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Presses Universitaires du Mirail Le Paradis Terrestre, un mythe espagnol en Océanie, les voyages de Mendaña et de Quirós, 1567-1606. (coll. Mondes Océaniens) by Annie BAERT; C. Huetz de Lemps Review by: Michel BERTRAND Caravelle (1988-), No. 78 (Juin 2002), pp. 256-259 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40854866 . Accessed: 14/06/2014 07:41 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.121 on Sat, 14 Jun 2014 07:41:21 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Le Paradis Terrestre, un mythe espagnol en Océanie, les voyages de Mendaña et de Quirós, 1567-1606. (coll. Mondes Océaniens)by Annie BAERT; C. Huetz de Lemps

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Le Paradis Terrestre, un mythe espagnol en Océanie, les voyages de Mendaña et de Quirós,1567-1606. (coll. Mondes Océaniens) by Annie BAERT; C. Huetz de LempsReview by: Michel BERTRANDCaravelle (1988-), No. 78 (Juin 2002), pp. 256-259Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40854866 .

Accessed: 14/06/2014 07:41

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l'inquisiteur que, face au culte des idoles et aux sacrifices, Las Casas faisait preuve d'un grand laxisme et qu'il n'instruisait pas, comme il le devait, les indigènes dans les principes chrétiens. De plus, c'est le fils de V encomendero qui paya la très forte caution de Don Domingo ; et l'on peut aussi penser que c'est le clan Las Casas qui recruta à Mexico les meilleurs avocats de la colonie pour la défense de ces chefs indigènes. Il semble évident que l'influence du clan de Y encomendero pesa suffisamment sur l'Inquisition pour éviter toute condamnation notable.

Ces procès montrent la permanence des cultes indigènes dans la région mixtèque (en relation avec les phénomènes météorologiques), car il appert clairement que les caciques de Yanhuitlán continuaient leurs rites traditionnels (c'est d'ailleurs leur encomendero qui conservait chez lui les objets du culte) ; on y trouve une description des coutumes, rites, mythes, croyances, cérémonies d'un monde précolombien qui n'avait pas encore disparu. Mais surtout ces documents nous révèlent aussi que derrière ces procès se cachent de grandes rivalités entre les seigneuries indigènes (Yanhuitlán s'oppose à Etlatongo pour des questions de limites territoriales et de mainmise sur le tianguis). Ces rivalités sont épousées par les encomenderos qui appuient les notables indigènes de leurs encomiendasy dont ils ont besoin d'abord pour le versement du tribut mais aussi et surtout pour le travail des indigènes sur leurs terres, dans leurs moulins et pour l'élevage du ver à soie, qui connaît alors un grand essor dans la Mixtèque. On notera aussi l'opposition entre réguliers et séculiers : les dominicains tentent de faire condamner ceux qui mettent un frein à leur evangelisation alors que le vicaire de Yanhuitlán appuie sans réserve ses ouailles !

Mais ces procès qui sont pratiquement les derniers à être traités par l'Inquisition ne doivent pas nous faire oublier que l'extirpation de l'idolâtrie se poursuit et nous savons que divers procès furent entrepris à Oaxaca, hors du cadre juridique de l'Inquisition apostolique mexicaine. Les autorités civiles et religieuses de Mexico préférèrent sans doute, pour les provinces éloignées de la capitale coloniale, laisser l'initiative aux autorités locales pour ne pas endosser la responsabilité des débordements de missionnaires souvent trop zélés.

Malgré quelques légères critiques, l'ouvrage que nous présente M. T. Sepulveda est de grande valeur et l'on ne peut que souhaiter que ce travail soit le prélude à bien d'autres sur cette période charnière, mais encore trop mal connue, de l'histoire de la Nouvelle-Espagne.

Bernard GRUNBERG Université de Reims

Annie BAERT.- Le Paradis Terrestre, un mythe espagnol en Oceanie, les voyages de Mendaña et de Quirós, 1567-1606.- Préface de C. Huetz de Lemps, Paris, L'Harmattan (coll. Mondes Océaniens), 1999.- 351 p.

La « découverte » par l'Europe des mondes océaniens est le plus souvent associée aux grands explorateurs et marins du Siècle des Lumières. Parmi eux, les Français et les Anglais occupent une place de choix, qu'il s'agisse de L. A. de Bougainville, 1'« inventeur » du paradis tahitien qu'il baptisa « Nouvelle- Cythère » ou de son grand rival en découverte, à savoir J. Cook dont les diverses traversées du Pacifique ruinèrent presque définitivement l'hypothèse ancienne de l'existence d'un continent austral. Pourtant, c'est oublier que deux siècles avant eux, d'intrépides marins espagnols se lancèrent à l'aventure convaincus, en vertu

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des connaissances scientifiques de leur temps, de la nécessaire présence de ce cinquième continent. De ce point de vue, les explorations menées par A. de Mendaña et P. Fernández de Quirós au cours de la seconde moitié du XVIe siècle constituent les derniers maillons d'une longue chaîne de voyages trans- océaniques engagés par les Européens dès la seconde moitié du XVe siècle. Si nul n'ignore les aventures océaniques de C. Colomb, Vasco de Gama ou encore F. de Magellan, qui toutes constituent des moments clés dans ce long processus de découverte des réalités géographiques planétaires, les initiateurs des premiers voyages d'exploration du Pacifique sud restent, eux, largement méconnus. C'est dire que l'un des premiers mérites de cet ouvrage consiste bien à replacer les trois expéditions de ces marins espagnols parmi les grands voyages d'exploration de l'époque moderne. Certes, l'écho qu'ils rencontrèrent, même auprès des autorités politiques de leur propre pays, ne cessa de s'amenuiser, les privant de la re- connaissance qu'ils auraient reçue dans un contexte géopolitique différent. Mais, en cette fin de XVIe siècle, l'heure n'était plus pour l'Espagne à l'expansion tous azimuts mais bien plutôt à la maîtrise de ce qui constituait à la fois le cœur et la perle du nouvel Empire, à savoir le monde américain et ses fabuleux trésors.

Le point central de la réflexion d'Annie Baert se trouve parfaitement résumé dans le titre de l'ouvrage qui reprend d'ailleurs une formule utilisée par P. Fernández de Quirós dans l'un de ses derniers textes, à savoir l'assimilation du monde pacifique à des espaces paradisiaques. Il s'agit bien ici d'une interrogation sur les représentations que les premiers Européens qui rencontrèrent des populations polynésiennes et mélanésiennes élaborèrent au fil de leurs voyages. A terme, le projet est bien de resituer ces constructions mentales par rapport à celles de leurs successeurs du XVIIIe siècle afin de retrouver les éventuelles filiations si ce n'est les quelconques dettes. On comprend alors l'importance accordée à cette question du Paradis Terrestre qui, associée à la théorie rousseauiste du « Bon Sauvage », va constituer le point névralgique du regard des Lumières sur les populations pacifiques.

Afin de mener ce travail à bon port, l'auteur choisit de suivre une démarche particulièrement systématique. Elle organise sa réflexion autour de trois parties, certes cohérentes entre elles et utiles au lecteur mais, disons-le d'emblée, d'intérêt très inégal. De ce point de vue, la première partie de l'ouvrage, qui s'attache à décrire l'organisation générale des voyages d'exploration, n'apporte que peu d'éléments originaux. En précisant l'organisation politico-administrative dans laquelle s'inscrivent ces voyages et en soulignant le caractère religieux des expéditions, c'est l'arrière-plan de tous les voyages d'exploration placés sous autorité espagnole qui est alors rappelé. Par contre, l'auteur insiste avec raison sur le tournant politique des années 1 570 et son impact sur les expéditions du Pacifique sud. Comme le montre très clairement l'étude de la lettre de mission accordée à A. de Mendaña et celle des échanges maintenus par P. Fernández de Quirós avec son institution de tutelle, le propos de ces expéditions s'inscrivait dans un contexte radicalement différent. Il s'agissait bien ici de rompre définitivement avec la tentation « féodale » qui inspirait les premières expéditions pour rappeler au contraire l'autorité suprême du Roi et de son Conseil sur toutes les affaires « des Indes » au sens le plus large.

La deuxième partie de l'étude est consacrée aux moyens nécessaires investis dans ces expéditions. C'est d'abord l'occasion de rappeler les difficultés et les dangers que supposaient ces voyages océaniques avec des moyens techniques qui

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n'avaient que peu évolué par rapport à ceux dont disposaient les marins du XVe siècle. Mais c'est aussi un biais qui souligne - différence notoire avec les expéditions du siècle antérieur - l'importance des progrès réalisés, en particulier pour ce qui était des connaissances générales de la circulation des vents. A cette date en effet, le tornaviaje dans le Pacifique Nord - la fameuse route ouverte par A. de Legazpi et Urdaneta, utilisée deux siècles durant par le fameux galion de Manille - était enfin découvert, facilitant la réalisation de ces expéditions à partir du continent américain. Il n'en reste pas moins que les obstacles à toute naviga- tion dans le Pacifique restaient nombreux, compte tenu en particulier de l'igno- rance des possibles étapes et de l'immensité, rendant dangereux et aléatoires de tels projets de voyages. C'est dire le mérite initial de ces marins espagnols qui, sans véritables cartes ni repères précis, osèrent tenter l'aventure et surtout réus- sirent à mener leurs expéditions à leur terme. De ce point de vue, les quelques cartes qu'ils élaborèrent au cours de leurs voyages servirent de base, certes sou- vent truffée d'erreurs et d'approximations, aux explorateurs des siècles suivants.

Dans cette même partie, l'auteur analyse également les moyens militaires mobilisés dans la réalisation de ces expéditions. Elle souligne en particulier que la présence de ces armes n'avait aucune visée colonisatrice immédiate. Il s'agissait bien plus de disposer des moyens de défense nécessaires en cas d'attaque tant de pirates que d'indigènes. Elle montre en effet comment la présence à bord de ces armes amène les responsables des expéditions à se soucier de l'usage modéré de la force vis-à-vis des populations rencontrées. De ce point de vue, les réflexions sur la violence toujours latente dans les rapports avec les indigènes rencontrés et surtout sur la volonté d'en faire un ultime recours en cas de menace contre les hommes de l'expédition, entrent particulièrement en résonance avec les propos tenus par les chefs d'expéditions du Siècle des Lumières. C'est dire que, malgré près de deux siècles d'écart, ces expéditions espagnoles dans le Pacifique sont, d'une certaine manière, plus proches de celles de Bougainville ou de La Perouse que des expéditions hispano-portugaises du XVIe siècle.

Une fois établi et précisé le contexte de ces expéditions océaniques, l'auteur aborde enfin, dans une dernière partie, la question des représentations espagnoles de ces Mers du Sud. Deux aspects essentiels semblent avoir retenu l'attention de ces marins : l'espace et les hommes. Certes, les observations réalisées n'atteignent pas le plus souvent la précision et la rigueur de celles de leurs successeurs du XVIIIe siècle. Elles n'en sont pas moins intéressantes à un double titre : leur antériorité et surtout leur fonction de révélateur des représentations européennes du XVIe siècle. Ces récits constituent en effet les premières descriptions géographiques et cartographiques du monde pacifique. Ils s'attachent notamment à 1 'observation de la flore et de la faune, des réalités climatiques et naturelles, des productions agricoles et notamment alimentaires sans oublier les éventuelles richesses locales, révélant de manière explicite l'arrière-plan colonial de ces voyages. L'idée de ces Européens est bien que l'on a à faire à des territoires riches, offrant des conditions naturelles exceptionnelles, hébergeant une population abondante et présentant un réel intérêt pour une métropole malgré un éloignement rédhibitoire dans une perspective coloniale. La perception des hommes est en harmonie avec cette appréhension élogieuse du milieu géographique. Comme les marins du XVIIIe siècle, ceux du XVIe siècle furent sensibles à la beauté physique des îliens dont ils soulignent la vigueur des corps et la bonne santé que traduit à leurs yeux la longévité. Ils s'attachent aussi

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à l'observation des modes de vie, à celui des fonctionnements des sociétés pacifiques. On n'est pas surpris du sentiment de supériorité qu'ils expriment alors devant des populations jugées « primitives », « sauvages » voire « bestiales », notamment en raison des pratiques anthropophages. Cependant, malgré cet ethnocentrisme dont les Lumières ne s'affranchiront d'ailleurs pas complète- ment, la représentation des Mers du Sud et de ses populations par ces marins du XVIe siècle reste largement positive, souvent proche de celle qu'exprimera le XVIIIe. Peut-on pour autant conclure, comme le fait l'auteur, à une représen- tation d'un Paradis terrestre, d'une certaine manière laïcisé avant l'heure, qui préfigure celui des Lumières ? Rappelons à ce propos que bien des explorateurs du XVIe siècle, en abordant des contrées nouvelles, à la végétation luxuriante, aux populations souvent paisibles - tout au moins lors des premiers contacts - crurent se trouver transportés au Paradis. N'est-ce pas d'ailleurs la réaction de C. Colomb lui-même qui, lors de son troisième voyage croit l'avoir atteint ? N'est-ce pas un vieux topos de la civilisation occidentale et chrétienne qui re- trouve toute sa force avec la Renaissance et qui reprend corps précisément quand l'Europe se plaît à rêver d'Utopie ? Enfin et surtout, parle-t-on du même Paradis terrestre, au XVIe et au XVIIIe siècles ? Dans ce débat qui est loin d'être tranché, le livre de A. Baert apporte des éléments de réponse importants et nouveaux qui permettent de reprendre la réflexion à partir de sources jusqu'alors négligées. Ce n'est pas le moindre des mérites de cet ouvrage que de relancer la réflexion sur une question qui n'est rien moins qu'une notion clé de la culture occidentale.

Michel BERTRAND

Dominique GRESLE-POULIGNY.- Un plan pour Mexico-Tenochtitlan. Les représentations de la cité et l'imaginaire européen (XVIe-XVIIIe siècles).- Prefacio de Jean-Pierre Berthe.- Paris, L'Harmattan, 1999.- 364 p. Ilust. (Recherches Amérique latine)

Cuando Hernán Cortés y sus hombres llegaron a México-Tenochtitlan en 1519, ¿cuál fue su primera impresión? ¿Qué vieron? ¿Qué imagen guardaron en su mente de aquel lugar que muy pronto conquistarían y devastarían? No podemos más que hacer puras suposiciones, pues ninguna representación prehispánica de la ciudad de Tenochtitlan se salvó de la destrucción. Cortés, en sus primeros escritos, se encargó de describir la ciudad, pero uno de sus hombres tuvo la grandiosa idea de hacer un boceto o croquis, que fue mandado a España. Aquí comenzó el recorrido intelectual de Dominique Gresle-Pouligny, que aunque arduo demuestra un gran conocimiento y capacidad de análisis, y cuyos resultados primero fueron presentados como tesis doctoral.

El plano de la ciudad, llamado cortesiano por la autora, nos brinda información sobre la organización espacial de la capital mexica antes que ésta fuera destruida por los españoles. Para mala fortuna, no se tiene ninguna noticia ni del autor ni del destino del prototipo original: la imagen que ha llegado hasta nosotros es el grabado que se fabricó en los talleres de Nuremberg en 1524, siguiendo convenciones artísticas de la época, y publicado junto con la segunda y tercera Cartas de Relación escritas por el Conquistador.

Gresle-Pouligny se apoya en varias ciencias para efectuar el análisis y la descripción del plano cortesiano. La antropología le sirve para explorar la poca cartografía indígena que se conserva y apreciar sus técnicas de representación, así

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