

Grenoble obtientle « Journal » de Stendhal

DANS LE PASSÉ, les retards ouannulations surprises des concertsde Guns’n’Roses ont provoquétant de colère, voire d’émeutes,qu’une entrée sur la scène de Bercysur le coup de 22 h 45 (le concertétait prévu vers 21 heures) tientpresque du soulagement. Ce20 juin, le public parisien est prêt àtout pardonner à un groupe qu’ilattend de revoir depuis 1993.Mêmes’il ne reste plusque le chan-teur,Axl Rose, commemembre ori-ginel de ce gang mythique du hardrock de la fin des années 1980 et dudébut des années 1990.

Entouréde sept musiciens, donttrois guitaristes et deux claviers,quiontremplacé Slash,Duff McKa-gan et autre Izzy Stardlin, Axl enappelle d’abord aux mannes devieux brûlots. Doublé de quelqueseffets pyrotechniques, Welcome ToThe Jungle, It’s So Easy ou Mr.Brownstone fédèrent les fansd’autant plus facilement que lesaigus stridents du chanteur ontgardé toute leur puissance.

En 1987, avec ces titres de l’al-bum Appetite For Destruction, labande de Los Angeles injectait dusang neuf dans la scène metal. Ledisque se vendra à plus de vingtmillions d’exemplaires, un recordpour un premier album.

Sur la scène de Bercy, ces hym-nes gardent leur efficacité sans quele groupe dégage la dangereuseaurade sesdébuts. Abusant du cre-

do « sex & drugs & rock’n’roll »,Guns’n’Roses déraillait dans uneproportion équivalente à celle deson succès. Bagarres et scandales àrépétition, paranoïa et ego dictato-rial du chanteur vont précipiter ledéclin. D’autant que l’avènementdu grunge et de Nirvana, réconci-liant la violence du heavy metal etl’élégance mélodique du « rockindé », filent un coup de vieux augroupe.

Accumulant les dérapages, AxlRose licencie ou est quitté par sespetits camarades. L’enregistre-ment d’un nouvel album – ChineseDemocracy – s’enlise pendant dixans (treize millions de dollars yauraient été engloutis).Aujourd’hui, ce nouvel opus seraitbouclé, prêt à paraître à l’automne2006, sous la forme d’un triple (!)CD de trente-deux titres.

A Bercy, Axl semble avoirretrouvé la santé. Certes moinsémacié qu’aux heures de gloire dugroupe, pas très glamour dans sonjean et son blouson de cuir, les che-veux blonds tressés et attachés encatogan, il se montre affable et cha-leureux. Lien de cause à effet ? Lesnouvelles compositions man-quent souvent de tranchant. Dansle genre rock fossilisé, on pourraainsi préférer l’allant de VelvetRevolver, le groupe fondé pard’autres membres originels deGuns’n’Roses. a

Stéphane Davet

MUSIQUE GUNS’N’ROSES EN CONCERT À BERCY

Axl sans tension

MUSIQUE

La pianiste invite chaqueannée dans cette ville duTessin musiciens confirméset jeunes débutants

CULTURE30 0123Jeudi 22 juin 2006

Page 31: Le monde 22 06 06

On lâche rienJean-Michel Normand

La lune plus 10 %

Dans le wagon bondé dumétro aérien qui ramènedes supporteurs alle-mands du stade de Berlinvers le centre-ville, unemélodie revient, tel undoux refrain fredonnél’air de rien. « C’est beau,

c’est si beau… Nous n’avions pas vécu çadepuis longtemps… » Un jeune couples’embrasse. Elle, blonde en short, fermeles yeux. Ses paupières sont maquilléesaux couleurs du drapeau allemand : noir,rouge et or. Arrêt à la station Zoologis-cher Garten. Dans la rue, des vagues depassants portent haut les couleurs dupays organisateur de la Coupe du monde,qui vient, ce mardi 20 juin, de franchir lepremier tour en tête du groupe A etaffrontera la Suède en huitièmes de fina-le, samedi 24 juin, à Munich.

Sitôt conclue la troisième victoire del’équipe nationale en autant de matches,3 buts à 0 face à l’Equateur, un élan dejoie déferle sur la capitale allemande. Surle Kurfürstendamm, le boulevard chic del’ancien Berlin-Ouest, les conducteursrivalisent à coups de klaxon. Le concertdure une bonne demi-heure. De la bien-nommée colonne de la Victoire à la portede Brandebourg, l’espace réservé aux sup-porteurs, avec son écran géant et ses

stands de bière et de saucisses, est telle-ment bondé qu’il faut en interdire l’accèsaux nouveaux arrivants. Quelque700 000 personnes y sont massées – unrecord – pour célébrer la fête du footballet, plus particulièrement, la performancede l’équipe entraînée par Jürgen Klins-mann.

S’ils l’espéraient, peu d’Allemandscroyaient que Michael Ballack et ses par-tenaires s’en tireraient aussi bien pen-dant la première phase du tournoi. Lesmois de préparation n’avaient guère étéconcluants. Il était alors de bon ton de cri-tiquer le sélectionneur, Jürgen Klins-mann, et de douter de ses protégés. Toute-fois, après un premier match libérateurface au Costa Rica, remporté (4-2) enouverture du Mondial, l’espoir et la fiertéont gagné le pays. Le bras de fer contre laPologne (1-0, but à la 91e minute) a soudéencore un peu plus la population derrièreses joueurs et son drapeau.

Celui-ci est incontestablement l’objetà la mode du moment. Jamais, de mémoi-re d’Allemand, n’avait-on vu autant derectangles aux couleurs nationales appa-

raître aux fenêtres et aux balcons dupays. Même lors de l’euphorie de la réuni-fication, en 1990, l’étendard n’avait pasété brandi avec le mélange de fierté et desimplicité qui caractérise ce début deMondial. Les fournisseurs, qui n’avaientpas prévu cela, frôleraient la rupture destock. Des policiers en service, quiavaient eux aussi arrimé des petits dra-peaux à leurs voitures, ont été invités àremballer leur matériel, au nom de l’im-partialité dont ils sont censés faire preu-ve pendant le travail…

Mardi, en attendant le début du matchcontre l’Equateur, l’aigle, autre symbolerefoulé en raison du passé nazi, a fait sonapparition dans le stade olympique deBerlin. Un immense oiseau peint sur undrap blanc a été déployé dans un virage,sur une vingtaine de rangées. Les batte-ments de l’oiseau porteront la Mann-schaft vers la victoire, proclame une ban-derole. Puis les hymnes ont retenti. De lachancelière, Angela Merkel, présentedans la tribune, au public en passant parles joueurs, la plupart des Allemands ontentonné le Lied der Deutschen.

Alors que les médias et la classe politi-que débattent des raisons de ce regain depatriotisme et qu’un syndicat d’ensei-gnants demande une réécriture moins« nationaliste » de l’hymne national, les

joueurs, eux, ont démontré sur le terrainqu’ils étaient dignes de l’engouementqu’ils ont suscité dans la population.L’Equateur, déjà qualifié lui aussi pourles huitièmes de finale, n’a jamais été enmesure d’inquiéter Jens Lehmann, le gar-dien de but allemand.

Bien organisés, les Blanc et Noir sesont vite mis à l’abri d’une mauvaise sur-prise avec deux buts de Miroslav Klose(4e, 44e), qui a ainsi pris la tête du classe-ment provisoire des buteurs, avec quatreréalisations. Lukas Podolski, son parte-naire en attaque, a inscrit le troisième but(57e), mettant fin aux doutes quant à sonefficacité actuelle.

« Jouer devant un tel public, dans uneambiance aussi exceptionnelle, donne uncoup de pouce supplémentaire aux joueurs.C’est la fièvre du Mondial », s’est réjouiJürgen Klinsmann après le match.Contre la Suède en huitièmes de finale, le24 juin, le onze allemand aura sans doutebesoin de tous ces encouragements pourse qualifier. Auteur d’un match sérieux,Michael Ballack, le capitaine, a lui aussiété applaudi par les supporteurs de sonpays. Les récentes critiques émisescontre lui sont déjà un vieux souvenir. Ilavait osé arborer à l’entraînement unt-shirt barré du mot « Italia ». a

Antoine Jacob (à Berlin)

Il aura fallu que les joueurs togolaisempochent un chèque certifié par laFIFA – solide établissement financier– pour que soit réglée la douloureuse

affaire des primes qui a empoisonné legroupe G. Le Togo affrontera donc laFrance, vendredi à Cologne. On ignoresur quelle base s’est négocié le compro-mis, mais les vingt-trois sélectionnés, quiavaient menacé de faire grève avant lematch contre la Suisse (finalement perdu0-2), ont dû modérer leurs revendica-tions. Ils réclamaient à leur fédération –qui a certes reçu 4,5 millions d’euros de lapart de la FIFA – une indemnité de pré-sence au Mondial égale à 155 000 eurospar joueur. A peu près autant que la som-me promise aux Brésiliens (157 000euros) s’ils remportent le trophée.

Les Eperviers togolais ont perdu lesens de la mesure, mais peut-on leur envouloir ? La plupart évoluent dans demodestes clubs européens où les contratsne se négocient pas à coups de millions.Ainsi, Richmond Forson défend vaillam-ment les couleurs de la Jeanne d’Arc dePoiré-sur-Vie (Vendée), qui a terminé cet-te saison en tête de son groupe en divi-sion d’honneur, l’équivalent de la sixiè-me division (Le Monde du 21 juin). Appe-lés à croiser le chemin de l’élite mondialede ce football qui brasse tant d’argent, lesEperviers ont cru pouvoir demander lalune, plus 10 %. Désormais redescendussur terre, ils ne veulent plus parler grossous. « Une équipe africaine qui rencontrela France, c’est toujours spécial. La motiva-tion vient toute seule », assure le défen-seur Kader Touré. a

La ferveur de l’Allemagne en fêteLe pays hôte de la compétition, gagné par la fièvre du Mondial, vit une belle période d’union nationale

Aucun des cinq joueurs qui ont reçu un carton jaune au cours des deux premiers matchesne rentrera en jeu une seule minute, même si le Mexique mène 30 à 0Luiz Felipe Scolari, entraîneur du Portugal, à propos de Cristiano Ronaldo, Deco, Pauleta, Nuno Valente et Costinha

Groupe AEquateur - Allemagne : 0-3Mardi 20 juin

Michael Ballack dispute leballon au défenseur équatorienPaul Ambrossi, mardi 20 juin,lors de la victoire del’Allemagne sur l’Equateur.JAIME RAZURI/AFP

LA PHRASE DU JOUR

0123Jeudi 22 juin 2006 31

Page 32: Le monde 22 06 06

Willy Sagnol ne regardepas le Mondial à la télé :« On dort foot, on mangefoot, on pense foot, alors si

en plus… » Willy Sagnol ne sup-porte pas ceux qui critiquentl’équipe de France. Aux anciensBleus qui avaient émis des réser-ves, il a lancé un « ferme ta gueu-le » définitif. L’invective va sûre-ment lui être souvent rappelée,Willy Sagnol s’en moque.

De toute manière, il n’apprécieguère les journalistes qui « ontraconté des choses absurdes » sur lestage de Tignes, se plaisent à lan-cer des « polémiques ». Il le leur adit en face, et a refusé de leur par-ler à la fin des matches France-Suisse et France-Corée du Sud.

Willy Sagnol a détesté les sif-flets du Stade de France : « Lepublic parisien, on a l’impressionqu’il vient à un spectacle. » WillySagnol « n’a pas demandé à êtreun dieu vivant » et plaint Zinédi-ne Zidane de ce qu’« il endure ».Willy Sagnol veut continuer à fai-re tranquillement son marché lesamedi matin.

Pour un peu, Willy Sagnol pas-serait pour un mauvais coucheur,un atrabilaire, un têtu obstiné, unrâleur perpétuel. Ses coéquipiersrelatent qu’il lui arrive parfois depiquer des colères, c’est sa maniè-re de sonner l’alarme quand il sentque les choses vont de travers. Il

peut le faire dans l’intimité dugroupe, ou choisir l’extérieur (viales journalistes, donc). En septem-bre2005, après la victoiredes Fran-çais contre les îles Féroé (3 -0), ilavait tancé ses camarades qui secroyaient déjà en Allemagne :« Nous avons oublié les fondamen-taux. A un moment on s’est vu tropbeaux, chacun a essayé de faire sonpetit numéro. »

La leçon a été entendue, et diver-sement appréciée. Mais, avecdésormais 40 sélections, WillySagnol appartient aux cadres del’équipe de France. C’est lui qui anégocié les primes pour cette Cou-pe du monde : 240 000 euros cha-cun en cas de victoire finale. Saproximité avec Zinédine Zidanelui donne encore plus de poids. Etses performances sur le terrainavec le maillot du Bayern Munich

ajoutent à son autorité ; cetteannée, il a été élu meilleur arrièredroit du championnat allemand.

En équipe de France, il assureet rassure. Il garde fermement sonterritoire, aime les longues échap-pées dans le couloir pour balancerdes centres tendus devant la cageadverse et n’hésite pas à frapperde loin, une qualité rare dans cettesélection. Certes, dans les pre-miers matches du Mondial, il asemblé moins à l’aise que d’habitu-de. Il a sa part de responsabilitésur le but égalisateur des Sud-Coréens : à sa décharge, toute ladéfense française jouait à cemoment-là au ralenti.

Willy Sagnol est peut-être toutsimplement exigeant. Et sesrécents coups de gueule tous azi-muts cachent sûrement une insa-tisfaction : ce Mondial en Allema-gne, son deuxième pays désor-mais, il veut le réussir. Ne pas ensortir par la petite porte comme en2002, où, remplaçant, il s’était sen-ti « inutile ». Alors il fait bloc,réclame qu’on laisse l’équipe deFrance tranquille, et lui avec. Sil’affaire tourne mal, que les Bleusne se qualifient pas pour les 8es definale, vendredi 23 juin, en battantle Togo, alors il est possible queWilly Sagnol ne se prive pas dedire tout haut ce qu’il pense. a

Bruno Caussé(envoyé spécial à Hameln)

Puisqu’il suffit de décréter quela vie est belle et l’avenirradieux, pourquoi donc se pri-ver du plaisir de l’affirmer àtout-va ? Depuis le staged’oxygénation du mois de mai

à Tignes, Raymond Domenech distilleinlassablement son discours à l’eau derose et au besoin il répond à ses proprescontradictions par l’ironie. Dans un pre-mier temps, le sélectionneur avait décla-ré que ses réflexions et la préparationphysique de son groupe étaient tenduesvers le premier match devant la Suisse, le13 juin. « Une rencontre capitale, car ellepeut susciter un élan », avait-il indiqué.

Le résultat nul (0-0), l’indigence dujeu pratiqué n’ont pas altéré sa foi :« Nous étions au maximum de ce que nouspouvions, ce sera meilleur au prochainmatch. » La calamiteuse secondemi-temps face à la Corée du Sud (1-1), lesdeux points stupidement abandonnéssur la pelouse de Leipzig n’ont pas davan-tage altéré son optimisme. « Ce qu’on avu contre les Coréens donne de l’espoir »,a-t-il encore répété, mardi, à Hameln, àquelques kilomètres de la forteresse quihéberge la délégation française.

Simple posture ou conviction inflexi-ble, Raymond Domenech avance aumoins trois bonnes raisons de croire quel’aventure ne prendra pas fin vendredi23 juin à Cologne dans la confusion d’unenouvelle déconvenue devant le Togo.

« Une équipe en progrès. » Aprèsavoir revu à la télévision la deuxième ren-contre des Bleus, l’entraîneur françaisconfirme ses premières impressions :« Il y a eu de l’envie dans le jeu, dans laconstruction, dans la volonté d’aller del’avant, nous avons montré davantage quecinq jours auparavant face aux Suisses. »Le sélectionneur rappelle que lesCoréens ne se sont montrés dangereuxqu’à une seule reprise pendant les 70 pre-mières minutes et que, au total, ils n’ontmis à leur actif que quatre situationsavantageuses devant le but de FabienBarthez. « Sur un coup franc, une touchevite effectuée, un corner et enfin sur cetteaction décisive où notre défense s’est laissésurprendre », résume Domenech, quiréfute la thèse du problème physique :« Si dans ce domaine nous n’étions pas aupoint, nous n’aurions pas eu les ressourcespour repartir à l’attaque après l’égalisa-tion de nos adversaires et de nous créer deuxnouvelles occasions de but. »

Sur le plan individuel, Domenech relèvela forme ascendante de Patrick Vieira.

Excentré, le Turinois avait raté les troismatches de préparation avant le Mondialet ne fut guère plus rassurant devant lesSuisses, bien qu’il eût retrouvé pour l’occa-sion son poste de prédilection commemilieu axial au côté de Claude Makelele.Bien plus en jambes face auxCoréens, précieux dans larécupération et privé d’un butvalable, le Turinois a retrouvéla confiance. « Je savais qu’ilmonterait en puissance, jel’avais d’ailleurs annoncé, rap-pelez-vous, Patrick est un com-pétiteur », indique lesélection-neur.

« Un esprit positif et unmental intact. » Ni l’altercation entreWilliam Gallas et Lilian Thuram, d’unepart, et Zinédine Zidane, d’autre part, aubeau milieu de la seconde période de Fran-ce-Suisse, ni la sortie glaciale du mêmeZidane à la fin de France-Corée du Sudn’ont ébranlé les certitudes de Dome-nech. « Je ne comprends ni ne m’explique le

pessimisme véhiculé par les médias », relè-ve le sélectionneur. « Ce qui compte pournous, c’est ce que nous vivons entre nous etqui n’a rien à voir avec ce qui est traduit parla presse, insiste le patron des Bleus. Moi,je vois au quotidien l’implication de chacun.

Du banc de touche, j’observeles rictus, la souffrance desjoueurs, tous tendus vers lemême objectif : la victoire. »

Sur ses relations tenduesavec les cadres du groupe, etavec Zinédine Zidane en par-ticulier, il n’oppose pas undémenti formel – « puresspéculations » – mais écartel’idée d’une atmosphère sus-

ceptible de nuire à la destinée de l’équi-pe. « Zizou est le capitaine, je discute aveclui, il est le relais des joueurs auprès de l’en-cadrement technique. Chacun fait son bou-lot et Zidane le fait bien. »

« Une disponibilité tactique éprou-vée. » Les suspensions d’Eric Abidal et deZidane vont conduire Domenech à rema-

nier la formation alignée devant la Suisse.Devant l’état d’urgence, il pourrait égale-ment revoir ledispositif tactiqueen titulari-sant, pour la première fois depuis l’épreu-ve, deux véritables attaquants. « Depuisdeux ans, nous n’avons cessé d’expérimenterles formules, souligne le sélectionneur. Ona déjà évolué sans Zidane, on a déjà joué àdeux et à trois attaquants. Nous avons desréférences. J’ai conçu la liste des 23 joueurspour pallier les blessures et les suspensions. »L’absence du capitaine incitera-t-elle cer-tains de sescoéquipiers à prendre davanta-ge d’initiatives et rendra-t-elle le jeu plusrapide au profit de Thierry Henry ? Enattendant « la vérité du terrain », Dome-nech adresse cette curieuse formule auxcenseurs : « Avant de nous condamner, lais-sez nous commettre notre crime. » a

Elie Barth(envoyé spécial à Hameln)

TogoLa FIFA a versé les primes

Les joueurs, en conflit avec leurfédération, ont été payés par laFédération internationale, a indi-qué la FIFA mardi 20 juin. Pourverser ces primes de participationau Mondial, la FIFA a puisé dansla cagnotte de 7 millions de francssuisses (4,5 M d’euros) qui doitêtre versée à la fin du Mondial àchaque fédération participante.

Corée du SudLa confiance règne

« Nous sommes déterminés à battrela Suisse et à continuer (jusqu’enhuitièmes de finale). Nousn’aurons même pas à regarder lerésultat de Togo-France », a déclaréCho Jae-jin, passeur décisif face àla France. Si les Bleus battent leTogo par plus de deux buts d’écart,un nul ne suffira pas aux Asiati-ques pour accéder au second tour.

SuisseGygax forfait

Victime d’un coup contre le Togo,le milieu de terrain suisse DanielGygax ne participera pas au troi-sième match, contre la Corée duSud, vendredi 23 juin. « Il a passéune radio ce matin, qui confirmel’existence d’une blessure », aannoncé, mardi 20 juin, le méde-cin de la formation helvète, CunoWetzel.

Willy Sagnol, libre penseur des BleusLes coups de gueule de l’arrière droit marquent sa détermination

Quelques raisons d’espérerEn deux matches, l’équipe de France a affiché une progression qu’elle devra confirmer face au Togo

« Je necomprends nine m’expliquele pessimismevéhiculé parles médias »Raymond Domenech

Le bouc émissaire a été inventé bienavant les règles du football. Inté-grant cet archétype dans leurs dis-cours, les sélectionneurs aiment y

avoir recours quand leur équipe déçoit.Parfois, c’est un élément matériel qui leursert de repoussoir. Après le match nul(0-0) concédé par la France face à la Suis-se, mardi 13 juin, Raymond Domenechs’était plaint de l’état de la pelouse de Stutt-gart, qui, selon lui, faute d’un arrosageadéquat, freinait la course des ballons fran-çais. Des Suisses aussi, sûrement, mais iln’en avait mot dit. Mardi 20 juin, le sélec-tionneur national a repris ce traditionneldu genre en critiquant l’arbitrage. Il estrevenu sur le but non accordé à PatrickVieira, contre la Corée du Sud, lorsque laballe avait largement franchi la ligne dubut coréen.

Raymond Domenech a également rap-pelé que, lors du match contre la Suisse,l’arbitre n’avait pas sifflé penalty lorsque lamain d’un défenseur helvétique, dans sasurface de réparation, avait involontaire-ment stoppé un tir de Thierry Henry. Puisl’entraîneur des Bleus a critiqué les deuxcartons jaunes reçus par Zinédine Zidane,qui provoquent sa suspension pour le déci-sif France-Togo, vendredi 23 juin. Le pre-mier avertissement du capitaine des Bleus,récolté face à la Suisse : « C’est la seule foisoù un arbitre a donné un carton jaune à unjoueur pour uncoup franc tiré [avant le coupde sifflet], j’ai vérifié », a assuré RaymondDomenech. Le second, face à la Corée duSud, pour une charge sur un défenseuralors que le jeu était interrompu : « Je trou-ve que c’est pointilleux. Il y a une forme d’ex-cès qui me paraît surprenante. »

Pour l’entraîneur, la France n’a « pas eude décision favorable », au contraire, selonlui, des Suisses, qui auraient été « large-ment favorisés par l’arbitrage » : « Il y apenalty pour le Togo [pour une faute dePatrick Müller sur Adebayor] de la mêmemanière que contre nous [pour une maindans la surface du même Müller]. »

Toujours selon Raymond Domenech,les résultats du groupe G seraient donc« faussés ». Le sélectionneur français ademandé aux dirigeants de la FIFA, sansles nommer, de faire « un bilan, et vite »,sans attendre la fin du premier tour. Et ilespère que cette « injustice » mettra sesjoueurs « en situation de se révolter ». Enfootball comme en politique, rien ne vautun bon vieux bouc émissaire pour appe-ler à la mobilisation générale. a

B. C. (envoyé spécial à Hameln)

wwwSur lemonde.fr : Une édition spé-

ciale « Mondial 2006 »

PalmarèsUn titre de champion de France(Monaco, 2000) ; quatre titres dechampion d’Allemagne (BayernMunich, 2001, 2003, 2005,2006) ; une Ligue des champions(Bayern Munich, 2001) ; deux Cou-pes des confédérations (BayernMunich, 2001, 2003) ; une CoupeIntercontinentale (BayernMunich, 2001) ; trois Coupes d’Al-lemagne (Bayern Munich, 2003,2005 et 2006).

Domenechfustigel’arbitrage

Claude Makelele (à gauche) et Lilian Thuram le 20 juin, avec des supporteurs français. CHRISTOPHE ENA/AP

L’équipedeFrance32 0123Jeudi 22 juin 2006

Page 33: Le monde 22 06 06

Ce fut peut-être le plus rapideremplacement de l’histoire dela Coupe du monde. A la3e minute d’Angleterre-Suè-de, mardi 20 juin à Cologne,Michael Owen, blessé pen-

dant quatre mois avant la compétition,est pris de douleur après une violente tor-sion du genou. L’attaquant de Newcastles’écroule sur la pelouse, rampe laborieu-sement sur le flanc jusqu’à la ligne de tou-che. Une civière le transporte. Le sélec-tionneur suédois de l’Angleterre, Sven-Goran Eriksson, doit revoir ses plans.

La grande perche qui le remplace aussi-tôt est l’avant-centre de Liverpool, PeterCrouch (1,98 m). Bien qu’il ait inscrit cinqjours auparavant le premier but anglaiscontre Trinité-et-Tobago (2-0) en tirantvicieusementsur les dreadlocksd’undéfen-seur, il a essuyé depuis descritiques à peinevoilées. Non pour sa valeureuse prestationmaispour lesdéfautsdesa taille.Owenesti-mait ainsi que ce gratte-ciel planté devantles buts adverses avait naturellement

réveillé le détestable penchant des Anglaispour le « kick and rush », ces longs ballonsexpédiés devant, au petit bonheur la chan-ce. L’accusé s’est défendu en expliquantque le jeu aérien n’était pas son point fort.On a pu le constater à la 24e minute quand,d’une tête mollassonne, il a raté une occa-sion en or. Les Anglais n’ont pu éviter unmatch nul (2-2) qui prolonge le syndromesuédois. Depuis le 22 mai 1968 à Wembley,ils n’ont pas battu les Scandinaves. LeRoyaume est tout de même heureux d’évi-ter l’Allemagneen 8es definale. Il seraoppo-sé à l’Equateur, le 25 juin, à Stuttgart.

A Cologne, des banderoles avaient étédéployées à la gloire de Wayne Rooney. A20 ans, le prodige est plus médiatique etadulé que David Beckham. Owen n’avaitpas caché sa joie d’être enfin associé au gar-nement de Manchester United. « Ce n’estpaspareil si vousavezPeter [Crouch] ouRoo-ney sur le terrain, a expliqué pour sa part lesélectionneur. Le monde du football le sait.(…) Rooney est fantastique, parfait partoutquand il est à 100 %. » Crouch, pour lequelEriksson avait réservé une place sur le bancen raison d’un carton jaune, a dû apprécier.

Avec le forfait d’Owen, Eriksson a dûfinalement réunir Rooney et Crouch. Toutles oppose. Le visage du premier est la syn-

thèse entre un nourrisson et un boxeur.Celui du second est sec etanguleux. Wayneest un caractériel doublé d’un bulldozer.Peter, une asperge filandreuse qui sembleà l’étroit dans son corps.

Dans un premier temps, Crouch n’a passu trop où se placer. Alors il a joué commeun faux attaquant, en retrait, laissant Roo-neyfairegronder les tribunesavec sesaccé-lérations et ses missiles. Il y a sept semai-nes, lephénomène étaitopéré d’unefractu-re du métatarse. Aujourd’hui, il pète mira-culeusement la forme.

A la 68e minute, Eriksson a voulu pré-server son génie en le remplaçant parSteven Gerrard. On vit alors Rooneygagner le banc en frappant une barremétallique avant de jeter rageusementses chaussures. Crouch a fini le matchseul devant. « Je profite de chaque minuteque je passe dans cette équipe », a affirméce garçon modeste. A tel point qu’il refu-se d’exploiter sa marque de fabrique,malgré sa popularité : la danse du robot,une déambulation mécanique qu’il ainaugurée en marquant dans des mat-

ches amicaux. Il a toutefois annoncéqu’il l’exécuterait si l’Angleterre gagnela Coupe du monde.

En cas de nouveau malheur offensif,l’Angleterre peut compter sur un quatriè-me larron, le juvénile Theo Walcott. Il a17 ans, joue à Arsenal, où Arsène Wen-ger ne l’a jamais titularisé. Ou se reposersur ses milieux puisqu’eux seuls ont mar-qué (Joe Cole, 34e, Steven Gerrard, 85e)contre la Suède. a

Bruno Lesprit(envoyé spécial à Cologne)

L’équipe américaine affrontele Ghana, jeudi 22 juin, dansun match couperet, avec ledouble espoir de gagner et

de voir l’Italie battre la Républi-que tchèque dans le même temps.Autant dire que, pour eux, la por-te de la qualification pour les hui-tièmes de finale est bien étroite.

En 2002, les Etats-Unis avaientatteint les quarts de finale pour lapremière fois depuis 1930, perdant1 à 0 contre les futurs finalistes alle-mands. Pourtant, le New YorkTimes se demande non sans raisonqui, entre les Etats-Unis et le Gha-na, est vraiment l’outsider… C’estdire si les Etats-Unis, malgré d’in-contestables progrès,ont conscien-ce de ne pas être une grande nationde football, ce qu’ils ont démontréaprèsun premier matchraté (défai-te contre le République tchèque,0-3), malgré un bon nul (1-1) arra-ché à l’Italie dans une partie épi-que, où ils ont fini à 9 contre 10.

Avant le Mondial, les médiasaméricains avaient fait des efforts

inattendus, multipliant les numé-ros spéciaux, les explications tech-niques, les commentaires sur labeauté dujeu, ses subtilités, s’inter-rogeant sur le particularisme amé-ricain qui ne fait pas du « soccer »un sport majeur et isole le pays dureste du monde.

Pour la première fois, le NewYork Times a consacré un supplé-ment à la Coupe dumonde. Le NationalGeographic dédie sa« une » à la passionplanétaire pour le bal-lon rond. Même larevue mensuelle del’association américai-ne des retraités, (plusde 35 millions de mem-bres), contient unvade-mecum footbal-listique.

L’irruption du soccer ad’ailleurs fini par irriter certainschroniqueurscomme WilliamMat-tox, de USA Today, qui ne voit paspourquoi, sous prétexte que lemonde entier adore ce sport, lesAméricains doivent regarder etapprécier des rencontres qu’ilstrouvent la plupart du temps« ennuyeuses ».

Lanotoriété du soccerauxEtats-Unis s’apparente en dehors despériodes de Coupe du monde à cel-le du handball en France – avantles exploits des « barjots ». Unsport pour écoliers, et plus encorepourécolières, sans aucunecompa-raison possible avec les grandesmachines économiques, publicitai-res et médiatiques que sont le base-

ball, le football amé-ricain, le basket-ballet même le hockeysur glace. Les filles yont trouvé le grandsport collectif qu’el-les cherchaient, avecl’énorme avantaged’être différent deceux pratiqués parles garçons.

Avec un grandréservoir de joueu-

ses et l’esprit de compétition typi-quement américain, l’équipenatio-nale féminine cumule les succès.Le championnat féminin a autantd’audience que celui des hommes.Il faut dire que ce dernier survit àpeinede crise en crise. Ce sport auxEtats-Unis reste, quand il est prati-quépar les hommes,presqueexclu-sivement une affaire de minorités.

Les vrais amateurs ont desancêtres italiens, irlandais ousont des immigrants de premièreou deuxième génération venusd’Amérique latine. Ils n’ont pasun attachement particulier pourl’équipe nationale. Le paradoxe,c’est qu’il s’agit aussi du sport pré-féré de l’élite. Les parents des clas-ses aisées préfèrent voir leursenfants pratiquer ce sport « civili-sé » plutôt que le football améri-cain et le hockey, plus violents.

Il exerce aussi un attrait indé-niable sur les intellectuels – « s’in-téresser au soccer montre une ouver-ture sur le monde », souligne MattWeiland, coauteur d’un guide dela Coupe du monde. « Les amou-reux du soccer rejettent aussi lemodèle des sports américains uni-quement calibrés pour permettre àla télévision de diffuser de la publici-té », ajoute-t-il. Et le New YorkTimes de se lamenter de la faibles-se du soccer aux Etats-Unis,« marginalisé à cause du football,du base-ball et du basket-ball –nous sommes trop puissants et entrop bonne santé pour être desseconds couteaux ». a

Eric Leser(New York, correspondant)

Les Etats-Unis restent coupés du mondeMalgré les progrès de leur équipe nationale, les Américains boudent toujours le soccer

Duo atypique,mais so BritishTout oppose le géant Peter Crouch et le teigneuxWayne Rooney, les deux attaquants anglais

Le Brésil gagne. Le Brésil neconvainc pas. Cette petitemusique aussi désagréablequ’une fausse note aux

oreilles des artistes de la Seleçaotourne à la ritournelle, à la veilledu dernier match du premiertour, face aux Japonais, jeudi22 juin, qui ne compte pour rienpuisque les champions du mondesortants sont déjà qualifiés.

Ceux-ci se voient reprocher unmanque de brio indigne de leurtalent, qui ne devrait leur autori-ser que des scores étourdissantset une débauche de gestes mémo-rables. Demande-t-on trop à cettearmada de vedettes ? C’est l’avisde Juninho, le milieu lyonnais :« On croit toujours que le Brésil vagagner en jouant du grand footballet inscrire beaucoup de buts.Quand on se met à exagérer, on crée

une grosse attente. (…) Nous allonssouffrir pour gagner. »

Pour faire taire les critiques,les joueurs et leur entraîneur, Car-los Alberto Parreira, ont inventéune formule magique qui tient entrois mots : « monter en puissan-ce ». Si l’équipe n’a pas encoreatteint les sommets, c’est doncqu’elle réserve le meilleur pour lafin. « Il y a des choses à améliorer,c’est vrai, expliquait Ronaldinhoaprès le match contre la Croatie(1-0). Mais c’est prévu. On va mon-ter en puissance pour pouvoirrépondre quand il y aura desmoments plus difficiles. »

Avec ces mots, le plus doué desvirtuoses brésiliens ne faisait quereproduire les propos de Parrei-ra : « Nous ne commençons pas à100 %, mais ce n’est pas ce que jevoulais. Je veux que l’équipe monte

en puissance pendant la compéti-tion. » Confirmation du mêmeaprès la victoire contre l’Australie(2-0) : « Nous montons en puissan-ce progressivement. »

Art de l’esquivePour aboutir à ce résultat, la

Seleçao a insisté sur la récupéra-tion dans un premier temps. Lespréparateurs physiques sont euxaussi « montés en puissance ». Iln’est pas un entraînement sans sasérie d’exercices de courses, devivacité, et d’explosivité. Il y eutmême quelques cours particu-liers pour Ronaldo. Parreira pro-met d’ailleurs que son avant-cen-tre va lui aussi « monter en puis-sance » et redevenir le buteurimpitoyable d’il y a quatre ans.

En dépit de leur art consomméde l’esquive, les Brésiliens ne refu-

sent pas l’autocritique. Kaka s’yest livré : « Il faut que nous soyonsplus rapides et plus actifs. Cela vautaussi pour moi. Il faut améliorernotre marquage et nos déplace-ments, nous laissons trop d’espacesà nos adversaires. » Son compèreRonaldinho évoque une adapta-tion nécessaire à son rôle différentde celui qu’il tient au FC Barcelo-ne. « Ici, je joue milieu de terrain,pas attaquant. Je dois m’appliquerà donner plus de rythme à l’équi-pe. » Mais, au fond, le statut d’ar-tistes obligés peut agacer. Et beau-coup partageraient le cri du cœurde Juninho : « L’important, c’estd’être la meilleure équipe le 9 juillet[date de la finale à Berlin]. Si d’icilà nous gagnons chaque match 1-0,ce serait très bien. » a

Pascal Ceaux (envoyé spécialà Bergisch-Gladbach)

Expression taillée dans la langue de bois d’après-match exprimant lasatisfaction d’avoir obtenu un résultat favorable auquel on nes’attendait pas vraiment. « On nous aurait dit qu’on ferait match nul cesoir, on aurait signé des deux mains. » Soupçonné par les médisantsde ne savoir « penser qu’avec les pieds », le footballeur professionneln’est donc pas manchot avec un stylo. Il est vrai que certaines stars duballon ont appris à devenir ambidextres afin de gagner du temps dansles séances d’autographes… Bousculés dans leurs certitudes depuisle début de ce Mondial 2006, les Bleus signeraient aujourd’hui « desdeux mains » pour une qualification pour les huitièmes de finale. Celle-ci passe par une victoire avec deux buts d’écart face au Togo, vendre-di à Cologne. a

Frédéric Potet

DICOFOOT

Signer des deux mains

Pour lapremière fois,le « New YorkTimes »a consacréun supplémentà la Coupedu monde

Quand le Brésil « monte en puissance »…

Groupe BSuède - Angleterre : 2-2Mardi 20 juin

Peter Crouch (1,98 m) a remplacé Michael Owen à la 3e minute de Suède-Angleterre, mardi 20 juin. MATT DUNHAM/AP

Lepremiertour

Groupe EGhana - Etats-UnisJeudi 22 juin, 16 heures

0123Jeudi 22 juin 2006 33

Page 34: Le monde 22 06 06

Foot-businessJ.-P. Boucheron

Le verdict est tombé lundi19 juin dans la matinée. Plusde 18 millions de téléspecta-teurs avaient les yeux rivés

sur leur écran la veille pour suivrele deuxième match des Bleus enCoupe du monde de footballcontre la Corée du Sud (1-1). Citantles chiffres de Médiamétrie, TF1précise, dans un communiqué devictoire, qu’il s’agit de sa meilleureaudience de l’année 2006 et de sasixième meilleure audience depuisque l’outil de mesure existe. A quel-ques minutes de la fin dela rencontre, l’audience adépassé lecap des20mil-lions de téléspectateurs.

Depuis le coup d’en-voi de la Coupe du mon-de, le 9 juin, les recordsd’audience ne cessentde tomber. Déjà, mardi13 juin, lors de la premiè-re confrontation desBleus, face à la Suisse(0-0), TF1 avait réuni14,7 millions de téléspectateurs.Un chiffre jamais encore atteint àcette heure de diffusion, entre 18et 20 heures.

La chaîne du groupe Bouyguesn’est pas seule à se déclarer satis-faite des audiences entraînées parle Mondial. M6, même si elle nepossède pas les mêmes affiches,assure avoir réalisé sa meilleureaudience de l’année, avec 6,3 mil-lions de téléspectateurs lors deBrésil-Croatie (1-0), le 13 juin.Deux jours plus tard, le matchAngleterre - Trinité-et-Tobago,

retransmis à partir de 18 heures,lui assurait, avec 4,1 millions detéléspectateurs, un recordd’audience dans cette tranchehoraire. Même chose avec Argen-tine - Serbie-et-Monténégro, dif-fusé à partir de 15 heures.

Cette fièvre des supporteurs surcanapé n’est pas limitée aux fron-tières de l’Hexagone. En Allema-gne, 23 millions de téléspectateursont suivi la victoire de la Manns-chaft face à la Pologne (1-0), le14 juin, une audience supérieure à

celle du match d’ouver-ture, Allemagne-CostaRica (4-2). En Italie, leduel de la Squadraazzurra contre le Ghanaa attiré le 12 juin plus de19 millions de téléspec-tateurs.

Même dans les paysoùla tradition footballis-tiqueestquasi inexistan-te, comme aux Etats-Unis, les indicateurs

sont à la hausse. Selon l’institutNielsen, le nombre de téléspecta-teurs qui ont regardé les premiersmatches du Mondial sur la chaînesportive ESPN2 a doublé depuis2002. Mais, avec 1,2 million defoyers concernés, le taux d’audien-ce (1,4 %) reste très faible.

Pour l’instant, en Europe, leschiffres sont largement supé-rieurs à ceux de 2002. Il est vraiqu’alors la compétition se dérou-lait en Corée du Sud et au Japon,avec un décalage horaire impor-tant.

Reste à savoir comment vontévoluer les courbes à partir des 8es

de finale en fonction des perfor-mances des équipes nationales.TF1 surveille de près le parcoursdes Bleus. Le prix des spots publi-citaires sur cette chaîne est dépen-dant de leur parcours. Si la Fran-ce se hisse en finale, le spot detrente secondes diffusé avant lematch ou à la mi-temps fixeraitun nouveau record, à 250 000euros, soit plus que le 1,5 millionde francs demandés lors de la fina-le du Mondial 1998.

Mais la chaîne du groupe Bou-ygues, prévoyante, a jugé bond’augmenter plus encore les prixlors des matches du premier tour,là où la présence de la France etl’audience étaient assurées. Iln’empêche. Malgré ces tarifs trèsélevés, la diffusion des matchesde la Coupe du monde reste uneopération à perte pour les chaînesde télévision.

Selon l’agence de conseil enmédia ZenithOptimedia, TF1devrait engranger 50 à 60 mil-lions d’euros de recettes publici-taires selon le parcours de l’équi-pe de France, et M6 de 14 à 18 mil-lions d’euros. A comparer avec les100 millions d’euros débourséspar TF1 et les 27 millions d’eurosversés par M6 pour acquérir lesdroits de diffusion. L’opérationest d’abord une question d’imageet d’audience. D’où l’intérêtd’égrener jour après jour les vic-toires d’audience… a

Laurence Girard

Le futur des sélections natio-nales s’inscrirait-il en poin-tillés ? Possible. Le sacro-saint principe de « mise à

disposition » obligatoire et gratui-te des joueurs pour le compte deleurs équipes nationales est eneffet suspendu à un avis que doitrendre la Cour de justice euro-péenne fin 2007 dans le cadre del’affaire opposant le club de Char-leroi à la Fédération internationa-le (FIFA). Soutenu par le G14(lobby des clubs européens lesplus huppés), le petit club belgeréclame des dommages et inté-rêts, après l’indisponibilité deson joueur Abdelmajid Oulmersconsécutive à une blessure surve-nue lors d’un match avec leMaroc.

Au-delà du problème juridiquesoulevé par les clubs, qui contes-tent la conformité des règles édic-tées par la FIFA avec le droit com-munautaire de la concurrence, setrouve un incontournable postu-lat : clubs et sélections nationalesfont appel à une même main-d’œuvre. A ce jour, deux intérêtss’affrontent. D’une part, celui desclubs, dont la logique s’apparentedésormais à celle d’une entrepri-se de spectacle soucieuse de la dis-ponibilité de ses salariés pour sonpropre compte. D’autre part,celui de la FIFA, dont le Mondialconstitue une vitrine sans égale etune source croissante de revenus.

Le divorce entre les clubs lesplus riches et l’organisation mèredu football n’a jamais été aussi pro-che. Pourtant, les deux partiesauraient tout à gagner à un accordfondé sur une analyse objective.Les clubs profitent de l’expositionexceptionnelle de leurs joueurs ensélection. Le Mondial attire fans,partenaires et médias par l’excep-tionnelle concentration de talentsqu’il propose, grâce au travail effec-tué principalement, au quotidien,dans les clubs.

Si les uns et les autres n’accep-tent pas, pour le bien du jeu et desenjeux, une gouvernance rationali-sée et des concessions récipro-ques, le spectre d’un reflux de l’in-térêt du public pourrait apparaî-tre. Le football est tout juste âgéd’une centaine d’années, et il peuttrès bien voir reculer l’énorme pas-sion qu’il suscite. D’autres sportsconcurrents pourraient très bienen tirer profit. a

Chronique réalisée par le Centrede droit et d’économie du sport

de Limoges (www.cdes.fr)

Des signes de tension entre supporteurs ont étéenregistrés, mardi 20 juin à Cologne, en margedu match entre l’Angleterre et la Suède (2-2). Debrèves échauffourées ont opposé des hooligansallemands à des fans anglais à l’issue de la ren-contre. Aucun incident n’a toutefois été relevé àl’exception d’une bagarre ayant éclaté dans une

brasserie de la ville. La police a arrêté 45 suppor-teurs allemands, qu’elle a identifiés comme desfauteurs de troubles connus. Ils ne devaient êtrerelâchés que le lendemain afin d’éviter tout ris-que de nouvelle confrontation avec des fansanglais. La police a également interpellé cinq Bri-tanniques en état d’ébriété aux abords du stade.

Treize autres supporteurs anglais, auteurs deprovocations, avaient été arrêtés le matinmême. Quelque 35 000 fans britanniques ontassisté au match depuis les tribunes du Rhein-Energie Stadion de Cologne et probablementautant, privés de billets, l’ont suivi devant desécrans géants. (Photo : Peter Dejong/AP)

Audiences en hausse dans le mondePartout, les télévisions enregistrent des taux d’écoute records

Les sélectionsen danger ?

ButsAllemagne : Klose (4e, 44e), Podolski (57e)

Avertissements :Avertissements :

Equateur (sélectionneur : Suarez) Mora • De la Cruz ; Guagua ; Espinoza ; Ambrosi • Mendez ; M. Ayovi (cap) (Urrutia, 68e) ; Valencia (Lara, 63e) ; E. Tenorio • Borja (Benitez, 46e) ; Kaviedes

Allemagne (sélec. : Klinsmann) Lehmann • A. Friedrich ; Mertesacker ; Huth ; Lahm • Schneider(Asamoah, 73e) ; Frings (Borowski, 67e) ; Ballack (cap) ; Schweinsteiger • Klose (Neuville, 67e) ; Podolski

Costa Rica (sélec. : Guimaraes)Porras • Drummond (Wallace 70e) ; Umana ; Marin (cap) ; Badilla ; Gonzalez • Bolanos (Saborio 78e) ; Solis ; Centeno ; R. Gomez (Hernandez 82) • Wanchope

Pologne (sélectionneur : Janas)Boruc • Baszczynski ; J. Bak (cap) ; Bosacki ; Mi. Zewlakow • Smolarek (Rasiak, 85e) ; Radomski (Lewandowski, 64e) ; Szymkowiak ; Krzynowek • Jelen ; Zurawski (Brozek, 46e)

Allemagne-Equateur 3-0

Buts

Suède (sélec. : Lagerbäck)Isaksson • Alexandersson ; Mellberg (cap) ; Lucic ; Edman • Linderoth (D. Andersson, 90e+1) • Jonson (Wilhelmsson, 54e) ;Källstrijm ; Ljungberg •Allbäck (Elmander, 75e) ; Larsson

Angleterre (sélec. : Eriksson)P. Robinson • Carragher ; R. Ferdinand (S. Campbell, 56e) ; Terry, Ash. Cole • Beckham(cap) ; Lampard ; Hargreaves ; J. Cole • Owen (Crouch, 4e) ; Rooney (S. Gerrard, 69e)

Pologne-Costa Rica 2-1

Paraguay-Trinité-et-T. 2-0 Suède-Angleterre 2- 2

Groupe A, le 20 juin à 16 heuresBerlin • 72 000 spectateurs Arbitre : V. Ivanov (Rus)

Groupe A, le 20 juin à 16 heuresBerlin • 43 000 spectateurs Arbitre : S. Maidin (Sin)

Groupe B, le 20 juin à 21 heuresCologne • 45 000 spectateurs Arbitre : M. Busacca (Sui)

Equateur : Valencia (52e)Allemagne : Borowski (75e)

ButsSuède : Allbäck (51e), Larsson (90e)Angleterre : J. Cole (34e), S. Gerrard (85e)

Avertissements :Suède : Alexandersson (83e), Ljungberg (87e)Angleterre : Hargreaves (76e)

Paraguay (sélec. : Ruiz)Bobadilla • Caniza (P. Da Silva, 88e), Caceres (Manzur, 77e), Gamarra (cap) ; Nunez •Barreto ; R. Acuna ; Paredes ; Dos Santos •Santa Cruz ; Nelson Valdez (Cuevas, 66e)

Trinité-et-T. (sélec. : Beenhakker)Jack • Edwards ; Sancho ; Lawrence ; A. John (Jones, 31) • Birchall ; Yorke (cap) ; Whitley (Latapy, 67) ; Theobald •Glen (Wise, 41) ; S. John

Groupe B, le 20 juin à 21 heuresKaiserslautern • 46 000 spectateurs Arbitre : R. Rosetti (Ita)

ButsParaguay : Sancho (25e c.s.c.), Cuevas (86e)

Paraguay : Paredes (30e), Dos Santos (55e)Trinité-et-Tobago : Sancho (45e), Whitley (49e)

Avertissements :

Costa Rica : R. Gomez (25e)Pologne : Bosacki (33e, 66e)

Costa Rica : Umana (17e), Marin (45e+2), R. Gomez (45e+3), Badilla (56e), Gonzalez (76e)Pologne : Radomski (18e), J. Bak (23e), Mi. Zewlakow (29e), Baszczynski (60e),Boruc (90e+1)

Tensions etéchauffourées

A lire dans Le Monde à vivre sur France Info…Du dimanche au vendredià 17h55 sur France InfoLe regard de la rédaction du Monde

Tous les samedis dans Le MondeLa chronique de Richard Place envoyé spécial de France Info en Allemagne

La diffusiondes matchesde la Coupedu mondereste uneopérationà perte pourles chaînes

RÉSULTATS ET CLASSEMENTS

Allemagne-Costa RicaPologne-EquateurAllemagne-PologneEquateur-Costa RicaEquateur-AllemagneCosta Rica-Pologne

9 914152020

1234

9 pts (+ 6)6 pts (+2)3 pts (–2)0 pt (– 6)

6 pts (+ 6)3 pts (0)1 pt (– 2)1 pt (– 4)

1224

4-20-21-03-03-01-2

Angleterre-ParaguayTrinité-et-T.-SuèdeAngleterre-Trinité-et-T.Suède-ParaguaySuède-AngleterreParaguay-Trinité-et-T.

101015152020

1-00-02-01-02-22-0

Argentine-Côte d’IvoireSerbie-et-M.-Pays-BasArgentine-Serbie-et-M.Pays-Bas-Côte d’IvoirePays-Bas-ArgentineCôte d’Ivoire-Serbie-et-M.

101116162121

2-10-16-02-1

Mexique-IranAngola-PortugalMexique-AngolaPortugal-IranPortugal-MexiqueIran-Angola

111116172121

3-10-10-02-0

Italie-GhanaEtats-Unis-Rép. tchèqueItalie-Etats-UnisRép. tchèque-GhanaRép. tchèque-ItalieGhana-Etats-Unis

121217172222

2-00-31-1

0-2

Australie-JaponBrésil-CroatieBrésil-AustralieJapon-CroatieJapon-BrésilCroatie-Australie

121318182222

3-11-02-00-0

France-SuisseCorée du Sud-TogoFrance-Corée du SudTogo-SuisseTogo-FranceSuisse-Corée du Sud

131318192323

0-02-11-1

0-2

Espagne-UkraineTunisie-Arabie s.Espagne-TunisieArabie s.-UkraineArabie s.-EspagneUkraine-Tunisie

141419192323

4-02-23-1

0-4

Groupe A Groupe B Groupe C Groupe D Groupe E Groupe F Groupe G Groupe H

AllemagneEquateurPologneCosta Rica

EspagneUkraineTunisieArabie s.

7 pts (+ 3)5 pts (+1)3 pts (0)1 pt (– 4)

6 pts (+ 7)6 pts (+ 2)0 pt (– 2)0 pt (– 7)

6 pts (+ 4)4 pts (+ 1)1 pt (– 1)0 pt (– 4)

1224

1234

1234

PortugalMexiqueAngolaIran

AngleterreSuèdeParaguayTrinité-et-T.

ArgentinePays-BasCôte d’IvoireSerbie et M.

4 pts (+ 2)3 pts (+ 1)3 pts (0)1 pt (– 3)

6 pts (+ 3)3 pts (+ 2)1 pt (– 1)1 pt (– 2)

1234

1234

ItalieRép. tchèqueGhanaEtats-Unis

BrésilAustralieCroatieJapon

4 pts (+ 2)4 pts (+ 1)2 pt (0)0 pt (– 3)

1224

SuisseCorée du SudFranceTogo

En gras : les équipes qualifiéesEn italique : les équipes éliminées

34 0123Jeudi 22 juin 2006

Page 35: Le monde 22 06 06

DISPARITIONS

René Renou

Thiounn Thioeunn

Promoteurd’une réforme desappellations d’originecontrôlée (AOC)

Il fut unedes « cautionsbourgeoises » durégime khmer rouge

PRÉSIDENT du comité nationaldes vins et eaux-de-vie de l’INAO(Institut national des appella-tions d’origine), René Renou estmort à lundi 19 juin à Séoul(Corée du Sud), au cours d’unemission avec la Sopexa (Sociétépour la promotion des exporta-tions agricoles et agroalimen-taires françaises). Il était âgé de54 ans.

Viticulteur, René Renou s’étaitengagé en 1986 au sein del’INAO. Nommé à la présidencedu comité national des vins en2000, il venait d’être reconduitdans ses fonctions en mars.

Avec bonhomie et conviction,René Renou avait engagé le mon-de vitivinicole dans un débat enprofondeur.

Il ne cachait pas les difficultésqui allaient se poser devant ce quin’était, à ses yeux, que le débutd’une crise liée à la surproductionmondiale, en même temps qu’àl’évolution des modes de consom-mation : « Il faut désormais avoirle courage de répondre, disait-il,aux deux concepts du vin qui ont

cours : l’anglo-saxon et le fran-çais. »

Sa proposition de réforme s’ar-ticulait autour de trois grandsprincipes : le choix entre appella-tion d’origine contrôlée d’exc-ellence (AOCE) et simple AOC, laréécriture de tous les décrets desdifférentes appellations, et la créa-tion d’un dispositif rigoureux decontrôle de la qualité. La mesurela plus nouvelle était la créationde l’AOCE, réservée « aux vins deluxe ou de rêve » pour laquellel’engagement de 75 % des viticul-teurs de l’appellation serait néces-saire. Autant dire une révolutiondans le monde viticole. Ses propo-sitions ont en grande partie ali-menté le débat engagé par les pou-voirs publics depuis 2003.

Viticulteur à Thouarcé (Maine-et-Loire), René Renou produisaitun bonnezeaux, petite appellationde 130 hectares, qui doit sa réputa-tion « d’inimitable vin de dessert »au terroir unique qui occupe troiscollines de schistes – la Monta-gne, Beauregard et Fesles –au-dessus de Thouarcé et à soncépage unique, le chenin blanc,au rendement strictement limité à20 hectolitres à l’hectare, et bénéfi-ciant d’une surmaturation des rai-sins sur la souche sous l’action dela « pourriture noble ». a

Jean-Claude Ribaut

Ancien ministre de lasanté du régime khmerrouge au Cambodge,Thiounn Thioeunn estmort à l’âge de 86 ans,

vendredi 16 juin. Une cérémoniebouddhiste présidée par un moi-ne de haut rang a eu lieu lundi19 juin à Phnom Penh lors de sacrémation.

Thiounn Thioeunn était l’aînéde quatre frères célèbres, issusd’une famille de l’aristocratiekhmère, qui s’étaient rangés ducôté de Pol Pot après des étudesen France où s’est formée à lapolitique, dans les années 1950,sous l’influence du Parti commu-niste français, la petite future oli-garchie du régime qui deviendraconnu sous le sobriquet de« Khmers rouges » inventé parle prince Norodom Sihanouk.

Ancien camarade d’études deSihanouk au lycée Chasseloup-Laubat de Saïgon, ThiounnThioeunn a suivi une formationen cardiologie et chirurgie àParis avant de rentrer au Cam-bodge et, en 1971, avec son épou-se Mala, d’accomplir un gestepolitiquement fracassant : quit-tant Phnom Penh, il se rend dansla « Zone spéciale » insurgée del’ouest du pays d’où les combat-tants de Pol Pot guerroyaientcontre « l’impérialisme et seslaquais », d’abord Sihanouk,puis le maréchal Lon Nol. Dèslors, Thiounn Thioeunn devientun hôte privilégié de Pol Pot,alias « Frère numéro un ».

Une fois Phnom Penh tombéeaux mains des Khmers rouges en1975, il va devenir ministre de lasanté publique. A ce titre, ilsupervise non seulement leshôpitaux chargés de soigner lanomenklatura d’un pays ren-voyé à l’agriculture de base,mais aussi la formation de jeu-nes Khmers rentrés au pays etdirigés vers une « voie médica-

le » dépourvue de tous moyens.En 1976, lors d’une des rares visi-tes de diplomates étrangersvenus de Pékin pour un premiercontact avec cet étrange « Kam-puchéa démocratique » isolé dumonde, le prince Sihanouk, quisert encore pour quelques moisde chef d’Etat nominal avant dejeter l’éponge, leur présenteThiounn Thioeunn comme undes « intellectuels » sur lesquelsle pays peut s’appuyer alorsmême qu’il n’y a plus de mon-naie et que la capitale a été vidéede pratiquement tous ses habi-tants – patients des hôpitauxcompris.

Fidèle à Pol PotThiounn Thioeunn n’a pas été

personnellement impliqué dansles politiques qui ont conduit, de1975 à 1979, à la mort de prèsd’un tiers de la population cam-bodgienne dans les « killingfields » de Pol Pot. Il en a été,comme ses frères, la « cautionbourgeoise » à vernis patrioti-que.

Le plus connu des quatre estThiounn Prasith, qui représentale Cambodge « polpotiste » auxNations unies avec la cautiondes grandes puissances de 1978à 1992, et qui vivrait toujours àNew York. Thiounn Mumm, unautre frère, sorti de Polytechni-que, eut un temps la haute mainsur les finances de la résistanceantiaméricaine en exil à Pékin,puis conserva des fonctions sousle régime khmer rouge.

Mais à la différence du restede la famille, Thiounn Thioeunnresta fidèle à Pol Pot près devingt ans après que l’armée viet-namienne eut évincé les Khmersrouges en 1979.

Ce n’est qu’en 1998 que l’hôtepersonnel de « Frère numéroun » fit finalement défection despoches d’insurrection encoreactives pour retourner à PhnomPenh. Pol Pot venait de perdre ledernier lambeau de son pouvoirdans un règlement de comptesentre factions du mouvement, ety laissait sa vie. a

Francis Deron

Louis Darinot, ancien député(PS) de la Manche, ancien mairede Cherbourg, est mort vendredi9 juin à son domicile de Cher-bourg. Il était âgé de 81 ans.Né le 16 mars 1925 à Segry(Indre), pharmacien à Bayeux

puis à Cherbourg, Louis Darinota été député de la 5e circonscrip-tion de la Manche de 1973 à 1988et maire de Cherbourg de 1977 à1980. A l’Assemblée nationale, ila présidé la commission de ladéfense nationale de 1981 à 1986.

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AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

Jane GEITNER-BERÈS,Platane et Odessa BERÈS,

ont le bonheur d'annoncer la naissancede

Sienne BERÈS,

le 1er juin 2006, à 16 heures.

Laurence et StéphaneGRANDGUILLAUME-LIENHARD

ont la joie d'annoncer la naissance de

Nina

le 16 juin 2006.

11, rue de Marignan,75008 Paris.

DécèsM. Eugène Becker,

son époux,Mlle Alice Becker,

sa fille,

M. et Mme Georges Labrosse,Mme Claudette Labrosse,M. et Mme Olivier Labrosse

et leurs enfants,M. et Mme Arnaud Labrosse,

et leur fille,Mme Emmanuelle Labrosse,Son époux et leur fils,Mme Alice Debord,M. et Mme Antoine Bertucci,Mme Elise Bertucci,M. Alexandre Sun,

ses frère et sœur, belles-sœurs et beaux-frères,leurs enfants, petits-enfants

Et toute sa famille,

ont la douleur de faire part du décès de

Mme Marie-Louise BECKER,née LABROSSE,

survenu le 19 juin 2006.

Cérémonie religieuse dans la plusstricte intimité.

L'inhumation aura lieu vendredi23 juin, dans le caveau familial, aucimetière de Mâcon (Saône-et-Loire).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Chalon-sur-Saône. Varennes-le-Grand.Saint-Loup-de-Varennes. Mellecey. Mâcon.

M. et Mme Louis BiotAinsi que toute la famille Et tous ses amis,

font part du décès de

L'Abbé Paul BIOT,croix de guerre 1939-1945,

survenu dans sa quatre-vingt-neuvièmeannée.

Ses obsèques seront célébrées jeudi22 juin 2006, à 10 h 30, en la cathédraleSaint-Vincent de Chalon-sur-Saône.

Le présent avis tient lieu de faire-part.

Nedjma Mériem Cadi, née Mostefaï,son épouse,

Samir et Karine,Amel et Mehdi,

ses enfants,Sidonie Maya, Ali-Yacine, Iman,

ses petits-enfants,Les familles Cadi, Mostefaï, Boureghda,

Raczka, parentes et alliées,

ont la douleur de faire part du décès de

Hassen CADI,ingénieur en Aéronautique ,

survenu à Paris le 19 juin 2006, à l'âge desoixante-dix ans.

La levée de corps aura lieu le jeudi22 juin, à 14 h 30, à l'hôpital Necker. Lesobsèques auront lieu le même jour, à15 h 30 au carré musulman du cimetièreparisien de Thiais.

Que Dieu le Tout Puissantlui accorde Son infinie miséricorde,

et l'accueille dans Son éternel paradis.

9, rue Auguste Comte,92170 Vanves.

Nous avons la tristesse de vousapprendre le décès du

docteur Odette CHADENSON,36 bis, chemin de Vassieux

(Caluire, Rhône),

survenu le 20 juin 2006 au matin.

De la part des familles Chadenson,Raggueneau et Gojon.

Colette Provôt,Roland et Monique Chetaille,Alain et Sylvie Chetaille,Noëlle et Jean-Pierre Mansoux,Jean-Yves et Annie Chetaille,Bruno et Sylvie Chetaille,Leurs enfants et petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Joseph CHETAILLE,

survenu le 20 juin 2006, dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année.

La cérémonie religieuse sera célébréele samedi 24 juin, à 10 heures, en l'égliseSainte-Madeleine de Tarare.

Susie Deiller,son épouse,

Catherine, Patrick, Elisabeth, Annie etJean-Hervé Deiller,ses enfants,

Muriel Nathan, Dominique Vuillier et Mary de Sousa,ses belles-filles et son gendre,

Mikaël, Maëlle, Ewane, Anne-Cécile,Anouk, Antonin, Vincent et Victor,ses petits-enfants,ont la tristesse d'annoncer le décès du

docteur Jean-René DEILLER,

survenu le 17 juin 2006, à Paris, à l'âgede quatre-vingt-quatre ans.

La cérémonie religieuse aura lieu cejeudi 22 juin, à 15 heures, en l'égliseSainte-Bathilde, 49, avenue du Plessis, àChâtenay-Malabry.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Anne et Graham Rook,Isabelle Demarquay,Bénédicte et Olivier van Ruymbeke,

ses enfants,

Christopher et Natarsha,Gregory et Angela,Astrid, Jean, Romain,

ses petits-enfants,

Ella, Emma, Millie,ses arrière-petites-filles

Et toute la famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Odile DEMARQUAY,née BONNAMAUX,

survenu le 18 juin 2006.

Le service religieux aura lieu levendredi 23 juin, à 10 heures, au templedu Saint-Esprit, 5, rue Roquépine, Paris 8e.

1, rue Bellanger,92200 Neuilly-sur-Seine.

Mme Françoise Godard,son épouse

Et toute sa famille,ont la tristesse de faire part du décès de

M. Serge GODARD,

survenu le 19 juin 2006.

La levée de corps aura lieu le lundi26 juin, à 13 h 30, à l'amphithéâtre del'hôpital Saint-Joseph, Paris 14e.

La cérémonie religieuse sera célébréele même jour, à 16 heures, en l'église deVénizy (Yonne).

154, rue de Lourmel,75015 Paris.

M. et Mme Francis et Georgette Gouge,ses enfants,

Barbara, Vanessa, Guillaume,ses petits-enfants,

Mme Christiane Jouvençon,Mme Hélène Flammant,

ses belles-sœurs,Ses neveux et niècesAinsi que toute sa familleEt ses amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Henriette GOUGE,née VERGEAT,

survenu à Brunoy le 17 juin 2006, à l'âgede quatre-vingt-seize ans.

La cérémonie religieuse sera célébrée lemercredi 21 juin, à 15 heures, en l'église deSaint-Joseph du Tremblay à Champigny-sur-Marne, 40, rue du Docteur Charcot, oùl'on se réunira,

suivie de l'inhumation le même jour à16 heures au cimetière de Champigny-sur-Marne Centre Ancien, dans la sépulture defamille.

79, rue Gabriel Péri,94430 Chennevières-sur-Marne.

Marc et Christophe Jampolsky,ses fils,

Marilou et Roman Jampolsky,ses petits-enfants,

ont la grande tristesse d'annoncer le décèsde

Pierre JAMPOLSKY,

à l'âge de quatre-vingt-huit ans.

S'y associent :Véronique Puvilland,Régine Borderie,

ses belles-filles,Les familles Clauser, Bazennerie,

Gaillard, d'Adler, Jouët, Maupas, Morawitzet Homann-Herinberg.

Une cérémonie aura lieu le lundi 26 juin2006, à 10 h 10, en la salle de la Coupoledu crématorium du Père-Lachaise, suivie del'inhumation au cimetière du Père-Lachaise,à 11 h 15.

Serge Mauny,son époux,

Catherine et Frédéric,ses enfants,

Leurs conjointsEt ses petits-enfants Ainsi que toute sa familleEt ses amis,

ont la douleur de faire part du décès de

Pierrette MAUNY,née COUTANGT,

survenu le 19 juin 2006, dans sa soixante-quinzième année.

Ses obsèques religieuses auront lieu levendredi 23 juin, à 10 h 30, en l'église deNoyers-sur-Cher (Loir-et-Cher).

Merci aux équipes de l 'hôpitalAmbroise Paré qui l'ont accompagnéeavec professionnalisme et dévouement.

53, rue Etienne Marey,75020 Paris.

Aix-en-Provence.

Nicole MENCHERINI,née HUON,

est morte dimanche 18 juin 2006.

Elle a lutté jusqu'au bout contre lecancer, pour le bonheur, pour un mondeplus juste et plus humain.

Un dernier hommage lui sera rendumercredi 21 juin, à 16 h 15, au crématoriumdes Milles, 2370, rue Claude-NicolasLedoux, 13290 Les Milles.

Robert,son mari.

« S'Il veut vivre pour toi,Dieu même doit mourir,

Et tu voudrais sans mort hériterde sa vie ? »

Angélus Silésius.

Jean-Marie, Pierre, Bernard, Marie-Thérèse Patarin,ses enfants,ont la douleur de faire part du décès deleur mère

Marie-Anne PATARIN,

survenu dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année, le 18 juin 2006.

Sa famille,Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfants,

ses joignent à eux dans la peine qu'ilstraversent.

La cérémonie religieuse aura lieu dansla plus stricte intimité familiale à Port-en-Bessin le vendredi 23 juin, où ellereposera auprès de son mari

Jean Camille PATARIN.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Jean-Marie et Françoise Patarin,26, place du Commandant Martin,18000 Bourges.Pierre et Chantal Patarin,Pennaros,29800 Plouedern.Bernard Patarin,34, avenue Jean d'Estienne d'Orves,94340 Joinville-le-Pont.Marie-Thérèse Patarin,34, avenue Jean d'Estienne d'Orves,94340 Joinville-le-Pont.

Mme Francine Tastavy,son épouse,

Sophie et Laurent, Jérôme,ses enfants,

Daphné,sa petite-fille,

M. et Mme Pierre Erard,sa sœur et son beau-frère,

Mme Françoise Maous,sa belle-mère

Ainsi que toute la famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Michel TASTAVY,

survenu le 19 juin 2006, à Paris, à l'âgede soixante-treize ans.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 23 juin, à 10 heures, enl'église de Creissan (Hérault), suivie del'inhumation dans le caveau de famille.

Cet avis tient lieu de faire-part.

4, passage des Fours à Chaux,75019 Paris.

Remerciements

Mme Serge Rechter,

Sa famille,

très touchées de l 'affection et de la

sympathie que vous leur avez témoignées

lors du rappel à Dieu de

M. Serge RECHTER

vous remercient profondément de vous

être associés à leur peine et à leurs prières.

Anniversaires de décèsIl y a onze ans, la vie quittait

Alain BONTZOLAKIS.

Sa mère demande à tous ceux qui l'ontaimé de garder à jamais dans leur cœur lesouvenir de son sourire.

Aline Kiesel.

Le 22 juin 2003,

Marie-Claire COTHENET

nous quittait, le jour de

ses quarante-deux ans.

Que toutes celles et tous ceux qui l'ont

connue et aimée aient une pensée pour elle.

Souvenir

Le 22 juin 1991,

Augustin POSTEL-VINAY

perdait la vie à l'âge de vingt ans.

Ceux qui l'aiment.

Anniversaires

HO-DAC Cung

aurait eu cent ans aujourd'hui.

Madeleine, Bernard, Agnès.

ConférencesM. Denis Oswald, membre

du Comité international olympiquedonnera une conférence

le lundi 26 juin 2006, à 9 heures,à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne

(12, place du Panthéon, Paris 5e)en salle 17 dans le cadre

du Diplôme de droit du sport,dirigé par Mme Sophie Dion.

Soutenances de mémoireA l'EAC, L'Ecole de la médiation

culturelle et du marché de l'Art, Paris 9e,13, rue de la Grange Batelière,[email protected] Diane Palouxsoutiendra « La valorisation dupatrimoine au service des territoiresurbains » vendredi 23 juin, à 9 h 30.

Le jury est composé de M. Duval -directeur de « Territoires Publics » et M.Debost, responsable de la médiationBureau du patrimoine.

CARNET0123Jeudi 22 juin 2006 35

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Tres facileCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne, parcolonne et par carre deneuf cases.

SUDOKU Nº 193 Solution du no 192

ESCAMOTAGESCIENTIFIQUE

La donne suivante a été distri-buée au cours d’un match entreles Norvégiens et les Israéliens, etle joueur norvégien a réussi sonchelem en escamotant une de sesperdantes en se servant du jeu deson adversaire. Après avoir cachéles mains d’Est-Ouest, prenez saplace en Sud.

Ouest ayant entamé le 4 de Trè-fle, comment Sud a-t-il joué pourgagner ce PETIT CHELEM ÀCARREAU contre toute défense ?

RéponseAprès la levée de la Dame de

Trèfle, le déclarant a fait l’impas-se à Cœur. Même si elle échouait,il pouvait espérer la réussite deson contrat en ne perdant aucunatout grâce à l’impasse à Carreau(si Ouest détenait le Roi secondou R 8 4).

L’impasse à Cœur ayant réussi,il fallait, s’il y a un atout à perdre(ce qui était le cas), éviter de don-ner un Pique. Après la levée de laDame de Cœur, Sud joua le Valetde Carreau, qui resta maître, puisil continua Carreau pour le 10 etl’As de Carreau. Ensuite, il élimi-na les Cœurs et les Trèfles en réali-sant le Roi de Trèfle, l’As de Cœuret l’As de Trèfle, sur lequel il jeta

le Valet de Cœur.Enfin il tira le Roi de Pique

(dans l’espoir que la Dame dePique tomberait) ou qu’Ouestn’aurait plus que deux Piques, etil rendit la main à Ouest à Carreau.Celui-ci prit avec le Roi, mais ildut rejouer Cœur ou Trèfle danscoupe et défausse. Le mort coupaet le 4 de Pique de Sud s’évapora.

PURE ET SIMPLELa ligne de jeu la plus simple

est souvent la meilleure et son exé-cution ne doit pas vous faire peur.En tout cas, si vous avez la chancede découvrir immédiatement unmoyen facile de gagner le contrat,n’allez pas chercher ailleurs !Prenez la place du déclarant enSud après avoir caché les mainsd’Est-Ouest.

Ouest ayant entamé le Roi deTrèfle, comment le déclarant enSud a-t-il joué pour gagner cecontrat de QUATRE PIQUES ?

Note sur les enchèresIl est étonnant qu’Ouest ait

passé d’entrée avec une main quivaut 13-14 points en comptant ladistribution. D’autre part, l’ouver-ture de « 1 Cœur » en Est en troi-sième position, avec seulementquatre cartes, n’a d’intérêt quepour indiquer une entame.

Philippe Brugnon

Ouest Nord Est Sudpasse ! passe 1 � ! 1 � !

2� 3 � passe 4 �...

Unjeupourchaque jourLundi daté mardi Affaire de logiqueMardi daté mercredi ScrabbleMercredi daté jeudi BridgeJeudi daté vendredi L’art en questionSamedi daté dimanche-lundi Echecs

� R D 10 4� 7� 7� D 10 9 7 6 5 4

� 6 3 N

� V 7 5� 5 2

O E � A R 10 8� R V 6 5 2 � 10 9 8 3� A R V 2

S � 8 3

� A 9 8 2� D V 9 6 4 3� A D 4� –

Ann. : O. don. Pers. vuln.

BRIDGE Nº 2208

LeLotoLes résultats sontpubliés dans cette pagedans nos éditions datéesdimanche-lundi, mardiet vendredi

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En France

Météorologue en direct au 0899 700 703

(1,34 € l’appel + 0,34 € la minute) 7 jours/7 de 6h30-18h

Service proposé par MeteoNewsen partenariat avec Le Monde

http://www.meteonews.fr

Région

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Nord-Est

Sud-Ouest

Sud-Est

Front chaud Front froid

DépressionAnticyclone

Occlusion Thalweg

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>40° 35 à 40°30 à 35°25 à 30°20 à 25°15 à 20°10 à 15°5 à 10°0 à 5°-5 à 0°< -5°

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> 50 mm

Jours suivants

Paris Paris

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Lisbonne Lisbonne

Séville Séville

Rabat Rabat

Alger Alger

Tunis Tunis

Rome RomeBarceloneBarcelone

Tripoli Tripoli

Le Caire Le Caire

Jérusalem Jérusalem

Beyrouth Beyrouth

Athènes Athènes

Berne Berne

Amsterdam Amsterdam

Bruxelles Bruxelles

BerlinBerlin

Londres Londres

EdimbourgEdimbourg

Dublin Dublin

Oslo Oslo

Stockholm Stockholm

Copenhague Copenhague

Riga Riga

Varsovie Varsovie

Kiev Kiev

Ankara Ankara

Istanbul Istanbul

Sofia Sofia

Odessa Odessa

Budapest Budapest Vienne Vienne

Prague Prague

Munich Munich

ZagrebZagreb Milan Milan

Belgrade BelgradeBucarest Bucarest

St-PétersbourgSt-PétersbourgHelsinki Helsinki

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MoscouMoscou

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ReykjavikReykjavik

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BelgradeBucarest

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AmsterdamAthènesBelgradeBerlinBerneBratislavaBruxellesBudapestBucarestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavikRigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienne VilniusZagreb

AlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenos AiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobiNew DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashington

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assez ensoleillébeau tempsaverses éparsesbeau tempsbeau tempsbeau tempsbeau tempsensoleillébeau tempsbeau tempsbeau tempsassez ensoleillébeau tempsassez ensoleilléassez ensoleilléassez ensoleilléensoleilléorageuxtrès nuageuxbeau tempsensoleilléensoleillépluvieuxaverses éparsesensoleilléforte pluiebeau tempsassez ensoleillé

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17°24°

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12°28°

15°23°

11°27°

21°29°

15°25°

15°30°

19°32°

19°32°

20°33°

05h45 02h5921h58 19h06

VendrediSamedi Dimanche Lundi

Jeudi 22 juin 2006 22.06.200622.06.2006

22.06.2006

30 km/h

25 km/h

15 km/h

15 km/h

45 km/h

Températuresà l’aube et l’après-midi

11°22°

Los Angeles

Anchorage

Vancouver Québec

Miami

Paris

Le Cap

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Marrakech

Yaoundé

Khartoum

Ankara

Riyad

Kaboul

OmskIrkoutsk

Karachi

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Vladivostock

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AntananarivoLa Paz

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Santiago du Chili

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PARIS

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Strasbourg

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CaenCaen

Cherbourg

Rennes

Brest

Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

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Nice

Clermont-Ferrand Lyon

Chamonix

Bordeaux

Biarritz

Limoges

Besançon

Rouen

Châlons-en-Champagne

Toulouse

Dijon

Grenoble

Lille

Chicago Barcelone

St-Pétersbourg

Lima

Bagdad

Port Moresby

EN EUROPE DANS LE MONDE

OUTREMER

Dans le monde L’hiver austral est bien là, avec 14 degrés au Cap comme à Auckland

Los Angeles

Chicago

Anchorage

Vancouver Québec

Miami

Paris

St-Pétersbourg

Barcelone

Le Cap

Abidjan

Marrakech

Yaoundé

Khartoum

Ankara

Riyad

Kaboul

OmskIrkoutsk

Karachi

Kuala Lumpur

Hanoi

Shanghai

Auckland

Honolulu

Alice Springs

Port Moresby

Vladivostock

TripoliBagdad

AntananarivoLa Paz

Lima

Caracas

Managua

Rio de Janeiro

Santiago du Chili

PARIS

Amiens

Metz

Strasbourg

Orléans

Caen

Cherbourg

Rennes

Brest

Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

Marseille

Ajaccio

Nice

Clermont-Ferrand Lyon

Chamonix

Bordeaux

Biarritz

Limoges

Besançon

Rouen

Châlons-en-Champagne

Toulouse

Dijon

Grenoble

LilleMitigé

Jeudi, la perturbation de la veille continuera son chemin vers le Sud-Ouest, le Centre et le Nord-Est, mais elle aura perdu de son activité pluvieuse. Il n'en restera que des nuages assez tenaces de Bordeaux à Bourges, Troyes et Strasbourg. A l'arrière, des nuages bas se formeront aussi sur le quart Nord-Ouest, et le ciel sera variable de l'Auvergne au nord des Alpes. Les éclaircies se développeront davantage sur le quart sud-est, la Corse, voire sur le Poitou-Charentes. Températures douces en général, chaudes vers la Méditerranée.

ST-ALBAN

COEFF. DE MARÉE:66

Cumul pluviométrique le

En Europe

LEVER: COUCHER:PARIS

COUCHER:PARIS

LEVER:

Le 12h TU

I

II

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VI

VII

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Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr

Solution du n° 06 - 145HorizontalementI. Opéra-comique. - II. Rado-0tage. UTC. - III. Prise. Môle. -IV. Hôtels. Ille. - V. En. Séantes. -VI. Lys. Sueur. Oô. - VII. Imam.VGE. Inn. - VIII. Nébuleuses. -IX. Lieus. Pire. - X. Tiédir. Risée.

Verticalement1. Orphelinat. - 2. Paronyme. -

3. Edit. Sable. - 4. Rosés. Muid. -5. Atèles. Lei. - 6. Ça. Sauveur. -7. OGM. Négus. - 8. Méo. Tues. -9. Lier. Epi. - 10. Quels. Isis. - 11.Ut. On. Ré. - 12. Echelonnée.

II.. Joue dangereusement. IIII..Commence sur le terrain et finiten colonnes. Interjection.IIIIII.. A prendre avec modération.Diminuée. IIVV.. Vous mène jus-qu’à la crise. Homme de fer. VV..Une couche devenue une croû-te. Prépare les dirigeants dedemain. En silence. VVII.. Ne lais-sera pas passer grand-chose.VVIIII.. Mesure en forêt. Eléphantpolitique. VVIIIIII.. Tremble commeune corde sensible. Romains.IIXX.. La grande est au ciel. Patronen région. Ouvre le journal. XX..Retour inespéré.

11.. A mis les lampes au rebut. 22..Travail pour le restaurateur.Voyelles. 33.. Dirigent les affaires.44.. Encaisser brutalement. Qu’ila fallu apprendre. 55.. Spécialistedans son domaine. Partir à l’a-venture. 66.. Conjonction.Possessif. 77.. Particulièrementaffligeant. 88.. Mis en mouve-ment. Symbole de dureté. 99..Conduisit à destination. Ouvrela portée. 1100.. Le chlore. Sortiesdu néant. Homme de théâtre.1111.. Bonnes voies. Enfant duréchauffement. 1122.. Se penchesur le sacré.

Philippe Dupuis

HORIZONTALEMENT VERTICALEMENT

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12

Ouest Nord Est Sud– passe passe 1 �

passe 1 � passe 1 SApasse 2 � passe 2 �passe 3 � passe 6 �

� V 5 3 2� V 10 6� A 9 5 2� R D

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Ann. : N. don. N.-S. vuln.

MOTS CROISÉS Nº 06 - 146

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MÉTÉO & JEUX36 0123Jeudi 22 juin 2006

Page 37: Le monde 22 06 06

20.00Journal, Météo.20.45 Football.

Japon - BrésilCoupe du monde(1er tour, groupe F).21.00 Coup d’envoien direct de Dortmund.

23.00 Le Résultat descourses. Magazine.

23.05 Incroyablemais vrai !Divertissement présentépar Bruno Roblès avecla participation de Jean-Pascal, Sophie Favieret Roger Pierre. AvecClémence Castel,Pierre Bellemare,Pierre Dhostel.

0.45 Les Coulissesde l’économie.

1.35 Coupedu monde.Résumé (50 min).

20.10 Touche pasà mes filles. Série(S1, 8/28). Tel est prisqui croyait prendre.

20.40 Sport 6.20.50 et 22.00 Passé

retrouvé. Présentépar Véronique Mounier.

23.15 Corps et âmes.Téléfilm. Laurent Car-célès. Avec Hélène deFougerolles, Jean-MarieLamour (2003) 0 d.Une hôtesse de l’airnage en plein bonheurjusqu’au jour où elle dé-couvre que son mari luia menti sur son passé.

0.55 Sport 6. Magazine.1.00 Le Justicier

de l’ombre.Série (S1, 16/22).Retrouvailles. AvecDavid Morse (45 min).

20.10 Tout le sport.Magazine.

20.20 et 2.00 Plus bellela vie Feuilleton d.

20.55 Amadeus a a Film

Milos Forman. AvecTom Hulce, F. MurrayAbraham, ElisabethBerridge (1984) d.Un portrait de Mozarten génie insolent,raconté par son jalouxrival, Salieri.

23.35 Météo, Soir 3.0.10 Natalie Dessay.

Mozart, la Messe en utDocumentaire. Esti(France, 2006, 55 min).En l’église Notre-Dame-du-Liban, à Paris.Avec Natalie Dessayet Véronique Gens, etle Concert d’Astrée,dir. Louis Langrée

20.00Journal, Météo.20.45 Football.

Pays-Bas - ArgentineCoupe du monde.(1er tour, groupe C).21.00 Coup d’envoien direct de Francfort.

23.00 Le Résultatdes courses.

23.05 Les Experts.Chaud business 0.La Détenue 2

Série (S4, 15-17/23).Ken Fink ; Deran Sara-fian. Avec William L.Petersen, Marg Helgen-berger (2003) d.

0.45 Affairesnon classées.Série (S3, 7 et 8/8).Les Frères d’armes[1 et 2/2] 2 d. AvecAmanda Burton, PeterMcNamara (50 min).

20.00Journal, Météo.20.30 Question ouverte

Magazine. Avec ValéryGiscard d’Estaing.

20.55 Envoyé spécial.Magazine présentépar Guilaine Chenuet Françoise Joly.Au sommaire : PiedsNoirs : le passé recom-posé ; La ruée versle rosé ; PS : Drôlesde dames d.

23.00 Infrarouge.Deux médecinsface à l’injusticeDocumentaire.Thierry Fournet,Patrick Schmittet Anne Marty(France, 2006) d.23.55 Un été sanssoleil Documentaire.(2005, 50 min) d.

20.50 Laura.Le compte à reboursa commencé.Téléfilm. J.-T. Filippe.Avec Delphine Chanéac,Christophe Malavoy,Sophie Duez [3/4](France, 2006) d.Laura est arrêtée,mais sa tante Ludmillaparvient à la sortirde ce mauvais pas...

22.40 USS Charleston,dernière chancepour l’humanité.Téléfilm. R. Mulcahy.Avec Armand Assante,Rachel Ward [1-2/2](Australie - Etats-Unis,2000, 215 min) d.Une crise politiqueinternationale s’achè-ve par un conflitnucléaire.

f En clair jusqu'à 20.5020.10 Le Grand

Journal, la suite.20.50 Over There.

Nouvelles recruesLe ConvoiSérie [12, 13/13] 2.Jesse Bochco ; ChrisGerolmo. Avec Lom-bardo Boyar, BrigidBrannagh (2005) d.

22.15 Le Bureau.Série (saison 1, 4/6).

22.50 Jour de Coupedu mondede la FIFA. Présentépar Hervé Mathoux.

23.45 Le Souffleur Film

Guillaume Pixie. AvecGuillaume Pixie, LindaHardy, Frédéric Diefen-thal, Elodie Navarre.Comédie dramatique(Fr., 2005, 70 min) d.

20.10 Tout le sport.Magazine.

20.20 et 2.10 Plus bellela vie Feuilleton d.

20.55 Des racineset des ailes.Vive le mariage !Magazine présentépar Louis Laforge d.

22.55 Météo, Soir 3.23.25 Culture

et dépendances.Les Français faceà leur histoireMagazine présenté parFranz-Olivier Giesbert,avec la participationd’Elisabeth Lévy etAude Lancelin. Invités :Nicolas Sarkozy, Jean-Denis Bredin, MauriceDruon, AbdourahmanA Waberi, Max Gallo(100 min) d.

20.00Le Journal de laculture, Météo.

20.15 Au bonheur deschevaux. [14/15].Au centimètre près.

20.40 La Femmeau portrait a a a

Film Fritz Lang. AvecEdward G. Robinson,Joan Bennett, RaymondMassey. Suspense(EU, 1945, N., v.o.) d.Un homme rencontreune femme dont ila admiré le portraitdans une vitrine.

22.20 La Vie en face.Le Village assassinéDocumentaire.Hans-Jürgen Buschet Jens Busch(Allemagne, 2006).

23.15 Tracks.Magazine (55 min).

20.00Journal, Météo.20.55 25e édition

de la Fêtede la musique.Présenté par AnthonyKavanagh. Invités :Florent Pagny, PatrickBruel, Pascal Obispo,Tina Arena, M Pokora,Olivia Ruiz, Cali, Chico& les Gypsies, BobSinclar, Placebo, Diam’s,Les Pussycat Dolls,Bénabar, Raphaël,Marc Lavoine, Corneille,Laurent Voulzy, Juanes,Natasha St Pier,Beatriz Luengo...

1.00 Journal, Météo.1.25 Des mots

de minuit.Magazine présentépar Philippe Lefait(90 min).

f En clair jusqu'à 20.5020.10 Le Grand

Journal, la suite.20.50 L’Enlèvement Film

Pieter Jan Brugge.Avec Robert Redford,Helen Mirren (2004) d.Un bourgeois est victi-me d’un enlèvement.Sa femme tentede le récupérer.

22.25 South Park.Série (saison 7, 6/15).Les Petits Policiers 0.

22.50 Jour de Coupedu mondede la FIFA. Présentépar Hervé Mathoux.

23.45 Million DollarBaby a a a Film

Clint Eastwood.Avec Clint Eastwood,Hilary Swank (EU,2004, 110 min, v.o.) d.

20.00Le Journal de laculture, Météo.

20.15 Au bonheur deschevaux. [13/15]Des étalons en or.

20.40 Comédia.Aïda Opéra de Verdi.Par l’Orchestre et lesChœurs de l’Opéra deZurich, dir. Adam Fis-cher. Avec Nina Stem-me (Aïda), Lucianod’Intino (Ammeris),Juan Pons...

23.15 Arte info.23.30 Jour

de colère a a a

Film Carl TheodorDreyer. Avec ThorkildRoose, Lisbeth Movin,Preben Lerdorff Rye,Sigrid Neiiendam.Drame (Dan., 1943,90 min, N., v.o.) d.

MERCREDI 21 JUIN

La fictionChacun joue sa vie14.50 France 5 Pour la Fête dela musique, France 5 propose unfilm étonnant, à mi-chemin entrele réel et la fiction. Réalisé parStéphane Moszkowicz, Chacunjoue sa vie raconte l’engagementdans la musique de neuf jeunesmusiciens de Seine-et-Marne,les Smokin’Fuzz. Fondée surune enquête scrupuleuse, ce sujetmet en scène des acteurs dansleur propre rôle.

Le filmSympathy for the Devil(One + One)21.00 CineCinema AuteurC’était un temps d’énergie et defièvre révolutionnaires. En 1968,Jean-Luc Godard était évidem-ment aux premières loges pourse lover dans le bouillonnement.A Londres, où l’un de ses projetstombe à l’eau, il rencontreles Rolling Stones. Joli chocau sommet de la contre-culture.Godard capte le processusde création de Sympathy for theDevil, premier titre de l’albumBeggars Banquet. Ce bijou seral’ultime contribution de BrianJones, mort peu après. De prisesen pauses, ça cherche, ça vit, ças’épanouit. Le moment est inten-sément politique, parfaitementdébridé, totalement inspiré.

Le concertLe Buena Vista Social Clubprésente Ibrahim Ferrer22.10 Mezzo Juan-les-Pins,2003. Ibrahim Ferrer a 76 ans.Depuis qu’il a été contacté pourl’enregistrement de Buena VistaSocial Club, le chanteur estdevenu la star internationale dugroupe, auprès de Ruben Gonza-lez, Compay Segundo, EliadesOchoa, Barbarito Torres... Avecses vingt musiciens, il présenteici l’album Buenos Hermanos.

MAGAZINES19.50 L’Actors Studio.

Russell Crowe. TPS Home Ciné21.05 Parlez-moi d’ailleurs.

Amérique latine :cap à gauche. LCP

22.30 C dans l’air. France 5

DOCUMENTAIRES19.35 Une histoire

du football.[6/6] Carton rouge ! Histoire

19.55 Pilot Guides.Batailles historiquesaux Etats-Unis. Voyage

20.15 Le Cinéma des effetsspéciaux. CC Premier

20.45 Les Sous-Marinsperdus. Désastre en hautemer. National Geographic

20.50 Quand la femmechante. Histoire

21.35 L’Energiedes océans. France 5

22.20 Le Crime et la Plume.« Serpico » avecPeter Maas. Planète

23.45 Chirurgie dela dernière chance II.[2/2]. Discovery Channel

0.35 L’Invincible Armada.[2/3]. Histoire

0.50Tout sur les animaux.Les phacochères. Planète

SPORTS EN DIRECT19.45 Rugby. Championnat du

monde des moins de 21 ans(2e demi-finale), à Clermont-Ferrand. Eurosport

20.45 Football.Coupe du monde (1er tour,gr. C) : Côte d’Ivoire - Serbie-Monténégro. Eurosport

MUSIQUE20.50 Concerts for Peace.

Avec Itzhak Perlmann. Mezzo22.10 Ibrahim Ferrer

à Juan 2003. Mezzo23.05 Keziah Jones. En 2004.

A l’Elysée-Montmartre. Mezzo

FILMS20.45 In My Country.

John Boorman (Irl. - GB, 2004,v.m., 100 min) 0 CC Premier

20.45 Tous en scène.Vincente Minnelli (Etats-Unis,1953, v.m., 115 min). TCM

21.00 A l’angle du monde.Michael Powell (GB, 1937, N.,v.o., 75 min). TPS Ciné Club

22.40 Show Boat.George Sidney (Etats-Unis,1951, v.m., 110 min). TCM

23.55 Un drameà Manhattan.W. S. Van Dyke (EU, 1934, N.,v.o., 85 min). TPS Ciné Club

TÉLÉFILMS20.40 Silence brisé.

Joseph L. Scanlan. NT 122.30 Vipère au poing.

Pierre Cardinal. Direct 822.35 Frost. Paul Harrison. TMC

SÉRIES19.55 Frasier. L’Humour de Crane

(S2, 6/24). Paris Première20.45 Star Trek : Enterprise.

Mission d’exploration.Le Peuple de la grotte(S1, 3 et 4/26, v.m.). Jimmy

23.35 Six Feet Under.La Partie de paintball(S3, 8/13, v.m.) 0 Jimmy.

JEUDI 22 JUIN

Le filmVictor Victoria20.45 TCM A Paris, dans lesannées 1930, Victoria, une jeunefemme à la superbe voix d’opéra ,ne trouve pas de travail. En déses-poir de cause, elle commande unrepas pantagruélique dans un res-taurant où elle sympathise avecToddy, chanteur de cabaret auchômage. Un grand classique dela comédie musicale, signé parBlake Edwards en 1982. AvecJulie Andrews et James Garner.

Le document musicalKaneka ou la Renaissancedes rythmes kanak21.35 France Ô Dans le cadred’une semaine spéciale artspremiers proposée à l’occasionde l’ouverture du Musée du quaiBranly, France Ô effectue unretour aux sources de la musiquekaneka, pratiquée par de nom-breux groupes de la GrandeTerre et des îles Loyauté. Unrythme ancestral que les jeunesgénérations kanak se sont réap-proprié, basé sur deux instru-ments à percussion, le bwanjep(fabriqué avec de l’écorce defiguier sauvage) et le bambou.

Le documentaireDeux médecinsface à l’injustice23.00 France 2 Beat Richner estun médecin suisse qui a fondétrois hôpitaux pédiatriquesgratuits au Cambodge dontil finance le fonctionnement endonnant des concerts de violon-celle dans les pays développés.Krisana Kraisintu est une chi-miste thaïlandaise qui a mis aupoint une trithérapie contre lesida et a convaincu le gouverne-ment thaï d’investir dans la fabri-cation de médicaments génériquespour ne plus dépendre des labora-toires américains et européens.Un film distingué au Figra 2005.

MERCREDI 21 JUIN

Terrains sensibles15.00 France Culture Dans lasérie « Banlieues, autoportraitssix mois après », Aude Lavignea réalisé un documentaireà Vénissieux (69).

17-2017.00 France Info Bernard Tho-masson s’installe au Musée duquai Branly, inauguré le 20 juin,pour trois heures de direct.

A l’Olympia20.00 FIP Concert en direct avecSusheela Raman, Orquesta doFuba, Salif Keita et Souad Massi.

Fête de la musique20.30 France Musique Soiréemusique en direct : Mozart(20.30, depuis le Sénat), Dvorak(22.30, depuis le Louvre), musi-ques du monde (23.30).

CÂBLE, SATELLITE, TNT

CÂBLE, SATELLITE, TNT

CHRONIQUE DOMINIQUE DHOMBRES

Des ménagères désespérées mais coiffées

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MAGAZINES20.30 Les Livres de la 8.

Spécial Histoire. Invités : Fran-çois Kersaudy ; Alain Niderst ;Yves Pouliquen ; Jean-DenisBredin ; Elisabeth Badinter.Direct 8

22.20 Petites confidencesentre amis.Guillaume Canet ; FrançoisBerléand ; Maïdi Roth ; MaximNucci. Paris Première

22.30 Le Culture club.Best of. France 4

23.50 Les Dossiers de Téva.Camping : L’été chaud desvacanciers. Téva

DOCUMENTAIRES20.15 Transsibérie.

Nomades du froid. Planète20.50 Les Dragons. Histoire20.50 Le Fabuleux Retour

d’Amélie. Odyssée21.00 La Vie de camping. LCP21.40 Il était une fois la

Mésopotamie. Histoire21.40 Célébrations.

Guerres tribales en Nouvelle-Guinée. France 5

22.30 The Little Richard’sStory. Planète

0.25 Voyage au cœurdes polyphoniescorses. Odyssée

SPORTS EN DIRECT20.45 Football. Coupe du monde

(1er tour, groupe F) : Croatie -Australie. Eurosport

22.30 Golf. Open de Potomac(1er jour). Sport+

MUSIQUE22.15 Wagner. Ouverture de

Tristan & Isolde. Par ChicagoSymphonic Orchestra, dir.Georg Solti. Mezzo

23.00 Natacha Atlas.Festival Interceltiquede Lorient 2003. Mezzo

1.00 Kenny Neal BluesBand. Mezzo

FILMS20.45 Vive la sociale !

Gérard Mordillat (Fr., 1983,95 min). CC Famiz

21.00 Avanti !Billy Wilder (Etats-Unis, 1972,v.m., 140 min). TPS Cinétoile

22.15 Gare au percepteur.Walter Lang (EU, 1950, N.,v.o., 85 min). CC Classic

22.45 Coup de torchon.Bertrand Tavernier (France,1981, 130 min) 0 CC Auteur

23.00 Minuit dans le jardindu Bien et du Mal.Clint Eastwood (EU, 1998, v.m.,150 min). TPS Home Cinéma

TÉLÉFILMS20.40 Liés par le sang.

Stephen Williams 0 NT 120.50 Le Mystère Alexia.

Marc Rivière. France 4

SÉRIES20.50 Ultime recours.

Eden. Provocation (saison 1,3 et 4/16) 0 Série Club

22.30 The Jury.Zéro de conduite. Tragédieshakespearienne (saison 1,1 et 2/10, v.o.) 0 Série Club

23.55 Jeremiah.Le Gouvernement de Valhalla[1-2/2] (S2, 1-2/15). Jimmy.

JEUDI 22 JUIN

Priorité santé11.40 RFI Avec la psychiatreMaryvonne Bargues, de retourde Gaza, Claire Hédon évoquela prise en charge psychologiquedes Palestiniens.

2 000 ans d'histoire14.05 France Inter Patrice Geli-net convie Michel Terasse à dis-serter sur l'Espagne musulmane.

Concert20.00 France Musique En directdu Théâtre des Champs-Elysées,l'archet racé de Vadim Repindans le Concerto pour violonde Beethoven.

Littérature et histoire22.15 Judaïques FM L'écrivainNine Moatti est invité pour évo-quer son livre Hannah et le der-nier Ottoman.

Mercredi21juin

TF1 France 2 France 3 Canal + Arte M 6

TF1 France 2 France 3 Canal + Arte M 6

MEURTRE, infanticide, détournement demineur et même vol de nounou, ces dames deWisteria Lane n’y vont pas de main morte. Elless’ennuient terriblement dans leur banlieueaméricaine cossue et déploient des trésorsd’imagination pour remédier à cette regretta-ble situation. Leur maxime est plutôt : « L’en-fer, c’est les autres » (Sartre) que « le couple est lagrande aventure du monde moderne » (Obaldia).

Chaque mardi, ces femmes au foyer déses-pérées commettent leurs petites turpitudessur M6. Elles sont toujours, quoi qu’il arrive,admirablement coiffées derrière les baiesvitrées de leurs grandes maisons donnant surdes pelouses soigneusement entretenues.C’étaient, mardi 20 juin, les neuvième et dixiè-me épisodes de la première saison.

La série est diffusée depuis l’automne 2004aux Etats-Unis sur la chaîne ABC. La premiè-re saison est déjà passée sur Canal+ à l’autom-

ne 2005, mais le public en redemande mani-festement.

Les malheurs de ces dames ont la particula-rité de faire rire. L’action est commentée enpermanence par l’une d’elles, qui s’est suici-dée dès le premier épisode, c’est dire. Elle trou-ve cocasses les tribulations de ses copines,pourtant abondamment équipées des ultimesraffinements du confort ménager. Ces fem-mes au foyer ont beau organiser des brocantesou des défilés de mode improvisés, rien ne va.Leurs maris s’enfuient ou sont jetés en prison.Leurs enfants fument de la marijuana ou lesrejettent. Il y aurait de quoi mettre en désor-dre leurs longues chevelures blondes, roussesou brunes. Même pas !

Prenez Bree, par exemple. C’est le modèlemême de la femme blanche anglo-saxonneprotestante, comme disent les Américains(«WASP », en anglais, ce qui veut dire aussi

« guêpe »). Rien ne vient déranger l’arrange-ment impeccable de ses cheveux roux. Sonintérieur est tenu avec un soin méticuleux, voi-re maniaque. Elle est parfaite, et même davan-tage.

Enfant, ellese sentait coupabledene pasobte-nir de meilleures notes encore. Jeune mariée,elle se reprochait d’avoir tardé trois semaines àrépondre aux lettres de félicitations. Elle réussiten conséquence à rendre tout le monde cingléautour d’elle. Et ce n’est pas la pire !

Lynette, qui a des enfants hyperactifs, vole lesnounous des autres et les fait espionner par unecaméra cachée. Gabrielle, la bombe sexuellelatino, s’envoie en l’air avec son jeune jardinier.Mais ce n’est rien encore à côté de ce qui se pas-se dans la maison de la jeune femme qui s’estsuicidée. Il y a des cadavres au fond des placardsoudesétangs. Le décor est rose,mais lesperson-nages plutôt noirs. Et cela vous fait rire ! a

Les codes du CSA 0 Déconseillé aux moins de 10 ans 2 Déconseillé aux moins de 12 ans 6 Déconseillé aux moins de 16 ans 8 Déconseillé aux moins de 18 ans.Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants d.

Jeudi22juin

Lasélectionradio

Lasélectiontélévision

TÉLÉVISION & RADIO0123Jeudi 22 juin 2006 37

Page 38: Le monde 22 06 06

BRUXELLES

CORRESPONDANT

Beatrix des Pays-Bas a commencé, mardi20 juin, la quarantième visite d’Etat desa carrière de reine. Le choix de celle qui

ne supporte pas qu’on l’appelle autrementque « majesté » – une formule à laquelle samère, la reine Juliana, préférait un simple« madame » – s’est porté sur la Belgique, siproche des Néerlandais par la langue qu’y par-le la majorité de la population, tellement loin-taine si l’on voit le mépris dont témoignent denombreux Belges à l’égard de leurs voisins –qui le leur rendent bien.

Est-ce pour gommer le trait principal de lacaricature à laquelle se livrent Flamands etWallons, toujours prêts à dépeindre les Néer-landais comme d’impénitents radins ? Tou-jours est-il que, pour parcourir les 130 km quiséparent son palais de la ville d’Anvers, la rei-ne n’a pas hésité à emprunter l’avion. Un brinsurpris par ce caprice à 10 000 euros, lafamille royale belge n’a cependant pas hésité àrenoncer à la tradition qui veut que les chefsd’Etat soient d’abord accueillis à Bruxelles. Leroi Albert II l’attendait sur le tarmac, en com-pagnie de la reine Paola, de son fils Philippe,futur héritier du trône, et de l’épouse de celui-ci, la princesse Mathilde.

Aux Pays-Bas, la toquade de la reine a susci-té des commentaires mais la déférence desmédias à l’égard de la maison royale a fait ensorte que les critiques soient plus doucesqu’amères. Décrite comme entêtée et cassante,

la reine Beatrix est très populaire. Mardi, unéditorialiste flamand de gauche s’extasiaitdevant cette monarchie voisine « où le senti-ment populaire et l’identité sont encore incarnéspar la famille royale, alors qu’en Flandre la sym-pathie pour la monarchie ne cesse de décroître ».

Même la fortune de la maison royale ne sem-ble pas remise en question par les Néerlandais.D’autant moins, d’ailleurs, qu’el-le a été fortement revue à la bais-se : si le magazine Forbes plaçait,en 1998,Beatrix à la septième pla-ce dans son classement des fortu-nes mondiales (4,7 milliards dedollars), il a depuis, et de maniè-re assez étrange, ramené son esti-mation à 250 millions de dollars.Moins qu’Albert de Monaco(1 milliard estimé) et Elizabeth IId’Angleterre (500 millions).

Selon des documents révélésaprès le décès du prince Bern-hard, le père de la reine, morten 2003, c’est ce dernier quiaurait écrit au journal pour se plaindre des« absurdités » qu’il écrivait. Luisa Kroll, la res-ponsable du célèbre classement, a même reçuun fax émanant du prince et lui détaillant lespossessions de sa fille. Bernhard auraitnotamment prouvé qu’elle détenait moinsd’actions d’entreprises néerlandaises que lejournal l’affirmait.

Dans un autre entretien, le prince a expli-qué que sa fille s’était mise en colère en appre-

nant son intervention, lui affirmant qu’elle sesouciait peu de ce que l’on pouvait raconter àson propos. Lors du même entretien,Bernhard affirma que, lors de son mariageavec la jeune Argentine Maxima Zorreguieta,le prince héritier Willem-Alexander reçut, entout et pour tout, un service en argent pour 24personnes. L’épisode a encore renforcé l’ima-

ge d’une reine qui paie l’impôtsur ses revenus privés etentend gérer son pays commeune entreprise.

La constance de la populari-té de Beatrix, qui pourrait abdi-quer en 2008 ou 2010 au profitde Willem-Alexander, impres-sionne, paraît-il, la famille roya-le belge. Elle s’intéresserait deprès à la manière dont la reineprépare son fils et sa belle-filleà leur rôle futur. Commentimposer une image positive dela future reine Mathilde, et sur-tout du prince Philippe, criti-

qué pour son apparente indifférence et sa gau-cherie ? La réponse ne semble pas simple àtrouver face à l’hostilité d’une part croissantedes Flamands, qui souhaitent une réductiondes pouvoirs royaux. Pour le quotidien néer-landais NRC-Handelsblad, il n’y a, en tout cas,aucun doute à propos de Philippe de Belgi-que : « Le prince héritier n’y arrivera pas »,titrait le journal, le 17 juin. a

Jean-Pierre Stroobants

LE BILLET ÉRIC FOTTORINO

Colère première

IL Y A 50 ANS DANS « LE MONDE »

La cathédrale de Rouen restaurée

Beatrix, reine modèle, modèle de reine

LA RÉOUVERTURE de la cathédrale clôt l’un des chapitresles plus importants de la reconstruction de Rouen. Il aura falludouze années pour rendre au culte le monument si gravementendommagé au cours du bombardement nocturne du 18 au19 avril 1944 qu’on avait craint de le perdre à jamais.

Cent ouvriers ont travaillé pendant ces douze années à la restaura-tion de l’édifice. Ils ont passé 2 500 000 heures sur ce chantierconsidérable, où ont été manutentionnées, taillées, scellées6 000 tonnes de pierre, dressés 10 kilomètres d’échafaudageset employés 800 mètres cubes de bois d’étai. C’est par l’étaiement quecommença l’ouvrage. Pour soutenir la tour lanterne qui menaçait des’effondrer il fallut assembler dans la cathédrale, à l’entréedu chœur, une véritable forêt.

Ainsi la cathédrale est rendue à la vie de la cité ; Rouen atteintune étape essentielle de sa renaissance. Sans doute il reste encorebeaucoup à faire pour que soit définitivement terminée la restitutionextérieure du célèbre monument. La tour Saint-Roman, une des par-ties les plus anciennes, porte encore en plein ciel, à la vue de tous,les mutilations qui résultèrent, le 1er juin 1944, de l’incendie quidévora son toit en H.

Rouen attendait impatiemment la renaissance de sa cathédrale,et ce n’est pas une vaine formule que d’écrire qu’elle y voit le symbole,mieux encore, le signal, d’un renouveau.

Roger Parment(22 juin 1956.)

PORTRAIT

21 Marina Yaguello, linguiste,se consacre aux pierres rareset aux arts premiers.

ENQUÊTE22 Mémoire. Au tempsdu Congo belge.

FOCUS24 Radiographie.UOIF, un réseau en quêtede reconnaissance.

DÉBATSQue cache la vague populiste ?Par Ivan Krastev.

RENDEZ-VOUS

OUVERTURE31 La ferveur de l’Allemagneen fête. Le pays hôte de la com-pétition vit une belle périoded’union nationale.

LES BLEUS32 Quelques raisons d’espérer.En deux matches, les Bleus ontaffiché une progression qu’ilsdevront confirmer face au Togo.

LE PREMIER TOUR33 Duo atypique, maisso British. Tout oppose le géantPeter Crouch et le teigneux Way-ne Rooney.

EN MARGE34 Audience en haussedans le monde.

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Mardi, ce devait être la fête à Chichi. Une parenthèse enchantéesur le parcours accidenté du locataire de l’Elysée, avec masquesrituels et têtes aztèques. Depuis le temps qu’il attendait ce jour,le président de la République ne pouvait se manquer dansle rôle de guide de musée, faute de jouer convenablement celuide guide de la nation. Et patatras ! Voilà que son premier ministre,à l’Assemblée nationale, a piqué une colère première qui emprun-tait assez peu à l’art et beaucoup à la tête de cochon.

C. DOURY

O. LANG/AFP

L’ACTUALITÉÉDITORIAL & ANALYSES2 Editorial : Equation basque.Mariages boursiers, par CécileDucourtieux, Cécile Prudhommeet Adrien de Tricornot.L’architecte au Parthénon.La chronique « Culture »de Francis Marmande.

PAGE TROIS3 Joaillerie. La Place Vendômecontre le monde entier.

INTERNATIONAL4 Diplomatie. Un entretienavec Ekmeleddin Ihsanoglu.6 Irak. Deux soldats américainsenlevés ont été tués par Al-Qaida.

SCIENCES & ENVIRONNEMENT8 Baleines. La « chassescientifique » autorisée.

EUROPE10 Italie. Un entretienavec Pietro Grasso.

POLITIQUE & SOCIÉTÉ12 Finances. Le budget 2007en débat à l’Assemblée.14 Mont Saint-Odile. Sursisrequis contre quatre prévenus.

ÉCONOMIE & ENTREPRISES15 EADS. La crise se déplacesur le terrain politique.

MÉDIAS20 Presse. Alain Genestar estprié de quitter « Paris Match ».

DÉCRYPTAGES

GOÛTS26 Gastronomie. La nouvellerestauration des musées.

CINÉMA28 Patrimoine. Crisede croissance à la Cinémathèque.29 « La colline a des yeux »,d’Alexandre Aja.30 Musique. Martha Argerich etses artistes au Festival de Lugano.

SERVICES35 Carnet. 36 Météo & Jeux.37 Télévision & Radio.

MONDIAL 2006

EADS dans la tourmenteL’intégralité du débatavec Frédéric Lemaître,rédacteur en chef au Monde. Enséquence Chats.Guantanamo, « goulagdes temps modernes »Retour sur ce camp controversé.Une chronologie à la « une ».Olivier Besancenot,tête d’affiche de la LCRLe parcours du jeune militantqui a pris la suite d’Alain Krivine.Un portfolio à la « une ».

La souverainedes Pays-Bas, en visiteofficielle en Belgique,

pourrait abdiqueren 2008 ou 2010 au profit

du prince Willem-Alexander.La popularité de Beatriximpressionne, paraît-il,la famille royale belge

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a Tirage du Monde daté mercredi 21 juin 2006 : 414 787 exemplaires. 1 2 3

38 Jeudi 22 juin 2006