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SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT 419 L’étude statistique a été faite en rétrospectif. Les résultats montrent que pour 1 336 prothèses posées, il y eut 76 révisions: 39 pour fracture, 14 pour raideurs, 9 pour déforma- tion, 4 pour synovite au silastic 4 pour luxation, 2 pour infection, 2 pour spicule osseux. En matière de fracture de l’implant, l’analyse de survie selon Kaplan-Meier montre une survie à 10 ans de 83 % et à 17 ans de 63 %. Si on mesure les critères de survie sur les mains (404) et non plus sur les implants, le pourcentage est de 55 % à 17 ans. Toutefois, si on prend comme critère le nombre de fractures de l’implant visibles sur les radiographies et dont bon nombre n’ont pas nécessité de révi- sion, l’indice de survie de la prothèse tombe à 58 % à 10 ans et à 37 % à 17 ans en s’aggravant selon une courbe régulière. La présence d’une fracture de l’implant visible sur les radiogra- phies sans trouble fonctionnel important n’impose donc pas la révision puisque avec un recul de 17 ans 2/3 seulement des pro- thèses fracturées ont été réopérées. La synovite par particules de silastic semble une complication rare : 4 cas seulement ont été réopérés soit 0,3 %. Dans la discussion, les auteurs insistent sur l’intérêt d’aligner, de stabiliser le poignet ou de l’équilibrer et d’équilibrer les muscles intrinsèques de la main ; cet équilibrage doit être obtenu soit par des interventions préalables soit au cours de la pose de prothèse en silastic. La survie à long terme à 15 ans augmente de 70 à 90 % en cas de transfert des intrinsèques. D’autre part, moins la déviation ulnaire est importante en préopératoire meilleurs sont les résultats. Il est préférable d’opérer avant que la déviation ulnaire du poignet ne soit excessive ; la correction du poignet par réalignement sera faite soit avant soit en cours d’opération. Les manipulations des doigts sous anesthésie pour raideur sont asso- ciées à une importante proportion de révisions. Pour les auteurs les résultats de cette série confirment la valeur de la prothèse de Swanson dans la polyarthrite rhumatoïde. Seventeen-year survivorship analysis of silastic etacarpophalan- geal joint replacement I.A. TRAIL, J.A. MARTIN, D. NUTTALL, J.K. STANLEY J Bone Joint Surg, 2004, 86, 1002-1006. MEMBRE INFÉRIEUR Le remodelage pelvien après Chiari prolonge-t-il longtemps la survie sans arthrose de la hanche dysplasique ? Les auteurs d’Edimbourg rapportent une série de 215 ostéotomies à déplacement interne réalisées, depuis 1966, pour dysplasie symptomatique et incongruente de hanche. L’analyse de « survie » de ces 215 ostéotomies a montré que 4 hanches sur 5 n’ont pas nécessité de conversion vers la PTH ou l’arthrodèse (courbe de Kaplan-Meier, cf. la figure 2 de l’article). À 5 ans, la survie est de 99 %, elle est encore de 85,5 % à 30 ans. L’analyse radiologique a pu être faite sur 86 ostéotomies, avec un recul moyen de 18 ans (5 à 30) après la chirurgie réalisée à un âge de 15,9 ± 9,5 ans. La survie dans ce groupe est de 83,3 %, donc représentatif de l’ensemble. Le besoin de reprise est signif- icativement plus élevé chez les opérés après l’âge de 25 ans. L’angle CE passe de 2,5 ± 13,9 en préopératoire à 41,8°± 15 en postopératoire immédiat. Cette amélioration est maintenue au plus grand recul (38,5°± 16,5). Même en cas de sévère dysplasie avec CE inférieur à 0, une amélioration substantielle sur la cou- verture fémorale a été obtenue habituellement par déplacement interne du fragment inférieur, mais aussi par combinaison d’un déplacement interne du fragment inférieur et externe de l’aile iliaque. Toutefois, la tête n’a pas toujours été médialisée par l’ostéotomie et le déplacement latéral de l’ilion a surtout été noté lorsque la position de l’articulation était relativement médiale avant l’opération ou quand la hanche était arthrosique. Dans le long terme, le remodelage pelvien n’annule pas la médi- alisation produite par l’ostéotomie et la couverture fémorale se maintient. Conclusion : cette ostéotomie permet d’améliorer la couverture fémorale d’une hanche dysplasique pour une longue durée, prob- ablement supérieure à 30 ans. L’intervention apporte les meilleurs résultats lorsqu’elle est pratiquée chez l’adolescent et l’adulte jeune et mérite de garder sa place dans le traitement des troubles architecturaux avant l’arthrose. Commentaire : la courbe de survie donne évidemment quelques renseignements sur l’état fonctionnel, mais on peut regretter que sur cette importante série de 86 cas, analysée radiologiquement avec long recul, les auteurs ne se soient intéressés qu’à l’angle CE de couverture de face, sans aucune précision sur la congru- ence réelle, ni sur l’interligne articulaire. Le déplacement latéral du fragment alaire, qui est habituellement considéré comme un échec de l’ostéotomie, n’a pas l’air de troubler les auteurs qui considèrent qu’il est fréquent, surtout à partir d’un certain âge et qu’il participe néanmoins à l’amélioration de la couverture fémorale, même en l’absence de médialisation réelle. Pelvic remodelling after the Chiari osteotomy: a long-term review M.F. MACNICOL, H.K. LO, K.F. Y ONG J Bone Joint Surg (Br), 2004, 86, 648-654. La croissance du col peut se poursuivre après fixation d’une épiphysiolyse avant la maturité squelettique Cette équipe romaine s’est intéressée à la croissance du col fémoral après traitement chirurgical d’une EFS par vissage, chez des enfants non matures. Le vissage avec une seule vis canulée permet une stabilisation adéquate de l’épiphyse, diminue le volume occupé par le métal et évite l’atteinte des zones dangereuses pour la vascularisation. La fermeture recherchée de la physe n’a habituellement pas de conséquence sur la croissance du col, car les enfants opérés sont proches de la fin de croissance. Mais si le traitement est réalisé chez des enfants plus jeunes, ces troubles de croissance peuvent avoir des conséquences. Les auteurs étudient donc ce problème. Pour cela, ils ont revu la totalité de leurs cas opérés pour EFS, avec relevé de la maturation osseuse. Les critères retenus pour inclusion dans cette étude sont : 1) EFS légère ou moyenne (30 à 50), 2) potentiel de croissance résiduelle, 3) un dossier radi- ologique complet, 4) un recul de plus de 36 mois. Dix enfants ont ainsi été sélectionnés, 9 garçons et 1 fille, âge moyen 11,5 ans (10,6 à 12,6) avec 6 EFS stables et 4 instables. Tous étaient Tanner I, avec AO moyen de 11,8. Le recul moyen est de 44,3 mois (36 à 76). Les items étudiés sont multiples : modification de l’angulation du glissement, significative si 5 ou plus — croissance du col en longueur et en épaisseur (plusieurs mesures, cf. la figure 1 de

Le remodelage pelvien après Chiari prolonge-t-il longtemps la survie sans arthrose de la hanche dysplasique ?

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SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT 419

L’étude statistique a été faite en rétrospectif.Les résultats montrent que pour 1 336 prothèses posées, il y eut76 révisions: 39 pour fracture, 14 pour raideurs, 9 pour déforma-tion, 4 pour synovite au silastic 4 pour luxation, 2 pour infection,2 pour spicule osseux. En matière de fracture de l’implant,l’analyse de survie selon Kaplan-Meier montre une survie à10 ans de 83 % et à 17 ans de 63 %. Si on mesure les critères desurvie sur les mains (404) et non plus sur les implants, lepourcentage est de 55 % à 17 ans. Toutefois, si on prend commecritère le nombre de fractures de l’implant visibles sur lesradiographies et dont bon nombre n’ont pas nécessité de révi-sion, l’indice de survie de la prothèse tombe à 58 % à 10 ans et à37 % à 17 ans en s’aggravant selon une courbe régulière.La présence d’une fracture de l’implant visible sur les radiogra-phies sans trouble fonctionnel important n’impose donc pas larévision puisque avec un recul de 17 ans 2/3 seulement des pro-thèses fracturées ont été réopérées.La synovite par particules de silastic semble une complicationrare : 4 cas seulement ont été réopérés soit 0,3 %.Dans la discussion, les auteurs insistent sur l’intérêt d’aligner, destabiliser le poignet ou de l’équilibrer et d’équilibrer les musclesintrinsèques de la main ; cet équilibrage doit être obtenu soit pardes interventions préalables soit au cours de la pose de prothèseen silastic. La survie à long terme à 15 ans augmente de 70 à90 % en cas de transfert des intrinsèques. D’autre part, moins ladéviation ulnaire est importante en préopératoire meilleurs sontles résultats. Il est préférable d’opérer avant que la déviationulnaire du poignet ne soit excessive ; la correction du poignet parréalignement sera faite soit avant soit en cours d’opération. Lesmanipulations des doigts sous anesthésie pour raideur sont asso-ciées à une importante proportion de révisions.Pour les auteurs les résultats de cette série confirment la valeurde la prothèse de Swanson dans la polyarthrite rhumatoïde.Seventeen-year survivorship analysis of silastic etacarpophalan-geal joint replacementI.A. TRAIL, J.A. MARTIN, D. NUTTALL, J.K. STANLEY

J Bone Joint Surg, 2004, 86, 1002-1006.

MEMBRE INFÉRIEUR

Le remodelage pelvien après Chiari prolonge-t-il longtemps lasurvie sans arthrose de la hanche dysplasique ?

Les auteurs d’Edimbourg rapportent une série de215 ostéotomies à déplacement interne réalisées, depuis 1966,pour dysplasie symptomatique et incongruente de hanche.L’analyse de « survie » de ces 215 ostéotomies a montré que4 hanches sur 5 n’ont pas nécessité de conversion vers la PTH oul’arthrodèse (courbe de Kaplan-Meier, cf. la figure 2 de l’article).À 5 ans, la survie est de 99 %, elle est encore de 85,5 % à 30 ans.L’analyse radiologique a pu être faite sur 86 ostéotomies, avecun recul moyen de 18 ans (5 à 30) après la chirurgie réalisée à unâge de 15,9 ± 9,5 ans. La survie dans ce groupe est de 83,3 %,donc représentatif de l’ensemble. Le besoin de reprise est signif-icativement plus élevé chez les opérés après l’âge de 25 ans.L’angle CE passe de 2,5 ± 13,9 en préopératoire à 41,8° ± 15 enpostopératoire immédiat. Cette amélioration est maintenue auplus grand recul (38,5° ± 16,5). Même en cas de sévère dysplasie

avec CE inférieur à 0, une amélioration substantielle sur la cou-verture fémorale a été obtenue habituellement par déplacementinterne du fragment inférieur, mais aussi par combinaison d’undéplacement interne du fragment inférieur et externe de l’aileiliaque.Toutefois, la tête n’a pas toujours été médialisée par l’ostéotomieet le déplacement latéral de l’ilion a surtout été noté lorsque laposition de l’articulation était relativement médiale avantl’opération ou quand la hanche était arthrosique.Dans le long terme, le remodelage pelvien n’annule pas la médi-alisation produite par l’ostéotomie et la couverture fémorale semaintient.Conclusion : cette ostéotomie permet d’améliorer la couverturefémorale d’une hanche dysplasique pour une longue durée, prob-ablement supérieure à 30 ans. L’intervention apporte lesmeilleurs résultats lorsqu’elle est pratiquée chez l’adolescent etl’adulte jeune et mérite de garder sa place dans le traitement destroubles architecturaux avant l’arthrose.Commentaire : la courbe de survie donne évidemment quelquesrenseignements sur l’état fonctionnel, mais on peut regretter quesur cette importante série de 86 cas, analysée radiologiquementavec long recul, les auteurs ne se soient intéressés qu’à l’angleCE de couverture de face, sans aucune précision sur la congru-ence réelle, ni sur l’interligne articulaire. Le déplacement latéraldu fragment alaire, qui est habituellement considéré comme unéchec de l’ostéotomie, n’a pas l’air de troubler les auteurs quiconsidèrent qu’il est fréquent, surtout à partir d’un certain âge etqu’il participe néanmoins à l’amélioration de la couverturefémorale, même en l’absence de médialisation réelle.Pelvic remodelling after the Chiari osteotomy: a long-termreviewM.F. MACNICOL, H.K. LO, K.F. YONG

J Bone Joint Surg (Br), 2004, 86, 648-654.

La croissance du col peut se poursuivre après fixation d’uneépiphysiolyse avant la maturité squelettique

Cette équipe romaine s’est intéressée à la croissance du colfémoral après traitement chirurgical d’une EFS par vissage, chezdes enfants non matures.Le vissage avec une seule vis canulée permet une stabilisationadéquate de l’épiphyse, diminue le volume occupé par le métalet évite l’atteinte des zones dangereuses pour la vascularisation.La fermeture recherchée de la physe n’a habituellement pas deconséquence sur la croissance du col, car les enfants opérés sontproches de la fin de croissance. Mais si le traitement est réaliséchez des enfants plus jeunes, ces troubles de croissance peuventavoir des conséquences. Les auteurs étudient donc ce problème.Pour cela, ils ont revu la totalité de leurs cas opérés pour EFS,avec relevé de la maturation osseuse. Les critères retenus pourinclusion dans cette étude sont : 1) EFS légère ou moyenne (30 à50), 2) potentiel de croissance résiduelle, 3) un dossier radi-ologique complet, 4) un recul de plus de 36 mois.Dix enfants ont ainsi été sélectionnés, 9 garçons et 1 fille, âgemoyen 11,5 ans (10,6 à 12,6) avec 6 EFS stables et 4 instables.Tous étaient Tanner I, avec AO moyen de 11,8. Le recul moyenest de 44,3 mois (36 à 76).Les items étudiés sont multiples : modification de l’angulationdu glissement, significative si 5 ou plus — croissance du col enlongueur et en épaisseur (plusieurs mesures, cf. la figure 1 de