Le Protestantisme français et son historiographie

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Le Protestantisme français et son historiographieColigny ou les sermons imaginaires, Lectures pour le protestantisme français aujourd'hui byJean Carbonnier; "Les protestants", H-Histoire by Pierre Chaunu; François Georges Dreyfus;Les Protestants dans les débuts de la Troisième République (1871-1885) by André Encreve;Michel Richard; Les Protestants du Midi (1559-1598) by Janine Garrisson-Estebe; L'Hommeprotestant by Janine Garrisson-Estebe; Histoire des protestants e ...Review by: Jean BaubérotArchives de sciences sociales des religions, 29e Année, No. 58.2 (Oct. - Dec., 1984), pp. 175-186Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30125421 .

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Arch. Sc. soc. des Rel., 1984, 58/2 (octobre-decembre), 175 - 186 Jean BAUBEROT

LE PROTESTANTISME FRAN ET SON HISTORIOGRAPHIE

Apropos de:

Jean CARBONNIER, Coligny ou les sermons imaginaires, Lectures pour le protestantisme frangais aujourd'hui. Paris, P.U.F., 1982, 247 p. Pierre CHAUNU, Frangois Georges DREYFUS et alii, ( Les protestants n, H-Histoire, no 7, janvier-mars 1981, 194 p. Andre ENCREVE, Michel RICHARD (ed.), Les Pro- testants dans les debuts de la Troisieme Republique (1871-1885). Paris, Societe de l'Histoire du Protestan- usme rrangals, ivliv, /31 p. Janine GARRISSON-ESTEBE, Les Protestants du Midi (1559-1598). Toulouse, Privat, 1980, 367 p. Janine GARRISSON-ESTEBE, L'Homme protestant. Paris, Hachette, 1980, 254 p. Philippe JOUTARD, Robert MANDROU, Daniel ROBERT et alii, Histoire des protestants en France. Toulouse, Privat, 1977, 490 p. Roger MEHL, Le Protestantismefrangais dans la societe actuelle (1945-1980). Geneve, Labor et Fides, 1982, 253 p. Robert POUJOL, Histoire d'un village cevenol: Ve- bron. Aix-en-Provence, Edisud/Club Cevenol, 1981, 319 p. (preface de Ph. Joutard). Jean-Pierre RICHARDOT, Le Peuple protestant francais aujourd'hui. Paris, Robert Laffont, 1980, 365 p. et aussi Gilbert VINCENT (ed.), Les Protestants au miroir d'un sondage (IFOP, 1980). Strasbourg, C.S.P., 1983, 174 p. Jean-Paul WILLAIME, Les Pasteurs d'Alsace et de Moselle. Strasbourg, C.S.P., 1980, 155 p. Jean-Paul WILLAIME, Les Pasteurs de France (sauf Al Isace-Moselle). Strasbourg, C.S.P., 1982, 193 p.

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

Le protestantisme est constitue, en France, par un ensemble de groupe- ments socio-religieux extr6mement minoritaires - 1,5 % des Frangais sont ratta- ches a une Eglise protestante, 4% font partie d'une mouvance protestante (1)- qui est fort peu porteur de legitimite religieuse. Pour s'affirmer, ou mime pour survivre, il est engage dans un conflit perpetuel, latent ou ouvert, avec la confes- sion majoritaire et symboliquement legitime: le catholicisme, dont il est issu par dissidence, mais aussi dans la recherche d'une alliance avec certains de ses membres. Au cours des quatre siecles de son existence il a entretenu, surtout dans sa composante reformee, un rapport privilegie a son histoire ce qui, selon Serge Moscovici, est un des facteurs indispensables a un groupe de petite taille pour constituer une aminorite active ) (2). Ainsi Antoine Court, pasteur qui diri- gea la restructuration des Eglises reformees, selon le systeme presbyterien syno- dal, au moment des apers6cutions du debut du XVIII siecle, fut egalement un historien minutieux et rigoureux de "l'epop~ee camisarde (3).

D'apres Jean Carbonnier ce rapport privilegie a l'histoire, qui mile l'intellectuel et le spirituel, ou les <pasteurs se faisaient historiens de leurs paroisses n et oii les ((historiens tiraient de leur recherche une exhortation pastorale , n'existe plus depuis environ un demi-siecle. A partir des annees trente, en effet, le protestantisme se serait installe (dans l'ignorance, sinon dans le mepris, de sa propre histoire. Et I'auteur de rendre l'orientation theologique du barthisme et le developpement de l'oecumenisme responsables de cette desaffection. Desor- mais, les historiens du protestantisme frangais et leurs lecteurs sont (non protestants autant et plus que protestants) (4).

Un tel deplacement, sans doute egalement dependant de l'evolution globale de l'historiographie, se trouve-t-il confirme par l'examen d'ouvrages recents concernant le protestantisme frangais ? Et si cela est bien le cas, quelles modifi- cations en resultent dans l'historiographie protestante et aussi dans la situation du protestantisme en France ? Cette note de lecture a pour but d'apporter quelques e1lments de reponse a ces questions.

Avant cela, consid6rons les deux facteurs indiques par le doyen Carbonnier comme causes du declin d'une relation privilegi~e du protestantisme frangais a son histoire: l'hegemonie de la theologie barthienne (et de ses d6rives: theologie du monde, etc.) et le developpement d'un climat oecumenique.

Le moutement barthien s'est estime directement relie a l'epoque fondatrice -la Reformation du XVIV siecle- dont Barth aurait redecouvert les ((grandes affirmations e. Tout un travail de theologie historique - une reinterpretation barthienne des doctrines calviniennes notamment- a ete effectue, notamment en Allemagne et en Suisse, et a influence les cadres du protestantisme frangais. Cette perspective a theologiquement devalorise les siecles separant la Reforme du ,renouveau theologique barthien: a ce moment-la, se seraient developp6s de nouvelles scolastiques (XVIIe siecle), un semi-rationalisme religieux (XVIIIe siecle), des theologies a caractere anthropocentrique (XIXe siecle). Bref un ensemble d'entreprises qui risquaient de mener le christianisme a sa perte.

Cette vulgate barthienne ne s'est pas construite dans un vide socio-culturel. Outre la tendance generale de tout mouvement contestataire et novateur a en ap- peler a un passe fondateur contre l'epaisseur d'histoire qui le separe de ce passe, la raison principale de cette devalorisation nous parait &tre dans la situation se- cularisee du debut du vingtieme siecle. Le protestantisme historique se trouve-

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PROTESTANTISME FRAN(AIS

rait mis en accusation a la fois a cause de ses liens avec la <societe de chre-

tiente, (routinisation subsequente i la Reforme) et parce qu'il s'est trop accom-

mode au processus de s&cularisation (neo-protestantisme des XVIIIe et XIXe siecles). Par cette double critique, le barthisme tenterait d'apporter une reponse a la crise de la ((foi protestante)) amen&e par la secularisation sans avoir l'air, pour autant, de proner un retour au passe (5).

Dans cette atmosphere generale de polemique theologique s'est produit, de fagon plus specifique au protestantisme frangais, un certain rejet d'une histoire protestante popularisee sous une forme plus ou moins apolog&tique, centr&e sur l'exaltation des <(grands anc&tres,, <heros de la foi,, ((martyrs des persecutions ,. L'emergence d'un climat oecumenique contribuait, certes, i rendre obso- lete cette vision de l'histoire protestante longtemps reactualis&e par les antago- nismes intercommunautaires (6), mais aussi, et de fagon tout a fait lice, les transformations internes du groupe protestant dans la soci&t globale comme la diminution progressive de ((terroirs protestants) (7), l'affaiblissement du poids social de la religion, etc. I1 est clair que le rapport d'un protestant i l'histoire du protestantisme perd de son sens si ce protestant veut, par exemple, se marier avec un conjoint catholique. C'est mime le rejet de l'histoire protestante qui prend sens dans le cas ou ce mariage est considere par des parents ou allies comme une sorte de ( trahison ) de l'enracinement protestant (8). Le futur marie en arrive i penser que ((l'important n'est pas d'6tre protestant mais chretien, (9) et i vouloir oublier les caracteristiques concretes de l'histoire de sa communaute socio-religieuse. Or si, du fait mime de son histoire, la communaute protestante, a ete longtemps largement endogamique, depuis un demi-siecle son evolution, liee a celle de la societe globale, a amene un developpement des ((mariages mix- tes)) maintenant superieurs en nombre aux mariages inter-protestants (10).

L'keuvre historique d'Emile-Guillaume Leonard, fondatrice d'une histoire du protestantisme de type universitaire et scientifique bien qu'elle conserve un tres fort rapport <existentiel, au passe protestant, peut dtre considerde comme l'exemple-type du tournant de ce dernier demi-siecle dont parle Jean Carbon- nier. Travaux de reference pour les universitaires, textes de base pour les agrega- tifs quand le programme amene i s'occuper d'histoire du protestantisme, les ar- ticles et livres de Leonard sont meconnus d'une partie du public protestant. Nous pouvons mdme ecrire que bien des cadres du protestantisme ne les ont pas vraiment assimiles (11).

La production historiographique recente serait-elle l'aboutissement de ce deplacement? Les historiens du protestantisme -professionnels ou ( amateurs eclaires ,- en appelleraient-ils a un public non protestant devant la desaffection qu'ils subiraient dans la communaute protestante elle-mdme ? Assisterions-nous a une laicisation culturelle de l'histoire du protestantisme frangais par ailleurs congruente, sans doute, avec les conditions actuelles d'elaboration et de production historique?

Notre reponse i ces questions sera nuancde. II est indeniable, et par ailleurs peu etonnant, que se developpe actuellement une production historique sur le protestantisme moins etroitement inserde dans le champ protestant et integree, par contre, au champ universitaire. These de doctorat d'Etat, I'ouvrage de Ja- nine Garrisson-Estebe, Protestants du Midi 1559-1598 en est un exemple type. L'auteur y etudie de fagon minutieuse (12) les groupes sociaux qui constituent la

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societe protestante entre Rh6ne et Atlantique et son organisation religieuse dont I'originalite reside dans la mise en place d'un pouvoir collegial (le consistoire en constitue l'element-clef) aux attributions etendues. Les laics predominent sou- vent et notamment les hommes appartenant aux fonctions inferieures de la judi- cature. Apres la Saint-Barthelemy emerge une confederation entre les principa- les villes et bourgades tenues par la huguenoterie meridionale, sorte de contre- Etat que l'auteur, a la suite de Jean Delumeau, nomme les <<Provinces-Unies du Midi >. Le but de cette nouvelle societe n'est rien moins que <<((changer l'homme en reprimant et en eduquant. Transformation des rapports familiaux, surveil- lance etroite des moeurs, valorisation des etudes et du travail tels sont les domaines qui concourent a la mise en place du nouvel ordre calviniste. Cela ne va pas, bien stir, sans intolerance et les protestants du Midi tentent de <<louvoyer entre les regles abstraites promulguees par la hierarchie et les necessites du reel n (13).

Ouvrage fort erudit ou tableaux et graphiques voisinent avec d'abondantes citations de documents de l'epoque, la these de J. Garrison-Estebe s'adresse avant tout a un public d'historiens et le milieu universitaire a salue son travail avec des comptes rendus louangeux. Mais il faut remarquer que, pour I'histoire du protestantisme comme dans d'autres domaines, la production universitaire deborde largement I'edition de theses. Ainsi quand un editeur decide de publier un volume collectif sur l'Histoire des protestants en France il fait appel a des auteurs qui ne sont pas tous protestants mais qui occupent tous des fonctions dans des etablissements publics de l'enseignement superieur. Le genre litteraire utilise est, naturellement, fort eloigne de l'exhortation pastorale et le propos constitue une tentative de suivre l'evolution de la communaute protestante en France (des communautes protestantes pourrait-on mime ecrire puisque l'histoire des protestants en Alsace est trait&e dans des chapitres specifiques) plus que celle de la <<religion)) protestante en tant que telle (14).

Cette histoire du protestantisme produite a partir de l'Universite se situe- t-elle en rupture vis-a-vis d'une auto-histoire produite par des institutions ou des membres de la communaute protestante? En partie sans doute (15). Mais en partie seulement, car elle entraine aussi a sa suite une production historique ela- boree au sein mime du protestantisme et utilisant de plus en plus des criteres universitaires ou analogues a ceux de l'Universite. Donnons trois exemples.

Le premier concerne l'ancienne et venerable Societe de l'Histoire du Protes- tantisme Frangais, creee en 1852. Cette Societe a joue un r6le important dans le rapport du protestantisme a son histoire. Depuis une dizaine d'annees elle orga- nise des colloques. Si leur comite de preparation est compose uniquement de protestants (qui -sauf exception- ont une fonction universitaire) les inter- venants peuvent appartenir a des confessions differentes et c'est essentiellement le critere de competence scientifique qui est retenu. Le dernier a porte sur Les Protestants dans les debuts de la Troisieme Rdpublique et a ete l'occasion d'echanges fructueux sur une periode oif l'influence protestante dans la societe frangaise a sans doute atteint son maximum (16).

Autre exemple: l'Histoire d'un fillage cei'enol: VebronT, de Jacques Poujol, protestant travaillant dans la haute administration. Cet auteur, que son pre- facier situe dans la tradition des <<((amateurs eclaires qui a fleuri au XIXC siecle, declare avoir voulu explorer le <<passionnant mystere de ses racines >,. Or, au

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cours de son etude, il a decouvert une ((histoire inattendue) tres differente de celle dont ( parlaient (les) pasteurs avant 1939 >. Ces derniers insistaient sur la resistance des ancitres huguenots) des Cevennes en general et du canton de Vebron en particulier face aux efforts royaux pour rendre la France entierement catholique. Or Poujol a trouve ( une deuxieme resistance... Celle de ces "opiniA- tres catholiques", conservant une commune entiere (du canton)... dans le giron de l'Eglise romaine, plus, 9a et 1a, quelques petits groupes minoritaires restes fideles a la messe et a quelques cures entit&s a travailler sur le sol cevenol h (17). Au total cette tres interessante monographie se situe tout a fait dans la perspective de l'histoire des mentalites, bien a distance d'une histoire predicative.

Enfin dernier exemple, peut-6tre le plus caracteristique: depuis le debut du XXe siecle se tient chaque premier dimanche de septembre une assembl~e commemorative >. Elle a lieu au Mas Soubeyran, a c6te de la maison d'un chef camisard, Roland, mort au combat, et symbolisant done la resistance protestante aux persecutions (18). Quinze a vingt mille personnes sont rassemblees pour un culte en plein air, rappelant le temps de la clandestinite (19). L'apres-midi deux ou trois conferenciers traitent un sujet d'histoire protestante. Une de nos 6tudiantes a analyse l'evolution des discours prononces. Ces vingt dernieres ann~es, elle apparait nettement: les elements d'auto-celebration du passe heroi'- que se sont fortement attenues au profit d'exposes plus distancies donnant, sous une forme vulgarisee, les acquis de la recherche historique de type universitaire (20).

Faut-il en conclure que l'historiographie protestante a evolue d'une auto- histoire de type celebratif et predicatif a une hetero-histoire de type universitaire et scientifique, d'un rapport existentiel et propre a la communaute a un regard froid et distancie a virtualite universelle ? Sans doute, mais il s'agit d'une conclusion partielle, etape dans la reflexion sur l'historiographie protestante.

D'abord une premiere remarque: il est peut-6tre un peu excessif d'affirmer, comme J. Carbonnier, que desormais historiens et lecteurs sont ((non protestants autant et plus que protestants ) (21). Malgre le deplacement historiographique, au contraire, la majorite des auteurs et des lecteurs nous semblent toujours protestants de conviction ou, du moins, d'origine.

Pour les auteurs, le fait est peu contestable, facile a verifier: sur les neuf personnes qui ont redig6 l'Histoire des protestants en France, sept sont protestants ou d'origine protestante. II en est de m6me d'un peu plus des trois-quarts des auteurs de communications du colloque: Les Protestants dans les debuts de la Troisieme Republique. Etc... L'augmentation d'historiens du protestantisme non protestants est freinee, en France, par deux facteurs: la relative marginalite du protestantisme qui pourra faire estimer a un historien non motive par un rapport personnel au protestantisme qu'il risque, s'il choisit cette specialite, de mener un travail universitairement peu rentable; la complexite de l'univers protestant oh la pluralite des organisations, la multiplicite des dissidences, le grand nombre de tendances et de sous-tendances, etc... constitue un veritable labyrin- the dans lequel certains de ceux qui n'ont pas requ un minimum "d'education protestante , ont tendance a se perdre (22).

En ce qui concerne les lecteurs, le constat est moins facile. Mais d'apres nos observations personnelles des que l'on deborde un (public scientifique, - qui sauf exception et subvention paraitra insuffisant a un editeur - c'est majo-

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ritairement un public protestant (au sens large) qui se trouve vise. L'auteur de l'ouvrage concernant le protestantisme frangais ayant eu le plus fort tirage, ces dernieres ann~es, J.-P. Richardot, a publiquement declare qu'il avait publie son livre dans une maison d'edition non-protestante parce que cela lui avait sembl6 constituer le meilleur moyen d'atteindre un public protestant,, (23). Ce propos montre la persistance d'une histoire du protestantisme d'abord expos&e aux protestants et pour eux et l'evolution des rapports d'un protestant a la communaut6 protestante nettement plus mediatises aujourd'hui qu'autrefois par la societe globale.

Mais il faut egalement noter un fait significatif: de la derniere guerre a 1975, a part l'epoque fondatrice de la Reforme, relativement peu d'ouvrages ont traite de l'histoire du protestantisme; cela malgre les exceptions brillantes cons- titu~es par la production d'Emile Leonard et de son successeur i l'Ecole Prati- que des Hautes Etudes, Daniel Robert. Depuis huit ans nous assistons a un rela- tif mais indeniable foisonnement d'&tudes correspondant, semble-t-il, a un renouveau d'intr&t. Or un tel renouveau intervient au moment ou la theologie barthienne et ses derives ont subi une perte d'emprise substantielle et ou l'oecumenisme marque le pas. Ne serait-ce pas un indice que l'historiographie du protestantisme, mime quand elle se veut distanci&e et universitaire, entretient des rapports implicites avec le climat ideologico-theologique dans lequel se meut la communaute protestante frangaise ?

Des rapports, implicites ou mime explicites, ne sont-ils pas egalement per- ceptibles a la lecture de plusieurs ouvrages recents ? C'est ce qu'il nous semble.

Prenons le livre de Jean Carbonnier Coligny ou les sermons imaginaires dont les propos sur l'histoire ont servi de point de depart a notre reflexion. L'auteur veut, tres consciemment, articuler l'histoire pour l'histoire... des historiens , et une ((histoire significative, pour le <peuple protestant ,. I1 le fait non pas de fagon hagiographique -en donnant des exemples i suivre- mais en de- gageant un sens general: presenter l'histoire du protestantisme frangais comme celle d'une resistance, resistance i la violence de l'oppression ou aux seductions de l'accommodement mais aussi resistance de chacun a soi-mime, a la facilite frangaise de ne pas &tre protestant,) (24). Ce sens general se dedouble: il est exhortatif: c'est un appel aux protestants a ne pas ceder a cette facilite n en des temps ofi bien des caracteristiques sociales et socio-religieuses les y invitent; il est heuristique en proposant de lire l'histoire du protestantisme frangais, du XVI siecle ~ aujourd'hui, a partir des (contraintes)) qu'amene sa situation de groupe minoritaire et de mesurer pour chaque periode le maintien, la perte, le re- nouvellement d'aspects differentiels, distinctifs du protestantisme frangais. Et, ensemble de reflexions riches et eclatees, le Coligny de Jean Carbonnier comporte beaucoup d'hypotheses, de pistes de recherches qu'historiens et socio- logues auront grand profit a tester sur des dossiers precis (25).

L'ouvrage de Roger Mehl, Le Protestantisme frangais dans la societe actuelle est consacre a la periode 1945-1980. L'auteur part d'un constat: ce n'est pas seulement le rapport a une histoire relativement ancienne qui a flechi, ces dernieres d&cennies, dans le protestantisme, c'est aussi -conjointement ?- la memoire d'un passe proche. Ce qui nous manque le plus, ecrit-il, c'est la memoire: nous abordons toutes les questions comme si elles etaient neuves et comme si nous etions les premiers a les traiter,, (26). Le doyen Mehl a done

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PROTESTANTISME FRANCAIS

voulu ecrire un ouvrage d'histoire... element de memoire collective ) en assu- mant la partialite de sa memoire personnelle: partialite, indique-t-il lui-m~me, d'un homme qui, etudiant, a rencontre Karl Barth et que cette rencontre a marque pour toute la vie ) (27). Son livre, effectivement, est sous-tendu par une ligne theologique qui refute et l'integrisme) et (( le progressisme)) protestant, distin- gue entre une ( politisation des Eglises qu'il desapprouve et leur ( ministere politique) qui lui semble une consequence logique de leur vocation. Mais cet ouvrage est egalement un travail aux references nombreuses et solides, donnant, par exemple, des informations de premiere main sur les recentes tentatives d'unite interprotestantes et montrant, de fagon distanciee, que la periode qu'il etudie constitua, pour le groupe protestant frangais, un moment de ( reconstruc- tion ) et de deconstruction n, de ( renouveau ) et d'hesitation >. Tout comme le Coligny de J. Carbonnier, Le Protestantismefrangais de R. Mehl peut donc &tre l'objet d'une double lecture.

Ces deux ouvrages ont en commun le fait d'&tre l'oeuvre d'universitaires non historiens mais proches de ces derniers (28). Tout deux ont joue -jouent -

un r6le de premier plan dans le protestantisme institutionnel. Bien que leurs positions personnelles soient differentes, chacun est, a sa maniere, inquiet et leurs livres sont aussi l'expression de leur inquietude. Pour J. Carbonnier le sens de la dissidence protestante, de la resistance protestante se perd par accommodation a la societe globale et a la religion dominante -le catholicisme- qui impregne cette societe jusque dans sa situation laicisee. Selon R. Mehl la presence protestante est devenue bien discrete li oui s'elabore la culture et oui emergent de nouvelles valeurs. L'avenir du protestantisme frangais risque d'&tre ((modeste) meme s'il n'est pas forcement insignifiant (29). Allons-nous decouvrir une autre maniere d'aborder le protestantisme et un diagnostic different chez deux autres auteurs -l'un historien professionnel, l'autre journaliste- qui vivent leur protestantisme -leur enracinement protestant- en marge ou a distance des institutions protestantes ?

Le premier auteur n'est autre que Janine Garrisson-Estebe. Parallelement aux Protestants du Midi cette historienne a publie L'Homme protestant, ouvrage synthetique, destine i un public cultive mais large. Le milieu intellectuel protestant qui avait rendu hommage i la these a critique ce nouveau livre. On a mis en cause le titre, trop general, alors que l'ouvrage traite essentiellement des calvinistes frangais et la fagon dont, partant du XVIe siecle qu'elle connait par- faitement, I'auteur a prolonge son etude jusqu'au XIXe et au XXe siecles, travaillant li de seconde main et commettant d'assez nombreuses petites er- reurs (30).

Ce jugement est severe. La question principale nous semble la suivante: les historiens professionnels doivent-ils se cantonner dans des ouvrages tres specia- lises, i petit tirage et laisser d'autres recolter le fruit principal de leur travail en publiant, eux, des vulgarisations approximatives pour grand public ? Ces historiens ont-ils le droit d'ecrire eux-mimes des livres de synthese au risque d'outre- passer quelque peu leur competence et d'accepter de leur editeur un titre media- tique? Nous plaiderions volontiers pour ce droit i propos de l'ouvrage de J. Garrisson-Estebe. A notre avis, mime pour la periode qui ne constitue pas son champ de recherche propre, elle offre des pages stimulantes, par exemple sur l'intellectualite protestante ou la femme protestante.

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Mais dans le cadre de cette note, nous interesse plus particulierement la mise en perspective axiologique qu'elle effectue du dossier qu'elle a scientifique- ment traite avec sa these de doctorat d'Etat. Au XVIC siecle, nous dit-elle, les huguenots du Midi ont reussi -imparfaitement et temporairement- a installer un systeme politique et religieux oui le pouvoir emane de la base n, systeme novateur et qui, en mime temps, conservait aussi des e1lments d'organisation heri- tes du Moyen Age. Et notre historienne de conclure: Offrons-nous un rave: si les protestants du Midi avaient conquis le royaume, s'ils avaient gagne... ? La France serait devenue ce pays decentralise et traditionaliste dont tous les obser- vateurs du mal frangais... deplorent l'absence (31). Pour elle, des le XVIF siecle, il existe une sorte ((d'autogestion)) protestante (32).

Cette these du ( pouvoir de la base ) dans le protestantisme (reforme), de ( l'autonomie locale en religion comme en politique completee par un federa- lisme qui assure une solidarite entre les differentes collectivites locales (33) est reprise plus systematiquement encore par Jean-Pierre Richardot, journaliste qui a mene, deux annees durant, une enquite a forte impregnation historique. Pour cet auteur, du XVIP au XXe siecles, ( deux modeles diametralement oppo- ses cherchent a structurer les differents domaines de la vie publique. Le premier est a la fois centralisateur et romain. Le second est autonomiste, federaliste et protestant ) (34).

Cette mise en perspective axiologique pour interessante qu'elle soit n'est pas, bien stir, la seule possible. Une autre pourrait dtre l'insistance sur des tendances ~revolutionnaires et totalitaires que recelait le nouvel ordre calviniste quand il tentait d'extirper a les comportements religieux consideres comme idolitres et traquait ((toutes les habitudes heritees de l'ancienne societe d'ex- ces (35). Les Protestants du Midi donnent bien des elements allant dans ce sens et son auteur de conclure: c Quels empicheurs de danser en rond! Que de pas- sion dans la reforme des moeurs et dans le contr6le de la vie quotidienne! L'intolerance en ce domaine atteint des degres extremes; pour beaucoup de tiedes croyants, I'existence est devenue des lors, bien amere. Car ces pionniers qui font avancer l'histoire savent, en se contraignant eux-mimes, contraindre aussi les autres avec assez de verve. Il est vrai qu'en la matiere, le XXe siecle a su se montrer autrement inventif) (36). La comparaison avec des experiences recentes de nouvel ordre revolutionnaire est refusee aussit6t qu'evoquee. De fait dans L'Homme protestant elle n'est pas entreprise et rien dans l'ouvrage de J.-P. Ri- chardot non plus n'y fait allusion.

Il ne s'agit pas ici de debattre de la pertinence ou de la non pertinence de l'une ou l'autre mise en perspective axiologique. Simplement d'ecrire que ce n'est sans doute pas par hasard que la premiere est choisie et la seconde ecartee. Car en privilegiant l'idee d'un modele protestant d'organisation politique et sociale democratique, J. Garrisson-Estebe et J.-P. Richardot reprennent, sous une forme relativement nouvelle, des affirmations que l'on trouve deja dans les ecrits des cadres institutionnels du protestantisme d'il y a cent ans: la Reforme du XVIP est la mere de la Revolution frangaise, les protestants ont ete les ancitres des republicains, etc... (37). La nouveaute est qu'au XIXe siecle on avait tendance a faire des protestants les precurseurs de la Republique, telle qu'elle etait finalement advenue; aujourd'hui on verrait plut6t les protestants comme les in- venteurs de ce qu'aurait pu &tre une France republicaine si le protestantisme n'avait pas perdu la partie (38).

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Interessant chasse-croise, en tout cas: les responsables actuels des institutions protestantes semblent avoir abandonne toute reflexion autour d'un modele protestant politico-social (39), deux auteurs qui vivent leur protestantisme a distance des institutions protestantes continuent, en la renouvelant, a en Stre les porteurs. Tout se passe comme si pasteurs et dirigeants d'Eglises, tres engages dans une strategie oecumenique de concentration chretienne avaient perdu le souci d'une specificite protestante ou, du moins, le consideraient comme secon- daire. Par contre des protestants d'enracinement et de culture, voulant le rester parfois au-dela mime des dogmes et des rites d'une religion delaissee (40), se demandent s'il existera ((encore dans quarante ans un peuple protestant ) (41) et appellent les membres de leur communaute a (une nouvelle fois lutter pour de- meurer protestants ) (42).

En definitive il nous semble que le diagnostic de Jean Carbonnier, rapporte au debut de cette note, se confirme mais partiellement. Il semble bien exact que le souci historique se soit marginalise dans la vie ecclesiale protestante. Mais chez ceux qui continuent a en 8tre les porteurs, la volonte de rigueur se double d'un element qui n'est peut-8tre plus pastoral mais reste tres exhortatif. Ecrire l'histoire du protestantisme, ancienne ou recente, constitue une maniere de dire a la communaute protestante frangaise: vous avez effectue ((ensemble de grandes choses dans le passe . Voulez-vous et pouvez-vous ( en faire encore dans l'avenir n ? (43).

Et en voulant exhorter les protestants actuels par la (re)construction de leur passe, les historiens -de profession ou d'adoption- n'ont-ils pas tendance, a leur insu, a dresser un tableau un peu noir du protestantisme frangais d'aujourd'hui?

Quelques travaux sociologiques recents peuvent donner certains elements de reponse. Le sondage effectue par I'IFOP en 1980 a montre, nous l'avons dit, l'existence d'une mouvance protestante plus de deux fois superieure aux protestants recenses par les Eglises (44). Cela indique que le protestantisme frangais conserve un certain pouvoir d'attraction qu'il pourrait utiliser. Il est vrai cepen- dant que les conditions de preparation de ce sondage ont confirme le caractere hesitant, timore de la direction du protestantisme institutionnel: celle-ci a eu be- soin d'une impulsion catholique pour le commanditer (45). Nous avons, dans ces deux faits, une contradiction interessante.

Par ailleurs l'enquite de Jean-Paul Willaime sur le pastorat exergant en France (46) montre l'importance actuelle d'un type de protestantisme dont les historiens parlent peu quand ils abordent le temps present: le protestantisme de type evangelique. Pres du quart des pasteurs affirment se rattacher a ce courant (47). Leurs reponses montrent que nous avons affaire a un ((courant tres type dont les cadres pastoraux "ont en general des positions assez tranchees sur toute une serie de questions)) notamment de fortes reticences a l'egard du socio-politique, une grande reserve en matiere oecumenique et une insistance sur le salut personnel, l'evangelisation et la mission (48). Ces positions peuvent paraitre a certains peu souhaitables ou differentes de ce qu'ils valorisent dans le protestantisme historique. Mais du point de vue de la neutralite axiologique, elles possedent des caracteristiques propres a assurer la cohesion d'un groupe social. A lire l'enquite de Willaime, a mener aussi une serie d'observations sociologiques sur les manifestations du courant evangelique, il semble bien que ce

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protestantisme-la manifeste un certain dynamisme, en tout cas ne connaisse pas de crise d'identite.

Mais il est significatif de constater qu'aucun de nos auteurs, quand ils abordent l'histoire la plus recente du protestantisme en France, ne traite de la reus- site la plus spectaculaire de ce groupe socio-religieux ces trente dernieres annees: son developpement dans la communaute tzigane. En 1950 il n'existait pratiquement pas, en France, de tziganes protestants. Aujourd'hui la Mission Evan- gelique Tzigane - Eglise pentec6tiste membre de la Federation Protestante de France- compte environ cinquante mille membres et sympathisants (49). Son poids numerique est done comparable a celui de l'Fglise Lutherienne Evangeli- que de France ou a celui de l'Eglise Reformee d'Alsace et de Lorraine mime si sa visibilite sociale n'est pas la mime. Et cette Eglise est, de plus, devenue le point de depart d'une mission mondiale qui a essaime dans des dizaines de pays (50).

Alors si declin il y a, declin du protestantisme ? Ou declin d'un protestantisme ? Le protestantisme familier aux historiens (au sens large) protestants: celui dans lequel ils sont nes et/ou ont ete forms ? Plut6t que de declin ne faudrait-il pas parler alors de transformations interprotestantes?

Jean BAUBEROT

NOTES:

(1) Cf. les indications donnees par Jean BAUBIROT et Alain ZWILLING in Gilbert VINCENT (ed.), ouv. cite, 7, 18.

(2) Cf. Serge MOSCOVICI, Psychologie des minoritis actives. Paris, 1979.

(3) Philippe JOUTARD, La Ligende des Camisards, une sensibiliti au passe. Paris, 1977.

(4) Jean CARBONNIER, ouv. citd, 19.

(5) Nous avons tente de degager la signification socio-historique du barthisme dans notre contribution a Histoire des protestants en France, ouv. citd.

(6) Meurtres antiprotestants lors de la Terreur Blanche, atteintes a la liberte de l'evangelisation protestante tout au long du XIXe siecle, antiprotestantisme ideologique a la fin du XIXe et au debut du XXe siecles. Cf. Daniel ROBERT, Andre ENCREVE et Jean BAUBEROT in Histoire des protestants en France, ouv. citd.

(7) C'est-a-dire les cantons ou la population protestante est egale ou superieure a environ 25% de la population totale.

(8) (Jusqu'a une periode recente) <le mariage mixte avec un ou une catholique n'etait pas seulement un changement de religion mais la trahison d'une lignee qui rendait inutile le sacrifice de l'ancitre Philippe JOUTARD in <Les Protestants) H-Histoire no 7, 1981, 13.

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(9) Affirmation dont nous ne discutons pas ici la pertinence theologique mais qui, d'un point de vue socio-historique, comporte des aspects tres destructurants pour l'idendite protestante en France: le dese- quilibre numerique et la difference de legitimite symbolique font que, a un niveau social, chretien n et ( catholique) sont pratiquement synonymes.

(10) Selon le sondage IFOP de 1980, 20% des membres de la mouvance protestante ont un conjoint protestant tandis que 50% ont un conjoint catholique. Et ces proportions ((correspondent tout a fait aux donnees statistiques des Eglises protestantes au cours des trois ou quatre dernieres decennies , Roger MEHL in Gilbert VINCENT (ed.), ouv. citde, 129.

(11) Un indice parmi d'autres: lorsqu'a deux reprises le Conseil de la Federation Protestante de France a discute la vision de l'histoire contenue dans le document le plus important qu'elle ait jamais publie, aucun membre du Conseil n'a songe a utiliser les resultats de l'oeuvre d'Emile-Guillaume Leonard pour remedier aux insuffisances de cette vision, pourtant largement perques. Cf. Jean BAUBEROT, Le Pouroir de contester, Geneve, Labor et Fides, 1983, 148 ss, 163 s, 171 ss.

(12) A partir d'un echantillonnage au 500e (2733 personnes pour une population protestante appro- chant sans doute un million et demi).

(13) Janine GARRISSON ESTEBE, Protestants..., 336.

(14) Cf. Philippe JOUTARD, R. MANDROU, Daniel ROBERT et alii, oui. cite.

(15) Rupture non seulement par rapport a une auto-histoire hagiographique mais aussi face a la vision de l'histoire produite par I'ideologie cecumenique qui a tendance a croire que les differentes Eglises chretiennes ont eu, dans le passe, des attitudes identiques face a la societe.

(16) Cf. Andre ENCREVE, Michel RICHARD (ed.), ouv. cite (les differentes sections du colloque ont porte sur: 1) ( enseignement et vie intellectuelle ,, 2) la vie politique >, 3) la vie economique ,, 4) ~ la vie religieuse n, 5) ~ aspects internationaux n, 6) ~ aspects regionaux a.

(17) Jacques POUJOL, oui. cite, 287 s.

(18) Ce choix de Roland est significatif. Pour les historiens professionnels, en effet, le chef le plus important des Camisards est Cavalier, mais celui-ci a negocie avec le pouvoir royal.

(19) La predication est prononcee dans une chaire portative du Desert et le vin de la Cene est distri- bue dans des coupes en etain datant du Desert. Les elements communionnels avec le passe sont done fortement presents.

(20) F. MORILLERE, Essai sur les Assemblees commemoratives du Musee du Desert, Dipl6me de I'E.P.H.E. 1983.

(21) Jean CARBONNIER, ouv. citd, 19.

(22) Un exemple parmi beaucoup d'autres: sous la plume d'un historien catholique, Andre Philip -un des introducteurs de la theologie barthienne en France- devient un <protestant liberal . Cf. Frangois DELPECH, ((La persecution des juifs et l'amitie chretienne in Eglises et chretiens dans la deuxieme guerre mondiale. La rigion Rhdne-Alpes, Presses Univ. de Lyon, 1978, 151.

(23) Propos tenus a la Faculte de Theologie protestante de Paris le 23/3/81. Cela n'empiche pas, d'ailleurs, la recherche d'un autre public: (public catholiques ou ((public occitan) notamment.

(24) Jean CARBONNIER, out. cite~, 20.

(25) Pistes de recherches notamment sur les caracteristiques propres de la marginalite protestante dans la societe frangaise, la difference de conception de la liberte religieuse entre catholiques et protestants, le puritanisme, I'illegitimite protestante, etc.

(26) Roger MEHL, ourt. cite, 8.

(27) Roger MEHL, ibid.

(28) Jean Carbonnier, juriste, est vice-president de la Societe de l'Histoire du Protestantisme Frangais; Roger Mehl, philosophe et theologien, est le fondateur du Centre de Sociologie du Protestan- tisme.

(29) Roger MEHL, ourt. cite, 239 s.

(30) Certaines etant manifestement des fautes d'impression comme M. Weker pour M. Weber.

(31) Janine GARRISSON-ESTEBE, L'Homme..., 31.

(32) Janine GARRISSON-ESTEBE, ibid., 29.

(33) Jean-Pierre RICHARDOT, our. cite, 90 ss.

(34) Jean-Pierre RICHARDOT, ibid., 71.

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(35) Janine GARRISSON-ESTEBE, Les Protestants..., 291.

(36) Janine GARRISSON-ESTEBE, ibid., 336.

(37) Cf. not. Jean BAUBEIROT ( Les principaux themes anti-protestants et la replique protestante ,, (a la fin du XIXe s.), Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuse, 1973/2, 210s.

(38) A la fin du XIXe siecle, bien des cadres protestants esperaient encore ((protestantiser,, la France ou estimaient qu'elle &tait en train de " s'impregner d'esprit protestant >. L'idee d'une filiation entre la Reforme et la Revolution est a considerer dans cette perspective et I'idee d'un modele protestant de democratie non realise en France est congruent avec son abandon (idee deja emise, au XIXe siecle par des allies, du protestantisme comme, par exemple, Edgar Quinet).

(39) Il n'est pas present en tout cas dans les textes publies par les diverses Eglises protestantes et par la Federation Protestante de France.


(41) Jean-Pierre RICHARDOT, ouv. cite, 208.


(43) Jean-Pierre RICHARDOT, ouv. citd, 98.

(44) La question posee etant une question de proximite (< plus proche du catholicisme, du protestantisme, ou d'aucune de ces religions ? a) et non strictement d'appartenance. Cf. Alain ZWILLING in Gil- bert VINCENT (ed.), ouv. cite, 13.

(45) Cf. Jean BAUBiROT, ibid., 6, 8 s.

(46) Cette enqu&te a dejai donne lieu aux deux rapports d'enquite cites. Mais un ouvrage donnant de fagon plus complete resultats et commentaires est en cours d'impression. Les A.S.S.R. en rendront compte apres sa parution.

(47) 18% en Alsace-Moselle (Cf. Jean-Paul WILLAIME, Les Pasteurs d'Alsace..., 32), 27, 3% dans le reste de la France (Cf. Jean-Paul WILLAIME, Les Pasteurs de France..., 39).

(48) Jean-Paul WILLAIME, Les Pasteurs de France..., 40 s.

(49) La Mission Evangelique Tzigane etant une E lglise de professants ) pratiquant le baptdme des

adultes, il faut, pour pouvoir comparer son nombre de membres avec celui des ~Eglises multitudinistes ,,, inclure les sympathisants.

(50) Nous avons essaye de rendre compte de l'importance que prend, dans le protestantisme frangais actuel, le courant evangelique en general et la Mission Evangelique Tzigane en particulier dans notre article: ( Le Protestantisme frangais entre le declin et le renouveau ,,, Lumiere et Vie, no 150, 39 ss. et dans un article a paraitre in XXe sieclee: ( Trois cents ans apres La Revocation de l'Edit de Nantes; le protestantisme frangais: autorevocation ou nouveau souffle,,.

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Documents

Le Protestantisme français et son historiographie