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redzoua1987
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Le Realisme Balzacien
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4/4/2014 Mots Passants de Sainte-Anne
http://www.blogs-sainte-anne-brest.fr/mots_passants/spip.php?article165 1/2
"Cette premire pice exhale une odeur sans nom dans la langue, et quil faudrait appeler lodeur de pension. Elle sent
le renferm, le moisi, le rance ; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pntre les vtements ; elle a le got
dune salle o lon a dn ; elle pue le service, loffice, lhospice. Peut-tre pourrait-elle se dcrire si lon inventait un
procd pour valuer les quantits lmentaires et nausabondes quy jettent les atmosphres catarrhales et sui
generis de chaque pensionnaire, jeune ou vieux. Eh bien ! malgr ces plates horreurs, si vous le compariez la salle
manger, qui lui est contigu, vous trouveriez ce salon lgant et parfum comme doit ltre un boudoir. Cette salle,
entirement boise, fut jadis peinte en une couleur indistincte aujourdhui, qui forme un fond sur lequel la crasse a
imprim ses couches de manire y dessiner des figures bizarres. Elle est plaque de buffets gluants sur lesquels sont
des carafes chancres, ternies, des ronds de moir mtallique, des piles dassiettes en porcelaine paisse, bords
bleus, fabriques Tournai. Dans un angle est place une boite cases numrotes qui sert garder les serviettes, ou
taches ou vineuses, de chaque pensionnaire. Il sy rencontre de ces meubles indestructibles, proscrits partout, mais
placs l comme le sont les dbris de la civilisation aux Incurables. Vous y verriez un baromtre capucin qui sort quand
il pleut, des gravures excrables qui tent lapptit, toutes encadres en bois verni filets dors ; un cartel en caille
incruste de cuivre ; un pole vert, des quinquets dArgand o la poussire se combine avec lhuile, une longue table
couverte en toile cire assez grasse pour quun factieux externe y crive son nom en se servant de son doigt comme
de style, des chaises estropies, de petits paillassons piteux en sparterie qui se droule toujours sans se perdre jamais,
puis des chaufferettes misrables trous casss, charnires dfaites, dont le bois se carbonise. Pour expliquer
combien ce mobilier est vieux, crevass, pourri, tremblant, rong, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en
faire une description qui retarderait trop lintrt de cette histoire, et que les gens presss ne pardonneraient pas. Le
carreau rouge est plein de valles produites par le frottement ou par les mises en couleur. Enfin, l rgne la misre sans
posie ; une misre conome, concentre, rpe. Si elle na pas de fange encore, elle a des taches ; si elle na ni trous
ni haillons, elle va tomber en pourriture.
Cette pice est dans tout son lustre au moment o, vers sept heures du matin, le chat de madame Vauquer prcde
sa matresse, saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes dassiettes, et fait entendre
son rourou matinal. Bientt la veuve se montre, attife de son bonnet de tulle sous lequel pend un tour de faux
cheveux mal mis ; elle marche en tranassant ses pantoufles grimaces. Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de
laquelle sort un nez bec de perroquet ; ses petites mains poteles, sa personne dodue comme un rat dglise, son
corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle o suinte le malheur, o sest blottie la spculation
et dont madame Vauquer respire lair chaudement ftide sans en tre cure. Sa figure frache comme une premire
gele dautomne, ses yeux rids, dont lexpression passe du sourire prescrit aux danseuses lamer renfrognement de
lescompteur, enfin toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne. Le bagne ne va pas
sans largousin, vous nimagineriez pas lun sans lautre. Lembonpoint blafard de cette petite femme est le produit de
cette vie, comme le typhus est la consquence des exhalaisons dun hpital. Son jupon de laine tricote, qui dpasse
sa premire jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouate schappe par les fentes de ltoffe lzarde, rsume le
salon, la salle manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires. Quand elle est l, ce spectacle
est complet. Age denviron cinquante ans, madame Vauquer ressemble toutes les femmes qui ont eu des malheurs.
Elle a lil vitreux, lair innocent dune entremetteuse qui va se gendarmer pour se faire payer plus cher, mais dailleurs
prte tout pour adoucir son sort, livrer Georges ou Pichegru, si Georges ou Pichegru taient encore livrer."
En quoi peut on dire que la description de la pension Vauquer est un rcit raliste ?
Dans cet extrait du Pre Goriot de Balzac, le narrateur utilise diffrents procds du ralisme pour permettre au lecteur
de mieux simaginer la pice.
Tout dabord, lensemble de la description est pjoratif. En effet, le narrateur emploie de nombreux adjectifs pjoratifs
tels que moisi ligne 2, nausabondes et gluants. De plus, le champ lexical de la salet est prsent travers les
termes crasse, taches et grasse. Tous ces mots entranent une vision ngative et une atmosphre
inhospitalire de la pice. Cela illustre bien le refus de lembellissement voulu par les ralistes. De plus, sont prsents,
dans le texte, des pices et objets du quotidien tels que la salle manger et le salon ou encore des carafes,
des assiettes et des serviettes. Dautre part, la description est trs prcise parce que ltat, les matires et
lorigine des objets sont cits. Par exemple, les chaufferettes ligne 21 sont misrables, trous casss avec des
charnires dfaites et en bois. Tous les lments qui composent la pice sont dcrits. Par ailleurs, des rfrences
la ralit sont prsentes telles que une toponymie prcise puisque Tournai est une ville situe en Belgique. Enfin,
tous les sens sont sollicits. En effet, le verbe pue sollicite lodorat, les tach[es] sur les serviettes sollicitent la vue,
4/4/2014 Mots Passants de Sainte-Anne
http://www.blogs-sainte-anne-brest.fr/mots_passants/spip.php?article165 2/2
gluants sollicite le toucher, elle a le got dune salle o lon a dn sollicite le got. Cela participe rendre plus
prcise la description.
Tous ces lments nous permettent de dire que cette description est raliste.