Le Père Joseph-Marie Perrin - exultet.net · l’immeuble. J’ai dit « oui » immédiatement, heureuse de ne pas le savoir isolé à son âge. Ainsi, désormais, chaque dimanche

LePèreJoseph-MariePerrinUnmaîtredesagesse

©2015,GroupeArtègeÉditionsArtège

10,rueMercœur-75011Paris9,espaceMéditerranée-66000Perpignan

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ISBN:978-2-36040-297-7

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l’immeuble.J’aidit«oui»immédiatement,heureusedenepasle savoir isolé à son âge. Ainsi, désormais, chaque dimancheaprès lamesse, nous rentrions à lamaison.Le lundimatin, enallant travailler, je le raccompagnais rue Moustier. Une vienouvellecommençadès lorspourmoi,unevraieviede famillequidurajusqu’àsamort.Lepèredevinttoutnaturellementpourmoiuneaidespirituelleprécieuse,unamietunvraipère.C’estainsiqu’en raisonde sacécité, toutes les foisquecelam’étaitpossible en fonctiondemonactivitéprofessionnelle, jedevins«sesyeux»,suivantlabelleexpressionqu’ilaimaitàemployer.Chaqueété, je le rejoignaisdans laDrômepourunmoisde

travail avec lui. Bruno Calvet, un de ses amis, originaire duBordelaisetâgéde60ans,avaitachetélàaudébutdesannées1980 un hameau perdu à 800 mètres dans la montagne. Cedomainede380hectares,LePradier,situéà15kmdeDieulefit,comprenait plusieurs corps de bâtiments que Bruno avaitrestaurés pour en faire un centre de ressourcement spiritueldestinéaux laïcs.LepèrePerrin,queBrunoavait rencontréen1984, l’avait encouragé dans son projet ;Bruno le considéraitd’ailleurscommelecofondateurdulieu.LePradierfutpourlepèresourcedegrandejoie,carc’estlà,

lesdernièresannéesdesavie,qu’ilexerceralamajeurepartiedesonapostolat.Danscelieudetoutebeauté,lepèreprêchaituneretraiteenjuilletetuneautreaumoisd’août.Ilyallaitparfoisdurant les fêtes pascales pour un temps d’enseignement ; il yretournait au mois de mai et parfois en septembre où, à cetteoccasion, il apportait son aide spirituelle à un groupe depsychologueschrétiens.J’eus également l’occasion d’accompagner le père Perrin à

Paris où il retrouvait régulièrement son amie Régine Pernoud,(1909-1998)historienneetspécialisteduMoyenÂge.Il l’avaitrencontrée en septembre 1943 et, chaque été, elle venait au

Pradiersuivrelesretraitesdupère.«Sajoied’êtreestd’autantplus extraordinairequ’il est atteint de cécité », écrivait-elle enparlantdelui12.Lorsque jepouvaisme libérer, j’accompagnaiségalement le père à Beaune où il retrouvait sa sœur, Marie,atteinteelleaussidecécité,etsonneveu,Alexis,magistratquil’appelait«On’Mi»,abréviation«d’oncleMichel»,expressionqui remontait à son enfance. Je fus témoin, lors de leursrencontres,delaprofondetendressequelepèreéprouvaitenversles membres de sa famille. D’autres voyages nous amenaientaussibiensouventàLourdesoùlepèreretrouvaitsœurMarie-Réginald13.

Leprimatdel’amour

Ôinestimable,trèsdoucecharité,quines’enflammeraitàtantd’amour?

Quelcœurpeutsedéfendrededéfaillir?Toi,abîmedecharitéondiraitquetuesfoudetescréatures,

commesitunepouvaisvivresanselles,bienquetusoisnotreDieu,quin’apasbesoindenous.

SainteCatherinedeSienne14

«Etmaintenant,loindetout,cachons-nousdanslesplaiesduSeigneur.Hors l’aimertoutestvainetcegrandmystèredesonamourestsipoignant.Cepoidssurl’âmedelagrandefoliedel’amouréternel,qu’ilferaitbondes’enlaisserécraser15.»Cesmotsbouleversantsqu’ilécritàJulietteMolland,nousplongentimmédiatementaucœurmêmedecequefutsaspiritualité,cellequimarquatoutesonexistence.C’esttoutesonâmequis’offreànousàtraverscetteparolequiembrasenoscœurs,carquipeutrésisteràl’amourdeDieu?Cequiadominé,durantsesannéesde noviciat au couvent dominicain de Saint-Maximin, c’est ladécouverteprogressivequeDieuneveutrienqu’êtreaimécarilest amour. « Jamais notre pauvre esprit n’en pourra scruter laprofondeur ; il peut seulement se pencher sur l’insondableabîme pour s’y perdre enfin dans un vertige d’amour etd’adoration16.»

Saviedurant,àtraverssesécritsetentretiens,lepèren’eutdecessederappelerpageaprèspagelasoifardentedeDieuenvers


Jelevoyaistrèssouventpasserdenombreuxcoupsdetéléphonelorsqu’ilavaitbesoind’êtreconduitquelquepart.

En effet, cette joie divine n’est pas joie béate ou fuite desréalitéset ilprenaitsoindebienlepréciser:«LeSeigneurenpleurant devant le tombeaude son amiLazare et en répandantune sueur de sang dans son agonie, a enseigné aux siens queleurs larmesne sontpasdesblasphèmesetque lemal est uneterribleréalité35.»En raison de sa cécité, les joies que peuvent procurer les

splendeurs de la nature étaient étrangères au père Perrin,l’arrivéeduprintempsoulescouleursd’automne,uncoucherdusoleil, un vol d’oiseau sur la course des nuages, que sais-je…Commeildevaitmel’avoueraussidèsnospremièresrencontres,lamusiqueàlaquelleilmedisaitêtretotalementhermétiquenepouvaitnonplusluiapporterunequelconqueconsolation.Maissacécitélerendaitsensibleàuneautremusique,celledesâmesque le Seigneur mettait sur son chemin. Souvent, en parlantd’untel ou d’unetelle, je l’entendais dire : « Oh, oui, il estbeau»,ou«Oui,elleestbelle.»Il était « condamné » aux joies les plus hautes, les joies

intérieures, qui sont comme le sceau de la présence de Jésus-Christ – source de toute joie – dans une âme.Dans une lettreadresséeà JulietteMolland, il écrivait :«Cequi comptedansuneinfirmitéetsesdiversesapplications,c’estl’usagequ’onenfait. Le Seigneur n’aime que les donneurs joyeux. Priez pourquejelesoisdemieuxenmieux36.»

Jerepensesoudainàl’unedesplusgrandesjoiesquiilluminala vie du père Perrin les derniers mois qui ont précédé sondépartauciel!Unjour,alorsqu’àlasuited’unechute,ilnesedéplaçait plus qu’en fauteuil roulant, il reçut la visite

d’Emmanuelle, sa filleule, qui, en 1995, avait été baptisée enCorse à l’âge de 30 ans.Apprenant que son parrain était bienfatigué,elleconfiases troisenfantsàsonépouxetprit l’avionde Figari, pour venir directement chez les Petites Sœurs desPauvres.Savenuefutpourlepèreunmerveilleuxcadeau.Jelerevois

nettement : ilétaitcommeunenfant, totalementbouleversé,auborddeslarmes.Ilsavaitlasituationfinancièredifficiledecettejeune maman qui avait pris l’avion simplement pour venir levoir ; il était émerveillé de tant de délicatesse ; son visagerayonnait d’une joie toute surnaturelle. J’avais l’impressionqu’il ne voulait pas perdre une seconde de la présenced’Emmanuelle.Ilétaitpenchéverselle,buvantsesparoles,trèsému,etattentifenmêmetemps.Encesinstantspresqueirréels,sa chambre semblait avoir disparu, seul m’apparaissait sonvisagetransfiguré, levisaged’unêtre totalement transparentdela lumière du Christ, transparence qui était comme laconséquenced’unetotaledépossessiondelui-même.Enrevivantplustardcesinstants,jenepusm’empêcherdepenseràcertainstableaux de Rembrandt. Quand l’heure du départ sonna,Emmanuelle, après l’avoir embrassé revint sur sespaspour luirenouvelersonaffectionetmerejoignitprèsdel’ascenseur.Leslarmesauxyeux,ellem’avoua:«J’aivuunsaint.»

OnpeutdireaussiquelajoiedupèrePerrin,pourtousceuxquil’ontconnu,prenaitsasourcedanssavolontéconstantedese conformer entièrement au Fils bien-aimé dont la nourritureétait de plaire au Père en toute chose.À ce propos, tout étaitgrâcepour lui, lamoindre rencontre, lemoindre événement, lamoindrejoiecommelamoindrecontrariétéetilaimaitàredire:«Demêmequetoutestgrâcepourquisesitueauniveaudelagrâce,onpeutdirequetoutestjoie.»

Maiscommentacquérircettejoie?Aprèsnousavoirrappelélessourcesdelajoiechrétienne,lepèrePerrin,dansunchapitreintitulé«Lechrétienhuitfoisheureux37»,nousindiquelavoieroyale,celledesbéatitudes.Lecheminesttouttracé.Nousvoiciimmédiatement emporté au sommet de la montagne, dansl’herbe, aux pieds de Jésus et recueillant comme un trésor leshuitbéatitudesqueleMaîtredubonheur,selonl’expressiondupère Perrin, daigna imprimer en nos cœurs. Lorsque ce prêtreaveugle,aufildespagesdeL’Évangiledelajoie,nousentraînesur les sentiers escarpés et exigeants des béatitudes, nouséprouvonscommeune immense surprise, car toutenentendantrésonnerlavoixincandescentededouceurdudivinMaîtrenousenseigner le chemin du bonheur, « Heureux les pauvres decœurs,leroyaumedescieuxestàeux…heureuxlesdouxetc.»,nous voyons apparaître comme en transparence le visagelumineuxdeceprêtrebrûlénonseulementparl’amourmaisparla joie même de Dieu. Oui, il s’était totalement identifié auMaître en cherchant toute sa vie à faire sa volonté d’amour etauxyeuxdetousceuxquil’ontbienconnu,onpeutdiresanssetromper,qu’ilavécuchacunedesexigencescontenuesdansleshuitbéatitudesetqu’àlafindesavie, ilétaitvraimentdevenu«huitfoisheureux».

Enfin, quel était pour ce prêtre, le signe qui garantissaitl’authenticité de la joie ?Dans un texte non datémais rédigéaprèsl’année1989,ilrévèle«qu’ellerendcompatissantàtoutemisèrecommeleSeigneur».

Ainsi qu’il l’écrivait dans un autre texte non daté : « Lasaintetéparlajoien’estpasunerouteofferteauxtempéramentsheureux et bien richement doués mais au contraire la routeofferteauxpluspauvresquiacceptentdecroireàl’amour.»Oui,


allerauximpressionsdumoment,ouvertàl’enthousiasmemaisaussiprispardestristessesdésespérantes.Trèsvite– et d’autant plus vite, que le pèreMaître était là – jecompris que la vie avec Dieu exigeait la libérationcomplète de toutes ces servitudes.Comment faire ?Unede mes premières convictions fut en ce domaine lanécessité de « dompter la langue ». Je ne sais pluscomment cette idée s’installa en moi mais ce futcertainement saint Jacques qui fut l’essentiel. Je voulaismeposséder,meprendreenmains,éviterlesécartsdemasensibilité et de mon imagination ; L’Esprit Saint medisaitlemoyenefficace.Onneremarquerajamaisassezlavigueur de ses affirmations et la richesse qu’il y a danscettedoctrine.Cen’estqueplustardquej’aicomprisl’adorableleçon

donnée par le Maître « ouvrant ses lèvres » pour nousenseigner et se taisant quand il se fut agi de Lui. Sonbaiserdoitscellernoslèvresetnousapprendreàneparlerque pour Lui… pour nos frères à cause de Lui. Lesrécréationset lespromenadesétaientmacrainte ; jem’ylaissaisalleràtropparler,j’étaisenclinàladiscussion,àl’étalage,augoûtdubrillant,àlacritiqueouàlaraillerieaussi. Peu à peu, à force de prières, de vigilance, dereprises cent et cent fois, – quelques Ave Maria meservaient à la fois d’instants de prière et deredressement – l’ordre s’établit dans ce domaine. Touteconversation doit être dans la charité, pour le Seigneur,pourlesautres.Aujourd’hui,j’aiconscienced’avoirexagéréplusd’une

fois et d’avoir pu être à charge à certains frères dunoviciat, mais je n’en reste pas moins convaincu del’importance primordiale de cette discipline. Quand on

relitsaintJacques,ons’étonnemêmedevoirsipeumettreàprofitunenseignementsiénergique.Quiparleàtortetàtraversselaisseallerselonsescapricesauxépanchementset aux discussions, aux reproches et auxapplaudissements, n’aura jamais la paix. Au reste, voussavezbienquejenesuispasparfaitencedomaine,maismaintenant, je sens très fort que cette disciplinepersonnelle doit rester le secret de Dieu et qu’il fauts’efforcerd’êtrecommelesautrespourlesaideràproposs’ilestpossible.«L’àproposdelacharité»quipenseaubiendel’autre,quilesentdanslesentraillesdelacharité,meparaîtunidéalplussouhaitable,pluschrétienetplusbeau. Tant que nous sommes à saint Jacques, je vousdirais que ses remarques sur les caractéristiques de lavraiesagessem’ontbeaucoupappris.«Elleestmodeste.»Fidesemphasesetdesgrandsmots,dessolennitésetdesgrandes déclarations. Plus encore le « oui, non » del’Évangile suggère une simplicité qui estmerveilleusementdésinfectante…Jen’insistepaspuisquevouslesavezetrepensezàcescherstextesdel’Écriture.Lededansexigeuntravailplusprofondetplusétendu:

«Bienheureuxlescœurspurs…»,lesâmestransparentes.Il y a tant de beaux prétextes pour se laisser aller à sesindignations, à ses tristesses : on peut même être tentéd’en faireunequestionde loyauté avec soi-même.C’estunepartiedenous-mêmequ’il faut« tailler».Pourtant,du moment qu’on n’extériorise plus ses réactions, letravail de purification est plus aisé. Comment ne pascomprendre que tout mouvement d’impatience n’est pasuneréactionduChristennousetqu’ilfautdececheflacombattre. Comment ne pas comprendre que touteinégalité d’humeur introduit l’erreur en notre jugement.

Leschosessontcequ’ellessont;moi-mêmequimecroiscentre,jenesuisqu’«unautre»pourmesfrères:ilseraitsot dem’établir en absolu, et ainsi de suite. Il faut unelonguepatiencepourmaîtrisersesimpressions,nepaslesfaire intervenir dans ses jugements et ses décisions,laisser passer un ou deux jours sans une réaction pourqu’elle soit vraie, interroger le Christ pour chercher sespensées à Lui, ses goûts à Lui, et coûte que coûte seconformer à Lui. Encore une fois c’est un travail quidemandebeaucoupd’amour,c’estce«reniementdesoi»,cet«abandondesoi»quenousdemande leChristet ilfaut avouer que Ses regards portent sur nous desjugements inconnus de nous. Lui seul sait la différencedesnerfs, lesdifficultésde tempéramentet telquiparaîtéchouerapeut-êtreplus.Vous savez aussi la longue épreuve de santé, les

tempêtesetlestristessesquej’aieuesladeuxièmeannéede mes études à Saint-Maximin et comment c’est alorsque s’installa au centre dema vie la foi en son Amourincommunicablementpersonnel.La paix chrétienne n’est pas purement négative par

l’affranchissementdesmenacesd’enbas,elleestpositivepar la prise de conscience des biens d’En-Haut quitiennenttousenunseulmot,SonAmour.CommentcettecertitudeémerveilléedesonAmour,cettejoiedepouvoirse définir comme saint Jean, comme chaque chrétien«celuiqueJésusaime».Pourmoi, ce fut laméditationdumystère de la Croix. Les passages de saint Paul surl’amour du Christ, les paroles de saint Jean, surtoutl’immense sicut dilexit me Pater… (si c’est ainsi qu’ilm’aaimé)et les stationsducheminde laCroix souventparcouruesontcommencéàdévelopperenmoicette«foi


père,danssaréponsedu24juillet,melivratoutcequ’ilpensaitdel’amitié:

À propos deCatherine et de sa sévérité, tume posesune question facile et difficile ; facile parce qu’uneconscience claire sent spontanément si son affectionenlevait quelque chose à Dieu bien que l’illusion soittoujours possible ; difficile parce qu’on risque, en enparlant mal, de défigurer l’amour du Seigneur qui estdonneuretcréateurd’amitiés.Je vais quand même essayer : une touffe de gui est

mauvaisepourunchêne;unenouvellebranchel’enrichitd’autantplusqu’elleestvigoureuse.Quanddeuxamisontune vraie amitié, elle est embellie et fortifiée par denouveauxamis.Une amitié dans le Seigneur apporte un plus et n’est

jamais un moins. D’ailleurs si le Seigneur nous ditexpressémentdenousaimerlesunslesautrescommeLuinousaime,cetteamitiévenantdeluietallantàlui,tendàréaliser cet idéal irréalisable. On veut à l’ami qu’il soitplusuni auSeigneur ; on tient à sonprogrès commeausien.Le signe de cette vérité est que cette amitié n’est ni

jalouse,ni exclusive ; cesombrespeuventmenacermaisonlesécarted’unemanièreabsolue.L’Évangile nous montre les amitiés du Seigneur : la

familledeBéthanie:«Illesaimait»ditl’évangéliste;le« disciple que Jésus aimait ». L’amitié déçue du jeunehommequinerépondpas,pourtantJésus«l’aimait».Bienloindecroirequ’ilenestcontrarié,c’estàJésus

lui-même que nous demandons de nous enseignercomment on aime ses proches et ses amis. Personnen’a

étéfilsetfrère,niamicommelui.Onpeutmêmedirequelesrelationstrinitairessontamitié:«Lagloirequetumedonnesparcequetum’aimes.»PratiquementleSeigneurnousdonneuncritèreànotre

portée:«C’estàleursfruitsquevouslesdiscernerez»;si une amitié accroît la paix, la confiance dans leSeigneur, l’ouvertureauxautres, ledésirdumieux,c’estluiquiladonneetilenreçoitdelagloire;sinon,ilfautimmédiatement travailler à la rectifier pour qu’elle soitdigne d’être partagée entre amis, avec le Seigneur,inspirateuretidéaldesplusbellesamitiés.Une vraie amitié est une échelle de sainteté, c’est

pourquoileSeigneur«envoyaitlessiensdeuxàdeux».Seigneur,enseigne-moiàêtreamicommetoi.Lavieet

ses imprévus font reconnaître les vraies amitiés.«Heureux,celuiquiatrouvéunvraiami.»ToutprèsdeLui.

LepèrePerrinavécupleinementtoutesavielaphrasesibellerencontrée sous sa plume : « L’Évangile nous enseigne uneattentionsivraieauprochain,silibredenous-mêmes,quemêmeladéceptionestsupprimée…etquenouspourronspardonnerànotrefrèreden’êtrepascommenousvoudrionsqu’ilsoit81.»Àcesujet, lepèrem’avaitécrit :«Essaiedeneplus jamais

repenser à cequi a été ‘‘déception’’.C’estundesmotsque leSeigneur m’a appris à exclure de mon vocabulaire. Il t’aimetant;ilveutt’uniràLuisibienqu’iltefaitlamêmedemande;dumoinsc’estcequ’ilmesemble.PouraimercommeLuiaussibien les proches que les autres, il faut seulement s’offrir etl’accueillir82.»

Unexempleparmi tantd’autresde ladélicatessedupèreenmatièred’amitiémerevientenmémoire.Unsoir,aprèsletravail,alors que j’étais venue le rejoindre dans son bureau – il étaitencorerueMoustier–,ilmedemandaderécupérerunpapierquisetrouvaitdansunedespochesdesaveste.Stupéfactionetfourire : j’aperçois deux baguettes chinoises dépassant de l’uned’elles.–Monpère,vousêtesalléaurestaurantchinois?–Oui,mapetitefille,aveclefrèreNicodème;noussommes

rentrés vers minuit et le restaurateur m’a offert ces deuxbaguettes.Luiquiavaitl’habitudedesecouchertôts’étaitalorsadapté

sansproblèmeàcethorairedécalé,toujoursfidèleàl’amitiéquisedonnesanscompter.Lorsque le père Perrin était à lamaison, les rares sorties le

dimancheaprès-midinousconduisaientchezunedameâgéedesaconnaissancequi,totalementisolée,habitaitlesquartierssud.JemesouviensdumerveilleuxcadeauquelepèreluifitunjourdeNoëlenallantcélébrerlamessechezelle.Quellejoiefutlasienne!Oui,sadélicatessetrouvaittoujoursmilleoccasionsdesemanifester,surtoutauprèsdespluspauvresetdesplusisolés.«Àquiaimevraiment,lacompassionestuntourment»,avait-ilécritenparlantdeSimoneWeil83.Enrevenantdecesraressortiesdominicales,danslavoiture,

je l’entends encore : « Nous rentrons chez nous, ma petitefille.»


aime.Leprimatdel’amourdivinétaitbienpourlepèreetpourJuliettelefondementdecettespiritualité,primatdel’amourquenous avons évoqué au premier chapitre et qui ne semblait paslaisserdereposaupèrePerrin.Àcesujet,jerepensesoudainàl’unedeses trouvailles,qu’ilnousraconta– toujoursavecsonpetitsouriremalicieux– lorsd’uneréuniondesFraternités : IlnousfitdécouvrirquelesigleSamusignifiaitenfait:«Serviced’AmourMissiond’Urgence.»«L’amourduChristnouspresse»,leversetdesaintPaulne

laisseplus enguisede réponsedenotrepartd’autre raisondevivrequ’uncœurembraséd’amourpourJésus.Dieun’asoifqued’être aimé, répétait inlassablement le père, et Jésus n’avait-ilpasdemandéàJuliette:«Ilfautquetouteâmequimechercheau milieu du monde, puisse atteindre la perfection. » Cettespiritualitéestunevéritableécoledesaintetéenpleinmondeoùceux qui y sont appelés apprennent à aimer Jésus et à le faireaimerengardantenmémoireque«l’amourdeDieuestunfeuconsumant»(He12,29).IlsveulentrépondreleplusardemmentpossibleàlasupplicationdeJésusenLuc12,49:«C’estlefeuquejesuisvenuapporteràlaterreetquepuis-jevouloirsinonqu’il brûle de plus en plus ? »À cet amour excessif deDieupour chacune des âmes, les membres deCaritas Christi sontappelésàrépondrecommelefaisaitsainteCatherinedeSiennelorsqu’elleavouait:«Manaturec’estlefeu.»

Mais comment répondre à cette soif de Jésus ? Ou plusprécisément quels sont lesmoyens offerts parCaritas Christipouratteindrelessommetsdel’amourconsumant?PourlepèrePerrin, cette spiritualité étant une spiritualité de l’essentiel,« une vocation d’absolu » en plein monde, selon ses proprestermes,lemoyenleplussimpleetleplusexigeantestlaviedetouslesjoursdanslesecretduPère.C’était,pourlefondateur,

lemoyendesmoyensetlamarquespécifiquedeCaritasChristi.Ilnousdisaitsouventquesepenchersur«TonPèrequiestdansle secret » revenait à « proclamer le primat absolu del’intérieur».Dèssesannéesdenoviciat,ilavaitcomprisqueleprimat de l’intérieur seul compte pour Dieu. Dans son romanLettres à un jeune homme, Max Jacob écrivait à un jeuneétudiant:«C’estparlavieintérieurequ’onestsauvéouperducaronnoustiendracomptedenosparolesetdenospensées98.»Dans toute fondation en Église, c’est l’Évangile et tout

l’Évangile que chacun de ses membres est appelé à vivre.Néanmoins, chacune des fondations a sa propre colorationempruntée à un aspect bien précis de l’Évangile. Pour lafondationCaritasChristi,lepèreécrivaiten1972:«Depuislapremière heure de Caritas Christi, le doigt lumineux duSeigneurs’estposéàcetendroitdesonÉvangile99 :“LePère,celuiquiestdans lesecret”»(Mt6,4-6-18).LepèrePerrinyattachaituntelprixqu’ilenavaitfaitletitred’undeseslivresDans le secret duPère100 et qu’il en avait fait le thème de latroisième année de formation pour les âmes appelées à cettespiritualité. Ilprécisait,àcesujet, le2mai1989,que«Laviesecrèten’ajoutepasàlaviemaisyplonge;c’estsurlamanièrede vivre et de faire les choses qu’on compte pour atteindre lasainteté plus que sur les choses. » Pour bien nous fairecomprendre cemystère d’amour avec Jésus vécu au-dedans denous,lepèrePerrin,aucoursdesretraitesoudesréunionsqu’ilanimait, revenait très souvent sur l’épisode émouvant del’entretiendeJésusautourdupuitsdeSycharavecune femmedeSamarieàquiilconfiaundessommetsdel’uniond’amour:«TelssontlesadorateursquecherchelePère.Dieuestesprit,etceuxquiadorent,c’estenespritetvéritéqu’ilsdoiventadorer»(Jn 4, 23-24). Immédiatement après, le père, avec beaucoup

d’émotion dans la voix, nous rappelait la promessebouleversanteduSauveurpourdetelsadorateurs:«Voici,jemetiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix etouvrelaporte,j’entreraichezluipoursouper,moiprèsdeluietluiprèsdemoi»(Ap3,20).Juliette Molland disait aussi très souvent dans ses lettres

adresséesaupèrePerrinquecetaspectde laviedans lesecretduPèrenepouvaitêtresupprimésansenlevertouteraisond’êtreaucharismedeCaritasChristi,carcesecretd’amouravecJésusétait la grande source de perfection pour ceux qui veulentatteindrelasaintetéenpleinmonde.Dansunelettreadresséeaupèreelleécrivait :«Pour“lePèreestdans lesecret”, là,c’estl’abîmeoùnousdevrionsnousengloutir.Jepensequelàestlegrand moyen pour nous laïques mêlées au monde, de vivrepleinementl’uniond’amouravecDieu101.»LepèrePerrinnousreplongeaitsanscessedans laparoledeJésus :«LeRoyaumedeDieuestendedansdenous»(Lc17,21),carpourlui,etilyrevenait avec insistance, ce verset nous obligeait au « primatabsolu de l’être sur le paraître », afin de nous garder de toutpharisaïsme. Il a consacré de nombreuses pages à la puretéd’intentionquidécouledecetteviedanslesecret.Ilécrivaitquel’intention est « ce qui intéresse Dieu, la seule chose qu’ilsemblevoir, lui qui regardedans le secret ; elle a tant deprixqueleschosesmatériellesdeviennentparelle‘‘gloiredeDieu’’,le manger et le boire par exemple, que les plus insignifiantesprennent valeur d’éternité comme ce verre d’eau donné aupauvre102».Oui, pour le père Perrin et pour Juliette, tout faire sous le

regardduPèreetpourplaireauPèreétaitvraimentcechemindesaintetéouvertàtousceuxquiaucœurdumonde,mènentleurvie semblable à celle des autres. Juliette aimait à rappeler que


ses conseils. Il était toujours disponible et chacun repartait enpaix.Ils’estfaitjusqu’auboutleserviteurdesonMaître:«LeMaîtreàgenouxdevantlessienspourlaverleurspieds,mourantles bras ouverts pour attendre et attirer tous les hommes estl’apparitionmêmeduMiséricordieuxdansnotremonde126.»Telle était sa miséricorde qu’après sa mort, il laissa de

nombreuxenfantsquisesentirentsoudainbienorphelins.

Unespiritualitémariale

Lesgrandespromessesquelessaintsfont,aunomdeDieu,àceuxquis’attachentàMarie,doiventfairecomprendre

quelaViergeestunmoyenmerveilleuxdenousdonnertoutauChristetderecevoirdeluilagrâce.

J.-M.Perrin127

EnlaVigilepascalede l’année2002,quidevaitprécéderdequelques jours la mort du père Perrin, je veillais près de lui.Minuit n’était pas loin, lorsque soudain, je l’entendismurmurer:«Quecettesoiréesoitmarquéeparceci:‘‘Etdepuiscette heure-là, le disciple la prit chez lui’’. Ajoutons saintJoseph et tous les autres saints. Tu vois, Camille, là tout estdit. » Oui, effectivement, pour lui tout était dit et comme ledisciplebien-aimé,c’est avec joieet empressement,qu’il reçutdu haut de la croix d’amour Marie pour mère, Marie, qu’ilappelaitlasaintedessaintes.«Aupieddelacroix,àl’heureoùson immense douleur lui faisait ressentir plus vivementl’étenduedesonamourmaternel,Jésusavoulusolennellementnousfairepartagercelui-ci,nousledonner:femmevoicitonfils(Jn19,26)etMarieestdevenue‘‘notremère’’128.»IlrevenaitsanscessesurlerôledeMarieaupieddelacroix.

« Marie, en acquiesçant autant qu’il était en son pouvoir, enadhérantàlacroixrédemptrice,enyparticipantàundegréquidépassenotrecourteintelligence,setrouvedéfinitivementunieàlarédemptionuniverselle.Notreviesurnaturelleselieàelleparde nouveaux liens et samaternité devient plus profonde, plus

personnelleencore129.»Elleétaitpourluiunmodèled’amour.Etildisaitsouventau

cours de ses retraites que personne n’a su aimer Dieu et leprochain comme elle. Il revenait sans cesse sur la maternitéspirituelledeMarie. Ilconfieun jouràJuliette :«CetteplacequeMariedoittenirdansnotrevie,elledoityêtrelamère,cellequi communique, entretient et développe la vie. Et de mêmedans toute l’œuvre130. » En haut et à gauche de chacune deslettresadresséesparlepèreàJuliette,onpeutlireAveMaria.Lavied’unchrétienquiaspiredetoutesonâmeàlasainteté

cachetoujoursunsecret:pourlepèrePerrinlesecrets’appelait«Marie».LaSainteVierge fut lemouledans lequeldevait secoulertoutesaspiritualité.«Inutiled’insistersurlemerveilleuxmodèle de sainteté qu’est la Vierge Marie : on ne sauraits’approcherd’Elle sans respirer l’airpurdes sommets ; et sonintimitérendtoujoursmeilleur131.»Selonlestempsliturgiques,Marieétaitpourlui,«laMèredu

BelAmour»ou«laMèredupurAmour»ou«Notre-DameduOui»ou«Notre-DamedetouteJoie».Parunesortedeprévenancedivine,ilsemblequelavenueau

mondedupèreaitétéplacéesouslesignedelalumièreetdelatendressetoutematernelledeNotre-Dame.Eneffet,sesparentsavaientdemandésavenuelorsd’unpèlerinageàNotre-Damedel’Épine. Cette basilique « fleur de l’architecture gothique »selon les mots de Victor Hugo, est située dans le village del’Épine, toutprochedeChâlons-en-Champagne.L’égliseauraitétéconstruitepourabriterunestatuemiraculeusede laVierge,découverte aumilieu d’un buisson d’épines par un berger auxalentoursde1400.LepèrePerrinrendhommageàMarieencestermes : « Je lui dois tout et je sais depuis ‘‘Notre-Dame del’Épine’’quejesuisnésouscettebonneétoile.Elles’estsurtout


1916:«Ilm’offrirabeaucoupd’hosties.»

LesderniersmoisdupèrePerrin

Combienlessaintssefonttransparents!

GeorgesBernanos154

Les mois passaient qui devaient conduire le père Joseph-Marie Perrin à son ultime rencontre avec celui dont il s’étaitentièrement revêtu, le bien-aimé du Cantique des cantiques.Comment exprimer ce qu’il était devenu les quelques derniersmoisavantsamort?Puretransparence,purejoie,paixprofondeet pure bonté. Il serait faux de dire qu’il se préparait à larencontreavecson«SeigneuretsonDieu»cartoutesavienefutqu’uneunionintimeetuncommerceincessantaveclui:

Jeviensd’entrerdansmaquatre-vingt-treizièmeannée,j’aiencorediversprojetsd’écritsquimetiennentàcœur,etbienloind’éprouverl’impressiond’unsoirquitombe,je suis aujourd’hui comme le veilleur qui est sûr del’aurore. Le prophète Osée ne disait-il pas bien desannéesavantl’èrechrétienne:«LavenueduSeigneurestcertainecommecellede l’aurore» (Os6,3)?Qu’onneme parle pas du jugement annoncé, puisque je sais,commeledisaitsainteThérèsed’Avila,que jeserai jugéparmonmeilleur ami. Je n’ai ni concepts, nimots pourexprimer,pourmedireàmoi-même,cequeseracettevienouvelle,maisj’ensaisassezpourl’attendredanslajoie.«Entredans la joiede tonSeigneur»ditsimplement leMaîtredanslaparaboledestalents.Quelleest lajoiede

Dieu sinon Lui-même ? Jésus l’explique dans sapromesse:«Jereviendraivousprendreavecmoi,afinquelà où je suis, vous soyez, vous aussi » (Jn 14, 3).C’estpourquoiiln’yaplusenmoiqueledésirgrandissantdelarencontreface-à-face155.

Enrelisantsesderniersmotssurlesquelss’achèveCommeunveilleur attend l’aurore, j’entends encore résonner dans moncœur avec beaucoup d’émotion ce que le père Perrinmurmuraunenuitoù jeveillaisprèsde lui,peude tempsavantsamort,c’étaitletestamentqu’Ignaced’Antiocherédigeaavantdesubirlemartyre:«Iln’yaplusenmoidefeupouraimerlamatière,mais une eau vive quimurmure et qui dit au-dedans demoi :‘‘ViensverslePère’’156.»Lesdernierstemps,alorsquelamaladiefaisaitsonchemin,le

pères’affaiblissaitdeplusenplus.Bientôt,dansl’impossibilitéoù il était de marcher, il ne se déplaçait plus qu’en fauteuilroulant.JerepensesoudainauxfêtesdeNoëlquej’étaisvenuepartageraveclui;aprèslerepas,enattendantnosamisjaponaisqui devaient venir le voir, il m’avoua avec humour,mais pourcachersasouffrancequejedevinais:«TuvoisCamille,jesuisemmailloté comme l’Enfant-Jésus. » Cette dépendances’aggravait, et les derniers mois, il dut s’aliter définitivement,dansuntotalabandonqu’ilaccepta,maisquifutvéritablementune épreuve crucifiante pour lui. Citant la belle phrase d’unauteur protestant il écrivit : « Dieu par le vieillissement et lamaladienousdépouillecommeunemèrefaitdel’enfantqu’ellecoucheentresesbras157.»Ildevenaitdeplusenplus silencieux.Si,par impossible, je

devais tout oublier de ce qui concerne le père Perrin, seulesurgiraitdemamémoirelaqualitédesessilences.


ANNEXES

LanaissancedesFraternitésCaritasChristi

Quandj’écoutaislalecturedel’appelauxlaïcsdeJean-PaulII, une parolem’a frappé en plein cœur et redonné vitalité audésirquimebrûlaitdanslafondationdeCaritasChristi;j’étaiscommeremisàlasource.J’yavaispensépendantdesannéesetavais lancé dans cette direction quelques tentatives, maisbrusquement j’avais pris conscience de ce que voulait l’EspritSaintetqu’ilmedemandaitenurgence.VoicidonclaparoleduPape.AprèsavoirparlédesInstituts

séculiers de laïcs et de prêtres, il ajoutait : « Le Saint-Espritsuscite d’autres formes de donation de soi, dans lesquelles sedonnent des personnes qui restent pleinement dans la vielaïque.»C’étaitexactementcequ’àSaint-Gallen1938lepèreGemellim’avaitditde lapenséedePieXIetquenousavionsportéensemble,Julietteetmoi,etréaliséensuiteavecSolange.

Parunedélicatessed’amourdontleSeigneurseulalesecret,ilasuscitédanslecœurd’unelaïquecemêmedésirdesaintetédans sa vie quotidienne. Le 30 mars 1989, soixantièmeanniversaire de mon ordination, sur son lieu de travail, ellerecevaitbrusquementenpleincœurlajoiedeDieu,comprenantlemystèrede la résurrection et l’urgencede le crier aumondeentier.Elle passait instantanément d’unevie de «mécréante »,comme elle se plaisait à le dire, à une vie livrée à Dieu. Ellem’apportaitcedésirreçuduSaint-Espritquiétaitpourmoiuneréponsequej’attendaisplusoumoinsconsciemment.Cette amitié soudaine appelait la création des Fraternités

laïquesCaritasChristi, d’autantplusque j’étais émerveillédelamanièredontleSeigneurlapréparaitàservirl’œuvredesonamour.Carcommes’ilétaitpressé,dèslaPentecôte,leSeigneurluifaisaitdécouvrirl’urgencedesamission.ParLesCahiersdeJuliette, elle apprenait que ce qui lui était donné et ce qui ladévoraitintérieurementétaitcelamêmequiavaitétélafondationdeCaritasChristi.En effet le jaillissement du Saint-Esprit dans le laïcat avec

une autre formulation et un autre style de donation totaleinspiraitlemêmefeuqueleSeigneurveutrépandresurlaterre.On retrouve dans les nouvelles Fraternités les trois traits quiavaientmarquélafondation:lavolontéconscienteduplushautamour de Dieu et du prochain possible ici-bas, l’espritmissionnaire,et l’authenticitéde lavie laïque.L’essentiel, toutd’abord,est laconscienced’êtreaiméàcepointdeDieuetden’être rien que par cet amour infini follement gratuit. Pourréaliser cet idéal, laviedoit être au-dedans,dansune totale etcontinuelle offrande qui fera dire avec émerveillement etcertitude:«C’estleChristquivitmavie.»Ils’agitd’êtrevidedesoipourqueleSeigneurremplissetout,sibienquevivantlesœuvresdeMartheavecl’espritdeMarie,toutestprière,toutestamour,toutestannoncedel’Évangile,mêmesansparoles,parcequetoutestdelui,parluietpourlui.Larelationàl’autreestaussicommunionauChrist,parceque

sondiscipleaapprisàsefaireprochedufrèreetqueleSeigneurcomptetrouverdanslessiensuncoopérateur,unsuppléantpourservir l’autre en son nom (1Co 3, 9). Où qu’il soit, par safamille, sa profession, son habitat, il n’a pas plus de raisond’êtrelàqueleSeigneurn’ad’yvenir.«Commetum’asenvoyédanslemonde,moiaussijelesaienvoyésdanslemonde»,ditJésus(Jn17,18)etilsesaitenvoyé,toutinfirmequ’ilsoit,parlemêmeamouretpourlamêmemission.


Le père fonde Les prêtres deCaritas Christi, avec GabrielPeloquin,professeurauséminairedeBordeaux,JosephNoisée,curé àBordeaux,RobertMerilhoux,prêtrepsychothérapeute àParisetMgrJulienGouet,évêqueauxiliairedeParis.

9avril1969AudiencedupèrePerrinaveclepapePaulVIàRome.

25avril1972Nouvelle audience du père Perrin, accompagné de Solange,

avec lepapePaulVIàRome,pour luidire la raisond’êtredeCaritasChristi.

8mai1979LepèreremetàJean-PaulIIlesautographesdeSimoneWeil.

6août1979Mort de Juliette qui demande comme seule épitaphe sur sa

tombeàNoves:«DieuestAmour.»

13janvier1980MortdeSolangeàAix-en-Provence.EnterréeàOrange.Sur

satombe,uneinscription:«DieuestAmour.»

Finjuin1980Le père quitte Aix-en-Provence et réintègre le couvent de

Marseillejusqu’en1983.

1983-1988Installation avenue Foch, en qualité de chapelain dans une

maisonTimon-David,quifermerasesportesen1988.

1984

Rencontre avec un chrétien de Bordeaux, Bruno Calvet.Celui-ci porte un projet : l’acquisition d’un domaine de 380hectaresdanslaDrôme,auPradier,afind’enfaireuncentrederessourcement spirituel. Le père Perrin approuve et soutient leprojet.

Pentecôte1988LepèreBenoîtRivière,quiexerçaitsonministèredeprêtreà

laparoissedelaTrinité,àMarseille,offrel’hospitalitéaupèrePerrinau10,rueMoustier.

30mars1989Jourdusoixantièmeanniversairedesonsacerdoce,naissance

desFraternitésCaritasChristi.

14mai1989EnlafêtedelaPentecôte,auPradier,confirmationdel’appel

pourlanaissancedesFraternitésCaritasChristi.

9janvier1996EnlafêtedubaptêmeduSeigneur,lepèrePerrinrentrechez

lesPetitesSœursdesPauvresàMazargues.

10février2000À 17 h 30, en présence de monsieur Jean-Claude Gaudin,

mairedeMarseille,MmeTamarSamash,consulgénérald’IsraëlàMarseille,remetaupèrePerrinlamédailledeJusteparmilesnations.

30septembre2000DernièrehoméliepubliqueàNotre-Dame-dela-Garde.

13avril2002

À 20 heures, le père Perrin s’éteint aux derniers versets duSalveregina.

17avril2002Ses obsèques sont célébrées en la chapelle du couvent des

dominicains.L’inhumation a lieu le même jour au cimetière des

dominicainsdel’hôtelleriedelaSainte-Baume.

19novembre2005Tenue d’un colloque, àMarseille, consacré au père Joseph-

MariePerrin,Unevieauservicedelasaintetédeslaïcs.


Lepèreavecsamèreetsongrand-pèreErnestdelaBoullayedansleMorvanen1938

LepèrePerrinauSaharaoùilprêchaituneretraiteauxPetitsFrèresdeCharlesdeFoucauldEnhaut:4eàpartirde

lagauche

LepèrePerrinàCorpeaudanslesannées1940

Àsonbureauen1970

LepèrePerrinaccompagnédeSolangeBeaumierrencontrelepapePaulVIen1969

RemisedesautographesdeSimoneWeilaupapeJean-PaulIIle8mai1979


94.Documentationcatholique,21octobre1979.95.J.-M.PERRIN,L’Heuredeslaïcs,éd.LeRameau,1953.96.JulietteMOLLAND,Premiercahier,p.1.97.J.-M.PERRIN,lettreàJulietteMolland,20janvier1971.98.MaxJACOB,Lettresàunjeunehomme,éd.Bartillat,2009,p.62.99.J.-M.PERRIN,ViséesessentiellesdeCaritasChristi,Aix-enProvence,5avril1974,p.12.100.J.-M.PERRIN,DanslesecretduPère,éd.Aubier,1959.101.JulietteMOLLAND,lettreaupèrePerrin,4novembre1968.102.J.-M.PERRIN,VivreavecDieu,éd.Montaigne,1957,p.188.103.J.-M.PERRIN,Aujourd’huil’Évangiledel’Amour,éd.duCerf,1980,p.11.104.J.-M.PERRIN,ViséesessentiellesdeCaritasChristi,Aix-en-Provence,5avril1974,p.26.105.J.-M.PERRIN,LettreàJulietteMolland,28mai1940.106.J.-M.PERRIN,ViséesessentiellesdeCaritasChristi,Aix-en-Provence,5avril1974,p.27.107.JulietteMOLLAND,lettreaupèrePerrin,9avril1971.108.JulietteMOLLAND,lettreauxPetitesSœursdeCatherinedeSienne,16juin1936.109.LumenGentium.1,1.110. J.-M. PERRIN, texte adressé aux FraternitésCaritas Christi, 15 août1990.111.J.-M.PERRIN,ViséesessentiellesdeCaritasChristi,Aix-en-Provence,5avril1974,p.43.112.J.-M.PERRIN,lettreàJulietteMolland,1939.113.J.-M.PERRIN,ViséesessentiellesdeCaritasChristi,Aix-en-Provence,5avril1974,p.36.114.JeanCOCTEAU,Lecoqetl’arlequin,éd.LaSirène,1918.115.Ombresetlumière,n°124,décembre1998.116.J.-M.PERRIN,lettreàJulietteMolland,19janvier1963.117.J.-M.PERRIN,LeMystèredelaCharité,DescléedeBrouwer,1960,p.376.

118.J.-M.PERRIN,«Êtrefondateur»,ébauched’article,22mars1942.119.J.-M.PERRIN,Commeunveilleurattendl’aurore,éd.duCerf,1998,p.40.120.Henri-DominiqueLACORDAIRE,Lettresàunjeunehommesurlaviechrétienne,librairieCh.Poussielgue,1897,p.100.121.J.-M.PERRIN,lettreàMadeleineDain,20avril1975.122.J.-M.PERRIN,lettreàCamilleLeca,20août1989.123.J.-M.PERRIN,lettreàJulietteMolland,8janvier1974.124. Vladimir Ghika (1873-1954). Prince roumain d’origine orthodoxe,converti au catholicisme latin, fut ordonné prêtre à Paris en 1923.Ami deJacquesMaritain,EmmanuelMounier etPaulClaudel, il fut arrêté en1952parlapolicecommunisteàBucarestetmourutenprison,suiteauxtorturessubies.IlaétébéatifiéàBucarestle31août2013.125. Alex-Ceslas RZEWUSKI (1892-1983), dominicain, était né dans unefamille de la noblesse polonaise. Portraitiste, biographe etmémorialiste del’entouragedeJeanCocteau,ilapubliétroisouvrages:Àtraversl’invisiblecristal ;Confessionsd’undominicain, éd.Plon,1976 ;L’instant, éd.Plon,1981;LadoubletragédiedeMisiaSert,éd.duCerf,2006.126.J.-M.PERRIN,L’Évangiledelajoie,op.cit.,p.105.127.J.-M.PERRIN,Marie,MèreduChristetdeschrétiens,éd.DescléedeBrouwer,1961,p.22.128.J.-M.PERRIN,LeMystèredelaCharité,éd.DescléedeBrouwer,1960,p.98.129.J.-M.PERRIN,Marie,MèreduChristetdeschrétiens,éd.DescléedeBrouwer,p.131.130.J.-M.PERRIN,lettreàJulietteMolland,8août1939.131.J.-M.PERRIN,SaintGabrieldel’Addolorata,éd.duCerf,1936,p.58.132.J.-M.PERRIN,«Êtrefondateur»,ébauched’article,22mars1942.133.J.-M.PERRIN,L’heurevientetc’estmaintenant,éd.Saint-Paul,1989,p.80.134.AlfredDEMUSSET,ÀNinon,éd.Gallimard,LaPléiade,n°12,1933.135.J.-M.PERRIN,LeRosaireetmavie,ébauched’article.136.J.-M.PERRIN,op.cit.137.OmbresetLumières,décembre,1998,n°24.

138.J.-M.PERRIN,Marie,MèreduChristetdeschrétiens,éd.DescléedeBrouwer,1961,p.130.139.J.-M.PERRIN,lettreàCamilleLeca,22juillet1992.140.J.-M.PERRIN,lettreàMadeleineDain,26décembre1963.141.J.-M.PERRIN,lettreàCamilleLeca,15juillet1992.142.J.-M.PERRIN,SaintGabrieldel’Addolorata,éd.duCerf,1936,p.43.143.J.-M.PERRIN,Marie,MèreduChristetdeschrétiens,éd.DescléedeBrouwer,1961,p.111.144.J.-M.PERRIN, l’AmourdeDieudans leChrist Jésus, éd.LeLaurier,1984,p.21.145.J.-M.PERRIN,lettreàJulietteMolland,9février1937.146.J.-M.PERRIN,LettreàJulietteMolland,1938.147.GustaveTHIBON,Notreregardquimanqueà la lumière,éd.Fayard,1975.148.J.-M.PERRIN,L’Eucharistie,de l’ÉvangileàVaticanII,Beauchesne,1971,p.111.149.J.-M.PERRIN,op.cit.,p.79.150.J.-M.PERRIN,op.cit.p.28.151.J.-M.PERRIN,op.cit.,p.77et78.152.Lepère JeanLegrez,dominicain, est archevêqued’Albidepuis février2011.153.J.-M.PERRIN,Lelaïc,unbaptisé,éd.NouvelleCité,1987,p.108.154.GeorgesBERNANOS,Lajoie,éd.Plon,1959,p.419.155.J.-M.PERRIN,Commeunveilleurattendl’aurore,op.cit.,1998.156.Ignaced’ANTIOCHE,LettreauxRomainsVII,2.157.J.-M.PERRIN,lettreàJulietteMolland,15septembre1958.158.J.-M.PERRIN,LeMystèredelacharité,op.cit.,p.49.159.Cf.infrap.211.160. Le père Ignace de la Potterie, mort le 11 septembre 2003, jésuite,spécialistedesécritsjohanniques,futunardentchercheuretdéfenseurdelavéritéàtraversl’exégèse.161.J.-M.PERRIN,lettreàJulietteMolland,26juillet1965.162.J.-M.PERRIN,lettreàJulietteMolland,19mai1963.

163.Attente deDieu est un recueil de textes et de lettres écrit par SimoneWeilaupèreJoseph-MariePerrindejanvieràjuin1942.

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Le Père Joseph-Marie Perrin - exultet.net · l’immeuble. J’ai dit « oui » immédiatement, heureuse de ne pas le savoir isolé à son âge. Ainsi, désormais, chaque dimanche