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8/3/2019 Le rapport 2011 de l'OIT
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Rsum
Pr-dition
ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAILINSTITUT INTERNATIONAL DTUDES SOCIALES
Rapport sur le travail dans le monde 2011
Des marchs au service de lemploi
Sous embargo jusquau 11h30 GMT31 octobre 2011
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Rsum
Le ralentissement conomique pourrait entraner unerechute pour lemploi
Les prochains mois seront cruciaux pour viter une rechute de lemploi et une
nouvelle dgradation du climat social. Lconomie mondiale, qui commenait se
relever de la crise mondiale, est entre dans une nouvelle phase de ralentissement
conomique. Dans les grandes conomies avances, la croissance conomique
marque le pas et certains pays sont nouveau entrs en rcession, en particulier
en Europe. La croissance a galement faibli dans certains grands pays mergents
ou en dveloppement.
Si lon se fie lexprience passe, il faudra environ six mois pour que le
ralentissement conomique en cours affecte le march du travail. En effet, alors
quil avait t possible immdiatement aprs la crise mondiale de reporter ou
dattnuer les pertes demploi dans une certaine mesure, cette fois-ci le
ralentissement pourrait avoir des rpercussions plus rapides et plus fortes sur
lemploi. Aprs la chute de Lehman Brothers en 2008, de nombreuses entreprises
viables, sattendant un ralentissement temporaire de leur activit, avaient t
enclines conserver leur personnel. Aujourdhui, aprs trois annes de crise,
lenvironnement est devenu plus incertain pour les entreprises, alors que les
perspectives conomiques continuent de se dtriorer. La prservation des
emplois pourrait par consquent tre moins frquente.
En outre, les dispositifs publics de soutien lemploi et aux revenus, qui ont
dmontr leur relle capacit amortir les pertes demploi et soutenir les
pratiques de maintien de lemploi dans les entreprises viables au dbut de la crise
mondiale, pourraient tre revus la baisse dans le cadre des mesures daustrit
budgtaire adoptes dans un nombre croissant de pays. Finalement, et plus
fondamentalement, alors quen 2008-2009 les pays, et en particulier ceux du G20,
avaient essay de coordonner leurs politiques, il est clair quils agissent dsormais
de manire isole. Cela conduit des politiques visant renforcer la comptitivit
et les mesures de prservation de lemploi pourraient en tre les premires
victimes.
Un ralentissement de lemploi a dj commenc poindre (chapitre 1). Cest le cas
dans prs de deux tiers des conomies avances et dans la moiti des conomies
mergentes ou en dveloppement pour lesquelles nous disposons de donnes.
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Entre-temps, les jeunes continuent darriver sur le march du travail. De ce fait,
environ 80 millions de crations nettes demploi seront ncessaires au cours des
deux prochaines annes pour rtablir les niveaux demploi davant la crise (dont 27
millions dans les conomies avances et le reste dans les pays mergents ou en
dveloppement voir tableau 1). Au regard de la conjoncture actuelle, lconomie
mondiale ne devrait pouvoir crer que la moiti environ des emplois ncessaires.
On estime par ailleurs que lemploi dans les conomies avances ne reviendra aux
niveaux davant la crise quen 2016, cest--dire un an plus tard que le dlai estim
par le Rapport sur le travail dans le monde 2010.
aggravant les ingalits et le mcontentement social
Selon une tude mene pour les besoins de ce Rapport, alors que la reprise
draille, le mcontentement social se rpand (Graphique 1). Dans 40 pour cent des
119 pays pour lesquels ont pu tre produites des statistiques, le risque de troubles
sociaux a considrablement augment depuis 2010. De la mme manire, 58 pour
cent des pays enregistrent une hausse du pourcentage de personnes qui dclarentune dtrioration de leur niveau de vie. La confiance dans laptitude des
gouvernements faire face cette situation sest affaiblie dans la moiti des pays.
Le Rapport montre que le niveau de mcontentement social dpend la fois de
lvolution de lemploi et de la perception selon laquelle le fardeau de la crise est
quitablement rparti. Le mcontentement social sest intensifi dans les
conomies avances, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et, bien que dans
une moindre mesure, en Asie. En revanche, il semblerait stre stabilis en Afrique
subsaharienne et a mme diminu en Amrique latine.
et retardant dautant la reprise conomique
La dtrioration de la conjoncture sociale et de lemploi est en train daffecter
son tour la croissance conomique. Dans les conomies avances, la
consommation des mnages un moteur essentiel de la croissance est molle
parce que les travailleurs sont plus pessimistes quant leurs perspectives demploi
et de salaire (tableau 2). Les indicateurs montrent quaux Etats-Unis et dans
plusieurs pays europens les travailleurs sattendent une stagnation voire une
chute de leur rmunration. Les incertitudes en matire de consommation,
conjugues aux faiblesses chroniques du systme financier dans les conomies
avances, dpriment les investissements dans tous les pays, y compris dans les
conomies mergentes ou en dveloppement qui dpendent principalement des
exportations pour leur croissance et la cration demplois.
En bref, un cercle vicieux sest mis en place: lconomie affaiblie affecte les
emplois et le climat social, ce qui dprime les investissements rels et la
consommation, donc lconomie, et ainsi de suite.
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Le cercle vicieux peut tre interrompu si lon met les
marchs au service de lemploi et non linverse
Les tendances rcentes illustrent le fait que lon na pas accord suffisamment
dattention lemploi comme moteur cl de la reprise. Les pays se sont peu peu
focaliss sur lapaisement des marchs financiers. Dans les conomies avances en
particulier, le dbat a souvent tourn autour de la rigueur budgtaire et des
moyens pour venir en aide aux banques sans ncessairement rformer les
pratiques bancaires qui ont conduit la crise, ni offrir de perspectives de
redressement de lconomie relle. Dans certains cas, cela sest accompagn de
mesures qui ont t perues comme une menace pour la protection sociale et les
droits des travailleurs. Ce qui ne va pas stimuler la croissance ni lemploi.
Paralllement, la rgulation du systme financier lpicentre de la crise mondiale
nest pas encore satisfaisante. Dans les conomies avances, le systme financier
ne remplit toujours pas son rle traditionnel dintermdiaire vis--vis de
lconomie relle. De leur ct, les conomies mergentes ont t affectes par
lafflux massif de capitaux volatiles (chapitre 2).
En pratique, cela signifie que lemploi est considr comme secondaire par rapport
aux objectifs financiers. Il est frappant de constater que, si la plupart des pays se
sont maintenant dots de plans de consolidation budgtaire, une seule grande
conomie avance les Etats-Unis a annonc un plan densemble en faveur de
lemploi. Ailleurs, les politiques de lemploi sont souvent regardes travers le
prisme budgtaire.
Il est urgent de passer la vitesse suprieure. La marge de manuvre pourobtenir un effet de levier sur la cration demplois et de richesses se rduit
mesure que lexclusion du march du travail commence se manifester et que le
mcontentement social augmente.
Cela exige, premirement, de garantir une corrlation plustroite entre salaires et productivit, en commenant parles pays excdentaires
Il est temps de reconsidrer les politiques de modration salariale. Ces vingt
dernires annes, la majorit des pays ont enregistr un recul de la part du travaildans le revenu national ce qui veut dire que les revenus rels des salaris et des
travailleurs indpendants ont, en moyenne, augment moins vite que ne le
justifierait la prise en compte des gains de productivit. La modration salariale ne
sest pas traduite non plus par un surcrot dinvestissement rel: entre 2000 et
2009, plus de 83 pour cent des pays ont connu une hausse de la part des profits
dans le PIB mais ces profits ont davantage servi verser des dividendes plutt qu
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investir (chapitre 2). Il nexiste dailleurs pas de preuve tangible que la modration
salariale aurait dynamis les perspectives demploi (chapitre 3).
En ralit, la modration salariale a contribu alimenter les dsquilibres
globaux qui, coupls aux insuffisances du systme financier, ont conduit la crise
et sa perptuation. Dans les conomies avances, la stagnation des salaires a
cr un terrain fertile pour une croissance fonde sur des dpenses finances crdit ce qui nest tout simplement pas viable. Et dans certains pays mergents
ou en dveloppement, la modration salariale faisait partie intgrante des
stratgies de croissance bases sur les exportations vers les conomies avances
et cette stratgie elle non plus nest pas viable.
En garantissant un lien plus troit entre salaires et productivit, on contribuerait
combler le dficit mondial de la demande. En outre, cette approche quilibre
permettrait dviter aux gouvernements qui ont des contraintes budgtaires de
devoir stimuler lconomie. Dans de nombreux pays, les niveaux de profitabilit
sont tels que lalignement de la hausse des salaires sur la productivit permettraitaussi de soutenir linvestissement.
La politique devrait videmment sadapter aux contextes nationaux. Cela passe
ncessairement par le dialogue social et la ngociation collective, par la mise en
place de mcanismes de salaire minimum bien conus et par le dploiement de
nouveaux efforts pour promouvoir les normes fondamentales du travail.
Conscientes de cela, les conomies excdentaires comme lAllemagne, la Chine, le
Japon et la Fdration de Russie, ont une position de comptitivit forte et
disposent donc de marges de manuvre suprieures aux autres pays pour
conduire ce type de politique. Une volution plus quilibre des revenus dans lespays excdentaires serait de lintrt de ces pays tout en contribuant la reprise
dans les pays dficitaires, en particulier dans ceux de la zone euro qui ne peuvent
pas compter sur une dvaluation de leur monnaie pour recouvrer leur
comptitivit perdue.
deuximement, de soutenir linvestissement rel, en
particulier par la rforme financire
Aucune reprise de lemploi ne sera possible sans restaurer le crdit aux petites
entreprises viables. Dans lUE, le pourcentage net de banques faisant tat dunresserrement des conditions de prt est rest positif tout au long de 2011; quand
on demande aux entreprises de lUE quel est le problme le plus urgent quelles
ont rencontr entre septembre 2010 et fvrier 2011, un cinquime des petites
entreprises cite les difficults daccs au financement. Un appui cibl pourrait leur
tre apport en garantissant le crdit, en dployant des mdiateurs pour revoir les
refus opposs aux demandes de crdit manant de petites entreprises, et en
fournissant des liquidits directement aux banques pour financer les oprations
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des petites entreprises. Ces mesures ont dj t prises dans des pays comme le
Brsil et lAllemagne.
Les pays en dveloppement bnficient dune grande marge pour augmenter
linvestissement dans les rgions rurales et agricoles (chapitre 4). Cela suppose de
bien cibler linvestissement public mais aussi dinflchir la spculation financire
sur les denres alimentaires afin de rduire la volatilit des prix. Les prix desdenres alimentaires ont t deux fois plus volatiles pendant la priode 2006-2010
quau cours des cinq annes prcdentes. De ce fait, toute augmentation du
revenu agricole est perue par les producteurs en particulier les plus petits
comme temporaire. Les producteurs se voient donc privs dun horizon stable,
ncessaire pour investir les gains de revenus agricoles, ce qui perptue les
pnuries alimentaires et gche les opportunits de travail dcent.
troisimement, de maintenir et, dans certains cas, derenforcer les programmes axs sur lemploi financs par
une assiette fiscale largie
Aucun pays ne peut se dvelopper en creusant linfini son dficit et en
alourdissant sa dette publique. Cependant, les efforts dploys pour rduire cet
endettement et ces dficits se sont exagrment, et de manire contreproductive,
concentrs sur des programmes sociaux et de march du travail. En effet, les
coupes budgtaires dans ces domaines doivent tre soigneusement values, en
termes deffets directs et indirects. Par exemple, la rduction des programmes de
soutien au revenu peut court terme mener des rductions de cots mais elle
peut galement accentuer la pauvret et la baisse de la consommation, avec des
effets durables sur le potentiel de croissance et le bien-tre individuel.
Une approche favorable lemploi axe sur des mesures rentables sera essentielle
pour viter une nouvelle dtrioration de lemploi. Des programmes pro-emploi
bien conus confortent la demande tout en facilitant un retour plus rapide vers les
conditions qui prvalaient sur le march du travail avant la crise. En priode de
crise, le soutien prcoce savre payant grce la rduction des risques
dexclusion du march du travail, ainsi quaux gains de productivit. Les effets
positifs sur lemploi dune meilleure adquation au march du travail compensent
les effets ngatifs rsultant de lviction du secteur priv. Si lon augmente dun
demi pour cent du PIB les dpenses consacres aux politiques actives du marchdu travail, lemploi saccroitrait de 0,2 1,2 pour cent moyen terme, selon les
pays (chapitre 6). Bien que ces estimations ne fournissent que des ordres de
grandeur, elles suggrent nanmoins que cette approche est compatible avec les
objectifs budgtaires moyen terme.
De plus, ces programmes axs sur lemploi ne sont pas onreux pour les deniers
publics. Si ncessaire, de nouvelles ressources pourront tre dgages pour
financer des dpenses indispensables. A cet gard, le Rapport note quil existe des
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possibilits pour largir lassiette fiscale, notamment en taxant la proprit et
certaines transactions financires (chapitre 5). Ces mesures contribueraient une
meilleure efficacit conomique et permettraient de partager plus quitablement
le fardeau de lajustement et par l-mme dapaiser les tensions sociales. La
nature htrogne de la reprise exige cependant dappliquer cette approche au
regard des circonstances propres chaque pays.
... et de replacer lemploi en tte de lagenda mondial
La responsabilit de mettre les marchs au service de lemploi incombe en premier
lieu aux gouvernements nationaux. Ils ont leur disposition une vaste panoplie de
mesures sinspirant du Pacte mondial pour lemploi de lOIT quil sagisse de
programmes de protection sociale favorables lemploi, de rglementations bien
adaptes en matire de salaire minimum et demploi ou de dialogue social
fructueux qui peuvent tre rapidement mobilises et articules avec des
conditions macroconomiques et financires favorables lemploi. Cest surtout
dans la zone euro, l o les signes daffaiblissement conomique sont les plusforts, quil importe dagir rapidement sur ce front.
La coordination politique internationale est elle aussi un enjeu essentiel, mme si
la tche est devenue plus ardue avec la diversit des situations conjoncturelles des
pays. Toutefois, les conclusions du Rapport rappellent quune rcession de
lemploi dans une rgion donne affectera, tt ou tard, la conjoncture
conomique et sociale des autres rgions. Dautre part, linterdpendance des
conomies signifie que si les pays agissent de manire coordonne les effets
bnfiques pour lemploi sen trouveront amplifis. A cet gard, le G20 a un rle
majeur jouer pour maintenir lemploi, tout comme les enjeux budgtaires etfinanciers, en tte des priorits de lagenda global. Sur ce plan-l aussi, le temps
presse.
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Tableau Error! No text of specified style in document.. Estimation de la pnurie d'emplois en 2012-
2013
Emplois ncessaires
en 2012-2013 pour
rtablir les taux
d'emploi de 2007
(en millions)
Projections pour le
nombre demplois
crs en 2012-13 (en
millions)
Pnurie de
postes de
travail (en
millions)
Economies avances 27.2 2.5 -24.7
Economies mergentes
et en dveloppement52.8 37.7 -15.1
Monde 80.0 40.1 -39.9
Note: L'emploi et la population en ge de travailler se rfrent aux personnes ges de 15 ans et plus.La 3me colonne du tableau rsulte de la diffrence entre la 2me colonne et la 1re colonne.
Source: Estimations de lIIES bases sur Laborsta et KILM (voir chapitre 1).
Graphique 1. Evolution du risque de tensions sociales dans 119 pays entre 2006 et 2010
Note: Une valeur positive indique un plus haut risque de tension sociale (voir chapitre 1 pour plus de dtails).
Source: Estimations de l'IIES sur la base des donnes tires du Sondage Mondial Gallup, 2011.
-0.04
-0.02
0.00
0.02
0.04
0.06
0.08
0.10
0.12
0.14
Economies
avances
Moyen-Orient et
Afrique du Nord
A sie du Sud Asie de l'Est,
Asie du Sud-Est
et Pacifique
Europe Centrale
et Orientale et
CEI
Afrique
subsaharienne
Amrique Latine
et Carabes
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Tableau 2. Insatisfaction quant la disponibilit de bons emplois dans 119 pays en 2010
Asie de lEst, Asie du Sud-est et Pacifique 44%
Chine 59%
Indonsie 56%
Thalande 22%
Vietnam 34%
Economies avances 55%
Australie 34%
Canada 39%
France 56%
Allemagne 53%
Grce 82%
Irlande 80%
Italie 71%
Japon 46%
Rpublique de Core 48%
Espagne 77%
Royaume-Uni 57%
Etats-Unis 61%
Amrique Latine et Carabes 55%
Argentine 47%
Brsil 49%
Mexique 61%
Moyen-Orient et Afrique du Nord 59%
Egypte 88%
Liban 78%
Arabie Saoudite 39%
Turquie 62%
Asie du Sud 63%
Inde 61%
Europe Centrale et Orientale et CEI 71%
Hongrie 81%
Lituanie 83%
Pologne 61%
Fdration de Russie 59%
Afrique Subsaharienne 79%
Ghana 85%Afrique du Sud 84%
Sngal 91%
Note: La question pose tait : Dans la ville ou rgion dans laquelle vous vivez, tes-vous satisfait ou
insatisfait de la disponibilit de bons emplois? Le pourcentage dindividus ayant rpondu insatisfait
est report dans ce tableau. Le tableau couvre 119 pays et les donnes spcifiques quelques pays sont
fournies titre dexemple.
Source: Estimations de lIIES bases sur les donnes du Sondage Mondial Gallup, 2011.