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Institut de Formation Centre Hospitalier en Soins Infirmiers Geneviève de Gaulle Anthonioz Saint-Dizier Travail De Fin d’Etudes - Diplôme d’Etat Infirmier 2010 LE PROFESSIONNEL AIDE-SOIGNANT ET SON IDENTITE D’ETUDIANT Promotion 2007-2010 BARREIRA DO CARMO Isabelle

le professionnel aide-soignant et son identit d' tudiant1 Introduction Dans le cadre de ma formation en soins infirmiers et afin de la finaliser, j’ai choisi de réaliser mon travail

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Institut de Formation Centre Hospitalier en Soins Infirmiers Geneviève de Gaulle Anthonioz Saint-Dizier

Travail De Fin d’Etudes - Diplôme d’Etat Infirmier 2010

LE PROFESSIONNEL AIDE-SOIGNANT ET SON IDENTITE D’ETUDIANT

Promotion 2007-2010 BARREIRA DO CARMO Isabelle

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REMERCIEMENTS

Je remercie mon conseiller de mémoire, pour sa disponibilité à mon égard et de m’avoir guidée et conseillée tout au long de l’élaboration de ce travail.

Je remercie ma famille et mes amis pour leurs encouragements, leur patience et leurs conseils.

Merci également aux étudiantes de 2ème et 3ème année, d’avoir accepté et pris le temps de répondre à mes questions lors des entretiens.

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SOMMAIRE INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1 1. Pourquoi me suis-je révoltée ? ............................................................................................ 1

2. La formation professionnelle. ............................................................................................. 3

2.1 La formation professionnelle continue .......................................................................... 3 2.2 La formation en soins infirmiers. .................................................................................. 4

3. La construction de l’identité d’étudiant .............................................................................. 5

3.1. Qu’appelle-t-on identité professionnelle ? .................................................................... 5 3.2. L’étudiant ...................................................................................................................... 6 3.3 Le deuil de l’identité professionnelle ........................................................................... 9

4. La reconstruction identitaire du professionnel .............................................................. 10

4.1 La reconstruction ......................................................................................................... 10

4.2 Les étapes de la reconstruction ................................................................................... 11 5. Objet de recherche ............................................................................................................. 11 6. Hypothèses ........................................................................................................................ 12 7. Méthode de recherche ........................................................................................................ 12

8. Elaboration de l’outil et réalisation des entretiens ............................................................ 12 9. Objectifs des entretiens ..................................................................................................... 13

10. Analyse des entretiens. ...................................................................................................... 13

10.1 Exploitation descriptive.......................................................................................... 13 10.2 Exploitation analytique. ......................................................................................... 15 10.3 Perspectives dégagées ............................................................................................ 18 10.4 Analyse critique de la méthode .............................................................................. 19

CONCLUSION ........................................................................................................................ 20

BIBLIOGRAPHIE ANNEXE I : Guide d’entretien. ANNEXE II : Lettre de demande d’autorisation des entretiens de l’enquête. ANNEXE III : Pré-test du guide d’entretien. ANNEXE IV : Réponses brutes des entretiens. ANNEXE V : Tableau d’exploitation des entretiens.

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Introduction Dans le cadre de ma formation en soins infirmiers et afin de la finaliser, j’ai choisi de réaliser mon travail de fin d’études sur le professionnel aide-soignant et la construction de son identité d’étudiant.

En faisant son entrée dans la formation, l’aide-soignant doit commencer par faire le deuil de son identité professionnelle antérieure et conjointement construire son identité d’étudiant, alors que, selon moi, l’étudiant sans expérience professionnelle est un « jeune en devenir », la formation en soins infirmiers n’est alors qu’une découverte du monde professionnel et il y construit au fur et à mesure sa future identité professionnelle.

Ainsi, pour l’aide-soignant cette nouvelle position ambiguë peut susciter certaines difficultés. Etant moi-même aide-soignante et bénéficiant d’une formation professionnelle, l’origine de ce thème émane de plusieurs situations de soins vécues personnellement qui m’avaient alors déconcertées.

L’expérience professionnelle antérieure peut-elle aider à construire l’identité d’étudiant ? C’est ce que j’ai tenté de mettre en lumière dans ce sujet.

1. Pourquoi me suis-je révoltée ?

Durant ma formation, j’ai réalisé plusieurs stages, au cours desquels j’ai pu observer différentes prises en charge dans l’encadrement des étudiants. J’évoquerai en particulier un stage en chirurgie, qui fut à mon sens le plus représentatif. Il se déroule à la fin de ma première année, lors de mon cinquième stage.

La première situation de soins a eu lieu à mon arrivée dans l’unité, le premier jour à 6h30,

alors que je n’avais eu qu’une brève prise de contact une semaine auparavant par téléphone avec le cadre de santé. L’équipe de jour relevait celle de nuit, les transmissions orales qui suivirent furent brèves, les agents de jour ayant quitté leur poste la veille au soir. Une fois les consignes échangées je m’attendais à une présentation du service ainsi que des personnes présentes, mais il n’en fut rien. On me demanda d’aller mesurer la pression artérielle et les pulsations des trente patients hospitalisés dans l’unité. Les jours suivants, j’ai pu comprendre le fonctionnement du service en observant et en me posant de nombreuses questions mais cette 1ère journée fut très pénible, je me sentais livrée à moi-même ressentant un grand sentiment de solitude. Je me suis alors demandé : Pourquoi ne me traitait-on pas en tant qu’étudiante ? Pourquoi étais-je mise directement en poste de soins ? Pourquoi mon arrivée avait elle été programmée à cette heure non propice à l’accueil d’un étudiant ? Dans mon vécu professionnel, l’accueil d’un étudiant était organisé en plusieurs étapes (L’arrivée était planifiée à 8h30 avec une présentation, par le cadre infirmier, des locaux, du personnel et enfin celle des patients lors des transmissions quotidiennes de 9h00, suivait un encadrement au cours des différents soins, par l’équipe soignante, afin d’évaluer les compétences de l’étudiant).

J’ai donc été surprise, j’ai ressenti de l’interrogation mais aussi de l’appréhension, concernant les patients et ma capacité à analyser les situations de soins, à conduire des actions efficaces car j’étais gênée par la méconnaissance des locaux, de l’organisation du service, ainsi que de la population accueillie. Mon questionnement à ce moment m’a renvoyée à la professionnelle que j’étais qui devait-être rapide et efficace, mais qu’en était-il de l’étudiante infirmière de 1ere année le premier jour d’un stage ? Une autre situation se déroule auprès d’un patient dans sa chambre. J’effectuais un prélèvement sanguin encadrée par une infirmière : je commence à introduire mon aiguille dans la veine mais malheureusement je l’enfonce un peu trop loin, je m’en rends compte immédiatement, je veux reculer l’aiguille mais l’infirmière s’écrie devant le patient : "Attention ! Tu enfonces trop

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l’aiguille !...". Malgré la surprise de ce haussement de ton et la gêne que j’éprouve envers le patient, je ne me déconcentre pas, continue mon acte et finis le prélèvement.

En sortant de la chambre je ressentais une certaine humiliation vis-à-vis du patient, j’éprouvais un sentiment d’incompétence pour mon erreur mais surtout un sentiment de colère envers la réaction de l’infirmière devant le patient. Etant donné ma surprise, j’aurai pu faire un mauvais mouvement et blesser le patient ou ne pas réussir le prélèvement. J’avais déjà eu l’opportunité d’effectuer quelques prélèvements sanguins au cours de la formation mais pas assez pour être à l’aise avec ce soin surtout que je ne l’avais pas pratiqué au cours de mes deux précédents stages ce qui représentait une période de six mois. Ayant informé l’infirmière du niveau de mes compétences, je n’ai pas compris son attitude, alors, que j’étais encore novice, ce référent avait-il bien pris en compte mon niveau de formation ? Dans la dernière situation : je devais, avec l’aide d’une aide-soignante, effectuer un soin d’hygiène sur un patient qui était en fin de vie et souillé. Il est 15 heures et cette aide-soignante a déjà fait trente minutes supplémentaires sur son temps de travail.

Je lui propose de partir, le soin allant durer un certain temps, et lui demande de bien vouloir prévenir quelqu’un pour venir m’aider. Elle s’en va et je décide de commencer seule, le temps passe, une infirmière ouvre la porte, je pense qu’elle vient m’aider mais elle referme la porte sans dire un mot. Tout d’abord surprise puis contrariée qu’elle ne rentre pas alors qu’elle avait vu la situation, je sors chercher de l’aide afin d’assurer ce soin qui ne pouvait attendre. Je finis par trouver une aide-soignante qui me dit qu’elle arrive, alors que cela fait déjà plus de 15 minutes que j’attends.

Je me suis sentie frustrée, seule dans cette chambre face à ce patient qui avait besoin de soin. Impuissante de par mon statut d’étudiant qui ne me permettait pas d’exprimer mes sentiments d’incompréhension sans froisser quelqu’un. Pourquoi cette infirmière a refermé la porte après m’avoir vue ? A-t-elle pensé : « c’est une aide-soignante, elle va se débrouiller ». Aurais-je commencé le soin ou proposé à l’aide-soignante de partir si je n’avais pas été aide-soignante avant et ainsi jouer la carte de la solidarité des équipes soignantes? J’ai privilégiée l’esprit d’équipe en proposant à une « collègue » de partir, j’aurais du me positionner comme étudiante infirmière et ne pas commencer le soin sans être sûre d’être accompagnée.

Je ne me suis pas laissée déstabiliser par mes émotions et j’ai pu finir mon stage en mettant à profit tout ce que je pouvais apprendre pour évoluer professionnellement. Ces différentes situations ont suscité une remise en question personnelle et m’ont amenée au questionnement suivant :

- Les sentiments que j’ai pu ressentir sont-ils liés à mon expérience professionnelle antérieure d’aide soignante ?

- Comment un professionnel peut se replacer dans un statut d’étudiant ? - Est-ce que le processus de deuil sur la perte d’identité professionnelle est un obstacle au

positionnement d’étudiant surtout la première année de formation ?

Pour répondre à ces interrogations, plusieurs étapes s’articulent. Tout d’abord il sera nécessaire de prendre connaissance du contexte, c'est-à-dire un professionnel, bénéficiant d’une promotion professionnelle et entrant dans une formation professionnelle et ainsi comprendre le processus de sa construction identitaire.

Ce qui m’a amenée à la question de départ suivante :

Comment un professionnel en formation construit-il son identité d’étudiant ?

En effectuant des recherches bibliographiques et en me basant sur mon expérience professionnelle, j’ai pu élargir mes connaissances afin de mieux comprendre la construction de l’identité de l’étudiant. Pour étayer ce concept, je vais développer les thèmes suivants :

• La formation professionnelle. • La construction de l’identité d’étudiant. • La reconstruction identitaire du professionnel.

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2. La formation professionnelle.

2.1 La formation professionnelle continue

D’après le décret N° 90-139 du 05 avril 1990, modifié par le décret n° 2001-164 du 20 février 2001 et relatif à la formation continue dans la fonction publique hospitalière1 : « la formation continue y est définie comme toute action concernant des agents, qui, avant de s’engager dans un processus de formation, occupent un emploi dans leur établissement »2. Il ne stipule également, que la durée de l’engagement de servir la fonction publique pour l’agent : « est égale au triple de celle des formations en la plafonnant toute fois à 5 ans »3. J’ai donc signé un « Contrat de formation professionnelle et d’engagement de servir » avec mon employeur, en m’engageant à servir la fonction publique pour une durée de 5 années dés l’obtention de mon diplôme d’état. La « loi n° 90.579 du 04 juillet 1990 relative au crédit formation, à la qualité, au contrôle de la formation professionnelle continue… » impose à l’établissement employeur «…de consacrer un minimum de 2,1 % des rémunérations des agents de la formation hospitalière au financement des actions relevant de leur plan de formation… ». Les établissements ont la possibilité de verser les sommes obtenues à un «…organisme paritaire agrée par l’état… »4. Ainsi, le financement concerne 3 types de dépenses : Le coût pédagogique qui couvre essentiellement les frais d’inscription, la rémunération du stagiaire, ses déplacements et son hébergement.

D’après cette définition la promotion professionnelle est la « Modification de la qualification

professionnelle du salarié, correspondant à une montée dans la hiérarchie. La promotion professionnelle constitue une modification du contrat de travail, qui nécessite l'accord du salarié »5.

Le taux concernant les étudiants en reconversion professionnelle entrant en IFSI est variable : en France, le taux d’étudiants, en 2003, bénéficiant de promotion professionnelle variaient de 2 à 40 % selon les instituts6. Pour la région Champagne-Ardenne en 2005, 11,45 % des étudiants inscrits occupaient un emploi dans le secteur hospitalier, et 14,83 % un emploi dans un autre secteur l’année précédant leur entrée dans la formation7. En ce qui concerne l’IFSI de Saint-Dizier, le taux d’aide-soignant inscrit en 2008 était de 15 %8.

J’ai donc bénéficié d’une promotion professionnelle par le biais d’une formation professionnelle, financée par l’ANFH (Association Nationale pour la Formation permanente du personnel Hospitalier), avec l’obligation de servir la fonction publique hospitalière pendant 5 années. Cette promotion me permettant d’évoluer professionnellement en acquérant des responsabilités supérieures et ainsi débuter ma reconversion professionnelle.

La reconversion professionnelle étant « une démarche à l'initiative d'un salarié qui souhaite

changer de métier au cours de sa carrière. Cette démarche est longue et nécessite une longue étape de réflexion sur ses motivations réelles et sur les financements disponibles pour sa reconversion professionnelle »9.Je me doutais de l’impact de cette formation sur mon identité professionnelle sans être totalement consciente de son étendue. Cette décision fut bien sur, mûrement réfléchie, mes motivations étaient alors solides et la décision de me reconvertir professionnellement s’avérait pour moi incontournable, je voulais accéder à des compétences supérieures, j’avais fait le choix de devenir infirmière.

� 1 http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006075692 � 2 www.syndicat.infirmier.com/formation professionnelle continue. � 3 ibid. � 4 www.syndicat.infirmier. Op.cit � 5 www.guide.du.travail.com/lexique/promotion professionnelle html. � 6 Annie Goudeaux, Nicole Lorau, Corinne Sliwka, Formateur et formation professionnelle, Ed Lamarre, Reuil-

Malmaison, octobre 2003, p 87. � 7 DOC STAT Champagne-Ardenne n°17 ; novembre 2006 ; p61 ; Marie-France Nicaise ; DDRASS Champagne-

Ardenne. � 8 Source de l’IFSI de Saint-Dizier. � 9 www.comundi.fr/reconvertion professionnelle.html.

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2.2 La formation en soins infirmiers.

Sa durée est de 38 mois, « la finalité de la formation est de permettre à l’infirmier d’assumer chacun de ses rôles en tenant compte des aspects éthiques et juridiques de sa profession »10, ses principaux rôles étant le rôle prescrit et le rôle propre.

Cette formation « repose sur le principe de l’alternance et implique donc une responsabilité partagée entre les 3 acteurs : le terrain de stage, le centre de formation et l’étudiant »11.

Il est nécessaire aussi de définir l’apprentissage pour saisir toute la dimension de l’enseignement par alternance. D’après un dictionnaire de pédagogie, l’apprentissage désigne : « la période pendant laquelle quelqu’un apprend un savoir faire nouveau et le processus par lequel ce savoir nouveau s’acquiert"12 Il stipule également que l’apprentissage reste associé à un métier mais concerne aussi l’expérience d’une façon générale, nous pouvons donc déduire qu’il est l’acquisition de savoir faire et de savoir être afin d’obtenir les compétences et les attitudes nécessaires du futur métier qui en découle.

Ainsi, il y a d’un côté l’enseignement théorique : L’enseignement est une « action, l’art de transmettre des connaissances à quelqu’un »13.

Selon l’arrêté du 28 septembre 2001, concernant le programme des études conduisant au diplôme d’état infirmier, l’enseignement théorique des IFSI a pour objectif l’acquisition des connaissances indispensables «… pour dispenser les soins relevant du rôle propre de l’infirmier et ceux réalisés sur prescription médicale…acquérir les compétences nécessaires pour remplir efficacement le rôle de formation, d’encadrement, d’organisation et de gestion…»14 ainsi, il est organisé en module avec des épreuves écrites.

Et de l’autre côté, il y a la place du stage : « Le stage se définit comme un moyen de formation assurant une mise en situation sociale et

professionnelle : il doit conduire le stagiaire vers l’autonomie professionnelle en favorisant l’intégration des savoirs nécessaires à l’exercice de sa fonction »15. En effet, un stage en milieu professionnel permet d’être en contact direct avec la réalité du métier d’infirmier et d’acquérir les compétences professionnelles essentielles par l’échange avec les équipes soignantes. Il permet d’appréhender la dimension professionnelle du métier d’infirmier et de donner du sens à la théorie enseignée par l’institut. Les aptitudes en stage sont évaluées par les équipes soignantes ainsi que les connaissances cliniques au travers des mises en situations professionnelles. Le stage occupe donc une place essentielle dans la formation des infirmiers. Il est à la fois un lieu d’apprentissage, d’intégration des connaissances, d’acquisition des compétences et de professionnalisation.

L’étudiant bénéficie d’un encadrement par les formateurs à l’institut mais aussi lors des stages

par les infirmiers. L’encadrement consiste « à soutenir, à guider et à accompagner les élèves, non seulement dans leur cheminement scolaire, mais aussi dans leur développement personnel et social »16. C’est une action pédagogique qui vise à diriger et conduire le stagiaire en assurant

� 10 www.cadre de santé com./spip//spip.php?article326. Corinne Moal Zouggar, cadre supérieur de

santé et ancien cadre IFSI, Infirmière multiple ou multipolaire : quelle conception par l’étudiant en soins infirmiers ?, 5 Janvier 2007, Article écrit dans le cadre d’un Master 2 de science et de l’éducation

� 11 Formateur et formation professionnelle, op.cit., p 93. � 12 Monique FORMARIER et Ljiljana JOVIC, Les Concepts en Sciences Infirmières, ARSI, Ed Mallet

Conseil, 2ème trimestre 2009, Concept de l’Apprentissage, p 72 et 73. � 13 www.dictionnaire.sensagent.com/enseignement/fr � 14 Profession Infirmier ; Recueil des principaux textes relatif à la formation préparant au diplôme

d’Etat et à l’exercice de la profession ; Ref. 531 001 ; mis à jour au 30/08/2007 ; groupe Berger-Levrault ; p37. Annexe à l’arrêté du 23.03.1992-modifiée par l’Annexe à l’Arrêté du 28.09.2001- Présentation du programme des études-IV. Caractéristiques de la formation.

� 15 Guide du stagiaire 2009-2010 ; Fédération nationale des étudiants en soins IDE (FNESI) ; Macéo édition – p 8.

� 16 http://dic.ntic.org/cgi-bin/aff.pl?page=article,id=2018.

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l’apprentissage de sa future fonction. Les soignants ayant un rôle de tutorat, ce sont des guides, des accompagnants, garant d’une pratique et d’un savoir à transmettre. Le tutorat étant « un dispositif favorisant l’accueil et l’intégration des stagiaires…dans une entreprise ou une organisation, dans une perspective d’insertion sociale, professionnelle ou de qualification…transfert de compétences »17.

Ainsi, la formation en soins infirmiers repose sur la théorie dispensée à l’institut et la pratique réalisée lors des stages. L’évaluation des connaissances et des aptitudes est effectué au moyen d’un contrôle continu des stages, des connaissances théoriques et cliniques.18 L’étudiant pourra, à l’issue de la formation acquérir les compétences nécessaires pour remplir efficacement son rôle de formation, d’encadrement, d’organisation, de gestion comme on la vu précédemment et aussi de « répondre aux besoins de santé d’un individu ou d’un groupe dans le domaine préventif, curatif, de réadaptation et de réhabilitation »19

3. La construction de l’identité d’étudiant

Pour comprendre la construction de cette identité, j’ai voulu développer plusieurs concepts.

3.1. Qu’appelle-t-on identité professionnelle ?

En effectuant mes recherches sur l’identité professionnelle, je me suis rendue compte qu’il était nécessaire de comprendre le sens du mot « identité », dans toute sa dimension, c’est à dire l’identité individuelle qui fait de nous ce que nous sommes. Winnicott20 affirmait que « les yeux de la mère sont le miroir du visage de l’enfant »21, l’enfant apprend donc à se reconnaître comme personne, à travers les comportements, les réactions et les expressions des adultes. Ainsi, l’identité lie étroitement la relation à soi et la relation à l’autre mais évolue aussi tout au long de l’existence de l’individu, grâce ou à cause des événements de la vie.

D’après Alex Mucchielli22 « l’identité est un ensemble de critères, de définitions d’un sujet et

un sentiment interne. Ce sentiment d’identité est composé de différents sentiments : sentiment d’unité, de cohérence, d’appartenance, de valeur, d’autonomie et de confiance organisés autour d’une volonté d’existence »23 , selon lui il existe également :

• « L’identité individuelle (le sentiment d’être unique) ». • « L’identité groupale ou collective (le sentiment d’appartenir à un groupe) ». • « L’identité culturelle (le sentiment d’avoir une culture d’appartenance ». • Et selon Eric Erickson24, « l’identité est un processus social qui prend et trouve sa source

dans le regard de l’autre et l’interprétation que nous en faisons. C’est un processus actif de représentation dû à un travail collectif » 25

Je peux donc déduire, que chaque individu à sa propre identité personnelle et individuelle avec

ce sentiment d’être unique, qui se construit à travers les expériences vécues, mais également une ou plusieurs identités groupales auquel l’identité professionnelle peut être aussi identifiée comme une

� 17 www.pratiques-de-la-formation.fr/Le-tutorat.html � 18 Profession Infirmier, Recueil des principaux textes, op.cit. p 68 – Arrété du 06.09.2001 modifié-titre

1er : de l’évaluation des connaissances et des aptitudes : Art 1er � 19 ibid. p 36 -Arrêté du 28.09.2001- Présentation du programme des études- II. Finalité de la

formation � 20 Winnicott : Pédiatre et psychanalyste britannique. 1896 /1971 � 21 http://www.passerelles-eje.info/glossaire/definition_23_identite.html � 22 Professeur en science de l’information et de la communication à l’université de Montpellier. � 23 www.passerelle; op.cit � 24 Psychanalyste américain qui s’intéressa vivement aux mécanismes de la construction identitaire.

1902/1994. � 25 www.dicopsy.com/identité.htm

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appartenance à un groupe. Ainsi, l’identité d’aide-soignante que je possédais avant de commencer la formation d’infirmière était fondée sur mon appartenance à un groupe c’est à dire à une équipe de travail dans une « entreprise » et elle a effectivement évoluée tout au long de ces douze années où j’étais aide-soignante. Je suis passée d’une personne avec une identité individuelle mais dépourvue d’une identité professionnelle, à une personne ayant acquis cette identité grâce à mes diverses expériences qui renforcent cette idée d’existence d’Alex Mucchielli. Durant ces années j’appartenais donc à une unité, un groupe, j’étais reconnue et considérée « par les autres » et cette position me procurait un sentiment de confiance et d’autonomie dans mon travail, ce groupe étant composé d’individus partageant les mêmes valeurs et la même appartenance que moi, nous avions la même identité professionnelle. L’autonomie, qui résultait de cette identité professionnelle et qui est définie comme une « liberté de comportement d’un individu avec la faculté d’agir avec indépendance »26, me procurait, il est vrai, une certaine liberté, tout en restant dans les limites de mon rôle propre d’aide-soignante.

D’après les recherches de Danielle Potocki Malicet27 « l’identité professionnelle est ce qui

définit une personne ou un groupe de personnes sur le plan professionnel, c’est la définition de son métier principal et l’ensemble des éléments stables et permanents traversant les différentes fonctions remplies par cette personne ou ce groupe » 28. Ainsi le métier que l’individu possède avec la notion de « socialisation » qui l’accompagne, constitue son identité professionnelle, ce qui caractérise son appartenance à un groupe. Cette identité se construit également autour des habitudes de travail prises au sein du groupe, qui représente donc « les éléments stables et permanents ». Les habitudes étant définies comme des : « Attitudes ou capacités prévisibles issues de multiples confrontations à une même situation.»29. Les habitudes représentées par la répétition de nos actions avec les mêmes personnes dans un même contexte professionnel procurent donc un sentiment d’assurance et de sécurité grâce aux différentes aptitudes qu’elles développent.

En conclusion, l’identité professionnelle représente pour l’individu son appartenance à un groupe, son insertion sociale et évolue avec son identité individuelle. Cette autonomie et cette confiance qu’elle procure, entretiennent cette volonté d’existence propre à chacun et assure notre équilibre psychologique.

3.2. L’étudiant

Une fois développé ce concept de l’identité professionnelle, il faut comprendre ce qu’est un étudiant et quels sont ses différents niveaux au fur et à mesure de la formation en soins infirmiers. Le mot « étudiant » est dérivé du latin Studere qui signifie « s'appliquer à apprendre quelque chose ». Selon cette définition c’est une « Personne qui fait des études supérieures dans une université ou un établissement d'enseignement supérieur, une grande école »30.

D’après les recherches de Corinne Moal Zouggar, les étudiants évoluent individuellement et

différemment au cours de la formation en soins infirmiers, ils ont effectivement leur identité personnelle comme je l’ai développé mais vont aussi développer une nouvelle identité, celle d’étudiant.31 L’identité de l’étudiant se construit comme toute identité : à travers autrui, en l’occurrence, autrui, pour un étudiant est représenté par les formateurs et les professionnels en stage, qui constituent « les deux groupes de référence » participant à la professionnalisation des étudiants32 , auxquels je rajouterai un autre groupe de référence, à savoir les autres étudiants, c'est-à-dire les pairs

� 26 http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/autonomie/ � 27 Professeur des universités à Reims et directrice du laboratoire d’étude et de recherche sur les

professionnalisations. � 28 www-univreims.fr/Identité professionnelle. � 29 http://www.dicopsy.com/habitude.htm � 30 www.larousse.fr/dictionnaires/francais/étudiant � 31 Corinne Moal Zouggar, op-cit. � 32 Formateur et formation professionnelle, op.cit., p 260.

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de l’étudiant. Ainsi, et comme on l’a vu précédemment, l’identité se construit et se transforme à travers de multiples interactions du sujet avec son environnement.

� La première année de formation :

C’est une année de découverte, « c’est une phase d’immersion »33. Contrairement aux

étudiants n’ayant pas l’expérience du milieu hospitalier et ne connaissant pas la profession d’infirmier, pour les étudiants issus de la promotion professionnelle les stages ne sont pas une découverte, leurs appréhensions ne concernent pas leurs capacités à s’adapter mais leurs aptitudes à trouver leur position d’étudiant. Les professionnels découvrent aussi toute la dimension du métier d’infirmier et « découvrent également des modèles identitaires différents de leur champ de référence »34. Ces modèles identitaires sont, pour la plupart, les raisons de leur volonté d’évoluer professionnellement. Ils vont élargir ce champ de référence par les cours théoriques mais surtout par les stages, ainsi le professionnel détecte toute l’étendue des différents domaines d’action d’un infirmier jusqu’alors partiellement inconnu.

L’étudiant en promotion professionnelle a des aspirations différentes de celui n’ayant aucune expérience professionnelle dans le domaine paramédical. Il veut acquérir des connaissances supplémentaires, accéder à d’autres compétences, atteindre de la reconnaissance professionnelle et sociale, ainsi il « vise l’accès à un emploi plus qualifié »35. Contrairement aux autres étudiants dont « les aspirations de départ sont en accord avec des valeurs d’altruisme » (aider les autres, être utile…). Ces différentes aspirations, pour chaque étudiant, issu de la promotion professionnelle ou non, sont l’objet de leur motivation personnelle et donnent « un but à leur engagement dans la profession »36. Ils sont animés par l’envie d’apprendre de nouveaux savoirs être et de savoir-faire.

En ce qui concerne le professionnel, la présence de doute concerne le niveau de ses capacités à

apprendre la théorie enseignée à l’institut. Pour acquérir ces connaissances théoriques, il est enclin à un investissement important, en effet, bien souvent il a une vie de famille et plusieurs années se sont écoulées depuis l’arrêt de ses études, il doit donc construire une nouvelle organisation personnelle pour s’investir dans l’apprentissage afin de réussir les différentes épreuves imposées. Pour certains la formation représente un challenge, ils veulent démontrer leurs compétences, réaliser des performances, prouver à leurs proches et à eux mêmes, qu’ils peuvent réussir ! Pour l’aide-soignant, lors des stages, ses compétences sont difficiles, à cacher aux soignants, même si il fait le choix de ne pas les informer d’emblée de son ancien métier. En fournissant, évidemment, un travail personnel accru, le niveau attendu est facilement accessible pour le professionnel, il a déjà une logique de travail et des connaissances, il est plus facile pour lui de s’intégrer aux équipes de travail, il sait ce que les professionnels attendent des étudiants : curiosité, discrétion, efficacité, sens relationnel, technicité, connaissances… La première année permet donc la construction des buts et des projets de l’étudiant, l’expérience et le contact avec la réalité de ces douze premiers mois contribue au processus de leur construction identitaire.

• La deuxième année de formation :

Pour les étudiants, elle « est le résultat d’un an d’expériences et de savoirs qui remettent en question leur représentation, leur croyance et les orientent vers une nouvelle conception de soi et du monde », c’est « l’installation de la dualité entre le modèle idéal et le modèle réel »37.

� 33 Formateurs et formation professionnelle, op.cit., p 253. � 34 ibid., p 253. � 35 ibid., p 265. � 36 ibid., p 265. � 37 Formateurs et formation professionnelle, op.cit p 253.

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L’étudiant peut alors identifier les différents modèles infirmiers et ainsi choisir l’orientation de son futur profil infirmier. L’opportunité de côtoyer de nombreux professionnels lui ouvre de nouveaux horizons : le modèle idéal qu’il se faisait de la profession rivalise avec le modèle réel qu’il rencontre auprès des infirmiers sur les terrains de stage. L’étudiant confronte son idéal à la réalité rencontré en stage mais également au « modèle théorique» véhiculé par l’institut de formation. Le savoir que les IFSI transmettent étant basé sur « les valeurs de respect, tolérance et solidarité prônées à travers les textes professionnels et les projets pédagogiques »38 . Les instituts enseignent donc un « modèle idéal » du métier d’infirmier, d’ailleurs les étudiants présentent cet enseignement comme « un moyen d’éviter la dérive vers de mauvaises pratiques »39, mais il n’est pas forcement en adéquation avec le « modèle réel » de l’infirmier. En effet, les enseignants s’efforcent de transmettre l’essentiel d’un exercice correct du métier d’infirmier aux étudiants dans le but de leur offrir un système de valeurs qui leur servira alors de référence. Selon les auteurs de « formateurs et formations professionnelle » le « modèle réel » étant généralement un « groupe professionnel insatisfait, en épuisement et qui souffre de non reconnaissance »40. Alors, l’étudiant en deuxième année peut avoir des difficultés à construire son identité, la transformation de sa motivation par la remise en question de ses conceptions initiales, peut alors conduire à un sentiment d’échec et affaiblir l’image de soi, ainsi il va se mettre en quête de trouver sa propre identité sans adhérer aux modèles présentés.

Concernant l’étudiant en promotion professionnelle, il a déjà conscience des possibilités d’écart entre ce que l’école enseigne et la réalité du terrain. Son expérience professionnelle est donc un atout majeur dans cette étape de la construction identitaire. L’effet de surprise avec la réalité est moindre sur les lieux de stage, la motivation qui l’anime a alors toute sa place, elle se transforme. Au désir de réussir son projet d’évolution professionnelle, se rajoute la volonté de devenir un infirmier dont l’identité se rapprocherait du «modèle idéal» enseigné, ainsi, il s’investit dans l’apprentissage pour en obtenir tous les avantages. En deuxième année le niveau attendu est supérieur, le professionnel a acquis d’autres compétences et découvert « la face cachée » du métier qu’il convoite et qu’il a observé durant ses années d’exercice comme aide-soignant, ainsi les doutes sur ses capacités s’amplifient, il se rend compte de l’importance de cette formation dans la perspective de devenir un infirmier compétent, mais il réalise aussi, surtout lors des stages, qu’il lui faut plus d’efforts pour atteindre les compétences attendues.

• La troisième année de formation :

C’est l’année « de la conversion ultime ou de l’intériorisation stable »41, elle conclut le processus de la construction identitaire et renforce le modèle identitaire de l’étudiant, ce modèle s’étant déjà transformé au cours de la deuxième année, ainsi, en troisième année l’étudiant consolide l’image qu’il s’est faite de l’infirmier tout en ayant conscience que cette image peut évoluer tout au long de sa future carrière. D’ailleurs, d’après Claude Dubar42, l’intériorisation stable est définie comme « l’acquisition des réflexes professionnels, l’incorporation du rôle permettant le refoulement stabilisé du mot « profane », l’installation dans une nouvelle vision professionnelle du monde, renforcée par les contacts réguliers des professionnels »43. La majorité des étudiants ont acquis le savoir nécessaire, il n’existe plus cette différence de la première année, il y aura, certes, toujours l’expérience pour les professionnels, mais tous les étudiants peuvent espérer exercer le métier d’infirmier.

� 38 ibid., p 90. � 39 ibid., p 262. � 40 ibid., p 262. � 41 Formateurs et formation professionnelle, op.cit , p 254. � 42 Sociologue français � 43 http://www.melchior.fr/La-socialisation-professionnel.2989.0.html, (site des sciences économiques

et sociales) ; La socialisation professionnelle : l’analyse de Hughes, extraits de l’ouvrage : La socialisation, Ed Armand Collin, Paris, 2000, p.139-142 ;

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Je peux donc constater les différents niveaux de ces 3 années, il est évident que chaque année

d’étude est unique, que ce soit dans l’acquisition des connaissances que dans le cheminement de la construction identitaire. Au cours de sa formation, l’étudiant développe des compétences différentes, son identité se construit et évolue en fonction des différents niveaux atteints chaque année, les connaissances théoriques et techniques augmentant chaque année, son identité s’affirme petit à petit, et ainsi, l’étudiant construit sa future identité professionnelle. J’ai pris conscience de l’importance de l’identité individuelle et professionnelle, puis en quoi consistent les différents niveaux d’acquisition de l’étudiant en soins infirmiers. Alors, comment le professionnel fait-il le travail de deuil de son identité professionnelle ?

3.3 Le deuil de l’identité professionnelle

La perte d’un emploi, un déménagement, un accident peuvent être la cause d’une perte d’identité professionnelle, en ce qui me concerne, cette perte a été occasionnée par la réussite au concours d’infirmière et le financement d’une formation professionnelle. J’étais alors consciente de la chance de pouvoir évoluer professionnellement mais que ces 38 mois de formation seraient un parcours à la fois, enrichissant personnellement, intellectuellement, techniquement et relationellement mais aussi avec beaucoup de concessions et de travail sur moi. La construction identitaire d’étudiant, pour un professionnel, doit donc débuter par le travail de deuil sur son identité professionnelle antérieure, c’est pourquoi j’ai développé le concept du deuil pour comprendre en quoi consiste ce travail.

La notion de deuil et le travail de deuil a été forgé par Sigmund Freud44, il a décrit le processus psychique qui se met en place chez un individu, à la suite de la perte d’un objet, c'est-à-dire une perte significative : un objet personnel, une personne, un attachement, un but, un objectif, un idéal… « Le deuil est donc l’ensemble des réactions affectives, psychologiques et comportementales faisant suite à toutes formes de pertes »45. Faire son deuil c’est accepter la perte : le professionnel en formation doit alors identifier et accepter la perte de son identité professionnelle qui représentait, pour lui, sa socialisation. Le deuil d’un aide-soignant en formation professionnelle concerne donc l’attachement à son métier, à ses compétences d’aide-soignant, à la reconnaissance et à la considération de ses collègues et supérieurs.

Le deuil est un travail qui se fait en plusieurs étapes, il permet de s’attacher à un nouveau projet, un espoir. Le Dr Elizabeth Kübler-Ross46 en décrit cinq 47: • Le déni : elle décrit cette étape comme « le refus d’admettre la situation vécue comme trop

douloureuse ». Personnellement cette étape n’a duré que très peu de temps, juste pendant mon premier stage, j’étais en maison de retraite et j’ai effectivement pensé : « ce n’est pas possible, je suis perçue comme une personne sans compétence… », je refusais surement d’être considérée comme une débutante, mais j’étais décidée et motivée à faire cette formation, ainsi, le déni de la fin de mon ancienne fonction a disparu dés la première journée de stage.

• La colère, la révolte : elle la définit comme « une phase de rage et d’agressivité qui entraîne des manifestations de revendication et d’agressivité », la colère étant d’après cette définition un « État affectif violent et passager, résultant du sentiment d'une agression, d'un désagrément, traduisant un vif mécontentement…»48. En faisant cette formation, les professionnels renoncent à une identité professionnelle acquise depuis de nombreuses années, avec la reconnaissance de leur qualification et de leurs compétences, par leurs collègues de travail et leurs supérieurs. Ce sentiment est donc

� 44 Neurologue et Psychanalyste autrichien,1856/1939. � 45 Nathalie Falcon, Marcus Enyouma, Pascal Soubeyrand, Nouveaux cahiers de l’infirmière, Sciences

Humaines, Ed Masson, Paris, Janvier 2002, p.127. � 46 Psychiatre et psychologue américaine. 1926/2004. � 47 Nouveaux cahiers de l’infirmière, Sciences Humaines. Op.cit., P 124. � 48 www.larousse.fr/dictionnaires/francais/colère

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dirigé contre la perte d’identité professionnelle et de son appartenance à un groupe social, c’est l’expression de révolte face au deuil de la fonction d’aide-soignant. Ainsi, à chaque stage, et surtout en 1ère année, la perte de cette identité professionnelle et la difficulté de se reconstruire une identité d’étudiante ont suscité des ambiguïtés entre ma fonction d’aide-soignante et celle d’étudiante infirmière. Je ne faisais plus partie d’une équipe, personne ne connaissait ou ne reconnaissait mes compétences professionnelles ou ma personnalité, et ne pouvant pas l’exprimer ouvertement c’était d’autant plus pénible.

• Le marchandage : défini comme « tentative de reprendre espoir… » c’est donc une étape de négociation et de chantage, où l’on ressent assez de maîtrise pour se faire des promesses, reprendre espoir, c’est en sorte la reprise d’une sorte de dynamique. L’aide-soignant en formation professionnelle renonce à son ancienne qualification où il était reconnu pour ses compétences avec un rôle propre par délégation. Le marchandage se fait alors, en voulant avoir des responsabilités différentes, acquérir de nouvelles compétences, obtenir la reconnaissance de sa qualité d’étudiant et aspirer à une qualification supérieure en espérant obtenir le diplôme d’état.

• La dépression : le Dr Kübler-Ross la définit comme un cheminement où se fait l’acceptation profonde. j’ai ressenti des sentiments de tristesse et de doute face à mon « nouveau rôle », celui d’une étudiante qui était loin d’être parfaite et avec encore beaucoup de connaissances à acquérir, et non plus une ancienne aide-soignante autonome et compétente dans ses fonctions. le chagrin que j’ai éprouvé a surement contribué à accepter cette nouvelle identité d’étudiant même si ces moments sont parfois difficiles à vivre.

• La paix, l’acceptation : le Dr Kübler-Ross souligne « qu’ ‘elle est possible lorsque toute les émotions ont pu être exprimées ». Après être passé par toutes ces étapes et ressenti tous les sentiments qui en découlent, l’acceptation de la position d’étudiant survient avec une sorte de sérénité. Le deuil de mon identité professionnelle était fait, je n’étais plus une aide-soignante mais une étudiante en soins infirmiers.

Le travail de deuil est donc un processus normal pour le professionnel en formation, il doit passer par ces étapes afin de faire le deuil de son identité professionnelle et permettre la construction de son identité d’étudiant. Le Dr Kübler-Ross précise également « qu’il existe des différences individuelles dans les manifestations particulière du deuil qui vont dépendre de la personnalité…il n’y a pas d’ordre, les différentes étapes peuvent être vécues quasiment en même temps ou se succéder l’une et l’autre en quelques secondes, ou encore faire des mouvements aller/retour… ». Ainsi, chaque aide-soignant réagira différemment dans sa construction identitaire, que ce soit dans la forme ou dans la durée.

4. La reconstruction identitaire du professionnel

4.1 La reconstruction

D’après cette définition, la reconstruction est un « Processus dynamique dans la phase de stockage de l'information qui permet aux souvenirs anciens d'être réactivés par leur utilisation au cours d'acquisitions nouvelles ».49

Ainsi, le professionnel en formation professionnelle doit se reconstruire à travers son implication dans l’apprentissage, il doit acquérir des nouvelles connaissances théoriques et techniques, lesquelles viendront s’ajouter à ses compétences professionnelles antérieures. En mettant en lien ses nouveaux savoirs être et savoirs faire avec ses aptitudes déjà existantes, le professionnel peut entreprendre sa reconstruction et atteindre l’identité d’étudiant qu’il convoite.

� 49 www.med.univ.rennes1.fr/sisrai/.../dico/R.867.html; Tiré de : Terminologie de neuropsychologie et

de neurologie du comportement. Recherche et réd. Louise Bérubé., c1991, 176 p. Reproduit avec la permission de Les Éditions de la Chenelière Inc.

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4.2 Les étapes de la reconstruction

D’après Claude Dubar, sociologue français, « l’identification sociale des individus en formation relève bien d’une logique de la « frustration relative ». ».50 En effet, l’étudiant observe et se compare aux professionnels qui l’entourent, ceux-ci étant représentés par les infirmiers et qui sont « dotés d’un statut social plus élevé ». Il s’identifie ainsi à « un groupe de référence », mais ne faisant pas partie de ce groupe social, l’étudiant peut alors ressentir des sentiments de frustration.

J’ai ressenti cette frustration avant d’entrer en formation et elle a sûrement été la raison pour

laquelle j’ai voulu tenter de me présenter au concours d’entrée en IFSI. En côtoyant mes collègues infirmières, je devinais que je pouvais détenir les mêmes compétences. Mon rôle propre d’aide-soignante ne me suffisait plus, j’avais envie d’évoluer intellectuellement et techniquement et atteindre ce groupe de référence. J’anticipais ainsi l’accès à ce groupe et commençais ma reconversion professionnelle.

En entrant dans la formation, le processus du travail de deuil de l’identité se met donc en place : • Le « déni » ayant été pour moi une étape de quelques heures lors de mon 1er stage. • l’étape de « la colère » fut personnellement, la plus longue et a été surtout présente lors de mes

premiers stages en première année. Je n’avais plus cette reconnaissance professionnelle, ni « mon groupe d’appartenance ». Cette colère était bien sûr fortement intériorisée et canalisée par ma détermination à réussir mais je devais m’intégrer à chaque fois dans un groupe professionnel dont je ne faisais pas partie et dont je ne connaissais pas l’organisation. Je voulais aussi éviter les oppositions et choisir la conciliation afin de préserver mon intégration, tout en m’imposant un effort d’adaptation malgré les sentiments de colère que je pouvais ressentir. Ces efforts d’intégration mobilisaient beaucoup de temps et d’énergie, ils imposaient une discipline de soi qui devait être réactivée tout au long du stage mais aussi à chaque nouveau stage en raison de la diversité des groupes professionnels.

• L’étape de la dépression, suivie de celle du marchandage se succèdent en milieu de deuxième année mais j’ai surtout ressenti ces étapes pendant les enseignements théoriques : La « dépression » était représentée par la densité importante des connaissances à acquérir pour réussir l’évaluation écrite qui demandait beaucoup d’investissement et de temps personnel, ce qui engendrait une accumulation de fatigue donc une moins bonne gestion des émotions.

• Le « marchandage » était représenté par ma volonté de réussir ces épreuves écrites, me prouver que j’en étais capable et donc espérer un épanouissement au sein de la formation.

• « L’acceptation » en fin de 2éme année est symbolisée par le déclic, appelée aussi : le « Psyching Out »51 qui est « l’intuition généralement présentée comme brutale de ce que l’on doit faire » pour se conformer aux attentes de la formation. Le professionnel réalise ses acquisitions intellectuelles et techniques, ainsi il ne veut plus revenir en arrière, il a enfin acquis son identité d’étudiant infirmier. Pour ma part, je suis à ce jour effectivement une étudiante infirmière, d’ailleurs je l’ai réalisé quand je parlais de mon métier d’aide-soignante au passé, même si je sais que je ne dénigrerai jamais mes anciennes fonctions.

Pour conclure et comme je l’ai stipulé plus haut, parfois les étapes du travail de deuil font « des mouvements aller/retour ». Les sentiments comme la colère ou la tristesse peuvent effectivement ressurgir de temps en temps, mais personnellement, le recul que j’arrive à prendre aujourd’hui pour les canaliser est stimulé par l’espoir d’acquérir toutes les connaissances nécessaires pour devenir infirmière et mettre ainsi mon nouveau savoir en pratique.

5. Objet de recherche

Ces différents points développés ont pu éclaircir ma question de départ, j’ai pu élargir ma réflexion personnelle et j’ai pu constater la place importante des étapes du deuil dans la construction

� 50 La socialisation professionnelle par Dubar Claude, op.cit. � 51 La socialisation professionnelle par Dubar Claude, op.cit.

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identitaire infirmière pour une aide-soignante dans un institut de formation en soins infirmiers ce qui me conduit à la question de recherche suivante :

En quoi les étapes du deuil sont-elles indispensables à l’étudiant aide-soignant en formation professionnelle afin de lui permettre de construire sa nouvelle identité professionnelle ?

6. Hypothèses • N°1 : L’affirmation par l’étudiant de ses compétences professionnelles antérieures en stage peut

être un frein à la construction de la nouvelle identité, surtout en première année. • N°2 : Les équipes soignantes utilisent rapidement les compétences d’aide-soignant de l’étudiant de

première année en formation professionnelle ce qui génère une difficulté dans l’acquisition des connaissances infirmières et du statut d’étudiant infirmier.

• N°3 : L’étudiant s’oblige, malgré sa perte d’autonomie, à vouloir donner le meilleur de lui-même pour que cette reconnaissance professionnelle aide-soignante soit maintenue.

• N°4 : La représentation des compétences de la nouvelle fonction est parfois sous estimée en regard des responsabilités réelles, par l’étudiant aide-soignant en formation professionnelle.

• N°5 : La prise de conscience des nouvelles responsabilités peut être un frein à la construction de la nouvelle identité.

• N°6 : La prise de conscience et le déclic identitaire s’effectuent essentiellement en 2ème année.

7. Méthode de recherche

Pour vérifier mes hypothèses et recueillir des informations de façon méthodiques il a été nécessaire que je fasse appel à un public d’aide-soignant en formation professionnelle, dans le but de répondre à la question de recherche.

J’ai alors choisi comme outil un guide d’entretien, afin de recueillir les différents ressentis de cette population, de pouvoir reformuler en cas d’incompréhension et d’établir un vrai échange pour pouvoir rebondir sur certaines réflexions.

Les entretiens se déroulent anonymement au sein de l’institut de formation de Saint-Dizier. La population enquêtée est composée d’étudiants de deuxième et troisième année de formation. J’ai choisi de ne pas faire appel aux étudiants de 1ère année car l’impact du nouveau programme des études d’infirmiers est un biais difficilement évaluable à l’heure actuelle, sur l’acquisition identitaire des étudiants en promotion professionnelle. Il est à remarquer que contrairement à leurs ainés, ils entrent à l’institut de Formation avec la compétence 3 validée52, ce qui fait que l’affirmation des compétences antérieures n’a plus de caractère ambigu. J’ai donc mené 5 entretiens auprès des étudiants de 2ème année et 5 auprès des étudiants de 3ème année.

8. Elaboration de l’outil et réalisation des entret iens

J’ai tout d’abord élaboré un guide d’entretien53 puis la Directrice de l’IFSI m’a ensuite autorisé de les mener après ma demande écrite d’autorisation54.

J’ai effectué ensuite un pré-test55, afin d’évaluer et vérifier le guide d’entretien, auprès d’une étudiante de 3ème année, qui avait obtenu son diplôme après avoir effectué 1 année de formation en

� 52 http://www.infirmiers.com/etudiants-en-ifsi/la-formation-en-ifsi/formation-infirmiere-nouveau-

programme.html . compétence n°3 : « Accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens »

� 53 cf. annexe n° I � 54 cf. annexe n°II

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soins infirmiers. Elle correspondait à la population ciblée avec la spécificité, en devenant aide-soignante, d’avoir fait le deuil de l’identité professionnelle d’infirmière qu’elle avait espéré. Cette étudiante a compris le sens de mes questions et ses réponses m’ont permis de valider d’une manière positive ce pré-test.

Par la suite, j’ai contacté tous les étudiants qui se sont montrés disponibles et engagés à mon égard. Les entretiens se sont déroulés au sein de l’institut.

Après avoir réalisé ces entretiens, j’ai retranscrit leurs réponses par informatique56 , puis j’ai établit un tableau par question afin de classer les différentes réponses et permettre leur exploitation57.

9. Objectifs des entretiens • Déterminer si les étudiants ont éprouvé des difficultés, surtout en première année, quand ils

affirmaient leurs compétences professionnelles. • Distinguer les difficultés d’acquisition que l’étudiant peut rencontrer auprès des équipes

soignantes. • Déterminer si les étudiants s’obligent à se surpasser pour que leur reconnaissance professionnelle

soit maintenue. • Découvrir si leurs représentations du statut d’infirmier ont évoluées au cours de la formation. • Découvrir si les nouvelles futures responsabilités les ont freinés dans leur construction identitaire

(s’ils ont douté de leurs compétences). • Découvrir s’ils ont conscience des étapes du processus de deuil de leur identité professionnelle et à

quelle étape se situent-ils selon leur niveau de formation. • Déterminer en quelle année de formation s’établit enfin l’identité d’étudiant infirmier pour une

aide soignante en formation professionnelle qualifiante.

10. Analyse des entretiens

10.1 Exploitation descriptive

Les entretiens ont eu une durée moyenne de 45 minutes et se sont tous déroulés fin avril 2010 sur une période de 15 jours. La moyenne d’âge des 10 personnes interrogées est de 30 ans, ce sont toutes des femmes et elles ont en moyenne 10 ans d’expérience professionnelle comme aide-soignante. Je tenais à stipuler, (à l’exception d’une étudiante), que ce sont toutes des femmes mariées ou vivant en concubinage, avec un ou plusieurs enfants. J’effectuerai cette exploitation descriptive en suivant l’ordre des questions de mon guide d’entretien suivi à chaque fois d’illustrations des réponses données par les étudiantes • QUESTION N°1 : Comment gères-tu ton statut d’aide-soignante lors des stages ? As-tu eu des

difficultés à te positionner comme étudiante ? Pourquoi ? Elles choisissent toutes, afin de gérer leur statut, de ne pas se présenter comme ancienne aide-soignante, et selon leurs dires, les équipes soignantes remarquent vite leurs compétences et leurs réflexes professionnels, d’ailleurs cinq d’entre elles ont précisé pourquoi (voir illustration N°1 annexe VI). Selon leurs réponses, 8/10 étudiantes expriment des difficultés à se positionner pendant les stages, lors de la 1ère année. En effet, elles travaillaient davantage avec les aides-soignantes lorsqu’elles étaient en stage, se trouvaient en porte-à-faux entre ces dernières et les infirmières, et avaient des difficultés à prendre de la distance avec leur rôle antérieur d’aide-soignante. Quelques unes

� 55 cf. annexe n°III � 56 cf. annexe n°IV � 57 cf. annexe n°V

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ont ajouté des sentiments supplémentaires ressentis (voir illustration N°2 annexe VI).Mais ces 8 personnes me précisent également qu’elles avaient plus d’assurance en 2ème année pour s’imposer comme étudiante, d’ailleurs une étudiante pense : « il n’y a plus d’étiquette d’aide-soignante en 2ème et 3ème année ». Ensuite, 6/10 étudiantes qui ont une expérience moyenne d’activité de 13 ans (10 à 18 ans), expriment un sentiment de « cassure » car elles ne font plus partie d’une équipe, mais aussi le fait de ne plus pouvoir exprimer leurs sentiments avec franchise. D’ailleurs ces étudiantes ont rajouté des remarques complémentaires (voir illustration N°3 annexe VI). Mais pour toutes, l’expérience d’aide-soignante a été bénéfique pour la réussite de la formation, certaines précisent pour quelles raisons (voir illustration N°4 annexe VI). • QUESTION N°2 : l’utilisation de tes compétences professionnelles par les équipes soignantes a-t-

elle freiné l’acquisition de tes connaissances en stage? Pourquoi ?

6/10 étudiantes pensent avoir étaient freinées dans leurs acquisitions, il existe selon les témoignages une impression de réquisition importante de la part des soignants en 1ère année, toutes ces étudiantes effectuaient essentiellement des soins d’hygiène et de confort, certaines expriment en plus d’autres ressentis (voir illustration N°5 annexe VI). Mais ces personnes se sont rendues compte également du changement en 2ème et 3ème année, ayant selon leurs dires, acquis plus d’assurance, une logique de travail et de réflexion. 4/10 étudiantes n’ont pas ressenti de freins dans l’acquisition de leurs connaissances, certaines ont expliqué pourquoi (voir illustration N°6 annexe VI).

• QUESTION N°3 : Ta perte d’autonomie professionnelle a-t-elle suscité chez toi le devoir de

donner le meilleur de toi-même pour que ta reconnaissance professionnelle soit maintenue ? Toutes les étudiantes ont répondu « oui » à cette question dont 4 qui ont apporté des précisions (voir illustration N°7 annexe VI). Elles ont toutes ressenti de la pression, de la fatigue physique et psychologique et ont toutes exprimé différents sentiments (voir illustration N°8 annexe VI). 4/10 étudiantes stipulent qu’elles le font pour se prouver à elles-mêmes et aussi à leur entourage qu’elles sont capables de réussir, dont une qui souligne que c’est une revanche sur la vie et une autre que c’est un désir de satisfaction personnelle pour le prouver à ses employeurs et à sa famille. 4/10 le font aussi pour prouver qu’elles ne dénigrent pas leur métier d’aide-soignante et expliquent pourquoi (voir illustration N°9 annexe VI). Différents autres sentiments ont été exprimés lors de cette question (voir illustration N°10 annexe VI). • QUESTION N°4 : La représentation de la profession d’infirmière que tu avais, s’est-elle

modifiée depuis que tu es rentrée dans la formation, as-tu sous estimé les responsabilités de ton futur métier en éprouvant des doutes ou des difficultés, si oui lesquels ?

5/10 étudiantes pensent que la représentation qu’elles avaient de la profession d’infirmière s’est modifiée, elles n’avaient pas conscience des responsabilités, d’ailleurs 4 d’entre elles témoignent (voir illustration N°11 annexe VI). Et 5/10 stipulent qu’elle ne s’est pas modifiée, elles avaient conscience des responsabilités, 2 étudiantes soulignent tout de même qu’elles n’avaient pas totalement conscience des responsabilités, une autre n’a pas sous estimé ce métier et une dernière stipule qu’elle n’a pas eu de surprise. 5/10 étudiantes expriment des appréhensions par rapport à leur futur poste (voir illustration N°12 annexe VI). Différentes déclarations ont étaient faites lors de cette question (voir illustration N°13 annexe VI).

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• QUESTION N°5 : As-tu ressenti des sentiments propres aux étapes de deuil durant la formation, si oui dans quelle situation ? et à ce jour à quelle étape te considères-tu ?

- LE DENI : 4/10 étudiantes déclarent ne pas l’avoir vécu et 60% expriment l’avoir ressenti,

d’ailleurs, la majorité de ces dernières estiment l’avoir vécu en début de 1ère année et expliquent comment (voir illustration N°14 page suivante).

- LA COLERE : 10/10 l’ont ressenti, elles précisent les situations (voir illustration N°15 annexe VI).

- LA DEPRESSION : 10/10 ont éprouvé de la tristesse à un moment donné, que ce soit en stage ou à l’école, plusieurs exemples ont d’ailleurs été cités (voir illustration N°16 annexe VI).

- LE MARCHANDAGE : 10/10 l’expriment par le désir d’obtenir le Diplôme d’Etat et une étudiante précise qu’elle relativise en se disant qu’elle a toujours son diplôme d’aide-soignante au cas où elle ne réussisse pas à obtenir son diplôme. Une étudiante de 2ème année n’est pas encore dans l’acceptation mais se situe dans l’étape du marchandage.

- L’ACCEPTATION : Trois étudiantes de 2ème année se considèrent sur « le chemin » de l’acceptation, une de ces étudiantes souligne qu’elle ressent encore des doutes sur ses compétences en tant qu’étudiante. 6/10 des étudiantes estiment être arrivées à cette étape (voir illustration N°17 annexe VI).

• QUESTION N°6 : Aujourd’hui que ressens-tu par rapport à tes compétences professionnelles

quand tu es en stage ?

10 /10 étudiantes ressentent plus d’assurance et de confiance en elles, certaines ajoutent des détails (voir illustration N°18 annexe VI).

3/10 étudiantes font les liens entre la théorie vue à l’école et la pratique sur les terrains de stage, une d’entre elles déclare faire ces liens depuis le début de 2ème année, une autre souligne qu’elle a moins d’appréhension en stage.

4/10 étudiantes trouvent qu’elles ont plus de connaissances théoriques et de compétences techniques, elles précisent pourquoi (voir illustration N°19 annexe VI).

4/10 étudiantes ressentent des craintes pour l’exercice de leurs futures fonctions et un manque de confiance en elles, des précisions ont été ajoutées. (Voir illustration N°20 annexe VI).

• QUESTION N°7 : A ce jour as-tu accepté le fait que tu n’étais plus une aide-soignante mais une

étudiante infirmière ?

10/10 étudiantes répondent de façon affirmative, certaines ont expliqué pourquoi (voir illustration N°21 annexe VI).

10.2 Exploitation analytique .

• HYPOTHESE N°1 : L’affirmation par l’étudiant de ses compétences professionnelles antérieures en stage peut être un frein à la construction de la nouvelle identité, surtout en première année.

La totalité des entretiens démontrent que les aides-soignantes ne se présentent pas d’emblée comme professionnelles. Certaines le font par discrétion et le désir de ne pas paraître arrogante, aux yeux des soignants, et d’autres ont peur que l’on teste leurs compétences en avouant d’emblée leurs expériences. De leur côté les équipes soignantes remarquent rapidement les aptitudes et les réflexes professionnels de ces étudiantes. 8/10 personnes interrogées expriment des difficultés à se positionner, pendant les stages de 1ère année, comme étudiante infirmière. Le plus pénible étant de se détacher de leur rôle d’aide-soignante, elles recentrent essentiellement leur travail avec les aides-soignantes et ainsi se retrouvent en porte-à-faux entre ces dernières et les infirmières en ressentant de la culpabilité.

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Pour 6/10, se rajoute le fait de ne plus pouvoir s’exprimer comme elles le souhaitent, elles ressentent toutes une « cassure », à noter qu’une majorité de celles-ci ont plus de 13 ans d’expérience professionnelle, le travail de deuil étant peut-être plus difficile. Il est à remarquer aussi que le fait d’avoir une famille permettrait à l’étudiante d’être considérée plus vite compétente par les soignants. Toutes témoignent d’une prise d’assurance au cours de la 2ème et 3ème année et moins de difficultés à se positionner comme étudiante infirmière.

Il est donc apparemment impossible de cacher les compétences professionnelles aux soignants. L’hypothèse du frein à la construction de la nouvelle identité, surtout en première année, ne se confirme pas totalement puisque d’un côté les étudiantes éprouvent en effet des difficultés mais de l’autre côté elles trouvent que leur passé d’aide-soignante leur a été très bénéfique pour s’adapter rapidement aux organisations des services et prendre en charge les patients efficacement.

Nous pouvons donc supposer, d’après les témoignages et malgré les difficultés ressenties, que la maturité, les compétences professionnelles, la connaissance des méthodes de travail et des attentes des soignants envers les étudiantes sont des atouts pour leur intégration dans les stages. Ces atouts facilitent ainsi l’évolution de leur construction identitaire.

• HYPOTHESE N°2 : Les équipes soignantes utilisent rapidement les compétences d’aide-soignant de l’étudiant de première année en formation professionnelle ce qui génère une difficulté dans l’acquisition des connaissances infirmières et du statut d’étudiant infirmier.

6/10 étudiantes considèrent avoir été freinées dans l’acquisition de leurs connaissances, la

réquisition des équipes soignantes, étant en majorité responsable de ce frein. En effet, les charges de travail dans les unités de soins étant parfois très lourdes, concernant essentiellement les soins d’hygiène et de confort, les équipes soignantes, après avoir pris conscience des capacités de ces étudiantes, auraient souvent tendance à utiliser leurs compétences et donc les considérer encore comme des aides-soignantes et non comme des étudiantes. L’étudiante se trouve alors en porte-à-faux entre les aides-soignantes et les infirmières. Ces étudiantes expriment également une prise d’assurance grâce à leur logique de travail et de réflexion, en 2ème et 3ème année, ce que nous pourrions résumer à un niveau de connaissance supérieure par rapport à la 1ère année. 4/10 étudiantes ne se sont pas senties freinées dans l’acquisition de leurs connaissances, malgré parfois l’appréhension de froisser les soignants en justifiant leur organisation et donc refuser les demandes de certains. Mais elles arrivent à justifier avec diplomatie leurs choix d’organisation de travail, cependant une étudiante stipule quand même la sensation d’un encadrement amoindri et d’une confiance donnée trop facilement au détriment de leur apprentissage. Pour répondre à l’hypothèse, certaines étudiantes ont la sensation d’être freinées dans leur progression par la réquisition trop importante des soignants, et c’est en effet, une difficulté supplémentaire, surtout en 1ère année, à l’acquisition de leurs connaissances. Alors que d’autres ne se sont pas senties freinées et il est souligné encore une fois le changement de considération des soignants lié à leur situation familiale. • HYPOTHESE N°3 : L’étudiant s’oblige, malgré sa perte d’autonomie, à vouloir donner le

meilleur de lui-même pour que cette reconnaissance professionnelle aide-soignante soit maintenue.

Pour toutes les étudiantes, la perte d’autonomie professionnelle a suscité chez elles le devoir de donner le meilleur d’elles-mêmes pour que leur reconnaissance professionnelle soit maintenue. Que ce soit en théorie pour certaines, les résultats obtenus confirmant les aptitudes à faire les liens avec la pratique, que dans les stages pour d’autres. 4/10 le font pour se prouver à elle-même et à leur entourage qu’elles sont capables de réussir, par « revanche sur la vie », ou « par désir de satisfaction personnelle ».

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4/10 le font aussi pour prouver qu’elles ne dénigrent pas leur métier d’aide-soignante. Certaines précisent que c’est un besoin de reconnaissance des compétences d’étudiante infirmière mais aussi d’aide-soignante, que le rapport de stage suscite également une motivation de toujours faire mieux. La peur de l’échec les poussent à se surpasser en fournissant beaucoup de travail personnel, et en devant réactiver le processus d’intégration tous les jours et dans tous les stages suscitant parfois un épuisement : de devoir se justifier, d’être en retrait dans une équipe, avoir peur des critiques, de ne pas être soi-même… D’ailleurs toutes ont ressenti une pression ainsi que de la fatigue physique et psychologique, suscitées par un dépassement de soi en se sentant obligées de s’imposer un niveau de compétences très élevé donc se surpasser continuellement. Certaines justifient ce dépassement de soi par la volonté d’être : « l’étudiante idéale » ou une future infirmière compétente.

Alors, oui l’étudiante s’oblige à donner le meilleur d’elle-même, elle veut démontrer qu’elle est capable d’être non seulement une étudiante infirmière mais aussi une « ancienne » aide-soignante aux compétences confirmées.

• HYPOTHESE N°4: La représentation des compétences de la nouvelle fonction est parfois sous

estimée en regard des responsabilités réelles, par l’étudiant aide-soignant en formation professionnelle.

• HYPOTHESE N°5 : La prise de conscience des nouvelles responsabilités peut –être un frein à la construction de la nouvelle identité.

5/10 avaient conscience des responsabilités de leur futures fonctions contre 5/10 qui l’ont sous estimé, d’ailleurs, d’une manière générale la prise de conscience des responsabilités se fait au cours de la 2ème année. Cette prise de conscience n’est pas nécessairement un frein à la construction identitaire, puisque malgré la moitié qui appréhendent leur futur poste infirmier (manque de confiance en elles, appréhension des responsabilités, doutes sur leurs capacités d’organisation, ou sur l’acquisition des connaissances pendant la formation), certaines étudiantes pensent qu’il est toujours possible d’approfondir ses connaissances et comme le souligne une étudiante « on apprend toute sa vie ».

• HYPOTHESE N°6: La prise de conscience et le déclic identitaire s’effectuent essentiellement

en 2ème année. La totalité des étudiantes interrogées ont ressenti des sentiments propres aux étapes du deuil. L’étape du déni est pour une majorité non ressentie, et pour d’autres l’impression d’être passées par cette étape, en 1ère année essentiellement, en remettant en question le choix qu’elles avaient fait en faisant cette formation. Toutes ont ressenti de la colère, celle-ci étant dirigée essentiellement vers les soignants et leurs attitudes, les étudiantes ressentant de l’animosité à leur égard. L’étape de la dépression est également vécue par toutes les étudiantes, elles l’expriment par la perte intermittente de confiance en soi générant des périodes « dépressives », en stage comme à l’école. Le désir d’obtenir le Diplôme d’Etat représente pour toutes, l’étape du marchandage. 6/10 étudiantes considèrent être arrivées à l’étape de l’acceptation et d’après l’ensemble des réponses elle se déroule au cours de la deuxième année, une étudiante précisant l’impression qu’elle a « de faire un circuit permanent des étapes ». 30% sont : « sur le chemin » mais ne sont pas encore arrivées à la fin de leur 2ème année. Une grande majorité ressent aujourd’hui plus de confiance en elle, faisant les liens entre la théorie et la pratique grâce à l’acquisition des connaissances, même si parfois des craintes persistent sur leur capacité à faire face à leurs futures responsabilités.

Je peux conclure que pour une majorité d’étudiantes, la prise de conscience se fait au cours de

la deuxième année, il existe effectivement un déclic identitaire à la fin du processus de deuil de leur identité professionnelle. Par l’acceptation de leur identité d’étudiante elles ont pu s’épanouir au sein de la formation et ainsi acquérir des compétences supplémentaires, malgré les sentiments négatifs qui peuvent ressurgir, et donner cette impression d’aller/retour dans les étapes du deuil. Aujourd’hui la majorité des personnes interrogées se sent étudiante, elles parlent de leur métier d’aide-soignante au passé et ont la volonté de ne jamais le dénigrer lorsqu’elles seront infirmières.

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10.3 Perspectives dégagées

L’affirmation par l’étudiante, en première année, de ses compétences professionnelles antérieures en stage n’est pas nécessairement un frein à la construction de sa nouvelle identité. Elles choisissent, par discrétion ou par crainte d’être testées, de ne pas le divulguer d’emblée mais ces compétences sont malgré tout repérées et utilisées rapidement par les soignants.

Les compétences ne génèrent pas pour toutes les étudiantes une difficulté dans l’acquisition des

connaissances infirmières et du statut d’étudiant infirmier. Mais, certaines se sont senties freinées car elles veulent trouver leur place d’étudiante en stage et ne pas se retrouver en porte-à-faux entre les aides-soignantes et les infirmières. Ce qui génère une difficulté à se positionner en stage, surtout en 1ère année et un ralentissement de leur apprentissage. A noter aussi que les étudiantes qui expriment une « cassure », le sentiment de ne plus être elles-mêmes, ont toutes une longue expérience professionnelle, donc le fait de réaliser leur perte identitaire est apparemment plus brutale.

Mais l’expérience se révèle être aussi un atout dans certaines situations, en effet, la maturité, les

compétences professionnelles, la connaissance des méthodes de travail facilitent leur adaptation dans l’organisation des services de soins et ainsi s’y intégrer plus rapidement que les étudiants en formation initiale. L’aide-soignante arrivant en 1ère année possède une identité professionnelle, une expérience et des connaissances qui l’obligent à se surpasser, ceci afin de prouver aux soignants qu’elle est une étudiante infirmière mais aussi qu’elle « était » une aide-soignante qualifiée. L’étudiante s’oblige effectivement, malgré sa perte d’autonomie, à vouloir donner le meilleur d’elle-même pour que cette reconnaissance professionnelle d’aide-soignante soit maintenue. Les résultats confirmant les aptitudes de l’étudiant, ils entrainent un désir de se surpasser que ce soit pour la validation des modules théoriques que la perspective des rapports de stages.

Les étudiantes veulent prouver à leur entourage et surtout à elles-mêmes qu’elles sont capables de réussir et refusent l’échec. Ainsi, elles fournissent beaucoup de travail personnel et réactivent ce processus épuisant d’intégration à chaque stage, en découle une fatigue physique et psychologique puisqu’il faut conjuguer tous ces efforts avec leur vie familiale. La famille des étudiantes étant apparemment un facteur positif auprès des équipes soignantes, considérant peut-être qu’elle prouve la maturité de ces étudiantes contrairement aux jeunes étudiants débutant leur vie d’adulte. Mais la situation familiale requiert également de l’organisation personnelle pour aboutir à l’obtention du diplôme, engendrant ainsi un investissement supplémentaire pour ne pas faire subir cette formation à ses proches en effectuant trop de travail personnel en leur présence, ce qui suscite des sacrifices comme par exemple la diminution des heures de sommeil.

La représentation des compétences de la nouvelle fonction n’est pas obligatoirement sous

estimée par l’étudiant aide-soignant en formation professionnelle en regard des responsabilités réelles. La formation permet de réaliser les responsabilités importantes que possède l’infirmière. Certaines en avaient déjà conscience d’autres les avaient sous estimées en décidant de se reconvertir professionnellement. Cependant la prise de conscience des nouvelles responsabilités n’est pas forcément un frein à la construction de la nouvelle identité, et s’effectue généralement en 2ème année. Elle ne réduit pas leur volonté d’apprendre ni le sentiment d’en être capable.

La prise de conscience et le déclic identitaire s’effectuent incontestablement en 2ème année

pour la plupart. En 1ère année, l’aide-soignante doit abandonner son identité professionnelle et en reconstruire une autre : celle d’étudiante, et ainsi commencer son travail de deuil qui se terminera au cours de la 2ème année d’étude par « ce fameux Psyching Out », aboutissant à l’acceptation de son statut d’étudiante infirmière. Celui-ci peut-être vécu différemment que ce soit dans la forme ou la durée, selon les personnalités, les tempéraments et les situations familiales et avec parfois des sensations « d’aller/retour ».

J’ai pris conscience que toutes les émotions que représentent ces étapes me paraissent désormais indispensables, elles aboutissent a la construction de la nouvelle identité professionnelle de

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l’aide-soignante. Il est intéressant de souligner le fait que les étudiantes déclarent parler de leur métier d’aide-soignante au passé, alors que c’était, je pense, impossible en 1ère année, je peux ainsi en déduire la fin de la construction identitaire. Cependant quelques étudiantes éprouvent des appréhensions de retravailler avec leurs anciennes collègues, leur déléguer des soins leur semblent compliqué. Elles doutent aussi de leurs compétences face aux responsabilités de leur futur poste infirmier, mais je pense pouvoir dire que l’étudiant sans expérience professionnelle antérieure éprouve aussi les mêmes craintes. Mais l’aboutissement de ce travail de deuil et de cette construction identitaire leur permet d’aspirer à une certaine sérénité par une prise d’assurance et de confiance en elles, mais aussi anticiper leur future identité d’infirmière, elles retrouvent une identité et par là un équilibre psychologique : elles se sentent enfin étudiantes !

A la suite de ces perspectives, j’ai dégagé plusieurs pistes de réflexion: • Qu’elles peuvent-être les conséquences d’un deuil non fait ? • Les soignants ont-ils conscience du travail de deuil de ces étudiantes et que celles-ci possédaient la

même identité qu’eux avant de commencer leur reconversion professionnelle ? • Le nouveau programme permettant d’arriver à l’institut de formation en soins infirmiers

avec la compétence 3 validée, l’affirmation des compétences antérieures n’a apparemment plus de caractère ambigu, mais facilitera t-il la reconstruction identitaire de l’aide-soignante en promotion professionnelle?

• Les étudiantes ont-elles conscience d’avoir fait un travail de deuil sur leur identité professionnelle ? Cette question a attisé ma curiosité et ayant l’opportunité de les consulter facilement, je leur ai alors posé la question : 70% des étudiantes ont répondu que non, et pour certaines que je leur avais « ouvert les yeux ». Je souligne également que les étudiantes de 2ème année ont toutes répondu négativement, ce qui confirme encore que la fin du processus de construction identitaire se déroule bien au cours de la 2ème année

10.4 Analyse critique de la méthode

• A ma grande surprise, selon les témoignages de mes condisciples, les entretiens leur ont procuré un certain bien-être, elles se sont senties rassurées sur certaines de leurs interrogations, et m’ont en majorité remercié.

• Les entretiens furent dynamiques, avec un véritable échange entre les étudiantes et moi-même, mes différentes questions ont été comprises et les réponses ont permis d’étayer ce sujet.

• Il y avait beaucoup de réponses similaires à chaque question, ceci étant peut-être du à la richesse des échanges pendant les entretiens, les étudiantes pouvant exprimer réellement leur ressenti, mais l’exploitation de ces réponses ne fut pas facilité, toutes ces réflexions me paraissant importantes.

• Le tableau d’exploitation des entretiens a permis de synthétiser les réponses plus facilement • Les illustrations dans l’exploitation descriptive ont permis quant à elles une meilleure lecture des

réponses données par les étudiantes. • Les réponses apportées aux questions n°4 et n°6 présentaient des points communs, ainsi que les

questions n°5 et n°7, j’aurai pu les poser autrement et ainsi faciliter leur exploitation. • J’ai ressenti des difficultés avec l’étudiante n° 9 qui considère depuis le début qu’elle est étudiante

et qu’elle n’a pas l’impression d’avoir passé les étapes du travail de deuil : -A t’elle raison ? -Peut-être est-elle encore dans le déni ? - Ou bien est-ce moi qui ai mal dirigé l’entretien ? - Peut-être que les étapes du travail de deuil ou le deuil en lui même ne sont pas des passages obligés ?

Ce sont encore des questions que je me pose aujourd’hui…

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CONCLUSION

Au cours de ce sujet j’ai découvert le but de la formation professionnelle et plus particulièrement celui de la formation en soins infirmiers. J’ai réalisé en quoi consistait réellement la construction de l’identité d’un étudiant et celle de la reconstruction identitaire du professionnel et j’ai pu ainsi répondre aux différents questionnements que j’avais dégagés. J’ai pu également atteindre mes objectifs en répondant à chacun d’eux et 2 de mes hypothèses se sont confirmées. Les 4 autres, selon les témoignages des étudiantes, ne sont que partiellement démenties. Les étudiantes ont apporté aussi beaucoup d’éléments supplémentaires afin de répondre à ma question de recherche. Grâce aux entretiens je peux évoquer l’importance des étapes du deuil de l’étudiant aide-soignant en formation professionnelle qui lui permettent la construction de sa nouvelle identité professionnelle. D’ailleurs, ces entretiens ont permis à de nombreuses étudiantes d’exprimer leurs sentiments et ainsi se rendre compte de l’existence du travail de deuil de leur identité professionnelle mais aussi la présence de leur reconstruction identitaire. Le travail de deuil et la construction identitaire, sont certes parfois épuisants pour ces étudiantes, mais leurs compétences professionnelles antérieures et leur maturité s’avèrent très positives dans la réussite de la formation en soins infirmiers. Mais ce travail de fin d’études m’a surtout fait réaliser l’importance de l’identité pour l’équilibre psychologique d’un individu. J’ai pris beaucoup de plaisir à le réaliser, il m’a procuré un enrichissement personnel, intellectuel et culturel, cela m’a permis de faire le bilan de ma carrière d’aide-soignante et celui de ma formation. J’ai optimisé mon professionnalisme, je pourrais ainsi, dans ma future fonction d’infirmière, prodiguer un bon encadrement des étudiants, qu’ils soient déjà professionnels ou non, les étudiants en formation initiale méritant autant de considération.

Je souhaite sincèrement que mon travail de fin d’étude puisse peut-être aider les futurs étudiants infirmiers en formation professionnelle, à découvrir le processus de construction identitaire auquel ils vont être confrontés, en entrant dans l’institut de formation, et éventuellement leur permettre de comprendre plus vite le processus du travail de deuil de leur ancienne identité professionnelle.

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BIBLIOGRAPHIE LIVRES

� Annie Goudeaux, Nicole Lorau, Corinne Sliwka, Formateur et formation professionnelle, Ed Lamarre, Reuil-Malmaison, octobre 2003.

� Monique FORMARIER et Ljiljana JOVIC, Les Concepts en Sciences Infirmières, ARSI, Ed Mallet Conseil, 2ème trimestre 2009.

� Profession Infirmier ; Recueil des principaux textes relatif à la formation préparant au diplôme d’Etat et à l’exercice de la profession ; Ref. 531 001 ; mis à jour au 30/08/2007 ; groupe Berger-Levrault.

� Nathalie Falcon, Marcus Enyouma, Pascal Soubeyrand, Nouveaux cahiers de l’infirmière. Ed Masson, Paris, Janvier 2002, p.127.neurologue et psychanalyste autrichien, 1856/1939.

� Nathalie Falcon, Marcus Enyouma, Pascal Soubeyrand, Nouveaux cahiers de l’infirmière, Sciences Humaines, Ed Masson, Paris, Janvier 2002.

DOCUMENTS INFORMATIQUES

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TEXTES OFFICIELS

� DOC STAT Champagne-Ardenne n°17 ; novembre 2006 ; p61 ; Marie-France Nicaise ; DDRASS.

� http://www.legifrance.gouv.fr AUTRES

� IFSI de Saint-Dizier � Guide du stagiaire 2009-2010 ; Fédération nationale des étudiants en soins IDE

(FNESI) ; Macéo édition

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ANNEXE n° I : GUIDE D’ENTRETIEN

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Barreira Do Carmo Isabelle Etudiante en soins infirmiers de 3ème année IFSI du centre hospitalier de Saint-Dizier Dans le cadre de mon projet de fin d’études, qui porte sur la construction de l’identité d’étudiant d’un aide-soignant en formation professionnelle, j’ai opté pour la réalisation d’entretiens auprès de mes condisciples de 2e et 3e année afin de recueillir leur ressenti et ainsi établir les différentes étapes de leur construction identitaire.

Ma question de recherche étant : En quoi les étapes du deuil sont-elles indispensables à

l’étudiant aide-soignant en formation professionnelle afin de lui permettre de construire sa nouvelle identité professionnelle ?

Je vais donc mener cinq entretiens par promotion - auprès d’étudiante de 2e et 3e année. Guide d’entretien

1. Comment gères-tu ton statut d’aide-soignante lors des stages ? As-tu eu des

difficultés à te positionner comme étudiante ? Pourquoi ? peux tu me préciser depuis quand tu exerçais comme aide-soignante ?

2. L’utilisation de tes compétences professionnelles par les équipes soignantes a-t-

elle freiné l’acquisition de tes connaissances en stage? Pourquoi ?

3. Ta perte d’autonomie professionnelle a-t-elle suscité chez toi le devoir de donner le meilleur de toi-même pour que ta reconnaissance professionnelle soit maintenue ?

4. La représentation de la profession d’infirmière que tu avais, s’est-elle modifiée

depuis que tu es rentrée dans la formation, as-tu sous estimé les responsabilités de ton futur métier en éprouvant des doutes ou des difficultés, si oui lesquels ?

5. As-tu ressenti des sentiments propres aux étapes de deuil durant la formation, si

oui dans quelle situation ? et à ce jour à quelle étape te considères-tu ?

6. Aujourd’hui que ressens-tu par rapport à tes compétences professionnelles quand tu es en stage ?

7. A ce jour as-tu accepté le fait que tu n’étais plus une aide-soignante mais une

étudiante infirmière ?

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ANNEXE n° II : LETTRE DE DEMANDE D’AUTORISATION DES ENTRETIENS DE L’ENQUETE

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Mme Barreira Do Carmo Isabelle

Etudiante infirmière 3ème année

IFSI de SAINT-DIZIER

Carrefour Henri Rollin

52130 SAINT-DIZIER

A Saint-Dizier, le 26 avril 2010

A l’attention de Madame la Directrice de l’Institut de Formation en Soins Infirmiers de SAINT-DIZIER

Madame,

Etudiante infirmière en 3ème année dans votre institut de Formation en Soins Infirmier, j’effectue dans le cadre de ma formation un Travail de Fin d’Etudes dont le thème est : « La construction de l’identité d’étudiant infirmier pour un aide-soignant en formation professionnelle. »

Afin d’approfondir mon travail de recherche, je souhaiterai votre autorisation pour effectuer des entretiens auprès de cinq étudiantes infirmières de deuxième année ainsi que cinq de troisième année, actuellement aides-soignantes en formation professionnelle.

Je pourrai recueillir leur ressenti et ainsi établir les différentes étapes de la construction identitaire, ma question de recherche étant : « En quoi les étapes du deuil sont-elles indispensables à l’étudiant aide-soignant en formation professionnelle afin de lui permettre de construire sa nouvelle identité professionnelle ? »

Je me tiens à votre disposition si vous désirez de plus amples informations.

Dans l’attente d’une réponse favorable, recevez Madame CLEMENT, l’expression de mes respectueuses salutations.

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ANNEXE n° III : PRE-TEST DU GUIDE D’ENTRETIEN

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PRE-TEST

Effectué avec une étudiante de 3ème année de 30 ans (5 ans d’expérience en gériatrie après avoir effectuer 1 année de formation en soins infirmiers).

8. Comment gères-tu ton statut d’aide-soignante lors des stages ? As-tu eu des difficultés à te positionner comme étudiante ? Pourquoi ?

J’ai des difficultés à me détacher de mon rôle d’aide-soignante du fait de la demande des soignants : « bonne aubaine », utilisation de mon savoir faire, impression aussi d’être évaluer sur mes compétences, mais mon expérience d’aide-soignante est un facteur positif et utile pour évoluer. En 2ème et 3ème année : pas de problème, je suis étudiante et j’occulte le fait que j’étais aide-soignante. J’ai eu des doutes sur mes capacités en 2ème année car j’avais peur de me reposer sur mes acquis, qui étaient par ailleurs utiles en 1ère année, c’était la peur d’être médiocre, donc grosse pression pour les stages spécifiques (réa-urgences).

9. l’utilisation de tes compétences professionnelles par les équipes soignantes a-t-elle freiné l’acquisition de tes connaissances en stage? Pourquoi ?

Oui, ça m’a freinée juste pendant mon 1er stage de 1ère année car je ne voulais pas froisser les soignants mais ensuite j’ai pu accélérer mes acquisitions grâce à mes compétences déjà acquises.

10. Ta perte d’autonomie professionnelle a-t-elle suscité chez toi le devoir de donner le meilleur de toi-même pour que ta reconnaissance professionnelle soit maintenue ?

Oui, je donne le meilleur de toi-même pour ma fierté personnelle, je n’aurai pas supportée que l’on me dise que ça ne va pas, il était impératif que mes compétences soient acquises et reconnues, que les soignants remarquent et considèrent mon savoir faire mais aussi que cette expérience me soit utile pour cette formation.

11. La représentation de la profession d’infirmière que tu avais, s’est-elle modifiée

depuis que tu es rentrée dans la formation, as-tu sous estimé les responsabilités de ton futur métier en éprouvant des doutes ou des difficultés, si oui lesquels ?

J’avais conscience de certaines responsabilités mais pas toutes les subtilités, faire les liens entre la théorie et le terrain pour être une bonne infirmière. J’ai pris conscience que des connaissances théoriques insuffisantes pouvaient avoir des conséquences graves sur le travail infirmier, qu’une petite étourderie pouvait avoir des conséquences graves.

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12. As-tu ressenti des sentiments propres aux étapes de deuil durant la formation, si

oui dans quelle situation ? et à ce jour à quelle étape te considères-tu ?

J’ai fais toutes les étapes du travail de deuil lors du 1er stage de 1ère année car j’avais un passé d’étudiante infirmière et je savais que je n’allais pas être aide-soignante toute ma vie, quand je suis devenue aide-soignante j’ai du faire le deuil de l’identité professionnelle d’infirmière que j’avais espéré. Je suis en marchandage constant : je deviendrai infirmière ! Sinon je suis dans l’acceptation.

13. Aujourd’hui que ressens-tu par rapport à tes compétences professionnelles

quand tu es en stage ? Je suis prête à travailler, il faudra que j’apprenne à gérer plusieurs choses en même temps mais mes compétences professionnelles d’infirmière s’affirment, je veux retrouver mon autonomie, prendre des décisions moi-même et si j’ai des doutes je serai trouver les personnes ressources.

14. A ce jour as-tu accepté le fait que tu n’étais plus une aide-soignante mais une étudiante infirmière ?

Oui, en 1ère année.

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ANNEXE n° IV : REPONSES BRUTES DES ENTRETIENS

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REPONSES BRUTES DES ENTRETIENS

� Etudiantes de 2ème année

• N° 1 : 33 ans (10 ans d’expérience en gériatrie, médecine générale) • N°2 : 29 ans (7 ans d’expérience en médecine) • N°3 : 40 ans (17 ans d’expérience en gériatrie et chirurgie) • N°4 : 26 ans (5 ans d’expérience en chirurgie et gériatrie) • N°5 : 29 ans (10 ans d’expérience en maternité, médecine, urgence et

réanimation)

� Etudiantes de 3ème année

• N° 6 : 43 ans (14 ans d’expérience d’agent des services hospitalier et 4 ans comme aide-soignante en chirurgie)

• N°7 : 36 ans (12 ans d’expérience en gériatrie) • N° 8 : 36 ans (1 an d’expérience d’agent des services hospitalier et 9 ans

comme aide-soignante en long séjour et psychiatrie). • N°9 : 38 ans (13 ans en chirurgie, cardiologie et urgences) • N°10 : 34 ans (3 ans en gériatrie)

A l’exception de l’étudiante n°9, ce sont toutes des femmes mariées ou vivant en

concubinage, avec un ou plusieurs enfants. J’ai retranscris textuellement les réponses des étudiantes.

15. Comment gères-tu ton statut d’aide-soignante lors des stages ? As-tu eu des

difficultés à te positionner comme étudiante ? Pourquoi ?

� N°1 : Je ne me présente pas comme aide-soignante par discrétion mais les soignants

remarque vite mes compétences et mes réflexes professionnels mais j’avais des difficultés à me positionner, à trouver ma place d’étudiant, j’avais tendance, surtout en 1ère année, à travailler avec les aides-soignantes pour ne pas ressentir de la culpabilité. Ne plus pouvoir être franche m’a aussi posé des difficultés. En 2ème année j’ai ressenti moins de difficultés et de port à faut par rapport à l’équipe et mon expérience d’aide-soignante a était quand même très utile jusqu’à maintenant.

� N°2 : idem ne me présente pas… / si je dis que je suis aide-soignante j’ai peur que l’on me teste ou que l’on profite de mes compétences, j’ai l’impression que l’on ne me considère pas comme une adulte du fait de mon statut d’étudiante, surtout en 1ère année et ceci change quand les soignants connaissent ma situation familiale. En 2ème année j’ai ressenti moins de difficultés à m’imposer et mon passé d’aide-soignante est tout de même très positif.

� N°3 : idem ne me présente pas… / il y a 1 cassure, je ne fait plus partie d’une équipe, mais mon passé d’aide-soignante m’a beaucoup apporté.

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� N°4 : idem ne me présente pas… /, quand les soignants découvrent mes aptitudes il y a une mise à l’épreuve des aides-soignantes, j’ai du mal à refuser des demandes de remplacement d’arrêt maladie car je me sens coupable par rapport à l’équipe. On me demande de faire des « grosses toilettes » et j’ai l’impression que l’on me teste pour voir où sont mes limites et si j’accepte de les faire (pour prouver que je n’ai pas oublié mes anciennes fonctions). Mon métier d’aide-soignante m’a beaucoup était utile dans la prise en charge des patients et en 2ème année j’ai ressenti moins de difficultés à m’imposer. Mon passé d’aide-soignante a quand même était très bénéfique pour m’intégrer rapidement à l’organisation des services me permettant de gérer mon stress, mes émotions et de prodiguer des soins de qualité grâce à la maturité et l’expérience.

� N°5 : idem ne me présente pas… /, difficultés par rapport aux autres aides-soignantes qui faisaient preuve, à mes yeux, de négligence et du fait que je ne pouvais pas être moi-même en faisant preuve de franchise. Difficultés également envers les aides-soignantes, quand j’effectuais des soins infirmiers, je gardais mon esprit d’aide-soignante à vouloir constamment aller les aider alors que je ne le pouvais pas ce qui me faisait ressentir beaucoup de culpabilité. En 2ème année j’ai ressenti moins de difficultés, j’ai plus d’assurance. Mon passé d’aide-soignante était très positif pour l’évolution de ma formation.

� N°6 : idem ne me présente pas… /, je vais plus vers les aides-soignantes car je sais ce que je dois faire, je me sens en sécurité, j’ai mis du temps à aller vers les soins infirmiers car sinon je me sentais coupable. Le fait de ne plus pouvoir faire preuve de franchise m’a beaucoup manqué aussi mais mes compétences d’aide-soignante m’ont beaucoup servi.

� N°7 : idem ne me présente pas… /, J’avais peur qu’on me voit comme une aide-soignante et non une étudiante, surtout en 1ère année, en 2ème et 3ème année j’ai plus d’assurance pour m’imposer en tant qu’étudiante il n’y a plus « d’étiquette » d’aide-soignante, plus de facilité à le dire ! Mon passé d’aide-soignante a était quand même très bénéfique.

� N°8 : idem ne me présente pas… je veux être discrète et ne pas paraître arrogante /, difficultés à me positionner car je ne peux pas donner mon point de vue ou porte-à-faux entre aides-soignantes et infirmières et culpabilité quand je ne pouvais pas « me couper en 10 » et aller aider les aides-soignantes. En 2ème et 3ème année j’avais plus d’assurance donc moins de difficultés. Mes compétences d’aide-soignante m’on aidé à m’adapter rapidement aux services et dans les différentes prise en charge de patients.

� N°9 : idem ne me présente pas… /, difficultés juste dans les stages pour trouver ma position car je ne faisais plus partie d’une équipe. Moins de difficultés en 2ème et 3ème année. Et mon expérience professionnelle m’a facilité la compréhension des différentes organisations des unités de soins.

� N°10 : idem ne me présente pas… /, pas de problème à m’affirmer comme étudiante et pas de porte-à-faux entre les aides-soignantes et les infirmières mais quelques difficultés à supporter les conseils sur l’exécution d’une toilette par exemple alors que l’on sait comment faire. Mon passé d’aide-soignante était forcément positif.

16. l’utilisation de tes compétences professionnelles par les équipes soignantes a-t-elle

freiné l’acquisition de tes connaissances en stage? Pourquoi ?

� n°1 : oui surtout en 1ère année, les soins infirmiers n’étaient pas exploités, j’étais en port à faut entre les 2 fonctions, c’était épuisant car on utilisait mes compétences et je

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ne pouvais pas progresser en tant qu’étudiante, j’effectuais souvent des soins d’aide-soignante. mais moins en 2ème année : plus d’assurance pour trouver ma place, dire les choses et répartir mes soins

� n°2 : Oui, les soignants demandaient plus quand ils connaissaient mes compétences donc je voulais travailler vite, faire tout ce que l’on me demandait donc j’éprouvais un sentiment de culpabilité car je me trouvais lente. Plus d’assurance en 2ème année donc moins de soins d’hygiène.

� N°3 : non pas de problème d’acquisition, je gérais mon temps et mon organisation mais difficile à gérer psychologiquement (peur de froisser les soignants).

� N°4 : non, j’arrivais à gérer, je savais dire non en le justifiant grâce à mon vécu professionnel.

� N°5 : pas du tout, j’arrive à m’organiser et à expliquer le déroulement de mes soins avec diplomatie donc je n’ai pas été freinée.

� N°6 : oui, les soins infirmier sacrifiés au bénéfice des soins de base mais moins de freins depuis la 1ère année passée.

� N°7 : oui, difficulté à m’imposer car les soignants demandent beaucoup ce qui m’a freiné dans ma position d’étudiante, j’étais « 2 bras en plus » (pour effectuer les nombreuses toilettes), j’ai donc « raté » des soins infirmiers. En 2ème et 3ème année, plus d’assurance et d’affirmation donc j’ai rencontré mois de difficultés mais j’avais aussi un autre niveau, de ce fait on me considérer plus comme une future infirmière et non une ancienne aide-soignante.

� N°8 : oui, je n’arrivais pas à dire non, j’avais l’impression de servir de « bonnes main d’œuvre » étant donné que j’étais aide-soignante, j’ai donc été freiné dans l’acquisition des soins infirmiers. Plus d’assurance en 2ème et 3ème année.

� N°9 : non, je trouve que j’ai été moins encadrée parce que j’étais aide-soignante, on me faisait trop confiance, les soignants ont tendance à penser que l’on sait tout mais cela ne m’a pas freiné dans mes acquisitions

� N°10 : oui, surtout en 1ère année, les aides-soignantes me réquisitionnaient en permanence, ce qui a était un frein, mais d’un autre côté, en 2ème année je me suis rendu compte que ma réflexion et ma logique de soins et de travail étaient un moyen d’avancer dans la formation. Admiration des soignants quand ils apprennent que j’ai une vie de famille

17. Ta perte d’autonomie professionnelle a-t-elle suscité chez toi le devoir de donner le meilleur de toi-même pour que ta reconnaissance professionnelle soit maintenue ?

� N°1 : oui tout à fait, énorme fatigue physique et psychologique, beaucoup de pression pour se prouver à soit même, à son entourage personnel et professionnel que l’on est capable : « revanche sur la vie », toujours dans l’optique de réussir pour pouvoir donner des réponses que je ne pouvais pas donner en tant qu’aide-soignante, ne plus avoir de frustration c'est-à-dire être une bonne infirmière.

� N°2 : Oui, je me dois « d’être le profil idéal de l’étudiante infirmière », je sais par expérience ce que je dois et ce que je dois pas faire, je ne suis pas moi –même dans le but d’avoir une bonne note à mon rapport de stage, je veux que l’on reconnaisse mes compétence d’étudiante, je veux constamment me rassurer (par ex me faire encadrer sur une toilette alors que je sais la faire), je me refuse d’aller au rattrapage, se qui engendre beaucoup de pression psychologique.

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� N°3 : Oui, je ne suis plus reconnue pour mes compétences, je repars à zéro et de plus les soignants ne « pardonnent rien » et demandent plus, il faut être au « top », toujours donner le meilleur de soi-même 7h/7h et 5jr/5jrs, je ne m’octroie pas de me « pauser » pendant un stage et c’est très fatiguant.

� N°4 : oui « à 200 % », je joue un rôle, je ne suis pas moi-même et je suis dépourvue de tous mes moyens. Je veux toujours faire mes preuves en tant qu’étudiante mais aussi en tant qu’aide-soignante. Je veux me prouver que je suis capable, je m’engage à prouver que je n’ai pas oublié mon métier d’aide-soignante, je vais donc beaucoup avec les aides-soignantes en plus des infirmières ce qui engendre beaucoup de pression. Je voudrai être plus autonome « comme avant » mais je me freine car si l’on me demande trop je ne pourrai plus assumer.

� N°5 : oui énormément, je veux me prouver à moi-même que je peux y arriver, je suis aide-soignante dans l’âme et je veux prouver que je ne dénigre pas mon métier, je veux faire toujours mieux. Beaucoup de travail personnel et de fatigue

� N°6 : oui beaucoup de travail, de stress et de fatigue pour peu de résultat, j’ai conscience de mes compétences mais je n’ai pas les résultats escomptés qui le prouveraient (surtout en théorie). En stage j’ai peur des critiques, que l’on pense que j’ai oublié mes anciennes fonctions, j’ai peur que l’on ne me fasse pas confiance comme c’était le cas avant. Je veux aussi prouver à mon entourage et à moi-même que je peux y arriver.

� N°7 : Oui énormément, j’ai extrêmement peur de l’échec, je veux prouver à mes employeurs, famille et surtout moi-même que je peux réussir, c’est avant tout un désir de satisfaction personnelle. L’apprentissage de la théorie engendre chez moi beaucoup de « nuit blanche » donc de fatigue et de stress. Je n’ai pas ressenti cette pression en stage e 1ère et 2ème année car j’ai un tempérament calme et posée, donc je prends du recul, par contre je le ressens plus en 3ème année car je suis sensé avoir des acquis que je dois mettre en pratique.

� N°8 : oui, car je suis obligée de refaire mes preuves, je ne supporterai pas que l’on me dise que je suis une mauvaise aide-soignante d’où un épuisement physique et beaucoup de pression, je me mets la barre très haut, mon perfectionnisme est accentué

� N°9 : Oui je suis toujours sur le qui-vive car il y a une note à la fin du stage, je ne suis pas moi-même, je ne peux pas dire tout ce que je pense comme je le faisais avant et c’est épuisant de toujours devoir se justifier tout le temps.

� N°10 : Oui, ma perte d’autonomie était difficile, je me reposais des questions bêtes en stage, toujours aller au-delà, m’informer énormément, me surpasser, tant avec les aides-soignantes et les infirmières, c’était épuisant de me réhabituer à chaque stage aux équipes et d’être en retrait.

18. La représentation de la profession d’infirmière que tu avais, s’est-elle modifiée depuis que tu es rentrée dans la formation, as-tu sous estimé les responsabilités de ton futur métier en éprouvant des doutes ou des difficultés, si oui lesquels ?

� N°1 : non, j’avais conscience des difficultés je n’ai donc pas eu de surprise mais j’ai quand même des appréhensions quant à mon futur poste d’infirmière, j’éprouve un manque de confiance en moi donc quelques doutes subsistent au fait d’être capable de gérer tout un service seule.

� N°2 : oui, en 1ère année j’étais en « terrain connu », en 2ème année : il ne faut pas que je reste sur mes acquis et mon rôle d’aide-soignante, il faut que j’investisse les soins

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infirmiers mais plus de peur quant à pouvoir bien faire je me suis rendu compte que je n’avais pas complètement conscience des responsabilités

� N°3 : oui, je ne me rendais pas compte de toutes les responsabilités, avant j’allais voir l’infirmière quand il y avait un problème et bientôt se sera moi que l’on viendra voir et qui serai responsable

� N°4 : non, j’avais conscience des difficultés, de la charge de travail, je savais ce qui m’attendait de part mon expérience professionnelle avec quelques fois des dépassements de taches.

� N°5 : oui je l’ai sous estimé, je ne m’étais pas rendue compte des responsabilités, qu’une erreur est vite arrivée et peut avoir de grave conséquences ainsi que la rigueur nécessaire pour l’application des prescriptions médicales.

� N°6 : non, je n’ai pas sous estimé cette profession mais je doute de mes facultés d’organisation quand je serai seule et plus encadrée malgré l’assurance d’en être capable.

� N°7 : oui, je m’étais limité aux soins techniques en occultant les responsabilités qui vont avec. Plus le diplôme approche et plus j’ai des doutes sur mes acquisitions, j’ai l’impression d’oublier ce que j’apprends en théorie mais je sais, une fois en poste, que si je rencontre une difficulté de compréhension sur un sujet, j’approfondirai mes connaissances en effectuant des recherches personnelles : « on apprend toute sa vie ». pour ce qui est des soins techniques, j’ai beaucoup pensé « je suis bonne à rien » mais j’ai persévéré quand je n’y arrivais pas, et j’y suis arrivée !

� N°8 : Non, elle n’a pas changé, je trouve que c’est en fonction de ce que tu veux être comme infirmière, je fais la différence « entre les bonnes et les mauvaises », les stages m’on démontré ce que je veux être et ne pas être. Pour les responsabilités je ne me rendais peut-être pas compte qu’il n’y en avait autant et aussi importantes j’ai donc des appréhensions sur mes futures fonctions d’infirmière

� N°9 : Oui, je n’ai pas éprouvé de difficultés mais je n’avais pas totalement conscience des responsabilités.

� N°10 : Non, j’avais cette représentation mais je ne m’étais pas rendue compte des responsabilités, qu’il fallait avoir des connaissances théorique pour pouvoir avancer et de plus je trouve que le travail infirmier n’est pas reconnu par les médecins. 19. As-tu ressenti des sentiments propres aux étapes de deuil durant la formation, si

oui dans quelle situation ? et à ce jour à quelle étape te considères-tu ?

� N°1 : Pas de déni. Oui la colère, surtout en stage quand certains soignants n’avaient pas de respect dans leur parole pour répondre à mes questions, mes acquis n’étaient pas reconnus. La dépression car combiner ma vie familiale et les études en même temps est difficile. Le marchandage est représenté par la perspective du diplôme. Je suis sur le chemin de l’acceptation.

� N°2 : oui le déni en début de 1ère année : « pourquoi je me suis embarqué dans cette formation, je loupe des étapes avec mon fils ». De la colère, face aux attitudes désagréables de certains soignants ou me retrouver seule face à une prise en charge d’un patient décédé. La dépression, oui surtout en théorie. Le marchandage est représenté par la perspective du diplôme. Je suis sur le chemin de l’acceptation car j’ai encore des doutes sur mes compétences d’étudiante.

� N°3 : le déni le 1er trimestre de la formation : « qu’est-ce que je fais là ». De la colère envers les infirmières, surtout les jeunes, qui profitent de leur position hiérarchique en

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ayant une attitude de supériorité envers moi ou qui font tout pour déstabiliser. La dépression périodiquement en stage ou à l’école face à l’énergie à fournir pour réussir. Je suis dans l’étape du marchandage.

� N°4 : pas le déni. De la colère par rapport à la façon de parler de certains soignants ce qui a suscité des pleurs (de moi-même) et j’ai l’impression que l’on a plus de crédibilité quand on a une situation familiale. La dépression oui pour l’école car on nous considère comme « des adolescents », il y a un manque de soutien et pas assez d’encouragement de la part des formateurs. Le marchandage est représenté par la perspective du diplôme. Je suis dans l’étape de l’acceptation car j’ai fait mes preuves en tant qu’étudiante infirmière.

� N°5 : oui le déni, « vais-je y arriver ? » en 1ère année. De la colère par rapport à la non considération et au non respect de certains soignants envers moi mais aussi de ne pas être moi-même, de ne pas pouvoir dire toujours ce que je pense réellement. La dépression je l’ai surtout ressenti à l’école, pas en stage. Le marchandage avec l’espérance d’avoir le DE. Je suis sur le chemin de l’acceptation.

� N°6 : oui le déni, « je n’aurai pas du… » en 1ère année. De la colère par rapport à la théorie enseignée, j’avais un savoir du terrain et la formation ne le représentait pas et également en stage envers des « personnalités fortes et frustrées » surtout représentées par les aides-soignantes. La dépression, oui et encore aujourd’hui, j’ai peur de ne pas y arriver, de ne pas obtenir mon diplôme, et ce sentiment revient surtout après chaque résultat que je considère comme un échec. Le marchandage est représenté par la perspective du diplôme. J’ai quand même l’impression de faire un circuit permanent des étapes du travail de deuil. Je suis dans l’étape de l’acceptation.

� N°7 : Le déni le 1er trimestre de la formation : « qu’est-ce que je fais là » du à un changement de vie sociale radicale. De la colère par rapport à certains soignants qui par leur arrogance et leur manque de respect m’on démotivé par moment. La dépression, pendant les 3 ans, j’ai toujours peur de ne pas y arriver et la pression augmente de fur et à mesure, c’est la dernière ligne droite, mais la charge de travail personnel que je fourni n’est pas toujours récompensé par les résultats que j’attends. Le marchandage est représenté par la perspective du diplôme. je suis dans l’étape de l’acceptation, depuis la fin de 2ème année, je suis étudiante infirmière mais je ne dénigrerai jamais le métier d’aide-soignante et heureusement qu’il y a ma famille pour m’épauler dans cette formation.

� N°8 : pas de déni. De la colère envers les infirmières négligentes dans leur travail, et aussi celles désagréables et agressives qui m’ont déstabilisé. De la dépression car je n’ai pas confiance en moi, je me demande toujours ce que l’on pense de moi, si je fais bien. Pour le marchandage il est représenté par la perspective du diplôme mais je relativise en me disant que j’ai mon diplôme d’aide-soignante. Je parle au passé de mes anciennes fonctions depuis mon dernier stage de 2ème année, je suis donc dans l’étape de l’acceptation.

� N°9 : je n’ai pas l’impression d’avoir passé ces étapes, sinon pas de dénis, de la colère envers les soignants, pour la dépression, c’est dans mon tempérament de ne pas avoir confiance en moi, le marchandage, oui peut-être et pour l’acceptation je considère depuis le début que je suis une étudiante.

� N°10 : déni surtout en 1ère année et en théorie : « qu’est-ce que je fais là ? ». de la colère envers la négligence de soignants et le fait de me taire devant certain comportement ainsi qu’envers les formateurs par rapport l’idéal que l’on enseigne et la réalité du terrain. Pour la dépression, j’ai une baisse d’assurance pour la théorie en début de 3ème année. Le marchandage est représenté par la perspective du diplôme. Je suis au début de l’acceptation.

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20. Aujourd’hui que ressens-tu par rapport à tes compétences professionnelles quand tu es en stage ?

� N°1 : j’ai plus de confiance en moi car je fais les liens entre la théorie et la pratique sur les terrains de stage.

� N°2 : je me sens mieux grâce à mes connaissances théoriques et ma dextérité dans l’exécution des soins techniques acquise pendant les stages, j’ai plus de confiance en moi.

� N°3 : j’ai plus de confiance en moi, je prends plus d’initiatives, j’ai plus de connaissances théoriques et techniques surtout grâce aux stages qui sont plus concrets.

� N°4 : de mieux en mieux dans ma position d’étudiante, je continue à mettre en œuvre mes compétences, j’ai plus de confiance en moi,

� N°5 : je me sens de mieux en mieux depuis le début de 2ème année, je suis plus à l’aise avec les soins, j’ai plus de confiance en moi, j’arrive à faire les liens entre la théorie et les terrains de stage alors que je n’y arrivais pas trop en 1ère année.

� N°6 : plus de dextérité et d’assurance, donc de bonnes bases à approfondir quand je serai infirmière

� N°7 : plus d’assurance et les soignants le remarque (« j’avais oublié que tu étais élève »)

� N°8 : je crains un peu de ne pas pouvoir faire face à mes responsabilités mais je sais que j’ai des compétences, plus j’avance et plus j’apprends, tout est beaucoup plus clair, j’appréhende moins et je fais les liens, j’ai plus d’assurance.

� N°9 : j’ai encore un manque de confiance en moi, j’ai des craintes quant à la délégation de soins aux aides-soignantes et la gestion d’un service seule. J’ai aussi l’impression que je n’ai pas encore tout acquis alors que les équipes soignantes me prouvent le contraire et que je pense quand même être compétente grâce aux compétences acquises au fil de la formation.

� N°10 : je doute de mes connaissances, de ne pas faire le bon diagnostique infirmier, ne pas être réactive dans l’urgence, de la gestion de mon temps et d’un service seule mais je me sens prête à travailler mais pas dans certains services, j’ai plus de connaissances mais je sais que je retravaillerai mes questionnements, j’ai acquis beaucoup de confiance en moi et une logique de travail infirmier. J’ai une petite crainte à retravailler avec mes anciennes collègues. 21. A ce jour as-tu accepté le fait que tu n’étais plus une aide-soignante mais une

étudiante infirmière ?

� N°1 : oui. � N°2 : oui, plus de lapsus sur ma fonction. � N°3 : je commence à l’accepter. � N°4 : oui réellement, je dis plus facilement que je suis aide-soignante et ça se voit

moins. � N°5 : oui. � N°6 : oui.

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� N°7 : oui. � N°8 : oui, mais je ne dénigrerai jamais mon métier d’aide-soignante, je garderai mes

valeurs professionnelles, je pense que mon expérience sera une richesse dans une équipe par rapport au respect des aides-soignantes et de leur rôle.

� N°9 : oui. � N°10 : oui.

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ANNEXE N° V : TABLEAU D’EXPLOITATION DES ENTRETIENS

ABREVIATIONS UTILISEES DANS CE TABLEAU :

• IDE : Infirmière. • AS : Aide-soignante. • EIDE : Etudiante Infirmière. • DE : Diplôme d’Etat.

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1. Comment gères-tu ton statut d’aide-soignante lors des stages ? As-tu eu des difficultés à te positionner comme étudiante ? Pourquoi ?

Référence question

Enquêté

Ne se présente pas comme AS et l’on remarque vite leur compétences

Difficultés à se posi-tionner ; travaille davan-tage avec les AS, se trou-ve en port-à-faux entre AS et IDE en 1ère année et plus d’assurance pour s’imposer comme EIDE en 2ème année

Passé d’AS bénéfique pour la réussite de la formation

Il y a une « cassure », elles ne sont plus dans une équipe et ne peuvent plus exprimer leurs sentiments avec franchise

Eide n°1 - 33 ans - 10 ans AS

+ Veut être discrète

+ ne voulait pas ressentir de la culpabilité

+ très utile jusqu’à

maintenant

+

Eide n°2 - 29 ans - 7 ans AS

+ peur que l’on teste ou profite de ses compétences

+ Impression de ne pas être considérée comme une adulte surtout en 1ère année : changement de comportement des soignants quand ils connaissent ma situation familiale

+ En 2ème année elle a ressenti moins de difficultés à s’imposer et son passé d’aide-soignante est tout de même très positif

Eide n°3 - 40 ans - 17 ans AS

+ + Lui a beaucoup apporté

+

Eide n°4 - 26 ans - 5 ans AS

+ impression de mise à l’épreuve des AS pour prouver qu’elle n’a pas oublié ses anciennes fonctions

+ Sentiment de culpabilité si elle refusait de faire des remplacements d’AS

+ intégration rapide à l’organisation des services, la maturité et l’expérience lui permettent de gérer son stress et ses émotions et prodiguer des soins de qualité

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Référence question

Enquêté

Ne se présente pas comme AS et l’on remarque vite leur compétences

Difficultés à se posi-tionner ; travaille davan-tage avec les AS, se trou-ve en port-à-faux entre AS et IDE en 1ère année et plus d’assurance pour s’imposer comme EIDE en 2ème année

Passé d’AS bénéfique pour la réussite de la formation

Il y a une « cassure », elles ne sont plus dans une équipe et ne peuvent plus exprimer leurs sentiments avec franchise

Eide n°5- 29 ans 10 ans AS

+ + Sentiment de culpabilité quand elle ne pouvait pas les aider

+ très positif pour l’évolution de sa formation

+ Elle ne se sentait plus elle-même, ne plus être franche surtout envers, je cite « la négligence » de certains soignants

Eide n°6- 43 ans 18 ans AS

+ + Sentiment de sécurité et aussi de culpabilité

+ +

Eide n°7- 36 ans 12 ans AS

+ Impression qu’on la considère comme une AS et non une EIDE

+ Il n’y a plus d’ « étiquette d’AS » en 2ème et 3ème année

+

Eide n°8- 36 ans 10 ans AS

+ Veut être discrète et ne pas paraître Arrogante en avouant d’emblée son métier

+ Culpabilité quand elle ne pouvait pas se « couper en 10 »

+ Aide pour s’adapter rapi-dement aux services et dans les différentes prises en charge de patients.

+ Elle ne pouvait plus donner son point de vue

Eide n°9- 38 ans 13 ans AS

+ + + Facilite la compréhension des différentes organisa-tions des unités de soins.

+

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Référence question

Enquêté

Ne se présente pas comme AS et l’on remarque vite leur compétences

Difficultés à se posi-tionner ; travaille davan-tage avec les AS, se trou-ve en port-à-faux entre AS et IDE en 1ère année et plus d’assurance pour s’imposer comme EIDE en 2ème année

Passé d’AS bénéfique pour la réussite de la formation

Il y a une « cassure », elles ne sont plus dans une équipe et ne peuvent plus exprimer leurs sentiments avec franchise

Eide n°10 34 ans - 3 ans AS

+ + + Parfois difficultés à supporter les conseils lorsque pour elle c’était évident

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2. L’utilisation de tes compétences professionnelles par les équipes soignantes a-t-elle freiné l’acquisition de tes connaissances en stage? Pourquoi ?

Référence question

Enquêté

Freins dans l’acquisition Pas de freins dans l’ac-quisition

Plus de soins d’hygiène et de confort en 1ère année et moins en 2ème et 3ème année

Autres difficultés

Eide n°1 - 33 ans 10 ans AS

+ Porte-à-faux entre les AS et les IDE, utilisation des com-pétences donc pas de progression en tant qu’EIDE, les soins IDE n’étaient pas exploités

+ Plus d’assurance pour trouver sa place et répartir ses soins

Eide n°2 - 29 ans 7 ans AS + Les soignants ont plus de demandes. sentiment de culpabilité car elle voulait travaillait vite mais se trouvait lente

+

Eide n°3 - 40 ans 17 ans AS

+ Gestion du Temps et organisation

+ Difficile psychologiquement car peur de froisser les soignants

Eide n°4 - 26 ans 5 ans AS

+ Savait justifier son organisation grâce au vécu professionnel

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Référence question

Enquêté

Freins dans l’acquisition Pas de freins dans l’ac-quisition

Plus de soins d’hygiène et de confort en 1ère année et moins en 2ème et 3ème année

Autres difficultés

Eide n°5 - 29 ans -10 ans AS

+ Savait justifier son organisation avec diplomatie

Eide n°6- 43 ans -18 ans AS

+ +

Eide n°7 - 36 ans - 12 ans AS

+ Elle a « raté » des soins IDE car difficultés à s’imposer, se considérer comme « 2 bras en plus »

+ Assurance en plus et autre niveau d’étude, donc im-pression d’être considérée comme future IDE et plus ancienne AS

Eide n°8 - 36 ans -10 ans AS

+ Impression d’être une

« bonne main d’œuvre »

+

Eide n°9 - 38 ans -13 ans AS

+ + Impression d’être moins encadré et que l’on lui faisait trop confiance

Eide n°10 - 34 ans - 3 ans AS

+ Réquisition des AS en per-manence

+ S’est rendu compte que sa réflexion et sa logique de travail étaient un moyen d’avancer

+ Admiration des soignants quand ils connaissent sa si-tuation familiale

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3. Ta perte d’autonomie professionnelle a-t-elle suscité chez toi le devoir de donner le meilleur de toi-même pour que ta reconnaissance professionnelle soit maintenue ?

Référence question

Enquêté

oui Ont ressenti de la pression, de la fati-gue physique et psy-chologique

Prouver à l’entou-rage et à soi-même qu’elles sont capa-bles de réussir

Prouver qu’elle ne dénigre pas leur mé-tier d’aide-soignante

Différents sentiments ressentis

Eide n°1 - 33 ans – 10 ans AS

+ + Toujours dans l’optique de réussir et d’être une bonne IDE

+ « revanche sur la vie »

Eide n°2 - 29 ans – 7 ans AS

+ + Elle s’oblige d’être le profil « idéal » de l’EIDE connaissant, par expé-rience, les attitudes à adopter et a toujours un besoin de se rassurer

+ Elle n’est pas elle-même et pense toujours au rapport de stage, tou-jours le désir de recon-naissance de ses compét-ences, se refuse d’aller au rattrapage, ce qui engendre beaucoup de pression psychologique

Eide n° 3- 40 ans – 17 ans AS

+ + Impression de repartir de « zéro », d’être obligé de donner le meilleur de soi- même 7h/7h ne s’octroie pas de pause

+ Les soignants demandent toujours plus aux AS et ne pardonnent rien

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Référence question

Enquêté

oui Ont ressenti de la pression, de la fati-gue physique et psy-chologique

Prouver à l’entou-rage et à soi-même qu’elles sont capa-bles de réussir

Prouver qu’elle ne dénigre pas leur mé-tier d’aide-soignante

Différents sentiments ressentis

Eide n°4 - 26 ans - 5 ans AS

+ + Parfois elle est dé-pourvue de ses moyens

+ Toujours le désir de faire ses preuves en tant qu’EIDE et AS. Engagement de prou-ver qu’elle n’oublie pas ce qui engendre beaucoup de pression

+ Elle n’est pas elle-même et joue un rôle, elle voudrait être autonome comme avant

Eide n°6 - 43 ans - 18 ans AS

+ + En plus n’a pas les résultats escomptés en théorie

Eide n°7 - 36 ans - 12 ans AS

+ En théorie mais pas pendant les stages de 1ère année car elle estime avoir un tempérament cal-me et posé donc prend du recul

+ Beaucoup de « nuits blanches »

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Référence question

Enquêté

oui Ont ressenti de la pression, de la fati-gue physique et psy-chologique

Prouver à l’entou-rage et à soi-même qu’elles sont capa-bles de réussir

Prouver qu’elle ne dénigre pas leur mé-tier d’aide-soignante

Différents sentiments ressentis

Eide n°8 - 36 ans - 10 ans AS

+ Obligée de refaire ses preuves

+ Son perfectionnisme est accentué et se met « la barre très haut »

Eide n°9- 38 ans 13 ans AS

+ Toujours sur le qui-vive en stage

+ Epuisant de devoir se justifier tout le temps

Eide n°10 34 ans - 3 ans AS

+ Elle se posait des questions « bêtes » en stage

+ Toujours en recherche d’information, se sur-passer, et trouve que c’est épuisant de se réhabituer à chaque stage

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4. La représentation de la profession d’infirmière que tu avais, s’est-elle modifiée depuis que tu es rentrée dans la formation, as-tu

sous estimé les responsabilités de ton futur métier en éprouvant des doutes ou des difficultés, si oui lesquels ?

Référence question

Enquêté

Oui, la représentation c’est modifiée, elle n’avait pas conscience des responsabilités

Non, elle ne sait pas modifié

Appréhension pour son futur poste d’IDE

Réflexion personnelle

Eide n°1 - 33 ans - 10 ans AS

+ Conscience des difficultés, pas de surprise

+ Manque de confiance en elle et doute sur la gestion d’un service, seule

Eide n°2 - 29 ans - 7 ans AS

+ En 1ère année elle était en « terrain connu », elle a pris réellement conscience des responsabilités en 2ème an-née

+ Plus de peur en 2ème année quant à pouvoir bien faire, il ne fallait pas qu’elle reste sur ses acquis mais qu’elle investisse les soins IDE

Eide n°3 - 40 ans - 17 ans AS

+

+ Bientôt ce sera elle que les AS viendront voir quand il y aura un problème : elle sera la responsable

Eide n°4 - 26 ans - 5 ans AS

+ Elle avait conscience des difficultés

+ Elle avait effectué des dépassements de tâches

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Référence question

Enquêté

Oui, la représentation c’est modifiée, elle n’avait pas conscience des responsabilités

Non, elle ne sait pas modifié

Appréhension pour son futur poste d’IDE

Réflexion personnelle

Eide n°5 - 29 ans - 10 ans AS

+ j’ai sous estimé ce métier

+ Il faut de la rigueur, une erreur est vite arrivée et peut avoir de graves conséquences

Eide n°6 - 43 ans - 18 ans AS

+ Je n’ai pas sous estimé ce métier

+ Doute sur ses facultés d’organisation quand elle ne sera plus encadrée, malgré l’assurance d’en être capable

Eide n°7 - 36 ans - 12 ans AS

+ C’était limité aux soins techniques en occultant les responsabilités

+ Elle a des doutes sur ses acquisitions mais elle sait qu’elle continuera à appro-fondir ses connaissances

+ « on apprend toute sa vie ! ». pendant toute la formation et dans le but de réussir elle a toujours persévéré quand elle n’y arrivait pas,

Eide n°8 - 36 ans - 10 ans AS

+ elle avait cette repré-sentation mais elle n’avait pas totalement conscience des responsabilités

+ Car responsabilités nom-breuses et importantes

+ Les stages m’on démontré l’IDE que je veux être et celle que je ne veux pas être

Eide n°9 - 38 ans - 13 ans AS

+ Mais elle n’a pas éprouvé dedifficultés

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Référence question

Enquêté

Oui, la représentation c’est modifiée, elle n’avait pas conscience des responsabilités

Non, elle ne sait pas modifié

Appréhension pour son futur poste d’IDE

Réflexion personnelle

Eide n°10 - 34 ans - 3 ans AS

+ elle avait cette repré-sentation mais elle n’avait pas totalement conscience des responsabilités

+ il faut des connaissances-théoriques. elle trouve aussi que le travail IDE n’est pas reconnu par les médecins

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5. As-tu ressenti des sentiments propres aux étapes de deuil durant la formation, si oui dans quelle situation ? Et à ce jour à quelle étape te considères-tu ?

Référence question

Enquêté

Déni Colère Dépression Marchandage, en voulant obtenir leur DE

Acceptation

Eide n°1 - 33 ans – 10 ans AS

+ Devant le manque de respect de certain soignant, et acquis non reconnus

+ Difficultés pour gérer la vie de famille et les études

+ + Elle est sur « le chemin » de l’accep-tation

Eide n°2 - 29 ans – 7 ans AS

+ En début de 1ère année en se demandant pourquoi elle faisait cette formation, surtout par rapport à sa famille

+ face aux attitudes désagréables de certain soignant ou quand se retrouvait seule pendant un soin difficile (ex : décès)

+ Surtout en théorie

+ + Elle est sur « le chemin » de l’accep-tation car ressent encore des doutes sur ses compétences d’étudiante

Eide n°3 - 40 ans – 17 ans AS

+ Le 1er trimestre de la formation en se demandant ce qu’elle faisait dans la for-mation

+ Envers les jeunes IDE qui profitent de leur position hiérarchique en adoptant une attitude de supériorité qui déstabilise

+ Périodiquement en stage et en théorie face à l’énergie à fournir pour réussir

+ Je suis dans l’étape du marchandage

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Référence question

Enquêté

Déni Colère Dépression Marchandage, en vou-lant obtenir leur DE

Acceptation

Eide n°4 - 26 ans - 5 ans AS

+ Face à la façon de parler de certains soi-gnants et que l’on a plus de crédibilité avec une situation familiale

+ Pour l’école car les formateurs considèrent tous les étudiants comme des « adolescents » et ils ne les soutiennent pas assez

+ + Car elle a fait ses preuves en tant qu’é-tudiante

Eide n°5 - 29 ans - 10 ans AS

+ En 1ère année, en se demandant si elle allait y arriver

+ Due à la non consi-dération et le non respect de certain soi-gnant et de ne pas être soi-même en étant franche

+ Surtout à l’école

+ + Elle est sur « le chemin » de l’accep-tation

Eide n°6 - 43 ans - 18 ans AS

+ En 1 ère année, en se disant « qu’elle n’au-rait pas du… »

+ Par rapport à la théorie enseignée et sur le terrain avec l’attitude désagréable des soignants

+ oui et encore au-jourd’hui, elle a tou-jours peur de ne pas y arriver et le ressent encore plus après un résultat qu’elle considère comme un échec

+

+ Mais à l’impression de faire un circuit permanent de ces éta-pes

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Référence question

Enquêté

Déni Colère Dépression Marchandage, en voulant obtenir leur DE

Acceptation

Eide n°7 - 36 ans - 12 ans AS

+ Le 1er trimestre en se demandant ce qu’elle faisait dans la forma-tion car il y avait un changement de vie sociale radicale

+ Par rapport à l’arro-gance et le non respect de certains soignants qui l’ont démotivée par moment

+ Pendant les 3 ans, de plus en plus peur de ne pas y arriver avec l’approche du DE, beaucoup de travail personnel pour par-fois des résultats qu’elle considère comme un échec

+ + Elle est EIDE depuis la fin de 2ème année, mais ne dénigrera jamais son métier d’AS et heureu-sement que sa famille était là pour l’épauler

Eide n°8 - 36 ans - 10 ans AS

+ Envers le personnel désagréable, agressif ou négligent qui l’on déstabilisée

+ Pas confiance en elle, se demande toujours ce que l’on pense d’elle

+ Mais elle relativise en se disant qu’elle a toujours son diplôme d’AS

+ Elle parle au passé de ses anciennes fonc-tions depuis son der-nier stage de 2ème an-née

Eide n°9 - 38 ans - 13 ans AS

+ Envers les soignants

+ C’est dans son tempé-rament de ne pas avoir confiance en elle

+

+ Elle considère depuis le début qu’elle est étudiante (elle n’a pas l’im-pression d’avoir passé les étapes du travail de deuil)

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Référence question

Enquêté

Déni Colère Dépression Marchandage, en voulant obtenir leur DE

Acceptation

Eide n°10 - 34 ans – 3 ans AS

+ Surtout la 1ère année, en théorie en se demandant ce qu’elle faisait là

+ Envers la « négligence » de certains soignants

+ Baisse d’assurance en théorie en début de 3ème année

+ + Se considère au début de l’acceptation.

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3. Aujourd’hui que ressens-tu par rapport à tes compétences professionnelles quand tu es en stage ?

Référence question

Enquêté

Plus de confiance en elle et d’assurance

Fait les liens entre la théorie et la pratique sur les terrains de stage

Plus de connaissances théoriques et techniques

Craintes pour ses futures fonctions et manque de confiance en elle

Eide n°1- 33 ans 10 ans AS

+ +

Eide n°2- 29 ans 7 ans AS + + Elle se sent mieux grâce aux connaissances théoriques et aussi grâce à sa dextérité acquise pendant les stages

Eide n°3- 40 ans 17 ans AS

+ Prend plus d’initiatives

+ Les stages sont plus

concrets

Eide n°4- 26 ans 5 ans AS

+ De mieux en mieux

Eide n°5- 29 ans 10 ans AS

+ De mieux en mieux depuis le début de 2ème année

+ Depuis le début de 2ème année

Eide n°6- 43 ans 18 ans AS

+ Plus de dextérité

+ De bonnes bases à appro-fondir quand elle sera infirmière

Eide n°7- 36 ans 12 ans AS

+ Les soignants remarquent ses compétences

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Référence question

Enquêté

Plus de confiance en elle et d’assurance

Fait les liens entre la théorie et la pratique sur les terrains de stage

Plus de connaissances théoriques et techniques

Craintes pour ses futures fonctions et manque de confiance en elle

Eide n°8- 36 ans 10 ans AS

+ Elle sait qu’elle a des

compétences

+ Ressens moins

d’appréhension en stage

+ Plus elle avance et plus elle apprend, tout est beaucoup plus clair

+ De ne pas pouvoir faire

face à ses responsabilités

Eide n°9- 38 ans 13 ans AS

+ Elle pense être compétente

+ Impression de ne pas avoir tout acquit, elle craint la délégation de soins aux AS et la gestion d’un service seul alors que les soignants remarquent ses compéten-ces

Eide n°10 34 ans - 3 ans AS

+ Elle se sent prête à travailler mais pas dans tous les services, elle a acquis une logique de travail

+ Elle sait qu’elle retravaillera ses questionnements quand elle sera infirmière

+ Elle doute de ses connais-sances, de ne pas être réactive dans l’urgence, de la gestion d’un service seul et ressens une petite crainte à retravailler avec ses anciennes collègues

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4. A ce jour as-tu accepté le fait que tu n’étais plus une aide-soignante mais une étudiante infirmière ?

Référence question

Enquêté

oui non

Eide n°1 - 33 ans - 10 ans AS +

Eide n°2 - 29 ans - 7 ans AS + plus de lapsus sur sa fonction

Eide n°3 - 40 ans - 17 ans AS + elle commence à l’accepter

Eide n°4 - 26 ans - 5 ans AS + Elle dit plus facilement qu’elle était AS

Eide n°5 - 29 ans - 10 ans AS +

Eide n°6 - 43 ans - 18 ans AS +

Eide n°7 - 36 ans - 12 ans AS +

Eide n°8 - 36 ans - 10 ans AS + Mais elle ne dénigrera jamais ses anciennes fonctions

Eide n°9 - 38 ans - 13 ans AS +

Eide n°10 - 34 ans – 3 ans AS +

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ANNEXE N° VI : ANALYSE DESCRIPTIVE ILLUSTREE DES ENTRETIENS

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ILLUSTRATION N°1

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ILLUSTRATION N°2

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ILLUSTRATION N°3

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ILLUSTRATION N°4

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ILLUSTRATION N°5

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ILLUSTRATION N°6

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ILLUSTRATION N°7

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ILLUSTRATION N°8

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ILLUSTRATION N°9

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ILLUSTRATION N°10

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ILLUSTRATION N°11

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ILLUSTRATION N°12

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ILLUSTRATION N°13

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ILLUSTRATION N°14

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ILLUSTRATION N°15

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ILLUSTRATION N°16

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ILLUSTRATION N°17

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ILLUSTRATION N°18

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ILLUSTRATION N°19

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ILLUSTRATION N°20

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ILLUSTRATION N°21

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Institut de Formation en Soins Infirmiers Centre Hospitalier Geneviève de Gaulle Anthonioz Saint-Dizier Promotion : 2007-2010 BARREIRA DO CARMO Isabelle

Titre : « LE PROFESSIONNEL AIDE-SOIGNANT ET SON IDENTITE D’ETUDIANT»

Mots clés : Aide-soignant – Formation Professionnelle – Identité Professionnelle –

Deuil – Etudiant. Résumé du Travail de Fin d’Etude :

En entrant dans la formation en soins infirmiers, l’aide-soignant en promotion professionnelle doit, pour construire son identité d’étudiant, faire un travail de deuil de son identité professionnelle. Dans le processus de la construction identitaire, l’expérience d’aide-soignant, s’avère tantôt bénéfique, tantôt frustrante ou épuisante. Des entretiens menés auprès des étudiants concernés par ce thème m’ont permis d’étayer ce sujet et de répondre aux différents questionnements dégagés… Nombre de pages : 20 Je soussigné(e) : NOM : BARREIRA DO CARMO Prénom : Isabelle

Accepte ���� N’accepte pas Que cette 4ème de couverture apparaisse sur le site internet de xxxxxxx Fait à : VAUCLERC, le 28 JUIN 2010 Signature :

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