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Bulletin Régional d’Ornithologie de Midi-Pyrénées édité par Nature Midi-Pyrénées et l’AROMP Le Pistrac N°23 Année 2012

Le Pistrac N23 -Année 2012

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Le Pistrac N23 -Année 2012

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Bulletin Régional d’Ornithologie de Midi-Pyrénéesédité par Nature Midi-Pyrénées et l’AROMP

Le PistracN°23

Année 2012

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Le PistracRevue régionale d'ornithologie

éditée par Nature Midi-Pyrénées et L'AROMPNuméro 23

ISSN 0999-4637Tirage : 300 exemplaires

Dépôt légal avril 2012Imprimé sur papier recyclé

Edition : Le Pistrac est édité par Nature Midi-Pyrénées, en partenariat avec l'Association Ornithologique du Midi etdes Pyrénées (AROMP).

Comité de lecture et de rédaction : Le comité de rédaction et de lecture est composé de Jean Joachim, Jean-François Bousquet, Michel Clouet,Christian Fauré, Sylvain Frémaux, Jean Ramière, ainsi que de façon ponctuelle, divers spécialistes des sujetsabordés. Le comité de rédaction et de lecture a pour fonction principale le recueil, la mise en forme etl'accompagnement à la rédaction d'articles. En aucun cas, il ne faut percevoir ce comité comme un frein à vospropositions, aussi n'hésitez pas à nous faire parvenir vos propositions d'articles ou de brèves. Pour plusd'informations contactez-nous.

Parution :Le Pistrac paraît à raison d'un numéro par an. Le prochain numéro paraîtra début 2013. Pensez dès à présent à nous soumettre vos propositions de contribution!

Nature Midi-Pyrénées - 14, rue de Tivoli 31068 Toulouse cedexAROMP - Muséum d'Histoire Naturelle - 35,allées Jules Guesdes 31000 Toulouse

Contact mail : [email protected] / [email protected]

Le Pistrac est édité dans le cadre du nouvel atlas des oiseaux nicheurs de Midi-Pyrénées, projet piloté parNature Midi-Pyrénées avec le soutien financier de :

Ce projet est cofinancé parl’Union européenne. L’Europes’engage en Midi-Pyrénéesavec le fonds européen dedéveloppement régional.

En couverture : Perruche à collier, Psittacula krameri © J. Ramière

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Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de Midi-Pyrénées :disponible dès maintenant en librairie !

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Bugnicourt, Chapelle & Uribe, 2012 : Le Pistrac, 23 : 2-6

COHABITATION ET CHOIX DU SITE DE NIDIFICATION PARL'AIGLE BOTTE AQUILA PENNATA,

L'AUTOUR DES PALOMBES ACCIPITER GENTILISET LE CIRCAETE JEAN-LE-BLANC CIRCAETUS GALLICUS

DANS UNE FORET DE GASCOGNE.

Jean Bugnicourt, Jacqueline Chapelle & Pierre UribeGroupe Ornithologique Gersois

Impasse Lloret, 32000 Auch

Abstract : Here is reported the regular breeding in close vicinity of three large forest raptors: Booted EagleAquila pennata, Northern Goshawk Accipiter gentilis and Short-toed Snake Eagle Circaetus gallicus withina wood located in the center of the Gers département. A description of the sites selected by each speciesemphasizes their ecological differences, Tables I, II and III summarize the main events of the reproduction ofeach species for the various years of monitoring.

Résumé : La cohabitation rapprochée de trois grands rapaces se reproduisant en forêt : l'Aigle botté Aquilapennata, l'Autour des palombes Accipiter gentilis et le Circaète Jean-le-Blanc Circaetus gallicus est iciexposée sur plusieurs années dans un bois du centre du Gers. Une description des sites retenus par chaqueespèce souligne leurs différences écologiques, les tableaux I, II et III résument les événements principaux dela reproduction de chaque espèce pour les diverses années de suivi.

En réalisant un suivi de la reproduction d'un couple d'Autour des palombes dans un ensemble forestier ducentre du département du Gers (Midi-Pyrénées – France), les observateurs ont découvert la présence d'autresespèces de rapaces nichant à proximité immédiate. Outre ce phénomène, parfois relevé dans la littérature, laprésente note décrit les sites retenus par chaque espèce ainsi que les dates de nidification constatées lors desannées de prospection.

PRESENCE DE L'AIGLE BOTTE, DE L'AUTOUR DES PALOMBES ET DU CIRCAETE JEAN-LE-BLANC DANS LE GERSCes trois espèces de rapaces nichent dans le département du Gers, en densité variable. Si l’Aigle botté a faitl’objet d’un suivi par les auteurs de 1996 à 2003, (J. Bugnicourt - 2004), il n’en va pas de même pour l’Autourdes Palombes et le Circaète dont les observations dans le Gers restent ponctuelles. Il n’y a pas de suividocumenté concernant ces deux espèces dans le département en dehors du site présenté ici. L’Autour des palombes est considéré comme un rapace forestier par excellence. L’Aigle botté peut êtrequalifié de semi-forestier, s’accommodant des massifs de faible surface entrecoupés de pâtures ou de cultures.Il en va de même pour le Circaète. Cette espèce recherche des territoires de chasse constitués de milieuxriches en reptiles, des zones boisées et tranquilles pour la nidification, des secteurs accidentés favorables auxascendances thermiques. La prospection de ces trois espèces dans le département s'oriente donc logiquement vers les formationsboisées. Les unités présentes dans le Gers peuvent être schématiquement décrites: nous distinguons tout d’abord lesformations boisées régulièrement réparties le long des rives droites des rivières gasconnes , affluents de laGaronne coulant du Sud vers le Nord. Les pentes marquées excluent la mise en culture et souvent la forêt areconquis ces espaces abandonnés par l’agriculture. Il s'agit de peuplements de Chêne pubescent sur lesversants sud et ensoleillés, de futaies irrégulières de Chênes pédonculés et de Charmes en versant Nord etOuest. Des reboisements à base de Pins larricio ou de Pins sylvestre et parfois de Cèdes de l'Atlas sontobservés ici ou là. En rive gauche de ces mêmes rivières, dont les pentes sont très atténuées, il subsiste

quelques grands massifs forestiers, représentant des unités de cinquante à deux cents hectares d’un seul

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tenant. L’Autour des palombes est souvent observé dans ces milieux naturellement formés par la chênaie -charmaie. Dans l'Armagnac, bordant les Landes, la couverture forestière forme une mosaïque de milieux avec lescultures et les vignes. Les bois sont localisés sur les pentes des talwegs ou sur les plateaux peu fertiles. AuChêne pédonculé s'associe parfois le Chêne tauzin. En prolongement de la forêt landaise, le Pin maritime estaussi bien présent.La proportion de bois dans la surface totale est plus importante au Sud du département, dans la région del'Astarac, et à l'Ouest, dans la région du Bas Armagnac. En remontant vers le Nord du département ou enallant vers l'Est, les espaces boisés diminuent. Nous faisons l'hypothèse que lorsque des conditions optimalessont réunies sur un site, celui-ci attire alors plusieurs espèces.

DESCRIPTION DU SITE L'ensemble boisé objet de la présente note représente environ 75 ha d'un seul tenant, mais d'autres bois setrouvent à proximité ainsi qu'une forêt de 100 ha environ. Ces boisements sont majoritairement entourés decultures (blés – tournesols) produites sur des parcelles de grande taille. Cependant, le complexe de coteauxqu'ils couvrent présente encore une mosaïque de landes et de pelouses sèches préservées, certainementpropices aux chasses du Circaète.Les bois relèvent à la fois d'une gestion privée, par les propriétaires forestiers, et publique par l'ONF, sur lapartie domaniale. Sur cette dernière, l'intégralité de la surface a été replantée avec des résineux,principalement des Pins laricio et des Cèdres de l'Atlas. Les peuplements semblent âgés d' une quarantained'année. L'entretien de cette partie de la forêt est limité, ce qui assure la présence d'une bonne couverturearbustive. La forêt privée est composée de feuillus, chênes pubescents et sessiles, ainsi que charmes sur les partiesexposées au Nord. L'usage est essentiellement pour le bois de chauffage et son mode de gestion tend vers lafutaie, ou futaie jardinée. La strate arbustive est aussi bien représentée.C'est un ensemble forestier typique, par sa localisation, des boisements des rives droites des rivièresgasconnes décrits précédemment. Ces coteaux sont entrecoupés de vallons secondaires perpendiculaires à lavallée et boisés entièrement dans leur partie amont.

LES EXIGENCES ECOLOGIQUES DE L'AIGLE BOTTE, DE L'AUTOUR DES PALOMBES ET DUCIRCAETE JEAN-LE-BLANCEn Gascogne, les habitats de prédilection de l'Aigle botté ont été anciennement décrits par P. Désaulnay(1984). L'aire est souvent établie sur le tiers supérieur des versants, dans leur partie la plus abrupte, et souventdans une chênaie conduite en futaie. Il mentionne la préférence de l'espèce pour les futaies de grandes surfacesmais précise néanmoins que lorsque les conditions optimales sont réunies, l'Aigle botté peut se satisfaire desurfaces moindre. Dans l'Ouest du Gers, P. Petit a dénombré trois nids dans un massif de 135 ha en 1958, avecdeux nids à moins de 600 mètres l'un de l'autre. Nous n'avons malheureusement aucune donnée récenteillustrant de telles densité! Par contre le suivi de l'espèce dans le Gers réalisé entre 1997 (A. Pavan - 1997) et2003 (J. Bugnicourt – 2004) confirme les observations de P. Désaulnay. L'essentiel des aires a été localisé ensituation de versant, souvent exposé Nord ou Ouest, en position dominante que procure aussi une bordure declairière ou d'éclaircies. L'utilisation d'anciennes palombières illustre également cette préférence. Enfin,même si le choix de résineux est cité dans d'autres régions, l'Aigle botté gersois établit son aire dans un chêne,dans la quasi majorité des situations rencontrées.Les habitats de l'Autour des palombes semblent plus éclectiques, dans le choix des essences forestières, ainsique dans la surface des massifs forestiers occupés. C'est la richesse en proie qui paraît au final déterminer saprésence en un lieu. Les conifères exercent alors un attrait certain pour l'établissement du nid (Dronneau C.et Wasmer B, 2004). Certains auteurs citent une compétition possible entre l'Autour et l'Aigle botté dont lerégime alimentaire est proche, pouvant expliquer la relative rareté de l'espèce dans le Sud-Ouest (P. Grisser).Dans le Gers, les deux espèces sont régulièrement contactées dans les mêmes sites et d'autres situations denidifications proches, bien que non suivies, sont probables.Le Circaète Jean-le-blanc préfère aussi les résineux pour établir son aire. (Malafosse JP. et Joubert B., 2004).Il n'hésite pas à changer de nid régulièrement tout en restant dans le même secteur qui doit procurer latranquilité nécessaire à cette espèce très sensible au dérangement (plus à la vue des hommes qu'au bruit selonGéroudet (1979)). Nous n'avons pas suivi d'autres site de nidification de Circaète Jean-le-Blanc dans le Gersmais les observations rapportées (N. Savine, com pers.) font état de situations variées tant au niveau desessences rencontrées que de la surface des bois fréquentés.

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UNE COHABITATION HARMONIEUSELa reproduction de l'Autour des palombes est notée sur le site depuis l'année 2002 (J. Poudru – com pers-) etest suivie plus régulièrement depuis 2005. L'observation à distance du comportement du couple a permis dedéceler cette même année la présence du Circaète, souvent perché à proximité de l'aire durant la périodeprécédant la ponte, ou lors des journées de mauvais temps. Depuis 2005, ce couple est suivi annuellement avecconstat de reproduction.Concernant l'Aigle botté, des parades avaient été notées au Nord de la zone d'étude l'année précédente (D.

Rived, com. Pers.) et en 2005, un observateur a relevé la présence de deux oiseaux de formes claires le 28août (G. Meyney, com. Pers.). C'est en 2008 que la première nidification est suivie, puis en 2009 et 2011. De 2005 à 2011, et plus précisément de 2008 à 2011, période durant laquelle les trois espèces ont occupé unterritoire très proche, jamais nous n'avons observé de comportements agressifs entre elles. Pourtant laprésence sur ce petit massif forestier est simultanée, du mois d'avril au mois d'Août et la proximité est réelle.En 2008 et 2009, les aires d'Aigle botté et d'Autour des palombes sont établies sur le même versant de coteau,en exposition Nord -Est, à 330 m environ l'une de l'autre. Mais au niveau du site de l'Autour, le vallon estétroit et fermé, boisé de part en part. A l'inverse, le site de l'Aigle botté s'ouvre sur un espace plus large, cultivéou à boisement diffus,et donne sur la vallée principale. L'Autour a choisi la partie du versant reboisée enrésineux (Pins larricio) alors que l'Aigle botté se cantonne dans le peuplement naturel de chênes pubescents. Une telle proximité des aires de ces deux rapaces a déjà été notée en Haute-Loire sans engendrer deproblèmes particuliers (aires espacées de 200m) (Joubert B. et Margerit T. , 1996.). En 2008, depuis le site de l'Autour, l'aire du Circaète est située à 470 m à vol d'oiseau, mais elle est masquéepar le versant opposé. En effet, le territoire de nidification du Circaète est situé dans un vallon plus au Nord.Ce rapace a néanmoins choisi le versant Sud pour établir son aire, dans un Pin laricio. En 2011, le couple d'Autour semble toujours se reproduire dans le massif (cris d'alarme entendus, A. Crespon-com pers-) mais l'aire n'a pas été recherchée. Par contre les Aigles bottés ont bâti une nouvelle aire, (peut-être déjà en 2010), sur le même coteau que le Circaète mais sur le versant Nord. Là encore, ils ont choisi unChêne comme arbre support, évitant le secteur reboisé en résineux. Une centaine de mètres à peine à vold'oiseaux séparent les deux espèces qui s'évitent soigneusement en s'envolant dans des directions opposées.Par ailleurs, le Circaète Jean-le-Blanc et l'Aigle botté ne sont pas connus pour leur agressivité vis à vis desintrus survolant leur territoire. Le sens du territoire s'exprime surtout à l'encontre des congénères. Plusieursexemples de proximité avec d'autres rapaces sont notés, en Espagne en particulier, où l'Aigle botté côtoie sansdifficulté la Buse variable, le Milan noir, et le Circaète Jean-le-Blanc (Sueten 1989). En 2011, le Circaète a construit une nouvelle aire dans le Cèdre déjà utilisé en 2005 et 2006.

QUIETUDE DU SITEMême si toutes ces espèces sont très sensibles au dérangement sur leur site de reproduction, il est intéressantde noter que toutes les aires repérées sont situées à une très faible distance de chemins de randonnéesrelativement fréquentés (70 m pour le Circaète, 40 m pour l'Aigle botté), ainsi qu'à proximité de palombièrestoujours en activité. Cette apparente vulnérabilité peut être compensée par la pente qui masque la végétationet les nids et par les mauvais entretien des sous-bois où la progression peut-être difficile. La densité dupeuplement de résineux est aussi suffisamment élevée pour préserver la quiétude des oiseaux. L'airefréquentée par l'Autour des palombes en 2005, 2007 et 2008 est elle aussi placée à une trentaine de mètresd'un chemin utilisé principalement par les propriétaires forestiers et les utilisateurs d'une palombière. Les résultats de la reproduction relevés sur ces sites et présentés ci-dessous ne permettent pas de conclure àun effet négatif des facteurs décrits, à savoir la présence d'autres espèces de rapaces ornithophages àproximité ou un dérangement trop important en période de reproduction. La situation de l'Autour despalombes est plus compliquée car les échecs de reproduction constatés peuvent difficilement être imputés àl'Aigle botté. Un désairage non autorisé est toujours à craindre.Il semble que la faible disponibilité alentours en sites répondant aux critères de choix des trois espèces lescontraint à se cantonner dans le même massif forestier. Celui-ci doit présenter le meilleur compromis:essences forestières (chênes pour l'Aigle botté, résineux pour l'Autour et le Circaète) + surface (environ 100hectares d'un seul tenant) + pente (souvent préférée par l'Aigle botté) + type de peuplement + quiétude.En effet, aucun espace forestier dans un rayon de 10 kilomètres ne réunit toutes ces conditions. Certains sontsusceptibles d'accueillir l'Aigle botté ou l'Autour des palombes, mais jamais les trois espèces ensembles pourl'instant.

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Fig. 1 : Situation des aires des trois espèces sur le massif forestier.

DONNEES DE REPRODUCTION SUR LE SITE

Les tableaux I, II et III résument les événements principaux de la reproduction de chaque espèce pour lesdiverses années de suivi.

Tab. I- Reproduction de l’Aigle botté

Tab. II- Reproduction de l’Autour des Palombes

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Tab. III- Reproduction du Circaète Jean-le-Blanc

CONCLUSION L'Aigle botté, l'Autour des palombes et le Circaète Jean-le-Blanc ont trouvé dans cet ensemble forestier ducentre du Gers les conditions favorables à leur reproduction, leur présence elle-même étant assurée par lesressources alimentaires disponibles dans un environnement où dominent les parcelles cultivées mais oùsubsistent aussi de nombreuses zones de landes et de pelouses sèches. D'autres grands massifs forestiersrégionaux présentent également cette cohabitation (Forêt de Grésigne, de Bouconne, de Montech) maisl'originalité du site gersois est sa faible superficie(moins de 100 hectares) qui contraint les espèces à unerelative promiscuité(!). L'enrésinement des deux tiers environ de la surface est aussi une caractéristique quipeut expliquer la présence du Circaète.Un suivi engagé depuis 2005 fournit quelques indications sur la reproduction de ces oiseaux. Le coupled'Aigle botté a utilisé deux aires différentes en trois ans de suivi. Il semble néanmoins que les partenaires ducouple aient changé. Dans les deux cas c'est un chêne qui a été choisi comme arbre support. Deux airesdifférentes sont aussi connues pour l'Autour, toutes deux dans un Pin laricio.Enfin, nous avons trouvé trois nids différents du Circaète en quatre ans de suivi, dont deux dans le mêmeCèdre de l'Atlas et le troisième dans un Pin laricio. Le Circaète a toujours niché en versant Sud d'un vallonsecondaire, alors que l'Aigle botté et l'Autour ont toujours choisi un versant Nord pour l'instant. Cette répartition sur le massif garantit une cohabitation apparemment harmonieuse des trois espèces.A moins d'une exploitation forestière, leur quiétude dans le site semble préservée. Tout au plus quelqueschercheurs de champignons peuvent-ils déranger les Aigles bottés! Le bois qu'ils occupent actuellement nefera l'objet d'aucune coupe avant 20 ans selon son propriétaire. Un contact avec l'ONF sera nécessaire pourenvisager, dans l'espace domanial, des mesures de gestion adaptées au Circaète, nicheur rare dans ledépartement du Gers. Dans tous les cas, l'exploitation forestière en dehors des périodes de reproduction, soitdu mois de mars au mois de septembre, semble une priorité.

RéférencesAlet B. (1981), Notes préliminaires sur les rapaces de Grésigne. Bulletin de l'AROMP n°5, 10-15.

Bugnicourt J. 2004, La population d'Aigle botté dans le Gers – bilan 2003. Le Pistrac n°19: 54 – 59.

Desaulnay P. 1983, L'Aigle botté dans les pays pyrénéens et la Gascogne. Bull. AROMP n°7: 1-13.

Dronneau C. et Wasmer B, 2004, « Autour des palombes », pp. 85-89, in Thiollay J.-M et Bretagnolle V (coord.), Distribution, effectifs et conservation, Delachaux et Niestlé, Paris.

Géroudet P. (1979), Les rapaces diurnes et nocturnes d'Europe, Delachaux et Niestlé

Joubert B. et Margerit T. , 1996. Aspects du comportement de l'Autour en Haute-Loire. Nos Oiseaux, 38:209-228.

Malafosse JP. et Joubert B., 2004, « Circaète Jean-le-Blanc », pp60-65, in Thiollay J.-M et Bretagnolle V (coord.),Distribution, effectifs et conservation, Delachaux et Niestlé, Paris.

Petit P. (1958), L'Aigle botté aux confins des Landes et du Gers. L'ORFO n°28, 172-173.Suetens W., 1989, Les Rapaces d'Europe, Editions du Perron.

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Orth, Catil & Nicolas, 2012 : Le Pistrac, 23 : 7-25

LA POPULATION D’HIRONDELLES DE FENETREDELICHON URBICUM DANS LA VILLE D’AUCH, GERS

ANNEE 2011

Mathieu Orth1, Jean-Michel Catil2, Mickaël Nicolas21 : Groupe Ornithologique Gersois, En Gouillard 32810 Montaut-les-Créneaux

2 : CPIE Pays Gersois, Au château 32300 L’Isle de Noé, Tel. 0562668577

Abstract : The breeding population of House Martin Delichon urbicum in the streets of the town of Auch, Gers,has been censused in 2011. A total of 146 nests, dispatched in 12 colonies were counted. Many wrecked orabandoned nests were recorded highlighting the precariousness of sites chosen by birds. The majority of nestsare facing north. A few recommendations aiming to protect settlements are dealt with.

Résumé : La population d’hirondelles de fenêtre Delichon urbicum se reproduisant dans les rues de la villed’Auch, Gers, a été recensée pour l’année 2011. Un total de 146 nids occupés, répartis en 12 colonies identifiéesont été dénombrés. De nombreux nids détruits ou abandonnés ont été comptabilisés mettant en évidence laprécarité des sites choisis par les oiseaux. L’orientation des nids est majoritaire au nord. Quelques conseilsvisant à la protection des colonies sont énoncés.

La commune d’Auch est une commune étendue composée de paysages diversifiés mariant unecampagne rurale et une zone urbaine. La ville est traversée du sud au nord par la rivière « le Gers », dont lesberges ont été aménagées sur une distance de 4 km pour en faire la « promenade Claude Desbons ». Cetterivière et sa ripisylve forme un corridor naturel particulièrement intéressant pour la biodiversité. D’autrescours d’eau parcourent la commune comme l’Arçon, le Talouch, le ruisseau d’en Pitrac, le ruisseau deCamasses, etc. Le patrimoine bâti de la vieille ville a su conserver des espaces propices à une fauneanthropophile, dont les Hirondelles de fenêtre, les chauves-souris et les rapaces nocturnes.Les hirondelles de fenêtre Delichon urbicum (et rustique Hirundo rustica) sont en forte régression au niveaueuropéen comme national (Fig. 1 à 4). Il semble que la population départementale suive la même tendance.Ainsi, entre 1989 et 2008, l’Hirondelle de fenêtre a perdu 42% de ses effectifs en France (et l’Hirondellerustique 8% - source : Vigie Nature-). Cette baisse statistiquement significative est par ailleurs confirmée parles comptages en migration à la Pointe de Grave (JIGUET et al., 2002 in MAZADE J., 2003).Plusieurs facteurs naturels de menaces pèsent en effet sur ces oiseaux, comme les conditions météorologiquesdéfavorables lors de la reproduction, la migration et/ou l’hivernage qui provoquent en particulier le manqued’insectes, les dangers de la migration et la prédation des loirs, lérots, chats ou autres oiseaux. Ces facteursont toutefois toujours existés et n’expliquent pas le déclin des populations d’hirondelles. La diminution des effectifs de ces oiseaux est liée le plus souvent à des activités humaines. La fortemodification des activités agricoles et du paysage urbain a ainsi un impact négatif à la fois sur les ressourcesalimentaires (insectes) et sur les habitats (bâtiments agricoles fermés, bâtis urbains rénovés, ravalements defaçades, murs lisses, anfractuosités bouchées, corniches en plastique, etc.). L’urbanisation importante etcroissante implique une diminution des espaces verts dans les villes, diminuant les terrains de chasse et ladisponibilité en boue pour la construction du nid (SERIOT & ALVES, 2002 ; WEISERBS et al,. 2004). La pollution atmosphérique aurait un impact négatif sur l’abondance des insectes et toucherait doncdirectement l’hirondelle qui se nourrit exclusivement d’eux (WEISERBS et al,. 2004 ; ALBESA S. et al., 2003).L’emploi de pesticides en ville comme dans les espaces agricoles doit également influer sur la ressourcealimentaire des hirondelles, mais cette hypothèse reste à vérifier (ALBESA S. et al., 2003). Les changements climatiques globaux semblent également influencer et bouleverser les migrations de cesoiseaux, créant un décalage, une désynchronisation, entre leur arrivée sur les sites de reproduction etl’émergence des insectes. La LPO Auvergne note ainsi une avancée d’une vingtaine de jours des dates despremières observations entre les décennies 1968-1977 et 1988-2007 (LALLEMANT J-J., 2009).Enfin, certaines personnes vont jusqu’à détruire les nids pendant la saison de nidification, ne tolérant plus lessalissures des fientes.

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La régression des hirondelles est regrettable car ces oiseaux sont des auxiliaires agricoles non négligeables, senourrissant presque exclusivement d’insectes volants durant la belle saison. Ils agissent ainsi comme devéritables « insecticides » naturels, nous débarrassant par la même occasion des mouches, moustiques etautres invertébrés importuns. Par ailleurs, ces oiseaux charmants et passionnants font partie de notrepatrimoine commun que nous avons le devoir de sauvegarder. Les hirondelles sont en effet des oiseaux à lafois familiers de nos villes et villages, annonciateurs des beaux jours, mais aussi malheureusement dessymboles des migrateurs menacés. Elles peuvent également se révéler être un bon indicateur de l’étatenvironnemental et écologique de nos villes et villages. Rappelons enfin que ces oiseaux sont intégralementprotégés par la loi.Mais au-delà du droit, la protection des hirondelles est une démarche citoyenne. Des gestes simples et à laportée de tous peuvent être mis en œuvre.

Aussi, la ville d’Auch, dans le cadre de son agenda 21, a souhaité s’investir dans la conservation de l’Hirondellede fenêtres. Le Groupe Ornithologique Gersois (GOG) et le CPIE Pays Gersois (CPIE) ont donc proposéd’estimer l’état de la population auscitaine de cette espèce et de proposer des mesures de conservation àl’échelle de la commune. Les objectifs de l’étude étaient donc de :- Améliorer les connaissances sur la présence des hirondelles sur la commune- Suivre l’évolution des populations- Sensibiliser le grand public sur les enjeux de conservation de la biodiversité- Proposer et mettre en œuvre des actions de conservation.

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Fig. 1 – Tendance européenne d’évolution des effectifs d’Hirondelle de fenêtreSource : Bird Life International 2004

Fig. 2 – Tendance nationale d’évolution deseffectifs d’Hirondelle de fenêtreSource : Vigie Nature

Fig. 3 - Tendance européenne d’évolution des effectifs d’Hirondelle rustiqueSource : Bird Life International 2004

Fig. 4 - Tendance nationale d’évolution deseffectifs d’Hirondelle rustiqueSource : Vigie Nature

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MATERIEL ET METHODES

Secteur d’étudePour cette 1ère année de suivi, le secteur de recensement s’est étendu principalement sur la vieille ville d’Auch,incluant haute ville et basse ville, et le quartier du Garros. Les prospections se sont en effet focalisées enpriorité autour des colonies d’Hirondelle de fenêtre connues historiquement dans la ville. De par l’analyse desdonnées déjà existantes et disponibles sur la commune, il s’est avéré judicieux de commencer par l’étude decette espèce plutôt citadine, sans pour autant laisser de côté les observations potentielles d’hirondelles decheminée.La ville d’Auch est partagée en deux par le Gers, affluent de la Garonne, entre la Haute-Ville en rive gauche etla Basse-Ville, bâtie en plaine. Elle présente de nombreux espaces verts, comme le parc arboré du Coulouméet surtout les berges du Gers, et également le bois d’Auch situé à l’extérieure de la ville. De nombreux petitséléments « verts » (bosquets, talus, haies, bandes enherbées, alignements d’arbres, etc.) ponctuent égalementla zone urbaine. Toute cette végétation permet a priori la présence importante d’insectes et en particulier lelong du cours d’eau du Gers. Ses berges, par endroits encore non artificialisées, sont également une source dematériaux de construction pour les nids d’hirondelles (boue et brindilles).Par ailleurs, de taille modeste, le centre ville d’Auch n’est jamais loin des espaces ruraux alentour, sourced’alimentation et de matériaux pour les hirondelles.

Recensement des nidsMéthodes d’observation :

Le recensement s’est déroulé entre mars et août 2011. Deux méthodes ont été utilisées pour le recensement desnids d’hirondelles sur la commune : la prospection sur le terrain, menée par le GOG et le CPIE Pays Gersois,et une action de sciences participatives avec la participation de deux classes primaires d’une école de la ville.Plus de 45 km de linéaires de rues auscitaines ont été parcourus, principalement à pied, jumelles en main, afinde recenser tous les nids présents (Fig. 5).Les observations de nids ont été pointées sur le terrain grâce à des cartes IGN sur Géoportail (1/2000e) puisrépertoriées de la manière la plus précise grâce à des fiches de terrain reprenant la localisation des nids. Lenombre total de nids observés est noté, ainsi que leurs états et les caractéristiques environnementales (annexe1).

Paramètres relevésA chaque bâtiment où un ou plusieurs nids ont été observés, plusieurs paramètres ont été relevés : adresse dubâtiment, état et occupation des nids, description de la rue (en termes de fréquentation humaine, axeprincipal ou secondaire), hauteur (en nombre d’étages) et orientation du bâtiment (exposition nord, sud,ouest ou est), localisation des nids (sous une fenêtre, une corniche ou un balcon).

L’état et l’occupation des nids reprennent les critères suivants :- Nids occupés : ces nids sont détectés grâce aux visites régulières des hirondelles, pour la confection ou lenourrissage des oisillons. Pour cela un temps d’observation de quelques minutes est nécessaire pour confirmerla fréquentation du nid par un individu (adulte entrant dans le nid ou présence d’un oisillon). En 2001, desprospections se sont déroulées tard dans la saison de reproduction (début août) et des nids ayant des fientesde l’année sous le nid ont été considérés comme occupés ;- Nids vides : ces nids sont généralement des vieux nids noircis, et ne reçoivent pas de visite. Cependant, letemps d’observation doit être suffisamment long pour l’attester, et une visite furtive peut passer à côté d’uneoccupation du nid ;- Nids en construction : ces nids sont des nids de l’année ou de vieux nids en cours de reconstruction. Ils sontreconnaissables par les nuances de couleur de boues sèche ou humide, et par les visites régulières ;- Nids détruits : ces nids ne reçoivent pas de visites, sont partiellement ou entièrement détruits. Il reste biensouvent des traces semi circulaires témoin de l’emplacement du nid.

Les menaces éventuelles (destruction de nids, réfection de façades, systèmes d’effarouchement, etc.) ontégalement été notées afin d’appréhender les enjeux liés à l’espèce et d’envisager des mesures de conservation.

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Fig. 5 : Réseau de rues parcourues pour le recensement

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Critiques de la méthodeEtant donné la date de prospection tardive de certains relevés, l’occupation des nids est sans doute biaiséepuisque certains nids ont été considérés comme occupés dès lors que des fientes de l’année ont été retrouvéesdessous. Ce constat ne remet pas en cause l’inventaire, ayant pour objectif le recensement et la localisationdes colonies actives afin d’engager des mesures de conservation, mais la méthode utilisée ne permet pasd’évaluer le nombre exact de couples de la population auscitaine, juste une estimation. Un comptageexhaustif dans un pas de temps assez court (un mois par exemple), avec confirmation de l’occupation « réelle» des nids, permettrait d’évaluer précisément ce nombre de couples.De même, l’ensemble des nids n’ont fait l’objet que d’une seule visite, étalée sur toute la durée de reproductiondes hirondelles. Deux séries de relevé, en mai/juin et en juillet, auraient pu apporter des informations pluscomplètes quant à l’occupation des nids lors des deux pontes des hirondelles. Aucune différentiation n’estainsi possible entre les premières et secondes nichées.

Plusieurs paramètres ont été relevés et analysés : nombre et localisation des nids, état des nids, hauteur desnids, support des nids, orientation des bâtiments et des nids, fréquentation humaine des rues, propriété desbâtiments, menaces. Toutefois, plusieurs autres renseignements auraient pu être étudiés, comme le substratde fixation (support d’accroche) des nids (plastique, brique, béton, bois, etc.), des paramètres biotiquescomme le voisinage des nids (isolés ou collés), la phénologie (arrivée des hirondelles, taux d’occupation desnids de façon hebdomadaire ou mensuel, etc.). Bien qu’intéressants, ces paramètres sont secondaires quant àl’étude qui nous intéresse ici et leur relevé est relativement lourd.

RESULTATS

Répartition des nidsSur tout le secteur prospecté, un total de 34 rues et de 73 bâtiments ont révélé la présence de nidsd’hirondelles de fenêtre ou des traces de nidification, soit un total de 368 nids recensés tous confondus (TabI). Ce nombre total de nids est à relativiser en fonction de l’état des nids ; 144 étaient en effet occupés et 2 encours de construction, 34 sont restés vides et 188 étaient soit cassés, soit réduits à l’état de trace.Le tableau I permet de visualiser, par classe d’abondances, les rues auscitaines où des nids d’Hirondelle defenêtre ont été observés. Ainsi, huit rues présentent une abondance supérieure à 20 nids, cinq entre 10 et 20nids, huit entre 5 et 10 nids, dix entre 2 et 5 nids et deux avec un seul nid.Les rues faisant état des plus fortes abondances en nids se situent principalement en Haute-Ville (rues deLorraine, Caumont et Boissy d’Anglas) et dans le secteur du Garros. Ces concentrations semblent révélerl’installation de colonies d’hirondelles de fenêtres dans ces zones. Certaines colonies sont installées en basseville mais les sites de nidification semblent beaucoup moins denses et plus épars, excepté dans le secteur desrues Rouget de l’Isle et Michelet.L’Hirondelle de fenêtre semble éviter les quartiers résidentiels et les tronçons de rue ne présentant pas debâtiments favorables à l’installation des nids (et notamment absence de bâtiments de plus d’un étage).

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Fig. 6 : Localisation des observations de nids d'hirondelles de fenêtres

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Tab. I: Liste du nombre d'observations de nids d'hirondelles de fenêtres par rue

L’Hirondelle de fenêtre vit en colonie d’une dizaine d’individus à plusieurs centaines, ces coloniessont divisées en sous-colonies comportant également des couples isolés (SERIOT & ALVES 2002 inBLANGY S., 2010). D’après LIND in BLANGY S. (2010) : « une colonie est définie comme l’ensemble des nidscompris dans un rayon de cinquante mètres autour de la principale concentration de nids » (FOUARGE &MONMART 1992 in BLANGY S., 2010), cette définition correspond aux sous-colonies de SERIOT. A partirde cette définition, 9 à 12 colonies peuvent être identifiées sur la ville d’Auch grâce aux inventaires réalisés.Les colonies les plus importantes se trouvent dans le quartier du Garros (avec 103 nids recensés, dont 45occupés), dans le secteur de la rue de Lorraine (avec 78 nids recensés, dont 46 occupés) et en Haute-Villeautour des rues Désirat, Saint-Jacques, Embaques et Boissy d’Anglas (avec 66 nids recensés, dont 11 occupés).Le Garros constitue un ancien et grand quartier social, comprenant plusieurs immeubles collectifs datant desannées 1960-1970. Le quartier se situe par ailleurs en bordure de la ville et plusieurs espaces verts s’imbriquententre les immeubles.

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Le secteur de la rue de Lorraine se trouve au cœur de la ville, dans une zone fortement fréquentée, autant pourla circulation automobile que par les piétons. Plusieurs immeubles de grande taille (+ de 2 étages) sontprésents. Les berges du Gers se trouvent à proximité et plusieurs parcs et jardins ponctuent également lepaysage urbain.Le secteur des rues Désirat, Saint-Jacques, Embaques et Boissy d’Anglas se trouve en bordure du centre-villeproprement dit, près de zones résidentielles, comprenant de grands jardins, et d’espaces agricoles. Toutcomme le secteur de la rue de Lorraine, il est très fréquenté par les voitures, mais de manière moins marquéepar les piétons. Les immeubles sont de taille moyenne, de 1 à 3 étages.

Tab. II (1) : Répartition des nids par colonie identifiée

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Tab. II (2) : Répartition des nids par colonie identifiée

Par souci de simplification, dans la suite du texte, les colonies seront nommées par la rue accueillant le plusgrand nombre de nids (ex : Colonie Lorraine), excepté pour celle située dans le quartier du Garros qui porterale même nom.

L’emplacement d’une colonie dépend de la distance d’espaces verts ou de bois et de la distance d’un pointd’eau par rapport à la colonie. Ces deux caractéristiques sont importantes car elles conditionnent la présenced’insectes en abondance quelque soit le temps. En effet lorsqu’il fait pluvieux, elle chasse au niveau des étangsou des cours d’eau où les insectes y sont plus nombreux et lors de période plus chaude, elle chasse au dessusdes bois et à plus haute altitude. L’autre raison de l’importance de ces caractéristiques est la présence deboues nécessaires pour construire son nid. La construction du nid est en effet réalisée à partir de boues, delimon et de graviers récoltés à moins de 200 mètres du futur nid dans des ornières, des flaques d’eau ou surdes berges (Verheyen 1947, Walravens & Langhendries 1985 in BLANGY S., 2010). Ces deux caractéristiquesexpliqueraient leur absence au centre des grandes villes où il y a peu de zones vertes (Walravens &Langhendries 1985, Van Der Elst 1985 in BLANGY S., 2010) ou dans certains quartiers comme à Paris(ALBESA S. et al., 2003).

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Fig. 7 : carte des colonies d'hirondelle de fenêtre

De taille modeste, relativement proche d’espaces ruraux et interpénétrée par des infrastructures « naturelles», comme le Gers ou des « langues » de terres agricoles, la ville d’Auch accueille des colonies d’hirondellesjusqu’en son centre-ville. Il semble donc que les hirondelles trouvent facilement des conditions favorables àleur installation : zones de chasse (cours d’eau, bois, espaces agricoles), sites de nidification (bâtiments) etmatériaux de construction des nids (boues en particulier).Afin de comprendre la répartition des nids et des colonies dans la ville d’Auch, l’étude des habitats autour descolonies identifiées pourrait être un axe de recherche intéressant à mener à l’avenir (ex : caractérisation desmilieux présents autour des colonies par cercles concentriques de différents diamètres).

Sur Auch, la taille des colonies est relativement modeste et des nids isolés ont même étaient recensés. Cephénomène peut s’expliquer d’après Fouarge & Monmart (1992 in BLANGY S., 2010) par le fait que plus lenombre de bâtiments disponibles augmente, au plus les hirondelles ont tendance à construire leur nid de

manière éparse dans la ville provoquant la diminution de la taille des colonies. A contrario, en milieu rural, lenombre de nids par colonie est le plus élevé.

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Les hirondelles de fenêtre sont très fidèles à leur colonie d’origine près de 65% reviennent à moins d’unkilomètre du nid utilisé l’année précédente, même les juvéniles (près de 95%) retournent à proximité de leurlieu de naissance limitant ainsi la dispersion (Moller 1984, Walravens & Langhendries 1985, Allen & Nice1952, Sériot & Alvès 2002 in BLANGY S., 2010). Pour les hirondelles rustiques, certains chiffres sont avancés(REGULUS WISS. BER. 1988) : moins de 10% des adultes nicheurs changeraient de sites de reproduction, etgénéralement les sites sont éloignés de moins de 2 km, les jeunes retourneraient de préférence près de leur lieude naissance, même si une grande proportion (plus de 40%) de femelles peut s’installer à plus de 5 km de leurlieu de naissance.En plus d’être fidèles à leur colonie d’origine, les hirondelles de fenêtre sont également fidèles à leur nid. Prèsde 7% des adultes réutilisent en effet le même nid chaque année et les autres occupent un emplacement àmoins de 35 mètres du nid de l’année précédente. Pour les juvéniles, la distance est de 75 mètres par rapportà leur lieu de naissance. Cette fidélité influence fortement la sélection du site de nidification car il restreintl’offre aux alentours du lieu de naissance pour la majorité des hirondelles (Moller 1984, Walravens &Langhendries 1985 in BLANGY S., 2010).Cette grande fidélité pourrait expliquer pourquoi certains sites propices à l’implantation d’une nouvellecolonie d’hirondelles ne sont pas utilisés sur la ville d’Auch. Elle peut aussi expliquer le faible tauxd’occupation de certaines façades, certaines rues ou de certaines colonies. Les hirondelles qui occupaient cesfaçades, ces rues ou ces colonies ne sont pas revenues de migration et de jeunes hirondelles n’ont pas encorerecolonisé les lieux.Cette fidélité souligne également l’importance de la protection des colonies existantes et conditionne lesactions comme la pose de nichoirs artificiels.Une étude de la fidélité des hirondelles dans la ville d’Auch sur une ou plusieurs colonies serait intéressanteà mener, pour déterminer si cette fidélité est présente dans toutes les colonies, si les échanges entre coloniessont importants ou non. Cependant, cela implique une méthodologie à partir du baguage d’hirondelles, quirisque d’être lourde et fastidieuse à mettre en œuvre.

Paramètres environnementaux

Etat des nidsLe diagramme (Fig. 8) montre, sur l’ensemble des nids observés, une prédominance de nids tombés,partiellement ou intégralement détruits (plus de 50%), viennent ensuite les nids occupés (39%). Lepourcentage de nid entier mais vide est assez faible (9%). La quasi absence de nids en construction pourraits’expliquer par les dates de prospection, centrée en juin-juillet, faisant ainsi référence à des nids déjà construiten début de saison.

Fig.8 : Etat des nids observés en 2011

L’analyse montre également d’importantes différences d’état des nids entre les rues (Fig. 9 et Tab. III). Lesrues de Lorraine, de Paul Descomps, d’Adrien Nux et des Grazes, et la Place Villaret de Joyeuse accueillentainsi le plus grand nombre de nids occupés. Parmi les rues comportant le plus grand nombre de nids recensés

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(plus de 10), on peut souligner une part importante de nids tombés ou détruits (plus de 50%) dans les ruesCaumont, Boissy d’Anglas, Patrice Brocas, Saint-Jacques, Désirat et Michelet.Les colonies accueillant le plus grand nombre de nids occupés sont celles du Garros et de Lorraine, avec plusde 40 nids occupés. Les autres ont moins de 10 nids occupés, excepté celle de Boissy d’Anglas avec 11 nidsoccupés. Quatre colonies présentent une forte proportion de nids tombés ou détruits (plus de 50%) : coloniesde Caumont, de Boissy d’Anglas, de Michelet et du huit mai.

Fig.9 : Etat des nids pour chaque colonie

Tab.III – Proportion des états des nids pour chaque colonie

Les hirondelles sont amenées, selon plusieurs paramètres comme la météorologie, à réaliser deux nichées paran, la seconde se déroulant entre juillet et mi-août. Cette deuxième nichée peut se dérouler soit dans le mêmenid que la première nichée ou bien dans un nouveau ; 21 à 38 % des couples changeraient de nids entre les deuxnichées (Walravens & Langhendries 1985, De Lope et al. 1998, Sériot & Alvès 2002 in BLANGY S., 2010). Cechangement de nid s’explique notamment par le fait que les nids d’hirondelles sont infestés de parasites quiont un effet non négligeable sur le développement des jeunes (Moller et al. 1994 in BLANGY S., 2010).D’autres explications de changement de nids peuvent également être supposées : la nidification a été

infructueuse lors de la première nichée (Shields 1994 in BLANGY S., 2010) ou c’est simplement un effet de

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l’individu, certaines hirondelles posséderaient peut être un nid par nichée (BLANGY S., 2010).Ces phénomènes peuvent expliquer, en partie du moins, le nombre de nids vides recensés en 2011 sur la villed’Auch. Cependant, certaines rues comme les rues d’Alembert et Abel Gardey ne présentent que des nidsvides ou des nids vides et tombés, supposant des actes de dérangement ou de destruction volontaire (voir plusloin les menaces liées à l’Homme).

Hauteur des nidsComme le montre le diagramme (Fig. 10), sur l’ensemble des nids recensés dans la ville d’Auch, les hirondellesde fenêtres recherchent préférentiellement des habitations de 1 à 3 étages, constituant ainsi une protectionraisonnable au dérangement et à la prédation. Comme souligné plus haut, les hirondelles semblent par lamême fuir les quartiers aux habitations de plain pied.

Fig. 10 : Hauteur des nids pour l’ensemble des nids recensés

Les nids installés sur des bâtiments de plus de 3 étages se situent principalement dans le quartier du Garros,où de grands immeubles (dizaine d’étages) sont présents. Les hirondelles ne construisent toutefois pas denids sur les étages supérieurs de ces immeubles. Les colonies de Dessoles et de Boissy d’Anglas comptentégalement des nids sur des bâtiments de plus de 3 étages, mais seulement à hauteur d’1 nid pour chacune deces colonies. Soulignons que les bâtiments de plus de 3 étages sont relativement rares sur la ville d’Auch,expliquant cette proportion assez faible.Notons que les colonies semblent « spécialisées » dans le choix de la hauteur de construction des nids, avecdes nids construits majoritairement sur des bâtiments de 2 à 3 étages pour les colonies du Garros, deCaumont, de Marne, de Dessoles et de Lorraine, et des nids construits majoritairement sur des bâtiments d’1étage pour les colonies d’Assas, de Boissy d’Anglas, du Tapis vert et du Huit mai. Cette « spécialisation » estsans doute due à la disponibilité en bâtiment de 1, 2 ou 3 étages au niveau de chaque colonie. Cette hypothèse peut être confirmée par l’analyse des différences de hauteur des nids pour chaque rue. Seulesquatre rues présentent des nids construits à différente hauteur : rues de Caumont, de Dessoles et de Saint-Jacques, et chemin de Baron. Pour la rue de Caumont et le chemin de Baron, notons que les nids de hauteurdifférente sont construits sur des bâtiments relativement distants les uns des autres.

Support des nidsLes nids sont préférentiellement disposés sous des avancées de toit. Seuls 5 nids ont été construits sous unbalcon d’un bâtiment, dans la rue de Caumont (et la colonie du même nom). 14 nids ont été observés dans des encadrements de fenêtre au niveau de deux colonies, celle du Garros (ruedes canaris) et celle du Huit mai (rue du Huit mai), sur 3 bâtiments différents. A noter la disposition atypiquedes nids dans le quartier du Garros, qui sont construits sur le haut de volets de baies vitrées, coincés doncentre les volets et les encoignures de fenêtre.

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L’hirondelle de fenêtre sélectionne les endroits où le nid sera à l’abri des intempéries car étant construit enboue, la pluie le fragiliserait et pourrait provoquer sa chute avec les jeunes (Verheyen 1947, Weiserbs et al.,2004 in BLANGY S., 2010). Selon plusieurs études, l’hirondelle n’a pas de préférence pour un type particulierd’aplombs comme les corniches, les balcons ou les encoignures de fenêtres ; elles utiliseraient seulement cequi est présent dans la ville et profiteraient des opportunités locales (Walravens & Langhendries, 1985 inBLANGY S., 2010). Il en va de même pour le type de substrat. La seule caractéristique qui ressort, est laprésence d’angle net (pas d’arrondi) entre le mur et le surplomb (Van Der Elst, 1985 in BLANGY S., 2010).Sur la ville d’Auch, ces constats expliqueraient la forte proportion de nids construits sous les avancées de toitpuisque la majorité des bâtiments sont construits avec les pans de toit dépassant de plusieurs dizaines decentimètres des murs extérieurs. Cette localisation apporte ainsi une protection contre les intempéries, et lesactes de prédation (des chats notamment), et des supports d’accroche pour le nid relativement solides. Lesnids construits sous les balcons seraient plus le fait d’opportunités. La faible proportion des fenêtres pourraits’expliquer par un dérangement humain plus important et sans doute par la destruction volontaire plussystématique des nids par les particuliers, la cohabitation étant plus difficile.

Orientation des bâtiments et des nidsLa figure 11 montre que l’orientation des façades des bâtiments accueillant des nids d’hirondelles estmajoritairement exposée vers le nord (plus de 30%, voire 50% en ajoutant les nids orientés vers le nord-est etle nord-ouest). L’analyse faite pour chaque colonie indique le même constat, même si quelques différences apparaissent. Lescolonies du Huit mai, de Lorraine et de Boissy d’Anglas présentent ainsi une orientation des bâtimentsprincipalement vers le sud, le sud-est et le sud-ouest. L’analyse pour chaque rue n’apporte pas derenseignements supplémentaires.

Fig. 11 : Orientation des façades accueillant des nids

L’analyse de l’orientation des nids illustre le même constat que plus haut, avec une majorité de nids orientésvers le nord (plus de 30%, voire plus de 50% en ajoutant les nids orientés vers le nord-est et le nord-ouest).

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Fig. 12 : Orientation des nids

Peu d’explications du choix de l‘orientation des nids ont été trouvées dans la bibliographie disponible.Toutefois, BLANGY S. (2010) avance l’hypothèse que les nids seraient construits préférentiellement àl’ombre, le soleil pouvant fragiliser les nids et impliquer une variation de la température à l’intérieur de ceux-ci. Sur Auch, cette hypothèse pourrait expliquer la prédominance de nids orientés vers le nord, à l’abri desrayons du soleil.

Fréquentation des sitesLes axes principaux, avec une forte fréquentation piétonne et/ou routière, semblent délaissés au profit desaxes secondaires. Le dérangement occasionné par la fréquentation humaine (piétons et circulation automobile) est en effet unfacteur de présence ou d’absence de nids d’hirondelles, qui préfèrent les sites « protégés » (ALBESA S. et al.,2003). Outre ce dérangement potentiel, les turbulences à proximité du nid auraient un impact surl’emplacement du nid car elles empêcheraient l’hirondelle de rentrer dans son nid si elles sont tropimportantes (Walravens & Langhendries 1985 in BLANGY S., 2010).Néanmoins, la circulation ne semble pas un facteur négatif, puisque qu’à Auch, de nombreux axes secondairesaccueillant des nids font état d’une circulation importante.

Propriété des bâtimentsLa majorité des bâtiments accueillant des nids d’hirondelles sont privés. Seuls 6 sont a priori des bâtimentspublics :Avenue de la Marne : bâtiment SNCF, 3 nids occupés ;Rue Michelet : Hôpital, 4 nids occupés et 22 vides ;Rue de Lorraine : Maison de Gascogne, 4 nids occupés et 1 en construction ;Rue Dessoles : Poste, 1 nid vide (mais occupé les années précédentes) ;Rue Paul Descomps : Office Public des Offices HLM, 15 nids occupés et 11 tombés et/ou détruits.

Estimation de la population

Comme souligné dans la critique de la méthode, étant donné la date de prospection tardive de certains relevéset l’étalement des inventaires sur toute la saison de reproduction, la méthode utilisée ne permet pas d’évalueravec précision le nombre de couples de la population auscitaine, juste une estimation.

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Une méthode couramment utilisée pour compter le nombre de couples nicheurs est de simplement compterle nombre de nids entiers présents dans une colonie. Pour que le nombre de nids entiers soit un bon indicateurdu nombre de couples présents, ils se basent sur l’hypothèse que le taux de disparition par an des nids entiersest élevé (Fouarge 1992, Fouarge & Monmart 1992 in BLANGY S., 2010). En appliquant cette méthode, la population d’hirondelles de fenêtre d’Auch peut être évaluée à environ 145couples, répartie entre plusieurs colonies, dont les plus « grosses » sont les colonies du Garros, de Lorraine etde Boissy d’Anglas.

Tab. IV – Evaluation du nombre de couples par colonie

Cependant, cette méthode surestime le nombre de couples réellement présents dans une colonie et cetteapproximation aura une influence non négligeable sur l’étude de l’évolution des populations d’hirondelles etdonc de la détermination de la santé de la population auscitaine et des colonies.Pour un comptage exhaustif, un inventaire de tous les nids « réellement » occupés doit se dérouler sur unecourte période (un mois environ) et centré sur la première nichée (mai-juin). En 2011, l’étalement del’inventaire induit un risque de doubles comptages de couples (couple ayant changé de nid entre les deuxnichées par exemple) et une approximation de l’occupation des nids du fait du classement de nids « occupés» dès lors que des fientes de l’année étaient présentes. Toutefois, la détermination de l’occupation des nidsexige beaucoup de temps aux observateurs et n’est donc pas toujours réalisable. Il serait possible d’associerles deux méthodes, le nombre de nids entiers est compté et le nombre de nids occupés est observé pourcertaines zones représentatives à déterminer.

Menaces identifiées

Avec seulement une année de suivi, il semble difficile de tirer des conclusions quant aux menaces pesant surles populations d’hirondelles auscitaines. Toutefois, plusieurs observations ont été réalisées et permettentdéjà de souligner certaines menaces.

Menaces « naturelles »De rares cas de compétition avec le Moineau domestique (Passer domesticus) ont été remarqués en 2011, maisglobalement les nids entiers ont été occupés par les hirondelles. Ce phénomène est observé dans plusieurs localités. Plusieurs espèces, comme le Moineau domestique ou lesmésanges, peuvent s’approprier les nids d’hirondelles avant son retour et pendant son séjour. Ces usurpationsdiminuent le nombre de nids disponibles pour les hirondelles. A coté de cette prise de nid, les moineauxpeuvent aussi éjecter parfois des couples de leur nid, alors que des jeunes sont présents (VANSTEENWEGEN1982 in BLANGY S., 2010).

Menaces liées à l’HommeDe par la proximité avec l’Homme pendant sa période de reproduction et bien que protégée par la législation,l’Hirondelle de fenêtre est sujette à des menaces qui peuvent aller du dérangement à la destruction des nidsvoire des oisillons ou des adultes.En effet, le public connaît les hirondelles, depuis longtemps, et même si certains les accueillent bien volontierssous leurs toits, bien souvent, les citoyens ne connaissent ni leur statut d’espèces protégées ni même leur

régression contemporaine.

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Ravalement de façadesLes ravalements de façade conduisent bien souvent à la destruction des nids construits qui seront autant desite non utilisés l’année suivante. Ainsi, le collège Salinis en Haute-Ville accueillait encore l’année dernière plusieurs nids d’hirondelles, côté ruede la vieille pousterle. Des travaux de ravalement de façades ont été observés en juillet 2011, induisant ladestruction des nids. Un nid était encore présent, mais vide, sans doute en lien avec le dérangementoccasionné.De même, de nombreux immeubles du quartier du Garros ont bénéficié de travaux de réfection dans lesannées 2000, dont le ravalement de certaines façades, impliquant la destruction de nombreux nids. Les crépisutilisés semblent cependant convenir comme support de construction des nids d’hirondelles ; plusieurscouples se sont ainsi réinstallés comme l’atteste l’observation de « nouveaux » nids en 2011.

Dispositifs d’effarouchementL’installation de dispositifs anti-pigeons types pics ou grillage sous les avant-toits est aussi un facteur négatifpour l’installation des hirondelles sur des bâtiments pourtant propices. Deux bâtiments sur Auch ontprésentés ces systèmes d’effarouchement interdisant la construction de nids pour les hirondelles.NB : La présence de câbles EDF ou téléphoniques sur certaines façades trop près des avancées de toit limiteégalement la construction de nids, faute de place suffisante.

Chute des nidsDe nombreux nids recensés en 2011 étaient tombés ou réduits à l’état de trace (188 nids tombés sur 368recensés). Les colonies de Caumont, de Boissy d’Anglas, de Michelet et du Huit mai présentent une forteproportion de nids tombés (Fig.9).Il en va de même pour les rues du même nom, ainsi que les rues Désirat, Saint-Jacques et d’Embaques (colonieBoissy d’Anglas), Patrice brocas (colonie du Garros), Amiral Bugard (colonie Amiral Bugard), Desaix (coloniede la Marne) et la place du 14 juillet (colonie Caumont). Dans trois rues, tous les nids observés étaient tombés : rues du Huit mai, d’Embaques et Desaix. Cephénomène concerne trois bâtiments.

La chute des nids observée peut s’expliquer a priori selon deux hypothèses :

> Une première hypothèse serait que les nids sont construits à partir de matériaux de mauvaise qualité. Le niddes hirondelles est en effet construit à partir de boue, de brins d’herbes, de paille, de brins de laine et le toutest collé avec de la salive. Généralement, elles sélectionnent une boue fine avec du sable fin et du gros sable,de l’argile et du limon. Cela constitue au final un torchis solide qui isole bien les jeunes oisillons desintempéries.Un des problèmes que rencontrent ces oiseaux est la réduction des flaques d’eau et mares face à l’urbanisationde nos villes et villages. En effet, la construction du nid est réalisée à partir de matériaux récoltés à moins de200 mètres du futur nid dans des ornières, des flaques ou sur des berges (Verheyen 1947, Walravens &Langhendries 1985 in BLANGY S., 2010). Le manque de matériaux tels que la boue ou encore la paille justifiéspar l’absence de points d’eau et d’espaces verts engendre la construction de nids fragilisés, sujet à unedestruction naturelle avancée. Si la disponibilité des matériaux est faible, les hirondelles peuvents’approvisionner dans les gouttières mais cette boue est de mauvaise qualité et leur utilisation fragilise lastructure du nid qui peut tomber avec les jeunes. Ce phénomène est particulièrement observé dans lesgrandes villes (Walravens & Langhendries 1985 in BLANGY S., 2010). Cette hypothèse semble peu légitime à Auch, de par la présence notamment du Gers traversant la ville de parten part et offrant aux hirondelles des berges argileuses, certes minces mais suffisantes pour la récolte desmatériaux nécessaires. De même, Auch étant une ville de taille modeste, les espaces ruraux sont relativementproches des colonies d’hirondelles, qui doivent donc trouver relativement facilement des matériaux de bonnequalité.Comme souligné plus haut, l’étude des habitats autour des colonies permettraient d’apporter plusieursarguments intéressants pour la sauvegarde des hirondelles, et notamment la localisation des points decollecte des matériaux de construction des nids.

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> La seconde hypothèse s’appuierait sur un comportement de destruction volontaire, motivé par la présencede fientes ou encore par des croyances divers (effritements de façade par exemple), Pendant leur nidification, les hirondelles occasionnent des salissures blanches par les fientes. En effet, à forcede s’agripper au nid pour nourrir les jeunes de leur insatiable appétit, les adultes laissent quelques déjectionsen passant. Le mur et le sol deviennent très vite sales sous les nids et dans ces conditions, il estcompréhensible que certaines personnes ne supportent plus les nids d’hirondelles chez eux. Cette hypothèse semble se vérifier sur Auch, comme dans la rue Boissy d’Anglas où la totalité des nids sontdétruits sur certains bâtiments (jusqu’à 16 recensés en 2011 sur un même bâtiment).

NB : La présence de câbles EDF ou téléphoniques sur certaines façades semble limiter la chute des vieux nids.Ainsi fixés ou posés sur ces supports artificiels ils sont potentiellement protégés et utilisables sur plusieursannées.

Conclusion et perspectivesL’état des lieux de la population auscitaine d’Hirondelles de fenêtre fait état de quasiment 468 nids recensés,dont 144 occupés, répartis sur une dizaine de colonies ou sous-colonies. La population est estimée, avectoutes les réserves soulignées plus haut, à environ 145 couples. Les colonies sont présentes sur l’ensemble dela ville, jusqu’en son centre, même si des disparités sont notées en termes de densité. Cette répartition est àmettre en relation avec la configuration de la ville (espaces ruraux à proximité, espaces « naturels » au seinmême de la ville comme la rivière Gers) qui permet aux hirondelles de trouver tous les éléments nécessaires àleur cycle biologique (terrains de chasse, sites de nidification et matériaux de construction pour les nids).Les nids sont majoritairement disposés sur des bâtiments de 1 à 3 étages, sous des avancées de toit. Cecis’explique par la forte disponibilité de ce type de bâtiment en ville, les hirondelles installant leur nid enfonction des opportunités. A noter qu’une colonie, dans le quartier du Garros, présente des nids avec unedisposition originale et « précaire », construits entre des volets et les encoignures de fenêtres. Sur l’ensembledes colonies, les nids sont par ailleurs majoritairement tournés vers le nord, a priori pour être protégés dusoleil qui fragiliserait les nids et serait responsable de variations de température à l’intérieur.Plusieurs menaces ont été relevées, liées notamment à la compétition avec d’autres espèces come le Moineaudomestique, mais surtout liées à l’Homme (ravalement de façades, mise en place de dispositifsd’effarouchement contre les pigeons, destruction directe de nids).

Pour 2012, dans la continuité de l’état initial des lieux présenté ici, plusieurs axes d’action sont envisagés dansle cadre de l’Agenda 21 de la ville d’Auch :Sensibilisation du public scolaire avec la participation d’écoles primaires pour le recensement et le suivi decolonies et la conception d’une exposition sur les hirondelles.Sensibilisation du grand public grâce à l’alimentation du site Internet de l’Agenda 21 de la municipalité, laconception et la diffusion d’une plaquette d’information, l’organisation d’une sortie en ville à la découvertedes hirondelles, l’organisation d’une conférence sur le thème des hirondelles et plus largement de labiodiversité urbaine.Sensibilisation des services techniques de la mairie par le biais d’une rencontre en salle et sur le terrain, ainsique la conception d’un guide technique.Suivi des colonies connues et prospections complémentaires dans les secteurs non visités en 2011.Une assistance technique auprès de particuliers est encore à l’étude, notamment pour la distribution de «planchettes » anti-salissures.

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Réglade, 2012 : Le Pistrac, 23 : 26-34

PREMIERE MENTION DU SEJOUR AUTOMNALEN 2011 D’UN FAUCON SACRE FALCO CHERRUG D’ORIGINE

SAUVAGE EN REGION MIDI-PYRENEES« Eonka, le sacre de l’automne »

Michel Antoine Réglade,[email protected]

Abstract : A Saker Falcon spend a few weeks in autumn 2011 in the region Midi- Pyrénées. This bird wasequipped with a GPS beacon (program "Saker Conservation LIFE"). Leaving his native Slovakia on 07-09-2011, Eonka first goes in Poland Austria and Germany, then finally to France on 09-14-2011. In the PyrénéesOrientales on 09-20-2011, on 09-22-2011 it is reported near Toulouse and will remain in the Midi- Pyrénéesregion until 11-21-2011, when the signal disappeared. The status and behaviour of this endangered species isbrushed, as well as the characteristics of the environment where Eonka stayed.

Résumé : Le séjour d’un Faucon sacre à l’automne 2011 en Midi-Pyrénées est décrit grâce à plusieursobservations dans le nord et l’ouest de la région. Cet oiseau est équipé d’une balise GPS (programme « SakerConservation LIFE »). Quittant sa Slovaquie natale le 09-07-2011, Eonka va d’abord en Pologne, puis enAutriche et en Allemagne, puis enfin en France le 14-09-2011. Dans les Pyrénées Orientales le 20-09-2011 elleest signalée le 22-09-2011 près de Toulouse et va rester dans la région Midi-Pyrénées jusqu’au 21-11-2011, dateoù le signal disparaît. Le statut et les habitudes de cette espèce en danger est brossé, ainsi que lescaractéristiques des milieux où Eonka a séjourné.

Le Faucon sacre Falco cherrug (Gray 1834) est l’une des quatre espèces du complexe Hierofalco, quicomprend également le Faucon lanier Falco biarmicus, le Faucon gerfault Falco rusticolus et le Faucon laggarFalco jugger. Le Faucon sacre, qui appartient à l’avifaune de la région Paléarctique, est un oiseau de proieinféodé aux habitats eurasiens ouverts de type steppique. Son aire de reproduction se superpose à l’aire derépartition de certains mammifères rongeurs diurnes de taille petite à moyenne. Dans sa partie européenne,l’aire historique comprenait l’Arménie, la Géorgie, l’Ukraine, la Moldavie, la Roumanie, la Bulgarie, laMacédoine, la Serbie, la Croatie, la Hongrie, la Slovaquie, l’Autriche, la République Tchèque, la partieeuropéenne du Kazakhstan, la Russie et la Turquie (Galushin 2004). Des nichées occasionnelles d’un à 2couples ont récemment été confirmées au moins une fois en Allemagne (Augst 2001) et en Pologne. Il n’y a pasd’autre cas de reproduction historique ou récent connu dans d’autres pays européens ; cependant desindividus peuvent être observés en migration ou en nomadisme dans la plupart des pays européens.Sous l’effet de différents facteurs anthropiques ayant modifié les milieux et provoqué en parallèle le déclin despopulations de ses proies mammifères, l’effectif de la population de faucons sacres s’est effondré à partir de lafin du XIXe siècle. La population globale a été fragmentée en sous-populations distantes les unes des autreset, de fait, l’espèce a disparu de beaucoup de pays européens. Aujourd’hui, l’effectif de la partie européenne dela population, entre 650 et 750 couples, représenterait selon les estimations entre 3,8 et 8,3 % de la totalité.Cette partie est composée d’une première sous-population située dans le Bassin des Carpates avecaujourd’hui environ 360-380 couples (au moins 240 couples en Hongrie et environ 120-140 couples dans lespays voisins – 40 en Slovaquie, 50 en Serbie, 15-20 en Autriche, 15-20 République Tchèque, 1-5 Roumanie etquelques-uns en Ukraine occidentale-) (Chavko 2010, Prommer 2010, Puzovic 2010) et d’une seconde sous-population située dans la partie Sud de l’Ukraine avec 315 à 345 couples. En dehors de ces deux noyaux, il n’ya aucune autre sous-population européenne, notamment dans la partie européenne de la Russie (Milobog2010, Prommer sous presse).La plus occidentale des sous-populations, celle du Bassin des Carpates, correspond à la moitié nord-ouest del’aire de répartition d’une espèce d’écureuil terrestre, le souslik d’Europe ou Spermophile d’Europe

Spermophilus citellus (Linnaeus 1766). Dans cette partie de l’aire de reproduction du Faucon sacre, cette espècede rongeur constitue historiquement un apport trophique majeur en période de reproduction (Birdlife

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International 2010). Au milieu du XXième siècle, l’effectif de cette sous-population du Faucon sacre ne devaitpas dépasser les trente couples (Bagyura 2003) mais à partir des années soixante-dix, des mesures spécifiquesde protection et de conservation ont permis à la Hongrie de multiplier le nombre de ses couples nicheurs parun facteur sept (plus de deux cent en 2010) (Bagyura 1994b, 2010).Bien qu’en 2010, l’UICN ait abaissé le niveau d’alerte d’un cran sur la base d’une surestimation probable deseffectifs mondiaux de couples nicheurs (BirdLife International 2010), le Faucon sacre reste à ce jour uneespèce très menacée.En période postnatale, les individus juvéniles peuvent errer sur des distances et dans des directions trèsvariables et cette période de nomadisme, qui les confronte à de multiples dangers, s’accompagne d’un risqueimportant de mortalité (Prommer 2009). L’effectif des oiseaux en nomadisme représente une réserve dereproducteurs potentiels, indispensable au maintien de l’espèce, mais cette population est très difficile àestimer et à protéger en raison de sa dispersion. Coïncidence historique, le Faucon sacre, nommé Turul, étaitl’oiseau emblématique d’un illustre nomade mongol chef des Huns Attila (Baumgart 2000).

Le niveau de protection du Faucon sacre et le programme « Saker Conservation Life »Depuis la fin du 19e siècle les principales raisons du déclin des populations mondiales du Faucon sacre sontd’origine humaine: modification des habitats en relation avec l’intensification des pratiques agricoles(notamment l’utilisation des pesticides, également à l’origine du déclin majeur des populations de Fauconpèlerin (Falco peregrinus) de l’hémisphère nord dans les années 1960) et la pression de prélèvement desfauconniers notamment pour des pays de la péninsule arabique (Birdlife International 2010).Au niveau international, le Faucon sacre est inscrit à l’Annexe II de la CITES (Convention sur le CommerceInternational des Espèces de faune et flore Sauvages menacées d’extinction) depuis 1975. Les espèces qui ysont répertoriées peuvent faire l’objet de commerce uniquement lorsque le pays exportateur peut prouver quecette activité est durable et ne nuit pas à leur conservation, ce qui n’est pas actuellement le cas pour lamajorité des pays où le Faucon sacre est nicheur. A partir de 2002, l’interdiction du commerce dans lesEmirats Arabes Unis a contribué à réguler les prélèvements d’individus sauvages (Birdlife International 2010).Dans la liste rouge de l’UICN, le niveau d’alerte concernant le Faucon sacre a évolué de « quasi-menacée » en1988 à « en danger » en 2004 et 2008. Depuis 2010, le niveau a été abaissé d’un cran à « vulnérable ». Cesvariations du niveau d’alerte reposent sur des estimations d’effectifs dont les sources ne sont pas clairementaccessibles sur le site de l’UICN et varient du simple au quadruple (3600-4400 couples en 2006 (Zhan 2010),9,500-17,000 en 2010 (Birdlife International 2010)). En Europe, le Faucon sacre est depuis le début des années1980 inscrit en annexe I de la directive européenne Oiseaux (79/409/CEE) ce qui a officialisé son statutd’espèce menacée.Entre le milieu des années soixante-dix et la fin des années quatre-vingt-dix, des actions bénévoles sousl’égide d’une association ornithologique hongroise ont permis de restaurer une population en Hongrie autourde 180 couples (Prommer 2009). De 2006 à 2010, le soutien financier de l’Union Européenne par le biais deLIFE-Nature a permis la mise en place d’un programme multidimensionnel de conservation des populationsde Faucon sacre dans le bassin des Carpates (Hongrie et Slovaquie). Son résultat principal a été lastabilisation (avec une tendance à l’augmentation) des populations nicheuses de Faucon sacre en Hongrie(>200 couples) et en Slovaquie (40 couples) (Bagyura 2010, Chavko 2010). L’un des volets de ce programme a étudié le comportement migratoire de l’espèce grâce à des balises GPS dont39 juvéniles (comprenant Piros) et 4 adultes (3 mâles et une femelle) pour la Hongrie et 6 juvéniles pour laSlovaquie, ont été équipés. Fin novembre 2011, grâce aux données recueillies dans le cadre de ce programme et sur proposition de l’UnionEuropéenne, l’espèce Falco cherrug a été inscrite à l’annexe 1 de la Convention sur les Espèces Migratrices(dite Convention de Bonn) pour toutes les populations de son aire de répartition sauf pour celles deMongolie. Ce nouveau statut renforce son niveau de protection international. Un second programme d’étudeLIFE-nature est en cours pour la période 2010-2014 en Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Slovaquie. C’est dansce cadre que quatre juvéniles, dont Eonka et sa sœur Sepsana, ont été équipés début juin 2011 en Slovaquiedans la région de Bratislava près de la frontière avec la Hongrie et l’Autriche.

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La dispersion postnatale : un nomadisme imprévisible des juvéniles de la populationeuropéenneLes juvéniles quittent leurs lieux de naissance en moyenne un mois et demi après leur envol (Prommer, souspresse) et la plupart ne s’éloigneront qu’assez peu de leur lieu de naissance. Le programme précédent a permisde montrer que les mâles adultes ne manifestent pas de réels comportements migrateurs contrairement àcertains juvéniles. En effet, le nomadisme après l’envol des juvéniles, schématiquement constitué d’unesuccession de phases exploratoires et de phases de stationnement, présente une grande variabilité enamplitude et en direction. Prommer (2010) distingue donc trois types de comportement dans la premièreannée des juvéniles. Certains se révèlent de vrais migrateurs, établissant leur première zone de stationnementaprès un long voyage jusqu’à un millier de kilomètres, voir plus, et hivernent le plus souvent au Sud sur lebassin méditerranéen (essentiellement au Sud de l’Italie mais aussi en Grèce, Egypte ou Libye) et parfois plusloin en Afrique jusqu’au Sahel. Mais la plupart hivernent dans le bassin des Carpates n’effectuant que desdéplacements de faible amplitude à moins de deux cent kilomètres de leur lieu de naissance. Enfin les dernierssont des individus indécis qui débutent une migration puis reviennent sur les lieux de leur naissance au coursde l’automne parfois d’assez loin et parfois repartent hiverner sur le bassin méditerranéen (Prommer 2009,2010). L’analyse en cours des données de dispersion des autres juvéniles marquées permettra de compléter cesobservations et de mieux comprendre le déterminisme de la dispersion des juvéniles.De manière générale, cette dispersion se fait donc selon les directions Est, Sud-Est ou Sud, mais chaque annéequelques individus se dirigent vers l'Ouest ou le Nord-Ouest (Bagyura 2009). La dispersion postnatale desfaucons sacres ne s’inscrit donc pas de manière évidente sur une voie migratoire fixe et reproductible,contrairement à d’autres espèces de rapaces de milieux ouverts comme le Busard des roseaux Circusaeruginosa par exemple (Garcia 2011).

LE FAUCON SACRE EN EUROPE ET EN FRANCEEn Europe occidentale, de la fin du 19e au début du 20e siècle, les populations du Faucon sacre ont trèsfortement décliné parallèlement à l’une de leur principale ressource alimentaire en période de reproduction,les sousliks. La modification des pratiques agropastorales (intensification agricole, création de plantations,déclin du pacage de moutons) en dégradant profondément l’habitat des sousliks constitué par les steppes etles prairies sèches et en les transformant en agrocénoses, a entraîné la diminution des populations de ce petitécureuil. Ce phénomène a probablement contribué à la diminution des populations du Faucon sacre enconjonction avec d’autres facteurs, comme par exemple l’utilisation des pesticides ou la pression deprélèvement par des fauconniers... Les sousliks hibernent et ne sont donc disponibles comme proies qu’à labelle saison et donc, même si le Faucon sacre est un prédateur opportuniste et polyvalent, une hypothèsepossible est que ces petits écureuils terrestres constituaient historiquement des proies clefs qui apportaientle surplus de ressources trophiques nécessaire à l’élevage des jeunes, ce qui pourrait expliquer lasuperposition des aires de ces deux espèces dans leurs parties européennes.

Prédateur polyvalent, le Faucon sacre pratique le plus souvent la chasse à poste fixe comme une buse variable,parfois au sol, en volant à faible altitude comme un busard, plus rarement la chasse de haut-vol comme unFaucon pèlerin, et enfin le cleptoparasitisme sur d’autres espèces rapaces (notamment les faucons crécerelleset les busards). Dans les agrocénoses du bassin des Carpates, les faucons sacres se nourrissent aujourd’hui majoritairementde campagnols le plus souvent dérobés aux autres oiseaux de proie (Prommer com.pers.) et de passereaux, etnotamment à partir des populations férales ou domestiques de pigeons, même si les sousliks peuvent encoreconstituer une part significative des apports trophiques (Bagyura 1994a, Chavko 2010). En Slovaquie, lespigeons domestiques semblent même constituer la proie principale des couples nicheurs (plus des 2/3 desproies retrouvées dans les analyses de pelotes de réjection) (Chavko 2010), mais les os des campagnols sontdigérés par les sucs gastriques des faucons, ce qui rend complexe l’interprétation des résultats (Prommercom.pers., Bagyura 1994a). Des données récentes suggèrent que le Faucon sacre pourraient à l’occasion senourrir sur des cadavres de chevreuils, de renards ou de grands lièvres (Chavko 2010). Baumgart (2000) a interprété les rares cas de nidification en Allemagne et en Pologne à la fin des années 1990,comme une extension très progressive de l’aire de nidification du Faucon sacre vers l’ouest en dehors de l’airede répartition du souslik, autorisée par l’adaptation trophique aux populations de pigeons féraux. Le suiviultérieur n’a pas confirmé cette extension vers l’ouest et en Europe occidentale et l’aire de reproduction duFaucon sacre reste encore superposée à l’aire de répartition des sousliks (pour plus de précisions sur la

répartition actuelle de Falco cherrug et de Spermophilus citellus, consulter les ressources cartographiques sur lesite de l’UICN).

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Une seconde modification majeure des paysages agricoles a été l’implantation en grand nombre de ligneshaute-tension (HT) et très haute-tension (THT) nécessaire au transport électrique. En l’espace de quelquesannées, les corvidés puis les rapaces, et notamment les faucons pèlerins et les faucons sacres, ont adopté cespylônes d’abord comme perchoirs, puis comme substrat de nidification.

En France, cette espèce a été exceptionnellement observée, le plus souvent en dehors de la période dereproduction. Mais son occurrence est probablement plus fréquente que ne le laisse supposer le faible nombrede données homologuées au niveau national. La première preuve absolue de la voie de dispersion occidentaleet de l’arrivée en France d’un individu sauvage est représentée par un juvénile bagué par Josef Chavko près deBratislava (en Slovaquie) le 29 mai 1982 qui a été victime d’une collision avec un avion atterrissant à l’aéroportde Tarbes-Ossun-Lourdes le 16 août 1982 (Schröpfer, 2008). Depuis la création du Comité d’HomologationNational français (CHN) en 1980, seules seize données ont été validées, dont six qui correspondent au rapidesurvol estival les 29 et 30 juillet 2009 du littoral méditerranéen par un premier Faucon sacre équipé d’unebalise de géolocalisation dans le cadre du programme « Saker Conservation LIFE ». Cette jeune femellehongroise, nommée Piros (La Rouge) a ensuite rejoint l’Espagne où elle a séjourné aux alentours de Valladolidpendant un mois de demi, avant de probablement mourir d’épuisement sur une langue de sable en Mauritaniedébut octobre 2009 (Prommer sous presse), Piros constitue la seconde preuve indéniable d’un passage del’espèce sur le territoire français (Reeber 2010).Et voici que l’automne 2011 voit arriver une seconde jeune femelle slovaque, également équipée d’une baliseGPS, qui, après avoir franchi la frontière à l’est du Luxembourg, traverse la Lorraine puis la Bourgogne,descend la vallée du Rhône et longe vers l’Ouest le littoral méditerranéen pour venir séjourner au moins neufsemaines et demi dans la région Midi-Pyrénées. Née vers le 11 mai et équipée le 4 juin 2011, cette femelle a éténommée Eonka en raison de la localisation de son nichoir natal sur un pylône électrique du groupe électriqueallemand E.ON (Deutschova, com.pers.). Eonka fournit donc la troisième preuve incontestable d’une arrivée naturelle en France et cette secondedonnée d’un Faucon sacre équipé d’une balise est également remarquable d’une part par sa proximitétemporelle avec le passage de Piros et d’autre part par la durée de son séjour. En effet, parmi les mentionsd’hivernage, un individu noté immature (dont l’origine sauvage est considérée comme discutable par le CHN)a séjourné dans le sud des Landes (Réserve Naturelle d’Orx) pendant 3 mois de novembre 1991 à janvier 1992et un individu noté 1A (juvénile) est observé du 29 décembre 1998 au 20 février 1999 en Crau. Le séjourautomnal prolongé d’Eonka en France, prélude d’un possible hivernage, est donc le seul à avoir un caractèrenaturel prouvé.Il faut remarquer que sur les onze individus dont les observations ont été validées, neuf ont été observés dansle Sud de la France ; or le trajet d’Eonka montre que ces faucons peuvent traverser la France du Nord au Sud.Ces onze individus homologués par le CHN ne représentent probablement qu’une partie des individus quiatteignent le pays durant le nomadisme postnatal. En effet, un certain nombre d’observations ne sont pasnotifiées au CHN tandis que d’autres ne sont pas homologuées faute d’éléments suffisamment descriptifs ouiconographiques (Reeber, com.pers.) ; enfin, étant donné la discrétion de cette espèce, des individus peuventmigrer ou séjourner de manière inaperçue. Le fait que deux individus équipés de balise atteignent le territoirefrançais à deux années d’intervalle laisse supposer que sa fréquentation n’est peut-être pas si exceptionnelleet pose la question de la fréquence du choix de la voie occidentale.A titre de comparaison, en Allemagne trente-six observations de l’espèce ont été validées par le comité desoiseaux rares entre 1980 et 2009 (Krätzel com.pers.) et en Espagne, Piros est la seconde mention moderne (laprécédente date de 2002 à Tarifa, province de Cadix) et la première au Portugal (Prommer sous presse).

LE VOYAGE D’EONKALe 9 juillet 2011, Eonka, âgée de deux mois et équipée de sa balise depuis un mois, quitte Kostolište enSlovaquie pour se diriger plein Nord, traverser la république tchèque et parcourir environ 200 km jusqu’enPologne. Elle décrit ensuite une boucle dans le sens horaire qui la ramène en Slovaquie au sud de Bratislavaavant de prendre la direction Ouest vers l’Autriche où elle séjourne du 12 au 17 juillet. Privilégiant toujours ladirection Nord, Eonka rejoint ensuite la zone agricole et la ligne haute-tension de son premier stationnementqui va durer six semaines (du 19/07 au 01/09) près d’Erfurt en Allemagne, entrecoupé d’un saut exploratoirede 200 km au Nord (du 3 au 6/08). Cinq ou six ornithologues allemands peuvent alors la photographier etl’observer posée sur le sol, en vol cerclant avec un busard des roseaux, harcelé par des crécerelles ou perchéedans des pylônes. Puis, après une nouvelle étape de 200 km vers le Sud-ouest, elle stationne du 4 au 12septembre dans la région de Frankfurt (zone agricole avec des lignes à haute-tension) avant de reprendre saroute cette fois vers le Sud pour entrer sur le territoire français le 14 septembre entre 11 et 14h. Au cours de

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cette première phase, il semble qu’Eonka, fidèle aux mœurs de son espèce (Prommer 2009), ait préférécontourner le massif alpin.Une fois sur le sol français, en pleine migration active vers le sud, elle atteint le littoral méditerranéen en cinqjours. Au cours de ce trajet, elle réalise sa pointe de vitesse (160 km en trois heures le 15 septembre avec unevitesse moyenne apparente de plus de 50 km/h) et elle fait halte le 16 septembre près d’une double ligneélectrique à haute-tension à côté de Saint-Martin-en-Gâtinois (Saône-et-Loire). Elle ne repart que deux joursplus tard, le 18 septembre, pour dormir 150 km plus au sud près de Sainte-Euphémie (Ain), à nouveau prèsd’une ligne électrique à haute-tension. Le 19 septembre, l’étape suivante, la plus longue (environ 300 km)l’amène sur la côte méditerranéenne où elle dort entre Aigues-Mortes et la Grande-Motte (vitesse moyenneapparente 25 km/h).Au cours de la journée du 20 septembre, elle longe le littoral vers l’Ouest et vient dormir près de Vernet-les-Bains dans les Pyrénées Orientales. Mais de même qu’elle a contourné l’arc alpin, Eonka rebondit sur le reliefpyrénéen et repart vers le Nord-ouest. Après une nuit dans l’Aude, elle croise le lendemain en bordure del’autoroute A64 une première ligne électrique haute-tension à la hauteur de Muret, une agglomération prochede Toulouse, mais ce n’est que la seconde ligne installée dans une agrocénose ouverte qui l’arrête dans sacourse.

LE CANTONNEMENT D’EONKA DANS LA REGION MIDI-PYRENEESElle commence à s’installer dans cette zone pour un séjour dont nous pourrons suivre un peu plus de neufsemaines du 22 septembre au 21 novembre, jour de l’interruption du signal. Le découpage de cette période parquinzaine montre que le Faucon réduit progressivement la superficie de ses déplacements quotidiens (figure2). En septembre, les mouvements quotidiens montrent un oiseau encore peu installé et pendant cettepremière semaine, après avoir réalisé une exploration circulaire sur deux jours, Eonka réalise ensuite deuxtrajets exploratoires. Le 25 septembre entre 11h et 16h, elle effectue un premier vol exploratoire de plus de90km (vitesse apparente 20 à 30 km/h) vers l’Ouest-Sud-Ouest de la zone jusqu’à Saint-Pierre-d’Aubézies(Gers), pendant lequel elle ne croisera aucune ligne à haute-tension. Et quatre jours plus tard, le 29 septembreentre 11h et 14h, elle effectue un second vol exploratoire d’un peu plus de 60 km (vitesse apparente 30 km/h)vers le Nord jusqu’à Viche (Tarn-et-Garonne), pendant lequel elle croisera plusieurs lignes à haute-tensionqui débutent à la centrale nucléaire de Golfech. Avec son vol d’arrivée du 22 septembre en provenance du sud-est, Eonka a ainsi exploré trois directions. On peut noter au passage que l’ensemble des points GPS de sonséjour s’inscrit dans un triangle défini par seulement trois points extrêmes, le point d’origine du 22 septembreà 7h00 et les deux points extrêmes des deux trajets exploratoires à l’Ouest et au Nord. Pendant cette premièresemaine, Eonka a donc exploré une portion de territoire dont elle semble avoir repéré à la fois les milieuxintéressants sur le plan trophique et les pylônes qui vont l’aider à exploiter la ressource. Elle revient ensuite se cantonner pendant les deux premières semaines d’octobre aux environs de la premièreligne à haute-tension repérée à son arrivée. Puis elle se cantonne pendant les deux semaines suivantes auxenvirons des lignes repérées pendant le second vol exploratoire vers le Nord. La succession des quinzainessemblent alors confirmer un stationnement de plus en plus affirmé avec un déplacement progressif de la zonede stationnement vers le Nord-ouest, qui suit à partir de mi-octobre l’axe d’une ligne électrique très hautetension à l’Ouest de Montauban pour se concentrer progressivement dans l’Est de la Lomagne.Malheureusement, l’émetteur cesse de fonctionner à partir du 21 novembre (date de la dernière donnée GPS)sans que l’on en connaisse la cause (électrocution, collision, prédation, panne).

Les milieux successivement choisis par Eonka sont tous des agrocénoses ouvertes. En octobre, lorsqu’ellestationne entre le Gers et la Haute-Garonne, le maïs est en fin de maturation et commence à être récolté,d’autres parcelles sont travaillées et préparées pour le blé d’hiver, puis lorsqu’elle se déplace vers les valléesde la Gimone et de la Sère dans la grande plaine alluviale de la Garonne à l’ouest de Montauban et deCastelsarrasin dans le Tarn-et-Garonne de mi-octobre au 21 novembre, le blé d’hiver a commencé à germer surcertaines parcelles, le paysage est plus bocager avec des haies et des bosquets, une mosaïque de parcelles enrotation maïs-blé-tournesol, de parcelles en prairies permanentes pour l’élevage et des vergers de pommierset de noisetiers.

Les paysages choisis sont traversés par de multiples lignes électriques moyenne-tension qui représentent undanger permanent d’électrocution pour des oiseaux volant à basse altitude et d’une envergure susceptible detoucher deux fils simultanément.

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Comme nous l’avons vu, une autre constante des paysages choisis par Eonka est l’existence d’une à deuxlignes électriques haute ou très haute tension dont les pylônes, véritables cathédrales de poutrellesmétalliques, exercent un pouvoir manifeste d’attraction sur les faucons (et autres rapaces) et organisentspatialement leur séjour. D’une part, sur ces structures, nous avons observé Eonka se toiletter, se réchaufferau soleil levant, interagir avec des faucons crécerelles, se déplacer d’une partie à l’autre d’un pylône ou entredeux pylônes, surveiller les alentours en phase de chasse à poste fixe, et d’autre part, nous avons observé à denombreuses reprises des Faucons pèlerins Falco peregrinus postés sur la partie haute des pylônes, tandis queles parties les plus basses étaient parfois occupées par des Faucons crécerelles Falco tinunculus ou des Busesvariables Buteo buteo. L’utilisation de ces structures comme perchoir de chasse ou de dortoir pendant la phasede nomadisme des faucons sacres est un élément déjà noté au cours du programme précédent (Prommer2009). Et depuis le début des années 2000, il est noté de plus en plus fréquemment des cas de nidification defaucons pèlerins sur des pylônes THT en France (voir à ce sujet « Les notes du pèlerin » n°13/14 d’août 2009).Lors de la recherche d’Eonka dans le Gers et dans le Tarn-et-Garonne, les paysages traversés se révèlent richesen faucons crécerelles et buses variables. De plus rares Busards Saint-Martin Circus cyaneus et Milans royauxMilvus milvus sont observés en maraude. L’Epervier d’Europe Accipiter nisus est observé en action de chasse àplusieurs reprises également. L’Autour des palombes Accipiter gentilis, non contacté, est présent au niveaude la forêt de Bouconne et de la forêt de Montech, qui ont été très probablement survolées par le sacre. DesHérons gardebœufs Bubulcus ibis, quelques Hérons cendrés Ardea cinerea et grandes Aigrettes Casmerodius albussont également vus en chasse dans les parcelles récoltées ou fraîchement labourées. De multiples bandes depassereaux (Etourneaux sansonnets Sturnus vulgaris, Alouettes des champs Alauda arvensis, divers fringillidés)stationnent dans la région ainsi que de petites troupes de Pigeons ramiers Columba palumbus et de colombinsColumba oenas, de corvidés (Corneilles noires Corvus corone corone, Choucas des tours Corvus monedula, Piesbavardes Pica pica) et enfin de laridés (Goélands leucophées Larus michahellis, Mouettes rieuses Larus ridibundus)ou de Vanneaux huppés Vanellus vanellus, sans oublier les bandes de Pigeons bisets féraux Columba livia. Toutceci témoigne (directement pour les passereaux et indirectement pour les micromammifères) des ressourcestrophiques disponibles pour un oiseau de proie de cette espèce.

LES OBSERVATIONS VISUELLES D’EONKA EN MIDI-PYRENEESLa balise émettrice dotée d’un GPS intégré et de batteries solaires pèse 22g. Elle est fixée sur le dos de l’oiseaucomme un petit sac-à-dos et l’antenne qui en dépasse peut être visible dans de bonnes conditionsd’observation. Elle enregistre la position de l’oiseau à heure fixe plusieurs fois par jour (6 fois jusqu’à finseptembre puis 3 fois les mois suivants) avec une précision spatiale de 12m sur 20m et émet des paquets dedonnées tous les 3 jours vers le système de satellites Argos qui les renvoie au centre de recueil près deToulouse. Matyas Prommer, ornithologue hongrois du programme Saker Conservation Life, a réalisé uneinformation sur le site de migraction.net au fur et à mesure de la progression d’Eonka en territoire françaisvers le Sud jusqu’à son arrivée aux alentours de Toulouse. Quelques ornithologues ont alors pris contact aveclui pour obtenir des précisions sur les données de géolocalisations dans l’espoir d’observer l’oiseau pendantson séjour. Et au final, ce sont 4 observations visuelles pour une durée totale d’environ 6 heures et 10 minutesqui seront réalisées par 14 ornithologues, la recherche de l’oiseau ayant varié de quelques minutes à plusieursjours pour réaliser chacune de ces observations. Les observations visuelles d’Eonka ont été possibles en raisonde son utilisation fréquente des pylônes (3 observations sur quatre) et, même dans ce cas, repérer sa silhouettedans les structures proportionnellement gigantesques des pylônes n’était pas si simple, l’oiseau pouvant selonles angles être dissimulé par une poutrelle métallique ou une autre. Si dans ce cas, l’identification spécifiquen’a posé aucun problème, ce n’est pas du tout la même situation lors de l’observation d’individu non équipé.En effet, les risques de confusion avec des immatures de faucons d’autres espèces (gerfaut Falco rusticolus,pèlerin Falco peregrinus, lanier Falco biarmicus) sont réels et il faut également y ajouter la complexitéintroduite par l’existence d’hybrides naturels et des oiseaux issus de la fauconnerie.

La première observation est réalisée le 29 octobre par une première équipe de sept ornithologues qui separtagent l’exploration des pylônes de la ligne électrique THT au sud de Larrazet, un village du Tarn-et-Garonne. Après avoir observé un Faucon pèlerin adulte sur un premier pylône, ils trouvent Eonka sur letroisième. Durant l’ensemble de l’observation de 9h15 à 12h20, Eonka se perche successivement sur sixpylônes, se toilette au début puis se déplace du sommet au milieu des structures métalliques, émet un criterritorial au cours d’une probable interaction avec une buse variable dissimulée par un bois.

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La seconde observation est réalisée le 11 novembre par deux ornithologues qui la localisent rapidement surl’un des pylônes au sud de Larrazet. De 7h30 à10h00 sur trois pylônes et une fois sur un pré, ils observent desphases de toilettage entrecoupées de phase de vols et d’interactions avec deux faucons crécerelles quiharcèlent Eonka régulièrement. Elle s’envole finalement vers le nord et n’est pas retrouvée malgré lesrecherches.

La troisième observation réalisée le 13 novembre ne dure que cinq minutes. Après un jour et demi derecherche, deux ornithologues réussissent à la localiser posée sur un semis de blé d’hiver un peu au nord deLarrazet sur le point GPS du 11 novembre 11h. Hélas l’oiseau est dérangé par le bruit d’un rallye automobilecaritatif et s’envole vers le Nord. Il est brièvement revu en vol par deux autres ornithologues positionnés plusau Nord sur sa trajectoire d’une quinzaine de kilomètres.

Enfin, la quatrième et dernière observation est réalisée, après une journée et demi de recherche, le 20novembre de 8h30 à 9h par 2 ornithologues sur des pylônes au Nord-ouest de Larrazet. Après une phase detoilettage, ayant repéré un busard Saint-Martin mâle (Circus cyaneus), Eonka le rejoint et le force à lâcher saproie qu’elle récupère et ingurgite au sol avant de revenir se percher sur le pylône. Dérangée, elle s’envolejusqu’au pylône suivant, où elle subit le harcèlement de faucons crécerelles, et finit par s’envoler vers le Nord-ouest.

En synthèse, pendant la phase de nomadisme postnatal d’Eonka, la confrontation des informations obtenuespar le suivi satellite et par les observations visuelles permettent les conclusions suivantes :- le choix de la direction Nord puis Ouest l’a amenée en France après de brefs passages en Pologne et enAutriche et un séjour de plusieurs semaines en Allemagne (ce choix septentrional plutôt que méridional estplus rare sans être exceptionnel, notamment pour les individus nés dans la partie la plus occidentale de lapopulation du Bassin des Carpates) ;- le déroulé du nomadisme suit un schéma assez caractéristique avec la succession de phases de migrationactive exploratoire et de phases de stationnement plus ou moins longues; - pendant les phases de migration active, le Faucon s’est détourné des reliefs montagneux et a utilisé lesplaines fluviales comme vecteur de déplacement, avec des vitesses apparentes de l’ordre de 25 à 50 km/h etune distance totale de plus de deux mille kilomètres ;- elle a systématiquement choisi pour stationner, sur des périodes allant de 2 jours à 9 semaines, desagrocénoses ouvertes, traversées de lignes électriques à haute tension ou très haute tension (dont les pylônes,qui lui servaient de perchoir, ont orienté son séjour) et parsemées de rares massifs boisés parfois survolés ; ilfaut noter que ces milieux sont assez similaires à son milieu natal en termes de caractéristiques physiquesprincipales et de ressources trophiques ;- enfin, les comportements d’interaction avec un Busard Saint-Martin (cleptoparasitisme), les Faucons

crécerelles (harcèlement réciproque), une Buse variable et l’utilisation des pylônes comme perchoirpréférentiel sont des comportements similaires à ceux observés chez d’autres juvéniles et adultes dans l’airede reproduction.

L’INTERRUPTION DU SIGNAL ET LE PROBLEME DES LIGNES ELECTRIQUES MOYENNE-TENSIONLe 21 novembre est recueilli le dernier signal GPS d’Eonka au Nord de Lavit (Tarn-et-Garonne) dans unchamp récemment labouré près d’une ferme. Le jour-même et les jours suivants, il y a eu du brouillard sur lazone et une collision avec une ligne électrique moyenne-tension n’est pas à exclure, comme cela est survenuavec sa sœur Sepsana, mais l’absence de signal et l’étendue de la zone à explorer n’ont pas permis de retrouverl’oiseau pour confirmer cette hypothèse, sachant que l’émetteur peut aussi être tout simplement en panne(Prommer 2009).Les lignes moyenne-tension représentent un réel danger pour les oiseaux de grande taille (collision,électrocution) comme cela a été mis en évidence notamment pour le Faucon sacre aussi bien en période dereproduction que de nomadisme (Prommer 2009, 2010, Lasch 2010).Des trois autres femelles juvéniles équipées ce printemps en Slovaquie et qui se sont dispersées dans desdirections très différentes de celle choisie par Eonka, Sepsana s’est électrocutée en République Tchèque aumois d’août, Kleopatra a disparu en Turquie fin novembre sans que l’équipe slovaque ne trouve de relais surplace pour lancer une recherche (Deutschova com.pers.) et Slavka s’est empêtrée dans un filet de nylon enBulgarie fin décembre. L’histoire s’est mieux terminée pour cette dernière puisqu’elle a été retrouvée

agonisante et qu’elle a été sauvée in extremis par une équipe d’ornithologues bulgares qui l’ont emmenée dans

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un centre de soins. Ces quatre destins soulignent d’une part l’extrême vulnérabilité des juvéniles pendant laphase de dispersion et d’autre part l’importance actuelle des facteurs anthropiques parmi les causes demortalité.

CONCLUSION

Cette nouvelle donnée française estivale et automnale, la seconde pour la région Midi-Pyrénées, fournit aussila première preuve du séjour prolongé d’un Faucon sacre d’origine sauvage sur le territoire. Malheureusement,l’interruption prématurée du signal GPS a mis un terme au suivi de cet oiseau qui aurait pu confirmer ou nonson hivernage dans la région Midi-Pyrénées.Le passage rapproché de Piros durant l’été 2009 puis d’Eonka à l’automne 2011 est en soi un fait remarquablequi pose la question de la sous-estimation de la fréquentation de notre pays par les juvéniles de cette espècelors de leur dispersion postnatale. En effet, si on ne la recherche pas systématiquement, l’espèce peut êtreparticulièrement difficile à repérer, même lorsqu’elle est posée sur un pylône, où elle peut être dissimulée parl’une des barres métalliques de la structure. De plus, la confusion possible avec un juvénile d’autres espècesde Faucon (pèlerin, lanier ou gerfaut) et le problème des oiseaux hybrides issus de la fauconnerie rend biensouvent très difficile l’identification de l’espèce et la détermination de l’origine sauvage.Etant donné le caractère assez erratique et imprévisible des déplacements de cette espèce (absence de voiemigratoire stable), un contrôle automnal et hivernal à large échelle des pylônes de lignes haute et très hautetension dans l’Est, le Sud et l’Ouest du pays pourrait se révéler une méthode appropriée pour espérer obtenirde nouvelles données ; du moins, en attendant le passage d’un nouveau Faucon du programme « SakerConservation LIFE » équipé d’une balise GPS…

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Remerciements:En premier lieu, nous souhaitons remercier Lucia Deutschova, ornithologue slovaque, et Matyas Prommer,ornithologue hongrois, tous deux du programme « Saker Conservation LIFE » grâce auxquelles nous avons puobserver Eonka et publier cet article, que Matyas a eu la gentillesse de relire et de corriger. Merci à JosefChavko pour le prêt des photographies d’Eonka en Slovaquie. Nous remercions aussi tous les ornithologuesqui nous ont transmis leurs photographies et/ou leurs observations effectuées pendant le séjour du Faucon enMidi-Pyrénées ou en Allemagne (Amalric Calvet, Aymeric Le Calvez, Florian Communier, Boris Delahaie,Jérémy Dupuy, Nathalie Grenouilloux, Tristan Guillosson, Christoph Klein, Mathieu Orth, FrédéricPouzergues, Julien Renoult, Antoine Rougeron, Karsten Schmale, Laurent Spanneut, Hugo Touzé, JulienVeque, Frédéric Veyrunes). Un merci tout particulier à Sylvain Reyt qui a relu et corrigé les premièresversions. Merci aussi à Kirsten Krätzel de la « Deutsche Avifaunistische Kommission » et à Sébastien Reeberpour leurs réponses. Enfin merci à Lucienne Weber de Nature-Midi-Pyrénées pour son accueil et laréalisation des cartographies consultées.

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Fauré, 2012 : Le Pistrac, 23 : 35- 47

AVIFAUNE NICHEUSEDE CHENAIES PEDONCULEES :

LES FORETS DE LILHAC ET DE MAUBOUSSIN,CANTON D’AURIGNAC, HAUTE-GARONNE

Christian Fauré16, rue Louis Hérold, 31200 Toulouse.

Abstract : The breeding bird community of Common Oak Quercus robur forests was studied in spring 2008 inthe Forêt de Mauboussin and Forêt de Lilhac (canton d’Aurignac, Haute-Garonne, France). These forestscover an area of 800 ha and the mean canopy height ranges from 8 m up to 32 m. The E.P.S. 20 mn point countmethod was applied and 33 points were carried out. An amount of 29 species were noticed by the point countsurvey. The main species (Frequency > 50%) were: Blackcap, Chaffinch, Robin, Eurasian Chiffchaff, EurasianBlackbird, Eurasian Jay, Short-toed Tree-Creeper, Eurasian Golden-Oriole, Song Thrush, Blue Tit, WoodNuthatch, and Great Spotted Woodpecker. The breeding bird community structure is depicted anddiscussed. The overall results show that the bird community of a Common Oak forest does not greatly differfrom that of various deciduous forests of the western Palearctic.

Résumé : L’avifaune nicheuse d’une chênaie pédonculée Quercus robur située en plaine dans le sud-ouest de laFrance a été étudiée en 2008 en utilisant la méthode des Echantillonnages Ponctuels Simples (EPS). Les deuxboisements recensés, les forêts de Mauboussin et de Lilhac, d’une superficie totale proche de 800 ha, étaienten l’état de futaie au moment de l’étude (h = 8-32 m). Les 33 points effectués montre que la richesse totale dupeuplement s’élève à 29 espèces ; elle s’inscrit dans l’intervalle des valeurs mesurées dans les chênaiestempérées d’Europe. Elle est proche de celles observées dans les chênaies pédonculées du nord-est de laFrance en Bourgogne, ou dans les Vosges du nord. La richesse moyenne est de 11.2 espèces ; de part l’altitudede la zone étudiée, elle est légèrement supérieure à celles observées dans les forêts pyrénéennes proches,hêtraie sapinière, pineraies sylvestre et à crochets ou chênaie sessile d’altitude. La majorité des espèces dupeuplement (76%) sont originaires du paléarctique européen et caractéristiques des forêts caducifoliéestempérées (ex. : le Pinson des arbres, le Geai des chênes et le Pic épeiche. Les insectivores constituent lacatégorie trophique majoritaire. La plupart des guildes des milieux forestiers sont présentes ici suite à lacomplexité du milieu étudié notamment un important sous bois avec comme espèce dominante la Fauvette àtête noire. Indices de diversité et d’équirépartition indiquent un haut niveau de réalisation de la diversité del’ensemble forestier étudié. Les résultats montrent que l’avifaune nicheuse des formations étudiées estreprésentative de celle des forêts caducifoliées de plaine du paléarctique occidental.

L'avifaune de différentes essences de chênes à fait l’objet de plusieurs études dans le sud-ouest de la Francenotamment celles de la chênaie pubescente (Joachim, 2002) et la chênaie sessile (Clouet, 2004). La présenteétude les complète par la caractérisation de l'avifaune nicheuse de boisements à prédominance de chênepédonculé Quercus robur situés dans le canton d’Aurignac dans la Haute-Garonne (Fig.2) ; deux formationsproches l’une de l’autre ont été inventoriés, la Forêt de Mauboussin et la Forêt de Lilhac. La composition et lastructure du peuplement ont été évaluées par la méthode dite des Echantillonnages Ponctuels Simples ou EPS(Spitz 1974).

DESCRIPTION DU MILIEULe chêne pédonculé se rencontre dans toute l'Europe et jusqu'à l'Oural à l'est, avec des exceptions comme lenord de la Scandinavie et certaines régions méditerranéennes (Fig.1). C’est une essence de plaine au climatpréférentiellement frais et humide. En France, il se rencontre partout sauf dans les Alpes du Sud et le pourtourméditerranéen.

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Fig.1 : carte de répartition du Chêne pédonculé – Quercus robur

Forêt de Mauboussin : Cette forêt est située sur le territoire des communes d’Aurignac, Boussan, Cassagnabère-Tournas,Montoulieu-Saint-Bernard et de Saint-André dans la Haute Garonne (Fig 3). Cette région du Bas-Commingesprésente un paysage de coteaux finement divisés en "arête de poissons" ; elle est constituée de molasses datantde l’oligo-miocène. Le secteur d’étude, d’une superficie de 500 ha, de pente modérée, orienté au nord, a unealtitude comprise entre 290m et 380m. Adossé au plateau de Lannemezan, le secteur est soumis à un climatde type océanique. Le boisement de la forêt de Mauboussin est majoritairement constitué de chêne pédonculéQuercus robur auquel est associé le chêne sessile Quercus petrae et, confiné à la lisière, de chêne pubescent,Quercus pubescent (Lepais 2006) ; H. Gaussen note pour cette forêt un faciès à charme sur la carte de lavégétation au 1/200000 (feuille de Toulouse, 1947). Les relevés de végétation en présence/absence sur lespoints d’écoute font apparaître une fréquence de 12% pour le chêne sessile ; le chêne pubescent n’a pas éténoté sur les points d’écoute. La forêt de Mauboussin est gérée sur le mode de la futaie régulière. La couverturemaximale de la canopée est atteinte dans l’intervalle 8 – 16m (moyenne : 60%) ; au delà (>16m) elle est faible(4 %). L’ouverture induite, se traduit par la présence d’un sous étage relativement fourni entre 0 et 4 m(noisetier, roncier, cornouiller sanguin, aubépine et genêt). Les autres arbres du sous-bois les plusfréquemment rencontrés sont le charme Carpinus betulus et l’érable champêtre Acer campestris.

Forêt de Lilhac : située à 6 km au nord de la forêt de Mauboussin, elle est connectée à celle, plus importante, de Fabas (Fig 4).D’une superficie de 290 ha, de pente modérée, elle occupe un vallon parcouru par le Touch à une altitudecomprise entre 300m et 360m. Paysage, climat et sols sont similaires à ceux rencontrés à Mauboussin commele boisement dominé par le chêne pédonculé. Les relevés de végétation en présence/absence sur les pointsd’écoute montre une fréquence de 43% pour le chêne sessile ; le chêne pubescent n’a pas été noté sur les pointsd’écoute. La couverture maximale de la canopée est atteinte comme à Mauboussin dans l’intervalle 8 – 16m(moyenne : 60%) ; au delà (>16m) elle est faible (9 %). Le sous étage est également fourni entre 0 et 4 m(noisetier, roncier, cornouiller sanguin, aubépine et genêt). Les autres arbres du sous-bois les plusfréquemment rencontrés sont aussi le charme Carpinus betulus et l’érable champêtre Acer campestris. Sur unplan phytosociologique les deux forêts ont un profil similaire.

Fig.2 : Les chênaies pédonculées étudiées sont situées dans le canton d’Aurignac dans la Haute-Garonne

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METHODE UTILISEE POUR LE RECENSEMENT

La méthode utilisée est celle des l'Echantillonnages Ponctuels Simples (Spitz 1974) ; les 33 stations ont étédéfinies de manière à ménager une distance minimum de 250 m entre deux points. Le point 13 n’a pas étéeffectué. Les relevés par “ point d’écoute ” d’une durée de 20 minutes ont été effectués du 30/05/2008 au08/06/2008. Un seul point d’écoute est effectué par échantillon avec un relevé en présence/absence pourchacune des espèces rencontrées. Les indices d’abondances ont également été relevés comme dans les IndicesPonctuels d’Abondance (Blondel & al 1970). Un contact est noté un, un chanteur ou tout autre indice dereproduction est noté deux.

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Fig. 3 : Forêt de Mauboussin : localisation des points d’écoute

Fig. 4 : Forêt de Lilhac : localisation des points d’écoute

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RESULTATS ET DISCUSSION

La matrice des données brutes relevés/espèces est présenté au tableau I ; les paramètres correspondants à lacomposition de l’avifaune, abondance, fréquence, dominance, richesse ainsi que l’origine biogéographique desespèces sont présentés au tableau II.

Composition du peuplementTrois espèces de rapaces - Epervier d’Europe, Buse variable et Milan noir- ont été contactées durant l’étudede terrain. Leur étude ne relevant pas de méthodes basées sur les indices ponctuels elles n’ont pas été prisesen compte dans l’analyse des données recueillies.Le rapport a/N (où a = nombre d’espèces contactées une seule fois et N = nombre total de relevés) s'établit à0,15 (autrement dit, et dans l’absolu, 7 points supplémentaires pourraient révéler une nouvelle espèce – 1 : 0.15-) cette valeur relativement élevée est expliquée par le faible nombre de relevés (33) mais aussi par la prise encompte d’une espèce à très grand territoire, le Grand Corbeau, dont le milieu forestier n’est qu’une partie dudomaine vital. En retirant cette espèce, le rapport a/N chute 0.12 valeur proche du seuil de 0.1 pour lequel laprospection est considérée comme suffisante.La richesse totale (S) s’élève à 29 espèces. D’un point de vue biogéographique le peuplement estessentiellement de type paléarctique et européen tel que défini par Blondel (1978) : sur les quinze espècesaccessoires et constantes (F > 25%) douze appartiennent à ce groupe soit 80% ; s’y ajoutent une holartique, letroglodyte, une ancien monde, le Loriot et une euro-turkmène, le Pigeon ramier. Concernant les quatorzeespèces satellites ou accidentelles (F < 25%), dix appartiennent au groupe paléartique/européen, soit 71%,deux holarctiques, un euro-turkmène et un indo-africain. Avec 76% d’espèces du groupepaléartique/européen, l’échantillon mesuré est bien représentatif de l’avifaune du fond sylvatique européensurtout les forêts caducifoliées de plaine. Sur un plan régional, toutes les espèces accessoires et constantesappartiennent au groupe VI défini par Balent et al (1988) et repris par Joachim (2009) comme "fond del’avifaune de Midi-Pyrénées" relatif aux espèces largement répandues et communes en Europe. Concernant lesquatorze satellites ou accidentelles, sept appartiennent aussi à ce groupe soit 50%. Au total, avec 76% desespèces recensées appartenant au fond de l’avifaune de Midi-Pyrénées l’échantillon mesuré est, pour une forêtde plaine, bien représentatif au niveau régional. Quantitativement avec 29 espèces recensées, le peuplementétudié s’inscrit dans l’intervalle des valeurs moyennes des chênaies tempérées d’Europe allant de 25 à 46espèces (Muller 1985).Le tableau III présente les catégories trophiques et les guildes auxquelles appartiennent les espècescontactées sur Mauboussin et Lilhac. Durant la période de nidification, le Pinson des arbres, le Rouge gorgela Grive musicienne et le Loriot d’Europe consommant essentiellement des insectes ont été placés dans lacatégorie des insectivores. La catégorie des granivores regroupe aussi bien les consommateurs de graines quede fruits. Concernant ce chapitre, les trois rapaces contactés ont été intégrées dans l’analyse. Les insectivoresreprésentent 62.5% des espèces : ils dominent largement l’ensemble du peuplement surtout si l’on considèreles 15.6% de mixtes qui les suivent dans le classement et forment, de plus avec ce dernier groupe l’ensembledes espèces constantes (F > 50%). Toutes les guildes relatives aux insectivores, ceux des rameaux, des troncs,des feuillages et de l’espace aérien sont représentées dans ces formations de chêne pédonculé. Les granivoresne représentent que 12.5% du peuplement et sans représentants dans les espèces constantes (F > 50%). Lesrapaces constituent le groupe des carnivores avec 9.4%.La richesse moyenne (s) est de 11.2. Elle est plus élevée que celles trouvées pour les formations forestièrespyrénéennes allant de la hêtraie à la pinède à crochet ou des valeurs de 7.6 à 9.9 sont mesurées (Joachim & al1990-1991) et à celle observée - 10.2 - dans une chênaie sessile d’altitude dans les Pyrénées (Clouet 2004). Elleest également supérieure à celles observées en chênaie sessile en forêt d’Orléans d’une part traitée en taillissous futaie - 8.7 – et d’autre part en futaie pure, 8.19 (Senotier 1983). Elle est très inférieure à celle déterminéedans la chênaie - charmaie en forêt de Haguenau dans les Vosges où elle atteint 18.2 (Muller 1986) ; cettevaleur, très élevée, peut faire penser à un biais d’échantillonnage au niveau de la distance inter points nonprécisée par l’auteur dans son article. Le coefficient de variation (CV) de la richesse moyenne est de 19.8%valeur peu élevée montrant l’homogénéité de l’échantillon de chênaie étudié.Parmi les douze espèces constantes (F > 50% ; tableau II), trois sont caractéristiques des formations boiséesâgées, le Pic épeiche, la Sittelle torchepot et le Grimpereau des jardins, les autres pouvant se rencontrer toutau long de la succession des différents stades de développement de la chênaie tout comme les trois espècesaccessoires ( F = 26-50%), le Pigeon ramier, le Troglodyte et la Mésange charbonnière. Deux espèces tirentprofit d’un sous bois dense conséquence d’une canopée claire, la Fauvette à tête noire (F = 100%) et le Pouillotvéloce qui avec une fréquence de 82% atteint ici une densité élevée en milieu forestier. A titre de comparaison,quand le sous bois est peu fourni, la Fauvette à tête noire est satellite (F < 25%, forêt d’Orléans) ou accessoire

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(F = 26 – 50%, Haguenau) ; le Pouillot véloce est respectivement accessoire et satellite dans ces dernièresformations. Le nombre d’espèces satellites, quatorze, témoigne d’une bonne diversité du milieu. A noter dansce groupe le Pic mar, espèce peu commune même dans les milieux favorables en Midi-Pyrénées et quitémoigne à Mauboussin de l’expansion récemment notée dans notre région (Hamon 2011). Remarquableégalement le Bouvreuil pivoine dans les satellites, espèce sporadique dans la vallée de la Garonne (Joachim1997), et dont la présence ici est peut être dûe à la proximité de son noyau pyrénéen. Autres espèces satellitesremarquables, la Tourterelle turque et la Fauvette des jardins : la Tourterelle turque dont la présence en forêtn’est pas commune, est ici notée à trois reprises avec trois chanteurs sur trois points différents à des distancesà la première habitation supérieure à 600 m, élément peut être symptomatique des prémices d’installationshors de milieux anthropisés ; la Fauvette des jardins dans un milieu en principe peu favorable bénéficiantprobablement d’un effet de lisière dû à l’éclaircissement de la canopée. A noter enfin, l’absence remarquée del’Etourneau sansonnet qui s’il a largement colonisé les milieux ouverts de la plaine toulousaine est sporadiqueen forêt dans notre région ; a contrario, il est constant ( F> 50%) en milieu forestier dans d’autres régions, parexemple à Haguenau dans les Vosges (Muller 1986) ou en forêt d’Orléans (Senotier 1983), satellite (F < 25%)dans le chênaie de Sarre-Union (Muller 1986) et dominant (> 3%) dans celles de Bourgogne (Ferry 1970), voicipeut-être un indice que la colonisation d’origine continentale de cette espèce n’est peut être pas terminéedans le sud ouest de la France (Joachim com. pers.).

Tableau I : Matrice de distribution du peuplement d’oiseaux : indice ponctuel d’abondance

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Tableau II : tableau hiérarchique de la composition du peuplement des Forêts de Mauboussin et de Lilhac. Typefaunistique : E, européen ; P, paléarctique ; AM, ancien monde ; ET, euro-turkmène ; IF ; indo-africain ; H, holarctique

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Tableau III : Catégories trophiques et guilde des oiseaux du peuplement

Fig 5 : répartitionselon les catégoriestrophiques desespèces contactées àMauboussin etLilhac

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Tableau IV : comparaison des chênaies pédonculées de Mauboussin Lilhac, Bourgogne et Sarre-Union (critère dedominance : en gras espèces ≥ 3%)

Structure du peuplementLoi de distributionConsidérant le faible nombre de relevé, l’étude statistique de la distribution du peuplement par la loi lognormale et son corollaire d’adéquation au modèle n’est pas menée ici.

Diversité du peuplementLa diversité du peuplement a été mesurée en utilisant l’indice de Shannon calculé sur les données d’abondanceou de fréquence sur l’ensemble des espèces décrites dans la matrice des relevés. Les résultats obtenus,respectivement 4.14 pour l’abondance et 4.37 pour la fréquence sont similaires. Ils sont similaires à ceuxmesurés dans la chênaie sessile de Labach avec respectivement 4.30 et 4.59.

L’équirépartition J’ est calculée selon Lloyd & Ghelardi (1964). La valeur trouvée est de 0.85 en utilisant lesvaleurs d’abondance et de 0.90 en utilisant celles de fréquence. Elles sont élevées, proches de la valeurmaximale de 1, montrant un haut niveau de réalisation de la diversité maximale souvent observée dans lesformations forestières matures (Blondel 1975).

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Comparaison avec d’autres chênaies pédonculéesEn France, chêne pédonculé et chêne sessile sont souvent mélangés que se soit pour des raisons naturelles oude pratiques sylvicoles. En conséquence, la nature de l’essence principale n’est pas toujours précisée dans lesétudes ornithologiques de ces formations. Les études relatives aux forêts de Bourgogne, Saint-Léger (865 ha),Citeaux (3560 ha), Lamarche (927 ha), Palleau (501 ha) et Pourlans (666 ha), (Ferry & al 1970) et de la forêtdomaniale de Sarre-Union dans le nord des Vosges (Muller 1985) décrivent une dominance du chênepédonculé dans les secteurs inventoriés ; elles ont donc été choisies pour une comparaison avec les résultatsde la présente étude. En Bourgogne, les auteurs ont étudié 7 stades de la succession d’une futaie régulière danslaquelle tous les arbres ont le même âge ; les stades V à VII correspondants à des hauteurs d’arbres supérieuresà 16 mètres et âgés de 40 à 200 ans ont été choisis pour la comparaison. En Sarre-Union (870 ha), la forêt étaitâgée de 110 ans ce qui correspond bien à un état de futaie ; le mode de gestion n’est pas précisé. L’utilisationdes indices kilométriques d’abondance (IKA) en forêt bourguignonne rend impossible la comparaison enfréquence d’occurrence ; pour cette raison, le critère de dominance a été choisi pour la comparaison des troisavifaunes. Pour rappel, l’indice de dominance est le rapport en pourcentage de l’abondance de chaque espècesur la somme des abondances des différentes espèces composant le peuplement. Le seuil de 3%, a été retenupour qualifier une espèce comme dominante ; il correspond approximativement à celui de 25% en fréquencequi caractérise les espèces accessoires et contantes. Les corvidés à grands territoires n’ayant pas été retenusdans les études bourguignonne et vosgienne, la Corneille noire et le Grand corbeau ont été retirés de la listeMaudoussin_Lilhac. La comparaison des trois avifaunes sur le critère de dominance est présentée dans letableau III.Pour les trois formations de Mauboussin de Bourgogne et de Sarre-Union, la richesse totale avecrespectivement 27, 31 et 28 espèces et le nombre d’espèces dominantes avec respectivement 12, 13 et 12 espècessont similaires. Les valeurs des indices de diversité H’ő, 4.09, 4.26 et 4.28 comme celles d’équirépartitions J’,0.86, 0.86 et 0.89 pour respectivement les trois mêmes formations sont également similaires ; elles indiquentun haut niveau de réalisation de la diversité dans chacun des ensembles forestiers étudiés. Ces paramètresmontrent une structure de peuplement proche dans les différents secteurs d’étude.Seules cinq espèces apparaissent dans le groupe des dominants de chacune des trois formations : leRougegorge, le Pinson des arbres, la Mésange bleue la Sittelle torchepot et le Troglodyte. Très communes,elles appartiennent toutes au fond sylvatique européen. Une remarque concernant le Pigeon ramier :dominant à Mauboussin et à Sarre-Union, il est satellite en Bourgogne. Cette espèce a connu récemment uneforte expansion en Europe qui n’était peut être pas commencée à l’époque ou a été menée l’étudebourguignonne il y a plus de quarante ans. Autres particularités concernant le Pic épeiche, la Mésangecharbonnière et le Grimpereau des jardins appartenant eux aussi au fond sylvatique européen. La première, lePic épeiche, dominant en Bourgogne et à Sarre Union, est satellite (2.9%) à Mauboussin . C’est peut êtrel’exemple d’une sous pondération propre à l’EPS par rapport à l’IPA concernant les espèces précoces : laprobabilité d’obtenir un indice de contact élevé (exemple tambourinage) est plus faible en juin (EPS) que lorsdu premier passage de l’IPA en avril. La deuxième, la Mésange charbonnière, également dominante enBourgogne et à Sarre Union, est satellite (2.9%) à Mauboussin ; c’est peut être ici aussi, comme pour le Picépeiche, un biais de l’EPS pour une espèce précoce. La troisième, le Grimpereau des jardins, est dominante àMauboussin et dans les forêts bourguignonnes mais satellite en Sarre-Union sans explication évidente. Deuxespèces dominantes à Mauboussin, en première et en troisième position, ne sont pas retrouvées au mêmeniveau dans les deux formations de l’est de la France : il s’agit de la Fauvette à tête noire et du Pouillot véloce; avec le Merle noir, leur statut à Mauboussin_Lilhac provient probablement d’un sous bois bien fourni trèsfavorable à leur présence ; le facteur latitude joue également en faveur de la Fauvette à tête noire àMauboussin_Lilhac par rapport aux formations du nord-est de la France. Trois espèces communes aux troisformations, le Merle noir, la Grive musicienne et le Geai des chênes partagent ici un statut proche du seuil dedominance de 3% qui est souvent vérifié par ailleurs. Présentant généralement une faible densité, la Grivedraine, le Roitelet triple bandeau et la Mésange nonnette sont aussi à ce niveau dans les trois formations ;également en effectifs faibles, le Gobe mouches gris et le Pic vert n’ont pas été trouvés en Sarre-Union commele Pic épeichette à Mauboussin_Lilhac. Enfin, le Pic mar, commun au trois formations bien que le sud ouestde la France soit situé en limite de son aire de répartition, la Tourterelle des bois pour laquelle la futaie est unmilieu marginal trouvée à Mauboussin_Lilhac et en Bourgogne en faible effectif et le Coucou gris dontl’absence en Bourgogne est probablement due à défaut de prise en compte dans le protocole d’étude.Des différences apparaissent au niveau de l’appartenance biogéographique des espèces, Mauboussin Lilhacétant située dans l’écozone atlantique, les forêts bourguignonnes et de Sarre Union dans celle d’Europecentrale (médio européenne). Le Loriot d’Europe, d’affinité méridionale, est dominant à Mauboussin maisaccidentel en Bourgogne et absent en Sarre Union ; dans le nord de l’Europe il occupe surtout les ripisylvesde basse altitude. La Mésange nonnette Poecile palustris est, contrairement à l’espèce précédente, d’affinité

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plus septentrionale est trouvée plus rare à Mauboussin que dans les deux autres formations. Le caractèrerépartition est encore plus marqué pour les espèces médio européenne absentes à Mauboussin comme lePouillot siffleur Phylloscopus sibilatrix dominant en Bourgogne et Sarre, ou celles non dominantes,communes ou non aux deux formations de l’est de la France, le Gros-bec casse-noyaux, le Rouge queue à frontblanc, les Pics noir et cendré, le Pouillot fitis, la Mésange boréale, le Pigeon colombin, les Gobe mouches noiret à collier et le Grimpereau des bois. Une particularité concernant la Mésange noire uniquement présente enSarre-Union formation dans laquelle elle est proche du seuil de dominance (2.9%). Dans ses aires depeuplement stables, continus, où elle présente des densités importantes, généralement dans des formationsforestières dominées par les conifères comme en Europe continentale ou les Pyrénées, elle n’est nullementinféodée à ces essences et s’étends aux formations intégrées ou adjacentes de feuillus. L’exemple est illustréepar sa fréquence élevée dans la hêtraie pyrénéenne (Fauré 2008)(Joachim & al 1990-1991) ou dans une chênaiesessile des Pyrénées centrales (Clouet 2004) ; ce dernier exemple serait à rapprocher de celui rencontré enSarre-Union.L’analyse en composantes principales conduites sur les espèces dominantes des trois formations est présentéefigure 3 ; le Pigeon ramier pour les raisons évoquées plus haut et le Coucou gris très ubiquiste ont été exclusde l’analyse. L’axe 1 - 65% de l’inertie du nuage - oppose les oiseaux du sous étage fourni – Fauvette à têtenoire, Rougegorge - à ceux de la grande forêt interne – Sittelle, mésanges. Les formations de MauboussinLilhac et la Bourgogne sont les mieux différenciées sur cet axe avec comme explication potentielle unedifférence de structure de la couverture végétale notamment le sous bois important dans la première et faibledans la seconde ; une autre explication est dans la différence des superficies respectives des deux formations: plus importante en Bourgogne lui donnant un caractère de grande forêt interne avec comme espèces lesmieux représentées les mésanges la Sittelle et le Pinson des arbres, plus faible à Mauboussin Lilhac avec deseffets de lisière interne plus marqué et comme espèces les mieux représentées La Fauvette à tête noire leRougegorge et le Pouillot véloce. L’axe 2 - 35% de l’inertie du nuage - oppose les oiseaux du tronc et de lacanopée – Pinson des arbres, Pic épeiche - à ceux des branches, avec comme exemple la Mésange bleue. Cetaxe oppose Sarre-Union aux deux autres ensembles forestiers avec dans cette formation la présenceprépondérante du Pinson des arbres.

Fig. 6 : Analyse en composantesprincipales sur les espècesdominantes des trois formations(MAU : Mauboussin ; BOU :Bourgogne ; SAR : Sarre-Union)

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CONCLUSION L’avifaune nicheuse d’une chênaie pédonculée - Quercus robur - située en plaine dans le sud-ouest de laFrance a été étudiée en 2008 en utilisant la méthode des Echantillonnages Ponctuels Simples ou EPS (Spitz,1974). Les deux boisements recensés, les forêts de Mauboussin et de Lilhac, d’une superficie totale proche de800 ha, étaient en l’état de futaie au moment de l’étude (h = 8-32 m).La richesse totale du peuplement s’élève à 29 espèces, 32 si l’on inclut les rapaces qui ne relèvent pas de cetype de méthode ; elle s’inscrit dans l’intervalle des valeurs mesurées dans les chênaies tempérées d’Europe,de 25 à 46 espèces (Muller 1985). Elle est proche de celles observées dans les chênaies pédonculées du nord-est de la France en Bourgogne, 31 espèces dans les stades similaires de la succession (Ferry & al 1970) ou dansles Vosges du nord avec 28 espèces dans la forêt de Sarre-Union (Muller 1985). Les différences observées avecles chênaies pédonculées du nord-est de la France en Bourgogne et dans les Vosges sont d’ordrebiogéographique et de structure du sous étage. La richesse moyenne est de 11.2 espèces ; de part l’altitude dela zone étudiée, elle est légèrement supérieure à celles observées dans les forêts pyrénéennes proches, hêtraiesapinière, pineraies sylvestre et à crochets (Joachim & al 1990-1991) ou chênaie sessile d’altitude (Clouet2004).La grande majorité des espèces du peuplement (76%) est originaire du paléarctique européen etcaractéristique des forêts caducifoliées tempérées comme, parmi les constantes (F > 50%), le Pinson desarbres, la Mésange bleue, le Geai des chênes ou le Pic épeiche. La catégorie trophique la mieux représentée estcelle des insectivores avec 62.5% des espèces. La plupart des guildes des milieux forestiers sont présentes iciconséquence de la complexité du milieu étudié notamment d’un sous bois dense avec comme espèce la plusabondante la Fauvette à tête noire.Les valeurs des indices de diversité et d’équirépartition indiquent un haut niveau de réalisation de la diversitéde l’ensemble forestier étudié.Les résultats montrent que l’avifaune nicheuse des formations étudiées est représentative de celle des forêtscaducifoliées de plaine du paléarctique occidental.

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Pasquier & Ramière, 2012 : Le Pistrac, 23 :48- 57

IMPLANTATION DE LA PERRUCHE A COLLIER, Psittacula krameri DANS L’AGGLOMERATION TOULOUSAINE :

SUIVI DES POPULATIONS ET DE LA REPRODUCTION 2006-2011

Christophe Pasquier* & Jean Ramière*** 6, rue G Flaubert, 31200 Toulouse. E-mail : [email protected]** 10, rue de la Briqueterie 31400 Toulouse E-mail : [email protected]

Abstract : (Establishment of the Rose-ringed Parakeet, Psittacula krameri in Toulouse : population andreproduction between 2006 and 2011). The Rose-ringed Parakeet or Ring-necked Parakeet (Psittaculakrameri) is a large green and noisy Psittacidae. First imported from Asia and Africa as pets, they have becomeinvasive aliens after their release from captivity and are now established and spreads in European cities. InToulouse, France, they are reported in the wild since 1990 and nesting of a couple is confirmed since 2005. In2011, at least 5 couples were nesting and population reached 31 individuals in October. In 2012, at least 8couples were nesting.

Résumé : La Perruche à collier (Psittacula krameri – Rose-ringed Parakeet / Ring-necked Parakeet) est unegrande perruche verte d’origine asiatique et africaine qui colonise progressivement certaines grandes villes enparticulier en Europe. A Toulouse sa présence est rapportée depuis les années 1990. Depuis 2005, lanidification régulière d’au moins un couple est confirmée. En 2011 au moins 5 couples étaient nicheurs et lapopulation était de 31 individus en octobre. En 2012 au moins 8 couples sont nicheurs.

INTRODUCTIONLes Perruches à collier (Psittacula krameri) présentes en Europe sont des populations férales provenant de lalibération volontaire ou non d’oiseaux domestiques. L’espèce est originaire d’Asie et d’Afrique centrale. Cetteperruche est importée en Europe depuis l’antiquité et elle est actuellement une des espèces de Psittacidésd’élevage très commune. Depuis les années 1960, plusieurs grandes villes européennes ont étéprogressivement colonisées par d’importantes populations de Perruches à collier. Elles sont ainsi plusieurscentaines en région Parisienne et à Marseille (Clergeau et al., 2009 ; Dubois, 2007), plusieurs milliers àBruxelles, Barcelone ou Amsterdam (Strubbe & Matthysen, 2006) et plusieurs dizaines de milliers à Londres(Butler, 2005 ; Lambert et al., 2009; Pithon & Dytham, 2002 ). Ces perruches font l’objet d’une opinion trèspositive chez les habitants de nos villes du fait de l’animation colorée et exotique qu’elles génèrent dans lesparcs. Cette espèce est cependant considérée comme invasive et peut avoir un impact non négligeable sur lafaune aviaire locale mais aussi à terme sur les récoltes. Des mesures pour éradiquer ou limiter ces populationsont été prises par certains pays, mais pour la plupart d’entre eux seul un suivi des effectifs a été mis en place.Les Perruches à collier sont de grandes perruches vertes et jaunes maintenant décrites dans la quasi totalitédes guides d’identification de l’avifaune du paléarctique occidental. Elles mesurent environ 40 cm de longpour 40 cm d’envergure. Il existe des variations de taille en fonction des sous-espèces, du genre et de l’âge desindividus. Les sous-espèces asiatiques sont un peu plus grandes que les autres. Le mâle présente une tacheoccipitale bleue, une bavette noire et un collier noir devant et rose derrière le cou (Fig.1). Les rémiges sont vertsombre, les rectrices médianes bleues (et plus longues que les autres) et les autres vertes. Le bec est rouge(mandibule supérieure) et noir (mandibule inférieure), les pattes sont gris verdâtre, l’iris blanc-jaune avec uncercle orbital jaune-orange. Les femelles diffèrent par l’absence de bavette, de collier et de tache bleue sur lanuque (Fig. 1). Elles ont tendance à être un peu plus petites que les mâles et à posséder une queue plus courte.Le sexage se fait à l’âge adulte (à partir de 3 ans) grâce au dimorphisme sexuel facile à visualiser sur le terrain.

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Figure 1 : Photo d’un couple de Perruches à collier (Psittacula krameri) lors du nourrissage de la femelle par le mâle (©CPasquier, Prairie des Filtres, Toulouse le 10/04/2010).

OBSERVATIONS EN MIDI-PYRENEESEn Midi-Pyrénées, l’espèce n’est pour l’instant connue comme nicheuse uniquement à Toulouse. Desobservations sont mentionnées ailleurs mais ne concernent chaque fois qu’un individu. Par exemple en 2011,deux données sont rapportées concernant deux oiseaux différents dans le sud de la Haute-Garonne. Quelquesobservations éparses sont aussi transmises mais il n’est pas toujours possible de les attribuer avec certitude àla Perruche à collier. Il est probable que plusieurs concernent d’autres espèces que les observateurs ne sontpas en mesure d’identifier. Des observations de perroquets et de perruches (Cacatoès à huppe jaune (Cacatua galerita), Perruche deBarraband (Polytelis swainsonii), Perruche callopsitte (Nymphicus hollandicus), Perruche ondulée (Melopsittacusundulatus) en 2009-10) sont en effet régulières dans les jardins publics toulousains.

EFFECTIFS ET DISTRIBUTION SUR TOULOUSEA Toulouse sa présence est rapportée depuis les années 1990 (Malher et al., 2010). La population de Perrucheà collier était estimée durant l’hiver 2009 à 17 individus. A partir de comptages photographiques répétés àl’envol du dortoir, le groupe était de 24 individus en octobre 2010 et de 31 individus en octobre 2011. Lamajorité des individus ont un aspect de femelles ou d’immatures (Butler & Gosler, 2004). Une des perruchesest bleue alors que les autres sont de la couleur « sauvage » c’est-à-dire à dominante verte. La grande majoritédes observations faites depuis 2009 l’ont été dans une zone située sur la rive gauche de la Garonne, reliantl’hôpital La Grave à la Prairie des Filtres le long de la Garonne (0,7 km) jusqu’au quartier résidentiel deLardenne à 5 km à l’Ouest (Fig. 2). L’espèce est nicheuse sur Toulouse depuis au moins 2005 (Ramière, 2012).D’autres signalement isolés sur Toulouse, à priori sans interaction avec le groupe ci-dessus, sont à noter : dansle quartier des Mazades, une Perruche à collier mâle baguée qui vit avec un couple de Pies bavardes, Pica pica(et se comporte comme elles !) depuis probablement 2007 (M &C Pasquier, obs pers.), deux Perruches àcollier, sans signe de reproduction, à Saint-Jean pendant l’été 2009 et 2010 (banlieue Nord-Est de Toulouse),une Perruche à collier apeurée (probable une échappée récente) à Rangueil en novembre 2011.

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Figure 2 : Carte de distribution de la colonie toulousaine de Perruches à collier. Les localisations représentées sont ledortoir (D dans un carré), les sites de nidifications (N dans un carré), les sites d’observation principaux (étoile blanche)et de nourrissages fréquents (étoile noire).

ACTIVITES QUOTIDIENNESLe dortoir regroupant, hors période de reproduction, l’ensemble des individus à la tombée du jour a étéidentifié en décembre 2009 (L Caussade) puis confirmé en Janvier 2010 (B Ricco et JF Bousquet) sur unplatane dans l’enceinte de l’Hôpital de la Grave située en plein centre ville de Toulouse. En effet,quotidiennement des vols de perruches survolaient au lever du jour le jardin Raymond VI en direction de laplace du Ravelin. Ces vols sont facilement reconnaissables du fait de la silhouette très particulière desperruches et des cris de contact réguliers émis en vol. La vitesse de vol ne facilite par contre pas ledénombrement des individus tant qu’ils ne sont pas posés. Les envols surviennent à proximité immédiate dulever du soleil (Fig.3), parfois plus tardivement lorsque la luminosité est faible (temps nuageux ou pluvieux).Les activités humaines peuvent déclencher l’envol (bruits et mouvements, claquement de portière parexemple), mais il semble dépendre surtout de l’état d’excitation croissant des perruches. En effet, nousn’avons pas noté de différences d’horaire en fonction des jours de la semaine ou lors des changements d’heuresété / hiver. Généralement les perruches crient, volent et se poursuivent pendant plusieurs minutes avantl’envol. En cas de nuit froide, elles peuvent également s’alimenter dans les platanes et les arbres à proximité(catalpa et cyprès) avant leur départ. Elles fréquentent souvent les cavités à la fourche du platane dortoir pours’abreuver avant l’envol.

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Figure 3 : délai d’envol des perruches en heure par rapport à l’heure de lever du soleil à Toulouse en 2010 et 2011. Lacourbe du haut montre le retard le délai entre l’envol et l’heure du lever du soleil (différence entre heure d’envol et heureofficielle de lever du soleil). La courbe du bas rappelle les heures de lever du soleil à Toulouse. Les traits verticauxcorrespondent aux périodes de changements d’heures (été et hiver).

Les perruches se dirigent généralement directement vers leurs sites de nourrissage. Ceux-ci varient selon lessaisons. En hiver les oiseaux fréquentent assidûment les mangeoires régulièrement alimentées (Clergeau &Vergnes, 2011), en particulier dans le quartier de Lardenne. Lorsque les disponibilités naturelles ennourritures sont meilleures, les perruches ont été observées sur de nombreux sites arborés entre le dortoir etLardenne. Les jardins privatifs sont fréquentés par de petits groupes de quelques individus, souvent bruyants(cris réguliers et disputes). Divers fruits sont consommés (pommes, cerises) (Fig. 4), de même que des graines (akènes de platanes,catalpa, robinier), des bourgeons et des fleurs (marronnier). L’alimentation dans les mangeoires à oiseaux esttrès fréquente et certains habitants approvisionnent spécifiquement leurs installations à destination desperruches (graines de mélange pour perruches, arachides, pommes). La consommation opportuniste de restes de nourriture humaine semble également venir compléter le régimealimentaire des oiseaux en espace urbain. On peut ainsi citer quatre Perruches à collier, dont la bleue, en trainde se disputer une part de pizza sur l’arbre dortoir le 05/04/2010 (C Pasquier, obs pers)(Fig.5)!

L’activité de nourrissage est particulièrement importante le matin et le soir avant le retour au dortoir. Le restede la journée, les oiseaux sont généralement moins actifs. En période d’élevage des jeunes, les couples reproducteurs passent l’essentiel des journées à la récolte denourriture.

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Figure 4 : Perruche à collier (Psittacula krameri) dans un cerisier (©C Pasquier, quartier de Lardenne, Toulouse le 27 juin2010).

Figure 5 : Perruche à collier (Psittacula krameri) avec une part de pizza au jambon dans le bec. (©C Pasquier, dortoir deLa Grave, Toulouse le 5 avril 2010).

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REPRODUCTIONLes observations réalisées depuis 2006 ont permis de confirmer la reproduction des Perruches à collier surdeux sites. L’un est situé au centre-ville à proximité d’un jardin public (Prairie des Filtres, avec un couplerégulier depuis au moins 2005) et l’autre à proximité de l’hippodrome de la Cépière (au moins trois couplesen 2010, 4 en 2011 et 7 en 2012). Dans les deux cas, il s’agit de sites avec des alignements de platanes ayant desfûts de plus d’un mètre de diamètre (Fig. 6). Les perruches nichent dans les cavités naturelles des arbres,également fréquentées par les Etourneaux sansonnets, Sturnus vulgaris et plus rarement les Pigeons Bisetdomestiques Columbia livia. D’autres espèces cavicoles, Huppe fasciée Upupa epops, Pic vert Picus viridis, Picépeiche Dendrocopos major, Pic épeichette Dendrocopos minor, Mésange charbonnière Parus major, sontrégulièrement observées sur le site de la Cépière.Les couples effectuent des visites régulières des cavités accessibles durant l’hiver. Deux couples nicheurs,dont les cavités étaient facilement visibles, ont été régulièrement observés en 2010 et 2011, permettant depréciser le déroulement de la reproduction.A partir de la mi-mars, la femelle passe l’essentiel de son temps à couver à l’intérieur de la cavité (Fig. 7). Ellesort cependant régulièrement pour être nourrie par le mâle à proximité du nid. En général le mâle arrivesilencieusement, se perche initialement à distance respectable du trou sur un arbre voisin. Puis, soit il pousseun unique cri, soit il se rapproche du trou y introduisant rapidement la tête avant de retourner se percher àdistance. La femelle sort alors silencieusement du trou, s’envole pour se percher sur la même branche que lemâle. Commence alors le cérémonial du nourrissage : le mâle prend des postures très calculées pour régurgiteravant de donner la becquée à la femelle (Fig. 1). Après répétition de ce processus entre 5 à 12 fois, le mâles’essuie le bec sur la branche avant de s’envoler. La femelle après essuyage du bec et une brève toilette, fait unou deux vols sur les arbres voisins avant de regagner discrètement son trou. L’ensemble de ce nourrissage dureen général moins de 8 minutes et se renouvelle régulièrement à intervalles de 20 à 45 min en général enfonction du moment de la journée et de la distance des sites de nourrissage. En cas de chaleur importante,comme en mars 2012, le mâle de la Prairie des Filtres allait boire à la fourche d’un platane avant de nourrir safemelle.A partir de l’éclosion, vers la mi-mai, les deux parents font des allers - retours au nid pour nourrir les jeunes.Au début ils entrent dans la cavité à tour de rôle, parfois à deux, puis finissent souvent par nourrir les petitsuniquement par l’orifice de la cavité de nidification. Les jeunes sont alors visibles et pointent la têterégulièrement hors du trou. Souvent du fait de l’étroitesse de l’orifice du trou, seuls deux jeunes sont visibles.Ils sont ensuite observés à proximité du trou avec les deux parents, mais il devient difficile de les différencierde la femelle car ils ont la même taille et le même aspect. Les mâles adultes (âgés de plus de 3 ans) sont parcontre facilement identifiables du fait du port d’un collier noir et rose et d’une courte bavette noire. Le couplenichant à la Prairie des Filtres utilise le même dortoir que les autres perruches et très probablement les mêmessites de nourrissage. Des vols d’une ou deux perruches ont été plusieurs fois observés au dessus du quartierdes Arènes dans des directions compatibles avec cette hypothèse. De plus le mâle lorsqu’il vient nourrir lafemelle vient également d’une direction confirmant cette hypothèse. En 2010, sur les deux couples suivis, celui de la Cépière a donné au moins deux jeunes à l’envol et l’autre à laPrairie des Filtres a échoué en fin de couvaison, probablement à cause des fortes intempéries et de laconfiguration de la cavité qui a probablement été inondée. En 2011, les deux trous observés en 2010 n’ont pas été occupés, mais deux autres situés à proximité immédiatedes précédents ont été utilisés. Le couple de la Prairie des Filtres a donné au moins deux jeunes à l’envol, cecimalgré la distance entre ce site et les points d’alimentation situés à la Cépière et Lardenne. Les allers-retoursdu mâle étaient moins fréquents (≥ 45 min de délai entre deux ravitaillements) comparativement à ceuxobservés dans le trou de la Cépière. Sur ce dernier site, un couple a donné également au moins deux jeunes àl’envol.En 2012, le couple de la Prairie des Filtres occupait la même cavité qu’en 2011, par contre à la Cépière le troude 2011 a été abandonné au profit de celui de 2010 occupé entre temps par un couple d’étourneaux. Les autrescouples occupent des trous dans des platanes à proximité immédiate (< 50 m) du trou suivi à la Cépière et aumoins deux de ces derniers ont déjà été utilisés dans les deux années précédentes.

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Figure 6 : Couple de perruches à collier (Psittacula krameri) et sa cavité de nidification dans un platane. Le mâle est perchéà Gauche et la femelle sort du trou. (©C Pasquier, La Cépière, Toulouse le 24 avril 2010).

Contrairement aux couples reproducteurs, les immatures restent entre eux, sont bruyants, se poursuivent etse disputent. En 2012, la perruche bleue a acquis un plumage de mâle (bavette et collier noirs) mais ellecontinue à fréquenter les immatures et n’est pas en couple. Elle observe par contre très régulièrement lareproduction d’un couple.

FREQUENTATION ANNUELLE DU DORTOIRPendant la période de reproduction, les immatures continuaient d’être vus régulièrement sur le dortoir en2010 alors que les couples reproducteurs dormaient dans les cavités ou dans certains cas à proximitéimmédiate de celui-ci pour les mâles. Au début de l’été, les effectifs au dortoir augmentent puis ilss’effrondrent jusqu’à la mi-septembre où l’effectif est maximal jusqu’en février (Fig. 7). En avril 2011, le plataneservant de dortoir a été élagué, dans un premier temps, sans baisse de fréquentation. Dès que les feuilles sontapparues, le platane dortoir a été délaissé pour les platanes plus fournis des allées Charles de Fitte à environ50 m de là. Comme en 2010, les perruches ont de nouveau fréquenté assidument le dortoir à partir de la mi-septembre 2011. Le dortoir dépourvu de feuille durant l’hiver 2011-12 a été peu fréquenté au profit des platanesdes allées Charles de Fitte ce qui a rendu les comptages difficile (risque de sous-évaluation) du fait de laconformation des lieux. L’heure d’envol du dortoir des perruches a également été notée (Fig. 3).

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Figure 7 : Effectifs des Perruches à collier à l’envol du dortoir pendant les années 2010 et 2011 (sur la base de 198comptages très matinaux). Les effectifs sont représentés par les barres verticales. Une valeur de 0 correspond à uneabsence de donnée et une de -1 à une absence de perruche lors du comptage. Pendant la période d’avril à août 2011, lesperruches fréquentaient rarement le dortoir principal mais étaient plutôt dans les platanes des allées Charles de Fitte cequi rendait les comptages plus difficiles.

Les arrivées au dortoir se font à la tombée du jour. Les perruches arrivent en deux à trois groupes et sontbeaucoup plus calmes et silencieuses que le matin avec de rares cris. Elles peuvent parfois s’alimenter àproximité immédiate avant de gagner le dortoir ou immédiatement après l’avoir quitté, en particulier sur uncatalpa ou un cyprès.

INTERACTIONS AVEC L’AVIFAUNE LOCALELes interactions avec l’avifaune locale sont nombreuses. Les Milans noirs, Milvus migrans lors du survol de lacolonie déclenchent des paniques avec cris et envols désordonnés. Un Faucon crécerelle Falco tinnunculus a étépourchassé par un groupe de perruches pendant plusieurs minutes après son passage à proximité d’un site denourrissage à Lardenne. Un couple de Faucon crécerelle fréquente régulièrement un des sites de nidificationavec semble-t-il une bonne tolérance mutuelle. Un matin un Etourneau sansonnet a agressé un groupe de 5perruches et a réussi à les faire fuir du dortoir une par une. L’inverse est également possible avec les perruchesharcelant des étourneaux. Les étourneaux curieux visitant les trous occupés en période de couvaisonentrainent une réaction immédiate de la perruche présente dans la cavité. Les Pies bavardes, Pica pica et lesCorneilles noires, Corvus corone sont particulièrement surveillées et lorsqu’une pie s’approche des perruches,une ou plusieurs perruches se perchent à proximité pour la surveiller et éventuellement la repousser. La concurrence avec d’autres espèces cavernicoles (mésanges notamment) n’a pas été estimée et aucuneobservation n’est venue étayer une éventuellement lutte entre les espèces pour l’occupation de certainescavités. Dans la littérature, il n’existe pas de données claires en faveur d’une compétition avec les Sittellestorchepots, Sitta europaea (Newson et al., 2011; Strubbe & Matthysen, 2006; Strubbe & Matthysen, 2009 ;Strubbe et al., 2010 ) ou les Etourneaux sansonnets (Czajka et al., 2011).

CONCLUSIONLa population de Perruches à collier toulousaine semble bien implantée comme le montre la croissance de seseffectifs. La présence des Perruches à collier sur Toulouse est relativement récente et nous n’en sommes pasencore au stade des nuisances.Le nombre, encore modéré de perruches sur Toulouse, semble pour l’instant ne causer aucune gêne auxhumains (éventuelles nuisances sonores, dégradation des cultures en particulier). La compétition directe avec

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l’avifaune locale pour l’alimentation et les sites de nidifications n’est également pas observée et estprobablement difficile à mettre en évidence. L’impact de ces populations férales sur l’avifaune locale restecependant discutée (Burton et al., 2010 ; Newson et al., 2011). De nombreuses méthodes de contrôles, parfoisradicales, sont proposées en particulier en Belgique et Grande Bretagne où le phénomène a une tout autredimension (Weiserbs, 2010). Ces méthodes ont pour objectifs soit le contrôle soit l’éradication despopulations. Elles vont de la contraception orale à l’abattage en passant par la capture et la stérilisation.Contrairement à beaucoup de villes Européennes, la taille de la population de notre agglomération permetencore d’envisager des mesures pour éradiquer cette espèce exotique considérée comme invasive. Ces mesuresrisquent malheureusement de n’être qu’une solution locale et à court terme du fait de l’expansion importanteet globale de cette espèce et de la libération régulière (volontaire ou non) de nombreux Psittacidés captifs.Elles permettraient cependant de valider leur faisabilité et leur efficacité.La perception psychologique d’une telle intervention doit également être prise en compte. En effet, lesperruches, bien identifiées et connues sur les quartiers où elles sont présentes, bénéficient d’un capitalsympathie important. Elles pourraient même, comme au Parc de Sceaux en banlieue Sud de Paris, êtredomestiquées et venir manger dans la main des visiteurs ! D’éventuelles actions sur cette population devrontdans tous les cas s’accompagner d’informations précises aux habitants concernés. On peut aussi s’interrogersur le rôle joué par le soutien alimentaire hivernal via les mangeoires qui sont parfois spécifiquementapprovisionnées avec de la nourriture pour psittacidés et qui pourraient favoriser la survie hivernale del’espèce (Clergeau & Vergnes, 2011).Les observations régulières doivent permettre de continuer à suivre la dynamique de cette population. Enparallèle une réflexion doit être menée sans tarder quant à une éventuelle intervention, qui pose denombreuses questions tant en termes de modalités que d’éthique. Par ailleurs, la transmission de toutedonnée sur des secteurs nouveaux de la région permettra de maintenir une veille face à d’éventuels nouveauxfoyers d’installation.

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PhotographiesLes photographies du présent article (et beaucoup d’autres) sont accessibles en couleurs sur internet sur lesite Flickr : www.flickr.com/photos/cpasquier/collections/72157624002615089/

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Fauré, 2012 : Le Pistrac, 23 : 58- 61

DENSITE DU MARTIN-PECHEUR D’EUROPE ALCEDO ATTHISSUR UN SECTEUR DE GARONNE :

LA RETENUE DU MANCIES (HAUTE-GARONNE)

Christian Fauré16, rue Louis Hérold, 31200 Toulouse.

Abstract : A territory mapping survey along 7 km of the Garonne river (Manciès reservoir, Rieux Haute-Garonne, France) was carried out in 2008 to assess the local density of Common Kingfisher Alcedo atthis. Themean elevation along the pool is about 200 m while the slope of the river is less than 0.5‰. Four territorieswere mapped corresponding to 5.7 territories for 10 km. This looks like quite a high density level for thisspecies.

Résumé : La densité de Martin-pêcheur d'Europe Alcedo atthis a été mesurée en 2008 par la méthode desquadrats sur un secteur de 7 km de Garonne sur le plan d’eau du Manciès au niveau de la commune de Rieux(Haute-Garonne, France) à une altitude 200 m : la pente du fleuve est à cet endroit inférieure à 0.5 ‰. Quatreterritoires ont été cartographiés ce qui représente une densité de 5.7 cantons pour 10 km, valeur située dansle haut de l’intervalle des densités jusqu’ici mesurées pour cette espèce. Il s’agit ici de la première étudequantitative conduite en Midi-Pyrénées.

Le Martin-pêcheur d'Europe Alcedo atthis montre une large répartition paléarctique, indo-malaise etaustralienne. (Cramp 1985). Il se reproduit à peu près partout en France excepté dans les zones urbaines trèsdenses et en montagne où il ne depasse que rarement 600 m d'altitude (Libois R.M & al - 1994). La rivièrecalme, pourvue de talus, constitue son habitat de prédilection. Dans la région Midi-Pyrénées l’espèce est bienreprésentée en plaine ne dépassant guère l’étage collinéen (Bousquet, in Joachim et al, 1997). Jusqu’à présent,le Martin-pêcheur d'Europe n’avait pas fait l’objet d’étude quantitative notre région. Cet article présente lesrésultats d’une étude réalisée sur la Garonne au niveau de Rieux dans la Haute-Garonne. La méthode utiliséeest inspirée de celle dite « des plans quadrillés » (Pough, 1950, Blondel, 1965).

SECTEUR D’ETUDE

La zone étudiée est constituée d’un plan d’eau formé par le barrage hydroélectrique du Manciès en plaine à200 m d’altitude (Fig 1 & 2). Le lit est constitué de roches dures, de bancs alluviaux ou de limons vaseux dansles parties calmes. L’érosion des berges offre à l’espèce des talus propices à la nidification. Conséquence dudébit régulé par le barrage, le cours est lent montrant un faciès lacustre notamment dans la partie aval de laretenue ; le marnage est ici limité règlementairement à 20 cm mais le barrage fonctionnant selon le principe"au fil de l’eau" seules les crues faibles sont supprimées, les crues moyennes et importantes étant conservées.La longueur étudiée est de 7 km, le fleuve ayant à cet endroit une largeur de 80 à 350 m avec une penteinférieure à 0.5 ‰. La retenue présente de vastes superficies de haut fonds composés de limons et coloniséspar une importante végétation propice au frai du poisson (élodées myriophylles). La végétation rivulaire,presque continu le long du plan d’eau et souvent de faible largeur, est surtout constituée d’aulne glutineuxAlnus glutinosa, de peuplier Populus sp. et de saule blanc Salix alba. La présence régulière de talus sur lesberges, de nombreux postes d’affût sur les rives ou le cours du fleuve (troncs d’arbres échoués), des hautsfonds à herbiers et aussi d’une ichtyofaune très riche font de ce secteur un habitat très favorable à lareproduction pour le Martin-pêcheur.

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METHODE UTILISEE POUR LE RECENSEMENTC'est la méthode dite des plans quadrillés ou quadrats consistant en une cartographie exhaustive desterritoires occupés par chaque chanteur (Pough, 1950, Blondel, 1965). Le Martin-pêcheur d'Europe n’ayantpas stricto sensu de chant territorial, seuls les contacts visuels ou les cris sont notés.La zone d’étude étant considérée comme linéaire, la densité trouvée est rapportée à une unité de longueur :kilomètre ou à 10 km échelle plus communément utilisée pour cette espèce. Sept visites ont été effectuées du16/02/2008 au 17/05/2008 en kayak à la vitesse d’un marcheur entre 8 h et 17 h légales. Les contacts ont étérelevés à l’aller, le matin, et au retour, l’après-midi après une interruption de deux heures vers midi. A l’allerles contacts sont symbolisés sur la carte par un chiffre correspondant au jour de la visite et, au retour, par lemême chiffre en italique sur la carte. La méthode préconise en principe 10 visites ; ici, seules sept visites ontété effectuées.Le seuil de prise en compte d’un territoire (canton) correspond à une fréquence de contact en présenceabsence lors des sept visites supérieure ou égale à 50 %.Le calendrier des visites est présenté ci-dessous :

Tableau I : Calendrier des visites

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Fig.1 : La partie de Garonne étudiée est située dans la Haute-Garonne à environ 50 km au sud de Toulouse

Fig. 2 : Localisation de la retenue du Manciès, secteur d’étude.

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RESULTATSQuatre territoires ont été estimés sur les 7 km du parcours soit une densité de 0.6 cantons au km (5.7 cantonspour 10 km). La distance moyenne entre chaque cantons est d’environ 1500 m (calculé sur le barycentre descantons). L’installation est précoce, tous les cantons étant occupés dès la 2ème visite le 23/02/2008. C’est unepériode d’installation classique pour cette espèce sous nos latitudes. Un individu supplémentaire a étécontacté lors de la 1ère et de la 7ème visite en limite du 4ème canton.Le tableau II donne pour chacun des territoires le nombre et la fréquence de contacts.

Tableau II : Territoires déterminés dans le quadrat,nombre et fréquence de contacts.

La figure 3 présente la cartographie des territoires définis avec la grille d’évaluation ci-dessus (1 correspondau jour 1…). Les numéros de territoires sont distribués de haut en bas sur la carte.

Fig 3 : Martin-Pêcheur d’Europe sur la Garonne au niveau de la retenue du Manciès ; cartographie des territoires

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DISCUSSION & CONCLUSIONEn utilisant la méthode des quadrats, 4 territoires de Martin-Pêcheur d’Europe ont été identifiés sur uneportion de 7 km de Garonne sur le plan d’eau du Manciès à une altitude de 200 m. La densité estimée del’espèce est alors de 5.7 cantons pour 10 km (soit 0.6 canton/km).Les études quantitatives concernant cette espèce sont peu nombreuses. En France, nous pouvons citer cellesconduites dans la partie supérieure du bassin de la Saône (Roché 1989) et en Côte d’Or (Abel 2008) ; lesdonnées ont été recueillies lors de descente en canoë avec 1(2) visites pour chacune des 2 études. Les résultatssont résumés dans le tableau III ; les données de la présente enquête sont présentés dans la colonne Bassin dela Garonne.

Tableau III : comparaison des densités de Martin-Pêcheur d’Europe

La densité observée, 5.7 cantons pour 10 km, peut être considérée comme élevée comparée aux différentesétudes citées dans l’Atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989 (Libois & al 1994) indiquant 1 à 3 couplespour 10 km de rivière. En Côte d’Or, une densité globale de 2 – 3.3 couples pour 10 km est observée sur desrivières de taille moyenne, 5 – 25 m de large, à la pente modérée et à une altitude similaire (Abel 2008). Dansun environnement similaire, les densités observées dans le Bassin de la Saône sont proches de celles de la Côted’Or. La densité élevée observée au Manciès provient probablement d’une concordance d’éléments favorables: talus nombreux pour la nidification, écoulement lent, nombreux perchoirs pour les affûts de pêche et surtoutune grande richesse trophique liée à la présence étendue d’herbiers très favorable à l’ichtyofaune. Malgrél’absence actuelle d’études précises, nous pouvons dire que de telles densités ne sont pas communes surd’autres secteurs de Garonne.

RéférencesABEL J. (2008) : L’avifaune des cours d’eau des bassins de l’Armençon Cote d’Orien. CEOB l’Aile Brisée, Tiercelet Infon°17.

BOUSQUET J.F. (1997) : Martin-Pêcheur d’Europe, pp 109-110 in Joachim J., Bousquet J.F. & Fauré C. : Atlas des oiseauxnicheurs de Midi-Pyrénées. 262 pages. AROMP ed., Museum d'Histoire Naturelle, Toulouse. ISBN 2-9511955-0-8.

CRAMP S. (Ed.) (1985). - The Birds of the Western Paleartic. Vol IV. Terns to Woodpeckers. Oxford University Press,New York 960 p.

LIBOIS R.M., HALLET-LIBOIS C.. (1994). - Martin-pêcheur d'Europe Alcedo atthis in pp 418-421 in: Yeatman-BerthelotD. & Jarry G. : Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Soc. Ornithol. France, Paris

POUGH R.H. 1950. - Comment faire un recencement d’oiseaux nicheurs ? Terre et Vie revue d’écologie : 203-217.

ROCHE J. 1989. – Contribution au dénombrement et à l’écologie de sept espèces d’oiseaux aquatiques nicheurs enrivière. Alauda, 57 (3) : 172-183.

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Rey, 2012 : Le Pistrac, 23 : 62 - 70

LA FAUVETTE PASSERINETTE SYLVIA CANTILLANSDANS LE DEPARTEMENT DE L'ARIEGE.

Sylvain ReyAssociation des Naturalistes d’Ariège, Vidallac 09240 ALZEN

Abstract : The population of Subalpine Warbler Sylvia cantillans in the departement of Ariège is first describedhistorically. A survey carried out in spring 2011 revealed several new locations for this species all over thedepartement. An amount of 12 sites for this species gives a new image for this warbler a little less uncommonin Ariège than stated in previous naturalist surveys.

Résumé : Le statut de la population ariégeoise de Fauvettes passerinettes est d’abord décrit historiquement.Une enquête ciblée menée au printemps 2011 a permis de découvrir plusieurs stations nouvelles pour cetteespèce dans le département. Un total de 12 sites répartis sur 11 communes dresse une nouvelle image pourcette espèce un peu moins rare en Ariège que lors des précédentes enquêtes naturalistes.

Lorsque l’on se penche sur la répartition de Fauvette passerinette Sylvia cantillans dans le départementde l'Ariège, il est frappant de constater qu'elle n'était jusqu’à présent connue que de quelques zones trèslocalisées et donc à priori absente d'un grand nombre de secteurs potentiellement favorables (Bousquet inJoachim & al., 1997). La nécessité d’une prospection élargie et plus systématique est alors apparue. Desrecherches ont été menées dans l’ensemble du département afin de déterminer si l’espèce se limitait seulementaux secteurs connus, ou présentait une répartition plus grande. Les données présentées ici proviennent desites prospectés par l’auteur ainsi que diverses observations réalisées par d’autres naturalistes. Les sites deprospection ont été sélectionnés en fonction de leur similarité avec les milieux déjà occupés par l’espèce et àpartir des descriptions de la littérature.

REPARTITION, ECOLOGIE, EFFECTIFSLa Fauvette passerinette est présente sur la quasi-totalité du pourtour méditerranéen, du Portugal jusqu’à laTurquie, en passant par le Maghreb et une partie des îles méditerranéennes (Olioso in Yeatman-Berthelot &Jarry, 1994). Les populations françaises sont bordées par celles d’Italie et de la péninsule ibérique. En France,l'espèce occupe la totalité de la région méditerranéenne, que l’on peut assimiler à l’aire de répartition du chênevert quercus ilex. La limite septentrionale régulière est constituée par la vallée du Doux en Ardèche(Lebreton, 1980 ; Cochet, 1980). Une population disjointe occupe les Causses du Quercy et quelques secteurslimitrophes du Tarn et Tarn-et-Garonne (Bousquet in Joachim & al., 1997).La population est donnée stable selon BirdLife/EBCC (2000), voire en légère augmentation d’après leprogramme européen EBCC (2009). Les effectifs mondiaux de l’espèce sont estimés entre 5 et 15 millionsd’individus, dont une part située entre 30000 et 120000 en France (BirdLife/EBCC, 2000). Le programmenational STOC, coordonné par le Muséum National d’Histoire Naturelle, a permis de mesurer l’évolution dela population française, en augmentation de 29% entre 1989 et 2008 (Jiguet, 2009).

Milieu fréquenté par l’espèceLe milieu fréquenté par l’espèce est bien décrit dans la littérature : il s’agit d’une strate ligneuse allant de lagarrigue (supérieure à un mètre) au maquis. En Provence on la trouve dans les maquis et garrigues de 2 à 4mètres (voire 6 mètres pour les arbustes les plus grands) (Blondel, 1970). Dans les Albères (Pyrénées-Orientales), elle occupe les maquis arborés (Prodon & Lebreton, 1981). En Espagne, la passerinette estégalement présente dans ce type de milieux, et, moins fréquemment, dans de jeunes pinèdes (Jeschke &Gallego in Marti & Moral, 2003). Lorsque la structure végétale est plutôt arborée, c’est-à-dire de type « maquis », il s’agit d’un boisementcomposé de chênes verts Quercus ilex, lièges Quercus suber et/ou pubescents Quercus pubescens (Affre &Affre, 1975), dont la maturité n’est pas complète (Cochet & Ladet in Coll., 2003). Dans le cas d’une structure

buissonnante, le milieu le plus typique correspond à la garrigue du pourtour méditerranéen. L’espèce a

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néanmoins une certaine amplitude et peut aussi occuper des formations de buis en Ardèche (Cochet & Ladetin Coll., 2003), de genévrier dans le Lubéron (Olioso in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994) ou d'Épine noirePrunus spinosa et d’églantiers rosa canina comme cela peut être le cas, bien que rarement, en Andorre(Clamens, 1993). Des milieux intermédiaires et diversifiés existent et sont même fréquents. La passerinette peut se trouver jusqu’en montagne si l’habitat et l’exposition sont favorables. En Espagne, ellemonte jusqu’à 1900m d’altitude (Jeschke & Gallego in Marti & Moral, 2003), jusqu’à 1650m en Andorre(Clamens, Matschke & Argelich-Baro, 1998) ou encore jusqu’à 1400m sur le Canigou dans les Pyrénées-Orientales (Olioso in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994). Sa présence à plus haute altitude est limitée par ladiminution des températures (Clamens, 1993). Migratrice transsaharienne, la passerinette arrive en Europe autour de mi-mars. Les départs débutent autourde mi-juillet et s’échelonnent jusqu’en septembre avec un pic en aout (Olioso in Yeatman-Berthelot & Jarry,1994). En Midi-Pyrénées, Bousquet (sous presse) indique que les premières observations sont notées débutavril (une date précoce le 12 mars à St Affrique, Aveyron). En Ariège (Vernajoul), il existe une observationd’un migrateur stationnant dans un milieu atypique (haie de jardin) du 1er au 4 avril 2011 (Berné, comm.pers.).

Dans les régions voisinesLe département de l’Ariège est situé sur la partie occidentale de la population méridionale et sur la partieseptentrionale des populations ibériques (Andorre compris), ce qui place l’Ariège sur un point d’intersectionentre ces deux grandes populations. Les secteurs occupés dans l’Aude bordent toute la frontière Est de l’Ariège, et ceux occupés dans les Pyrénées-Orientales sont à une vingtaine de kilomètres. Au Sud, les populations espagnoles et andorranes ne sont qu’àune dizaine de kilomètres. L’atlas régional de Midi-Pyrénées (sous presse) indique que l’espèce est présente dans 5 départements (Tarn-et-Garonne, Haute-Garonne, Lot, Aveyron, Lot-et-Garonne et Ariège). Tout à fait au Nord, l’espèce s’étendjusqu’aux grands causses de l’Aveyron et de la Lozère. On la retrouve également plus à l’Ouest sur une frangede la Haute-Garonne et du Tarn (causse de Labruguière et secteurs avoisinants). La population disjointeévoquée plus haut comprend les causses et coteaux du Quercy dans le Lot ainsi que deux autres petits « îlots» : la région des gorges de l’Aveyron (Tarn-et-Garonne et Tarn) dans laquelle elle occupe des coteaux etcausses calcaires et une partie de la vallée du Tarn à l’Est d’Albi.A l’Ouest, on trouve une petite population montagnarde à la frontière entre Haute-Garonne et Hautes-Pyrénées (Bousquet in Joachim & al., 1997).Balent & al. (1988) ont dégagé quelques caractéristiques biogéographiques de la distribution de lapasserinette en Midi-Pyrénées, en la confrontant avec 118 autres espèces. Comparativement, elle apparaîtentre autres comme dépendante des températures élevées et de la moyenne montagne.

Ariège : données historiquesLes premières mentions de l’espèce en Ariège proviennent de Lacroix (1872-1875). Au siècle suivant, Mayaud(1936) la donnait comme nicheuse dans le «Sud-Est de la France, de la Savoie aux Causses et aux Pyrénées »,mais sans plus de précisions. Quant à Affre & al. (1975), il ne la connaissait pas en Ariège mais dans desproches régions : le Lauragais (31,11, 81) et le Razès (11). Il faut attendre 1985 pour qu’elle soit notée de manièrefiable au Mas d’Azil, puis 1989 au Quié de Lujat par Bousquet (Bousquet in Joachim & al., 1997) en tant quenicheuse certaine. Dans le dernier atlas régional (sous presse), elle est donnée comme nicheuse probable dansle Plantaurel (environs du Mas d’Azil et de Foix), sur les coteaux autour de Belpech (11) et sur ceux au Nordet à l’Est de Mirepoix.

ENQUETE DE 2011MéthodeToutes les régions sociogéographiques d’Ariège (ou « petites régions agricoles ») ont été prospectées hormisle secteur de haute-montagne du Haut-Couserans, avec un minimum de deux sites dans chaque région. Lesprospections se sont étalées de mi-avril jusqu’à fin juin 2011 et ont concerné 47 sites. Les contacts avec l’oiseauont été visuels et/ou auditifs. Pour quelques sites où l’espèce était déjà connue, il n’y a pas eu de prospectionde l’auteur mais inclusion de données datées de 2005 à 2011 provenant d’autres ornithologues (J-J Berné, A.Bertrand, T. Guillosson).

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Fig 1. Régions socio-géographiquesd’Ariège ou petites régions agricoles.Source: Wikisoft / Creative Commons.

RésultatsLa Fauvette passerinette s‘est révélée présente sur 12 sites répartis sur 11 communes. Les sites historiques serévèlent souvent encore colonisés et les prospections menées en 2011 ont permis de découvrir 4 nouveauxsites :Les Bessous (Manses), Ussat-le-Haut (Ussat), Tapia (Dun) et La Couronne (Lesparrou).

Le détail des localisations, années de présence constatée et individus contactés figure dans le tableau I :

Tab. I : Lieu-dit, années des contacts et nombre d’individus contactés dans les différentes petites régions agricolesd’Ariège

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Répartition et évolutionSur les 13 sites, 8 n’étaient pas connus lors de l’atlas régional de 1985-89 et 4 ne l’étaient pas lors du dernieratlas régional, clôt en 2010. Il faut noter que l’espèce n’a pas été retrouvée sur la commune du Mas d’Azil.Cependant, les autres sites anciennement occupés le sont toujours. De 1989 à 2011, la plupart des secteurs ontvu leur couverture s’étendre, comme c’est le cas dans la zone de moyenne montagne au Sud de Tarascon-sur-Ariège. Les observations dans la zone limitrophe Aude-Ariège au Nord de l’Hers se voient égalementrenforcées par un nouveau site occupé (Les Bessous, Manses). Enfin, de nouveaux secteurs ont vu le jour. Ils’agit, d’une part, de l’extrémité orientale du Plantaurel (La Couronne, Lesparrou) et d’autre part des coteauxautour de Dun (Tapia).

Fig 2. Répartition récente de la Fauvette passerinette en Ariège et régions limitrophes. En sombre, répartition classiqueconnue. Les ronds à l’extérieur de cette zone représentent en noir : nidifications probable et certaine. En gris :nidification possible. D'après Clamens -in Coll. (2002), GOR (1999), Joachim & al. (1997), LPO Aude (2008), Marti &al. (2003) et Yeatman-Berthelot & Jarry (1994). (Source carte : Twilight-Brawl / Creative Commons).

Description de l’habitatNous présentons ici quelques caractéristiques du territoire ariégeois concernant l’exposition, la végétation, lesubstrat géologique et le climat. Pour ce dernier, nous avons utilisé l’article de Joly & al. (2010). Les auteursont mis en évidence 8 grands types de climat à l’échelle nationale à partir d’une quinzaine de variables(thermiques et pluviométriques) et ont abouti à la construction d’une carte climatique détaillée de la France.Schématiquement, on trouve en Ariège, en suivant un axe Nord-Sud : i) les climats « méditerranéen altéré » et« bassin du Sud-Ouest », regroupés ici par commodité, caractérisés par des températures élevées et desprécipitations moyennes ; ii) le climat « océanique altéré », avec des températures assez élevées, peud’amplitude thermique et un hiver pluvieux ; iii) le climat des « marges montagnardes » qui correspond à unclimat montagnard atténué, iiii) et le climat « montagnard » avec des précipitations élevées et destempératures faibles.

Les sites de la moitié Nord de l’Ariège (hormis Cos, traité plus bas) bénéficient de climats de type «méditerranéen altéré » pour Manses et Lapenne et de type « océanique altéré » pour les autres. Le relief estformé de coteaux constitués de marnes et de molasses, avec un sol de type argilo-calcaire. Les formationsvégétales sont constituées d’une couverture herbacée sur laquelle s’est développée une « pseudo-garrigue »faite d’arbustes ou de jeunes arbres s’élevant de un à deux mètres. Les principales espèces sont : la corroyèreCoriaria myrtifolia, le cornouiller sanguin Cornus sanguinea, l’églantier Rosa canina, le genêt scorpion Genistascorpius, le genévrier commun Juniperus communis, l’aubépine monogyne Crataegus monogyna, la viorne mancienne

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Viburnum lantana et l’érable de Montpellier Acer monspessulanum. On trouve aussi quelques arbres épars hautsde 2 à 6 m, principalement des chênes pubescents quercus pubescens, parfois des chênes verts. Les différentesexpositions vont de Sud-Ouest à Sud-Est. L’altitude va de 310 et 430m d’altitude, sauf à Lesparrou (660m).Le site de Cos (Foix) se trouve sur une moyenne montagne calcaire (chaîne du Plantaurel) bien ensoleillée,avec des éboulis rocheux assez nombreux et un sol variablement herbacé. L’exposition est Sud-Ouest etl’altitude est comprise entre 600 et 690m. Concernant les sites de moyenne montagne situés autour deTarascon-sur-Ariège, deux d’entre eux présentent un sol rocailleux (rochers, éboulis) piqueté de quelquesplantes basses, tandis que celui d’Ussat-le-Haut a une couverture végétale herbacée. Ces 3 sites, qui sont lesplus au Sud du département, ont un ensoleillement important et un substrat calcaire karstique apportant unenette influence méditerranéenne, que l’on retrouve par exemple sur le plan botanique avec la présence de lalavande lavandula latifolia, ou encore du genévrier de Phénicie juniperus phoenicea à Sinsat. L’exposition vade Sud Sud-Est à Sud-Ouest et l’altitude de 760 à 950m. Le climat est de type « océanique altéré ». A Cos, ontrouve une strate buissonnante de 1 à 2,5 m de hauteur avec une présence plus marquée du buis buxussempervirens, et toujours quelques chênes pubescents épars. Les trois autres ne s’en différencient que par lacoexistence du chêne pubescent avec le chêne vert quercus ilex.

L’ensemble des sites correspond le plus souvent à des pâtures à bovins, ovins et caprins abandonnées ou peufréquentées, et plus rarement à d’anciennes cultures. Là où l’espèce n’a pas été contactée, on peut répartir d’un côté les milieux qui sont assez identiques à ceux quisont occupés et d’un autre côté les milieux qui s’en distinguent. Pour ces derniers, il s’agit de :- landes assez ouvertes avec peu de buissons,- landes à ajoncs ulex europaeus,- pelouses sèches avec repousses de buis et genévrier quasi exclusivement,- fourrés hauts et denses (au-dessus de 2 mètres), souvent constitués, entre autres, de genêts d’EspagneSpartium junceum,- forêts de chênes verts.

Densité et effectifsLes sites aux plus forts effectifs sont ceux de Cos et d’Ussat-le-Haut : 2 individus chanteurs pour le 1er, 4 pourle 2nd. La densité la plus importante se trouve à Ussat-le-Haut : environ 4 chanteurs sur 13 hectares.

DISCUSSIONLà où la Fauvette passerinette est présente, les effectifs ne sont jamais très forts et il faut bien remarquer quenombre de secteurs favorables ne sont pas occupés, bien qu’elle soit parfois présente dans un secteur voisinde quelques centaines de mètres. Il est également important de préciser qu’une absence de contact n’est paséquivalente avec l’absence de l’espèce. En effet, lorsque l’oiseau ne produit que peu ou pas d’émission vocale,il devient extrêmement difficile et aléatoire de le détecter. Et ce d’autant plus que la faiblesse des effectifs neconduit pas à de fréquentes émissions du chant, la nécessité de délimiter un territoire étant alors réduite.L’espèce peut être particulièrement discrète. Par exemple, dans le Lauragais (Haute-Garonne) où l’espèce aniché en 2011 (découverte de jeunes volants), aucun couple n’a été contacté malgré un suivi régulier(Bousquet, sous presse).

Effectifs et distributionAu vu de nos résultats et par estimation, nous obtenons une fourchette allant de 35 à 50 couples en Ariège. Detels chiffres constituent évidemment une part extrêmement faible des effectifs nationaux, estimés à 100000individus par Olioso (in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994) et entre 30000 et 120000 par l’organisationinternationale BirdLife (2000).

A l’heure actuelle, l’espèce est installée dans la moitié Est du département et semble absente dans l’autremoitié. Par rapport aux trois décennies précédentes, on remarque que les isolats de population tendentprogressivement à se connecter à la fois entre eux et à la population méridionale via le territoire audois.L’habitat de la Fauvette passerinette en Ariège correspond à ce qui a été décrit dans la littérature (Affre &Affre, 1975 ; Blondel, 1970 ; Clamens, 1993). Néanmoins, seuls les milieux s’apparentant à de la garrigue haute(buissons de 1 à 2,5m avec arbres épars) sont occupés, tandis que ceux qui présentent une configuration plusforestière de type « maquis », même partiellement ouverte ou peu développée, ne le sont pas. En Ardèche,

l’espèce était également absente des chênaies vertes trop fermées (Cochet & Ladet in Coll., 2003). Cecipourrait s’expliquer par un effet de gradient latitudinal (Clamens, 1993) et/ou climatique, comme c’est

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d’ailleurs le cas pour nombre d’espèces d’oiseaux. En effet, dans les zones les plus méridionales et/ou dotéesd’une position plus centrale dans la région méditerranéenne, l’espèce fréquente volontiers les maquis arborés(Prodon & Lebreton, 1981), et ce même en altitude (2200m au Maroc selon Barreau & al., 1987).La strate buissonnante des « pseudo-garrigues » ariégeoises diffère de la garrigue méditerranéenne par lanature de ses espèces arbustives. Mais l’avifaune portant d’abord intérêt à la structure végétale (Blondel,1973), il n’est pas étonnant de voir que la passerinette puisse coloniser une certaine variété de milieux. Ce quiest le cas en Ariège vaut également pour d’autres régions géographiques : l’exemple du Tarn fournit aussi unerelative diversité dans les milieux occupés : landes et coteaux calcaires, causses, zones rocailleuses desversants ensoleillés… (Calvet, comm. pers.)

Au-delà de la végétation, d’autres paramètres régissent les modalités de peuplement. Parmi elles, le climatoccupe une place déterminante. Nous avons vu que la passerinette pouvait déborder de la zone climatiqueméditerranéenne et gagner des zones d’influence climatique différentes à la faveur de conditions particulières(type de végétation, d’exposition…). Mais dans tous les cas, ses exigences thermophiles exigent des printempset étés relativement chauds, offerts en Ariège par les influences climatiques océanique (« océanique altéré »)dans une grande partie de la moitié Nord et périméditerranéenne (« méditerranéen altéré » et « bassin du Sud-Ouest ») sur les extrémités Nord et Est (Joly & al., 2010). Ce constat s’applique aussi aux populations deMidi-Pyrénées, dont aucune ne bénéficie du climat méditerranéen strict. Dans le Sud-Est de l’Aveyron, trèsproche du pourtour méditerranéen, la passerinette évolue même dans un climat aux influences montagnardes(de type « marges montagnardes »). Dans le même sens, la proximité de l’aire de l’espèce avec celle du chêne vert (Cochet, 1980 ; Jeschke & Gallegoin Marti & Moral, 2003), considérée comme représentative du climat supraméditerranéen (Dupias, 1985),peut parfois se vérifier (secteurs de moyenne montagne en Ariège) mais n’apparaît pas comme une règle(secteurs des coteaux du Nord-Est de l’Ariège ou encore causses du Quercy dans le Lot).Le facteur climatique lui-même peut être modulé par les caractéristiques géo-morphologiques (Lebreton,1980 ; Cochet, 1980). C’est par exemple le cas sur le site de Sinsat où le caractère montagnard et le climatplutôt océanique sont « atténués » par les sols calcaires secs et le fort ensoleillement lié à l’exposition Sud Sud-Ouest.

DensitéLes densités relevées en Ariège (au maximum 4 chanteurs sur 13 hectares, mais moins le plus souvent)apparaissent comme moyennes à faibles comparées à celles de Provence ou même d’autres secteurs de Midi-Pyrénées. Blondel (1969) annonce par exemple 10 à 12 couples pour 10 hectares dans la région d’Arles, tandisqu’on peut trouver jusqu’à 5 chanteurs à l’hectare dans l’Aveyron (Bousquet in Joachim & al., 1997). Parrapport à l’Ardèche (Cochet & Ladet in Coll., 2003), autre zone en limite d’aire de répartition où l’on trouvede 0,4 à 2,7 chanteurs sur 10 hectares (selon les secteurs), la densité paraît assez équivalente, voire plus forte.Sur le territoire ariégeois, il faut noter que la moyenne montagne possède des densités plus importantes queles coteaux du Nord et de l’Est. Ces derniers étant les plus soumis à l’influence climatique méditerranéenne,ce constat paraît paradoxal. Ceci confirme bien que les variables météorologiques ne suffisent pas à expliquerla distribution et l’installation de l’espèce, dépendante d’un certain nombre de caractères tels que l’habitat(forte inclinaison, sol calcaire souvent rocailleux…) ou encore le lent développement de la végétation.

Evolution de la répartitionLes limites d’aire de répartition peuvent connaître des variations dues aux effets de rétraction/expansion del’aire, eux-mêmes liés, par exemple, au succès de reproduction des années antérieures. D’autres facteurs,comme la sensibilité de l’espèce aux coups de froids (Lebreton, 1980) ou la modification des milieux, laissentaussi penser qu’il faille s’attendre à une certaine variabilité temporelle et spatiale dans sa distributiongéographique. C’est peut-être ce qui explique l’apparente disparition au Mas d’Azil. De même, certains sitesoccupés actuellement ne le seront peut-être pas l’année suivante. Les populations les plus fortes constituentpar contre des noyaux probablement plus résistants.Comme on l’a vu, l’augmentation progressive du nombre de sites occupés se traduit par un renforcement localdes secteurs déjà occupés et par une connexion des secteurs entre eux. La première raison que l’on peutinvoquer tient à l’augmentation de la pression d’observation, notamment au travers de cette étude. Parailleurs, cette évolution apparaît également dans un contexte de changements paysagers et climatiquesnotables.Depuis les années 70, les statistiques d’occupation des sols en Ariège (Eychenne-Niggel, 2003) ne montrentplus de fermeture globale des milieux, mais plutôt une stabilisation. Ce constat plutôt surprenant prend sonorigine dans la restructuration agro-pastorale qui a provoqué une rotation dans la distribution des parcelles

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ouvertes, fermées et intermédiaires. Cela expliquerait l’existence actuelle d’un grand nombre de zones derepousses car les secteurs de pentes, plus difficilement praticables, sont délaissés par l’agriculture au profitdes plaines et fonds de vallée. La haute montagne, et probablement la moyenne montagne, connaissent en effetune réelle fermeture des milieux, comme c’est par exemple le cas en vallée de Vicdessos (Monier, 2010).De telles conditions fournissent donc un panel de milieux en voie de fermeture aux espèces des stratesbuissonnantes et forestières (Fonderflick, 2007). A l’avenir, la fermeture totale des milieux actuellementoccupés devrait contribuer à l’irrégularité de la distribution spatiale et temporelle évoquée plus haut.Néanmoins, certaines zones ouvertes (prairies) pourraient devenir favorables dans quelques dizainesd’années. Enfin, il a récemment été montré (Jiguet & al., 2007) que les espèces thermophiles s’adapteraient mieux queles autres aux effets du changement climatique. Dans le même sens, l’augmentation de la fréquence deprintemps relativement chauds pourrait favoriser des espèces comme la Fauvette passerinette. En effet,Julliard & al. (2011) ont constaté qu’un printemps chaud (ici en 2003) favorisait davantage la productivité desespèces stables ou en augmentation que celle des espèces en déclin. L’évolution climatique semble égalementtransparaître au travers de l’extension de l’aire de répartition vers le Nord (Dubois, 2000) et des récentesobservations et nidifications en dehors de la zone habituelle de l’espèce. Ainsi, des observations ont étéréalisées en Béarn (Grangé, 1990), dans les Hautes-Pyrénées (Milcent & Grangé, 2010), en Lot-et-Garonne(Hoare, 2005) et deux nidifications septentrionales ont été notées en Suisse (Sermet & Posse, 1998 ; Posse &Revaz, 2005). Le réchauffement pourrait donc laisser croire à une extension rapide des espèces méditerranéennes.Cependant la réaction de l’avifaune à ce phénomène est soumise à une multitude d’autres facteurs et pourraitêtre plus lente que prévue et décalée dans le temps (Popy, 2008).

CONCLUSIONDepuis 25 ans, l’Ariège a vu la répartition de la Fauvette passerinette s’étendre sur son territoire. L’évolutionobservée provient d’abord d’une prospection plus élargie mais laisse également penser qu’il existe uneconnexion progressive entre populations ariégeoises (périphériques et/ou isolées) et populationsméridionales. Les « trous » dans la répartition restent néanmoins importants et les nombreux milieux de «pseudo-garrigue » inoccupés offrent encore de larges potentialités. L’étude confirme l’attrait de l’espèce pour les versants secs et ensoleillés des vallées de montagne et relèveégalement sa présence dans des zones géographiques diverses allant des vallées calcaires du Plantaurel auxcollines autour de Mirepoix, en passant par les coteaux situés de part et d’autre de la vallée de l’Hers. Enfin, dans la continuité de cette étude, il serait intéressant : i) de parvenir à une prospection plus exhaustivedu département, ii) de reprospecter des secteurs où la passerinette était connue (comme Saint-Béat dans laHaute-Garonne voisine) et iii) d’approfondir la biologie et le statut de nidification des différentes populationsariégeoises.

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RemerciementsUn grand merci à Y. Aleman, G. Balent, A. Calvet, A. Clamens, C. Clerc, J. Fonderflick, J. Joachim, S. Popy, G.Posse, R. Prodon, S. Frémaux, et plus particulièrement à J-F Bousquet, pour leurs conseils et leurs échangesd’informations, de données ou de documents. Je remercie également tous les observateurs d’avoir accepté deme transmettre leurs données : Jean-Jacques Berné, Alain Bertrand et Tristan Guillosson. Merci beaucoup àJean-Jacques Berné pour la relecture de l’article. Enfin, un grand merci à Cécile pour son sens du partage.

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Fauré, 2012 : Le Pistrac, 23 : 71 - 85

L’AVIFAUNE DE LA CHENAIE PUBESCENTE :CAUSSES DE GRAMAT ET DE LIMOGNE (LOT)

Christian Fauré16, rue Louis Hérold, 31200 Toulouse.

Abstract : The breeding bird community of Pubescent Oak Quercus pubescens forests in the Causse de Gramatand the Causse de Limogne (Haut Quercy, south western France) was censused in spring 2007. The selected6 forests showed a global surface area of 310 ha and the tree’s height was about 8 m to 16 m. 50 EPS (20mnpoint counts) were carried out in may and early june. 33 species were noticed by the point count survey. Themost common species (Frequency > 50%) were: Chaffinch, Blackbird, Robin, Blackcap and Western Bonelli'sWarbler. Results indicate that bird community does not greatly differ from that of various lowland deciduousforests of the western Palearctic

Résumé : L’avifaune nicheuse de la chênaie pubescente Quercus pubescens des Causses du Haut Quercy situésdans le sud-ouest de la France a été étudiée en 2007 en utilisant la méthode des Echantillonnages PonctuelsSimples (EPS). L’échantillon choisi sur les Causses de Gramat et de Limogne, est d’une superficie totale de310 ha, inclus dans un vaste ensemble forestier de plusieurs dizaine de milliers d’hectares : à l’époque del’étude, le toit forestier était situé dans l’intervalle 8-16 m. La richesse totale du peuplement s’élève à 33espèces ; elle s’inscrit dans l’intervalle des valeurs mesurées dans les chênaies tempérées d’Europe. Elle estproche de celle observée dans une chênaie pubescente du sud-est de la France dans la Drome. La richessemoyenne est de 11.3 espèces ; elle est voisine de celles observées dans les chênaies pédonculée ou sessile dusud-ouest de la France. La majorité des espèces du peuplement (76%) sont originaires du paléarctiqueeuropéen. Les cinq espèces constantes (F > 50%) sont le Pinson des arbres, le Merle noir, le Rougegorgefamilier, la Fauvette à tête noire et le Pouillot de Bonelli. Les insectivores constituent la catégorie trophiqueprépondérante. La plupart des guildes des milieux forestiers sont présentes ici suite à la complexité du milieuétudié notamment un important sous bois dû à une couverture claire. Indices de diversité et d’équirépartitionindiquent un haut niveau de réalisation de la diversité de l’ensemble forestier étudié. Les résultats montrentque l’avifaune nicheuse des formations étudiées est représentative de celle des forêts caducifoliées de plainedu paléarctique occidental.

Le chêne pubescent Quercus pubescens est une espèce présente en Europe du Sud et au Moyen-Orient ; on la trouve également en Europe centrale. En France elle est bien répandue au sud d’une ligne NantesColmar rare plus au nord ; elle est absente de Bretagne et des Landes. Dans le nord du pays elle se développeessentiellement sur sol calcaire. C’est une espèce thermophile mais résistante au froid. Elle appartient à l'étageméditerranéen et supraméditerranéen, à l'étage collinéen hors de cette zone, et ne dépasse guère 1400 mètresd'altitude dans notre pays. C’est une essence bien représentée en Midi-Pyrénées notamment dans les caussescalcaires du nord de la région. Précédemment, seule l'avifaune d’un taillis de chêne pubescent avait fait l’objetd’une étude dans notre région (Joachim 2002). La présente étude la complète par la caractérisation del'avifaune nicheuse de boisements de plus grandes superficies situés sur les Causses de Gramat et de Limognedans le Lot (Fig.2) La composition et la structure du peuplement ont été évaluées par la méthode dite desEchantillonnages Ponctuels Simples ou EPS (Spitz 1974).

DESCRIPTION DU MILIEULes Causses de Gramat et de Limogne sont situés dans le nord de la région Midi-Pyrénées dans ledépartement du Lot et constituent la principale partie du Haut-Quercy. Ils présentent un paysage de plateauxinterrompus par des vallées, parfois abruptes, comme celles du Célé ou du Lot. L’altitude des deux plateauxest située entre 300 m et 450 m Le substrat est calcaire, datant du jurassique, au relief karstique creusé denombreux gouffres et dolines. Le climat est de type océanique dégradé à étés secs. Les Causses du Haut-Quercy appartiennent à l’étage subméditerranéen avec, à l’exclusion des vallées, comme série dominante celledu Chêne pubescent ; cette série est quasi exclusive sur les zones inventoriées (Dupias 1985) (Rey 1959)

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Fig.1 : Les chênaies pubescentes étudiées sont situéessur les Causses de Gramat et de Limogne dans le Lot(France)

Causse de Gramat : la zone inventoriée est située sur le territoire des communes de Cagnac-du-Causse,d’Espédaillac et de Quissac à l’altitude moyenne de 400m (Fig 3). Elle se situe sur un plateau karstique aurelief peu accentué dont le couvert végétal principalement forestier ; la superficie boisée totale est de 4700 hasur ces 3 communes. Le boisement est majoritairement constitué de chêne pubescent essentiellement sousforme de taillis avec ça et là quelques modestes futaies. Cet ensemble forestier est ancien comme en témoignesa présence sur la carte de Cassini datant du 18ème siècle. Sa vocation était probablement de fournir du boisde chauffage et de charpente et ne semble pas avoir changé aujourd’hui. A une période plus récente, la dépriseagricole a permis au Chêne pubescent de recoloniser d’anciens terrains dédiés à l’élevage ovin. Les arbresprésentent un développement moyen, seules 9% des stations ont une hauteur supérieure 16m ; ce chiffremonte à 91% pour l’intervalle 8 – 16 m. La couverture maximale de la canopée est atteinte dans l’intervalle 4– 8 m (moyenne : 50%) ; au delà (8-16 m) elle est faible (16 %) et inférieure à 1% au delà de 16 m. L’ouvertureinduite, se traduit par la présence d’un sous étage relativement fourni entre 0 et 4 m (ex : Cornouiller sanguin,Cornus sanguinea, aubépine monogyne, Crataegus monogyna , Genévrier commun, Juniperus communis,genêt sp). Les autres arbres du sous-bois les plus fréquemment rencontrés sont l’Erable de Montpellier - Acermontpessulanum - et le Cornouiller mâle – Cornus mas -.

Causse de Limogne : la zone inventoriée est située sur le territoire des communes de Bach, de Saillac et deVaylats une altitude moyenne de 300m (Fig 4). Comme pour le Causse de Gramat, elle est située sur unplateau karstique au relief peu accentué dont le couvert végétal est aussi principalement forestier ; lasuperficie boisée totale est également de 4700 ha sur les 3 communes. L’ensemble forestier est ancien et nesemble guère avoir évolué par rapport à la description donnée par la carte de Cassini datant du 18ème siècle.En première approche, la vocation de ces boisements semble être de celle décrite plus haut sur le Causse deGramat. Ici aussi, les arbres présentent un développement moyen seules 7% des stations ont une hauteursupérieure 16m ; ce chiffre monte à 96% pour l’intervalle 8 – 16 m. La couverture maximale de la canopée estatteinte dans l’intervalle 4 – 8 m (moyenne : 46%) ; au delà (8-16 m) elle est plus faible (35 %) et inférieure à1% au delà de 16 m. L’ouverture induite, se traduit par la présence d’un sous étage fourni entre 0 et 4 m (ex :Cornouiller sanguin, aubépine, Genévrier commun, chèvrefeuille). L’arbre du sous-bois le plus fréquemmentrencontrés est l’Erable de Montpellier ; contrairement à Gramat, le Cornouiller mâle Cornus mas est ici quasiabsent.Comme le montrent la figure 2 et le tableau I, les ensembles forestiers de Gramat et de Limogne ont desstructures verticales et un encombrement végétal similaires. Ces forêts peuvent donc être considérées commetrès voisines sinon identiques. Le tableau I résume ce profil pour l’ensemble des 50 stations de l’étude. Lasuperficie totale couverte par les 50 points d’écoute est d’environ 310 hectares.

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Fig.2 : Comparaison dela physionomie dumilieu végétal GramatLimogne (%decouverture)

Tableau I : physionomie du milieu végétal de l’ensemble des stations Gramat et Limogne (n = 50) ; fréquence stationnelle: % de stations présentant la hauteur d’arbre correspondante

METHODE UTILISEE POUR LE RECENSEMENT

La méthode utilisée est celle des Echantillonnages Ponctuels Simples (Spitz 1974) ; les cinquante stations ontété définies de manière à ménager une distance minimum de 250 m entre deux points, de façon à préserverune certaine indépendance des stations. Les relevés par dits par points d’écoutes, d’une durée de 20 minutes,ont été effectués du 03/05/2007 au 10/06/2007. Un seul point d’écoute est effectué par échantillon avec unrelevé en présence/absence pour chacune des espèces rencontrées. Les indices d’abondances ont égalementété relevés comme dans les Indices Ponctuels d’Abondance (Blondel et al 1970). Un contact est codé un, unchanteur ou tout autre indice de reproduction est codé deux.Les figures 3 à 8 présentent la localisation des points d’écoute dans les bois étudiés.

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Fig. 3 : Causse deLimogne, Bach(Escabasse) :localisation despoints d’écoute(1-9)

Fig. 4 : Causse deLimogne, Bach(Couanac) :localisation despoints d’écoute (10-18)

Fig. 5 : Causse deLimogne, Vaylats :localisation despoints d’écoute (19-27)

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Fig. 6 : Causse deGramat, Caniac-du-Causse :localisation despoints d’écoute(28-35)

Fig. 7 : Causse deGramat, Quissac(la Sole) :localisation despoints d’écoute(36-43)

Fig. 8 : Causse deGramat, Quissac(la Verrerie) :localisation despoints d’écoute(44-50)

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RESULTATS ET DISCUSSION

La matrice des données brutes relevés/espèces est présentée au tableau II ; les paramètres correspondants à lacomposition de l’avifaune, abondance, fréquence, dominance, richesse ainsi que l’origine biogéographique desespèces sont présentés au tableau III.

Composition et structure du peuplement

Loi de distributionConsidérant le faible nombre de relevé, l’étude statistique de la distribution du peuplement par la loi lognormale et son corollaire d’adéquation au modèle n’est pas menée ici.

Diversité du peuplementLa diversité du peuplement a été mesurée en utilisant l’indice de Shannon calculé sur les données d’abondanceou de fréquence sur l’ensemble des espèces décrites dans la matrice des relevés. Les résultats obtenus,respectivement 4.32 pour l’abondance et 4.56 pour la fréquence sont similaires. Ils sont similaires à ceuxmesurés dans la chênaie sessile de Labach avec respectivement 4.30 et 4.59 ou dans la chênaie pédonculée deMauboussin et de Lilhac 4.14 et 4.37.L’équirépartition J’ (ou entropie) est calculée selon Lloyd & Ghelardi (1964). La valeur trouvée est de 0.86 enutilisant les valeurs d’abondance et de 0.90 en utilisant celles de fréquence. Elles sont élevées, proches de lavaleur maximale de 1, montrant un haut niveau de réalisation de la diversité maximale dans ce milieu (Blondel1975).

Deux espèces de rapaces, Buse variable, Buteo buteo et la Bondrée apivore, Pernis apivorus ont été contactéesdurant l’étude de terrain. Leur étude ne relevant pas de méthodes basées sur les indices ponctuels, elles n’ontété prises en compte que dans l’analyse de l’origine biogéographique des espèces rencontrées et à leurappartenance aux diverses guildes.Le rapport a/N (où a = nombre d’espèces contactées une seule fois et N = nombre total de relevés) s'établit à0,04 valeur inférieure au seuil de 0.1 pour lequel il est nécessaire, en théorie, d’effectuer dix relevéssupplémentaires pour contacter une nouvelle espèce ; à ce stade, la prospection est considérée commesuffisante.

La richesse totale (S) s’élève à 33 espèces. Qualitativement le peuplement est essentiellement de typepaléarctique et européen tel que défini par Blondel (1978). Sur les dix-huit espèces accessoires et constantesquatorze appartiennent à ce groupe soit 78% ; s’y ajoutent une holartique, le Troglodyte mignon Troglodytestroglodytes, et trois euro-turkmènes, le Pigeon ramier Columba palumbus la Tourterelle des bois Streptopelia turturet le Pipit des arbres Anthus trivialis. Concernant les quinze espèces satellites (voire accidentelles), onzeappartiennent au groupe paléartique/européen, soit 73%, s’y ajoute une holarctique le Roitelet triple bandeauRegulus ignicapillus, une ancien monde le Loriot d’Europe Oriolus oriolus, une indo-africaine la Tourterelleturque Streptopelia decaocto et le Faisan de Colchide Phasianus colchidus espèce d’origine asiatique introduite enEurope depuis l’antiquité. Avec 76% d’espèces appartenant au groupe paléartique/européen, l’échantillonmesuré est bien représentatif de l’avifaune du fond sylvatique européen surtout des forêts caducifoliées deplaine. Sur un plan régional, toutes les espèces accessoires et constantes appartiennent au groupe VI définipar Balent et al (1988) et repris par Joachim (2009) comme "fond de l’avifaune de Midi-Pyrénées" ; ce grouperassemble les espèces largement répandues et communes en Europe. Pour les quinze satellites, neufappartiennent aussi à ce groupe soit 60%. Au total, avec 82% des espèces recensées appartenant au fond del’avifaune de Midi-Pyrénées l’échantillon mesuré est, pour une forêt de plaine, bien représentatif au niveaurégional.Le tableau IV présente les catégories trophiques et les guildes auxquelles appartiennent les espècescontactées sur Gramat et Limogne. Durant la période de nidification, le Pinson des arbres Fringilla coelebs, leRougegorge la Grive musicienne Turdus philomelos, la Grive draine Turdus viscivorus et le Loriot d’Europe Oriolusoriolus consommant essentiellement des insectes, ont été placés dans la catégorie des insectivores. Lacatégorie des granivores regroupe aussi bien les consommateurs de graines que de fruits. Concernant cechapitre, les deux rapaces contactés ont été intégrés dans l’analyse. Les insectivores représentent 71.4% desespèces : ils dominent largement l’ensemble du peuplement surtout si l’on considère les 14.3% de mixtes quiles suivent dans le classement et forment, de plus avec ce dernier groupe, l’ensemble des espèces constantes(F > 50%). Toutes les guildes relatives aux insectivores, ceux des rameaux, des troncs, des feuillages et del’espace aérien sont représentées dans ces formations de chêne pubescent. Les granivores ne représentent que

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11.4% du peuplement et sans représentants dans les espèces constantes (F > 50%). Les rapaces constituent legroupe des carnivores avec 2.9% (figure 9).

Fig 9: répartition selon les catégories trophiques des espèces contactées sur Gramat et Limogne

La distribution des espèces suivant les sites ou elles recherchent préférentiellement leur nourriture estprésentée figure 10. Les utilisateurs du sol sont largement majoritaires avec presque la moitié de l’effectif(45.7%) suivis de ceux des feuillages (17.1%) puis viennent à égalité (11.4%) ceux des troncs et des écorces,des rameaux et des branches, des buissons, enfin ceux de l’espace aérien (2.9%). La prédominance desutilisateurs du sol trouve son origine dans l’ouverture du milieu étudié, les espèces du sous étage, sols etbuissons représentant 57.1% des espèces ; le faible développement des arbres explique quant à lui que lesutilisateurs des troncs et écorces ne représentent que 11.4% des espèces.

Fig 10 : répartition desespèces selon les sitesde recherche denourriture

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Avec 33 espèces, la richesse totale (S) du peuplement étudié s’inscrit dans l’intervalle des valeurs moyennesdes chênaies tempérées d’Europe allant de 25 à 46 espèces (Muller 1985). En Midi-Pyrénées, la richesse dupeuplement est proche de celle observée dans la chênaie pédondulée Quercus robur des forêts de Fabas etMauboussin, 29 espèces (Fauré sous presse) d’une chênaie sessile, Quercus petraea, située en montagne auBois de Labach (Melles 31) 36 espèces (hors rapace et Grand Corbeau) (Clouet 2004) ou d’un taillis de chênepubescent de faible surface au bois de la Ramée près de Toulouse 27 espèces (Joachim & Delmas 2002).La richesse moyenne (s) est de 10.3. Elle est voisine de celles trouvées pour les chênaies de la région Midi-Pyrénées, 11.2 dans la chênaie pédonculée de Lilhac et Mauboussin, 10.2 dans la chênaie sessile du Bois deLabach. Elle est inférieure à celle du taillis de chêne pubescent à la Ramée, s = 14.3. La valeur élevée à la Ramées’explique par un fort effet de lisière intégrant des espèces comme par exemple le Verdier d’Europe, Carduelischloris, le Rossignol philomèle, Luscinia megarhynchos ou même la Bouscarle de cetti, Cettia cetti . Le coefficientde variation (CV) de la richesse moyenne est de 25.9% valeur peu élevée montrant l’homogénéité del’échantillon de chênaie étudié ; cette valeur est cependant supérieure à celle observée à Lilhac/Mauboussin,19.8%, dans une formation forestière gérée en futaie régulière qui offre une plus grande homogénéité au milieu.

Parmi les cinq espèces constantes (F > 50% ; tableau II), aucune n’est caractéristique des formations boiséesâgées. Le plus fréquent et le plus abondant, le Pinson des arbres, est un ubiquiste forestier présent dès que lahauteur des arbres atteint 5-6 m (Joachim 1997) puis tout au long de la succession des différents stades dedéveloppement forestier, le Merle noir Turdus merula et le Rougegorge habitent les sous étages fournis, laFauvette à tête noire Sylvia atricapilla montre elle une affinité marquée pour la strate buissonnante. Enfin, lePouillot de Bonelli Phylloscopus Bonelli (F = 62%) absent dans les futaies de chêne pédonculé de Mauboussin etde Lilhac ou de chêne sessile de Labach montre ici sa préférence pour les bois de taillis Le nombre peu élevéed’espèces constantes s’explique par la présence de presque tous les stades de développement forestier dansl’ensemble étudié ayant pour conséquence une plus grande diversité du milieu et de ses occupants. Lesespèces propres aux formations boisées âgées n’apparaissent que dans le groupe des accessoires comme le Picépeiche, Dendrocopos major (F = 42%) ou Grimpereau des jardins, Certhia brachydactyla (F = 34%) voire dans celuides satellites comme la Sittelle d’Europe, Sitta europa (F = 12%).Cette distribution est symptomatique du faible développement des arbres et du degré d’ouverture dans leszones de recolonisation favorisant le sous étage voire une strate buissonnante. L’ouverture du milieu setraduit par la présence d’espèces de clairières comme le Pipit des arbres, Anthus trivialis (F = 26%), duRossignol philomèle Luscinia megarhynchos (F = 14%), de l’Alouette lulu, Lulula arborea (F = 4%) ou du Torcol,Jynx torquilla (F = 2%). Malgré le faciès bien représenté de forêt claire, la plupart des espèces des boisementscaducifoliés sont présentent comme les grives draine et musicienne ou les mésanges bleue, nonnette etcharbonnière. Le nombre d’espèces satellites, quinze, témoigne d’une bonne diversité du milieu. A noter dansce groupe le Grosbec casse-noyaux, C. coccothraustes, espèce peu commune même dans les milieux favorablesen Midi-Pyrénées. Autres espèces satellites remarquables, la Tourterelle turque, Streptopelia decaocto, et leRougequeue à front blanc P. phoenicurus : la Tourterelle turque, dont la présence en forêt n’est pas commune,est ici notée à trois reprises avec trois chanteurs sur trois points différents à des distances à la premièrehabitation supérieure à 500 m, élément peut être symptomatique des prémices d’installations hors de milieuxanthropisés. Le Rougequeue à front blanc dans un milieu en principe peu favorable par la rareté des cavitésinhérentes aux vieux arbres n’est peut être ici qu’un accidentel ; il est beaucoup plus répandu dans les vieuxarbres tourmentés des châtaigneraies du nord de la région Midi Pyrénées. A noter également, l’absence del’Etourneau sansonnet pour qui la chênaie pubescente offre peu d’opportunités en terme de cavités pour lanidification. Cette espèce qui a largement colonisé les milieux ouverts de la plaine toulousaine est sporadiqueen forêt dans notre région alors qu’elle est constante ( F> 50%) en milieu forestier dans d’autres régions,comme à Haguenau dans les Vosges (Muller 1986) ou en forêt d’Orléans (Senotier 1983), satellite (F < 25%)dans la chênaie de Sarre-Union (Muller 1986).C’est un indice que la colonisation d’origine continentale decette espèce n’est peut être pas terminée dans le sud ouest de la France (Joachim com. pers.).

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Tableau III : tableau hiérarchique de la composition du peuplement des Forêts de Gramat et de Limogne. Typefaunistique : E, européen ; P, paléarctique ; AM, ancien monde ; ET, euro-turkmène ; IF ; indo-africain ; H, holarctique

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Tableau IV : Catégories trophiques et guilde des oiseaux du peuplement

Comparaison avec d’autres chênaies pubescentesL’avifaune des formations de Gramat et de Limogne est comparée avec celles de la Ramée en Haute-Garonneet de Saou dans la Drome, France (Lebreton & al 1991). Les superficies couvertes par les stations sontrespectivement pour les trois formations de 310 ha (50 stations), 18 ha (8 stations) et 100 ha (16 stations). LaRamée est un taillis à 200 m d’altitude dont la superficie est entièrement couverte par les points d’écoute. Ala Saou, les points sont intégrés dans un ensemble de 300 ha situé en soulane entre 400 et 600m à l’étagesupraméditérranéen. Pour rappel, les points de la présente étude sont intégrés dans un ensemble de près10000 ha sur les trois communes visitées. Gramat Limogne et la Saou ont un profil de développement forestiersimilaire a contrario de la Ramée, un taillis qualifié par les auteurs de l’étude de «vaste lisière forestière enzone suburbaine » (Joachim & al 2002). Les données de la Saou étant uniquement exprimées en abondancec’est ce critère qui s’est imposé pour la comparaison. Pour cet ensemble, les auteurs ont choisis comme critère

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de quantification 0,5 pour un contact (vu, cri), et 1 pour les autres manifestations de nidification (chant…) ; ilconvient donc de multiplier par un facteur 2 les chiffres présentés au tableau V concernant la Saou pour unecomparaison avec les autres boisements. Enfin, la Saou a bénéficié de 2 passages conformément à la méthodeIPA (Blondel & al 1970). A la Saou, les auteurs ont éliminé une espèce qui présentait une fréquence inférieureà 5 % et n’ont pas, semble t’il, pris en compte les corvidés pourtant bien présents sur le site.Pour les trois formations, Gramat Limogne, Saou et la Ramée, la richesse totale est équivalente avecrespectivement 33, 27 et 27 espèces. Les valeurs des indices de diversité Hα, 4.32, 4.36 et 4.27 comme cellesd’équirépartitions J’, 0.86, 0.93 et 0.90 pour respectivement les mêmes trois formations sont similaires ; ellesindiquent un haut niveau de réalisation de la diversité dans chacun des ensembles forestiers étudiés.Qualitativement en considérant les 15 espèces les mieux représentées, 13 sont communes à Gramat Limogneet à la Saou ; la Ramée ne partage que 11 espèces avec les 2 autres formations. Ces espèces appartiennenttoutes au vieux fond sylvatique européen avec aucune espèce méditerranéenne à la Saou dans la Drome.Gramat Limogne et la Saou ont des compositions du peuplement très similaires qualitativement ethiérarchiquement jusque dans la parcimonieuse présence des espèces des troncs caractéristiques des forêtsâgées comme par exemple la Sittelle torchepot. Gramat Limogne se singularise par la présence significatived’une espèce des milieux semi ouvert, le Pipit des arbres. Si à la Saou l’absence de la Tourterelle des bois estremarquable, la présence d’espèces ayant un préférendum pour les conifères comme la Mésange noire et laMésange huppée est tout aussi remarquable ; leurs présences s’expliquent par l’immédiat voisinage de lagrande hêtraie sapinière éponyme et de nombreuses pinèdes contigües. On retrouve ici le même phénomèneobservé dans les Pyrénées ou la Mésange noire présente en abondance dans la sapinière déborde dans lesformations de feuillus pures comme celle de hêtre (Fauré 2008) ou de chêne (Clouet 2004). Autres espècesremarquables à la Saou, le Pic noir Dryocopus martius et le Bruant fou emberiza cia ; le premier par laproximité de la vaste hêtraie sapinière de montagne de la Saou, le second par présence de nombreuses falaisesde calcaire dans la soulane étudiée. A l’opposé des formations forestières de Gramat Limogne et de la Saou, letaillis de la Ramée à une avifaune de sous bois et de buissons avec aux deux premières positions la Fauvetteà tête noire et le Rossignol philomèle ou de lisière comme le Verdier d’Europe ou la Huppe fascié. A noter lefaible effectif du Pinson des arbres moins fréquent dans les bois isolés de la moyenne vallée de la Garonne(Joachim 1995).En résumé, les chênaies pubescentes de Gramat Limogne et de la Saou très similaires dans leursdéveloppements forestiers le sont également dans la composition de leurs avifaunes respectives malgré ladistance de 300 km les séparant. A l’inverse, la taille et la structure bien différente du taillis de la Raméeimplique une avifaune différente de deux formations précitées.

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Tableau V : comparaison des chênaies pubecentes de Gramat et Limogne, de Saou et de la Ramée.

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CONCLUSION L’avifaune nicheuse de formations forestières de chênaie pubescente - Quercus pubescens - situées dans leCausses du Quercy dans le sud-ouest de la France a été étudiée en 2007 en utilisant la méthode desEchantillonnages Ponctuels Simples ou EPS (Spitz, 1974). Les deux formations recensées, sur les Causses deGramat et de Limogne, sont insérées dans de vastes ensembles forestiers de plusieurs dizaines de milliersd’hectares essentiellement composés de cette essence. Au moment de l’étude, les secteurs inventoriésprésentaient une hauteur de toit comprise entre 8 et 16 mètres.La richesse totale du peuplement s’élève à 33 espèces, 35 si l’on inclut les rapaces qui, en principe, ne relèventpas de ce type de méthode ; elle s’inscrit dans l’intervalle des valeurs mesurées dans les chênaies tempéréesd’Europe, de 25 à 46 espèces (Muller 1985). La richesse moyenne est de 10.3 espèces ; elle est proche de cellesobservées dans une chênaie pédonculée du sud-ouest de la France, 11.2 espèces (Fauré 2012) ou d’une chênaiesessile d’altitude dans les Pyrénées, 10.2 espèces (Clouet 2004).La grande majorité des espèces du peuplement (76%) est originaire du paléarctique européen etcaractéristique des forêts caducifoliées tempérées, avec, comme constantes (F > 50%), le Pinson des arbres, leMerle noir, le Rougegorge familier, la Fauvette à tête noire et le Pouillot de Bonelli. La présence dans cetteclasse d’espèces du sous étage s’explique par une importante ouverture du toit forestier. Les espèces du troncsont moins bien représentées suite au développement limité des arbres. La catégorie trophique la mieuxreprésentée est celle des insectivores avec 71.4% des espèces. La plupart des guildes des milieux forestiers sontreprésentées ici conséquence de la complexité du milieu étudié notamment par la présence d’un sous boisdense et buissonnant et d’un faciès de forêt claire comme l’illustre la présence du Pouillot de Bonelli ou celledu Pipit des arbres.Les valeurs des indices de diversité et d’équirépartition indiquent un haut niveau de réalisation de la diversitéde l’ensemble forestier étudié.La comparaison avec une chênaie pubescente au développement semblable du sud-est de la France montredes avifaunes similaires. En revanche, et bien que composé de la même essence, la taille et la constitution entaillis du bois de la Ramée situé dans la plaine de la Garonne montre une structure de l’avifaune biendifférente.

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86 Fauvette à tête noire (mâle), Sylvia atricapilla © J. Joachim

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Notes & Brèves

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Guillosson, 2012 : Le Pistrac, 23 : 88-89

OBSERVATIONS DU BECASSEAU TACHETE CALIDRIS MELANOTOSAU DOMAINE DES OISEAUX (MAZERES-09)

Tristan Guillosson4, Rue du Tourrou, 11420 Belpech

[email protected]

Abstract : On September 6th 2006, I saw a Pectoral Sandpiper Calidris melanotos from a hide in the “Domainedes oiseaux de Mazères”. Since, this species has been encountered 5 more times on the same location (in 2007,2008, 2009 and twice in 2012). In the meantime only 3 reports of Pectoral Sandpiper were done within thewhole Midi-Pyrénées region.

Le 06 septembre 2006 lors d’une visite au Domaine des oiseaux de Mazères (09) j’ai eu l’œil attiré par unbécasseau atypique. L’oiseau étant très furtif, j’ai mis près de deux heures avant de pouvoir l’observer dans debonnes conditions. J'ai pu noter les caractères suivants:> Taille: plus petit que les Bécassines des marais plus court sur pattes que le Chevalier sylvain ;> Silhouette: allongée intermédiaire entre un Bécasseau et un Combattant ;> Dessus: brun écaillé de roux ;> Dessous: blanc pur ;> Tête plastron finement barré de brun sombre avec une délimitation nette par rapport au ventre blanc.Dessous de la tête et lores légèrement roussâtre avec un léger sourcil clair ;> Bec: relativement court légèrement courbé vers le bas, de couleur noire brun-jaunâtre à la base ; > Pattes brun jaunâtre de la même couleur que la base du bec.Ces divers caractères m'ont permis d'identifier cet oiseau comme étant un Bécasseau tacheté juvénile. Cetoiseau est resté sur le site jusqu'au 26 septembre de cette même année se laissant observer par de nombreuxnaturalistes.

La zone de reproduction du Bécasseau tacheté s’étend de la presqu’île du Taïmyr au NO du Canada dans leszones de toundra (Cramp & Simmons 1983, Hayman et al 1986). La quasi-totalité de la population hiverne enAmérique du sud, y compris les oiseaux sibériens qui réalisent un voyage de près de 16 000km avec un passageen Amérique du nord, via l’Alaska (Paulson 1993). Il existe néanmoins une petite population hivernante enAustralie et Nouvelles Zélande que l’on suppose d’origine sibérienne (Higgins & Davies 1996). Le Bécasseautacheté est considéré comme le limicole néarctique le plus régulier en Europe (Dubois et al 2008, Toms 2002).Il existe quelques indices indiquant une possible origine sibérienne pour certains oiseaux observé en Europe,comme des observations plus hâtives sur la côte est de la Grande Bretagne (Sharrock 1971) même si celapourrait concerner des oiseaux survivant de l’automne précédent (Toms 2002). Le biais occidental desobservations en France (Dubois & Yésou 1992), l’association des arrivées de l’espèce en Europe avec lestempêtes atlantiques (Cramp & Simmons 1983) et la tendance de l’espèce à couper au-dessus de l’Atlantiqueouest pour rejoindre ses lieux d’hivernage (Hayman et al 1986) confirme que la vaste majorité des Bécasseauxtachetés observés en Europe sont d’origine néarctique.

Il s'agissait là de la première mention pour l'Ariège et de la troisième pour Midi-Pyrénées suivant celle d'unjuvénile le 29/08/94 à Fréjeville (81) par M. Malatère (donnée CHN) et celle d'un individu de 2 au 7/09/2005au lac de la Castagnère (32) par J. Brignicourt (Source obsmip). Cette observation a été réalisée lors d'unafflux constaté de l'espèce en France avec 28 individus observés en 2006, soit la « meilleure année » pour cetteespèce (Champion, 2010).

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Depuis l’espèce a été contactée au Domaine des oiseaux à 5 reprises: - 1 du 11 au 15 mai 2007 (M. Pujol)- 1 le 20 septembre 2008 (BdD Dom.des Oiseaux)

- 1 adulte du 13 au 19 mai 2009 (S. Cavaillès)- 1 juvénile le 11 septembre 2012 (C. Thébaud)- 1 juvénile le 10 octobre 2012 (D. Delvart)

Alors que seuls trois autres contacts ont été réalisés sur la même période pour le reste de la région- 1 à Puydarrieux (65) du 11 au 18 septembre 2008, V. Ducasse (source JF Bousquet)- 1 à Cambounet (81) du 8 au 10 septembre 2008 A. Calvet (source obsmip)- 1 à Martres-Tolosanes du 19 au 20 octobre 2010 J. Dupuis (source obsmip)

Les observations réalisées au printemps sont particulièrement intéressantes car moins de 10% desobservations de cette espèce en France sont réalisées entre début avril et fin mai (Dubois et al 2008). Les deuxobservations de l’automne 2012 concernent très probablement deux oiseaux différents étant donnél’espacement des deux contacts (un mois) et l’importante pression ornithologique sur le site. Il faut noter quel’automne 2012 a vu un important afflux de limicoles néarctiques sur l’ensemble de l’Europe.

Cette concentration d'observations peut bien sur s'expliquer par la forte attraction du site pour l'espèce(milieu géré avec vasière et végétation) et par la pression d’observation ornithologique relativement forte surle site. Mais la correspondance des dates printanières des observations pourrait aussi laisser penser quetoutes ces observations concerneraient un seul et même oiseau qui après son égarement du mauvais coté del'atlantique en 2006 repasserait par ces gravières aménagées aux deux passages….

Références

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Toms M., 2002. Pectoral Sandpiper in Wernham, C.V., M.P. Toms, J.H. Marchant, J.A. Clark, , G.M. Siriwardena, & S.R. Baillie, (Eds.). The Migration Atlas: movements of the birds of Britain and Ireland. T. & A.D. Poyser,London. pp 703

Sharrock, J.T.R., 1971. Scarce migrants in Britain and Ireland during 1958-67. British Birds 76: 1-25.Higgins, P. J. & Davies, J. N. (1996) [eds] Handbook of Australian, New Zealand and Antarctic Birds. Volume 3. RoyalAustralasian Ornithologists Union. Oxford University Press, Melbourne. 1086p.

Champion, M., 2010, Bécasseau tacheté in Zucca (Ed). Les Migrateur rare en 2007. Ornithos 17-1 : 18-20

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Rey, 2012 : Le Pistrac, 23 : 90-91

HIVERNAGE DE LA GRUE CENDREE GRUS GRUSA CINTEGABELLE (31) EN 2011-2012

Sylvain ReyANA, Vidallac 09240 ALZEN

Abstract : Winter 2011-2012, Cintegabelle (Haute-Garonne) : two adult Common cranes were noticed onNovember 24th near Cintegabelle, close to a gravel pit and among fallow fields and extensive wheat and corncultures. Another visit on December 5th gave us an additional adult. On February 9th 2012, they were joinedby 19 more cranes, including two juveniles, increasing the number of cranes up to 22. They were seen againon February 17th 2012, day of last observation.

Espèce paléarctique répandue du Nord de l’Europe à la Sibérie orientale (Dubois & al., 2000), la grue cendréene connaît pas de déclin notable de ses effectifs et est classée en « préoccupation mineure » au niveaueuropéen (BirdLife/EBCC, 2000). En France, l’espèce a un statut d’hivernant régulier, mais localisé, et denicheur en danger critique d’extinction (De Seynes & al., 2011). Elle s’est reproduite en Normandie de 1985 à1991 (Moreau, in Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994) et à partir de 2002 de manière régulière en Lorraine (Atlasdes Oiseaux Nicheurs de France Métropolitaine, 2012). Deux couples sont cantonnés depuis 2010 enAquitaine mais ne se sont pas reproduits. La population française est estimée entre 15 et 17 couples en 2010 etmontre une tendance démographique à la hausse (De Seynes & al., 2011). En période migratoire, le pays est traversé par un flux suivant un axe principal Sud-Ouest / Nord-Est (LPOChampagne-Ardenne & al, 2001.). Le passage est régulier en Midi-Pyrénées et concerne quelques milliersd’individus.Les principaux sites d’hivernage français sont compris dans trois zones géographiques : la Lorraine, laChampagne humide et les landes de Gascogne en Aquitaine (Dubois & al., 2000). Le lac de Puydarrieux(Hautes-Pyrénées) arrive en 5ème position et accueillait en 2010-2011 1780 grues. En dehors de ce site, iln’existe que quelques rares données d’hivernage en Midi-Pyérénées, avec par exemple un immature du9/01/00 au 6/02/00 à Saint-Nicolas-de-la-Grave (1982) (Collectif, 2008), une dizaine en décembre-janvier 1988(Bousquet, comm. pers.), 35 en décembre 2009 et 17 en février 2010 à Montbel (09) (Guillosson, comm. pers.).Près de Midi-Pyrénées, on trouve entre 10 et 50 grues hivernantes, selon les années, en Catalogne auxAiguamolls de l'Empordà (Aleman, comm. pers.) et occasionnellement dans l’Aude, avec deux hivernagesconcernant 5 oiseaux en 1991/1992 et 15 en 2000/2001 (Clément & Rousseau, comm. pers.). Lors de l’hiver 2011/2012, deux grues adultes ont été contactées une première fois le 24 novembre sur lacommune de Cintegabelle (Haute-Garonne). Une nouvelle visite le 5 décembre a permis l’observation d’unadulte supplémentaire. Le 09/02/2012, elles ont été rejointes par un groupe de 19 individus, comprenant 2juvéniles, élevant le nombre de grues à 22. Elles seront revues le 17/02/2012, date de la dernière observation. Il faut rajouter que cet hivernage n’est peut-être pas le premier, deux grues ayant été observées au mêmeendroit l’année précédente, le 23 janvier.Le milieu occupé correspond à un complexe de gravières, exploitées pour certaines, et inexploitées et misesen eau pour d’autres. La plaine alentour comprend quelques prairies permanentes et principalement deschamps de blé, maïs, colza et tournesol en culture intensive, qui permettent aux grues d’assurer leurs besoinsalimentaires, dans lesquels le maïs tient une place centrale en période internuptiale (Génard & al., 1991). Dans un contexte d’augmentation des effectifs hivernants en France depuis 1982 (LPO Champagne-Ardenne& al., 2001), et notamment au sein de sites géographiquement proches (comme Puydarrieux), il n’est passurprenant d’observer quelques individus dans des lieux non fréquentés jusqu’alors. Le milieu occupé àCintegabelle ne manque d’ailleurs pas de similitudes avec les sites proches (plans d’eau, plaine à chaumes demaïs, douceur climatique…).Les prochaines années montreront si de tels hivernages, qui se caractérisent ici à la fois par des effectifs faibleset par un stationnement dans une zone non traditionnellement occupée, conserveront leur caractère isolé ouauront vocation à devenir des sites « pionniers ».

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Références

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BIRDLIFE INTERNATIONAL/EUROPEAN BIRD CENSUS COUNCIL, 2000. European bird populations : estimateand trends. Cambridge, UK : BirdLife International (BirdLife Conservation series n°10).

COLLECTIF, 2008. Synthèse des observations ornithologiques de Midi-Pyrénées en 2000 et 2001. Le Pistrac, 20 : 90 -139.

DE SEYNES A. & LES COORDINATEURS ESPECES, 2011. Les oiseaux nicheurs rares et menacés en France en 2010. Ornithos, 18 (3) : 145-181.

DUBOIS P.J., LE MARÉCHAL P., OLIOSO G. & YÉSOU P., 2000. Inventaire des oiseaux de France - Avifaune de laFrance métropolitaine. Nathan, Paris.

GENARD M., LANUSSE D. & BEREYZIAT T., 1991. Ressources en maïs et stationnement hivernal des grues cendrées(Grus grus) dans le sud-ouest de la France. Canadian Journal of Zoology, 69 (9) : 2295-2299.

LPO Champagne-Ardenne, DESCHATRES A., & LE ROY E., 2001. La grue cendrée en France - Migrations et hivernage- Saison 2010-2011. LPO Champagne-Ardennes, Bar sur Aubes. Egalement disponible sur :< http://champagne-ardenne.lpo.fr/images/migration_10_11/synthese_grue_2010_2011.pdf> (23/10/2011).

MOREAU G. -in YEATMAN-BERTHELOT, D. & JARRY, G., 1994. Nouvel Atlas des Oiseaux Nicheurs de France 1985-1989. Société Ornithologique de France. Paris.

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Cèbe, 2012 : Le Pistrac, 23 : 92

OBSERVATION D’UN AIGLE DE BONELLI AQUILA FASCIATAPRES DE GARDOUCH (31)

Nicolas CèbeINRA-CEFS, BP 52627 31326 CASTANET-TOLOSAN cedex

Abstract : August t 12th 2011, Nesquive (43°22.300’ N, 1°40.227’ E), a Bonelli's Eagle Aquila fasciata sat upona tree next hill, but mobbed by two honey buzzards Pernis apivorus he went away SW. Regional reports ofthis eagle are not common. Most of national reports (out of its Mediterranean realm) deal with vagrantimmature single birds.

Le 12 août 2011, vers 9 heures du matin, j’aperçus un gros rapace posé au loin sur le sapin le plus haut du boisde la Salle. Bien que distant d’un kilomètre, il était parfaitement visible depuis l’enclos INRA de Gardouch, àNesquive. Des cris de Bondrées Pernis apivorus étaient audibles, en effet deux oiseaux harcelaient avecinsistance le rapace posé. Elles finirent par le faire décoller (à moins qu’il n’ait simplement décidé de changerde secteur !). Compte tenu de sa très grande taille et sa couleur très claire aucune confusion n’était possible :c’était d’un Aigle de Bonelli.Je suis alors parti dans sa direction avec mon appareil photographique pour essayer de faire un cliché de lui,mais il est resté à bonne distance (environ 800 mètres), a pris des ascendances et est parti vers le sud-ouest,en direction de Nailloux.

Observations d’Aigles de Bonelli erratiques dans la région et en FranceLa rencontre de cette espèce en dehors de son aire de reproduction méditerranéenne est assez rare. Lesadultes appariés étant principalement sédentaires, les mouvements d’erratisme concernent surtout les jeunesoiseaux. Bien que la centrale ornithologique régionale soit momentanément en sommeil, j’ai pu noter dans sesderniers volets (Collectif, 2008) que quelques observations plus ou moins anciennes ont déjà été reportées : 1 adulte à Saint Nicolas de la Grave (82), le 11 octobre 1987, (Pascal Roche),1 en septembre 1989 au Port d'Aula (09), (Alain Bertrand),1 ad le 22 avril 1990 à Cazals des Bayle (09) (Jean-François Bousquet)1 imm marqué (bandes alaires) le 23 décembre 1990 au lac de Montbel, Léran (09) (Jean-François Bousquet)1 imm. trouvé mort (tir de chasse) le 18 octobre 1993 dans le Gers (anonyme)1 adulte le 26 août 2001 à Laval Roquecézières (Aveyron) (Amalric Calvet).

En France, Cugnasse et Cramm (1990), ont analysé les observations d’individus hors zone de reproduction.C'est principalement en mai, puis de juillet à octobre (dispersion des jeunes) que les oiseaux sont observés endehors de leur aire de reproduction. Cela correspond dans les grandes lignes à ce qui est déjà noté enCamargue (Cheylan 1973) et en Corse (Thibault 1983). Cette description, limitée aux observations françaises,n’a pu mettre en évidence une direction préférentielle de déplacement. En outre, certains oiseaux notés ici oulà en France pouvaient provenir de la péninsule ibérique. En conclusion, un grand nombre d'observationsd'Aigles de Bonelli a souligné la prépondérance des non-adultes, montrant aussi un erratisme en tous sens, lesoiseaux observés étant principalement solitaires.L’observation de Gardouch-Nesquive entre ici fort bien dans ce schéma.

Références Cheylan (G.) 1973 : « Sur les déplacements de l'Aigle de Bonelli ». Alauda, 41 : 210-211.Collectif, 2008 : Centrale ornithologique régionale, Le Pistrac 20 : 90-130Cugnasse(J.-M.) & Cramm (P.) 1990. : L’erratisme de l’Aigle de Bonelli Hieraaetus fasciatus en France. Alauda 58 (1) 59-66.Thibault (J.-C.) 1983. : Les Oiseaux de la Corse. P.N.R. de la Corse, 255p.

WETLANDS 2012 Midi Pyrénées

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Bousquet, 2012 : Le Pistrac, 23 : 93- 106

COMPTAGES WETLANDS 2012 EN MIDI-PYRENEES

Bousquet Jean-FrançoisAROMP

Le décompte Wetlands 2012 (15 et 16 janvier) se situe dans un contexte d’hiver peu rigoureux et une baisselogique des effectifs hivernants . Le froid est arrivé tardivement (mi février) et a eu un impact sévère sur leHéron Garde-bœufs qui cette année avait malencontreusement connu un hivernage record pour notre régionavec plus de 6000 oiseaux à mi janvier et finalement un abandon quasi total de la région avec la vague de froidde mi février qui a retardé l’installation des nicheurs avec une incertitude sur une forte baisse des nicheurs.La couverture régionale a été excellente avec la participation de l’ensemble des structures départementales(la rareté des milieux favorables dans le Lot et la quasi absence de zones d'hivernage hors gel en Aveyron fontque ces départements ne participent pas). Depuis les années 80, le nombre de sites dénombrés est passé de 2 à 90 !

Commentaires

>La Grande Aigrette est maintenant un hivernant bien implanté et toujours en progression, l’Ibis falcinelleconnaît son premier hivernage en Midi Pyrénées (1 oiseau), et les Grands Cormorans voient leur effectifhivernant diminuer.

Le Cygne tuberculé continue sa progression à partir du Tarn et Garonne avec une centaine d’oiseaux (moinsde 10 dans les années 90).

Malgré la baisse générale des canards (Sarcelles notamment) avec un hiver doux, bon maintien des Souchets,Milouins, Morillons , des Foulques également.

Pour les Laridés retour d’un hivernant de Goéland marin à Saint Nicolas de la Grave, fait notable à l’intérieurdes terres et spécialement dans le sud du Pays.

2 Balbuzards pêcheurs ont hiverné, fait régulier depuis quelques années ; entrée de l’Elanion blanc dans lescomptages du Gers, en relation avec son installation dans l’ouest de notre région.

Pour certaines espèces notre région pas des plus connue pour ces zones humides, n’en reste pas moinsaccueillante ; les hivernants de Courlis cendrés pour la région PACA se situent autour de 200 (100 à 150 enMidi Pyrénées) les Fuligules morillons, 1300, autour de 400/500 chez nous et les Milouins 7800 contre 2000Midi Pyrénées.

Ceci pour illustrer le fait que Midi Pyrénées avec le développement des retenues artificielles et une gestionappropriée peut devenir une région attractive pour les espèces hivernantes. Depuis les années 80 les zoneshumides artificielles favorables à l’hivernage sont en forte progression, et le potentiel régional apparaît dèsqu’une gestion favorable est mise en place : l’hivernage significatif (plus de 1500) des Sarcelles d’hiver , desCanards siffleurs (400) et des Grues cendrées autour du complexe « Puydarrieux » n’est pas l’effet du hasard.

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ParticipantsANA (Association Naturalistes Ariègeois), AROMP (Association Ornithologique de Midi-Pyrénées), GOG(Groupe Ornithologique Gersois), GOSSNTG (Groupe Ornithologique de la Société de Sciences Naturellesde Tarn-et-Garonne), LPO Aveyron-Grands causses, LPO-Tarn, Nature Midi Pyrénées, Comité local 65 deNature Midi-Pyrénées

ARIEGE (09) : Domaine des Oiseaux, sablière Siadoux Saverdun, gravière sardou Saverdun, sablière GaronneSaverdun gravière Gianésini Montaut, prairies Montaut, sablières Sograr Varilhes, lac de Labarre , lac deFilheit, lac de Mondély, lac de Montbel, gravière Rescanière Mirepoix, étang du Balestié , gravière Mondone.Rey Sylvain, Tristan Guillosson,Fosty P., Baillat B., Julien Ait El Mekki, Legendre H.,

HAUTE-GARONNE (31) : Nailloux: Lac de La Thésauque, Aéroconstellation, Toulouse: Garonne entre PontNeuf et Pont des Catalans, Fenouillet: Lac du Bocage, Grenade: Gravières de St-Caprais/St Jory, Castelnau-D'estretefonds, Ondes: Mgm, Portet-Sur-Garonne: Parc Du Confluent, Le Vernet Gravières, Gravière deSeysses, Lac de La Balerme Verfeil, Lac de Laragou Verfeil, Bessieres: Les Marcaïs, Bessieres: Labranque,Bessieres: entre Village et Centre de Tir, La Magdelaine Sur Tarn, Layrac Pont, Bondigoux (=Layrac), BazusEn Gani, Rieumes: Etang de La Bure, Sainte Foy de Peyrolières: Etang de Parayré et de Ste Foy, Cambernard,Saveres: Etang, Lacs de La Ramée, Roques: Lac de Lamartine, Boussens: Lac, Lestelle: Bassin de Rétension Asf,Beauchalot : Gravières, Valentine : Barrage, Pointis-Rivières : Barrage, Pointis-Inard, Montrejeau : Lac, PetitLac de Thil, Plan d'eau de Launac, Grand Lac de Thil, Lac de Garac, St-Elix-Le-Château, Salles-sur-Garonne(2 gravières), Carbonne (gravière vers Lafitte), Carbonne (gravière St Michel), Peyssies (les lacs), Peyssies(autoroute), Carbonne (plan d'eau), Cazères (village), Cazères (barrage), Palaminy (canal), Muret(aérodrome), Lavernose-Lacasse, Plan d'eau de Touille, Lac de Fabas, Lac de St Frajou-Salerm, Lac d'Esparon,Martres-Tolosane : Gravières, Cintegabelle.,Garac, Palamigny, Bazus, Savères Frémaux S.,., Dupuy ., RamièreJ. , Pasquier C.., Peltier D et R., Gayrard Y., Riom A., Vernier P., B. Mouremble J., Tirefort P L.Bouquet JF,Fauré C., Joachim J., Fiolet S.., Hotta, Guibert C., Boutillier B., Kergoat L., Richaume P., Bailleul G.,Desmortier G., Coffignot S. Vanetti E, Stenou B., Foulché K., Garcia R., Darrenes E., Garnier L., Chauvigné J.,Etchemendy P., Cailleton S., Mangez N., Maitre. M.

GERS (32) : Etang du Moura, Lac d'Astarac, Lac de Candau, Lac de la Barradée, Lac de la Castagnère, Lac deLiset Montesquiou, Lac de Miélan, Lac de Pellefigue, Lac de Savis, Lac de st Cricq, Lac St Jean Groupeornithologique gersois Jean Bugnicourt, Logeais M, Chapelle J.,Claude Blanchet, Micheline Rancé-Odin, Yvanet Isabelle Artus, Crespon , Orth M.

HAUTES-PYRENEES (65) : Puydarrieux, Bours-Bazet , Laslades (Arrêt-darré), Antin, Sère-Rustaing,Castelnau-Magnoac , Orieux , Préchac (Gave), Oroix , Escaunets , Bassillon , Lourdes ,St Laurent de Neste .,Ducasse V., Ballereau F., Leblanc A, , Milcent Ph, Raguet Cl, D, Berges C, Portier D, Mattera J., Peres S., DeSeynes A., Roussel A., Caquard JY, Harlé P., De Redon S., Hétier A., Brau F.

TARN (81) : Cambounet, Belleserre, Cahuzac, St-Ferreol, Montans, Florentin, Fourogues, La Bancalié,Carbes, Frejeville, Métairie Neuve (Vielmur), Labruguière, Dourgne, Laouzas, Geignes, Messal, Belcastel,Marre (Albi-Terssac), Les Roques (Montans), Brames-Aigues, Loupiac, Aiguelèze – Lagrave, Barrage deRivière, Serviès, St-Jean (Jonquières), Braconnac (Jonquières), Rasisse, STEP Réalmont, Lagunage duGarissou (les Cabannes), Cantaranne (les Cabannes), JM Coste, B.Mercat, F.Bonnet,, Malaterre M.,Chavanon P., Maffre S, Tirefort P, Calvet A., Parayre, Pred’homme, Long, Darmandieu h., Alquier D., Perrier,Haber, Scmitt R., Vaufrain.

TARN-ET-GARONNE (82) : Saint Nicolas de la Grave, Montech pisciculture, Léojac/Génébrières barrage duTordre, Vaïssac/Puygaillard-de-Quercy barrage du Gouyre, Gensac/Lavit lac de Gensac, Merles gravière deBorde Neuve, Gravière Saint-Aignan , Monteils parc de la Lère, Monclar/La Salvetat-Belmontet, BarrageThérondel. Calvet A., Depierre N., Miquel JC, Béchard G., Laporte, Rantet Poux A.M., Bernardin J., A., TuffalC.

Références

COMPTAGE WETLANDS INTERNATIONAL BILAN REGIONAL JANVIER 2011 LPO ,PACA . DREALDirection Régionale de l’Environnement,de l’Aménagement et du Logement Année 2011

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Vie associative

Rougegorge familier, Erithacus rubecula © J. Joachim

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La bibliothèque de l’AROMP

Depuis sa création (1976) l’Association Régionale d’Ornithologie du Midi et des Pyrénées a mis enplace un réseau d’échange de revues avec la plupart des associations ornithologiques régionales, nationales etquelques associations européennes. Le résultat est une bibliothèque très riche actuellement située dans leslocaux de l’INRA, laboratoire Comportement et Ecologie de la Faune Sauvage, chemin de Borde Rouge,Auzeville-Tolosane par Castanet-Tolosan. Cette bibliothèque est consultable aux heures d’ouverture debureau. Christian Fauré vient d’en terminer le recensement, en voici, sur les pages suivantes, le contenu :

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Le Coin des Bagueurs, 2012 : Le Pistrac, 23 : 114-115

LE COIN DES BAGUEURS

Cette nouvelle rubrique est la suite logique à la récente création du groupe des bagueurs de Midi-Pyrénées.Notre région compte en effet plus d’une dizaine de bagueurs généralistes en activité, avec comme déléguéélu, Michel Fontanet.

Lors de la première réunion du groupe, un souhait fut formulé de divulguer les informations disponibles surles oiseaux bagués dans la grande région « sud-ouest de la France » comme le faisait dans les années 1970Gilbert Affre dans les premiers numéros du Bulletin de l’AROMP. Régionalement, les seules mentionsrécentes d’oiseaux bagués figuraient dans l’article sur les quinze années de baguage à Montech (Joachim etal, 2004) ou une note brève sur le grand déplacement d’un Grimpereau des jardins Certhia brachydactyla(Joachim, 2007).

Les articles construits étant publiés dans le corps principal de la revue, cette rubrique sera gérée commeune « centrale » dédiée aux nouvelles récentes sur les oiseaux bagués de la région. Cela peut concerner desdéplacements remarquables ou au contraire témoigner d’une grande fidélité au site de nidification oud’hivernage, voire donner quelque indication de longévité. Diverses données démographiques peuvent aussiêtre ébauchées.Pour le premier volet du « coin des bagueurs » et afin de lancer cette rubrique destinée à s’étoffer, voici lespremiers communiqués :

Communiqué de Bernard Chanchus :

• Une Rémiz penduline Remiz pendulinus mâle adulte baguée le 13/01/2010 sur la commune deCornebarrieu (31), a été contrôlée sur l'ile de Gotland en Suède le 16/06/2011, soit 519 jours et 1915 km plusloin.

• Une Rousserolle effarvatte Acrocephalus scirpaceus baguée juvénile le 02/09/2010 dans la RNN duBagnas (34), a été contrôlée adulte le 19/07/2011 dans le sud de la Suède, soit 320 jours et 1802 km plus loin.

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• Un Phragmite des joncs Acrocephalus schoenobaenus bagué juvénile le 23/08/2010 dans la RNN duBagnas (34), a été contrôlé adulte le 07/05/2011 dans le sud de la Suède, soit 257 jours et 1788 km plus loin.

• Une Panure à moustaches Panurus biarmicus baguée à la RNN du Bagnas (34) le 10/09/2008 a étécontrôlée sur place le 27/10/2010, ce qui pourrait confirmer la sédentarité de cette espèce.

Et voici quelques contrôles étrangers :

• Un Phragmite des joncs Acrocephalus schoenobaenus bagué en Belgique (Anvers) le 06/08/2006 aété contrôlé19 jours après dans la RNN du Bagnas (34), soit une vitesse de migration théorique de 47 km/j.

• Une Rousserolle effarvatte Acrocephalus scirpaceus baguée en Allemagne (Friburg) le 29/05/2005 aété contrôlée 20 jours après dans les marais de Capestang (11) soit 33km/j.

• Une Hirondelle rustique Hirundo rustica baguée dans la RNN du Bagnas (34) le 24/08/2006 a étécontrôlée le 17/09/2006 en Espagne (Murcie), soit 30km/j.

Commentaires : Il s'agit là de la migration post nuptiale, la vitesse de migration est toute théorique, rien neprouve que l'oiseau a quitté son site de baguage immédiatement ni qu'il a été contrôlé dés son arrivée sursite.L'Hirondelle rustique est connue pour se nourrir en vol lors de la migration, elle ne vole donc pas en lignedroite.

RéférencesJean Joachim, Jean-François Bousquet & Christian Fauré, 2004 : 1988-2004, Station STOC n° 4, quinze ans de baguageen forêt de Montech (82) Le Pistrac 19 : 1-27.Jean Joachim, 2007 : Déplacement peu commun à très longue distance d’un Grimpereau des jardins Certhiabrachydactyla Le Pistrac 20 : 73-74.

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Contribuez à la connaissance et à la protection de l’avifaune deMidi-Pyrénées en participant à la base de données régionale de

Nature Midi-Pyrénées : www.baznat.net

Page 120: Le Pistrac N23 -Année 2012

COHABITATION ET CHOIX DU SITE DE NIDIFICATION PAR L'AIGLE BOTTE AQUILA PENNATA, L'AUTOUR DES PALOMBESACCIPITER GENTILIS ET LE CIRCAETE JEAN-LE-BLANC CIRCAETUS GALLICUS DANS UNE FORET DE GASCOGNE.JEAN BUGNICOURT, JACQUELINE CHAPELLE & PIERRE URIBE ................................................................................................................ 2-6

LA POPULATION D’HIRONDELLES DE FENETRE DELICHON URBICUM DANS LA VILLE D’AUCH, GERS ANNEE 2011MATHIEU ORTH, JEAN-MICHEL CATIL, MICKAËL NICOLAS ..................................................................................................................... 7-25

PREMIERE MENTION DU SEJOUR AUTOMNALEN 2011 D’UN FAUCON SACRE FALCO CHERRUG D’ORIGINE SAUVAGE ENREGION MIDI-PYRENEES - « EONKA, LE SACRE DE L’AUTOMNE »- MICHEL ANTOINE REGLADE ................................................................................................................................................................................... 26-34

AVIFAUNE NICHEUSE DE CHENAIES PEDONCULEES : LES FORETS DE LILHAC ET DE MAUBOUSSIN, CANTOND’AURIGNAC, HAUTE-GARONNECHRISTIAN FAURE ....................................................................................................................................................................................................... 35-47

IMPLANTATION DE LA PERRUCHE A COLLIER, PSITTACULA KRAMERI, DANS L’AGGLOMERATION TOULOUSAINE : SUIVIDES POPULATIONS ET DE LA REPRODUCTION 2006-2011CHRISTOPHE PASQUIER & JEAN RAMIERE ...................................................................................................................................................... 48-57

DENSITE DU MARTIN-PECHEUR D’EUROPE ALCEDO ATTHIS SUR UN SECTEUR DE GARONNE : LA RETENUE DU MANCIES (HAUTE-GARONNE)CHRISTIAN FAURE ....................................................................................................................................................................................................... 58- 61

LA FAUVETTE PASSERINETTE SYLVIA CANTILLANS DANS LE DEPARTEMENT DE L'ARIEGE.SYLVAIN REY ................................................................................................................................................................................................................ 62 - 70

L’AVIFAUNE DE LA CHENAIE PUBESCENTE : CAUSSES DE GRAMAT ET DE LIMOGNE (LOT)CHRISTIAN FAURE .................................................................................................................................................................................................... 71 - 85

NOTES & BRÈVES :

OBSERVATIONS DU BECASSEAU TACHETE CALIDRIS MELANOTOS AU DOMAINE DES OISEAUX (MAZERES-09)TRISTAN GUILLOSSON ............................................................................................................................................................................................... 88-89

HIVERNAGE DE LA GRUE CENDREE GRUS GRUS A CINTEGABELLE (31) EN 2011-2012SYLVAIN REY .................................................................................................................................................................................................................. 90-91

OBSERVATION D’UN AIGLE DE BONELLI AQUILA FASCIATA PRES DE GARDOUCH (31)NICOLAS CEBE ..................................................................................................................................................................................................................... 92

COMPTAGES WETLANDS 2012 EN MIDI-PYRENEESJEAN-FRANÇOIS BOUSQUET (COORD.)............................................................................................................................................................. 93-106

VIE ASSOCIATIVE

BIBLIOTHÈQUE DE L'AROMP ................................................................................................................................................................................. 108-113

LE COIN DES BAGUEURS ........................................................................................................................................................................................ 114-115

Le PistracN°23, Année 2012