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Avant-première | Les Éditions l’Art-Dit Sortie prévue janvier 2018 Danièle Dravet-Baur LE MYSTèRE K.MOMILLE «Pourquoi, tous les ans la mme poque, Camille Claudel dtruisait-elle ses propres œuvres ? L’explication qui tient ce qu’elle ait t abandonne par son frre, trahie par son « matre amant », Rodin, n’a pas convaincu Danile Dravet-Baur. C’est dans la dynamique familiale, sur plusieurs gnrations, que s’origine «la source du mal» qui n’a pas non plus laiss Paul Claudel intact ... ISBN 978-2-919221-35-6 Format 13,5 x 21 | PPV 30 € 714 pages, 24 visuels C’est sur la voie inexplore de la passion qui poussa Camille Claudel crer autant qu’ dtruire, que l’auteure de cet ouvrage s’est aventure. Trs vite, elle s’est trouve habite par les voix multiples des protagonistes du drame. Et ceci sur plusieurs gnrations. Il aura fallu ce travail « groupal » pour que s’claire, sous un jour compltement indit, non seulement les œuvres, mais les racines de la cration et leur enchevtrement, chez ces trois crateurs que furent Camille Claudel, Paul Claudel et Auguste Rodin. Si bien qu’en final, le voyage qu’offre cet ouvrage contribue cette «Science de l’homme» dont Pablo Picasso rvait en ces termes : « Sans doute existera-t-il un jour une science que l’on appellera la science de l’homme qui cherchera pntrer plus avant l’homme, travers l’homme crateur. Je pense souvent cette science, et je tiens laisser la postrit une documentation aussi complte que possible ». septembre 2017 L’avis de l’ditrice Le livre de Danièle Dravet-Baur est une quête autant qu’une enquête, une fouille quasi archéologique pour retrouver l’origine d’une souffrance qui a conduit Camille Claudel à détruire systématiquement ses sculptures tous les ans, à la même époque. Avec Le mystère K. Momille, Danièle Dravet est entrée dans la complexité de l’histoire des trois protagonistes du drame, Camille et Paul Claudel, ainsi que Rodin, pour explorer ce qui s’était joué au-delà des apparences. En s’intéressant aux « racines de la création », elle a identifié la source des « transmissions inconscientes » qui font partie de l’héritage de chacun. Ce livre devrait passionner tout autant ceux qui s’intéressent à l’oeuvre de Camille Claudel, mais aussi celles de Rodin et de Paul Claudel, que ceux qui sont curieux de cette part invisible qui la motiva. Les professionnels intéressés par les histoires « transgénérationnelles » et leurs conséquences y trouveront un livre de référence. Cet ouvrage est un voyage qui explore les racines de la cration et leurs intrications, dans les histoires de Camille Claudel, Paul Claudel, et Auguste Rodin

Le Mystère k.MoMiLLe - fnac-static.comJe suis tombée dans le gouffre. Je vis dans un monde si curieux, si étrange. Du rêve que fut ma vie ceci est un cauchemar. » ... David et

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Avant-première | Les Éditions l’Art-Dit

Sortie prévue janvier 2018

Danièle Dravet-Baur

Le Mystère k.MoMiLLe

«Pourquoi, tous les ans a la meme epoque, Camille Claudel detruisait-elle ses propres œuvres ?

L’explication qui tient a ce qu’elle ait ete abandonnee par son frere, trahie par son « maitre amant », rodin, n’a pas convaincu Daniele Dravet-Baur.C’est dans la dynamique familiale, sur plusieurs generations, que s’origine «la source du mal» qui n’a pas non plus laisse Paul Claudel intact ...

ISBN 978-2-919221-35-6Format 13,5 x 21 | PPV 30 €

714 pages, 24 visuels

C’est sur la voie inexploree de la passion qui poussa Camille Claudel a creer autant qu’a detruire, que l’auteure de cet ouvrage s’est aventuree.tres vite, elle s’est trouvee habitee par les voix multiples des protagonistes du drame. et ceci sur plusieurs generations. il aura fallu ce travail « groupal » pour que s’eclaire, sous un jour completement inedit, non seulement les œuvres, mais les racines de la creation et leur enchevetrement, chez ces trois createurs que furent Camille Claudel, Paul Claudel et Auguste rodin.si bien qu’en final, le voyage qu’offre cet ouvrage contribue a cette «science de l’homme» dont Pablo Picasso revait en ces termes : « sans doute existera-t-il un jour une science que l’on appellera la science de l’homme qui cherchera a penetrer plus avant l’homme, a travers l’homme createur. Je pense souvent a cette science, et je tiens a laisser a la posterite une documentation aussi complete que possible ».

septembre 2017

L’avis de l’editriceLe livre de Danièle Dravet-Baur est une quête autant qu’une enquête, une fouille quasi archéologique pour retrouver l’origine d’une souffrance qui a conduit Camille Claudel à détruire systématiquement ses sculptures tous les ans, à la même époque. Avec Le mystère K. Momille, Danièle Dravet est entrée dans la complexité de l’histoire des trois protagonistes du drame, Camille et Paul Claudel, ainsi que Rodin, pour explorer ce qui s’était joué au-delà des apparences. En s’intéressant aux « racines de la création », elle a identifié la source des « transmissions inconscientes » qui font partie de l’héritage de chacun.Ce livre devrait passionner tout autant ceux qui s’intéressent à l’oeuvre de Camille Claudel, mais aussi celles de Rodin et de Paul Claudel, que ceux qui sont curieux de cette part invisible qui la motiva. Les professionnels intéressés par les histoires « transgénérationnelles » et leurs conséquences y trouveront un livre de référence.

Cet ouvrage est un voyage qui explore les racines de la creation et leurs intrications, dans les histoires de Camille Claudel, Paul Claudel, et Auguste rodin

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Pour tout renseignement ou souscription à tarif préférentiel : [email protected] ou 04 90 52 00 58 / 06 24 51 32 05

Les Éditions l’Art-Dit, 4-6 rue de la roquette, 13200 Arles | www.editions-lart-dit.fr

Psychologue clinicienne et psychanalyste. Danièle Dravet-Baur intervient en milieu psychiatrique comme régulatrice d’équipes. Avant d’aboutir cet ouvrage, elle a écrit, suite à des interventions dans des colloques, plusieurs articles sur la relation frère/soeur dans la fratrie Claudel, ainsi que sur celle de Camille Claudel à son oeuvre.

Pour ALLer PLus LoinL’auteur

La genèse du Mystère K.Momille , par l’auteure

La découverte du destin de Camille Claudel, grâce aux premiers ouvrages sortis dans les années 82, 84, puis 87, avait ouvert en moi une destination. Je m’aventurais en terrain inconnu. Découvrais des histoires, des personnes, des destins, des œuvres. Comme lorsque l’on voyage et que l’on fait des rencontres. Celle de Camille et de son œuvre, m’invitait à faire la connaissance de son frère, à m’engouffrer dans son théâtre, à pousser la porte de l’atelier de Rodin. Mais très vite, j’eus le senti-ment, qu’au delà des explications données concernant le naufrage du sculpteur Camille Claudel et sa bascule dans la folie… le Mystère demeurait entier. L’on ne peut éclairer l’inconnu à la lumière du connu. L’invisible à celle du visible. Il fallait aller plus profond, la chercher là où elle s’était per-due. Se rendre à ce « continent noir » qu’est l’Inconscient qui motiva l’œuvre. La rend nécessaire, vitale. Comme si l’enjeu était de vie ou de mort … ou de folie. Au quel cas il s’agirait d’y fourrer, pour s’en déprendre, quelque chose qui nous hante.

Mon « besoin de comprendre » reprenait ses droits dans une histoire personnelle où il avait été interdit par un secret familial. La porte qui s’ouvrait était celle d’un enfermement dont je sortais. Il y avait une ivresse dans cette liberté. Tout m’intéressait. Aussi bien les œuvres, que les familles, ainsi que les biographies de ces trois créateurs. Ils étaient logés à la même enseigne dans cette auberge où ils cohabitaient à l’intérieur de moi. J’étais heureuse d’être ce « lieu » là, où allait se manifester les bribes du mystère de chacun, que l’œuvre, dans ce qu’elle a de « tape à l’œil » … vient masquer. À me laisser ainsi habiter par tout ce petit monde (sur plusieurs générations), ça se mettait à parler. S’éclairait alors la dynamique des forces en présence, insufflées par des nécessités inconscientes, et leur impact sur le destin de chacun.Si bien qu’en finale, cet ouvrage prit l’allure d’ un voyage initiatique qui, à travers ces trois destins éclairés sous un jour inédit, nous redonnait les clefs de notre monde intérieur et des Lois qui le régissent. À une époque de grand exil de cet « arrière-pays », comme le nomme Yves Bonnefoy. 

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Pour ALLer PLus LoinLe sommaire

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Pour ALLer PLus LoinLes extraits

Des vies en quête d’auteur : l’appel de Camille Claudel à Homère

Après avoir tissé la fresque épique de cette saga familiale, où figurent les transmissions paradoxales qui auront nécessité, tant chez le frère que chez la sœur, leur « mise en œuvre » ... je revenais à ce « besoin de comprendre » initial qui motiva notre propre entreprise. Étrangement, c’est avec la hantise de commettre un «crime iconoclaste » que s’était imposé à l’intérieur de l’analyste, l’enfant curieux et son besoin de comprendre « le mystère » de toute cette histoire que les réponses trop empressées semblaient verrouiller. Si bien que dans un premier temps, il ne s’était engagé dans sa recherche qu’avec le sentiment d’enfreindre un interdit. Le désir de connaissance s’était imposé d’emblée avec une charge de culpabilité. Certes, en recentrant autour de la Statue le drame passionnel où elle avait sombré corps et biens, voici que cet objet se présentait sous un jour nouveau. Il devenait le sus-pect numéro un. Au-delà de la beauté et de la perfection dont elle nous éblouissait … quel rôle la Statue avait-elle joué, dans la fin misérable de son créateur ? - Mauvais procès, me direz-vous, qui s’en prend à un objet, par définition, hors de tout soupçon ! « Le sondage détermine la paralysie » avait déclaré Camille Claudel à sa cousine Henriette, à propos de l’impensable mort d’Henri (Thierry), son cousin. Or c’était précisément cette « activité de sondage » qui se trouvait sollicitée par notre désir de comprendre, au-delà des apparences, la nature de cette passion étrange qui s’était emparée de notre faiseuse de statues. Comme les statues ne sont pas plus bavardes que leur créateur, l’on était tout naturellement amené à consulter le frère, qui vous noierait dans son déluge verbal si nous n’avions eu pour boussole les règles de notre métier d’analyste. L’on convoquait aussi Rodin, bien entendu, ce « maître-frère-en-sculpture-père-mère-amant ». Peu à peu la mise en présence des membres de la famille Claudel, ainsi que de celle de Rodin, allait s’imposer comme une nécessité. Au point qu’il s’avèrera qu’il n’était pas plus possible de comprendre Paul sans Camille, que Camille sans Paul. Et de même pour un certain Auguste Rodin, dont la face inconnue ne s’éclaire qu’en présence de cette « élève-sœur-amante ». Mais il ne suffisait pas de mettre en présence, comme les morceaux d’un puzzle, les membres concernés, pour que les langues se délient et que se révèle le secret de toute cette histoire. Si la règle de « libre asso-ciation » nous menait à faire des trouvailles auprès de l’un ou de l’autre, celles-ci ne se présentaient, de prime abord, que comme des signes disséminés qui restaient isolés, morcelés. Certes, ces signes entraient en résonance les uns avec les autres. Ces signes faisaient signe que nous étions sur la bonne voie, mais ils ne nous parvenaient que comme le reflet d’une réalité inaccessible. Ils restaient muets. C’est ainsi que dans un premier temps, on entrait dans le secret ... qu’en étant mis au secret. Jusqu’au jour où la plainte s’articula en paroles que nous finissions par entendre, telle une demande prononcée à haute et intelligible voix.En réponse à une lettre qu’Eugène Blot lui avait adressée, datée du 3 septembre 1932, deux ans plus tard, elle lui lançait cet appel :« ... Ma vie, un roman (...) même une épopée, l’Iliade et l’Odyssée, il faudrait Homère pour la raconter. Je ne l’entreprendrai pas aujourd’hui et je ne veux pas vous attrister. Je suis tombée dans le gouffre. Je vis dans un monde si curieux, si étrange. Du rêve que fut ma vie ceci est un cauchemar. » Moment de grande émotion, l’entendement de la «demande » qui nous autorisait à sortir de l’errance où jusqu’ici nous divaguions. Alors que nous étions partis à l’inconnu, avec ce sentiment intime que l’on ne s’était pas encore figuré le drame intérieur qui aliéna cette femme ... voici qu’elle implorait qu’on le lui raconte.« Il faudrait Homère pour la raconter ... je suis tombée dans le gouffre ».

(Danièle Dravet dans « Le mystère K.Momille »)

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La prière muette d’une main errante sur les contours d’une tête décapitée

En suivant la voi(e)x qu’elle nous avait indiquée, avec Homère pour tout guide dans cette Odyssée de la connaissance qui se présentait comme une « traversée des apparences » nous découvrions que la statue de Camille Claudel était un objet beaucoup plus mystérieux qu’on ne l’avait imaginé jusqu’ici. Pas seulement un « objet sculptural » appartenant au champ de l’esthétique, mais un « objet paradoxal » dont la beauté ne séduit l’œil que pour mieux cacher la mise en œuvre d’un désir secret, dont le texte est hiéroglyphé dans l’argile, le plâtre, le marbre, l’onyx, le bronze etc.… Toutes ces matières auxquelles elle s’est confrontée dans un combat sans merci.Cette découverte venait bouleverser notre approche de l’œuvre, nous obligeant à la repenser au-delà des critères purement stylistiques.La révélation d’un texte « en braille » dont sa Statue se trouve dépositaire, allait nous mener à rétablir des connexions entre des éléments pourtant connus, mais qui n’avaient à ce jour pu prendre sens. L’émotion qu’avait fait naître son ultime implorante, telle qu’elle figure dans son « Persée et Gorgone », où la Gorgone décapitée, à laquelle elle a prêté ses traits, git au sol réduite à « cette main gauche errant dans la désolation d’un col ensanglanté » avait fait lien. Elle avait réveillé notre mémoire. Nous était revenue la description que M. Morhardt (son biographe contemporain) avait faite de ses pre-mières œuvres d’adolescence, aujourd’hui disparues, et dont il avait été le témoin perspicace. Dans son David et Goliath (1877), le corps du géant qui gisait au sol, avait le même geste, du même bras gauche, cherchant à parer à la même catastrophe d’un col décapité.Ainsi du Goliath de 1877... à La Gorgone de 1898, dont l’un signe l’avènement du sculpteur et l’autre sa fin, nous retrouvions la même hiéroglyphie d’un corps décapité, gisant au sol, réduit à n’être plus qu’un misérable quatre pattes. Si l’adolescente, en scénarisant ce mouvement du bras gauche qui cherche sa tête absente, témoigne de son entreprise secrète (sous couvert de faire belle la statue) … voici que, 20 ans plus tard, la femme qu’elle est devenue déclare forfait. Au moment précis où elle est en train de « perdre la tête » pour de bon.Le lien établi entre ces deux œuvres nous obligeait à repenser le mouvement originaire qui l’avait poussé dans la voie de la sculpture. Et ce que cherchait à faire « la main » en s’emparant de l’argile qu’elle trouvait dans les argilières de son pays natal. En attendant que s’éclaire ce mystère, notre mission se trouvait toute désignée. En tant que clinicien (du mot grec «klinikos » qui signifie « au chevet du malade ») notre « auteur psychana-lyste » était appelé à prêter sa tête au corps décapité gisant au fond du gouffre. Et précisément sa « tête de libre-penseur ». Celle là qui prend le risque d’enfreindre les clivages, en faisant les liens entre des choses qui semblent si différentes que l’on a pris l’habitude de les déclarer sans rapport les unes avec les autres. Telles la tangibilité de la pierre et l’intangibilité de l’âme. La visibilité du corps et l’invisibilité des mouvements intérieurs qui l’animent. La sculpture et la musique, apparemment aux antipodes, mais si proches là où les extrêmes se rejoignent. À toutes fins de se figurer « l’infigurable », de penser « l’impensable », de ce qui lui était arrivé.

Danièle Dravet dans le Mystère K.momille

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Le frère avait les mots : par lesquels il nous transmettait des clefs

Le frère avait les mots. La sœur mettait en signes des hiéroglyphes qu’elle gravait dans les matières les plus dures et les plus impérissables, comme poussée par le désir que ce message codé nous parvienne un jour. Dans l’au-delà du temps, comme un message d’outre-tombe.Les clefs des destins de chacun, dans ce qu’ils ont de mystérieux, sont à l’intérieur de nos maisons. Je veux parler de ces « intérieurs » que nous habitons. Parfois elles sont enfermées dans le tiroir d’un secrétaire… dont, précisément, on a perdu la clef. À moins qu’elle n’ait été subtilisée par quelque main invisible de l’Inconscient familial.Sans la parole de Paul Claudel, sans ce travail incessant d’écriture pour se débarrasser de son faix, nous n’aurions pu avancer dans ce cheminement qui fut le nôtre pour accéder au « gouffre » où elle avait fini par sombrer. Nous citons ici un fragment (de l’ouvrage intitulé Le Mystère K.Momille) qui concerne tout particulière-ment les clefs qui nous furent transmises par le frère. « Comme dans les grandes tragédies grecques, déclare Paul Claudel, les limites étroites d’une génération ne suffisent pas à incarcérer (sic) les intentions mystérieuses de la Moire et la destinée d’une famille conti-nue au-delà de ses dimensions étroites »Selon lui : « les parents lèguent à leurs enfants, non pas seulement certaines aptitudes physiques et mo-rales, non pas seulement une certaine attitude à l’égard d’un certain milieu social (…) mais une œuvre à continuer, mais des conséquences à recueillir, mais des germes à développer, mais, en un mot, un certain rôle inachevé dans un drame dont le scénario, qui comportait l’intervention à un moment donné de cer-tains acteurs, continue après leur disparition à se dérouler. »La transmission de ce « rôle inachevé dans un drame qui doit continuer après la disparition de ses acteurs » s’avère être, selon Paul Claudel, une histoire « de peloton ramassé des mains expirantes des parents, pour le transmettre à quelque élu de cette mystérieuse Saga (…) »C’est au chevet de son grand-père, Athanase Théodore Cerveaux, où sa mère avait rendu « le petit Paul », que s’opérait la transmission du fameux peloton qui allait faire de lui « l’élu de la mystérieuse saga ». Évè-nement qu’au soir de sa vie, lors de ses entretiens avec Jean Amrouche, le vieux monsieur évoque pour ses auditeurs.Alors que ce dernier venait de lui demander : « s’il était vrai qu’il avait été obsédé par la présence de la mort, à la suite du décès de son grand-père maternel » ce dernier répond :« La mort de mon grand-père, que j’avais vu de longs mois rongé par un cancer de l’estomac, m’avait ins-piré une profonde terreur et la pensée de la mort ne me quittait pas (...) Or voici que dans cette demeure où son grand-père agonisait, l’adolescent livré à lui-même, cherchant du regard un signe, accrochait au passage ce titre d’un roman de Zola : La joie de vivre. À son insu, il allait ou-vrir « la boîte à Pandore » où se trouvait scellé tout le malheur du passé, qui, précisément, avait interdit « la joie de vivre » au sein du groupe familial. Toutefois, ce livre trouvé, alors qu’il tentait de déchiffrer ce que sa mère attendait de lui, en le rendant ainsi au chevet de son vieux père mourant... il ne pourra l’ouvrir, qu’en poussant une porte interdite. Une fois refermé, le livre reprendra la poussière sur son étagère, demeurant un inaccessible objet de connaissance.

(Danièle Dravet dans Le Mystère K.Momille)

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L’homme d’airain : ou le triomphe consommé sur un « féminin » honni

Dissipons tout de suite le malentendu dont le mot « féminin » fait l’objet qui concerne tout autant l’homme que la femme. Le féminin renvoie au monde intérieur, car il est invaginé comme le sexe de la femme. Parce qu’il nous est obscur on l’appelle le « continent noir ». Comme il n’y a rien à « voir » (juste à entendre) il im-pose la castration au regard qui voudrait tout capter. Raison pour laquelle il est souvent mal vécu. Méprisé. Pourtant il est le lieu même où germine la vie. Cette vie intérieure à partir de laquelle l’on appréhende les mondes du dedans et du dehors. Ce malentendu levé, écoutons maintenant ce fragment de texte qui parle de Rodin et de ce mouvement par lequel il se redressa de l’effondrement qu’avait déclenché le décès de sa sœur Maria (1862).

« Le vaincu »... par la Mort ! Cette faucheuse de vie qui lui avait embarqué sa sœur, son âme-sœur, sa p’tite moitié... allait devenir « l’homme d’airain » !Sous ce titre, il exposait l’une de ses premières grandes œuvres. Étrangement, Rodin naissait à sa postérité future sous le signe d’un scandale ! Car voici que notre créateur, fort de cette illusion qu’il s’était donnée de fabriquer plus vrai que vrai cet objet d’amour qui lui avait filé entre les doigts (objet d’une perte « inencais-sable » psychiquement) allait être soupçonné de faire du faux.Présenté à l’exposition du Cercle artistique et littéraire de Bruxelles (en 1877) Le Vaincu (qui s’appellera bientôt l’Âge d’Airain) fait l’objet de critiques étranges. Comme si le secret avait transpiré de ces mouve-ments de l’âme qui lui avaient permis de se redresser d’un effondrement mortifère, en insufflant la vie à la matière inerte. Il se dégage de son « Vaincu » une telle présence charnelle que l’on s’attendrait, en posant sa main sur ce corps, à le sentir vibrer. Raison pour laquelle Rodin sera soupçonné d’avoir fait un moulage sur modèle vivant. (...)Finalement la passion il l’avait déplacée dans la sculpture. Il l’avait toute fourrée là-dedans. Car ici, dans le creux de ses mains, « l’Objet » ne risquait plus de lui échapper. Il pouvait en faire ce qu’il voulait. Finie la tyrannie ! Cette suspension à un objet dont sa vie dépendrait ! Désormais, c’était lui le Créateur… dont la vie des autres dépendrait ! À commencer par Rose, certes ! Sans compter toutes ces créatures qu’il réveillait du plus profond sommeil de la terre. Car il faut savoir que Rodin avait le génie du modelage. S’il rêvait de trouver la forme qui ferait naître le mou à sa belle fermeté… sa jeune amie sculpteur, quant à elle, n’aura eu de cesse que de faire fondre les matières les plus dures, les plus risquées, les plus rebelles. Dans ce bras de fer avec la réalité (psychique) la Main du sculpteur était celle de Dieu. Du Dieu créant la femme. N’était-ce pas ainsi qu’il avait voulu l’immortaliser ? Le maître en la matière ne sera pas pour autant préservé du danger que représentaient toutes les autres petites Vénus, bien en chair, dont la simple présence dans son atelier était un véritable pied de nez à sa science du modelé. La vraie vie était de leur côté ! Comme une tentation diabolique à laquelle l’homme était soumis, qui, en vérité, n’était pas plus d’airain que de bois. Car leur beauté réveillait une vieille terreur. Tel un fantôme ricanant, lui revenait sa timidité, sa gaucherie. Ce féminin en haillons, qu’il avait cru laisser loin derrière lui. Il tentera de l’exorciser en les possédant les unes après les autres. À la suite de quoi, au nom de l’Immortelle « Belle comme un rêve de pierre »... elles seront damnées.

Danièle Dravet dans Le Mystère K.Momille