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Madame Caroline Roy Le point sur l'aide ménagère In: Economie et statistique, N°124, Août 1980. pp. 39-45. Citer ce document / Cite this document : Roy Caroline. Le point sur l'aide ménagère. In: Economie et statistique, N°124, Août 1980. pp. 39-45. doi : 10.3406/estat.1980.4380 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1980_num_124_1_4380

Le point sur l'aide ménagère - epsilon.insee.fr · La encuesta relativa a empleos del período que mide entre 1974 y 1975 hizo el recuento de las ... benefîciar de asistenta a

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Madame Caroline Roy

Le point sur l'aide ménagèreIn: Economie et statistique, N°124, Août 1980. pp. 39-45.

Citer ce document / Cite this document :

Roy Caroline. Le point sur l'aide ménagère. In: Economie et statistique, N°124, Août 1980. pp. 39-45.

doi : 10.3406/estat.1980.4380

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1980_num_124_1_4380

RésuméL'enquête sur les emplois du temps de 1974-1975 a recensé les diverses aides domestiques dontbénéficient les ménages citadins : femme de ménage; parent, voisin ou ami; aide sociale; employé demaison. Seuls 11,5 % des foyers urbains disposent d'une aide ménagère (7,1 % d'une femme deménage). L'aide domestique touche en priorité les deux extrémités de l'échelle sociale, mais de façontotalement différente. L'aide bénévole ou sociale profite aux personnes seules, âgées, inactives et àfaibles ressources. Elle concerne malgré tout assez peu de ménages de ces catégories et pour unedurée hebdomadaire réduite. Au contraire, l'aide rémunérée touche presque exclusivement les famillesd'industriels et de cadres supérieurs à revenus élevés. Beaucoup d'entre eux en bénéficient, et pourune durée hebdomadaire élevée. On peut même avancer que pour être aidé à domicile, il faut cumulersoit des handicaps, soit des avantages.

AbstractThe survey on work schedules of 1974-1975 took a census of the various forms of household help inthe households of city dwellers, whether it was a cleaning woman, a relative, neighbor, or friend, asocial assistant, or a full-time maid. Only 11.5 % of urban households have some form of householdhelp (7.1 % have a cleaning woman). Household help primarily concerns the two extremes of the socialscale, but in a totally different fashion. Assistance by charitable or government organizations is providedchiefly to individuals living alone, either elderly, disabled, or economically handicapped. All thingsconsidered, relatively few households in these categories receive help, and with relatively few hoursweekly. On the other hand, paid help is almost exclusively within the families of industrialists or of top-level executives with large salaries. Within these categories, a large proportion employ household help,and with relatively numerous hours. One is tempted to conclude that; in order to benefit from householdhelp, one must be either extremely handicapped or extremely privileged.

ResumenLa encuesta relativa a empleos del período que mide entre 1974 y 1975 hizo el recuento de lasdiversas asistencias domésticas de las que se benefician los hogares urbanos : asistenta; pariente,vecino o amigo; asistenta social; empleada de hogar. Un 11,5% tan solo de hogares urbanos disponende asistencia doméstica (un 7,1 % de una asistenta). La asistencia doméstica ateñe con prioridad, porlo general, los dos extremos de la escala social, si bien en forma totalmente diferente. La asistentabenevola o social beneficia tan solo a las personas solas, ancianas, inactivas y de escasos medios devida. Concierne, no obstante, pocos matrimonios de una u otra de estas categorías y para un numeroreducido de horas semanales. En cambio, la asistenta remunerada se halla casi exclusivamente entrefamilias de industrials y de cuadros superiores, los que disfrutan ingresos elevados. Muchos de ellos sebenefician de ello para un elevado número de horas a la semana. Incluso es factible decir que parabenefîciar de asistenta a domicilio es menester ser minusválido o disfrutar ventajas materiales.

VIE QUOTIDIENNE

Le point

sur Paide ménagère

par Caroline Roy

S'occuper des enfants et accomplir les tâches domestiques courantes (préparation des repas, vaisselle, lessive, repassage, etc.) demande en moyenne trois heures de travail par jour à chaque adulte. Assumé dans la plupart des cas par l'épouse, ce travail peut cependant être fait, en partie au moins, par une personne extérieure au foyer. Tel est le cas dans un ménage sur neuf. Cette personne extérieure peut être une aide sociale, une femme de ménage, une cuisinière, un employé de maison, personnes classées par FINSEE dans la catégorie « Personnels de service ». Mais ce peut être aussi un voisin, un parent ou un ami venant aider le ménage à son domicile. L'enquête sur les emplois du temps de 1974-1975 fait le point de ces diverses aides ménagères.

D'abord, la femme de ménage

Parmi l'ensemble des ménages vivant en milieu urbain, aide domestique est incontestablement synonyme de femme de ménage. En effet, lorsqu'un ménage est aidé, la femme de ménage intervient presque deux fois sur trois (tableau 1); une fois sur quatre il s'agit d"un(e) parent(e),

L'enquête sur les emplois du temps de 1974-1975 menée, il faut le préciser, auprès d'une population exclusivement citadine, a recensé les diverses aides ménagères que reçoivent les ménages. A 6 600 ménages, représentatifs de la population des zones urbaines françaises, deux questions étaient posées au sujet de l'aide domestique 1. Proposant de répartir l'aide entre quatre grandes catégories de personnes passant régulièrement au moins une heure par semaine au domicile du ménage (parent, voisin, ami — femme déménage, personnel rémunéré — aide sociale ou ménagère non rémunérée — autres), la première question appréhendait à la fois le temps de travail et les types de travaux effectués. La seconde question était analogue, mais concernait uniquement les domestiques logés par

0 677008 P 20

le ménage (employés de maison ou même personnel au pair). Grossièrement, au fil du dépouillement de l'enquête, il est apparu que l'on pouvait distinguer entre aide rétribuée par le ménage et aide bénévole (ou prise en charge par un quelconque service social).

Seuls 11,5 % des ménages urbains bénéficient 2 d'une aide ménagère. Et, comme l'enquête a permis de le relever, très peu (0,2 %) prétendent à plusieurs types d'aide. De la même façon, très rare est le cas (0,2 % également) où le ménage déclare bénéficier d'une « autie » aide. C'est pourquoi, dans la suite, on répartira l'aide ménagère entre «femme de ménage», « domestique » (ou « employé de maison»), «parent, voisin, ami» et «aide sociale ».

* Caroline Roy fait partie de la division « Conditions de vie des ménages » du département « Population et ménages » de l'INSEE.

1. Indifféremment appelée ici « aide ménagère ». L'enquête sur les emplois du temps de 1974-1975 aborde bien évidemment d'autres sujets touchant à la vie quotidienne des ménages français. Sur ces sujets, plusieurs articles paraîtront prochainement dans ces colonnes. Par ailleurs, les premiers résultats de l'enquête sont parus sous le titre « Les emplois du temps des citadins », document rectangle, INSEE, décembre 1978.

2. Le terme « bénéficier » est pris dans un sens tout à fait neutre. Il convient en outre de préciser que cet article s'attache à une simple description de l'aide ménagère; il ne prétend pas cerner la notion de «besoin».

39

La consommation

alimentaire

en 1977

par Marie-Annick Mercier

La mesure directe et permanente de la consommation alimentaire des ménages en France présente un double intérêt. D'une part, elle permet de remédier à certaines insuffisances des statistiques disponibles par ailleurs. D'autre part, elle en fournit des mises à jour fréquentes et régulières. L'enquête sur la consommation alimentaire des Français, redevenue annuelle depuis 1976, répond à ces préoccupations. Les résultats détaillés relatifs à l'année 1977, publiés dans ce volume, apportent des informations sur la consommation totale de chaque produit en valeur et en quantité. Cette étude donne ainsi une mesure chiffrée du marché global de chacun d'eux. L'analyse de la consommation répartit cette dernière entre les différentes catégories de ménages, définies par leurs caractéristiques socio-démographiques : âge et profession du chef de ménage, composition du ménage, activité de l'épouse, localisation de l'habitat. La répartition des achats des ménages selon les différents canaux de distribution fait l'objet du volume M84 des « Collections de l'INSEE » intitulé « Les lieux d'achats des produits alimentaires en 1977». Les « Collections de l'INSEE », série M « Ménages », n°83. Un volume broché - format 21x29, 7-164 pages.

P257 CONSULTATIONS, VENTES : Dans les Observatoires économiques régionaux de l'INSEE (adresses en fin de publication) et chez les libraires spécialisés.

' institut National de la Statistique at des Elude» Economique».

Tableau 1

Les types d'aide ménagère

Proportion de ménages disposant...

...d'aucune aide

...d'au moins un type d'aide 1

dont : une femme de ménage un parent, voisin, ami une aide sociale 2 un employé de maison 3 une aide non spécifiée plusieurs aides

Total

Parmi l'ensemble des ménages

88,5 (11.5)

7.1 2,9 0.8 0.3 0,2 0,2

100

Parmi les ménages aidés

61,5 25,8 6,7 3,0 1,6 1,4

100

1. Déclaré par le ménage. Cf. note 2 du tableau 2. 2. L'intitulé exact du poste est « Aide sociale ou ménagère non rémunérée ». 3. Indifféremment dénommé « Domestique ». La question posée au ménage est : « Le

ménage comprend-il des domestiques ? ».

d'un(e) voisin (e) ou d'un(e) ami(e); les aides sociales ne concernent que 7 % des ménages aidés et les employés de maison ne se rencontrent que dans 3 % des ménages aidés, soit moins de 0,4 % des ménages citadins. On n'aura toutefois garde d'oublier que ces résultats se fondent sur les réponses des ménages à une question concernant l'aide régulière (au moins une heure par semaine). En conséquence, l'aide occasionnelle (le voisin allant chercher de temps en temps les enfants à l'école), pas plus que le travail au « noir », ne sont appréhendés ici.

Évidemment, le domestique, le plus souvent logé à demeure, apporte l'aide la plus substantielle : en moyenne 42 heures par semaine (tableau 2). La femme de ménage travaille en moyenne 10 heures par semaine dans

chaque ménage aidé, l'entourage y passe 8 heures et l'aide sociale seulement 4 heures. Il apparaît ainsi que les aides rémunérées directement par le ménage (employés de maison et femmes de ménage) apportent plus que les autres : famille, ami, aide sociale. 65 % des ménages aidés le sont par des personnes qu'ils rémunèrent eux-mêmes, celles-ci effectuant 75 % du total du temps de travail domestique pris en charge par une aide extérieure; malgré leur faible représentation, les employés de maison fournissent 13 % du temps de travail des aides ménagères.

Il va sans dire par ailleurs que, plus le temps passé au domicile du ménage est important, plus diversifiées sont les tâches. Les employés de maison, sauf sans doute les jeunes

40

Tableau 2

Horaires et types de travaux

Durée hebdomadaire moyenne passée au domicile du ménage (en heures) 2

Travaux effectués3 (% des cas dans lesquels l'aide concerne le type de travail considéré) :

Garde d'enfants Gros travaux ménagers Petits travaux ménagers Autres

Femme de ménage

10

10 65 80

5

Domestique

42

30 65 90 30

Parent, voisin, ami

8

20 55 70 10

Aide sociale '

4

0 65 75 15

1. L'intitulé exact du poste est «Aide sociale ou ménagère non rémunérée ». 2. Les aides occasionnelles, ou non déclarées (travail au noir) ne sont pas prises en

compte. La question posée au ménage est précisément : « Y a-t-il quelqu'un qui vienne à votre domicile au moins une heure chaque semaine, pour aider aux travaux ménagers ou garder des enfants ? ».

3. Comme pour tous les tableaux suivants, les aides multiples — phénomène tout à fait négligeable, en réalité — n'ont pas été prises en compte, pour d'évidentes raisons techniques de répartition entre les divers postes.

Mes au pair, très peu nombreuses, font tout. Ils gardent les enfants, font la cuisine, assurent de gros travaux de nettoyage, etc. A l'autre extrémité, l'aide sociale ne garde jamais les enfants et, malgré une grande variété dans les autres travaux, son travail est bien précis dans chaque ménage (tableau 2).

17°/c des ménages âgés

En fait, pour un ménage, avoir une aide et plus encore avoir tel type d'aide dépend de sa situation démographique et sociale. Les jeunes ménages ne sont presque jamais aidés : 3 % seulement des ménages dont le chef a moins de 25 ans bénéficient d'une

aide ménagère. Il s'agit d'ailleurs essentiellement d'un parent, d'un voisin ou d'un ami (tableau 3). En revanche, les ménages âgés sont beaucoup plus aidés : 17 % des ménages dont le chef a 65 ans ou plus sont aidés — ce chiffre peut toutefois paraître modeste. Pour ces personnes âgées, l'aide provient de l'entourage proche dans la moitié des cas, dans un cas sur trois d'une femme de ménage, et dans un cas sur cinq d'une aide sociale. Les ménages âgés profitent à peu près autant que la moyenne nationale d'une aide rémunérée, mais environ deux fois plus que la moyenne d'une aide bénévole ou institutionnalisée.

Les personnes seules et âgées reçoivent plus fréquemment assistance que

les autres ménages. C'est ce qui ressort de l'analyse de l'aide domestique accordée aux plus de 65 ans en fonction de la taille du ménage. On reviendra infra, à un niveau global, sur ce critère de taille du ménage, de même que sur les ressources du foyer. On soulignera toutefois dès maintenant que les ménages âgés dotés de très faibles revenus (35 % de ceux ayant déclaré percevoir moins de 3 000 francs par an) sont, avec les ménages âgés les plus aisés (75 % de ceux qui disposent de plus de 100 000 francs par an), les principaux destinataires de l'aide ménagère. Il ne s'agit toutefois sûrement pas du même type d'aide.

Hormis les âges extrêmes, l'aide ménagère se situe à un niveau moyen : 11 % des ménages entre 25 et 65 ans bénéficient d'une assistance. Bien installés dans la vie, les ménages de 35 à 55 ans ont le plus fréquemment recours à une aide salariée : 9 % des ménages de cette catégorie font appel à une femme de ménage ou à un employé de maison, 2 % seulement d'entre eux bénéficient d'une aide non rémunérée.

Personnes seules ou familles nombreuses

La taille du ménage exerce une indéniable influence sur l'intensité de l'aide domestique. Les personnes seules et les familles nombreuses sont les ménages le plus fréquemment aidés, et ceci est surtout vrai pour la femme de ménage et l'assistance des proches.

Parmi les ménages d'une seule personne, 16 % bénéficient des services d'une aide ménagère (tableau 4). Ils font souvent appel aux femmes de ménages (2 fois sur 5), mais plus encore aux aides bénévoles et sociales (3 fois sur 5). En tout cas, ils n'ont jamais d'employé de maison.

Beaucoup, on l'a vu, sont des personnes seules du troisième âge. Ceci est confirmé par l'étude de l'aide ménagère selon l'activité de la personne composant à elle seule le ménage. Les inactifs — des gens âgés, pour la plupart — sont en effet plus souvent aidés que les actifs.

VIE QUOTIDIENNE 7.

41

Tableau 3

Aide domestique et âge du chef de ménage

En %

Âge du chef de ménage

De 35 à moins de 55 ans De 55 à moins de 65 ans. 65 ans et plus

Ensemble

Proportion de ménages...

...n'ayant aucune aide

96,9 90.6 88.5 89.2 83.0

88,5

...ayant au moins une aide

3.1 9,4

11,5 10,8 17.0

11,5

dont1

femme de ménage

0,6 6,0 8.2 7.0 8.0

7,1

employé de maison

0 0,1 0,6 0.3 0.1

0,3

parent, voisin, ami

2.3 3.1 2,2 2.1 5.3

2,9

aide sociale

0 0 0.2 0.9 3.0

0,8

1 . Dans ce tableau, comme dans tous les suivants, le poste « Autres » n'est pas pris en compte. En conséquence, le total des différents types d'aides peut légèrement différer du poste a ...ayant au moins une aide ».

Tableau 4

Aide domestique et taille du ménage

En%

Taille du ménage

Proportion de ménages...

...n'ayant aucune aide

...ayant au moins une aide

dont

femme de ménage

employé de maison

parent, voisin, ami

aide sociale

1 personne 2 personnes 3 personnes 4 personnes 5 personnes et plus

Ensemble

83,8 91.1 91.0 87,4 87,8

88,5

16,2 8.9 9.0

12.6 12,2

11,5

6,8 6.2 6.4 8,8 8,2

7,1

0 0.2 0.2 0.4 1,2

0,3

6.2 1.7 2.1 2,7 2,5

2,9

2,7 0,5 0.1 0,2 0,2

0,8

42

Tableau 5

Uaide domestique selon quelques types de composition du ménage

En%

Type de ménage

Proportion de ménages...

...n'ayant aucune aide

...ayant au moins une aide

dont

femme de ménage

employé de maison

parent, voisin, ami

aide sociale

Personnes seules : Homme seul actif Homme seul inactif Femme seule active Femme seule inactive

Ménages formés d'au moins un couple : Avec enfant(s) \ femme active Avec enfant(s) \ femme inactive Sans enfant \ femme active Sans enfant \ femme inactive

Ensemble des ménages

81.7 72.2 93.4 82.7

84.3 93,4 90,8 90.9

18,3 27.8 6.6

17.3

15.7 6,6 9,2 9.1

9.4 8,9 5.1 6,0

10.8 4.3 7.4 6.9

88,5 11,5 7,1

0 0 0 0

0.7 0.3 0.3 0.2

7.2 16.6 1,3 5.5

3.9 1.8 1.3 1.4

0.3 2,9

0.4 0.6 0.3 5.5

0 0.2 0.1 0.2

0.8

1. De moins de 14 ans.

Par ailleurs, il est intéressant de noter, toujours parmi les personnes seules, que l'aide domestique va en priorité aux hommes (tableau 5). L'homme seul inactif est le plus souvent aidé (28 %) ; on trouve ensuite l'homme au travail (18 %), puis la femme seule sans profession (17 %), enfin la femme ayant un emploi (7 %). Deux exceptions notables : d'abord les actifs de sexe masculin sont, de toutes les personnes seules, ceux qui ont le plus recours à une femme de ménage, ensuite les femmes inactives bénéficient bien plus que la moyenne de l'aide sociale; mais là joue, en plus d'un effet de l'âge, un problème de revenu (cf. infra).

Fait de la société, on note que l'homme seul et inactif reçoit surtout le soutien de son entourage proche : l'aide ménagère apportée à ces hommes provient deux fois sur trois d'un voisin, d'un parent ou d'un ami. Il

semble bien que l'homme seul est reconnu comme un handicapé domestique et attire à lui l'intérêt ému de son entourage. En revanche, la femme seule peut — ou doit — assumer plus souvent ses tâches ménagères.

Les grands ménages sont un peu plus fréquemment aidés que les ménages de taille moyenne : plus de 12 % des ménages de 4 personnes et plus bénéficient d'une aide ménagère, contre 9 % des ménages de 2 ou 3 personnes. Lorsque la taille d'un ménage augmente, le volume des tâches ménagères est lui aussi plus important et le ménage a davantage recours à une aide, en particulier une aide rémunérée.

Parmi les couples mariés, deux facteurs influencent le recours à un soutien domestique : l'activité de l'épouse et la présence de jeunes

enfants. En matière d'aide ménagère, les mères au foyer, c'est-à-dire les épouses inactives avec de jeunes enfants, sont les plus défavorisées, relativement. Parmi les ménages dans ce cas, pour lesquels l'ampleur des tâches domestiques est importante, à peiné 7 % bénéficient d'une aide extérieure. Lorsque la mère est active et a des enfants de moins de 14 ans, l'aide ménagère est près de deux fois et demie plus fréquente. Ces ménages sont davantage épaulés par leur voisinage ou leur parenté; par ailleurs, bénéficiant, du fait même de l'activité de la mère, de revenus plus élevés, ils peuvent plus souvent rémunérer une aide. Enfin, lorsque le ménage ne comprend pas d'enfants de moins de 14 ans, et que la femme travaille ou non, l'aide domestique se situe à un niveau intermédiaire, légèrement inférieur à la moyenne nationale.

VIE QUOTIDIENNE 43

Tableau 6

Aide domestique et ressources du ménage

Revenu annuel du ménage '

(en francs)

Proportion de ménages...

...n'a/ant aucune aide

...ayant au moins une aide

dont

femme de ménage

employé de maison

parent, voisin, ami

aide sociale

Moins de 1 0 000 De 10 000 à moins de 20 000 De 20 000 à moins de 30 000 Ds 30 000 à moins de 50 000 50 000 et plus

Ensemble

86,4 93,5 94,6 91,4 67,3

88,5

13,6 6,5 5,4 8,6

32,7

11,5

1.9 2,2 3,1 5,3

26,7

7,1

0 0.1 0.1 0,2 1.6

0,3

6,4 2,8 2,0 2,5 3,5

2,9

4.8 1.1 0,1 0,3 0

0,8

1. Déclaré par le ménage à la date de l'enquête, c'est-à-dire en 1974-1975.

Rôle central du niveau de vie

Le revenu du ménage3 est un critère bien évidemment essentiel dans l'étude de l'aide ménagère. Lorsqu'un ménage dispose d'un niveau élevé de ressources, il pourra faire plus souvent appel à une aide domestique rémunérée (femme de ménage, employé de maison); d'un autre côté, quand un ménage est démuni matériellement, il aura plus fréquemment droit au secours d'une aide sociale.

Ainsi, les ménages dont les revenus sont très faibles sont un peu plus fréquemment aidés que la moyenne : 14 % des ménages dont le revenu moyen annuel est inférieur à 10 000 francs bénéficient d'une aide extérieure (tableau 6). La moitié de cette aide provient de l'entourage proche et, dans un cas sur trois, d'une aide sociale. L'aide reçue par cette catégorie de ménages est donc, on le voit, essentiellement de nature bénévole ou sociale.

Les ménages dont les revenus sont très élevés sont fréquemment aidés :

parmi les ménages qui déclarent des revenus moyens annuels supérieurs à 50 000 francs, un sur trois bénéficie d'une aide ménagère extérieure. Cette aide provient dans 4 cas sur 5 d'une femme de ménage, dans 1 cas sur 20 d'un employé de maison, mais également de l'entourage proche une fois sur cinq. Cette aide est donc essentiellement rémunérée directement par le ménage.

Mais pour la grande majorité des ménages (70 % des ménages déclaraient en 1974-1975 un revenu annuel compris entre 10 000 et 50 000 francs) ; le recours à une aide extérieure reste très rare. Ces ménages sont dans la situation intermédiaire où leurs revenus sont trop forts pour qu'ils puissent prétendre à une aide sociale et sans doute trop faibles pour leur permettre de rétribuer une femme de ménage.

D'un autre côté, si l'on examine chacun des types d'aide, on note que l'aide sociale ne se rencontre que pour les revenus faibles, l'assistance de l'entourage reste faible et constante pour les revenus moyens, le recours à une femme de ménage

croît avec le revenu, enfin les employés de maison ne se rencontrent que pour les revenus très élevés.

Une autre façon d'évaluer l'influence du niveau de vie sur l'aide domestique réside dans l'analyse selon la catégorie socioprofessionnelle du chef du ménage aidé. On ne s'étonnera pas de relever deux catégories très favorisées, essentiellement du fait de leur haut niveau de revenu : les ménages de cadres supérieurs ou de professions libérales, et les ménages de patrons de . l'industrie ou du . commerce (tableau 7).

Un ménage sur trois dont le chef est cadre supérieur a recours à une aide ménagère régulière; un sur quatre parmi les ménages dont le chef est un patron de l'industrie ou du commerce. Ces proportions sont considé-

3. Les revenus déclarés dans les enquêtes menées auprès des ménages sont largement sous- estimés ; ils permettent néanmoins de classer grossièrement les ménages par ordre croissant de niveau de vie.

44

Tableau 7

Aide domestique et catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage

Catégorie socioprofessionnelle

du chef de ménage

Proportion de ménages...

...n'ayant aucune aide

...ayant au moins une aide

dont

femme de ménage

employé de maison

parent, voisin, ami

aide sociale

Patron de l'industrie ou du commerce Cadre supérieur ou profession libérale Cadre moyen Employé Ouvrier Inactif

Ensemble

76,3 63,7 88,6 94,3 97,2 86,8

88,5

23,7 36,3 11,4 5,7 2.8

13.2

11,5

16,9 28,9 8,0 3.7 1.2 6,0

7,1

2,3 1,6 0 0,2 0 0.1

0,3

3.4 4.5 3,2 1.5 1.4 4.5

2.9

0.4 0,2 0 0 0.2 2,3

0,8

rabies en regard de la moyenne nationale. Plus encore, lorsque le revenu annuel dépasse 100 000 francs, ce sont huit ménages sur dix de ces catégories qui bénéficient d'une aide domestique.

Les trois quarts de l'aide reçue par les cadres supérieurs provient des femmes de ménage, une aide sur dix est procurée par l'entourage proche et une sur vingt par un employé de maison. Chez les patrons de l'industrie et du commerce, le rôle des femmes de ménage est un peu moins important : deux aides sur trois sont des femmes de ménage, mais 15 % de l'aide provient de l'entourage et 10 % des employés de maison. Mais dans un cas comme dans l'autre, l'aide est en grande partie rémunérée directement par le ménage.

Chez les inactifs, et ceci confirme ce que l'on a vu supra, l'aide est plus diversifiée : 35 % provient de la famille, 45 % d'une femme de ménage et 20 % d'une aide sociale, catégorie d'aide qui, d'ailleurs, ne se trouve que dans ces ménages.

Ces résultats ne sont certes pas très étonnants. On pouvait effectivement s'attendre à trouver l'aide rémunérée chez les ménages aisés et l'aide sociale auprès des ménages isolés, âgés, retraités, etc. En revanche, il est quand même surprenant de constater le peu d'aide régulière reçue par les ménages d'employés (5 %) ou d'ouvriers (3 %), parmi lesquels on ne trouve même pas l 'assistance que pourrait apporter la parenté ou le voisinage. Peut-être ces foyers peuvent-ils compter sur une aide occasionnelle, non prise en compte par l'enquête.

Cumuls

En somme, l'aide ménagère touche en priorité les deux extrémités de l'échelle sociale, mais de façon assez différente. L'aide bénévole ou sociale n'est le lot que des personnes seules, âgées, inactives, à revenus faibles. Elle en concerne malgré tout relativement peu et pour une durée

madaire faible. L'aide salariée bénéficie presque exclusivement aux ménages d'industriels et de cadres supérieurs à revenus élevés. Elle se rencontre chez beaucoup d'entre eux et pour une durée hebdomadaire élevée. On peut même dire que pour être aidé, il faut cumuler soit des handicaps, soit des avantages.

Les ménages qui ne sont ni dans l'une ni dans l'autre situation, n'ont que rarement une aide ménagère. Il est même certaines catégories qui n'ont jamais d'aides quel qu'en soit le type : les ménages dont le mari est ouvrier, ou les familles de catégories moyennes avec de jeunes enfants et dont la femme ne travaille pas.

On retrouve le fait bien connu que les activités ménagères sont réalisées essentiellement par les femmes. Ou bien elles ne travaillent pas et prennent à leur compte la majorité des activités ménagères, ou bien elles travaillent et cumulent alors une double activité. Seules les femmes des ménages les plus aisés échappent à cette contrainte.

VIE QUOTIDIENNE 45