20
A P P L I C A T I O N D E C O N N A I S S A N C E S P O U V O I R E T A U T O R I T É C R O Y A N C E S , VA L E U R S E T S I G N I F I A N T S N O I T A R G É T N I T E É T I N U R E S E R VE B A N K O F M A L A W I S E C N E T É P M O C T E S E C R U O S S E R DE S C H O I X S A N S C O N C E S S I O N L E P O I D S D U P A S S É L E M O M E N T D E L A T R A N S I T I O N 2 0 0 R a n d B A N Q U E C E N T R A L D U C O N G O 20 20 5 5 5 Le SIDA en Afrique Trois scénarios pour l’horizon 2025

Le SIDA en Afrique Trois scénarios pour l’horizon 2025data.unaids.org/publications/irc-pub06/jc1068-scenarios-execsumm_… · 1 14 Le SIDA en Afrique Résumé d’orientation

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

AP

PL

I CAT I O N DE

CO

NN

A

ISSANC

ES

PO

UV

OIR

E

TA U T ORITÉ

CR

OY

A

NC E S , VA L EU RS ET SIG

NIF

IAN

TS

NOI

TA

RG

ÉT

NI

TEÉTINU

RE

SE

RV

EB

AN

KO

FM

ALA

WI

SE

CN

ETÉPMOCTESECRUOSSE

R

DES CHOIX SANS CONCESSION

LEPOIDS DU PASSÉ

LE

MO

ME

NT

DE

LA

TR

AN

SIT

ION

20

0R

and

BA

NQ

UE

CE

NT

RA

LD

UC

ON

GO 2

020

555

Le SIDA en AfriqueTrois scénarios pour l’horizon 2025

1

12Le

SID

Aen

Afr

ique

Rés

umé

d’o

rien

tatio

n

1

13

LeS

IDA

enA

friq

ueR

ésum

éd

’ori

enta

tion

Résumé d’orientationSection 1Que proposent les scénarios ?

Une épidémie contrastée sur un continent fait de

contrastes

Les hypothèses-clés et les inconnues

Les cinq déterminants du SIDA en Afrique et leurs

interactions

Les scénarios

Des choix sans concession :

l’Afrique s’engage dans la lutte

Le poids du passé : la spirale infernale

Le moment de la transition :

l’Afrique rattrape le temps perdu

Les implications et les enseignements

des trois scénarios

Trois scénarios, trois manières d’aborder

les grandes questions

Exceptionnalisme contre isolationnisme

Les besoins en ressources et l’utilisation de l’aide

Les scénarios : mode d’emploi

En guise de conclusion...

15

15

15

16

17

17

19

21

22

24

24

24

25

26

13

1

14Le

SID

Aen

Afr

ique

Rés

umé

d’o

rien

tatio

n

Section 1 Résumé d’orientationCet ouvrage traite du SIDA et de l’Afrique, et des réponses du monde à ces grandes

questions, en interprétant dans trois récits les potentialités de l’avenir.

Si, en 2025, des millions d’Africains contractent encore l’infection à VIH, les scénarios

présentés dans ce livre ne permettront pas de prétendre qu’aujourd’hui, en ce début du

XXIe siècle, nous n’avions pas le choix, ni que nous ne connaissions pas les

conséquences de nos actes et de nos décisions. Ils révéleront qu’une telle situation n’était

nullement inévitable.

Comme les scénarios le démontrent, cela voudrait dire que les leçons des 20 premières

années de l’épidémie n’ont pas été entendues, ou n’ont pas porté leurs fruits. Cela voudrait

dire aussi que les pays n’ont pas eu suffisamment de volonté politique pour modifier les

comportements à tous les niveaux, des institutions à la communauté et aux individus, et

pour stopper la montée en puissance de l’épidémie de SIDA en Afrique.

Ce que nous accomplissons aujourd’hui a le pouvoir de modifier l’avenir, et, comme

nous l’expliquent les scénarios, les sociétés devront certes affronter le SIDA pendant

longtemps encore, mais l’ampleur de ses conséquences dépendra de la riposte et des

investissements mis en œuvre aujourd’hui. Le fait de mettre en pratique ce que nous ont

appris ces 20 dernières années et de continuer à apprendre aura une influence positive

considérable sur l’avenir de l’Afrique.

Des centaines de personnes ont participé à l’élaboration des scénarios présentés

dans cet ouvrage. Le projet a pris forme grâce à la participation d’un groupe comprenant

des personnes de tous horizons, en majorité des Africains qui vivent et travaillent en

Afrique, qui participent à la riposte au VIH et au SIDA, qui vivent avec le VIH et qui

affrontent les conséquences de la maladie. Leurs efforts ont été soutenus et encouragés

par les analyses et les commentaires d’experts travaillant dans de nombreux autres

domaines, d’écrivains et d’artistes, et par les contributions d’un grand nombre

d’organismes de soutien.

1

15

LeS

IDA

enA

friq

ueR

ésum

éd

’ori

enta

tion

1

ON

US

IDA

/BO

EH

RIN

GE

R IN

GE

LHE

IM

ON

US

IDA

/L. T

AYLO

R

Que proposent les scénarios ?

Chacun des trois scénarios décrit une voie différente,

mais plausible, dans laquelle l’épidémie de SIDA pourrait

s’engager sur l’ensemble du continent africain. Ce sont

des descriptions rigoureuses de l’avenir fondées sur le

pouvoir de la narration en tant que moyen de dépasser

les hypothèses et les façons de voir des différents

groupes d’intérêts, de manière à créer une base

commune de dialogue et d’action pour aborder les

questions importantes et difficiles.

Les descriptions épidémiologiques ne sont

explicitement pas des projections de ce qui se

produira dans la réalité, mais chaque scénario est

illustré par un modèle, fondé sur l’une des trois

hypothèses suivantes :

1. « Le poids du passé » extrapole les

tendances actuelles jusqu’en 2025.

2. « Des choix sans concession » applique à

l’avenir la trajectoire de la riposte ayant

rencontré le plus grand succès à ce jour

(Ouganda), en l’ajustant aux niveaux

nationaux respectifs de l’épidémie.

3. « Le moment de la transition » illustre ce qui

se produirait si une riposte complète

fondée sur la prévention et le traitement

était lancée le plus rapidement possible à

travers tout le continent africain.

Chacun des scénarios est également illustré par des

récits régionaux traitant d’épidémiologie.

La description de coûts programmatiques

spécifiques pour le VIH et le SIDA dans chaque scénario

a également valeur d’illustration et ces évaluations

reposent sur les connaissances acquises au cours de la

dernière décennie à propos de la relation entre les

interventions et les résultats. Ces coûts sont également

ventilés par région.

Les scénarios se proposent d’aller au-delà de la

description d’événements actuels et de révéler la

dynamique plus profonde qui entraîne la propagation de

l’épidémie. Cette dynamique se déroule de trois

manières différentes dans les trois scénarios.

Une épidémie contrastée sur un continent fait

de contrastes

Les scénarios s’appuient sur les réalités complexes et

interdépendantes des aspects sociaux, économiques,

culturels et médicaux du VIH et du SIDA en Afrique

aujourd’hui. Une des plus grandes difficultés que

rencontrent les scénarios visant l’ensemble de l’Afrique

est la nécessité de refléter la diversité de ce continent,

un continent comptant 53 pays peuplés d’un grand

nombre de groupes ethniques, religieux et linguistiques,

dont les frontières respectives ne coïncident que

rarement et dont les régimes économiques et politiques

varient considérablement.

De plus, la dynamique de l’épidémie – en fait, le

virus lui-même – n’est pas identique sur tout le continent.

Selon les dernières estimations de l’ONUSIDA, la

prévalence moyenne du VIH pour 2003 dans les pays

d’Afrique Australe était de 16 %, contre 6 % en Afrique

de l’Est, 4,5 % en Afrique de l’Ouest et Centrale et

moins de 0,1 % en Afrique du Nord. Il y a en Afrique

différentes épidémies de SIDA qui se recouvrent parfois

et qui proviennent de sous-types virologiques différents.

Cette diversité ne devrait pas être considérée

comme un obstacle à l’efficacité des actions, mais

comme une source de créativité et comme une

richesse d’expérience fournissant d’excellentes

opportunités d’apprentissage et de partage à tous les

pays du continent.

Les hypothèses-clés et les inconnues

Le projet de scénarios repose sur deux grandes

hypothèses :

• Que le SIDA n’est pas un problème de courte durée

– quoi que nous fassions aujourd’hui, nous savons

que la maladie affectera encore l’Afrique dans

20 ans. Mais on ignore de quelle façon et dans

quelle mesure elle influencera son avenir.

• Que les décisions que nous prenons aujourd’hui

façonneront l’histoire future du continent.

Le projet n’entend pas dicter ces décisions, mais

s’efforce de fournir un instrument qui permette de les

rendre meilleures en explorant les liens qui existent entre

les facteurs sociaux, culturels, économiques et politiques

et en identifiant – et remettant en question – les

hypothèses implicites qui les influencent.

L’avenir est fondamentalement fait d’incertitudes, mais les

scénarios en étudient deux d’une importance capitale.

1. Comment la crise du SIDA est-elle perçue et par

qui ? Si le SIDA est perçu principalement comme

un problème de santé ou une question

comportementale, la riposte ne sera pas du tout la

même que celle envisagée sur un continent comme

l’Afrique, où l’ampleur de l’épidémie est perçue

comme un symptôme du sous-développement et

de l’inégalité. Il importe bien sûr que les

gouvernements définissent le problème, mais si leur

définition ne coïncide pas avec celle de leurs

sociétés civiles (ou vice versa), il est peu probable

que la riposte soit cohérente. De même, si les

donateurs perçoivent le problème d’une façon et

les gouvernements d’une autre, les actions

entreprises ne sauraient être optimales.

2. Les motivations et les capacités requises existeront-

elles ? Le niveau actuel de l’intérêt porté au SIDA

sera-t-il toujours le même avec le temps, et les

motivations et les ressources disponibles pour lutter

contre l’épidémie et ses conséquences seront-elles

suffisantes pour couvrir les besoins ?

Les différents scénarios livrent des réponses différentes à

ces questions de perception et montrent les effets

produits par ces différents degrés de motivations et de

disponibilité des ressources.

Outre ces « inconnues », on observe également des

« chroniques annoncées » qui ne sauraient manquer

d’influencer l’avenir comme, par exemple, la croissance

démographique inéluctable en Afrique.

Les cinq déterminants du SIDA en Afrique et

leurs interactions

Dès le début du projet, on a identifié cinq puissants

déterminants dans le projet capables d’influencer

considérablement l’épidémie de VIH et de SIDA en

Afrique. Chacun d’entre eux a sa propre dynamique et agit

à de nombreux niveaux, des familles et communautés

jusqu’aux arènes régionales et internationales. En outre, ils

s’influencent mutuellement, donnant ainsi naissance à

d’autres dynamiques plus complexes.

L’étude de ces déterminants et de leur interaction

fournit un instrument analytique performant qui permet

d’observer les événements du passé et du présent et

d’émettre des hypothèses plausibles pour le futur. C’est

à partir de l’interaction de ces déterminants qu’ont été

créés les scénarios.

Leur analyse fait apparaître à l’évidence que la forme

que prend l’épidémie de SIDA ainsi que son ampleur

sont déterminées par un éventail de puissantes

influences extérieures aux domaines dans lesquels les

programmes concernant le VIH et le SIDA apportent

normalement des réponses. La lutte contre le VIH et le

SIDA peut devenir le catalyseur qui permettra d’aborder

ces dynamiques socioéconomiques et politiques plus

vastes. De même, pour lutter efficacement contre le VIH

et le SIDA, il est essentiel de reconnaître l’importance de

ces influences plus profondes.

Les cinq déterminants sont décrits de façon

succincte dans les sections suivantes.

La croissance ou l’érosion de l’unité et de

l’intégration

Ce déterminant concerne la mesure dans laquelle les

individus, les groupes de population et les nations sont

capables de ressentir les liens qui les unissent. L’unité et

l’intégration entre les individus et leurs communautés

sont le fondement des sociétés pacifiques et

autosuffisantes dans lesquelles il est relativement aisé de

mettre en œuvre efficacement des politiques et des

programmes de lutte contre le VIH et le SIDA. On ne

saurait créer une solidarité mondiale sans cette

perception de l’interdépendance universelle. Les sociétés

auront plus de difficulté à appliquer la prévention et les

traitements si l’unité tend à se désagréger, si elles

souffrent de hauts niveaux d’inégalité ou si la

prédominance des querelles intestines et des tensions

interethniques et religieuses conduit à la violence. Par

ailleurs, une riposte efficace à l’épidémie de SIDA peut

contribuer de manière non négligeable au renforcement

de la cohésion nationale en mettant en évidence

l’existence d’un défi collectif.

L’évolution des croyances, des signifiants

et des valeurs

Les croyances concernant la propagation du VIH et

comment elle peut être évitée se fondent souvent sur des

mœurs séculaires, traditionnelles ou religieuses ou sur un

amalgame des trois. Ces mœurs engendrent des

croyances individuelles concernant l’identité et la moralité

1

16Le

SID

Aen

Afr

ique

Rés

umé

d’o

rien

tatio

n

ON

US

IDA

/LE

YLA

ALY

AN

AK

1

17

LeS

IDA

enA

friq

ueR

ésum

éd

’ori

enta

tion

1

ON

US

IDA

/G. P

IRO

ZZI

personnelles ou encore la sexualité, la maladie, la vie, la

mort et l’interprétation de l’univers. Ces concepts

déterminent à leur tour si le VIH et le SIDA seront

considérés en termes de transgression, de tare sociale et

de punition ou en termes d’opportunités et de risques.

Les chefs culturels et religieux ont démontré qu’ils

peuvent influencer les systèmes de croyances dans le

sens d’une vision plus positive du VIH et du SIDA.

La mise en valeur des ressources et des

compétences

Le combat contre le VIH et le SIDA est parfois présenté

comme une simple question de ressources. Les

scénarios démontrent bien en effet que des ressources

supplémentaires considérables doivent être trouvées,

mais il ne faut jamais oublier que l’on peut multiplier la

valeur de ce qui est à disposition pour en tirer davantage

– et ceci tout particulièrement lorsque les ressources sont

limitées. Les ressources, ce sont notamment l’argent, le

leadership, les compétences humaines, les institutions et

les systèmes existants. Mais les scénarios soulignent

aussi qu’à l’inverse, ce type de ressources peut s’épuiser

sous la pression de l’épidémie de SIDA et du sous-

développement. Il peut aussi arriver que des crédits

précieux soient dissipés dans des initiatives à court terme

ou contre-productives sans qu’il n’y ait de réel avantage

sur le long terme. Comme le montrent les scénarios, de

remarquables opportunités s’ouvrent actuellement et il

convient de les exploiter sans délai. Faire travailler

l’argent, notamment en accroissant la coordination, sera

un élément-clé de la mobilisation de ressources

supplémentaires, tant sur le plan national qu’international.

Générer et appliquer les connaissances

De nouvelles connaissances – et de nouvelles voies

d’application des connaissances existantes – concernant

le virus et sa propagation seront essentielles. Le plus fort

impact sera obtenu en combinant trois aspects : les

connaissances biomédicales, une meilleure appréhension

des comportements sexuels et un savoir accru

concernant les effets de l’épidémie sur les personnes

vivant avec le VIH et le SIDA et sur ceux qui leur

prodiguent des soins. Une approche combinant la vision

moderne et la vision traditionnelle du monde a déjà été

mise au point et elle continuera de jouer un rôle essentiel

pour atteindre de plus vastes groupes de population.

La répartition du pouvoir et de l’autorité

Ce déterminant concerne les différentes manières dont le

pouvoir et l’autorité sont répartis dans les sociétés et de

quelle façon elles pourraient entrer en interaction. Ainsi,

se pose la question de savoir qui détient le pouvoir dans

telle situation et si ce pouvoir est centralisé ou partagé.

Plus concrètement, il s’agit de savoir quelle est

l’importance du sexe et de l’âge du point de vue de

l’impact de l’épidémie et de la riposte.

Les scénarios

Les scénarios traitent principalement d’une question

essentielle pour les 20 prochaines années : quels sont

les facteurs qui détermineront les ripostes de l’Afrique

et du monde à l’épidémie de SIDA et quel sera l’avenir

de la prochaine génération ? Ils répondent à cette

question, mais en posent deux autres qui lui sont liées

et proposent aussi des réponses : « Comment la crise

du SIDA est-elle perçue et par qui ? » et « Les

motivations et les capacités requises existeront-elles ? ».

Les réponses à ces questions nous amènent aux

trois scénarios :

• Des choix sans concession : l’Afrique

s’engage dans la lutte

• Le poids du passé : la spirale infernale

• Le moment de la transition : l’Afrique

rattrape le temps perdu

Chacun des scénarios apporte des réponses différentes.

Des choix sans concession : l’Afrique s’engage

dans la lutte

« Des choix sans concession » est l’histoire de chefs

africains qui optent pour des mesures rigoureuses afin

de réduire la propagation du VIH sur le long terme,

même si elles doivent entraîner des difficultés dans

l’immédiat. Ce scénario montre que même en présence

des fluctuations de l’aide, des incertitudes de l’économie

et des difficultés à gouverner, l’Afrique, dans son

ensemble, est capable de jeter les bases de la

croissance et du développement futurs et de faire

diminuer l’incidence du VIH.

« Des choix sans concession » se présente comme

le script d’un film documentaire qui serait écrit en 2026

et qui met en scène des dirigeants et des experts

africains. Ce script décrit les options économiques,

sociales et éthiques très rigoureuses que les dirigeants et

les gouvernements se voient obligés de prendre pour

susciter un renouveau national. Comme une grande partie

de l’Afrique présentée dans le scénario n’est pas dans

une ère d’abondance, il est de la plus grande importance

de gouverner avec intelligence et la création d’institutions

régionales et panafricaines est également essentielle.

Dans ce scénario, les gouvernements insistent pour

que la lutte contre le VIH et le SIDA fasse partie d’une

stratégie d’ensemble cohérente de développement

national à moyen terme comme à long terme. Ils

s’imposent une discipline, à eux-mêmes, mutuellement,

ainsi qu’aux partenaires extérieurs qui ne le feraient pas

et exigent que l’action corresponde aux paroles.

Le scénario identifie une série de choix rigoureux et

des mesures soigneusement étudiées pour

contrebalancer ces choix.

1. Les intérêts de l’Etat dans son ensemble par

opposition à ceux des différentes communautés et

les droits individuels par opposition au bien public.

Une telle comparaison entraîne inévitablement des

frictions concernant la façon de diriger.

2. La croissance économique immédiate par opposition

à un investissement à long terme du capital humain.

3. Comment utiliser les ressources : faut-il développer

rapidement au sein d’une minorité les compétences

et les capacités nécessaires à la création et au

maintien des fonctions de l’Etat, ou les ressources

doivent-elles plutôt être majoritairement consacrées

au service du bien public et à la lutte contre la

pauvreté générale ?

4. Savoir trouver son chemin entre les traditions culturelles

favorables et celles qui augmentent les risques.

5. Equilibrer la cohésion nationale face à la puissance des

alliances panafricaines ; conserver sa liberté d’action

en présence des velléités de contrôle extérieur en ce

qui concerne l’usage des ressources extérieures.

6. La tendance à vouloir « protéger » les femmes ou

plutôt les aider à s’émanciper.

7. Quelle ligne de conduite adopter dans la

planification de la lutte contre le VIH et le SIDA : la

prévention « ciblée » par opposition à la prévention

« généralisée » ; le traitement réservé à des cadres

importants ou accessible à tous.

8. Privilégier les besoins des zones rurales (notamment

la réforme agraire) ou les avantages que peuvent

apporter l’urbanisation et le développement industriel.

Le scénario démontre qu’il est possible de mettre en

œuvre une riposte à laquelle participent à la fois les

dirigeants et les communautés. Il est possible de le faire

en consacrant un niveau de ressources à des

programmes autonomes de lutte contre le VIH et le

SIDA analogue à ceux qui ont été utilisés dans les

années 1980 et 1990 en Ouganda, en acceptant

toutefois de n’y inclure qu’une faible proportion de

traitements antirétroviraux. Une prévention rigoureuse

débutant à un stade précoce donnera les résultats

escomptés, même s’il faut attendre un certain temps

avant qu’ils ne deviennent évidents.

Si la population continue de s’accroître, le nombre

de personnes vivant avec le VIH et le SIDA continuera

d’augmenter, même si l’on déploie des efforts de

prévention considérables. En 2025, cependant, ce

nombre sera retombé au niveau actuel et continuera de

diminuer à mesure que les investissements à long terme

effectués pendant deux décennies dans les domaines

social, économique et des ressources humaines

commenceront à faire sentir leurs effets.

L’effort principal du programme de lutte contre le VIH

et le SIDA décrit dans « Des choix sans concession »

porte principalement sur la prévention, mais la thérapie

antirétrovirale sera toutefois renforcée dans une certaine

mesure, puisque moins de 5 % de la population

justiciable de cette thérapie est traitée au début du

scénario et que cette proportion atteint plus d’un tiers en

2025. La trajectoire de la diffusion de la thérapie

antirétrovirale augmente de façon constante, ce qui

reflète l’investissement continu consenti par l’Afrique

dans ses systèmes de santé et de formation ainsi que

dans sa capacité à manufacturer les médicaments.

La mortalité due au SIDA est toujours élevée dans le

scénario « Des choix sans concession », mais on

constate que le taux commence à fléchir en 2015, ce qui

montre bien que les mesures de prévention prennent du

temps pour s’intégrer au système.

Le nombre des initiatives de soutien aux enfants

rendus orphelins du fait du SIDA augmente rapidement

jusqu’en 2010 pour ensuite suivre la courbe de la

croissance démographique. Il n’en reste pas moins que

1

18Le

SID

Aen

Afr

ique

Rés

umé

d’o

rien

tatio

n

NCESSIO

N

LEPOIDS

LE

MO

ME

NT

DE

LA

TR

AN

SIT

ION

DES CHOIX SANS CONCESSIO

N

1

19

LeS

IDA

enA

friq

ueR

ésum

éd

’ori

enta

tion

LEPOIDS DU PASSÉ

1

le nombre d’enfants rendus orphelins du fait du SIDA

aura presque doublé pendant la durée du scénario.

Dans l’ensemble, les dépenses totales consacrées à

la lutte contre le VIH et le SIDA augmentent rapidement

entre 2003 et 2013 pour ensuite adopter un rythme plus

modéré jusqu’à la fin du scénario. Une grande partie de

l’accroissement des coûts provient de l’augmentation

des dépenses consacrées aux activités de prévention,

qui se développent rapidement entre 2008 et 2014. Le

coût des soins et des traitements augmente lentement

pendant la première moitié de la période, puis plus

rapidement ensuite, à mesure que les systèmes et les

capacités sont mis en place pour effectuer une diffusion

durable de ces interventions.

Les coûts cumulatifs totaux des programmes de lutte

contre le VIH et le SIDA atteignent près de

100 milliards de dollars des Etats-Unis dans ce scénario.

Celui-ci part de l’hypothèse qu’une assistance substantielle

et soutenue sera fournie par les donateurs au début du

scénario et qu’ensuite l’aide publique au développement

commencera à stagner. On sait néanmoins que les

capacités nationales nécessaires pour reprendre le

flambeau et soutenir la riposte au VIH et au SIDA grâce à

des fonds générés en Afrique sont en pleine expansion et

qu’elles s’appuient sur les politiques intérieures judicieuses

qui se poursuivent pendant toute la durée du scénario. Les

dépenses annuelles durant le scénario atteindront quelque

5 milliards de dollars US d’ici à 2016 et un peu plus de

6 milliards de dollars US d’ici à 2025.

Le poids du passé : la spirale infernale

« Le poids du passé » raconte une histoire où l’Afrique

ne parvient pas à échapper à ses héritages les plus

négatifs et où le SIDA aggrave la pauvreté, le sous-

développement et la marginalisation sur une planète en

voie de mondialisation. En dépit des bonnes intentions

des dirigeants et d’une aide substantielle des donateurs

internationaux, le continent rencontre sept obstacles qui

l’empêchent, à l’exception de quelques pays ou de

segments privilégiés de la population, de se soustraire à

la pauvreté endémique ainsi qu’à une prévalence élevée

et persistante du VIH.

Ce scénario est relaté sous la forme de conférences

données par une femme écrivain africaine reconnue. Elle

examine les raisons pour lesquelles l’Afrique subit encore

en 2025 un énorme fardeau de cas de SIDA, ainsi

qu’une pauvreté et une instabilité généralisées. Bien

qu’elle reconnaisse que dans ce climat général de

pauvreté, certains individus, certains secteurs, et même

des pays ont réussi à progresser, elle ne cherche pas à

mettre leur histoire en évidence.

Le scénario suggère que la lutte contre le VIH et le

SIDA continuera à être prioritaire dans l’avenir immédiat –

mais que les ripostes sont disséminées et à court terme,

ne savent pas la plupart du temps refléter les réalités de la

vie quotidienne et ne sont ainsi pas en mesure d’arriver à

une solution durable. En 2025, les conséquences

démographiques, sociales et économiques de l’épidémie,

qui se sont perpétuées pendant plusieurs générations (en

particulier dans les pays où la prévalence dépasse les 5 %),

ont épuisé les ressources des familles et des

communautés. Une génération de grands-parents

anéantie est un exemple parmi d’autres de l’impact

démographique de l’épidémie tout comme un nombre

toujours plus grand d’enfants rendus orphelins par

l’épidémie, manquant d’instruction et de soins, et moins

bien intégrés socialement que ne l’étaient leurs parents.

Nombreux sont ceux qui n’ont pas grand-chose à perdre

et qui pensent peut-être qu’ils s’en tireront mieux dans un

environnement de conflits et d’instabilité. Ces impacts

sociaux se transmettent à d’autres pays où pourtant la

prévalence du VIH est moins élevée.

Le scénario identifie sept obstacles qui interdisent

tout développement efficace, durable ou largement

répandu en Afrique.

1. L’héritage que le passé a transmis à l’Afrique (le

post-colonialisme n’est pas parvenu à surmonter de

profondes divisions).

2. Le cercle vicieux de la pauvreté, de l’inégalité et de

la maladie (des populations en pleine expansion

exercent une pression excessive sur l’infrastructure

insuffisante du secteur social, dont les capacités

sont encore affaiblies par le SIDA).

3. Les divisions qui entraînent des fractures sociales

(la pénurie engendre la division, et le SIDA et la

stigmatisation la perpétuent).

4. La recherche de résultats rapides (les dirigeants

africains et leurs partenaires donateurs veulent pouvoir

montrer des résultats immédiats et ne sont pas

capables de tabler sur le changement à long terme).

5. Les défis de la mondialisation : intégration ou

marginalisation (les débats sur le commerce et la

réduction des investissements extérieurs ne sont pas

à l’avantage de l’Afrique, dont l’économie formelle

ne peut prendre appui que sur la base limitée de ses

exportations de produits primaires).

6. La dépendance à l’égard de l’aide et la quête

sécuritaire généralisée (ceux qui fournissent l’aide ne

sont pas à la hauteur de leurs déclarations sur

l’harmonisation et la prétendue guerre contre le

terrorisme se déverse sur l’Afrique en déterminant

les modes de financement des donateurs).

7. La riposte à l’épidémie : raccourcis et remèdes

miracles (la précipitation que l’on met à répandre

partout la thérapie antirétrovirale n’engendre que des

résultats à court terme et impose des freins aux

efforts de prévention, pourtant si nécessaires).

« Le poids du passé » décrit la manière dont le SIDA

entraîne dans son sillage les individus et les institutions et

les incite à se lancer dans la riposte, mais ils ne peuvent

pas avancer suffisamment en raison de la pénurie de

capacités et de la faiblesse des infrastructures. Le fardeau

supplémentaire de la riposte à l’épidémie de SIDA

soustrait les efforts de développement des autres

domaines, ce qui entraîne un sous-développement latent

qui à son tour érode la capacité de nombreux pays à

devancer l’épidémie. Le scénario met le doigt sur la

désagrégation de la cohésion sociale, la diminution des

capacités, la persistance des dissensions ethniques et

religieuses et le gaspillage des ressources, même si au

départ un financement substantiel avait été mis à la

disposition de ce que l’on a appelé « l’industrie du SIDA ».

Qui plus est, des notions de blâme et de punition

viennent rôder autour de l’épidémie. Cela démontre

qu’en dépit des bonnes intentions, l’épidémie suivra

simplement son cours dans de nombreux pays et parmi

de nombreuses populations, car :

• On considère le VIH sans tenir compte de ses

racines sociales, économiques et politiques et on

tend à le médicaliser en le traitant principalement

comme une question de modification des

comportements individuels et de suivis

thérapeutiques individuels ;

• Les apports de ressources sont irréguliers et il n’est

pas possible de prédire à quoi ils ressembleront

pendant les 20 prochaines années, tout comme cela

s’est produit pour les 20 dernières années ;

• Les pays africains ne parviennent pas à transformer

en réalité les aspirations à l’unité panafricaine ;

• Les donateurs n’harmonisent pas leurs efforts ;

• L’aide est très diverse et de qualité médiocre, et l’on

continue à financer la lutte contre le SIDA sans

consentir à faire des investissements en profondeur

dans le développement social et économique ;

• Il est plus facile d’obtenir des médicaments

antirétroviraux qu’une alimentation de qualité et de

l’eau propre ;

• On ignore les réalités des comportements humains ;

et

• On ne s’attaque pas aux causes profondes

de la pauvreté.

Dans ce scénario, la prévalence du VIH sur l’ensemble

du continent demeure analogue d’ici à 2025 à celle qui

prévaut aujourd’hui, soit environ 5 % de la population

adulte, certains pays se situant au-dessus de ce

pourcentage et d’autres au-dessous. Les taux élevés de

prévalence se traduisent par la perpétuation d’une

espérance de vie réduite dans de nombreux pays et

d’une augmentation de plus de 50 % des personnes

vivant avec le VIH et le SIDA. On ne parvient pas

réellement à augmenter les efforts de prévention, et, en

dépit du fait que le niveau de services atteint en 2004

sera maintenu et même s’élèvera, celui-ci ne fera que

suivre le taux de croissance démographique.

Les efforts visant à généraliser la thérapie

antirétrovirale se poursuivent, mais ils sont entravés par

le sous-développement, aggravé par la surcharge des

systèmes de santé, ainsi que par le manque de crédits.

En 2015, un peu plus de 20 % des personnes

nécessitant un traitement antirétroviral y ont accès et

ce pourcentage demeure obstinément le même

jusqu’à la fin du scénario. Le coût des soins et du

traitement dispensés à une minorité se monte déjà en

moyenne à 1,3 milliard de dollars annuels pour les

23 années du scénario. D’ici à 2025, ce scénario

entraînera encore 4 milliards de dollars de dépenses

annuelles uniquement pour les programmes de lutte

contre le VIH et le SIDA, et ceci seulement pour maintenir

les services au niveau actuel. Etant donné que l’on ne

parvient pas à devancer l’épidémie en termes de

prévention, les coûts poursuivent leur marche ascendante,

et celle-ci continuera dans un avenir prévisible.

1

20Le

SID

Aen

Afr

ique

Rés

umé

d’o

rien

tatio

n

ON

US

IDA

/LE

YLA

ALY

AN

AK

ON

US

IDA

/G. P

IRO

ZZI

1

21

LeS

IDA

enA

friq

ueR

ésum

éd

’ori

enta

tion

1

ON

US

IDA

/G. P

IRO

ZZI

ON

US

IDA

/L. T

AYLO

R

« Le poids du passé » dresse un tableau inquiétant de ce

que sera la mortalité future sur l’ensemble du continent,

puisque le nombre cumulatif de décès dus au SIDA sera

multiplié par quatre et que le nombre d’enfants qui

seront orphelins en raison de l’épidémie continuera

d’augmenter après 2025.

Le moment de la transition : l’Afrique rattrape

le temps perdu

« Le moment de la transition » est l’histoire de ce qui

pourrait se produire si toutes les bonnes intentions

existant aujourd’hui se traduisaient par une lutte

cohérente et intégrée en faveur du développement qui

est nécessaire pour riposter efficacement au VIH et au

SIDA en Afrique.

Le scénario consiste en une histoire racontée par

une conteuse et quelques-unes de ses amies en 2036

lorsqu’elles se souviennent des changements qui sont

intervenus dans le premier quart du XXIe siècle. Le

scénario s’intéresse aux transitions et aux

transformations qui doivent se produire dans la manière

dont le monde et l’Afrique abordent la santé, le

développement, le commerce, la sécurité et les relations

internationales afin de pouvoir faire diminuer de moitié le

nombre de personnes vivant avec le VIH et le SIDA et de

s’assurer que la majorité de celles qui nécessitent un

traitement antirétroviral soient desservies d’ici à 2025.

Le scénario identifie six transformations solidaires les

unes des autres qui sont nécessaires à la création d’un

avenir différent pour l’Afrique et rend compte de la place

qu’elle occupera dans le monde.

1. « Une catastrophe évitée » décrit les changements

qui interviennent dans la manière dont le VIH et le

SIDA sont pris en charge grâce au lancement rapide

du traitement antirétroviral et de stratégies de

prévention efficaces qui bénéficient du soutien très

actif de la société civile.

2. « Mettre de l’ordre chez soi » aborde les réponses

politiques des pays en faveur de la réduction de la

pauvreté et du renforcement du développement,

deux choses qui sont essentielles pour limiter la

propagation du VIH.

3. « Travailler ensemble au développement » examine

l’amélioration de la collaboration entre les

gouvernements africains et leurs partenaires

extérieurs pendant le premier quart du siècle, alors

que les ressources proviennent de plus en plus des

gouvernements africains et de leurs populations, qui

sont désormais mieux à même de les orienter et de

les coordonner.

4. « Tirer parti des points forts » passe en revue les

changements qui se sont produits dans les

pratiques du commerce mondial.

5. « Sentiments humains et droits de l’homme » explique

que ce sont les gens qui ont permis de faire fonctionner

le scénario et qu’ils se sont eux-mêmes transformés,

citant à cet égard les changements radicaux qui se

sont produits dans les relations entre les femmes et les

hommes ainsi qu’avec leurs communautés.

6. « Instaurer la paix » montre que la prévention des

conflits et la promotion de la paix et de la sécurité,

tant dans les pays qu’entre les pays, forme une

partie essentielle de l’ordre du jour de l’Afrique pour

le XXIe siècle.

Ces changements commencent avec l’avènement d’une

meilleure perception de la crise : tout se passe comme si

l’épidémie de SIDA était un archétype de bien d’autres

problèmes qui assaillent l’Afrique et le monde dans ce

scénario, notamment la possibilité d’un effondrement de

la régulation du commerce mondial, l’impossibilité

d’atteindre les Objectifs de Développement pour le

Millénaire, la persistance des inégalités dans le monde,

l’usure du concept de multilatéralité, la montée en

puissance du terrorisme, et le sentiment d’urgence lié

aux changements climatiques permanents. La

perspective de devoir affronter un nouveau siècle miné

par les conflits et l’appauvrissement entraîne une

modification des attitudes, des valeurs et des

comportements, ce phénomène étant magnifié autant

par la société civile que par les dirigeants des Etats.

Les changements dans la fourniture de l’aide, dans

les règles régissant le commerce, dans la vision

sécuritaire du destin de l’humanité, ainsi que dans les

formes de gouvernance appliquées dans les pays et

dans la communauté internationale sont fondamentaux

et ils devraient permettre d’aboutir avec le temps à

l’avènement d’un monde plus stable dont le Sud tout

comme le Nord pourraient retirer des avantages. Le flux

de l’aide en Afrique a doublé et perdure depuis une

génération, sous la forme d’investissements dans les

systèmes de santé, dans l’agriculture, l’éducation,

l’électrification, les approvisionnements en eau, les

réseaux routiers, le développement social et les

compétences des institutions et des gouvernements.

« Le moment de la transition » décrit le changement

radical qui s’est produit dans la manière dont les

donateurs fournissent l’aide et dans celle qu’adoptent les

gouvernements pour en faire usage de façon à promouvoir

leur souveraineté, à éviter que l’aide n’entame leur

autonomie, qu’elle ne soit pas génératrice d’inflation et

qu’elle n’entraîne pas une quelconque dépendance.

Le scénario décrit aussi une mobilisation internationale

de la société civile, qui débute par l’action de militants du

traitement travaillant pour une thérapie antirétrovirale

délivrée en toute sécurité, ce qui entraîne par la suite un

élargissement progressif de l’intérêt que porte la société

civile à cette question, ainsi que de ses compétences et

de ses engagements en la matière. Il fait un tableau des

nouveaux rôles et partenariats dans lesquels l’industrie

internationale s’engage. Selon le scénario, si de tels

changements pouvaient intervenir en l’espace d’une

génération, ils pourraient réduire de façon spectaculaire le

nombre de personnes infectées par le VIH. Ils pourraient

apporter une métamorphose fondamentale du cours des

événements au XXIe siècle, en Afrique et dans le monde.

Avec « Le moment de la transition », le nombre de

personnes vivant avec le VIH et le SIDA est réduit de près

de la moitié entre 2003 et 2025, en dépit du fait que la

population s’est accrue de 50 %. La sexospécificité de

l’infection et de la prévalence commence à s’estomper,

bien que les femmes soient toujours légèrement plus

touchées que les hommes à la fin du scénario.

La diffusion de la thérapie antirétrovirale atteint des

sommets : pendant le scénario, l’accès à cette thérapie

s’étend rapidement pour atteindre près de la moitié des

personnes nécessitant ce traitement en 2012. A la fin du

scénario, 70 % des personnes justiciables recevront le

traitement – tout en tenant compte du fait que

l’extension des soins au-delà de la capacité des

systèmes de santé existants est un processus qui prend

du temps et demande beaucoup d’efforts.

Malgré le prolongement de la vie que l’on peut

obtenir grâce à la thérapie antirétrovirale, le nombre total

et cumulatif des décès continue d’augmenter sur le

continent, ce qui entraîne un accroissement régulier de

celui des enfants devenus orphelins en raison du SIDA,

mais l’espérance de vie des parents, dorénavant plus

importante, a cependant entraîné une différence

significative dans la socialisation de nombreux enfants.

Pour réaliser ce scénario, il faut pouvoir disposer

d’investissements cumulatifs de près de 200 milliards de

dollars US, en tenant compte de l’existence de

l’ensemble des autres investissements dans la santé,

l’éducation, les infrastructures et le développement social.

Les financements réservés à la lutte contre le VIH et le

SIDA ont augmenté en moyenne de 9 % par an, avec les

dépenses les plus rapides dans un premier temps, tandis

que les donateurs extérieurs prennent en charge

approximativement la moitié de l’ensemble des coûts.

En 2014, les dépenses atteignent 10 milliards de dollars US

et demeurent à ce pallier jusqu’au terme du scénario,

moment où elles commencent à diminuer en raison des

résultats obtenus grâce aux investissements antérieurs.

Le message important que délivre ce scénario, c’est

que des dépenses engagées rapidement et

accompagnées d’une augmentation régulière des

dépenses de prévention, permettent au budget des soins

et du traitement de commencer à diminuer dès 2019,

année pendant laquelle devrait s’amorcer une diminution

du nombre des personnes vivant avec le VIH et le SIDA.

Les implications et les enseignementsdes trois scénarios

Pris ensemble, les trois scénarios apportent d’importants

éléments de réflexion aux activistes, aux décideurs, aux

planificateurs de programmes et à ceux qui mettent en

œuvre ces programmes.

• On ne peut encore garantir que la riposte sera

suffisante : des revirements de l’intérêt manifesté

actuellement pourraient encore se produire et nous

devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour

éviter que la question du SIDA n’entraîne une

lassitude. Les scénarios nous font entendre que, si

les pires conséquences de l’épidémie sont encore à

venir, il nous reste de nombreuses parades qui

devraient nous permettre d’influencer la trajectoire à

long terme de l’épidémie ainsi que le nombre des

personnes qu’elle affectera. Toutefois, les taux de

mortalité dans quelques pays – et même en

présence d’une diffusion efficace de la thérapie

antirétrovirale – continueront de s’aggraver pendant

1

22Le

SID

Aen

Afr

ique

Rés

umé

d’o

rien

tatio

n

ON

US

IDA

/G. P

IRO

ZZI

1

23

LeS

IDA

enA

friq

ueR

ésum

éd

’ori

enta

tion

1

ON

US

IDA

/G. P

IRO

ZZI

un certain temps. C’est ce à quoi les décideurs

doivent se préparer. Des investissements rapides et

durables destinés à la prévention devraient

permettre d’infléchir la courbe de la mortalité vers le

bas plus vite que prévu.

• La manière dont on définit la crise à laquelle est

confrontée l’Afrique, et qui la définit, changera

fondamentalement le résultat des actions qui seront

engagées : le leadership est un instrument vital de la

riposte au VIH et au SIDA, mais un leadership fort

doit pouvoir s’appuyer sur des ressources et des

compétences institutionnelles, sur les capacités du

système, et sur des réponses efficaces de la part des

politiques publiques. « Le poids du passé » montre

clairement que le leadership seul ne suffit pas.

• Des ripostes locales décentralisées sont très

importantes : il est indispensable d’inclure les cultures,

les valeurs et les signifiants locaux dans l’élaboration

des politiques. L’identité religieuse est également

susceptible de jouer un rôle important dans l’avenir du

continent et de l’épidémie. Mais on ne saurait mettre

en œuvre de riposte efficace sans l’engagement et le

soutien avérés du gouvernement central.

• Face à une crise qui dépasse manifestement les

capacités actuelles de réponse, on ne peut pas tout

entreprendre en même temps. « Le poids du passé »

montre bien ce qui arrive si l’on ne consacre que

peu de temps ou pas du tout à réfléchir sur

l’étendue des capacités nationales et internationales

parce que tout va trop vite, que les résultats doivent

apparaître trop rapidement, et que ce sont les

priorités des individus, des pays ou des organismes

les plus agissants qui prédominent. « Des choix sans

concession », pour sa part, démontre que lorsque

l’on ne dispose que de ressources limitées, les

gouvernements doivent prendre des décisions

difficiles, mais que si les choix sont judicieux, alors

les résultats en vaudront la peine. « Le moment de la

transition » suggère que si les pays africains et la

communauté internationale continuent d’étendre la

riposte à l’épidémie dans le contexte de mesures

plus larges de développement, cela entraînera une

différence fondamentale dans le nombre de

personnes vivant avec le VIH et le SIDA en 2025.

• Il n’y a pas de remède miracle : dans la mesure où

les causes du VIH et du SIDA sont complexes, les

réponses à apporter le sont aussi. Aucune

recommandation politique particulière n’a le pouvoir

d’influencer l’issue de l’épidémie. Le VIH et le SIDA

constituent un événement de longue durée, auquel il

faut opposer des réponses politiques qui seront les

mêmes au gré des gouvernements qui se

succéderont. Des réponses politiques à fluctuations

rapides ne pourront en rien juguler l’épidémie. Il

convient donc d’envisager des solutions

pragmatiques pour le court terme et des ripostes

stratégiques s’étendant sur le long terme. Travailler

sur ces deux fronts sera l’élément crucial de toute

réussite dans ce domaine.

• Le nombre d’acteurs différents travaillant à contrer

l’épidémie de SIDA fera une grande différence sur le

plan des ripostes. « Le poids du passé » fonctionne

grâce à une distribution restreinte d’acteurs qui ne

savent pas comment coordonner efficacement leurs

actions ; dans « Le moment de la transition », la

société civile et le secteur privé ont des rôles très

importants : et dans « Des choix sans concession »,

le gouvernement joue un rôle essentiel, mais il stimule

aussi les leaderships à tous les niveaux de la société.

• On comprend bien désormais la vulnérabilité des

femmes au VIH sur le plan social, économique et

physiologique, mais les politiques les mieux

susceptibles de les protéger n’ont pas été mises en

œuvre correctement. Pour lutter contre le VIH, il

importe de sortir de la vision étroite du risque

d’infection particulier que courent les femmes. Il faut

aussi prendre des mesures pour améliorer leur statut

dans la société, et ainsi établir l’éducation universelle

pour les filles, lutter contre la violence à l’encontre des

femmes, et s’assurer qu’elles ont autant que les

hommes accès à la propriété, à des revenus ou à un

emploi. Les questions d’égalité entre les sexes se

trouvent au cœur-même de l’épidémie de SIDA et s’en

préoccuper efficacement constituerait un moteur très

puissant de changement qui permettrait de propulser

les réformes sociales, économiques et politiques.

• Jusqu’à maintenant, la volonté des communautés à

prendre en charge les enfants rendus orphelins du fait

du SIDA a été remarquable, mais il semblerait que la

persistance des retours et des vagues successives de

la crise du SIDA puisse avoir raison de cette volonté.

Les alternatives sur le long terme doivent toutefois être

1

24Le

SID

Aen

Afr

ique

Rés

umé

d’o

rien

tatio

n

planifiées dès maintenant. Les scénarios montrent que

d’investir dans les enfants et de les considérer comme

une ressource pour l’avenir, mais aussi de permettre

aux parents d’éviter l’infection et de rester en vie plus

longtemps, apportent une contribution significative à

l’issue globale de l’épidémie.

• En général, on n’a que peu étudié les conséquences

psychologiques de l’épidémie. Il faut cependant

inclure la santé mentale au même titre que la santé

physique dans les plans de traitement, de soins et

de prévention.

• La mortalité continuera d’augmenter, quoi que l’on

fasse. Les scénarios explorent l’espace qui existe

entre ce que l’on peut faire pour éviter les

infections et sauver les vies et ce qui se produirait

si les tendances actuelles perduraient. Mais, même

si ce que l’on accomplit est le mieux que l’on

puisse faire, les communautés africaines devront

encore faire face à des défis majeurs pendant les

20 prochaines années.

Trois scénarios, trois manièresd’aborder les grandes questions

Jusqu’ici les programmes de lutte contre le VIH et le

SIDA ont presque tous été financés par des fonds

extérieurs et tout porte à penser que cette tendance

se poursuivra pendant de nombreuses années. La

plupart des engagements financiers ne s’étendent

cependant pas sur plus de cinq ans et l’incertitude

règne quant à savoir de quelles ressources on pourra

disposer à l’avenir. « Des choix sans concession »

montre ce que l’on peut faire lorsque les politiques

intérieures sont efficaces mais que l’aide extérieure

tarde à venir ; « Le moment de la transition » ce que

l’on pourrait faire si les politiques intérieures étaient

plus efficaces et si l’aide extérieure était plus

importante et de qualité ; et « Le poids du passé »

montre ce qui risque de se produire si les politiques

intérieures sont inefficaces et si l’aide extérieure est

irrégulière ou en diminution.

Exceptionnalisme contre isolationnisme

Il faut faire la différence entre tendances consistant à

considérer le SIDA comme une maladie d’exception

(exceptionnalisme) et celles qui interviennent

uniquement sur le VIH (isolationnisme).

Dans « Des choix sans concession », l’épidémie de

SIDA est considérée comme faisant partie d’une crise

plus vaste engendrée par le sous-développement de

l’Afrique, et chaque pays prend des mesures – dans les

limites des ressources intérieures et extérieures – pour

s’attaquer au sous-développement et trouver des

modèles de développement qui correspondent à ses

besoins et à son environnement particuliers.

Dans « Le moment de la transition », l’épidémie de

SIDA joue le rôle d’un catalyseur qui permet aux

individus et aux institutions du monde entier de

percevoir la crise plus vaste de la paix internationale et

du développement. Le SIDA engendre une riposte

exceptionnelle, mais n’est pas traité comme un

problème situé hors de son contexte social et

économique. Le financement de la lutte contre le SIDA

s’effectue dans le contexte beaucoup plus large d’une

riposte au sous-développement.

Dans « Le poids du passé », le VIH est l’objectif

principal des interventions, considéré hors du contexte

social et économique. En raison de l’accent qui est mis

sur la thérapie antirétrovirale, l’ensemble de la riposte

est centrée sur les aspects médicaux. Le VIH et le

SIDA sont considérés comme une urgence médicale et

on leur consacre une grande partie de l’aide

supplémentaire accordée à l’Afrique entre 2004 et

2010, détournant ainsi des ressources et des

compétences provenant d’autres domaines. Il n’y a

pas d’investissements suivis dans les infrastructures,

ou dans les questions structurelles ou de

développement qui nourrissent l’épidémie –

notamment les relations entre les sexes, la réduction

de la pauvreté ou les questions culturelles.

Les besoins en ressources et l’utilisation

de l’aide

Il ressort clairement des scénarios que ce n’est pas la

quantité des dépenses que l’on consacre aux

programmes de lutte contre le VIH et le SIDA qui compte,

mais plutôt l’adéquation de ces dépenses aux besoins et

au contexte. Les scénarios montrent qu’il faudra

augmenter considérablement les dépenses si l’on veut

obtenir de meilleurs résultats en termes de diminution de

la propagation du VIH, d’élargissement de l’accès aux

Figure

2

Coût cumulatif du programme (US$ milliards)

Nombre cumulatif de décès dus au SIDA (1980-2025, millions)

Nombre cumulatif de nouvelles infections (millions)

Nombre cumulatif d’infections évitées (millions)

Coût supplémentaire par infection évitée (US$)

Coût supplémentaire par année de vie sauvée (QALY) (US$)

Résultats potentiels des scénarios (comparés au scénario « Le poids du passé »),adultes et enfants, 2003–2025

ONUSIDA (2004) Rapport sur l’épidémie mondiale de SIDA 2004. Genève (données historiques) et ONUSIDA, Projet de scénarios sur le SIDA en Afrique.Source :

Scénario

IndicateurDes choix sans

concession

98

75

65

24

800

20

Le moment dela transition

195

67

46

43

1 160

29

Le poidsdu passé

70

83

89

Base :0

Base :0

Base :0

1

25

LeS

IDA

enA

friq

ueR

ésum

éd

’ori

enta

tion

1

traitements, et d’atténuation de l’impact de la maladie,

mais que de telles augmentations feront plus de mal que

de bien si elles ne sont pas soutenues par une

coordination efficace des interventions et une amélioration

du contexte. Une augmentation très importante des

financements pourrait contribuer à développer ce que l’on

appelle « l’industrie du SIDA », plutôt que de procurer une

riposte massivement améliorée.

La Figure 2 ci-dessus montre les coûts et les

résultats respectifs des trois scénarios.

En comparaison avec « Le poids du passé », « Le

moment de la transition » obtient de meilleurs résultats,

car il évite 43 millions de nouvelles infections, tandis que

« Des choix sans concession » évite 24 millions

d’infections et affiche un coût supplémentaire inférieur

pour les années de vie ajustées sur la qualité de la vie

(QALY) sauvées. Par la poursuite d’objectifs plus

universels, « Le moment de la transition » accroît ses

coûts, tandis que « Des choix sans concession » parvient

à couvrir les cas où la prévention est « plus facile à

atteindre ». Mais il ne faut pas oublier qu’au-delà des

calculs respectifs de coût-efficacité, existent des

avantages sociaux et économiques beaucoup plus

importants et durables tels que ceux qui sont implicites

dans la riposte concertée au VIH et au SIDA présentée

dans « Le moment de la transition ».

Les dépenses annuelles moyennes du « Moment de

la transition » d’ici à 2025 se monteront à près de

11 milliards de dollars US, soit près de trois fois plus que

celles du scénario « Le poids du passé » et deux fois plus

que celles du scénario « Des choix sans concession ». Les

résultats obtenus seront extrêmement différents : dans

« Le moment de la transition », l’épidémie aura été freinée

dans une large mesure, dans « Des choix sans

concession », la fin de l’épidémie sera en vue, mais non

encore atteinte et dans « Le poids du passé », elle

représentera toujours un danger très net et très présent.

Les scénarios : mode d’emploi

La mise au point des scénarios n’est qu’un premier pas ;

encore faut-il les étudier plus attentivement et les mettre

en application par le biais d’un processus interactif qui

incite leurs utilisateurs à repenser leurs appréciations et

leur compréhension individuelles et collectives.

Le projet forme l’espoir d’atteindre, grâce à ces

scénarios, les objectifs énoncés plus bas. Il espère

également que, grâce à cet ouvrage et au CD-ROM qui

l’accompagne, le lecteur parviendra à atteindre des

objectifs similaires.

1. Améliorer les connaissances sur le VIH et le SIDA et

les déterminants qui façonnent leur avenir en Afrique.

2. Faire prendre conscience des perceptions, des

croyances, des supputations et des idées reçues au

sujet de l’épidémie de SIDA et de son avenir

prévisible et si possible les contredire.

3. Accroître la compréhension mutuelle des différentes

parties prenantes en créant un langage commun

pour les discussions concernant le VIH et le SIDA

en Afrique.

4. Faire prendre conscience et améliorer la

compréhension des facteurs, des déterminants et

des inconnues fondamentales (tout en soulignant

leurs relations à l’intérieur du système) qui bâtissent

l’avenir du VIH et du SIDA.

5. Mettre en évidence les dilemmes qui se présentent

et les choix qu’il conviendra sans doute de faire.

6. Identifier les lacunes à combler et l’ordre dans lequel

il faudra le faire afin de conduire les organismes et

les pays de là où ils se trouvent actuellement vers le

but qu’ils se sont fixé.

7. Elaborer et mettre au point des plans, des stratégies

et des politiques afin de mettre à l’épreuve ou de

remettre en question la validité et la fiabilité de toute

vision ou stratégie.

8. Analyser diverses situations spécifiques dans un

pays ou une région donnés afin d’en découvrir les

risques spécifiques et de mettre au jour les

opportunités qu’elles recèlent.

9. Fournir la toile de fond à une histoire qui mérite

d’être racontée et susciter l’enthousiasme et le

soutien à l’égard d’une politique particulière.

Pour ceux qui souhaitent en savoir plus, le CD-ROM qui

accompagne le présent ouvrage contient la plupart des

matériels qui ont été commandés pour alimenter le

projet, sous formes d’articles et d’interviews qui se

prêtent à la recherche par mots-clés. Le CD-ROM

présente également des rapports détaillés sur les

ateliers du projet et un certain nombre de présentations

qui peuvent être utilisées face à un public.

En guise de conclusion...

Construire des scénarios signifie faire des

accommodements avec le temps : les déterminants du

présent et de l’avenir et les héritages du passé. Le temps

n’a pas la même signification dans les trois scénarios.

« Des choix sans concession » nous dit que le

temps est celui de plusieurs générations : que le passé a

son importance ; que les ancêtres sont une valeur, que

l’histoire et l’identité familiales façonnent profondément le

présent ; et que nos actions présentes n’entraînent pas

seulement des conséquences pour ceux qui sont en vie

aujourd’hui, mais aussi pour les générations à venir.

Pour « Le poids du passé », le temps compte peu, les

résultats doivent être immédiats, les objectifs sont liés à un

temps déterminé et les actions se mesurent à l’aune des

mandats politiques. Les événements de longue durée,

telle l’épidémie de VIH et de SIDA, ne trouvent pas

véritablement leur place dans un minutage aussi bref.

« Le moment de la transition » nous dit quelque

chose sur la profondeur du temps, et pas seulement

sur sa longueur. Les transitions et les transformations

dont il parle pourraient prendre des générations si elles

se faisaient les unes à la suite des autres. Mais ce

scénario parle d’un monde dont les principales

métaphores sont le dépassement et la synergie ; où les

progrès de la lutte contre l’épidémie peuvent être

rapides parce qu’ils sont portés par d’autres transitions

qui se déroulent simultanément.

Les processus de développement ne tiennent que

trop rarement compte du temps d’une manière différente

de celle qui consiste à le mesurer en cycles

conventionnels de trois ou cinq ans. Les scénarios

permettent d’avoir une vision plus large, en regardant le

temps dans sa longueur, mais aussi dans sa profondeur.

Ils permettent de s’intéresser à d’autres dimensions du

problème et d’en tirer une image plus complète. On ne

se rendra compte de la valeur de ces scénarios que s’ils

sont largement diffusés, discutés et utilisés, mais ce

qu’ils offrent avant tout, c’est un point de départ pour le

processus d’élaboration.

Par dessus tout, ces scénarios nous disent que si

pour les millions de personnes qui sont mortes du SIDA il

est désormais trop tard, nous avons encore devant nous

assez de temps pour changer le destin de millions

d’autres individus.

1

26Le

SID

Aen

Afr

ique

Rés

umé

d’o

rien

tatio

n

1

27

LeS

IDA

enA

friq

ueR

ésum

éd

’ori

enta

tion

ON

US

IDA

/L. T

AYLO

R

Ce qui fait la force des scénariosDe profondes incertitudes existent en ce qui concerne l’avenir de l’épidémie de SIDA ainsi

que son ampleur et ses impacts. Ce qui adviendra en Afrique au cours des 20 prochaines

années et au-delà dépendra des mesures et des décisions prises aujourd’hui sur le

continent, mais aussi dans le reste du monde. Ces décisions ne seront faciles ni à prendre

ni à appliquer.

Les héritages du passé, la culture, l’expérience, la formation, l’éducation, les croyances

religieuses et les modes sont autant de domaines qui façonnent la perspective et

l’interprétation humaines du monde. Ces influences peuvent nous aider à trouver la bonne

direction. Elles peuvent aussi créer des zones d’ombre et des préjugés qui nous

empêchent d’accorder de la valeur à un point de vue différent du nôtre, ou de bien

comprendre un fait qui s’oppose à nos idées reçues. Cela est d’autant plus vrai que nous

sommes profondément attachés à nos opinions. Dans le cas du VIH et du SIDA, il existe

de nombreux mythes sur les raisons de la propagation de l’épidémie en Afrique et sur les

différentes façons d’aborder le problème.

Chacun de nous doit dépasser ses propres suppositions et opinions afin d’être capable

d’assimiler les autres perspectives pertinentes.

C’est le

récit qui survit au

son des tam-tams

de guerre et aux

exploits des

combattants

courageux. C’est le

récit… qui empêche

nos enfants de se

précipiter comme le

mendiant aveugle

sur les piquants

hérissés de la

clôture de cactus.

– Chinua Achebe,

Les termitières

de la savane

Avant de

tirer, il faut viser.

– proverbe éthiopien

Des récits riches en enseignement

Toutes les cultures du monde possèdent une tradition de

récits populaires qui sert à décoder la signification du

monde et à transmettre cette sagesse de génération en

génération. Ces récits sont des mines d’information, ils

contiennent la mémoire et l’histoire des peuples. Racontées

sous forme d’histoires, les leçons touchent ceux qui les

écoutent à de nombreux niveaux : lorsque le récit met en

scène explicitement une intrigue et suscite des émotions, il

atteint aussi l’inconscient. Les récits posent des questions

sur les signifiants et les valeurs, et ils y répondent.

Les scénarios sont des histoires imprégnées

d’imagination qui reposent sur une construction

rigoureuse et qui narrent des situations telles qu’elles

pourraient survenir. L’objectif de ce processus est d’aider

les gens à réfléchir plus profondément et plus librement à

des problèmes complexes, mal définis ou apparemment

insolubles. La forme du récit fournit une structure dans le

cadre de laquelle il est possible de penser les décisions

et de s’interroger sur leurs impacts probables. Le

processus de création des scénarios encourage les

individus à remettre en question leur vision habituelle des

choses et à imaginer ce qui pourrait advenir et comment

ils devraient alors aborder ces problèmes.

L’élaboration des scénarios ne se fixe pas sur la

recherche d’un seul et unique point de vue, mais

s’efforce d’impliquer et d’intégrer une foison d’idées en

s’inspirant de l’expérience et des perspectives d’un très

grand nombre de personnes. Ce processus fonctionne

parce qu’il crée une symbiose reposant à la fois sur

l’analyse et sur l’intuition. Il englobe les idées

consensuelles et celles qui font l’objet de controverses, et

s’attache à des questions dont on sent qu’elles revêtent

une importance majeure, mais dont l’enseignement

apparaît comme plus incertain.

Si elle se propose de refléter pleinement la réalité,

une série de scénarios se doit d’embrasser tous les

aspects, qu’ils soient positifs ou négatifs, et révéler ainsi

les difficultés comme les opportunités inhérentes aux

événements qu’elle dépeint. Le principe de cette

méthode n’est pas de concevoir un avenir parfait, mais

de tirer les leçons que chacun des avenirs possibles peut

offrir et de faire la démonstration que nos choix ont le

pouvoir de façonner l’avenir.

Les scénarios constituent un instrument utile : ils

peuvent servir de base à la réflexion et aux débats qui

président aux décisions actuelles et aux politiques futures ;

ils permettent de mesurer les risques et les opportunités,

de comprendre la signification des événements et

d’apporter des réponses. Ils ne se limitent pas à l’usage

individuel, mais peuvent être utilisés par différents

groupes désireux d’améliorer l’entente et de fournir un

cadre de référence et un langage communs.

28

Le processus et les conditions

1La question fondamentale

Le processus en question ne vise pas un consensus.

Il encourage au contraire la participation du plus grand

nombre possible de perspectives différentes. Cette méthode

doit permettre d’obtenir un tableau très complet et détaillé

de l’éventail des questions et des problèmes auxquels il

faudra faire face. D’un commun accord, les participants

résument ensuite toutes les connaissances qu’ils souhaitent

acquérir au sujet d’une « question fondamentale » qui brosse

les grandes lignes des défis auxquels ils devront se mesurer.

2

3

45

Des énergies prédéterminées et des

incertitudes décisives mènent le jeu

Les participants déterminent et étudient ensuite différentes

« énergies » – à savoir les tendances et les facteurs décisifs

qui sont à l’origine des problèmes. Ils s’interrogent ensuite

sur la direction probable que prendront ces énergies et sur

la manière dont elles s’influenceront mutuellement. Il sera

alors possible d’entrevoir certains des événements qu’elles

auront générés – et c’est pourquoi elles sont qualifiées de

« prédéterminées ». D’autres sont très mal connues, mais

on sait qu’elles peuvent significativement influencer

l’avenir – on les qualifie donc d’« incertitudes décisives ».

Embranchements

En étudiant la « question fondamentale »

et les interactions des énergies, les participants

atteignent les embranchements essentiels de leurs

récits, lesquels livrent leur propre réponse à la « question

fondamentale » et proposent une interprétation de l’origine

du problème. Les embranchements fournissent la

différence essentielle qui existe entre les scénarios, en

imaginant des contextes spécifiques dans lesquels les

énergies suivront leur cours.

Se mettre d’accord

La plus grande difficulté, en particulier

lorsqu’on est en présence d‘importants groupes

de concepteurs de scénarios possédant chacun

son point de vue, est de décider quels scénarios

privilégier et en quelle quantité. En fin de

compte, il faut arriver à un accord sur la

plausibilité des scénarios sélectionnés et sur

leur intérêt et leur utilité.

Le premier stade du processus de création de scénarios est de parvenir à une entente commune concernant les problèmes

qui se présentent. Cette étape est fondamentale quoique ardue à concevoir, sachant que chacun des participants

possède sa propre vision du monde.

Des récits aux scénarios

A partir des différents embranchements, les participants se

fondent sur ce qu’ils savent des énergies pour créer de toutes pièces des

récits plausibles pour l’avenir. Ce sont les « scénarios ». En partant du fait

qu’il est impossible de donner une seule interprétation exacte

de l’avenir, on comprend qu’il y ait plusieurs scénarios.

Ainsi, un processus d’élaboration de scénarios aboutira

à un nombre de versions de l’avenir situé entre

deux et quatre.

29