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Mercredi 4 septembre 2013 - 69 e année - N˚21345 - 1,80 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directrice : Natalie Nougayrède C ela paraît relever de l’évidence démo- cratique : le Parlement devrait non seulement débattre, mais se pronon- cer par un vote sur l’éventuelle parti- cipation de la France à une intervention contre la Syrie. Droite, centristes, Verts ou communistes, beaucoup le réclament. Ils invoquent l’exemple de la Grande-Bre- tagne et des Etats-Unis. Voilà quelques jours, le premier ministre, David Cameron, s’est incliné devant un vote des Communes hosti- le à un engagement britannique. Quant au président Obama, il a décidé de soumettre son initiative au Congrès. Peut-on faire moins à Paris ?, plaident les bons esprits. Disons-le tout net : s’il peut être un devoir politique, qui incombe au seul chef de l’Etat, un vote du Parlement ne saurait être un droit automatique. Pour une raison bien simple : la Constitu- tion l’exclut, sauf en cas de « déclaration de guerre ». La révision constitutionnelle récen- te – 2008 – a précisé la règle en cas d’interven- tion des forces armées à l’étranger : « Le gou- vernement informe le Parlement de sa déci- sion, au plus tard trois jours après le début de l’intervention. Il précise les objectifs poursui- vis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote. » On ne saurait être plus clair : devoir d’infor- mation et d’explication, oui ; droit de vote, non. Celui-ci ne s’impose que pour autoriser la poursuite d’une intervention au-delà de quatre mois. Chacun peut juger cette règle archaïque et fort peu démocratique. Ce n’est pas une raison suffisante pour modifier la Loi fondamentale du pays au gré des circonstan- ces et des humeurs. Pour autant, rien n’interdit au président de la République et au gouvernement de consul- ter le Parlement et de lui demander de s’expri- mer par un vote. François Mitterrand et Michel Rocard l’ont fait en 1991, avant l’enga- gement français dans la première guerre d’Irak. Lionel Jospin s’y était refusé en 2001, lorsque la France a participé à la coalition contre le régime des talibans en Afghanistan. Dans le cas de la Syrie, aujourd’hui, Fran- çois Hollande serait bien inspiré de suivre l’exemple de 1991. Pour trois raisons. D’abord, à l’instar du président américain, il peut estimer qu’un vote du Parlement serait un utile exercice de pédagogie nationale et donnerait à sa volonté de « punir » le régime syrien davantage de force. Ensuite, le chef de l’Etat ne peut plaider l’ur- gence, contrairement à l’intervention au Mali, qui supposait, pour réussir, une réactivi- té immédiate du chef des armées. La décision de M. Obama de consulter le Congrès lui don- ne le temps d’organiser non seulement le débat prévu le 4 septembre, mais un second débat – et un vote – un peu plus tard. Enfin, avant la seconde guerre d’Irak, en 2003, M. Hollande, alors premier secrétaire du PS, avait demandé un vote du Parlement sur la résolution de l’ONU qui allait servir de base à l’intervention américaine. Et s’il n’avait pas évoqué une nouvelle révision de la Constitution, M. Hollande candidat avait promis, le 11 mars 2012, « un dialogue appro- fondi avec le Parlement » en cas d’opérations extérieures. C’est l’occasion ou jamais d’enga- ger un tel dialogue. p MICROSOFT RACHÈTE NOKIA POUR REBONDIR DANS LE MOBILE LIRE L’ANALYSE DE CÉCILE DUCOURTIEUX P. 17 ET CAHIER ÉCO – P.3 Des robots toujours plus intelligents SCIENCE ET MÉDECINE – SUPPLÉMENT ILS FONT LA RENTRÉE EN CHINOIS ENQUÊTE – LIRE PAGE 21 Des HLM à louer... sur Internet Pour lutter contre la vacance de loge- ments, certains bailleurs sociaux n’hésitent pas à bou- leverser leur straté- gie commerciale en proposant des biens sur le Web. FRANCE – PAGE 8 Affaire : cinq journalistes en correctionnelle Dans le dossier Bet- tencourt, la légitimi- té de la publication d’extraits de conversations recueillies clandestinement sera tranchée lors d’un procès. FRANCE – PAGE 9 Vodafone vend sa filiale américaine L’opérateur britan- nique a cédé pour 130 milliards de dol- lars sa participation dans Verizon Wire- less. Le groupe américain en assu- re désormais le contrôle total. CAHIER ÉCO – PAGE 4 Sarkozy-Hollande : 84 nouveaux impôts en deux ans ÉDITORIAL SYRIE AUJOURD’HUI POLITIQUE Hollande prêt à faire voter le Parlement La décision surprise d’Obama a changé la donne : le président pourrait profiter de ce délai pour solliciterle feu vert des députés. Par Thomas Wieder LIRE PAGE 6 CHRONIQUE Hollande le rond, Hollande le carré, Un président équilibriste sur la scène hexagonale, trapéziste dans l’arène internationale. Par Gérard Courtois LIRE PAGE 22 DÉBATS Imposer la Syrie au G20 Par Bernard-Henri Lévy LIRE PAGE 20 La désinvolture prévisible de Barack Obama Par Zaki Laïdi LIRE PAGE 20 t Entre hausses de taux et nouvelles taxes, le choc fiscal a atteint 41 milliards d’euros entre 2012 et 2013 A l’heure où les Français reçoivent leur avis d’imposition, Le Monde a fait l’inventaire des hausses et créa- tions d’impôts réalisées depuis trois ans. Ceux-ci atteindront un record absolu en 2013, avec un taux de prélèvements obliga- toires (impôts, cotisations sociales, taxes) de 46,3 % du produit intérieur brut. Ces prélèvements étaient tombés à 42 % au plus fort de la récession de 2009. Depuis, les impôts ne cessent d’augmen- ter. Le premier choc a été l’œuvre de Nico- las Sarkozy, qui a augmenté les impôts de 16,2 milliards d’euros en 2011, puis de 11,7 milliards net en 2012. François Hollan- de, qui avait fait campagne sur l’assainisse- ment budgétaire, a rajouté 7,6 milliards d’impôts dès l’année de son élection, et poursuivi le tour de vis en 2013 avec plus de 20 milliards d’euros d’augmentations. Nicolas Sarkozy et François Hollande ont tous deux lourdement frappé les entreprises : elles ont subi en trois ans 33 milliards d’euros de prélèvements sup- plémentaires, soit plus de la moitié des 57,6 milliards d’euros d’impôts créés. Patrick Roger et Service infographie a LIRE L’ŒIL DU MONDE P. 18-19 Louise Bourgoin. DR Le cas syrien et la nécessité d’un vote du Parlement UK price £ 1,80 LE REGARD DE PLANTU CINÉMA : LOUISE BOURGOIN, VIRUS D’AMOUR t Dans « Tirez la langue, mademoiselle », l’actrice trouble deux frères médecins LIRE PAGE 12 Algérie 150 DA, Allemagne 2,20 ¤, Andorre 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,80 ¤, Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d’Ivoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,20 ¤, Finlande 3,50 ¤, Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,80 £, Grèce 2,20 ¤, Guadeloupe-Martinique 2,00 ¤, Guyane 2,40 ¤, Hongrie 850 HUF, Irlande 2,20 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,80 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,40 ¤, Portugal cont. 2,20 ¤, La Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 800 F CFA, Slovénie 2,50 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 400 XPF, Tunisie 2,20 DT, Turquie 7,00 TL, USA 4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA,

Le Monde du 04.09.2013

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Mercredi 4 septembre 2013 - 69e année - N˚21345 - 1,80 ¤ - Francemétropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directrice: Natalie Nougayrède

Celaparaît releverde l’évidencedémo-cratique: le Parlement devrait nonseulementdébattre,mais se pronon-cer parunvote sur l’éventuelleparti-

cipation de la France à une interventioncontre la Syrie. Droite, centristes, Verts oucommunistes, beaucoup le réclament.

Ils invoquent l’exemple de la Grande-Bre-tagneet des Etats-Unis. Voilà quelques jours,le premier ministre, David Cameron, s’estincliné devantun vote des Communeshosti-le à un engagement britannique. Quant auprésident Obama, il a décidé de soumettre

son initiative au Congrès. Peut-on fairemoins à Paris?, plaident les bons esprits.

Disons-le tout net : s’il peut être un devoirpolitique, qui incombe au seul chef de l’Etat,unvoteduParlementnesaurait êtreundroitautomatique.

Pour une raison bien simple: la Constitu-tion l’exclut, sauf en cas de «déclaration deguerre». La révision constitutionnelle récen-

te–2008–aprécisé la règleencasd’interven-tion des forces armées à l’étranger: «Le gou-vernement informe le Parlement de sa déci-sion, au plus tard trois jours après le début del’intervention. Il précise les objectifs poursui-vis. Cette information peut donner lieu à undébat qui n’est suivi d’aucunvote.»

Onnesauraitêtreplusclair :devoird’infor-mation et d’explication, oui ; droit de vote,non. Celui-ci ne s’impose que pour autoriserla poursuite d’une intervention au-delà dequatre mois. Chacun peut juger cette règlearchaïque et fort peu démocratique. Ce n’estpasuneraisonsuffisantepourmodifier laLoifondamentale dupays au gré des circonstan-ces et des humeurs.

Pourautant, rienn’interditauprésidentdelaRépubliqueetaugouvernementdeconsul-terleParlementetdeluidemanderdes’expri-mer par un vote. François Mitterrand etMichel Rocard l’ont fait en 1991, avant l’enga-gement français dans la première guerred’Irak. Lionel Jospin s’y était refusé en 2001,lorsque la France a participé à la coalitioncontre le régimedes talibans enAfghanistan.

Dans le cas de la Syrie, aujourd’hui, Fran-

çois Hollande serait bien inspiré de suivrel’exemple de 1991. Pour trois raisons.D’abord, à l’instar du président américain, ilpeut estimer qu’un vote du Parlement seraitun utile exercice de pédagogie nationale etdonnerait à sa volonté de «punir» le régimesyriendavantagede force.

Ensuite, lechefdel’Etatnepeutplaiderl’ur-gence, contrairement à l’intervention auMali,quisupposait,pourréussir,uneréactivi-té immédiateduchefdesarmées. LadécisiondeM.Obamade consulter le Congrès lui don-ne le temps d’organiser non seulement ledébat prévu le 4septembre, mais un seconddébat – et unvote –unpeuplus tard.

Enfin, avant la seconde guerre d’Irak, en2003, M.Hollande, alors premier secrétairedu PS, avait demandé un vote du Parlementsur la résolution de l’ONU qui allait servir debase à l’intervention américaine. Et s’iln’avait pas évoqué une nouvelle révision dela Constitution, M.Hollande candidat avaitpromis, le 11mars 2012, «un dialogue appro-fondiavec le Parlement» en cas d’opérationsextérieures.C’est l’occasionoujamaisd’enga-gerun tel dialogue.p

MICROSOFTRACHÈTENOKIAPOURREBONDIRDANSLEMOBILELIRE L’ANALYSE DE CÉCILE DUCOURTIEUX P. 17ETCAHIERÉCO –P.3

Des robots toujoursplus intelligentsSCIENCE ETMÉDECINE–SUPPLÉMENT

ILS FONT LA RENTRÉEEN CHINOISENQUÊTE–LIRE PAGE 21

DesHLMà louer...sur InternetPour luttercontrelavacancede loge-ments, certainsbailleurssociauxn’hésitentpasàbou-leverser leurstraté-gie commercialeenproposantdesbienssur leWeb.FRANCE–PAGE 8

Affaire :cinqjournalistesencorrectionnelleDans ledossierBet-tencourt, la légitimi-téde lapublicationd’extraitsdeconversationsrecueilliesclandestinementsera tranchéelorsd’unprocès.FRANCE–PAGE 9

Vodafonevend sa filialeaméricaineL’opérateurbritan-niqueacédépour130milliardsdedol-larssaparticipationdansVerizonWire-less. Legroupeaméricainenassu-redésormaislecontrôle total.CAHIER ÉCO–PAGE 4

Sarkozy-Hollande :84nouveauximpôtsendeuxans

ÉDITORIAL

SYRIE

AUJOURD’HUI

POLITIQUEHollande prêt à fairevoter le ParlementLadécisionsurprised’Obamaachangéladonne: leprésidentpourraitprofiterdecedélaipoursolliciterlefeuvertdesdéputés.ParThomasWiederLIREPAGE6

CHRONIQUEHollande le rond,Hollande le carré,Unprésidentéquilibristesurlascènehexagonale, trapézistedans l’arène internationale.ParGérardCourtoisLIREPAGE22

DÉBATSImposer la Syrie auG20ParBernard-HenriLévyLIREPAGE20

La désinvoltureprévisibledeBarackObamaParZakiLaïdiLIREPAGE20

tEntrehausses de tauxetnouvelles taxes, le chocfiscal a atteint 41milliardsd’euros entre 2012 et 2013

A l’heure où les Français reçoiventleur avis d’imposition, Le Monde afait l’inventairedeshausseset créa-

tions d’impôts réalisées depuis trois ans.Ceux-ci atteindront un record absolu en2013,avecuntauxdeprélèvementsobliga-toires (impôts, cotisations sociales, taxes)de 46,3% du produit intérieur brut. Cesprélèvements étaient tombés à 42% auplus fort de la récessionde 2009.

Depuis,lesimpôtsnecessentd’augmen-ter. Le premier choc a été l’œuvre deNico-las Sarkozy, qui a augmenté les impôts de16,2milliards d’euros en 2011, puis de

11,7milliardsnet en 2012. FrançoisHollan-de,quiavaitfaitcampagnesurl’assainisse-ment budgétaire, a rajouté 7,6milliardsd’impôts dès l’année de son élection, etpoursuivi le tour de vis en 2013 avec plusde 20milliardsd’eurosd’augmentations.

Nicolas Sarkozy et François Hollandeont tous deux lourdement frappé lesentreprises : elles ont subi en trois ans33milliardsd’eurosdeprélèvementssup-plémentaires, soit plus de la moitié des57,6milliards d’euros d’impôts créés.

PatrickRoger et Service infographieaLIRE L’ŒIL DUMONDE P.18-19

Louise Bourgoin. DR

Le cas syrienet lanécessitéd’unvoteduParlement

UKprice£1,80

LE REGARD DE PLANTU

CINÉMA : LOUISE BOURGOIN, VIRUS D’AMOURtDans«Tirez la langue,mademoiselle», l’actrice troubledeuxfrèresmédecins LIREPAGE 12

Algérie 150 DA,Allemagne 2,20 ¤,Andorre 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,80 ¤,Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d’Ivoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,20 ¤, Finlande 3,50 ¤, Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,80 £, Grèce 2,20 ¤, Guadeloupe-Martinique 2,00 ¤,Guyane 2,40 ¤, Hongrie 850 HUF, Irlande 2,20 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,80 ¤,Malte 2,50 ¤,Maroc 12 DH,Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,40 ¤, Portugal cont. 2,20 ¤, La Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 800 F CFA, Slovénie 2,50 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 400 XPF, Tunisie 2,20 DT, Turquie 7,00 TL,USA 4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA,

Reportage

Tripoli (nord du Liban)Envoyée spéciale

Sur la terrasse à l’ombrede sa vil-la, sise sur une colline à l’entrée dela grande cité portuairede Tripoli,le cheikh SalamRifai reçoit, flan-quéd’un colossedont la chemiset-te kaki souligne les bicepssaillants et l’armevissée à l’arrièrede son jean. L’homme, qui se pré-sente commeun «ami»ducheikh salafiste,montre sur sontéléphoneportabledes vidéosdel’attentat à la voiturepiégéequi avisé lamosquéeAl-Taqwa, le23août.Depuis huit ans, le cheikhRifai officie comme imamde cet-temosquéed’unquartier populai-re du centre-ville. Aubeaumilieude sonprêche, une explosionretentit à l’extérieur. L’image se

brouille, des cris se perdentdanslenoir. Devant le parvis de lamos-quée, oùdes centaines de fidèlesétaient réunis, c’est une scènededévastation.Des fidèles brandis-sent à la caméra les restes decorps carbonisés extraits de car-cassesde voitures brûlées.Quasisimultanément, lamêmescènes’est reproduite à deuxkilomè-tresde là, dans le quartier résiden-tiel d’Al-Minha, devant lamos-quéeAl-Salam, fréquentéepar desresponsablespolitiques etmilitai-res. Quarante-cinqpersonnes ontété tuées et des centainesblesséesdans ce double attentat à la voitu-repiégée, le plusmeurtrier aprèscelui de Roueiss, le 15août, dans lefief dumouvement chiiteHezbol-lah, dans le suddeBeyrouth.

«C’est le régime syrienqui aper-pétré cet acte barbare tout commecelui de Roueiss», accuse sansemportement le cheikh.Unepisteprivilégiéepar la justice libanaisedans les attentats de Tripoli,maisnonpour celui de Roueiss où l’en-quêten’apas encore abouti. A Tri-poli, celle-ci a conduit à l’inculpa-tion, le 30août, de deux cheikhssunnites libanaismembresdumouvementAl-Tawhid, pro-BacharAl-Assad,d’unancien colla-borateurde la chaîneduHezbol-lah, Al-Manar, et de deuxSyriens,dontun responsabledes servicesde sécurité.

L’implicationdu chef d’Al-Tawhid, le cheikhHachemMinka-ra, désole le cheikhRifai, qui futson compagnonde lutte contrel’occupationsyrienne. Leurs che-mins se sont séparés en 1985: lecheikhMinkara a été emprisonnéenSyrie puis «retourné»; lui s’estexilé enAllemagne jusqu’au

retrait des forces syriennesduLibanen 2005.

Depuis ledébutduconflitsyrien, enmars2011, le cheikhRifaidit être ànouveau l’objetdepressionset demenacesde sbiresduprésidentBacharAl-Assad. Il amultiplié lesprêches accusateurscontre celui qu’il qualifie de«tyran».On luiprêteaussi un rôleactifdans l’envoide combattantsdjihadistesauprèsde la rébellionsyrienne. Finavril, le cheikh,mem-bredu comitédesoulémasduLiban, et le cheikh salafisteAhmedAl-AssirdeSaïda, ontappelé lessunnitesaudjihadenSyrie.«Quand leHezbollahaannoncéqu’il allait envoyer seshommesenSyriepourdéfendre les chiites, onaréponduà l’appel à l’aidedes fem-

mes sunnitesdeQoussair», se justi-fie-t-il. Leportrait des troismar-tyrs tripolitains tombésdans cetteville syrienne s’affichesur lesgrillesde samosquée. Il refuseenrevanched’endosser la responsabi-litéde l’envoide combattantsavant cette bataille etnotammentde lamortde 17 jeunesTripoli-tains, tuésdansuneembuscadeprèsdeTallKalakh, en Syrie, endécembre2012.

DansAl-Tebbaneh,unquartierdéfavoriséde 60000habitants àdeuxpas de lamosquéeAl-Taqwa,le portrait d’Hussein Sorour, tom-bé à Tall Kalakhà 23 ans, flotteau-dessusdes ruelles défoncées,au côté de celui du cheikhAssir etdedrapeaux islamistesnoirs.«C’était la deuxième fois qu’ilallait combattre en Syrie avec desjeunesd’autres quartiers, raconteson frèreAbderrahman,un char-pentier de 19 ans. Il avait fait lapremière bataille deQoussair en2012.»Beaucoupd’autres jeunesde ce quartier gagnépeu àpeu àl’extrémismesunnite, sontpartiscombattre aux côtés des djihadis-tes. Ils ne sont jamais revenus.«Unmembrede JoundAl-Cham(unmouvement salafiste palesti-nien implanté à Saïda) s’est instal-lé en Syrie et a commencéungrou-pe», confieAbderrahman.

Lui préfère se battre contre les35000Alaouites pro-AssaddeJabalMohsen, le quartier qui sur-plombeBabAl-Tebbaneh. Leconflit syrien a réactivé la haineentre les deux communautés,latentedepuis la guerre civile liba-naise (1975-1990). La biennom-mée rue de Syrie, qui les délimite,est redevenueune ligne de frontavecdepart et d’autres desimmeubles criblés d’impacts. Lesaffrontementsont fait une centai-nedemorts endeuxans.

Depuis les attentats d’août, lesdeuxcamps se jaugent avecméfiance. Lesunités déployées ennombrepar l’armée libanaisepei-nent à s’interposer. Régulière-ment, elles s’accrochent avec lescombattantsdeBabAl-Tebbanah,qui érigent leurs proprespointsde contrôle le soir.

Dans l’enclavede JabalMoh-

sen, les habitants surveillent, euxaussi, les étrangers qui s’aventu-rent sur leur colline. Sur le rond-point central, sous les portraitsdesAssad, père et fils, lemar-chandde jus de carottes fait lavigie. «Nousn’avons rien à voiravec les attentats, on amême faitdes dons de sangaux victimes»,assureAli Feddah. Le porte-paroleduParti démocrate arabe, quirègne sur le quartier, joue l’apaise-ment.«Ils accusent le régimesyrien, c’est normal.Mais àRoueiss commeà Tripoli, c’estl’œuvrede Bandarben Sultan (lechefdes services de renseigne-ment saoudiens)qui veut créer ladiscordedans le pays et affaiblir larésistance contre Israël», affirmele jeune trentenaire au regardbleuperçant.

Depuis sa villa gardéepardesmiliciens, le cheikhRifai affiche

unemêmeméfiance face à l’encla-ve alaouite. La trêvepourraitpour-tant êtrede courtedurée. Chaquecampse tient prêtpour la grandebataillequi s’annonce.«En casd’interventionmilitaire américai-ne, la vengeancedu régime syrien,de l’Iran et duHezbollahva s’exer-cer contre les intérêts américains,israéliens et despaysduGolfe. AJabalMohsen, on s’attendàdesattaquesdes takfiri (extrémistessunnites)qui se battent aux côtésde JabhatAl-Nosra et des rebellessyriensau Liban.On est prêt. On vasedéfendre», assureAli Feddah.

«Les gens de JabalMohsen, lesservicesde renseignement syrienset les cellules duHezbollahvontnousattaquer.On craint que lerégime syrienne bombarde leLiban s’il sent qu’il vacille», rétor-que le cheikh salafiste, qui sou-tient l’intervention.«Onabesoindenos hommesauLiban, car onfait face aumêmedanger que lescombattants en Syrie», estime-t-il.Il dit s’atteler désormais àunifierles combattantsqui agissent enco-re enordre dispersé, notammentàBabAl-Tebbaneh.«Onn’a pasbeaucoupd’armes,mais s’ils nousattaquent, on aplein degens prêtsà se faire sauter. On est nés pourmourir», clameun combattant.p

Hélène Sallon

international

Beaucoupdejeunesd’Al-Tebbanehsontpartiscombattreauxcôtésdesdjihadistes.Ilsnesontjamais

revenus

Portraits des troismilitants anti-Assad tués àQoussair (Syrie), le 23 août, affichés sur lamosquée Al-Taqwa, à Tripoli (Liban). DALIA KHAMISSY POUR «LE MONDE»

D ans un entretien publiédansLeFigaro,mardi3sep-tembre, au lendemain de

la publication d’un rapport desservices de renseignement fran-çaisattribuantà son régimel’atta-quechimiquequia faitdes centai-nes de morts, le 21août, dans lesfaubourgs de Damas, et à la veilled’un débat au Parlement sur l’op-portunitéd’uneinterventionmili-tairecontre le régime, leprésidentsyrien, Bachar Al-Assad, met engarde les autorités françaises. «Lepeuple français n’est pas notreennemi, mais (…) dans la mesureoùlapolitiquede l’Etat françaisesthostile au peuple syrien, cet Etatsera notre ennemi», déclare lechef d’Etat syrien. « Il y aura desrépercussions, négatives bien

entendu, sur les intérêtsde la Fran-ce», ajoute-t-il.

Tout en feignant d’entretenir ledoute sur la présence d’armeschimiques dans l’arsenal syrien,alorsmêmeque leporte-paroleduministère des affaires étrangèressyrien avait admis, en juillet2012,que son pays détenait de tellescapacités, M.Assad réfute en blocl’argumentaire français, selonlequel Damas aurait eu recours àun agent toxique pour desserrerl’étau des rebelles autour deDamas. «Comment une armée,dans n’importe quel Etat, peut-elleutiliser des armes de destructionmassive, au moment où elle pro-gresse au moyen d’armes conven-tionnelles?»,demande-t-il.

A l’endroit des parlementaires

français et surtout des membresduCongrèsaméricain,quidoiventvoter, la semaine prochaine, pourou contre une attaque du régimesyrien, le maître de Damas agite,commeàsonhabitude, l’épouvan-tail d’une recrudescence du terro-risme, accusant notamment Parisde «se mettre du côté de ceux qui,comme Mohamed Merah, ont tuédes innocents », une allusion àl’auteur des tueries de Mon-taubanetToulouse, perpétrées enmars2012.

«Unbaril de poudre»Sans divulguer ses intentions

ni celles de ses alliés, l’Iran et leHezbollah,encasd’attaquefranco-américaine, ledictateursyrienfaitplaner la menace d’un embrase-

ment régional. «Le Moyen-Orientest un baril de poudre et le feu s’enapproche aujourd’hui (…), assu-re-t-il. Tout le monde perdra lecontrôle de la situation lorsque lebaril depoudreexplosera. Le chaoset l’extrémisme se répandront.»

Ces déclarations coïncidentavec l’annonce par les Nationsunies que le nombre de réfugiéssyriens a dépassé les deux mil-lions, un chiffre huit fois plus éle-véqu’ilyaunan.«LaSyrieestdeve-nue la plus grande tragédie de cesiècle, une calamité indigne avecdes souffrances et des déplace-ments de population sans équiva-lent dans l’histoire récente», souli-gne le haut-commissaire pour lesréfugiés, Antonio Gutteres, quidéplore les atermoiements de la

communauté internationale faceà cette catastrophehumanitaire.

Dans l’hypothèse d’une mon-tée des périls, le Liban, qui abrite720 000 réfugiés syriens (17% desa population) et la Jordanie, quien accueille 520 000 (8,5% de sapopulation),pourraientêtredirec-tementdéstabilisésparunaccrois-sement soudain du flot de candi-dats à l’exil.

D’unpointdevue sécuritaire, sileroyaumehachémiten’apassubidecontrecoupsdirectsdelaguerrecivile en Syrie, le Liban est réguliè-rementsecouépardesboufféesdeviolence, mettant aux prises lamilicechiiteduHezbollah,supplé-tif des forces gouvernementalessyriennes et des combattants sun-nites, galvanisés par des religieux

extrémistes, comme le cheikhAhmed Al-Assir. L’Irak, en proie àun regainde guerre civile, alimen-téentreautres facteurspar lesévé-nementssyriens,pourraitelleaus-si pâtir d’une détérioration de lasituation.

Quantà Israël, enneminuméroundurégimesyrien,qui se targued’incarner la «résistance» à « l’en-tité sioniste», la logique voudraitqu’il figure en tête de la liste descibles,encasdereprésaillesordon-nées par Damas. Mais le premierministre Benyamin Nétanyahousemble pour l’instant confiantdans le pouvoir de dissuasion deson armée, beaucoup plus puis-sante que celle de son voisinsyrien.p

BenjaminBarthe

La guerre en Syrie

AunordduLiban,proetanti-Assadsetiennentprêtspourlabataillequis’annonce

Le secrétaire d’Etat JohnKerryet le chef duPentagone, ChuckHagel, devaient être entendus,mardi 3septembre, par la com-mission des affaires étrangèresduSénat qu’ils devaient tenterde convaincre de donner son feuvert à des frappes sur la Syrie.Avant de s’envoler pour la Suède

mardi soir, BarackObamadevaitquant à lui rencontrer les respon-sables des commissions-clés duCongrès. La rentrée duSénat etde la Chambre des représen-tants aura lieu le 9septembre,date à laquelle ils commence-ront à débattre du texte de laMaisonBlanche.– (AFP.)

BacharAl-Assadmenacederiposterencasd’attaqueLeprésidentsyrienévoquedes«répercussionsnégatives»siParisparticipeauxfrappescontresonrégime

JohnKerry entendu par les sénateurs américains

50 km

Beyrouth

Homs

Saïda

ISRAËL

SYRIE

LIBANMerMéditerranée

Tripoli

Damas

2 0123Mercredi 4 septembre 2013

international& europe

Des réfugiés syriens arrivent en Turquie, dans la ville frontalière de Reyhanli, le 31août. BULENT KILIC/AFP

Lepremierministreturc,RecepTayyipErdogan,critiquépoursapositioninterventionnistecontrelerégimeAssadDesmanifestations«pour lapaix»ontétéorganiséesdans lesgrandesvillesdupays

AthènesCorrespondance

L e débat de dimanche 1er sep-tembre entre la chancelièreallemande,AngelaMerkel, et

son principal opposant social-démocrate, Peer Steinbrück, fai-sait, lundi 2septembre, la «une»de la presse grecque. Presque tousles journaux mettaient notam-ment en avant le fait que sur les90minutes de débat, la questiongrecque en aura au final occupépasmoinsdeonze.Lequotidiendecentre gauche To Vima est mêmeallé jusqu’à titrer«undébatgrec».

Comme la plupart de ses conci-toyens, Dimitris Soulis n’a pasregardé ledébat,mais a lu les com-mentaires avec intérêt. «Ce queproposent les candidatsallemandspour la Grèce est essentiel pournous,affirmececommerçant.Rienne se décide plus dans notre Parle-ment national, mais au niveaueuropéenet l’Allemagneest la voixla plus importante, alors un chan-gementdegouvernementpourraitchangernotre avenir.»

S’ils savent très bien qui estAngela Merkel, la majorité desGrecs ne connaissent rien de PeerSteinbrück,mais ses promesses desortir du dogme «tout-austérité»et son appel à un «planMarshall»pour les pays européens en criseséduisent. «La recetteMerkel, on lasubit depuis quatre ans», se désoleMariana (le prénomaétémodifié),enseignante de 46 ans, dont laspécialité a été tout simplementsupprimée, en juillet. Mariana est,depuis, surune listedemiseendis-ponibilité, et attend d’être soitreclassée, soit licenciée, après unepériode maximum de huit moispendant laquelle elle sera payée à75% de son salaire. «L’austéritéselon Merkel, cela veut concrète-ment dire pour moi qu’après vingtetunans commeprof, jemeretrou-ve du jour au lendemain à gagner700eurosavantd’êtrevirée,consta-te-t-elle.Alorsj’aimeraisquelesAlle-mands nous donnent l’occasiond’essayerautre chose.»

Avec 27%de sa populationacti-ve au chômageet après six annéesconsécutivesderécession,laGrècecontinuede s’enfoncer dans la cri-se. La volonté affichée par PeerSteinbrück de favoriser les mesu-res de retour à la croissance et delutte contre le chômage est doncbienreçueici,mêmesiseschancesd’emporter les électionsdu22sep-tembreprochainnesontpassures-timées.«AngelaMerkel est annon-céegagnante,alorsriennevachan-ger. La même politique économi-que va s’appliquer à la Grèce»,explique, résigné,Michalis,uncol-lèguedeMariana.

Cettecontinuité,d’autresl’espè-rent.«Nous sommes enfin en traindemener lesréformesessentiellesàla transformation de notre Etat, sefélicite ainsi une sourceprochedugouvernement, et c’est parce quenous sommes sous la pression denosbailleursdefonds.Relâchezcet-te pression et tout s’arrête.»

Un troisième plan d’aideLe débat entre les deux candi-

datsauraentoutcaspermisàAnge-la Merkel de déclarer nécessaire lamise en place d’un troisième pland’aide à la Grèce dès 2014. Uneannonce scrutée attentivementpar les responsables politiquesgrecs, qui retiennent leur souffledepuisplusieursmoisetremettentà l’après-scrutin allemand un cer-tainnombrededécisionsdepoliti-queintérieure.Mêmelamissiondelatroïka (Fondsmonétaire interna-tional, Banque centrale européen-ne et Commission européenne),quicontrôleraunenouvellefois,enseptembre, la mise en œuvre duprogramme d’ajustement, nedevrait pas rendre son rappportavant la finseptembre,pournepaspolluerlesélectionsallemandes.LaGrèce devra donc attendre octobrepour recevoir une nouvelle tran-che de prêts liée au feu vert de la«troïka», ou pour commencer ànégocier les conditions d’un nou-veaupland’aideoud’uneéventuel-le restructurationde sadette.p

AdéaGuillot

Ladroitenorvégiennefaceaucasse-têtepopuliste

A lors que le nombre de réfu-giés syriens à l’étranger necesse d’augmenter et que

François Hollande soutient lanécessité d’intervenir militaire-mentenSyrie, laFrancesemontre,depuis plusieurs mois, beaucoupplus frileuse en ce qui concernel’accueil d’éventuels réfugiés surson territoire.

Le Haut-Commissariat desNations unies pour les réfugiés(HCR) a annoncé, mardi 3septem-bre, que le seuil des deuxmillionsde réfugiés avait été franchi.Unchiffremultiplié par dix en un an.Face à ce drame humanitaire,l’agence des Nations Unies tentedepuis le débutdumois de juindeconvaincre les Etats membres del’Unioneuropéenned’ouvrir leursportes aux réfugiés. Sans guère desuccès, en Francenotamment.

L’ambitionduHCRestd’obtenirune protection exceptionnellepour 10000 Syriens. Principale-mentréfugiésdanslespayslimitro-phes de la Syrie, entre autres auLiban,où leur situationestparticu-lièrement précaire car il n’y existeaucun campement officiel en dur.Le chiffre de 10000 personnes estsymbolique comparé aux5 000 Syriensqui, chaquejour, fui-raient leurpays, selon leHCR.

L’Allemagneestlepaysquiapro-mis le plus gros effort. Quelque5 000 Syriens y seront accueillis àpartir des prochains jours. Le29août, l’Autriche s’est engagée àassurer une protection à 500 per-sonnes. La Suède, la Norvège, lesPays-Bas et la Suisse ont aussi pro-mis de recevoir des Syriens, dansdesproportionsmoindres–de l’or-drede 200chacun,aumaximum.

La France, elle, n’a pas encorerépondu à la demande du HCR.Elle a accordé l’asile, depuis jan-vier, à 700 Syriens. Un chiffre lié àdes demandes faites principale-mentdepuis la Francepar des per-sonnesquiontpurejoindreleterri-toire. Mais Paris refuse d’accordertoute protection dans un autrecadre. «On nous a répondu que lesystème d’accueil des demandeursd’asile était saturé », expliqueWilliam Spindler, chargé de com-

munication au HCR. Le ministèrede l’intérieur, chargé de l’asile, n’apas donné suite lundi 2 septem-bre, aux sollicitationsduMonde.

LeHCRpropose auxEtats deuxsolutions. La première consiste àaccueillir les migrants dans lecadre d’un programme dit deréinstallation. Les individus etleur famille sont alors totalementpris en charge, depuis le pays oùils ont trouvé refuge jusqu’aupays hôte. Ils reçoivent un statutde réfugié définitif, un logement,et un accompagnement versl’emploi.

La seconde solution, moinsgénéreuse,consisteàaccorderuneprotection temporaire auxmigrants. Un accompagnementsocialpeutêtreproposé,maisilestplus léger que dans les cas de laréinstallation. Même si les Etatshôtes peuvent ensuite accorderun statut de réfugié définitif auxpersonnes accueillies, en principeelles sont censées retourner dansleur pays d’origine une fois termi-né le conflit qui y sévit.

C’estlasolutionqu’achoisiel’Al-

lemagne, comme elle l’avait faitlors du conflit en Bosnie-Herzégo-vine (1992-1995). Sur les320 000 réfugiés qu’elle avaitalors accueillis, 246000 sont ren-trés chez eux entre1996 et 2005.Beaucoupde retours ont toutefoisété compliqués par la recomposi-tion ethnique du pays pendant la

guerre, selon une étude publiée,en juillet, dans l’Oxford Journal.

Danslecasdelaprotectiontem-poraire ou de la réinstallation, lesEtatshôtesont le droitde fixerdescritères de sélection. Les femmes,les victimes de tortures, ou encore«lespersonnesayantdes liensavecl’Allemagne», sont aujourd’huiprioritaires. Même chose pour les

réfugiés ayant un «potentiel pourparticiper à la reconstruction».Autrement dit, les personnes quiauront des intérêts à rentrer enSyrieune fois la guerre finie, selonleHCR.

Laprotectiontemporairea«deslimites », admet Pierre Henry,directeur général de France terred’asile, l’une des principales asso-ciations chargée de l’accueil desdemandeurs d’asile en France.«Mais 700 réfugiés syriensaccueillis depuis janvier, ce n’estpasuneréponsepolitiqueethuma-nitaireàlahauteurdesenjeux,esti-me-t-il. La saturation du systèmed’asile est unprétexte.»

En Allemagne, les questionsd’immigration sont aussi sensi-blesqu’enFrance.Enaoût, l’ouver-ture d’un foyer de demandeursd’asile dans un quartier populairedeBerlin a suscité de vives protes-tations de riverains, soutenus pardes groupuscules d’extrême droi-te qui cherchaientà se faire enten-dre avant les élections législativesdu 22septembre.p

EliseVincent

IstanbulCorrespondance

S uspendue, comme les autrescapitales, à la réunion duCongrèsaméricainquidoit se

tenir à partir du 9 septembre àWashington, Ankara est en étatd’alerte. L’armée turque a faitsavoir qu’elle avait renforcé seseffectifs et son système de défenseaériendanslesrégionsduSud,limi-trophesde la Syrie.Desunitésde lasécuritécivile, forméespour letrai-tement des victimes d’attaqueschimiques, ont été déployées auxpostes frontières. De nombreuxmouvements d’avions ont étéobservés ces derniers jours sur labase d’Incirlik utilisée par les trou-pes américaines de l’OTAN et dési-gnéecommeunepossibleplatefor-me logistique en cas de frappescontre le régimesyrien. Lepremierministre, Recep Tayyip Erdogan, aréuni l’état-major de l’armée lundi2septembre pour l’enjoindre de setenirprêtàriposteràuneéventuel-le agressiondesonvoisin.

La Turquie milite plus quejamais pour que le but d’une coali-tion internationale soit de mettrefin au pouvoir de Bachar Al-Assad.«Il doit partir et se rendre dans unpays où il pourra vivre», a affirméM.Erdogandimanche.Enpremière

ligne face à la guerre qui sévitdepuis deux ans et demi de l’autrecôté de sa frontière, Ankara jugeinsuffisantes les frappes « limi-tées» envisagées par le présidentaméricain,BarackObama.«Celanepeutpas êtreune frappeponctuellede vingt-quatre heures. Ce qui estimportant,c’estdestopperlemassa-creetd’affaiblir le régimejusqu’àcequ’ilabandonne»,adéclaréM.Erdo-gan au cours d’une réception pourla fête nationale du 30août, invo-quant leprécédentduKosovoetdel’opérationquiavaitmenéà lachu-tedeMilosevic.

Rupture stratégiqueLegouvernementturc, qui a été

l’undescritiques lesplusvirulentsde Damas depuis le début duconflit, après enavoir été sonallié,avaitdéjà fait savoirqu’ilétaitprêtàparticiper àune coalition,mêmeen dehors de tout mandat desNations unies. Une stratégie queRecep Tayyip Erdogan peaufinerad’ici la décision du Congrès avecdes entrevues prévues, en margeduG20de Saint-Pétersbourg, avecM.ObamaetM.Poutine.

Mais en Turquie, la détermina-tionaffichéeparAnkarasur ledos-sier syrien ne fait pas l’unanimité.Unemajoritéde lapopulation tur-que se désolidarise de l’idée d’une

participationàuneopérationmili-taire. Des manifestations pour lapaix se sont organisées dans plu-sieursgrandesvillesdupaysà l’oc-casion de la Journée de la paix, le1erseptembre. Et les trois partis del’oppositionreprésentésàl’Assem-blée nationale – kémaliste, kurdeet ultranationaliste – sont réti-cents à des frappes, pour des rai-sonsdiverses.LedirigeantduPartirépublicain du peuple (CHP, cen-tre gauche, laïque), Kemal Kiliçda-roglu, a réclamé un vote du Parle-ment avant toute opération.

Les prochesdeM.Erdogan, eux,estiment pouvoir se passer del’autorisation des députés, en ver-tu du mandat donné en octo-bre2012àdesopérationsponctuel-les par-delà la frontière turco-syrienne.Mais uneparticipationàune coalition, même sous formede troupes non belligérantes,seraituneformederupturestraté-gique par rapport à la prudenceaffichée en 2003 avant l’invasionde l’Irak. A l’époque, le Parlementturc avait refusé aux Etats-Unisl’utilisationde son territoire.

«La Turquie cherche des problè-mes», a réagi dans l’une de ses édi-tionslequotidienCumhuriyet,pro-che de l’opposition kémaliste,exprimant une inquiétude large-mentpartagée, celled’unembrase-

ment totalement incontrôlableaux portes de la Turquie. «Il fautrestertrèsprudentsquantàuneopé-rationmilitairedanslaquellelaTur-quie fournirait un soutien actif, ets’y opposer, car elle remettrait enquestion l’équilibre Turquie-Iranquisertdecimentàlarégiondepuisdes siècles», estime le chroniqueurRusenCakir, dans le journalVatan.

Lamenacedetirsd’armeschimi-ques sur le sol turc est égalementprise très au sérieux. C’est pours’en prémunir que le gouverne-ment turc avait réclamé la protec-tionde sesalliésde l’OTANet obte-nu le déploiement de batteries demissiles Patriot près de sa frontiè-re. Mais les experts s’accordentpoursoulignerl’inefficacitédudis-positif faceàdesmissilesdecourteportée. Serdar Erdumaz, analystedu think tank Türksam, estimeque les pertes seraient lourdespour la Turquie en cas d’attaquechimique, en raison du nombreinsuffisant de capteurs de gaz etdumanquedemasquesetdecom-binaisons hermétiques. L’un desplusprochesconseillersdeM.Erdo-gan, Yalçin Akdogan, a rejeté l’hy-pothèse de tirs sur le sol turc, esti-mant qu’«une attaque contre laTurquie seraitde la folie et dusuici-de»de la part du régime syrien.p

GuillaumePerrier

LesGrecsespèrentunealternanceàBerlinpoursortirdel’austéritéL’appeldePeerSteinbrückàun«planMarshall»pour lespaysencriseaséduitAthènes

C ’est désormais lemêmedilemmetous les quatreans, à la veille des élections

norvégiennes: que faire de cetteembarrassantedroite populiste,le Parti duProgrès (FrP), qui serenddeplus enplus incontourna-ble? Le fait qu’il soit le seul partideNorvègedont la fédérationdejeunes est présidéepar un filsd’immigrés indiens,HimanshuGulati, suffit-il à le rendre fré-quentable? A la veille des législa-tivesdu9septembre, la questionest brûlante car aprèshuit ansd’une coalitionde centre-gauche,l’alternanceparaît probable.

En2009, laquestiond’unecoalitionavec le FrPavait telle-mentdivisé lespartis dedroiteque lavictoirede lagaucheavaitétévécuecommeunsoulagementpar lesNorvégiens,qui échappè-rentainsi auchaospolitique.Aujourd’hui, les conservateursouvrentgrand lesbrasauFrP, offi-ciellementdumoins,mais lespetitspartisdes libérauxetdeschrétiens-démocrates,partenai-resnaturelsàdroite, sontdivisés.

Car le FrP sent le soufre. Rien àvoir avec le Front national fran-çais, jure-t-on àOslo. Anti-impôts, anti-bureaucratie, anti-social-démocrate, il est devenuanti-immigrés dans les années1980.Mais cela ne suffirait pas àen faire un parti d’extrêmedroi-

te, car le Parti travailliste, avec salignedure actuelle sur les deman-deurs d’asile, n’a rien à luienvier. S’il n’est pas nationaliste,son discours anti-islamet anti-immigrationdérange, ainsi queson scepticisme sur les causeshumainesdu réchauffement cli-matique.

Ouvrir le robinet du pétroleLe fait qu’AndersBehringBrei-

vik, le terroriste responsablede lamortde 77personnes enjuillet2011, a étémembreduFrPpendantunedizained’annéesavantd’en claquer la porte,n’avaitpas arrangé l’imageduparti.HimanshuGulati avaitd’ailleursété éluquelquesmoisplus tard.

Mais enNorvège, les grandesvisionspost-attentatssontdésor-maisoubliéesauprofitde considé-rationscommela constructionderouteset les files d’attentedansleshôpitaux.Unterrainsur lequelle FrPprospèrepuisquepourrégler lesproblèmesduroyaume,ilproposed’ouvrir engrand lerobinetde l’argentdupétrole, à ladifférencedesautrespartis.

Leproblèmepourunedroiteminoritaireaupouvoir est qu’unFrPdans l’opposition serait sansdoute le pire des scénarios. p

OlivierTruc(Oslo, envoyé spécial)

SelonleHCR,lenombrederéfugiéssyriensapasséleseuildesdeuxmillions.Unchiffremultipliépardixenunan

LaFrancesemontreréticenteàaccueillirdesréfugiéssyrienssursonterritoireParisn’aacceptéque700personnesdepuis janvier, tandisque5 000fuient laSyriechaque jour

30123Mercredi 4 septembre 2013

RomeCorrespondant

I l est amer, Tarcisio Bertone. A78 ans, lui qui était «premierministre du pape» n’est plus

qu’un cardinal comme les autres,même s’il fait encore fonction decamerlingue, rôle crucial en cas dedécès ou de démission d’un pape.Dimanche 1erseptembre, en visiteà Syracuse (Sicile), il a laissé allerson amertume de ne plus être lenuméro2 du Vatican, où, depuis2006 et sa nomination parBenoîtXVI comme secrétaired’Etat, il exerçait sonmagistère etson influence. La veille, un simplecommuniqué avait annoncé sonremplacement par Mgr PietroParolin.Il seraeffectif le 15octobre.

«Bien sûr, a-t-il dit, il y a eu denombreux problèmes, particulière-ment ces deux dernières années, etl’on a rejeté surmoi certaines accu-sations.Unmélangedecorbeauxetde vipères,mais cela ne devrait pasassombrir ce que je vois commeunbilan positif.» Inhabituellement, ilpoursuit :«Certainesaffairesnousontéchappé,notammentparcequeces problèmes étaient comme“scel-lés” par certaines personnes qui nesemettaient pas en contact avec lasecrétaireried’Etat.»

Vipères,corbeaux,communica-tion difficile… En quelques phra-ses, MgrBertone a résumé l’opi-nion des vaticanistes italiens, quiestiment que son remplacementest l’épilogue des années sombresdu règne de Benoît XVI. Son limo-geage,mêmes’il était atteintpar lalimite d’âge, est une nouvelle éta-pede la reprise enmainde la curiepar lepape François.

Les années Bertone auront étééclaboussées par des scandalesauxquels le Vatican a parfoisrépondu maladroitement. Lestourmentes qui ont conduitBenoît XVI à sa démission specta-culaire auront aussi été les sien-nes: scandalesdepédophilie, Vati-

Leaks, réforme des finances duVatican,rumeursde«lobbygay»…

Peut-être parce qu’il souhaitaitapporter «plus d’évangile etmoinsde diplomatie» au sein de la curie,ce salésien a été aussi souventcontesté que craint. Dans le pluspetit Etatdumonde, il apparaissaitcommele tireurdeficelles.C’est luiencore qui, selon certains, auraitorganisé les intrigues et les rivali-tésdela«troisièmeloge»,cetétagedu Vatican où se concentrent touslespouvoirs.

C’est lui encore que l’ondésignecomme la cible des révélationsaprès des fuites menées par lemajordome du pape Benoît XVI.Certainsdocuments levisentnom-mémentetmettentencauselages-tionjugéemaladroiteetautoritaired’unhommequin’étaitpasrompuauxus et coutumes de la diploma-tiediscrèteduSaint-Siège.

«Accessible et ouvert»Asaplace,c’estunvraidiploma-

tequ’achoisi lepapeFrançois.Ori-ginaire de la région de Venise,PietroParolinaétéordonnéprêtreen1980. Ilétaitdepuis2009nonce(ambassadeur du Vatican) auVenezuela, après avoir été en pos-te auNigeria (1986) et auMexique(1989).De retouràRomeen1992, ila travaillé sur des sujets délicats,comme celui des rapports avec laChine communiste et le Vietnam,ainsi qu’avec Israël. « Je sens lepoidsde la responsabilité quim’in-combepourunemissiondifficileetexigeante devant laquelle pauvressontmesforceset faiblesmescapa-cités», a réagiMgrParolin.

Depuissonélectionenmars,Jor-geBergoglionecachepas savolon-téderéorganiser lacurie.Plusieurscommissions ont été chargées dese pencher sur le fonctionnementde l’administration centrale del’Eglise ainsi que sur la Banque duVatican. Les grandes lignes de laréforme devraient être connuesdébut octobre. Aujourd’hui dotéed’un puissant rôle de supervision,la curie pourrait voir ses pouvoirsréduitsauprofitd’uneplusgrandecollégialitéauVatican.

Pour ajouter à l’amertume deMgrBertone, son successeur estprésenté comme «accessible,ouvert, compétent». Pour le siteVaticanInsider,aveccettenomina-tion, « le pape reconquiert rapide-mentlespositionsperdues.Lacuriecesse ainsi d’être une cour et rede-vient une structure au service de lafoi : une courroie de transmissiondes volontés papales».p

PhilippeRidet

Rio de JaneiroCorrespondant

R éunion ministérielle de cri-se, condamnations unani-mes et convocation pour la

deuxièmefois enquelques semai-nes de l’ambassadeur américain àBrasilia, ThomasShannon.Au len-demain de nouvelles révélationsde cas présumés d’espionnage, legouvernement de Dilma Rousseffn’enfinitpasdemarquerson indi-gnation. Et pour cause.

Selon les derniers documentssecrets de l’Agence nationale desécurité (NSA) américaine trans-mis à la chaîne brésilienne GloboTVpar l’ancienconsultantEdwardSnowden et par son relais à Rio deJaneiro, le journaliste-blogueurGlenn Greenwald, la présidente aétél’objetd’unesurveillanceparti-culière de la part des «grandesoreilles» nord-américaines. Sontéléphone, ses mails et SMSauraientété la ciblede laNSAainsiqu’un nombre indéfini de«conseillers-clés»deladirigeante.

Selon des sources diplomati-ques, la présidente, «très irritée»,s’estime «trompée» parWashing-ton. Elle aurait évoqué une éven-tuelle annulation de son voyageaux Etats-Unis, prévu le 23octo-bre. En revanche, rienn’a filtré surla rencontre prévue entreMmeRousseffet leprésidentBarackObamaausommetduG20àSaint-Pétersbourg, les 5 et 6septembre.

Déjà, en juillet, Brasilia avaitdemandédes explications àWash-ingtonaprèslesrévélationsduquo-tidienOGloboindiquantqueleBré-sil, lepays leplus«écouté»d’Amé-rique latine, avait englobé dans unréseaude seize bases d’espionnagedes services secrets américains.M.Shannon avait alors assuré queles conversations téléphoniques etles courriers électroniques des

entreprises et des citoyens brési-liens n’étaient pas soumis à sur-veillance.L’ambassadeuravaitsim-plementadmisque laNSAaccédaitaux métadonnées, l’ensemble desconnexionspassantpar leBrésil.

Intrusions «massives»Cette première fuite avait été

évoquée le 13août, lors de la visiteauBrésildusecrétaired’Etataméri-cain, JohnKerry,maisBrasiliaavaitjugé ses explications «insatisfai-santes». Une semaine auparavant,M.Greenwald, interrogé à Brasiliapar le Congrès, avait annoncé ladivulgation d’autres révélationssur les intrusions «massives» dugouvernementaméricain.

Selon ces nouvelles dénoncia-tions, divulguées dimanche à latélévision, en collaboration avec le

journalisteet lanceurd’alerteamé-ricain, les Etats-Unis auraientespionné les communications deMmeRousseffen juin2012.Undocu-mentde laNSA indiqueque l’agen-ce cherchait à avoir «unemeilleurecompréhension des méthodes decommunication» de la présidenteetdeses collaborateurs.

D’après M.Greenwald, le docu-ment indique comment la NSAcherche à identifier ses cibles, lesnuméros de téléphone et adressesélectroniques. Ce n’est qu’ensuiteque l’agence filtre les communica-tions quiméritent l’attention avecl’aide d’au moins trois program-mes informatiques – Cimbri,Mainway et Dishfire. Un autredocument de la NSA semble indi-quer que Washington émet desdoutes quant à ses relations avec

le Brésil. On y découvre une listede pays sous un titre en forme dequestion:«Amis, ennemisoupro-blèmes?»LeBrésil y côtoie l’Egyp-te, l’Inde, l’Iran, l’Arabie saouditeou encore le Yémen. Et apparaîtcomme une nation capable degénérerun «stress régional».

Dès dimanche soir, le ministrede la justice, José Eduardo Cardo-zo, a déclaré: «Si ces faits sont avé-rés, ils devraient être considéréscomme gravissimes et qualifiéscomme une atteinte évidente à lasouveraineté de notre pays, impli-quant la têtede l’Etat.»M.Cardozos’était rendu aux Etats-Unis il y aquelques jours pour trouver unaccord relatif aux activités d’es-pionnage.Washingtonn’apasdon-né suite à sa proposition.p

NicolasBourcier

LafrondesocialeaaccentuélebluesdelagénérationLula

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PAR BRUNO MUEL

Pages 14 et 15.

Le retour des controverses rituelles sur

les prévisions de croissance, l’immigra-

tion ou le dernier fait divers conforte

l’ d éolibéral aurait

AFIN QUE L’AUDACE CHANGE DE CAMP

Stratégiepour une reconquêteImages de poubelles calcinée

s, micros-trottoirs de passants

ulcérés, débat sur le «replicommunautaire» : les affron-

tements qui ont opposé cet été la police et des habitants

de

Trappes ont généré une nouvelle mise en scène du «mal

des cités». Une plongée de plusieurs années dans les cuisin

es

du journal télévisé permet de comprendre comment se

étuent ces clichés.

LES COULISSES DU JOURNAL TÉLÉVISÉ

Tintin en banlieue

EcoutesdelaNSA:leBrésilsommelesEtats-Unisdes’expliquerL’agenceaméricaineaurait espionné lescommunicationsdeDilmaRousseffen juin2012

SaoPaulo, Rio de JaneiroEnvoyé spécial

La fronde sociale de juin amontréla désaffectionde la jeunessebré-silienneà l’égardduParti des tra-vailleurs (PT, gauche aupouvoir),la formationde l’ancienprésidentLuiz Inacio Lula da Silva, 67 ans, etde l’actuelle chef de l’Etat, DilmaRousseff, 65 ans.Mais la généra-tiondegauchequi s’est opposée àla dictature (1964-1985) prendaus-si ses distances.

«Le PTneme représente plus»,confieMariaRegina Pilla, 67 ans,qui travaillait au cabinet dumairePTde PortoAlegre, à l’époqueduForumsocialmondial. Le scanda-le dit du «mensalao» («grossemensualité»), révélé en 2005 etjugé en 2012, a été, pour elle etpourbeaucoup, «un choc». «Lemensalaoa enlevé auPT ses ban-nières les plus précieuses, l’honnê-teté et l’intégrité», ajoute-t-elle.

«Le PTaurait dû faire sonmeaculpa: nous n’avionspas voté PTpour qu’il fasse lamêmechose queles autres partis», renchérit Cyna-raMenezes, 46 ans, reporter àl’hebdomadaireCarta Capital etblogueuse.«Après avoir remplacéle Parti communiste comme forcecentralede la gauche, Lula a trans-formé le PT enguichet d’emploispublics», s’indigne le cinéasteNel-sonPereirados Santos, 84 ans.

Le clientélismeet l’échangedefaveurs avec les alliés étaient-ilsinévitables? «Depuis des lustres,le PT et le Parti de la social-démo-cratie brésilienne [PSDB,opposition], se disputent l’électo-rat, surtout dans l’Etat de Sao Pau-lo, principale circonscriptiondupays, explique Ismail Xavier,67ans, professeurde cinémaàl’universitéde SaoPaulo (USP).Aulieude joindre leurs efforts, ces

deuxpartis réformateursont nouédes alliances avec la droite.»

Etd’ajouter: «Lula a imité sonprédécesseur, le président social-démocrate FernandoHenriqueCardoso [82 ans], pour s’assurerunemajorité auCongrès et conju-rer un conflit entre l’exécutif et lelégislatif, la hantise de l’histoirebrésilienne.»

La gauche resteminoritaire,dansunBrésil plutôt conserva-teur. «Il y aunparadoxe: le prag-matismede Lula lui a permisd’être élu à la présidencedeux fois,mais a dénaturé le PT, devenuunrouagedupouvoir», observe lapsychanalysteMaria RitaKehl,61ans,membrede la Commissionde la vérité sur la dictature.

«AvecDilma, ladérivedroitières’est accentuée», affirmeCynaraMenezes. L’oppositionentre lapré-sidenteRousseff et sonmentorrevientsouvent.On loue les capaci-tésdenégociationdeLula, toutencritiquantsonrefusde la confron-tationavec la financeet l’agrobusi-ness. Et ondéploreque sadauphi-nesoit peudouéepour ledialogue,y compris avec lesmouvementssociauxassociésà lagauche.

Lanostalgien’est pas loin. «LePTa tout demême connudeuxgrandsmoments: à sanaissance,dans les années 1980, il a su ras-sembler la gauche; ensuite, l’élec-tionde Lula en 2002a représentéle retour du refoulé, l’espoir, la joie,après les années deplombet de cri-se», assureMariaRitaKehl.

Cependant, le PT est devenuunemachine électorale, en étatd’apesanteurentre chaque scru-tin. «La Centraleuniquedes tra-vailleurs et l’Unionnationale desétudiants (UNE) ont été cooptées,subventionnéspour ne rien faire»,dénonceWagnerCardoso, 63 ans,ancien journaliste à RFI.

Les syndicalistesont eudumalàmobiliser, le 11 juillet, lors d’unejournéenationalede lutte. Etl’UNEétait pour la première foisde sonhistoire totalementabsen-te desmanifestationsde la jeu-nesse aumois de juin.

«Le dernier signe de vie del’UNEdatedes protestationsmassi-ves contre la corruptionduprési-dent FernandoCollor deMello, en1992», note Jean-Marc vonderWeid, 67 ans, président de l’UNEde 1969 à son emprisonnement,deuxans plus tard. «Désormais,unepartie de la gauche, dogmati-que, tient undiscours deméfiancecontre lesmanifs spontanées»,confie l’anciendirigeant étudiant.

Expert en agriculture alternati-ve, Jean-MarcvonderWeiddéplo-re la perte de vitesse de la réformeagraire, qui explique la désaffec-tionduMouvementdes paysanssans terre à l’égarddupouvoir.«Lula était indifférent à l’écologie,mais ilmesurait le prestige de saministrede l’environnement,Mari-na Silva, tandis queDilman’hési-tait pas à la prendre dehaut»,raconte-t-il.

A en croire les sondages,Mari-na Silva profitede la chutedepopularité de la présidente, aprèsavoir créé la surprise en 2010, enremportant 20millions de voixaupremier tour de la présidentiel-le. Sa foi évangélique suscitenéan-

moinsdes résistances.«Je n’aimepas lemélange entre religion etpolitique», avanceCynaraMene-zes. L’absencede structure de lacandidateécologiste et la faibles-se de sonentourage soulèvent desobjections.«Le programmeécono-miquedeMarinaest opaque», sou-ligneVladimir Safatle, 40 ans, pro-fesseurdephilosophieà l’USP.

Les doutes suscités parDilmaRousseffmontrent la difficulté àassurer la relèvedu charismati-que Lula. «Le PTn’a plus de créati-vité, il n’est plus un laboratoired’idées et n’attire plus les intellec-tuels, assureVladimir Safatle. Ladérive subie par les partis socialis-tes européens en quaranteans, lePT l’a connue endix ans.»

Etd’ajouter: «L’acquis de Lula –l’ascensionsociale par l’aide “Bour-se famille”, l’augmentationdusalaire réel et la créationd’emplois– n’a pas permisde régler les pro-blèmes structurels. L’exigencedeservicespublics universels et dequalité, réclaméspar lesmanifes-tants de juin, supposeune réformefiscalede gauche. Cela impliquedefaire face aux conflits, au lieu deprétendre les neutraliser par unecoalitionhétéroclite.»

Celaétant, la fronde socialedejuin rendcediscipleduphiloso-pheAlainBadiouoptimiste: «Lapolitiqueest revenueàsaplacenaturelle, la rue. Lesmanifestantsn’aspiraientpasà la révolution,maisàdes réformes sur lemodèlede la social-démocratied’après-guerre, optionmoins radicaleetutopiquequecelleproposéepar leForumsocialmondialdePortoAle-gre. Lemouvementconnaîtra sansdoutedeshauts etdesbas,maisnes’arrêterapas.»Etde conclure:«Une reconfigurationde lagaucheetde ladroite est inéluctable.»p

PauloA.Paranagua

MgrPietroParolin,nouveausecrétaired’EtatduVaticanLepapeFrançois achoisiundiplomatepoursuccéderaucontroversécardinalBertone

«LePartidestravailleursn’estplusunlaboratoired’idées

etn’attirepluslesintellectuels»

Vladimir Safatleprofesseur de philosophie

BarackObama, aux côtés deDilma Rousseff, à Brasilia, enmars2011. JASON REED/REUTERS

TRAN VANMINH/AP

4 0123Mercredi 4 septembre 2013

international& planète

NewDelhiCorrespondance

L a loi sur l’acquisition des ter-res, votée jeudi 29août à laChambre basse du Parle-

ment indien, va transformer lepaysage industriel de l’Inde et réé-quilibrer le rapport de force entrepaysans et industriels. Le gouver-nementespèrefaciliterlestransac-tionsenaméliorant lescompensa-tionsverséesàceuxquisontdépla-cés, qu’ils soient, ou non, proprié-taires terriens.

«C’est la toute première loi quifait le lienentrel’acquisitiondester-res et les obligations qui lui sontassociées, à savoir la réhabilitationet la réinstallation des déplacés»,s’est félicité Jairam Ramesh, leministre indien du développe-ment rural.

Un industriel devra désormaisconvaincre 80% des propriétairesdes terres qu’il souhaite acquérir,et 70% d’entre eux, si c’est l’Etatqui est impliqué avec lui dans unprojet de partenariat public-privé.Il sera donc plus facile d’acquérirdes terres pour construire desinfrastructuresque des usines.

La précédente loi, rédigée parles colonsbritanniquesetvotéeen1894, était en totaldécalageavec lasituation économique actuelle del’Inde.Au lendemainde l’indépen-dance, les terres des zamindar, lesgrands propriétaires terriens, ontété redistribuées aux paysans,mais ces dernières sontdésormaisconvoitéespar les industriels.

L’ancienneloiautorisaitlesEtatsrégionaux à acquérir des terres aunom de l’intérêt général qui, biensouvent,seconfondaitaveclesinté-rêts de l’industrie. Des centainesd’hectares ont été ainsi revenduspour la construction d’usines avecdes compensations dérisoires, aupoint que la loi avait été assimilée,le 4août 2011, par la Cour suprêmeindienne,àune«fraude».

Les récalcitrants n’avaient alorspas d’autre choix que de manifes-ter. C’est ainsi que des paysans duBengale-Occidental étaient parve-nus, en 2008, à faire déplacer etreconstruire une usine du géantautomobile indien Tata à l’autreboutdupays,dans leGujarat.

D’autres grands projets indus-triels ont été abandonnés en 2013,tels les complexes sidérurgiquesducoréenPoscoouduluxembour-geoisArcelorMittaldans l’Odisha.

Si lesprojetsindustrielsrencon-trent autant de résistance parmiles agriculteurs, c’est que la terreestleurseulerichesse.Pourlespay-sans sans diplôme ni argent, quine savent ni lire ni écrire, elle estl’uniquecapital, transmisdegéné-rationen génération.

Lanouvelleloi imposecettefoisaux acquéreurs plusieurs obliga-tions pour protéger les intérêtsdes paysans. Les terres cultivéesdoivent être acquises seulementendernierrecoursetlespropriétai-

res ont le choix entre percevoirune indemnité mensuelle pen-dant vingt ans ou obtenir unemploi sur le site industriel. Leurparcelle de terre peut être vendueou cédée contreunautre terrain.

Le calcul du prix leur est plutôtavantageux: il doit représenter aumoinsquatrefois lavaleurdes ter-res en zone rurale, et deux fois enzone urbaine. Les vendeurs nedéclarant souvent qu’une fractionduprixdeventepourpayermoins

de taxes, les terres sont sous-éva-luéesdans les registresofficiels.

Si le gouvernement se porteacquéreur des terres, les règlesseronttoutefoisplussouples,com-mesilesacrificedespaysanssejus-tifiait davantage pour la construc-tiond’une route oud’une centralenucléaire que d’une usine. Or unegrande majorité des terrains sontjustement acquis par l’Etat pourconstruire des voies d’irrigation,des infrastructures de transportoudeproductiond’énergie.

Les nouvelles règles ont aumoins leméritede la clarté. Ce quiest en revanche moins clair, c’estl’étatdu cadastre indien.Dans cer-taines régions, il est difficile deconnaître les délimitations exac-tesdes terrainsoudesavoirquiestleur propriétaire, surtout lorsquelapratiquedel’agricultureestcom-munautaire. Plusieurs Etats duSud ont informatisé leur cadastreen utilisant des images satellites,mais ces initiatives restent isolées.

«Il vadéjà êtredifficile de savoirqui est propriétaire de telle terre,mais encore plus difficile d’identi-fier ceux qui en vivent, petits com-merçants et ouvriers agricoles quieux aussi auront droit à des com-pensations»,maugréeChetanBije-sure, l’un des directeurs du FICCI,l’organisationpatronale indienne.

Les industriels doivent se pré-parer à de longues semaines de

négociations,étantdonné lemor-cellement des terres agricoles. En2005, la superficiemoyenneétaitde 1,27hectare, et tombait mêmeà0,2hectare dans unEtat commele Kerala. C’est donc avec des cen-taines, voire des milliers de pay-sans, que les industriels vontdevoir discuter.

En voulant à tout prix simpli-fier les transactions, le gouverne-ment n’a-t-il pas trop simplifié laloi? «Il y a des terres qui sont sansprix en raisonde la valeur culturel-le qui y est associée», écrit SanjoyChakravorty, géographe à la Tem-ple University de Philadelphie,dans le quotidien TheHindu. C’estnotamment le cas des tribus Don-griaKondh,dans l’estdel’Inde,quirefusent de céder leurs terres ausidérurgiste Vedanta, car ellessont censées abriter desdivinités.

«Aucune loi ne peut aider àacquérircesterressansconflit.Qua-drupler ou même décupler le prixn’y fera rien. Ces terres doivent res-ter hors du marché », conclutM.Chakravorty.

Autrecarence: la loi votéepar leParlement ne s’applique pas auxindustries d’extraction minière.Les populations tribales qui sontnombreuses à vivre dans desrégions qui regorgent demineraisrisquentdoncdecontinueràpayerleprixdes acquisitions forcées.p

JulienBouissou

Fukushima:legouvernementjaponaisreprendenmainlesopérationsdedécontaminationdel’eauFaceà l’impuissancede l’opérateurTepco,Tokyoannonceunpland’aidede359millionsd’euros

Lesindustrielsdoiventsepréparer

àdelonguessemainesdenégociations,

vulemorcellementdesterresagricoles

Tunisie Prison fermepour deux rappeurs jugésà leur insuTUNIS.Deuxrappeurs tunisiensontété condamnés,vendredi 30août, àunanetneufmoisdeprison fermeen raisondeparolesdeleurs chansons.AladineYacoubi, aliasWeldEl 15, etAhmedBenAhmed,aliasKlayBBJ, ontété condamnéset jugés sansavoir étéprévenusde leurprocèsni informésde leur inculpationpour«outrageàdes fonctionnaires», «atteinteauxbonnesmœurs»et«diffamation». Les deuxmusiciens avaient été interpellés danslanuit du 22août à l’issue d’un concert àHammamet. Les poli-ciers estimaientque leurs textes avaient offensédes agents del’Etat, délit passible de prison enTunisie.Weld El 15 avait déjàcondamnédébut juillet à sixmois deprison avec sursis pour lesmêmesmotifs.

Turquie Les auteurs duputsch de 1997devant la justiceANKARA. Le procès des auteurs présumésdu coupde forcemili-taire qui avait renversé, en 1997, le premier gouvernement isla-miste enTurquie s’est ouvert, lundi 2septembre, à Ankara, nou-vel épisodede la lutte engagéepar le régime islamo-conserva-teurpour écarter les générauxde la sphèrepolitique. Cent troispersonnes, dont trente-septplacées endétentionprovisoire,sontpoursuivies pour«renversement de gouvernement», un cri-mepassible de la prison à vie. Ceprocès, comme les autresprocé-dures ayantmenéà la condamnationdedizaines d’officierspourdes complots présumés, est dénoncépar l’opposition commeune «chasse aux sorcières» traduisant la volonté du régimedeM.Erdogand’islamiser le pays. – (AFP.)

SerbieRemaniement du gouvernementBELGRADE.LeParlementserbeadonné, lundi 2septembreausoir,sonfeuvertau remaniementdugouvernementdirigépar lepre-mierministre socialiste IvicaDacic, dans l’espoird’en finir avec lacriseéconomiqueetde rapprocher lepaysde l’Unioneuropéenne.Onzenouveauxministres font leurentréedans cegouvernement,dontLazarKrstic, ancienducabinetde consultantsMcKinsey&CoAssociate,quiprend leportefeuilledes finances.Lenouveaugou-vernementvadevoir s’atteler à la restructurationdusecteurpublicpar lebiaisdecoupesdans lesdépenses etdeprivatisations.

CroatieEchauffourées àVukovar au sujetd’enseignes en cyrilliqueZAGREB.Des échauffouréesont eu lieu àVukovar, lundi 2sep-tembre, entre la police et des vétérans croatesprotestant contredes enseignes en cyrillique, alphabetutilisé par laminorité serbedeCroatie, sur des bâtimentspublics.– (AFP.)

Manifestation de paysannes près duParlement, à NewDelhi, fin août. ALTAF QADRI/AP

Uneloisurl’acquisitiondesterrespourmieuxprotégerlespaysansindiensPropriétairesterriensetouvriersagricolesserontconsultésetplusfortement indemniséspar l’industrie

TokyoCorrespondance

F ace aux difficultés de la Com-pagnie d’électricité de Tokyo(Tepco) à gérer l’eau contami-

née de la centrale nucléaire deFukushimaaprès la catastrophedemars2011, le gouvernement japo-naisadécidéd’agir.Mardi3septem-bre, à l’issue d’une réunion d’unecellule de crise enprésence dupre-mier ministre, le porte-parole dugouvernement Yoshihide Suga adévoiléunesériedemesures«dras-tiques» destinées à rassurer lapopulation et à «contribuer à lareconstruction et à la régénérationdudépartementdeFukushima».

Parmi les décisions annoncées,et dotées de 47milliards de yens(359millionsd’euros),figurelacréa-tiond’unecommissionministériel-le chargéede l’eau contaminée.Unbureau de gestion, avec des fonc-tionnaires dépêchés sur place, ver-ra le journon loinde la centrale.

Le gouvernement veut égale-ment renforcer la surveillance et

améliorer l’information, au Japonet à l’étranger, pour empêcher,notamment, ladiffusionde«faus-ses rumeurs».

Près de la moitié des fonds pré-vus proviendra des réserves dubudget2013etfinanceratroisgran-des«stratégies». Lapremièreviseàréduire au maximum les sourcesde contamination. La deuxièmedoit empêcher la pollution deseauxsouterrainespassantdans lesréacteursavantdesedéverserdansl’océan. Pour cela, des opérationsdepompagesontprévuesainsiquel’injection d’un «gel» dans les solspour figer les matériaux radioac-tifs d’ici à mars2015, autour desquatre réacteurs endommagés.Unprojet déjà évoqué, complexe etaux résultats loin d’être garantis.Enfin, des digues seront construi-tes pour empêcher l’eau de s’écou-lerdans l’océan.

Pour la décontamination deseaux,dessystèmesdepurifications’ajouteront à ceux de type ALPSactuellement mis à l’essai parTepco et que les autorités veulent

opérationnels à lami-septembre.«Le gouvernement était jusque-

là resté en retrait, laissant Tepcoseul pour régler le problème, avaitdéclaré, lundi, leministre de l’éco-nomie,ducommerceetde l’indus-trie ToshimitsuMotegi.Mais l’en-treprise ne fait que parer au pluspressé. Désormais, le gouverne-ment se place enpremière ligne.»

Persistance des problèmesCes remarques confirment le

désaveu de l’action de Tepco, trèscritiquée pour sa gestion des sui-tesdelapirecatastrophenucléairedepuisTchernobyl, etnotammentde l’eau contaminée.Le 22 juillet,la compagnie avait admis – aprèsdeux années de dénégation – quede l’eau contaminée s’écoulaitdans l’océan.

Depuis le 19août, des fuites etde hauts niveaux de radioactivitésont signalés près des réservoirsde stockage de l’eau contaminéeproduite par le refroidissementdes réacteurs endommagés. A cesujet, Tepcoaannoncé le renforce-

ment de la surveillance de cesréservoirs. L’entreprise va y affec-ter90personnes,contre10aupara-vant. Les inspections seront effec-tuéesquatre fois par jour.

Lundi, le président de l’Agencede régulation du nucléaire Shu-nichi Tanaka avait prévenu qu’ilserait «sans doute inévitable derelâcher l’eau dans l’océan» aprèsl’avoir ramenée à des niveaux decontamination sous les normesinternationales.

Les autorités redoutent de voirla persistance des problèmes de lacentrale de Fukushima affecter lapolitiquedupremierministreShin-zoAbedepromotiondunucléaireàl’internationaletsarelancedesréac-teurs dans l’Archipel. Les mauvai-ses nouvelles de Fukushima pour-raient aussi nuire à la candidaturedeTokyo(situéeà240kmausuddelacentraleendommagée)pourl’ac-cueildes Jeuxolympiquesde2020.Le choix du Comité internationalolympique (CIO) est attendusame-diàBuenosAires.p

PhilippeMesmer

MexicoCorrespondance

C ’est dans une ambiance decontestation que le prési-dent mexicain, Enrique

PeñaNieto, aprésenté, lundi2sep-tembre, son premier bilan annuelde gouvernement. Neuf moisaprès son entrée en fonctions, sonimage d’homme d’Etat «efficace»qui prétend «faire bouger leMexi-que» estmalmenéeparunevaguedemanifestationscontresesréfor-mesde l’éducationet de l’énergie.

«La grande transformation dupays est en marche», a marteléM.PeñaNieto faceàunparterredefonctionnaires et de parlementai-resdanssarésidenceofficielle,pro-tégée par un important dispositifdesécurité.Sondiscoursd’uneheu-re a listé les avancées de son pro-grammeréformateur,quiviseàfai-re baisser la violence des cartels dela drogue, à réduire la pauvreté, àstimuler ledéveloppementécono-mique et à améliorer la qualité del’éducation.

Faceà la tensiondans lesruesdela capitale, le président a pourtantété contraint de repousser d’unejournéesondiscoursàlanation,tra-ditionnellement prononcé devantleCongrès chaque1erseptembre.

Ce jour-là, les 30000 profes-seurs qui occupent la place princi-paledeMexicodepuisdeuxsemai-nesprotestaient contre sa réformede l’éducation. La mobilisation aentraîné des affrontements entrela police et desmanifestantsmas-qués. La veille, le fondateurduPar-ti de la révolution démocratique(PRD,gauche),CuauhtémocCarde-nas,avaitfaitdéfilerdesmilliersdepersonnes dans la capitale contrele projet de réforme énergétiquedu gouvernement qui prévoitd’ouvrir aux investisseurs privéslemonopoled’Etat sur lepétrole.

A la contestation sociale s’ajou-tent des prévisions de croissancerevues à la baisse (de 3,1% à 1,8%)pour2013.«Onestloindelapromes-

sedu candidatprésidentiel duPartirévolutionnaire institutionnel [PRI,centre]quiannonçaitunecroissan-ce de plus de 4%», déplore LuisMiguel Perez, politologue à l’Insti-tut technologiquedeMonterrey.

Insurrection nationaleCôtésécurité,l’impactdesanou-

vellestratégiedeluttecontrelavio-lence semble limité avec12594homicides, 1032 enlève-ments et 5242 extorsions depuissonentrée en fonction le 1erdécem-bre. M.Peña Nieto, lui, avance unebaisse de 13,7% des meurtres parrapportà2012.

Il a appelé à «vaincre l’inertie etla résistance», louant l’approba-tion par le Congrès des réformesdes télécommunications, desfinancesetde l’éducation, grâceauPacte pour le Mexique, un accordlégislatif inédit signé par les troisprincipaux partis politiques – lePRI,lePRDetlePartid’actionnatio-nale (PAN, droite) – pour stimulerledéveloppementdupays.

Le président a aussi félicité levote, par les députés, dans la nuitdedimancheàlundi,desrèglesins-taurant des tests de compétencesdes enseignants, vivement contes-téspar cesderniers.

En réaction, la Coordinationnationale des travailleurs de l’édu-cation annonce un mouvementd’« insurrection nationale» dèsmercredi. Quant à Andres ManuelLópezObrador,deuxfoiscandidatsduPRDàlaprésidentielle,ilappelleà manifester dimanche contre la«privatisationdupétrole».

PourEnriqueGutierrez,politolo-gue à l’université Iberoamericana,«le bras de fer qu’engage le gouver-nement avec les enseignants et unepartiede lagauche pourraitmena-cer ses futures réformes énergéti-ques et fiscales». La popularité duprésident est aussi en jeu. Selonl’institutdesondageMitofsky,56%des Mexicains soutiennent encoresonbilanencedébutdemandat.p

Frédéric Saliba

AuMexique,leprésidentréformateurPeñaNietosouslapressiondelarueLeschangementsdans l’éducationet l’énergiesontcontestéspar les syndicatset l’opposition

50123Mercredi 4 septembre 2013

france

- CESSATIONS DE GARANTIE

COMMUNIQUE - 102538En application de l’article R.211-33 du livre II du code du tourisme,

L’ASSOCIATIONPROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DUTOURISME (A.P.S.T.)

dont le siège est situé : 15, avenueCarnot - 75017 PARIS, annoncequ’elle cesse d’accorder sa garantie à :

LUMI VOYAGESImmatriculation :

IM 013 12 0009SARL au capital de 7 622,45 €Siège social : 1 cours Mirabeau

13700 MARIGNANEL’association précise que la cessationde sa garantie prend effet 3 jours sui-vant la publication de cet avis et qu’undélai de 3 mois est ouvert aux clientspour produire les créances.

- CESSATIONS DE GARANTIE

F idèleàsonhabitude,FrançoisHollande se donne du tempspour abattre toutes ses car-

tes.Mercredi4septembre, commeil l’a lui-même souhaité, députésetsénateursdébattrontdel’oppor-tunité d’une intervention arméedelaFranceenSyrie,maisladiscus-sion ne sera pas suivie d’un vote.Pourautant,lechefdel’Etatenvisa-ge très sérieusement la possibilitéd’un vote, mais un peu plus tard.Jean-Marc Ayrault l’a sous-enten-du, lundi 2septembre, en interve-nant depuis Matignon après unerencontre d’un peu plus de deuxheuresaveclesresponsablesparle-mentaires: «C’est au président dela République qu’il appartient dedécidersiunvote,quenotreConsti-tutionn’exigepas, doit avoir lieu.»

De façon subreptice et allusive,très «hollandaise» au fond, unestratégie en deux temps est doncen train de se profiler. Ce n’étaitpas le scénario initial.Mais la déci-sion surprise de Barack Obama,annoncéesamedi31août,desollici-terleCongrèsaméricainavantd’in-tervenir militairement contre lerégimedeBacharAl-Assad,acham-boulélesplansdeM.Hollande.Jus-que-là, le président avait en têteun calendrier resserré : dans sonesprit, les frappes étaient immi-nentes,à telpointqu’il imaginaitàl’origine qu’elles auraient déjàcommencé au moment du débatparlementairedu4septembre.

L’absence de vote ce jour-là,dans ce contexte, n’aurait proba-blementpasposéproblème.L’arti-cle35, alinéa2, de la Constitutionaurait été appliqué à la lettre: «Legouvernement informe le Parle-mentdesadécisiondefaire interve-nir les forces armées à l’étranger,au plus tard trois jours après ledébut de l’intervention. Il préciseles objectifs poursuivis. Cette infor-mation peut donner lieu à undébatquin’estsuivid’aucunvote.»

C’est donc ce scénario que ladécision surprise du présidentaméricain est venue chambouler.Nul n’imagine que la France déci-de d’intervenir avant les Etats-Unis. François Hollande doit donc

patienter en attendant queBarackObama se prononce. Or lui-mêmedoit attendre la réunion duCongrès, le 9septembre.

Politiquement, ces dix joursd’attente changent la donne. Ilsautorisent d’un seul coup une lec-ture différente des institutions dela VeRépublique, comme l’expli-queauMonde leconstitutionnalis-teDidierMaus:«Quandintervenirmilitairement est une questiond’heures, comme c’était le cas auMali en janvier, on comprend que

le président n’ait pas le temps dedemander au Parlement son avis.Mais quand il n’y a plus la mêmeurgence, ce qui est le cas aujour-d’hui, il devientpossiblede raffinerles procéduresdémocratiques.»

Soudain, un nouveau champdes possibles s’ouvre donc pourM.Hollande.Al’Elysée,oùl’idéedefairevoter lesparlementairesétaitbalayée d’un revers de main il y aquelquesjours, letonachangélun-di soir. Certes, on explique que«l’esprit et la lettre de la Constitu-tion ne vont pas dans le sens d’unvote », comme le souligne unconseiller du chef de l’Etat. Maispouraussitôtajouterque«leprési-dent réfléchit, consulte, s’interroge,et peut très bien, le moment venu,décider qu’il y aura un vote…. » Etce même conseiller de citer lesdeux articles de la ConstitutionsurlesquelsleprésidentdelaRépu-blique pourrait s’appuyer pourorganiserun tel vote.

Le premier de ces articles est le49-1, qui stipule que « le premierministre, après délibération duconseil des ministres, engagedevantl’Assembléenationalelares-ponsabilité du gouvernement surson programme ou éventuelle-ment sur une déclarationde politi-que générale». C’est ce qu’a fait

Michel Rocard, le 16 janvier 1991,endemandant auxdéputés et auxsénateurs d’approuver l’envoi detroupes françaises dans le Golfepour libérer le Koweït envahi parl’Irak. A l’époque, le discours dupremier ministre avait été suivid’uneallocutionduprésidentdelaRépublique, François Mitterrand,à la radio et à la télévision.

L’autre possibilité, pour Fran-çois Hollande, serait de s’appuyersur l’article50-1de laConstitution.Introduit lorsde la révisionconsti-tutionnellede 2008, celui-ci préci-se que «devant l’une ou l’autre desassemblées, le gouvernementpeut,de sa propre initiative ou à lademande d’un groupe parlemen-taire (…), faire, surunsujetdétermi-né, une déclaration qui donne lieuà débat et peut, s’il le décide, fairel’objet d’un vote sans engager saresponsabilité».

Pour l’exécutif, le recours à cetarticle seraitmoins risqué. Il auraitlesfaveursdel’Elysée.«Le49-1,c’estle cœur du système parlementaire,on est sur la responsabilité du gou-vernement, c’est très fort, cela s’estjustifié avec Michel Rocard car ils’agissaitd’envoyerdestroupes;cet-te fois, l’enjeuserait celuide frappesciblées,c’estautrechose»,argumen-teunprocheduchefde l’Etat.

L’on devine aujourd’hui quelseraitl’intérêtpolitique,pourFran-çois Hollande, de recourir à l’arti-cle50-1. A l’heure où le Royaume-Uni et les Etats-Unis donnent aurestedumondeuneleçondeparle-mentarisme avancé, la Franceprend le risque d’apparaître com-meunpays régi par une Constitu-tionarchaïque,forgéeparungéné-ral dans un contexte de guerre dedécolonisation. Cinquante ansaprès, la donne a changé. BarackObamaetDavidCameron,involon-

tairement, posent à François Hol-lande la question de l’anachronis-medenos institutions.

A cette question, le présidentfrançais peut d’autant moinséchapper que lui-même appar-tient à une famille politique qui,depuis1958,n’acessédefustiger lecaractère monarchique d’uneConstitution accusée d’instituerune formede «coupd’Etat perma-

nent», pour reprendre le titre ducélèbre livre publié par FrançoisMitterranden 1964.

Sur l’envoi des troupes arméesà l’étranger, les socialistes françaisse sont d’ailleurs forgé une doctri-ne. Dans un rapport d’informa-tion présenté en 2000, FrançoisLamy, député PS de l’Essonne etaujourd’hui ministre, citait préci-sémentenexemplelesautresgran-desdémocratiespour justifieruneévolutiondelaConstitution.Ilpro-posait que celle-ci stipule que«l’emploi hors du territoire natio-nal des forces françaises [soit] sou-mis à une consultation préalableduParlement».

Le rapport était présenté aunomdelacommissiondeladéfen-se, dont était membre FrançoisHollande, alors premier secrétairedu PS. Cohérent avec lui-même etavec son parti, François HollanderéclamaunvotepréalableduParle-ment, le26février2003, lorsqueseposa la question d’une interven-tion de la France en Irak. Dix ansplus tard, et alors que les circons-tances le lui permettent, il luiappartient de démontrer que leprésidentdelaRépubliqueestfidè-le aux engagements de l’ancienpremier secrétaire duPS. p

ThomasWieder

LaFranceprendlerisqued’apparaîtrecommeunpaysrégiparuneConstitution

archaïque

Lesélussocialistes,embarrassés,veulent«s’enteniràlaConstitution»

Débat sur la Syrie

Article18 «Leprésident de laRépublique communique avec lesdeux assemblées duParlementpar desmessages qu’il fait lire etqui ne donnent lieu à aucundébat. Il peut prendre la paroledevant le Parlement réuni à ceteffet enCongrès. Sa déclarationpeut donner lieu, hors sa présen-ce, à undébat qui ne fait l’objetd’aucun vote.»

Article35 «Ladéclaration deguerre est autorisée par le Parle-ment. Le gouvernement informeleParlement de sa décision de fai-re intervenir les forces armées àl’étranger, au plus tard trois jours

après le début de l’intervention. Ilprécise les objectifs poursuivis.Cette information peut donnerlieu àun débat qui n’est suivid’aucun vote. Lorsque la durée del’intervention excède quatremois, le gouvernement soumet saprolongation à l’autorisation duParlement.»

Article50-1 «Le gouvernementpeut, de sa propre initiative ou àla demande d’ungroupe parle-mentaire, faire, sur un sujet déter-miné, une déclaration qui donnelieu àdébat et peut, s’il le décide,faire l’objet d’un vote sans enga-ger sa responsabilité.»

Syrie:HollandeenvisageunvoteduParlementLesparlementairesdébattrontmercredi4septembresur l’opportunitéd’uneinterventionarmée

PIRE ENCHAÎNEMENTdesévéne-mentsétait difficilementenvisa-geable.Après levote, jeudi 29août,duParlementbritanniquecontreune interventionmilitaireenSyrie,puis ladécision, samedi31,deBarackObamades’en remettreàunvoteduCongrèsaméricainquinedevraitpasavoir lieuavantle9septembre, les socialistessontembarrassés.Lesdéputésdoivent-ils euxaussi réclamerunvoteduParlementsur laparticipationdelaFranceàunecoalition internatio-nale contre le régimedeBacharAl-Assad?

LaConstitutionde laVeRépubli-queneprévoitpasde consulter lesparlementairesavant l’engage-mentde la Francedansuneopéra-tionmilitaire, et ledébat sansvoteprévumercredi4septembre lorsd’unesessionextraordinaireconvoquéepar le chefde l’Etat – et

confirmélundipar lepremierministre– s’inscritparfaitementdansce cadre.Cequin’empêchepas l’opposition,par jeu tactiquesur la formeautantquepar interro-gationsur le fond, demiliterdepuisceweek-endpour l’organi-sationd’unvotemercrediouaprèsladécisionduCongrèsaméricain.

Desoncôté, l’état-majordupou-voir socialiste restepour lemoment fidèleà la ligne tracéeparFrançoisHollande.De ladirectionduPSauxprésidencesdesgroupesparlementairesauSénat et à l’As-semblée, enpassantpar l’ensem-bledesministresdugouverne-ment, l’argumentaireest lemême:pasquestiondechanger les règlesconstitutionnellesà chaud,etqu’importesi la gauchesocialistedoit se faire l’interprèted’uneges-te républicainegaulliennequ’ellea tant combattuepar lepassé.

«Dansdes situations compli-quées commecelle-ci, il faut s’entenir à la Constitution»,martèleElisabethGuigou, ancienneminis-tre et présidentede la commis-siondes affaires étrangères à l’As-semblée.«Onne vaquandmêmepas réclamerun votemercredialors que le congrès américainn’aurapas voté et que leG20deSaint-Pétersbourgn’auramêmepas eu lieu. Onvoterait quoi? Déci-der de faire seul la guerre à laSyrie?», ajoute ThierryMandon,porte-paroledugroupe socialiste.

Doute sur laméthodePourtant, dans les rangsdu PS,

certains sontdavantage attachésà l’esprit de la VeRépubliquequ’àsa lettre.Même si aucunélu socia-liste ne s’oppose sur le fondà lavolontédeM.Hollandede frapperle régime syrien, certainsdoutent

de laméthode, inquiets du rejetdans l’opiniond’une interventionenSyrie. «Un scepticismemontedans le groupeà l’Assemblée sur latournurede la coalition internatio-nale», confie unhaut responsablede lamajorité au Palais-Bourbon.

Quelquesvoix,minoritairespour l’instant, se sont élevéespourdemander l’organisationàtermed’unvote français sur lebien-fondéd’une interventionenSyrie. Les députésPatriciaAdametNicolas Bays, respectivementprésidenteet premier vice-prési-dentde la commissionde ladéfen-se à l’Assemblée, ont souhaité l’unet l’autre que les parlementairesfrançais«s’expriment». D’autres,commePatrickMennucci (Bou-ches-du-Rhône)ou Jean-Marie LeGuen (Paris) plaidentpourun«consensusnational» expriméparunvote. «Si FrançoisHollande

veutune interventionde la France,il faut unassentimentde l’Assem-blée nationalepour que les Fran-çais comprennent qu’il y a unconsensus», expliqueM.Mennuc-ci. «Le rôle des représentantsde lanationne peut se limiter à suivredocilement lesdécisions dugouver-nement», prévient la députée deSaône-et-LoireCécileUntermaier,proched’ArnaudMontebourg.

Dispersés cet été dans leurs cir-conscriptionspour causedevacan-cesparlementaires, les députéssocialistesn’ontpu jusqu’àpré-sentdébattre entre eux, saufparmédias interposés. Le groupepar-lementaire socialistedoit se réu-nir à l’Assemblée,mercredi, avantla sessionextraordinairede ren-trée. L’occasion, enfin, pour le PSdeparler d’une seulevoix.p

HélèneBekmezianetBastienBonnefous

Quedit laConstitution?

François Hollande rend visite aux troupes françaises à l’aéroport de Tombouctou, auMali, le 2février. SYLVAIN CHERKAOUI/COSMOS POUR «LEMONDE»

6 0123Mercredi 4 septembre 2013

france

PUBLICATION JUDICIAIRE à la demande de la société TOLIXSTEEL DESIGN représentée par Maître Emmanuel BOUTTIER

« Par jugement du 12 avril 2013, ayant fait l’objet d’une rectification pourerreur matérielle le 7 juin 2013, le Tribunal de Grande Instance de Paris adit que le tabouret « H » commercialisé par TOLIX STEEL DESIGN bénéficiait

de la protection du droit d’auteur et a condamnéles sociétés OPJET et CHIRLY qui exploitentl’enseigne OPEN EN VILLE à verser à TOLIXSTEEL DESIGN la somme de 20.000 euros,ainsi qu’à une mesure d’interdiction, en raisond’actes de contrefaçon résultant de la détentionet de la commercialisation de tabourets reprodui-sant les caractéristiques du tabouret « H »

PUBLICATIONS JUDICIAIRES01.49.04.01.85 - [email protected]

A nne Hidalgo se serait bienpassée de cette ombre autab leau de Ber -

trandDelanoë.Alorsquelacandida-te (PS)à laMairiedeParisveut fairedelaculture«undespoints fortsduprojet » qu’elle dévoilera à lami-septembre,lemairedelacapita-le est accroché sur ce point par lachambre régionale des comptes(CRC)d’Ile-de-France.

Selon cette juridiction,M.Delanoë n’a pas démocratisé lafréquentationdesmuséesde laVil-ledeParis,malgrélagratuitéinstau-réeen2001.Dansunrapportrenduen mai et présenté en octobre auconseil de Paris, la CRC déplore«une stabilité du profil des visi-teurs»etlafaibleproportiondejeu-neset«d’habitantspauvres».

La fréquentationdesmusées delaVilledeParisaexploséendixans.De 400000 en 2001, les visiteurssont passés à 2,4millions en 2012.Mais «aucundesmusées de la Villene figure dans le palmarès des sitesculturels les plus fréquentés, loins’en faut, de Paris», indique la CRCdans le rapport sur la gestion dupatrimoinemuséographique de leVille de Paris depuis 2007, queLeMonde s’estprocuré.

M.Delanoë n’a pas atteint l’ob-jectif de diversification du publicqu’ils’étaitfixéensupprimantl’en-tréepayanteen2001pourlescollec-tions permanentes. En 2010, 65%des visiteurs étaient des femmes,55%descadresetprofessionsintel-lectuelles et 73% avaient suivi desétudes supérieures. Seuls 16%avaient moins de 25 ans. « Lesmoins de 25 ans sont moins nom-breuxdanslesmuséesdelavillequedans certains grandsmuséesnatio-naux», relève laCRC.

Les catacombes et la crypte deNotre-Dame, qui appartiennent àlaVille et dont l’entrée estpayante,attirent plus de jeunes, d’ouvrierset d’employés que les musées gra-tuits. Eclectiques comme leMuséed’artmoderneoulePetitPalais,thé-matiques comme le Musée Jean-Moulin, monographiques à l’ima-

gedesmaisonsdeBalzacoudeVic-torHugo,lesmuséesdelaVillerecè-lent un patrimoine d’une « trèsgrande richesse», constate la CRC,mais qui souffre d’un manqued’«attractivité»etde«visibilité».

Danssaréponseannexéeaurap-port, la mairie souligne la progres-

sion du public de 25% au premiersemestre 2013. Elle rappelle que«des actions nouvelles sont pro-gramméespourdiversifier lepublicetdévelopper les actionséducativesauprès des enfants».Depuis 2009,le maire organise plus de visites

avec les écoles et les centres de loi-sirs. «En dix ans, la fréquentationdu public scolaire a augmenté de78%», indiquelamairie.QuantauxParisiens défavorisés, 6000per-sonnesonteuaccèsauxcollectionsen 2012. «La gratuité ne suffit pasen soimais c’est un socle sur lequelnous devons nous appuyer pourdiversifier les publics», reconnaîtMathiasVicherat,directeurdecabi-netdeM.Delanoë.

Depuis le 1er janvier, un seulorganisme, Paris-Musées, a pourmissiond’élargir la fréquentation,de développer le mécénat et demettre en valeur les collectionsdes musées de la Ville. «Les nou-veaux accrochages d’œuvres doi-vent devenir plus fréquents dansles collections permanentes pourinciter les visiteursàrevenir sans selasser»,assuresadirectricegénéra-le,DelphineLévy.Pourfidéliser lesvisiteurs, lamairie lancera,finsep-tembre, un passe permettant de

s’abonner pour plusieurs muséeset expositions.

Face aux effets limités de la gra-tuité, MmeHidalgo songe à d’autresstratégies. «La diversification despublics et le soutien à la créationartistiqueserontaucœurdesonpro-jet»,affirmeBrunoJulliard,sonpor-te-parole. «Les théâtres comme laGaîté Lyrique ou le Rond-Point, deslieux culturels comme le Louxor oule Centquatre doivent devenir desespaces de diffusion des œuvres.Nous ne toucherons pas de nou-veaux publics sans faire rayonnerl’art au-delà des musées», recon-naît M.Julliard, également adjointà la culturedeM.Delanoë.

Nathalie Kosciusko-Morizet,candidateUMPàlaMairiedeParis,quiassurevouloir«désinstitution-naliser» la culture à Paris, s’empa-rera sans nul doute de cette criti-que de la CRC sur la gestionde sonadversaire.p

Béatrice Jérôme

F rançois Hollande peut-ilengager une action armée dela France en Syrie sans un

vote de la représentationnationa-le? La question fait débat à l’UMP.Les responsables du principal par-ti d’opposition sont divisés sur lanécessité d’un vote du Parlement,même si la Constitution n’obligepasleprésidentàorganiserunetel-le consultation.

L’ex-ministre des affaires étran-gèresAlainJuppéestfavorableàunvote des députés et sénateurs. «Ceserait lapremièrefois,parrapportàcequi s’estpasséenCôted’Ivoire, enLibyeouauMali,quelaFranceinter-viendrait sans un feu vert desNations unies», a-t-il déclaré pourjustifiersaposition,lundi2septem-bre, àArcachon(Gironde).

Jean-François Copé ne partagepascetteposition.Suivantl’hérita-gegaullienet l’espritde laVeRépu-blique, le président de l’UMP esti-me, dans un entretien au Monde(3 septembre), qu’il n’a pas àdemanderunvote,carc’estauseulprésident de la République de«choisir»de l’organiser.

En suivant cette ligne, M.Copése retrouve isolé dans son proprecamp car, à droite, la plupart desdéputés exhortent M.Hollande àorganiser un vote. «La France nepeutpaspartirenguerresanslesou-tien clair du Parlement», a avertidimanche l’ex-premier ministre,FrançoisFillon,dansLe JDD. Le chefde file des députés UMP, ChristianJacob, souhaite également qu’unvote du Parlement engage la res-ponsabilité du gouvernement,tout comme les députés BrunoLeMaire,NathalieKosciusko-Mori-zet, Bernard Accoyer, Gérard Lon-guet,LucChatelouFrançoisBaroin.

Une dizaine de parlementairesde la Droite populaire, dont l’ex-ministre Thierry Mariani, ontmême prévenu qu’ils boycotte-raient le débat prévu mercredi4 septembre, si un vote n’a paslieu. Ce jour-là, députés et séna-teurs sont convoqués pour débat-

tre d’une intervention en Syrie.Mais sanspouvoir voter.

L’appel à un vote formel pourengager la responsabilité du gou-vernementvise donc à contournerla conception régalienne du pou-voir, qui fait du chef de l’Etat et desarmées l’unique décideur d’uneinterventionmilitaire.«Demanderd’engager la responsabilité dugou-vernement nous permet de respec-ter la tradition de la VeRépublique,toutenmettantunpeuplus lapres-sion sur François Hollande», expli-queunex-ministre.UnouiduParle-mentpermettrait surtoutàM.Hol-lande, isolé sur la scène diplomati-que, de «s’adosser aumoins à l’ad-hésiondelareprésentationnationa-le»,apréciséM.Juppé.

Atteinte à la souverainetéPour les partisans d’un vote, la

France ne peut être la seule démo-cratie occidentale à ne pas consul-tersonParlement:laGrande-Breta-gne l’a fait et lesEtats-Uniss’apprê-tent à le faire, dès le 9septembre.M.Hollande est contraint d’atten-dre le feu vert de son allié améri-cain. Certains y voient une attein-te à la souveraineté de la France.«Cela revient à faire décider leCongrès américain pour le peuplefrançais»,peste EricWoerth.

A l’UMP, tous les parlementai-res ne cautionnent pas non plusune actionmilitaire.Les souverai-nistesy sontopposés, quandAlainJuppé et Nicolas Sarkozy y sontfavorables. Le premier des sarko-zystes, Brice Hortefeux, rappellequ’il y a un an l’ex-président avaitappelé à agir en Syrie, estimantque sa position de l’époque «n’apaspris une ride».

L’UMP tentera d’accorder sesviolons mardi, lors d’un comitépolitique, avant que ChristianJacobréunisselegroupeàl’Assem-blée. La question syrienne risquedecréerunnouveausujetdecliva-geauseind’unpartidéjàprofondé-mentdivisé.p

AlexandreLemarié

A six mois des électionsmunicipales, la droite gre-nobloise se déchire. Motif :

le 28août, la fédérationde l’UMPasuspendulaprimaireouvertecen-sée élire le candidat quimènera laliste en 2014.

Tout commence jeudi 22août,parunepetite brèvedans lemaga-zine Le Point. En évoquant unaccord entre deux candidats UMPpotentiels à Grenoble, MatthieuChamussyetAlainCarignon, cetteinformationadéclenchéune tem-pêteauseinde ladroite grenobloi-se et a abouti à l’annoncede la sus-pensionde la primaire.

AGrenoble, l’UMPestdans l’op-position depuis 1995, date de lacondamnation pour corruptionde l’ancien maire et ministre dugouvernementBalladurAlainCari-gnon. Depuis cet épisode, elle sedéchireentrepartisansetadversai-resdel’ancienédile.AmiintimedeNicolas Sarkozy, M.Carignon n’ajamais renoncé. Il a même tentél’aventure lors des élections légis-latives de juin2007, échouant àreconquérir son ancienne circons-cription.

En 2012, M.Carignon, qui resteinfluent à l’UMP, est revenu dansla préfecture de l’Isère avec uneidée: l’organisation d’une primai-reàdroitepourenfiniraveclesbis-billes internes. Si la proposition aété accueillie avec méfiance parses adversaires, tous ont fini parl’accepter. Le vote était prévu les 6et 13octobre, et les candidats ont

débattuàdenombreuses reprises.A la fin de l’été, les deux princi-paux adversaires, Alain CarignonetMathieu Chamussy, chef de filede l’opposition municipale, sesont rencontrés à huis clos. Las. Lesecret de cette rencontre n’a pastardé à être éventé et la rumeurd’unaccordentrelesdeuxrivauxacirculédans la presse.

Salles de voteMaisle28août, coupdetonner-

re : Jean-Claude Peyrin, présidentde la fédération UMP de l’Isère,fait sonannonce lors d’uneconfé-rence de presse : la primaire estsuspendue sine die. AccusantMichelDestot,mairePSdeGreno-ble, de « confisquer la démocra-tie», il explique que la mairie n’apas fourni de réponse à son particoncernant les salles nécessairesau vote des sympathisants. Enconséquence, M.Peyrin annonce«la suspensiontemporairedupro-cessus des primaires ouvertes àdroite ». «Peyrin ne savait plusquoi trouver», dénonce-t-on dansl’entouragedumaire,oùl’onassu-re qu’un dialogue a eu lieu parmail depuis quelques mois avecl’opposition.

Dans une réponse, le jourmême, la mairie a promis qu’ellefournira des salles, ce dont s’estréjoui M. Chamussy, estimantque « le processus [de la primaire]doit reprendre immédiatement».MaisM.Peyrinnel’entendpasain-si, et demande au comité des

sagesde laprimairede statuer surcelle-ci, ce qu’il fera en fin desemaine. Unemanière de jouer lamontre et de finir de torpiller leprocessus pour imposer M.Cari-gnon, suspectent certains à motscouverts.

Si la primaire n’a pas lieu, ceseraeneffetàlacommissiond’inv-estiture de l’UMP de désigner lecandidat. Or, Alain Carignon faitpartie de cette commission. Il serefuse à évoquer cette perspecti-ve:«Ce seraituneautrephase, queje ne veux pas imaginer à ce stade,explique-t-il. La mécanique, c’estde l’interne. Je ne m’occupe qued’une chose, c’est de la gauche.»

L’ancien ministre, que sesadversaires soupçonnent de

jouer un «coup en trois bandes»,en revenant en politique nonpour les municipales mais pourmieux négocier une place auxeuropéennes ou aux régionales,assure n’avoir pour seule ambi-tion que de « faire partager sesinquiétudes aux Grenoblois», etse dit «optimiste».

M.Chamussy,quirefuseluiaus-si tout commentaire négatifenverssonadversaire,estpluspes-simiste. Lundi 2 septembre, il abien pris garde de rappeler publi-quement qu’il est «candidat auxélectionsmunicipales» et pas seu-lement à la primaire de son parti.Manièrededirequ’il faudracomp-ter avec lui quoi qu’il arrive.p

Samuel Laurent

Lachambrerégionaledescomptess’enprendàlagestiondesmuséesdeParisLagratuité instauréeparlaMairien’apasattiré lesnouveauxpublicsescomptés.Lacritiquepourraitpesersur lacampagned’AnneHidalgo,candidateduPSauxmunicipales

TempêtesurladroitegrenobloiseavantlesmunicipalesLeprésidentde la fédérationUMPasuspendu laprimairequevise l’ex-maireAlainCarignon

Poursadéfense,lamairiesoulignequelafréquentationdesesmuséesparlesscolairesaaugmentéde78%endixans

L’UMPdiviséesurlapertinenced’uneconsultationdesélusEnneréclamantpasdevoteduParlement,Jean-FrançoisCopés’isoledanssonpropreparti

«L’Europedoitadopterunepositioncommune»Questionsà…ArnaudDanjean,présidentde lasous-commissionsécuritéduParlementeuropéen

Des élus de droite commedegauche réclament un vote duParlement français pour déciderd’une éventuelle interventionmilitaire de la France enSyrie.Cette consultation vous paraît-elle nécessaire?

YUnvote auParle-mentn’est pas for-cémentnécessaire,

ni politiquementni constitution-nellement.Mais le refus desdépu-tés britanniquesd’intervenirmili-tairement en Syrie et la décisiondeBarackObamade soumettrecettedécisionauCongrès améri-cain, auxquelles s’ajoutent lesréservesqui se font entendredepuis quelques jours, notam-ment chez les parlementaires,font que ce vote est souhaitable.

J’ajoutequ’une consultationest souhaitable car, si nousne lefaisonspas, la décision françaiseapparaîtra commeétant condi-tionnéepar le vote auxEtats-Unis. Il serait en effet étrangequ’unedécisionaussi souveraineprise en France soit conditionnéeparunvote étranger.La France paraît peu soutenueenEurope. Pourquoi l’Unioneuropéenne n’est-elle pas unieet apparaît inaudible?

Il ne faut pas faire de fauxpro-cès à l’Europe.Depuis dix jours,

nous sommesdansune situationqui impliquedesdécisionsmilitai-res. Or, ce sont les Etats qui ont laprérogative sur ces questions. Parla force des choses, comme ledébat s’est centré sur les optionsexclusivementmilitaires, ladimensioneuropéenneestmargi-nalisée.

Pour autant, il est souhaitableque l’Europe adopteunepositiondiplomatiquecommune.Mais làencore, si on souhaitevraimentuneposition européenne, il fautque les Etatsmembres, dont laFrance, qui donne l’impressiond’avancerdes options sans concer-tationapprofondie avec les autrespays, jouent le jeu européen.La France peut-elle se lancerseule dans une interventionmilitaire enSyrie?

Non, la Francenepeutpas selancer seule.Ni techniquementnidiplomatiquement. Le seul cadred’actionapproprié, c’est une coali-tionqui serait idéalement la pluslargepossible et légitiméeparl’ONU. Et, à défautd’autorisationde l’ONU, qu’elle soit légitiméeparunaccord très clair avec desalliés occidentauxet la Ligue ara-be.Nous en sommes loin aujour-d’hui.p

Proposrecueillis parPhilippe Euzen

AnneHidalgo en avril au Centquatre, dans «Le Labyrinthe», deMichelangelo Pistoletto. JOËL SAGET/AFP

70123Mercredi 4 septembre 2013

A ppartement HLM à louer àJoué-les-Tours», «MaisonT4, loyer 604 euros, location

soumiseàlaréglementationHLM».On trouve de tout sur le site inter-net Leboncoin.fr, y compris deslogements sociaux. Le site de peti-tesannoncesestdeplusenpluspri-sé par les bailleurs sociaux, qui yvoient un outil supplémentairepour lutter contre la vacance deleurs logements.

L’existence de régions très ten-dues comme l’Ile-de-France, où400000 demandeurs sont enattenteetoùl’attributiond’unloge-mentsocialprendenmoyennedixans, occulteune réalité plusdiscrè-teetencoretaboue.Surcertainster-ritoires, des bailleurs ont dumal àtrouver des locataires. HLM tropchers, trop dégradés,mal situés oumal desservis par les transports,régions en déclin démographiqueet/ou économique…Autant de rai-sons qui expliquent l’existence deceque lesprofessionnelsappellentdes«poches»devacance.

Le nombre de logementsvacants est beaucoup plus faibledans le parc social que dans le parcprivé (3,2% contre 6% selon lecalcul de l’Union sociale de l’habi-tat qui regroupe les quelque 800organismes HLM). Pourtant, danscertains secteurs, les difficultés derelocation peuvent faire doublervoire tripler ce taux. La Nièvre, laSaône-et-Loire, la Lozère, l’Ariège,la Haute-Marne, le Jura ou le Tarn

caracolentainsientêtedesdéparte-ments où l’on compte le plus deHLM vides, d’après les chiffres duministère du logement arrêtés au1er janvier2012.

Sur ces territoires, les bailleursles plus dynamiques n’hésitentplus à bouleverser leur stratégiecommerciale,apprenantà«seven-dre»sur internet.«Dans lesannées1990, le monde HLM a connu despériodes de forte vacance qui ontété résorbées par une améliorationde la qualité de service et du patri-moine, explique Pierre Frick,conseiller auprès du départementpatrimoine de l’USH. Aujourd’hui,

danscertainsendroits,ceseffortsnesuffisentpluspour remplir lesHLM.Ilfautdoncjouersurd’autresatoutsnotamment la réactivité.»

Dansl’Allier, l’officepublicAllierHabitat a bien compris cette nou-velledonne. Ilyaunan,pourrésor-ber une vacance supérieure à 8%,quimettaitendangersonéquilibre

financier, le bailleur a décidé dejouerlacarteinternet.Aujourd’hui,quelque70offresde locationssontdisponibles sur leboncoin.fr.«Dans notre département, le mar-ché locatif est détendu. Pour êtreconcurrentiel, nous devons utiliserles mêmes outils que les agencesimmobilières», explique Frédéri-que Etienne, directrice du servicelocatifd’AllierHabitat.

Chaquemois, unbudgetde600euros enmoyenne est consacré audépôt d’annonces sur internet, quisont payantes pour les profession-nels. Le retour sur investissementest plutôt bon. «Une quinzaine delogements sont reloués par ce biaischaquemois», expliqueMmeEtien-ne. En unpeuplus d’un an, l’office,quicompte4600logementsrépar-tis sur 140 communes de l’Allier, afait baisser son taux de vacance deplusd’unpoint(6,85%au1er juillet).

Cette utilisation d’internet arévélé la nécessité d’une nouvelleorganisation. «Nous avions l’habi-tudedeconvoquerunecommissiond’attribution par mois, poursuitMmeEtienne. Désormais, c’est unepar semaine afin de donner uneréponseleplus rapidementpossibleànosdemandeurs.»

En s’affichant sur internet, lesbailleurs espèrent aussi attirer unenouvelle clientèle, notamment lesjeunes,quinesetournentpasspon-tanément vers le parc social. Sur-tout làoù ladifférencedeprixavecle secteurprivé est faible.

EnIndre-et-Loire,TouraineLoge-ment,uneentreprisesocialedel’ha-bitat qui compte 5300 logementsdans 144 communes, joue ainsi lacarte du Boncoin.fr, en complé-mentd’affichagesdans la presse etsur les vitrines. «Nous ne pouvonspas nous contenter de gérer la filed’attente des demandes qui seconcentrentà 75% sur l’aggloméra-tiondeTours, alors que lamoitié denotreparcsesitueendehorsdecette

zone», explique Véronique Havy,directrice de la clientèle et de laproximité.

Pourtant, la prospection surinternet n’est pas la panacée. Lesretours très nombreux sont aussiplus volatils. « Beaucoup decontacts via internet n’aboutissentpas, soit parce que les personnes nesont finalementpas intéressées soitparce qu’ils ne rentrent pasdans lescritèresdu logement social», analy-seMmeHavy.Internetoupas,lespro-cédures d’attribution restent lesmêmes que pour les demandes«classiques» (conditions de res-sourcesetpassagedevantunecom-missiond’attribution).

MêmeconstatàCastres,oùl’offi-ce public de la ville, qui enregistreuntauxdevacancede8,26%,autili-sé internet commemode de recru-tement de locataires pour la pre-mière fois cet été. «Nousavons faitun test sur quatre appartementsdegrande surface, avec un certaincachet mais peu fonctionnels etchers par rapport aux prix prati-qués à Castres», explique FlorenceSans, adjointe au directeur généralde l’OPH de Castres. Une autreannoncea étépubliée pour lamiseen location d’un programmeneuf.Le bilan estmitigé. «Nos quatre T4en centre-ville ont fini par trouverpreneur, comptabilise MmeSans.Quant au programme neuf, nousavonseudenombreusesdemandesmaisquidécoulaientsemble-t-ilplu-tôtdubouche-à-oreille.»p

CatherineRollot

france

0123, chaque jour, bien plus qu’un quotidien

éco&entreprisescience&médecinedatémercredi

éco&entreprisedatémardi

éco&entreprisegéo&politiquedaté jeudi

éco&entrepriseLe Monde des livres

daté vendredi

éco&entrepriseTéléVisions

daté dimanche-lundi

M le magazineéco&entreprise

sport&forme - culture&idéesdaté samedi

Entreparticuliers, deséchangesenmargede la loi

«Dansnotredépartement,

lemarchélocatifestdétendu.Nousdevonsutiliserlesmêmes

outilsquelesagences»FrédériqueEtienne

directrice du service locatifd’Allier Habitat

SurLeboncoin.fr,lagrandefoireauxHLMPourluttercontre lavacancedelogements,desbailleurspublient leursoffressurdessitesdepetitesannonces

EnHaute-Savoie, lesbailleursgèrentunebourseenligne

Lesbailleurs ne sontpas lesseulsà recourir à Internet.Denombreux locataires duparcsocial qui souhaitent changer deHLMutilisent les sitesde venteen ligne, espérant augmenter ain-si leur chancedebouger. Finaoût, plus de 70demandesd’échangede logements sociauxétaientdéposées sur Lebon-coin.fr. Difficile de savoir si cesannonces s’inscriventdansuncadre légal ouparallèle. Aucundes locataires sollicitésn’a sou-haiténous répondre.«Actuelle-ment, l’échange d’appartemententre deux locataires est trèsencadrépar la loi, expliqueDeni-seSalvetti, conseillère juridiqueà l’Union sociale pour l’habitat. Ilest de droit uniquement si l’unedes deux familles concernéescompte au moins trois enfants etsi l’échange accroît la surface dulogement occupé par la famille laplus nombreuse. Dans tous lesautres cas, il faut l’accord dubailleur et l’aval de la commissiond’attribution.»Interrogés sur cephénomène,beaucoupdebailleurs semblentl’ignorer oupréfèrent leminimi-ser, tout en insistant sur les ris-ques juridiquesdes échangesofficieux. Le locataire titulairedubail est eneffet le seul responsa-ble au regardde la loi.

De 3,1 à 5%

Moins de 3%

De 5,1 à 8%

Plus de 8,1%

Source : Service de l’observatoire et des statistiques - Ministère du logement

* Taux de vacance de plus de trois mois :comprend les logements vacantsne trouvant pas de locataireset les logements non relouésen attente de démolitionou de travaux.

GUADELOUPE

ARIÈGE

LOZÈRE

NIÈVRE

SAÔNE ETLOIRE

TERRITOIREDE BELFORT

MEUSE

ORNE

HAUTE-MARNE

GUYANE MARTINIQUE RÉUNION

Dans 29 départements, plus de 5% de logements HLM vacantsLOGEMENTS HLMVACANTS* SUR L’ENSEMBLE DU PARC LOCATIF, PAR DÉPARTEMENT,au 1er janvier 2012, en %

AVECUNTAUXde rotationduparc social de 8%, 14807deman-deursde logement social et untempsd’attentemoyende troisans, laHaute-Savoie fait partiedesdépartementsoù l’obtentiond’un logement social nécessiteune certainepatience. Ici, commeauniveaunational, une grandepartie des demandes émanentdepersonnesdéjà locataires, qui sou-haitent changerdeHLMpourdesraisonsprofessionnelles, familia-les ou financières. Près duquartdesdemandeurs, soit 4500per-sonnes, sont ainsi «endemandedemutation».

Pour compléter la procédureclassique, les onzebailleurssociauxdudépartement, quigèrent au total 38000 logements,ontdécidé de créer ensembleuneboursed’échangede logementssociaux sur Internet. Cet instru-

ment inédit fonctionnedepuis le1eroctobre 2012. «Le but est de flui-difier la demande,mais aussi depermettreau locataire d’être lui-mêmeacteurde sademande»,expliqueCatherine Sallaz, char-géedemission à l’USH74, l’asso-ciationprofessionnellequi regrou-pe les organismesde logementsocial enHaute-Savoie.

Bilan encourageantConcrètement, le locataires’ins-

crit surunsite spécialisé,présenteles caractéristiquesdesonproprelogementetpréciseensuitesespriorités (typede logement recher-ché,modedechauffage, commu-ne, étage…).Une listedebiens sus-ceptiblesde l’intéresser lui estensuiteproposée. Siundes loge-ments lui convient, il contactedirectement l’autre locataire. Lesdeuxs’organisentpourunevisite

de leurs logements respectifs. Encasd’accord, ils contactentensuiteleursbailleursquivérifient la faisa-bilitéde l’échange.

En laissant l’initiativeaux loca-taires, ladémarcheaaussi l’avanta-gede les laisser arbitrer leursprio-rités.«Ils se rendent compted’eux-mêmesque le logement idéaln’exis-tepaset qu’ils devront fairedesconcessions»,expliqueMmeSallaz.Unmessagequipassemoinsbienquandce sont les bailleursqui leurdisent. Ledispositifpermetaussidedégonfler l’agressivitéenversleséluset lesbailleurs sociaux, sou-vent interpelléssur lemode«pour-quoiest-ce que jen’arrivepasàdéménager, il yapleinde loge-mentsà tel endroit».

Dixmoisaprès le lancementdusite, lebilanest encourageant:1900personnesse sont inscriteset 107ménagesont réussià s’enten-

dresur leprinciped’unéchange.Mais ladémarchen’apasaboutipour tous, soit parceque lesfamillesont finalementrenoncéauprojet, soitparceque lesbailleursont refusé l’échange,parexempleparceque le loyerdunou-veau logementnecorrespondaitpasauxrevenusdu locataire.

Autotal, 40 familles (soit 20échanges)ontpuêtre satisfaites.Lebudgetannueldecetteboursed’échangeestde 12000euros,réparti entre les 11bailleurs.Pourgarder le contrôledusystème,ceux-ci effectuentunesurveillan-cehebdomadairedesannoncespubliées surdes sitescommer-ciauxcommeLeboncoin.fr. SiunlocataireHLMdudépartementydéposeuneoffre, il est incitéà lasupprimerdusitemarchandetàs’inscriresur le sitede labourse.p

C.Ro.

8 0123Mercredi 4 septembre 2013

france

- CESSATIONS DE GARANTIE

LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETD’APPLICATION N° 72-678 DU 20

JUILLET 1972 - ARTICLES 44QBE FRANCE, sis Etoile Saint-Honoré– 21 Rue Balzac – 75406 Paris Cedex 08(RCS Paris 414 108 708), succursale deQBE Insurance (Europe) Limited, PlantationPlace dont le siège social est à 30 FenchurchStreet, London EC3M 3BD, fait savoir que,la garantie financière dont bénéficiait la :

ASLJ GESTION SARL2 allée des Primevères

91370 VERRIERES LE BUISSONRCS: 518 554 886

depuis le 1er janvier 2010 pour ses activitésde : GESTION IMMOBILIERE depuisle 1er janvier 2010 pour ses activités de :TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ETFONDS DE COMMERCE cessera de por-ter effet trois jours francs après publicationdu présent avis. Les créances éventuelles serapportant à ces opérations devront être pro-duites dans les trois mois de cette insertion àl’adresse de l’Etablissement garant sis EtoileSaint-Honoré – 21 Rue Balzac – 75406Paris Cedex 08. Il est précisé qu’il s’agit decréances éventuelles et que le présent avisne préjuge en rien du paiement ou du non-paiement des sommes dues et ne peut en au-cune façon mettre en cause la solvabilité oul’honorabilité de la SARL ASLJ GESTION.

Sur demande de son client et en appli-cation de l’article R211-33 du livreII du code du tourisme, la CaisseRégionale de Crédit Agricole MutuelPyrénées Gascogne dont le siègesocial est situé 11 bd du PrésidentKennedy 65003 TARBES, annoncequ’elle cesse d’accorder sa garantieà :

COMITE DEPARTEMENTALDU TOURISME BEARN PAYS

BASQUESiège social : 2 ALLEE DES

PLATANES - 64100 BAYONNERCS : 437 728 488

La Caisse Régionale de CréditAgricole Mutuel Pyrénées Gascogneprécise que la cessation de sa garantieprend effet 3 jours suivant la publi-cation de cet avis et qu’un délai de 3mois est ouvert aux clients pour pro-duire les créances.

L es juges bordelais qui instrui-sent l’affaire Bettencourt ontrenvoyé, vendredi 30août,

devant le tribunal correctionnel,PascalBonnefoy, l’ancienmajordo-mede l’héritière de L’Oréal, et cinqjournalistes qui avaient révélé l’af-faire en 2010, pour atteinte à l’inti-mité de la vie privée. Jean-MichelGentil,CécileRamonatxoetValérieNoël, les trois juges d’instructionchargésdes différentsvolets (traficd’influenceactifetpassifetabusdefaiblessenotamment)decedossierpolitico-financier, ont ainsi suiviles réquisitions prises par l’ancienprocureur de Bordeaux, ClaudeLaplaud, le 5juillet.

M.Bonnefoy et les journalistesdu Point, Franz-Olivier Giesbert etHervé Gattegno, ceux de Media-part, Edwy Plenel, Fabrice Arfi etFabriceLhomme–àprésentjourna-listeauMonde–, avaientétémisenexamenenmarset avril2012 aprèslapublicationd’extraitsde conver-sationsdeLilianeBettencourt,enre-gistrées clandestinement par sonmajordome en2009 et 2010. Le4 juillet, la cour d’appel de Ver-sailles avait ordonné aux deuxorganes de presse de retirer deleurs sites cesenregistrements.

«Impératif d’intérêt public»Pour motiver l’ordonnance de

renvoi concernant M.Bonnefoy,qui avait reconnuavoir installé undictaphonedanslebureaudel’héri-tière, les juges ont indiqué que «leprocédé comme le lieud’enregistre-ment», ainsi que la «conscience ducaractère illicite de ses agisse-ments»même s’il y avait pour lui«unintérêtsupérieur», constituentl’atteinteà lavieprivée.

Le cas des cinq journalistesposedavantagede difficultés aux juges.Tous contestent cette atteinte eninvoquant le «devoir d’informer»ou«ledroit de savoirdes citoyens».«Ilestnécessairedenepasperdredevue que les enregistrements, quali-fiés par les journalistes eux-mêmesde clandestins, ont été réalisés audomicile de MmeBettencourt et quecette simple constatation suffit àmatérialiser le délit, écrivent les

juges.Laquestionestdoncdesavoirsil’atteintedelavieprivéeétaitjusti-fiée par l’importance des faits révé-lés et le droit du public d’en êtreinformé.» La jurisprudence de laCour européenne des droits del’Homme (CEDH) ne donne pas deréponseclaire. Si elle a rappelé àdenombreusesrepriseslalibertéd’ex-pression comme fondement, laCEDH a également indiqué que lapressenepouvait, aunomdudroità l’information, violer le droit aurespectde lavieprivée.

«Ainsi, la question de l’éventuel-le légitimité de la publication desarticles litigieux ne peut en aucuncas être tranchée par la juridictiond’instruction dans le secret de soncabinet mais doit faire l’objet dudébat contradictoire et public queseule une audience permet», pour-suivent les juges. Il s’agira d’établirles contoursplus clairs d’une juris-prudence de l’intérêt général danslecadreduquellesjournalistespeu-vent exploiter des données obte-nues dans des conditions illicites.« Il serait parfaitement vain decontester que sans les enregistre-ments clandestins réalisés par Pas-cal Bonnefoy et sans leur publica-tion par différents organes de pres-se, l’affaire dite Bettencourt auraitsuivi le même cours», peut-on liredans l’ordonnancede renvoi.

Les juges rappellent aussi qu’il«ne peut être omis» le projet de loirenforçant la protection du secretdes sources, présenté le 12 juin enconseil des ministres. Celui-ci pré-voit qu’un journaliste «ne pourraêtre condamnépour (…)une attein-te à la vie privée, lorsque les docu-ments qu’il détient contiendrontdes informations dont la diffusionaupublic constitue unbut légitimeen raisonde leur intérêtgénéral».

Compte tenu du prochain exa-mendecetteloi,FrançoisSaint-Pier-re, l’avocat de Fabrice Lhomme,affirmeque «le calendrier sera cru-cial». «Mais sur le fond, la relaxenefait aucun doute, tant l’impératifd’intérêt public est évident», esti-me-t-il. La date de l’audience n’estpasencoreconnue.p

ShahzadAbdul

POLITIQUE

L’UMPbientôtenmesured’acquittersesdettesLa trésorièrede l’UMP, CatherineVautrin, a annoncé, lundi 2sep-tembre, que l’UMPavait récolté 10,9millions d’euros et enregis-tré 45000nouveauxadhérents dans le cadrede la souscriptionlancéepar le parti après l’invalidationdes comptesde campagnedeNicolas Sarkozy, prononcéedébut juillet par le Conseil consti-tutionnel.Au total, l’UMPdoit rembourserquelque 11millionsd’euros auxbanques créancières (essentiellement la Sociétégénérale), avant le 30septembre.p

EducationSuicide d’un enseignant àMarseilleUnprofesseurd’électroniquedu lycéeAntonin-ArtauddeMar-seille, âgéde 55 ans, amis fin à ses jours, dimanche 1erseptembre.Dansune lettre, il a expliquéque lemétierne lui était «plusacceptable en conscience». – (AFP.)

PrisonLe contrôleur général propose des peinesaménagées pour les femmes avec un enfantLe contrôleurgénéral des lieuxdeprivationde liberté, Jean-MarieDelarue, recommandedes suspensionsouaménagementsdepei-neetdes libérationsconditionnellespour les détenuesayantunenfant,dansunavis parumardi 2septembreau Journal officiel.

JusticeLe procès du parricide deBernardMazièresse tiendra à huis closLeprocèsde l’assassinat, endécembre2010,de l’ancien journalistepolitiqueparisienBernardMazières, dont sontaccusés son fils,Lucas, 17 ans etdemiaumomentdes faits, et undesesamis, s’estouvert lundi 2septembre,devant la courd’assisesdesmineursdeParisoù il sedérouleraàhuis clos jusqu’au6septembre.

Hébergement d’urgenceL’église occupée àClermont-Ferrand évacuée à cause d’un incendieQuelque200personnes,privéesd’hébergementd’urgenceet ins-talléesdepuis lundi2septembredansuneéglisedeClermont-Ferrand,ontétéévacuéesmardivers 5heuresdumatinàcaused’undépartd’incendieà l’origine indéterminée.Elles avaientdûquitter leurs chambresd’hôtel lundimatin, car l’ANEF, associationgestionnairedu 115dans lePuy-de-Dôme,nepouvaitpluspayerleurhébergement, fautede financementdespouvoirspublics.

L es programmes d’histoire-géographieen3eetentermina-le–sérieéconomiqueetsocia-

le, littéraire et dans la voie profes-sionnelle –, unanimement décriéspar les enseignants pour leur lour-deur, vont être fortement allégésdès cette année, en attendant unerefonteenprofondeur.L’ensembledes programmes scolaires seronten effet revus d’ici à 2017. C’est unengagementduministredel’éduca-tion nationale, inscrit dans la loi.UnConseil supérieurdesprogram-mes semettra enplace cette annéeet se penchera sur l’ensemble desdisciplines et des classes, de lamaternelle au collège, et mêmeau-delà.

Maispour l’histoire-géographie,l’éducation nationale a considéréne pas pourvoir attendre. L’unani-mité est si rare dans la professionqu’elleaattirél’attentionduminis-tère. En avril, cinq syndicats – auxtendances très diverses – avaientlancé une pétition pour dénoncerun «survol indigeste de thèmes quis’enchaînentà un rythme effréné».Un groupe d’experts a étudié laquestion cet été. Le 19septembre,des projets d’aménagements leurserontprésentés.

Ces documents, que Le Mondes’est procuré, montrent que cen’est pas de petites coupes dont ils’agit. En 3e, trente à trente-sixheu-resseraientéconomisées–soitprèsdu quart du programme, selon leSE-UNSA. En histoire, la premièrepartie sur le XXesiècle qui corres-pond à 15% du temps, deviendraitune «introduction» réduite à 5%du temps. L’évolutiondu capitalis-me,du systèmedeproduction,dis-paraîtraitpour laisserplusdeplaceauxguerresmondiales et aux régi-mes totalitaires.

La construction européenne neserait plus un thème à part entièremais s’intégreraitdansunchapitreplus large sur la «géopolitique dumondeactuel». LegénéraldeGaul-le connaîtrait lemêmesort: sapré-sidence s’insérerait dans la derniè-repartieduprogramme,consacréeàlaVeRépublique.Lesétudesdecasseraientmoinsnombreuses.

Restedesregroupementsthéma-tiquesquine sontpasauxgoûtsde

tout le monde, comme celui sur lavie politique française de 1940 à1946,déconnectéduchapitresur laseconde guerre mondiale. «Résul-tat, mes élèves ne savaient pas,après le chapitre sur la guerre, quiétait Pétain !», s’indigne encoreBenjaminMarol, un enseignantdeSeine-Saint-Denis. Désormais, les

professeurs seraient autorisés àévoquer Vichy et la Résistance lorsduchapitre sur laguerre.

EnterminaleESetL, leprogram-me resterait conçu comme unensemble de thèmes de réflexiontransversaux: «Rapport des socié-tés à leur passé», «Idéologies de lafin du XIXe siècle à nos jours»…Mais certaines questions seraient

supprimées, comme celle du«patrimoine», de la «religion etsociété aux Etats-Unis depuis1890»ou, en géographie, «lamon-dialisation en débat». Résultat :une vingtaine d’heures économi-sées, selon le SNES-FSU.

Ces aménagements marquentun énième rebondissement. Déjàen2012,levasteprogrammedePre-mière – du milieu du XIXesiècle ànos jours – a été allégé. En 2011, ladisciplineaétésuppriméeentermi-naleS pour être réintroduite parVincent Peillon. Cette année, cesontlesprogrammesde3eetdeter-minale qui sont revus alors qu’ilsn’ontqu’unand’existence.

Les enseignants s’en agacent unpeu.«Onatoujoursuneimpressionde bricolage et d’improvisation,reconnaît un professeur de lycéequi a préféré taire sonnom. J’ai descollègues un peu dégoûtés d’avoirpréparéleurscourspourriencetété.Mais le programme était trop den-se, il fallait l’alléger.» L’an dernier,ceprofesseurdes Yvelines adû ter-miner l’année avec un polycopié.«J’ai réussiàboucler leprogramme,

mais à marche forcée. Imaginezexpliquer la question du Proche-Orient en cinq heures, contrôlesinclus!»

Au-delà de la surcharge, c’est lanaturemêmedesprogrammesquiest questionnée par les ensei-gnants. «Un programme thémati-que,qui seprêteà laréflexion,pour-raitmarcher si les élèvesavaientunbagage historique solide. Or, ils nemaîtrisent pas toujours les repèreschronologiques», souligne EricAlbrand, professeur de lycée dansles Hauts-de-Seine. «Ce program-me est intellectuellement satisfai-sant pour des adultes détenteursd’uneculture,maisn’estpasaccessi-bleauxélèves»,assureBrunoModi-ca, président de l’association LesClionautes.

Le consensus autour de l’allége-mentdesprogrammesseradecour-tedurée.Car lespassionsautourdel’histoire-géographiesonttoujoursvives. Entre les partisans d’uneapproche thématique et les défen-seurs de la chronologie, les débatspromettentd’être intenses.p

Aurélie Collas

Bettencourt:lemajordomeetcinqjournalistesrenvoyésencorrectionnelle«LePoint»etMediapartavaientpubliédesconversationsenregistréesclandestinement

A Nonant-le-Pin (Orne), aupays des haras, pur-sang etdéchets automobiles ne

font pas bon ménage. Ce villaged’un peu plus de 500habitants,dont la qualité de l’eau, de la terreet de l’herbe font la réputation del’élevage, est devenu un symbolede la difficulté de concilier retom-bées des activités économiques etpréservationde l’environnement.

A l’origine du conflit : le centred’enfouissement de résidus debroyage automobiles – desdéchets non recyclables issus dutraitement des véhicules horsd’usage – et de déchets industrielsnon dangereux de l’entrepriseGuy Dauphin Environnement(GDE), qui a surgi ces derniersmois auxportes deNonant.

Les opposants au projet dedécharge,pour la plupart éleveursou riverains, ont manifesté si fortleur indignation – et fait jouerleurs réseaux – que le gouverne-ment n’a pu les ignorer. Lundi2septembre, ils ont été reçus pourla deuxième fois au ministère del’écologie. Enmars, c’est DelphineBatho qui les avait accueillis. Laministrede l’époqueavaitqualifiéle projet, peu avant son départ dugouvernement, d’«inopportun».

Lundi, ils ont rencontré GillesRicono,qui fut ledirecteurdecabi-netdeDelphineBathoavantd’êtreconfirmé dans ses fonctions par

PhilippeMartin,lenouveauminis-tredel’écologie.«Nousl’avonssen-tiembarrassé»,affirmeNoëlleSan-doz, présidente de l’associationNonantEnvironnement.

Le dossier est épineux. L’Etat sedoit de faire appliquer la décisiondu tribunal administratif de Caen,en février2011, de délivrer uneautorisationd’exploitationàGDE,contre laquelle il n’avait pas faitappel. Mais le 12août, le tribunaldegrandeinstanced’Argentan,sai-si par les opposants, a ordonnédeux expertises dont les résultatsdevront lui être remis dans undélai de cinqmois.

Querelle d’expertsL’objectif est d’établir un état

des lieuxdu site et de ses environspréalable à l’ouverture du centreafin de disposer, en cas de pollu-tion,d’une«image» initiale. SelonNoëlle Sandoz, cela implique unreport du démarrage de l’activité.En juillet, le préfet de l’Orne pré-voyait une ouverture pour « la finde l’été». GDE –qui n’a pas souhai-térépondre,cesderniersmois,auxsollicitationsduMonde – se refuseà communiquer sur sonprojet.

Il ne s’agit donc plus d’arbitrerla querelle d’experts entre lesdeux camps. Celle-ci a plus oumoins été tranchée, en juin, parl’expertise indépendante deman-dée par Delphine Batho. Elle a

conclu que « les caractéristiquesgéologiques et hydrogéologiquesdusiteprotègentdurisquedepollu-tiondes eaux».

Cela n’a pas suffi à ramener lecalme à Nonant-le-Pin. Le27 juillet, un rassemblement desanti-GDE a dégénéré lorsque desmanifestants ont déversé du

fumier devant le domicile de Jac-quesQueudeville,lemaireduvilla-ge, favorable au projet. Selon destémoins, l’édileaurait tiréuncoupde fusil, sans faire de blessé. Lesplaintesdéposéesparlesdeuxpar-ties ont été transmises au parquetd’Argentan.p

GillesVanKote

ANonant-le-Pin, leprojetdedéchargeembarrassel’EtatLesopposantsontété reçusauministèrede l’écologiepour ladeuxièmefoisensixmois

En3e, trenteàtrente-sixheures

seraientéconomisées,

soitprèsduquartduprogramme

Allégementsurprisedesprogrammesd’histoire-géographieen3eetenterminaleLescoupes interviennentdèscetteannée, enattendant la révisionde l’ensembledesdisciplines

90123Mercredi 4 septembre 2013

Entretien

N atif de Singapour en l’an1984, Anthony Chen esttombé dans la marmite

cinématographique très jeune. Ilentre à la Ngee Ann Polytechnic-School of Film andMedia Studiesdès l’âgede 17ans,puis réalisedescourts-métrages aussitôt remar-qués dans les grands festivalsinternationaux.Ilparfait sonédu-cation cinéphiliqueà Londres, oùil est installé depuis six ans. IloIlo, confrontation entre l’enfantroi d’une famille bourgeoise surle déclin et une nounou philippi-ne, est sonpremier long-métrageet a reçu à ce titre la convoitéeCaméra d’or au Festival de Can-nesenmai. Produitpour l’équiva-lent de 400000 euros, il est lepremier filmsingapourienà rem-porter un grand prix internatio-nal.Pourquoi situez-vous l’action dece filmdans les années 1990?

J’ai grandi durant cette pério-de et j’ai euunenounouphilippi-ne qui ressemblait à Teresa. En1997, l’Asie a connu une crisefinancière semblable à celle queconnaît aujourd’hui l’Europe.Mon père a perdu son travail,comme le père du petit garçondans le film. Le choix de cettepériode me permet de dire quel-que chose de très personnel avecce film.Quelle part, au juste, y occupel’autobiographie?

Une grande part, c’est certain.Mais j’ai également, et heureuse-ment, dramatisé beaucoup d’élé-ments. Je n’étais pas enfant uni-que, et j’étais, contrairement auhéros, ungarçonnet très gentil. Jecrois qu’il serait très ennuyeuxde tout transposer à l’identique.Qu’est-ce qui vous a incité à fai-re de la nounou le personnageprincipal de ce film?

Je ne crois pas qu’elle le soit.Mon désir, c’était plutôt de resti-tuer la relation avec l’enfant, carc’était cela, dansmonesprit, qu’ilimportait de retrouver. Voussavez,vers l’âgede20ans, l’enfan-ce revient. Et on se demande du

coup quelle était la nature denotre relation d’alors au monde.Je me suis souvent interrogé surcette personne qui m’avait été siproche et qui est partie si brus-quement, avant de s’effacer demamémoire pendant de longuesannées. Faire ce filmaujourd’hui,c’était chercher à savoir et à com-prendre ce quime liait à elle.Maisqu’est-ce qui vous a intéres-sé, comme cinéaste, dans la

construction de ce personnage?Le fait qu’une personne étran-

gère puisse devenir une mère deremplacement, et qu’elle puisseêtre révoquée si facilement. Celameparaissait le symptômed’unesociété socialement très hiérar-chisée et d’un système très bru-tal. C’est un peu le cas partout enAsie, mais le phénomène est par-ticulièrement accusé à Singa-pour, où la réussite sociale et

l’obligation, le cas échéant, d’enmaintenir les apparences exer-cent une pression constante surles individus et les familles. Lerésultat, c’est que la société estprospère, tout lemonde a tout, eten même temps tout le mondeestmalheureux.Est-ce qu’en ce sens vous reven-diquez une portée politique àvotre film?

Je n’ai pas voulu faire un film

militant.Cequi comptepourmoiau cinéma, c’est d’abord l’émo-tion. L’émotion est la base ducinéma. Ce sont donc les person-nages, leur vie quotidienne, lespetits détails, quim’intéressent.Votre film fait tout demêmeéprouver la contrainte du systè-mepolitique et économique quirégit le pays. Quelle liberté offrece système à l’artiste que vousêtes?

Nous sommes une société àmajorité chinoise. Nous som-mesdonc très carrés, trèsdiscipli-nés, très soucieux de notre ima-ge. Nous sommes aussi censésêtre une démocratie, mais nousavons le même parti au gouver-nement depuis cinquante ans.La censure s’exerce aussi demanière très forte dans tous lesdomaines.

Ce qui est étonnant, c’est queles gens sont tellement aliénéspar le succès économique qu’ilsfont semblant de ne pas remar-quer cette absence de liberté,alorsmêmequ’ilsvoyagentbeau-coup à l’étranger. Comme noussommes souvent comparés à laSuisse de l’Asie, je pensais quetous lesEuropéensrêvaient, com-me nous, de la Suisse ! J’ai puconstater, en arrivant en Europe,que ce n’était pas le cas.Hormis votre compatriote EricKhoo, qui est apprécié des ciné-philes dumonde entier, on neconnaît pas, enOccident, le ciné-ma singapourien…

C’est normal, dans la mesureoùcecinéman’existequ’à l’échel-le locale. Il n’y a de toute façonpas plus de dix films par an quisont produits, et neuf parmi euxsont soit des comédies, soit desfilms d’horreur. Le reste estimporté des Etats-Unis. On tou-che là un des grands paradoxesde Singapour, qui est un des paysles plus éduqués aumonde et undésert culturel.Comptez-vous continuer à tour-ner dans le pays?

J’aimerais bien, mais c’est unterritoire qui limite votre ambi-tion. Singapour, c’est un hôtelcinq étoiles où vous pouvez toutobtenir,mais ça resteunhôtel. Cen’est pas facile d’y travailler et des’y investir émotionnellement,et le marché est de toute façonminuscule. Le cinéma a ceci debien qu’il ne se restreint pas àvotre nationalité, il touche parnature à l’humanité tout entière.Et on peut en faire partout. Je visen Angleterre depuis six ans,mon prochain film se fera danscette langue. p

Proposrecueillis parJacquesMandelbaum

Ilo Ilo

ppv

P résenté à Cannes à la Quin-zaine des réalisateurs, IloIlo en est reparti cette

année avec la Caméra d’or, quidistingue lemeilleur premierlong-métrage du festival. Le filmvient de Singapour, cité-Etatdont la cinématographie connaîtune nouvelle vigueur et qui res-te à l’étranger associée au nom

de son auteur phare, Eric Khoo.Indéniablement,Anthony

Chen lui doit beaucoup.Onretrouvedans Ilo Iloune atten-tion auxgestes qui rappelle celleque son aîné dispensa dansBeWithMe etMyMagic,unemêmeappréhensiondu corps commeune grande carte sur laquelle sedéploieraient la trajectoire et lesétats des personnages, leurs émo-tions, les relations qui les lientaux autres…Cettemanière délica-

te de s’attacher à la physicalitédes acteurs pour exprimer l’inté-riorité des personnages donne aufilm,malgré la cruauté qui s’y dis-tille, une saveurdouce et tendrequi en fait tout le charme.

Ancrédans le quotidiend’unefamille singapourienneà la findes années 1990, aumomentoùla crise économiqueasiatique faitsentir ses effets et où lamère estsur le point d’accoucherd’undeuxièmeenfant, Ilo Ilo avancesurun fil ténuqui creuse, par peti-tes touches, l’intérioritédeperson-nagesordinaires.

Alors que le fils, Jiale, garçonagressif et pervers d’unedizained’années, pose deplus enplusdeproblèmesà l’école commeà lamaison, ses parentsdécidentd’embaucherune bonnephilippi-nepour s’occuperde lui. Ce seraTeresa, que lamère accueille sanschichis, confisquant sonpasse-port et lui indiquant lematelassous le lit de son fils qui lui servirade couche.

Dumélo à la comédieComprenant qu’il va partager

sa chambre avec cette étrangère,le garçon entre aussitôt dans unerage qui découragerait n’importequi.Mais Teresa ne peut pas se lepermettre. Elle a laissé un bébéau pays et a besoin d’argent pourle rejoindre. Pour garder son job,elle est prête à tout et subitd’abord les vexations que luiinflige ce sale gosse. De tous lespersonnages du film, cette escla-vemoderne n’est pourtant pas lamoins libre. Le père l’estmoins

qu’elle. Ce représentant en vitresprétendument incassables perdson travail au début du film et serévèle trop lâche pour l’avouer àsa femme.

Telle que la dépeint AnthonyChen, la dictature «soft» de Singa-pour est à l’imagede cettemèrede famille – brutale, injuste etinfantilisante.C’est à cette aunequ’il faut comprendre laméchan-ceté de l’enfant –méchancetégéniale, d’une sophisticationqu’onn’a pas souvenir d’avoir vuchezunenfant ailleurs quedansle cinémad’épouvante.

Pur produit de cette sociétéautoritaire tournée vers l’accu-mulationdu profit, il en est uneexcroissancemalade, l’incons-cient révolté. Largué dans ledésert affectif où l’ont jeté sesparents, il n’a d’autres repèresque ceux de la société danslaquelle il vit et que résume ceslogan inscrit (en français !) surune affiche touristique collée aumur d’un bureau: «Tant pis pourles autres.»

Une fois passée sa stupeur ini-tiale, Teresa va renverser lavapeur. Faisantmontred’un cou-ragedont les parents de Jiale sem-blentdépourvus, elle force son res-pect, brise sa carapace. Progressi-vementune relationde tendresolidarité s’instaure entre cesdeuxmal-aimés, fondant la chro-nique sociale et politiquedansunmélopoignant.

Discrètemais audacieuse, lamise en scèned’AnthonyChenconjugueunegrande finesse dansla peinture des sentiments avec

ungoût pour l’outrancequi tire lefilmvers la comédie, engendrantunevaste et subtile palettedetonalités. Le passage de la cruautébrutale qui définit, au début, lesrapportsde Jiale et de samère àTeresa à celle, plus subtile, dont seteintent les rapports entre le gar-çonet sa bonne est à ce titreremarquable.

Alors qu’il voue à Teresaunamourdeplus enplus fort, qu’elledevientpour lui unemèrede subs-titution (plus tendre, plus intéres-sante,meilleure cuisinièreque lavraie…), l’attachementqu’elle luitémoigne, pour réel qu’il soit, nedéborde jamais le cadreprofes-sionnel. Elle lui apprendà respec-ter autrui et à se respecter lui-même,mais, à ses yeux, il restel’enfantdont elle s’occupeenvuede retrouver le sien.

Ces variationsqui étoffent lapartitionse retrouventdans lesportraits des personnages, où lacaricature le dispute à unevéritésensible.Aucunn’y échappe, pasmême lamère. En faisant perce-voir la terreur (de la crise, dudéclassement, du regardd’autrui…)qui étreint cette fem-me, l’actrice YeoYannYann larendpar instant touchante. Aussi,lorsqu’unedernière image, docu-mentaire et radieuse, lui rendunhommageaussi sublimequ’inat-tendua-t-onenvie de l’aimer. Aumoinsunpeu. p

IsabelleRegnier

Film singapourien d’Anthony Chen.Avec Yeo Yann Yann, Angeli Bayani,Chen Tian Wen, Koh Jia Ler (1h39).

cultureppp EXCELLENT ppv À VOIR pvv POURQUOI PAS vvv ON PEUT ÉVITER

66e Festivalde musiqueBesançonFranche-Comté

53e Concoursinternationalde jeunes chefsd’orchestreUn air de jeunesse

13 - 28sept. 2013 tél. 03 81 82 08 72

www.festival-besancon.com

PascalineMinella

AnthonyChen,Singapouràhauteurd’enfanceDans«Ilo Ilo»,Camérad’oràCannes, le réalisateurmontre lescontradictionsdesonpays,prospèreetautoritaire

Deuxmal-aimés:uneesclavemoderneetunenfantdélaissé

LamèreHwee Leng (Yeo Yann Yann) et son fils Jiale (Koh Jia Ler). EPICENTRE FILMS

10 0123Mercredi 4 septembre 2013

culture

LaDanzade la realidad

ppv

D e la boîte de Pandore ciné-matographique des années1970,quelquesfléauxd’une

radicalité qu’on croyait éteintesont ressortis ces dernières annéespour nous hanter. Après WernerHerzog, Jerzy Skolimowski, MonteHellman ou TerrenceMalick, voiciAlejandro Jodorowsky. Autantannoncer le retourde l’Antéchrist.

Zoomsur lepedigree:naissanceen 1929àTocopilla, trou chilien, enprovenance de l’URSS stalinienneet d’un judaïsme russe pogromisépar l’Empire tsariste. L’enfant semue en voyageur chronique et enprovocateur universel : clown,mime, auteur de BD, romancier,performeur, maître du tarot. Lecinéma (sept longs-métrages enquarante-cinq ans, dont lesmythi-quesElTopoetLaMontagnesacrée)aura fait de lui le pape de l’under-ground psychédélique, divisant lepublic et le campcinéphile.Absentau septième art depuis vingt-troisans, le vieux judéo-sioux revientavecLaDansedelaréalité, lançantàquatre-vingt-quatreprintempscet-te flèche tardive, trempéedans l’ef-fervescent poison de son cœur etdesamémoire intime.

Certains, pour se débonder, écri-vent Les Mémoires d’outre-tombeou A la recherche du temps perdu.«Jodo» LaDansede la réalité,adap-té d’un récit homonyme déjà daté(Albin Michel, 2001). Il s’agit cettefois de sa propre histoire, ce qui necontribuepaspeuàrendrecefilmleplus émouvantde tous ceuxqu’il acommis.Pourtant,lapartdufantas-me se révèle aussi importante quecelle du réel, Jodorowsky n’ayantjamais conçu que la vérité puisses’énoncerhorsdecettealliance.

L’histoire, qui se déroule dans labonne ville de Tocopilla, est donc

celle d’un frêle garçonnet élevé àl’ombre de deuxtitans. Jaime, lepère, est une virilité vociférante etunbloc communiste à lui seul, éle-vant sa mauviette de fils dans leculte de l’héroïsme stalinien. Sara,lamère, est unematroneaux seinsgigantesquesqui y abrite sa progé-nitureet se rêve cantatrice,ne s’ex-primant qu’en chantant. Lesdeuxgéants ont élu résidenceCasaUkrainia,quiestlenomdeleurbou-tique de lingerie. Bon. Sur cettebase déjà spectaculaire, le filmavancepar successionde tableaux,commeondit, hautsencouleur.

Cache-cache sexuelQuelquesexemples,ternessurle

papiereuégardà l’exubéranceallé-goriqueet plastiquequ’affectionnel’auteur. L’attaque de la Casa parune bande d’estropiés christiques.L’épreuve de résistance aux giflesinfligéeparlepèreàsonfils.Laséan-ce de masturbation des lycéensavecphallusenbois.Lejeudecache-cachesexuel avec lamère. Leprojetavortédupèred’assassiner leprési-dent chilien, fasciste sauvé par saressemblanceavecStaline…

Galerie de monstres, paradesdouloureuses,abîmesdelasubjecti-vité, grandcirqueconvulséde l’His-toire: Jodorowsky ne quitte jamaisla ligne de crête du cinéma vision-naire. L’homme multiplie Fellinipar cent, et règle ses comptes avecsonpèreenlefaisantinterpréterparson propre fils. C’est trop, bien sûr.Mais on le sent, cette fois, désireuxd’un apaisement, d’une délivrance.Ils viennent à la fin du film, jetantune lumière tendre sur le sombretumultedesacréation.p

JacquesMandelbaum

Film franco-chilien d’Alejandro Jodo-rowsky.Avec Brontis Jodorowsky, Pame-la Flores, Jeremia Herskovits. (2h 10).

n Sur Lemonde.frEntretien avec Alejandro Jodorowsky

O n les avait peu entenduessurce sujet.AdèleExarcho-poulos et Léa Seydoux, les

deux actrices qui dans La Vie d’A-dèle, d’Abdellatif Kechiche, viventune histoire d’amour intense –film récompensé par une Palmed’or à Cannes, enmai –, commen-cent à raconter les difficiles condi-tionsdu tournage.

C’est Léa Seydoux qui a alluméla mèche, dans Télérama, le24août. «Nous n’avons découvertle film qu’à Cannes, à la projectiondestinée à la presse étrangère. J’ensuis sortie avec la certitude queKechicheestungénie,sansquecelane l’excuse pour autant: je ne pen-sepas que la réussiteartistique jus-tifie tout, ni que le film soit le résul-tat de la douleur infligée pendantsa fabrication.D’ailleurs, il n’a gar-déque 5%de ceque l’onavait tour-né, et ses choix ont plutôt apaisé lerécit, l’ont rendu moins violent.»Léa Seydoux ajoute: «Dans aucu-ne autre profession, on n’accepte-rait ce que l’on a subi. En France, lemetteur en scène est surpuissant.»

Evoquant sa relation avec

l’autre actrice, Adèle Exarchopou-los, Léa Seydoux poursuit: «Je l’aiaidée, Adèle m’a aidée. C’est plusqu’une collaboration, on s’est sau-vées mutuellement. Kechiche a eul’intelligence de raconter cette his-toire, mais le film, c’est quandmêmeAdèle etmoi.»

Les deux actrices sont alléesplus loin dans un entretien qu’el-les ont donné, le 1erseptembre, ausite américain The Daily Beast(magazine Newsweek), pouraccompagner la projection de LaVie d’Adèle au Festival de Telluri-de, dans le Colorado. Tout en sedisant admiratives de l’auteur etfières du film, elles décrivent unréalisateurqui fait lapart belle à la«manipulation», un tournage«horrible», «sans fin».

Adèle Exarchopoulos, qui s’ex-primait pour la première fois,confie : Kechiche «nous a préve-nues qu’il faudrait lui faire uneconfiance aveugle et donner énor-mément de nous-mêmes. (…) et j’aidit “oui,biensûr!”,parceque je suisjeune et que je n’ai pas beaucoupd’expérience. Mais une fois sur le

tournage, j’ai compris qu’il voulaitréellement que nous lui donnionstout ! La plupart des gens n’osentmême pas demander ce qu’il nousa demandé, et ils le font avec beau-coup de tact – tu es rassurée pen-dant les scènes de sexe, qui sontchorégraphiées». Evoquant aussiune scène de sexe, Léa Seydouxprécise : «Nous avons passé dixjours sur cette scène. Ça n’était pas“OK, aujourd’hui on tourne la scè-nede sexe!” Çaaduré dix jours!»

«Lèche samorve!»Les deux actrices détaillent leur

épuisement au fil de cinq mois etdemi de tournage: «Kechiche fil-maitavectrois caméras,donc lascè-ne de bagarre se faisait enuneprisecontinued’uneheure.Durantletour-nage, j’ai dû pousser sur une porteen verre en criant : “Maintenantva-t’en!”Elle[AdèleExarchopoulos]s’estcognéeàlaporteets’estcoupée.Elle saignait de partout et pleuraitavec son nez qui coulait. Kechiche aensuitedit: “Non,onn’apas fini.Onla refait.”» Adèle Exarchopoulosprécise: «Léa essayait dem’aider à

faire cesser le saignement, et Kechi-checriait:“Non!Embrasse-la!Lèchesamorve!”»

Les deux actrices accepteront-elles de tourner à nouveau avecKechiche? «Jamais», répond LéaSeydoux.«Jenepensepas», confieAdèle Exarchopoulos.

Cesdernièresdécriventennéga-tif laméthodeKechiche lorsde sestournages,quipousseloinl’impro-visation et multiplie les prises (il«cherchait en permanence parcequ’il ne savait pas précisément cequ’il voulait», confie Léa SeydouxausiteTheDailyBeast), à larecher-ched’unélanvitalqu’ilreconstrui-ra au montage. La Palme d’Or àCannes et le succès critique ontensuite tempéré leurs souvenirs.

Jointespar LeParisien, pour sonédition du 3septembre, les deuxactrices confirment leurs proposmaisrefusentdeparlerdeharcèle-ment moral. «C’est sans doute lefilmoùnousavons leplusappris, leplus évolué», précise Adèle Exar-chopoulos. La Vie d’Adèle sortiraen salles le 9octobre. p

Louis Imbert

Vic +Flo ont vuunours

ppv

A uFestivaldeBerlin,oùilpré-sentait Vic +Flo ont vu unours, Denis Côté a reçu cette

année le prix Alfred Bauer, quirécompense les œuvres «ouvrantdenouvelles perspectives». Unprixd’autantplus justifiéque ledernierfilmduCanadienexploredes terri-toirescinématographiquesinédits,à la foisâpres, sauvageset sensuels.

Conte cruel peuplé demonstreset de tendres amoureuses en péril,le film affirme sa singularité debout en bout. Victoria arrive dansun patelin paumé, bordé par uneforêt. Elle s’installe chez son onclegrabataire qui tient une cabane àsucre (lieu où l’on fabrique le siropd’érableauCanada).Lasexagénairevientdepurgerunepeinedeprisonetadécidédesemettreauvert. Sonagentdeprobationvient régulière-ment s’assurer de sa réinsertiondans la société. Vic est bientôtrejointe par Florence, sa jeuneamante, connuependant sa déten-tion.Maisune redoutable chasseu-se,déterminéeàassouvirune terri-blevengeance, rôdedans lesboisetmenaceces retrouvailles.

L’originalitédufilmtientenpre-mier lieu à sa galerie de personna-ges, lesquelsneressemblentjamaisàcequ’ilssont.Présenceinquiétan-te autant qu’écrasante, l’agent deprobation interprété par Marc-AndréGrondin (fidèle complice duréalisateur)faitmontrefinalement

d’une bienveillance inattendue. Al’inverse, l’accorte voisinequi flirteavec Victoria, tout en lui donnantdes conseils de jardinage, va dévoi-ler sonvraivisage...Dans l’interval-le, on aura croisé des clients d’unbarquivoientd’unmauvaisœilcesamours lesbiennes. Il faut dire quelavolageFlorenceneseprivepasdesemer le trouble, au volant de sa«golfette», dans un village quin’avait sansdoute jamaisvuça.

Unebonne dose d’absurdeChez Denis Côté, les femmes

sontlibresetfarouchementsexuel-les. Elles évoluent dans un universoùlecontedeféesrencontrele filmd’horreur.C’estcemélangedesgen-resquipassionne.Rupturesde ton,enchaînement déconcertant desséquences, le tout mâtiné d’absur-de et de surnaturel, donnent à cefilmtoutesonaudace.

Pierrette Robitaille (comique àcontre-emploi) et Romane Bohrin-ger forment un duo amoureuxdétonnant. Enmettant en scène cecouple qui est la proie d’une impi-toyableprédatrice,DenisCôtépour-suit,danslacontinuitédesonprécé-dent documentaire, Bestiaire, saréflexion sur l’animalité. «L’hom-meestunlouppourl’homme»,affir-mait Plaute dans sa Comédie desânes.DenisCôténousinviteàmédi-ter l’axiome. p

SandrineMarques

Film canadien de Denis Côté. Avec Pier-rette Robitaille, Romane Bohringer,Marc-André Grondin (1h36).

Lavierêvéed’AlejandroJodorowskyLepapede l’undergroundpsychédéliquemetenscènesonhistoire, exubérante et fantasmée

L’«horrible»tournagedufilmdeKechicheLéaSeydouxetAdèleExarchopoulos racontent leur travail avec lecinéaste sur«LaVied’Adèle»

Unduolesbiendétonantaucœurd’uncontecruelLeCanadienDenisCôtémélange joyeusementlesgenreset s’ affranchitdetouteconvention

110123Mercredi 4 septembre 2013

Lesmeilleures entrées en France

L’été, disent les chiffres, fut plutôt américain que français. La rentréenedémentpas ce phénomène, avechuit titreshollywoodiensparmi lesdixde tête. Secondeparticularitédu tableau, une seule nouveautése glisse parmi ces huit films,Red 2, filmd’action troisièmeâgequi enprend la tête. Le reste de la troupen’est constitué quede continuations,depuis Les Schtroumpfs 2, qui fêtent leur cinquièmesemained’exploita-tion en sixièmeplace, jusqu’àConjuring: les dossiersWarren, le petitfilmd’horreur qui cartonneen conservantunemoyennedehuit centsspectateurspar copie endeuxième semaine.Deux filmsd’auteur fran-çais résistent à cettedéferlante. Jeune et jolie, qui tient unehonorablehuitièmeplace endeuxième semaine, etGrand central, qui le talonneen faisantune entrée remarquée (quatre-vingtmille spectateurs). Anoter également, hors tableau, la bonne tenuede l’expérimentalLevia-than,qui attiremille six cents spectateursdansdeux salles, soit unemoyennedeplusdehuit cents entréespar salle.

Kick-Ass 2 1 287 801 424 " _ 287 801

Elysium 2 287 389 463 ! – 38 % 895 474

Percy Jackson :la mer des monstres 2 283 214 584 ! – 32 % 832 539

Conjuring :les dossiers Warren 1 280 389 241 " _ 280 389

Insaisissables 4 269 534 515 ! – 12 % 2 275 316

Jeune & jolie 1 215 192 296 " _ 215 192

Les Schtroumpfs 2 4 205 263 657 # 3 % 1 594 232

Lone Ranger :naissance d’un héros 3 128 471 675 ! – 30 % 929 223

Les Flingueuses 1 115 948 271 " _ 115 948

Jobs 1 111 353 202 " _ 111 353

Source : Ecran Total (1) Période du 28 août au 1erseptembre 2013 inclus

nRetrouvez l’intégralitéde la critiquesur Lemonde.fr(éditionabonnés)

ppp EXCELLENT

Tirez la langue,mademoiselleFilm françaisd’Axelle Ropert.(1h42).ppv À VOIR

Ilo IloFilm singapouriend’AnthonyChen (1h38).

LaDanza de la realidadFilm chiliend’Alejandro Jodorows-ky (2h10).

You’reNextFilmaméricaind’AdamWingard(1h34).

Vic +Flo ont vuun oursFilm canadiendeDenis Côté.(1h36).pvv POURQUOI PAS

nGare duNordFilm françaisde Claire Simon(1h59).Unétudiant qui se livre àuneenquêtegare duNord, à Paris,tombe sous le charmed’unepro-fesseured’histoire, femmemureatteinted’unemaladie grave.Leur coupde foudre est prétexte àune chroniquedocumentéede celieudepassageparisien considérécommevillage global. Un essai de

sociologie romanesqueauda-cieux,mais par tropvolatil. p J.M.

vvv ON PEUT ÉVITER

nWhiteHouseDownFilmaméricaindeRoland Emme-rich (2h05).JohnCale sevoit refuserunpostedans l’équipequi assure laprotec-tionduprésidentaméricain.MaislaMaisonBlancheestprised’as-sautparunepoignéed’hommesarmés, à la solded’unmembredugouvernementvéreux.Calevamettre toutenœuvrepour sauversa fille et leprésident. Scènesd’ac-tionsouventgrotesquesn’exploi-tantquepeu lepotentieldudécoroffertau réalisateur, blagues lour-dinguesquin’ont rienàenvieràcellesdesactionheroesdesannées1990et autocitations,ce filmconsternants’achève làoù l’obses-siondeRolandEmmerichpour laMaisonBlancheavait commencé.A forcede ladétruiredans sesfilms, c’est ellequi a finipar le tor-piller. p S. MaNOUS N’AVONS PAS PU VOIR

Chaque jour queDieu faitFilm italiende PaoloVirzi (1h35).

GranddépartFilm françaisdeNicolasMercier(1h22).

RomeosFilmallemandde SabineBernardi(1h34).

EvolutionNombre de par rapport Totalsemaines Nombre Nombre à la semaine depuis

d’exploitation d’entrées (1) d’écrans précédente la sortie

LES FILMS DE LA SEMAINE

culture

AxelleRopertesttombéedansl’eau,c’estlafauteàRousseau

Tirez la langue,mademoiselle

ppp

M ademoiselle Ropert,croyons-en le titre deson deuxième long-

métrage, est une douce excentri-que, probablement doubléed’unefemmedans laparentèledelaquelleévoluentquelquesméde-cins. Elle est aussi une chroni-queuse déliée de l’âme ashkéna-ze, dont son premier longmétra-ge – La Famille Goldberg (2009) –offrait l’unedesplusbellesphoto-graphies jamais faites au cinéma.

Bienmeilleure en tout cas quetous les clichés qui circulent surla question grâce à Woody Allen.Et plus proche de cette définitionhassidique du judaïsme rappor-tée par le philosophe MartinBuber: «Une génuflexion debout,un cri sans voix, une danse immo-bile. » Centre secret des filmsd’Axelle Ropert, cette joyeusemélancolie ashkénazen’y occupepourtant, élégance de l’oxymore,qu’unepart anecdotiquedu récit.

Dans Tirez la langue, madem-moiselle, il s’agit pour l’essentielde deux frères qui s’amourachentde lamême femme. Soit une figu-re du triangle amoureux, rehaus-sée par le trouble biblique de larivalité fraternelle. Autrementdit,

le sujetd’unbonmélodes familleshollywoodien, mais transposé denos jours dans le 13e arrondisse-ment de Paris. Le contraste,périlleux, n’en est que plus crous-tillant.

Ils s’appellent donc Boris etDimitriPizarnik. Ils sontmédecinsgénéralistes de quartier commeon commence à les regretter, tra-vaillent dans le même cabinet,font leur tournée ensemble, habi-tent dans lemême immeuble l’unen face de l’autre, et cultivent, enmême temps qu’une sorte de rési-gnation sereine à l’égard de la vie,un célibat prolongé qui ne semblepas les inquiéter davantage. Boris(Cédric Kahn) est le plus téné-breux,pragmatiqueet sérieuxdesdeux. Dimitri (Laurent Stocker),est un rêveur discret qui pointeaux Alcooliques anonymes. Lesdeux partagent en revanche uneconception rigoureuse, quasi-ment emmerdante, de l’accord àfaire respecter entre la parole et laconduite.

C’est donc un duo insolite etréglécommedupapieràmusique,qui s’harmonise avec la popula-tion environnante, ainsi qu’avecl’esprit d’un arrondissement quise révèle, socialement, ethnique-ment et architecturalement l’undes plus hétérogènesde Paris. Soitunezonederésistancetranquilleà

la gentrification galopante de lacapitale, une sorte d’enclavemoderne et provinciale à la fois,peu désirable et peu désirée, lescinéastes français n’y posantjamais, par onne sait quelle fatali-té, leurcaméra.En1998,AnneFon-taine y avait néanmoins tourné,dans un esprit de fantaisie assezproche,Augustin roi duKung-fu.

Il y aurait donc, contre touteapparence, une beauté secrète du13e, qui correspond assez bien à lasatisfaction secrète d’une vie deroutineutileà lacommunauté,tel-lequelaviventlesdeuxfrèresdecefilm. Donc voilà, tout irait pour lemieux dans le meilleur des arron-dissements pour les Pizarnik, leurchien Aspro et les petits bobos deleur clientèle majoritairementchinoise, si un jour, au hasardd’unevisitedansunebarreduquar-tier, Borisne tombait sur elle.

Elle(LouiseBourgoin):accessoi-rement Judith, mère célibataired’une fillette diabétique et bar-

maid de nuit au Fidji, plus essen-tiellement la femme de vos rêves(selon la martingale: amante sen-suelle plus mère solide de vosenfants) dès l’instant où vous lacroisez. L’histoire, c’est que Dimi-tri la croise aussi. Rififi chez lesPizarnik,compliquéduretourinat-tendu du père de la fillette, quisemblevouloirmettretoutlemon-ded’accord.

Maisqu’onserassure,pasdetra-gédie ici. Les deux frères s’aimenttrop pour cela. Juste de la cruautéet de l’amour, du hasard et de lafatalité, de la santé et de la mala-die, de la vie et du trépas. Le train-train,quoi,de l’injusticeetdubon-heur quotidiens, mais trousséavec une élégance souveraine,entre bleu (les Pizarnik) et rouge(Judith et sa fille), nuit et jour, gra-vité et tendresse. Kahn et Stocker,stupéfiants, ont trouvé la justenote de ces vieux garçons boule-versants, Bourgoin est impérialeen sa beauté rehausséed’esprit. Lefilm, à notre connaissance, aéchoué à l’épreuve de tous lesgrands festivals de la saison : lafinesse est décidément un handi-cap. p

JacquesMandelbaum

Film français d’Axelle Ropert.Avec Louise Bourgoin, Cédric Kahn,Laurent Stocker. (1 h42).

Rencontre

Dans Tirez la langue,mademoisel-le, le deuxième long-métraged’Axelle Ropert, il y a deux frères.L’un, dixit l’héroïne, est pareil aubéton; l’autre noie ses larmesdansunocéand’alcool. Tousdeuxhabitent le 13e arrondisse-ment de Paris, ses tours grises,ses trottoirsmouillés par l’eau depluie.

A 40 ans, la réalisatrice a vécules trois quarts de sa vie dans cequartier. Voyez-la, fin août, prèsdes dalles de la place d’Italie, unverre à lamain: elle ressemble àsespersonnages, «la» Ropert, soli-de et liquide à la fois.

Solide, commesonbagage litté-raire et cinéphile, qu’elle a parfaitd’hypokhâgneau lycéeHenri-IVen critiques de filmpour desrevues spécialisées (La Lettre ducinéma, Les Inrockuptibles). Eninterview, cette assise lui permetde bâtir d’imparables argumenta-tions, auxpositions aussi brillan-tes qu’arrêtées. Sur le numérique,par exemple, elle dit : «L’industrienous impose ce format, c’est unscandale. Le numériqueoffre uneimagepropre, froide et gélifiée,sans chair, ni grain, ni nuance,ni vie. Je tourneraimonprochain

filmen argentique, quoi qu’ilm’encoûte.»

Sur sonquartier, elle est à pei-nemoins définitive: «Paris est undécorde cinémaunpeu épuisé. Le13eest l’undes seuls arrondisse-ments encore vierges, ou presque,sur grand écran. C’est un lieu com-posite, qui ne révèle pas immédia-tement ses beautés, où lemodernecôtoie l’archaïque, commedanscertains quartiersnew-yorkais.»

Chez les Ropert, tout lemonde– sonpère, samère, son frère, sabelle-sœur– estmédecin.D’où,peut-être, ce savant dosaged’aplomb, de sagesse et d’atten-tion, qui irrigue ses récits : «Aucinéma, lesmédecinsapparais-sent soit commedes provinciauxpépères, soit commedes dingospervers.DansTirez la langue,mademoiselle, j’ai voulumontrerles vertusanciennes de cemétier,le soin, la sollicitude.»

De fait, dans ses films, lafamille est cet espaceprotecteurqui guérit de la dureté dumonde.Ainsi en était-il de La FamilleWol-berg, son premier long-métrage,sorti en 2009. Ainsi en est-il desfrèresmédecins de Tirez la lan-gue…,dont la complémentaritéévoqued’autres couplesde tra-vail : celui, par exemple, que for-

ment SandrineKiberlain et Isa-belleHuppertdansTip Top, les fli-quettesdéjantéesduquatrièmefilmde SergeBozon (en salles le11septembre), dont elle a cosignéle scénario.«Je collabore avec Ser-ge depuis plus dedix ans, il vit toutprès de chezmoi, dans unapparte-ment que lui louemamère. Notrerelationest plus prochedu duodeTip Top, colérique et tapageur, quede celui deTirez la langue…», glis-se cettemèrede deuxenfantsdansun sourire.

«Boule de gomme»CarRopert n’est pas que robus-

tesse et bel ordonnancement.L’édificeparfois se fissure et laisseperler de troublantes gouttesd’émotion.C’estAxelle la romanti-que, féruede Jean-JacquesRous-seau, qu’ellemettait en scène,sous les traits de LouCastel, danssonpremiermoyen-métrage,Etoi-le violette, en 2004 : «L’innocencedeRousseaumebouleverse jusquedans sa folie. C’est unpervers quis’ignore, d’avant la psychanalyse.Je crois qu’on estmeilleur cinéastequandonn’a pas fait de psychana-lyse. Les passions tristes que sontla jalousie, le ressentimentou lamanipulationnem’intéressentpas. J’aime les personnages

entiers, sans calcul ni arrière-pen-sées. C’est ce quime touche tantchez James L.Brooks ou FrançoisTruffaut, des cinéastes qui ne cher-chentpas à tout prix àmontrerleur intelligence, leur raffine-ment.»

CetteAxelle-làn’a réponse àrien: pourquoi, par exemple,Tirez la langue… est-il ponctuéderouges et de bleus, commeseslèvres et sa robe le jour denotrerencontre? «Mystère et boule degomme, riposte-t-elle.Pendantl’écriture, il y a des histoires, descouleurs, des lumières quim’arri-vent.Mais si je ne sens aucune idéedemise en scène qui frémit, je lais-se tomber.»

Elle s’épanche, digresse, évo-que ses projets, une comédieromantiqueet un filmen costu-mes autourd’uneprincesse sur-douéeduXVIIIesiècle, lesbienne«en sous-main». Soit deuxgenres«périlleux»,qu’elle attaque com-meon se lanceundéfi, se promet-tant d’éviter ici lamièvrerie, là lanaphtaline.

Audétourde ses phrases, uneexpression revient souvent:«Laisser imprégner.»De là dérive– qui sait? – la belle assurancequicouledans ses yeux.p

AurelianoTonet

«LeMajordome» reprend la tête du box-officenord-américainLeMajordome,de LeeDaniels, a repris la tête dubox-officenord-américain ceweek-end, selon les chiffres provisoires publiés lun-di 2septembre. Le filma engrangé 20millionsde dollars (79 autotal) pour sa troisième semaine sur les écrans américains. LedocumentairedeMorganSpurlock,OneDirection, le film, a récol-té 18millionsde dollars pour sonpremierweek-endd’exploita-tion. LesMiller, une famille en herbe chute à la 3eplace, avec15,9millionsde recette (112,9 enquatre semaines).

Un film enpréparation sur la vie du pape FrançoisUn film retraçant la vie dupape François est enpréparationenArgentine, affirmemardi 3septembre la revue spécialiséeVariety. Le film, qui a pournomHistoire d’un curé, sera réaliséparAlejandroAgresti avecRodrigode la Sernadans le rôle de l’an-cien archevêquedeBuenosAires, Jorge Bergoglio.

Dakota Johnson et Charlie Hunnamdansl’adaptation au cinémade«50nuances deGrey»L’auteurbritanniquedubest-sellerCinquantenuancesdeGrey,E.L. James, a annoncé lundi 2septembre sur Twitter que l’Améri-caineDakota Johnsonet le BritanniqueCharlieHunnaminter-préteraient respectivementAnastasia Steele et ChristianGreydans l’adaptation cinématographiquedu livre. Le film, réalisépar la BritanniqueSamanthaTaylor-Johnson, est attendudansles salles américaines le 1eraoût 2014.

Maisqu’onserassure,pasdetragédiechezRopert.Lesdeux

frèress’aimenttroppourcela

Cédric Kahn et Laurent Stocker incarnent avec justesse deux frèresmédecins amoureux de lamême femme. DR

DurififichezlesfrèresPizarnikAxelleRopertmetenscèneavec finessedeuxmédecins frappéspar levirusde l’amour

12 0123Mercredi 4 septembre 2013

styles

B anc en bois marqueté auxallures de longboardhawaïen, timbales en porce-

laine façon clochettes des bois,lampesenvitrailrappelantdesbal-lons de baudruche…: telles sontquelques-unes des œuvres d’ex-ception que l’on pourra admirersouslanefduGrandPalaisà l’occa-sion de la première édition dusalon Révélations, organisé dumercredi 11 au dimanche 15 sep-tembre, à Paris.

Ce salon destiné au grandpublic qui réunit, sur 6000m2,265exposants, de l’artisan d’art àl’artiste, du designer aux galerieset grandes maisons dont le Mobi-lier national, Sèvres ou Daum, estle dernier pari fou d’Henri Jobbé-Duval, fondateur de la Foire inter-nationale d’art contemporain(FIAC) en 1973.

L’expert, reconnu dans lemon-de de l’art et de la culture pouravoir aussi participé au succèsd’Art Paris et du Salon du livre, arelevé le défi lancé par SergeNico-le, le président d’Ateliers d’art deFrance, demettre sur pied un ren-dez-vous international desmétiers d’art et de la création, uneannée sur deux, en alternanceavec la Biennale des antiquaires.L’affaire n’est pas aisée, l’universde l’atelier étant souvent considé-ré, en France, avec un brin decondescendance.

«Cela me rappelle les années1970, jubile Henri Jobbé-Duval,quand je lançais la FIAC. L’artcontemporainn’étaitalorspas res-pecté.Lesautoritésdel’époquepen-saient même que, au-delà de l’im-pressionnisme, l’art était mort etles galeries, qui font vivre les artis-tes, étaient déconsidérées. Ces der-nièresne rêvaientquedeparticiperà la Biennale des antiquaires pourgagner en respectabilité.»

Cette fois-ci, Henri Jobbé-Duvals’estheurtéàdes«cloisonnementsentre artisans d’art qui peuventêtre parfois méprisés, considéréscomme de piètres artisans ou depiètres créateurs» et les artistes oules grandes manufactures. «Lesmétiersde lamainontétédévalori-sés pendant des décennies dans

notre pays, alors que,vu de l’étranger, ilssont synonymes del’art de vivre à la fran-çaise. Les pays étran-gers ont été d’ailleurs

les premiers à adhérer ànotre projet, notammentla Corée du Sud et leJapon», précise le sexagé-naire à l’œil qui frise.Une autre star dumilieu,

le designer Adrien Gardère,scénographedu Louvre-Lens, a étéappeléà larescousseafinquel’évé-nement marque les esprits. « Ils’agissait que les maîtres d’artsoient traités à la même enseigneque les grandes maisons, qu’ilsaientaccèsàlamêmetable.Moiquiai débuté par l’ébénisterie à l’écoleBoulle, j’ai compris…», dit-t-il.

SouslaverrièreduGrandPalais,une seule allée centrale dessert lesstands abrités derrière une façadecommune de claustras, identiquepourlesgrandsetlespetits.Aucen-tre de cette grande avenue, une

succession de tables permet d’ad-mirer, sur 70 mètres, 130piècessignées par 65artistes. Commepour le Louvre-Lens, dans la gale-rie du Temps mise en scène parAdrien Gardère, les œuvres dialo-guent entre elles et le public peuttourner autourd’elles.

«Porcelaine, bougeoirs, mobi-lier, textile, ornements en bronze,ébénisterie… Une grande partiedes métiers d’art proviennent dela tradition française des tablesroyales : j’ai repris cette idée debanquet pour montrer l’éventaildes savoir-faireet surtout, l’intelli-gence de lamain», précise le desi-gner et muséographe, dont l’unedes prochaines réalisationsconcerne lemusée de la romanitéàNarbonne(Aude),avec l’architec-te Norman Fauster.

Dans les stands de Révélations,le visiteur pourra aussi admirer lebureau en fibre de carbone réalisépar le Mobilier national sur uneidée de ChristianGhion, les récen-tes œuvres d’Haviland pour l’art

de la tableou lemobilierd’artiste sculpté dans lemétal, le béton et le ver-re d’ErwanBoulloud.

Henri Jobbé-Duvalréussira-t-il ce nouveau«coup»,lanceravecRévé-lations le salon des artsdécoratifs du XXIesiècle?Pour la première édition,

500exposants ont afflué etla moitié ont été retenus par

un comité de sélection, censéconserver l’excellence. «Ce Salonnepeutqueréussir, assurel’intéres-sé, car il exprime une attente de lasociété, celledemettre l’humainaucœur de la création ; en plus, leGrand Palais, ce lieu emblémati-que et spirituel comme une cathé-drale,m’a toujours porté chance!»C’est aussi l’avis de Jean MarcGady, l’une des figures émergen-tesdudesignfrançais,quiprésen-te avec le collectif d’artisans FortRoyal plusieurs pièces dont lemobilier Shitake enmarqueteriede paille, un peu japonisant.

Maisaussiunparaventà la cheve-lure de métal, ou des lampes envitrail, le tout « très complexe àfabriquer».«Onpenseque la créa-tion contemporaine passe par leminimalisme des lignes et que lesartisansd’artnepeuventpas s’ex-primer. C’est faux. Les métiersd’art sont un mode d’expressionprivilégié de la création contem-poraine, lorsque celle-ci est por-teuse d’émotion ou de poésie »,précise ledesignerquiacommen-cé, il y a plusdedeuxans,une col-laboration fructueuse avec Cra-man Lagarde, ébéniste-marque-

teur à Revel (Haute-Garonne).Ces ateliers d’art, selon Jean-

Marc Gady, sont «de mini-boîtesde luxequ’il faut révéler.Grâceauxgestes anciens qu’ils maîtrisent, àl’excellence de la main et de lamatière…Sionleurdonneunalpha-betcontemporain,onse rapprochedumarchéde l’art»,assène l’archi-tecte designer, qui s’y connaît enmatière de luxe, pour avoir tra-vaillé chez Louis Vuitton, BaccaratouChanel. Il y auraitdoncunmar-ché d’amateurs et de collection-neurspour laproductiondehautefactureet les artistesde lamatière.LeGrandPalais en sera, dans quel-ques jours, la vitrine. p

VéroniqueLorelle

Révélations, le Salon desmétiers d’artet de la création. Grand Palais, avenueWinston-Churchill, Paris 8e. Du 11 au15septembre. Pays à l’honneur : laNorvège. Avec colloque «Art, créationet société : la parole aux artistes »et conférence quotidienne. www. revela-tions-grandpalais.com. Entrée : 10¤.

ENCHOISISSANTL’ÉNERGIEpourthèmede son édition 2013, qui setiendradu6au 10septembreàVil-lepinte (Seine-Saint-Denis), leSalonMaison&Objet entend fairefront contre lamorosité liée à lacrise.«Dans ce paysageassombri,l’on cherchedes rayonsde lumière,expliquePhilippeChomat, de ladirectiondes SalonsMaison&Objet. Les créateursapportentdu souffle nouveau, font circulerdes énergies nouvelles, remuentidées, concepts et formes. Ce sontdebonnes énergies dont senourris-sent les sociétés et sans lesquellesla société recule.»

Les trois orchestrateursdes ten-dances du salon, Elizabeth Leri-che, VincentGrégoire et FrançoisBernard, ont concocté unpar-cours et des espaces sous desangles apparentés au thème rete-nu et intitulés: Illuminations,Funt@sy, et Psychotropia.Concrè-tement, si la lumière, la rêverie etle spirituel forment la toile de

fonddu salon commeautant d’as-pirations aumieux-vivre et aubien-être, les tendances fortes enmatièrededécoration restent cen-trées sur le vintage, le designindustriel, l’attachementà la natu-re, au végétal et aux «ailleurs»plusoumoins exotiques.

Une vision durable du luxeLesmatièresnaturelles, respec-

tueusesde l’environnement, sonttrèsprésentesdans les collectionsdes fabricantsetdesigners, quiregorgentde fibresde chanvre,cotonbiologique, soie, bambou.Priséeségalement, les fibresplusluxueuses tellesque le cachemireet l’alpaga. Les 200exposants fran-çais et internationauxqui separta-gent lesquelque9000m2de l’es-paceappeléEthnic-Chicprouventque l’attraitdupublicpour lenatu-rel et les voyages sepérennise.

Onaimes’entourerd’objetsquiracontentdeshistoiresd’hommesetde sociétés, qu’elles soient loin-

tainesouproches.Cela sevérifieauSalon, qui continued’agrandirsesespacesd’histoiresdevoyagesetde créationsduboutdumonde.Acommencerpar la Thaïlande,invitéed’honneurde cette édition.

Plus proche, la Belgiquenousinvite comme chaque année àdécouvrir sesmeilleurs créateurs

etmaisonsd’édition grâce à Bel-gium is Design, un label au servi-ce du design, communaux diffé-rentes régions du pays. La lampede chevet Chopper Light, deThierry Bataille, retient l’atten-tionpar son alluremalicieuse etson concept entièrement écologi-que. Le designer utilise unmaxi-

mumde produit dans un seulpanneauet réduit le plus possibleles chutes ; toutes lesmachinesutilisées fonctionnent avec l’éner-gie photovoltaïque.

Entrepriseset créateurs fran-çaisne sont pasoubliés.Décou-verts en 2012 auNow!, le «off» duSalonMaison&Objet, AdrienCampetCyril Jouve reviennentexposer leur visiondurableduluxe. Sous le labelDifferentandDifferent,unemarquedemobi-lier design française – commesonnomne l’indiquepas, ils propo-sent desmeublesminimalistes enacier entièrement recyclable et enbois issusde forêts géréesdefaçon responsable.

Lesmétiersd’art voient l’espa-cequi leur est consacré s’agrandir,preuvequedesign et savoir-faireformentunbeau couple, qui dure.Les petits éditeurs, quant à eux,poursuivent leurprogression, àl’instarde Petite Friture, qui pré-sente ses désormais fidèles créa-

teurs, ConstanceGuisset et JensFager, aux côtés denouvellespousses françaises, scandinaves,britanniques, etc.

La table et la cuisine s’invitentenhôtesdeprestige auSalon. LeséditeursAlessi et Iittala signentnotammentdes collectionsetaccessoiresavecMarcelWandersetEeroAarnio. LesdesignersSamBaron,KarimRashid, TomokoAzu-mietKlausHaapaniemisont, eux,misà l’honneurparMonnaGlass,uneentreprisedeverres faitsmain, installéeà Istanbul.Dans cemêmeregistreduverre,Nude, lanouvellemarqueducélèbre fabri-cant stambouliotePasabahce,pré-sentpour lapremière fois auSalon,dévoileune collection inédi-tedudesignerRonArad. p

MélinaGazsi

Salon Maison &Objet. Parc des exposi-tions de Paris-Nord-Villepinte. Réservéaux professionnels. Du6 au 10septembre.Tél. : 08-11-04-00-96.maison-objet.com

«Unegrandepartiedesmétiersd’artproviennentdelatradition

françaisedestablesroyales. J’airepriscette

idéedebanquet»AdrienGardèrescénographe

Ci-contre : sculpture de verresoufflé «TheWood Spring»duNorvégien Andreas Engesvik(Norwegian Crafts), 2013. DREn dessous, bol en cuivrede la collection «Ephémère»deGladys Liez, 2013. GLADYS LIEZ

DesignLapremièreéditionduSalonRévélations,àParis,glorifiel’artappliqué

ArtistesdelamatièresouslanefduGrandPalais

LeSalonMaison&Objetmetdel’énergiedanslacréation

La troisième édition de la ParisDesignWeek, qui a lieu du 9 au15septembre, est placée cetteannée sous le signe des «éner-gies», à l’instar du thème fédé-rateur du SalonMaison &Objet.Rencontres, visites d’ateliers,expositions, conférences…A chaque jour, ses événements.Ainsi, chez Poltrona Frau, Jean-Marie Massaud évoquera l’artde l’assise ; dans la salle duRoyal Monceau et chez Colette,Ora-Ito abordera la questiondes liens entre technologie et

design, avec la réalisation d’unécosystème autour de la mobili-té ; au Lieu du Design, MaurizioGalante explorera la thémati-que design et tourisme. Auxpuces de Saint-Ouen, une expo-sitionmettra en lumière le tra-vail d’Odile Decq, architectedesigner punk. Enfin, une cin-quantaine de projets inédits dejeunes designers seront présen-tés à l’espace Now de la Cité delamode et du design (program-me et adresses : Parisdesi-gnweek.fr).

Chaise «Mimosa»,en laque, encre etvernis, par ChantalSaccomanno etOlivier Dayot, 2012.C.SACCOMANNO&O.DAYOT

Mobilier «Shitake» enmarqueterie de pailleteintée, design de Jean-Marc Gady, réalisationCraman-Lagarde pour Fort Royal, 2013. J.-M.GADY

LaParis DesignWeek, unparcours dense et pédagogique

130123Mercredi 4 septembre 2013

Seamus Heaney est là…» Il y aquelquesjoursàpeine,enaoût,dans les rues d’Enniskillen, enIrlande du Nord, on murmu-rait que le grand poète hono-rait de sa présence le Festival

Beckett. Commesi le PrixNobelde littéra-ture (1995) avait tenu à venir saluer unedernièrefoisunautrePrixNobel irlandais(SamuelBeckett, en 1969) avantde tirer sarévérence.

Ce fut sa dernière apparition enpublic.Seamus Heaney est mort, vendredi30août,dansunhôpitaldeDublin,«aprèsune courtemaladie», a indiqué sa familledans un communiqué. Agé de 74ans etvénéré dans son île natale, il était l’un despoètes anglophones les plus lus et appré-ciésdans lemonde.

D’inspiration élégiaque, la poésie deSeamus Heaney joue sur les chocs descontrastes: laviolencede lasituationpoli-tique en Irlande d’une part, la douce sen-sualité de la nature et de ses paysages del’autre. Il fautdire qu’Heaneyaura très tôtétémarquéparlavieruraletraditionnelle.

Aîné de neuf enfants, il naît le 13avril1939 à Castledown, dans le comté deDerry, en Irlande du Nord, au sein de laminorité catholique. Son père est éleveuret vendeur de bétail. Heaney passe sonenfance à la ferme, fasciné par « cettefamille qui n’en finit pas de s’étendre»,c’est-à-dire les nombreuses naissances deses frères et sœurs. Fasciné aussi par lesbeautés et lesmystères de la nature envi-ronnante.

DanssondiscoursdeStockholm, il évo-que avec tendresse la façon dont cetteenfancedans«unepetitefermedetroispiè-cesetsousuntoitdechaume» l’aurafinale-mentprotégédesduretésdumondeexté-rieur.Commesil’essentiel–lanature, l’hu-milité, la fraternité et la force intérieurequi en émane –, s’était profondément ins-crit en lui dès ces années-là.

A l’école,où ilestboursieretapprendlegaélique, Heaney passe avec autant debonheur«de la terre de la fermeau ciel dela connaissance». Il commence à écrire àBelfast,oùilétudiela langueetla littératu-re anglaise à l’université Queen’s et se lieavec d’autres poètes d’Irlande du Nord. A27 ans, il publie son premier recueil,DeathofaNaturalist (Mortd’unnaturalis-te) chez son prestigieux éditeur de tou-jours, Faber and Faber (1966).

La même année, il est nommé maîtredeconférencesàQueen’s,oùil restera jus-

qu’en 1972. Plus tard, il sera enseignant àDublin puis à Harvard, et enfin à Oxford,où iloccupera lachairedepoésie jusqu’en1994, continuant de partager sa vie entreenseignement, lecturespubliquesetcréa-tion poétique.

Identité complexe et déchiréeDèsMort d’un naturaliste et Door into

the Dark (Porte vers le noir, 1966), Heaneyaffirme un sens profond de son identitéirlandaise.Uneidentitécomplexeetdéchi-rée,faitedestrateshistoriqueset linguisti-quesetmarquéede façonindélébilepar leconflit entre les deux Irlande. En 1975, ilpublie North, un recueil d’impressionsd’IrlandeduNord,souventconsidérécom-me l’unede ses plus grandesœuvres.

S’il n’a aucune affinité avec les activis-tes républicains irlandais, il avoue com-prendreleur«passiondelarevanchetriba-le ». « La poésie existe à l’intérieur decontrées culturelles; elle peut les transcen-der, se diffuser au-delà de celles-ci,mais savie première se situe à l’intérieur d’un cer-tain domaine de langage», déclarait-il en1991.

Lesgrands livresde lamaturité–Winte-ring Out (La Traversée de l’hiver, 1972),North et Field Work (Fouille, 1979) – ten-denttoutefoisàélargir lavisionprofondé-ment tragique et à donner à cette identité

irlandaise une valeur universelle et sym-bolique.

L’Irlande, la tourbe, la boue, les «sels dela terre»… Mais aussi l’histoire, les légen-des celtiques, les racines paysannes: telleest donc la matière première de SeamusHeaney. Chez lui, cependant, la référenceausolnatal, jamaisenfermante, sedoubled’unevastecultureeuropéenne,oùDanteoccupe une place centrale. L’écriture esttoujours simple et limpide.

«Heaney, toute sa vie, est resté fidèle àsa conviction première selon laquelle lapoésie se doit d’êtreà la foismystérieuse etaccessible, remarque le poète britanniquePatrickMcGuinness. Il savaitquecequiestuniversel en poésie n’est jamais abstrait,mais concret ; et que cette qualité concrètene peut être obtenue qu’en creusant pro-fondément au cœur de chaque thème,jamais en le surplombant ou en le regar-dant dehaut.»

Ce qui n’empêche que l’intensité lyri-quedesalangue, saprofondeuréthiqueetla multiplicité des échos qui s’y manifes-tent donnent à la poésie de Seamus Hea-neyunepuissance peu commune: «Dansun sens, l’efficacité de la poésie est nulle,s’amusait le barde irlandais. Aucun poètelyrique n’a jamais arrêté un tank. Maisdansunautre sens, elle est illimitée.» p

FlorenceNoiville

En 1977. IAN BERRY/MAGNUM

13 avril 1939Naissance à Castledown(Irlande duNord)1966Premier recueil, «Death ofaNaturalist» («Mort d’un naturaliste»)1966-1972Maître de conférencesà l’université Queen’s de Dublin1972 «WinteringOut»(«La Traversée de l’hiver»)1975 «North»1979 «FieldWork» («Fouille»)1989-1994Chaire de poésie d’Oxford1995Prix Nobel de littérature30août 2013Mort àDublin

U n redresseur de torts redouté despuissants,maisaussiunmilliardai-re enrichi de sa lutte contre leurs

abus, un fêtard invétéré en même tempsqu’un professionnel de légende: l’avocat

américainRonaldMotley,mort le22aoûtàCharleston (Caroline du Sud) à l’âge de68ans,étaittoutcelaàlafois.Cetalliagefai-sait de lui un personnage de cinéma: il le

fut pour de bon, campé par l’acteur BruceMcGill dans le film The Insider (Révéla-tions), de Michael Mann, sorti en 1999, oùjournalistesetavocatscourageuxsontauxprisesavec l’industriedutabac.

RonaldMotleyétaitunpraticienaccom-pli des class actions – actions de groupeourecours collectifs – permettant de fusion-ner un grand nombre de plaintes indivi-duelles dans un procès unique. Son plusgrand titre de gloire a été d’obtenir gain decause contre les cigarettiers américains,qu’il fit condamner en 1998, au nom desEtats se plaignant des dépenses de santéduesautabagisme,àuneamendecolossalede 246milliards de dollars, payable sur lesvingt-cinq années suivantes. Son cabinet,selonlapresseaméricaine,auraitengrangé

à cette occasion2milliards dedollars d’ho-noraires. Ses succès professionnelsn’avaientpuluifaireoublieruneaccumula-tion de drames dans sa vie personnelle: lamort, alors que lui-même avait 13ans, deson plus jeune frère, puis celle de son filsMarken2000à lasuited’uneerreurmédi-cale.Grandefumeuse,samèreestmorteen1984,victimed’uncancerdupoumon.

S’il travaillait dur, Motley faisait la fêteavec autant d’énergie. En 1999, il loue lesservices d’un célèbre groupe de funk rock(Earth,Wind&Fire)pourjoueràsontroisiè-memariage.Sonstyledevieextravagantetson penchant notoire pour la boisson nel’empêchaient pas de pouvoir plaider aulendemainmatind’unenuitd’excès.

RonaldMotley est né le 21octobre 1944

dans un milieu modeste. Son père étaitgérantd’unestation-serviceAmocoàChar-leston, ville où il a obtenu ses diplômesdedroit. Jeune avocat au milieu des années1970,ilpoursuitd’abordlesentreprisesquiexposent leurs salariés ou leurs clients àl’amiante. Il forgeau fildesannéessarépu-tationparsontalentàexploiter lamoindrefaille de l’adversaire et à lui réserver lespires surprises.

Menaces demortAvecsesassociés, ildéveloppeàl’échelle

nationale un véritable réseau d’avocatsidentifiantleslitigessusceptiblesdedéclen-cher l’action de son cabinet. Fort de sesgains sur les affaires d’amiante, il se lancedans la bataille contre le secteur du tabac,

qui se terminepar la victoirede 1998.Mot-leyfinitparadopter le luxedesesadversai-res, cumulant résidences, avion privé,yacht personnel, effectuant aussi forcedonationset créantune fondationaunomdeson fils. Cible de fréquentesmenacesdemort, il se déplaçait souvent accompagnéd’ungardeducorps.

En 2002, une douzaine d’associés à soncabinet s’en séparèrent, entraînant… desprocès et un changement de nom de lasociété. Celle-ci emploie encore aujour-d’hui 65 avocats. Son affaire la plus ambi-tieuse, mais aussi la plus incertaine, estmenéeaunomdes victimesdu 11-Septem-bre et vise à «coincer» les financiers d’Al-Qaida. p

LucCédelle

disparitions

Poète irlandais,PrixNobelde littératureen1995

SeamusHeaney

Héliconpersonnel

Avocataméricain,adversairedes industriesdutabac

RonaldMotley

21 octobre 1944NaissanceàCharleston (Caroline du Sud)1998Succès historiquecontre des industriels du tabac22 août 2013Mort à Charleston

Enfant, j’étais foudes puits,Des vieilles pompes avec leurs seauxet leurspoulies.J’aimais la chutenoiredes parois, le ciel captif, les odeursD’herbes aquatiques, demoisi et demoussehumide.

Il y en avait un, dansunebriqueterie, au couvercleDebois pourri. Quel délice, le claquement richedu seauQuand il tombait droit au bout de la corde!Si profondqu’onn’y voyaitpoint de reflet.

Unautre, peuprofond, sousun fossé depierres sèches,Grouillait de vie commetout aquarium.Quandonextirpait de longues racines de la gadoueUnvisageblanc planait sur le fond.

D’autres étaientpleinsd’échos etmonappelme revenaitChargéd’unemusiquenouvelle et claire. L’un encorem’effrayait,Car là, dumilieudes fougères et deshautes digitalesUn rat surgit qui giflamon reflet.

Maintenant, fouiller dans les racines, tâter la vase,Narcisse aux grandsyeux, scruter le fondd’une source,Cen’est point là tâched’adulte. Je rimePourmevoir, pour que lenoir résonned’échos.

«Poèmes 1966-1984» (Gallimard, 1988).Traduit par AnneBernardKearney

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AU CARNET DU «MONDE»

Naissance

Pépé Pierre et Elisabethsont très heureux de l’arrivée de

Gabriel,le 13 août 2013 et souhaitent àMarjolaine JARRY et Laurent PINEL,

ses parents,plein de bonheur et de joies à trois.

Décès

Mme Françoise Bove (†),son épouse,

Olivier et Rosa Maria Bove,son fils et sa belle-fille,

Pauline Bove,sa petite-fille,

La baronne Michel Petiet,sa belle-sœur,

M. et Mme Thierry Varèneet leurs enfants,

Mme Véronique Varèneet M. Gérard Naudinet leurs enfants,

M. et Mme Hervé Delacouret leurs enfants,

Les familles Bove, Delacour, Geliot,ont la tristesse de faire part du décès de

M. Gérard BOVE,survenu le 28 août 2013,à l’âge de quatre-vingt-trois ans,à Briançon.

La cérémonie religieuse sera célébréele jeudi 5 septembre, à 10 h 30, en l’égliseSaint-Clodoald, 5, place de l’Eglise,à Saint-Cloud.

L’inhumation aura lieu au cimetièrede Gouzangrez (Val-d’Oise).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Le colonel et Mme Jean-Philippe Brault,Le général et Mme Bernard Lefebvre,Patrice et Soizic Brault,Brigitte Brault et Jean-Pierre Citeau,

ses enfants,Ses petits-enfants,Ses arrière-petits enfants,

ont la tristesse de faire part du décès deMmeGuy BRAULT,née Huguette COLIN.

La cérémonie religieuse sera célébréele jeudi 5 septembre 2013, à 14 h 30,en l’église Saint-Jean-Baptiste de Sceaux.

Danielle Margueritat,Françoise Castro,

ses filles,Thomas et Victor Fabius,

ses petits-enfants,ont le chagrin de faire part du décès de

Alice CASTRO,née ARAMA,

survenu le 23 juillet 2013,à l’âge de quatre-vingt-seize ans.

La crémation a eu lieu le lundi29 juillet.

L’inhumation de l’urne se ferale mercredi 11 septembre, à 15 heures,au c ime t iè r e du Mon tpa rna s se ,3, boulevard Edgar-Quinet, Paris 14e.

Nous avons la tristesse de faire partdu décès de

Pierre FOUILHÉ.Les obsèques auront lieu le vendredi

6 septembre 2013, à 11 heures, au templeprotestant de Versailles, rue Hoche.

Mme Françoise Fouilhé,son épouse,

Ses enfantset leurs conjoints,

Ses petits-enfantsEt arriè[email protected], boulevard de Glatigny,78000 Versailles.

Les membresde la Société française de radiologieont la tristesse de faire part du décès du

docteur Jacques GILLET,survenu le 27 août 2013.

La société française de radiologie salueson engagement au service de l’imageriemédicale.

Le 26 août 2013,Josette GRINDA CAMOUS

a cessé de souffrir.Elle a été accompagnée religieusement

par une messe dans sa paroisse à Pariset une messe au monastère de Cimiez, sonattache de jeunesse et de mariage à Nice.Ses cendres seront auprès de deuxde ses enfants,

Bernard et Jean-Pierre,au cimetière de Peillon-Village.

Sa manière d’être fut d’attentionaux autres, active, concrète avec unegrande douceur.

Les siens ont respecté sa volontéde discrétion dans le partage de leur peineavec ceux qui l’ont connue.

Famille Camous Grinda SommaKinloch,

71, rue Claude-Bernard,75005 Paris.

Claire GUINIERs’est éteinte le 13 août 2013,dans sa centième année.

De la part deNicole et Étienne-Alain Hubert,

sa fille et son gendre,Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfants.Ils rappellent le souvenir de son mari

André GUINIER,décédé le 3 juillet 2000,et de son fils,

Daniel GUINIER,mort en montagne, le 30 mai 1959.

104, boulevard Arago,75014 Paris.

Françoise, Pierre, Anne et Odile,ses enfants,

Ses gendres et belle-fille,Ses petits-enfantsEt arrière-petits-enfants,Les familles Belot, Grenier, Presset,

Minneboo, EscalonaEt toute les familles parentes et amies,

ont la tristesse de faire part de la mort deMaurice JACQUEMIN,

officier de la Légion d’honneur,survenue le 29 août 2013,dans sa quatre-vingt-quatorzième année.

La cérémonie religieuse sera célébréele jeudi 5 septembre, à 10 heures,en l’église Saint-Gilles de Bourg-la-Reine, et sera suivie de l’inhumation,à 16 heures, au cimetière de Saint-Ferjeux,à Besançon.

François de Wendel,présidentdu Conseil de surveillance de Wendel

Et les membresdu Conseil de surveillance de Wendel,

Frédéric Lemoine,président du directoire,

Bernard GautierEt l’ensemble du personnel

de Wendel,Ernest-Antoine Seillière,

président d’honneur de Wendel,

ont la tristesse de faire part du décès de

Jean-Marc JANODET,ancien membre

du Conseil de surveillance de Wendel,ancien administrateur,

directeur général de Marine-Wendelet ancien directeur,

membre du comité exécutif,chargé des affaires financières de CGIP.

Ils se souviennent de la grandecompétence professionnelle et desexceptionnelles qualités humaines,unanimement reconnues de Jean-MarcJanodet et s’associent à la douleurde ses proches.

Vaucresson.Thierry et Sylvie Janodet

et leurs familles,ont la douleur de faire part du décèssubit de

M. Jean-Marc JANODET,ancien directeur financier

du Groupe Wendel,ancien maire de Vaucresson,

président de l’Association des ancienscombattants et victimes de guerre

de Vaucresson,survenu le 1er septembre 2013,à Bourg-en-Bresse (Ain).

La cérémonie religieuse aura lieule jeudi 5 septembre, à 10 h 30, en l’églisede Varennes-Saint-Sauveur (Saône-et-Loire).

Une messe sera célébrée ultérieurementen l’église de Vaucresson.

Cet avis tient lieu de faire-partet de remerciements.

Michel et Danièle Jenger,ses enfants,

Brigitte Jenger,sa belle-fille,

Camille, Marie, Kilian,Alisson et Maÿliss,ses petits-enfants,

ont la tristesse d’informer du décès de

Jean JENGER,administrateur civil honoraire,

ancien directeurde l’Etablissement public

du Musée d’Orsay (1978-1987),ancien directeur

de la Documentation française(1987-1995),

ancien présidentde la Fondation Le Corbusier(1982-1988 et 1990-1992),

survenu dans sa maison de Champvallon,le 28 août 2013.

Ses obsèques ont été célébrées dansl’intimité.

Michel Jenger,37, rue Saint-Fargeau,75020 Paris.Danièle Jenger,6, impasse de la Draille,Jardins de Duranne,13290 Les Milles.

Cahuzac-sur-Vère.Mme Françoise Menasseyre,

son épouse,M. Blaise Menasseyre,

son filset ses enfants,

M. et Mme Bernard Menasseyre,leurs enfants et petits-enfants,

Parents et alliés,ont la douleur de faire part du décès de

M. Denys MENASSEYRE.La cérémonie a eu lieu le mardi

3 septembre 2013, à 14 heures, en l’églisede Cahuzac-sur-Vère.

L’inhumation se fera dans le caveaufamilial dans le Val-d’Oise, au cimetièrede Viarmes, le mercredi 4 septembre,à 15 heures.

La famille remercie toutes les personnesqui s’associeront à sa peine.

Laurence Rateau,son épouse,

Ses enfants,Ses petits-enfants,Sa famille,

ont le chagrin d’annoncer le départ de

Jean RATEAU,1937-2013.

La cérémonie aura lieu le 4 septembre2013, à 14 heures, en l’église de Prunay-Cassereau (Loir-et-Cher).

Geneviève,son épouse,

Nicolas,son filset Odile,sa belle-fille,

Julien et Diane,ses petits-enfants,

Les familles Ribon, Rivière, Albertet Portelli,ont l’immense douleur de faire partde la disparition, le 10 août 2013,à l’âge de quatre-vingt-dix ans, de

Michel RIBON,ancien résistant et déporté,

croix du combattant volontairede la Résistance,

ancien élève de l’ENS de Saint-Cloud,agrégé de philosophie,

officier de la Légion d’honneur,commandeur

dans l’ordre des Palmes académiques,chevalier dans l’ordre du Cèdre,prix de la Renaissance française,

écrivain-essayiste.Les obsèques ont eu lieu à Aix-en

Provence, le 13 août, dans la plus stricteintimité familiale.

Résidence « Le Zola II »,chemin Gilles-Borel,13100 Aix-en-Provence.

Remerciements

Georgette David,son épouse,

Bruno, Dominique et Claire,ses enfants,leurs conjoints,

Ses petits-enfants,Ses neveux et filleuls,

remercient tous ceux qui se sont associésà leur peine, lors du décès le 1er août 2013,à l’âge de quatre-vingt-onze ans, de

Serge DAVID,ancien élève

de l’Ecole normale supérieure,professeur honoraire

à l’université de Paris-Sud Orsay.Une bénédiction a eu lieu le 8 août,

en l’église d’Orsay, suivie de l’inhumationdans l’intimité au cimetière de Saint-Théoffrey-en-Matheysine (Isère)

[email protected]

Anniversaires de décès

En mémoire de mon filsFrédéric BEIGE.

Aujourd’hui neuvième année quetu n’es plus parmi nous.

Peut-être que dans le ciel tu es en paix ;sur terre tu manques à tes enfants, à moiaussi.Un jour enfin je te retrouverai.Je vous en prie, laissez-moi simplement

pleurer.Je vous en prie, ne me demandez pas

de guérir de cette maladie; le deuil d’unenfant est une maladie dont on ne peutse débarasser.

Maudit à jamais ce chauffard drogué,ivre, récidiviste qui nous a séparés.

Je t’aime mon fils.Marie-Thérèse,

ta maman.

Voici trois ans, le 4 septembre 2010,

Henri BLANC,dit Paul NOIROT,

quittait le monde des vivants.

Sa lumière chaleureuse est en nous.

Françoise.

Cela fait trois ans que

René-David DAHANs’est envolé pour son ultime voyagemais il restera à jamais parmi nous.

Gianna Sistu,sa compagne,

Sa famille,Anne-Elisabeth et Sayaka.

Il y a quatorze ans,

Léon VELMONTnous quittait.

Que ceux qui l’ont connu et aiméaient une pensée pour lui.

Cours

Cours d’espagnol à domicile (Paris).Adultes, tout niveau.

Traductions, réécritures.06 63 11 81 59.

Communications diverses

Prix de la découverte poétique 2013.Fondation Simone de Carfort, sous l’égide

de la Fondation de France.Ce prix a pour objet la découverted’un poète d’expression française,

inconnu ou méconnu.Adresser cinq jeux identiques

de 30 poèmes inédits,entre le 18 juillet et le 31 octobre 2013,en pli non recommandé, avec code

(deux lettres, deux chiffres),nom, adresse, parcours poétique

et professionnelet dix timbres dans une enveloppe

cachetée à :A. Baleynaud Joffre,

10, boulevard Diderot, 75012 Paris.Le prix d’un montant de 2.500 € seradécerné au cours du mois de décembre.Aucun retour des manuscrits ne sera fait.

J’ai quatre-vingt-dix ans.Je recherche tous civils ou militairesayant connu la débâcle de 1940

ainsi que des militaires de la classe 43appelés en service au camp d’Auvour

(Champagné), à 12 km du Mans.

Association Aquitainerecherche marraine pour reconstitution

de porte romaineavec ses pierres anciennes.

Contact :[email protected]

0123 est édité par la Société éditrice du «Monde » SADurée de la société : 99 ans à compter du 15décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS).Rédaction 80,boulevardAuguste-Blanqui, 75707Paris Cedex13 Tél. : 01-57-28-20-00Abonnements par téléphone: deFrance32-89 (0,34¤TTC/min) ; de l’étranger: (33) 1-76-26-32-89Tarif 1 an :Francemétropolitaine : 399¤Courrierdes lecteurs: blog: http://mediateur.blog.lemonde.fr/;Parcourrierélectronique:[email protected]édiateur:[email protected]: site d’information:www.lemonde.fr ; Finances : http://finance.lemonde.fr; Emploi :www.talents.fr/ Immobilier:http ://immo.lemonde.frDocumentation: http ://archives.lemonde.frCollection: LeMonde surCD-ROM :CEDROM-SNI01-44-82-66-40LeMondesurmicrofilms: 03-88-04-28-60

J em’enveuxunpeuden’avoirpas, la saisondernière, consa-créunepleinechroniqueàAles-

sandraSublet, qui animait« Càvous», chaque jourà 19heures,surFrance 5.Que regardais-jedoncà laplace?BeaucoupLCI, car latranchehorairequ’y animait alorsMichel Field allait de 17heures à20heures, avec, aumêmemoment, la rubrique«Culturelle-ment show». Ilm’arrivait aussi,assez fréquemment,de regarder«LeGrand Journal», surCanal+.

RegretterSublet, alorsqu’elle adécidédequitteruneémissionquimarchaitdu tonnerre, estunexer-ciceunrien forcé– commeceluide tomberàbras raccourcis surAntoinedeCaunes, ainsique lefontapparemment tantd’observa-teursduPAF.Mais elle était fraî-che,drôle, rieuse, belle, vraie filleet garçonmanqué,piquante etd’unnaturel rareà la télévision.

Et voicidoncAnne-SophieLapixqui lui succède,une jolie etpiquanteblonde, journaliste expé-rimentée, longtempssurLCI avantdegagnerCanal+etd’yprendreles commandesde«Dimanche+»,oùelle était capablede fou rire(celui,mémorable, avecOlivierBesancenot) sans jamais lâcherpri-sedevantdes invitéspolitiquescoriaces.

OnperditunpeuLapixdevuelorsqueCanal+eut la funeste idée,il y aunan,de repousser«Dimanche+»bien après l’heuredudéjeuner, aprèsunmagazineconfiéàMaïtenaBirabenet «LesGuignolsde l’info».

Quelquesmoisplus tard,«Dimanche+» récupéraunhorai-replus idoine,mais le rendez-vousavec lepublic était perdu. EtAnne-Sophieannonçabientôtqu’elle

quittait le service câblépour le ser-vicepublic.

Canal+ sevengea cet été en luiflanquantunprocèspouravoirréponduavant le 31août (fin offi-ciellede soncontrat surCanal) àune interviewpromotionnelleenfaveurde«Càvous», dont lapre-mièreétait le 2septembre.Unpeurevanchardeet crispée, la chaînecryptée…

Alors, cettepremière ?Ehbien,plutôt réussiequantau ton (léger,sympathique)et à la forme (endépitd’inévitablesaccrocs), avecune séquencedeprégénériqueenformedegirl talk entreLapixetSublet sepayant la têtede l’équipedegarçonschroniqueurs.Maisunpeuvidequantau fond, avecdeuxentretienssans grand intérêt

(entreLapixet PatrickMennucci,PatrickCohenetNicolasBedos).

Leparrainde cettenouvelle sai-sonétaitAlainDelon.Cequi en jet-te.Mais l’acteur, venuavec sa fille,Anouchka,aura aussi jetéun froidsur l’effervescenceunpeudissi-péede cettepremièreen lançantque«les gaysqui semettentensem-ble, c’est contrenature» et que«l’armée et lamajoritéà 21ans, çaévitait aux jeunesde fairedesconneries et de se camer». Le souri-re si francd’Anne-SophieLapixs’est figé, etunsilence consternés’est fait autourde la tableoù cepetitmondedîne rituellement.

Delon, c’était vraimentbien,mais ça, c’était avant.p

C’EST À VOIR | CHRONIQUEpar Renaud Machart

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Sainte-Rosalie80

“TORAJI” LA TEMPÊTE TROPICALE TOUCHE LE SUD DU JAPON

En Europe12h TU

Des conditions anticycloniquescontinueront de nous apporterbeaucoup de soleil et de la chaleur encours de journée. On signalerasimplement quelques brumes oubrouillardsmatinaux dans leNord-Est et des cumulus sur lesreliefs alpins pouvant aller jusqu'àl'averse près des frontières. Il ferajusqu'à 34 àMont-de-Marsan.

Coeff. demaréeLeverCoucher

LeverCoucher

Beau et chaud

Aujourd’hui

Horizontalement Verticalement

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Solution du n° 13 - 208HorizontalementI.Dégringolade. II. Idioties. Lev.III. Li. Tea. Spire. IV. Efféminée.En.V. Tian. Titrage.VI. Tarot.Médium.VII. Anonymes. Le.VIII.Nt. Eros. Aven. IX. Tep. Au.Dia.X. Essentielles.

Verticalement1.Dilettante. 2. Edifiantes. 3.Gi.Faro. PS. 4. Roténone. 5. Item.Tyran. 6.Niait. Moût. 7.Gé. Nîmes.8.Ossètes. Dé. 9. Perd. Ail. 10. Ali.Aï. Val. 11.Dérégulé.12. Evénements.

Philippe Dupuis

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

1. Evite bien des pépins. 2. Prépareles gens de pouvoir. Protège lacouche. 3.Ont trouvé leurssubstituts. 4. Ardent. Défend lemonde des travailleurs. En rouge.5. Prépare unemort cruelle etinutile. Arrive en cemonde.6. Le feu dans le bas-ventre. Formed’avoir. 7.Démonstratif. Ouvreaumonde du travail. Liaisons enIle-de-France. 8.Difficile de luirésister. 9.Dans lamusiquehindoue. Mouvements demasses.10.Doublé romain. Personnel.Point. 11. Beau parleur. Mesuredu temps. 12. Primordial.

I. Permet une dernièremise aupoint. II. Comme une société quine sait pas redistribuer. III. Le feului est promis. Possessif. Entrenten action. IV. Fait son entrée dansles discussions sur les retraites.V. Sur l’écu. Docteur enseignant.Article.VI. Rois de Norvège.Traverse. Chez Barack Obama.VII. En Soâne-et-Loire avecl’accent, en Géorgie sans.Disposera délicatement lescouleurs.VIII. Tendre amie.Assurent une bonne distributiondu gros rouge. IX. Extrait de lafève de Calabar. Raté raté.X. Plusieurs fois pharaons.Négation.

Mardi3septembreTF1

20.50Mentalist.Série. Ticket gagnant. La Tête ailleursU (S5,1 et 2/22, inédit) ; Frères de sang (S1, 22/23)V.23.20 Restos du coeur.Quatre saisons au cœur des Restos (65min).

FRANCE2

20.45 Secrets d’Histoire.Moi, Charles Quint, maître du monde. Magazine.22.20 Saint-Tropez, histoiresecrète d’un petit port de pêche.23.25 La Promesse du plaisir.A la recherche du point G (55min)W.

FRANCE3

20.45 Famille d’accueil.Série. Une petite héroïne. Retour d’affection(saison 10, 9 et 10/10). Avec Virginie Lemoine.22.30Météo, Grand Soir3.23.40 36 Vues du pic Saint-Louppp

Film Jacques Rivette. Avec Jane Birkin, SergioCastellitto, André Marcon (Fr., 2009, 85min).

CANAL+

20.55Magic Mikepp

Film Steven Soderbergh. Avec Channing Tatum,Matthew McConaughey (EU, 2012)V.22.45 The Queen of VersaillesFilm Lauren Greenfield (2012, v.o., 95min).

FRANCE5

20.46 LeMonde en face-La France des villages. Documentaire.21.39 Invités : Sylvie Calvez et Michel Fournier.21.53Quand la tour Eiffel se dévoile.22.47 C dans l’air. Magazine.23.59 L’Enigme du suaire de Turin.Documentaire. Toby Trackman (2012, 45min).

ARTE

20.50Thema:Transitionénergétique.L’Allemagne devant et tous derrière. Documen-taire. Dirk Laabs et Michael Wech (2013).22.05 Se chauffer autrement. Documentaire.22.35 Les Maldives :le combat d’un présidentFilm Jon Shenk (Etats-Unis, 2012).0.00Histoire.Chili, le juge et le général (85min).

M6

20.50 LOL (Laughing Out Loud)Film Lisa Azuelos. Avec Sophie Marceau,Christa Theret, Félix Moati (France, 2008).22.40 Un bébé à tout prix.[1 et 2/2]. Documentaire. Sylviane Schmitt.0.40Un bébé à tout prix, 2 ans après.[1 et 2/2]. Documentaire (115min).

météo& jeux écrans

Sudokun˚13-209 Solutiondun˚13-208Mercredi4septembreTF1

20.50 Esprits criminels.Série. Appel de détresse. Mauvaise conduite.Dans la gueule du loupV (S4, 22, 23 et 15/26)U.23.10Dr House.Série. Le Serment d’Hippocrate. L’argentne fait pas le bonheur. Le Cœur du problème(S6, 3 à 5/21). Avec Hugh Laurie (155min)U.

FRANCE2

20.45 La smala s’enmêle.Merci du cadeau. Téléfilm. Thierry Petit.Avec Michèle Bernier, Marc Grosy (Fr., 2012).22.10 Band of Brothers :l’enfer du Pacifique.Série. OkinawaV. Retour au pays (S1, 9-10/10).0.20Bonté divine !Pièce de Louis-Michel Colla. Avec Roland Giraud(le prêtre), Saïd Amadis (l’imam)... (90min).

FRANCE3

20.45 Les Gens du fleuve.[2/3] Le Gange. Documentaire (Fr., 2013).22.40Météo, Grand Soir3.23.45 A tort ou à raison.Série. L’Affaire Leïla [1 et 2/2] (S1, 95min).

CANAL+

21.00 Rugby.Championnat de France Top 14 (4e journée) :Toulouse - Racing Métro 92. En direct.23.00 Jour de rugby. Top 14 (4e journée).23.45 Troupe d’élite :l’ennemi intérieurpp

Film José Padilha. Avec Wagner Moura, IrandhirSantos, André Ramiro (Brésil, 2010, 110min)W.

FRANCE5

20.45 La Maison France 5.Dans le Vaucluse. Présenté par Stéphane Thebaut.21.30 Silence, ça pousse ! Magazine.22.20 Echo-logis.[1/10] Les Echos de l’eau. Documentaire.22.50 C dans l’air. Magazine.0.00 Vu sur Terre.[3/6] Rajasthan. Documentaire (50min).

ARTE

20.50 Le Monde selon Garpp

Film George Roy Hill. Avec Robin Williams,Mary Beth Hurt, Glenn Close (Etats-Unis, 1982).23.00 Le Monde selon John Irving.Documentaire. André Schäfer (2012, 95min).

M6

20.50Maison à vendre. Magazine.Au programme : Monique ; Sandrine et Cyril.22.35 Jennifer et Mathieu ; Pierre et Claudine.0.15 Delphine ; Camille et Hubert (120min).

Lessoiréestélé

Résultats du tirage du lundi 2 septembre.8, 16, 20, 41, 46; numéro chance : 8.Rapports :5 bonsnuméros etnuméro chance : pas de gagnant ;5 bonsnuméros : 163 299,00 ¤;4 bonsnuméros : 1 156,00 ¤;3 bonsnuméros : 12,00 ¤;2 bonsnuméros : 5,70 ¤.Numérochance : grilles à 2 ¤ remboursées.Joker : 7 768492.

Delonfaitsessorties.Lesourire

d’Anne-SophieLapixsefige

dans

CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX

Saveurs interdites

Motscroisés n˚13-209

1

3 2

9

5 7 1 3

1 5 8 7 2

5 7 9 4

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8 9 3 5 1Realise par Yan Georget

7 1 9 4 5 6 8 3 2

6 4 5 3 2 8 7 9 1

2 8 3 9 7 1 5 6 4

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3 5 7 1 8 4 6 2 9

1 2 8 6 9 7 3 4 5

FacileCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Lesjeux

Loto

La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritairedes publications et agences de presse n° 0717 C 81975 ISSN0395-2037

PRINTED IN FRANCE

Imprimerie du « Monde »12, rue Maurice-Gunsbourg,

94852 Ivry cedex

Toulouse(Occitane Imprimerie)

Montpellier (« Midi Libre »)

80, bd Auguste-Blanqui,75707 PARIS CEDEX 13Tél : 01-57-28-39-00Fax : 01-57-28-39-26

Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

16 0123Mercredi 4 septembre 2013

décryptages

ANALYSEpar Cécile DucourtieuxService Economie

Est-ce le chant du cygne ou le débutd’une reconquête? L’annonce cemardi 3septembre de l’acquisitiondu finlandais Nokia par Microsoftest un nouveau signe de l’agitationqui saisit le géant du logiciel. Il ose

aujourd’huimettre lamain sur un grand fabri-cant de téléphonesmobiles car, en dépit de sesprofitsconsidérables, il craintdedevenir lapro-chaine victime du «darwinisme» qui décimerégulièrement le secteurde la high-tech.

Déjà, fin août, Steve Ballmer, le bouillantPDGdu premier éditeurmondial de logiciels, aannoncé qu’il quitterait ses fonctions dans unan. A la tête du groupe américain depuis 2000,il a été lâché par ses administrateurs, aprèsl’échec commercial du lancement de la derniè-reversiondeWindows,sonsystèmed’exploita-tionpourordinateur.Finjuillet, legroupeaaus-si dûpasser dans ses comptesuneprovisionde900millionsdedollarspourlesstocksdetablet-tes Surface qui lui restaient sur les bras.

SteveBallmerpaiepourlesviragestechnolo-giquesmajeursqu’il n’a pas su faireprendreaugroupe de Seattle : la recherche en ligne, les

réseaux sociaux et, surtout, le mobile. Micro-soft, cofondéen1975parBillGatesetPaulAllen,fait partie des pionniers du PC. Mais il n’a pasfait sa mue, alors que ce terminal n’est pluscelui qui est privilégiépour accéder à Internet.

A ce stade, cependant, le groupe est très loind’êtreàterre.Ilrestetrèsrentable,avecunbénéfi-cenetdepresque22milliardsdedollars(16,7mil-liards d’euros) pour son exercice 2012-2013, closle30juin.Maiscesperformancessont trompeu-ses:lesdeuxactivitésclésdeMicrosoft,sonsystè-me d’exploitation Windows et sa suite de logi-cielsdebureautiqueOffice, représententencoreles trois quarts de ses bénéfices.OrWindowsestmenacé par Chrome et Android, les systèmesd’exploitationpour tabletteset smartphonesdeGoogle,efficacesetgratuits.Etdeplusenplusdegenssepassentd’Officeauprofitdelogicielsbasi-quesmais suffisantspour leurusagecourant.

D’autres géants ont chuté bien plus rapide-ment de leur piédestal: qui se rappelle de Palm,qui fabriquait des «agendas» électroniques audébut des années 2000? A l’époque, sa successstory faisait les gros titres des médias. Il a étébalayé en quelques années avec l’apparition delafonctionagendadanslessmartphones,gratui-teettrèssimpleàactiver.LeréseausocialMySpa-ce? Ilaétédésertéenquelquesmois,auprofitdeFacebook, jugémoins «désordre». Et il n’a falluquequelques semainesàGooglepourbalayer lemoteurde rechercheAltavista, en 2001.

BlackBerryetNokiaontaussi étévictimesde

ce mouvement. Le premier a été un des pion-niers des smartphones. Ses téléphones à cla-vier, permettant l’accès à ses e-mails enmobili-té, étaient révolutionnaires au début desannées 2000.Mais le Canadien a raté le viragedu tactile et surtout des applications mobiles,ces petits logiciels téléchargeables, permettantd’àpeuprès tout faireavecsonterminal.Nokia,lui aussi, a loupé la révolution du smartphone,s’obstinant à mettre sur le marché des machi-nes tropmassives et compliquées.

Un rythme infernalMême Apple, pourtant au pinacle, risque la

«ringardisation»s’ilneréussitpaslamisesurlemarchédesonnouvel iPhone,attenduemi-sep-tembre. La concurrencedes terminaux équipésd’Android est en effet extrêmement rude: ilsont le vent en poupe, notamment en Asie, etéquipent déjà presque 80% des smartphonesdans lemonde… En réalité, aucun géant du sec-teur – Amazon, Google ou Facebook – n’est àl’abri. La révolution à venir de la télévision (soncontenuseradiffuséet regardéenprioritésur leWeb), de la reconnaissance vocale ou duweara-ble computing (les montres et autres lunettesconnectées)va encore faire bouger les lignes.

Dans d’autres secteurs – services financiers,agroalimentaire, construction automobile –,on semble s’accommoder davantage des acci-dentsdeparcours.Danslahigh-tech, leserreursse paient auprix fort.

Le progrès technologique et la fameuse loide Moore, qui permet d’avancer inexorable-ment dans la miniaturisation des compo-sants, y sont pour beaucoup. Ce progrès ali-mente la fuiteenavant :unenouveautéchassel’autre. Pour suivre ce rythme infernal, lesentreprises doiventmarier un solidemanage-ment à une créativité toujours renouvelée.Internet, également, explique pour une gran-de part la sélection naturelle à l’œuvre dans lesecteur. Notamment dans les services, le Nettout accessible en un ou deux clics, souventgratuitement, permet à des start-up de lancerde nouvelles fonctionnalités quasiment sanscapital de départ. Pour peu que le relais desréseaux sociaux fonctionne, certaines peu-vent être adoptées en des temps record auniveaumondial.

Dans ce secteur en recomposition perma-nente, la logique va à la constitution demono-poles. Le meilleur rafle la mise, les médiocresdisparaissent. Ce fut le cas d’Apple sur le mar-ché des tablettes entre2010 et 2012, c’est celuide Google depuis quelques années sur lemoteurderechercheetlessystèmesd’exploita-tionpourmobiles.L’aventureestpassionnanteà observer, beaucoup moins à vivre de l’inté-rieur, car si elle crée beaucoup d’emplois, elleen détruit beaucoup d’autres. Mais c’est com-mecela que la planètehigh-tech fonctionne. p

[email protected]

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LA MEILLEURE FAÇON DE VOIR LE MONDE

MÊME APPLERISQUE LA«RINGARDI-SATION» S’ILNE RÉUSSITPAS LA MISESUR LE

MARCHÉ DESON NOUVELIPHONE

U n appel à une renaissancede l’Ecole polytechnique.C’est l’objet de l’ouvrage au

ton direct et un brin provocateurde l’ingénieur Christian Geron-deau (75ans), qui exhorte la presti-gieuse école à sortir de deux centvingt ans d’immobilisme. En cau-se, le contenu de l’enseignement,qui doit, à son sens, être rénové enprofondeur et se tourner vers lesréalités des métiers et des fonc-tions qu’exerceront les 400étu-diants qui y entrent chaque annéeau terme d’un des concours lesplussélectifsdumonde.

Le malentendu sur la vocationde l’écoleestquasigénétique,puis-qu’ilremonteàsacréation,en1794,et à la rivalité qui opposait alorsGaspardMonge, partisan d’étudespratiques expérimentales, ausavant Pierre-Simon Laplace, dontlavolontéétaitdeformerdesscien-tifiques de haut niveau avec desenseignementsplusabstraits.

«Le rêvede toutes lesmères»Pour oser critiquer le symbole

français de l’excellence, « la pouleauxœufs d’or», comme Napoléonlui-mêmesurnommait l’X,«le rêvedetouteslesmères», selonl’expres-sion de Gustave Flaubert, l’auteurpeut se prévaloir d’un irréprocha-ble pedigree : ancien de l’X, biensûr, issud’unelignéedesixgénéra-tionsdepolytechniciensmais, sur-tout, ex-président de l’associationdesanciens, l’AX.

ChristianGerondeauest l’undesinspirateurs de la réforme inscritedans la loi du 12mars 2012, quimodifie en profondeur la gouver-nance de l’institution. Le sujet luitientàcœurdepuisprèsdequaran-te ans puisqu’il a rédigé deux rap-ports, l’un en 1965, l’autre en 2010,appelantà cette révolution.

Grâceà«sa réforme»,qu’iln’hé-site pas à qualifier d’«historique»,

l’Ecoleest, depuis le 1er juillet, dotéed’unvrai patron,unprésident exé-cutifdontlemandatestdecinqansrenouvelable, assisté d’un direc-teur militaire et d’un directeur del’enseignementet de la recherche.

L’auteur livre de savoureuxpas-sagessursa lutte,menéeencatimi-ni pour ne pas réveiller les conser-vatismes, afin de faire adopter cenouveau statut. Cette dispositionlégislative a finalement, et nonsansmal, trouvésaplacedans la loidite «Sauvadet» sur la titularisa-tion dans la fonction publique,adoptéejusteavantl’électionprési-dentiellede2012etquiapeuderap-portavecPolytechnique.

Outre la réforme de la gouver-nance, il faut, selon l’auteur, s’atta-quer au contenu des études, danslesquelles les élèves qui n’ont paschoisi cette voie «par vocationscientifique ou d’ingénieur maispour devenir polytechnicien» netrouvent guère de plaisir ni d’inté-rêt. M.Gerondeau en appelle à«uneremiseencause fondamenta-leducontenudel’enseignementdis-pensé». Pas sûr que le tout nou-veauprésident,JacquesBiot,appré-cie la charge. p

IsabelleRey-Lefebvre

Microsoft et l’horlogetechnologique

La Poule aux œufs d’or. La renaissancede Polytechnique, Christian Gerondeau.Editions du Toucan. 352p., 22¤.

RECTIFICATIFSa SyrieDans l’article consacré auxpreuvesdont disposentParis etWashingtonsur l’usaged’armes chimiques en Syrie (LeMondedu 3sep-tembre), nous avons attribué, par erreur, l’analyse et le décomptedunombrede victimesmortes lors de l’attaquedu 21août dansun fau-bourgdeDamas à celle du 29avril à Saraqeb, dans le norddupays.

a EnergieContrairementà cequi était écrit dans l’article intitulé«Pendant ce temps-là, les réductionsd’effectifs continuent» (LeMondedaté 29août), c’est le groupeTrimet, et nonEramet, qui a signé avec EDFl’accordde reprisedes sites deRioTintoAlcande Saint-Jean-de-Maurien-ne (Savoie) et de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne) le 13juillet.

LE LIVRE DU JOUR

L’agitateurdelapoule auxœufsd’or

170123Mercredi 4 septembre 2013

18 0123Mercredi 4 septembre 2013l’œil dumonde

P ression fiscale, «ras-le-bol fiscal»,«enfer fiscal»… De quoi parle-t-on?Après une baisse – de 44,1% du pro-

duit intérieur brut (PIB) en 2006à 42%en2009–, lesprélèvementsobligatoiressontrepartis à la hausse à partir de 2010 pouratteindre 46,3% en 2013, soit un recordabsoluenFrance.Letauxdeprélèvementsobligatoires, qui était de 34% au milieudes années 1970, s’est établi durablementau-dessusde 42%àpartir de 1993.

Enquoi consistentles prélèvements obligatoires?

C’est l’ensemble des impôts et cotisa-tions sociales prélevés sur lesménages etles entreprises au profit des administra-tions publiques. La notion de prélève-ments obligatoires ne recouvre donc pasl’ensembledes recettes fiscales et socialesvotéesdanslesloisdefinancesetdefinan-cement de la Sécurité sociale. En loi definances initiale, leurmontant prévision-nel en 2013 était estimé à 967milliardsd’euros.

Les destinataires des prélèvementssont la Sécurité sociale, pour environ 55%du total ; l’Etat et les organismes d’admi-nistration centrale, pour un peu moinsd’un tiers ; les collectivités territoriales,pour près de 15% ; l’Union européenne,moins de 1%. Les impôts directs et indi-rects représentent un peu plus de 60%des prélèvements, le reste étant constituépar les cotisations sociales.

Les ressources de l’Etat reposent pres-que exclusivement sur la fiscalité, directeou indirecte. Les plus forts rendementsproviennent de la taxe sur la valeur ajou-tée (TVA, 130milliards d’euros en 2013),l’impôt sur le revenu (50milliards), l’im-pôt sur les sociétés (38milliards) et la taxeintérieure de consommation sur les pro-duits énergétiques (TICPE, 13milliards).

LesorganismesdeSécurité sociale sontenmajeure partie financés par les cotisa-tions sociales, pour près de 70%. Néan-

moins, lapartdesimpôts,quinereprésen-taient que 2% du financement de la Sécuen 1980, a connu une spectaculairemon-tée en chargeàpartir de 1995, pourdépas-ser 30% aujourd’hui. Les principales res-sourcesfiscalessont lacontributionsocia-legénéralisée(CSG,88milliards), lacontri-butionpour leremboursementdeladettesociale (CRDS, 6,3milliards), la contribu-tion sociale de solidaritédes sociétés (C3S,5,2milliards)et lataxesur lessalairespour11,6milliardsd’euros.

Pour les collectivités territoriales, l’es-sentiel des ressources provient de la taxefoncière (26,7milliards), de la taxe d’habi-tation (16milliards), de la cotisation sur lavaleur ajoutée des entreprises (CVAE) quis’est substituée à la taxe professionnelle(11,8milliards) et des droits de mutation(10,8milliards).

A ces grands pourvoyeurs de prélève-ments s’ajouteunemyriadede taxesetdecontributionsdiverses.

L’exception française?Encomparaisondesautrespaysde l’Or-

ganisationdecoopérationetdedéveloppe-ment économiques (OCDE) ou de l’Unioneuropéenne,laFranceaunniveaudeprélè-vements élevé : plus de 10points d’écartaveclamoyennedespaysdel’OCDE.Néan-moins, l’évolution des prélèvements obli-gatoires dans ces pays est à peu près com-parable à celle de la France. En outre, lesprélèvements obligatoires ne sauraientsuffire à caractériser les politiques definances publiques. Leur niveau doit êtremis en regard du niveau de la dépensepublique,desservicespublicsetdespresta-tions sociales dans l’économie. Au coursdesdixdernièresannées, ladépensepubli-que en France a crû de 2,1% en moyenne(+170milliardsd’eurosentre2007et2012).

A partir de 2010, sous l’effet des plansde redressement mis en œuvre dans lespays de l’Union européenne pour réduireles déficits publics, les prélèvements obli-gatoires sont repartis à la hausse. EnFran-ce, en troisvaguessuccessives, ils ontaug-menté de 63milliards d’euros : 20mil-liards en 2011, 17,3milliards en 2012,25,7milliards en 2013.Depuis l’électiondeFrançois Hollande et le changement demajoritéparlementaire, 33milliardsd’eu-ros demesuresnouvelles ont été décidés.

Laquestiondesprélèvementsobligatoi-res ne se pose pas uniquement en termesd’accroissement de leur niveau globalmais aussi de leur progressivité et de leurrôle redistributif.Dufait des réformesdesbarèmesetde lamultiplicationdesnichesfiscales, l’impôt,aucoursdesvingtderniè-resannées,estdevenumoinsprogressifetplus inégalitaire. Au-delà de la «pause fis-cale», c’estaussi lechantierdelajusticefis-cale qui doit être poursuivi.p

PatrickRoger

Pluied’impôtssurlaFranceDepuis2011,M.SarkozyetM.Hollandeontrivalisédecréativitéenmatièrefiscale.Bilandétailléà l’heureoùlesFrançaisreçoiventleuravisd’imposition

RECETTES FISCALES GÉNÉRÉES PAR LES NOUVELLESMESURES

Annualisation des allégements généraux

de charges sociales

Taxation de la réserve de capitalisation

des sociétés d’assurance « exit tax »

Hausse des tarifs de la contribution

au service public de l’électricité (CSPE)

Suppressions ou réductions

d’exonérations de cotisations employeurs

Limitation de la possibilité pour les

entreprises bénéficiaires de reporter

leurs déficits

Suppression du crédit d’impôt

sur les dividendes

Report de la suppression totale de

l’imposition forfaitaire annuelle (IFA)

à 2014

Suppression du bénéfice mondial

consolidé (BMC)

Taxe systémique sur les banques

Hausse du forfait social de 4 % à 6 %

Modulation de la taxe intérieure

de consommation sur les produits

énergétiques (TICPE)

Ressources nouvelles pour la Société

du Grand Paris (SGP)

Hausse de la quote-part pour frais et

charges appliquée aux plus-values de

long terme sur les titres de participation

Suppression du plafonnement

de la quote-part pour frais et charges

sur les dividendes

Aménagement des dispositifs d’aide

à l’investissement dans des équipe-

ments photovoltaïques

Taxation des sommes placées

dans la réserve de capitalisation

par les sociétés d’assurance

Taxe spécifique pétroliers

Hausse des cotisations employeurs

au profit du Fonds national d’aide

au logement (FNAL)

Taxation « au fil de l’eau » des contrats

d’assurance-vie

Suppression du taux réduit de TVA

sur les offres composites « triple play »

TSCA sur les contrats d’assurance-maladie

solidaires et responsables

Contribution supplémentaire de 1 % sur les

hauts revenus et sur les revenus du capital

Hausse du taux de cotisation de la branche

accidents du travail/ maladies profession-

nelles

Alignement progressif du taux de cotisation

des fonctionnaires sur celui des salariés du

privé

Hausse de 1,2 point des prélèvements sociaux

sur les revenus du capital

Majoration de 0,2 point du prélèvement social

de 2 % sur les revenus du capital

Suppression de la réduction des droits

de donation

Abaissement de 75 % à 50 % du taux de la

réduction de l’ISF au titre des investisse-

ments dans les PME

Hausse de 2 % du taux forfaitaire

applicable aux plus-values immobilières

Suppression de l’exonération partielle

de taxe spéciale sur les conventions

d’assurance (TSCA) pour les contrats

solidaires et responsables

Mesures portant sur les retraites chapeaux

Mesures portant sur les stock-options

Alignement progressif du taux de

cotisation des fonctionnaires sur celui

des salariés du privé

Assujettissement aux cotisations sociales

des rémunérations versées par des tiers

Suppression du seuil de cession des valeurs

mobilières pour l’assujettissement aux

prélèvements sociaux

2enmilliardsd’euros

0,3

0,2

0,2

0,2

0,2

0,1

0,1

1,7

1,4

0,8

0,6

0,6

0,6

0,5

0,4

1,6

1,1

1,1

0,4

0,4

0,2

0,2

0,2

0,1

– 0,1

– 0,1

– 0,1

– 0,4

0,1

0,1

0,1

0,1

0,1

0,1

0,1

0,1

0,5

0,4

Généralisation de l’autoliquidationdu bouclier fiscal

Prorogation d’un an du régime à titretransitoire du bénéfice de la demi-partsupplémentaire dans le calcul de l’impôtsur le revenu

Hausse du barème kilométrique

Nouveau barème de l’impôt de solidaritésur la fortune (ISF)

+10,8milliardsd’euros

NOUVELLES BAISSESDES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES

NOUVELLES HAUSSESDES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES

Total haussesentreprises

+6,1milliardsd’euros

Total hausses ménages

SARKOZY

SARKOZY

ENTREPRISES

MÉNAGES

+16,2milliardsd’euros

Présidence de nicolas Sarkozy2011

–0,7

48

46

44

42

401999 2013

46,3

FRANCE : TAUX DE PRÉLÈVEMENTEFFECTIF, en % du PIB

SOURCE : MINISTÈRE DES FINANCES

190123Mercredi 4 septembre 2013 l’œil dumonde

Création d’un taux intermédiaire de TVA à 7 %

Désindexation des barèmes de l’IR, de l’ISF

et des droits de mutation à titre gratuit

Modification de l’abattement dérogatoire

sur les plus-values immobilières

Réduction de l’abattement forfaitaire de CSG

pour frais professionnels de 3 à 1,75 %

Contribution exceptionnelle sur les très hauts

revenus

Révision des modalités de déclarations

de revenus (mariage, Pacs, divorce)

Lutte contre l’évasion fiscale internationale

Réduction de 10 % d’un ensemble de crédits

et réductions d’impôt sur le revenu

Lutte contre la fraude

Augmentation des droits de partage

Réforme de l’accession à la propriété

Hausse des taxes sur les alcools forts

Suppression du bouclier fiscal

Imposition des plus-values de cession

de valeurs mobilières au premier euro

Contributions sur les boissons sucrées

Autres mesures

Contribution exceptionnelle de l’IS

pour les grandes entreprises

Heures supplémentaires intégrées dans

le barème des allégements de charges

Taxe sur les transactions financières

Augmentation du PFL à 21 % sur les

dividendes et à 24 % sur les intérêts

Hausse du forfait social de 6 % à 8 %

Taxation des plus-values immobilières :

modification de l’assiette du droit

d’enregistrement

Aménagement du crédit d’impôt recherche

Report de la réforme du régime fiscal

des mutuelles

Harmonisation de l’assiette de la contribu-

tion sociale de solidarité des sociétés (C3S)

Indemnités de rupture : passage de trois

à deux fois le plafond de la Sécurité Sociale

Hausse de la contribution sur le chiffre

d’affaires des entreprises pharmaceutiques

Suppression de l’abattement de 30 % sur

le bénéfice des entreprises dans les DOM

Taxe sur le chiffre d’affaires des entreprises

soumises au quota de CO2

Autres mesures

Contribution exceptionnelle

sur la fortune

Hausse de 2 points du prélèvement

social sur les revenus du patrimoine

et les produits de placement

Limitation des niches sociales sur

l’épargne salariale (hausse du forfait

social de 8 % à 20 %)

Retour sur les allégements des droits

de succession

Taxation accrue des stock-options

Assujettissement aux prélèvements

sociaux des revenus immobiliers des

non-résidents

Suppression de l’exonération sociale

des heures supplémentaires

Paiement de la contribution

exceptionnelle d’impôt

sur les sociétés de 2013

Contribution due par certains

établissements de crédit (doublement

de la taxe sur le risque systémique)

Contribution du secteur pétrolier

Doublement du taux de la taxe

sur les transactions financières

Mesures anti-abus enmatière

de fiscalité des entreprises

Elargissement du dispositif de départ

anticipé à la retraite (carrières longues)

–1,7

0,8

0,6

0,6

0,2

0,2

0,2

0,1

1

0,1

0,1

0,6

0,8

2,3

– 1,5

– 0,4

– 0,1

– 1,7

1,9 0,9

0,6

0,5

0,5

0,4

0,2

0,2

0,2

0,2

0,2

0,2

0,1

0,1

0,4

1,8

1,8

0,8

0,6

0,5

0,4

0,4

0,3

0,3

0,3

0,3

0,2

0,2

0,2

0,7

Contentieux OPCVM

Baisse du prix à la pompe

de 3 centimes pendant 3 mois

Suppression de la «taxe poisson»

Autres mesures

– 1,3

– 0,3

– 0,1

– 0,1

Contentieux taxe sur les opérateurs Internet

Revalorisation de la décote,

pour protéger les ménages

les plus modestes

Baisse de la TVA sur le livre

Aménagement de la réforme

du régime fiscal des mutuelles

Révision des aides à l’amélioration

de la performance énergétique

Fin de l’exonération d’IS pour les contrats

d’assurance solidaires et responsables

Recentrage des dispositifs d’aide

pour investissement dans les PME

Recentrage de la déductibilité des charges

liées aux titres de participation

Réduction de 15 % de crédits et réductions

d’impôt sur le revenu

Recentrage du prêt à taux zéro + (PTZ+)

avec mise sous conditions de ressources

Limitation de la déductibilité des charges

financières

Application de la quote-part de frais et

charges sur les plus-values de long terme

à la plus-value brute, et non plus nette

Réforme des prélèvements sociaux

des indépendants

Impôt minimum de 50 %, par limitation

de l’imputation des déficits

Réforme du cinquième acompte

Mesures sectorielles de fiscalité

des entreprises d’assurance

Suppression de la taxation des OPCVM

pour les résidents étrangers et création

d’une contribution de 3 % sur le

versement des dividendes

Réforme de la taxe sur les salaires

Taxe poids lourds

Forfait social sur indemnités de rupture

conventionnelle

Réduction des exonérations de cotisations

agriculture

Relèvement de la contribution tarifaire

d’acheminement

Relèvement du taux de cotisation CNAVPL

Hausse des cotisations accidents

du travail-maladies professionnelles

Suppression de l’avantage fiscal

lié à la provision pour investissement

Création d’une contribution patronale

sur les bonus perçus par les salariés

de certaines sociétés de gestion

Harmonisation de la contribution sociale

de solidarité des sociétés (C3S) dans le

secteur des assurances

Imposition au barème des revenus

du capital

Imposition au barème des plus-values

mobilières

Lutte contre la fraude

Réforme de l’impôt de solidarité

sur la fortune (ISF)

Relèvement du taux de cotisation

CNRACL

Baisse du plafond du quotient familial

à 2 000 €

Fiscalisation des heures supplémentaires

et complémentaires

Hausse des droits sur la bière

Assujettissement des retraites

à la contribution de solidarité

sur l’autonomie (CSA)

Création d’une tranche d’impôt

sur le revenu à 45 %

Passage aux cotisations sur la base du

salaire réel pour les salariés à domicile

Contribution exceptionnelle à 75 % pour

les revenus d’activité supérieurs à 1 M€

Renforcement de la taxe

sur les logements vacants (TLV)

Durcissement dumalus automobile

Refonte de la fiscalité du tabac

Assujettissement des indemnités des élus

locaux aux cotisations sociales

Doublement de la taxe sur les retraites

chapeaux

Réforme des plus-values immobilières*

0,5

0,3 0,2

0,3

0,2

0,1

* s’applique également aux entreprises ; non comptabilisée dans les sous-totaux.SOURCE : PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2013, RAPPORT SUR LES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES - INFOGRAPHIE LE MONDE

2

2

4

1,1

1

1

0,8

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1

1

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0,1

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+10,7milliardsd’euros

+4,7milliardsd’euros

NOUVELLES BAISSESDES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES (MESURES SARKOZY)

NOUVELLES HAUSSESDES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES NOUVELLES HAUSSES

DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES

Total hausses entreprises

Total hausses entreprises

Total hausses entreprises

+4

milliardsd’euros

+3,6

milliardsd’euros

Total hausses ménages

Total hausses ménages

Total hausses ménages

NOUVELLES BAISSESDES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES (MESURES SARKOZY ETMESURES HOLLANDE)

+9milliardsd’euros

Total hausses ménages

SARKOZY

SARKOZY

HOLLANDE

HOLLANDE

Total haussesentreprises

+13,1milliardsd’euros

+19,3milliardsd’euros +22,1milliardsd’euros

Entreprises

Ménages

Fin de la présidence de Nicolas SarkozyDébut de la présidencede François Hollande

Présidence de François Hollande2012 2013

–3,7 –1,8

+0,8+0,8

ImprobablessanctionsparSerguei

Reculade d’Obama? Isolementde FrançoisHollande?

Au point où nous en som-mes, après 110000 morts etdeux millions de réfugiés,après le carnage du 21août et

ceux qui l’ont précédé, après deux ans etdemi passés à fermer les yeux sur uneguerre contre les civils qui va d’atrocitésen atrocités, la Syrie n’en était plus à huitjours près ; et peut-être le président amé-ricain n’a-t-il pas eu tort, après tout, deprendre un peu son temps, d’entrepren-dre de rallier le Congrès à sa décision defrapper Damas et de donner donc à l’ac-tionpromisetoute la légitimitédémocra-tique possible.

Cela lui permettra de mettre sous lesyeux de ceux de ses concitoyens que ron-gentlesvirus jumeauxducomplotismeetdu soupçonnisme, les preuves dumassa-cre chimique.

Cela luipermettraderappelerquecetteattaquene futniunebavureniuneerreurmais que, décidée par un régime quidétient l’un des stocks d’armes sales lesplus colossaux de la planète, elle relevaitd’une stratégie.

Cela lui permettra d’alerter l’Amériqueet ses alliés sur le fait que l’importance deces stocks, le nombre et la portée des vec-teurs équipés pour les transformer enbombes,l’intrication,enfin,desunitésspé-ciales chargéesde les gérer et de celles quicommandent à l’action clandestine desservices syriens à l’étranger, en font undanger,nonseulementpour laSyrie,maispour les pays voisins et pour lemonde.

Cela luidonneraletempsderépondreàceux qui prétendent redouter de voir uneactiondeforce«déstabiliser la région»: ladéstabilisation n’est-elle pas déjà là ? Ya-t-ilpiresourced’instabilitéquel’existen-ce d’un régime détenteur de telles armeset déterminéà s’en servir?

Cela lui laissera le loisir de répondre àl’étrange objectionde ceux qui, drogués àla propagande souverainiste, voient enBachar Al-Assad un «rempart contre l’is-lamisme»: rempart contre l’islamisme,vraiment, l’allié, et le relais dans lemondearabe, de l’Iran des ayatollahs? Rempartcontre l’islamisme, sérieusement, le régi-me qui a, pendant presque quinze ans,hébergé le bureau politique du Hamas,branche palestinienne des Frères musul-mans et fer de lance, à ce titre, d’une desformes les plus radicales du fondamenta-lisme? Rempart contre l’islamisme, enco-re, l’homme qui parraine le Hezbollah,contribue à le financer et à l’armer, etappelle, à Homs ou à Qoussayr, ses sec-tionsd’assaut à la rescousse?

Cela lui permettra d’user de son élo-quencepour rappelerque lapaixdumon-de dépend, pour une grande part, de lacapacité dissuasive, donc de la crédibilité,de la parole de l’Amérique – et qu’uneAmérique se couchant, aujourd’hui,devant un Assad n’aurait plus lemoindrecréditpour, demain,dissuader l’Irande sedoter d’armes nucléaires ou la Corée duNordd’user de celles qu’elle a déjà.

Et puis qui sait si ce temps donné à lapédagogie démocratique, à l’échange, àl’écoute des arguments d’autrui, à laréflexion, ne permettra pas au présidentaméricaindeméditer sur l’étrangetéde sapropre doctrine dite de la « ligne rouge»,formuléevoiciunan?Quisaitsi ceneserapas le temps, pour lui, de lire cette «lignerouge» dans l’autre sens, qui n’est peut-êtrepas,hélas, lemoinsexact:«Tuez,Mes-sieursdu régime; tuez tant quevous vou-drez et par lesmoyens conventionnels devotre choix; un seul vous est interdit, quevousnousobligeriezenbannissantdevosarsenaux;et cemoyen,c’est l’armechimi-que»?Etqui sait –onpeut rêver! – si cenesera pas l’occasion, pour l’Amérique etpour lui, de prendre alors la mesure del’hypocrisie de toute solution ne débou-chant pas sur le départ, pur et simple, dudictateur?

Bref, ce que l’on nous présente partoutcommeunreculpeut trèsbienapparaître,aussi, commeunehabilité tactique.

Mais il y a une conditionà cela.Il y a une précaution à prendre pour

que ce temps laissé à la parole et à la pen-

sée porte ses fruits et ne se retourne pascontre les présidents américain et fran-çais.

Et cette précaution, c’est de tout fairepour éviter de laisser le régime syrien etses alliés utiliser, eux aussi, ce délai pour,en même temps que l’on dispersera lescanons et enterrera les centres de com-mandement,intensifierlebourragedecrâ-ne et embrouiller encore davantage lesesprits.

Or il y a un allié de Bachar Al-Assad quibénéficiera, dans les jours qui viennent,d’une tribune inespérée pour plaider lacausedu régime.

Cet allié, c’est Vladimir Poutine.Et cette tribune, c’est ce rituel G20 qui

setient, ces5et6septembre,àSaint-Péter-sbourg, et dont il sera le grand ordonna-teur et l’hôte.

M.Poutine n’étant pas un adepte de larecherche désintéressée de la vérité, il estpeuprobablequecesommet jouesonrôlehabituel de forumde libre discussion.

Pire, M.Poutine étant, dans cette crise,un peu plus qu’un allié, puisque c’est luiqui a fourni au régime syrien ses armeset, sans doute, la formule de ses gaz, il yaura dans les fastes de l’événement, dansle spectacle de l’ex-kagébiste plastron-nant sous les lambris, dans ladémonstra-tion de force qu’il infligera à ses invités,une part d’indécence qu’il serait bond’épargner aux survivants syriens desmassacres.

Accessoirement, et dans l’imminencede frappes dont on nous assure qu’ellesauront lieudès le lendemaindu9septem-bre, c’est-à-dire à peine quelques joursaprès ces festivités, n’y aura-t-il pas, pourMM.ObamaetHollandequelquechosedegrinçant dans le faitmêmede dîner, com-

mesiderienn’était,à la tabledecebelligé-rantdefaitqui finit, encemomentmême,delivreraurégimelesmissilesquiiront, lejourvenu, tenter de frapper leurshélicop-tères de combat et leurs avions?

Pour toutes ces raisons, il serait logi-que, pour Barack Obama, d’aller au boutde l’exercice de sagesse qu’il s’est imposéet qu’il a, par la force des choses, imposé àson homologue français : aller à Saint-Pétersbourg, oui ; mais en bouleversantl’agendade la réunion; enplaçant laques-tion syrienne au cœur de ce qui aurait,sanscela, un insoutenableparfumdegaz;en exigeant, par exemple, le tête-à-têtemusclé dont le maître du Kremlin a faitsavoirqu’ilnevoulaitpasmaissanslequelc’est toute la réunion qui ferait figure decomédieetdefarce ;et, siPoutinepersiste,s’il se confirme qu’il ne conçoit la rencon-tre que comme une occasion de parader,de triompher,peut-êtremêmedeprofiterdesapositiondepuissanceinvitantepourcirconvenir ceux de nos partenaires quiseraient restés indécis, d’humilier, en unmot,etunefoisdeplus,unecommunautéinternationale qu’il méprise, peut-êtreserait-il logique, oui, de prendre le risque,alors,d’ajournerl’événementoudes’yfai-re représenter.

Le peuple syrien a bien été prié depatienter huit jours encore avant que nelui soit rendu justice. Le G20, lui aussi,dans cette hypothèse, pourra attendre.p

ZakiLaïdiDirecteur de recherche à Sciences Po

débats

ImposerlaSyrieauG20AlleràSaint-Pétersbourg?

En décidant de conditionner l’interventionmilitaire en Syrie à un accord préalable duCongrès, le président Obama a faitmontred’une exceptionnelle désinvolture dont ilfaut analyser les causes et mesurer lesimplicationsen France et en Europe.

La consultation juridique duCongrès, dontM.Oba-ma découvre opportunément l’existence, n’était pasindispensable. Le War Powers Act de 1973 (loi autori-sant le président à engager son pays dans un conflitsans l’aval du Congrès) n’exige de vote du Congrèsqu’au terme de quatre-vingt-dix jours d’intervention,comme cela fut le cas au Kosovo (1999) et en Libye(2011). Avant, seule une notification est constitution-nellement requise. Il y a d’ailleursmoins d’une semai-ne, le président affirmait qu’il ne se laisserait nulle-ment paralyser par l’absence de soutien internationaletrappelaitqueleCongrèsétait informédelasituationenSyrie.

Malgré la circulationde deux pétitions (Scott Rigellet Barbara Lee) signées par 140 et 60 représentants etexigeantlaconsultationpréalableduCongrès, laquasi-totalité des personnes-clés de ce dernier ne semblejamaisavoirposécetteconsultationcommeunpréala-ble. Si cela avait été le cas, il eût été avisé de la part duprésidentd’informer ses alliés avantde lesmobiliser.

En réalité, comme l’a indiqué un représentant, «leprésident des Etats-Unis n’a nullement besoin de l’ac-cordde 535membresduCongrèspourmettre enœuvrelesmesuresdécoulantdufranchissementdesespropreslignes rouges», celles relatives à l’emploi d’armeschimiques dont il avait indiqué, en août2012, qu’ellesconstitueraient un véritable casus belli. La volte-faced’Obamaestd’autantpluspréoccupanteque la convo-cation du Congrès pour discuter et voter n’intervien-dra qu’à partir du 9septembre, alors qu’il eût été pourlemoins souhaitable de convoquer une session extra-ordinaire du Congrès dans les 48heures, pour limiterles effets négatifs de ce choix de dernière heure. Com-ment analyser ce recul?

Enréalité,àmesurequelacrises’aggravaitetquelesperspectives d’un renversement rapide de BacharAl-Assad se dissipaient, les Etats-Unis n’ont cessé dereculeretd’appréhender lesrisquesd’unengagement.Intervient lemassacredu21août.Obamanepeutalorsni nier la réalité du problème ni ignorer l’énormeenjeu de crédibilité politique auquel il se trouveconfronté à la suite de sa déclaration de 2012. Dans cenouveau contexte, il décide de réexaminer la voied’uneinterventionrapideetlimitéesansvéritablestra-tégie de règlement politique en Syrie. Il mobilise sesalliéssurunebaseadhocetsegardeparexempledefai-reappelàl’OTANcommecelaavaitétélecasauKosovoenl’absencedeconsensusinternational. Il avancemal-gré lui à reculons avant que le vote du Parlement bri-tannique ne vienne lui rappeler qu’il ne dispose danscette affaire ni demandat du Conseil de sécurité, ni del’appui de son principal allié (comme si la France necomptaitpas), ni du soutiende l’opinionaméricaine.

Defait,pourcomprendrecequ’estlastratégied’Oba-ma en Syrie, il faut examiner de près la lettre envoyée

par le chef d’état-major américain en date du 19août,avant donc la découverte du massacre du 21août, aureprésentant Eliot Engel. Dans cette lettre, le généralDempseyfait valoirdeuxpointsessentiels. Lepremierconsiste à affirmer que les Etats-Unis ont les moyensmilitaires de faire basculer le rapport des forces sur leterrain en faveur de l’opposition.Mais il ajoute que lecampque les Etats-Unis choisiront«devrait êtreprêt àpromouvoir ses intérêts et les [leurs] lorsque le rapportdes forces basculerait en leur faveur, ce qu’aujourd’huiil n’est pasprêt à faire».

En clair, les Etats-Unisn’ontpas lesmoyensdechoi-sir leurs alliés et ne sont doncpas du tout sûrs de pou-voir en trouver. Le couple ami/ennemi ne pouvantêtre clairement identifié, il devient urgent dene points’engagerdansceconflit sansissuepour lesEtats-Unis.Onvoitdoncque,pourcomprendrelapolitiqueaméri-caine, il faut inverser laperspective.Celle-ciétait réser-vée à l’idée d’une interventionmilitaire, même limi-tée.Mais lemassacre du 21août a rendu cette positionintenable, notamment au regard des engagementspris par le président l’année précédente. Vue sous cetangle, la décision de M.Obama s’éclaire. Elle consistedoncà gagnerdu tempspour agir aminima.

Au-delà du cas syrien, Barack Obama tire des ensei-gnements négatifs des deux grandes décisions qu’il aeuàprendresur leplanmilitaire.Lapremièreconcernel’AfghanistanetlasecondelaLibye.Danslepremiercas,il a fait preuve de volontarisme et soutenu le point devuedesmilitairesqui souhaitaient accroître leur enga-gementsurleterrain.Mais lerésultataétépeuprobant.EnLibye,ObamaaengagélesEtats-Uniscontre l’avisduPentagone. Mais l’affaire de Benghazi en septem-bre2012, qui s’est soldée par lamort de l’ambassadeuraméricain, l’a dissuadé de toute hardiesse. Cela signi-fie-t-il pour autant que les Etats-Unis soient retombésdans l’ornièrede l’isolationnismecommeles commen-tateurs pressés ne cessent de le dire? Rien n’estmoinssûr.SidemainlaChinevenaitàporter lamainsurundeleurs alliés asiatiques, ils réagiraient avec une extrêmevigueur et bénéficieraient très probablement du sou-tien de l’opinion. Tel n’est pas le cas duMoyen-Orient,oùlaseulecausesusceptibledemobiliser lesEtats-Unisdemeure ladéfensed’Israël.

Pour l’Europe, cette incroyable désinvolture sonnecommeun nouveau rappel. Celui de la nécessité de sedoterd’une forcemilitaire substantiellepour affronterdes défis que les Etats-Unis ne relèveront désormaisquedemanièreparcimonieuseet sur la prise en comp-tedeleursseuls intérêts.Lefaitd’avoirvoulufacturerlecoût du soutien américain à l’opération française auMali est révélateurde ce glissement, alorsque les Etats-Unisontadmisquecette interventionneservaitpas lesseuls intérêtsde laFrance.Pournous, cetteconjoncturedélicatenousimposeundevoir:celuidemaintenircoû-te que coûte un outil militaire substantiel pour défen-dre nos intérêts et notre dignité que les autres Etatseuropéenspartagentavecnoussansavoirlecourageoulavolontéd’enassumeraussi les charges.p

Au-delàducassyrien, leprésidentaméricaintiredesenseignementsnégatifsdesdeuxgrandes

décisionsqu’ilaeuàprendresurleplanmilitaire: l’Afghanistanet laLibye

Bernard-HenriLévyEcrivain, philosophe

Ilserait logique,pourBarackObama,d’allerauboutdel’exercicedesagessequ’il s’est

imposéetqu’ila imposéàsonhomologuefrançais:alleràSaint-Pétersbourg,oui;maisenbouleversantl’agendadelaréunion

LadésinvoltureprévisibledeBarackObamaDotonsl’Europed’unearméesubstantielle

¶Auteur de «La Guerre sansl’aimer» (Grasset, 2011),Bernard-Henri Lévy,membre du conseilde surveillance du «Monde»,a activementmilité, notammentauprès de l’ancien présidentNicolas Sarkozy,pour que les forces de l’ONUinterviennent contre le régimedu colonel Khadafi.

¶Zaki Laïdiest l’auteurdu «Mondeselon Obama»(Flammarion,2012)

20 0123Mercredi 4 septembre 2013

enquête

C’estunengouementpourunematière qui défie les pronos-tics, prenant un peu de courtl’institution scolaire. Quiamène, ici à ouvrir une sec-tion, lààrejeter lesdemandes

d’inscription. Fabienne Guerra en saitquelque chose. Cette cadre hospitalièred’Aix-en-Provence a remué ciel et terrepour que son fils Victor, 11 ans, puisseapprendre le chinois à l’école. «Depuisqu’il a vuMulan [undessinanimédes stu-diosDisney], ilneparleplusquedelaChineet de sa GrandeMuraille», explique-t-elle.Pas une toquade passagère : c’était il y adeuxans.Fautedeplacedansuneécolepri-maire proposant le chinois – il n’en existeque 24 en France –, Fabienne a fait appel àuneétudiantepourdes coursparticuliers.«On a relancé à plusieurs reprises le seulgroupe scolaire d’Aix, dans le privé, où lechinois est enseigné. Mais malgré un trèsbon dossier et des courriers répétés, Victorest resté sur liste d’attente. » En 6e cetteannée, le petit garçon est inscrit dans uneassociation et suivra, en parallèle, descourspar correspondance.

Le Centre national d’enseignement àdistance (CNED), c’est aussi la seule solu-tion qu’a trouvée Justine, 17 ans, pournourrir sa passion des langues et s’initieren LV3 (troisième langue vivante) auchinois – en plus de l’anglais et de l’alle-mand. Pour pouvoir déchiffrer ses pre-miers sinogrammes, l’élève de 2de étaitpourtant prête à faire le «grand saut»,explique samère, Alexandra Cluzel : allerdans un lycée à 60 kmde chez elle, à Péri-gueux, en internat. «C’est le seul établisse-ment de Dordogne qui propose le chinois.Onnous avait prévenus qu’il y avait beau-coup trop de demandes cette année. MaisJustinen’apasbaissé lesbras. Les coursparcorrespondance, elle prend ça comme unchallenge, même si elle espère bien êtreacceptée en 1re l’anprochain.»

D’autres adolescents ont eu plus dechance.Cemardi3septembre,33500collé-giens et lycéensmais aussi 4500 écolierss’apprêtent à débuter – ou à reprendre –les cours de chinois en milieu scolaire.C’est 10% de plus qu’en 2012, 400% deplusqu’ilyadixans.Encetterentrée,pourla première fois, le mandarin sera ensei-gnédanstoutes lesacadémies.Etunequa-rantaine de postes ont été ouverts auxconcoursde l’enseignementceprintemps(un record dans l’histoire du capes dechinois), contreune quinzaine seulementen2012. Il fautdire qu’onétait alors, enco-re,à l’èredessuppressionsd’emploisetdunon-remplacement d’un fonctionnairesurdeuxpartant en retraite.

La donne a changé, assure Joël Bellas-sen,inspecteurgénéraldechinois.«Lapro-gression des effectifs est tellement forte, ettellement répartie sur le plan géographi-que, qu’un écart s’est creusé ces dernièresannéesentreoffreetdemande»,reconnaît-il.Passéprogressivementdela9eàla5epla-cedes langues enseignées (après l’anglais,l’espagnol, l’allemand et l’italien), lechinois a connu une sorte de « crise decroissance», explique-t-il. Une crise mar-quée par un déficit d’enseignants titulai-res – ceux-ci ne représentent qu’un tiersenvirondes 480professeurs du secondai-re –, mais aussi d’encadrement, d’inspec-tion,deformation…«Aveclamoissond’en-seignants faite cette année, la courbedevrait pour la première fois s’inverser»,relève avec enthousiasme le sinologue.

Cet enthousiasme, il le communiquefacilement lorsqu’il raconte l’implanta-tion, plus ancienne qu’il n’y paraît, dumandarin en France. L’inauguration en1814 de la chaire de chinois au Collège deFrance; la première au monde. Les coursdispensés à Langues O’ dès 1840, ou ceuxdonnésaulycéedeMontgeron(Essonne)àpartir de 1958, six ans avant la reconnais-sance de la Chine populaire par la France.Les relationsdiplomatiquesscellées entrelesdeuxpays en 1964vontpermettre àdenombreuxétudiants françaisdes’aventu-rer sur les terres deMao.

Catherine Meuwese en fait partie.Après avoir décrochéune bourse et décol-

lé pour Pékin, la jeune femme rentre enFrance et se pose au lycée pilote de Mon-tgeron. Elle va y enseigner pendant plusde trenteans. «Ne croyez pas qu’à cetteépoque on n’avait qu’une poignée d’élè-ves: j’enai eu 130en 1970!», raconte-t-elle.Leprofesseurdechinoisd’alorsdoitsepas-serdeprogrammes–ilsneserontfinalisésqu’en 2002 –, et se former seul, ou pres-que: si le capes de chinois existe depuis1966, il fautattendre1999pourque l’agré-gation soit créée. «On faisait un peu cequ’on voulait, de l’écriture, du chant, duthéâtre…», se souvient CatherineMeuwe-se.«Lafascinationpour laculturechinoiseque j’ai éprouvéealors, commece fut le caspour des générations d’élèves, a basculédepuis les années 1990 vers d’autresattraits,d’ordrepluséconomiqueetprofes-sionnel», analyse-t-elle.

«L’argument utilitariste est très pré-sent», confirme Alice Ekman, spécialistede la Chine à l’Institut français des rela-tions internationales (IFRI) et maître deconférences à Sciences Po. «Parmi mesétudiants, il y a divers profils, mais leurengouement pour la Chine et le chinoisdoit beaucoup à l’essor économique dupaysetà lacouverturemédiatiquequis’en-suit.»

Dans l’enseignement supérieur aussi,la languelaplusparléedelaplanètegagnedu terrain : 18000 jeunes Français ontchoiside l’étudierdans150instituts,gran-des écoles et universités. Il est vrai que laChine est devenue la première destina-tion des expatriés européens (devant lesEtats-Uniset leRoyaume-Uni),alorsqu’el-leoccupait la sixièmeposition il y a seule-ment quinze ans. «A l’époque, ces jeunes

passaient un peu pour des marginaux,reprendAlice Ekman.Aujourd’hui, ce sonteux, lespragmatiques: ilsontcomprisqu’ily a une carte à jouer dansunmondequi seréoriente vers l’Asie.»

Cepragmatismeseressentdéjàaucollè-

ge, assure Pierre Lorenzati, président-fon-dateurdel’associationFrance-Chine-Asie-Education (FCAE), qui regroupe quelque150établissements. «Dès la 6e, les enfantssont conscients du poids de la Chine ; ilssavent que le “made in China” est partout.C’est bien pour ça que l’essor des effectifs,même s’ils restent inférieurs à 1% des élè-ves, n’a rien d’un phénomène de mode»,observe ce proviseur à la retraite.

D ans la bouche des parents, pour-tant, d’autresmotivations se devi-nent. «Le choix de l’option chinois

en LV3 a permis àma fille aînée d’intégrerun trèsbon lycéede Strasbourg», expliqueCaroline Cieslak, qui n’était pas satisfaitede l’établissement de son secteur. Depuis,l’adolescente a «accroché», se réjouit samère, « surtout après un mois passé àTaïwan en voyage scolaire. Mais honnête-ment, la décision initialea été priseunpeuau hasard», confie-t-elle : «Ma fille enavait assez des langues latines, elle étaittrèsattiréeparlerusse,avantqu’onnecom-prenne que le chinois pouvait servir delevier pour changer de lycée.»

Pour Christelle (le prénom a été modi-fié), dont le fils entre en 4e dansun collègedeBelleville, dans lenord-estparisien,pasquestiondecontourner la sectorisationnid’aller dans le privé. Le choix d’une sec-tion bilangue anglais-chinois aux horai-resrenforcés,dans lecollège«ZEP»desonquartier,satisfait lacadresupérieure.«Lesclasses restent hétérogènes, mais l’établis-sement n’est plus évité comme il l’étaitauparavantpar les familles plus aisées.»

Unpasversplusdemixitésocialeetsco-laire. Monique Mahaudeau, la principaledu collège Lucie-et-Raymond-Aubrac(Paris11e),quiaouvertdessectionsanglais-chinois et anglais-allemand,ne lenie pas:«Ces classes généralement de bon niveaurassurent les parents. Elles sont un outilpourattirerdes familles tentéesd’allervoirailleurs avec l’assouplissement de la cartescolaire. L’imageducollège s’améliore, sonrecrutement s’accroît, ses résultats aussi.C’estuncerclevertueuxdonttout lemondeprofite.»

Contrairement aux idées reçues, lechinois ne serait donc pas l’apanage d’uneélite fréquentant les établissements desbeaux quartiers. «On n’ouvre pas une sec-tion de chinois dès qu’un lycée en fait lademande, assure Joël Bellassen, inspecteurgénéral. On essaie de veiller à de meilleurséquilibresenl’implantantdansdesétablisse-ments jugés moins favorisés, puisqu’il estconsidérécommevalorisant.»

Valorisant, le chinois? AlainAnton, pro-viseur du collège-lycée Claude-Monet, aucœur du quartier chinois (Paris 13e), n’endoute pas. Face à la recrudescence des élè-ves sinisants, il propose en cette rentrée2013 deuxnouveautés: l’enseignementdumandarincommedeuxièmelanguevivan-te et, plus rare, en classes préparatoires.«Pour nos élèves de prépa, les cours serontcommunsavecceuxdulycéeHenri-IV,expli-queM.Anton.C’est une reconnaissance, surun territoire populaire comme le nôtre, quin’a pas les caractéristiques socioculturellesde laMontagneSainte-Geneviève.»

Signe des temps: on s’initie au chinoisde plus en plus jeune. Dès le collège pourunélève sur deux,parfois plus tôt. C’est lecas des 250élèves du groupe scolaire de laporte d’Ivry (Paris 13e), seule école où tousles enfants suivent des cours une heurepar semaine – et deux heures de plus ensection internationale. Parmi eux, lamoi-tié sont d’origine chinoise, mais parlentundialecteplutôt que lemandarin.

«Selon le principe du “qui peut le pluspeut le moins”, ces enfants auront acquisdes compétences appréciables en languesàl’issueduCM2»,expliqueledirecteur,Jac-quesBorensztejn.Auneétape-clédelasco-laritéoùunélèvesurcinqprésentedéjàdegrandes difficultés, ces enfants-là passe-ront le capde la 6e avecunatout enpoche.«Un joker non négligeable dans un quar-tier classé en zone d’éducation prioritaire,conclut-il.Chaqueannée, deux, trois, voirequatre de nos anciens élèves intègrentLouis-le-Grand au lycée. C’est notre petitefierté.» Le chinois, sésame très prisé versl’excellence scolaire. p

C’estpasduchinois

«Lafascinationpourlaculturechinoiseabasculédepuislesannées1990versd’autresattraits

d’ordrepluséconomiqueetprofessionnel»CatherineMeuweseprofesseur de chinois

JESSY DESHAIS

Mattea Battaglia

La languelaplusparléeaumondegagneduterrainenFrance.Mardi,33 500collégiensetlycéenset4 500écoliersdébuterontoureprendrontlescoursdechinois,400%deplusqu’ilyadixans.Orientationetavenirprofessionnelexpliquentenpartiecechoix

210123Mercredi 4 septembre 2013

F rançoisHollandeest-ilmenacéde schi-zophrénie, d’unedissociationde la pen-séeprovoquantdes actionsoudes

conduites contradictoires? Voilàunprésidentde la Républiqueéquilibriste sur la scènehexa-gonalemais trapézistedans l’arène internatio-nale, prudent, voire oblique, quand il est ques-tionde gouverner la France,maismartial, voi-re brutal, quand il s’agit d’intervenir à l’étran-ger, adepte, ici, desmédecinesdouces, là, desthérapiesde choc. Bref, rondà l’intérieurdesfrontières, carré à l’extérieur.

La semainepasséedonne lamesureducontraste. En effet, le chef de l’Etat a rendusonarbitrage sur la réformedes retraites puis surla politiquepénale, et en a esquisséun troisiè-me, sur le budget 2014, en décrétantque «letempsest venude faire unepause fiscale». Surchacunde ces dossiers lourdsde conséquencespour le pays et les Français,M.Hollandea soi-gneusementsoupesé les options, tenu comptedes concertationsou controverses liminaires,évalué les risquesde crispationoude blocageet exploré les points d’équilibrequi lui parais-sent les pluspertinents.Avec desprécautionsdedentellière et cette obsessionde la synthèsequed’aucunsassimilent à de l’hésitationoudelaprocrastination.

Ordans lemêmetemps, devant les ambassa-deurs le 27août, puis dans ces colonnes le 31, leprésidentapris des accentsd’intraitableprocu-reurpourdénoncer l’utilisationd’armes chimi-quespar le régimesyrien, cet«acte abject»qui«le condamnedéfinitivementauxyeuxdumonde». Celui-làmêmequi récuse toute réfor-me«punitive» en France –pour reprendre l’ex-pressionde sonpremierministre – a assuréque«la France est prête àpunir ceuxqui ontpris la décisioneffroyablede gazer des inno-cents». Au risquede se retrouver, quelquesjoursplus tard, bien seul enpremière ligne,après le renoncementbritanniqueet les laten-ces américaines.

Cen’estpas la première fois que se produitpareil télescopageentreprudencede Siouxetintrépiditéde cow-boy. En janvier, déjà,M.Hol-lande avaitdécidé, en quelquesheures, d’en-voyer l’armée françaiseauMali pour stopperl’avancéede colonnesd’insurgés surBamako.Ce coupd’audace– réussi – avait stupéfié, de lapart d’unhommequivenait de rechercher,durantdes semaines etnon sansmal, l’équili-bre souhaitableduprojet de loi sur lemariagepour tous.Ouqui avait, par l’entremisede sonministredu travail,Michel Sapin,méticuleuse-ment supervisédurant tout l’automne2012les négociationsentrepartenaires sociaux surla réformedumarchédu travail.

Uneassise politique bien étriquéeBien sûr, dira-t-on, l’on compare là des déci-

sions incomparables. L’engagementauMalirelevaitde l’urgence absolue si la Francevou-lait empêcher l’installationd’un Etat djihadis-te au cœurduSahel. La volontéde sanctionnerle régimesyrien relève, elle, d’un impératifmoral autant que stratégique, si l’on veut bienadmettreque la banalisationde l’emploid’ar-mes chimiquesest denature àmenacer, auProche-Orientnotamment, les fragiles équili-bresdumonde. Pour autant, dansun cas com-medans l’autre, les risques étaient ou sont évi-dents: l’affairemalienneétait loin d’êtregagnéed’avance et le dramesyrien est plusimprévisibleque jamais. Ces risques,M.Hol-lande les a assumés.

Pourquoien va-t-il différemmentsur la scè-ne intérieure? La Francen’est-ellepas confron-tée à une crisetrès sérieuse? Sa souverainetéest érodéepar le poidsde sa dette, sa puissanceminéepar sa pertede compétitivitéet sonéquilibreébranlépar ses fractures sociales etmorales. Enbonne logique, celadevrait condui-re le chef de l’Etat à sonner le tocsin.

L’on sait, ou l’ondevine, pourquoi il s’y refu-se – sans pour autantminimiser les efforts

nécessaires au redressement.A ses yeux, l’étatde l’économie française est trop fragilepourrisquerde tuer lemaladepar les traitementsde cheval que lui recommandentdésormaisles ténorsde l’opposition,bienoublieuxde ladécenniegâchéequand ils étaient aupouvoir.Tout, au contraire, doit être fait pour consoli-der les signes encore timides,mais conver-gents, d’améliorationde la situation. Sans«précipitation», ni«brutalité», tant l’écono-mie est aussi affairede psychologie.

L’étatde la société françaisen’incitepasmoinsà la prudence. Toutes les enquêtestémoignentque les Français sontprofondé-mentpessimistes sur l’avenir dupays, sinonsur le leur; plus que sceptiques sur les atoutsde la France,pourtant réels ; crispésdevantl’idéemêmede réforme, tant ils craignentd’yperdredesplumes; défiantsà l’égarddes gou-vernants, tant ils doutentde leur pouvoir réelàmodifier le cours des choses.

Enfin, le président est assez rompuà l’analy-sedes rapportsde forcepour savoir que s’il dis-pose, grâceà la loi électorale, d’une indéniablemajoritéparlementaireà l’Assembléenationa-le, il nebénéficiedans lepays qued’une assisepolitiquebeaucoupplus étriquée: grossomodo, entre 25%et 30%des Français approu-vent sonaction, soit son score aupremier tourde la présidentielle (28,1%). A l’évidence, celanepermet guèred’avoir les coudées franches,surtoutquandona choisi de faire avaler aupays en général, et à la gauche enparticulier,des choix si contrairesà leurs (mauvaises)habitudes: douloureuxdésendettement, rat-trapagede compétitivitéouallongementde laduréede cotisationde retraite, notamment.

Dans l’affairemalienne, le chef de l’Etat estsorti de l’ambiguïté à son avantage, contraire-ment à l’adageducardinal de Retz, qui servitdeboussole à FrançoisMitterrand.Demêmesur la Syrie où, quoi qu’il adviennedésormais,il auradit haut et clair les frontièresde l’inac-ceptablepour la France. Il n’est doncpas sûrqu’il sortirait à sesdépensdu flouqu’il entre-tient savammentsur sa viséenationale. Et l’onpourrait en dire autantde sa visioneuropéen-ne. Cela reviendrait à être plus carré sur la scè-ne intérieure. PourHollande le rond, cham-pionde la synthèse, cene devrait pas être undéfi insurmontable! p

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FRANCE | CHRONIQUEpar Gérard Courtois

Hollandelerond,Hollandelecarré

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KENZO TRIBOUILLARD/AFP

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22 0123Mercredi 4 septembre 2013