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www.lemonde.fr 58 ANNÉE – N” 17840 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI MERCREDI 5 JUIN 2002 Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. METROPOLIS , de Rin- taro, révolutionne l’art du dessin animé en mêlant les techniques traditionnelles et les images numériques. Lire page 31 L’ITALIE, victorieuse de l’Equateur (2-0), grâce à deux buts de Christian Vieri et à une défense exemplaire (ici à droite, Fabio Can- navaro), et le Brésil, emmené par Ronaldo, vainqueur de la Turquie (2-1), n’ont pas manqué leur entrée dans la compétition. Lire notre supplément et la chronique de Pierre Georges page 36 Humains contre robots Le Brésil retrouve Ronaldo et l’Italie ses ambitions International.............. 2 Union européenne ... 6 France ......................... 8 Société....................... 12 Carnet ....................... 14 Régions...................... 15 Horizons ................... 16 Kiosque...................... 17 Abonnements .......... 17 Entreprises................ 21 Communication ...... 24 Marchés .................... 25 Aujourd’hui .............. 27 Météorologie-Jeux . 30 Culture....................... 31 Radio-Télévision...... 35 L’OPTIMISME de début d’an- née, partagé par bon nombre d’ana- lystes, a cédé la place à un large sen- timent de doute sur l’orientation des marchés financiers. Toutes les Bourses, à l’exception de Tokyo, affichent des pertes sur les cinq pre- miers mois de l’année. Mardi 4 mai, dans la matinée, le CAC 40 perdait encore 2,27 %, à 4 131 points, soit une baisse de plus de 10,67 % depuis le début de l’année. Malgré les signes de reprise éco- nomique, plusieurs facteurs se conjuguent pour contrarier la remontée de la valeur des actions : le niveau élevé de l’endettement des entreprises, les suspicions sur la sincérité des comptes, le retour des déficits budgétaires américains et la baisse du dollar. Les perspecti- ves de remontée des taux d’intérêt, qui accompagneront la reprise, pèsent également sur le niveau des actions. Cette morosité ambiante ne déplaît pas à tout le monde. En effet, profitant de la frilosité des gestionnaires traditionnels, les fonds spéculatifs s’en donnent à cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve- ments, ce qui explique la forte vola- tilité des places boursières depuis plusieurs mois. Lire pages 21 et 25 L’EMPLOI, relégué derrière l’in- sécurité pendant la campagne pré- sidentielle, revient en force pour les législatives. Sur le terrain, les candidats affrontent les méconten- tements nés du chômage, de la pré- carité, des licenciements. Lundi 3 juin, Whirlpool a confirmé le transfert d’une partie de son activi- d’Amiens (Somme), fief du ministre des transports Gilles de Robien, en Slovaquie : 360 emplois supprimés sur 860. A Soissons (Aisne, département où Renaud Dutreil, secrétaire d’Etat aux PME, est candidat), quatre entreprises ferment, menaçant 623 postes de travail. Le groupe Arcelor, que pré- sidait Francis Mer avant qu’il devienne ministre de l’économie, ferme le site sidérurgique de Sol- lac (Pas-de-Calais), 423 salariés. A Evreux, Jean-Louis Debré, prési- dent du groupe RPR de l’Assem- blée nationale, fait face au départ d’une entreprise finlandaise et demande au gouvernement, dans un entretien au Monde, de durcir la législation sur les licencie- ments. Renaud Dutreil, lui aussi, cherche à impliquer les pouvoirs publics. Au même moment, le débat sur le smic s’amplifie. Le PS propose de le relever de 5 %, alors que le premier ministre, Jean-Pierre Raf- farin, renvoie toute décision au len- demain des législatives. Quant au conflit des médecins sur la consul- tation à 20 euros, il est entré dans une phase décisive. Leurs syndi- cats négocient, mardi 4 juin, avec la Caisse nationale d’assurance- maladie. / / / PALESTINE Yasser Arafat prépare son nouveau gouvernement p. 2 ALGÉRIE La contestation kabyle dans l’impasse p. 3 ROBOTIQUE Œil de mouche et poil de criquet p. 27 PORTRAIT Renaud déséspéré par Billancourt p. 34 GRANDE-BRETAGNE Jubilé rock et pop pour la reine p. 4 et notre éditorial p. 20 La Bourse recule malgré la croissance L'indice CAC 40, à Paris, en points RECHUTE Source : Bloomberg 4 700 4 600 4 500 4 400 4 300 4 200 4 100 J F M A M 2002 NEW YORK de notre correspondant Basic Instinct privé des jambes de Sharon Sto- ne, Il faut sauver le soldat Ryan sans les jurons et les combats les plus violents en moins, Tita- nic sans la nudité de Kate Winslet, La Liste de Schindler épuré de ses scènes les plus pénibles et Gladiateurs presque sans hémoglobine. L’Amérique bien-pensante peut regarder les films sans crainte pour sa moralité. Expurgées, les vidéos sont louées par la chaîne de magasins CleanFlicks, littéralement « petits coups de pro- pre », créée il y a seulement dix-huit mois à Plea- sant Grove (Utah), à côté de Salt Lake City, par Ray Lines, un mormon. L’ampleur de son succès l’a surpris. Le prix de la location, 12 à 15 dollars par film, est plus du double du tarif habituel. Cela n’a pas empêché CleanFlicks d’ouvrir 65 points de vente dans l’ouest du pays et d’espérer en avoir un dans chaque Etat avant la fin de l’année. Son catalo- gue compte déjà près de 500 films « nettoyés » – sans mots grossiers, sans phrase contenant le mot Dieu, sans scène de sexe – et la liste s’allon- ge chaque semaine. « Nous nous développons comme de la mau- vaise herbe », affirme Ray Lines. « Je suis un hom- me d’affaires. Je satisfais la demande de consommateurs avec qui je partage les mêmes valeurs. J’ai beaucoup de respect pour James Cameron, le metteur en scène de Titanic, ou Ste- ven Spielberg, celui de La Liste de Schindler. Seule- ment, je veux que mes sept enfants regardent de grands films et je ne crois pas qu’ils aient besoin de voir tout ce sexe, d’entendre ces injures et de contempler tout ce sang », explique-t-il. « Il s’agit d’une atteinte à la propriété intellec- tuelle », s’insurge Winston Dixon, spécialiste du cinéma à l’université du Nebraska. « Mutiler un film en retirant la violence qui fait partie inté- grante du message – comme dans La Liste de Schindler, par exemple – revient potentiellement à réduire la force et la substance du message. Si vous écrivez une histoire dont 20 % des phrases sont ensuite modifiées, il s’agit alors d’une tout autre histoire », ajoute-t-il. A Hollywood, producteurs, metteurs en scè- ne, acteurs sont embarrassés. Il faut dire que les chaînes de télévision grand public prennent la liberté depuis des années aux Etats-Unis de cou- per les scènes « choquantes » des films diffusés aux heures de grande écoute. Jeff Aldous, l’avocat de CleanFlicks, reconnaît que l’entreprise se trouve dans une zone de non- droit. « Il ne s’agit pas de censure. Vous pouvez toujours aller acheter ailleurs la version intégra- le. Chaque vidéo est achetée et éditée individuel- lement. Les producteurs sont payés pour chacu- ne, il n’y a pas de copies. Et puis nous ne faisons de tort à personne. Tout le monde est gagnant. Les producteurs de films vendent des cassettes et des DVD, le consommateur a le film qu’il souhai- te, et mes clients gagnent un peu d’argent. » Qui va oser faire un procès ? Eric Leser f Les candidats confrontés à la multiplication des plans sociaux f Enquête sur le désarroi des profs face à la diffusion des thèses du FN f Débats : Jean-Louis Bourlanges et Bertrand Delanoë f L’étrange retraite de Lionel Jospin Législatives p. 8 à 11, enseignants face à Le Pen p. 12, le FN à Marseille p. 15, la retraite de Jospin p. 16, débats p. 18 et 19 Le social s’invite dans la campagne Reléguée derrière l’insécurité pendant la présidentielle, la défense de l’emploi revient en force pour les législatives a Faux triomphe et vrai désastre PRÉSIDENT affaibli par cinq an- nées de cohabitation, atteint par les affaires qui entourent son nom, Jac- ques Chirac est en passe de réussir un rétablissement inouï. Déjà prési- dent le mieux élu des seconds tours de la V e République, il peut espérer demain réunir à l’Assemblée natio- nale une majorité à sa dévotion pour la durée de son quinquennat. Le chemin du succès est pourtant paradoxal et s’appuie sur une base électorale et sociale très étroite. Avec 5,4 millions de voix au premier tour de la présidentielle en métro- pole, Chirac fait moins qu’en 1995 (6 millions de suffrages), où il avait pourtant dû affronter Edouard Balla- dur – les deux hommes totalisaient alors 11,5 millions. En sept ans, le capital électoral a fondu de moitié… Jamais président sortant n’a recueilli un score aussi faible, jamais prési- dent élu ne s’est appuyé sur un socle aussi étroit. La droite modérée – Chi- rac, Bayrou, Madelin et Boutin – ne représente globalement que 31,5 % des suffrages exprimés. Elle n’ob- tient que 17 % des voix parmi les ouvriers, 26 % seulement chez les Français dont le foyer gagne moins de 2 000 euros par mois (les deux tiers du pays). La qualification de Le Pen, qui permit le score écrasant du second tour, a été rendue possible par la mise en avant systématique de thè- mes sécuritaires dans la campagne du président sortant et – ceci expli- quant sans doute cela – par un trans- fert de voix chiraquiennes de 1995 vers le chef du Front national. Se- lon le sondage « sortie des urnes » d’Ipsos réalisé le 21 avril, sur cent nouveaux électeurs de Le Pen, ceux venus le renforcer entre 1995 et 2002, 46 viennent de la droite modé- rée (dont 30 de l’électorat Chirac) quand 20 seulement viennent de la gauche et 34 n’avaient pas pris part au vote d’il y a sept ans. Ces don- nées de sondages sont confirmées par l’analyse électorale : si l’on exa- mine au niveau le plus fin – celui du canton – l’évolution du vote Le Pen de 1995 à 2002, on relève que le coef- ficient de corrélation est de 0,11 avec le total gauche de 1995, de 0,03 avec l’électorat Balladur, de 0,24 avec l’électorat de Villiers, et qu’il culmine à 0,32 avec le vote Chirac. Jérôme Jaffré pour 0123 Lire la suite page 20 « Basic Instinct » sans les jambes de Sharon Stone, ça marche

Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

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Page 1: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

www.lemonde.fr

58 ANNÉE – Nº 17840 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIMERCREDI 5 JUIN 2002

Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $.

METROPOLIS , de Rin-taro, révolutionne l’art dudessin animé en mêlant lestechniques traditionnelles etles images numériques. Lire page 31

L’ITALIE, victorieuse de l’Equateur (2-0), grâce à deux buts deChristian Vieri et à une défense exemplaire (ici à droite, Fabio Can-navaro), et le Brésil, emmené par Ronaldo, vainqueur de la Turquie(2-1), n’ont pas manqué leur entrée dans la compétition. Lire notre supplément et la chronique de Pierre Georges page 36

Humainscontrerobots

Le Brésil retrouve Ronaldoet l’Italie ses ambitions

International.............. 2Union européenne ... 6France ......................... 8Société....................... 12Carnet ....................... 14Régions...................... 15Horizons ................... 16Kiosque...................... 17

Abonnements .......... 17Entreprises................ 21Communication ...... 24Marchés.................... 25Aujourd’hui.............. 27Météorologie-Jeux . 30Culture....................... 31Radio-Télévision...... 35

L’OPTIMISME de début d’an-née, partagé par bon nombre d’ana-lystes, a cédé la place à un large sen-timent de doute sur l’orientationdes marchés financiers. Toutes lesBourses, à l’exception de Tokyo,affichent des pertes sur les cinq pre-miers mois de l’année. Mardi 4 mai,dans la matinée, le CAC 40 perdaitencore 2,27 %, à 4 131 points, soitune baisse de plus de 10,67 %depuis le début de l’année.

Malgré les signes de reprise éco-nomique, plusieurs facteurs seconjuguent pour contrarier laremontée de la valeur des actions :le niveau élevé de l’endettement

des entreprises, les suspicions surla sincérité des comptes, le retourdes déficits budgétaires américains

et la baisse du dollar. Les perspecti-ves de remontée des taux d’intérêt,qui accompagneront la reprise,pèsent également sur le niveau desactions.

Cette morosité ambiante nedéplaît pas à tout le monde. Eneffet, profitant de la frilosité desgestionnaires traditionnels, lesfonds spéculatifs s’en donnent àcœur joie, parient sur la baisse descours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuisplusieurs mois.

Lire pages 21 et 25

L’EMPLOI, relégué derrière l’in-sécurité pendant la campagne pré-sidentielle, revient en force pourles législatives. Sur le terrain, lescandidats affrontent les méconten-tements nés du chômage, de la pré-carité, des licenciements. Lundi3 juin, Whirlpool a confirmé letransfert d’une partie de son activi-té d’Amiens (Somme), fief duministre des transports Gilles deRobien, en Slovaquie : 360 emploissupprimés sur 860. A Soissons(Aisne, département où RenaudDutreil, secrétaire d’Etat aux PME,est candidat), quatre entreprisesferment, menaçant 623 postes detravail. Le groupe Arcelor, que pré-sidait Francis Mer avant qu’ildevienne ministre de l’économie,ferme le site sidérurgique de Sol-lac (Pas-de-Calais), 423 salariés. AEvreux, Jean-Louis Debré, prési-dent du groupe RPR de l’Assem-blée nationale, fait face au départd’une entreprise finlandaise etdemande au gouvernement, dansun entretien au Monde, de durcirla législation sur les licencie-

ments. Renaud Dutreil, lui aussi,cherche à impliquer les pouvoirspublics.

Au même moment, le débat surle smic s’amplifie. Le PS propose

de le relever de 5 %, alors que lepremier ministre, Jean-Pierre Raf-farin, renvoie toute décision au len-demain des législatives. Quant auconflit des médecins sur la consul-

tation à 20 euros, il est entré dansune phase décisive. Leurs syndi-cats négocient, mardi 4 juin, avecla Caisse nationale d’assurance-maladie.

/

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PALESTINEYasser Arafat prépareson nouveaugouvernement p. 2

ALGÉRIELa contestation kabyledans l’impasse p. 3

ROBOTIQUEŒil de moucheet poil de criquet p. 27

PORTRAITRenaud déséspérépar Billancourt p. 34

GRANDE-BRETAGNEJubilé rock et poppour la reine p. 4 et notre éditorial p. 20

La Bourse recule malgré la croissance

L'indice CAC 40, à Paris, en points

RECHUTE

Source : Bloomberg

4 700

4 600

4 500

4 400

4 300

4 200

4 100J F M A M

2002

NEW YORKde notre correspondant

Basic Instinct privé des jambes de Sharon Sto-ne, Il faut sauver le soldat Ryan sans les juronset les combats les plus violents en moins, Tita-nic sans la nudité de Kate Winslet, La Liste deSchindler épuré de ses scènes les plus pénibleset Gladiateurs presque sans hémoglobine.L’Amérique bien-pensante peut regarder lesfilms sans crainte pour sa moralité. Expurgées,les vidéos sont louées par la chaîne de magasinsCleanFlicks, littéralement « petits coups de pro-pre », créée il y a seulement dix-huit mois à Plea-sant Grove (Utah), à côté de Salt Lake City, parRay Lines, un mormon.

L’ampleur de son succès l’a surpris. Le prix dela location, 12 à 15 dollars par film, est plus dudouble du tarif habituel. Cela n’a pas empêchéCleanFlicks d’ouvrir 65 points de vente dansl’ouest du pays et d’espérer en avoir un danschaque Etat avant la fin de l’année. Son catalo-gue compte déjà près de 500 films « nettoyés »

– sans mots grossiers, sans phrase contenant lemot Dieu, sans scène de sexe – et la liste s’allon-ge chaque semaine.

« Nous nous développons comme de la mau-vaise herbe », affirme Ray Lines. « Je suis un hom-me d’affaires. Je satisfais la demande deconsommateurs avec qui je partage les mêmesvaleurs. J’ai beaucoup de respect pour JamesCameron, le metteur en scène de Titanic, ou Ste-ven Spielberg, celui de La Liste de Schindler. Seule-ment, je veux que mes sept enfants regardent degrands films et je ne crois pas qu’ils aient besoinde voir tout ce sexe, d’entendre ces injures et decontempler tout ce sang », explique-t-il.

« Il s’agit d’une atteinte à la propriété intellec-tuelle », s’insurge Winston Dixon, spécialiste ducinéma à l’université du Nebraska. « Mutiler unfilm en retirant la violence qui fait partie inté-grante du message – comme dans La Liste deSchindler, par exemple – revient potentiellementà réduire la force et la substance du message. Sivous écrivez une histoire dont 20 % des phrases

sont ensuite modifiées, il s’agit alors d’une toutautre histoire », ajoute-t-il.

A Hollywood, producteurs, metteurs en scè-ne, acteurs sont embarrassés. Il faut dire que leschaînes de télévision grand public prennent laliberté depuis des années aux Etats-Unis de cou-per les scènes « choquantes » des films diffusésaux heures de grande écoute.

Jeff Aldous, l’avocat de CleanFlicks, reconnaîtque l’entreprise se trouve dans une zone de non-droit. « Il ne s’agit pas de censure. Vous pouveztoujours aller acheter ailleurs la version intégra-le. Chaque vidéo est achetée et éditée individuel-lement. Les producteurs sont payés pour chacu-ne, il n’y a pas de copies. Et puis nous ne faisonsde tort à personne. Tout le monde est gagnant.Les producteurs de films vendent des cassettes etdes DVD, le consommateur a le film qu’il souhai-te, et mes clients gagnent un peu d’argent. » Quiva oser faire un procès ?

Eric Leser

f Les candidatsconfrontésà la multiplicationdes plans sociaux

f Enquête surle désarroi des profsface à la diffusiondes thèses du FN

f Débats :Jean-Louis Bourlangeset Bertrand Delanoë

f L’étrange retraitede Lionel Jospin

Législatives p. 8 à 11,enseignants face à Le Pen p. 12,

le FN à Marseille p. 15, la retraitede Jospin p. 16, débats p. 18 et 19

Le social s’invite dans la campagneReléguée derrière l’insécurité pendant la présidentielle, la défense de l’emploi revient en force pour les législatives

a

Faux triomphe et vrai désastrePRÉSIDENT affaibli par cinq an-

nées de cohabitation, atteint par lesaffaires qui entourent son nom, Jac-ques Chirac est en passe de réussirun rétablissement inouï. Déjà prési-dent le mieux élu des seconds toursde la Ve République, il peut espérerdemain réunir à l’Assemblée natio-nale une majorité à sa dévotionpour la durée de son quinquennat.Le chemin du succès est pourtantparadoxal et s’appuie sur une baseélectorale et sociale très étroite.Avec 5,4 millions de voix au premiertour de la présidentielle en métro-pole, Chirac fait moins qu’en 1995(6 millions de suffrages), où il avaitpourtant dû affronter Edouard Balla-dur – les deux hommes totalisaientalors 11,5 millions. En sept ans, lecapital électoral a fondu de moitié…Jamais président sortant n’a recueilli

un score aussi faible, jamais prési-dent élu ne s’est appuyé sur un socleaussi étroit. La droite modérée – Chi-rac, Bayrou, Madelin et Boutin – nereprésente globalement que 31,5 %des suffrages exprimés. Elle n’ob-tient que 17 % des voix parmi lesouvriers, 26 % seulement chez lesFrançais dont le foyer gagne moinsde 2 000 euros par mois (les deuxtiers du pays).

La qualification de Le Pen, quipermit le score écrasant du secondtour, a été rendue possible par lamise en avant systématique de thè-mes sécuritaires dans la campagnedu président sortant et – ceci expli-quant sans doute cela – par un trans-fert de voix chiraquiennes de 1995vers le chef du Front national. Se-lon le sondage « sortie des urnes »d’Ipsos réalisé le 21 avril, sur cent

nouveaux électeurs de Le Pen, ceuxvenus le renforcer entre 1995 et2002, 46 viennent de la droite modé-rée (dont 30 de l’électorat Chirac)quand 20 seulement viennent de lagauche et 34 n’avaient pas pris partau vote d’il y a sept ans. Ces don-nées de sondages sont confirméespar l’analyse électorale : si l’on exa-mine au niveau le plus fin – celui ducanton – l’évolution du vote Le Pende 1995 à 2002, on relève que le coef-ficient de corrélation est de 0,11avec le total gauche de 1995, de 0,03avec l’électorat Balladur, de 0,24avec l’électorat de Villiers, et qu’ilculmine à 0,32 avec le vote Chirac.

Jérôme Jaffrépour 0123

Lire la suite page 20

« Basic Instinct » sans les jambes de Sharon Stone, ça marche

Page 2: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

Estimez-vous que l’administra-tion américaine s’est désormaissérieusement investie dans larecherche d’une solution au con-flit du Proche-Orient ?

Les Etats-Unis s’intéressentaujourd’hui à cette question davan-tage qu’il y a quelque temps, en cesens qu’ils sont inquiets du fait queles choses ne tournent pas rond,que les critiques et la colère mon-tent dans la rue et dans tous lesmilieux arabes, qu’il existe uneeffervescence sans précédent danscette région qui pourrait avoir desconséquences sur des intérêtsdivers. Mais porter un intérêt auProche-Orient requiert [de la partdes Etats-Unis] un plan d’action etun rôle d’honnête courtier, deuxconditions sans lesquelles rien nepeut aboutir.

Voulez-vous dire qu’ils ne rem-plissent pas ces deux condi-tions ?

Ce n’est pas ce que je dis. Je sou-haite simplement qu’il en soit ain-si, parce que c’est le seul moyend’être efficace. Prendre parti pourIsraël ne mènera à rien, car il existenon pas une seule, mais des lignesrouges que les Arabes ne sauraienttransgresser, une nette distinctionentre ce qui est acceptable par euxet ce qui ne l’est pas. Qu’on ne leurdemande pas, par exemple, deremettre à plus tard la question deJérusalem, ou de se taire sur le pro-blème des colonies de peuple-ment, ou encore de renoncer à laquestion des réfugiés, ou de céderdes territoires à Israël. Tout celaest inacceptable. Ce qui est accep-

table, ce sont des engagements pré-cis concernant Jérusalem, unaccord sur d’autres engagementsmutuels [entre Israël et lesPalestiniens] relatifs aux réfugiés,aux questions de sécurité, au tracédes frontières sur la base des lignesde 1967, à la sécurité des frontiè-res.

C’est là la position de tous lesEtats arabes, dont le cadre de pen-sée et de comportement est désor-mais le plan précis qu’ils ont tousapprouvé lors du sommet de Bey-routh. [le plan dit « Initiative arabede paix » adopté en mars, prévoitl’établissement de relations « norma-les » avec Israël, s’il se retire de tousles territoires arabes occupés en1967, Jérusalem-Est inclus, démantè-le les colonies de peuplement etaccepte un règlement du problèmedes réfugiés palestiniens].

Que pensez-vous du projetaméricain de réunir une confé-rence internationale de paix ?

L’idée d’une conférence interna-tionale est à l’origine européenne.Les Etats-Unis l’ont approuvéedans le cadre du « quartet » [Etats-Unis, Russie, ONU et Unioneuropéenne], parce qu’ils nesavaient que faire. Cette conféren-ce soulève un grand nombre dequestions et de doutes. Du côtéisraélien, [le premier ministre, Ariel]Sharon veut une conférence tailléesur mesure, dont il désignerait lui-même les participants, la date etl’ordre du jour. C’est une mascara-de idiote que nul ne saurait accep-ter. [Le ministre des affaires étrangè-res, Shimon] Pérès, quant à lui, sou-haite une conférence quelle qu’ellesoit, parce que c’est un événementmédiatique, avec caméras de télévi-sion, photos, sourires, jeux de rôle,et tromperie à la clé.

La conférence dont a parlé le« quartet » n’est pas sans intérêt,mais si elle se tient dans un délaide deux semaines ou trois ce nesera qu’une opération de relationspubliques sans valeur aucune, uneconférence réunie à la va-vite, his-toire de prétendre relancer le pro-cessus de paix, en formant descommissions qui multiplient lesréunions… C’est du réchauffé, unscénario insipide. En revanche,l’idée présente un sérieux intérêt sila conférence se tient dans quatreà six mois, le temps de la préparersérieusement, c’est-à-dire d’en éta-blir l’ordre du jour, d’en définir clai-rement l’objectif et d’adopter uncalendrier.

Des voix s’élèvent de partoutpour exiger de l’Autorité palesti-

nienne qu’elle procède à desréformes…

Lorsque la demande émane desPalestiniens eux-mêmes, elle estlégitime. Mais une demande éma-nant d’une partie étrangère peutcacher des intentions malveillan-tes, sauf lorsqu’il s’agit des paysdonateurs [d’aide financière àl’Autorité palestinienne] qui ont ledroit de réclamer des réformesfinancières pour que leur argentpasse par des canaux agréés.

Quelle suite les pays arabesont-ils donnée à l’« initiative depaix » du sommet de Beyrouth ?

Le sommet a décidé de la porterdevant le Conseil de sécurité del’ONU. Des contacts ont été prispar le comité de suivi du sommetavec le « quartet ». Mais si les Israé-liens refusent cette initiative, s’ilsn’acceptent pas une paix globale,et qu’ils veulent, comme le dit Sha-ron, un pas par-ci et un autre par-là, il revient aux Européens et auxAméricains, qui ont approuvé avecforce l’initiative arabe, de dire cequ’ils ont l’intention de faire. Enadoptant leur initiative, les Arabesont fait preuve de sagesse diploma-tique. Ils ont adressé le bon messa-ge, face à la campagne de mystifica-tion et de mensonges lancée parIsraël, y compris à propos de ce quis’est passé au sommet [américano-israélo-palestinien] de Camp David[en juillet 2000]. Plus nous sommesclairs, mieux nous servirons nosintérêts.

Propos recueillispar Mouna Naïm

Le chef du FPLP est maintenu en prison malgré une décision de justice

JÉRUSALEMde notre correspondant

La Cour suprême palestinienne a décrété, lun-di 3 juin, la libération du chef du Front populai-re de libération de la Palestine (FPLP), AhmedSaadat, jugeant ne pas disposer de preuves deson implication dans le meurtre d’un ministreisraélien. Cette annonce a suscité une très viveréaction israélienne. Quelques heures plus tard,la direction palestinienne a décidé de maintenirle responsable en prison, « en raison des mena-ces d’Israël de l’assassiner ».

Le « cas » Saadat est emblématique de la ven-detta à laquelle se livrent épisodiquement Israé-liens et Palestiniens, en contrepoint du conflitouvert en septembre 2000. Le 24 août 2001, uneopération spectaculaire est menée par un com-mando du Front démocratique de libération dela Palestine (FDLP) dans la bande de Gaza, aucours de laquelle trois soldats israéliens sonttués. Trois jours plus tard, un raid est lancé con-tre le bureau du chef du FPLP, le successeur dutrès charismatique Georges Habache, Abou AliMoustapha. Ce dernier est tué sur le coup. Le

FPLP, peu en vue pendant les premiers mois del’Intifada, s’engage alors dans les représailles.Un mois plus tard, il se désigne comme chefAhmed Saadat, qui figure parmi les « durs » decette formation radicale, gagnée par le pragma-tisme depuis la retraite de M. Habache. Moinsde deux mois après la mort de Abou Ali Mousta-pha, le 17 octobre, un commando palestinientue dans un hôtel de Jérusalem-Est RehavamZeevi, le ministre israélien démissionnaire dutourisme, responsable d’extrême droite etdéfenseur notamment du transfert des Arabesisraéliens et des Palestiniens hors d’Israël et desterritoires occupés.

’ Cet assassinat sans précédent, comme l’était

celui d’un haut responsable politique palesti-nien – le chef du FPLP – depuis les accords d’Os-lo, est suivi d’incursions massives israéliennesdans les zones alors encore autonomes palesti-niennes. Ordre est donné à Yasser Arafat d’arrê-ter les coupables et le chef du FPLP.

Le président palestinien attendra d’être pla-

cé le dos au mur pour obtempérer. Toutd’abord, Ahmed Saadat, en janvier 2002, puisquelques semaines plus tard, les quatre mem-bres présumés du commando à l’origine de l’as-sassinat du ministre, dans une zone pourtantsous contrôle israélien pour ce qui est des ques-tions de sécurité.

Au début du siège du quartier général deM. Arafat, le 29 mars, les cinq hommes, et unconseiller accusé de trafic d’armes par les Israé-liens, trouvent refuge à ses côtés. Les Israéliensexigent en vain qu’ils leur soient livrés. Le com-mando est jugé de manière expéditive pourparvenir à une sortie de crise globale : unedétention des six à Jéricho, sous supervisioninternationale.

Cette solution suscite l’indignation de l’opi-nion publique palestinienne. L’incertitudedemeure au sujet d’Ahmed Saadat, sur lequelne pèse aucune charge côté palestinien, ce quimotive la saisie par ses avocats de la Coursuprême palestinienne.

G. P.

Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe

« Une conférence de paix réunie à la va-vite sera sans valeur »

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RAMALLAHde notre envoyé spécial

Moins de trois semaines après lediscours sur les réformes du chefde l’Autorité palestinienne, YasserArafat, le 15 mai, un nouveau gou-vernement palestinien est sur lepoint d’être formé. Confrontédepuis la fin officielle de l’opéra-tion israélienne « Mur de protec-tion » aux critiques palestinienneset aux pressions israéliennes etaméricaines, M. Arafat n’avait guè-re le choix. La nomination de nou-veaux ministres est sans aucundoute la réponse la plus rapidequ’il peut leur apporter. En 1998,soumis à de premières critiquessur le fonctionnement de l’Autori-té et principalement la corruption,M. Arafat avait déjà tenté de cou-per court au mécontentement enremaniant le gouvernement.

Le remodelage d’une entité auxcontours juridiques flous — les ins-titutions palestiniennes actuellesauraient dû cesser d’exister il y atrois ans à la fin de la période intéri-maire ouverte à Oslo en 1993 – etau territoire désormais incertain,puisqu’il n’existe plus de zonesautonomes palestiniennes, devrait

se poursuivre avec la refonte deservices de sécurité pléthoriquesque M. Arafat avait pris le soin dediviser et d’opposer les uns auxautres pour mieux en conserver lecontrôle. La nouvelle architecturea été préparée par le directeur del’Agence centrale de renseigne-ment américaine (CIA), GeorgeTenet, venu sur place, lundi 3 juin,tenter de remettre sur pied un dis-positif particulièrement endomma-gé par l’offensive israélienne demars et avril.

Au tout début des opérations, à

Beitunia, près de Ramallah, le quar-tier général du chef de la Sécuritépréventive pour la Cisjordanie,Jibril Rajoub, avait été pris d’as-saut par l’armée israélienne. La des-truction d’un appareil chargé de lalutte antiterroriste, qui avait plutôtbien résisté aux chocs de l’Intifada,a fait la place nette pour son homo-logue dans la bande de Gaza, diri-gé par Mohammed Dahlan, lequeldevrait se voir confier un dispositifresserré autour de trois ou quatregrands services.

Le troisième chantier des réfor-

mes, les élections générales, est enrevanche plus incertain. Si le chefde l’Autorité a bien annoncé sonintention d’organiser des électionslocales et « nationales » entre la finde cette année et le début de la sui-

vante, nul ne sait encore si le pro-jet verra le jour.

Contrairement aux élections de1996, considérées à l’époque com-me équitables par les observa-teurs internationaux présents surplace, les territoires palestiniens

ne sont plus autonomes. Si desélections municipales pourraientsans doute être organisées sanstrop de problème, des électionslégislatives, voire une présidentiel-le, seraient peu envisageables

sans un retrait de l’armée israélien-ne, au moins sur les positionsqu’elle occupait à la veille de l’Inti-fada. Rien ne dit qu’Ariel Sharon,est prêt à y consentir pour l’ins-tant, bien au contraire.

Si en apparence, le chantier des

réformes est donc bien engagé, enrevanche, de lourdes interroga-tions pèsent sur leur réalité. D’unepart, le débat a souvent l’air surréa-liste alors que dans le mêmetemps, sur le terrain, les troupesisraéliennes ne cessent d’opérerdans des agglomérations palesti-niennes soumises au couvre-feu,parfois pendant plusieurs joursconsécutifs.

D’autre part, certains proches

de M. Arafat considèrent, sous cou-vert de l’anonymat, que le chef del’Autorité palestinienne n’est pasprêt à remettre en cause son systè-me qui combine la concentrationde tous les pouvoirs avec une prati-que de médiation très sophisti-quée. D’autres observateurs,notamment dans les milieux uni-versitaires, sont même persuadésque la réforme est impossible tantque M. Arafat sera à la tête dumouvement national palestinien.Selon eux, la refonte du gouverne-ment et des services de sécuritén’empêcheront par le chef del’Autorité palestinienne de toutcontrôler.

Les tractations engagées pour laformation du nouveau gouverne-ment montrent pour l’instant queles équilibres politiques nedevraient pas être modifiés en pro-fondeur. Sollicités par M. Arafat,le Front populaire de libération dela Palestine (FPLP) et le Frontdémocratique de libération de laPalestine (FDLP) ont décliné l’invi-tation. Il en a été de même avec lesformations islamistes, le Mouve-ment de la résistance islamique(Hamas) et le Djihad islamique,qui ont préféré rester en dehorsdes institutions officielles palesti-niennes.

Dans ces conditions, le renouvel-lement risque de se limiter à despersonnalités indépendantes, ain-si l’ancien fonctionnaire de la Ban-que mondiale, Salam Fiad, ou pui-sées dans le vivier des organisa-tions non gouvernementales pales-tiniennes. Ces nouveaux nomss’ajouteraient aux « poidslourds » de l’actuelle équipe quidevraient rester en place, YasserAbed Rabbo, Saeb Erekat et NabilShaath.

Gilles Paris

Ariel Sharon, le premier ministre israélien, sera reçu, le10 juin, par le président américain, George W. Bush. Ils’agit de la entre les deux hom-mes depuis l’élection du président du Likoud, en

février 2001. Cette visite sera précédée par des - entre M. Bush et le chef de l’Etat égyptien, Hos-ni Moubarak, les 7 et 8 juin à Camp David. Ces pour-parlers ont lieu alors que le directeur de la CIA, George

Tenet, et le secrétaire d’Etat adjoint, William Burns, setrouvent au Proche-Orient. Le patron de la CIA doit ren-contrer Yasser Arafat, mardi 4 juin, à Ramallah, pourdiscuter de la des systèmes palestiniens de

sécurité. Cette réorganisation fait partie des réformesde l’Autorité promises, le 15 mai, par M. Arafat, quidevraient aboutir à la formation d’un nouveau - et à des élections générales.

L’ex-ministre travailliste israélien de la justice, Yossi Beilin, a lancé, dansla nuit du lundi 3 au mardi 4 juin, devant un millier de sympathisants à Tel-Aviv, un nouveau mouvement à vocation pacifiste, sociale et culturelle appe-lé Shahar (Aube, en hébreu). « Mon objectif est que le camp de la paix se pré-sente unifié aux prochaines élections, afin qu’il y ait un choix clair entre le can-didat de la paix au poste de premier ministre et ses rivaux », a-t-il affirmé.M. Beilin a indiqué espérer que le Parti travailliste quitterait le gouverne-ment d’union nationale du premier ministre Ariel Sharon « dans trois mois,après ses prochaines élections primaires ».

« Ceux qui participent à un tel gouvernement ne peuvent nous conduire àla paix », a ajouté M. Beilin, l’un des artisans des accords d’Oslo sur l’autono-mie palestinienne (1993). Il a également pris à partie l’ancien premier minis-tre travailliste Ehoud Barak, en lui faisant assumer l’échec des négociationsde paix avec les Palestiniens. – (AFP.)

Yasser Arafat gardera le plein contrôle de l’Autorité palestinienneLa formation d’un nouveau gouvernement, la refonte des systèmes de sécurité et l’organisation d’élections générales

sont annoncées. Des doutes subsistent sur la réalité de ces réformes, qui ne devraient pas menacer le pouvoir du leader palestinien

LE PRÉSIDENT américain, Geor-ge W. Bush, recevra Ariel Sharon,le 10 juin à Washington, a annoncélundi 3 juin la Maison Blanche. M.Bush, qui s’entretiendra avec le pré-sident égyptien, Hosni Moubarak,vendredi et samedi, dans la résiden-ce de campagne présidentielle deCamp David, voudrait ramener lesdeux parties à la table des négocia-tions. « La visite du premier minis-tre intervient dans un contexte deconsultations entre hauts responsa-bles américains et israéliens, dans lebut de promouvoir la paix et la sécu-rité au Proche-Orient », indique uncommuniqué. Ce sera la sixièmefois que M. Sharon sera reçu à laMaison Blanche. Sa dernière ren-contre avec M. Bush a eu lieu le7 mai. Ce jour-là, un attentat-suici-de en Israël a fait 15 morts.

Deux émissaires américains, ledirecteur de la CIA George Tenetet le secrétaire d’Etat adjointWilliam Burns, se trouvent au Pro-che-Orient pour discuter de laréforme de l’Autorité palestinien-ne et de la reprise du dialogue

entre Israéliens et Palestiniens. LesEtats-Unis ont par ailleurs réaffir-mé, lundi, leur opposition aux acti-vités de colonisation israéliennes àl’occasion du début des travaux deconstruction d’un quartier de colo-nisation juive à Jérusalem-Est. NofZaav (Paysage en or) sera construitdans le quartier arabe de Jabel Mou-kaber, sur une surface de 14 hecta-res, a indiqué la radio israélienne.

Le parti ultra-orthodoxe Shass a

officiellement retrouvé, lundi, sa pla-ce au sein du gouvernement de coali-tion israélien. Il en avait été écartédeux semaines plus tôt pour avoirvoté contre un plan d’austérité, lorsde sa présentation en première lec-ture à la Knesset. Le Parlement a rati-fié le retour des quatre ministres,par 54 voix pour et 24 contre. Selonles médias israéliens, le Shass estdésormais autorisé à soulever desobjections contre le plan, devantune commission parlementaire quirevoit le texte avant un nouveauvote à la Knesset. – (AFP, Reuters.)

I N T E R N A T I O N A Lp r o c h e - o r i e n t

Yossi Beilin lance un mouvement pacifiste

Ariel Sharon sera reçu pourla sixième fois à la Maison Blanche

2/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

Page 3: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/3

120 instructeurs français auprès de l’armée afghane

TIZI-OUZOU (Kabylie)de notre envoyée spéciale

« Cela ressemble à une impasse »,soupire un élu FFS (Front des forcessocialistes) de la préfecture de Tizi-

Ouzou, « ce pouvoir est machiavéli-que : si on avait participé aux élec-tions, on l’aurait servi, et quand on lesboycotte, on le sert encore ». Pouravoir refusé d’organiser les élec-tions législatives, jeudi 30 mai, desdizaines d’élus, des partis FFS etRCD (Rassemblement pour laculture et la démocratie), majoritai-res en Kabylie, attendent d’êtreinformés sur leur sort. Certains ontété suspendus par l’administration,d’autres sont sous la menace depoursuites judiciaires.

Dans l’administration, la situationn’est pas meilleure. Les représen-tants de l’Etat sont menacés, eux,par les manifestants, pour avoir ten-té de remplir leur mission en organi-sant ces élections. Ils demandentaujourd’hui la protection des compa-gnies nationales de sécurité (CNS),dont la seule présence rend hystéri-que la foule qui rêve d’en découdreavec le pouvoir.

Mais les affrontements finissentpar lasser. « C’est de la gesticula-tion », s’exaspère une voix respectéeen Kabylie, mais qui préfère aujour-d’hui garder l’anonymat dans ce cli-mat d’insécurité et de suspicion.« Ils brûlent les mairies, les centrauxtéléphoniques, mais quels sont leurs

objectifs ? On a l’impression que cesgens vivent en cercle fermé. »

« Mouvement citoyen et pacifique »ou « mouvement populaire et vio-lent » ? Le débat sur la nature descoordinations des aarchs (tribus),des communes et des daïras (circons-criptions), qui depuis un an mobili-sent la région en réaction à l’assassi-nat d’un jeune lycéen, MassinissaGuermah, dans une caserne de gen-darmerie, est devenu impossible enKabylie. Il ne faut pas s’attarder surla légitimité de ses délégués, qui,sans être élus, sont désignés parconsensus, excluant totalement lesfemmes. Les partis politiques n’ysont pas admis et leurs militants n’ysiègent qu’à titre individuel.

« ’ »La présidence des coordinations

de communes, de daïras et de l’inter-wilaya, sorte de comité central, esttournante et change de réunion enréunion, environ chaque mois. Lesdécisions qui y sont prises sont lon-guement débattues ; elles s’impo-sent ensuite à l’ensemble de la com-munauté.

« Ce mouvement n’est plus un mou-vement pacifique, regrette notreinterlocuteur, des jeunes gens de 13 à30 ans ont été pris en main par des for-ces qui ont besoin de créer de l’instabi-lité pour empêcher un débat sur lesvrais problèmes économiques et politi-ques du pays. »

Rabah Boucetta, membreinfluent de l’inter-wilaya, sedéfend : « Je ne peux pas comparerces réactions citoyennes violentes etspontanées aux balles assassines dece pouvoir qui a tué plus de cent per-sonnes. Face à la colère de la rue,c’est nous qui jouons aux pompiers :parfois on réussit, parfois c’estl’échec. » La rue, ce sont ces milliersde garçons, humiliés par le discoursofficiel et soudés par la haine du

pouvoir « Nous avons réussi à trans-former les émeutes en actions pacifi-ques, marches, grèves, malheureuse-ment, en face de nous, ce pouvoir faittout pour donner raison aux extrémis-tes. Au lieu de recevoir la plate-formed’El-Kseur, il nous a envoyé ses poli-ciers », ajoute Rabah Boucetta.

Cette plate-forme énumère plu-sieurs demandes allant du départ dela gendarmerie à la sanction des mili-taires. « En rejetant ces élections,nous faisions pression pour l’adoptionde cette plate-forme et pour la libéra-tion de tous les délégués détenus arbi-trairement », explique un enseignanten langue tamazight. Lui même est

en cavale et vit dans une semi-clan-destinité.

Aujourd’hui, son mouvement,comme le FFS et le RCD, demandel’annulation des élections. Les résul-tats ont pourtant été validés, lundi3 juin, par le Conseil constitution-nel, y compris en Kabylie, en dépitdes conditions anormales dans les-quelles s’est déroulé le scrutin etd’une participation inférieure à3 %. Cette validation devrait êtreperçue par la Kabylie comme uneporte qui se ferme. Les trois partis

et mouvement de la région seretrouvent enfermés dans unmême piège, en dépit de leurs nom-breuses divergences.

Seul le RCD assume le risqued’un enfermement communautai-re. « Soit nous allons vers une vraierégionalisation, soit ce sera la voie"nationaliste" kabyle qui l’emporte-ra », prévient Tarek Mira, députésortant du RCD.

« ’ »Le secrétaire général du FFS,

Ahmed Djedaï, ne veut pas entendreparler d’un tel repli. « Le règlementde la contestation en Kabylie ne peutpasser que par le règlement de la crisenationale. Nous ne sommes pas con-tre un débat sur la réforme de l’Etat,mais ce dernier ne peut se tenir quedans un climat serein », dit-il.

Sans véritables perspectives, lacontestation en Kabylie s’enlise dan-gereusement. « Nous allons prendrecontact avec les autres partenaires dupays, parce que maintenant nousn’avons pas droit à l’erreur, reconnaîtRabah Boucetta. Le président areconnu que nos revendicationsétaient légitimes… Si seulement il s’en-gageait publiquement à satisfaire laplate-forme d’El-Kseur, c’est tout ceque nous demandons. »

Après la décision du Conseil cons-titutionnel, tous les regards se tour-nent désormais vers le chef du gou-vernement, Ali Benflis. Grand vain-queur des élections du 30 mai, fortd’une majorité absolue, le patron duFront de libération nationale (FLN)est chargé de constituer un nouveaugouvernement. Saura-t-il imposerune solution politique contre la ges-tion critiquée de son ministre de l’in-térieur, Yazid Zerhouni, dont, selonla presse algérienne, il souhaiteraitle départ ?

Ghania Mouffok

LA COMMISSION spéciale durenseignement, au Sénat, a prévud’entendre, à compter du mardi4 juin, plusieurs responsables desservices secrets américains pourleurs négligences à exploiter et àcommuniquer les renseignementsqu’ils détenaient avant les atten-tats terroristes du 11 septembre2001 contre Washington et NewYork.

Cette enquête parlementaire aété ouverte à la suite des révéla-tions de la presse, aux Etats-Unis,selon lesquelles des « défaillancesénormes du renseignement », selonle mot, sur la chaîne téléviséeABC, du président de la commis-sion, Richard Shelby, républicainde l’Alabama, ont marqué le tra-vail de l’Agence centrale de rensei-gnement (CIA) et du Bureau fédé-ral d’investigation (FBI).

Une des plus récentes révéla-tions sur cette affaire de manque-ment du renseignement américainémane du quotidien The New YorkTimes dans une correspondance dedeux de ses envoyés spéciauxau Caire au lendemain de leurréception, dimanche 2 juin, par leprésident Hosni Moubarak.

Au cours de cet entretien, le pré-sident égyptien a indiqué que lesservices de renseignement de sonpays avaient averti, une semaineavant le 11 septembre, les Etats-Unis des préparatifs que le réseaud’Oussama Ben Laden menait àpropos d’une opération « significa-tive » contre une cible américaine.Les services égyptiens avaient infil-tré un agent au sein de l’organisa-tion terroriste, mais leurs chefs, aprécisé M. Moubarak, ont tenté envain d’arrêter l’opération qui étaiten cours.

Pour autant, a affirmé le prési-dent égyptien, les services de sonpays n’avaient aucune indication

sur la manière dont devait avoirlieu l’agression. Ils pensaient à unattentat contre une ambassade ouun avion, « quelque chose d’habi-tuel », a dit M. Moubarak aux jour-nalistes américains.

« Découvrir, après-coup, que lesterroristes s’étaient emparés d’avi-ons pour détruire des immeubles,a-t-il ajouté, nous est apparuincroyable ». Le président égyptienn’a pas précisé comment les servi-ces américains avaient réagi auxrenseignements recueillis parLe Caire. Des sources égyptiennes,rapportées par The New YorkTimes laissent entendre qu’ellesavaient informé les services améri-cains entre mars et mai 2001, dufait que l’organisation Al-Qaidaétait infiltrée.

Les relations entre services amé-ricains et services égyptiens sontrégulières, notamment par l’inter-médiaire de la CIA. « Il y a beau-coup de choses que nous pouvonsfaire dans le domaine du renseigne-ment, a admis M. Moubarak, maisnous devons le faire quelquefoisavec discrétion ».

La Maison Blanche a refusé decommenter les propos du prési-dent égyptien qui doit être l’hôte,vendredi 7 et samedi 8 juin, àCamp David, de George W. Bush.Un responsable de la CIA a, enrevanche, indiqué que l’agencen’avait reçu aucun avertissementde l’Egypte, concernant une possi-ble attaque, durant les jours quiont précédé le 11 septembre.

A KABOUL, Michèle Alliot-Marie a installé, lundi3 juin, le corps des instructeurs français chargés, auxcôtés de leurs homologues américains, de contribuerà la mise sur pied d’une armée régulière en Afghanis-tan. La ministre française de la défense a rencontré, àcette occasion, le chef du gouvernement intérimaire,Hamid Karzaï, et le ministre afghan de la défense, legénéral Mohammed Qassim Fahim.

Au total, la France a accepté de fournir quelque120 officiers et sous-officiers qui se relaieront durantles six mois à venir pour former deux bataillons d’in-fanterie légère, entre 120 et 150 hommes chacun. Cesinstructeurs proviennent de la 27e brigade d’infante-rie de montagne, basée normalement à Grenoble (Isè-re). Le recrutement – on comptait 160 hommes, finmai, du côté français – des futurs soldats de l’arméeafghane est sous la responsabilité des autorités loca-les, à charge pour elles de respecter la pluri-ethnicitédu pays sans favoriser une origine plutôt qu’uneautre. Instructeurs français et américains œuvrent deconcert.

La France a pris en charge le transport des recrues,même des soldats qui sont formés par les Américains.Elle s’occupe aussi de l’embauche des interprètes, del’alimentation, du couchage et de l’habillement desrecrues. De même, elle a restauré les bâtiments qui lesaccueillent.

Une fois instruits, les deux bataillons devraient com-pléter la 1re brigade de l’armée nationale afghane,dont un autre bataillon, fort de 415 hommes, est,depuis la mi-mai, en formation avec un encadrementaméricain. Déjà, en mars et en avril, des Britanniquesde la Force internationale d’assistance à la sécurité(ISAF) avaient instruit le bataillon de la garde prési-dentielle afghane.

Tous ces détachements, entraînés par les Améri-cains, les Britanniques et les Français, devraient ensui-te se consacrer à former eux-mêmes l’armée nationa-le afghane, dont les effectifs, dans cinq ans, attein-draient 50 000 hommes au total.

Jacques Isnard

..

« Il y a beaucoupde choses que nouspouvons faire dansle domainedu renseignement »

Après le boycottage des élections, les mouvementsde contestation kabyles se trouvent dans une impasse

Le Conseil constitutionnel a validé les résultats des législatives algériennes du 30 mai.En Kabylie, les formations cherchent comment sortir du cycle émeutes-répression

U X

A R I E N

Constantine

ALGER

GRANDEKABYLIE PETITE

KABYLIE

25 km

ALGÉRIE

DANS L'INCERTITUDE

Bouira

Mer MéditerranéeTizi-Ouzou

AURÈS

JOHANNESBURGde notre correspondante

Isolé sur les hauts plateaux malga-ches, au centre du pays, Marc Rava-lomanana, proclamé vainqueur del’élection présidentielle du16 décembre 2001, s’est lancé dansla conquête des provinces côtières,toujours aux mains du présidentsortant, Didier Ratsiraka. La premiè-re offensive a été lancée, dimanche2 juin, dans le nord-est du pays,autour de la petite ville de Samba-va. Mais les troupes venues de lacapitale se sont heurtées à la résis-tance des soldats fidèles à M. Ratsi-raka. Les affrontements ont fait aumoins douze morts.

L’attaque avait été préparée dèssamedi, quand un avion de la com-pagnie Air Madagascar avait dépo-sé une trentaine d’hommes à Anta-laha, au sud de Sambava. Aprèsavoir pris sans difficulté le contrôlede ce petit aéroport, ils se sontdéplacés vers Sambava, où des ren-forts les ont rejoints dans la nuit dedimanche à lundi.

Immédiatement, M. Ratsiraka,qui vit isolé depuis des semainesdans son fief de Toamasina (ex-Tamatave), dans le sud-est du pays,a dépêché des renforts, au moins80 hommes du régiment des forcesd’intervention – une unité d’élite –

qu’il contrôle. A la nuit tombée, leshabitants de Sambava, contactéspar téléphone, n’entendaient plusde coups de feu sans qu’aucun desdeux camps n’ait pris le dessus.

« Nous sommes entrés dans une

mini-guerre civile. Pour le moment,ce sont des frappes chirurgicales,avec dégâts collatéraux, mais celapourrait être beaucoup plus grave »,assure un proche de M. Ravaloma-nana. Pour lui, l’attaque de Samba-va n’est pas une simple démonstra-tion de force. Après plusieurs ulti-matums à son adversaire, MarcRavalomanana est passé à l’offensi-ve. Il a tenté, fin mai, de prendre lecontrôle d’un grand port du pays,Majunga – sans succès – puis a viséSambava. Un enjeu peu stratégi-que, même si cette région, produc-trice de vanille, est l’une des plusriches du pays. La riposte des mili-taires fidèles à M. Ratsiraka prouveque la conquête des provinces seratrès difficile, l’armée n’ayant visible-ment pas choisi son camp.

Si de nombreux officiers se sontralliés à M. Ravalomanana, sonadversaire garde le commande-ment sur les troupes d’élite baséesen province. Une partie importantede l’armée reste neutre ; quant à la

troupe, elle suit les supérieurs. Il estdonc difficile de connaître les réelsrapports de forces sur le terrain.

Marc Ravalomanana est prisentre deux feux. Il tient à une recon-naissance internationale de sonélection, et un bain de sang ne leservirait pas. Mais le statu quo n’estplus possible. Depuis trois mois, lacapitale souffre du blocus imposépar le camp de M. Ratsiraka. Lesproches du nouveau président,mais aussi une grande partie de lapopulation, le poussent à mettre unterme à la partition du pays.

Madagascar est coupée en deux,avec deux présidents, deux gouver-nements, deux banques centrales etquasiment plus aucune communica-tion entre les hauts plateaux et lacôte. Les pénuries d’essence et lahausse des prix touchent de pleinfouet les populations les plus pau-vres de la capitale. Près de 60 % des100 000 employés de la zone fran-che d’Antananarivo, sont en chôma-ge technique et 20 000 ont déjà étélicenciés. L’Organisation de l’unitéafricaine (OUA) espère toujoursune issue négociée à cette crise : laFrance soutient cette médiation,mais l’option choisie semble bien,désormais, être militaire.

Fabienne Pompey

« Ce pouvoir

fait tout

pour donner raison

aux extrémistes »

Madagascar en état de « mini-guerre civile »Premiers combats entre les forces du président élu et celles de M. Ratsiraka

Les services égyptiens avaientprévenu Washington d’un risque

d’attentat, selon M. MoubarakIls avaient réussi à infiltrer le réseau Al-Qaida

I N T E R N A T I O N A L

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4/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

Pervez Moucharraf prêtà négocier sans conditionALMATY (Kazakhstan). La conférence sur la sécurité régionale enAsie s’est ouverte, mardi 4 juin, en présence du premier ministreindien Atal Bihari Vajpayee et du président pakistanais Pervez Mou-charraf, alors que le dialogue est au point mort entre les deux pays.Lundi, la délégation indienne a exclu tout contact avec la délégationpakistanaise. « Notre position est très claire : nous sommes prêts à ren-contrer le Pakistan à mi-chemin, mais la violence et les infiltrations auCachemire doivent baisser », a déclaré le vice-ministre indien des affai-res étrangères Omar Abdullah. En revanche, M. Moucharraf a déclaréle même jour n’avoir « aucune condition à mettre » à un dialogue avecl’Inde. Le président russe Vladimir Poutine a jugé que « la situationexplosive entre l’Inde et le Pakistan déstabilise l’Asie » et offert de servirde médiateur. Il devait rencontrer séparément les deux hommes en finde journée, tout comme son homologue chinois Jiang Zemin. – (AFP.)

Le Japon ratifie le protocolede Kyoto sur les gaz à effet de serreTOKYO. Le Japon a ratifié, mardi 4 juin, le protocole de Kyoto sur lesgaz à effet de serre. Dans un communiqué, le premier ministre Juni-chiro Koizumi a appelé les Etats-Unis, qui se sont retirés du protocoleen mars 2001, à participer à la lutte contre le réchauffement de la Ter-re provoqué par des émissions polluantes. Signé en 1997 à Kyoto, leprotocole impose une réduction des émissions de gaz telle que ladioxine de carbone (CO2) aux trente-neuf pays industriels signataires,qui devraient ramener leurs émissions en 2001 au niveau de 1990, soit– 6 % dans le cas du Japon. Tout en reconnaissant que l’objectif neserait pas facile à atteindre, M. Koizumi a déclaré que son pays « ferade son mieux pour que des règles communes soient établies et qu’ellessoient respectées par tous, y compris les Etats-Unis et les pays en voie dedéveloppement ». – (Corresp.)

Crise politique après le limogeagedu ministre des finances canadienOTTAWA. Le premierministre fédéral, JeanChrétien, trois foisreconduit à la tête duCanada, a pris un ris-que de taille qui pour-rait lancer la luttepour sa successionbien avant 2004, enlimogeant dimancheson ministre des finan-ces, Paul Martin (pho-to), et principal rivalau sein du Parti libéralau pouvoir. Une semai-ne après avoir évincéle ministre très criti-qué de la défense, ArtEggleton, et le ministre des travaux publics, Don Boudria, Jean Chré-tien a aggravé un peu plus la crise qui secoue son gouvernement àmoins de quatre semaines du sommet du G8.Paul Martin a été remplacé par un fidèle du premier ministre, JohnManley, déjà vice-premier ministre et responsable des questions desécurité nationale. Lors d’une séance de questions au Parlement, lun-di, l’opposition a accusé Jean Chrétien d’avoir limogé son ministrepour faire diversion après des accusations d’ingérence et de favoritis-me formulées ces dernières semaines contre des membres de son gou-vernement. – (AFP.)

a IRAK/ONU : les Nations unies ont décidé de recruter du person-nel supplémentaire pour l’équipe d’inspecteurs en désarmement del’ONU dans le cas où l’Irak accepterait leur retour, a annoncé, lundi3 juin, le chef de la commission de désarmement de l’ONU, Hans Blix,dans son rapport trimestriel au Conseil de sécurité. – (AFP.)a NIGERIA : un tribunal islamique de Funtua (Etat de Katsina, norddu Nigeria) a ordonné, lundi 3 juin, la libération, jusqu’en jan-vier 2004, d’Amina Lawal, une Nigériane de 30 ans condamnée à mortpar lapidation pour adultère. La jeune femme est autorisée à retour-ner dans son village pour s’occuper de sa fille âgée de six mois, a préci-sé le tribunal, ajoutant que cette décision était indépendante du juge-ment en appel, attendu le 8 juillet. – (AFP.)a ÉTATS-UNIS : un condamné à mort au Texas, Calvin Burdine,pourrait être rejugé ou voir son dossier classé à la suite d’une déci-sion, lundi 3 juin, de la Cour suprême. L’avocat de l’accusé, condamnéà mort pour avoir assassiné en 1983 à coups de couteau W.T. Wise,son amant, avait été surpris en train de dormir durant des séances duprocès en 1984. – (AFP.)a BRÉSIL : un journaliste de la chaîne privée TV Globo a disparudans la nuit de dimanche à lundi alors qu’il réalisait un reportage surdes trafiquants de drogue dans un bidonville du nord de Rio deJaneiro, a annoncé lundi 3 juin TV Globo dans un communiqué. TimLopes, âgé de 51 ans, a disparu dans le bidonville réputé dangereux deVilla del Cruzeiro, où il enquêtait sur des soirées qui seraient organi-sées par les trafiquants de drogue pour conquérir des clients parmi lesjeunes.a CHILI : les violentes tempêtes qui touchent le centre et le sud dupays depuis près de deux semaines en ce début d’hiver austral ont faitau moins dix-huit morts, dont six lundi 3 juin, et huit disparus, selonde nouveaux bilans officiels. – (AFP.)

Acier : Européens et Américainssoufflent le chaud et le froidBRUXELLES. Le commissaire européen chargé du commerce, PascalLamy, a profité de la constitution, lundi 3 juin, d’un panel d’experts del’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui doit se prononcersur la légalité des surtaxes américaines sur l’acier, pour souligner quela Commission européenne continue de « maintenir la pression sur lesEtats-Unis ». La nomination de ce panel ne constitue qu’une étapeattendue dans un processus qui n’aboutira pas avant 2003. Parallèle-ment, les Européens envoient des signaux plus conciliants à l’adminis-tration américaine. C’est ainsi qu’il faut interpréter la décision prisevendredi par l’Union de prévoir un délai d’un mois après la date du18 juin, qui est, en principe, celle du déclenchement des sanctions con-tre les Etats-Unis. Il s’agit de donner plus de temps à l’administrationBush pour faire des offres suffisamment intéressantes en matièred’exemptions accordées à certains groupes sidérurgistes. Si le mon-tant de celles-ci était suffisant, les Quinze pourraient renoncer à impo-ser des sanctions, et éviter ainsi de se diviser à ce sujet. – (Corresp.)

LONDRESde notre correspondant

Ils sont tous là, lundi soir 3 juin,sur le podium géant dressé dansles jardins de Buckingham Palace.

Trois générations de chanteurs etde musiciens venus célébrer, danssa résidence, cinquante ans derègne d’Elizabeth II. Un véritableWho’s Who de la scène pop, pourl’essentiel britannique.

Rockers d’hier, un peu fatiguésou à peine vieillis. Paul McCar-tney, Eric Clapton, Joe Cocker,Rod Stewart, Phil Collins, RayDavies, Tom Jones, Cliff Richard.Certains reviennent de très loin,comme Brian Wilson, l’ancienBeach Boy, miraculé de la folie.D’autres sont des idoles d’aujour-d’hui, comme Will Young ou lesgroupes Atomic Kitten etS Club 7. Chacun ressent commeun honneur de participer à cespectacle hors du commun.

Face à eux, dans le parc, il y a12 000 personnes agitant l’UnionJack. Celles qui ont eu la chanced’être tirées au sort, sur deux mil-lions de postulants. La plupart,arrivées tôt, ont eu le temps dedîner sur les pelouses, aux frais dela Couronne, avalant le panierrepas distribué à l’entrée, arroséd’une demi-bouteille de champa-gne français. Ils forment le pre-mier cercle privilégié d’une vastenappe humaine qui a tranquille-ment, au fil des heures, envahi lesabords du palais, s’installant dansles parcs, devant les écrans géantsqui retransmettent le concertdans tout le centre de Londres etailleurs dans le pays.

Le spectacle se joue aussi dans

la loge royale. Avant de prendresa place au premier rang, avec safemme Cherie, Tony Blair, tout

sourire, a distribué autographes etbises. Le prince Charles est entou-ré de ses deux fils, William etHarry. Plus personne ne semblesurpris de voir Camilla Parker-Bowles, tailleur crème, assise autroisième rang. Comme le procla-mait, la veille, la presse populairedans ses gros titres, photos à l’ap-pui, « Camilla fait désormais partiede la famille ». Le jubilé d’or a per-mis à Charles, avec l’assentimentdiscret de sa mère, de légitimer unpeu plus la présence publique desa compagne, sinon à ses côtés, dumoins non loin de lui.

Pendant trois heures, le jardinet la Loge vibrent au rythme de lascène. Juché sur les toits de Buc-kingham, Brian May, le guitaristedes Queen, ouvre le concert avecune version très personnelle duGod Save the Queen. Chaque artis-te interprète ensuite un ou plu-sieurs de ses grands succès. RickyMartin apporte une touche« latino », Tony Bennett uneambiance crooner, Shirley Basseychante pour la millième fois l’inu-sable Goldfinger. Mais c’est avecles grands du rock anglais que leparc s’enflamme et, au-delà, lafoule immense, estimée à prèsd’un million de personnes. On

chante et on danse sur place enaccompagnant Cliff Richard, EricClapton ou McCartney. « SirPaul » rend hommage à GeorgeHarrison en chantant deux de sescompositions.

Dans la loge, la souveraine assis-te à la dernière heure du specta-cle. Cherie Blair, qui sembleconnaître tous les airs par cœur,chante et applaudit sans compter.Harry et William adressent leursvivats au prince du heavy metal,Ozzy Osbourne, entré dans lalégende noire du rock il y a toutjuste vingt ans en mordant sur scè-ne la tête d’une chauve-souris.Devenu presque respectable, il apromis, ce soir, d’être sage et tientparole.

Lorsque McCartney entonne les

premières notes du célébrissimeAll You Need Is Love, bientôt reprispar 12 000 poitrines, la reine, leprince Philip et le prince Charlesquittent la loge pour réapparaîtrebientôt, au milieu de la scène.L’héritier de la couronne sort unpapier et rend brièvement hom-mage à la reine : « Votre Majes-té », commence-t-il, puis il sereprend : « Maman, nous sommes

fiers de vous, et reconnaissantspour tout ce que vous avez fait pourvotre pays pendant ces cinquanteannées extraordinaires. Et avec l’ap-pui de mon père, vous avez incarnéquelque chose de vital dans nosvies : la continuité. »

Le discours achevé, une immen-se ovation jaillit des jardins. Vêtud’un manteau léger bleu pâle, lareine semble savourer ce momentd’allégresse qui apporte un nou-veau démenti à tous ceux qui, il ya quelques mois encore, prédi-saient l’échec de ce jubilé.

Avant le somptueux feu d’artifi-ce qui conclura en beauté cetteavant-dernière journée de cérémo-nies, la souveraine se rend enBentley sur le Mall, la grande ave-nue qui mène à son palais. Là, elleallume la dernière des 1 600 tor-ches géantes qui ont symbolique-ment pris feu une à une, ces der-niers jours, d’un bout à l’autre duCommonwealth. L’une d’elles aété allumée en haut du montKenya, tout près du lodge Tree-tops, où la princesse Elizabethapprit, le 6 février 1952, que sonpère était mort et qu’elle devenaitreine.

Jean-Pierre Langellier

Harry et William

adressent leurs vivats

au prince du heavy

metal, Ozzy Osbourne

SYDNEYde notre correspondant

Réunis, lundi 3 juin, à Melbour-ne pour célébrer le dixième anni-versaire du jugement Mabo, lesprincipaux leaders aborigènes onttiré un bilan mitigé des conséquen-ces de cette décision de justice quireconnaissait pour la premièrefois le droit des indigènes à possé-der leurs terres ancestrales. « Lescommunautés sont paralysées parles problèmes sociaux, la violencedomestique et les divisions chroni-ques au sein des familles, a regrettéGeoff Clark, le président de la

Commission aborigène et insulai-re du détroit de Torres. Après unedécennie de confusion, de frustra-tion et de rejet, nous devons com-prendre qu’il est nécessaire d’opé-rer un nouveau commencement. »

Eddy Mabo n’aura pas vu le fruitde ses dix années de bataille juridi-que. La décision de la Haute Courde justice australienne d’accorder,le 3 juin 1992, aux Aborigènes desîles Murray, situées entre laPapouasie-Nouvelle-Guinée etl’Australie, le droit à la terre estintervenue six mois après le décèsdu leader indigène. Ce jugementmettait fin au concept de terra nul-lius créé par le roi George III d’An-gleterre au lendemain de la prisede possession de l’Australie parJames Cook en 1788, qui niait lesdroits du peuple aborigène, pour-tant présent sur ce continentdepuis 25 000 à 30 000 ans. Pourcontrecarrer la décision de la Hau-te Cour, le gouvernement fédérala mis en place, en 1994, une loi surles titres de propriété aborigènes,le Native Title Act. Ce texte s’est tra-duit par la création d’un tribunalchargé de juger les litiges fonciersentre les Aborigènes et les proprié-taires blancs.

Pour pouvoir espérer obtenir lestitres de propriété libre et perpé-tuelle (Freehold Title) de leurs ter-res ancestrales, les communautésdoivent prouver que leurs ancê-tres occupaient les mêmes terresavant le début de la colonisationet ils doivent démontrer que leurscoutumes traditionnelles corres-pondent à celles pratiquées parleurs aïeux. Réunir suffisammentde preuves pour remplir ces deuxcritères peut souvent mettre untemps infini. En dix ans, seule-ment trente communautés ontretrouvé le droit à leurs terres

ancestrales, qui couvrent unesuperficie de 225 000 km2. Cinqcent quatre-vingt-neuf plaintessont encore en attente d’un juge-ment. « A la vitesse où l’on va, [cesaffaires] continueront jusqu’au siè-cle prochain, se plaint Geoff Clark.Et cela coûtera au peuple aborigè-ne, aux gouvernements, à l’industrieet aux contribuables des milliardsde dollars. »

Durant l’année fiscale2002-2003, le gouvernement fédé-ral a prévu de dépenser plus de73 millions d’euros pour financerles procès en cours. Le tribunal aenglouti à lui seul 91,5 millionsd’euros depuis sa création. LesAborigènes commencent à s’aper-

cevoir que devenir propriétairedes terres de leurs ancêtres nerésout en rien leurs problèmesendémiques. Aujourd’hui, 42 % dela surface de l’Etat du Territoire duNord et la plupart de ses côtesmaritimes ont été redonnées auxAborigènes. Et dans les prochai-nes années, 20 % de l’Etat d’Austra-lie occidentale pourrait à son tourappartenir aux communautés indi-gènes.

Mais « sans un régime efficacepour l’avenir, un peuple peut périrmême s’il a accès à son territoire età sa culture », prévient Fred Cha-ney, vice-président de l’organisme

indépendant Reconciliation Aus-tralia. « Comme la commission surles subventions du Commonwealthl’a souligné l’an dernier, les fondssuffisants ne parviennent pas [auxtribus] pour fournir un niveaudécent de santé, de logement etd’éducation, estimait, dans le quo-tidien The Australian, GalarrwuyYunupingu, président du conseilde la Terre du Nord. Il y a égale-ment bien d’autres problèmessociaux qui découlent de la pauvre-té, comme la violence au sein desfamilles et le désespoir. »

De nombreux Aborigènes nesont pas parvenus à tirer des béné-fices financiers de leur droit à laterre. « Les exploitations minièresau nord de l’Australie ont générale-ment eu moins de conséquencesavantageuses pour les propriétairesterriens aborigènes » que dansd’autres pays comme le Canada, laNouvelle-Zélande et les Etats-Unis, a écrit en 1999 Paul Kauff-man, dans un livre intitulé Wik,Mining and Aborigenes.

Pour assurer leur développe-ment, les communautés indigènesaustraliennes commencent à récla-mer des aides financières plusconséquentes aux groupes minierset aux gouvernements locaux etfédéraux. Les Aborigènes de Nou-velle-Galles du Sud tentent actuel-lement de contraindre les autori-tés de leur Etat à leur verser uneaide de 150 millions d’euros ponc-tionnée sur la future cession desdroits de pompage des eaux fluvia-les, qui devrait rapporter plus de3 milliards d’euros aux pouvoirspublics. Cette démarche pourraitmettre beaucoup de temps à abou-tir. Eddy Mabo a toutefois montréque la patience pouvait payer.

Frédéric Therin

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Lundi, au troisièmeet avant-dernier jourdes festivitésorganisées pourle jubilé de la reined'Angleterre,plus de 12 000 invitésont participéau pique-nique offertdans les jardinsde BuckinghamPalace.Dégustantdu champagnefrançais, ce coupleattend commedes milliersde Britanniquesle concert popde la nuit.

Il leur faut prouver

que leurs ancêtres

occupaient les mêmes

terres avant le début

de la colonisation

Les Aborigènes d’Australie veulent plus que le droit à la terreDix ans après le jugement Mabo, les difficultés des communautés indigènes subsistent

I N T E R N A T I O N A L

Le gotha du rock britannique et un millionde Londoniens pour le jubilé d’Elizabeth II

« Maman, nous sommes fiers et reconnaissants », a lancé le prince Charles

Page 5: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/5(Publicité)

Page 6: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

6/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

L’Office de lutte anti-fraudede l’Union face aux « affaires »

LUXEMBOURGde notre envoyé spécial

Le ministre français de l’écono-mie, des finances et de l’industrie,Francis Mer, a refusé de confirmer,lundi soir 3 juin à Luxembourg – oùs’est réuni l’Eurogroupe avant leconseil Ecofin de mardi – l’engage-ment pris par Laurent Fabius, enfévrier, d’avoir des finances publi-ques équilibrées en 2004. Cet enga-gement avait été confirmé à Barce-lone, en mars, par Jacques Chirac etLionel Jospin, lors du dernier som-met européen.

M. Mer bénéficie cependant d’unrépit qui ne durera pas au-delà desélections législatives. Les grandesorientations de politique économi-que (GOPE), qui doivent rappelercet engagement de la France et deses partenaires, ne pourront êtreadoptées par les ministres des finan-ces le 4 juin. Outre la France, il exis-te des désaccords qui concernent lePortugal et le Royaume-Uni.

« Oui, il y a un crochet qui concer-ne la France et la date » de 2004,année où l’équilibre des financespubliques doit être atteint, a affir-mé l’Espagnol Rodrigo Rato, à l’is-sue de la réunion de l’Eurogroupe,qui réunit les ministres des financesde la zone euro. M. Rato a cherchéà ménager son homologue fran-çais, dont c’était le baptême du feuà Luxembourg. « M. Mer a dit qu’ilévaluait la situation des recettes etdes dépenses. Il a réitéré l’engage-

ment du gouvernement français pourmener une politique budgétaire derigueur », a-t-il précisé, « en tout casconcernant les dépenses ».

Les résultats de l’audit des finan-

ces publiques, demandé par le gou-vernement de Jean-Pierre Raffarin,ne doivent en théorie être connusqu’à la fin du mois de juin. Or lesministres des finances adopterontles grandes orientations de politi-que économique avant le sommetde Séville des 21 et 22 juin, à laveille du deuxième tour des élec-tions législatives françaises. Ilsdevront donc trancher le dossieralors que M. Mer sera en théorieencore dans le flou. « Adressez-vous

à la délégation du ministre fran-çais », a fini par lâcher M. Rato.

Pour l’heure, Paris est aux abon-nés absents sur tous les grands dos-siers européens : M. Mer ne ditmot, le ministre des affaires socia-les, François Fillon, était absent duconseil social qui s’est tenu lundimatin. On n’attend pas de ministrefrançais au conseil « énergie » devendredi.

Le ministre des finances est prisentre les engagements européensdu président Chirac et les promes-ses électorales du candidat qui aannoncé une baisse de 30 % de l’im-pôt sur le revenu et envisagé pourcela de reporter à 2007 l’atteinte del’équilibre budgétaire.

En outre, la reprise de la croissan-

ce, jugée « lente » par le commissai-re européen Pedro Solbes, ne vapas faciliter la tâche. A Luxem-bourg, M. Mer a rencontré seshomologues pour des entretiensbilatéraux. Un premier contact a eulieu lundi avec l’allemand HansEichel, qui a récemment rappelépubliquement la France à ses enga-gements. Politiquement, M. Eichelne peut que prôner la rigueur : enpleine campagne électorale, lui aus-si, il ne peut ruiner sa réputationd’homme de rigueur budgétaire. Ila contraint les Länder allemands àsigner un pacte de stabilité internepour limiter la dérive de ses propresfinances publiques. Il peut difficile-ment autoriser la France à faire cequ’il interdit aux Länder allemands.

M. Eichel se rappelle sans doutequ’il n’avait reçu le soutien de Lau-rent Fabius pour échapper à l’aver-tissement que voulait lui infliger laCommission, début 2001, en raisonde la dérive de ses finances publi-ques, qu’à la condition que l’Allema-gne s’engage à avoir des financeséquilibrées en 2004.

« »M. Mer devait rencontrer, mardi,

son homologue italien, ainsi que leBritannique Gordon Brown. Lon-dres, qui ne fait pas partie de lazone euro, observe une stricte disci-pline budgétaire. Mais, comptetenu de leur faible endettementpublic, les Britanniques program-ment un léger déficit en 2004 pourfinancer les réformes des servicespublics.

Dans l’Union, la grande majoritéreste cependant partisane de la fer-meté. Aux côtés de M. Rato, le com-missaire aux affaires économiqueset financières, Pedro Solbes, a indi-qué que la position de la Commis-sion sur le retour à l’équilibre bud-gétaire « n’est pas modifiée ».« Nous devons nous en tenir aux déci-sions de Barcelone », a soutenu lepremier ministre luxembourgeoisJean-Claude Juncker, pour lequel« la stabilité budgétaire est un princi-pe général qui ne doit pas être remisen cause ».

Arnaud Leparmentier

Le Danemarkdonne prioritéà l’élargissementVARSOVIE. Le Danemark, qui assu-rera le 1er juillet la présidence del’Union européenne, fera de l’élar-gissement sa priorité, a affirmé, lun-di 3 juin, à Varsovie, le ministredanois à l’immigration et aux affai-res européennes, Bertel Haarder.« Nous avons une priorité, celled’achever l’élargissement, la réunifi-cation historique de l’Europe », a-t-ildéclaré. Le ministre s’est déclaréconfiant quant à la conclusion en2002 des négociations d’adhésionavec les pays candidats. Il a exclul’hypothèse d’un retardement del’élargissement, attendu en 2004,aux dix nouveaux membres (Chy-pre, l’Estonie, la Lituanie, la Letto-nie, Malte, la Pologne, la Républi-que tchèque, la Slovaquie, la Slové-nie et la Hongrie). « La Pologne estpour nous un pays clé et nous souhai-tons qu’elle fasse partie de la premiè-re vague des adhésions à l’Union. Cen’est pas facile, mais nous devons leréussir », a affirmé le ministre.

La Suède déploreles faibles progrèsde la TurquieSTOCKHOLM. Les droits de l’hom-me ne progressent guère en Tur-quie, ce qui inquiète un nombrecroissant de pays membres del’Union européenne (UE) et handi-cape l’intégration de la Turquie aureste de l’Europe, a estimé, lundi3 juin, la ministre suédoise desaffaires étrangères Anna Lindh.« La Turquie ne peut pas aller plusloin dans le processus d’adhésion àl’UE, si elle ne montre pas de façoncrédible qu’elle prend la questiondes droits de l’homme au sérieux »,a expliqué la ministre lors d’undébat au Parlement. Mme Lindh atoutefois repoussé l’idée selonlaquelle la Turquie ne devrait plusêtre candidate à l’UE.

Protectionrenforcéecontre l’amianteLUXEMBOURG. Les ministres desaffaires sociales de l’Union se sontmis d’accord, lundi 3 juin, sur un pro-jet de directive renforçant la protec-tion des travailleurs contre les ris-ques liés à l’amiante. Ce texte, quiactualise une législation datant de1983, adapte les mesures de protec-tion en vigueur, notamment par uneinterdiction générale de la produc-tion et de la transformation del’amiante. L’accent est égalementmis sur un renforcement de la pré-vention pour les travailleurs exposésà l’amiante lors de travaux de main-tenance et de démolition de bâti-ments ou lors des activités de désa-miantage. Selon la Commission, àla fin 1998, l’ensemble des pays del’UE avaient déjà adopté des mesu-res d’interdiction de mise sur lemarché et d’utilisation de l’amian-te, avec des dérogations pour cer-taines utilisations. L’extractiond’amiante a disparu dans l’UE avecla fermeture récente de la dernièremine encore en activité en Grèce.

Les « goldenshares » illégalesBRUXELLES. Comme Le Mondel’annonçait dans son édition dusamedi 1er juin, la Cour de justicedes communautés européennes aestimé, mardi 4 juin, que les « gol-den shares », ces actions préféren-tielles, qui permettent aux gouver-nements de conserver un droit deveto sur l’évolution de l’actionna-riat des entreprises privées, sontcontraires aux règles européennes,sauf si l’objectif qu’elles poursui-vent relève d’un intérêt général oustratégique. La France, qui a instau-ré un tel mécanisme pour protégerTotalFinaElf, est condamnée pourentrave à la libre circulation descapitaux, ainsi que le Portugal, quilimite les participations étrangè-res, notamment dans le secteurbancaire. En revanche, la Courjuge que le but poursuivi par la Bel-gique – maintien d’un approvision-nement minimal de gaz en cas demenace par la société de distribu-tion Distrigaz – est compatibleavec la législation communautaire.

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QUATRE PAYS DE LA ZONE EURO DANS LE ROUGE

2000 2001Solde des comptes publics, en % du PIB

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5

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4,1 4,

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6,2 6,

9

2

BRUXELLESde notre bureau européen

Plusieurs investigations surd’éventuelles fraudes ont été dili-gentées dans les milieux européenspar l’Office de lutte anti-fraude del’Union (Olaf), qui a décidé de s’in-téresser de plus près à de nouvellesaffaires soulevées par le fonction-naire européen Paul van Buitenen.Ce Néerlandais avait connu sonheure de gloire par des révélationssur les dysfonctionnements de soninstitution qui avaient contribué àfaire chuter la Commission prési-dée par le Luxembourgeois Jac-ques Santer, en 1999.

Suspendu puis réintégré dans sesdroits à la suite de ce scandale, lefonctionnaire a pris à sa demandeun poste d’assistant à la directiongénérale santé et protection desconsommateurs dans les bureauxde la Commission à Luxembourg. Ilcontinue néanmoins à rassemblerdes informations sur le fonctionne-ment des institutions européennesqu’il affirme recevoir par toutes sor-tes de canaux internes.

Une partie de ses informationsont amené l’Olaf à mener lui-même des enquêtes complémentai-res. Des copies d’un texte de l’Offi-ce des fraudes sur ces enquêtes ontsuscité l’émoi tant à la Commis-sion, qui n’en avait reçu qu’une brè-ve synthèse, qu’au Parlement euro-péen, où la commission de contrô-le budgétaire a réclamé des explica-tions. Selon l’hebdomadaire alle-mand Stern, qui affirme avoir euaccès à ces copies, le texte citenotamment les noms de hauts fonc-tionnaires qui auraient, selonStern, constitué une sorte de « car-tel » à leur propre bénéfice.Seraient particulièrement visés, unancien fonctionnaire français del’Uclaf (l’ancêtre de l’Olaf), unex-haut fonctionnaire espagnold’Echo, l’office d’aide humanitairede l’Union, ainsi qu’un proche duprésident Romano Prodi.

La Commission avait indiqué, audébut du mois de mars, qu’aucuneinvestigation n’était à l’ordre dujour contre ces personnes. A cemoment, elle avait indiqué quel’Olaf ciblait plus particulièrementle Cife, centre européen de forma-tion situé à Nice, des inspecteursd’Euratom qui auraient gonfléleurs frais et les gestionnaires decertaines aides du Fonds socialeuropéen. D’autres « fuites » récen-tes évoquent, elles, des malversa-tions à Eurostat, le bureau de statis-tiques de l’Union européenne, etdes dérives dans la gestion de lapolitique immobilière de l’UE, àBruxelles, Strasbourg et Luxem-bourg.

L’épisode s’est compliqué lors-que l’Olaf a annoncé l’ouvertured’une enquête interne parmi sestrois cents agents pour trouver l’ori-gine des fuites qui ont permis à unou des journalistes de bénéficierdu document confidentiel sur lesinvestigations lancées dans lecadre de la nouvelle « affaire VanBuitenen ». Une rumeur insistanteévoquait même le paiement d’unesomme de 8 000 euros en échangede ces informations. Stern n’ajamais été nommément cité mais ila fermement nié toute tentative decorruption.

« On nous a indirectement accu-sés, sans preuve, et nous ne pouvonsnous défendre puisque l’Olaf ne pos-sède pas de procureur auprèsduquel nous pourrions déposer plain-te », a expliqué Hans-MartinTillack, l’auteur du « scoop ».

Il a toutefois saisi le Comité desurveillance de l’Office anti-fraude,avant de formuler très récemmentd’autres accusations visant plusspécialement Eurostat. Paul vanBuitenen a démenti lui-mêmeavoir fourni une quelconque infor-mation à la « presse à sensation »montrée récemment du doigt parun syndicat de fonctionnaires.

Cette ambiance orageuse ne faci-lite pas les travaux de l’Olaf. Cettepetite structure chargée de tâchescolossales et dont l’action est, enoutre, strictement limitée sur leplan pénal et juridique, risque laparalysie à bref délai. C’estd’ailleurs là que réside, selon certai-nes sources, la clé des problèmesactuels : confrontés à de trop nom-breuses révélations et, peut-être, àdes manipulations, les « super-magistrats » et enquêteurs euro-péens risquent de devoir délaisserles dossiers les plus importants.Aussi, des membres des institu-tions européennes évoquent-ilsouvertement une tentative de dés-tabilisation : « Jetez, à gauche, unos au chien de garde et vous passe-rez plus facilement à droite », com-mente l’un d’eux. Ceux qui aime-raient passer « à droite » sont, il estvrai, très nombreux dans l’Union…

Jean-Pierre Stroobants

BRUXELLESde notre bureau européen

Un million de touristes, soit autant que le nom-bre d’habitants de la ville-région, viennent chaqueannée visiter Bruxelles – les trois quarts d’entre euxpour voir le cœur des institutions de l’Union. Onignore combien repartent déçus : l’Europe, à Bruxel-les, n’a ni symbole ni localisation précise. En dehorsde l’imposant Parlement européen, tour de verrecensée symboliser la transparence de l’institution,visitée annuellement par 300 000 citoyens, l’étran-ger intéressé par l’Europe ne trouvera à contemplerque des immeubles de bureaux ou le célèbre Berlay-mont, en cours de désamiantage.

Pour donner une autre image à la ville et aux ins-titutions des Quinze, un groupe de personnes a ima-giné, dès 1997, la création d’un Musée de l’Europe.« “Musée” et “Europe” : deux termes qui, aujour-d’hui, ne mobilisent guère, mais comment diremieux ? », s’interroge, en souriant, Bernard Remi-che, l’une des chevilles ouvrières du projet. Unréseau de musées européens ainsi qu’une série depersonnalités (Simone Veil, Jacques Delors, FelipeGonzales, Umberto Eco, etc.) appuient le projet,dont le premier comité scientifique fut présidé parElie Barnavi, actuel ambassadeur en France.

« Si tout va bien », comme le dit AntoinetteSpaak, fille de l’un des pères de l’Europe et coprési-dente de l’association qui pilote le projet, ce muséedevrait s’installer en 2005 au pied du Parlement

européen : développer une grande initiative impli-quant à la fois ce dernier, les autorités belges et desparrains privés (le coût global est estimé à 33 mil-lions d’euros) réclame diplomatie et patience.

Rapprocher l’Union des populations, résumerl’histoire de la civilisation européenne et évoquertous les grands moments vécus par le continent, del’Empire romain à l’élargissement, en passant parles guerres et les révolutions : le futur musée veutréaliser tout cela et plus encore. Il entend indiquerde manière ludique et interactive tout ce qui a uniet tout ce qui a divisé les peuples d’Europe.

Comme un « grand livre de l’Europe », il comporte-

ra sept chapitres : les piliers de la civilisation, l’émer-gence de la conscience européenne, L’Europe de lapremière modernité (1348-1648), l’Europe éclatée(1648-1789), l’avènement des masses (1789-1945),l’Europe hors d’Europe (conquêtes et colonisations)et retour à l’Europe (de l’unification à l’élargisse-ment). Le tout censé intéresser « le savant commel’enfant ». Le futur musée recevra peut-être un feuvert définitif dans les semaines qui viennent, si lesdiverses administrations concernées admettentl’idée que la multiplication des règlements et directi-ves n’est pas la seule façon de faire progresser l’idéeeuropéenne…

J.-P. S.

U N I O N E U R O P É E N N E

La lente gestation d’un Musée de l’Europe à Bruxelles

Selon « Stern », de

hauts fonctionnaires

auraient constitué

une sorte de « cartel »

à leur propre bénéfice

La France renvoie le débat budgétaire à l’après-électionsDevant ses homologues européens, le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, Francis Mer, a refusé,

lundi 3 juin, de s’engager sur la date de 2004, année où l’équilibre des finances publiques doit être atteint

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LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/7(Publicité)

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8/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

BIACHE-SAINT-VAAST (Pas-de-Calais)de notre envoyée spéciale

Entre l’usine et le bureau de vote, il n’y a qu’un pas.Depuis que le site sidérurgique Sollac-Biache est pro-mis à la fermeture, le sort de ses 423 salariés pèse sur

les campagnes électorales – et sur les votes. Le destinde l’usine a été fixé par le groupe Arcelor, né de lafusion récente d’Usinor et de ses homologues espagnolAceralia et luxembourgeois Arbed, que coprésidaitFrancis Mer jusqu’à son entrée au gouvernement.« L’annonce de la fermeture avait déjà provoqué un groscoup de tonnerre, explique un délégué CGT. La nomina-tion de Francis Mer a été perçue par les gens d’ici commeune provocation. » Pour les 16 candidats à la députationdans la 2e circonscription du Pas-de-Calais – qui compte79 communes essentiellement rurales et périurbai-nes –, le sujet est une figure imposée. « Certains en par-lent, mais on n’en a pas vu beaucoup sur le site », nuanceun salarié, qui dénonce notamment « les extrêmes, dedroite et de gauche, qui récoltent les voix des mécontentset des désespérés, même lorsqu’ils ne font rien deconcret ».

Si la gauche part divisée, ses principaux candidats serejoignent au moins sur ce point : tous contestent la fer-meture de l’usine, qu’ils jugent toujours rentable. La

bataille judiciaire que mène l’intersyndicale pour gar-der le site ouvert n’est d’ailleurs pas terminée. Députée(PS) sortante, Catherine Génisson avait créé la surpriseen 1997, en reprenant la circonscription à la droite ;cinq ans après, elle multiplie démarches et demandesd’explications – « déjà engagées sous le gouvernementJospin », assure-t-elle. Comme d’autres élus – dont leconseiller régional chevénementiste Jean-Marie Alexan-dre, lui aussi candidat aux législatives –, elle fait partiedu « front d’élus » qui avait alerté sur ce dossier Chris-tian Pierret (PS), secrétaire d’Etat à l’industrie sous leprécédent gouvernement. Elle a aussi écrit à FrancisMer, d’abord en tant que président d’Usinor, puis enqualité de ministre, pour lui demander une audience« afin de savoir comment est suivi ce dossier et d’étudierla possibilité d’une reprise ». En vain. Le candidat duPCF, Jacques Patris, élu d’opposition à Arras et secrétai-re de la section locale du PCF, a choisi, lui, un ouvrierde l’usine – et syndicaliste CGT – comme suppléant.

Plus délicate apparaît la position du candidat del’UMP, François Desmazière. Agé de 34 ans, ce n’estpourtant pas un débutant en politique : secrétairedépartemental du RPR, il est aussi adjoint à la culturedu maire d’Arras et fut l’assistant parlementaire de Jean-Paul Delevoye jusqu’à ce que celui-ci entre au gouver-nement. Sur l’affaire Sollac-Biache, il s’est d’abord mon-tré discret. « Je n’avais pas de légitimité pour parler ouagir sur ce dossier », explique-t-il. Désormais, il a décidéde monter au créneau – « parce que la donne a chan-gé », assure-t-il. S’il reconnaît « la douleur du symboleque représente la nomination de Francis Mer et le handi-cap que cela constitue sur le terrain », il promet d’user de« tous [ses] contacts et de l’écoute dont [il] jouit au seindu nouveau gouvernement ». Il annonce d’ailleurs qu’ildoit être reçu prochainement à Bercy par Francis Mer.

Nadia Lemaire

FÉCAMPde notre envoyé spécial

A Fécamp, le résultat des législati-ves dans la 9e circonscription de Sei-ne-Maritime occupe moins les

esprits des habitants du port et deses environs que l’avenir des380 salariés des « Pêcheries deFécamp », entreprise de produits dela mer et salaisons. Au mêmemoment, une filiale fécampoise del’entreprise de métallurgie TrouvayCauvin (180 salariés), groupe fami-lial implanté au Havre, émet dessignaux alarmants. A quelques kilo-mètres, la sucrerie de Colleville pré-pare une fusion : 80 emplois sontmenacés. Enfin, le projet de réfor-me de la politique commune de lapêche par la Commission européen-ne inquiète sur le port.

Jeudi 30 mai, le tribunal de com-merce du Havre a décidé la cessa-tion d’activité des « Pêcheries deFécamp », en redressement judiciai-

re depuis 1998. A quelques heuresde la date butoir, trois projets dereprise étaient sur le bureau desjuges consulaires présentés respecti-vement par les salariés, par un grou-pe islandais, SIF, et par une petitesociété locale, Pêcheurs d’Islande(54 salariés). Le tribunal les a tousécartés. « Maintenant la solution estdans le camp des pouvoirs publics ».Le député sortant socialiste et mairede Fécamp, Patrick Jeanne, doit con-sacrer toute son énergie à cette crisequi semble confirmer Fécamp dansun statut de ville sinistrée, alors quele taux de chômage qui approchaitles 18 % en 1993 est descendu sousles 12 %. « Nous remontions la pentedepuis 1994 après plusieurs délocali-sations d’entreprises. Mais nous res-tons très enclavés, avec des infrastruc-tures routières insuffisantes », expli-que-t-il en tournant son regard versle conseil général de Seine-Mariti-me à majorité de droite.

Son principal concurrent est juste-ment le président de la commissiondes routes à l’assemblée départe-mentale, Daniel Fidelin (UMP-DL).« Rien n’a été fait pour pallier lesdéfaillances. Ici, il y a deux zones d’ac-tivités. L’une est inondable, l’autre esttriste », avance Daniel Fidelin, qui sedit tout de même « assez confiant,pour peu qu’on s’occupe deFécamp ». Ce que vient de faire jus-tement le conseil général en offrant

un bol d’air par une reprise des bâti-ments. « Electoralisme un peu sordi-de ! s’indigne Patrick Jeanne. Nousavions proposé de travailler avec leconseil général qui a voulu agir seul. »

Candidat des Verts, François-Marie Michaux regrette plutôt « lemanque d’ambition et d’imaginationdes partis traditionnels ». Maire-adjoint à Fécamp, il est convaincuque la région – qui a pris le nom de« pays des Hautes falaises » – a des« atouts inexploités ». Il cite parexemple « la ligne SNCF menacéequ’il faut maintenir, le développe-ment du cabotage maritime et d’uneplate-forme technologique sur lesénergies renouvelables ». Sur le ter-rain, ces candidats bénéficientd’une apparente mansuétude. Pour-tant, le 21 avril, 16 % des Fécampoisont voté pour l’extrême gauche et16 % pour l’extrême droite. « Lasituation a fabriqué un vote protesta-taire, même si beaucoup rendenthommage aux élus locaux », analysele candidat Vert. Daniel Fidelinreconnaît qu’il a été vivement inter-pellé mais s’étonne que « tous lespolitiques soient mis dans le mêmesac ». Patrick Jeanne ressent la désil-lusion des électeurs qui « finissentpar douter qu’un élu puisse faire quel-que chose contre les effets de la mon-dialisation ».

Etienne Banzet

Vous êtes candidat aux élec-tions législatives dans la 1re cir-conscription de l’Eure, où550 salariés sont menacés par lafaillite de l’usine Aspocomp.Vous consacrez beaucoup detemps à ce dossier ?

Je ne fais que ça depuis deux outrois mois ! J’ai écrit à ElisabethGuigou [ministre de l’emploi dugouvernement de Lionel Jospin]dont je n’ai jamais obtenu deréponse. J’ai ensuite demandé àson successeur [dans le gouverne-ment Raffarin], François Fillon,d’intervenir auprès des autoritésfinlandaises pour que l’entreprise,originaire de ce pays mais qui n’apas d’autres filiales en France, res-pecte ses obligations en matièrede plan social, ce que le ministre afait. Mais en dehors de cela,

c’est à nous de nous débrouiller.L’Etat ne nous aide pas.

Vous le regrettez ?Bien sûr ! Qu’est-ce que le gou-

vernement apporte aux salariésqui se retrouvent du jour au lende-main sans emploi et sans rémuné-ration, comme c’est le cas àEvreux, où l’entreprise est partie ?Rien ! Je n’ai pas trouvé l’aide del’Etat que j’aurais voulu avoir, endehors de la mise en place d’unecellule de l’ANPE, pas plusd’ailleurs que celle du conseil géné-ral ou régional.

Quelle aide auriez-vous sou-haitée ?

J’aurais aimé que l’Etat financele plan social comme cela a étéfait pour Moulinex. Nous, sur leterrain, on doit gérer les problè-mes humains. J’ai discuté avec un

repreneur pour voir comment jepourrais l’aider. En échange de lareprise de 85 salariés et de la moi-tié du site industriel, la municipali-té pourrait garantir les empruntsqu’il a contractés si, dans les deuxannées à venir, il avait lui-mêmedes difficultés. Je suis égalementen négociation avec un deuxièmerepreneur.

Il y a peu, les salariés d’Aspo-comp vous ont pris à partie…

La semaine dernière, ilsauraient voulu que j’aille manifes-ter dans le prétoire du tribunal decommerce avec eux. Je leur ai dit :« non, ce n’est pas ma place ». Jene peux négocier des reports avecle tribunal et défiler en mêmetemps. Je ne voulais pas me retrou-ver, qui plus est, avec des candi-dats socialistes dont le gouverne-

ment n’a rien fait. Une petiteminorité des salariés ne l’a pascompris.

La droite a beaucoup critiquéla loi de modernisation sociale,qui renforce les mesures sur leslicenciements. Etes-vous tou-jours partisan de la modifier ?

Cette loi n’apporte pas de répon-ses concrêtes. Et encore faut-ilpouvoir la faire appliquer.

Seriez-vous partisan de dur-cir la législation ?

Je suis pour durcir la législation,en faisant en sorte que les entrepri-ses remplissent leurs obligations.

Avec des pénalités financiè-res ?

Oui, avec des pénalités finan-cières.

Propos recueillis par I. M.

A Biache, droite et gauche contestent la fermeture de Sollac

Le destin de l’usine a été fixé

par le groupe Arcelor coprésidé,

jusqu’à son entrée au

gouvernement, par Francis Mer

A Fécamp, l’hémorragie d’emplois occupe les esprits

Les législatives

préoccupent moins

que le sort des salariés

des Pêcheries de Fécamp

Jean-Louis Debré, député (UMP) de l’Eure et maire d’Evreux

« Je suis pour durcir la législation sur les licenciements »

Evacué de la campagne présidentielle au profit del’insécurité, l’emploi fait un àl’occasion des élections législatives. Jacques Chirac asouligné, jeudi 30 mai, à Chateauroux (Indre), « l’im-

puissance publique face à la » et « auxdestructions d’emplois ». Les licenciements économi-ques sont en nette progression depuis un an et les se multiplient. Les bons scores de

l’extrême droite, mais aussi de deux candidats trots-kistes, le 21 avril, ont révélé que de nombreux élec-teurs estiment être des laissés-pour-compte de lacroissance. Les candidats aux législatives sont -

quotidiennement par les salariés menacés.Jean-Louis Debré (RPR), candidat dans l’Eure, où550 emplois sont menacés, juge qu’il faut « durcir lalégislation » sur les .

REFOULÉ dans la campagne pré-sidentielle par les principaux postu-lants à l’Elysée, l’emploi revient surle devant de la scène avec les législa-tives. Abordés sous le seul biais dubilan « positif » du gouvernementpar Lionel Jospin, ou évacués auprofit de l’insécurité par JacquesChirac, les thèmes du chômage, dela précarité et des licenciementsrefont surface dans les discours. Jus-qu’au président de la Républiquequi, lors de son déplacement à Cha-teauroux (Indre), jeudi 30 mai, évo-quait « le sentiment partagé, c’estvrai, par beaucoup de Françaisd’être un peu oubliés, méprisés oulaissés pour compte ». Il mentionnaitnotamment « l’impuissance publi-que face à la précarité, aux destruc-tions d’emplois ».

Bien sûr, le 21 avril est passé parlà. Dans les états-majors, le scorede Jean-Marie Le Pen d’un côté, laprogression du vote extrême gau-che de l’autre, ont été analysés com-me autant de clignotants révéla-teurs d’un mécontentement social.Il est vrai, aussi, que les annoncesde suppressions d’emplois n’ontpas diminué, bien au contraire. Surle terrain, ces annonces empoison-nent la vie des candidats, de droitecomme de gauche. Surtout, un cer-tain nombre d’entre elles concer-nent directement plusieurs person-nalités en vue du nouveau pouvoir.C’est le cas, à Amiens (Somme),dans le fief du ministre des trans-

ports et de l’équipement, Gilles deRobien, où le fabricant d’électro-ménager Whirpool a confirmé, lun-di 3 juin, le transfert d’une partie deson activité en Slovaquie, entraî-nant la disparition de 360 emploissur 860. A Soissons (Aisne), le secré-taire d’Etat aux PME, RenaudDutreil, est confronté à la fermetu-re de quatre entreprises (623 postesmenacés). A Evreux (Eure), le prési-dent du groupe RPR de l’Assembléenationale, Jean-Louis Debré, doitfaire face au départ brutal d’uneentreprise finlandaise, Aspocomp(circuits imprimés) en laissant sur lecarreau 550 salariés.

« »*Francis Mer n’est pas épargné.

Le nouveau ministre de l’économie,des finances et de l’industrie a beaune pas être en campagne, il est enpremière ligne à Biache (Pas-de-Calais). Le site sidérurgique de Sol-lac (423 salariés) doit en effet fer-mer ses portes, son sort ayant étéscellé par le groupe Arcelor quecoprésidait encore M. Mer à laveille de son entrée au gouverne-ment. Et comme si cela ne suffisaitpas, c’est à lui que s’adressentdepuis peu tous les élus en proie àdes sinistres industriels dans leurscirconscriptions.

Le 24 mai, André Gerin, député etmaire PCF de Vénissieux (Rhône),lui a écrit pour l’alerter sur le cas deREP (presses à caoutchouc), qui

« licencie 31 salariés ». « C’est inad-missible, explique-t-il, l’entreprise atouché de l’argent public pour les35 heures. Elle arrive en fin de pério-de d’aides et elle dit à 31 mecs :“ciao” ». Il réclame désormais « latolérance zéro en matière de chôma-ge ». « Les gens nous disent : on estdans la merde et vous les politiques,

vous ne bougez pas. Moi, j’ai des jeu-nes en situation de pauvreté absolue.Si on ne fait rien, on risque de se pré-parer des lendemains terribles »,affirme M. Gerin.

Les multiples signaux d’alarmetirés dans les circonscriptions amè-nent, pour l’heure, la droite à adop-ter un profil prudent sur le traite-

ment des suppressions d’emplois,alors qu’elle se faisait fort de reve-nir sur la loi de modernisation socia-le, qualifiée encore le 15 mai parM. Dutreil « d’archaïsme social quiméconnaît les réalités économi-ques ». Mais s’agissant de leur fief,ses représentants demandent tous,désormais, l’application du « précé-dent Moulinex », où l’Etat avait peséde tout son poids, notammentfinancièrement, pour améliorer laqualité du plan social.

C’est le cas de M. Debré à Evreux,

mais aussi de M. Dutreil à Soissons.Après avoir affirmé au quotidienrégional L’Union de Reims que« l’Etat ne peut pas tout » – repre-nant ainsi l’expression de Lionel Jos-pin qui, en 1999, avait trébuché surle cas Michelin – , le secrétaired’Etat aux PME se fait fort d’impli-quer les pouvoirs publics. « C’estvrai, cette phrase assénée par Jospina donné le sentiment que le puissantne voulait pas aider le faible, consta-te-t-il. Moi, je l’ai formulé après avoirexposé tout ce que l’Etat pouvait fai-re. » Et d’insister sur « le caractèreexceptionnel de la situation dans leSoissonnais ». Financement de lamoitié des pré-retraites « à partir de54 ans », garantie de prêts pour leséventuels repreneurs, l’Etat, pro-met-il, « va intervenir pour500 emplois ».

Pour le gouvernement, l’insécuri-

té n’est donc plus l’unique préoccu-pation affichée, comme en témoi-gne les déplacements entrepris parJean-Pierre Raffarin sur les thèmessociaux. Après celui de Sernay, dansle Haut-Rhin, le 31 mai, consacré àl’exclusion, le premier ministre, enprélude à sa visite, mardi 4 juin, àClermont-Ferrand, a voulu mettrel’accent sur l’emploi des jeunes.Dans un entretien à La Montagne,M. Raffarin affirme qu’il « n’aban-donnera pas les jeunes dans des sta-tuts-parking ». Ils « ont été traitésavec une certaine légèreté. Il faut lesorienter vers des emplois durables »,déclare-t-il. Les derniers chiffres duchômage, qui montraient sur un an,à la fois une accélération des licen-ciements économiques et une aug-mentation de 15 % des demandeursd’emploi de moins de 25 ans, a con-vaincu le gouvernement qu’il fallaitrassurer les électeurs sur ces deuxthèmes. François Fillon, ministredes affaires sociales, affiche sonintention de mettre en œuvre lasolution inscrite dans le program-me de campagne de M. Chirac : exo-nérer de charges sociales des con-trats réservés aux jeunes qui « n’ontpas atteint le niveau Bac +2 ».

Pour les élus de « terrain », entout cas, il y a urgence. Le « refou-lé » pourrait, localement, une nou-velle fois, se traduire dans les urnes.

Isabelle Mandraudet Caroline Monnot

En campagne, les candidats redécouvrent l’inquiétude socialeDans de nombreuses circonscriptions, des salariés menacés de perdre leur emploi demandent aux politiques d’assurer la survie

de leur entreprise. La droite, qui était hostile au durcissement du droit du licenciement décidé par Lionel Jospin, paraît embarrassée

F R A N C El e s l é g i s l a t i v e s

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LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/9

LA RÉCONCILIATION ou la rup-ture. C’est dans cet état d’esprit de« quitte ou double » que devaients’ouvrir mardi 4 juin, à 17 h 30, lesnégociations entre la Caisse d’assu-rance-maladie (CNAM) et les syndi-cats de médecins sur la revalorisa-tion des honoraires des généralis-tes. Prendront place, de part etd’autre de la table, Jean-MarieSpaeth, président (CFDT) de laCNAM, le directeur Daniel Lenoir,les présidents des autres régimes,Josette Gros pour la MSA (agricul-teurs), Jean-Claude Quevillon pourla Canam (indépendants) ainsi queles représentants de cinq syndicatsde médecins, CSMF, SML, FMF,UCCSF et MG France. La Coordina-tion nationale des généralistes, quin’est pas reconnue représentative,s’est imposée : plusieurs de sesreprésentants seront « hébergés »dans les autres délégations(Le Monde des 1er et 2 juin). « Les

cinq porte-parole seront au com-plet », assure Jean-Paul Hamon.

Surveillée de près par le gouver-nement, qui redoute un échec de lanégociation avant les législatives,la réunion se déroulera sous la pres-sion d’une nouvelle journée « san-té morte ». A l’initiative de la Coor-dination, de la CSMF et du SML,des cabinets devraient fermer leursportes. Des rassemblements « toutà fait pacifiques » – barbecues etpique-niques – seront organisésdevant des caisses primaires dansles régions. « Solidaire de tous lesmédecins libéraux », SOS-Médecinsa également appelé, lundi, sesmembres à suspendre les soins de17 h 30 à 20 heures.

« Si on devait sortir avec des clopi-nettes, ce n’est pas nous qui serionssur un siège éjectable », menaceM. Hamon. Selon lui, le mouve-ment de déconventionnement, quitouche désormais une douzaine dedépartements, doublerait aussitôt.Malgré le désir affiché des partici-pants de parvenir à un accord, lapartie s’annonce délicate. Le gou-vernement ayant promis l’augmen-tation à 20 euros des consultations,la CNAM, qui a suspendu toutesles sanctions pour dépassements

illégaux des tarifs, n’espère plusnégocier que des contreparties :moins d’antibiotiques, plus degénériques. Selon elle, la seule pres-cription en DCI (sans nom de mar-que) des vingt premières moléculesgénériquées permettrait d’écono-miser 260 millions d’euros, équili-brant la consultation à 20 euros.Mais, tous syndicats confondus, laperspective d’engagements indivi-duels dessinée par M. Spaeth estrejetée. « Contrepartie ! Rien que cemot me fait tomber de ma chaise ! »,s’agace M. Hamon. MG France,seul syndicat à avoir approuvél’augmentation à 18,5 euros en jan-vier 2002, juge, lui aussi, que « lacontrainte individuelle n’a pas d’ave-nir ». Si les praticiens prescrivent sipeu de génériques, « c’est qu’il y ades raisons : c’est le gouvernementqui fixe le prix du médicament. Ceprix est différent pour un même pro-duit, c’est tout de même absurde. Lesmédecins ne veulent pas qu’on lestienne pour responsables », déclareson président, Pierre Costes.

Dans ce conflit, la CFDT, qui pré-side la CNAM, joue gros. La centra-le de François Chérèque se trouveen effet singulièrement isoléedepuis le départ du Medef des orga-nismes de Sécurité sociale. Elle nepeut guère compter sur le soutiendes autres syndicats, critiquesenvers la « maîtrise comptable desdépenses de santé ». Leur silenceest, à cet égard, éloquent. Dans uncommuniqué, lundi, c’est bien seu-le que la CFDT en a appelé à un« compromis (…) pour préserver l’in-térêt général ». « Cette négociationpeut déboucher sur un accord si lesmédecins ont la volonté d’aboutir.Un échec leur serait préjudiciable,car peu d’entre eux tireraient leurépingle d’une remise en cause denotre système collectif de protectionsociale », affirme la confédération.

Pour le gouvernement aussi, quia reconnu « légitime » la revendica-tion des médecins, les risques sontélevés. D’autres professions atten-dent leur tour. C’est le cas de spé-cialistes, de SOS-Médecins, quiréclame une augmentation desindemnités de déplacement, maisaussi d’une autre coordination, cel-le des infirmières libérales. Lundi,elle a annoncé une série d’actions –grèves, occupations, manifesta-tions – à partir du 17 juin, « sansconcessions et sans limitation dedurée » pour revendiquer une« revalorisation complète de la pro-fession ». « Le gouvernement accroîtles inégalités entre les professionslibérales », estime la coordination,qui appelle à une manifestationnationale, le 10 septembre, à Paris.

Isabelle Mandraud

DIJONde notre correspondante

Face à ses divisions, il arrive quela droite se fasse peur. Ainsi, Gil-bert Menut, candidat Démocratielibérale (UDF-DL) dans la 1re cir-conscription de Côte-d’Or, a-t-ilannoncé, samedi 1er juin, sonretrait de la course à la successiondu député RPR Robert Poujade,qui ne se représente pas. Le mairede Talant a tiré les leçons d1un son-dage publié le jour même parLe Bien public. Non seulement cet-te enquête ne lui accorde que 9 %des intentions de vote, mais tousles candidats de la droite parle-mentaire seraient éliminés.

Ce sondage, réalisé par Arsh Opi-nion, pronostique au second tourun duel entre le maire socialiste deDijon, François Rebsamen, créditéde 30 % des intentions de vote, etla candidate du Front national, Sté-phanie Terrade, créditée de 17 %.Cette dernière, dont l’arrivée surla scène politique remonte auxélections municipales, devanceraitd1un point le candidat RPR investipar l’Union pour la majorité prési-dentielle (UMP), Bernard Depier-re, qui ne pourrait pas se mainte-nir.

Selon le sondage, l’extrême droi-te améliorerait son score du pre-mier tour de 2, 5 points. GilbertMenut, qui ne « veut pas prendre lerisque de faire élire le maire socialo-communiste de Dijon », s’effacedonc au profit de M. Depierre,ancien suppléant de Robert Pouja-de, conseiller municipal de Dijonet conseiller général. M. Menut necache pas son amertume. « Lamainmise du RPR sur les investitu-res UMP ne peut engendrer que destensions, voire une machine à per-dre, en particulier sur un terrainaussi fragilisé que la ville de Dijon,déjà perdue aux municipales »,a-t-il déclaré. Ces dernières semai-

nes, il avait d’ailleurs proposé àson concurrent RPR une « primai-re organisée avec un accord dedésistement en bonne et due formepour le second tour ». Sans succès.

-Cet abandon suffira-t-il à remo-

tiver les électeurs de droite aprèsla perte de la mairie de Dijon en2001 ? L’apparente cohésion desélus de l’opposition municipale àtravers l’Union pour l’avenir deDijon n’a pas pour l1instant dépas-sé les bancs du conseil municipal.En effet, quatre autres candidats ,à droite, restent en lice. Ceux-ciont été sollicité par 25 élus de côted’Or afin qu’eux aussi se retirent.Jean-Pierre Favre représentel’Union de la droite républicaine(UDR). Les souverainistes enga-gent deux candidates : VéroniqueThyébault (RPF), et Julie Caron(MPF). Quant à Yves Japiot, con-seiller municipal de Dijon, il joueles trouble-fête. Se déclarant indé-pendant, il n’a pas cédé aux pres-sions qu1il dit avoir subi avant ledépôt des candidatures. Créditépar le sondage de 13 % des inten-tions de vote, il peut fédérer aucentre-droit.

C’est aussi sur ce terrain queFrançois Rebsamen, le maire deDijon, espère attirer les voix quifont défaut à la gauche dans cettecirconscription traditionnellementà droite. S’étant juré de ne jamaisbriguer un siège de député depuissa victoire aux municipales, il s’estdécidé le soir de l’élimination deLionel Jospin, au premier tour dela présidentielle, « en raison de cir-constances exceptionnelles ». « Mai-re de Dijon et président de la com-munauté d’agglomération, je penseavoir la capacité de rassemblerau-delà du PS », commente-t-il.

Le forfait du Parti communiste,après son mauvais score à l’élec-tion présidentielle (1,67 % sur la1re circonscription), devrait déjàl’aider. De leur côté, les Verts,avec leur « satisfaisant » 5,76 % àla présidentielle, peuvent lui per-mettre de rassembler plus large.Avec vingt candidats, la succes-sion du député Robert Poujadepromet d’être aussi disputée quele fut celle du maire de Dijon. Leretrait de M. Menut n’exclut paspour autant la possibilité d1unetriangulaire avec le FN.

Christiane Perruchot

LORSQUE Lionel Jospin était àMatignon, entre 1997 et 2002, leParti socialiste ne militait pas pourque le gouvernement accorde descoups de pouce importants ausmic. Depuis le 21 avril et l’échecde la gauche à l’élection présiden-tielle, le PS s’efforce d’ancrer sonprogramme à gauche. Lundi 3 juin,il s’est engagé, par la voix de sonporte-parole, Vincent Peillon, « àrelever le smic de 5 % au 1er juillet »,si la gauche gagnait les législatives.Les minima sociaux « doivent êtreaugmentés en proportion du smic »,a ajouté le député de la Somme.

« »Pour justifier la position nouvel-

le adoptée par son parti, M. Peillona mis en avant des raisons techni-ques qui n’étaient pas invoquées ily a encore quelques mois : c’est« par des coups de pouce » au smic,a-t-il dit, qu’on pourrait « sans dou-te aller plus vite » vers une harmoni-sation des différents smic généréspar la mise en place des 35 heures.

Rue de Solferino, on a visible-ment voulu profiter des réservesémises par Jean-Pierre Raffarin surle sujet : dans un entretien accordéà Ouest-France, samedi 1er juin, lepremier ministre a prévenu qu’il« ne saurait être question d’évoquerun coup de pouce sans en mesurerles conséquences sur la situation éco-nomique et surtout sur l’emploi ».

Compte tenu de l’évolution desprix, la revalorisation légale dusalaire minimum devrait atteindreau moins 2,6 % au 1er juillet. Le chefdu gouvernement n’a donc pas l’airdécidé, pour l’instant, à faire ungeste supplémentaire.

« Notre préoccupation est deredonner aux salariés et aux petitssalariés la dignité du travail », cequi « semble totalement oublié dugouvernement [Raffarin] », a esti-mé le président du groupe PS à l’As-semblée nationale, Jean-MarcAyrault. « Le refus du gouvernementde s’engager à donner un coup depouce au smic montre que les sala-riés ont tout à craindre d’une majori-té de droite », a renchéri l’ancienministre (PS) Henri Emmanuelli,avant d’ajouter : « Lorsqu’il s’agitd’accorder immédiatement une bais-se de 5 % de l’impôt [sur le revenu]payé par les plus riches, M. Raffarinn’a aucune hésitation. Mais lorsqu’ilest question d’augmenter de quel-ques euros le smic de millions de sala-riés, le gouvernement de droite tergi-verse. » Le Parti communiste « exi-ge », dans un communiqué, uneposition claire de Matignon sur lesmic avant les législatives. La droi-te, elle, accuse le PS de « se livrer àune surenchère électoraliste et déma-gogique », selon Patrick Ollier, con-seiller politique du RPR.

Virginie Malingre

La « Sécu » et les médecinsengagent une négociation

difficile pour sortir de la criseActions des infirmières à partir du 17 juin

La CFDT, qui préside

la CNAM, joue gros,

isolée depuis

le départ du Medef

des organismes

de Sécurité sociale

A Dijon, un sondage inquiétant pousse la droiteà limiter ses divisions en retirant un candidat

Ils sont cinq, dans l’opposition municipale, à briguer la succession de Robert Poujade.Selon une enquête, seuls les représentants du PS et du FN pourraient se maintenir au second tour

23

5

4

CÔTE-D'OR

1re circonscription

1

Yonne

Nièvre

Saône-et-Loire

Le PS promet de relever le smicde 5 % s’il gagne les élections

F R A N C E l e s l é g i s l a t i v e s

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10/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

NANTESde notre envoyé spécial

Les élus socialistes de Loire-Atlan-tique l’assurent : le PS de ces gran-des terres de l’Ouest n’a pas intégréla défaite annoncée aux électionslégislatives. En témoigne, seloneux, l’accueil dénué d’agressivitéde leurs électeurs, et les militantsde Nantes, qui étaient près de2 000, lundi 3 juin, au parc de laBeaujoire. Pour le second meetingnational de la campagne, les socialis-tes nantais ont affiché leur combati-vité et leur mobilisation pour mon-trer que, en Loire-Atlantique aumoins, la bataille législative ne semène ni dans la résignation ni àcontre-coeur. « Arrêtons de raser lesmurs », a lancé Jean-Marc Ayrault,maire et député de Nantes en leverde rideau du meeting.

Penché sur son pupitre, commes’il voulait faire des confidences àson public, François Hollande, lavoix un peu cassée, a appelé, pen-dant 50 minutes, à la mobilisation et« au vote utile » dès le premier tour.L’objectif, a redit le premier secrétai-re, est d’être « majoritaire » et « entout cas », a-t-il corrigé pour calmerla ferveur ambiante, d’être « suffi-samment nombreux pour défendre etpromouvoir notre idéal ». « Faisonsen sorte d’effacer le 21 avril », a-t-ilaffirmé, en évoquant le vote du5 mai en faveur de Jacques Chirac,« dur, pénible, douloureux » pour lessocialistes. « Ce que nous n’avonspas pu faire le 5 mai, il faut mainte-nant l’accomplir les 9 et 16 juin »,a-t-il martelé, souhaitant que le gou-vernement de Jean-Pierre Raffarin« reste dans l’histoire comme le gou-vernement le plus bref de la Ve Répu-blique ». Une méthode Coué quiconvenait visiblement à l’auditoire.

M. Hollande a repris, pour s’enmoquer, la formule du premierministre disant qu’il avait fait un

rêve, « celui que la droite puisse dis-poser de tous les pouvoirs ». « Je nevoudrais pas faire de cauchemar,a-t-il enchaîné. Et le vrai cauchemarserait que la droite puisse appliquerune politique d’accroissement des iné-galités, dure à l’égard des plus fai-bles. » Le premier secrétaire du PSs’est livré à une charge contre « legouvernement de la réclame », quimet en avant « l’obsession sécuritai-re ». « Le seul vainqueur, c’est celuiqui ne dit rien mais qui fait son miel,c’est l’extrême droite », a-t-il com-menté. Le gouvernement ne propo-se « rien d’autre que ce qui n’avaitpas marché hier avec Edouard Balla-dur et Alain Juppé ».

S’en prenant à Jacques Chirac, –« il est le chef de l’Etat, il n’est pas lechef de l’UMP » —, il a affirmé qu’encinq ans de gestion, la droite laisse-

rait un « héritage » trop grave, avec« la fin d’un mode de protection socia-le, la montée des assurances » ouencore la « mise en charpie des servi-ces publics », ne manquant pas deprovoquer « de grandes manifesta-tions ». « Si on peut s’épargner degrandes manifestations par un voteles 9 et 16 juin c’est quand mêmemieux pour le pays », a-t-il lancé, ense déclarant décidé à « écouter lesurgences sociales » exprimées le21 avril. M. Hollande s’est ainsi pro-noncé pour « un coup de pouce »(non chiffré) au smic ou encorepour que les salariés ayant travaillé40 ans puissent partir à la retraiteavant 60 ans. « Peut-être aurions-nous dû le faire plus tôt », a-t-il con-cédé.

Michel Noblecourt

/

LA CAMPAGNE à gauche ? « Lespersonnes qui y croient le moins sontses dirigeants », affirme BertrandTavernier, interrogé par Vert Con-tact, l’hebdomadaire des Verts(daté 1er-7 juin). A quelques joursdu premier tour des législatives, lecinéaste dit ne pas avoir l’impres-sion « d’être en face des généraux dela Révolution, mais de ceux de laguerre de 1870, qui (…) dès les pre-miers revers, ont adopté une attitudecarrément défaitiste ».

Le jugement est sans doute unpeu sévère, mais il sonne juste.Dans les rangs de la gauche, qui semontre plus défensive qu’offensi-ve, l’embarras est visible. Jean-Marc Ayrault, maire (PS) de Nan-tes, a dénoncé, lundi 3 juin sur RTL,la campagne « d’endormissement »du gouvernement. François Hollan-de, lui, parle du retour de la droitecomme d’un « cauchemar » (lireci-contre). En venant soutenir lecandidat Vert Stéphane Pocraindans l’Essonne, il a usé d’une méta-phore d’actualité : « La gauche amarqué un but contre son camp enappelant à voter Chirac le 5 mai. Ladroite mène un à zéro et casse le ryth-me en jouant la montre », a glissé lepremier secrétaire du PS.

Campagne « curieuse », estimepour sa part Alain Lipietz, l’ancienet éphémère candidat des Verts àl’élection présidentielle, qui se pré-sente dans le Val-de-Marne – « lacitadelle du PC », dit-il. « Personnene dit rien, regrette-t-il. A part“Votez utile”, pour reconduire la gau-che et ses sortants, il n’y a pas de mes-sage. » A Lyon, le candidat VertGilles Buna a déploré, lors d’unmeeting commun avec le PS, le29 mai, qu’il n’y ait eu qu’un« accord électoral » pour « sauverles meubles », mais « pas de platefor-me ». « C’est un accord réduit auxacquêts, qui nous empêche d’être

dans une dynamique électorale »,renchérit M. Pocrain. DominiqueVoynet, qui devait tenir à Paris,mardi 4 juin, le seul meeting de cam-pagne nationale des Verts, avecYves Cochet, assure qu’elle n’a« pas le temps de suivre la campagnenationale », trop occupée à sillon-ner les villages de sa circonscriptionjurassienne.

C’est bien, jusqu’à présent, l’undes autres problèmes de cette cam-pagne législative à gauche. Peu de

campagne nationale, beaucoup demicro-campagnes locales. « Tout lemonde se fait discret dans sa circons-cription, on entend peu de “têtes”.Chacun a les yeux dans les yeux deses électeurs », admet le député (PS)de Paris Jean-Christophe Cambadé-lis, qui fut l’architecte de la « gau-che plurielle ». « Beaucoup se sontdit : “Je vaux plus que le score natio-nal” et ont eu la tentation de jouerperso », estime aussi le fabiusienClaude Bartolone. M. Cambadélisrépète pourtant que la gauche a« un projet à défendre ».

Ce n’est, en tout cas, pas avec lePCF, qui paie, pour partie, sa partici-pation au gouvernement. C’estdavantage le cas avec les Verts, lepetit parti ayant besoin du grand etvice-versa. Cette alliance, déclinéeà l’envi dans les médias, ne suffit

pas à créer une dynamique visible.Encore sous le choc de la déroutedu 21 avril, traînant le boulet de lacohabitation, la gauche s’est enoutre offert le luxe de polémiquesque beaucoup ont jugé inutiles.Marie-George Buffet, secrétairenationale du PCF, s’est déclarée« très choquée », jeudi 30 mai, surSud-Radio, que le PS – M. Hollandeen tête – évoque déjà le choix dupremier ministre en cas de victoirede la gauche aux législatives :« Écoutons d’abord ce que nous ontdit les femmes et les hommes de gau-che le 21 avril, a-t-elle dit. Ils ne meparlent pas du futur premier minis-tre. Ils me disent (…) : “Cette fois-ciallez-vous répondre à nos aspira-tions ?”. »

Se déclarant « atterré » par lacampagne, Yves Contassot, adjoint(Verts) au maire de Paris, estimeque la gauche se devait, après le21 avril et le sursaut républicain quia suivi, de mener ensemble deuxcampagnes : celle des législatives etcelle de la reconstruction de la gau-che. « C’est une campagne introuva-ble », estime M. Pocrain. Peut-êtreparce que « la majorité, qui est àtout le monde, est elle-même introu-vable », avance un responsable duPS. Autre écueil, observé parM. Bartolone : « Quand on se mon-tre trop offensifs, les électeurs nousdisent : “Mais pourquoi vous n’avezpas fait tout cela avant ?” » L’ex-ministre de la ville éprouve pour-tant le sentiment que l’étau se des-serre : « Avec les premières mesuresprises par le gouvernement Raffarin,on redevient comparables. » Il parieque si les partis ont intégré la défai-te, « le peuple de gauche se dit, lui,qu’il peut prendre sa revanche sur le5 mai ». De quoi laisser aux candi-dats une once d’optimisme.

Béatrice Gurrey

La gauche mène campagnedans la dispersion et le pessimisme

Les leaders de ce qui fut la majorité de M. Jospin déplorent l’enlisement.« Beaucoup ont été tentés de jouer perso », dit Claude Bartolone

Le premiersecrétaire du PS,François Hollande,est venu soutenirle députéet mairede Nantes,Jean-Marc Ayrault,lors d’un meeting,le lundi 3 juin.Il a souhaitéque le gouvernementde Jean-PierreRaffarin « restedans l’histoirecommele gouvernementle plus brefde laVe République ».

« C’est un accord

réduit aux acquêts,

qui nous empêche

d’être dans une

dynamique électorale »

La perspective du retour de la droitefait « cauchemarder » M. HollandeEn meeting à Nantes, il a fustigé « le gouvernement de la réclame »

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LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/11

« LA POLITIQUE est l’art de larépétition », se plaît à dire Jean-Marie Le Pen. Le président duFront national n’a pas failli à cetterègle lors de l’unique meeting de lacampagne des élections législati-ves, organisé au Palais des congrès,à Paris, lundi 3 juin. Il a repris sesthèmes fétiches de la présidentiellesur Jacques Chirac, le représentantde « la gauche camouflée » – à nou-veau qualifié de « supermenteur »et « supervoleur » – et du climat« totalitaire » de l’entre-deux-tours. Un discours fleuve comme ilaime en faire, en partie improvisé,parsemé d’anecdotes et de formu-les destinées à déclencher les fousrires des militants et sympathi-sants, toujours satisfaits du specta-cle offert par leur chef.

Une nouvelle fois, donc,M. Le Pen est revenu sur la campa-gne présidentielle pour lister avecminutie les difficultés rencontréessur le chemin : les banques qui ontrefusé de lui accorder les prêts qu’ilsouhaitait, les parrainages des mai-res qui ont fait défaut et qu’il a fal-lu compenser pour pouvoir figurerà la course à l’Elysée, tout commela candidature de Bruno Mégret,montrée comme un élément de lastratégie des chiraquiens pour l’af-faiblir. Sans compter les manifesta-tions de l’entre-deux-tours, présen-tées comme « une manipulation »de la jeunesse par des enseignantsde la gauche « socialo-communis-te », et, enfin, le Front républicaindécidé contre lui.

« »Aux accusations de « fascisme,

racisme et antisémitisme » lancéescontre lui, en faisant référence àses déclarations passées, à ses ami-tiés présentes et aux hommes quiont fait le FN, il réplique en dénon-çant des « méthodes totalitaires »destinées à contrer l’élection defrontistes. Un procédé qui, recon-naît-il, vise à susciter un réflexe desolidarité entre tous ceux qui sesentent exclus. « Cette formidableentreprise de diabolisation a été lefait du grand capitalisme mondialis-te », affirme-t-il, et le but poursuivi

consiste, dit-il, à « dénoncer l’éven-tuelle victoire (…) de l’idée nationale[en France] alors que celle-ci est entrain de progresser dans le mondeentier ». « Le voilà, le grand desseinde Jacques Chirac : barrer la route à

Le Pen », lance-t-il, en répétant,sûr de son effet sur la salle : « Ilaura réussi ce tour de force histori-que, barrer la route à Le Pen ! » EtM. Le Pen d’opposer ses candidats,« authentiques représentants de la

France d’en bas, à celle du milieu,dont Chirac est le parrain indiscuta-ble ». « Si le président de la Républi-que avait fait son compte rendu demandat devant une assemblée géné-rale (…), il ne serait sorti qu’avec lesbracelets au poignet entre deux gen-darmes », avait-il dit quelques ins-tants plus tôt. Une fois encore, lereprésentant d’extrême droite foca-lise ses attaques contre M. Chirac,présenté comme « le mauvais géniede la droite ».

Mais Jean-Marie Le Pen espèreun « retour de manivelle ». Il estimeque « les Français sont naïfs maispas tout à fait sots, et beaucoup sesentent floués », après le deuxièmetour de la présidentielle. Aussi« croit [-il] que beaucoup vont sevenger aux législatives ». « Il y aurades duels par centaines » et « ceseront des candidats du FN qui yfigureront comme le premier partide France », conclut-il. Sur la scè-ne, en arrière-plan, on pouvait lirece slogan fondateur du FN : « LaFrance et les Français d’abord. » Decela, il n’a pas été question. Pourles personnes présentes, cela allaitde soi.

Christiane Chombeau

/

Jean-Marie Le Pena tenu son uniquemeetingde campagne, lundi3 juin, au Palaisdes congrès, àParis. Il a stigmatiséla « formidableentreprisede diabolisation »à son égard,qui vise, selon lui,à « dénoncerl’éventuelle victoire(…) de l’idéenationale,alors que celle-ciest en trainde progresserdans le mondeentier ».

A 78 ans, Colette Mégretest candidate à Dreuxpar amour maternel

DANS LA FAMILLE Mégret, lamère ! Chez le président du Mou-vement national républicain(MNR), on a l’esprit de famille. En1997, rendu inéligible par unecondamnation sur ses comptes decampagne, Bruno Mégret avaitconvaincu son épouse, Catherine,de le remplacer pour l’électionmunicipale partielle de Vitrolles(Bouches-du-Rhône). Aujour-d’hui, sans candidat pour la 2e cir-conscription de Dreux – celle oùle Front national, représentéautrefois par Jean-Pierre Stirbois,puis par sa veuve, Marie-France,obtenait ses meilleurs scores –, ila recruté, in extremis… sa mère.

A 78 ans, Colette Mégret,ex-maître de conférences de droit

européen à l’université Paris-I, selance donc en politique paramour maternel. N’ayant plusl’âge de parcourir les rues et lesmarchés, elle laisse aux militantsde la section le soin du « tracta-ge » et des collages. Seule uneconférence de presse avec sonseul fils – l’aîné de ses quatreenfants, à qui elle voue une admi-ration sans borne – a été envisa-gée. En fait, elle ne passe guèreque le week-end à son domicilefamilial d’Anet (Eure-et-Loir) ;aussi est-ce dans son apparte-ment de Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine) qu’elle reçoit Le Monde. Latélévision est branchée surRoland-Garros. A terre, sur letapis, un sac avec des pelotes delaine laisse entrevoir un pull ina-

chevé : « Je tricote pour mes petits-enfants », explique-t-elle sansqu’on lui pose de question.

Si elle reste laconique sur sa cir-conscription, elle se montre inta-rissable sur son fils, Bruno. « Lapolitique m’a toujours passionnée,mais je n’en ai jamais fait de façonactive, raconte-t-elle. Quand monfils a créé le MNR, je me suis inscri-te. J’ai été gaulliste, et je pense quec’est mon fils, par son amour dupays, son patriotisme, qui est plusdans la ligne du général de Gaulleque d’autres, qui se disent ses suc-cesseurs. » Mme Mégret mère se dit« très sensible à l’identité de laFrance, à son histoire, à sa langue,à l’environnement ». « Je ne mesens pas mondialiste, ajoute-t-elle.Il y a la famille et, après, la patrie ;ce qui donne un certain équili-bre. » Raciste, Bruno Mégret ?Elle le conteste farouchement. « Ilest pour la préférence nationale,plaide-t-elle (…), ce n’est pas quel-que chose d’ethnique ! » A proposdes immigrés, elle ajoute néan-moins : « Pourquoi tous ces gensviennent ? Pour les avantages (…).Si on les limite, la France seramoins attractive pour les étrangers.C’est dans ce sens-là que mon filsveut supprimer les avantages : pourqu’ils viennent moins, pas parméchanceté. »

Questionnez, enfin, la candida-te sur un éventuel rapprochemententre le MNR et le FN, et c’est lamère qui sort ses griffes : « Jean-Marie Le Pen a traité mon fils decrapule, de moins que rien. Il est tel-lement furieux que mon fils soit par-ti avec les éléments les plus valablesdu FN qu’il voudrait qu’il disparais-se. S’il se représente à 80 ans àl’élection présidentielle, ce sera uni-quement pour ennuyer Bruno ! »

Christiane Chombeau

F R A N C E l e s l é g i s l a t i v e s

Le Front national propose undésistement réciproque à CharlesMillon et à ses partisans dans leRhône « pour battre la gauche socia-lo-communiste ». Claude Jacquier,représentant du FN dans la 7e cir-conscription – où l’UMP n’a donnéaucune investiture – a écrit àM. Millon, lundi 3 juin, pour lui pro-poser que le candidat le moins bienplacé au second tour se retire etappelle à voter en faveur del’autre. Cette initiative a reçu lacaution du délégué général du FN,Bruno Gollnisch, qui suggèred’étendre cet accord à tout ledépartement, dans lequel il est lui-même candidat. L’entourage deM. Millon a fait savoir qu’il nerépondrait pas à cette proposition.

« Quand mon fils a créé leMNR, je me suis inscrite.Je pense que c’est lui quiest le plus dans la lignedu général de Gaulle »

Le moral des ménages s’estnettement amélioré en maiLE MORAL des ménages en France a effacé, en mai, cinq mois consé-cutifs de baisse. Selon l’enquête publiée par l’Insee, mardi 4 juin, l’indi-cateur s’est établi à – 12, après avoir atteint, en avril, son taux le plusbas depuis quatre ans, – 18. Cette hausse « provient essentiellement duregain de confiance très marqué dans les perspectives d’évolution duniveau de vie en France », explique l’Insee. « L’opinion des ménages surl’évolution du chômage s’améliore nettement pour le troisième mois con-sécutif », poursuit l’institut. Les perspectives d’emploi sont, en effet,revenues à leur meilleur niveau depuis près d’un an. S’agissant de leurpropre situation financière, les Français considèrent qu’elle s’est légè-rement détériorée dans le passé et qu’elle se dégrade encore actuelle-ment, mais ils envisagent son amélioration dans les mois à venir.

a DROITE : le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, estime queles élections législatives « se présentent pour [la droite] de manièreplutôt favorable », dans un entretien accordé, mardi 4 juin au quoti-dien régional La Montagne. « Mon adversaire principal, c’est la cohabi-tation. (…) Je ne suis ni agressif ni belliqueux, je suis plutôt rassembleur.Mais je crois qu’après cinq ans de socialisme, le temps de l’alternance estvenu », a-t-il déclaré.a UDF : François Bayrou, président de l’UDF, a affirmé qu’il sou-tiendrait le gouvernement « en étant libre de parole », lundi soir, surTF1. « Ma position est de soutenir le gouvernement (…) et de l’aider àgagner », a affirmé M. Bayrou, qui a refusé de rejoindre l’Union pourla majorité présidentielle (UMP). « Pour gagner (…), il faut que les gran-des sensibilités du pays trouvent leur place. L’UDF en est une », a-t-ilinsisté. Ensuite, « j’aiderai [le gouvernement] en le soutenant quand leschoix sont courageux, et aussi en disant “attention” quand on risque dese tromper », a prévenu M. Bayrou.a PÔLE RÉPUBLICAIN : Jean-Pierre Chevènement, chef de file duPôle républicain, a indiqué, lundi 3 juin sur LCI, que son mouve-ment n’avait pas arrêté de position en cas de victoire de la gauche auxlégislatives. « Ça peut aller de l’opposition, toujours constructive mais fer-me, à un soutien critique, comme nous l’avons apporté dans les deux der-nières années quand je n’étais plus au gouvernement », a-t-il précisé.

M. Le Pen prédit « des duels par centaines » et voitle Front national en « premier parti de France »

Au cours de son unique meeting de campagne, au Palais des congrès, à Paris, lundi 3 juin,le président du FN s’en est pris à Jacques Chirac, le qualifiant de « mauvais génie de la droite »

Le FN propose unaccord à Charles Millon

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12/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

CLUSES (Haute-Savoie)de notre envoyée spéciale

Là comme ailleurs, ils ont ressentil’onde de choc du 21 avril. Leurs élè-ves, surtout les grands du lycée, ont

été très nombreux à manifester con-tre le Front national. Mais beaucoupd’autres, issus de l’immigrationmaghrébine ou turque, ont confiéleur peur, jusque dans l’infirmerie deleur établissement : « Est-ce qu’on vadevoir faire nos valises, m’dame ? »Les enseignants de la vallée de l’Ar-ve, en Haute-Savoie, confient, dansleur majorité, avoir pris un « grandcoup sur la tête » au soir du premiertour de l’élection présidentielle. Unmois plus tard, si les uns pensentavoir pleinement tenu leur rôle faceà la pensée exclusive de l’extrêmedroite, les autres ont mesuré toutesles limites de leur métier.

Cela aurait pu être pire, ont pensécertains. Car ici, les communautésvivent repliées sur elles-mêmes, et leFN est fort, enraciné. Au collège deCluses, un tract anonyme ordurier,présentant les Arabes comme desenvahisseurs hostiles aux Juifs, avaitété affiché, fin septembre 2001, enpleine salle des profs. DominiqueBonazzi, le principal, a dû rappelerses enseignants à l’ordre : « Ce texteest abject et n’a rien à faire dans unétablissement d’éducation. » Débutjanvier, une affiche du FN, procla-mant « tu niques la France, dégage »,avait été apposée à l’entrée du collè-ge. D’autres ont suivi entre les deux

tours. Non loin, l’imposant lycéeCharles-Poncet, du nom du père del’industrie du décolletage qui faitvivre la vallée depuis un siècle etdemi, a été, au lendemain du pre-mier tour, ceinturé d’affiches du FN.A Bonneville, un notable de la ville amenacé les enseignants du lycéeFichet de porter plainte si son fils serendait aux manifestations anti-LePen. Partout, les enseignants témoi-gnent de violents propos racisteslâchés devant eux par des parentsd’élèves.

La Haute-Savoie a placé Jean-Marie Le Pen devant Jacques Chiracau premier tour. Au pied des monta-gnes, à Cluses, cité industrielle etlaborieuse de la vallée, le candidatdu FN a obtenu 30,47 % des voix con-tre 16,35 % à Jacques Chirac, et27,53 % au second tour (Le Mondedu 30 mai). La ville, aux mains duRPR, avait voté à 40 % pour le candi-dat FN aux municipales de 2001. ABonneville, la sous-préfecture touteproche, son score a frôlé les 25 % aupremier tour.

Les décolleteurs, ces petitspatrons fabricants de pièces métalli-ques pour l’industrie, ont enrichi etfaçonné la vallée. S’ils cherchent dela main-d’œuvre – le taux de chôma-ge sur Cluses ne dépasse pas 5 % –,certains rechignent encore à embau-cher des « gris ». « Les mêmes qui ontfait venir par trains entiers des immi-grés pour les usines veulent mainte-nant les voir partir », souligne Jean-Pierre Rossi, professeur de françaisau collège de Cluses et maire adjointde Marignier, une commune voisinedont l’édile est « sans étiquette ». Ily a du boulot, mais il n’est pas pourtout le monde, complète Annie Colli-net : la proviseur du lycée hôtelierde Bonneville s’est battue pour queses élèves ne soient plus victimes dediscrimination à l’embauche.

« Le vote FN, ici, est une donnée.Nous ne devons jamais l’oublier, résu-

me Dominique Bonazzi. Les votantssont dans nos établissements aussi.Les jeunes ne sont pas forcément ducôté que l’on croit, et du côté que l’oncroit bien. » Dans le public commedans le privé, enseignants et chefsd’établissement ont d’abord dû rap-peler les principes essentiels : il n’estfait aucune différence entre les jeu-nes, l’école est un « creuset social »,le collège est d’abord là pour appren-dre à former des citoyens quisachent vivre ensemble.

Puis chacun a fait face, dans sa

classe, qui en s’appuyant sur son pro-gramme (l’argumentation en 6e,l’étude du fascisme en 3e, l’éducationcivique, etc.), qui en sortant de sa tra-ditionnelle réserve. Ceux qui n’ontpas osé froisser une partie de leurs

élèves ont attendu que surgissent lesquestions. « C’est le seul moment oùj’ai dit qu’on n’avait pas le droit d’êtreraciste. Un élève m’a répondu quec’était une opinion personnelle. J’ai dit“non, c’est une question démocrati-que” », raconte Christine Michel,professeur de sciences au lycée hôte-lier. L’une de ses collègues de lettresdu collège de Cluses ajoute : « Toutce qu’on a fait en amont, notammentdans le cadre de la semaine d’éduca-tion contre le racisme, a pris un sens.Les élèves se sont forgé une opinion, cen’est pas le prof qui a tenu un dis-cours. »

Au lycée Fichet de Bonneville, unpetit groupe d’enseignantsd’histoire et de lettres a organisé, le30 avril, une « réunion d’informationsur l’extrême droite », en prenantmoult précautions pour que l’initiati-

ve – trois courts exposés didacti-ques, un temps pour les questionsdes élèves – n’apparaisse pas com-me une forme de récupération idéo-logique. Le matin, une inscription« Le Pen, vite ! » avait fleuri sur lebitume, devant l’entrée du lycée.« Un peu paranos », « pas très fierscinq minutes avant », les profs ont eula bonne surprise de voir une centai-ne d’élèves. « Ils étaient contents decette réponse collective », souligneChristine Saint-Joanis, professeur delettres. Heureux d’avoir pu ainsi valo-riser leur enseignement, confiantsdans les richesses de leur discipline,ces enseignants concluent : « On amontré qu’on avait du courage, et ona vu qu’on avait du pouvoir. »

Mais l’enracinement du Frontnational dans la région rend modes-tes les plus dynamiques. Dans unbourg périphérique, des institutricesont publiquement assumé leur voteLe Pen. Ici ou là, des élèves témoi-gnent de l’imprégnation des thèsesdu FN.

Au lycée hôtelier, tous sortentavec un emploi en poche. Mais, esti-me Julien, élève de bac pro, « desimmigrés foutent rien, n’ont pas demotivation », bref, cassent un peu lemétier. Julien dit s’être fait agresseril y a deux ans à Annecy « par quatreMaghrébins ». La France, juge-t-il,« est de plus en plus “insécurisée”.Dans toute la vallée de l’Arve, c’estcraignos. On les laisse de côté, cesgens-là, on n’a pas fait grand-chosepour eux. Mais ils doivent aussi seprendre en charge ! »

Arborant une belle chaîne en orsur son tee-shirt de foot Italia, Chris-tophe, un élève de 3e, habite dans lequartier des Ewües de Cluses, princi-palement peuplé d’immigrés, où lesdeux bureaux de vote ont massive-ment voté Le Pen. Il tient des propostrès contradictoires. « A l’école, onest tous contre le FN. Le FN, c’est n’im-porte quoi : fermer les frontières, ça ne

renforcerait pas la France. Mais c’estvrai que la France s’est laissé un peufaire, affirme ce fils d’immigrés ita-liens, qui veut devenir ingénieurdans le décolletage. A Cluses, il y aplus de Maghrébins que de Français.Ils se font remarquer, ils dégradent lesimmeubles. On leur a donné unemain et ils ont pris tout le bras. »

Certains éducateurs plaident pour

des mesures sécuritaires. « Le pre-mier rôle, pour nous, est de dire que lelycée n’est pas une zone de non-droit,de rappeler la loi le plus souvent pos-sible », indique Paul Fauveau, pro-viseur du lycée Poncet, en faisantréférence à « cette minorité » respon-sable des phénomènes de violence.Les vieux militants de gauche, quantà eux, confient, désabusés, être mar-ginalisés. « On ne peut pas déplacerles montagnes », conclut un profes-seur d’anglais qui enseigne depuisvingt-cinq ans dans la région. L’éco-le des valeurs, « ça ne marche pasvraiment, puisque nous avons déjàéduqué leurs parents ! », remarqueun autre.

Faut-il qu’ils s’engagent davanta-ge dans la cité ? « La fameuse neutra-lité des enseignements a abouti à enretirer tout contenu véritable, à lami-ner certaines choses », plaide Anne,jeune professeur de français. Aulycée de Bonneville, on entend réac-tiver un comité de vigilance contrel’extrême droite. Mais pour FrançoisMorel, enseignant de lettres, « lesenseignants souffrent d’un regardnégatif de la société, qui n’a pas envieque ses enfants soient liés à un investis-sement idéologique trop prégnant.Nous avons été mis à l’écart d’unengagement dans la société. En ou-tre, cet engagement risquerait de per-vertir notre relation pédagogique àl’élève ».

Nathalie Guibert

Un principal : « Le vote

FN, ici, est une donnée.

Nous ne devons

jamais l’oublier »

IL EST LOIN le temps des « hus-sards noirs de la République », décritpar Charles Péguy, qui, en 1913,louait ses instituteurs des années1880 : « C’était le civisme même, ledévouement sans mesure à l’intérêtcommun. » Aux lendemains de l’élec-trochoc du 21 avril, la tentation estgrande d’exhumer avec nostalgie cemythe de l’enseignant entièrementdévolu à la cause éducative, dans ethors les murs de l’école, avec en uni-que point de mire la formation ducitoyen. Dans l’entre-deux-guerres,la moitié des mairies de France avaitpour secrétaire un instituteur. Lesoir, les maîtres du primaire organi-saient aussi des conférences populai-res d’instruction civique, des courspour adultes.

Chez les professeurs, moins nom-breux, l’engagement militant estdéclenché dans les années 1930 parla lutte antifasciste. « L’instituteur de

la IIIe République incarne la cohéren-ce entre le projet politique républicainet les programmes, analysent BéatriceCompagnon et Anne Thévenin, dansleur Histoire des instituteurs et des pro-fesseurs (Perrin, 2001). Il symbolise sur-tout une époque de foi dans le mieux-être de l’humanité, de confiance dansle progrès par les institutions démocra-tiques. » Ce modèle de l’engagementtotal s’estompe dans les années1950-1960. La féminisation dumétier accentue le phénomène. Lesenseignants continuent toutefoisd’être très actifs dans les associationsculturelles et ils intègrent aussi sou-vent les conseils municipaux puisgénéraux. A l’Assemblée nationale,la « vague rose » de 1981 se soldepar une forte représentation du mon-de enseignant : 30 % des députéssont des professeurs, 5 % des institu-teurs. Depuis les années 1980, lesenseignants ont, à l’instar de l’ensem-

ble de la population, réorienté leursengagements.

Même si peu d’études ont étémenées sur ce sujet, c’est l’éducationpopulaire traditionnelle (les coloniesde vacances d’été notamment), majo-ritairement animée il y a vingt-cinqans par les enseignants, qui sembleavoir le plus pâti. « Les conditions detravail ont changé. Il y a une usure pro-fessionnelle, estime Jacques Demeu-lier, directeur général des Cemea(Centre d’entraînement aux métho-des d’éducation active), qui dit comp-ter seulement un tiers d’enseignantsparmi ses militants actifs. Après dixmois de cours, ils ont besoin de se met-tre à l’abri dans un environnement pro-tégé. » Les associations de parentsd’élèves sont aussi désertées.

Les enseignants se sont alors tour-nés vers l’aide sociale, la défense desdroits de l’homme et la protection del’environnement. Ils sont nombreux

à avoir rejoint l’association Attac.« Comme pour les autres Français, lesenseignants connaissent un reflux del’engagement politique », indique lesociologue André Robert. Les plusjeunes sont en première ligne : selonune étude Sofres menée en jan-vier 2001 auprès de professeurs desécoles débutants, 2 % disent apparte-nir à un parti politique, soit peu ouprou la moyenne française. Toutestranches d’âges confondues, le mon-de enseignant semble mieux résisterà la dépolitisation : 13 % des candi-dats aux élections législatives du9 juin sont professeurs, du primaireau supérieur, en recul de 1 point parrapport aux élections de 1997. La sur-syndicalisation, de son côté, perdu-re : environ un tiers des enseignantssont syndiqués, soit trois fois plusque la moyenne des Français.

Marie-Laure Phélippeau

C’EST un tout petit livre, en passe de connaître ungrand succès. Onze pages agrafées, une couverturecouleur de terre ocre : Matin brun, de l’écrivainFranck Pavloff, circule à grande vitesse dans les éta-blissements scolaires, porté par le bouche-à-oreilledes professeurs de français. La courte et édifiantehistoire de Charlie, qui vit sans broncher l’installa-tion d’un régime politique extrême, tombe à pic.

La nouvelle, publiée la première fois en 1997 dansun recueil édité par Actes Sud à l’occasion d’unSalon antifasciste à Gardane, avait, jusqu’au 21 avril,été vendue à 20 000 exemplaires. Depuis le premiertour de l’élection présidentielle, ce sont 20 000 nou-veaux exemplaires qui ont été diffusés. Et son édi-teur, Cheyne, vient d’en faire retirer 16 000 autres.Les libraires sont invités à l’acheter par paquets dedix. Des Centres Leclerc en commandent à la pelle.D’abord promu par des réseaux militants et associa-tifs, vendu 1 euro (l’auteur ayant renoncé à sesdroits), Matin brun fait l’objet d’une véritable ruéedepuis que France-Inter l’a chroniqué avant uneinterview de Jean-Marie Le Pen.

« C’est un phénomène », reconnaît Martine Melli-nette, codirectrice des éditions Cheyne, implantées

au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) et spéciali-sées dans la poésie et dans la littérature contempo-raines. La demande est notable dans la région deGrenoble, d’où est originaire l’auteur, mais aussi enHaute-Savoie et dans les environs de Strasbourg. Aucollège de Cluses, Claudie Sereuse, professeur defrançais, a invité Franck Pavloff le 29 avril. Alors que,contrairement à d’autres, ses élèves n’avaient rienexprimé au lendemain du 21 avril, « c’est là, endehors du cours et dans le cadre de la semained’éducation contre le racisme, qu’ils ont exprimé leurpeur et traduit leur angoisse devant la montée duFront national ».

Car Matin brun finit mal. « Ce matin, Radio brunea confirmé la nouvelle. Charlie fait sûrement partiedes cinq cents personnes qui ont été arrêtées. Ce n’estpas parce qu’on aurait acheté récemment un animalbrun qu’on aurait changé de mentalité, ils ont dit.“Avoir eu un chien ou un chat non conforme, à quel-que époque que ce soit, est un délit.” Le speaker amême ajouté “injure à l’Etat national” », lit-on àl’avant-dernière page.

N. G.

Comme ailleurs en France, les ’- ont placé les enseignants dela vallée d’Arve, en Haute-Savoie, devant un dilemme.Dans ce département, Jean-Marie Le Pen est arrivé

devant Jacques Chirac au premier tour. Fallait-il abor-der ce sujet devant les élèves, dont certains sont trèsimprégnés des thèses du Front national ? Eric, profes-seur au lycée hôtelier de Bonneville, explique qu’il

« n’a pas osé susciter les réactions de ses élèves, car desfamilles ont voté Le Pen ». « J’ai eu ’ par ce que je pouvais leur dire »,raconte-t-il. Jackie, professeur au collège de Cluses, a

choisi, au contraire, de s’engager devant sa classe, pourla première fois de sa carrière. Face à une certaine - parmi les jeunes, de nombreuxprofesseurs ont mesuré les limites de leur métier.

Le désarroi des enseignants après le vote du 21 avrilEn Haute-Savoie, comme dans d’autres régions de France où les suffrages en faveur de Jean-Marie Le Pen ont été nombreux, les professeurs ont étéconfrontés aux limites de leur action. Comment aborder le sujet face à des élèves dont certains sont très imprégnés des thèses du Front national ?

CLUSES (Haute-Savoie)de notre envoyée spéciale

Des enseignants témoignent dela façon dont ils ont vécu le chocdu premier tour de l’élection prési-dentielle.

f Eric, professeur de lettres-histoire, lycée hôtelier de Bonne-ville (Haute-Savoie).

Il n’a pas été facile d’en parler. Lelundi matin qui a suivi le premiertour de l’élection, avec mes élèvesde première année de BEP, j’aisenti un certain malaise. Certainsme regardaient avec compassion.Je suis militant socialiste. J’ai mon-té une classe théâtre : avec JacquesPrévert, ça y va, la tolérance, le res-pect de l’autre, etc. ! Cela fait desannées que je martèle les valeursdémocratiques. Mes élèves saventtout ça. J’espérais qu’ils feraient ladémarche, poseraient des ques-tions. Rien. Je n’ai pas osé les susci-ter, car des familles ont voté LePen, j’ai eu peur qu’ils se sententfroissés par le vote de leurs parentsou par ce que je pouvais dire. Quel-ques jours plus tard, avec une clas-se de bac pro, il en est allé différem-ment. Certains avaient dû voterFN. En géographie, j’ai rappelé unchapitre que nous avions étudié, ily a quelques mois, sur le nationalis-me, et j’ai embrayé sur les résultatsde l’élection. J’ai dit qu’il fallait segarder d’avoir du mépris pour ceuxqui avaient voté FN. Là, j’ai sentiune unanimité de la classe enfaveur des valeurs de tolérance,des valeurs républicaines.

f Stéphane, professeur d’his-toire-géographie, lycée Fichet,Bonneville.

En enseignement général, je saisque dans mes classes, j’ai deux outrois sympathisants du FN. En tech-nologie, je pense qu’il s’agit d’untiers de la classe. Je vois la coupurequ’on a dans la société. Les uns veu-lent un cours, un éclairage deconfiance de la part d’un ensei-gnant. Les autres sont plus émotifs.

Le premier jour, je n’ai pas osé enparler. Puis j’ai trouvé une appro-che, au début de chaque cours. Enjanvier, nous avions invité d’an-ciens déportés dans les classes. J’airapproché ces témoignages dudiscours de Le Pen, qui affirmequ’il ne sait pas si ces événementsont existé : est-ce que quelqu’unment ? Ce faisant, j’ai témoignéd’un engagement, et j’ai agi defaçon clairement objective.

Dans les copies des élèves, j’ail’impression que les idées du FNpercent plus qu’avant. Pendant lacampagne présidentielle, lors d’unexercice destiné à illustrer les inéga-lités de peuplement en France, plu-sieurs d’entre eux ont dessiné pleinde flèches autour de l’Hexagone,représentant les immigrés, alorsque nous avions étudié le ralentis-sement des flux migratoires, unmois auparavant. J’ai senti lethème de l’invasion.

f Jackie, professeur d’histoire-géographie, collège de Cluses.

Nous avions la gueule de bois,en salle des profs. On s’est interro-gés sur le résultat national du FN.On a évoqué le rôle des médias etfait notre mea culpa par rapport ànotre vote de gauche « d’avertisse-ment » au PS. Face à la question desavoir si les enseignants devaientmanifester, nous étions assez parta-gés. Moi, j’estimais que le peuplesouverain avait tranché et quenous n’avions pas à aller manifes-ter. Après le deuxième tour, j’ai ditdevant mes élèves mon soulage-ment de voir élu le candidat de laRépublique et j’ai souligné queface aux situations graves, les Fran-çais savent s’engager. C’est la pre-mière fois de ma carrière que je mesuis engagé de la sorte. Mais on ades valeurs à faire passer à nos élè-ves. J’étais dans la ligne des instruc-tions ministérielles.

f Béatrice, professeur demathématiques, collège deCluses.

Parmi mes élèves de 4e, certainsont dit : « Il n’y a pas de problème,madame, on retournera au bled. »Pas de problème ! J’étais déstabili-sée. Deux jours après, je me suistenue à leur disposition pendant larécréation. Un groupe d’une dizai-ne d’élèves, presque tous d’originetunisienne, est venu. Je me suis car-rément mise de leur côté. Je leur aidit qu’au second tour, ils verraientque la France n’est pas comme ça.

J’étais très en colère. Des ci-toyens votent impunément Le Pen,et nous, nous en assumons lesconséquences. On travaille avecces gamins. Sentir cette violence,cette angoisse, cette peur… onaurait peut-être pu constituer ungroupe de parole.

N. G.

S O C I É T Éé d u c a t i o n

Le succès de « Matin brun », une fiction où le pire est advenu

Le modèle du professeur engagé dans la vie politique reculeLes enseignants restent cependant actifs dans les associations culturelles et d’aide sociale

« Dans les copies des élèves, j’ai l’impression queles idées du Front national percent plus qu’avant »

Page 13: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/13

François Besse est jugé parla cour d’assises de ParisFRANÇOIS BESSE,figure du grand bandi-tisme dans les années1970, comparaît depuismardi 4 juin devant lacour d’assises de Paris.Agé de 58 ans, il estpoursuivi dans six affai-res pour lesquelles ilavait déjà été condam-né par contumace à lapeine de mort et à laréclusion criminelle àperpétuité. Son nomest associé à celui de« l’ennemi public numé-ro 1 » de l’époque, Jac-ques Mesrine. Le 8 mai1978, ils avaient réalisé ensemble une évasion retentissante, en unifor-me de surveillants, du quartier de haute sécurité de la maison d’arrêt dela Santé, à Paris. En deux mois, les deux hommes avaient commis troisbraquages : dans une armurerie parisienne, le 16 mai 1978 ; au casinode Deauville, d’où ils s’étaient enfuis en tirant sur les forces de l’ordre, le26 mai 1978 ; puis dans un établissement bancaire du Raincy (Seine-Saint-Denis), où ils avaient pris en otage le banquier et sa famille, le30 juin 1978. Le dernier coup de François Besse fut l’organisation, en1986, de l’évasion de la prison de Rome d’André Bellaïche, membre du« gang des postiches ». Il a été arrêté au Maroc en 1994 puis extradé.

a POLICE : les syndicats de police ont rencontré Nicolas Sarkozy,lundi 3 juin, pendant plus de deux heures et demie. A tour de rôle,ils ont exprimé au ministre de l’intérieur leurs priorités. M. Sarkozy a,de son côté, indiqué qu’il souhaitait en finir avec « la cogestion »entre les syndicats et l’administration.a JUSTICE : deux jeunes de 20 et 23 ans, interpellés à l’issue d’unemanifestation de défense des rave-parties, samedi soir 1er juin à Ren-nes, ont été condamnés, lundi 3 juin, à quinze jours et trois mois de prisonferme. Ils étaient poursuivis pour avoir jeté une bouteille de verre sur unpolicier, blessé à l’œil, et donné des coups de pied aux policiers.a Quatre adolescentes âgées de 15 à 16 ans ont été mises en examen,le 1er juin, pour « vol en bande organisée » avec violences après avoirdérobé, la veille, le sac d’une jeune fille et s’être acharnées sur elle dans unecave de Marly-le-Roi (Yvelines). Celle qui est considérée comme la meneu-se du groupe a été incarcérée à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis.a Un homme de 32 ans, plusieurs fois interné pour motifs psychia-triques, a été mis en examen et écroué, lundi après-midi 3 juin, àChâlons-en-Champagne, pour l’incendie criminel de la préfecture derégion Champagne-Ardenne et de la Marne (Le Monde du 4 juin).a ÉDUCATION : le neurobiologiste Jean-Didier Vincent, 67 ans, aété nommé, vendredi 31 mai, président du Conseil national desprogrammes, où il remplace Luc Ferry, qui occupait ce poste depuis1994 avant de devenir ministre de l’éducation nationale.

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Soupçons de « détournement de fondspublics » à l’office HLM de Clichy

Plus de 15 millions d’euros manquent dans la comptabilité de l’office. Lemaire PS de la ville, Gilles Catoire, assure « dormir sur ses deux oreilles »

LA SOMME est ronde et pourl’heure inexpliquée. La justiceenquête sur un trou de plus de15 millions d’euros (100 millions defrancs) constaté dans la comptabili-té de l’office public HLM de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) sur lapériode 1993-1998. Michèle Luga,juge d’instruction à la section finan-cière du parquet de Nanterre, aouvert une information judiciairecontre X, en février 2001, pour« détournement de fonds publics »,« faux et usage de faux » et « favori-tisme ».

Dans le cadre de cette enquête,une perquisition a été effectuée,mardi 14 mai, à la mairie de Clichy-la-Garenne, dans ses services finan-ciers situés dans un autre bâtimentet au domicile du maire (PS), GillesCatoire, qui est également prési-dent de l’office HLM. M. Catoire,qui n’a pas été entendu à ce jourpar les enquêteurs, a jugé la perqui-sition « superflue, et même contesta-ble le lendemain du dépôt de [sa]candidature aux élections législati-ves ». Les enquêteurs du servicedépartemental de la police judiciai-re (SDPJ) des Hauts-de-Seine, assis-tés d’un expert-comptable, étu-dient actuellement deux dossierssaisis aux services financiers, por-tant sur la comptabilité de l’office.En septembre 2001, une perquisi-tion avait été effectuée dans leslocaux de l’office HLM de Clichy.

« »A l’origine de l’information judi-

ciaire se trouve un rapport de la Mis-sion interministérielle des loge-ments et des organismes sociaux(Milos), ayant mis en cause la ges-tion financière de l’office de Clichy.Rendu en août 1998, ce rapportdénonçait des « techniques compta-bles irrégulières et coûteuses », la« vente de locaux dans des condi-tions gravement irrégulières » et la« falsification des comptes de l’offi-ce ». Le rapport rappelait égale-ment que dès 1992, la « situationfinancière très préoccupante » del’office était connue. C’est égale-

ment en 1998 que la chambre régio-nale des comptes d’Ile-de-France,saisie par le préfet, a rendu sesobservations sur la gestion del’OPHLM de Clichy. Elle soulignaitalors que l’endettement de l’officeétait passé de 606 millions de francsen 1991 (92 millions d’euros) à1,092 milliard de francs en 1995(166,5 millions d’euros), atteignantun niveau « très au-delà de ses capa-cités de remboursement ». Indice decette politique périlleuse : en 1996,l’office a souscrit un emprunt de62,4 millions de francs (9,5 millionsd’euros), censé servir à la restructu-ration de la dette de l’office maisqui a, en fait, insiste la chambrerégionale, « servi à soutenir irréguliè-rement la trésorerie défaillante del’office ».

Maire de Clichy-la-Garennedepuis janvier 1985, Gilles Catoireaffirme « dormir sur [ses] deuxoreilles, puisqu’il n’y a rien dans ledossier ». Dans un communiqué dif-fusé après la perquisition à la mai-rie, M. Catoire affirmait être à l’ori-gine de l’enquête, dès lors que l’offi-ce HLM avait porté plainte avecconstitution de partie civile enjuin 1999.

En fait, deux informations judi-ciaires sont ouvertes et confiées à lamême juge. La première est la con-séquence de la plainte de l’office ;elle n’a pas avancé d’un pouce. Laseconde, datant de février 2001, faitsuite à l’enquête préliminaire con-duite par le SDPJ depuis le rapportde la Milos. C’est dans ce cadrequ’ont été menées les perquisitions.

« Certaines erreurs de gestion ontpu être commises, reconnaît GillesCatoire. Cet office a fait de gros inves-tissements en logements. Peut-êtreque la grenouille s’est vue plus grosse

que le bœuf. Mais depuis 1995, l’offi-ce n’a pratiquement plus fait de grosinvestissements. » De source policiè-re, on indique que les bilans ne cor-respondent pas à l’état réel de lacomptabilité, et que si l’office étaitune société privée, elle serait sansdoute en banqueroute. La juged’instruction Michèle Luga souhai-te déterminer l’origine du trou deplus de 15 millions d’euros constatédans la comptabilité et déterminerla destination de cette somme. Lesenquêteurs se demandent si deslogements n’ont pas été construitsen période pré-électorale sans lesfonds nécessaires.

En juin 2000, M. Catoire a été con-damné à huit mois de prison avecsursis et 20 000 francs (3 050 euros)d’amende par le tribunal correction-nel de Nanterre, dans une affaire defausses factures impliquant la socié-té d’économie mixte (SEM) ClichyCommunication. L’affaire avait écla-té en juin 1994, lors d’un conseilmunicipal houleux où Dov Yadan,un ancien socialiste élu sur la listeconduite par Didier Schuller (RPR),s’était interrogé sur « un finance-ment masqué de la SEM » par la mai-rie, grâce à des factures sans réellecontrepartie.

Le principal adversaire de GillesCatoire à l’époque, Didier Schuller,n’avait pu profiter des ennuis dumaire sortant pour lui succéder. Leconseiller général (RPR) s’étaitretrouvé mêlé à l’affaire de l’officepublic HLM des Hauts-de-Seine,toujours à l’instruction.

Revenu en France le 5 févrieraprès un exil de sept ans, DidierSchuller est soupçonné d’avoir étéau cœur d’un système de commis-sions occultes prélevées sur lesentreprises souhaitant avoir accèsaux marchés publics de l’officeHLM des Hauts-de-Seine, dont il aété directeur général entre 1986 et1994. La chambre de l’instructionde la cour d’appel de Paris a rejetéle 15 mai les requêtes en annulationet validé ce dossier.

Piotr Smolar

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« Certaines erreursde gestion ont pu êtrecommises. Cet office a faitde gros investissementsen logement »

DOIT-ON s’en réjouir ? Le nom-bre de personnes qui s’adressentau médiateur de l’éducation natio-nale ne cesse de croître depuis soninstallation au ministère fin 1998.Dans son deuxième rapportannuel, rendu public mardi 4 juin,Jacky Simon indique qu’il a reçu,avec les médiateurs académiques,4 936 réclamations en 2001, soit19 % de plus qu’en 2000. Autre faitnotable, les « usagers » de l’école,parents et étudiants, sont de plusen plus nombreux à recourir à sesservices : ils formulent 38 % desdemandes, contre 27 % deux ansplus tôt, les personnels éducatifscontinuant d’être majoritairesavec leurs inextricables problèmesde statuts ou de mutations.

Outre les efforts menés pour sefaire connaître, le médiateur expli-que cette progression par un« mouvement d’ensemble : parentset usagers veulent comprendre, ensavoir plus – c’est ce que certainsappellent le consumérisme. Si on neleur répond pas, ils saisissent les tri-bunaux et considèrent qu’on lesméprise. Les événements politiquesrécents nous ont montré le dangerd’une telle attitude ». Entre les5 000 pages annuelles du Bulletinofficiel ou les 56 textes auxquelsrenvoie cette instruction sur l’orga-nisation du bac à l’étranger,d’aucuns s’égarent encore dans labureaucratie du mammouth. L’ad-ministration, malgré des progrès,

doit évoluer pour traiter person-nels et usagers avec humanité.

M. Simon insiste sur un thèmemajeur : « La gestion de la différen-ce ». En matière d’intégration desenfants handicapés à l’école, untrop grand écart sépare les afficha-ges ministériels des réalités vécuespar les parents, critique le média-teur. « Il existe d’abord une grandeambiguïté dans les discours et dansla loi de 1975 sur le droit à la scolari-

sation ; ensuite, les parents ont desdifficultés à dialoguer avec les struc-tures en place ; enfin, des freins réelsleur sont opposés. » Parmi eux,M. Simon enregistre une certainepeur des enseignants, qui récla-ment une formation adéquate.Mais aussi « un non-dit, une pres-sion subtile exercée par les autresparents pour ne pas accepter lesenfants différents des autres ». D’oùune proposition radicale : inscriresystématiquement tous les enfantsde 6 à 16 ans.

Indépendamment de l’actualitérécente, qui a vu plusieurs épreu-ves de concours d’enseignantsannulées, les examens et concourssont un autre sujet sensible (28 %des réclamations des usagers, enforte augmentation). Des média-teurs académiques ont parfoiscontraint des jurys à délibérer denouveau. Il faut, plaide M. Simon,que le principe de la souverainetédes jurys soit mieux connu. Adéfaut d’une double correction,« irréaliste », il conviendrait aussique ces derniers fournissent obliga-toirement une appréciation indivi-duelle des notes attribuées. « Sirien n’est fait, la situation va explo-ser », pronostique M. Simon.

Dans les deux tiers des cas, lesréclamations trouvent une répon-se satisfaisante. Mais le médiateur,qui s’affiche « modeste et détermi-né » insiste sur « une question parti-culièrement préoccupante, moinssur le plan de la statistique que surcelui de son impact général surl’image du système éducatif et de laconfiance de nos concitoyens » : ils’agit de la situation des ensei-gnants qui ont « perdu pied et quine savent plus à qui se confier pourtrouver une solution à leurs problè-mes ».

Le suivi de ses recommanda-tions préoccupe égalementM. Simon. Certaines, d’importan-ce, ont été éludées par l’administra-tion de l’éducation nationale : met-tre au point une charte du dialo-gue entre l’élève, le parent et le pro-fesseur ; mener une investigationapprofondie des manifestations deharcèlement moral ; ou encore étu-dier une organisation académique,et non plus nationale, des con-cours de recrutement des ensei-gnants des collèges et lycées, uneidée que l’inspection générale sug-gère depuis vingt ans à ses minis-tres successifs.

Nathalie Guibert

Le Monde de l’éducation du mois de juin consacre un dossier de seizepages aux « indésirables », ces élèves handicapés, étrangers, à problèmes ouissus de milieux défavorisés qui sont « trop hors norme pour être accueillispar l’institution scolaire » et deviennent des exclus de l’intérieur. Des éclaira-ges concernant les enfants intellectuellement précoces, les enfants autistes,les mineurs isolés chinois arrivant en France ou les collégiens qui ont étéexclus de plusieurs établissements successifs illustrent le dossier.

Figurent également au sommaire : un entretien avec Antonio Negri, undossier spécial sur la triche, ainsi qu’une présentation de l’équipe et desintentions du nouveau ministre de la jeunesse, de l’éducation et de larecherche, Luc Ferry.

C’EST une petite église de quar-tier, modeste, en béton gris et tôleondulée. Depuis samedi 1er juin,une centaine de sans-papiers,emmenés par le collectif départe-mental de l’Essonne, ont trouvé unrefuge à leur cause : la chapelle duSacré-Cœur, à Sainte-Geneviève-des-Bois. « Ils n’occupent pas leslieux, mais sont accueillis par l’Egli-se », souligne le Père Guy deLachaux, curé de cette paroisse enpasse de devenir un nouveau sym-bole de la lutte pour la régularisa-tion des clandestins.

Mais, pour l’instant, l’opération,destinée avant tout « à sensibiliserl’opinion publique à ce dossier »,n’a rien à voir avec celle qu’a con-nue, six ans plus tôt, l’église Saint-Bernard, à Paris, évacuée par desCRS le 23 août 1996. A Sainte-Geneviève, avec ses lits de camp etses couvertures de la Croix Rouge,entassés le long des murs, le cam-pement est de fortune. Ici, pas degrévistes de la faim, pas defamilles, pas de femmes ni d’en-fants parmi les sans-papiers. Justedes hommes, pour la plupart céli-bataires, et principalement d’origi-nes turque et sénégalaise, en malde reconnaissance et de soutienpublics.

Sellick, un des occupants d’origi-ne kurde, la trentaine soucieuse etle regard inquiet, raconte le senti-ment d’abandon vécu aujourd’huipar bon nombre de sans-papiers.« En faisant ça, au moins, il saitqu’on existe, qu’on est là. Il peut pasnous oublier. Il peut pas nous laissertomber. » « Il », c’est le maire, lapréfecture, les hommes politiques.Ceux qui pour eux, sans-papiers àl’affût d’horizon, détiendraient lesésame de leur liberté.

Comme beaucoup de ses compa-gnons de déroute, Sellick est arrivéen France au début des années1990, a travaillé pendant une cour-te année « grâce au récépissé » desa demande d’asile, pour finale-ment, faute de renouvellement deses papiers, tomber dans la clan-destinité et l’errance administrati-ve. Si beaucoup se disent détermi-nés à rester aussi longtemps qu’ille faut, « jusqu’à ce qu’on nous don-ne des papiers », l’Eglise, elle, nesemble pas prête à accepter un siè-ge de plusieurs mois et refuse dedéfendre le slogan « Régularisonstous les sans-papiers ! », brandinon loin de là, à Massy, par unautre collectif, qui campe depuis le19 avril sur le parvis de l’égliseSaint-Paul. Cette fois, le diocèserefuse d’ouvrir ses portes.

Dans l’Essonne, l’Eglise est pour-

tant coutumière du fait. Elle met àdisposition un local pour accueillirle siège départemental du collectif.Elle participe directement à sonaction via la Pastorale desmigrants. Mieux, en 1998, l’évêqueavait accepté d’héberger en lacathédrale d’Evry, pendant près dequatre mois, des centaines de sans-papiers. Le temps que la préfectu-re réexamine de nombreux dos-siers et en régularise certains. « Il yen a qui ont gagné, d’autres non »,résume Alassane, un sans-papiersd’origine sénégalaise qui a partici-pé à l’occupation de la cathédrale,mais a vu sa demande rejetée.

Pour preuve, il brandit la lettrede rejet du tribunal de Versailles.Un document de septembre 2001qu’il garde sur toujours lui. « Dansl’église, c’est comme en famille, cha-cun son rôle », raconte-t-il. Pourl’instant, le mouvement s’organi-se. On adopte un roulement entreceux qui vont rester dormir et lesautres. On gère les vivres. Onaccueille les militants associatifsvenus apporter leur soutien. Mais,surtout, on cherche à faire enten-dre la cause auprès de la mairie oude la préfecture.

La lutte s’annonce longue. Lundi3 juin, la préfecture a tenu à rappe-ler la réglementation. Elle ne rou-vrira de dossiers qu’en cas d’élé-ments nouveaux (mariage ou nais-sance). Reste le ballet des politi-ques, qui, à l’approche des législati-ves, se fait plus pressant. Lundisoir, sur le parvis de l’église, NoëlMamère, candidat des Verts àl’élection présidentielle, est venuapporter son soutien.

Céline Develay-Mazurelle

LE CÉLÈBRE sexologue GilbertTordjemann vient de se voir inter-dire l’exercice de la médecine parla justice. Dans une ordonnancedatée du mercredi 29 mai, la juged’instruction parisienne CorinneGoetzmann a pris une mesure de« contrôle judiciaire étendu » àl’encontre du pionnier de la sexo-logie en France. A la demande duprocureur de la République, lajuge a notifié à M. Tordjemannune interdiction « à quelque titreque ce soit » d’exercer la médecinependant la durée de sa procédurejudiciaire.

Mis en examen le 13 mars pouragressions sexuelles et viols surmajeures à la suite de cinq plain-tes déposées par d’anciennespatientes, ce médecin avait déjàété placé sous contrôle judiciaire(Le Monde du 16 mars). Il n’avaitpas le droit d’entrer en contactavec les plaignantes, mais il pou-vait en revanche poursuivre sa pra-tique professionnelle.

Dans son ordonnance,Mme Goetzmann fait valoir troisarguments pour motiver sa déci-sion. Premièrement, la mise enexamen de Gilbert Tordjemann,relatée par la presse, a entraînédes dizaines de nouvelles plaintes.La parole s’est libérée. Au total,trente-deux anciennes patientesont écrit à la juge pour dénoncerles pratiques de ce docteur qui,d’après ces femmes, s’est servi« de son ascendant et de sa notorié-té » pour abuser d’elles. Deuxième-ment, l’une des plaintes fait réfé-rence à des faits récents qui seseraient produits après la procédu-re disciplinaire lancée par leconseil départemental de l’ordredes médecins. Enfin, les expertisespsychologiques subies par les pre-mières plaignantes auraient con-forté leurs déclarations.

Accusé d’« abus sexuels » pardes patientes qui mettent en causela « perversité » de sa pratiquemédicale, le sexologue s’était déjàvu infliger, le 13 juin 2001, par leconseil national de l’ordre des

médecins, un mois d’interdictionde la médecine (effectif du 1er au30 novembre 2001). Ses pairsl’avaient condamné pour « viola-tion du secret médical » et « défautd’information », mais n’avaientpas retenu l’accusation d’abussexuels. « Les allégations de la plai-gnante ne reposent que sur les diresde celle-ci ; les témoignages de tier-ces personnes ne suffisent pas pourtenir pour établies les accusa-tions », notait, dans son jugement,l’ordre des médecins.

« »Devenue publique, cette affaire

a convaincu d’autres femmes deparler. Tandis que plusieurs plain-tes attendaient sur les bureaux duconseil de l’ordre, des patientesont choisi de s’adresser aux tribu-naux. « La décision prise par lajuge d’instruction d’interdire àM. Tordjemann d’exercer la médeci-ne devrait interpeller l’ordre desmédecins », estime Me ClaudeKatz, avocat des plaignantes. « Lapassivité du conseil de l’ordre paraîtfautive, voire complice », regret-te-t-il. Selon lui, les multiplestémoignages apportés au tribunaldepuis la mise en examen du sexo-logue « viennent nourrir le dossieret conforter la crédibilité des faits ».« Les victimes qui ont écrit au jugedisent toutes qu’elles se sentaientisolées et ressentent désormais lapossibilité d’être crues », constatel’avocat.

De son côté, Me Guy-CharlesHumbert, l’un des avocats de Gil-bert Tordjemann, annonce qu’ilva « immédiatement faire appel »,devant la chambre d’instruction,de l’ordonnance de contrôle judi-ciaire étendu. « Nous plaideronsle principe de la présomption d’in-nocence. Mon client conteste tou-jours formellement les accusationsportées contre lui », précise l’avo-cat. « La multiplicité des plaintesconfirme la thèse de la cabale »,considère-t-il.

Sandrine Blanchard

Le médiateur de l’éducation nationale critiqueles lacunes de l’intégration des handicapés à l’école

Le nombre de réclamations a fortement augmenté en 2001

Le médiateur note

une certaine peur

des enseignants,

qui réclament une

formation adéquate

« Le Monde de l’éducation » et les « indésirables »

L’Eglise accueilleune centainede sans-papiersdans l’Essonne

S O C I É T É

La justice interdit au sexologueGilbert Tordjemann, soupçonnéde viols, d’exercer la médecine

Des patientes ont déposé de nouvelles plaintes

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14/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

A LIRE EN LIGNE

LE DÉCORATEUR de théâtre,créateur de costumes et peintre,Jean-Denis Malclès, est mort jeu-di 30 mai dans un hôpital pari-sien. Il venait d’avoir 90 ans.

Né le 15 mai 1912 à Paris,ancien élève de l’école Boulle,Jean-Denis Malclès grandit enProvence. Jean-Louis Vaudoyer,alors conservateur de Carnavalet,remarque ses toiles au Salond’automne 1939, et fait appel àlui lorsqu’il est nommé adminis-trateur du Français. Le jeune artis-te va développer son style auprèsde Pierre Bertin. Il adapte lesdécors de Fantasio de Musset,puis réalise ceux des Espagnols auDanemark de Mérimée, des Cavesdu Vatican de Gide, ou du Voyagede M. Perrichon de Labiche.

L’œuvre de Jean-Denis Malclèsest intimement liée au bouillonne-ment des scènes parisiennes del’après-guerre. Son style léger estparticulièrement représentatifdes années 1950 : dessin idéal quine craint pas les couleurs d’undécor affiché comme tel. Aprèsavoir inventé les fameux collantsdes Frères Jacques en 1945, ildevient, de 1946 à 1957, le décora-teur attitré de la compagnie Gre-nier-Hussenot, pour Orion leTueur (1946), notamment, ouLiliom de Molnar (1947).

« »Mais son nom reste surtout

attaché au théâtre d’Anouilh.Durant vingt-cinq ans, il participe-ra étroitement à la genèse de sespièces, définissant leur style jus-que dans la distribution. Suiventnotamment : Ardèle ou la Margue-rite (1948), La Valse des toréadors(1952), le décor de grange styliséde L’Alouette (1953), Becket oul’amour de Dieu (1959), L’Hurlu-berlu (1959), La Grotte (1961),Cher Antoine (1969)… De son col-laborateur, Anouilh disait : « Ilrend les rêves solides… lorsqu’il estpassé, on peut voir et toucher. »« Chez Anouilh, répondait Jean-Denis Malclès, le mélange de réali-té et de cocasserie doit être rendupar les détails. » Et à propos desPièces grinçantes, il ajoutait : « Leréel n’est pas compatible avec leurstyle. »

Jean-Denis Malclès estimait eneffet qu’il convenait de « transpo-ser » la réalité au théâtre, « le vraisonnant souvent faux ». C’est dansce même esprit qu’il collaboreraavec la compagnie Renaud-Bar-rault, travaillera pour les plusgrandes scènes lyriques : Opérade Paris, de Hambourg ou de Ber-lin, Scala de Milan, Covent Gar-den, ou pour le Festival d’Aix-en-Provence. Egalement peintre, affi-chiste, illustrateur de livres etauteur de cartons de tapisserie,Jean-Denis Malclès avait aussiréalisé les peintures murales dupaquebot France, et la célèbreaffiche de La Belle et la Bête, deJean Cocteau.

Jean-Louis Perrier

C A R N E T

CARNET DU MONDETARIFS ANNÉE 2001-2002 - TARIF à la ligne

DÉCÈS, REMERCIEMENTS,AVIS DE MESSE,ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS TARIF ABONNÉS

NAISSANCES, ANNIV. DE NAISS., MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS

FORFAIT 10 LIGNES : 120 € - 787,15 F TTCLa ligne suppl. : 12 € - 78,71 F TTCTARIF ABONNÉS 100 € - 655,96 F TTCLa ligne suppl. : 10 € - 65,60 F TTC

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AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

Danièle etYves COMETSsont heureux d'annoncer la naissance deleur premier petit-fils,

Malo,

le 12 mai 2002, à Paris,

chezJuliette etEmmanuel SÉNÉ.

Anniversaires de naissance– Schoelcher, 5 juin 1984.

Le grand jour est arrivé...

Joyeuse majorité,

Aude chérie !

Nous t'embrassons très fort et t'aimonsencore plus.

Papa, Maman, Anne-Céline etArnaud.

MariagesLeurs petits-enfants,

leurs enfants,Ainsi queMme Gabriel ROLLINAT,

sont heureux de faire part du mariage de

Jacques HOLVECKet

Michèle ROLLINAT,

célébré à Paris le 30 avril 2002.

7, rue Poussin,75016 [email protected]

Décès

– L'Institut de psychosomatique deParis,

Son conseil d'administration,Marilia Aisenstein,

son président,ont le grand regret de faire part du décèsde

M. Camille CABANA,ancien ministre,

commandeur de la Légion d'honneur,membre éminent

du conseil d'administration de l'Institut.

– Mehdi Qotbi,président du Cercle d'amitié franco-marocain,

Le conseil d'administration,Le bureau,

souhaitent rendre un hommagechaleureux à

Camille CABANA,

disparu le 2 juin 2002.

Camille Cabana fut président duCercle de 1994 à 1996. Nous voulonssouligner combien il a été l 'ami duMaroc, pour lequel i l avait unattachement particulier, et combien il acontribué à développer et à forger cetteamitié franco-marocaine dont il avait faitl'une de ses priorités.

A ses proches, vont nos condoléancestrès attristées.

Cercle d'amitié franco-marocain,37, rue des Mathurins,75008 Paris.

– Noëlle Vidal,sa sœur,

Pierre Cabana,Yves et Patricia Cabana,Isabelle et Emmanuel Quainon,Cécile et Nicolas Draut,

ses enfants,Sébastien, Marie-Sophie,Aygline, Nicolas, Marine,Elodie, Thibault, Tanguy,Chloë, Etienne, Jeanne, Maïlys,Gabriel, Julie, Camille,

ses petits-enfants,ont la grande tristesse de faire part dudécès de

M. Camille CABANA,ancien ministre,

commandeur de la Légion d'honneur,

le 2 juin 2002.

La cérémonie religieuse sera célébréele mercredi 5 juin, à 15 heures, enl'église Saint-François-Xavier, Paris-7e.

L'inhumation aura lieu au cimetièred'Elne (Pyrénées-Orientales), dansl'intimité familiale.

1 bis,avenue de Lowendal,75007 Paris.

– M. Nasser El Ansary,directeur général de l'Institut du mondearabe,

Les membres du conseild'administration de l'Institut du mondearabe,

Et l 'ensemble du personnel del'Institut du monde arabe,ont la tristesse de faire part du décès de

Camille CABANA,président de l'Institut du monde arabe,

préfet, ancien ministre,commandeur dans l'ordrede la Légion d'honneur,

survenu le 2 juin 2002.

Institut du monde arabe,1, rue des Fossés-Saint-Bernard,75005 Paris.

(Le Mondedu 4 juin.)

– Ses amies,Ses collègues,Ses camarades de l'Ecole,

ont la tristesse de faire part du décès de

Gisèle CHASSEUR,agrégée de philosophie,

ancienne élèvede l'Ecole normale supérieure

(promotion 1950),inspecteur d'académie,

inspecteur pédagogique régionalhonoraire,

survenu le 30 mai 2002.

Les obsèques religieuses ont eu lieu àDijon, le mardi 4 juin.

– Le président,Le conseil d'administration,Et les organisations membres du

comité de coordination des œuvresmutualistes et coopératives del'éducation nationale,ont la tristesse de faire part du décès deleur ancien président,

Pierre CHEVALIER,

le 30 mai 2002.

Ses obsèques se sont déroulées dans lastricte intimité à Aurillac (Cantal).

– MmeJacques Fauvet,son épouse,

M. et MmeJean-Claude Fauvet,M. et MmeDominique Fauvet,M. Christian Fauvet (†),MmeHenry Rey,

en union avec Henry (†),M. et MmeMichel Vauzelle,

ses enfants,Alexandre et son épouse, Véronique,

Capucine,Aurélie, Gaétan, Laure, Camille,

Henry, Benjamin et son épouse,Charlotte,

Clémentine, Marie, Sébastien,Romain,ses petits-enfants,

Victoire et Gabriel,ses arrière-petits-enfants,ont l'immense douleur de faire part dudécès de

M. Jacques FAUVET,grand croix de la Légion d'honneur,

grand croix de l'ordre nationaldu Mérite,

croix de guerre 1939-1945,

survenu, dans sa quatre-vingt-huitièmeannée, le samedi 1er juin 2002, à Paris.

Les obsèques religieuses serontcélébrées le mercredi 5 juin, à 10 h 30,en l'église Saint-Louis des Invalides(entrée par l'esplanade des Invalides).

L'inhumation aura lieu à 18 heures, aucimetière du Pouliguen (Loire-Atlantique).

5, rue Louis-Boilly,75016 Paris.

(Le Mondedu 4 juin.)

– Irène Federbusch,son épouse,

Michel et Serge Federbusch,ses enfants,

Toute sa famille,ont la douleur de faire part du décès de

Marcel FEDERBUSCH,

survenu le 31 mai 2002, dans sa quatre-vingt-douzième année.

Une cérémonie sera célébrée levendredi 7 juin, à 11 h 30, aucrématorium du cimetière du Père-Lachaise, à Paris.

Ni fleurs ni couronnes.

Cet avis tient lieu de faire-part.

4, square de Maubeuge,75009 Paris.

– MmeMarie-France Rannou,sa sœur,

Mlle Maud Serre,MmeMarie Gandon,

ses proches,Les familles Larmignat et Monory,

ont la douleur de faire part de ladisparition de

Mlle Odette GILLARD,agrégée de l'Université,

professeur honoraire et officierdes Palmes académiques,

rappelée à Dieu, le 1er juin 2002, muniede l'onction des malades.

Une messe sera dite le mercredi5 juin, en l 'église Saint-Gabriel, saparoisse, 5, rue des Pyrénées, à Paris-20e, à 9 heures.

L'inhumation aura lieu à Marseille, le6 juin.

4, avenue Saint-Exupéry,13008 Marseille.60, rue de Lagny,75020 Paris.4, rue de Furstenberg,75006 Paris.

– Les anciennes élèves du lycéeHélène-Boucher, à Paris,rendent hommage à

Mlle Odette GILLARD,

décédée le 1er juin 2002,

qui fut leur professeur de lettres jusqu'en1969.

– Saint-Etienne. Saint-Germain-des-Prés (Dordogne).

MmeJosette Roux,sa compagne,

Mmeet M. Barroiset leurs enfants,

MmeMartine Granger-Houtiet ses enfants,

M. et MmeRenaud Dupratet leur fils,

M. Hervé Duprat,M. Michel Duprat,Ses amis,

font part du décès de

M. Charles GRANGER,

survenu le 1er juin 2002.

Il avait quatre-vingts ans.

L'incinération a eu lieu dans l'intimitéfamiliale.

Le Coteau,24160 Saint-Germain-des-Prés.27, rue Emile-Clermont,42100 Saint-Etienne.

– Colette Lebouc,sa mère,

Fanny et Alexandre,ses enfants,

José Santoni,sa compagne,

M. et MmeYves Leboucet leurs enfants,

M. et MmePhilippe Leboucet leurs enfants,

Mlle Suzanne Ricard,Me Christian Pautonnier,Me Michel Menant,

ont le regret de faire part du décès de

Me Gérard LEBOUC,

le 31 mai 2002.

Ses obsèques ont été célébrées dansl'intimité familiale, à Saint-Florentin(Yonne), le 3 juin.

6, place du Souvenir,89600 Saint-Florentin.

– Françoise Lervya la douleur d'annoncer le décès de

Marguerite LERVY(22-12-1920 - 01-06-2002).

F. Lervy La Bourdelière,69930 Saint-Laurent-de-Chamousset.

– La famille de

Mme Flora LEWIS

a la tristesse de faire part de son décès,survenu le dimanche 2 juin 2002, à Paris.

Les obsèques auront lieu dansl'intimité familiale.

Une cérémonie à sa mémoire seracélébrée ultérieurement à Paris.

Des dons peuvent être adressés auFlora Lewis Journalism Scholarship,

School of Communication, Université américaine de Paris.

(Le Mondedu 4 juin.)

Alain PECQUEUR,fondateur d'Afrique verte,

nous a quittés le 31 mai 2002, à Angers.

Suzanne Rauzy-Pecqueur,son épouse,

Christophe,son fils,

Muriel et Sarah Génot,ses belles-filles,

MmeJean Pecqueur,sa mère,

Philippe (†), Bernard et Jean-PierrePecqueur,ses frères,

Maria Elvira, Elvire et Françoise,ses belles-sœurs,

Toute la famille,Et ses amis,

se sont réunis autour de lui, le mardi4 juin, en l'église Sainte-Bernadette, àAngers.

L'inhumation a lieu au cimetière del'Est.

Cet avis tient lieu de faire-part.

MmeRauzy-Pecqueur,61, résidence du Bellay,boulevard Henri-Dunant,49000 Angers.

– Afrique verte France et Sahela la tristesse de faire part du décès de

Alain PECQUEUR,ancien directeur de l'association.

Elle s'associe à la douleur de safamille.

L'œuvre de notre ami Alain continue.

– Son épouse,Ses enfants,Ses frères,Ainsi que toute sa famille,

ont la douleur de faire part du décès de

Jean-Jacques PETTER,professeur au MNHN,

ancien directeur des parcs zoologiques,

survenu le 27 mai 2002.

Les obsèques se sont déroulées lejeudi 30 mai, dans la plus stricteintimité.

– A tous ceux qui l'ont connu et aimé,Hélène Retzepopoulos,

son épouse,Les familles Retzepopoulos et

Petrossian,ont la douleur de faire part du décèssoudain de

Babis RETZEPOPOULOS,peintre-graveur,

dans sa soixante-deuxième année.

L'inhumation a lieu à Athènes ce4 juin 2002.

– Elisabeth Durand-Colsonet Fabien Durand,

Marie-Aude, Gianni et Laura,Jean-Benoît et Maud,

ses enfants, petits-enfants, son arrière-petite-fille,ont la douleur de faire part du décès de

Mme Christiane SEAS,

le 1er juin 2002.

Remerciements– Caromb.

Quand

Jean-Marc FAUROUS

nous a quittés, vouz avez essayé, par vossignatures, vos fleurs, vos messages,votre présence physique ou morale,d'adoucir notre immense chagrin.

Nous vous prions de trouver, par cesmots, l 'expression de notre profondremerciement et de nous excuser auprèsdes personnes qui auraient pu êtreoubliées, notamment celles dont l'adressen'apparaissait pas.

Danielle Faurous,son épouse,

Et sa famille.

– MmeJulia Kristeva-Joyaux,MmeIvanka Stoïnova Kristeva,M. Philippe Joyaux,M. David Joyaux,

remercient les personnes et les amis quiont exprimé leur sympathie à l'occasiondu décès de

Mme Christine KRISTEVA,née PASKOVA,

survenu à Sofia (Bulgarie), le17 mai 2002.

Commémorations

– Serge Klarsfeldet l'association Les fils et filles des déportés juifs deFrance,32, rue La Boétie, Paris-8e, tél. :01-45-61-18-78, rappellent le souvenirdu second convoi qui a quitté la gare deCompiègne, le 5 juin 1942, pour le campd'extermination d'Auschwitz-Birkenau,avec mille hommes. Le mercredi5 juin 2002, en gare de Compiègne,seront lus à midi tous les noms desdéportés du convoi n° 2 devant la stèleélevée par les FFDJF à la mémoire desdéportés des convois nos1 et 2. Quaranteet un survivants en 1945.

L'exposition des FFDJF « Enfantsjuifs déportés de France » serainaugurée le 5 juin, à 18 heures, dans lehall des Pas-Perdus de la gare Paris-Saint-Lazare. Elle sera présentéejusqu'au 21 juillet, date de la Journéenationale à la mémoire des victimes descrimes racistes et antisémites de l'Etatfrançais et d'hommage aux « Justes » deFrance.

Débats« Les sciences sociales dans le monde ».

Débat avec: Maurice Aymard, MSH, Ali Kazancigil, Unesco, Maurice Godelier, Ehess,

Margaret Maruani, CNRS,Valery Nosulenko, Académie

des sciences de Russie, Helgio Trindade, UFRGS, Porto Alegre,

Jean-François Dortier, sciences humaines,

jeudi 6 juin 2002, 18 heures,Maison des sciences de l'homme,

54, boulevard Raspail, Paris-6e.

CoursApprendre le russe à Moscou,

au CREF.Stages été intensifs. Stages à l'année.

www.apprendrelerusse.com(00) 7-095-203-70-68.

Communications diverses– Au CBL, 10, rue Saint-Claude,

Paris-3e, jeudi 6 juin 2002, à 20 h 30 :« De l'antisémitisme au

philosémitisme », par J. Eladan, auteurde :Victor Hugo, la Bible et la Kabbale(éd. NM7).

Réservations : 01-42-71-68-19.

– Centre communautaire de Paris,en collaboration avec Menorah,mercredi 5 juin, à 20 h 30, hommage augrand rabbin Ernest Gugenheim : « Lemaître et le citoyen », en présence denombreuses personnalités.

119, rue La Fayette, Paris-10e.Tél. : 01-53-20-52-52 (PAF).

Retrouvez sur le site Internet duMonde (www.lemonde.fr/carnet) ledétail des nominations, l’essentieldes lois, décrets et décorations parusau Journal officiel, ainsi que lesadresses des sites publiant des docu-ments significatifs.

NOMINATIONFrançois Goudard, préfet, a éténommé président de la missioninterministérielle aux rapatriés,mercredi 29 mai en conseil desministres.

DOCUMENTS OFFICIELSLe Sénat diffuse en ligne les enre-gistrements vidéo des auditionspubliques auxquelles ont procédéles membres de la commissiond’enquête sur les diverses mesuresde protection, d’assistance, de sur-veillance et d’éducation auxquellesles mineurs délinquants peuventêtre soumis et leur adaptation à lanécessité de réinsertion de cesmineurs.www.senat.fr/evenement/delinquance_mineurs.html

DISPARITION

Jean-DenisMalclès

Le décorateurdu théâtre d’Anouilh

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LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/15

MARSEILLEde notre correspondant régionalIl y a des chiffres qu’il faut pren-

dre le temps d’analyser : au secondtour de la présidentielle, Jean-MarieLe Pen a recueilli dans la 7e circons-cription des Bouches-du-Rhône10 749 voix sur 45 567 inscrits(31,58 %). En 1993, Maurice Gros,candidat du FN, avait rassemblé8 039 personnes au premier tour(28,52 %), et 10 714 au second, où ilperdit en duel contre un RPR(44,91 % des 52 009 inscrits).

A quelques points près, le FN eststable depuis plus de dix ans dansces quartiers du nord de la ville. Ils’est enraciné dans ce patchworkd’immeubles des années 1960-1970,de HLM datant d’avant ou d’aprèsla seconde guerre et de noyaux villa-geois mariant villas de banlieue etpetits immeubles résidentiels. Quel-ques centres commerciaux formentle seul lien entre des mondes quis’ignorent d’autant plus que lesgens les plus aisés ont abandonnél’école publique aux plus pauvres,

c’est-à-dire aux enfants d’étrangersou de l’immigration récente, d’origi-ne arabe ou comorienne en particu-lier. Il y a ici 10 313 étrangers recen-sés (10 % de la population totale),mais le quart des habitants sont néshors de France métropolitaine.

Autre chiffre issu du recensementde l’Insee : il y a ici 13 112 chô-meurs, sur 103 067 habitants. 13 000chômeurs, 11 000 électeurs du FN :on pourrait comparer, puisque ceparti se proclame souvent le porte-parole des déshérités. C’est faux ici,car les bastions électoraux du FNsont situés précisément dans lesbureaux les moins pauvres des quar-tiers nord. Il ne s’agit ni de bour-geois ni de classes salariées supérieu-res, quasiment absentes : les diplô-més de l’enseignement supérieur nereprésentent que 9,49 % de la popu-lation, et les gens n’ayant aucundiplôme représentent 40,54 %. Levote pour M. Le Pen est celui dequelques commerçants ou artisans,de membres peu nombreux de pro-fessions libérales, mais surtout

d’ouvriers, d’employés ou de prére-traités – très nombreux dans la zonedepuis l’effondrement du complexeindustrialo-portuaire. Ces électeursont de meilleures conditions de vieque les habitants des grandes citésHLM.

Dans le bureau de vote Merlan-Cerisaie, au pied des collines quienserrent la ville, M. Le Pen a ras-semblé 40,87 % des voix au secondtour. Or il regroupe les habitantsd’une coquette cité HLM d’em-ployés, qui comprend 312 boîtesaux lettres, et ceux d’une petitecopropriété privée, qui en a 120. Sion ajoute une cinquantaine de vil-las alentour, on arrive à 430 loge-ments, soit la totalité des 853 ins-crits : ils offrent à l’extrême droiteson deuxième score en importan-ce, et ce n’est justement pas lepublic pauvre et chômeur de la cir-conscription.

Stéphane Mari, conseiller de sec-teur qui travaille avec le conseillergénéral socialiste Denis Rossi, rap-pelle d’ailleurs que ces électeurs

viennent d’obtenir du conseil géné-ral un miniterrain de sports, une sub-vention pour l’informatique dansl’école primaire et une aide pour leclub bouliste. Ils ne sont donc pasabandonnés, ils ont plutôt peur quela misère et son cortège de difficul-tés ne se rapprochent d’eux. Mais ily a surtout « un ancrage raciste dansla tête des gens », souligne le mêmeStéphane Mari, qui examine lesbureaux de vote à la loupe.

Autre fameux score Le Pen : à

l’extrême sud-ouest de la zone,quand les quartiers nord descen-dent vers le plat de la ville. Aubureau Paul-Strauss de Saint-Gabriel-Bon-Secours, il obtient43,59 %. L’ensemble HLM Paul-Strauss, qui domine le lieu, est leplus ancien de la ville : bâti en 1923par l’Office public d’habitation dela Ville de Marseille, il est à la foisusé et pimpant, avec ses bâtimentsde six ou huit étages à toit de tuiles,et ses balcons surmontés de tuilesdécoratives. Un monument auxmorts trône au milieu de la placeombragée avec ses dix bancs mar-ron, ses deux petits bars, sa supé-rette et quelques commerces alen-tour. Ici votent ceux qui constituè-rent longtemps le cœur de la classeouvrière communiste – la conseillè-re générale de ce morceau de cir-conscription est toujours au parti.Ils sont souvent retraités – ou prére-traités – de la réparation navale,des docks et d’autres industriesréduites à l’état de traces doulou-reuses dans les mémoires. Commeles habitants des villas de bric et debroc installées le long des petitesavenues tranquilles. A quelquescentaines de mètres, les barres desRosiers ou de la Marine dressent

leurs imposantes silhouettes – maisleurs habitants ne votent pas là.

Les animateurs du centre socialexpliquent que le stationnement per-manent des jeunes gens sur lesbancs de la placette exaspère leshabitants. Ces jeunes, de 15 à30 ans, ont une réputation de petitsou de grands délinquants, pas tou-

jours injustifiée. Le paradoxe de l’af-faire est que ce groupe comprendaussi des enfants des vieux HLM.L’analyse de l’environnement de cebureau confirme en tout cas quece ne sont pas, majoritairement, lesplus petits qui votent Le Pen.

Mais la directrice du centre, Daniè-le Galus, raconte aussi que cet hiver,faute d’équipement suffisant, elle adû exclure de la distribution des Res-tos du cœur un groupe de cinquantefamilles qui remplissaient les critè-res d’attribution. La grogne a été for-te et les mots entendus blessantspour les bénéficiaires, dont pas malsont des étrangers. Danièle Galussuppose que parmi ces pauvres genson trouve une partie des voix deM. Le Pen de la circonscription.

Quant aux chômeurs, âgés ou jeu-nes, ils se trouvent plutôt dans lesgrands ensembles. A Fontvert parexemple, le long de la rocade Salva-dor-Allende, sorte d’autoroute qui acoupé la ZUP en deux : le présidentdu FN a fait… 7,31 % des voix, tan-dis que de l’autre côté de la rocade,à Picon - La Busserine, il n’en récol-tait que 16,72 %. Il s’agit de deuxensembles, qui produisent ce rejetdont parle le candidat du Frontnational, Stéphane Ravier. « Lesgens votent pour nous parce qu’ils veu-lent se sentir chez eux et ils sont révol-tés contre ce qui se passe dans cescités où les populations immigréesrefusent obstinément de s’intégrer »,explique-t-il. Une façon de confir-mer la distribution du vote FN dansces quartiers.

Michel Samson

La gauche cherche toujours les causes de ses échecs

b Neuf « majoritéprésidentielle » : huitont l’investiture de l’UMP :Roland Blum (DL,dans la 1re circonscription) ;Jean-François Mattei,ministre de la santé,de la famille et des personneshandicapées (DL, dans la 2e) ;Jean Roatta (DL, dans la 3e) ;Renaud Muselier (RPR,dans la 5e) ; Guy Teissier (DL,dans la 6e) ; Bernard Deflesselles(DL, dans la 9e) ; Christian Kert(UDF, dans la 11e) ; Léon Vachet(RPR, dans la 15e). Jean-BernardRaimond (RPR, dans la 14e) n’a pas

reçu l’investiture UMP etse présente sous l’étiquette UDF.b Trois socialistes : SylvieAndrieux (PS, 7e circonscription) ;Vincent Burroni (12e) ;Michel Vauzelle(16e circonscription).b Deux PCF : Roger Mei(10e circonscription) ;Michel Vaxès (13e).b Ne se représentent pas :Jean Dufour (sans étiquette,dans la 4e circonscription),qui avait succédé à Guy Hermier(PCF), décédé ; Marius Masse(PS, dans la 8e), qui cèdesa place à son fils,

Christophe, lui aussi PS.b Les enjeux : la gaucheest affaiblie parla querelle de successiondans la 4e circonscription,où Patrick Mennuccise présente contre le communisteFrédéric Dutoit, investi par le PS.Le FN, qui réalise quelques-uns deses meilleurs scores dans cedépartement, préférerait destriangulaires au second tour,qui le mettraient en meilleureposition que des duels. Quantau MNR, il espère l’électionde son président , Bruno Mégret,dans la 12e circonscription.

MARSEILLEde notre correspondant régional

Seule femme députée des Bouches-du-Rhône, lasocialiste Sylvie Andrieux-Bacquet a longtemps craintque la gauche ne soit trop divisée pour pouvoir passerla barre des 12,5 % d’inscrits. Elle a finalement réussi àobtenir le ralliement du PCF et des Verts, avant que lecandidat du Pôle républicain ne se retire, ainsi qu’undissident Vert. Charles Hoareau, créateur du comitéCGT-chômeurs, lui, ne l’a pas fait, pas plus que TaharRahmani, son ex-colistier remuant des dernières élec-tions municipales. LO et d’autres candidats inconnusconcourent également : 14 au total. La droite locale aenvoyé Marie-Jeanne Fay Bocognani, adjointe aumaire de Marseille, inconnue dans la zone. Le FN pré-sente Stéphane Ravier, et le MNR Hubert Fayard.

L’inscription dans le temps des scores d’extrêmedroite aurait dû permettre à la gauche de comprendreles causes de cet enracinement et d’y trouver desréponses. Ces questions « sont pénibles à entendre, carelles nous remettent en question », avoue une responsa-ble socialiste. Garo Hovsépian, maire du secteur etsuppléant de Mme Andrieux, soutient par exemple que« le FN ne peut avoir de racines » dans un secteur telle-ment « riche de ses communautés ». Il attribue sa forceà la dégradation persistante des conditions d’habita-tion. La députée sortante évoque elle aussi les diffici-les conditions de vie dans des cités où les organismesHLM « ne sont pas à la hauteur ». Elle remarque sur-tout « un individualisme exacerbé, un égoïsme qui res-semble au poujadisme de l’époque ». Le terme d’« in-dividualisme » est d’ailleurs repris par Christophe

Madrolle, conseiller municipal des Verts, travailleursocial dans le quartier. Robert Bret, sénateur commu-niste et conseiller de secteur, relie la force de FN « àcette Europe sans dimension sociale, au mode de gestionlibéral », qui détruisent les liens sociaux. Nadia Brya,secrétaire de section socialiste, estime que le vote FN« n’est pas un vote fasciste ». Rappelant que les idéesde Jean-Marie Le Pen « circulent depuis vingt ans »,elle espère que « la présence sur le terrain » les ferontreculer un jour. Mais aucun de ces interlocuteurs neprononce spontanément le mot de racisme.

En 1987, interrogé sur les mêmes points, un respon-

sable socialiste du lieu estimait qu’il suffisait d’expul-ser « ces quelques dizaines de délinquants qui sèment laperturbation », pour que les quartiers retrouvent leurcalme et pour que le vote FN baisse. Guy Hermier,député PCF du secteur voisin, évoquait la dégradationdes conditions de vie et d’habitation « la vie trop dure,la situation abominable » pour expliquer la percée del’extrême droite. A gauche, on expliquait qu’il n’yavait pas de militants FN dans leur secteur. A l’épo-que, ils se trompaient : le FN disposaient de deux per-manences et de militants discrets mais actifs sur lesquartiers nord de la ville, comme en témoigne le livred’Anne Tristan Au Front (Gallimard, 1987). Cetteannée, Stéphane Ravier prépare ses tournées de« tractage » au centre-ville, mais il n’ouvrira pas depermanence électorale sur le secteur.

M. Sa

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2002

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12 054

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Marseille-Nord : les classes moyennes se réfugient dans le vote FNBouches-du-Rhône (7e circonscription). Employés, petits commerçants, artisans, mais aussi des anciens ouvriers communistes apportent

leurs voix à l’extrême droite. Ils redoutent la contagion de la misère et de la délinquance dans leurs quartiers encore tranquilles

R É G I O N Sl é g i s l a t i v e s

RENDRE à la nature – et accessi-bles aux Parisiens et aux habitantsde la région – une plus grande partiedes bois de Boulogne et de Vincen-nes, ces deux poumons verts de lacapitale de près de 1 000 hectareschacun. Tel est l’objectif fixé parYves Contassot, adjoint (Verts) aumaire de Paris, chargé de l’environ-nement et des espaces verts, en pré-sentant, lundi 3 juin, les « orienta-tions », qui seront soumises au pro-chain Conseil de Paris, les 24 et25 juin. Aujourd’hui, seulement10 % du bois de Boulogne et 15 %du bois de Vincennes sont à l’abride toutes sortes de pollutions : vi-suelle, automobile et commerciale,ou tout simplement libres d’accès.

M. Contassot n’a pas fixé d’objec-tifs chiffrés à cette reconquête, maisa indiqué les grandes lignes du planqui sera mis en place, à partir del’automne, après concertation avec

les douze communes riveraines, lesdépartements, la région Ile-de-Fran-ce et les associations d’usagers. LaMairie de Paris souhaite d’abord yréduire drastiquement la circulationautomobile. Le bois de Boulogneest traversé, chaque matin, parautant de véhicules que les autorou-tes du Sud et de l’Est réunies.

Les activités commerciales et asso-ciatives, qui occupent près d’unquart de la surface des bois, serontmises sous surveillance. Elles de-vront signer une charte de bonneconduite, en particulier sur le planenvironnemental, pour obtenir lerenouvellement de leur concession.Leurs tarifs devront les rendre acces-sibles au plus grand nombre et lesredevances versées à la Ville serontrevues à la hausse. Certains « clubsréservés à une élite » devront dispa-raître sous leur forme actuelle, selonM. Contassot.

Un certain nombre de manifesta-tions, comme le Salon de la voitured’occasion, qui a lieu actuellementchaque mois dans le bois de Vincen-nes, seront carrément proscrites.Mais rien n’a encore été décidé surl’avenir des hippodromes, et en par-ticulier de ceux d’Auteuil et de Long-champ. Dans l’Ouest parisien égale-ment, aucune décision n’a été prisesur le projet d’agrandissement dustade de tennis de Roland-Garros.

L’absence d’objectifs précis dansle programme présenté par M. Con-tassot a immédiatement fait réagirles élus de l’opposition munici-pale. Ainsi, Pierre-Christian Taittin-ger, maire (DL) du 16e arrondisse-ment, s’étonne qu’« une nouvelleprocédure de concertation [soit] en-gagée, trois ans après celle lancée parJean Tiberi ».

Christophe de Chenay

La Ville de Paris à la reconquête de ses boisBoulogne et Vincennes devraient être plus accessibles au public

7

14 sortants sur 291 candidats

Bouches-du-Rhône7e circonscription

Chômage

Niveau d'éducation

Composition des ménages

20-24 ans

Aucun diplôme

Population

Marseille

103 067 hab.

Population étrangère(Maghreb + Turquie) 7,04%

32,7 %

44,0 %

40,54 %

Diplôme sup. 9,49 %

Hommes

Ouvriers

Prof. interméd.Catégories diverses

Employés

CadresRetraités

30,2 %

Femmes 35,6 %

Source : Insee (recensement 1999)

FRANCE

9,3

20,0

15,8

3,3

29,5

28,38

18,63

19,4

14,1

15,4

11,5

9,6

30,0

2,29

12,8

25,2

11,0

15,0

rappel

22,1

(population de 15 à 59 ans)

(selon la catég. socio-profess.du chef de famille)

16

15

13 1114

109

1 à 8

13

12

PROCHAIN ARTICLEL 3

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Page 16: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

16/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

’EST Cabu, au fond,qui en parle le plus.Dans Charlie Hebdoou Le Canard enchaî-né, il le croque, dés-œuvré, en pantoufleset en robe de cham-bre. L’Hebdo des socia-

listes, lui, est muet. Juste une photo légen-dée, le 27 avril : « François Hollande a renduhommage à celui qui, en notre nom, a menéla bataille de la présidentielle. Un hommagepartagé par l’ensemble des intervenants qui,tous, ont dit leur émotion. L’Hebdo des socia-listes s’y associe pleinement. » Un paragra-phe dans l’insubmersible « Bloc-notes » deClaude Estier, à la date du 6 mai : « En cedernier jour de sa vie politique publique, noussommes nombreux à vouloir lui exprimer à lafois notre affection et notre reconnaissancepour le travail qu’il a accompli pendant cinqans à Matignon, en même temps que pour lafaçon exemplaire dont il a conduit duranttant d’années le Parti socialiste et la gauchetout entière. Au citoyen privé qu’il reste aujour-d’hui, ajoute, mystique, le sénateur jospi-niste, nous disons qu’il reste près de nous,comme nous restons avec lui pour les futurscombats et les futures victoires. » Depuis,plus rien.

Lionel Jospin, sujet tabou. Lionel Jospin,sujet difficile, en tout cas. Cabu, le dessina-teur écolo qui n’a jamais caché ses sympa-thies pour les Verts, y pense chaque semai-ne : « C’est que je l’imagine très malheu-reux. » « Même les grandes douleurs doiventêtre racontées », explique-t-il. « Dans le Char-lie première époque, je me souviens qu’onavait déconné de longues semaines sur Fran-çoise Claustre, lorsqu’elle était otage des rebel-les toubous d’Hissène Habré. Quand elle a étélibérée, elle est venue nous remercier : “C’étaitune façon de ne pas m’oublier.” Le dessiner,c’est une manière de penser à lui. C’était pasle pire, quand même… »

Les socialistes en sont convaincus. D’ail-leurs, l’heure de la critique commence àpeine. Ce n’est que le 16 juin, soir du secondtour des législatives, qu’elle sera officielle-ment ouverte. Comme souvent, c’est Geor-ges Frêche, maire de Montpellier depuis1977, qui a osé le premier l’inventaire.Durant la campagne, il n’avait jamais tu sescritiques. Le 20 mars, lors d’un conseil poli-tique à l’Atelier, ce « vieux Mao » était inter-venu, juste après Pierre Mauroy, pour rappe-ler ce qu’il avait appris durant sa jeunesse :« Il est bien, votre programme, mais il est tropintelligent, trop long. Il est fait pour 3 % ou 4 %des Français. Il faudrait que quelqu’un le résu-me en un recto-verso. » Dès le 26 avril, dansLa Gazette de Montpellier, le city magazinede la ville, il perd toute retenue : « LionelJospin est le plus grand premier ministre de laVe République, et même du XXe siècle. Sesréformes traverseront le siècle. Mais, pour lacampagne, il a eu tout faux, et ça vient deloin. » La campagne, parlons-en. Chacun aune histoire en tête, un souvenir en mé-moire. Avec des versions souvent contra-dictoires : « J’ai lu des articles et des analysestrès différents sur elle. C’est normal, il n’y avaitaucune direction, et nous n’avions pas tous lamême information. On n’a jamais su com-ment ça fonctionnait », raconte le porte-parole du PS, Vincent Peillon, dont les rap-ports avec Lionel Jospin n’ont cessé de sedégrader durant la campagne. Le premierministre l’avait copieusement réprimandé,mardi 9 avril, depuis la voiture dans laquelleil se rendait au Grand-Quevilly : il venait dedécouvrir une dépêche de l’AFP où le dé-puté de la Somme invitait l’Atelier à « mieuxpréciser » et « expliquer » les propositionsdu candidat.

La campagne, tout le monde veut enparler. Tout le monde « l’avait bien dit… ».D’abord, ceux qui y ont pris toute leur place,comme Pierre Moscovici, qui a dû préparerle projet dans l’urgence, au sous-sol duministère des affaires étrangères : « Je restepersuadé que le programme était bon. Mais ilfallait du temps pour le préparer, le compac-ter, le digérer. » Ceux qui estiment n’avoirété écoutés que dans les dernières semaines,lorsque, prise de panique, l’équipe tente demobiliser l’électorat socialiste : dès le23 avril, Jean-Luc Mélenchon, Julien Dray etMarie-Noëlle Lienemann se sont sentis« déliés » de tout engagement avec le PS etont critiqué la « petite musique droitière » deLaurent Fabius ou de Dominique Strauss-Kahn. Ceux qui ont été mis à l’écart, commeBernard Kouchner : « Dans ce projet, il yavait tellement de propositions qu’il n’y avaitplus d’idées. En revanche, pas un mot sur le11 septembre, rien sur l’Europe ! Ensuite, on agauchi la campagne, on se serait cru au paysd’Emmaüs ! » Ceux qui font leur mea culpa,comme Jean-Christophe Cambadélis, le23 avril, devant le conseil national du PS :« Je regrette les mots que j’ai prononcés avecconviction sur le fait qu’il fallait subordonnertoute la stratégie politique à l’entre-deux-tours. » Ceux enfin pour lesquels « l’Atelierrestera synonyme de cauchemar », résumeau nom de beaucoup Bruno Le Roux, quiorganisait les déplacements du candidat.

Socialistes d’en bas, socialistes d’en haut ?C’est la thèse de Georges Frêche. Le mairede Montpellier s’en prend comme toujoursà la « bande de hauts fonctionnaires » quientourait le candidat : « Tous ces technocra-tes, quand ils sont drivés par un politique degénie, peuvent faire des miracles : sinon, ilspeuvent faire les pires âneries. L’équipe Jospin

n’avait pas le sens du suffrage universel. Gui-gou battue à Avignon n’avait pas sa place augouvernement, Moscovici non plus. Par contreil y a une nouvelle génération qui a su se bat-tre sur le terrain : François Hollande à Tulle,Bertrand Delanoë à Paris, Gérard Collomb àLyon, François Rebsamen à Dijon… » Fran-çois Rebsamen, qui n’a jamais été dans lespetits papiers du premier ministre, le ditplus précisément : « Cinq ans à Matignon, onn’en sort pas indemne. Lionel Jospin s’est bridépendant sa campagne. Le moins qu’on puissedire, c’est qu’il n’a pas fendu l’armure. Nous-mêmes, en campagne, on découvre des as-pects du bilan moins glorieux qu’on ne le pen-sait : la deuxième loi sur les 35 heures, lepouvoir d’achat des smicards… »

L’analyse plus fine attendra l’après-législa-tives. Car Lionel Jospin a tiré les leçons del’échec et assumé toute sa responsabilité ense retirant de la vie politique, mais il n’a pasesquissé d’autocritique, coupant court, ducoup, à tout examen collectif. « Si j’avais faitune meilleure campagne, le résultat auraitpeut-être été un peu supérieur, mais çan’aurait pas changé fondamentalement leschoses », explique-t-il, deux jours après ladéfaite, devant son cabinet. « Quelqu’unveut-il prendre la parole ? », ajoute-t-il avantde prendre congé de la petite assistance quil’écoute religieusement dans la salle du

Conseil de l’hôtel Matignon. Aucune mainne se lève. Comme d’habitude. Durant tou-te la campagne, les conseils politiques dumercredi, filmés par une équipe de télévi-sion, sont aussi guindés qu’un conseil desministres. Lionel Jospin distribuait les rôles.On fait des politesses, on ne s’interromptpas, on évite les critiques.

La présence constante d’une équipe detélévision calibre les expressions. Il y a ceuxqui parlent pour la postérité, ceux qui, aucontraire, brident leurs remarques. Et ceuxqui abandonnent vite le plateau. Si on a lais-sé entrer dans le saint des saints les deuxtémoins de l’épopée et de la victoire desBleus en 1998, un photographe et un journa-liste, Denis Pingaud, n’est-ce pas le signeque la victoire ne peut échapper au candidatsocialiste ? « La clé, c’est que tout le mondepensait que Jospin serait président. Alors, per-sonne n’osait s’affronter à lui. Comme descourtisans. Et si l’attitude de Jospin semblaitpresque de l’indifférence, c’était que lui aussiétait sûr de gagner », analyse VincentPeillon. Le seul testament que laisse le candi-dat, c’est la référence à sa propre entreprise– la patiente reconstruction de la gauche plu-rielle qu’il avait entreprise via les Assises dela transformation sociale, il y a huit ans.« Ce qui s’est passé est plus une épreuve pourvous qu’une épreuve personnelle. (…) Com-ment rassembler ses forces ? C’est à vous de ledire. Moi, c’est l’objectif que je m’étais fixédepuis 1994 », conclut l’ancien premiersecrétaire du PS, le 22 avril, rue de Solferino.J’aurai rempli mon rôle pour une certainepériode, et maintenant, elle s’achève. Je voussouhaite une très belle bataille pour les législa-tives, assurez l’avenir ! »

Facile à dire. Pour beaucoup de militants,cette retraite ressemble à une désertion.« Un chef n’abandonne pas ses armées en plei-ne déroute. Un chef meurt avec ses armées,tranche Georges Frêche. Lui, non : il va jus-qu’au bout de sa fonction de premier ministre.C’est un réflexe de haut fonctionnaire digne etde qualité, pas un réflexe de général quiaurait dû mener ses troupes au combat deslégislatives, quitte à se retirer ensuite. » Pourprévenir ces déclarations à l’emporte-pièce,certains députés ont pris les devants. Dès le22 avril, par exemple, François Rebsamenréunit les 350 militants socialiste de la Côte-d’Or pour une « thérapie de groupe ». « Je

leur ai expliqué qu’il assumait seul l’échec,que ça pouvait paraître injuste, mais qu’ilfallait lui ficher la paix. Depuis, je suis tran-quille. » Ceux qui continuent à s’entretenirrégulièrement avec Lionel Jospin plaidenten sa faveur : « Il a 65 ans et aucun plan decarrière », a expliqué Bertrand Delanoëchez Karl Zéro, dimanche 2 juin.

L’« AMI » Claude Allègre lui sou-haite aussi une paisible retraite :« Lorsque Lionel Jospin a renoncé,certains ont eu sans doute un senti-ment de deuil qui a accentué leurs

désillusions, et je comprends ce sentiment.Mais je crois, malgré tout, que Lionel a bienfait. Assumant sa défaite, comme tout véritablechef doit le faire, (…) il en a tiré les conséquen-

ces comme les grands leaders des pays démo-cratiques l’ont fait dans des circonstances ana-logues. Imagine-t-on un Walter Mondale ouun Michael Dukakis briguer encore la présiden-ce des Etats-Unis ? », interroge l’ancien minis-tre de l’éducation nationale dans Le Point.

Autre question taboue : qu’a voté LionelJospin, le 5 mai ? Personne ne veut revenirsur cet épisode douloureux. Le premier cer-cle se tait, mais, résume un proche, se doutequ’au fond « il n’a pas voté Chirac ». Lesecond cercle assure que si. François Hollan-de, Olivier Schrameck, et même, raconteDenis Pingaud dans L’Impossible Défaite(Seuil) – la meilleure chronique de cam-pagne publiée à ce jour –, sa sœur, NoëlleChatelet, et son frère, Olivier Jospin, celuiavec lequel on le « confondait » chez leslambertistes, ils ont dû en tout cas s’y met-tre à plusieurs avant que, furieux, le 26 avril,Lionel Jospin consente à rédiger cinq lignesappelant les Français à « exprimer leur refusde l’extrême droite ».

« Il y a une différence entre un homme poli-tique et un homme d’Etat. Un homme d’Etat,ça doit faire passer ses sentiments personnels

après sa morale », avertissait le journalisteAlain Duhamel, le complice de son livre decampagne Le Temps de répondre (Plon), lematin même, sur RTL. Homme d’Etat ?Héros d’histoire ? Homme d’avenir ? « Toi,tu seras un Pierre Mendès France, mais unMendès France qui aura gouverné pendantcinq ans », lui a confié Bertrand Delanoë.« Mendès, ce n’est pas du tout la bonne réfé-rence », analyse un autre intime. « Mendèsn’a jamais rompu avec la vie publique. Qu’onen juge par exemple par ses interventions surle Proche-Orient. En outre, il aurait très biencompris d’être rappelé aux responsabilités. Lio-nel Jospin souhaite rester à l’écart, ne pas sesurvivre politiquement à lui-même. C’est dumoins sa ferme et authentique intention,même si tous les grands responsables ont tou-

jours été des figures de retour : Clemenceau,Blum, Poincaré, Caillaux ou encore FrançoisMitterrand », ajoute-t-il dans un sourire.

Pour le moment, Lionel Jospin tient bon.Il goûte « à la vie », seul toast qu’il avaitporté en quittant ses ministres, le 24 avril.Depuis sa défaite, il a revu ses amis. Mais nià Dominique Strauss-Kahn, ni à BertrandDelanoë, ni même à François Hollande, iln’a parlé politique. Il caresse quelques pro-jets d’écriture, mais en aucun cas un pam-phlet. Il se remet doucement à vivre comme« le simple militant » qu’il a promis de rede-venir. Le 5 mai, il était encore sous le choc, ilavait voté par procuration. Le 9 juin, il serendra à Cintegabelle pour voter pour celuidont il a été le témoin de mariage, son sup-pléant, Patrick Lemasle, candidat dans la7e circonscription de la Haute-Garonne. Unsocialiste d’en bas.

Ariane Cheminet Clarisse Fabre

L

RETRAITE

/

Le chef vaincu

revoit ses amis,

ira voter

dimanche, mais

refuse toujours

de parler

politique.

Jospin reste

un sujet tabou« Un chef n’abandonne pas ses arméesen pleine déroute. Un chef meurtavec ses armées »

A l’Atelier, Jacques Séguéla, Dominique Strauss-Kahn, Lionel Jospin, Jean Glavany, Ramzi, Didier Guillaume… regardent Jacques Chirac à la télévision dans lebureau de Glavany : « Quel menteur, mais quel menteur, c’est incroyable ! », s’exclame Jospin à plusieurs reprises.

L’ÉTRANGE

H O R I Z O N S

C

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LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/17

« THE INDEPENDENT ON SUNDAY » (LONDRES)

APRÈS AVOIR NÉGOCIÉ sonentrée au gouvernement palesti-nien, le Hamas a finalement rejetél’offre de Yasser Arafat, rapportait,lundi 3 juin, le Jerusalem Post surson site Internet. Les autres mouve-ments d’opposition ont fait demême. Le quotidien israélien esti-me que les islamistes devraient,malgré tout, participer au cabinet :

« Le Hamas est indirectement re-présenté à travers Imad Falouji, leministre des communications. Fa-louji n’a pas rejoint l’Autorité pales-tinienne en tant que membre duHamas, mais il en est très proche ».

Pour Al-Hayat al-Jadida, laparticipation du Hamas serait« une nécessité pour la stabilité desrelations interpalestiniennes et un

élément de plus pour redonner con-fiance aux gens ». Insistant sur lerespect de la pluralité de la société,le quotidien palestinien poursuit :« Sa participation ne remettrait pasen cause son indépendance. Bien aucontraire, il gagnerait en importan-ce et en influence. » Il appelle à lafin de la politique de boycottageafin de décloisonner les forces en

présence « actuellement enferméesdans des cercles et des milieux biendélimités. La participation ouvre lavoie à l’institutionnalisation de l’op-position et mettra un terme aux gou-vernements monolithiques ».

Un rapprochement qui semble

bien difficile à mettre en œuvre, àen croire Abd El Aziz El Rantisi,interviewé par Al-Hayat. En effet,« la non-participation au gouverne-ment est une décision irrévocable »,a déclaré ce dirigeant du Hamas auquotidien arabe de Londres. Aujournaliste qui insistait sur lescontradictions du Hamas quant àsa participation au gouvernement,El Rantisi a répondu : « Je crainsque cette affaire ne soit qu’une tenta-tive de diversion destinée à détour-ner l’attention du peuple palestiniendes crimes commis par les sionis-tes. » Néanmoins, « une réflexionconcernant une réforme radicale del’Autorité est en cours au Hamas ».

« Les réformes palestiniennes sontsur toutes les langues. Mais, derrièreles discours qui se ressemblent, lesintentions et les plans sont diffé-rents », constate Gershon Baskinsur le site en ligne indépendantpalestinien Amin.org. Selon ledirecteur du Centre israélo-palesti-nien de recherche et d’informa-tion, à court terme « le chaos vaprédominer, Palestiniens commeIsraéliens étant enfermés dans leurlogique ». « Aux yeux des Améri-cains, les réformes se résument à laréorganisation des forces de sécuritépalestiniennes », conclut-il.

courrierinternational.compour Le Monde

Depuis une quinzaine de jours, j’aiobservé dans le calme 5e arrondisse-ment de Paris un mâle déploiementde patrouilles de police, d’agréa-bles gardiens de la paix cyclistesdans le jardin du Luxembourg, desargousins faisant avec beaucoup degrâce du roller boulevard Saint-Michel, et même en haut dudit bou-levard quelques fonctionnaires enfaction pour détecter je ne sais quel-le infraction chez les automobilis-tes (…). Bref, la profusion. Cettesituation est certainement à mettreau crédit de M. Sarkozy, qui a réus-si à faire travailler ses fonctionnai-res un peu plus que les 28 heureshebdomadaires habituelles et parlà même à démontrer – mais ose-ra-t-il en tirer les conséquences –que les effectifs de ce grand corpssont suffisants (voire pléthoriquescomme dans le 5e arrondissement).Il reste maintenant à en diriger unepartie vers des endroits un peu plussensibles (…).

J. ChampionParis

A propos du projet du nouveauministre délégué à la ville, Jean-Louis Borloo (Le Monde du28 mai), vous expliquez que lefutur service d’aide aux victimesd’urgence, le SAVU, calqué sur lemodèle du SAMU, comportera unpsychologue et un juriste (Le Mon-de du 28 mai). Vous n’êtes passans savoir que le titre de psycho-logue est protégé, pour l’obtenir ilfaut justifier au minimum d’un 3e

cycle avec un cursus théorique etpratique. Or M. Borloo prévoit deplacer dans ce système des étu-diants ou des professionnels titu-laires au mieux d’une licence. Il nes’agit donc pas de psychologuesprofessionnels de l’écoute, du sou-tien et encore de la victimologiepuisque, à ce niveau de bac + 3,les étudiants n’ont aucune prati-que ni théorie en ce domaine (…).

Philippe DuvalParis

Le ministre de l’éducation nationa-le, au nom de l’équité, a décidéd’annuler l’épreuve de français duconcours de l’IUFM académie deParis 2002.

On comprend que, dans la périodeactuelle, Luc Ferry veuille la paixsociale, même au mépris desdroits de la liberté d’accès à la fonc-tion publique, au mépris de la pro-pre réglementation de son ministè-re, au mépris des étudiants pourlesquels il n’a que faire de l’équité.Car, en fait, que se passe-t-il ?L’épreuve a été annulée – dontacte – et reportée au 12 juin 2002.Or il se trouve que cette date cor-respond aux épreuves d’admissionde certaines académies de provin-ce. Les instructions ministériellesautorisent les candidats à se pré-senter dans deux académies diffé-rentes. Comment vont faire cer-tains candidats pour être le mêmejour à repasser l’écrit à Paris et pas-ser une épreuve d’admission enprovince ?Mission impossible : ils vontdevoir choisir, et réduire de moitiéleurs chances de réussite. Alorsque d’autres, non « frappés » parla date du 12 juin, pourront passerdeux concours. Il semble que pourM. le ministre la rupture d’équitéentre les candidats n’ait pas gran-de importance (…).

Marguerite ManuellanParis

Jubilé. « Pour une Majesté fort démunie, donnez SVP ! » (We are the Champions est un tube du groupe britanni-que Queen). Depuis le 1er juin et pour quatre jours, la Grande-Bretagne célèbre le cinquantenaire de l’accessionau trône de la reine Elizabeth. Dessin de Schrank. (« Courrier international » pour « Le Monde »)

DANS LA PRESSEFRANÇAISE

SUR LE NET

TEL LE SINGE qui grimpe aucocotier, étaler publiquement sagloire conduit nécessairement àentièrement s’exposer. C’est sansdoute l’avis de la presse allemandequi, à l’occasion du Jubilé, multipliesans complaisance les articles sur lafamille royale britannique.

En dépit des nombreux liens fami-liaux qui lient cette dernière à l’Alle-magne (le dernier empereur,Guillaume II, était l’un des nom-breux petits-fils de la reine Victoria),les rapports entre les deux paysn’ont pas toujours été excellents.Concurrences coloniales, guerres etappétits divergents ont souventopposé Allemands et Anglais. Lapresse londonienne continue à lesdécrire à l’aide de clichés encoreplus dépréciatifs que ceux réservésaux Français.

C’est pourtant sans animosité par-ticulière que les journaux allemandscouvrent le Jubilé. Mais sans com-plaisance non plus. A lire le Spiegel,les Allemands n’ont aucune raisonde se laisser gagner par le sentimen-talisme qui emporte leurs voisins.

L’hebdomadaire allemand a voulucouvrir l’affaire en professionnel, àl’aide de photos, d’infographies, d’in-terviews et d’articles qui forment unépais cahier. Cela n’empêche pas lescoups de griffe ironiques, ni cette« une » qui titre sur les derniersmoments d’une « monarchiefanée » en train d’effeuiller les ulti-mes « pages d’une histoire flétrie ».

La reine, selon notre confrère deHambourg ? Une « petite femmeeffacée de 76 ans et de 162 centimè-tres » qui aime s’habiller « conforta-ble et bouffant », qui « apprécie peula musique » et n’a désormais plusbesoin de Concorde ni de yachtroyal pour visiter ses possessions« depuis longtemps rétrécies auxdimensions moyennes de l’Europe ».

« - »A Newcastle, rappelle le Spiegel,

la reine a vu courir le long de saRolls un homme tout nu dont les« parties vitales » ont été prompte-ment cachées par un service d’or-dre discret et efficace ; en revanche,en Irlande du Nord, « l’armée adéployé une présence militaire massi-ve pour protéger le corps et la vie desa commandante en chef ». Deuximages contrastées illustrant le par-cours d’une souveraine évoluantentre « bienveillance pure et aima-ble absurdité ».

Sans pouvoir ni réelle fonctionsociale, « la monarchie britanniquedoit, jour après jour, perfectionner

son auto-mise en scène afin de garan-tie son aura et, avec elle, le trône ». Etde poursuivre : « La reine et sesenfants sont la seule famille royaled’Europe qui s’expose dans ce style féo-dal qui a coûté leur trône à ses collè-gues, les uns après les autres. Entou-rée de laquais et de courtisans, on ychasse encore à courre, on y voyageen train royal et on y habite dans sixrésidences officielles et huit résidencesprivées. » Quels que soient les con-tretemps et les coups du sort, leshow doit continuer, car la monar-chie « lutte pour sa survie avec sesarmes préférées que sont les fêtesmagnifiques, les mariages coûteux etla pompe officielle. Même les obsè-ques de « Queen Mum » ont montréque la famille royale était désormaisdevenue partie intégrante de l’indus-trie du spectacle britannique ».

Dans ce rôle, la reine – « aussiconsciente de ses devoirs qu’une Prus-sienne » – est exceptionnelle. Sesenfants « liés par une chaîne de scan-dales », c’est une autre histoire. Iné-légant et cagot, le Spiegel a ressortiune écoute téléphonique dans

laquelle le prince Charles évoquaitavec sa maîtresse Camilla ParkerBowles des désirs très intimes.« Que peuvent attendre les Britanni-ques d’un tel héritier du trône ? », sedemande l’hebdomadaire, pour quiles puissants n’ont apparemmentpas de sexualité. Qu’attendre « deson fils, le prince William, qui lance àun photographe qui le piste un vigou-reux “Va te faire f…”, ou de son frèreHenry, qui doit à sa consommation decannabis le surnom de HarryPothead » [jeu de mot à partir depothead : fumeur de hash enanglais].

En Grande-Bretagne, assène défi-nitivement le Spiegel, « les transportspublics sont chaotiques, le système desanté est sur le flanc, et l’industrie,autrefois la première du monde, neproduit quasiment plus rien. Mais lesBritanniques demeurent championsdu monde en matière de chorégra-phie royale ».

Georges Marion

e www.spiegel.de

a LE FIGAROJean d’OrmessonFaut-il se réjouir aveuglément devoir un Français sur cinq écarté dela représentation nationale ? Je suisde ceux qui ne le pensent pas. Jedoute que le meilleur moyen deréduire le Front national soit de lerejeter dans les ténèbres extérieu-res. Résolument hostile à ses idées,je crois qu’il a été combattu de lafaçon la plus maladroite et qui pou-vait le mieux le servir. Un bloc d’op-position radicale de l’ordre de 20 %des électeurs qui n’est pas représen-té dans un système parlementaireoù peuvent s’exprimer des délé-gués de formations beaucoup plusrestreintes représente un dangerpotentiel qui crève les yeux. Unesorte de bombe à retardement. Ilest un peu tard pour s’en rendrecompte aujourd’hui. Mais il y aencore quelques mois, exprimer detelles inquiétudes, d’une évidenceaveuglante, vous faisait ranger d’of-fice parmi les partisans souterrainsde M. Le Pen.

a LCIPierre-Luc SéguillonJean-Pierre Raffarin se refuse à direclairement aujourd’hui si, dans l’hy-pothèse d’une victoire de la droiteaux législatives, il donnera la priori-té à la baisse des impôts ou auretour à l’équilibre des financespubliques. Il lui faut attendre pourtrancher, explique-t-il, de savoir s’ilbénéficiera ou non de la légitimitépopulaire. Il convient, dit-il encore,qu’il prenne la juste mesure del’état des finances publiques avantd’arbitrer entre deux engagementscontradictoires. Ces deux raisonssont totalement infondées. Le gou-vernement n’a nul besoin d’unaudit pour savoir que le déficit denos finances publiques, à la décima-le près, avoisine les 2 points du pro-duit intérieur brut. Par ailleurs, lerespect de la démocratie ne consis-te pas pour un gouvernement àattendre le suffrage des électeurspour dire ce qu’il fera mais, bien aucontraire, d’annoncer ce qu’il ferapour que les électeurs puissent seprononcer en connaissance de cau-se. Et les électeurs aimeraient biensavoir clairement à quelle sauceeuropéenne et fiscale ils serontdemain assaisonnés.

a LES ÉCHOSFavilla« Le terrain, le terrain, vous dis-je ! » On pense au médecin de JulesRomains. Ce sont les stratèges del’UMP qui attendent de Jean-PierreRaffarin qu’il soit le chantre duretour à la terre ferme de la vie quo-tidienne. Une fois enregistré ce légi-time devoir d’écoute, on découvreun phénomène et un problème nou-veaux : une déstructuration partiel-le de la fonction politique. Celle-ci,en principe, d’abord écoute ; puiscomprend ; ensuite synthétise,après quoi propose ; enfin gouver-ne. Que certaines de ces fonctionss’étiolent et la politique se perver-tit. Il semble qu’aujourd’hui toutait disparu sauf « l’écoute ». Nospolitiques vont-ils rester l’oreillecollée au sol, comme des Sioux ? Adisparu la valeur ajoutée de la poli-tique, qui consiste à transcenderces signaux pour en faire autrechose, qui se nomme justement lapolitique.

Les documents cités danscette chronique sont accessiblesà l’adresse www.lemonde.fr/surlenet

Elections (2)a Lemonde.fr compare les pro-grammes électoraux des partispour les législatives.http://elections.lemonde.fr/legislatives/clefs/programmes/a Le site de la Sofres publie unesérie d’entretiens avec des polito-logues sur les enjeux du scrutin.www.2002.sofres.com/archives3.htma Le Centre d’informatisation desdonnées sociopolitiques a ras-semblé les données électoralespermettant l’interprétation desrésultats des législatives en Rhône-Alpes.http://cidsp.upmf-grenoble.fr/publications/dossiers/legis2002/legislatives_2002_rhone_alpes.pdfa Le Cevipof propose des « élé-ments d’analyse » des électionslégislatives au niveau national.http://elections2002.sciences-po.fr/ElemInter/El-legislatives.htmla Le site La France électorale pro-pose des simulations de résultatspar circonscriptions en fonction detrois hypothèses : la gauche mo-bilisée et un mauvais report àdroite ; un vote anti-cohabitation ;un bon premier tour à gauche maisun bon report à droite au second.www.eludefrance.net/legislatives2002/previsionJuin02.htma Un groupe de recherches de l’uni-versité de Caen a étudié la cartedes candidats arrivé en tête danschaque canton à l’issue du pre-mier tour de la présidentielle etconstaté qu’ils étaient beaucoupnombreux qu’habituellement.www.politique-opinion.com/analyses/2002/presidentielle/presidentielle.rtf

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AU COURRIERDES LECTEURS

Le Jubilé royal d’une « monarchie fanée »L’Angleterre ne se porte pas si bien et elle se raccroche à une monarchie « partie intégrante

de l’industrie du spectacle », écrit le « Spiegel », qui trace un portrait sans concession de la reine

Les Palestiniens vus par la presse du Proche-OrientLe remaniement annoncé du gouvernement Arafat a suscité bien des commentaires

H O R I Z O N S K I O S Q U E

Page 18: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

18/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

Lointain 21 avril…par Bertrand Delanoë

O U V E N O N S-NOUS, le 21 avril,à 20 heures : le can-didat de l’extrêmedroite est présentau second tour de

l’élection présidentielle. Emotion,incrédulité, puis sursaut qu’illustrela présence de centaines de mil-liers de manifestants – jeunes sur-tout – à travers la France. Se déve-loppent alors les analyses sur ce« coup de tonnerre » inattendu.Une France angoissée, une sociétédont plusieurs composanteséprouvent un sentiment d’aban-don ; le besoin d’un projet qui ras-semble et offre à chacun la possibi-lité de peser sur les décisions. Le5 mai, la République l’emporte,l’essentiel est sauf. Les électionslégislatives pointent déjà à l’hori-zon : elles offriront aux électeursce grand débat dont ils ont été pri-vés, l’expression de ce choix pourles cinq années à venir. La démo-cratie retrouvera sa force, sa cohé-rence, sa capacité d’entraînement.

Nous y sommes. Et alors ? Alors,ce n’est pas vraiment ça. Car, pourdébattre, il faut être deux.

A gauche, chacun a tenté detirer les conséquences du messageadressé par les citoyens. Sur l’ave-nir des services publics, par exem-ple, faudrait-il se soumettre à unestricte logique de rentabilité cen-sée justifier leur démantèlement ?L’enjeu, au contraire, est d’assu-mer ce chantier plus moderne quejamais, pour le maintien des mis-sions de service public sur l’ensem-ble du territoire. Des pistes concrè-tes existent : une directive-cadre àl’échelon européen afin d’éviterune dérégulation aussi mécanique

que contestable, la déconcentra-tion des responsabilités à traversdes contrats territoriaux ou unemeilleure gestion prévisionnelledes effectifs.

Autre urgence : le devenir deces « cités » dont il a tant étéquestion pendant la campagneprésidentielle. L’Etat se donne-ra-t-il les moyens d’éradiquer ces« ghettos » où se concentrent lesmaux de notre époque : chômage,délinquance, trafics divers, tour-nantes… ?

La démolition annuelle de30 000 logements indignes consti-tue-t-elle un objectif irréalisable ?Dans cette optique, la mise en pla-ce d’une politique partenarialesans précédent avec les acteursconcernés (collectivités locales,bailleurs sociaux, associations) netraduirait-elle pas une volontépolitique à la hauteur de l’enjeu ?De cela aussi il faudrait débattre.

Seulement voilà, la droite a choi-si de réduire cette campagne à uneproblématique unique : la cohabi-tation. Dès lors, à quoi bon réflé-chir, proposer, échanger ? Puisquevoter à gauche, ce serait courir lerisque de la cohabitation, il est for-mellement interdit de voter à gau-che. Seule l’UMP détient les clésde l’avenir, de la vérité et de l’har-monie : ses recettes demeurent lar-gement masquées à ce jour mais,d’ici à 2007, nul doute qu’elle lesaura dévoilées.

Autant dire que ce scénario neme convient pas du tout. D’abord,quelle que soit l’issue du scrutin àvenir, il n’y aura pas « cohabita-tion ». Car, différence fonda-mentale avec les trois précédentescohabitations, quelle que soit lamajorité élue – progressiste ouconservatrice –, elle aura contri-bué à l’élection du président de laRépublique. Ainsi, il n’y aura pascontradiction entre la mission decette nouvelle majorité et celled’un chef de l’Etat mandaté par82 % des électeurs pour défendreles principes républicains.

Cela posé, revenons sur le mes-sage des 21 avril et 5 mai. Exigen-ce sociale, lien démocratique, atta-chement à des valeurs : les Fran-çais ont placé la barre très haut.

Examinons les « réponses » de

l’UMP. Exigence sociale ? Entre lerefus d’une hausse de la primepour l’emploi, l’augmentation pro-grammée des cotisations maladie,une baisse fiscale qui concerneessentiellement les hauts revenus,et un silence pesant sur le finance-ment de promesses contradictoi-res (davantage de moyens pour la

police, la justice, la santé, desimpôts allégés, mais des déficitspublics maîtrisés), le gouverne-ment risque surtout de creuser lesfossés déjà perceptibles au sein dela société française. En clair, « laFrance d’en bas » pourrait prochai-nement tomber de haut.

Le lien démocratique ? Retourannoncé des instructions du gardedes sceaux dans les affaires indivi-duelles (M. Toubon devrait ani-mer une session de formation…),maintien des archaïsmes du Sénat,refus du droit de vote des étran-gers aux élections locales. A celas’ajoute la réforme déjà« oubliée » du statut pénal duchef de l’Etat, qui pourrait bienêtre à 2002 ce que la « fracturesociale » fut à 1995 : un conceptélectoral. Restent les « valeurs ».Sans revenir sur les propos deM. Lepeltier, hostile au retraitrépublicain des candidats de droi-te en cas de triangulaire avec leFront national, comment ne pasêtre ébahi par l’extraordinairecapacité de l’UMP à « recycler »des personnalités hier jugées infré-quentables ? Après le maire deNice, rallié au RPR bien qu’affir-

mant rester fidèle à ses idéesd’hier, on accueille sans étatd’âme les Millon, Blanc, Soisson etautres – praticiens d’un rapproche-ment opérationnel avec le FN àl’échelon régional –, alors que lescentristes sont menacés d’élimina-tion. A Paris, aussi, l’UMP réintè-gre. M. Tiberi devient le nouveausymbole de l’union de la droite,adoubé par M. Balladur et parM. Goasguen, qui célèbrent cesretrouvailles enthousiastes autourde l’ancien « système ». Dans cerapprochement assumé, commentne pas discerner une sorte d’amnis-tie ? Oubliés le clientélisme ou l’at-tribution opaque de logements etde places en crèche. Et nul douteque, le moment venu, cette amnis-tie pourrait en cacher une autre,nationale celle-ci.

Il serait donc inquiétant deconfier tous les pouvoirs à cettedroite déjà arrogante, en dépit desefforts – et des effets – de commu-nication de son premier ministre.

Sa victoire lui donnerait la majo-rité à l’Assemblée nationale, auSénat, dans les régions, dans lesdépartements ainsi que dans lesvilles de plus de 100 000 habitants.Perspective d’autant plus préoccu-pante que l’actuelle équipe gouver-nementale se livre depuis un moisà une démonstration involontairemêlant improvisation, contradic-tions et artifices. Des atermoie-ments sur les 35 heures à l’hôpitalà l’aveu sur l’augmentation descotisations, la méthode suivie n’il-lustre pas vraiment cette « bonnegouvernance » tellement en vogue.

A moins de s’habituer auxgueules de bois postélectorales, lagauche ne doit donc pas se laisseranesthésier par des considérationsqui visent à détourner ce rendez-vous démocratique de son vérita-ble objet. Nul complexe identitai-re, nulle frilosité : que chacun voteen se souvenant que notre démo-cratie a trébuché une fois et qu’ilserait sage de la remettre en équili-bre. La gauche est et sera toujoursutile à la vie de la cité, notammentquand il s’agit de s’opposer à lamenace intacte de l’extrémisme.C’est aussi l’enseignement majeurd’un scrutin récent : celui du21 avril.

L’étrange cri de la gargouillepar André Flécheux

deux reprises, destribunes publiéesdans Le Mondem’ont enrôlé, à tra-vers des extraits depropos, dans le

débat sur l’urgence supposée duchangement de Constitution. Or,dans le cas d’Olivier Duhamel (LeMonde du 4 mai) comme dans celuides sympathisants et membres de laConvention pour la VIe République(29 mai), je me sens assez éloignédes points de vue exprimés. Il vautdonc mieux que j’essaye de formulersans intermédiaires mes propreshypothèses quant à l’après-21 avril.

Marcher sur ses deux jambes,l’institutionnel et le social, écrit-ondu côté de la C6R ? Les souliers de laVIe République me semblent tropétriqués par rapport aux exigencesde la période. Dans les cieux utopi-ques, on peut certes souhaiter quetout advienne en même temps.Mais, dans l’action politique, on estsouvent conduit à établir des priori-tés. C’est en m’appuyant sur uneanalyse de la situation que j’estimela question sociale principale et laquestion constitutionnelle secondai-re. Cette analyse fait convergerdeux temporalités différentes : lescontraintes conjoncturelles de lanouvelle dynamique politiqueautour de l’extrême droite et lesenjeux historiques du nouveau siè-cle pour la gauche.

Sur le plan conjoncturel, la forcerenaissante de l’extrême droite m’ap-paraît liée aux avancées d’une politi-que ethnicisante dans les reculsd’une politique de la justice sociale.Le désinvestissement du terrainsocial par la gauche, sur le tripleplan de la symbolique, du tissu mili-tant et de l’action publique, et, corré-lativement, l’abandon des secteursmodestes du salariat (ouvriers etemployés), majoritaires dans lapopulation active, ont favorisé lessuccès du FN.

Le clivage Français/étrangers estd’autant plus fort dans la consciencecollective que la question sociale, tra-ditionnellement pensée à traversl’opposition riches/pauvres oupatrons/ouvriers, a de moins enmoins de relais politiques. L’obses-sion sécuritaire a fonctionné commeun piège infernal ethnicisant implici-tement les rapports sociaux, alorsque la thématique du FN associant

« délinquance » et « immigrés »s’était largement enracinée.

Quant aux enjeux historiques, jefais l’hypothèse qu’après la Républi-que et le socialisme il nous fautinventer aujourd’hui une troisièmepolitique d’émancipation. L’émanci-pation républicaine, née auXVIIIe siècle, a promu les droits del’homme, la citoyenneté, l’égalitépolitique et la souveraineté populai-re. Dans son texte consacré à la ques-tion juive (1844), Marx a mis en évi-dence la fragilité sociale de l’égalitépolitique. Ainsi l’Etat républicain« proclame que chaque membre dupeuple participe, à titre égal, à la sou-veraineté populaire », et pourtant il« laisse la propriété privée, l’éduca-tion et la profession agir à leurfaçon », et donc les injustices socia-les ébranler l’égalité politique.

Les sociologues actuels ont renfor-cé ce constat en pointant commentles limites sociales de la citoyennetéla travaillaient même de l’intérieur.

Un livre de Daniel Gaxie, Le Censcaché. Inégalités culturelles et ségréga-tion politique (1978), devenu un clas-sique de la science politique, exposeremarquablement ce problème,dans le sillage des travaux de PierreBourdieu. Puisant dans les inégalitéssociales (culturelles, entre sexes,entre générations, etc.), une nouvel-le forme d’inégalité, proprementpolitique cette fois, s’institue entreles professionnels de la politique etles citoyens ordinaires. Dans cecadre inégalitaire, une grande partiede la population s’intéresse peu oupas à la politique institutionnelle,ses rites, son langage spécialisé, sesproblèmes ésotériques, son renfer-mement sur elle-même. Et plus ons’éloigne du monde des « élites » etdes détenteurs des ressources cultu-relles légitimes, moins on s’intéresseà la politique.

L’émancipation socialiste, née auXIXe siècle, s’est constituée comme

un prolongement critique de laRépublique. Pour les socialistes,l’égalité politique ne pouvait êtrerecherchée sans l’égalité sociale.Chez Jaurès, l’inspiration socialisteconsistait à compléter la « démocra-tie publique » par une « démocratiesociale ». En ce sens, les néo-républi-cains actuels, qu’il s’agisse d’un nos-talgique de l’Etat-nation commeJean-Pierre Chevènement ou d’unjeune « modernisateur » commeArnaud Montebourg, sont plutôtdes républicains présocialistes. Ilsproposent de sortir les institutionsrépublicaines de leurs ornières,mais sans les arrimer fermement àla question sociale. Or pense-t-onvraiment qu’on puisse donner vie àla citoyenneté si, au préalable, onne construit pas les conditions socia-les de sa légitimité ?

Comment une société affaibliepar presque trente ans de chômage,de précarité, d’inégalités et de trau-matismes sociaux, maintes fois

déçue par les promesses non tenues,pourrait-elle trouver les cheminsd’une participation politique plusactive parce que simplement lesrègles constitutionnelles ont chan-gé ? Chacun de nous risque de selaisser aller aux facilités de ce que lessciences sociales appellent l’ethno-centrisme, c’est-à-dire de confondreson petit monde et le vaste monde,ce qui nous intéresse et ce qui inté-resse les gens en général (comme s’ily avait « des gens » en général !).

Les animateurs de la Conventionpour la VIe République glissent ainsidans le piège d’un ethnocentrismepolitique : hommes politiques, pro-fesseurs de science politique, journa-listes, intellectuels, militants, etc., ten-dent spontanément à focaliser leurattention et leurs solutions sur ce quiles préoccupe. Les louanges tresséespar Arnaud Montebourg au dernierlivre, fort social-libéral, de Domini-que Strauss-Kahn ou ses déclara-

tions hostiles à l’interdiction deslicenciements boursiers, consacrantalors le pouvoir patronal commeintouchable, laissent d’ailleurs enten-dre que son acuité constitutionnelleserait à la mesure de sa cécité sociale.

En ces débuts de XXIe siècle, laperspective ne peut résider dans unsimple retour, même « moderni-

sé », à la thématique républicaine,surtout sous son angle essentielle-ment institutionnel. On ne peutaujourd’hui se situer en deçà d’unesocial-démocratie formulant la ques-tion démocratique en des termesradicalement sociaux, et ce contreles abandons socio-libéraux du PS.L’expérience innovante de budgetparticipatif menée par la municipali-té de Porto Alegre nous montre bienque les chances de renaissanced’une démocratie plus directe ont àvoir avec le traitement des difficul-tés sociales, que sa crédibilité endépend. Les menaces d’une politi-que ethnicisante renforcent cetteorientation. On aura besoin d’uto-pies mobilisatrices, d’un nouveauprojet de société, de programmesconcrets, d’une régénération deréseaux militants, de retrouver lesens d’un « corps-à-corps » quoti-dien avec le terrain (selon l’expres-sion du cinéaste Robert Guédiguian,Le Monde du 2 mai), d’expérimenta-tions tâtonnantes, de liens inéditsentre les partis et les mouvementssociaux. C’est déjà beaucoup.

Et puis la nouvelle question socia-le ne pourra pas être posée exacte-ment comme avant. On doit tenircompte des transformations de nossociétés, et en particulier du phéno-mène incontournable de l’individua-lisme. La social-démocratie dedemain pourrait se révéler libertai-re, dans la mise en tension de la soli-darité collective et de l’autonomieindividuelle. Il y a donc une politi-que d’émancipation neuve à faireémerger, qui puise dans les tradi-tions républicaine et socialiste touten se confrontant aux défis dutemps. Des changements constitu-tionnels seront sans doute nécessai-res à un moment donné, mais làn’est pas l’urgence.

La droite a choisi de réduirecette campagne à une problématiqueunique : la cohabitation. Dès lors,à quoi bon réfléchir, proposer, échanger

ERTAINS admire-ront Le Cri de lagargouille de Domi-nique de Villepin(Le Monde du15 mai), surpre-

nant en effet par le refus apparentdu conformisme qui l’anime et sur-tout par son style, si loin sans dou-te de ce qui doit s’entendre ducôté des grandes écoles et des che-mins balisés par les carrières aux-quelles elles préparent.

Qui ne s’étonnerait, dans cesparages, de cette puissante rhétori-que de l’appel, de cette exaltationlyrique, de cette urgence attachéeà une sorte de mobilisation « poéti-que », voire de ce ton prophéti-que ? Qui ne voudrait, aprèsl’avoir lu, sortir du doute, se met-tre en mouvement, et, bondissantd’un élan salvateur, s’arracher àcette existence enlisée dans l’orniè-re de fatalités quotidiennes jugéesici médiocres ?

Peut-on dès lors s’imaginerqu’un intellectuel, un de ces« clercs » silencieux et toujoursprêts à trahir, comme on sait, restecomplètement insensible à ce styleexalté de l’appel ? Faudrait-ilsérieusement en chercher la raisondans un manque d’enthousiasme ?Ou encore voir dans ce déficitregrettable et vaguement culpabili-sant la dernière fumée de la vieilleéducation socratique issue de cet-te détestable école du doute, dontcette fois-ci, par-dessus le marché,on ne parviendrait plus à s’extrai-re, par faiblesse ou médiocrité ?Détestable habitude, certes, donton connaît les funestes effets surla jeunesse des écoles, qui ne sontpas toujours aussi « grandes »

qu’on le croit, même quand on ensort apparemment conforme etnormalisé à souhait ?

La réponse me paraît assez sim-ple et à vrai dire décevante, pourle rusé Socrate, toujours en fonc-tions croit-on et bon pour le servi-ce, qui nous censurera sans doutes’il nous lit. Quand bien mêmedevrait-on découvrir que cetenthousiasme, ici proclamé à hau-te voix par le ministre-poète,sinon philosophe, dissimulait, àson insu peut-être, un ordre de réa-lités moins exaltantes dont l’ana-lyste politique ou économiquefera son affaire, on redouteracependant encore plus, jusqu’às’en scandaliser une nouvelle fois,de voir convoquer, dans ce quis’annonce aujourd’hui sous l’em-ballage du genre surexploité del’essai, des œuvres et des noms

que nous vénérons. Leur simpleévocation fera dresser l’oreille aulecteur le moins prévenu.

Tout ce bruit pour quoi ? Le« clerc », aujourd’hui, ne croit plustrahir, même après avoir entendul’appel de M. de Villepin ; il gardeun silence apparemment coupableen se refusant par exemple à unstyle d’intervention qu’on lui a suf-fisamment prêché auparavantavec le mot d’ordre quasi militaired’engagement, ou même, comme

ici, de rengagement. Il faut en cher-cher la raison, non pas dans l’im-puissance d’un mutisme forcé,mais plutôt du côté d’une luciditéchèrement acquise, même si M. deVillepin ne cite pas toujours les« mauvais » auteurs qu’il sembleavoir négligés parce que peu mobi-lisables au fond.

Cette lucidité, vieille lune del’éducation européenne d’antan,paraît-il, c’est pourtant elle qui adéjà ruiné la gloire devenue diffici-lement posthume de tant d’essayis-tes, surtout politiques. C’est elleencore qui nous confirme, nous lesclercs silencieux, dans l’actualitéde cet ultime paradoxe : plus quejamais, et loin de cette mobilisa-tion générale à laquelle cette voix« prophétique » semble nous appe-ler, il faut s’en tenir, au contraire, àune sorte d’endurance dans le dou-

te et même dans le désespoir, s’en-raciner, si l’on peut ainsi dire, parce moyen parfois cruel il est vrai,dans tout ce qui analyse et s’analy-se et se réjouir enfin avec ceux quise tiennent discrètement du côtédu style sobre et dégrisé qui les ins-pire.

Chacun cherchera des œuvres etdes noms, même parmi ceux qu’en-rôle M. de Villepin. Ce sont eux,avec d’autres encore qu’il ne citepas, qui nous initient à la situation

spirituelle de l’Occident. Celle-cine se confond pas ou plus avec un« déclin » qu’avaient prophétisé,eux aussi en leur temps (1916,1932) Oswald Spengler ou ErnstJunger. On connaît le redoutablehéritage européen de ce genre d’il-luminations pessimistes, annoncia-trices de croisades rivales et anta-gonistes en apparence.

Parmi nous, en tout cas, certainsse sont, difficilement peut-être,arrachés à cette obsession du styletragique, à ce pathos de la gran-deur, au profit d’une humilité quisait même rire des parodies et desfarces dites « historiques ». Onpeut croire que, plus forte quetous ces « appels » enlisés dans lesrépétitions, les fondations et refon-dations, l’énergie intellectuelle etdonc morale, puisée dans cettelucidité et cet humour, nous per-mettra de lutter du dedansd’abord contre tous les fanatismesqui menacent.

Comment ne pas se défier, aunom de cette lucidité difficilementacquise, de l’usage intempestif del’histoire « monumentale », de cesvisions globales et sommaires tou-jours prêtes à resservir ? On veutbien répondre à un appel, maispas sous le signe de la confusionplus redoutable encore que lenéant caché dont elle procède, debonne foi peut-être, encore moinsà un appel qui ferait signe vers desenthousiasmes qui ne mènentplus nulle part.

Les petits souliers de la VIe Républiquepar Philippe Corcuff

Je fais l’hypothèse qu’aprèsla République et le socialismeil nous faut inventer aujourd’huiune troisième politique d’émancipation

Le « clerc », aujourd’hui, ne croit plustrahir, même après avoir entendul’appel de M. de Villepin

H O R I Z O N S D É B A T S

A est maîtrede conférences de science politiqueà l’IEP de Lyon.

S est maire (PS)de Paris.

C est maîtrede conférences honoraire enphilosophie à l’université de Nice.

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LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/19

EAN-PIERRE RAF-FARIN a l’ambi-tion légitime d’ins-taller la « Franced’en bas » au som-met de l’Etat : laprovince contre

Paris, les élus de terrain contreles têtes d’œuf de l’énarchie, lesproducteurs de richesse contreles gaspilleurs d’argent public.Mixte réussi de communicantpostmoderne et de tireur debécasse du marais poitevin, le pre-mier ministre paraît au restetaillé sur mesure pour le rôle.Curieusement toutefois, le prési-dent de la République et sonentourage affichent leur détermi-nation à plaquer sur cette Franced’en bas une nouvelle variante del’inoxydable « parti d’en haut »,ce parti contre les partis, édifiépar les amis du général de Gaulleentre 1958 et 1962, et dont lesavatars successifs ont scandél’histoire politique de la Ve Répu-blique.

Le parti d’en haut se reconnaîtà deux signes : il ne précède pasle pouvoir mais en procède ; il nedirige pas l’Etat mais lui obéit.Alors que le bon sens et la Consti-tution voudraient que les partispolitiques contribuent à l’expres-sion du suffrage et assurent lasélection des candidats aux diffé-rentes élections, l’ordre des fac-teurs est ici inversé. C’est le pou-voir établi qui invente le parti etconfère à ses candidats une légiti-mité reflet.

Idéologiquement, on ne deman-de au parti d’en haut que derelayer le message hebdomadairedu conseil des ministres.

Electoralement, il doit secontenter d’assurer la mise en cir-culation de personnalités sélec-tionnées par le premier cercle dupouvoir et de transmettre l’adou-bement du prince au menu peu-ple des députés sortants qui fontacte d’allégeance à sa personneet consentent même, c’est la nou-veauté de la saison, à payer tributà ses intendants.

Institutionnellement enfin, ilest fait pour servir et non paspour contrôler ou défendre, faceà un exécutif surarmé, les préro-gatives de la représentation parle-mentaire. Il lui faut occuper lepouvoir et non pas l’exercer, occu-

per le pouvoir pour empêcher lesautres de l’exercer, les autresn’étant plus seulement, commesous de Gaulle, des opposants àcombattre mais, désormais, desalliés à soumettre, tous promis aumême enfer de l’altérité malé-fique.

Inséparable du légitimisme fon-damental de la droite française,cette construction bizarre reposesur la certitude que l’ordre établiest un don du ciel et que, sauf casd’usurpation diabolique par lagauche, le pouvoir est, commeDieu lui-même, à la fois un etsacré.

Le parti d’en haut est d’abordle parti de l’Etat. C’est la variantecivile et républicaine de la gardesuisse qui, pendant trois siècles,veilla loyalement à la sûreté denos rois.

Le hic, avec le parti d’en haut,c’est évidemment la transmissiondu pouvoir présidentiel, à laquel-le il ne peut pas légitimementprendre part puisque son autoritéréside tout entière dans laconfiance du président sortant etdisparaît avec celui-ci. Aussi bienla tradition de la Ve Républiquelui dénie-t-elle toute participa-tion officielle à la sélection dufutur président, au point de lecontraindre à s’accommoder,comme en 1981 ou en 1995, d’unepluralité de candidatures issuesde son sein.

La mythologie gaulliste veutque le nouveau chef de l’Etat soitle produit spontané d’une sorted’union mystique et immédiate

entre le peuple et sa personne. Laréalité est évidemment plus pro-saïque qui, en dehors de touteprocédure loyale et démocrati-que de sélection du candidat,favorise outrageusement soit leprésident sortant, soit son disci-ple préféré. Le mécanisme dedévolution de la couronne s’appa-rente ici à l’association-adoptionpratiquée par les Antonins dansla Rome impériale du IIe siècle,qui assure l’élévation du fils choi-si par la mobilisation de fait desamis de son père. Ainsi lové surlui-même, le système tend au ver-rouillage absolu : non seulementla pyramide des pouvoirs reposetout entière sur le sommet del’Etat, mais, grâce au ficelageantonin de la succession, le pou-voir de demain est préempté parcelui de la veille.

La perfection n’étant pas de cemonde, la belle machine a fini parcraquer entre 1976 et 1981.Condamné à une opposition dura-ble, l’ex-parti d’en haut a cherchédans la constitution d’un pouvoirmilitant, véhément mais domesti-qué, un substitut commode àl’onction d’un Etat désormais etpour longtemps diabolisé. Nonsans risque. L’accumulation deséchecs et des déceptions a finipar nourrir la grogne desgodillots contre leur chef : contes-tation Séguin, sécession Pasquaet, impensable mais véridique,élection à la tête du parti deMichèle Alliot-Marie contre lecandidat de l’Elysée, Jean-PaulDelevoye.

Rendue possible par la divinesurprise de la réélection triompha-le de Jacques Chirac, la créationde l’Union pour la majorité prési-dentielle (UMP) ne peut s’inter-préter que comme une tentativede restauration du système parti-san des débuts de la Ve Républi-que. Parti officiel du président,explicitement fondé sur un pactede soumission à sa personne etd’obéissance à son administra-tion, l’UMP porte à un degréd’achèvement inégalé l’établisse-ment d’un pouvoir partisan unifiéet subordonné, entièrement con-trôlé par l’Etat, son chef et seshommes.

La création d’un tel parti est, àl’évidence, anachronique, inutileet perverse.

Elle est anachronique car, faceau grand mouvement d’émancipa-tion de la société civile et de remi-se en cause au sein de l’Etat del’arbitraire administratif, elle n’ad’autre objet que de restaurer leparti de la haute administrationen soumettant la majorité parle-mentaire à l’exécutif, à ses capri-ces, à ses peurs et à ses voltes.

Elle est inutile puisqu’elle vise àrésoudre des problèmes qui ne seposent pas, comme celui de l’uni-té de candidature aux électionslégislatives ou encore de la loyau-té de la future majorité parlemen-taire, qu’elle tend à créer des pro-blèmes qui ne se poseraient passans elle, telle la confrontationUMP-UDF rendue inévitable parl’agression caractérisée de la pre-mière sur la seconde, et enfinqu’elle s’interdit de traiter les pro-blèmes qui se posent, et au pre-mier rang desquels figure l’exigen-ce d’une procédure ouverte, loya-le et juridiquement sûre de sélec-tion d’un candidat commun à l’en-semble des familles du centre etde la droite républicaine dès lepremier tour de l’élection prési-dentielle.

Elle est, enfin, perverse puis-qu’elle se donne publiquementpour le contraire de ce qu’elle est.Elle vise en apparence à jeter lesbases d’un grand parti rénové fon-dé sur la pluralité organisée et laconcurrence démocratique dessensibilités. Ses objectifs vérita-bles sont tout autres. Il ne s’agitpas d’ouvrir le jeu mais, sousprétexte de l’organiser, de le

verrouiller. Il ne s’agit pas de gé-rer fraternellement l’après-2002,mais de préparer 2007 à la ma-nière des Ottomans : respect os-tentatoire du père et programma-tion du fratricide général.

En vérité, le raccourcissementdu mandat présidentiel aidant,l’UMP est moins le parti du prési-dent que celui de son dauphin : ils’agit de sauver le général Juppé.L’instrument de cette delphinisa-

tion partisane, c’est bien évidem-ment la chiraquisation du recru-tement. Faire de l’allégeance auchef de l’Etat un élément fonda-teur du pacte partisan, c’est cons-truire une machine à écarter tousles non-chiraquiens du premiertour. Bâtir aujourd’hui le parti duprésident, c’est, en bonne logiqueantonine, se donner pour demainles moyens d’imposer sans mal lesuccesseur désigné par celui-ci.

L’appauvrissement idéologiqueet le rétrécissement de la basepolitique de la majorité parlemen-taire, aujourd’hui sans risque élec-toral compte tenu du syndromed’autodestruction qui frappe lagauche, apparaissent comme leprix à payer pour sécuriser le pas-sage de relais de Jacques Chirac àAlain Juppé. Il faut à tout prixque l’UMP ressemble à une entre-prise privatisée sur le modèle Bal-

ladur : un noyau dur confié à uninspecteur des finances qui domi-ne sans complexe de petits grou-pes d’actionnaires minoritaires etdispersés.

La manipulation financièrejoue dans le même sens : c’estmaintenant qu’on prend l’argentmais plus tard qu’on verra cequ’on en fait. C’est donc aujour-d’hui qu’on tue la concurrence,mais ce n’est que demain qu’on

dira si l’UMP a vocation à êtreune abbaye de Thélème ou unemaison de correction. Une choseest, toutefois, juridiquementsûre : le maître de la caisse –15 millions d’euros, 100 millionsde francs, chaque année pourenviron 30 % des voix, excusez dupeu ! – sera le maître des statuts.Malgrès les bonnes paroles, ceuxqui ne s’accommoderont pas desstatuts devront dire adieu à lacaisse. C’est du Woody Allen revuet corrigé par Picsou : « Laissel’oseille et tire-toi. »

Il y a peut-être plus préoccu-pant encore que cette tentativede préemption de 2007 par 2002.Parce qu’il est anachronique, leparti d’en haut se doit d’êtremené de façon quasiment clan-destine. Relais de la présidence,bras séculier de la haute fonctionpublique, dépositaire des valeursfondatrices de l’énarchie, le partide l’Etat est devenu politique-ment incorrect. Pour vivre heu-reux, son chef est obligé de vivrecaché.

La dissociation du licite et duréel tendant à faire de Jean-PierreRaffarin le porte-enseigne d’unpouvoir qui serait exercé ailleurset par un autre, par celui à quitout est promis mais à qui rienn’est permis, l’incontournableAlain Juppé qui, défauts et quali-tés inextricablement mêlés, sym-

bolise très exactement ce que laFrance paraît aujourd’hui exé-crer : la modernisation autoritai-re, le centralisme technocratique,l’arrogance rationaliste, le despo-tisme éclairé mais brutal de ceuxqui savent.

Attention donc où vous mettezles pieds : le chef d’orchestre est

dans le trou du souffleur ! Cequ’il y a de plus téméraire dansla création de l’UMP, c’est sansdoute cette ébauche d’un pouvoirsubliminal qui, tel le Dieu cachédes jansénistes, ordonne toutmais n’apparaît jamais. Raffarinet Juppé, France d’en bas et partid’en haut : le cancer de la cohabi-tation produit décidément de sin-gulières métastases.

Le parti d’en haut par Jean-Louis Bourlanges

Le parti d’en haut est d’abordle parti de l’Etat. C’est la variantecivile et républicainede la garde suisse qui, pendanttrois siècles, veilla loyalementà la sûreté de nos rois

En vérité, le raccourcissementdu mandat présidentiel aidant,l’UMP est moins le parti du présidentque celui de son dauphin :il s’agit de sauver le général Juppé

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- estdéputé au Parlement européen(groupe du Parti populaireeuropéen).

J

H O R I Z O N S D É B A T S

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B P-D ’A

La prunelle d’Izieu

LES BRITANNIQUES ont tou-jours été attirés par la pompemonarchique. Le Jubilé de lareine Elizabeth leur a offert l’oc-casion de mêler le cérémonialtraditionnel au modernismepop qui s’est exprimé à traversces artistes qui ont chanté, lun-di soir 3 juin, à BuckinghamPalace devant une foule d’unmillion de personnes. Dans cetamalgame d’ancien et demoderne, d’émotion patrioti-que et de show-biz qui les carac-térise si bien, les sujets de SaTrès Gracieuse Majesté lui ontrendu l’hommage que méri-taient cinquante années debons et loyaux services à la Cou-ronne et au pays.

Cela allait sans dire. Et pour-tant, que de choses se sont pas-sées au Royaume-Uni depuis cejour de 1952 où la jeune princes-se remplaça au pied levé sonpère George VI. L’Angleterreen déclin a perdu son Empire eta eu le plus grand mal à s’ajus-ter à son statut de puissancemoyenne. Ce n’est qu’en col-lant au grand frère américain,parfois sans gloire, que Lon-dres est parvenu à continuer dejouer un rôle sur l’échiquierinternational.

L’institution elle-même aaussi été, c’est le moins quel’on puisse dire, chambouléepar les événements. Il y a cinqans, alors que les Royals sor-taient d’une année terrible –« annus horribilis » selon lespropres termes de la reine —,constellée de scandales fami-liaux et que la princesse Dianadisparaissait dans un accident,l’avenir de la monarchie sem-blait fort incertain. Elizabeth etsa cour peinaient à s’ajusteraux temps qui changeaient. LesAnglais avaient perdu beau-

coup de leur respect pour leshôtes de Buckingham Palace,dont l’image médiatique étaitfort écornée.

Mais il est toujours à l’hon-neur d’une institution que desavoir évoluer. Si, sur le planformel, peu de choses ont chan-gé, l’atmosphère, elle, est désor-mais différente. La reine a faitappel aux meilleurs spécialis-tes de la communication, bienaidée en cela par son premierministre, Tony Blair, qui a com-pris l’avantage politique qu’ilpouvait tirer d’une monarchieredevenue populaire. C’est ain-si que les Britanniques, y com-pris les moins monarchistes,font aujourd’hui l’éloge d’undemi-siècle de changementdans la continuité, et d’une sou-veraine qui, après tout, n’a faitque bien accomplir son métier.Parfois avec quelques réticen-ces, comme quand il s’agissaitde payer des impôts.

La mort, coup sur coup, dela reine mère et de la princesseMargaret a certainement ren-forcé l’affection envers la sou-veraine. Mais, dans ce mondehypermédiatisé, l’attention desfoules est fragile. Ce qui estrévéré aujourd’hui peut redeve-nir anachronique demain, toutcomme l’ambiance des cérémo-nies aurait pu être plus morosesi l’équipe de football anglaiseavait été battue dimanche parla Suède au lieu de faire matchnul. Demain, les Britanniquesretrouveront les mêmes tracasquotidiens : insécurité, systè-mes d’éducation, de santé et detransports défaillants. Mais,entre-temps, l’émotion et lecérémonial auront eu le tempsde leur remonter le moral.C’est sans doute aussi cela, lerôle de la monarchie.

Suite de la première page

Au second tour, Jacques Chirac aété triomphalement réélu par l’addi-tion des voix de droite et de gauche.L’analyse des sondages, confirméepar les mouvements électoraux, révè-le même que le président réélu comp-te dans son vote davantage d’élec-teurs de gauche que de droite. Onpeut ainsi évaluer à 9 millions etdemi les électeurs Chirac du secondtour de la présidentielle qui le21 avril avaient déposé dans l’urneun bulletin pour un candidat de gau-che ou d’extrême gauche, contre8 millions qui avaient voté pour uncandidat de la droite modérée – Chi-rac compris. Phénomène sans précé-dent qui met à mal les institutions dela Ve République, le président élu le5 mai avec le soutien massif de sesadversaires s’appuie sur la légitimitépolitique ainsi acquise pour les défai-re aux élections législatives organi-sées dans la foulée.

En 1988 comme en 1997, les socia-listes ont gagné en s’appuyant sur lacritique de la majorité de droite enplace et sur l’interdiction qui lui étaitfaite de nouer toute alliance avec leFront national. En 2002, Jacques Chi-rac, fort de son refus permanent detoute compromission avec l’extrêmedroite, réussit l’exploit de lui rendrela pareille : pour gagner, il joue de lalassitude à l’égard de la gauche et durejet de l’extrême droite. Le bénéficepolitique est tel que, contrairementaux déclarations de M. Lepeltier, ladroite aura tout avantage à mainte-nir aux législatives prochaines un cor-don sanitaire autour du Front natio-nal, quitte à retirer çà ou là son candi-dat au profit de celui de la gauche sicelui-ci est le seul à pouvoir battrel’extrême droite au scrutin de ballot-tage. Electoralement, le coût serasans doute très limité, politiquement

le gain immense puisqu’il assure lacohérence entre le vote du 5 mai etla seconde présidence Chirac.

Pour les socialistes, l’élection prési-dentielle signe en revanche un désas-tre. La non-qualification de LionelJospin pour le second tour est uncamouflet qui déstabilise la gauchepour les législatives et sans douteau-delà. Il est d’ailleurs trop facile decroire qu’à 200 000 voix près – l’écartqui l’a séparé de Le Pen – Jospin, qua-lifié pour le second tour, y aurait bat-tu Chirac.

Les sondages « sortie des urnes »

réalisés le 21 avril intégraient dansleur questionnaire un second tourJospin-Chirac, et les sondés, igno-rant bien sûr ce que seraient les résul-tats du soir, y donnaient une nettemajorité au président en place.Contre-épreuve : si l’on applique auxrésultats du premier tour les reportsde voix observés en 1995 (et assezdéfavorables à la droite), Jacques Chi-rac l’eût emporté le 5 mai sur LionelJospin à 52 % contre 48 %, quandbien même le premier ministreaurait récupéré par hypothèse 50 %des voix de Chevènement (30 %pour Chirac, le reste s’abstenant) et30 % des voix de Saint-Josse (40 %pour Chirac, le reste s’abstenant).Moins de 16 % des voix en métropo-le pour le candidat socialiste : le résul-tat a ceci de terrible qu’il survient auterme d’une législature réussie sur sadurée – première de toute l’histoirede la gauche –, d’un bilan global lar-gement apprécié et avec un leaderpolitique respecté des Français. Leserreurs de campagne – jugéesd’autant plus grandes qu’est surve-nue la défaite – ne sauraient suffire àexpliquer l’échec : que fallait-il doncde plus aux socialistes pour se pré-senter devant le pays ?

Beaucoup, au Parti socialiste,croient avoir failli pour avoir laisséfiler leurs propres électeurs vers l’ex-trême gauche et pour avoir perdu lesoutien des catégories populaires.

Mais, là encore, les enquêtes d’opi-nion et les analyses électorales mon-trent que cette vision est trop simpli-ficatrice. L’électorat socialiste a écla-té vers sa gauche comme vers sadroite, et le recul est aussi sévèredans les catégories supérieures quedans les catégories modestes. Ainsi,selon Ipsos, la moitié des électeursJospin de 1995 n’ont pas reconduitleur vote sept ans plus tard. Parmiles transfuges, 23 % seulement sontallés vers l’extrême gauche, 24 %vers Chevènement ou Taubira, 13 %vers Mamère, 12 % vers la droitemodérée et 14 % vers l’extrême droi-te. Par grandes catégories sociales,Jospin recueille 18 % chez les retrai-tés (6 points de moins qu’en 1995),15 % chez les ouvriers et employés(– 8 points) et 15 % parmi les catégo-ries moyennes-supérieures – cadreset professions intermédiaires – où lerecul est en fait à son maximum(– 10 points). C’est dans un « virageà gauche » que le PS pourrait êtretenté de trouver le remède à sesmaux. Mais c’est plutôt sa relation àl’action politique qui est en cause.Tout au long des cinq années Jospin,sa forte présence sur chaque problè-me a fait apparaître par contrecoupson action politique à la fois trop pré-sente et impuissante. Trop présentequand, par exemple, la loi sur les35 heures intervient trop uniformé-ment pour fixer à chacun ses règlesde vie, limiter le pouvoir d’achat oudéstructurer le travail salarié.

Impuissante quand les salariés de

Michelin, LU et Moulinex se voientopposer par le premier ministre lui-même la logique croisée de l’entrepri-se et de la mondialisation. C’est enparticulier sur leur rapport futur àl’Etat et à la politique que devrait por-ter la réflexion des socialistes.

D’ici là, les élections législatives seprésentent sous de mauvais auspi-ces pour la gauche. Non seulementla campagne menée depuis l’inver-sion du calendrier la déstabilise en

invitant au rétablissement de lacohérence politique. Mais, au sur-plus, beaucoup d’électeurs, choquésdes résultats du premier tour, entirent la conclusion que la cohabita-tion a fait le lit de l’extrême droite etqu’il convient de ne plus entretenirla confusion politique au sommetde l’exécutif.

Dans ces conditions, l’Union pourla majorité présidentielle peut espé-rer rafler à elle seule – c’est-à-diresans les UDF fidèles à François Bay-rou – la majorité absolue des sièges,voire un succès plus net encore,ressuscitant le parti gaulliste majori-taire des années 1962-1974.

Pourtant, la base électorale de cet-te formation – Chirac, Madelin etBoutin – n’a pas dépassé le 21 avrilles 25 % des suffrages exprimés. Etmême si l’UMP peut dépasser les30 % par le jeu des ralliements dedéputés UDF et par le vote utile, il ya là un handicap majeur pour gou-verner cinq ans sans dresser le payscontre soi. Au-delà du soutien duParlement, le gouvernement Raffa-rin devra trouver d’autres modes degestion du pays pour faire émergerles conditions de réussite des réfor-mes qu’il veut entreprendre.

La Ve République est rabougrie.Sous de Gaulle et sous Pompidou,45 % des Français votaient pour euxau premier tour de la présidentielle,et près de 40 % votaient aux législa-tives pour le parti majoritaire.

Sous Mitterrand, un tiers des Fran-çais au mieux votaient pour le candi-dat, mais près de 40 % votaient auxlégislatives pour le Parti socialiste.

Sous Chirac, moins de 20 % desFrançais votent pour le présidentélu, et sans doute autour de 30 %pour son parti. On ne gouverne pasde la même façon à partir d’unebase de plus en plus étroite, et il y aurgence à réfléchir aux conditionsd’émergence d’une meilleure repré-sentation politique.

Jérôme Jaffrépour 0123

IZIEU… Sur l’écran, un enfant fait le ballot,un pied de nez peut-être. Il sourit à la vie quivient. Derrière lui et ses potes, à travers la fer-ronnerie de la fameuse terrasse, les à-pics duBugey tombent dans le Rhône vert pâle. Etait-ce Sami, ou bien Elie, ce loustic à chemisette,huit-neuf ans dirait-on ? Est-ce le frère deMina ? Dans la grange aux airs de salle de clas-se, une douzaine de sexagénaires dévisagent lesphotos de l’enfant qu’ils furent, avec qui ils jouè-rent ici même vers 1943, et à qui les aléas desplanques, cette loterie, n’ont pas permisd’échapper, comme eux, à la rafle de Barbie, le6 avril 1944.

Outre les quarante-quatre martyrs assassinésdès leur arrivée à Auschwitz, certains à moinsde six ans, une soixantaine d’enfants juifs sesont succédé à la colo de Sabine Zlatin. Unevingtaine de survivants ont été joints. Une dou-zaine sont venus, d’un peu partout. La « peti-te » Diane est accourue du Canada. Elle avaitun an et demi quand Sabine l’a sortie du campd’Agde, cachée sous sa pèlerine d’infirmière.Helga, fixée en Israël, n’était jamais retournée àIzieu. Elle figure sur les listes, mais ses visionsde la sixième année ont été éclipsées, commechez plusieurs autres, par l’angoisse de seretrouver pour la première fois sans sa mère.Elle scrute les dortoirs qu’elle juge moins grandque prévu, comme c’est classique avec les souve-

nirs d’enfance. On dirait un chien qui s’affoled’avoir perdu une piste à la chasse. « Il y avaitune ruche, tu es sûr ? » ; « Ce qu’on mangeait ?Attends que je réfléchisse »…

De telles retrouvailles avaient déjà eu lieu.Mais de façon non systématique. Il a paruurgent de ne plus différer le grand effort collec-tif de mémoire. Sous la houlette de l’historienneNadine Fresco, le week-end du 1er juin a étécelui de la dernière chance. Des heures entières,les témoignages individuels ont été engrangés.On s’est souvenu des jeux, des chansons, deschaussettes tombées sur les chevilles. Avec l’ins-titutrice d’alors, Mme Tardy, qui se rappelle cha-que élève aussi bien que la table de neuf, on aconfronté les photos de groupe, rectifié telleidentité, vérifié telle autre. Non par nostalgiecomplaisante ; pour l’exactitude qui sortira desmois d’exploitation scientifique à venir ; pourque la mémoire, d’être indubitable, franchisseplus sûrement les siècles.

Izieu n’est pas Combray. On est loin de LaRecherche proustienne. Il ne s’agit ni d’épier dessnobs de la Belle Epoque, ni de renifler les che-mins odorants de toute réminiscence. Le tempsà retrouver est l’éternel présent d’un saccage,celui de destins volés, de futurs massacrés, defleurs coupées et jetées au feu. Expérience uni-que, sans passé ni lendemain, d’un face-à-face,sur fond d’oiseaux piailleurs, entre des existen-

ces presque achevées, des bonheurs gagnés surle malheur initial, et des vies qui, d’ordre nazi,n’eurent simplement pas lieu.

Une même hantise habite les participants :tout faire pour éviter ce qui serait pire quel’oubli, ne pas arriver, décidément, à mettre unnom (à défaut de sépulture) sur cette image debonne bouille clignant contre le soleil de l’été1943. Tout plutôt que de laisser s’inscrire dansles mémoires l’équivalent de l’« inconnu parais-sant vingt ans » que le silence du milicien Tou-vier obligea à graver parmi les noms des otagesde Rillieux-la-Pape.

Ce doute qui risque de demeurer, ce « reste »(shear), le Prophète Isaïe lui imagine un avenir,un retour (yashuv) ; mais quel échec ce serait s’ilrestait seulement un visage sans identité ! Quelreproche ne lirait-on pas derrière la mention« Au sourire anonyme », réplique insoutenableau « soldat inconnu » !

Peu d’humains ont autant œuvré pour l’ave-nir, ce week-end, que la poignée d’étranges pèle-rins montés à l’ancienne colo du Bugey, entenues d’été bariolées, pour y sauver les bribesd’éternel présent laissées par leurs copains surcette planète, ces bribes dont dépendront lamémoire et la vigilance.

Un vieux dicton parle de tenir à certaines cho-ses comme « à la prunelle de ses yeux ». C’est« prunelle d’Izieu » qu’il faudrait dire.

Starwars

0123Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani

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0123

Jubilé jubilatoire

RECTIFICATIFS

INITIATIVE RÉPUBLICAINE. Lanote publiée sur cette formationprésente aux élections législatives(Le Monde daté 2-3 juin) compor-tait plusieurs erreurs : elle est prési-dée par Thomas Urbiztondo, candi-dat dans la 5e circonscription desHauts-de-Seine, qui a succédé àBernard Teper, lui-même candidatdans la 6e, et non la 3e, circonscrip-tion de l’Oise. Enfin, Initiative répu-blicaine revendique 86 candidats,et non 82, incluant dans son contin-gent Isabelle Laeng, dite « CindyLee », candidate dans la 1re circons-cription de Paris, et un candidatdans la 4e circonscription d’Ille-et-Vilaine dont la candidature n’a pasété validée.

CONCORDAT CITOYEN. Cettefédération, qui regroupe différentsmouvements, précise ne pas sereconnaître dans le pôle gaucheauquel nous l’avons rattachée, sedisant, par la voix de son prési-dent, Thomas Brun, plus proched’« une sensibilité républicaine,démocrate et humaniste ».

IRLANDE. Nous avons écrit parerreur, dans nos éditions du18 mai, que les électeurs irlandaispouvaient exprimer, par ordre depréférence, sur leur bulletin devote, autant de choix que de siègesen jeu (entre 3 et 5 selon les circons-criptions). En réalité, ils ont ledroit, s’ils le souhaitent, d’exprimerautant de choix que de candidatsen lice dans leur circonscription.

Faux triompheet vrai désastre

0123est édité par la Société Editrice du Monde (SAS). La reproduction de tout article est interdite sansl’accord de l’administration. Commission paritaire des journaux et publications n° 57 437

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H O R I Z O N S A N A L Y S E S

Page 21: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/21

AU DÉBUT de cette année 2002,une majorité d’économistes demarché affichaient un optimismemodéré sur la reprise des indicesboursiers, après deux années consé-cutives de baisse. Cinq mois plustard, les résultats ne sont pas aurendez-vous. A l’exception d’untimide rebond du marché deTokyo, la hausse enregistrée à lafin de février et en mars a finale-ment tourné court, et les grandsindices sont revenus (plus oumoins) dans le rouge.

Principal indicateur de WallStreet, l’indice Dow Jones de trenteimportantes valeurs de la place acédé 3,11 % en cinq mois, à9 709,79 points. Plus large, l’indiceStandard & Poor’s 500 affiche unrepli de 9,35 %. Riche en valeurs detechnologie, l’indice Nasdaq aencore reculé de 19,89 %, à1 562,56 points, un niveau trois foisinférieur à son record historique del’année 2000. Dans la zone euro,l’indice Euro Stoxx des cinquantepremières capitalisations boursiè-res totalisait 11,13 % de baisse lun-di. A Paris, l’indice CAC 40 affichaitmardi matin une baisse de plus de10 % depuis le début de l’année,sous les 4200 points. A Francfortl’indice Dax se repliait de 9 % et àLondres le Footsie cédait 2,54 %.

Seule exception, l’indice phare

de la Bourse de Tokyo, le Nikkei,progresse de 10,53 % au 4 juin, à11 653,07 points, le marché espé-rant des réformes économiquespour résoudre l’épineuse questiondes créances douteuses des ban-ques et améliorer la rentabilité desentreprises. L’indice Nikkei restecependant loin des20 833,21 points atteints enavril 2000 ou encore du record des38 915,87 points atteints lors de ladernière séance de l’année… 1989.

Les analystes paraissent se fon-dre dans le climat morose qui pré-vaut sur les marchés. Le combatdes optimistes, symbolisés par untaureau (« bull ») dans l’imagerietraditionnelle, et des pessimistes,représentés par un ours (« bear »),semble tourner à l’avantage de cesderniers. Ils estiment que les mar-chés boursiers n’ont, aujourd’hui,plus beaucoup de potentiel dehausse. La confirmation de la repri-se économique mondiale devraitentraîner une hausse des taux d’in-

térêt à court et long termes, quinaviguent aujourd’hui à leurs plusbas niveaux historiques. La tensionsur le loyer de l’argent devrait ainsidurablement peser sur la valorisa-tion des actions, la prime de risqueétant liée au niveau des taux. Fina-

lement, les marchés boursiers n’ar-riveraient pas vraiment à profiterdu redémarrage de l’économie.

A l’inverse, toute déception dansla reprise de la croissance, en nepermettant pas aux entreprisesd’augmenter leurs bénéfices, aug-

menterait mécaniquement le ratiocours sur bénéfices des actions.Dans ce cas, les indices boursiersseraient considérés comme à leurprix, ou trop chers, alors qu’il n’yaurait plus rien à attendre des fac-teurs qui ont permis un redresse-ment des cours de Bourse après lekrach du 11 septembre – anticipa-tions de reprise aux Etats-Unis,liquidités abondantes.

Le courtier UBS Warburg ad’ailleurs réduit ses prévisions dehausse du CAC 40. Dans une notedu 30 mai, les économistes de labanque écrivent : « Nous abaissonsnotre objectif sur le CAC 40 à décem-bre 2002 de 5 250 à 4 900 points.Nous continuons de penser que l’éco-nomie reste sur le chemin de la repri-se, mais que l’environnement macro-économique se révèle moins favora-ble qu’au début de l’année. » Pourjustifier ce changement, ils évo-

quent notamment un baril depétrole plus cher qu’attendu, ainsiqu’une inflation européenne pro-che de 2,5 % en rythme annuel – etnon autour des 2 % exigés par laBanque centrale européenne –, cequi implique un risque accru dehausse des taux d’intérêt à courtterme, estimé à un quart de pointdans les deux prochains mois.

2002, « »Devenu lui aussi plus pessimiste,

Alain Bokobza, directeur de la stra-tégie sur les actions européenneschez SG Equity, estime que l’annéeen cours devrait rester, en matièrede Bourse, une « année de transi-tion ». Il explique qu’« il n’y a plusde sous-valorisation patente desactions : fin 2001, nous étions agres-sifs sur les actions, aujourd’hui, nousredevenons neutres. Sans impulsionmajeure de la macroéconomie, il n’ya pas de raison que la profitabilitédes entreprises s’améliore et qu’onconnaisse une croissance forte desactions ».

Certains courtiers gardent néan-moins quelque optimisme. ChezSalomon Smith Barney, on noteque l’essentiel de la baisse des mar-chés a affecté, depuis deux ans, lesvaleurs de technologie, de médiaset de télécommunications (TMT).Elle a ramené le poids de cesvaleurs dans la capitalisation bour-sière européenne de 38 % enmars 2000 à 15 % aujourd’hui. Maisle reste de la cote, qui n’a pas ététouché par les mêmes excès spécu-latifs – et par la même course auxacquisitions et à l’endettement –,est jugé attrayant. L’indice Stoxxélargi, qui comprend les 600 pre-mières valeurs européennes, a ain-si perdu « seulement » 13 % depuisson sommet de novembre 2000,indiquent les analystes, alors queles valeurs de TMT ont perdu 73 %depuis leur propre record, enmars 2000.

Hors le secteur des TMT, les ana-lystes estiment que les actions euro-péennes valent en moyenne 15 foisleurs bénéfices, un niveau jugé« bon marché ». Ils fixent donc unesérie d’objectifs assez optimistespour les indices européens, avecnotamment un indice Euro Stoxxattendu à 4 200 points dans douzemois, et un indice CAC 40 à5 000 points.

Adrien de Tricornot

Wall Street semble avoir perdu ses repèresL’environnement budgétaire et politique favorise les consommateurs plutôt que les entreprises

L’optimisme de début d’année, partagé par bon nom-bre d’analystes, a cédé la place à un large - sur l’orientation des marchés. Lesprincipales Bourses, à l’exception de Tokyo, affichent

des pertes sur les cinq premiers mois de l’année. Mal-gré les économique, plusieursfacteurs se conjuguent pour contrarier la remontéede la valeur des actions : le niveau élevé de l’-

, la sur la sin-cérité des comptes, le retour des - américains et la baisse du dollar. Les perspec-tives de hausse des taux, qui accompagneront la

reprise, pèsent aussi sur le niveau des cours. Profitantde la frilosité des gestionnaires traditionnels, les s’en donnent à cœur joie, cequi explique la forte volatilité des marchés.

NEW YORKde notre correspondant

« L’année 2002 pourrait bien êtrela troisième consécutive de baisse àWall Street. La contradiction perma-nente entre la reprise de l’économieet la stagnation ou le recul des bénéfi-ces des entreprises a fait perdre toutrepère aux investisseurs », estimeChris Wolfe, analyste de J. P. Mor-gan. Au cours des trois mois ayantsuivi son point bas atteint le 21 sep-tembre, dix jours après les attentatsà New York et Washington, WallStreet a regagné près de 20 % – unsursaut spectaculaire et unedémonstration de la solidité del’économie américaine. Maisdepuis, la plus grande place boursiè-re du monde fait du surplace. L’indi-ce S & P 500 a même cédé près de10 % depuis cinq mois. Comme si laconfirmation jour après jour duredémarrage de l’économie améri-caine ne parvenait pas à effacer lesentiment que rien ne sera pluscomme avant.

Les doutes sont nombreux : sur lacapacité des entreprises à redresserleur rentabilité et à investir, sur laqualité et la sincérité de leurs comp-tes et sur les changements en pro-fondeur de l’économie américaine.Cette dernière se trouve en voie de« banalisation », souligne PatrickArtus, le directeur des études deCDC-Ixis. Les moteurs des années1990, l’investissement et les nouvel-les technologies, ont été remplacés

par la consommation des ménages,l’immobilier, les aides publiquesaux secteurs en difficulté commel’acier et l’agriculture et les dépen-ses de l’Etat. Le déficit budgétairedevrait dépasser en 2002 100 mil-liards de dollars en lieu et place deprès de 300 milliards d’excédents.

Cet environnement plus protec-tionniste, plus inflationniste, favori-se la demande (la consommation)mais beaucoup moins l’offre (lesentreprises) et les marchés finan-ciers. Il se traduit déjà par un affai-blissement du dollar, qui a perdu6 % de sa valeur face à l’euro depuisavril. Ce déclin, s’il venait à perdu-rer, réduira encore l’appétit desétrangers pour les titres américains.Ce n’est pas le premier accès de fai-blesse du billet vert, et aucun n’ajamais eu de conséquences dramati-ques pour Wall Street. La différen-ce vient du poids considérable prispar les investissements étrangersdans le financement de l’économieaméricaine et de ses déficits.Aujourd’hui, les actifs américainsdétenus par les non-résidents repré-sentent 95 % du produit intérieurbrut (PIB). « La part de l’économiedes Etats-Unis détenue par lesétrangers ne cesse d’augmenter, l’his-toire nous apprend que cela ne peutpas durer indéfiniment sans pro-blèmes », expliquait en 2001 auCongrès Alan Greenspan, le prési-dent de la Réserve fédérale.

A ces changements qualitatifs

s’ajoute la perspective d’une crois-sance plus faible qu’à la fin desannées 1990. Or, les ménages et lesentreprises, très endettés, sontd’autant plus sensibles à la conjonc-ture. Les dettes représentent enmoyenne 110 % du revenu disponi-ble des Américains et 13 fois les pro-fits annuels des sociétés.

Le chiffre spectaculaire de 5,6 %

de croissance en rythme annuel aupremier trimestre ne doit pas faireillusion. Les causes profondes de larécession de 2001 n’ont pas totale-ment disparu. L’appétit intact duconsommateur, la baisse par la Fedde ses taux d’intérêt à leur plus basniveau depuis quarante ans et l’ac-croissement rapide des dépensespubliques ont fait de la récession de2001 l’une des plus douces de l’his-toire. Le problème de fond – la cri-se de surinvestissement liée à la bul-le de la nouvelle économie – ne sesurmonte pas en quelques mois.« Les entreprises souffrent à la fois desurcapacités de production, de pro-fits décevants, de difficultés financiè-res et de difficultés de financement »,souligne la banque HSBC.

Au premier trimestre, les 1 146plus grandes entreprises américai-nes ont enregistré globalement despertes de 3,2 milliards de dollars.Cela ne s’était plus produit depuisdix ans. La rentabilité des sociétésaméricaines n’a cessé de baisser

depuis 1997 et s’est effondrée en2001. De janvier à mars 2002, leursinvestissements ont encore reculé(de 8,2 %) pour le cinquième trimes-tre consécutif.

Avec des résultats décevants etde médiocres perspectives, le prixdes actions reste élevé. Selon la der-nière estimation de Standard andPoor’s, le rapport cours/bénéficesmoyen des valeurs composant l’in-dice S & P 500 ressort à 30, unniveau historiquement important, afortiori au sortir d’une récession.Or les épargnants américains onten partie perdu confiance dans lesystème financier et les entreprises.Ils ont le sentiment d’avoir été trom-pés pendant des années par les ban-ques et les analystes. Depuis la failli-te d’Enron, en décembre 2001, unressort a été cassé. Selon un sonda-ge réalisé en mai pour l’UBS sur lemoral des épargnants, 71 % esti-ment que les pratiques comptablesdouteuses se sont multipliées aucours des dernières années. Ducoup, 40 % ont décidé de moinsinvestir dans les actions et les fondsde placement. « Nous sommes à lamerci d’un véritable cercle vicieux,explique John Lonski, économisteen chef de Moody’s. Une nouvellebaisse des actions affecterait à la foisla confiance du consommateur et cel-le des entrepreneurs qui hésiterontplus encore à investir. »

Eric Leser

Les analystes doutent d’une vraie reprise boursièreWall Street, Paris et Londres sont en baisse depuis le début de l’année. Les perspectives de reprise économique ne suffisent plus à rassurer

les investisseurs. L’endettement des entreprises, la hausse des taux et les déficits publics contrarient les espoirs de hausse

INDICE NIKKEI

INDICE DOW JONES

INDICE EUROSTOXX 50

En points à Tokyo

Source : Bloomberg

2002J F M A M J

J F M A M J

Le 4 juin 11 653,07

9 000

10 000

12 000

13 000

En points à New York

2002

Le 3 juin 9 709,79

9 600

10 000

10 400

10 800

J F M A M J

En points

2002

Le 3 juin 3 382,54

3 300

3 500

3 700

3 900

LE PRÉSIDENT de France Télé-com, Michel Bon, les a dénoncéslors de son assemblée générale d’ac-tionnaires. Et celui de Vivendi Uni-versal, Jean-Marie Messier, a faitde même dans une lettre à ses sala-riés. Les hedge funds (fonds spécula-tifs) sont à nouveau montrés dudoigt. Ces investisseurs à très courtterme – de quelques secondes àquelques jours – paraissent de plusen plus présents sur les marchésboursiers. Les techniques de venteà découvert leur permettent de ven-dre des titres qu’ils ne possèdentpas pour les racheter plus bas, afinde réaliser une sorte de « plus-value à la baisse ». Faute d’autresexplications, le parcours chaotiquede certains titres, marqué par desbaisses violentes suivies de fortsrebonds, porte leur marque : lesvendeurs à découvert doivent fina-lement racheter des titres afin d’em-pocher leurs gains.

Les hedge funds poursuivent desstratégies très diversifiées. Ceuxqui laissent actuellement leurempreinte sur le marché sont prin-cipalement des « long-short equi-ties » qui achètent un titre et envendent un autre simultanément,cherchant à profiter d’écarts decours jugés peu justifiés à court ter-me, ou à limiter le risque d’une opé-ration spéculative par une autre,presque inverse. Dans ce cadre, ilschoisissent alors des « cibles » sus-ceptibles de baisser vite et fort, et

entreprennent de les « shooter »(vendre massivement), selon leurjargon. Les « trend followers » sontun autre type de hedge funds , quisuivent à très court terme les ten-dances du marché, vendant ce quibaisse et achetant ce qui monte, etdonc amplifient la « volatilité ».

L’impact des « hedge funds » est

d’autant plus fort que les investis-seurs institutionnels à moyen etlong terme semblent rester enretrait. « De mes contacts quotidiensavec les brokers [courtiers], il appa-raît que les gestions finales sont para-lysées », explique Marc Renaud,directeur général de CCR Actions.

« Dans les marchés que l’on con-naît actuellement, à plus faible volu-me, les hedge funds font les tendan-ces à court terme, et s’en donnent àcœur joie », ajoute-t-il. Certainsjours, environ trois quarts deséchanges seraient réalisés par desinvestisseurs à court terme, fondsspéculatifs et gestion pour comptepropre des institutions financières.Ce chiffre, jugé « crédible » parM. Renaud, reste difficile à établirprécisément. Selon le site InternetHedge Fund Center, les fonds spé-culatifs, basés le plus souvent dansdes paradis fiscaux, seraient aunombre de 600 dans le monde, etgéreraient 560 milliards de dollars.

A. de T.

« Les actions sont confrontées à un ajustement structurel », explique uneanalyse publiée par la Banque du Louvre, qui témoigne du désenchante-ment de certains gérants pour la Bourse. « Plusieurs facteurs ont entraîné lavive hausse des actions dans les années 1990 : la mondialisation, l’innovationtechnologique et financière, la réduction de l’étatisme et de l’inflation », écri-vent ces professionnels. A présent, « les tensions géopolitiques et financièresmettent en cause ce modèle favorable aux marchés », estiment-ils. Parmileurs motifs d’inquiétude : l’« aléa pétrolier » et la guerre commerciale amé-ricano-européenne. Ils évoquent aussi la crise de confiance consécutive àl’affaire Enron et l’amortissement inachevé des « survaleurs » liées auxacquisitions payées trop chères, la non-prise en compte des éléments excep-tionnels dans les bénéfices ou la sous-estimation des engagements de retrai-te. Enfin, ils s’alarment de l’endettement des ménages américains, environ135 % du produit intérieur brut.

E N T R E P R I S E SM A R C H É S F I N A N C I E R S

Variations

En pourcentage En euros

L'ÉVOLUTION DU CAC 40 DEPUIS LE DÉBUT DE L'ANNÉE

+33,30

+27,49

+24,18

+ 20,48

+19,90

+18,32

+15,75

+15,53

+15,48

+12,82

+12,09

+7,96

Au 31 maiNoms Variations

En pourcentage En euros

L'Oréal

AGF

Vinci

Aventis

Carrefour

Pinault Printemps Redoute

Vivendi Environnement

Suez

Axa

Thomson Multimédia

Bouygues

ST Microelectronics

Dassault Systèmes

Sanofi Synthélabo

+7,62

Sodexho Alliance

+6,78

Alcatel

+4,14

Cap Gemini

+4,10

Orange

+4,05

Vivendi Universal

+2,83

France Télécom

+1,85

+1,73

52,8

17,39

56,75

45,18

60,25

56,5

72,75

32,8

44,75

41,8

190

147,9

169,4

43,6

16,87

109,2

166,9

48,33

55,0

88,15

+1,44

-3,53

-5,38

-6,58

-7,62

-8,51

-9,42

-10,53

-10,95

-12,87

-13,97

-18,20

-20,33

-22,49

-22,81

-33,85

-35,02

-41,55

-45,37

-53,74

66,8

52,00

76,55

74,25

53,95

132,3

33,93

30,42

20,90

30,06

31,66

29,49

43,02

64,95

37,06

12,70

52,70

5,95

33,60

20,77

Au 31 maiNoms

Renault

EADS

LVMH

Crédit lyonnais

BNP Paribas

Peugeot

Société générale

TF1

Thales

Michelin

Saint-Gobain

Danone

Air Liquide

Accor

Dexia

Lafarge

TotalFinaElf

Lagardère

Schneider Electric

Casino Guichard

Au cours des cinq premiers mois de l'année, l'indice CAC 40 a reculé de 7,57%, à 4 274,64 points.Source : Bloomberg

Rebonds et baisses violentessont la marque des fonds spéculatifs

La fin d’un modèle favorable aux marchés ?

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22/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

NUMÉRO DE JUIN 2002En vente chez votre marchand de journaux 3,80 €

Egalement au sommaire :Le cloaque mafieux du football mondial ; Les jeunes marocainsrêvent d’Europe ; Jean Paul II, un pape conservateur et moderne ;Essor et divisions des islamistes koweïtiens ; etc.

Le fantôme des maisons de redressement

Travail en miettes, citoyens déboussolés

La troisième génération ouvrière

Etes-vous sûr d’être français ?

VIve la crise politique !

DOSSIER

ÉLECTIONS

Par Jacques Bourquin, Danièle Linhart, Stéphane Beaud,Michel Pialloux, Maurice T. Maschino, et Anne-Cécile Robert

LE MARTEAU du commissaire-priseur va bientôt frapper la fin departie pour Alfred Taubman, pro-priétaire de la maison de vente auxenchères new-yorkaise Sotheby’s.A 78 ans, le milliardaire américain afait savoir, lundi 3 juin, qu’il allaitcéder le bloc de contrôle qu’ildétient dans le capital de la presti-gieuse institution. M. Taubman adéposé pour cela un documentauprès de la Commission des opéra-tions de Bourse américaine (laSEC), dans lequel il précise les for-malités de son retrait. Ses 13,2 mil-lions d’actions, représentant 62,9 %des droits de vote, seront confiés àla banque d’affaires new-yorkaiseGoldman Sachs, chargée de leurtrouver un acheteur. M. Taubmans’est engagé auprès de la SEC à nepas vendre ses actions dans les qua-tre-vingt-dix prochains jours sansle consentement des dirigeants deSotheby’s, qui, eux, ont pris pourconseils JP Morgan et MorganStanley.

C’est l’épilogue d’une retentissan-te affaire d’entente illégale qui aentaché la réputation des deux pre-miers enchéristes mondiaux, Sothe-by’s et l’anglais Christie’s. M. Taub-man, qui avait quitté la présidencede Sotheby’s en février 2000, aprèsla révélation des faits par le ministè-re de la justice américain, a étécondamné le 22 avril 2002 à un anet un jour de prison ferme et à uneamende de 7,5 millions de dollarspar un tribunal fédéral de NewYork. De 1993 à 1999, les deux mai-sons s’étaient entendues pour fixerde concert le montant des commis-sions dues par les clients. Le mon-tant total de la fraude dépassait les400 millions de dollars, et les deuxentreprises, qui détiennent 90 % du

marché mondial des ventes publi-ques, avaient accepté de payer512 millions de dollars de domma-ges et intérêts aux quelque100 000 clients qui avaient portéplainte.

« ’ »Le procès, en décembre 2001, prit

une tournure spectaculaire, en rai-son des aveux d’une ancienne direc-trice de Sotheby’s, DianaD. Brooks, qui avait plaidé coupa-ble, contre son ancien patron, dansl’espoir d’un sursis. Christie’s,contrôlée depuis 1998 par l’hommed’affaires français François Pinault,avait décidé de collaborer avec lajustice en échange d’une amnistieconditionnelle. Alfred Taubman,lui, avait crânement fait face, fortde lettres de soutien signées de per-sonnalités comme Henry Kissinger.

C’est la fin d’un rêve doré pour cethomme, originaire du Michigan,qui a fait fortune dans la construc-tion de centres commerciaux, avantde s’enticher de Sotheby’s, rachetéen 1983, alors que la maison étaitmenacée de faillite. Son originesociale modeste a valu à M. Taub-man maintes railleries dans le mon-de très fermé de l’art. Ce promo-teur immobilier dont le père avaitété ruiné par la Grande Dépressiondes années 1930, se décrivait volon-tiers comme « un camelot vendantde l’art comme de la bière ».

Sous sa houlette, en 1988, Sothe-by’s était revenue à son apogée, s’at-tribuant 59 % du marché mondial.C’est M. Taubman qui introduiraSotheby’s en Bourse, à New York.La décennie 90 sera moins flam-boyante. D’abord porté par la repri-se américaine, le chiffre d’affaires

de Sotheby’s est retombé à moinsde 400 millions de dollars (425,5 mil-lions d’euros) en 2000, année de per-tes (189,7 millions de dollars) et delicenciements (150 emplois, soit 8 %du personnel). L’année 2001 seraune année terrible pour le marchéde l’art.

Aujourd’hui, le monde des enchè-res s’interroge sur les repreneurspossibles de Sotheby’s. Longtempspressenti, Bernard Arnault n’estplus intéressé. Sa tentative de créerun challenger aux deux leaders àpartir de Phillips, une maison d’en-chères londonienne, a coûté fortcher au groupe LVMH, obligé definancer les importantes garantiesapportées aux enchères. Le groupede luxe a cédé le contrôle dePhillips, dont il n’a gardé que27,5 %.

Après avoir suscité l’engouementdes milliardaires, les sociétés de ven-tes ont du mal à trouver preneur. Laquasi-totalité des candidats à la pri-se de contrôle de l’hôtel Drouot, enFrance, se sont récusés ces derniersmois, à l’exception de la banquenéerlandaise ABN Amro. Les plusgros opérateurs de la place parisien-ne ont été repris séparément :Tajan par M. Arnault, Piazza parM. Pinault, et tout récemment LeFur-Poulain par Artcurial (Das-sault).

Cela au moment où la fin dumonopole détenu par Drouotdepuis quatre cents ans a permis àSotheby’s et Christie’s de réaliseren France leurs premières ven-tes. Sotheby’s a ainsi dispersé, ennovembre 2001, la prestigieusebibliothèque littéraire Charles-Hayoit.

Pascal Galinier

Deux banques privées genevoisesfont un mariage de raison

pour affronter l’avenir

CE N’EST PAS tant une assem-blée générale qui s’est tenue, lundi3 juin à Paris, qu’une célébrationde l’univers d’Hermès, la griffe au« duc attelé » et à la « boîte oran-ge ». Jean-Louis Dumas, 64 ans,PDG de l’entreprise familiale deproduits de luxe, avait choisi leThéâtre Marigny, à deux pas del’Elysée, pour faire rêver ses action-naires « au terme d’une année 2001qui s’est révélée turbulente etcruelle ».

Sur scène, un cheval noir esquis-sait des pas de danse, monté parune jeune cavalière tout de noirvêtue. Dans la salle, les participantstentaient vainement de trouver pla-ce. Certaines des 1 200 personnesont été refoulées dans une salleannexe, qu’il a fallu ouvrir pour l’oc-casion. La sérénité régnait : Her-mès défie les lois du secteur, enannonçant pour la dixième annéeconsécutive une croissance à deuxchiffres. Il planait aussi un parfumde succession : Fabrice Boé, 40 ans,nouveau directeur général, aprèsseize ans passés chez L’Oréal où il aété notamment directeur généralde la marque Lancôme, a étéprésenté officiellement aux action-naires.

300 2001Hermès a annoncé une croissan-

ce de 6,8 % de ses ventes pour lepremier trimestre, à 301,8 millionsd’euros, démontrant l’étonnanterésistance de son activité. Sur cinqans, le parcours est spectaculaire :les ventes ont été doublées, le béné-fice multiplié par trois et1 300 emplois ont été créés, dont300 en 2001. L’effectif est aujour-d’hui de 4 943 personnes.

Une même question brûlait leslèvres des actionnaires. « La mai-son Hermès et le titre en Bourse affi-chent une santé insolente, dans un

contexte difficile où de grands grou-pes souffrent. La maison continue dese développer par la seule croissanceinterne. Comment est-ce possible etjusqu’à quand ? », interrogera unactionnaire. M. Dumas, héritier dela cinquième génération d’Hermès,à la tête de l’entreprise depuis1978, se refusera à donner les clésde son succès.

--’Hermès est, certes, l’une des

rares griffes de luxe à pouvoirrevendiquer le statut de marqueglobale. Dans le métier historiquede maroquinier, « nous avons enga-gé 88 selliers-maroquiniers en 2001,portant à 836 le nombre de salariésdans le travail du cuir, mais noscapacités de production sont encoreinférieures à la demande », a souli-gné M. Dumas. Le prêt-à-porters’est imposé au fil du temps com-me le deuxième métier du groupe,au même niveau d’activité que lasoie, tandis que l’horlogerie, unediversification récente, a réussi sapercée. « 157 000 montres sont sor-ties de nos ateliers de Brienne, enSuisse », s’est félicité M. Dumas.

Hermès a bénéficié en 2001 del’ouverture du magasin de Tokyo,dans le quartier chic de Ginza. Laboutique, qui accueille « 5500 visi-teurs par jour », a relancé l’intérêtpour la marque dans toute la pénin-sule. Le Japon est aujourd’hui lepremier marché pour Hermès(27 % des ventes), devant la France(21 %). Hermès, qui a investi142 millions d’euros en 2001 (inté-gralement autofinancés), notam-ment dans le renforcement de sadistribution, a prévu de réaliser lemême effort en 2002. Sept bouti-ques seront ouvertes : en Europe(Aix-en-Provence, Nuremberg etNaples), au Canada (Montréal) eten Asie (Séoul, Kobé et Tokyo).Enfin, la maison a acquis un localdans la région parisienne, à Bobi-gny, « à mi-distance entre les ate-liers [Hermès] de Pantin et l’aéro-port de Roissy » qui portera sa plate-forme de logistique de 5 000 m2 à25 000 m2 en 2003.

Pour 2002, M. Dumas s’est refu-sé à donner des prévisions. Avecune trésorerie nette de 285 mil-lions d’euros et 855 millions decapitaux propres, le groupe afficheune bonne solidité financière. Dequoi, pensent certains, élargir enco-re sa gamme de métiers. « Le choixd’Hermès est se tourner vers le futur,avec son sac Kelly bien arrimé aubras, une alliance entre tradition etmodernité », a estimé M. Dumas,artisan de cette alchimie réussie.

Véronique Lorelle

/

LES DEUX BANQUES privéessuisses Lombard Odier & Cie etDarier Hentsch & Cie, spécialiséesdans la gestion de fortune depuis…deux cents ans, ont annoncé, lundi3 juin, leur fusion, se rapprochantdu numéro un, Pictet & Cie. Lenouvel établissement, qui naîtra le1er juillet, portera le nom de Lom-bard Odier Darier Hentsch & Cie(LODH) et gérera 140 milliards defrancs suisses (95,3 milliardsd’euros), avec 2 000 collabora-teurs.

Ce mouvement de consolidationcorrespond à une adaptation desbanquiers privés à la chute de leursbénéfices, suite à la déprime desmarchés boursiers, à la concurren-ce toujours plus forte avec de nou-veaux arrivants, et aux pressionssur le secret bancaire. Thierry Lom-bard et Pierre Darier seront lesdeux principaux associés deLODH. La nouvelle structure con-servera une structure juridique desociété en commandite simple. Laconduite opérationnelle sera con-fiée à un comité exécutif présidépar Bernard Droux, et composé deneuf personnes dont trois associés.

La réunion des deux plusanciens banquiers privés genevoisdonnera naissance à l’un des plusgrands acteurs européens de la ges-tion privée, avec 70 milliards defrancs suisses dans ce seul domai-

ne d’activité, à l’image de JuluisBäer. A la tête de réseaux complé-mentaires, les deux banques nedevraient guère modifier leurs acti-vités respectives. Outre Genève,Zurich et Lugano, les rares redon-dances se situent au Canada et àHongkong.

« »Les banques suisses doivent fai-

re face à l’érosion de clientèle versl’Italie. Darier Hentsch & Cie a ain-si annoncé, lundi, que l’amnistiefiscale italienne s’était traduite parune perte de 15 % des actifs sousgestion, Lombard Odier & Cie s’es-timant moins affectée. « Nousfusionnons pour mieux servir nosclients à qui nous souhaitons vendrede la compétence et pas du secretbancaire », a expliqué PierreDarier.

Les conséquences sociales del’opération ne sont pas encore con-nues, l’équipe dirigeante souhaitese laisser jusqu’à la fin de l’année.Mais il est d’ores et déjà prévu unplan social qualifié de « géné-reux », notamment en ce quiconcerne les éventuels départs enretraite anticipée. Il n’est pas faitmystère de la nécessité de réduireles coûts de fonctionnement.

Stéphane Benoit-Godet(Le Temps)

NANTEScorrespondance

« Il manquait le nom de deux cadres dans leplan social. Nous avons été fixés lors d’un comitéd’entreprise exceptionnel le 29 mai », raconte,encore surprise, Véronique Robin, secrétaireCFDT du comité d’entreprise de Waterman àSaint-Herblain, en banlieue de Nantes (Loire-Atlantique). Fait rare, il s’agit de Gilles Beau-douin, 56 ans, président de Waterman et direc-teur de l’usine, dont le départ à la retraite négo-cié a ainsi été annoncé, suivi de celui du directeurdes ressources humaines du site, Jean-Louis Mar-caud. Le remplacement de ces dirigeants achèveun plan social entrepris en décembre 2001. Pro-priétaire de Waterman depuis l’été 2000, SanfordEurope, division écriture du conglomérat améri-cain Newell Rubbermaid, a supprimé 98 emploissur 730. L’entreprise sera désormais présidée parFrançois Louvet, 44 ans, vice-président de San-ford Europe. La direction de l’usine nantaise aété confiée à Emmanuel Scribe, un cadre trente-naire qui dirigeait la logistique.

La réduction d’effectif a attisé l’inquiétude ausein de l’usine. « Nous sommes une centaine en

moins, mais nous n’avons pas davantage de tra-vail », observe Mme Robin. Pour autant, cette syn-dicaliste veut encore croire à la stratégie de San-ford pour enrayer le déclin de la marque. Crééeen 1883 aux Etats-Unis par Lewis Edson Water-man, inventeur d’une sorte de réservoir d’encre,elle est devenue française dans les années 1950.Développée par la médiatique Francine Gomez,elle fut rachetée par Gillette en 1987, qui laconserve jusqu’en août 2000. Subissant les diffi-cultés de ce groupe, Waterman a vu son chiffred’affaires passer de 97 millions d’euros en 1999 à83 millions en 2000 pour atteindre, de sourcessyndicales, 68 millions en 2001. Le résultat netest tombé de 10,7 millions d’euros en 1999 « àprès de zéro en 2001 », une dégradation liée à l’in-suffisance des investissements, tant en rechercheet développement qu’en marketing et publicité.

« Le marché n’est pas très porteur. On préfère

offrir un baladeur CD qu’un stylo de luxe », déplo-re aussi un cadre. « Faux. Il faut s’inspirer des hor-logers suisses, de Swatch par exemple, qui a investidans les marques, la recherche, la qualité et le mar-

keting. Aujourd’hui, la plupart des gens achètentplusieurs montres. C’est la même chose avec leslunettes de soleil », affirme Denis Terrien, ex-pré-sident d’Amazon.fr devenu en août 2001 prési-dent de Sanford Europe. Comme gage de cettestratégie, Waterman a été recapitalisé de 20 mil-lions d’euros. La marque a ainsi pu faire une cam-pagne de sponsoring sur TFI et des opérationsde promotion durant le Festival de Cannes.« Trois stylos haut de gamme sont sortis, indiqueM. Terrien. L’usine de Nantes n’est plus dédiée spé-cifiquement à Waterman. Parker, une autre mar-que du groupe, représente 30 % de la productiondu site. Des modèles Rotring y sont aussi produits.Ce site est très important pour ses compétencestechniques uniques (laquage, rainurage, fini-tions…). »

M. Terrien assure que Sanford Europe connaîtune croissance de 5 % à 10 %. Devenu leadereuropéen des instruments d’écriture en repre-nant Reynolds puis le pôle papeterie de Gillette,il affiche un chiffre d’affaires de 350 millions dedollars en 2001, avec pour objectif 500 millionsd’ici deux à trois ans, « par croissance interne etexterne ». – (Intérim.)

b Chiffres : Hermès a réalisé unchiffre d’affaires de 1,227 milliardd’euros en 2001 (+ 6 %), pour unrésultat net de 201,7 millions(+ 15 %).b Produits : 14 lignes, dont lamaroquinerie (27 % des ventes),les vêtements (15 %), la soie (15 %),l’art de vivre (12 %) et l’horlogerie(10 %).b Autres marques : Puiforcat etSaint Louis, Lobb, participationsdans Jean Paul Gaultier et Leica.b Actionnaires : la famille Hermèsdétient 75 % du capital et contrôlele groupe via une commandite. Lesolde est dans le public.

LA « vie.com » serait-elle moinsrose que prévu pour les grandesentreprises françaises ? C’est ceque suggère une étude du consul-tant IDC réalisée auprès de130 sociétés pour le compte d’Uni-log Management. Après unengouement pour les nouvellestechnologies en 2000, la mise enplace de l’outil Internet sembleplus laborieuse que prévu.

Le développement des sites insti-tutionnels, ayant pour vocationd’informer les consommateurs surles activités, s’est généralisé : 94 %des entreprises interrogées ensont pourvues. L’intranet est entrédans les mœurs, puisque 79 %l’ont mis en place. Pour autant, cer-tains chiffres nuancent l’étenduede l’intégration d’Internet dans lesstratégies des entreprises. Parexemple, l’utilisation de l’extranet,qui permet, entre autres, d’effec-tuer des commandes auprès desfournisseurs ou d’assurer un servi-ce après-vente, ne concerne que39 % des grandes entreprises fran-çaises. En outre, l’intégration ausystème interne de l’entreprise de

cet extranet demeure plutôt faible(37 %), ce qui réduit l’efficacité desa mise en œuvre.

’ « »Pour l’heure, la révolution Inter-

net concerne surtout la communi-cation interne. La messagerie toutcomme l’annuaire sont incontour-nables (installés dans 8 sociétéssur 10). Mais peu d’entreprisesencore se servent d’Internet pourréduire leurs coûts des processusinternes. Dans cette phase de tran-sition, les banques et les sociétésde services sont de véritables« laboratoires de nouveaux modè-les ». Mauvaise élève, l’industrieest « suiveuse ».

Faut-il s’alarmer ? Reprenant lacourbe d’évolution des marchés dehaute technologie, IDC estimequ’après un enthousiasme démesu-ré suivi d’un flottement l’intégra-tion d’Internet dans les grandesentreprises françaises se fera à tra-vers des projets à long terme. La« vie.com » ne fait que commencer.

Tiphaine Durand

Après la fin dumonopole des ventesaux enchères,détenu par lescommissaires-priseurs, les maisonsétrangères tellesSotheby’s ouChristie’s ont puréaliser des ventespubliques enFrance. Sotheby’s l’afait pour la premièrefois en novembre2001 (photo), avecla dispersion de labibliothèque ducollectionneur belgeCharles Hayoit.

Hermès reste imperméableà la morosité du luxe

Le Japon est aujourd’hui le deuxième marchéde la célèbre maison familiale

Un résultat neten hausse de 15 %

Moyen de communication,Internet tarde à s’intégrer

dans la gestion des entreprises

Le milliardaire Alfred Taubmanmet en vente ses actions Sotheby’s

A 78 ans, l’ancien patron de la maison d’enchères new-yorkaise est toujours sous le coupd’une condamnation à un an de prison ferme pour entente illégale avec Christie’s

E N T R E P R I S E S

Le président de Waterman ajoute son nom au plan socialSon actionnaire américain investit 20 millions d’euros pour relancer la marque de stylos

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LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/23

NEW YORKde notre correspondant

Depuis décembre 2001 et la failli-te d’Enron, il ne se passe plus unmois à Wall Street sans qu’éclateun scandale. Cette fois, il s’agit dela démission inattendue, rendueofficielle lundi 3 juin, de DennisKozlowski, le PDG du conglomé-rat géant Tyco. Ce dernier affir-mait encore la semaine dernièrene pas avoir l’intention de quitterson poste et disposer du soutientotal de son conseil d’administra-tion. Mais le New York Times révèlelundi que M. Kozlowski est soup-çonné par la justice d’avoir sous-trait au fisc des centaines de mil-lions de dollars en les plaçant dansdes trusts familiaux et de s’en êtreservi pour acheter des œuvresd’art. Le procureur de New York,Robert Morgenthau, a ouvert uneenquête criminelle. Un grand jurya été désigné, mais n’a pas encoreformellement accusé M. Kozlows-ki. Ce dernier a aussi démissionnédu conseil de Raytheon (électroni-que de défense) et est remplacéprovisoirement à la tête de Tycopar John Fort, qui a dirigé la socié-té de 1982 à 1992.

Le conglomérat, dont le siège se

trouve aux Bermudes, n’en avaitpas vraiment besoin. Il avait déjàperdu en Bourse plus de la moitiéde sa valeur depuis le début de l’an-née à la suite de doutes grandis-sants sur la sincérité de ses comp-tes. Lundi, le titre abandonnaitencore 27 %. Tyco utilise desméthodes comptables d’une gran-de complexité et opacité au pointque peu de personnes sont capa-bles de comprendre exactement sasituation financière. Pour certainsgérants, Tyco manipulait les comp-tes des sociétés achetées afin dedonner l’illusion d’une croissancerapide de ses bénéfices.

Le groupe s’est lancé à partir de1992 et de l’arrivée à sa tête deM. Kozlowski dans une politiqued’acquisitions de centaines desociétés dans divers secteurs. Sonchiffre d’affaires est passé de6,6 milliards de dollars en 1997 à36,4 milliards en 2001 (l’équivalentde Renault). Il emploie plus de240 000 personnes et fabriqueentre autres des composants élec-troniques, des câbles de communi-cation sous-marins, du matérielmédical et des équipements desécurité et de détection d’incendie.En 2001, le conglomérat avait enco-re pris le contrôle du groupe finan-

cier CIT pour 9,5 milliards de dol-lars (10,09 milliards d’euros) et deLucent Technologies Power Sys-tems pour 2,5 milliards. Tyco étaitdevenu à la fin des années 1990une des valeurs favorites de laBourse de New York. En 2000, àson plus haut, sa capitalisation de120 milliards de dollars en faisaitl’une des vingt premières valeursdu pays. L’ambition de M. Koz-lowski était d’en faire un nouveauGeneral Electric.

Avec la faillite d’Enron, tout a

changé. La confiance a soudain dis-paru. Le groupe a été contraint enfévrier de révéler avoir dépensé8 milliards de dollars lors des troisderniers exercices dans l’acquisi-tion de 700 sociétés sans que celaapparaisse dans ses comptes. L’en-dettement a doublé en quatre ans,atteignant 21,6 milliards de dol-lars. Le groupe avait décidé audébut de l’année de se diviser enquatre entités, un projet abandon-né sans explication en avril. Il aannoncé il y a quelques semainesla mise en vente de CIT.

Eric Leser

Chute de 8,6 % du marchéautomobile français en maiAPRÈS un sursaut en avril, les ventesde voitures particulières neuves enFrance ont baissé de 8,6 % en mai parrapport à mai 2001. A nombre de joursouvrables comparables, la baisse estramenée à 3,7 %, a précisé le Comitédes constructeurs français d’automobi-les (CCFA), lundi 3 juin. « Troué par lesjours fériés et les différents ponts, le moisde mai a été peu propice à l’achat d’unevoiture », a indiqué le président duCCFA, Yves de Belabre. Le CCFA main-tient pour l’instant sa prévision d’unmarché « stable ou en légère baisse surl’ensemble de l’année ». Sachant que« la confiance des ménages n’est pas auplus haut et la tendance du chômagen’est pas à la baisse », il devrait affinerses prévisions le mois prochain, en juin, avec la publication des chif-fres du premier semestre.Les marques françaises n’ont pas été épargnées par la baisse : Peugeotchute de 19,3 %, Citroën de 5,8 % et Renault de 4,7 %. Toutes les mar-ques étrangères à l’exception de BMW (grâce à la Mini) et Daimler-Chrysler enregistrent une chute de leurs ventes, notamment Fiat etFord avec respectivement – 21,3 et – 13,9 %.

Rothschild choisie comme conseilde l’OPA de Kingfisher sur CastoramaUNE NOUVELLE BANQUE a été désignée, lundi, pour juger de l’équi-té du prix de l’OPA lancée par Kingfisher sur Castorama. Les deux par-ties ont convenu de confier un mandat la banque Rothschild et Cie.Les actionnaires historiques de l’enseigne française de bricolage avaitdemandé au tribunal de commerce de paris de récuser la banqueSchroder Salomon Smith Barney (SSSB) du fait de ses liens avec le pré-sident de Kingfisher, Francis Mackay. Finalement un modus vivendi aété obtenu pour changer de banque qui devra déterminer si le prix de67 euros par action proposé par le groupe britannique est équitable.La banque Rothschild dispose maintenant d’un mois pour se pronon-cer. Entre-temps, les actionnaires de Kingfisher se prononceront le7 juin sur le principe du rachat des 45 % de Castorama qu’ils ne détien-nent pas encore au prix de 67 euros. Au risque d’être obligé de recon-voquer une nouvelle assemblée générale au cas où le prix déterminépar la banque Rothschild se révélait différent.

Legrand veut être séparérapidement de SchneiderLEGRAND souhaite une « séparation rapide » de Schneider Electric,« sans attendre les résultats des recours » introduits par ce derniercontre le veto opposé par la Commission européenne à la fusion desdeux groupes français, a annoncé lundi François Grappotte, PDG deLegrand. La Cour européenne de justice, saisie par Schneider Electric,doit trancher sur le fond en octobre, au terme d’une procédure accélé-rée. La Commission avait pour sa part prolongé au 1er février 2003 l’ex-piration du délai accordé à Schneider Electric pour se séparer deLegrand. M. Grappotte, qui parlait à l’issue d’une assemblée généraledu groupe de petit matériel électrique a affirmé qu’une prolongationde la situation actuelle risquait de provoquer des « conséquences néga-tives irréparables ». M. Grappotte a réitéré sa « préférence » pour unescission suivie d’une réintroduction en Bourse, ajoutant, « nous avonsdes souhaits, mais nous sommes des gens réalistes ». Schneider a indi-qué qu’il étudiait trois pistes : la cession en bloc à un acquéreur uni-que, la scission (en distribuant aux actionnaires de Schneider desactions Legrand) ou l’offre publique de vente (OPV).

a MICROSOFT : la Commission des opérations boursières améri-caine (SEC) a annoncé lundi qu’un accord à l’amiable mettant fin àl’enquête sur des pratiques comptables de Microsoft a été conclu avecle groupe de logiciels. Microsoft s’est engagé à modifier les pratiquesqui lui auraient permis de diminuer artificiellement ses bénéfices lorsdes exercices passés pour constituer une réserve financière.a THALES : le groupe français d’électronique de défense table surune croissance de plus de 40 % des commandes en Asie en 2002 à2 milliards d’euros, contre 1,4 milliard en 2001. Les commandes enAsie représenteront 14 % à 16 % du total du groupe en 2002.a WHIRLPOOL : la filiale française du groupe américain d’électro-ménager a confirmé, lundi, devant le comité d’entreprise, sa décisionde transférer en Slovaquie la production de lave-linge du sited’Amiens (Somme), entraînant la suppression de 360 des 860 postes.En contrepartie, la direction a annoncé un investissement à Amiensde 20 millions d’euros.a PECHINEY : le groupe d’aluminium pourrait retenir le site sud-africain de Coega pour la construction d’une usine utilisant unenouvelle technologie, indique le Financial Times de lundi. L’usine pour-rait produire 460 000 tonnes d’aluminium par an dès 2005. L’investis-sement total devrait avoisiner les 1,6 milliard de dollars dont un tiers àla charge de Pechiney.

a NAPSTER : le site de distribution gratuite de musique sur Inter-net a déposé son bilan, lundi, ouvrant la voie à son rachat par le grou-pe Bertelsmann. Le géant allemand des médias a fait une offre de pri-se de contrôle, prévoyant notamment le versement de 8 millions dedollars (8,49 millions d’euros) aux créanciers de Napster.a NOOS : un technicien en informatique a été condamné à quatremois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Parispour avoir paralysé, le 1er février, la messagerie du fournisseur d’accèsà Internet et au câble en envoyant grâce à un logiciel spécialisé300 000 courriers électroniques. Les techniciens de la Lyonnaise Com-munications, propriétaire de Noos, ont mis dix heures à rétablir lefonctionnement du système dont les serveurs étaient engorgés.a RÉGIE DES TRANSPORTS MARSEILLAIS : aucun métro ne circu-lait mardi matin 4 juin à Marseille en raison d’un mouvement de grèvedu service de sécurité du poste de commandement central de la Régiedes transports marseillais (RTM).

a COUR EUROPÉENNE DE JUSTICE : les juges de Luxembourg ontcondamné mardi la « golden share » de l’Etat français dans TotalFi-naElf, confirmant les révélations du Monde (du 1er juin).a CDC : la Caisse des dépôts et consignations a annoncé lundiavoir renforcé sa présence dans l’économie sociale en souscrivant àhauteur de 4,2 millions d’euros à l’augmentation de capital de l’Insti-tut de développement de l’économie sociale (IDES), portant sa partici-pation à 13,8 %, contre 3 % auparavant.

Le trésorier et vice-président du groupe énergétique américain El Paso,Charles Dana Rice, « s’est donné la mort » dimanche 2 juin, a indiqué lundi àl’AFP la porte-parole du groupe. Il n’était pas indiqué clairement si M. Rice,47 ans, avait laissé un message expliquant son geste. La société El Paso, victi-me de la méfiance des investisseurs pour l’ensemble du secteur de l’énergiedepuis la faillite d’Enron, a annoncé la semaine dernière qu’elle se reconcen-trait sur ses activités de vente de gaz naturel et se séparait de la moitié deses courtiers. Le groupe avait également démenti avoir procédé à des tran-sactions fictives pour gonfler son chiffre d’affaires. Un tel procédé avait per-mis à Enron, le premier courtier en énergie du monde, aujourd’hui en failli-te, d’exagérer substantiellement ses performances.

L’un des vice-présidents d’Enron, Cliff Baxter, 43 ans, s’était suicidé danssa voiture en janvier.

MAUVAIS MOIS DE MAI

CCFA

Immatriculations de voituresparticulières en France

2002J F M A M

192

089

173

064

198

302

186

380

207

891

E N T R E P R I S E S

Le PDG du conglomérat Tyco démissionneà la suite d’accusations de fraude fiscale

En quatre ans, M. Kozlowski avait multiplié par six le chiffre d’affaires de sa société. Celle-ci étaitl’une des vedettes de Wall Street avant que l’opacité des comptes n’inquiète les investisseurs

Suicide d’un dirigeant d’un groupe énergétique

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24/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

L’« ABORDAGE » du voilier Défi-Français par un Zodiac de l’associa-tion écologiste Greenpeace le18 mai n’a rien d’une bataille nava-le, mais tout d’une bataille de com-munication. Au cœur de la polémi-que : le choix fait par le géant dunucléaire civil, Areva, de sponsoriserle bateau français lors de la prochai-ne Coupe de l’America (Le Mondedu 21 mai). Cette décision a provo-qué la colère de Greenpeace. L’orga-nisation accuse Areva de pratiquer« l’éco-blanchiment » – techniquequi consiste à masquer la réalitépour apparaître comme une entre-prise « propre » –, en sponsorisantun sport, la voile, dont la dimensionécologique est évidente.

« Je trouve un peu surprenantqu’Areva, qui n’a pas pour client legrand public, fasse le choix du sponso-ring », s’interroge le publicitaireJean-Christophe Alquier, de Harri-son & Wolf. Pourquoi Areva, entre-prise née en septembre de la fusiondu CEA, de la Cogema et de Frama-tome, a-t-il choisi d’associer sonnom au Défi français ? « La notorié-té de la marque est nulle aujourd’hui.Nous souhaitions nouer un partena-riat sportif pour développer l’imagede l’entreprise, explique Jacques-Emmanuel Saulnier, directeur de lacommunication d’Areva. Et préparerl’ouverture plus large du capital auxinvestisseurs. » D’ici deux ans Arevapourrait, en effet, avoir besoin desfonds de pension américains. Or laCoupe de l’America est très suivieaux Etats-Unis, un marché stra-tégique.

Le groupe a d’abord pensé s’asso-cier à la Fédération française dejudo, la Cogema étant un gros expor-tateur au Japon, quand mi-septem-bre 2001, Xavier de Lesquen, direc-teur général du Défi français a son-né à sa porte. « Nous avons étéséduits par le projet. Les bateaux de la

Coupe de l’America sont des structu-res de haute technologie, à l’instar denos métiers », affirme M. Saulnier.Le coup de téléphone de Jean Glava-ny, ancien ministre de l’agriculture,à Anne Lauvergeon, PDG d’Areva,a-t-il contribué à la décision ? SiM. Saulnier reconnaît l’existence decette démarche, il s’empresse de pré-ciser qu’Areva avait déjà rencontrél’équipe du Défi français, et queM. Glavany, passionné de voile,avait multiplié les démarches auprèsd’autres entreprises.

Reste que personne ne se bouscu-lait au portillon. Areva a donc signéun chèque de 15 millions d’eurospour devenir le sponsor officiel duDéfi français jusqu’à fin 2003, unesomme jugée raisonnable comparéeau budget de sponsoring, un tempsenvisagé, de la formule 1.

Les réactions ne se sont pas faitattendre. La direction d’Areva abeau avoir contacté le gouverne-ment néo-zélandais qui hébergerales épreuves afin de s’assurer de sabienveillance, l’opération de com-munication a provoqué l’ire deGreenpeace qui y voit une provoca-tion : les éliminatoires de l’épreuvequi débutent le 1er octobre se dérou-leront à Auckland où fut coulé, en1985, le Rainbow-Warrior, bateauengagé dans la lutte contre les essaisnucléaires français dans lePacifique.

La tension est donc montée d’unpremier cran lors du baptême, ven-dredi 17 mai, du Défi à Lorient. Anti-cipant la présence des manifestants,Areva a demandé à la préfecturemaritime d’établir un périmètre desécurité, mais un Zodiac deGreenpeace a réussi à passer et,dans la confusion, a heurté lebateau. Areva a immédiatementdénoncé « la violence » des mili-tants, et le Défi français a déposéplainte. « Areva en a profité pour

marquer le coup plus que de raison »,souligne Pierre Siquier vice-prési-dent de l’agence TBWA Corporate.« Le groupe industriel français arepris la main en termes de communi-cation grâce à l’erreur de Greenpea-ce », ajoute M. Alquier. Le bateaun’aurait été qu’égratigné.

L’affrontement met en lumière lastratégie utilisée par cette entreprisequi exerce des métiers contestés.« C’est rare qu’une entreprise qui soitdans un secteur contesté ait une politi-que volontariste d’affichage de sonactivité. C’est gonflé », estime

M. Siquier. Areva n’est pas seule àmiser sur l’environnement.

« »Le groupe pétrolier TotalFinaElf,

très contesté, en particulier après lenaufrage de l’Erika en 1999, a, lui,choisi le mécénat éco-marin. En plei-ne crise de communication, le grou-pe pétrolier a annoncé, fin 1999, lacréation d’un fonds pour la merdoté d’un budget de 50 millions defrancs (7,6 millions d’euros) sur 5ans dont les conventions auraientété signées seulement début 2002.

Une autre Fondation pour l’environ-nement, avait, en revanche, étécréée en 1992, après le sommet deRio, par Total. Objectif affiché ?Défendre la biodiversité végétalepuis marine. « Il était légitime que legroupe s’intéresse aux problèmes liésà l’environnement, car sur les sites oùnous sommes implantés nous bouscu-lons l’écosystème », explique GinaSardella-Sadiki à TotalfinaElf. Lescinq premières années, 5 millionsde francs (760 000 euros) ont étéconsacrés à l’étude de la biodiversi-té sur les îles de Port-Cros et Por-querolles (Var). Le parc naturel con-tinue à recevoir 1,5 million defrancs (230 000 euros) par an.« C’est une vitrine pour la Fondation,vue par beaucoup de touristes », sou-ligne Mme Sardella. Elle finance aussi(2,5 millions de francs par an,380 000 euros) des études sur lescoraux, la préservation de la man-grove en Thaïlande, la réhabilita-tion de la baie d’Essaouira auMaroc, des inventaires d’insectes auQatar….

Enfin, le groupe pétrolier commu-nique autour de la préservation dupatrimoine en finançant des opéra-tions de mécénat archéologique enSyrie, en Libye..., en général dansles pays où elle mène des missionsd’exploration. Une démarche quivise, dans ce cas, à satisfaire les pou-voirs locaux.

L. Gi.

-

/

1 Vous êtes directrice des recher-

ches et des enseignements en

communication institutionnelle au

Celsa (Paris-IV). Comment les entre-

prises dont les activités ont un

impact sur l’environnement gèrent-elles leur image ?

Historiquement, les secteurs lesplus pollueurs ont été les pre-miers à se préoccuper d’environne-ment. Ils ont pris des engage-ments verbaux ou institutionnels,avec la création de fondations,par exemple. Ils souhaitaient ainsise racheter une conduite. Audépart, ces entreprises tenaientun discours très général, avec desthématiques comme le respect dela vie, la sauvegarde de la planèteou des slogans comme « Bienve-nue dans un monde meilleur ».Au fil des ans, les discours sontdevenus plus mesurés, une atten-tion plus grande est donnée aufait que le discours soit plus pro-che des préoccupations et s’articu-

le sur des actions concrètes, com-me la recherche de processus pro-ductifs moins polluants.

2 Comment expliquez-vous cetteévolution ?

Les entreprises ont vécu unevéritable révolution copernicien-ne. Elles ne sont plus seules aucentre de l’univers, mais sontentourées d’un jeu de contraintesqui se font et se défont au fil dutemps. Plus la place des acteurséconomiques est importante, plusles exigences se renforcent.Aujourd’hui, la contrainte d’opi-nion est la plus forte. Lors du nau-frage de l’Erika, TotalfinaElf aexpliqué que ses obligations léga-les n’étaient pas engagées. C’estun discours qui tenait la route,mais les opinions publiques atten-daient plus que la légalité. Enjuillet 2001, la Commission euro-péenne a publié un rapport sur laresponsabilité des entreprises, qui

les invite à aller au-delà du cadrelégal. L’idée est d’établir desmodalités de dialogue avec lesopposants.

3 Quelle analyse faites-vous de la

stratégie de communicationd’Areva, sponsor du Défi français ?

Areva est une société qui s’estdonné un nouveau nom, elle faitpeau neuve. C’est une stratégiede rupture. Son choix de partena-riat sportif très audacieux, avec leDéfi français, est aussi en rupture.Il est curieux, car il est rare qu’uneentreprise fasse un pari aussi fort.Je ne sais pas si cette audace estfolle, parfois elle peut payer, maisil y a eu un effet boomerangimmédiat. Le passé est revenu enforce. Il y a toujours une mémoiredu risque, en attente, prête à seréactiver.

Propos recueillis parLaurence Girard

Première sortieen mer, samedi1er juin, du voilierfrançais de la Coupede l’America financépar le géantdu nucléaire civil,Areva, au largede l’île de Groix,en Bretagne, aprèsl’« abordage »par Greenpeace.

JOURNÉE importante pour l’ave-nir de la radio d’information conti-nue BFM. Les actionnaires decette station, qui dispose de 17 fré-quences, se réunissaient mardi4 juin à Paris. Ils devaient chacunannoncer leurs intentions : comp-tent-ils rester dans le capital, faut-il accueillir un nouvel actionnaire,réinjecter de l’argent, pour quoi fai-re ? En dépit du lancement d’unenouvelle grille en septembre 2001,destinée à défaire la radio de sonimage économique au profit d’unformat plus généraliste, BFM pei-ne à décoller. Selon son PDG, Jean-Luc Mano, qui cite Médiamétrie, lastation bénéficie d’une « audiencestable » en Ile-de-France (1,7 %).Elle progresserait dans Paris etdans plusieurs métropoles régiona-les. « C’est encourageant », esti-me-t-il, même si la radio reste défi-citaire pour cause de morositépublicitaire.

« La question est maintenant desavoir si BFM doit rester dans sonpositionnement haut de gamme, ousi elle doit entrer dans les villes demoins de 100 000 habitants, ce quiserait beaucoup plus coûteux »,résume son PDG, en poste depuisfévrier 2001. Quoi qu’il en soit,M. Mano affirme, « sans vouloir for-muler de menaces », qu’il est « déci-dé à partir » avec son équipe, « sila radio se retrouve dans une situa-tion de sous-financement ». Selonlui, « en dessous du seuil de 70 mil-lions de francs [10,7 millions

d’euros] par an, on ne fait pas uneradio d’information ».

D’après nos informations, aumoins deux actionnaires – la Com-pagnie financière Edmond deRothschild (18,7 %) et DassaultMultimédia (11,2 %) – auraient l’in-tention de se désengager d’uneradio qui ne leur aurait pas donnésatisfaction. Le premier n’a pas puêtre joint, alors que le second a« souhaité ne pas s’exprimer ». « Jepréférerais que tous les actionnairesremettent au pot, ce serait domma-ge d’arrêter en cours de route »,déclare de son côté Jacques Aber-gel, président de la holding FCC(Finance Communication et Com-pagnie), qui détient la radio.Ancien d’Europe 1, M. Abergel pos-

sède 39,2 % de FCC, en compagniede Jacques Berrebi, patron de LaRochefortaise de communication.

Un candidat à l’entrée dans lecapital de BFM s’est manifestépubliquement : Jacob Abbou, l’en-trepreneur qui a acquis, le 31 mai,Le Nouvel Economiste et possèdedéjà Le Journal de l’automobile etTribune juive, racheté à M. Aber-gel. BFM, insiste M. Abbou, « méri-te de revenir à son marché initial :l’économie ». En attendant l’issuede la réunion de mardi, un plansocial a été suspendu. Il devait setraduire par 32 suppressions depostes, dont 18 licenciements, surun total de 100 salariés.

Antoine Jacob

b Areva. La société vit sapremière année d’existence. Sonbudget de communication pour2002 s’établit, hors sponsoring,à 4 millions d’euros en publicité,opérations de relationspubliques, sites Internet. Avecle budget de parrainage de laCoupe de l’America, il atteint11,5 millions d’euros cette année.

b TotalFinaElf. Le groupe ainvesti, selon des chiffres brutsSecodip, 23,8 millions d’euros en2000 en publicité pourl’ensemble de ses marques et sacommunication institutionnelleet 15,4 millions d’euros en 2001.Sur les quatre premiers mois del’année 2002, l’investissements’élève à 2,99 millions d’euros.

C O M M U N I C A T I O N

Modification attenduede l’actionnariat de la radio BFM

L’audience de la station, qui se veut généraliste, peine à décoller

L’environnement, faire-valoir des « pollueurs »Les opérations de financement du voilier « Défi-Français » par le géant du nucléaire Areva, comme les fondations de préservation

de la biodiversité et du patrimoine créées par le groupe pétrolier TotalFinaElf deviennent, parfois, l’objet de batailles frontales

Les investissements publicitaires

... ’

Nouveaux hommagesà Jacques FauvetL’ÉMOTION suscitée par le décès de Jacques Fauvet (Le Monde du4 juin) a continué de provoquer de nombreuses réactions. Pour Ray-mond Forni, président de l’Assemblée nationale, la disparition de l’an-cien directeur du Monde est « une perte pour notre pays ». L’ancien pre-mier ministre socialiste Pierre Mauroy a rendu « hommage à un hommeexemplaire par son parcours, par sa haute exigence morale, par sa rigueurde pensée et d’analyse ». Jean-Pierre Chevènement, a exprimé sa « gran-de peine ». Selon l’ancien ministre MDC, l’ancien directeur du Mondeétait « une conscience à laquelle chacun se référait ». Les obsèques deJacques Fauvet, disparu samedi 1er juin à l’âge de 87 ans, auront lieumercredi 5 juin à 10 h 30 en l’église Saint-Louis des Invalides à Paris.

Page 25: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/25

LES BOURSES DANS LE MONDE 4/6, 9h42

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

UNION EUROPÉENNEALLEMAGNE DAX Index 4662,30 4/6 -1,80 5467,31 19/3 4706,00 20/2 22,40 Euro Neu Markt Price IX 803,51 4/6 -2,58 1212,43 4/1 805,33 7/5AUTRICHE Austria traded 1299,11 4/6 -0,35 1368,18 2/5 1109,88 9/1 14,20BELGIQUE Bel 20 2684,63 4/6 -0,85 2906,75 24/4 2609,61 15/1 13,40DANEMARK Horsens Bnex 252,61 4/6 -0,82 280,92 26/3 248,52 25/4ESPAGNE Ibex 35 7765,60 4/6 -1,70 8608,50 4/1 7628,00 22/2 18,40FINLANDE Hex General 6064,16 4/6 -2,30 9224,38 4/1 6112,14 30/5 15,30FRANCE CAC 40 4130,78 4/6 -2,28 4720,04 4/1 4210,29 20/2 19,20 Mid CAC 2030,86 3/6 -0,65 2176,89 2/4 1929,16 2/1 15,40 SBF 120 2897,86 4/6 -2,09 3263,90 28/3 2924,73 20/2 8,00 SBF 250 2818,85 3/6 -0,98 3081,89 28/3 2782,54 20/2 18,80 Indice second marché 2495,18 3/6 -0,69 2567,01 15/5 2287,72 2/1 17,30 Indice nouveau marché 831,23 4/6 -2,11 1175,41 7/1 847,28 3/6GRÈCE ASE General 2279,50 4/6 0,00 2655,07 3/1 2160,28 16/4 17,30IRLANDE Irish Overall 5226,83 4/6 -0,21 6085,02 18/1 4611,79 20/3 13,10ITALIE Milan Mib 30 29154,00 4/6 -1,27 33548,00 17/4 29542,00 20/2 19,00LUXEMBOURG Lux Index 1113,04 3/6 0,45 1169,47 14/1 821,61 30/4PAYS BAS Amster. Exc. Index 469,97 4/6 -1,69 531,45 18/4 475,19 22/2 16,50PORTUGAL PSI 20 7217,56 4/6 -0,71 7998,50 4/1 7117,02 7/5 16,70

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5085,10 31/5 0,88 5362,29 4/1 5015,50 20/2 17,40 FTSE techMark 100 index 1002,54 31/5 1,18 1569,61 4/1 988,98 30/5 75,70SUÈDE OMX 647,85 4/6 -1,63 878,88 4/1 656,15 30/5 22,40

EUROPEHONGRIE Bux 8191,34 3/6 0,94 9019,42 7/5 7052,97 3/1ISLANDE ICEX 15 1270,75 3/6 -0,57 1413,85 21/3 1142,61 7/1POLOGNE WSE Wig index 15827,35 3/6 1,18 16423,34 25/1 13842,30 2/1 221,70TCHÉQUIE Exchange PX 50 467,70 4/6 -0,04 479,39 10/5 384,60 2/1RUSSIE RTS 391,37 3/6 0,03 425,42 20/5 267,70 3/1SUISSE Swiss market 6477,30 4/6 -1,13 6740,60 17/5 6059,10 6/2 77,80TURQUIE National 100 10236,16 4/6 -0,78 15071,83 8/1 10132,50 31/5 12,50

AMÉRIQUESARGENTINE Merval 309,47 3/6 -2,54 471,33 6/2 317,54 31/5BRÉSIL Bovespa 12659,48 3/6 -1,57 14495,28 18/3 11943,25 13/5 9,60CANADA TSE 300 7599,54 3/6 -0,74 7992,70 7/3 7402,70 20/2 24,50CHILI Ipsa 92,13 4/6 -0,88 102,37 4/1 92,61 30/5ETATS-UNIS Dow Jones ind. 9709,79 3/6 -2,17 10673,09 19/3 9529,45 30/1 20,40 Nasdaq composite 1562,56 3/6 -3,29 2098,87 9/1 1560,29 7/5 42,60 Nasdaq 100 1159,15 3/6 -4,07 1710,22 9/1 1142,25 7/5 39,30 Wilshire 5000 9865,09 3/6 -2,39 10983,40 19/3 9977,48 7/5 Standards & Poors 500 1040,68 3/6 -2,48 1176,96 7/1 1048,95 7/5 20,00MEXIQUE IPC 6997,05 3/6 -0,49 7611,12 11/4 6365,72 14/1 11,30

ASIE-OCÉANIEAUSTRALIE All ordinaries 3301,10 4/6 -0,81 3443,89 14/2 3246,30 13/5CHINE Shangaï B 134,94 3/6 -2,34 171,72 4/1 121,08 23/1 0,50 Shenzen B 202,42 3/6 -2,51 265,91 4/1 182,42 23/1 20,70CORÉE DU SUD Composite 804,93 3/6 1,07 943,53 22/4 690,35 2/1HONG KONG Hang Seng 11310,40 4/6 -0,43 12020,45 17/5 10387,49 1/3 16,50 All ordinaries 5003,38 4/6 -0,50 5277,35 17/5 4548,50 7/2INDE Bombay SE 30 385,34 3/6 1,51 415,77 5/4 339,26 1/1 2,30ISRAËL Tel Aviv 100 379,66 3/6 0,92 468,92 7/1 362,77 30/4JAPON Nikkei 225 11653,07 4/6 -2,09 12081,42 27/5 9420,84 6/2 28,60 Topix index 1117,94 4/6 -1,26 1144,02 27/5 921,08 6/2 3,20MALAISIE KL composite 748,59 4/6 -0,05 816,94 23/4 681,50 2/1 15,00NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 772,42 4/6 -0,40 778,39 31/5 735,65 26/4SINGAPOUR Straits Time 1658,41 4/6 -0,88 1848,98 5/3 1606,08 2/1 132,20TAÏWAN Weighted 5571,08 3/6 -1,84 6484,93 22/4 5375,39 17/1 176,40THAILANDE Thaï SE 404,82 4/6 -0,48 412,89 30/5 302,38 2/1

AFRIQUEAFRIQUE DU SUD All share 11390,86 4/6 0,17 11665,33 22/5 10138,29 30/1 10,80COTE D'IVOIRE BRVM 71,66 31/5 77,38 2/1 69,58 28/5

INDICE NASDAQ

En points

Source : Bloomberg Mai 02 Juin3 7 9 13 15 17 20 22 24 29 3

Le 4 juin 1 562,56

1 550

1 600

1 650

1 700

1 750

SANTANDER CENTRAL HISPANO (SCH)En euros à Madrid

Source : Bloomberg

D J F M A M J2001 02

Le 3 juin 9,77

8,50

9,50

9,0

10,0

10,5

EUROPE Mardi 4 juin 9h42

Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S.

NEW YORK ($) 0,80925 0,94230 1,46435 0,64120 TOKYO (¥) 123,56500 116,43000 180,95090 79,23505 PARIS (¤) 1,06155 0,85905 1,55380 0,68065 LONDRES (£) 0,68295 0,55265 0,64350 0,43790 ZURICH (FR. S.) 1,55870 1,26155 1,46865 2,28265

LES GRANDS INDICES bour-siers se sont inscrits en nette bais-se, lundi 3 juin, sous l’effet d’unenouvelle crise de défiance des inves-tisseurs à l’égard des sociétéscotées. Le Dow Jones, principalindicateur de Wall Street, a reculéde 2,17 %, à 9 709,79 points. L’in-dice Nasdaq, riche en valeurs detechnologie, a chuté de 3,29 %, à1 562,56 points. A l’origine de cemalaise : la démission du PDG deTyco, pour des raisons peu claires,et le suicide du trésorier du courtieren énergie El Paso (lire page 23).Enfin, le courtier Knight Trading aprocédé, apparemment par erreur,à une liquidation massive de titres,finalement annulée par le Nasdaq.

Le malaise suscité par ces faitsdivers a éclipsé l’annonce d’uneactivité plus forte que prévu enmai, selon l’indice ISM, et une haus-

se inattendue de 0,2 % des dépen-ses de construction. « On continueà avoir de bonnes nouvelles économi-ques, mais également des nouvellesde sociétés très perturbantes », aindiqué Larry Wachtel, analyste dePrudential Securities, à l’AgenceFrance Presse. « Il semble qu’il y aitune entreprise au cœur d’un scanda-le tous les jours », a ajouté M. Wach-tel. Selon Gail Dudack, principalestratège du courtier WarburgDillon Read, la Bourse devrait reve-nir aux cours planchers atteintsaprès le 11 septembre, en raison durecul du dollar, de la reprise écono-mique difficile aux Etats-Unis et derésultats de sociétés pour le deuxiè-me trimestre qui devraient êtredécevants.

Les valeurs européennes, notam-ment les technologiques, ont suiviWall Street. L’indice Euro Stoxx des50 premières capitalisations a recu-lé de 1,26 %, à 3 382,54 points. L’ac-tion Nokia a reculé de 4,12 %, à14,67 euros, touchée par desrumeurs d’avertissement sur sesrésultats. A Paris, l’indice CAC 40 aperdu 1,11 %, à 4 227,15 points. AFrancfort, le Dax a reculé de1,46 %, à 4 747,95 points. Londresest restée fermée en raison du jubi-lé de la reine.

A Tokyo, l’indice Nikkei des225 premières valeurs s’est repliéde 2,09 %, mardi 4 juin, à11 653,07 points, dans le sillage dela baisse des marchés américains.

Adrien de Tricornot

INDICESSECTEURS EURO STOXX

Indice % var.

EURO STOXX 50 ...........................3311,05 .....-2,11AUTOMOBILE ..................................232,02 .....-1,25BANQUES .........................................282,91 .....-1,44PRODUIT DE BASE ..........................209,99 .....-0,72CHIMIE..............................................349,02 .....-1,67TÉLÉCOMMUNICATIONS ...............332,60 .....-2,65CONSTRUCTION..............................235,99 .....-0,69CONSOMMATION CYCLIQUE........124,90 .....-1,95PHARMACIE .....................................429,10 .....-2,32ÉNERGIE ...........................................334,00 .....-1,65SERVICES FINANCIERS....................221,20 .....-1,75ALIMENTATION ET BOISSON ........246,36 .....-1,04BIENS D'ÉQUIPEMENT ...................349,22 .....-1,31ASSURANCES...................................278,46 .....-1,90MÉDIAS ............................................233,69 .....-2,58BIENS DE CONSOMMATION.........348,23 .....-1,73COMMERCE ET DISTRIBUTION .....279,98 .....-1,39HAUTE TECHNOLOGIE ...................331,91 .....-3,04SERVICES COLLECTIFS ....................280,03 .....-1,13

LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXXCode Cours % var.pays /préc.

ABN AMRO HOLDING ......NL...........20,07 .....-1,33AEGON NV.........................NL...........22,16 .....-2,72AIR LIQUIDE........................FR.........164,00 .....-1,56ALCATEL A ..........................FR ...........12,27 .....-3,00ALLIANZ N ..........................AL.........230,50 .....-1,95AVENTIS..............................FR ...........71,70 .....-2,85AXA......................................FR ...........20,25 .....-2,88BASF AG..............................AL ...........47,55 .....-2,32BAYER..................................AL ...........33,70 .....-2,32BAYR.HYP.U.VERBK...........AL ...........36,05 .....-2,30BBVA ...................................ES ...........12,76 .....-1,77BNP PARIBAS .....................FR ...........58,25 .....-2,27BSCH....................................ES .............9,57 .....-2,05CARREFOUR........................FR ...........52,55 .....-1,96DAIMLERCHRYSLER N.......AL ...........51,35 .....-1,29

DANONE .............................FR.........143,70 .....-1,03DEUTSCHE BANK AG ........AL ...........75,02 .....-1,93DEUTSCHE TELEKOM........AL ...........11,17 .....-2,87E.ON ....................................AL ...........55,10 .....-1,11ENDESA...............................ES ...........16,46 .....-1,44ENEL .....................................IT .............6,32 .....-0,78ENI SPA ................................IT ...........16,04 .....-0,93FORTIS.................................BE ...........23,61 .....-1,42FRANCE TELECOM.............FR ...........18,82 .....-4,52GENERALI ASS.....................IT ...........24,43 .....-1,41ING GROEP CVA................NL...........27,37 .....-2,53KONINKLIJKE AHOLD .......NL...........22,38 .....-2,27L'OREAL...............................FR ...........74,65 .....-2,10LVMH ..................................FR ...........55,35 .....-2,04MUENCHENER RUECKV ...AL.........235,83 .....-2,47NOKIA OYJ...........................FI ...........14,07 .....-4,09PINAULT PRINTEMPS ........FR.........130,50 .....-1,66REPSOL YPF ........................ES ...........12,45 .....-1,19ROY.PHILIPS ELECTR .........NL...........31,26 .....-2,77ROYAL DUTCH PETROL ....NL...........57,70 .....-1,95RWE.....................................AL ...........40,29 .....-1,47SAINT GOBAIN...................FR.........187,70 .....-0,48SANOFI-SYNTHELABO ......FR ...........61,65 .....-2,14SANPAOLO IMI ...................IT ...........10,16 .....-0,88SIEMENS .............................AL ...........64,20 .....-2,16SOCIETE GENERALE A .......FR ...........71,10 .....-1,93SUEZ....................................FR ...........29,77 .....-1,75TELECOM ITALIA.................IT .............8,27 .....-1,55TELEFONICA........................ES ...........10,78 .....-3,06TIM .......................................IT .............4,42 .....-1,12TOTAL FINA ELF .................FR.........161,60 .....-1,76UNICREDITO ITALIAN ........IT .............4,70 .....-1,47UNILEVER CVA ..................NL...........69,75 .....-0,78VIVENDI UNIVERSAL.........FR ...........31,15 .....-4,15VOLKSWAGEN ...................AL ...........55,11 .....-1,17

Valeur Cours de clôture (¤) % var.Meilleures performances LOBSTER NETWORK .........................0,20 .......42,86E.MULTI DIGI DIENS .........................0,23 .......27,78ARTSTOR ............................................0,10 .......25,00TELESENSKSCL...................................0,38 .......22,58BLUE C CONSULTING .......................0,12 .......20,00GEDYS INTERNET PRD .....................0,59 .......18,00CAPITALSTAGE ..................................4,15 .......16,90Plus mauvaises performances JEAN PASCALE...................................1,00......-77,27TECHNOTRANS ...............................17,99......-65,47WUENSCHE AG.................................0,01......-50,00LETSBUYIT.COM................................0,01......-50,00HEYDE.................................................0,03......-40,00CARRIER ONE ....................................0,04......-33,33FORTUNECITY.COM..........................0,07......-22,22

Valeur Cours de clôture (£) % var.Meilleures performances SCOOT.COM ......................................0,01 .......12,90BRITISH BIOTECH PL.........................0,12..........9,52ARM HOLDINGS................................1,87..........8,72BTG PLC..............................................3,89..........8,36THE BIG FOOD GROUP ....................1,14..........8,10PSION PLC..........................................0,58..........7,48BPB PLC ..............................................3,79..........6,76Plus mauvaises performances TELEWEST COMM.............................0,05......-13,04ENERGIS .............................................0,01 ........-9,72BATM ADVANCED COMM ..............0,26 ........-5,56THUS...................................................0,15 ........-4,76TRAFFICMASTER ...............................0,34 ........-4,23WOOLWORTHS GROUP...................0,42 ........-4,02EASYJET ..............................................4,75 ........-3,56

Valeur Cours de clôture (¥) % var.Meilleures performances IKUYO ............................................168,00 .......42,37NIPPON CHEMICAL IN.................219,00 .......15,26NIPPON CARBIDE IND .................107,00 .......15,05CYBER MUSIC ENTMT.............13000,00 .......11,30KOSUGI SANGYO ...........................99,00 .......10,00NICHIMO CORP ..............................59,00..........9,26KIORITZ..........................................185,00..........8,82Plus mauvaises performances SUMIKURA INDL ...............................2,00......-50,00SHINTOM...........................................2,00......-33,33DAIWA CONSTRUCTION ...............66,00......-21,43FUDOW CO .....................................72,00......-13,25NIPPON PIGMENT........................160,00 ........-9,09MORI DENKI MFG ..........................20,00 ........-9,09DAIBIRU CORP ..............................714,00 ........-9,04

Valeur Cours de clôture (¤) % var.Meilleures performances COMPLETEL EUROPE ........................0,32..........6,67IMERYS...........................................129,80..........3,26PENAUILLE POLYSERV....................32,00..........3,23EUROTUNNEL....................................1,07..........2,88EULER ...............................................42,69..........2,84GENSET...............................................3,49..........2,65MARIONNAUD PARFUME .............45,98..........2,18Plus mauvaises performances A NOVO..............................................7,56 ........-8,59GRANDVISION ................................18,45 ........-4,65PINGUELY-HAULOTTE....................11,00 ........-4,43GENESYS ............................................7,25 ........-3,33ALTEN...............................................13,65 ........-3,19AVENIR TELECOM .............................0,94 ........-3,09VALTECH ............................................1,05 ........-2,78

Séance du 3/6

NYSE1301 millions de titres échangésValeur Cours de clôture ($) % var.

3M ..................................................124,45 ........-0,78AM INTL GRP...................................64,55 ........-3,61ALCOA ..............................................33,99 ........-2,83AOL TIME WARNER........................18,11 ........-3,16AMERICAN EXPRESS ......................41,09 ........-3,34AT & T..............................................12,08..........0,92BANK OF AMERICA ........................74,45 ........-1,79BOEING CO......................................41,86 ........-1,85BRISTOL MYERS SQUI ....................29,83 ........-4,15CATERPILLAR ...................................51,85 ........-0,80CITIGROUP.......................................42,40 ........-1,81COCA-COLA .....................................54,03 ........-2,75COLGATE PALMOLIVE ....................54,05 ........-0,28DOW CHEMICAL.............................32,31 ........-3,09DUPONT DE NEMOURS.................44,65 ........-2,93EASTMAN KODAK ..........................32,05 ........-3,67EXXON MOBIL ................................39,08 ........-2,13FORD MOTOR .................................17,31 ........-1,93GENERAL ELECTRIC ........................30,11 ........-3,31GENERAL MOTORS.........................61,25 ........-1,45GILLETTE CO ....................................35,11 ........-1,29HEWLETT PACKARD .......................18,85 ........-1,26HOME DEPOT INC ..........................40,52 ........-2,81HONEYWELL INTL...........................37,55 ........-4,21IBM ...................................................78,11 ........-2,91INTL PAPER......................................42,30 ........-1,86JOHNSON & JOHNSON.................60,05 ........-2,12J.P.MORGAN CHASE ......................34,66 ........-3,59LUCENT TECHNOLOGIE ...................3,64......-21,72MC DONALD'S CORP......................29,50 ........-1,47MERCK AND CO..............................55,22 ........-3,29MOTOROLA .....................................15,35 ........-4,00NORTEL NETWORKS.........................3,23 ........-0,62PEPSICO ...........................................51,15 ........-1,60PFIZER INC.......................................33,43 ........-3,38PHILIP MORRIS COS .......................57,00 ........-0,44

PROCTER AND GAMBLE ................88,91 ........-0,71SBC COMMUNICATIONS...............33,15 ........-3,32TEXAS INSTRUMENTS....................27,74 ........-3,24UNITED TECHNOLOGIE .................66,20 ........-3,88VERIZON COMM ............................42,18 ........-1,91WAL-MART STORES .......................53,15 ........-1,76WALT DISNEY COMPAN................22,50 ........-1,79

NASDAQ1622 millions de titres échangésValeur Cours de clôture ($) % var.

ALTERA CORP..................................16,70 ........-7,38AMAZON.COM................................17,96 ........-1,48AMGEN INC.....................................45,19 ........-5,12APPLIED MATERIALS ......................21,43 ........-3,38BED BATH & BEYOND ...................34,33..........0,09CISCO SYSTEMS..............................15,33 ........-2,85COMCAST A SPECIAL .....................27,45 ........-2,52CONCORD EFS ................................30,00 ........-4,06DELL COMPUTER ............................26,18 ........-2,50EBAY .................................................55,13 ........-0,14FLEXTRONICS INTL .........................12,32 ........-6,88GEMSTAR TV GUIDE ........................8,96 ........-5,88GENZYME ........................................29,59 ........-7,62IMMUNEX........................................23,95 ........-5,11INTEL CORP .....................................26,62 ........-3,62INTUIT ..............................................42,60 ........-2,58JDS UNIPHASE...................................3,16 ........-9,97LINEAR TECHNOLOGY ...................35,27 ........-5,32MAXIM INTEGR PROD...................42,97 ........-6,59MICROSOFT.....................................49,42 ........-2,93ORACLE CORP....................................7,32 ........-7,56PAYCHEX .........................................33,89 ........-2,19PEOPLESOFT INC.............................19,29 ........-6,04QUALCOMM INC ............................31,17 ........-1,49SIEBEL SYSTEMS .............................17,62 ........-3,45SUN MICROSYSTEMS.......................6,61 ........-4,06VERITAS SOFTWARE ......................21,02 ........-7,28WORLDCOM......................................1,55 ........-6,63XILINX INC.......................................31,01......-12,05YAHOO INC .....................................15,68 ........-2,12

MARCHÉ DES CHANGES 4/6, 9h42

TAUX D'INTÉRÊTS LE 4/6Taux Taux Taux Tauxj.le j. 3 mois 10 ans 30 ans

3,34 3,48 5,26 5,44 - 4,14 4,19 5,36 5,22 3,34 3,48 5,39 5,75 3,34 3,48 5,18 5,57 0,05 0,07 1,29 2,01 - 1,88 1,90 5,10 5,87 1,15 1,23 3,38 3,91

Echéance Premier Dernier Contratsprix prix ouverts

40 . 6/2 4152,50 4135,00 399498 . 6/2 87,60 87,60 813 . 50 6/2 3336,00 3311,00 3997 10 6/2 106,33 106,19 527468 3. 9/2 96,22 96,22 408917 6/2 9935,00 9690,00 32020. 6/2 1066,00 1038,90 430263

MARDI 4 JUIN 9h42Cours % var.

OR FIN KILO BARRE ..................11180,00.......-0,18OR FIN LINGOT..........................11200,00.......-0,44ONCE D'OR EN DOLLAR................326,60 ........0,18PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...................64,10.......-0,62PIÈCE 20 FR. SUISSE ........................64,10.......-0,62PIÈCE UNION LAT. 20......................64,10.......-0,62PIÈCE 10 US$..................................190,75 ........0,00PIÈCE 20 US$..................................415,00 ........1,22PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS ........419,00 ........0,96

MARDI 4 JUIN 9h42 Cours % var.

BLE ($ CHICAGO) ...........................287,25 ........1,77CACAO ($ NEW YORK) ...............1572,00.......-1,39CAFE (£ LONDRES).........................538,00 ........0,94COLZA (¤ PARIS) ............................229,75 ........0,77MAÏS ($ CHICAGO)........................209,25.......-2,22ORGE (£ LONDRES)..........................58,30 ........0,00JUS D'ORANGE ($ NEW YORK) ........0,91 ........0,00SUCRE BLANC (£ LONDRES).........200,10 ........0,50SOJA TOURT. ($ CHICAGO) ..........168,70 ........0,00

MARDI 4 JUIN 9h42 Cours % var.

LONDRESALUMINIUM COMPTANT ($).....1377,75 ........0,97ALUMINIUM À 3 MOIS ($).........1397,00 ........0,92CUIVRE COMPTANT ($) ..............1641,75 ........0,94CUIVRE À 3 MOIS ($) ..................1659,04 ........0,96ETAIN COMPTANT ($) ................4135,00.......-0,48ETAIN À 3 MOIS ($) ....................4170,00.......-0,54NICKEL COMPTANT ($)...............6888,00 ........4,38NICKEL À 3 MOIS ($)...................6900,00 ........4,29PLOMB COMPTANT ($).................447,85 ........0,47PLOMB À 3 MOIS ($).....................460,98 ........0,45ZINC COMPTANT ($).....................765,50 ........0,86ZINC À 3 MOIS ($).........................782,00 ........0,84NEW YORKARGENT À TERME ($)....................509,00 ........0,19PLATINE À TERME ($)....................546,50 ........0,18

MARDI 4 JUIN 9h42 Cours % var.

BRENT (LONDRES) ...........................24,44.......-1,09WTI (NEW YORK).............................25,05.......-0,60LIGHT SWEET CRUDE ......................25,05.......-0,60

FRANCFORT3/6 : 64 millions d'euros échangés

LONDRES31/5 : volume d'échange non disponible

TOKYO4/6 : 567 millions d'euros échangés

PARIS3/6 : 95 millions d'euros échangés

NEW YORK

Achat Vente

...............7,4331...........7,4341 . ...............7,4385...........7,4415 ..............9,1243...........9,1273 .............30,1621.........30,6460 ................1,6375...........1,6385 ...................1,4367...........1,4377 ................7,3486...........7,3496 -...............1,9177...........1,9217 ..............241,8542 ......242,6636 .................31201,0000..31263,0000 ...................................29,5170.........29,5389

TAUX

MARCHÉS A TERME LE 4/6, 9h42

Taux de base bancaire..................................6,60 %Taux des oblig. des sociétés privées .........5,05 %Taux d'intérêt légal.......................................4,26 %

Crédit immobilier à taux fixetaux effectif moyen ......................................6,05 %usure ................................................................8,07 %Crédit immobilier à taux variabletaux effectif moyen ......................................6,00 %usure ................................................................8,00 %Crédit consommation (- de 1 524 euros)taux effectif moyen ....................................15,74 %usure ..............................................................20,99 %Crédit renouvelable, découvertstaux effectif moyen ....................................12,90 %usure ..............................................................17,20 %Crédit consommation (+ de 1 524 euros)taux effectif moyen ......................................8,19 %usure ..............................................................10,92 %

Crédit aux entreprises (+ de 2ans)moyenne taux variable ................................5,59 %usure taux variable .......................................7,45 %moyenne taux fixe ........................................6,11 %usure taux fixe...............................................8,15 %

(Taux de l’usure : taux maximum légal)

OR MÉTAUX

Nouvelle crise de confiancesur les marchés

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pourl'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue.n/d : valeur non disponible.

ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espa-gne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxem-bourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE(Belgique), GR (Grèce).HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE(Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark).

COURS DE L'EURO

TAUX COURANTS

DENRÉES

PÉTROLE

N D J F A M J

EURO à 6 mois EURO à 5 jours

0.86

0.87

0.89

0.90

0.91

0.93

2002

0.9405

0.9286

0.9334

0.9310

0.9357

0.9381

0.9405

28 3Juin

La première banque espagnole, SCH, vide son portefeuille

CHRONIQUE DES MARCHÉS

L A T E N D A N C E F I N A N C I È R E

RÉPUTÉE pour son portefeuille de participa-tions foisonnant, la première banque espagno-le, Santander Central Hispano (SCH), heurtéede plein fouet par la crise argentine, a choisidepuis quelques mois de sacrifier ses actifs nonstratégiques ou non rentables. Afin de couvrirses pertes passées ou à venir et d’accroître sesbénéfices de 10 %, la banque taille dans ses par-ticipations, avec plus ou moins de bonheurpour les petits actionnaires.

Le géant bancaire dirigé par Emilio Botin

vient ainsi de s’attaquer à ses participationsdans le BTP et l’immobilier. Dernière opérationen date, le 28 mai : la vente au constructeurSacyr, pour 568,75 millions d’euros, de 24,5 %dans le numéro un du secteur immobilier espa-gnol, Vallehermoso. Cette opération doit se réa-liser à un prix de 15 euros par titre, soit une pri-me de 31 % par rapport au dernier cours de Val-lehermoso avant l’opération. Cette vente per-met en outre à SCH de réaliser une plus-valuede 300 millions d’euros, tout en conservant4,3 % dans Vallehermoso. Autre cession : les23,5 % du SCH dans le groupe de BTP Draga-dos, ont été vendus à la société ACS, pour900 millions d’euros, soit 534 millions de plus-value, et 23,5 % de prime par rapport à la cota-tion du titre. Depuis le début de l’année, le titreDragados a gagné 27,68 % et celui de Valleher-moso 57,4 %.

Ces cessions animent la place de Madrid endéclenchant des espoirs de fusions. La vente deDragados à ACS, société bâtie par des acquisi-tions successives, a provoqué une recomposi-tion du paysage du BTP espagnol. Désormaismajoritaire dans le capital de Dragados, ACSest devenu le numéro deux du pays et numéro

trois en Europe derrière le néerlandais HBG.Mais le rapprochement, le 21 mai, des deuxgrands rivaux espagnols de la gestion de l’auto-route à péage, Acesa et Aurea, dont Dragadosest propriétaire à 36,3 %, modifie à nouveau ladonne. Aurea peut s’appuyer sur un solide par-tenaire financier, La Caixa, première caissed’épargne espagnole, qui détient 31,7 % du capi-tal d’Acesa. Et Acesa, en retour s’allie avec Dra-gados, propriétaire de 36,3 % d’Aurea. Acesa etAurea rivalisaient depuis plusieurs mois pourprendre le contrôle du troisième géant espa-gnol d’autoroutes à péages, Iberpistas, avant detrouver un compromis qui tend vers la fusion àtrois.

Ces opérations ont provoqué la colère des

actionnaires minoritaires de Dragados et Valle-hermoso. Le SCH a touché une prime sur la ces-sion de chacune de ces deux participations,sans que les autres actionnaires n’en touchentun centime. La banque a veillé à ne céderqu’une participation inférieure à 25 % dans ces

sociétés, ce qui lui évite de procéder à une offrepublique conformément à la réglementation.Le gouvernement a promis de modifier la légis-lation pour éviter ce type d’opérations.

Il n’empêche : la vente de ses participations a

rapporté à SCH des plus-values d’un total de925 millions d’euros, plus de la moitié venantdes seules cessions de Vallehermoso et Draga-dos. A ces opérations s’ajoute une multitude deventes de participations minoritaires détenuespar la banque espagnole : 1,5 % dans la Sociétégénérale, pour 60 millions d’euros ; 1 % dansCommerzbank ; 1,09 % dans Vodafone, pourplus de 1,6 million d’euros ; l’essentiel de sa par-ticipation de 3,29 % dans la compagnie aérien-ne Iberia, cédé sur le marché boursier espa-gnol ; et 22 % dans Aguas de Valencia, opéra-tion qui lui a rapporté 32,5 milions d’euros deplus-values.

D’autres cessions sont attendues, comme lavente des 20 % du SCH dans Cepsa, une compa-gnie pétrolière contrôlée à 44 % par TotalFi-naElf. Les discussions avec le géant pétrolierfrançais seraient « très avancées ». Ou encoreles 53 % que détient SCH dans la société immo-bilière Urbis ou ses 17 % de la compagnie électri-que Fenosa.

Cette stratégie d’allègement de son porte-feuille industriel réussit à SCH. Alors que lesactions des grandes entreprises espagnoles trèsengagées en Argentine, comme l’opérateur detélécommunications Telefonica, le pétrolierRepsol YPF ou la banque BBVA, sont en baissedepuis le début de l’année, le titre SCH affichaitlundi 3 juin, à la fermeture, un léger gain de1,81 %, à 9,77 euros.

Elsa Conesa

Page 26: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

26/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

PREMIER MARCHÉVALEURS FRANCAISESMardi 4 juin 9h30Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

VALEURS INTERNATIONALES ZONE EUROALTADIS...............................◗.......22,05 .......22,50......-2,00 .....15,56 ..........24,63.......17,55 .....0,23 ...12975AMADEUS PRIV. A .............◗ .........7,03 .........7,06......-0,42 .......7,00 ............8,44 .........6,44 .....0,07 ...12823ARCELOR..............................◗.......15,23 .......15,35......-0,78.........n/d ..........16,69.......14,35.......n/d......5786B.A.S.F. # .............................◗.......47,51 .......49,18......-3,40 .....12,34 ..........49,90.......40,10 .....1,03 ...12807BAYER #...............................◗.......34,00 .......34,66......-1,90 ......-3,16 ..........40,52.......32,80 .....0,71 ...12806COMPLETEL EUROPE .........◗ .........0,29 .........0,29.........n/d....-75,00 ............1,30 .........0,10.......n/d......5728DEUTSCHE BANK #............◗.......75,10 .......76,65......-2,02 ......-5,35 ..........82,60.......62,55 .....1,03 ...12804DEXIA...................................◗.......16,60 .......16,69......-0,54 .......2,46 ..........18,95.......14,99 .....3,23 ...12822EADS(EX-AERO.MAT.) .......◗.......16,62 .......16,88......-1,54 .....21,84 ..........18,45.......12,52 .....0,38......5730EQUANT N.V.......................◗ .........7,01 .........7,30......-3,97....-47,91 ..........14,95 .........7,00.......n/d ...12701EURONEXT N.V ..................◗.......22,75 .......23,35......-2,57 .......7,05 ..........25,00.......19,02 .....0,26......5777GEMPLUS INTL ...................◗ .........1,53 .........1,56......-1,92....-46,12 ............3,08 .........1,40.......n/d......5768NOKIA A ..............................◗.......14,02 .......14,64......-4,23....-51,14 ..........30,32.......14,02 .....0,27......5838ROYAL DUTCH # ................◗.......57,75 .......58,90......-1,95 .......1,94 ..........63,15.......52,60 .....0,72 ...13950ROYAL PHILIPS 0.20...........◗.......31,50 .......32,26......-2,36 ......-4,77 ..........36,07.......27,74 .....0,27 ...13955SIEMENS # ..........................◗.......64,70 .......66,60......-2,85....-12,68 ..........79,75.......62,00 .....0,74 ...12805STMICROELECTRONICS .....◗.......27,10 .......28,00......-3,21....-24,82 ..........39,70.......27,05 .....0,03 ...12970TELEFONICA #.....................◗.......10,74 .......11,10......-3,24....-26,33 ..........15,32.......10,52 .....0,28 ...12811UNILEVER NV # ..................◗.......70,00 .......70,15......-0,21 .......6,22 ..........72,40.......61,45 .....0,80 ...13953

VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EUROERICSSON #.........................◗ .........2,32 .........2,38......-2,52....-61,71 ............6,69 .........2,27 .....0,04 ...12905GENERAL ELECT. # .............◗.......31,89 .......32,29......-1,24....-30,88 ..........47,80.......31,89 .....0,18 ...12943HSBC HOLDINGS................◗.......13,03 .......13,18......-1,14 ......-2,17 ..........14,10.......12,32 .....0,33 ...12976I.B.M # .................................◗.......83,00 .......83,65......-0,78....-40,62........141,90.......82,55 .....0,14 ...12964KINGFISHER SICO...............◗ .........5,49 .........5,50......-0,18....-12,57 ............6,83 .........5,37 .....0,12 ...22046MERCK AND CO #..............◗.......58,60 .......60,50......-3,14....-13,56 ..........73,20.......58,25 .....0,34 ...12909NESTLE SA NOM. # ............◗ ....256,40.....256,30 .......0,04 .......7,28........272,90 ....233,10 .....2,84 ...13911PHILIP MORRIS #................◗.......60,00 .......61,00......-1,64 .....14,28 ..........62,25.......50,40 .....0,56 ...12928SCHLUMBERGER #.............◗.......53,30 .......54,65......-2,47....-16,58 ..........70,95.......53,30 .....0,22 ...12936SONY CORP. # ....................◗.......58,70 .......60,30......-2,65 .....13,75 ..........65,45.......46,31 .....0,13 ...12903

ACCOR..............................◗ ......42,20 .......42,89......-1,61 .......3,35 ..........49,00.......38,03 .....1,05 ...12040AFFINE ..........................................38,95 .......38,50 .......1,17 .......5,55 ..........40,05.......30,34 .....1,40......3610AGF.......................................◗.......51,80 .......52,10......-0,58 ......-3,89 ..........58,50.......50,20 .....2,00 ...12592AIR FRANCE GPE NOM......◗.......18,10 .......18,16......-0,33 .....10,09 ..........21,19.......16,06 .....0,22......3112AIR LIQUIDE ........................◗ ....164,00.....166,60......-1,56 .......4,19........174,00 ....149,80 .....3,20 ...12007ALCATEL A ...........................◗.......12,28 .......12,65......-2,92....-36,04 ..........21,62.......11,95 .....0,16 ...13000ALCATEL O ............................ .........4,01 .........4,03......-0,50....-48,05 ............9,62 .........4,01 .....0,10 ...13015ALSTOM...............................◗.......11,98 .......12,39......-3,31 .......2,56 ..........15,24.......11,23 .....0,55 ...12019ALTRAN TECHNO. #...........◗.......48,85 .......50,80......-3,84 ......-3,74 ..........66,40.......48,45 .....0,14......3463ARBEL# .................................. .........4,10 .........4,00 .......2,50 .....32,25 ............7,50 .........2,92 .....0,53......3588AREVA CIP............................. ....188,90.....189,20......-0,16 .....18,43........201,00 ....160,00 ...22,85......4524ASF .......................................◗.......27,15 .......27,50......-1,27.........n/d ..........28,20.......25,00.......n/d ...18415ATOS ORIGIN......................◗.......60,20 .......61,50......-2,11....-18,15 ..........94,40.......60,20.......n/d......5173AVENTIS ..............................◗.......71,85 .......73,80......-2,64 ......-9,90 ..........85,95.......70,50 .....0,58 ...13046AXA ......................................◗.......20,30 .......20,85......-2,64....-13,50 ..........26,09.......19,41 .....0,56 ...12062BACOU DALLOZ ................... ....125,00.....125,70......-0,56 .....42,04........138,00.......83,30 .....0,90......6089BAIL INVESTIS.CA................. ....141,90.....141,90.........n/d .....17,17........147,00 ....122,50 .....7,58 ...12018BEGHIN SAY........................◗.......45,50 .......45,75......-0,55 .....11,51 ..........45,90.......39,20.......n/d......4455BIC........................................◗.......40,74 .......41,09......-0,85 .......6,20 ..........44,66.......35,51 .....0,29 ...12096BNP PARIBAS......................◗.......58,20 .......59,60......-2,35 .....15,82 ..........61,85.......49,77 .....2,25 ...13110BOLLORE..............................◗ ..........n/d.....254,20.........n/d .......5,82........262,00 ....238,00 .....4,00 ...12585BOLLORE INV...............................49,90 .......49,90.........n/d ......-2,82 ..........55,00.......46,50 .....0,20......3929BONGRAIN...................................58,80 .......59,50......-1,18 .....30,66 ..........59,50.......41,70 .....1,45 ...12010BOUYGUES..........................◗.......30,80 .......31,55......-2,38....-16,30 ..........38,95.......30,51 .....0,36 ...12050BOUYGUES OFFS................◗.......59,45 .......59,45.........n/d .....48,43 ..........59,60.......38,60 .....1,10 ...13070BULL#...................................◗ .........0,64 .........0,68......-5,88....-47,96 ............1,36 .........0,57.......n/d......5260BURELLE (LY)................................64,00 .......64,50......-0,78 .....28,95 ..........68,00.......49,63 .....0,60......6113BUSINESS OBJECTS............◗.......27,75 .......29,00......-4,31....-26,09 ..........51,00.......27,75.......n/d ...12074CANAL + ..............................◗ .........3,65 .........3,70......-1,35 .......1,95 ............3,90 .........3,43 .....0,18 ...12546CAP GEMINI ........................◗.......50,45 .......51,85......-2,70....-37,79 ..........90,70.......50,45 .....0,40 ...12533CARBONE-LORRAINE .........◗.......36,50 .......37,00......-1,35 .....21,66 ..........39,48.......28,60 .....0,80......3962CARREFOUR ........................◗.......52,40 .......53,60......-2,24....-10,27 ..........58,80.......45,80 .....0,56 ...12017CASINO GUICH.ADP ...................65,00 .......65,60......-0,91 .......4,00 ..........67,30.......56,05 .....1,37 ...12113CASINO GUICHARD ...........◗.......86,80 .......87,55......-0,86 .......0,17 ..........89,90.......75,05 .....1,33 ...12558CASTORAMA DUB.(LI) .......◗.......67,45 .......67,45.........n/d .....16,59 ..........68,50.......54,25 .....2,85 ...12420CEGID (LY)....................................66,40 .......66,30 .......0,15....-15,25 ..........90,50.......61,00 .....2,00 ...12470CEREOL ................................◗.......33,60 .......33,56 .......0,12 .....18,10 ..........36,40.......28,00.......n/d......4456CERESTAR............................◗ ..........n/d .......31,35.........n/d .......1,78 ..........33,06.......30,70.......n/d......4457CFF.RECYCLING ...........................46,50 .......47,00......-1,06 .....16,25 ..........49,88.......38,50 .....2,08......3905CGIP .....................................◗.......29,70 .......29,60 .......0,34.........n/d ..........38,30.......29,10.......n/d ...12102CHARGEURS ................................29,00 .......28,05 .......3,39 .....16,04 ..........30,66.......22,34 .....3,00 ...13069CHRISTIAN DIOR ................◗.......42,64 .......43,38......-1,71 .....23,70 ..........47,63.......32,50 .....0,50 ...13040CIC -ACTIONS A ................... ....131,00.....131,50......-0,38 .......8,71........135,00 ....118,70 .....2,29 ...12005CIMENTS FRANCAIS...........◗.......50,95 .......51,00......-0,10 .......6,14 ..........53,50.......46,20 .....1,40 ...12098CLARINS...............................◗.......66,30 .......65,85 .......0,68 .......4,57 ..........72,50.......61,00 .....1,10 ...13029CLUB MEDITERRANEE .......◗.......37,65 .......38,28......-1,65 ......-8,17 ..........56,40.......35,50 .....1,00 ...12156CNP ASSURANCES .............◗.......41,90 .......42,20......-0,71 .....17,36 ..........43,98.......33,60 .....1,08 ...12022COFACE SVN CA.................◗ ..........n/d .......60,00.........n/d .....26,58 ..........64,00.......46,40 .....1,47 ...12099COFLEXIP............................... ..........n/d.....140,00.........n/d....-11,94........172,00 ....134,00 .....0,31 ...13064COLAS.................................... ..........n/d .......74,00.........n/d .....16,81 ..........75,95.......62,00 .....2,80 ...12163CONTIN.ENTREPR. ......................42,32 .......44,20......-4,25 ......-5,32 ..........46,90.......38,02 .....2,00......3664CREDIT AGRICOLE ..............◗.......23,97 .......24,04......-0,29 .....34,73 ..........24,58.......17,58 .....0,55......4507CRED.FON.FRANCE .....................16,15 .......16,20......-0,31 .....11,07 ..........16,30.......13,05 .....0,58 ...12081CREDIT LYONNAIS .............◗.......43,20 .......43,89......-1,57 .....15,20 ..........48,80.......36,14 .....0,75 ...18420CS COM.ET SYSTEMES ........ .........9,73 .......10,00......-2,70 .....17,22 ..........12,25 .........7,60.......n/d......7896DAMART................................ ..........n/d.....105,80.........n/d .....31,26........109,90.......79,50 .....3,80 ...12049DANONE ..............................◗ ....143,60.....145,20......-1,10 .......4,81........150,40 ....125,20 .....2,06 ...12064DASSAULT-AVIATION.......... ....369,00.....382,40......-3,50 .....16,40........425,00 ....284,90 .....6,50 ...12172DASSAULT SYSTEMES........◗.......41,41 .......42,57......-2,72....-23,31 ..........59,40.......41,30 .....0,31 ...13065DEV.R.N-P.CAL LI # .....................14,60 .......14,80......-1,35 .......1,38 ..........15,00.......14,25 .....0,55 ...12423DEVEAUX(LY)# ............................74,90 .......74,95......-0,07 ......-6,95 ..........78,00.......66,40 .....4,20......6100DIDOT-BOTTIN ..................... ..........n/d .......80,00.........n/d .....31,14 ..........81,70.......61,10 .....2,74......3747DMC (DOLLFUS MI) ............. .........7,70 .........7,90......-2,53 .......2,80 ..........11,48 .........6,90 .....0,61 ...12133DYNACTION.................................29,50 .......29,95......-1,50 .......9,66 ..........32,40.......25,41 .....0,50 ...13035EIFFAGE ...............................◗.......91,55 .......92,05......-0,54 .....33,84 ..........97,40.......68,80 .....2,10 ...13045ELECT.MADAGASCAR .................23,60 .......24,00......-1,67 .......4,88 ..........24,90.......19,60.......n/d......3571ELIOR SVN SCA...................◗ .........8,38 .........8,31 .......0,84 .......3,97 ............9,88 .........7,85 .....0,07 ...12127ENTENIAL(EX CDE)......................34,51 .......34,94......-1,23 .....36,13 ..........35,89.......25,35 .....0,54 ...12093ERAMET........................................35,36 .......35,36.........n/d .......2,19 ..........39,80.......30,21 .....0,60 ...13175ESSILOR INTL ......................◗.......42,42 .......42,98......-1,30 .....24,94 ..........45,57.......31,20 .....0,41 ...12166ESSO..............................................85,90 .......86,00......-0,12 .......7,10 ..........96,80.......79,50 .....2,75 ...12066EULER...................................◗.......42,10 .......43,00......-2,09 ......-0,94 ..........47,40.......40,00 .....1,40 ...12130EURAZEO.............................◗.......59,00 .......59,70......-1,17 ......-3,11 ..........60,80.......54,28 .....1,00 ...12112

EURO DISNEY SCA .............◗ .........0,78 .........0,79......-1,27....-11,36 ............1,21 .........0,76.......n/d ...12587EUROTUNNEL .....................◗ .........1,07 .........1,08......-0,93 ......-5,30 ............1,18 .........0,90.......n/d ...12537FAURECIA ............................◗.......49,05 .......49,50......-0,91....-16,86 ..........61,40.......48,50 .....0,91 ...12114F.F.P. (NY) ............................◗ ....126,70.....124,30 .......1,93 .....30,55........132,50.......94,20 .....2,20......6478FIMALAC..............................◗.......47,05 .......48,50......-2,99 .....16,74 ..........50,50.......40,01 .....0,90......3794FINAXA .................................. ..........n/d .......90,00.........n/d .....13,70........107,50.......68,00 .....2,24......3313FONC.LYON.# ..............................31,00 .......31,49......-1,56 .....16,10 ..........32,60.......25,20 .....1,00......3340FRANCE TELECOM ..............◗.......19,09 .......19,71......-3,15....-57,48 ..........48,16.......18,92 .....1,00 ...13330FROMAGERIES BEL............... ..........n/d.....111,00.........n/d .....11,05........118,00.......91,80 .....2,22 ...12185GALERIES LAFAYETTE ........◗ ....140,00.....141,10......-0,78 ......-8,43........168,90 ....125,10 .....0,60 ...12124GAUMONT # ...............................53,70 .......49,20 .......9,15 .....30,33 ..........53,70.......39,00 .....0,57......3489GECINA ................................◗ ....102,80.....103,60......-0,77 .....12,34........104,00.......90,00 .....3,34 ...13151GENERALE DE SANTE .................16,40 .......16,90......-2,96 .....14,20 ..........17,85.......13,71.......n/d......4447GEOPHYSIQUE....................◗.......41,00 .......43,50......-5,75 .....16,31 ..........50,05.......33,16 .....1,22 ...12016GFI INFORMATIQUE ..........◗ .........7,14 .........7,60......-6,05....-40,74 ..........13,34 .........7,14 .....0,15......6337GRANDVISION CA# ...........◗.......18,35 .......18,55......-1,08 .....20,32 ..........20,10.......15,05 .....0,30......5297GROUPE GASCOGNE........... ..........n/d .......81,50.........n/d .......9,83 ..........86,00.......67,75 .....2,70 ...12441GROUPE PARTOUCHE #.............79,15 .......79,20......-0,06 .......6,59 ..........83,60.......63,00 .....0,80......5354GR.ZANNIER (LY) # .....................83,45 .......83,55......-0,12 .......6,17 ..........85,60.......72,00 .....0,73 ...12472GUYENNE GASCOGNE ......◗.......88,00 .......87,80 .......0,23 .......3,52 ..........92,95.......79,00 .....1,70 ...12028HAVAS ADVERTISING........◗ .........7,74 .........7,95......-2,64 ......-4,79 ..........11,00 .........7,52 .....0,17 ...12188IMERYS ................................◗ ....126,50.....127,00......-0,39 .....17,34........139,00.......98,00 .....3,70 ...12085IMMEUBLES DE FCE............. ..........n/d .......22,00.........n/d.........n/d ..........25,00.......19,80 .....0,30 ...12037IMMOBANQUE NOM. ......... ..........n/d.....130,50.........n/d.........n/d........132,50 ....118,00.......n/d......5793INFOGRAMES ENTER. ........◗ .........5,62 .........5,80......-3,10....-56,60 ..........15,98 .........5,53.......n/d......5257INGENICO............................◗.......23,23 .......23,97......-3,09 .......2,78 ..........28,50.......22,50 .....0,10 ...12534ISIS ......................................... ..........n/d.....138,00.........n/d....-12,65........177,00 ....135,10.......n/d ...12000JC DECAUX..........................◗.......14,40 .......15,00......-4,00 .....14,74 ..........15,40.......10,20.......n/d......7791KAUFMAN ET BROAD ................22,80 .......22,90......-0,44 .....38,18 ..........23,63.......16,21 .....0,92 ...12105KLEPIERRE............................◗ ....130,50.....131,00......-0,38 .....21,62........134,60 ....108,20 .....3,10 ...12196LAFARGE..............................◗ ....105,50.....106,60......-1,03 .......0,57........111,20.......96,85 .....2,30 ...12053LAGARDERE.........................◗.......47,22 .......48,22......-2,07 .......0,46 ..........54,85.......41,92 .....0,82 ...13021LEBON (CIE) .................................55,95 .......56,90......-1,67 .....11,45 ..........57,20.......48,75 .....2,30 ...12129LEGRAND ORD. .................... ....150,00.....159,00......-5,66 .......4,16........180,00 ....143,90 .....0,94 ...12061LEGRAND ADP...................... ..........n/d.....130,10.........n/d .......4,91........143,20 ....110,00 .....1,50 ...12528LEGRIS INDUST...................◗.......23,00 .......23,01......-0,04 .......4,54 ..........25,39.......18,20 .....1,20 ...12590LIBERTY SURF ....................... .........3,51 .........3,47 .......1,15 .....23,15 ............3,80 .........2,90.......n/d......7508LOCINDUS............................. ....141,00.....140,50 .......0,36 .....11,90........142,00 ....126,00 ...10,18 ...12135L'OREAL ...............................◗.......74,90 .......76,25......-1,77 ......-7,41 ..........88,30.......74,70 .....0,54 ...12032LOUVRE #.....................................78,80 .......79,00......-0,25 .....25,47 ..........83,40.......60,00 .....1,24......3311LUCIA..................................... ..........n/d .......13,95.........n/d .......7,30 ..........14,00.......10,42 .....1,83......3630LVMH MOET HEN. .............◗.......55,40 .......56,50......-1,95 .....21,22 ..........61,60.......42,15 .....0,53 ...12101MARINE WENDEL...............◗.......57,50 .......57,50.........n/d.........n/d ..........72,80.......56,40.......n/d ...12120MARIONNAUD PARFUM...◗.......46,00 .......46,10......-0,22....-15,44 ..........57,60.......44,83.......n/d......6494MATUSSIERE FOREST. ......... .........8,06 .........8,09......-0,37 ......-9,33 ............9,85 .........7,80 .....0,10......6057MAUREL ET PROM......................23,85 .......24,20......-1,45 .....53,87 ..........24,99.......15,10 .....0,91......5107METALEUROP ....................... .........3,55 .........3,55.........n/d .....15,25 ............4,90 .........3,15 .....0,61 ...12038MICHELIN ............................◗.......40,88 .......41,70......-1,97 .....10,33 ..........45,05.......36,36 .....0,85 ...12126MONTUPET SA ............................14,40 .......14,70......-2,04 .....38,06 ..........16,40.......10,50 .....0,17......3704NATEXIS BQ POP................◗.......91,15 .......91,80......-0,71 ......-5,93 ..........97,50.......87,30 .....2,50 ...12068NEOPOST.............................◗.......41,05 .......41,55......-1,20 .....25,45 ..........44,50.......32,31.......n/d ...12056NEXANS...............................◗.......21,25 .......21,45......-0,93 .....31,09 ..........24,90.......16,25.......n/d......4444NORBERT DENTRES.#.................26,50 .......27,20......-2,57 .....18,56 ..........27,99.......21,52 .....0,40......5287NORD-EST ....................................25,25 .......25,86......-2,36 ......-6,79 ..........27,90.......25,20 .....0,94 ...12055NRJ GROUP .........................◗.......18,82 .......19,50......-3,49....-10,12 ..........26,00.......17,90 .....0,28 ...12169OBERTHUR CARD SYS. ......◗ .........3,80 .........4,20......-9,52....-57,54 ............9,40 .........3,74.......n/d ...12413ORANGE ..............................◗ .........5,79 .........5,93......-2,36....-43,12 ..........10,74 .........5,23.......n/d......7919OXYG.EXT-ORIENT............... ..........n/d.....403,00.........n/d .....13,84........426,00 ....351,00 ...14,68......3117PECHINEY ACT ORD A .......◗.......56,75 .......56,85......-0,18 ......-1,98 ..........63,80.......53,65 .....1,00 ...13290PECHINEY B PRIV. ................ ..........n/d .......52,50.........n/d ......-3,49 ..........59,60.......48,70 .....1,79......3640PENAUILLE POLY.# .............◗.......31,45 .......31,10 .......1,13....-20,37 ..........45,59.......29,11 .....0,28......5338PERNOD-RICARD................◗.......96,30 .......97,30......-1,03 .....10,68........105,40.......82,75 .....0,80 ...12069PEUGEOT .............................◗.......56,00 .......56,45......-0,80 .....17,27 ..........60,80.......43,42 .....1,15 ...12150PINAULT-PRINT.RED. .........◗ ....130,50.....132,70......-1,66 ......-9,75........154,69 ....109,50 .....2,18 ...12148PLASTIC OMN.(LY) ......................94,50 .......94,60......-0,11 .....60,16 ..........96,00.......59,05 .....1,20 ...12457PROVIMI ..............................◗.......22,50 .......22,50.........n/d .......5,53 ..........24,70.......20,16.......n/d......4458PSB INDUSTRIES LY ....................86,55 .......86,50 .......0,06 ......-3,29 ..........92,70.......85,00 .....3,80......6032PUBLICIS GR. SA #..............◗.......31,82 .......32,30......-1,49 .......6,95 ..........39,90.......26,80 .....0,20 ...13057REMY COINTREAU .............◗.......32,42 .......33,08......-2,00 .....30,35 ..........35,00.......24,87 .....0,90 ...13039RENAULT .............................◗.......51,60 .......52,35......-1,43 .....30,27 ..........57,45.......39,30 .....0,92 ...13190REXEL ...................................◗.......67,30 .......67,50......-0,30 .......2,04 ..........75,40.......58,60 .....2,22 ...12595RHODIA ...............................◗ .........9,95 .......10,00......-0,50 .....10,80 ..........12,40 .........8,87 .....0,40 ...12013ROCHETTE(LA) ...................... ..........n/d .......11,10.........n/d....-98,36 ..........11,10.......10,54.......n/d ...12580ROUGIER #...................................62,50 .......63,75......-1,96 .......9,55 ..........64,50.......57,00 .....3,05......3764ROYAL CANIN .....................◗ ....144,10.....144,40......-0,21 .......7,13........144,50 ....133,20 .....1,10......3153RUE IMPERIALE (LY)............. ..........n/d.....153,00.........n/d ......-1,29........182,00 ....142,30 ...21,19 ...12400SADE (NY) ....................................53,20 .......54,50......-2,39 .....15,65 ..........57,50.......45,20 .....2,80 ...12431SAGEM S.A..........................◗.......72,25 .......73,65......-1,90 .......5,09 ..........75,50.......56,15 .....0,60......7327

SAINT-GOBAIN ...................◗ ....187,50.....188,60......-0,58 .....10,61........196,20 ....161,00 .....4,30 ...12500SALVEPAR (NY)..................... ..........n/d .......55,50.........n/d .....10,44 ..........58,00.......50,10 .....3,05 ...12435SANOFI SYNTHELABO .......◗.......61,85 .......63,00......-1,83....-26,19 ..........84,30.......61,80 .....0,66 ...12057SCHNEIDER ELECTRIC ........◗.......53,85 .......54,40......-1,01 ......-0,27 ..........59,85.......48,28 .....1,60 ...12197SCOR SVN ...........................◗.......35,10 .......35,33......-0,65 ......-0,87 ..........46,80.......31,50 .....0,30 ...13030S.E.B. ....................................◗.......92,80 .......95,95......-3,28 .....48,12 ..........96,05.......61,00 .....2,00 ...12170SEITA...................................... ..........n/d .......55,15.........n/d .....14,41 ..........58,00.......45,10 .....1,40 ...13230SELECTIBAIL(EXSEL) ....................17,00 .......17,00.........n/d .......6,78 ..........18,50.......15,80 .....1,48 ...12599SIDEL.............................................34,06 .......34,25......-0,55....-31,88 ..........53,00.......30,15.......n/d ...13060SILIC ....................................... ..........n/d.....181,00.........n/d .....15,43........189,00 ....151,00 .....7,10......5091SIMCO..................................◗.......88,00 .......88,50......-0,56 .....13,54 ..........90,00.......76,10 .....2,60 ...12180SKIS ROSSIGNOL.........................12,16 .......12,20......-0,33....-16,02 ..........15,90.......11,75 .....0,28 ...12041SOCIETE GENERALE............◗.......70,85 .......72,50......-2,28 .....12,72 ..........81,40.......60,05 .....2,10 ...13080SODEXHO ALLIANCE .........◗.......36,39 .......36,94......-1,49....-24,20 ..........49,70.......36,30 .....0,56 ...12122SOPHIA ................................◗.......32,60 .......32,94......-1,03 .......8,01 ..........32,98.......30,00 .....1,52 ...12077SOPRA GROUP CB# ...........◗.......38,60 .......41,49......-6,97 ......-0,41 ..........59,20.......38,60 .....0,62......5080SPIR COMMUNIC. #...........◗.......83,00 .......84,35......-1,60 .......6,41 ..........91,00.......74,05 .....3,00 ...13173SR TELEPERFORMANCE .....◗.......27,00 .......27,33......-1,21 .....14,89 ..........29,68.......21,56 .....0,15......5180STERIA GROUPE #.......................20,95 .......21,02......-0,33....-29,69 ..........38,80.......19,74 .....0,48......7291SUCR.PITHIVIERS.................. ....421,90.....421,50 .......0,09 .......9,52........445,00 ....361,10 ...12,00......3331SUEZ.....................................◗.......29,85 .......30,30......-1,49....-12,20 ..........34,90.......29,80 .....0,71 ...12052TAITTINGER .......................... ....135,40.....139,90......-3,22 .......4,23........150,00 ....120,00 ...11,62......3720TECHNIP-COFLEXIP ............◗ ....123,30.....126,50......-2,53....-17,80........162,90 ....123,20 .....3,30 ...13170TF1........................................◗.......31,45 .......32,25......-2,48 .....10,77 ..........36,88.......24,94 .....0,65......5490THALES ................................◗.......44,15 .......45,03......-1,95 .....13,93 ..........46,20.......36,35 .....0,70 ...12132THOMSON MULTIMEDIA ..◗.......28,21 .......29,04......-2,86....-18,23 ..........37,15.......27,76.......n/d ...18453TOTAL FINA ELF..................◗ ....161,60.....164,50......-1,76 .......0,74........179,40 ....151,60 .....3,80 ...12027TRANSICIEL # ......................◗.......24,80 .......25,52......-2,82....-28,50 ..........40,56.......24,63 .....0,50......6271UBI SOFT ENTERTAIN ........◗.......27,57 .......29,00......-4,93....-26,48 ..........39,97.......27,51.......n/d......5447UNIBAIL (CA).......................◗.......67,00 .......67,35......-0,52 .....17,44 ..........70,90.......54,00 .....5,00 ...12471UNILOG................................◗.......54,50 .......56,70......-3,88....-20,26 ..........90,00.......54,45 .....0,39......3466VALEO ..................................◗.......46,70 .......47,48......-1,64 .......4,24 ..........53,00.......42,80 .....1,35 ...13033VALLOUREC.........................◗.......67,25 .......67,20 .......0,07 .....26,29 ..........71,40.......53,50 .....1,30 ...12035VINCI....................................◗.......66,15 .......65,55 .......0,92 .......0,47 ..........74,90.......61,30 .....1,65 ...12548VIVARTE ................................ ....141,00.....142,90......-1,33 .......9,72........144,00 ....124,00 .....1,98 ...13041VIVENDI ENVIRON.............◗.......33,55 .......34,00......-1,32....-10,43 ..........39,20.......33,05 .....0,55 ...12414VIVENDI UNIVERSAL .........◗.......31,12 .......32,50......-4,25....-49,39 ..........64,40.......28,46 .....1,00 ...12777WANADOO .........................◗ .........4,98 .........5,00......-0,40....-11,54 ............6,70 .........4,96.......n/d ...12415WORMS & CIE NOM ..................19,85 .......20,00......-0,75 .......1,79 ..........21,02.......18,50 .....0,56......6336ZODIAC................................◗.......26,01 .......27,00......-3,67 .....27,56 ..........28,85.......20,40 .....5,20 ...12568...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

SÉLECTIONDernier cours connu le 4/6 à 9hValeur Cours date % var.

en euro valeur 31/12

AGIPI ACTIONS 24,70 3/6 -7,49AGIPI AMBITION 24,69 3/6 -2,87

3615 BNPPARIBAS(0,34 ¤/min)

BNP ASSOC.PREMIERE 9910,92 3/6 1,30BNP EURIBOR ASSOC. 52667,00 3/6 1,38BNP MONE C.TERME 2540,71 3/6 1,30BNP MONE EURIBOR 18821,12 3/6 1,40BNP MONE PLACEM.C 13914,43 3/6 1,21BNP MONE TRESORE. 11351,46 3/6 -85,51Fonds communs de placementsBNP MONE ASSOCIAT. 1858,98 3/6 1,19

FRUCTI CAPI 112,83 3/6 0,49FRUCTI EURO PEA 229,15 2/6 -6,32FRUCTIDOR 37,53 3/6 -1,72FRUCTIFRANCE C 78,38 3/6 -4,68PLANINTER 380,21 3/6 -10,74Fonds communs de placementsBP CYCLEOEUROPECR. 83,52 31/5 -29,49BP CYCLEOEUROPECYC 114,45 31/5 3,82BP CYCLEOEUROPEDEF 97,44 31/5 -4,35FRUCTI EURO 50 85,39 3/6 -13,24FRUCTI PROFIL 3 185,58 2/6 -0,42FRUCTI PROFIL 6 199,58 2/6 -3,29FRUCTI PROFIL 9 205,17 2/6 -5,18FRUCTI VAL. EURO. 92,37 3/6 -5,73

ECUR.1,2,3...FUTUR 47,50 3/6 -6,19ECUR.ACT.EUROP.C 16,50 3/6 -6,28ECUR.ACT.FUT.D/PEA 58,42 3/6 -7,93ECUR.CAPITAL.C 44,41 3/6 0,56ECUR.DYNAMIQUE + 39,44 3/6 -7,39ECUR.ENERGIE 40,88 3/6 -6,07ECUR.EXPANSION C 15043,77 3/6 1,42ECUR.EXPANSIONPLUS 42,82 30/5 1,01ECUR.INVEST.D/PEA 49,09 3/6 -5,73ECUR.MONETAIRE C 226,93 3/6 1,03ECUR.MONETAIRE D 186,10 3/6 -0,52

ECUR.OBLIG.INTER. 175,43 3/6 -0,84ECUR.TECHNOLOGIESC 33,76 15/4 -13,52ECUR.TECHONOLGIESD 33,65 15/4 -14,96ECUR.TRIMESTR.D 268,52 3/6 -1,65EPARCOURT-SICAV D 27,56 3/6 -3,22GEOPTIM C 2376,88 3/6 1,62Fonds communs de placementsECUR.EQUILIBRE C 36,79 3/6 -2,23ECUR.VITALITE 38,56 3/6 -5,50ECUREUIL PRUDENCEC 34,72 3/6 0,34ECUREUIL PRUDENCED 33,88 3/6 0,11NECTRA 2 C 999,00 3/6 -1,96NECTRA 2 D 999,00 3/6 -1,96NECTRA 5 C 969,21 3/6 -5,05NECTRA 5 D 969,21 3/6 -5,05NECTRA 8 C 933,10 3/6 -8,37NECTRA 8 D 933,10 3/6 -8,37

Multi-promoteursLIV.BOURSE INV.D 171,42 29/5 -5,43NORD SUD DEVELOP.C 515,48 29/5 -0,51NORD SUD DEVELOP.D 379,33 29/5 -5,13

ATOUT CROISSANCE 358,71 3/6 4,83ATOUT EUROPE 469,57 3/6 -9,37ATOUT FCE ASIE 74,85 3/6 -3,13ATOUT FRANCE C 181,38 3/6 -7,72ATOUT FRANCE D 161,30 3/6 -7,72ATOUT FRANCE EUR. 158,94 3/6 -10,82ATOUT FRANCE MONDE 41,02 3/6 -8,74ATOUT MONDE 47,00 3/6 -12,11ATOUT SELECTION 94,25 3/6 -10,39CAPITOP EUROBLIG C 101,92 3/6 0,67CAPITOP EUROBLIG D 80,87 3/6 -3,17CAPITOP MONDOBLIG 46,26 3/6 2,65CAPITOP REVENUS 169,59 3/6 -2,07DIEZE 413,23 3/6 -6,53INDICIA EUROLAND 99,53 31/5 -12,05INDICIA FRANCE 334,63 31/5 -10,18INDOCAM AMERIQUE 36,23 3/6 -13,39INDOCAM ASIE 18,52 3/6 4,00INDOCAM FRANCE C 314,03 3/6 -6,68INDOCAM FRANCE D 254,46 3/6 -8,00INDOCAM MULTIOBLIG 196,24 3/6 4,42Fonds communs de placementsATOUT VALEUR 72,88 31/5 -6,56CAPITOP MONETAIREC 194,77 5/6 1,02CAPITOP MONETAIRED 184,65 5/6 1,01INDO.FONCIER 101,11 3/6 8,20INDO.VAL.RES. 252,26 31/5 -6,04

MASTER ACTIONS 38,44 30/5 -6,02MASTER DUO 13,69 30/5 -3,45MASTER OBLIG. 30,87 30/5 0,09MASTER PEA 11,80 30/5 -4,50OPTALIS DYNAMIQUEC 17,34 31/5 -6,28OPTALIS DYNAMIQUED 16,25 31/5 -6,30OPTALIS EQUILIBREC 18,06 31/5 -3,66OPTALIS EQUILIBRED 16,44 31/5 -3,67OPTALIS EXPANSIONC 13,86 31/5 -5,64OPTALIS EXPANSIOND 13,53 31/5 -5,65OPTALIS SERENITE C 17,77 31/5 -0,94OPTALIS SERENITE D 15,60 31/5 -1,01PACTE SOLIDAR.LOG. 77,41 28/5 0,57PACTE VERT TIERS-M 82,45 28/5 0,57

EURCO SOLIDARITE 226,89 3/6 0,65MONELION JOUR C 497,85 31/5 1,09MONELION JOUR D 419,27 31/5 1,09SICAV 5000 147,88 3/6 -8,02SLIVAFRANCE 252,23 3/6 -8,50SLIVARENTE 39,90 30/5 1,01SLIVINTER 140,44 3/6 -9,80TRILION 737,85 29/5 -1,33Fonds communs de placementsACTILION DYNAMI.C 167,91 3/6 -7,65ACTILION DYNAMI.D 154,71 3/6 -9,66ACTILION EQUIL.C 171,16 30/5 -1,73ACTILION EQUIL.D 156,54 30/5 -3,88ACTILION PEA DYNAM 62,46 3/6 -5,90ACTILION PEA EQUI. 159,13 3/6 -4,10ACTILION PRUDENCEC 172,69 3/6 -0,38ACTILION PRUDENCED 158,60 3/6 -1,81INTERLION 238,57 30/5 1,45LION ACTION EURO 83,79 3/6 -7,32LION PEA EURO 86,05 3/6 -5,94

CIC AMERIQ.LATINE 100,50 3/6 -12,01CIC CONVERTIBLES 5,27 3/6 -3,83CIC COURT TERME C 34,61 3/6 0,84CIC COURT TERME D 26,56 3/6 -2,13CIC DOLLAR CASH 1435,09 3/6 0,66CIC ECOCIC 334,95 3/6 -9,28CIC ELITE EUROPE 117,16 3/6 -11,70CIC EPARG.DYNAM.C 2096,63 3/6 0,99CIC EPARG.DYNAM.D 1566,94 3/6 -4,30CIC EUROLEADERS 352,35 3/6 -10,50CIC FINUNION 179,05 3/6 0,90CIC FRANCE C 32,64 3/6 -7,89CIC FRANCE D 32,34 3/6 -8,74CIC HORIZON C 67,85 28/5 -0,49

CIC HORIZON D 63,67 28/5 -3,20CIC MONDE PEA 26,26 3/6 -6,28CIC OBLI C T.D 140,77 3/6 -90,16CIC OBLI LONG T.C 15,45 3/6 0,12CIC OBLI LONG T.D 14,43 3/6 -5,30CIC OBLI M T.C 35,90 3/6 0,11CIC OBLI M T.D 26,06 3/6 -2,10CIC OBLI MONDE 130,55 3/6 -4,37CIC OR ET MAT 154,80 3/6 46,02CIC ORIENT 165,09 3/6 4,34CIC PIERRE 37,99 3/6 11,76UNION AMERIQUE 354,28 3/6 -20,11Fonds communs de placementsCIC EURO OPPORT. 28,50 3/6 -7,38CIC EURO PEA C 9,29 3/6 -12,26CIC EURO PEA D 9,06 3/6 -12,10CIC FRANCEVALOR C 34,69 3/6 -7,51CIC FRANCEVALOR D 34,69 3/6 -7,51CIC GLOBAL C 229,00 3/6 -6,84CIC GLOBAL D 229,00 3/6 -6,84CIC HIGH YIELD 384,67 31/5 -5,14CIC JAPON 8,20 3/6 4,72CIC MARCHES EMERG. 106,31 31/5 -2,53CIC NOUVEAU MARCHE 4,55 3/6 -17,27CIC PEA SERENITE 170,20 31/5 0,12CIC PROF.DYNAMIQUE 21,79 31/5 -7,19CIC PROF.EQUILIB.D 17,62 31/5 -5,72CIC PROF.TEMPERE C 135,91 31/5 0,08CIC TAUX VARIABLE 199,62 31/5 1,04CIC TECHNO.COM 59,39 3/6 -26,46CIC USA 15,64 3/6 -16,27CIC VAL.NOUVELLES 262,78 3/6 -7,30

CM EUR.TECHNOLOG. 3,53 3/6 -20,49CM EURO PEA C 20,32 3/6 -7,12CM FRANCE ACTIONSC 32,20 3/6 -7,33CM MID-ACT.FRA 32,03 3/6 5,01CM MONDE ACTIONS C 284,84 3/6 -10,63CM OBLIG.CT C 166,04 3/6 0,35CM OBLIG.LONG T. 104,04 3/6 0,05CM OBLIG.MOYEN T.C 341,61 3/6 0,02CM OBLIG.QUATRE 162,96 3/6 -0,67CM OPTION DYNAM.C 29,61 3/6 -4,69CM OPTION EQUIL.C 52,65 3/6 -1,91Fonds communs de placementsCM OPTION MODER. 19,28 3/6 -0,41

STRATEG.IND.EUROPE 185,02 31/5 -9,53Fonds communs de placements

STRATEGIE CAC 5537,15 31/5 -7,06STRATEGIE IND.USA 8254,36 31/5 -12,79

ADDILYS C 108,84 3/6 1,22ADDILYS D 105,62 3/6 -0,98AMPLITUDE AMERIQ.C 23,54 3/6 -10,80AMPLITUDE AMERIQ.D 22,80 3/6 -10,79AMPLITUDE EUROPE C 29,87 3/6 -8,22AMPLITUDE EUROPE D 28,60 3/6 -8,26AMPLITUDE FRANCE C 79,16 3/6 -4,05AMPLITUDE FRANCE D 79,16 3/6 -4,05AMPLITUDE MONDE C 210,60 3/6 -7,83AMPLITUDE MONDE D 187,00 3/6 -8,76AMPLITUDE PACIFI.C 17,07 3/6 12,10AMPLITUDE PACIFI.D 16,31 3/6 12,11ELANCIEL EUROD PEA 90,42 3/6 -9,05ELANCIEL FR.D PEA 37,63 3/6 -6,12EM.EUROPOSTE D PEA 28,09 3/6 -7,93ETHICIEL 106,75 3/6 3,61GEOBILYS C 123,19 3/6 1,14GEOBILYS D 112,32 3/6 1,14INTENSYS C 20,93 3/6 0,77INTENSYS D 17,26 3/6 -2,20KALEIS DYNAM.FCE C 76,14 3/6 -4,52KALEIS DYNAM.FCE D 75,32 3/6 -4,52KALEIS DYNAMISME C 210,23 3/6 -4,88KALEIS DYNAMISME D 203,13 3/6 -4,88KALEIS EQUILIBRE C 199,07 3/6 -2,34KALEIS EQUILIBRE D 191,55 3/6 -2,35KALEIS SERENITE C 191,18 3/6 -0,72KALEIS SERENITE D 183,59 3/6 -0,73KALEIS TONUS C 64,98 3/6 -6,67KALEIS TONUS D 64,19 3/6 -6,67LIBERT.ET SOLIDAR. 100,41 3/6 -1,51OBLITYS C 114,26 3/6 0,26OBLITYS D 110,74 3/6 -1,28PLENITUDE 40,00 3/6 -5,47POSTE GESTION C 2662,45 3/6 1,28POSTE GESTION D 2262,87 3/6 -2,89POSTE PREM. 7229,86 3/6 1,25POSTE PREM.1AN 43028,66 3/6 0,87POSTE PREM.2-3ANS 9286,44 3/6 0,63PRIMIEL EURO C 58,81 3/6 8,46PRIMIEL EURO D 57,81 3/6 8,46REVENUS TRIMESTR. 777,44 3/6 -1,52SOLSTICE D 361,75 3/6 -0,25THESORA C 190,42 3/6 0,37THESORA D 156,90 3/6 -0,92TRESORYS 48361,21 3/6 1,41Fonds communs de placementsDEDIALYS FINANCE 81,79 3/6 -0,84DEDIALYS MULTI SEC 60,39 3/6 -5,16

DEDIALYS SANTE 87,64 3/6 -4,34DEDIALYS TECHNO. 21,75 3/6 -39,32DEDIALYS TELECOM 31,72 3/6 -33,40OBLITYS INSTIT.C 99,39 3/6 0,46POSTE EURO CREDIT 100,89 3/6 0,00POSTE EUROPE C 93,13 3/6 0,35POSTE EUROPE D 88,82 3/6 0,34POSTE PREM.8ANS C 199,31 3/6 0,30POSTE PREM.8ANS D 179,69 3/6 0,30REMUNYS PLUS 104,81 3/6 1,30

CADENCE 1 D 153,59 3/6 -1,96CADENCE 2 D 151,90 3/6 -1,70CADENCE 3 D 151,58 3/6 -0,83CONVERTIS C 221,26 3/6 -3,10INTEROBLIG C 59,17 31/5 -0,30INTERSELECTION F.D 70,70 3/6 -5,55SELECT.DEFENSIF C 190,87 3/6 -0,93SELECT.DYNAMIQUE C 230,26 3/6 -3,53SELECT.EQUILIBRE 2 164,81 3/6 -1,96SELECT.PEA 1 197,29 3/6 -3,74SELECT.PEA DYNAM. 135,79 3/6 -4,23SG FRANCE OPPORT.C 431,77 3/6 1,98SG FRANCE OPPORT.D 404,28 3/6 1,98SOGEFAVOR 93,63 3/6 -6,40SOGENFRANCE C 430,75 31/5 -7,50SOGENFRANCE D 386,34 31/5 -7,93SOGEOBLIG C 113,50 3/6 0,07SOGEPARGNE D 44,57 3/6 0,38SOGEPEA EUROPE 207,83 3/6 -6,83SOGINTER C 48,14 3/6 -8,99Fonds communs de placementsSOGESTION C 46,56 31/5 -2,85SOGINDEX FRANCE 487,43 31/5 -6,55....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). En gras : CAC40. # : valeur faisant l'objetd'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2002. n/d : valeur non disponible.

NOUVEAU MARCHÉ3/6 : 11,03 millions d'euros échangésValeur Cours de clôture (¤) % var.

Meilleures performancesCRYONETWORKS..............................3,98 .......26,35GPE ENVERG.CONSEIL .....................0,53 .......26,19SITICOM GROUP OPA ......................5,00 .......21,36KEYRUS...............................................0,96 .......20,00SQLI.....................................................1,06 .......15,22D INTERACTIVE #..............................0,58 .......13,73SILICOMP #......................................10,00 .......11,11ITESOFT ..............................................1,33 .......10,83INTERCALL REDUCT. .........................7,70 .......10,00IGE +XAO # .....................................11,19..........9,81IB GROUP...........................................2,37..........9,72CYBERDECK # ....................................0,47..........9,30LA CIE GPE #......................................5,95..........9,17OPTIMS # ...........................................1,45..........9,02Plus mauvaises performancesFI SYSTEM BS 00...............................0,01......-50,00CONSORS FRANCE # ........................1,09......-22,14GENUITY A-REGS 144 ......................6,40......-17,10BAC MAJESTIC...................................0,86......-16,50A NOVO # ..........................................7,01......-15,24GUYANOR ACTION B #....................0,28......-15,15EURO.CARGO SCES # .....................13,70 ........-9,87

AUFEMININ.COM..............................1,01 ........-9,82BRIME TECHN.BON 02.....................4,50 ........-9,64NETVALUE # ......................................0,80 ........-9,09V CON TELEC.NOM.# .......................0,60 ........-9,09NET2S #..............................................2,51 ........-8,39CAST # ................................................1,84 ........-8,00AVENIR TELECOM #..........................0,90 ........-7,22Plus forts volumes d'échangeA NOVO # ..........................................7,01......-15,24AVENIR TELECOM #..........................0,90 ........-7,22BOURSE DIRECT #.............................2,00 ........-4,76CARRERE GROUP ............................24,40..........0,87CEREP #............................................16,90 ........-3,65DEVOTEAM # ..................................13,20 ........-6,65GENESYS #.........................................7,20 ........-4,00HIGHWAVE OPTICAL........................0,96 ........-4,95IGE +XAO # .....................................11,19..........9,81ILOG #.................................................7,82 ........-5,21IPSOS #.............................................76,35 ........-1,99MEDIDEP # ......................................25,75..........2,18MEMSCAP..........................................1,15..........0,88METROLOGIC GROUP #.................32,00..........1,43NICOX # ...........................................59,25..........2,16SAVEURS DE FRANCE# ..................23,90..........0,42SOI TEC SILICON #..........................10,80 ........-1,82UMANIS # ..........................................2,13 ........-6,17VALTECH ............................................1,04 ........-3,70WAVECOM #...................................42,65 ........-3,07

SICAV ET FCP

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

SECOND MARCHÉ3/6 : 18,21 millions d'euros échangésValeur Cours de clôture (¤) % var.

Meilleures performancesCORNEAL LABO...............................30,00 .......12,78BILLON # ............................................2,70 .......10,20INTEXA ...............................................5,71..........9,81JET MULTIMEDIA............................13,97..........8,13SEEVIA CONSULTING .......................7,17..........7,17STALLERGENES................................29,85..........5,96SPORT ELEC SA ...............................14,90..........5,67OPERA CONSTRUCT.#....................18,00..........5,57ARCHOS ...........................................11,98..........5,55SYNERGIE (EX SID.) ........................42,25..........5,07PARSYS.............................................26,97..........5,02GECI INTL ...........................................2,20..........4,76AURES TECHNOLOGIES....................8,10..........4,52DU PAREIL AU MEME# ..................19,85..........4,47Plus mauvaises performancesCROMETAL.......................................32,50......-27,05DISTRIBORG GPE LY#.....................63,00......-15,89PIER IMPORT .....................................4,06......-13,43PINGUELY HAULOTTE ....................10,10......-12,25CIBOX INTER. NOM. .........................0,15......-11,76SERVICES ET TRANS. ......................90,05......-10,66CITEL ...................................................2,71 ........-9,97

CHAUSSERIA (LY) ..............................2,53 ........-9,96BERTHET BONDET #.........................3,80 ........-9,74LEBLANC ILLUMINAT........................8,50 ........-8,11SOLVING #.......................................30,65 ........-7,96WALTER # ........................................16,57 ........-7,94IPO (NS) # ........................................57,20 ........-7,59DIGIGRAM # ......................................5,11 ........-7,09Plus forts volumes d'échangeALGECO # ........................................95,00 ........-2,06ALTEN (SVN) # ................................13,35 ........-5,32BONDUELLE.....................................72,00..........1,55CAMAIEU .........................................42,65..........1,55CEGEDIM # ......................................52,50 ........-0,66GIFI ...................................................30,60..........2,51GINGER ............................................35,70..........1,13GPE GUILLIN # LY ...........................41,50 ........-0,95GROUPE BOURBON .......................81,00..........2,53HERMES INTL................................175,20..........0,11LVL MEDICAL GPE...........................32,41..........1,19M6-METR.TV ACT.DIV ...................29,20 ........-1,02MANITOU #.....................................78,00 ........-0,89ORPEA ..............................................15,49 ........-2,52PINGUELY HAULOTTE ....................10,10......-12,25RALLYE..............................................54,00..........0,00RODRIGUEZ GROUP # ...................70,30 ........-0,85SECHE ENVIRONNEM.# .................71,55 ........-0,69VIRBAC...........................................146,20 ........-1,02XILAM ANIMATION........................15,20..........4,11

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

M A R C H É S F R A N Ç A I S

Page 27: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/27

DE TOUT TEMPS, l’hommes’est inspiré de la nature pour con-cevoir et développer des objetsmanufacturés. Ce biomimétismeest une tradition millénaire où sesont illustrés nombre d’inven-teurs, à commencer par le plusfameux d’entre eux, Léonard deVinci. « Très tôt, on a fait le lienentre la beauté des formes desmatériaux et organismes naturelset leur fonction », rappelle JérômeCasas, directeur de l’Institut derecherche sur la biologie de l’in-secte de la faculté des sciences ettechniques de Tours. Machinesvolantes, habitats, matériaux com-posites, robots, prothèses artifi-cielles… La liste des applicationsréalisées, ou seulement imagi-nées, grâce à cette approche, estlongue. Et qu’on l’appelle biomi-métisme, biomimesis ou bionic,

elle est loin d’être abandonnéeaujourd’hui ! On essaye toujoursde copier la perfection et la beau-té de la nature, en particulier cel-les du monde animal.

Ce qui est nouveau, c’est la mul-tiplication récente de projets con-sistant à se pencher sur les systè-mes de perception des animaux, àétudier comment l’organisme ani-mal évolue dans son environne-ment physique et à s’en inspirer.Comment les arthropodes, lescéphalopodes, les poissons, lesamphibiens, les oiseaux et lesmammifères, captent-ils et fusion-nent-ils les informations senso-rielles ? Comment les utilisent-ilspour ensuite agir ? Ne peut-on,

une fois ces informationsrecueillies, copier dans un mondeminiature hautement techniqueces ingénieux systèmes issus demilliards d’années d’évolution.

C’est le cas du sonar des chau-ves-souris qui, dans leur vol noc-turne, évitent les multiples obsta-cles de leur environnement grâceà un étonnant système d’écholo-cation. Dans l’obscurité, rappelleHerbert Peremans, ingénieur à lafaculté Saint-Ignace d’Anvers (Bel-gique), « les oreilles d’une chauve-souris n’arrêtent pas de modifierleur forme, leur mouvement et leurorientation ». Mais le fonctionne-ment en finesse de ce biosonarest, estime-t-il, dû à la petite taille,à la plasticité et à la mobilité desorganes d’émission et de récep-tion des ondes ultrasoniques.

Créer, comme il l’envisage, unetête de chauve-souris « bionique »dont les performances dépasse-raient celles des systèmes déjà misau point, demande donc de « cons-truire » petit. Pas plus de 4 à 8 cen-timètres de diamètre, comme l’ani-mal. Et c’est dans ce volume réduitque devra trouver place l’équipe-ment nécessaire à l’écholocation :des transducteurs minusculespour l’émission et la réceptiond’ultrasons à l’échelle requise, descircuits électroniques complexeset un système micromécanique àmultiples degrés de liberté per-mettant de contrôler la forme etles mouvements de minusculesradars. Ces derniers seront consti-tués d’une « bouche », d’un« nez » et d'« oreilles », conçuspour répondre le mieux possible à

la fonction envisagée, toujours ense fondant sur les modèles obser-vés chez la chauve-souris.

Cet ambitieux projet, Circe (Chi-roptera-Inspired Robotic Cepha-loid), a démarré au mois de mai. Ilest coordonné par Herbert Pere-mans et mené par un consortiumeuropéen pluridisciplinaire com-prenant des spécialistes de bio-logie et de neuroscience de l’écho-location, des experts en micro-mécanique, en robotique, enélectromécanique, en conceptionde systèmes digitaux, etc.

Car, en amont de la réalisationd’un robot doté des capacités bio-soniques d’une chauve-souris, tou-te une série d’études doit êtreentreprise. Par exemple, détermi-ner comment les données senso-rielles sont recueillies et traitées

chez l’animal, ce qui devrait con-duire à l’implantation dans la« tête » bionique d’éléments neu-romorphiques – comme unecochlée artificielle, partie del’oreille interne contenant les ter-minaisons du nerf auditif – desti-nés à réaliser les opérations de trai-tement de signal. Un des objectifsdu projet est de mieux connaître lecomportement sensorimoteur dela chauve-souris en le testant gran-deur nature.

Des applications plus pratiquessont évidemment aussi envisa-gées, notamment dans le domainede la robotique, pour étendre lescapacités des robots à évoluerdans un environnement complexeà trois dimensions. Selon HerbertPeremans, à terme, ce systèmepourrait aussi être développé pouraider les non-voyants ou pour aug-menter le niveau de contrôle de

chaises roulantes hypersophisti-quées. Certains projets sont plus« fondamentaux », comme Sense-Maker, qui vise à concevoir et réa-liser un système artificiel de« fusion sensorielle ». Conduit parMartin McGinnity, de l’universitéd’Ulster, ce programme associedes équipes de neurophysiologieet de neurosciences computation-nelles, notamment celle d’AlainDestexhe, au CNRS de Gif-sur-Yvette, et des équipes d’ingénieurset d’électroniciens pour la réalisa-tion d’ordinateurs.

L’Europe n’est pas la seule à s’in-téresser fortement à ce domaine.Les USA et le Japon ont une lon-gue tradition de robotique, et leséchanges entre les sciences duvivant et l’ingénierie y sont assezrépandus. Les projets de bioniquefocalisée sur les systèmes senso-riels s’y sont aussi beaucoup multi-pliés ces derniers mois. La Natio-nal Science Foundation américai-ne qui voulait l’année dernière lan-cer une initiative similaire à cellede la Commission européenne adû, cependant, renoncer à ce pro-gramme, les événements du 11 sep-tembre ayant quelque peu boule-versé les priorités du pays enmatière de recherche.

Mais pourquoi cet engouementaccru pour les systèmes de percep-tion intégrés ? La raison principaleen est que, grâce à l’évolution del’instrumentation et des techni-ques, on peut désormais revisitercertaines problématiques, mesu-rer des phénomènes infinimentpetits et fabriquer des micro etdes nanostructures. Beaucoup dechercheurs travaillant dans cedomaine pensent aussi qu’unemeilleure compréhension des sys-tèmes de perception du vivantpeut jouer un rôle important dansles technologies informatiques.De plus, les capteurs et systèmessensoriels sont des éléments cléspour obtenir un comportementadaptatif et « intelligent », aussibien pour les robots complexes,humanoïdes, que pour toutes sor-tes de machines et de produitsde notre civilisation : machines àlaver, four, etc.

Catherine Tastemain

De l’œil de la mouche aux poils de criquet Psikharpax, premier rat robot qui réfléchit avant d’agir

« CE QUI SE DÉVELOPPE demanière remarquable en ce moment,c’est la « bionic du traitement designal ». Un domaine d’activité quivise à extraire les principes du traite-ment de signal chez un animal puis àles incorporer, grâce aux possibilitésextraordinaires de l’électronique et àla miniaturisation, dans un robot »,explique Nicolas Franceschini, dudépartement de biorobotique duCNRS à Marseille.

L’équipe qu’il dirige travailledepuis dix-sept ans à la fois sur lesystème nerveux – en particulier lesystème visuel des insectes – et surdes applications robotiques. Elle aété l’une des premières au monde àconstruire des robots qui se guidentautomatiquement par la vision.L’un d’eux, un robot-œil de mou-che, fait d’ailleurs les beaux joursde la Cité des sciences de La Villet-te, où il est exposé depuis huit ans.

Pourquoi l’œil de la mouche ?« Parce qu’on se perd moins dans unfouillis de neurones », répond Nico-las Franceschini. L’œil mosaïque dela mouche ne se compose que de3 000 unités élémentaires (facettes)dont chacune, braquée dans unedirection donnée de l’espace, portehuit cellules photoréceptrices qui seprolongent vers un cerveau minus-cule. De plus, « ces insectes navi-guent dans les trois dimensions avecun cerveau d’un million de neurones,soit un million de fois moins que celuide l’homme. » Des yeux de la mou-che sont donc l’illustration vivanteque, pour assurer une vision tridi-mensionnelle, il n’est pas néces-saire de recourir à deux ou troiscaméras équipées de capteur de plu-sieurs centaines de milliers de

pixels. Trois mille pixels suffisent.La mouche en est la vivantedémonstration.

, Du robot-mouche ambulatoire,

le groupe de Nicolas Franceschiniest passé à la construction d’objetsvolants miniatures équipés d’unepart d’un système visuel sensibleau mouvement pour suivre le ter-rain et éviter les obstacles et del’autre de microcaméras retrans-mettant des images. Une gageure.Pourtant, Oscar, le dernier robotde démonstration, pèse moins de100 grammes. Deux hélices lui per-mettent de tourner autour d’un axevertical. Son « œil » est composéde photorécepteurs dont les « pro-longements » électroniques sontcalqués sur les neurones détecteursde mouvements et traitent en paral-lèle le signal visuel. Ainsi, il est capa-ble de piloter ses deux hélices demanière différentielle, pour tour-ner, garder son œil sur une ciblevisuelle ou la suivre du « regard ».

La vision n’est pas le seul sensqui intéresse les chercheurs. Cer-tains se passionnent aujourd’huipour les poils de longueur différen-te, les « cerci », que les criquets pos-sèdent sur l’arrière-train. Des sen-seurs qui leur permettent derecueillir des informations sur leflux d’air, les sons, la température,l’humidité, les vibrations, etc.

Pour Jérôme Casas, directeur del’Institut de recherche sur la biolo-gie de l’insecte de la faculté dessciences et techniques de Tours,« il s’agit là des capteurs sensorielsles plus sensibles que l’on connais-se ». Il y a quatre ans, Tim Chap-

man, du département de psycholo-gie de l’université de Stirling (Gran-de-Bretagne), a d’ailleurs doté unrobot mobile miniature d’une dizai-ne de « poils » et d’un réseau neu-ronal algorithmique. Son objectif :modéliser et donc mieux compren-dre le comportement de fuite du cri-quet devant un prédateur.

Plus ambitieux : le projet Cicada(Cricket Inspired perCeption andAutonomous Decision Automata),coordonné par Jérôme Casas dansle cadre de l’initiative européenneLife-Like Perception System.« Notre approche, explique le cher-cheur, est d’essayer de faire tenir denombreux capteurs minuscules – desanémomètres – figurant les poils surune surface de 2 millimètres car-rés. » Son idée : comprendre pour-quoi tant de poils sont nécessaires.Est-ce que certains répondent seu-lement à un type de stimulus don-né ? Est-ce que d’autres restentconstamment en alerte ? C’estl’équipe du professeur MikoElwenspoek, du laboratoire de tech-nologies des transducteurs à l’uni-versité de Twente (Pays-Bas) quiest chargée du développement desMEMS (MicroElectroMechanical-Systems) qui serviront d’anémomè-tres.

Autre point important : le micro-robot qui sera mis au point – d’icitrois ans si tout va bien – devrait sepasser de circuits électriques pourl’interface entre les micro-capteurs(MEMS) et la partie silicium (ordi-nateur) du système. A la place, ceseront des… cultures de cellules quitransmettront les messages.

Ca. T.

L'« ANIMAL » ressemble en-core à un gros joujou en carton,métal et polystyrène expansé. Lerat robot baptisé Psikharpax entredans sa phase prototype. Ce projeteuropéen est l’un des plus ambi-tieux en matière de constructiond’un robot adaptatif inspiré del’animal. Le programme Psikhar-pax, mis sur les rails en septembredernier, inaugure ainsi une collabo-ration rare entre biologistes, robo-ticiens et informaticiens (Animat-Lab au laboratoire d’informatiquede Paris-VI, neurobiologistes duLaboratoire de physiologie de laperception et de l’action (LPPA)au Collège de France, informati-ciens du Lirm de Montpellier, del’ABRG à Sheffield et du LCNde Lausanne) associés à des ingé-nieurs-entrepreneurs.

Ces derniers vont permettre auxchercheurs de construire eux-mêmes leur rat avec muscles artifi-ciels ou angle de vision des yeuxcorrespondant au mieux à la mor-phologie du rongeur. L’entrepre-neur Patrick Pirim, électronicienféru de vision artificielle, réalise lesquelette du robot dans lequelseront ensuite fixés les moteurspermettant au rat de se redresserou d’avancer sur ses roulettes etles capteurs grâce auxquels il per-cevra son environnement.

L’ingénieur fournira une partiede l’électronique du robot, notam-ment les cartes électroniques devision (GVPP) commercialiséespar sa société. Ces composantss’inspirent de la physiologie anima-le. Ils analysent les stimuli visuelsafin de détecter et de reconnaîtreen temps réel un objet ou de com-

prendre une scène. Le rat artificiel,bientôt doté d’une queue et d’uneconséquente paire de moustaches,sera progressivement équipé d’unsystème visuel et d’audition trèsproches de ceux du rat.

Grâce à ces capacités sensitives,

les roboticiens espèrent obtenir unrobot capable de naviguer dans sonenvironnement et d’y survivre en ydécouvrant sa nourriture et enéchappant aux dangers potentiels.Le but n’est pas d’intégrer tous lessavoirs sur la neurophysiologie durat dans la machine, mais d’intro-duire les mieux connus d’entre euxdans le système de contrôle durobot. A savoir, la navigation (sacapacité à se déplacer de façon auto-nome) et la sélection de l’action(que faire et quand ?). Grâce ausavoir des neurobiologistes duLPPA et au système de visionGVPP, les informaticiens vont enparticulier doter Psikharpax d’unevision plus développée que celle deson cousin réel.

Cette vision « active » lui permet-tra de catégoriser les divers objetsrencontrés sur son chemin. Psikhar-pax se construira ainsi progressive-ment une carte cognitive de sonenvironnement qui lui permettrad’enchaîner des actions de manièreadéquate. Ces capacités, notam-ment la sélection de l’action, sontencore inédites chez le robot.« Actuellement, les robots sont inca-pables de “décider” quand arrêterune action courante pour en commen-cer une autre. Un animal sait parfaite-ment résoudre ce problème sinon ilserait mort depuis longtemps », expli-

que Jean-Arcady Meyer, directeurde l’AnimatLab. Pour que le systè-me fonctionne, les informaticiens etles roboticiens devront compenserles lacunes du savoir biologique pardes mécanismes venant des scien-ces de l’ingénieur. « Aux biologistesd’aller vérifier si ces mécanismes-làsont réellement implantés dans lerat », ajoute le chercheur.

Pour les biologistes aussi, le pas-sage au robot sera enrichissant. Illeur est encore impossible de simu-ler mathématiquement certains as-pects du monde réel, notammentses imperfections. L’équipe duLPPA, menée par Alain Berthoz, étu-die les bases neurales de la naviga-tion chez l’homme et l’animal. Ellevoit dans Psikharpax, le moyen devalider ses hypothèses sur le fonc-tionnement du cerveau. « Je défendsla théorie selon laquelle le cerveau estun simulateur de l’action et non uninstrument qui traite les informationssensorielles de façon passive », expli-que Alain Berthoz. Il anticipe, il si-mule mentalement les trajets, il éla-bore des stratégies cognitives. Parexemple, vous pouvez vous remémo-rer un chemin parcouru en vous rap-pelant de la route parcourue associéeà des scènes visuelles ou en utilisantune représentation du chemin parcartes. Nous allons entre autres testerdans Psikharpax ces stratégies quisupposent des mécanismes mentauxdifférents. » Pour que Psikharpax,financé par le programme Robea duCNRS, évolue sous leurs yeux, leschercheurs devront encore patien-ter deux ans.

Cécile DucourtieuxLe Monde interactif

On assiste à une multiplication récente des qui se penchent sur les systèmes deperception des animaux et étudient comment leurorganisme évolue dans leur environnement phy-

sique. tententainsi de s’inspirer des organismes vivants. Ils repro-duisent, par exemple, le sonar des chauves-sourisafin d’améliorer l’aptitude des robots à se déplacer

dans un univers en trois dimensions. L’œil de la mou-che surprend par son faible nombre de pixels tandisque conduisent à fabriquerde minuscules anémomètres. Le projet Psikharpax

associe roboticiens, biologistes et informaticiensafin de tenter d’intégrer les connaissances sur la dans un robot dotéde multiples capteurs visuels, auditifs et tactiles.

,

Circe émane, en fait, d’un appeld’offres lancé par le programmeFuture and Emerging Technologiesde la Commission européenne, dansle cadre d’une toute nouvelle initiati-ve Life-Like Perception Systems. Sui-vant l’avis d’un groupe d’expertseuropéens et de responsables decentres de recherche, la Commis-sion a, en effet, décidé de soutenirdes projets interdisciplinaires visantà « créer des systèmes perception-réponse intégrés, inspirés des solu-tions trouvées par les organismesvivants ».

Au total, 15 millions d’euros ontété ainsi alloués, en février dernier,à dix projets parmi une quarantaineprésentés. Ces projets, qui débutenttous en mai et juin, portent aussibien sur l’étude de modèles ani-maux, comme la chauve-souris oule criquet, que sur l’homme, telle lamise au point, par les équipes réu-nies autour du professeur PaoloDario, d’une main artificielle dotéedu sens du toucher et de la capacitéde préhension, ce qui implique unereprésentation des stimuli dans lesystème nerveux central.

A U J O U R D ’ H U Is c i e n c e s

Quand la nature inspire la technologie des mini-robotsDepuis toujours l’homme a mimé la perfection du monde animal. Profitant de la miniaturisation des composants électroniques,

les chercheurs essaient de recréer le bio-radar de la chauve-souris. Les non-voyants pourraient bénéficier de ces techniques

L’Europe n’est pas

la seule à s’intéresser

fortement

à ce domaine.

Les USA et le Japon

ont eux aussi

une longue tradition

de robotique

15 millions d’eurospour dix projets

Oscar, le robot mouche,pèse moins de 100 gram-mes et tourne sur lui-même grâce à ses deuxhélices qu’il contrôle afinde maintenir son œil surune cible et de la suivredu regard (à gauche).Psikharpax, le projet derobot rat, intègre de mul-tiples instruments senso-riels dont les vibrisses, quile dotent d’un embryonde sens du toucher com-plété par des capteurs dechoc (ci-dessous).

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28/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

EXIT SAECO, place à Jean Dela-tour. La direction d’Amaury SportOrganisation (ASO) n’a « pas eubesoin de longues discussions »,lundi 3 juin, selon Daniel Baal, ledirecteur de la branche cyclisme,pour réattribuer à l’équipe françai-se l’invitation pour le Tour deFrance (6-28 juillet) qui avait étédélivrée le 2 mai à la formation ita-lienne.

Ce sont les affaires de dopagesurvenues durant le Tour d’Italie,qualifiées de « déplorables », quiont conduit à la récusation deSaeco. La direction d’ASO a expli-qué qu’elle « entend[ait] resterfidèle à sa ligne de conduite consis-tant à ne plus accueillir une équipeconfrontée à une grave affaire. »Elle avait déjà procédé de la sorteen 1999 avec une équipe italienne(Vini Caldirola).

Soulignant que Gilberto Simo-ni, « le leader [de Saeco] vain-queur du Tour d’Italie 2 001, a dûquitter [le Giro 2002] à la suited’un contrôle antidopage positif àla cocaïne au mois d’avril, avantd’être reconnu positif une secondefois pour le même produit durant lapremière partie du Giro », ASO ajugé la suspension du coureur« inévitable ». Dès lors, « le grou-pe Saeco devant être articulé »autour de Simoni, la présence auTour de Saeco n’offrait « plus lemême attrait ».

« »Pour la réattribution de l’invita-

tion à Jean Delatour, « il n’y avaitpas photo », a assuré Daniel Baal,que ce soit par rapport à l’autreéquipe française (BigMat Auber93) ou aux équipes étrangères(Team Coast, Phonak, Acqua eSapone) également en lice. « Dela-tour a réalisé un excellent mois demai » (quatre victoires), a plaidéDaniel Baal. « C’est une bonne nou-velle pour nous », a savouréMichel Gros, directeur sportif deDelatour, pointant la « réactiond’amour-propre » de ses coureurs« après la non-sélection du 2 mai».

ASO n’a en revanche pris aucu-ne mesure de rétorsion à l’égardde Mapei et de Tacconi, deux équi-pes italiennes qualifiées d’officepour le Tour, dont des coureursont aussi été contrôlés positifs(Stefano Garzelli, Stefan Rutti-mann). « Faut-il considérer queparce que Mapei a un coureur quin’a pas suivi la voie de l’équipe ilfaut exclure celle-ci ? Pour nousc’est non », a argumenté DanielBaal, reconnaissant qu’« il est plusfacile d’intervenir sur une équipeinvitée que sur une équipe qualifiéed’office ». Daniel Baal a aussi rele-vé que, contrairement à Simoni,Garzelli « n’était pas prévu » sur leTour. « Mais c’est vrai que nousn’avons pas grand-chose àreprocher à l’équipe Saeco nonplus, si ce n’est que son leader nesera pas là. »

Philippe Le Cœur

Sébastien Grosjean seul rescapé du clan français pour les quarts de finale

Andre Agassi domine la fougue de Paul-Henri MathieuTennis b Les deux anciens pensionnaires de l’académie de Nick Bolletieri en Floride se sont affrontés longuement

avant que l’expérience de l’Américain ne vienne à bout des accélérations du jeune Français

C’EST FINI. Andre Agassi neprend plus la peine d’attendre quela balle ait rebondi deux fois pourse retourner vers son clan et bran-dir un immense sourire. Paul-HenriMathieu baisse la tête, dépité, etreçoit une chaleureuse poignée demain, maigre récompense après laleçon du maître. Lundi 3 juin, sur lecourt central, devant un public pas-sionné, l’élève a perdu en huitièmede finale des Internationaux deFrance (4-6, 3-6, 6-3, 6-3, 6-3)devant le seul joueur en activité àavoir gagné sur toutes les surfacesdes tournois du grand chelem.

Le jeune Français, championjunior de Roland-Garros en 2000,aujourd’hui 103e joueur mondial etinvité dans le tournoi, a pourtantmené deux sets à zéro avant unecourte interruption pluvieuse etmême deux jeux à zéro dans la troi-sième manche. Ce ne fut pas suffi-sant pour abattre une légende,même si, à force de combativité, il aarraché des balles de 4 jeux à 1 dansla cinquième manche.

A 20 ans, le Français a encoretant à apprendre de l’Américain, 32ans, qui évolue sur le circuit profes-sionnel depuis seize ans. Lundi,Andre Agassi, tête de série numé-ro 4, a d’abord paru vieux, surclassépar la fougue d’un grand gosse aujeu étincelant. Paul-Henri Mathieua claqué des services gagnants oudes aces, fouetté des accélérationsau nez de son adversaire dépité ; ils’est frappé la poitrine du poing, ilexultait et le public avec lui.

Andre Agassi hochait la tête,s’agaçait et tentait de venir dansune partie où il lui était interditd’entrer. Point après point, Paul-Henri Mathieu lui sapait le moral etlui coupait les jambes. Avec dix ansd’écart, les deux hommes ont passéquelques années à l’Académie deNick Bollettieri en Floride. Chez lesgourous du tennis américain, Agas-si a fait ses classes et les quatrecents coups dans les années 1980.Paul-Henri Mathieu y a passé qua-tre ans entre 1997 et 2000, avec plusde sérieux. D’une décennie l’autreet d’un carnet de note plus ou

moins bien rempli, ils ont montré lagriffe locale, cette énergie et cesens du spectacle.

Il y a bien longtemps qu’AndreAgassi est sorti de l’Académie. Auxleçons, il a ajouté son talent, sonexpérience. Son jeu s’est épicé deces années passées entre gloire etblessures, doutes et triomphe. Et decette touche de génie qui permet àce joueur, souvent dilettante, de fai-re preuve d’une grande sagesse.Alors, en vieux briscard, l’Améri-cain est revenu dans la partie enjouant sur les défauts de son adver-saire. Bien que dépassé dans lesdeux premières manches, il a puobserver les failles de Paul-HenriMathieu comme cette difficulté àvenir de l’arrière vers l’avant et cet

excès de régularité à frapper ses pre-miers services dans le même coin.

Alors, le joueur américain a cou-pé les jambes du Français en multi-pliant des amortis – la plupartgagnants – et en retournant desmises en jeu. L’élève s’est rebiffé,parfois, le maître s’est montré unpeu juste, mais la beauté d’un cin-quième set et l’expérience d’Agassien la matière s’est révélée payante.Dans sa carrière, il a disputé 39 deces matches épiques en ayant ounon perdu les deux premiers sets.Paul-Henri Mathieu jouait sondeuxième marathon du genre.

A Paris, Andre Agassi avait déjàconnu ce type de situation. En1999, il avait emporté sa premièrevictoire face à l’Ukrainien Andrei

Medvedev qui avait pris le meilleursur lui pendant une heure et deuxmanches avant que la pluie ne semette de la partie. Bien sûr, il sesouvient de la mésaventure maisaujourd’hui, ce sont ces 39 matchesdisputés en cinq sets qui l’ont aidé àse sortir du piège : « Dans ces cas-là, il ne faut surtout pas se dire “tu asdu boulot pour revenir”, expli-que-t-il. A ce moment-là du match,vous devez trouver une façon de ren-dre la partie plus difficile pour votreadversaire. »

Paul-Henri Mathieu, lui, est àl’orée de sa vie sportive. Il va s’enaller disputer un tournoi challenger(la deuxième division du circuit) enItalie. Quel avenir peut-il espérer ?Le professeur Agassi a été consultésur les talents du gamin. Quelpotentiel ? Quel avenir ? AndreAgassi a répondu doctement :« Vous devez jouer un adversairedans différentes situations pour voircomment il s’adapte ou comment iljoue sur différentes surfaces. Il estvrai que s’il joue comme cela tout letemps, il faudra s’en méfier semaineaprès semaine. »

Aujourd’hui comme en 1999,Andre Agassi a tout à perdre à dis-puter des tournois du grand che-

lem : « J’ai 32 ans, chaque rendez-vous passé est l’une des dernièresoccasions manquées d’en gagnerun. » Toute sa vie est aujourd’huisavamment organisée autour del’âge de ses artères sportives, de safondation pour aider les enfants endifficulté et bien sûr de sa famille. Ila un enfant, Jaden, né en octo-bre 2001 de son union avec SteffiGraf, l’ancienne championne. Iln’envisage pas la retraite : « Je rêveque mon fils me voie jouer au tenniset qu’il en garde le souvenir », seplaît-il à dire.

Ainsi, le joueur américain s’éco-nomise et économise son tempspour sa famille. Il a annoncé qu’ilne disputerait pas la demi-finale deCoupe Davis contre la France enseptembre, au stade de Roland-Gar-ros : « Je dois faire avancer le trainsans que les wagons de ma vie ne sedécrochent. Il ne faut dont pas effec-tuer de virages trop serrés. »

En quart de finale, l’ancien numé-ro un mondial rencontrera JuanCarlos Ferrero. L’Espagnol, tête desérie numéro 11 qui a éliminé l’Ar-gentin Gaston Gaudio en cinq setset va ainsi disputer son troisièmequart de finale des Internationauxde France en trois ans. Face àAndre Agassi, le jeune homme, âgéde 22 ans, peut déjà faire parler l’ex-périence.

Bénédicte Mathieu

ON ne les a pas vus arriver.Obnubilé par l’hécatombe destêtes de série à l’issue de la premiè-re semaine des Internationaux deFrance – Lleyton Hewitt, RogerFederer, Tommy Haas, YevgueniKafelnikov, Thomas Johansson,Tim Henman et autre GustavoKuerten –, on a presque été surprisd’en retrouver trois parmi les seizederniers qualifiés. Pour la premiè-re fois depuis longtemps, il n’yavait eu autant de Français à ce sta-de de la compétition parisienne.Sébastien Grosjean, Arnaud DiPasquale et Paul-Henri Mathieu sesont donc invités à domicile pourtenter de prendre part aux quartsde finale.

Poussés par le succès des Bleus,tenants du titre en Coupe Davis,les tennismen français se sont rap-pelés aux bons souvenirs deRoland-Garros. Qu’ils soient espa-gnols, américains, argentins ouqu’ils viennent d’Europe de l’Est,de ces régions où, dit-on, les futursgrands joueurs sont légions, leursadversaires n’ont qu’à bien setenir : le tennis français s’est misau diapason mondial.

Inaltérablement installé à sa pla-

ce de numéro un français, Sébas-tien Grosjean est le symbole de cet-te pugnacité retrouvée. Alorsqu’on ne donnait pas cher dujeune Marseillais à l’entame dutournoi, il est le seul Français àatteindre les quarts de finale,après une solide victoire sur le Bel-

ge Xavier Malisse (6-2, 7-5, 6-3).Apparemment mal remis d’uneblessure aux adducteurs et de lafatigue accumulée lors de sabrillante saison 2001, SébastienGrosjean avait été très effacé etirrégulier en début d’année, si l’onexcepte sa place en demi-finale autournoi de Monte-Carlo. Demi-finaliste l’an passé, après avoir bat-tu Andre Agassi au tour précédent,dans un match mémorable, il s’estparticulièrement bien préparépour disputer les Internationauxde France.

Sa maîtrise mentale du jeu estun véritable casse-tête pour sesadversaires. Sa grande expérience,sa capacité de contenir la pressionsans la subir, sa mobilité et sesaccès d’agressivité – « trop rares »,reconnaît-il – lui permettent tou-tes les audaces, comme si de rienn’était.

Une force tranquille anime leMarseillais : « J’ai moins bien jouéaujourd’hui que les autres jours, j’aimoins bien bougé, mais je n’ai pasressenti de douleurs. Physiquement,je suis beaucoup mieux qu’à Monte-Carlo. Et surtout, je suis heureuxd’être là. » Sébastien Grosjean saitaussi qu’il a, porte d’Auteuil, unallié et complice de poids : lepublic.

Arnaud Di Pasquale, bénéficiai-re d’une wild card, et dont la pré-sence était la moins prévisible à cestade de la compétition, était toutaussi content de figurer à ce stadedu tournoi. Tombé à la 283e placeaprès s’être fait opérer du genou,

absent des courts pendant septmois, il a perdu en huitième definale face au numéro deux mon-dial, le pragmatique Russe MaratSafin (3-6, 6-4, 6-3, 6-2).

Le manque d’expérience a péna-lisé le joueur français. « Je m’enveux un peu, parce qu’en jouantplus simplement j’aurais pu l’accro-cher un peu plus, reconnaît-il. J’aipeut-être un peu trop tenté à mongoût. (…) Je pense que Grosjean[son adversaire en quart de finale]peut vraiment le battre. »

« »L’expérience a également fait

défaut à Paul-Henri Mathieu, cemême lundi 3 juin, sur le court cen-

tral. Après avoir sorti son compa-triote Fabrice Santoro, puis leTchèque Jiri Novak au 3e tour, lejeune Français se trouvait face àAndre Agassi sur le court central.Paul-Henri Mathieu n’a pas rem-porté la partie. « Au moment où jeme suis vu gagner, c’est là que j’aicommencé à baisser », expliquel’ancien vainqueur des Internatio-naux juniors en 2000.

Andre Agassi a reconnu les quali-tés de son jeune adversaire dujour : « Il fallait que je l’oblige àjouer encore mieux pour aller cher-cher sa victoire. Il fallait qu’il lamérite. » C’est ça l’expérience.

Jean-Jacques Larrochelle

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SIMPLE MESSIEURSHUITIÈMES DE FINALETroisième quart du tableauFerrero (Esp, n˚ 11) bat Gaudio (Arg,n˚ 31) 6-7 (3/7), 6-1, 6-7 (5/7), 6-2,6-4Agassi (Usa, n˚ 4) bat Mathieu (Fra)4-6, 3-6, 6-3, 6-3, 6-3Quatrième quart du tableauGrosjean (Fra, n˚ 10) bat Malisse(Bel) 6-2, 7-5, 6-3Safin (Rus, n˚ 2) bat Di Pasquale(Fra) 3-6, 6-4, 6-3, 6-2

DOUBLE FEMMESTROISIÈME TOURTestud (Fra)- Vinci (Ital) bat Farina(Ital)- Elia-Schett (Aut) 6-4, 7-6 (9-7)Ruano (Esp)- Pascal-Suarez (Arg)bat Fusai (Fra)- Vis (Pbs) 6-1, 6-0

Le Russe Marat Safin a dû faire face au public du court Suzanne Lenglenpour se qualifier pour les quarts de finale en éliminant Arnaud di Pasquale(3-6, 6-4, 6-3, 6-2). « Ils étaient complètement contre moi. On se sent un peuseul sur le court, mais on peut survivre… et gagner des matches », a expliquél’ancien vainqueur de l’US Open. Le joueur classé numéro 1 mondial s’estappuyé sur sa mise en jeu pour retourner le cours de la partie. « Mon servicem’a sauvé la mise aujourd’hui. Arnaud di Pasquale a commencé à bien jouer,nous avons joué très vite, mais je n’étais pas prêt et je me suis un peu décon-centré », a expliqué le Russe avant d’ajouter : « Ensuite, je ne l’ai plus laissédominer le jeu. »

Le professeur AndreAgassi (à gauche)a frôlé la catastropheen huitième de finalede Roland-Garrosface à Paul-HenriMathieu (à droite).Après avoir été menédeux sets à zéro,le maître, grâceà son expérienceet à son talent,a renverséla situation,et disputera sonquart de finalecontre l’EspagnolJuan Carlos Ferrero.

L’équipeJean Delatourinvitée pourle Tour de France

RÉSULTATS

L’élève s’est rebiffé,

parfois, le maître s’est

montré un peu juste,

mais la beauté

d’un cinquième set

et l’expérience

d’Agassi en la matière

s’est révélée payante

Marat Safin esseulé face au public

A U J O U R D ’ H U I s p o r t s

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LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/29

L’ITALIE est une figure majeurede l’Europe à table, nous rappel-lent deux universitaires gourmets,Alberto Capatti et Massimo Mon-tarini dans La Cuisine italienne,histoire d’une culture, un ouvrageoù les idées, les valeurs et les pra-tiques forment une « histoire to-tale », selon l’expression de Jac-ques Le Goff dans sa préface.

« Qu’est-ce que la gloire de Dan-te, à côté de celle des spaghettis ? »,se demandait un essayiste italiendans les années 1950 ? « La cuisineest peut-être un art illettré », répon-dent les auteurs de ce livre, maiselle survit grâce à la mémoire d’unsavoir-faire, qui sera aussi remé-moré par écrit. Cuisinier et lettrépoursuivent un même combat :« En mangeant des spaghettis, onmâche quelque chose de Dante. »

Les pâtes ont pénétré dans denombreux foyers américains où lenom de Dante n’est jamais pronon-cé. Spaghettis et pizzas appartien-nent à un patrimoine disséminédans le monde comme les livres.Car la grande invention de l’Italie,c’est celle de la pasta. Cela se passeau Moyen Age, à la premièreRenaissance, du côté de Pise et deNaples. Tout cela vient d’un coup,l’art de la préparation, celui de lacuisson, la forme et la manière dela cuisiner.

Lorsque l’unité politique de lapéninsule est réalisée, en 1860, parl’annexion de Naples au Piémont,Cavour, ministre savoyard, né àGenève, mais fin gourmet déclare :« Les macaronis sont cuits et nousles mangerons », faisant allusion àl’entrée de Garibaldi dans la capita-le du royaume, cela signifie : « Lescarottes sont cuites… » La pastadésigne une cinquantaine de va-riétés de pâtes. C’est l’apport del’Italie à la civilisation de l’Europeà table. Les Français, eux, ne peu-vent se passer du pain. L’Italieinvente le moment de la dégusta-tion au début du repas (primipiati).

Cuisson al dente, juste à point.Une forme nouvelle pour tous lesjours du mois selon la saison : pen-ne setaro au thon frais et poutar-gue de mulet du chef DavideBisetto à la table du luxueux Car-paccio ; casareccio (petite pâte tor-sadée) au ragoût de canard sautéau brocoli, échalote et cibouletted’Angelo Procopio à la tablemodeste mais soignée d’Il Vicolo.Le Libro de arte coquinaria, écrit àRome, en 1464, par le maestro Mar-tino fait le tour de l’Europe. A cetteépoque, le chic du mangiare all’ita-liana, c’est de consommer les ver-dure d’abord, les délicieux légu-mes, fleurons aujourd’hui de lamodernité parisienne ; c’est tou-jours la délicieuse grigliata di ver-

dure d’Emporio Armani Caffe,l’une des meilleures tables italien-nes de Paris cette saison.

Manger des légumes, c’était déjàun signe de modernité avec l’insa-lata mista, recette donnée par Pla-tine, dans l’Honneste Volupté, en1505 : l’aubergine arabe de Sicile(melanzane), la pomme d’or del’Amérique (tomate), puis le poi-vron (peperone). Cependant bienavant, au temps du riche MoyenAge italien, l’on fait grand cas desépices, de l’aigre-doux rencontréau cours des croisades, du sucrearabe qui s’impose.

« La cuisine du peuple avait un

goût de sel et la cuisine des élites, ungoût de sucre », nous disent nosdeux auteurs. Cet usage culinaireitalien raffiné, ce fait de civilisa-tion marqué par une « éducationdu goût » et une « culture de l’arti-fice » se déplace vers le royaumede France, dans les fourgons desreines Médicis, puis fait retouroutre monts au XVIIe siècle, pourdeux cents ans de suprématie de lacuisine française qui s’impose surles tables bourgeoises, nobles etpontificales de la Péninsule.

L’Italie connaît aussi le gastrono-me « qui fréquente les restaurantssans avoir jamais déjeuné à la cour(…). Tantôt célibataire, tantôtmarié, aimant les femmes et leschats, divinités tutélaires de la viedomestique (…), il vit pour le plai-sir ». C’est le portrait de PellegrinoArtusi, auteur de La Scienza in cuci-na (1871) dans l’Italie du Risorgi-mento, jusqu’à la venue du fascis-me dans les années 1920, où unretour au terroir et au néoréalismeagraire est de rigueur, en même

temps qu’est banni l’usage du fran-çais dans les menus. Ce formidableva-et-vient culinaire est pour lapremière fois saisi dans ses structu-res et mis en parallèle avec l’aven-ture de la cuisine française. C’estune première d’histoire comparéede la cuisine, semblable au proposde Montaigne, qui déjà avaitesquissé, dans un texte célèbre, LeJournal de voyage en Italie, avecbrio et jovialité, une ethnographiedu délectable et du gouleyant.

Le choix des vins, selon les prin-cipes de la médecine galénique,s’impose alors comme un ordon-nancement. L’on en perçoit ici lagenèse. C’est encore aujourd’huil’ambition secrète de GualtieroMarchesi, installé depuis une an-née au Lotti à Paris, attentif austyle et enraciné cependant dansles saveurs de la cuisine lombarde,que le baroque riso oro e zafferano(risotto au safran à la feuille d’or)aux accents d’Orient, le ravioliouvert ou la grande assiette de lamer rangent parmi les passeursentre les deux cuisines, l’italienneet la française, l’une maternelle,l’autre d’adoption.

Inventeur de l’Opéra, l’Italie trai-ta souvent, et encore aujourd’hui,sa table comme un spectacle. Latroupe innombrable des mets estissue de toutes les provinces dupays qui font le charme de cettecommedia dell’arte que sont la pré-paration des repas et le repas lui-même. Les lieux du spectacle sontles trattorias et les restaurantspopulaires qui théâtralisent la viesociale. Alors, comme le dit Jac-ques Le Goff, préfacier : « Lec-teurs, à table ! »

Jean-Claude Ribaut

baLa Cuisine italienne, histoire d’uneculture. Alberto Capatti & Massi-mo Montanari, Seuil, 23 ¤.

baRestaurant Gualtiero Marchesi.Hôtel Lotti, 7, rue de Castiglione,75001 Paris ; tél. : 01-42-60-37-34.Tous les jours. A la carte, compter85 ¤.

baIl Carpaccio. Hôtel Royal Mon-ceau, 37, avenue Hoche, 75008Paris ; tél. : 01-42-99-98-90. A lacarte, compter 55 ¤. Tous les jours.

baIl Vicolo. 34, rue Mazarine, 75006Paris ; tél. : 01-43-25-01-11. A lacarte, compter 35 ¤ à 45 ¤. Ferméle dimanche.

baEmporio Armani Caffe, 149, boule-vard Saint-Germain, 75006 Paris ;tél. : 01-45-48-62-15. A la carte,compter 55 ¤. Fermé le dimanche.

TOQUES EN POINTE

CHEZ « Edible » (comestibles), le restaurant quia ouvert il y a deux mois à Londres, on propose auxclients, en guise de cocktail de bienvenue, de siro-ter des scorpions dans de la vodka. Serait-ce unebonne idée pour développer chez nous les ventesde cet alcool blanc ? La vodka aurait en effet bienbesoin en France d’un petit coup de fouet. Elle nereprésente pas même 2 % des ventes de spiritueuxen grandes surfaces, quand le whisky assure poursa part 38 % des achats et les boissons anisées plusde 30 %.

« Ce qui est certain, commente Philippe Poujol,c’est que chez nous la vodka ça marche surtout encocktail. A défaut de scorpions, c’est plutôt du jusd’orange ou de tomate, mais moins d’une vodka surcinq est bue en France sans être mélangée avec unautre breuvage. » L’homme qui s’exprime ainsi con-naît son sujet : la marque Eristoff, dont il est ledirecteur international, est la plus vendue surnotre territoire. Malgré son patronyme qui fleurebon la Russie des tsars, cette dernière est pourtantfabriquée à Beaucaire, dans le Gard !

, ’Le prince Alexandrovitch Eristoff pouvait-il se

douter que l’alcool qui porte son nom serait unjour produit sur les anciennes terres des comtes deToulouse ? Si Russie et Pologne sont bien les terri-toires d’origine de la « voda » ou « woda », cetteeau alcoolisée, et même si notre consommationest encore très loin de celles des pays de l’Est (lesFrançais ne boivent que 0,16 litre de vodka par an),du côté des marques, en revanche, il sembleraitque l’Est ne soit plus à l’honneur.

Smirnoff, par exemple, le numéro un mondialde la vodka, a beau se targuer sur son étiquette

d’avoir été fondé en 1818 à Moscou, la société estaméricaine depuis les années 1930, et la vodka quebuvaient les tsars se fabrique désormais dans unevingtaine de pays différents à travers le monde.

’ De même, l’une des vodkas dont les ventes pro-

gressent le plus en France, l’Absolut, ne provient nide Pologne ni de Russie, mais de Suède, où c’estd’ailleurs une entreprise étatique qui la fabrique.Cette vodka très à la mode, notamment dans les boî-tes de nuit (certains sont d’ailleurs persuadés queson flacon a été dessiné par Andy Warhol, alors qu’ils’agit en fait de l’adaptation d’un flacon de pharma-cie suédois du XIXe siècle), est une des plus chères dumarché. « C’est que la matière première, la méthodeet le lieu unique de fabrication justifient ce coût, ra-conte Guenael Fily, qui la commercialise en France.Contrairement à certaines vodkas qui sont faites à par-tir de pomme de terre ou de betterave, à la distillerieAbsolut d’Ahus, dans le sud de la Suède, nous n’utili-sons que du blé. Une matière plus chère et plus longueà distiller. »

Alcool plusieurs fois distillé et filtré, la vodka joueplus de son image de pureté que sur un goût spécifi-que. Cela explique sans doute pourquoi les versionsaromatisées marchent de mieux en mieux. L’une desplus anciennes est la polonaise Zubrowska, parfuméeà l’aide d’une graminée surnommée « l’herbe debison ». Un véritable petit verre de foin coupé.

Guillaume Crouzet

baVodka Eristoff, 9,30 ¤ environ ; vodka Smirnoff, 11 ¤environ ; vodka Absolut, 13 ¤ environ (cette dernièretitre 40 degrés, contre 37,5 pour ses consœurs).

Bistrot new-yorkais

PAESANTbf Au cœur de Little Italy, qui résiste tant bien que mal à l’expansion deChinatown, ce nouveau restaurant impose son style rustique à la capitale dela world food. C’est un ancien garage en briques rouges du temps de la prohi-bition, de grandes tables utilisées précédemment dans un couvent pour toutmobilier, le tout éclairé par des bougies. L’espace est ouvert sur la cuisine oùs’affaire le chef, Frank De Carlo, Italo - New-Yorkais de la diaspora, qui nedispose, comme unique moyen de cuisson pour les grillades et le four à pizzaque des braises d’un feu de bois. Le prosciutto, parmigiano reggiano e pera pré-cède les sardines au four, présentées dans le plat de cuisson, l’huile crépitantsur l’enfer des braises. Délicieux cochon soigneusement rôti, servi avec despommes de terre, et savoureux risotto à la truffe noire, parfumé à l’huile detruffe. Alain Ducasse et Paul Bocuse y ont été vus récemment. Il est vrai quele second de cuisine est un Français. A la carte, compter 60 $.ba194 Elizabeth Street (SoHo/NoHo/Little Italy), entre Spring and Prince

Streets ; tél. 001-212-965-9511.

Rôtisserie

ROTISS’BARbf Il est presque impossible, aux abords de Saint-Séverin et de laHuchette, d’identifier les tables fréquentables en raison de leur profusionet des changements d’enseignes. La modeste rôtisserie qu’un ancien ar-pète du Pactole et son associé ont créée, voici une dizaine d’années, conti-nue de satisfaire les amateurs de viandes cuites à la broche. Quelques ter-rines maison, des charcuteries d’Auvergne, des entrées savoureuses, enattendant les viandes de la rôtissoire : un porc de qualité, un poulet fer-mier à l’ail ou à l’estragon, la poitrine, le carré, le gigot, la selle ou l’épauled’agneau, l’entrecôte et la côte de bœuf ; le rognon dans sa graisse et, par-fois, un foie de veau épais sont rôtis à la commande. La cave met en appli-cation le dicton selon lequel « toute région de gueule produit un vin digne desa cuisine ». Assiette de quatre viandes : 16,50 ¤. A la carte, compter 30 ¤.ba57, rue Galande, 75005 Paris ; tél. : 01-46-34-70-96. Service de 12 heures

à 2 heures du matin. Fermé lundi midi (ouverture à 19 heures).

Gastronomie japonaise

WADAbf Pendant les festivités sportives au Japon, la magie continue d’opérerchez Wada, dont le chef, le discret Hideo Yamaguchi, effectue personnel-lement le choix des produits chez les mareyeurs de Rungis. Pour le reste– les graines de soja fermenté –, il a son fournisseur exclusif. Bar de ligne,saumon Label rouge, thon… il achète toujours le meilleur pour confection-ner sushis et sashimis, préparer les roses de saumon mariné sauce Wada(mixture d’ingrédients mystérieux parfumés au saké) ou bien les poissonsdu jour délicatement cuits sur un futon de légumes. Le riz et la soupemiso accompagnent ces délices. La sagesse recommande de déguster unvin de prune (umeshu) à l’apéritif et de s’en tenir aux boissons tradition-nelles (thé, saké). Décor très modeste ; prix en conséquence. Menus : 20 ¤(déj.) et de 24 ¤ à 40 ¤. Dégustation : 61 ¤. A la carte, compter 30 ¤.ba19, rue de l’Arc-de-Triomphe, 75017 Paris ; tél. : 01-44-09-79-19.

Fermé le dimanche.

J.-C. Rt

Spaghetti all’DanteQuelques livreset de bonnes adressespour découvrirles richessesde la cuisine italienne

La vodka, de moins en moins à l’Est

A U J O U R D ’ H U I g o û t s

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30/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

SCRABBLE ® PROBLÈME NO 280MOTS CROISÉS PROBLÈME NO 02 - 133

PARCE QUE 14 % à 25 % depassagers négligent d’annuler leurréservation, les compagnies aérien-nes vendent davantage de placesqu’il n’y a de sièges dans l’avion.C’est ce qu’on appelle le « surboo-king », l’« overbooking », la « sur-réservation », ou, plus étonnant, la« suroffre ». Avec pour conséquen-ce la colère des passagers refusés àl’embarquement. En août 2000, desincidents ont même éclaté dans lesaéroports parisiens (Le Monde du14 août 2000). Les transporteursjustifient cette pratique par la né-cessité de maintenir les prix et lasouplesse du système de réserva-tion, exigée par certains clients quin’hésitent pas à s’inscrire sur plu-sieurs vols à la fois, et à avancer ouretarder leur départ au gré de leursobligations, de leur humeur ou…des conditions météorologiques.

Le « surbooking » s’appuie surune analyse des taux d’annulationet de la non-présentation des passa-gers des différents vols, sur chaqueligne, aux mêmes dates, sur plu-sieurs années, en tenant comptedes périodes de vacances et desévénements exceptionnels. Lescompagnies répugnent à divulguerles effectifs des clients refusés àl’embarquement (5 sur 10 000 se-lon British Airways, 10 sur 10 000selon Air France). En revanche,elles mettent en avant le nombrede passagers supplémentaires qui,en 2001, auraient pu trouver uneplace grâce à ce système : de 600 à

Air France à 1 131 000 chez Luft-hansa.

Quasiment inconnu en Premièreclasse, réduit en Affaires, le sur-booking affecte essentiellement laclasse Economique. En dehors des« passagers protégés » (personnes àmobilité réduite, femmes encein-tes ou accompagnées d’enfants,enfants voyageant seuls), chaquecompagnie est libre de décider quisera prioritaire pour l’embarque-ment. Certaines privilégient lesgroupes (Air France), les clients dela classe Affaires (British Midlands,Iberia), les adhérents du program-me de fidélité (KLM, Cathay Paci-

fic) ou le plus souvent les premiersqui se présentent à l’enregistre-ment (Iberia, American Airlines),« car, au moins, on est sûrs qu’ilssont là ! ».

Les compagnies affirment faire

appel d’abord au volontariat, parun panneau près du comptoir, ouen repérant dans la file d’attente lecandidat potentiel : généralementjeune, solitaire et porteur d’un sacà dos. Pour encourager les bonnesvolontés, elles ont recours à desincitations financières : ainsi, chezIberia, on offre 125 % de l’indem-nité prévue par la norme euro-péenne ou 150 % (si le volontaireaccepte un avoir). A Air France,le dédommagement reste acquis,même si le volontaire finit par pren-dre le vol prévu.

Selon la Charte européenne desdroits du passager, qui date de1991, le transporteur doit verseraux voyageurs non admis à bordd’un vol régulier un dédommage-ment proportionnel à la distance et

à la durée du retard d’achemine-ment. Pour un trajet de moins de3 500 kilomètres, le montant serade 75 ¤ ou de 150 ¤, selon que leretard est inférieur ou supérieur àdeux heures. Pour un long-cour-rier, la somme sera de 150 ¤, ou de300 ¤ pour un retard dépassant qua-tre heures. Mais la somme peutêtre limitée au prix du billet, notam-ment si celui-ci est à tarif réduit.Ces montants devaient être revus àla hausse (de 375 ¤ à 1 500 ¤) par leParlement européen, mais le projeta été retardé à la suite des événe-ments du 11 septembre 2001. Lors-que le dédommagement est versésous forme d’un avoir pour l’achatd’un billet d’avion ou pour un sur-classement, ces sommes sont par-fois doublées. Si le départ n’a paslieu le jour même, la compagniedoit prendre en charge l’hôtel et lesrepas. Lorsque la situation est criti-que, certaines compagnies n’hési-tent pas à proposer des montantssupérieurs. « On peut atteindre 500ou 1 000 dollars lorsque le départ estreporté au lendemain », explique

Jacques Alonso, d’American Airli-nes. Tout dépend de la pugnacitédes usagers : ainsi, la passagèred’un vol transatlantique, reléguéeen cabine économique parce queson siège en Business class avaitdéjà été attribué, a reçu en dé-dommagement deux allers-retoursNew York - Vienne après avoir pro-testé énergiquement.

En période de pointe, le volonta-riat se fait plus rare, et les passa-gers n’ont aucun recours pour accé-der à l’avion, excepté de discuterl’indemnité ou d’intenter un pro-cès. En mars dernier, un couplerevenant de vacances à Saint-Domingue n’a eu droit qu’à 143 ¤pour deux personnes, au lieu de300 ¤ chacun ! Renseignementspris, Iberia n’a versé que 25 % duprix du billet, car c’est la réglemen-tation en vigueur dans l’aéroportoù se produit l’overbooking quiprévaut. Il vaut donc mieux être vic-time de surbooking aux Etats-Unisqu’aux Caraïbes…

Michaëla Bobasch

Laisse bétons

Tous les mardisdatés mercredi,des conseils utiles

Tirage : B E T O N S E.a) Trouvez un mot qui rapporte

31 points. Trouvez un huit-lettreset écrivez-le sur la grille (il est don-né ci-dessous).

Tirage suivant : E F I M N R U.b) Trouvez un huit-lettres et écri-

vez-le sur la grille (il est donnéci-dessous).

Solution de a) : OBTENUES,10 B, 64.

Tirage suivant : E E G I N P W.c) Dans la ligne E, trouvez un

quadruple qui rapporte 40 points.Trouvez aussi un mot qui rapporte54 points.

Solutions de b) : UNIFORME,B 6, 64.

Préparation de la grille de lasemaine prochaine.

d) E E E L M N T : trouvez unsept-lettres. Trouvez l’anagrammede CHOURAS, volas.

Solutions dans Le Monde du12 juin.

Solutions du problème parudans Le Monde du 29 mai.

Chaque solution est localisée surla grille par une référence se rappor-tant à sa première lettre. Lorsque laréférence commence par une lettre,le mot est horizontal ; lorsqu’elle

commence par un chiffre, le mot estvertical.

a) NAUCORE, punaise d’eau,G 5, 98, en collante au-dessus dejustice et faisant REMBARQUE.

b) BOUCANER, B 1, 78 – GOU-RANCE, D 1, 74 – COURANTE,7 B, 73, faisant REPESEE, ou lesanagrammes OUTRANCE, CANO-

TEUR et ECROUANT – ENCOUR-RA, L 4, 72, ou l’anagramme RAN-COEUR – CORNAQUE, conseille,M 5, 69 – COUINERA, 8 E, 61.

c) HIER, v. tr. – OBSEDENT,STEENBOK, petite antilope, OB-TENUES.

Michel Charlemagne

A U J O U R D ’ H U I

5 Lever du soleil à Paris : 5 h 51Coucher du soleil à Paris : 21 h 47

Une vaste zone dépressionnaire est cen-trée sur les îles Britanniques. Une pertur-bation active concernera principalementune grande moitié est où elle donnerades pluies parfois orageuses. Plus àl'ouest, nuages bien présents, parfoisaccompagnés de quelques averses.

Bretagne, pays de Loire, Basse-Nor-mandie. Malgré quelques trouées, lesnuages seront très nombreux, avec pluiesfaibles ou averses. Températures maxi-males : entre 13 et 17 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen-tre, Haute-Normandie, Ardennes. Lematin, ciel couvert et pluvieux. Les pluiesseront parfois assez fortes, le matin.L’après-midi : passages nuageux et quel-ques averses isolées. Les températuresatteindront 16 à 18 degrés.

Champagne, Lorraine, Alsace, Bour-gogne, Franche-Comté. Le temps seramédiocre avec un ciel couvert et pluvieuxtoute la journée. Les pluies parfois soute-nues prendront localement un caractèreorageux, en particulier sur le relief. Lestempératures seront comprises entre 18et 21 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi-Pyrénées. Malgré quelques rayons desoleil, les nuages circuleront toute la jour-née. Quelques pluies faibles ou aversesse déclencheront. Des orages éclaterontsur le relief pyrénéen. Les températuresatteindront 15 à 18 degrés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes.La journée sera maussade avec des pluiesorageuses une grande partie de la jour-née. Le vent de sud dans la vallée du Rhô-ne atteindra 80 km/h. Les températuresseront comprises entre 15 et 20 degrés.

Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Le tempssera bien perturbé avec un ciel couvertaccompagné de pluies assez marquées.Celles-ci prendront parfois un caractèreorageux, en particulier sur la Côte-d'Azuret la Corse. Les températures seront com-prises entre 19 et 24 degrés.

FRANCE

Ajaccio . . . . . . . . . . . . . . . .

Biarritz . . . . . . . . . . . . . . .

Bordeaux ... . . . . . .

Bourges . . . . . . . . . . . . .

Brest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Caen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cherbourg . . . . . .

Clermont-F. .. . .

Dijon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Grenoble . . . . . . . . . .

Lille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Limoges. . . . . . . . . . . . .

Lyon ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Marseille . . . . . . . . . .

Nancy . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nantes . . . . . . . . . . . . . . . .

Nice. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Paris... . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Perpignan. . . . . . . .

Rennes. . . . . . . . . . . . . . . .

St-Etienne . . . . . . .

Strasbourg... . . .

Toulouse. . . . . . . . . . .

Tours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

FRANCE -

Cayenne . . . . . . . . . . . .

. . . . . . .Fort-de-Fr.Nouméa... . . . . . . . . .

Papeete . . . . . . . . . . . . .

Pointe-à-P.St Denis Réu..

EUROPEAmsterdam . . . .

Athènes. . . . . . . . . . . . .

Barcelone ... . . . . .

Belfast . . . . . . . . . . . . . . . .

Belgrade . . . . . . . . . . .

Berlin . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Berne . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Bruxelles ... . . . . . . .

Bucarest . . . . . . . . . . .

Budapest. . . . . . . . . .

Copenhague. .

Dublin . . . . . . . . . . . . . . . . .

Francfort . . . . . . . . . .

Genève ... . . . . . . . . . . .

Helsinki . . . . . . . . . . . . .

Istanbul . . . . . . . . . . . . .

Kiev . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Lisbonne . . . . . . . . . . .

Liverpool ... . . . . . . .

Londres. . . . . . . . . . . . . .

Luxembourg .

Madrid. . . . . . . . . . . . . . . . .

Milan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Moscou... . . . . . . . . . . . . .

Munich . . . . . . . . . . . . . . . .

Naples . . . . . . . . . . . . . . . . .

Oslo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Palma de M. . . . .

Prague... . . . . . . . . . . . . . . .

Rome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Séville . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sofia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

St-Pétersb.Stockholm .... . . .

Ténérife . . . . . . . . . . . . .

Varsovie . . . . . . . . . . . . . .

Venise... . . . . . . . . . . . . . . . .

Vienne. . . . . . . . . . . . . . . . . .

AMÉRIQUESBrasilia . . . . . . . . . . . . . . .

Buenos AiresCaracas ... . . . . . . . . . . . .

Chicago . . . . . . . . . . . . . .

Lima. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Los Angeles . . . .

Mexico . . . . . . . . . . . . . . . .

Montréal... . . . . . . . .

New York . . . . . . . . . .

San Francisco

Santiago Ch. .

Toronto . . . . . . . . . . . . . . .

Washingt. DC

AFRIQUEAlger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dakar. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Kinshasa... . . . . . . .

Le Caire. . . . . . . . . . . . . . .

Nairobi . . . . . . . . . . . . . . .

Pretoria . . . . . . . . . . . . . .

Rabat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tunis ... . . . . . . . . . . . . . . . . . .

ASIE-OCÉANIEBangkok . . . . . . . . . . . .

Beyrouth. . . . . . . . . . .

Bombay . . . . . . . . . . . . .

Djakarta . . . . . . . . . . . .

Dubaï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Hanoï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Hongkong . . . . . . .

Jérusalem . . . . . . . .

New Delhi . . . . . . .

Pékin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Séoul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Singapour . . . . . . . .

Sydney . . . . . . . . . . . . . . . .

Tokyo . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

PRÉVISIONSVille par ville, les minima/maxima detempérature et l’état du ciel. S : ensoleillé;N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige.

. . . . .

. . . . . . .

05 JUI. 2002

14/23 P12/15 P12/15 N12/16 P8/13 P

11/15 N9/15 N12/16 P15/17 P14/21 P16/18 P10/14 N15/19 P18/22 P14/19 P

9/17 P16/21 P12/17 P10/13 P14/19 P10/16 N13/18 P16/21 P11/15 P11/17 N

14/19 P19/22 P

9/17 S15/27 S

20/23 S13/24 S17/25 S15/25 S

17/24 N17/25 S11/23 S8/15 S11/21 S

19/24 S13/24 S20/22 P14/24 S

14/26 S11/17 P

26/28 P11/17 P

16/19 S18/29 S13/25 S10/15 P21/29 P15/24 S

5/8 P11/17 P

25/36 P

16/26 S24/28 S21/32 P19/31 S

14/25 S6/16 S

13/22 N21/29 S

27/34 P19/25 S29/33 P24/31 S

28/40 S26/31 P24/26 P13/24 S27/39 S22/36 S19/29 S

23/27 P27/30 C21/25 C

24/29 P25/31 P

20/26 P

16/24 C19/28 S13/21 N

7/15 C13/26 S17/26 S11/21 N12/21 P8/25 S

14/26 S13/20 S6/14 N

16/27 N12/18 N

9/19 S15/23 P13/18 P14/19 S8/15 C

10/15 P

13/19 P

27/30 P10/19 S

20/29 S

prévisions vers 12hprévisions vers 12h

Alger

Séville

Rabat

Lisbonne

Madrid Barcelone

Toulouse

Nantes

ParisStrasbourg

Berne

Lyon Milan

Bruxelles

Londres

LiverpoolDublin

Belfast

Amsterdam

Prague

Berlin

VienneBudapest

Varsovie Kiev

Bucarest

BelgradeSofia

Istanbul

Athènes

Naples

Tunis

Rome

Oslo Stockholm

Moscou

Odessa

Riga

MinskCopenhague

Munich

Paris

Le Havre

Reims

Troyes

Lille

Strasbourg

Mulhouse

DijonBourges

Orléans

Tours

Rennes

Brest

Poitiers

Limoges

Aurillac

Biarritz

TarbesPerpignan

Montélimar

Chamonix

Clermont-Ferrand

Toulouse

Nantes

Lyon

Grenoble

Bordeaux

MarseilleMontpellier Nice

Ajaccio

05 juin05 juin

Jeudi 6 juinSur le quartnord-ouest,les passagesnuageux serontentrecoupés dequelques éclaircies.Sur le reste dupays, le ciel seratrès chargé, ilpleuvra et desorages éclateront.Les pluies les plusmarquées seproduiront surtoute la façade est.

Retrouvez nos grillessur www.lemonde.fr

b Jurisprudence. Si l’on estimeque le montant versé ne couvrepas le préjudice subi, on peutsaisir la justice pour obtenirune indemnité complémentaire.Air France a été condamnéepar la cour d’appel de Douai(Le Monde du 5 mai 2001).b Adresses. Association française

des usagers du transport aérien(Afuta), 26, rue de la Fédération,75015 Paris ; tél. : 01-45-67-22-89.Fédération nationale desassociations d’usagersdu transport (Fnaut),32, rue Raymond-Losserand,75014 Paris ;tél. : 01-43-35-02-83.

PRÉVISIONS POUR LE 6 JUIN

Pluiessur l’est

ORIZONTALEMENT

I. Son poids idéal, c’est tou-jours plus. - II. Dangereuse habi-tude de consommation. Un peud’ivresse. - III. Rendez-vous en-tre potes. Va bientôt resservir. -IV. Sur le terrain où ça va mal.Ne choisit rien. - V. Ne vaut rien,et devient rare au menu. A l’en-trée des fosses. - VI. Déjà bienavancée. Cheville. Oncle inter-ventionniste. - VII. Essayée.

Interjection. En général. - VIII.Grave pour une femme. Wotanau Nord. - IX. Un grec que l’onretrouve au lycée. Belle proposi-tion s’il est en or. - X. Dupent.Pour une belle d’Espagne.

VERTICALEMENT

1. Précis à la minute près. - 2.Bien personnel. Cours italien. - 3.Juliennes de l’Atlantique. Appris.- 4. N’a rien de précieux. Vit à la

campagne. - 5. Provient. Rendez-vous hebdomadaire. - 6. Que l’ona peu de chances de rencontrer.Relief familier et intime. - 7. Semet en mouvement. Vientd’avoir. - 8. Toujours d’un bonrapport. Eliminée définitive-ment. - 9. Bonne au petit matin.Amérindien du Pueblo. - 10. Piè-ge en mer et dans les airs. Avan-tage naturel. - 11. Du bleu encampagne. Plat exotique. - 12.Traités selon leur importance.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU N° 02 - 132

HorizontalementI. Filmographie. - II. Oléacée.

Ails. - III. Mitrailles. - IV. Roulas.SAE. - V. RER. VHS. GR. - VI.Eue. Ewe. Etat. - VII. TV. Iso. Oté.- VIII. Ordonnancier. - IX. Ue. Dé.Ola. - X. Trousse-queue.

Verticalement1. Fourre-tout. - 2. Il. Œuvrer. -

3. Lémure. - 4. Mail. Dodu. - 5.Octave. Nés. - 6. Gershwin. - 7.Réa. Sésame. - 8. Is. On. - 9. Pala-ce. Cou. - 10. Hile. Toile. - 11. Ile.Gâteau. - 12. Essarter.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

Soleil Peu nuageux

Brèves éclaircies

Couvert

Averses Pluie

Vent fortBrouillardNeigeOrage

Les droits des passagers aériens confrontés au « surbooking »

A savoir

PRÉVISIONS POUR LE 6 JUIN À 0 HEURE TU

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15ABCDEFGHI

KLMNO

J

D E V O UH I O N SATEZ

E

SITUATION LE 4 JUIN À 0 HEURE TU

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LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/31

Le film d’animation de science-fiction sort de la clandestinité

LA FIN DU MONDE pourraitbien se produire, mais ce ne seraitpas si grave. Il suffit pour s’en con-vaincre de voir le tohu-bohuorchestré par Rintaro dans Metro-polis. D’un transistor abandonnéau milieu des décombres d’unimmeuble détruit s’échappe unevoix, qui se demande plaintive-ment : « Qui suis-je ? » Cette voixest celle de Tima, un androïde, oudu moins ce qu’il en reste. Cetteinterrogation sur l’identité et surla naissance d’une nouvelle es-pèce, qui se trouvait déjà au cœurde deux autres grands films d’ani-mation japonais récents, Ghost inthe Shell, de Mamoru Oshii, et Per-fect Blue, de Satoshi Kon, trouveune nouvelle actualisation dans lesplendide Metropolis.

Réalisé par Rintaro (GalaxyExpress 999), écrit par KatsuhiroOtomo (Akira), Metropolis estl’adaptation lointaine d’un romangraphique éponyme d’Osamu Te-zuka, publié en 1949 au Japon etinédit en France. Osamu Tezukaavait emprunté le titre de sonrécit au Metropolis de Fritz Lang,qu’il n’avait jamais vu, mais dontil admirait l’affiche. Le film de Rin-taro ne se contente pas seulementde dramatiser de nombreuses hy-pothèses posées par l’écrivain Phi-lip K. Dick sur la frontière de plusen plus ténue entre l’homme et lamachine. En mêlant archaïsme etmodernisme, passé et futur, ani-mation traditionnelle et anima-tion par ordinateur, Rintaro placele spectateur dans le même étatde confusion et d’hébétude queson personnage d’androïde. Il nesoulève pas seulement la questiondu réalisme à l’écran, questiond’autant plus inattendue qu’ils’agit là d’un film d’animation. Ilplace ses images à un degréd’authenticité inédit, en ayantrecours à la fois à la forme la plussophistiquée de l’animation, parordinateur, et à sa version la plusprimitive, celle qui s’appuie sur lamain de l’homme.

Metropolis place en exergue unephrase de Jules Michelet, « Cha-que époque rêve de celle qui va luisuccéder », avant de citer Le Triom-

phe de la volonté, de Leni Riefen-stahl, et Blade Runner, de RidleyScott, deux films dont il constituel’adroite synthèse. Rintaro em-prunte à Leni Riefenstahl son sensde la chorégraphie des masses –celles qui se pressent à une fête,tenue devant l’immeuble princi-pal de la cité, regardent un an-droïde éliminé par un tueur derobots, ou manifestent contre leremplacement de la main-d’œu-vre humaine par les robots. Ilreprend au film de Ridley Scottune partie de son architecturefuturiste faite d’immeubles auxstrates innombrables, aux cou-loirs et aux passages intermina-

bles, aux niveaux bien délimitésentre ceux des humains nantis quivivent en haut des gratte-ciel, etceux des pauvres et des robots,condamnés à une vie souterraine.Dans Metropolis, la notion de mas-se s’applique autant aux volumeset aux objets qu’aux foules et auxgroupes humains.

Son sujet, hautement ambi-tieux, met en scène un combatentre humains et robots dont l’en-jeu n’est rien moins que la sauve-garde de notre planète. A Metro-polis, Duke Red, le fondateur duparti anti-robots Marduk, s’apprê-te à trahir son camp en installant

sur son trône l’androïde Tima,dont le visage est modelé surcelui de sa fille disparue. Le filsadoptif de Duke Red, Rock, untueur de robots qui cherche déses-pérément l’affection de son père,a décidé d’éliminer Tima. Pouréchapper à ses griffes, cette der-nière se lie d’amitié avec Ken-Ichi,le neveu de Shunsaku Ban, undétective privé dépêché par uncomité de défense des droits del’homme.

Le film de Rintaro se situe dansun futur qui épouse l’esthétiqueArts déco du début du XXe siècle.Ses personnages possèdent les

rondeurs de l’univers cartoones-que, tandis que la ville est peupléede ces robots en tôle aux formesrectangulaires qui faisaient le dé-lice des illustrateurs des revues descience-fiction américaines desannées 1950. Metropolis ressem-ble à une anthologie de la science-fiction du XXe siècle.

La séquence de Metropolis oùTima vient à la vie, dans un con-cert de tonnerre et d’éclairs, rap-pelle bien évidemment la muta-tion de Brigitte Helm dans leMetropolis de Fritz Lang. Maiselle se situe bien au-delà d’unesimple alchimie où la machine

devient soudain humaine. La pre-mière apparition de Tima n’estpas seulement un miracle de labiotechnologie – son démiurge,le docteur Laughton, faisait dutrafic d’organes humains – elleconstitue, avec ses boucles blon-des, son visage parfait et ses yeuxangéliques, la plus récente appari-tion d’une véritable star au ciné-ma. Une star numérique de sur-croît. Ce qu’il y a de beau dansMetropolis, c’est que les personna-ges du film sont comme lepublic : ils découvrent, soudaininterloqués, une nouvelle JeanHarlow, sur l’épaule de laquelle

peut se poser une colombe, maisils comprennent aussi que cettebeauté époustouflante est la seu-le à ignorer sa nature artificielle.

La mise en scène de Rintaromultiplie les angles de vue, lescompositions, les ombres, lesséquences avec une profondeurde champ complexe, et prendsoin de distinguer différentesvariétés de lumière que l’oncroyait l’apanage du cinéma enprise de vues réelles. Metropolisest peut-être le premier film d’ani-mation où l’on se sente à ce pointà l’unisson des personnages, où lamoindre cascade devient un enjeudramatique crucial et demande auspectateur de retenir son souffle.

Dans une juxtaposition dignedu Stanley Kubrick de Dr Fola-mour, Rintaro met en scène unefin du monde orchestrée parI Can’t Stop Loving You que chanteRay Charles. Cette apocalypsejoyeuse, où un ordre fasciste estdétruit tandis que Tima devientun mythe pour ses frères robots,est aussi le lieu d’une révolutionesthétique où le numériquerejoint désormais l’organique.« Metropolis révolutionne l’art dudessin animé japonais », affirmeJames Cameron. Il a raison, maisle réalisateur de Titanic pèche partimidité. Cette révolution dé-passe, et de loin, le simple cadredu dessin animé japonais.

Samuel Blumenfeld

La vie rêvée des androïdes

Metropolis, de Rintaro b Situé dans un monde futuriste teinté d’art déco et peuplé de robots à la beauté saisissante, cette réalisation nippone,

qui mélange les techniques d’animations traditionnelles et numériques, interroge de façon nouvelle les rapports de l’homme et de la machine

TOKYOcorrespondance

Minami-Asagaya, au nord deTokyo. Mad House occupe deuxétages d’un immeuble de bureauxdes années 1970. Il faut se faufilerentre les produits discountés dumagasin d’électronique du premierétage pour atteindre l’ascenseur,avant de déboucher dans uneimmense salle aux murs verts et auplafond jaune. Des jeunes gens enjeans, aux cheveux teints, s’affai-rent entre les espaces aménagéspour les dessinateurs, au milieud’un joyeux désordre. Mad Houseest le studio où a été conçu Metro-polis. Avec IG Production, Sunshi-ne ou encore Studio Gainax, MadHouse fait partie de ces usines àrêves où se crée l’animation descience-fiction japonaise.

Montées par d’anciens otakus(des passionnés du virtuel), ces pro-ductions ont su se doter d’un modè-le économique viable pour leurslongs-métrages. D’abord sous for-me d’OAV (Original Video Anima-tion), fictions animées sorties direc-tement en cassettes puis aujour-d’hui en DVD. L’Internet, le jeuvidéo, mais aussi l’exploitationcommerciale des films à l’étrangerconstituent d’autres débouchés.Les chefs de file de ce cinémad’auteur autrefois réservé à unpublic d’initiés ont pour nom Rin-taro, Katsuhiro Otomo, MamoruOshii et Satoshi Kon pour ne citerque les plus établis. Cheveux gri-sonnants, un tee-shirt rose barré,Mondial oblige, d’un « cooligan »espiègle, Rintaro, alias ShigeyukiHayashi, 61 ans, a débuté commedessinateur à l’âge de… 16 ans. Il

en a tout juste 19 quand il dirigeson premier anime (expression qui,au terme d’un aller-retour entreanglais et japonais, désigne les fic-tions animées venues du Japon), unépisode d’Astro Boy d’Osamu Tezu-ca pour le petit écran. Devenu l’undes réalisateurs d’animation télévi-sée les plus en vue des années 1970,Rintaro réalise son premier long-métrage en 1979, Galaxy Express999, et découvre un autre universde possibilités esthétiques. Metro-polis est l’aboutissement d’un deses rêves les plus fous : « J’ai voulufaire un dessin animé comme il n’enexiste pas au Japon, quelque chosede nouveau », raconte-t-il. Rintarofait appel à son confrère et ami Kat-suhiro Otomo, le créateur d’Akira,pour le scénario.

La réalisation de Metropolis pren-dra cinq ans. Près de 200 personnessont mobilisées sur le projet. Laville, « le personnage principal dufilm », selon Rintaro, est conçue enimages de synthèse. C’est une pre-

mière pour l’animation japonaise.Les personnages humains sont euxdessinés à la main puis numérisés.Ziggurat, le gigantesque gratte-cielde Metropolis, tout en trois dimen-sions, requiert un travail de titan :une première version, qui met deuxans à prendre forme, est abandon-née en route. « Ça s’est passé com-me pour la construction d’un vraiimmeuble. Il y a l’architecte, les con-tremaîtres, les ouvriers, les designersd’intérieur. Le plus difficile, c’estqu’à la fin il faut tout détruire ! », ditRintaro. Maître d’œuvre d’un chan-tier à l’esthétique fulgurante, Rin-taro s’abreuve aux sources d’inspi-ration les plus diverses.

Avec son directeur artistique, ilpart visiter Matera, la cité troglody-te du sud de l’Italie, et puis les réali-sations mussoliniennes des envi-rons de Rome. A Paris, il erre dansles arrière-cours du Quartier latin.Metropolis renvoie aussi au Manhat-tan de 1941, « ce moment représen-te pour moi l’émergence de la civilisa-

tion des machines, des débuts del’aviation aux balbutiements de l’élec-troménager. En même temps, le jazzsortait de la clandestinité. J’ai trou-vé cette symbolique intéressante ».C’est enfin un hommage à OsamuTezuca, le père du dessin animé nip-pon et auteur du manga original.

Davantage destiné à un public

d’adolescents et d’adultes que parexemple les productions du StudioGhibli, de Hayao Miyazaki, le des-sin animé de science-fiction nipponbénéficie désormais d’une diffu-sion de plus en plus large, au Japoncomme à l’étranger. Près de quinzeans après Akira, de Katsuhiro Oto-mo, pionnier du genre, Metropolis,produit par un consortium compre-nant Bandai Visual, Sony et Toho,a été distribué dans près de 180 sal-les au Japon, et dans 70 villes améri-caines. « A l’étranger, deux phéno-mènes se rejoignent aujourd’hui :d’un côté, le succès grand public desdessins animés japonais à la télé enEurope, et de l’autre, ce culte del’anime né à Los Angeles », constateRintaro. Les studios de production,comme Studio IG, qui a produitGhost in the Shell de Mamoru Oshii,et plus récemment Blood, the LastVampire, de Hiroyuki Kitakubo,ont le vent en poupe : « L’anima-tion demande une certaine familiari-sation sémiotique des spectateursavant d’être perçue naturellement.Donc il faut un certain temps pourqu’un style d’animation prenne.Mais une fois que c’est le cas, ça peutdurer. Les gens sont de plus en plushabitués à voir de l’animation aucinéma et les investisseurs étrangers

semblent très intéressés », estimeMitsuhisa Isahikawa, le fondateurde Studio IG.

Les grands studios américains sepressent au portillon : Tri Star distri-bue Metropolis, Miramax Le Voyagede Chihiro, tandis que Dream-Works a acquis les droits mondiauxde Millenium Actress, le nouveaufilm de Satoshi Kon. « Les budgetsde longs métrages japonais sont trèsraisonnables par rapport à ce qui sefait aux Etats-Unis. Ici les gens tra-vaillent beaucoup, et de plus en plusd’opérations autrefois délicates etcoûteuses peuvent être sous-traitéesen Corée ou en Chine », juge la dis-tributrice de Satoshi Kon.

Brice Pedroletti

La vidéo et le DVD sont devenus les supports privilégiés de l’animationjaponaise, qui bénéficie en outre de rayons à part dans les grands magasins.Parmi les sorties récentes, on peut signaler une édition collector d’Akira deKatsuhiro Otomo (Fox Pathe Europa) avec en bonus un entretien avec le réa-lisateur et un documentaire sur les restauration du film. Ghost in the Shell,de Mamoru Oshii, l’autre grand classique de l’animation japonaise, a égale-ment fait l’objet d’une nouvelle édition, également chez Fox Pathe Europa.Dans un décor proche de celui de Blade Runner, le film se penche sur la ques-tion de l’intelligence artificielle. Selon Oshii, toute chose inanimée possèdeun « ghost », une réplique de l’âme. Kusagani, la femme-cyborg héroïne del’histoire, ne se résout pas à n’être qu’une machine, et son malaise existen-tiel est dû aux questions sans réponse concernant son passé et son avenir.Deux autres réussites de l’animation japonaise ont été éditées cette annéeen DVD, Blood : the Last Vampire, d’Hiroyuki Kitakubo (Fox Pathe Europa), etLain, de Ryutaro Nakamura (Pioneer/Dynamic Vision).

C U L T U R Ec i n é m a

Rintaro emprunte

à Leni Riefenstahl

son sens de

la chorégraphie

des masses – celles

qui manifestent contre

le remplacement

de la main-d’œuvre

humaine par

les robots

Les meilleures productions japonaises en DVD

Tima, telle une star de cinéma avec ses boucles blondes et ses yeux angéliques, est la seule à ignorer sa nature artificielle.

Film d’animation japonais.(1 h 47.)

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32/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

« JE SOUHAITE engager partouten Europe des initiatives d’éduca-tion au cinéma et à l’image », a ex-pliqué au Monde Viviane Reding,commissaire européenne chargée

de l’éducation et de la culture. « Encréant la Semaine du patrimoinecinématographique européen, orga-nisée pour la première fois du 15 au23 novembre 2002, je souhaite quele jeune public en Europe découvreles grands films qui sont des élé-ments-clés de notre diversité cultu-relle et prenne l’habitude de voir desfilms européens », a-t-elle précisé.Réalisateurs et acteurs seront misà contribution pour expliquer leursfilms dans une cinquantaine devilles. Cette initiative sera coupléeavec les Netd@ys Europe, quimobilisent chaque année plus de500 000 jeunes et professionnelsde l’éducation issus de plus de3 000 écoles autour d’échanges etde créations multimédias, et dontle thème sera l’image.

Tenter d’améliorer la distribu-tion des films européens resteune priorité incontournable pourMme Reding. Elle se déclare « opti-miste » au vu de la progression desentrées en salles des films natio-naux dans les différents pays euro-péens en 2001 (+ 21 %), mais sefélicite surtout de la progressionréalisée par les films européens(+ 21 %). « On a encore beaucoupde retard à combler vis-à-vis desAméricains », dit-elle, en rappe-lant que le programme Media + aquand même permis d’aider plusde 400 films à être distribués enEurope, grâce aux soutiens auto-matique et sélectif. « Bruxellesn’aura jamais assez d’argent pourinvestir dans la production. Nousvoulons donner une impulsion pourfaciliter ces investissements – cequ’a engagé la Banque européenned’investissement pour aider le capi-tal-risque – et promouvoir les filmseuropéens, notamment dans lesfestivals », défend-elle.

Face aux inquiétudes suscitéespar une éventuelle remise à platdes différents systèmes nationauxd’aide au financement du cinéma,Mme Reding se veut rassurante.Avec son homologue chargé de laconcurrence, Mario Monti, la dé-cision a été prise de « donner une

très grande latitude. A moins dechangements profonds des systèmesexistants, rien ne sera remis en cau-se à la date-butoir de 2004, imposéepar le fait qu’aucune décision de laCommission ne peut juridiquementêtre illimitée ». Contrairement à lamonnaie unique, qui a pu êtreimposée dans tous les pays euro-péens, l’idée même d’une harmoni-sation européenne des différentssystèmes en vigueur est, selonMme Reding, exclue par le traité.« C’est par une discussion entre lesdifférents ministres de la culture quenous arriverons à faire évoluer lessystèmes, pour qu’ils soient plusperformants, tout en respectant ladiversité de chaque pays », dit-elle.

Selon un schéma similaire – qui

consiste à inciter les profession-nels à décider des évolutions straté-giques de leur secteur –, Bruxellesaide au développement de projetspilotes pour la mutation du ciné-ma vers le numérique. Une transi-tion qui pourrait, selon VivianeReding, s’effectuer dans un délaid’au moins deux ans et pourrait àterme permettre aux distributeursd’économiser environ 1,6 milliardd’euros par an.

Alors qu’il a été acté jeudi 23 maipar les ministres européens de laculture et de l’audiovisuel que larévision de la directive « Télévi-sion sans frontières » serait repor-tée à 2004, la commissaire adopteune attitude très carrée dans ledossier de la renégociation desaccords à l’Organisation mondialedu commerce (OMC). « On a unaccord européen pour préserver ladiversité culturelle et ne pas ouvrir lesecteur audiovisuel à la libéralisa-tion. On s’en tient à cela, un pointc’est tout. » Quitte à refuser l’accèsau programme Media à certainspays, comme Malte, la Roumanieou la Hongrie, qui ont pris desengagements non compatiblesavec cette ligne.

Nicole Vulser

GHOST WORLD est le premierlong métrage de fiction de TerryZwigoff, jusqu’à présent auteur dedeux documentaires. Le choix de lafiction ne semble pas constituerune rupture majeure pour uncinéaste qui s’était dans ses deuxpremiers films intéressé à un vieuxmusicien de blues (Louie Bluie, en1985) et au dessinateur de BDRobert Crumb (Crumb, en 1994).D’une certaine façon, cet engoue-ment pour une culture populaireprofondément américaine et légère-ment désuète est encore au centrede Ghost World.

Le scénariste de Ghost World,Daniel Clowes, est l’auteur de labande dessinée dont est tiré le film.Lorsque le récit commence, unecérémonie de fin d’année dans lelycée d’une petite ville californien-ne s’achève. On devine le début desvacances et l’oisiveté forcée pourdeux adolescentes auxquelles on vaplus particulièrement s’attacher.

Certes les films hollywoodiensstandards prennent comme person-nages centraux des adolescents enrupture d’enfance, miroirs d’unspectateur acharné à trouver sur lesécrans une image à la fois proche etsublimée de lui-même. Mais lesdeux héroïnes de Ghost World ontdéjà de la vie une vision désabuséeet arrogante, lucide et vacharde,décrite avec un humour juste. Lefilm de Terry Zwigoff ne se réduit

pourtant pas à une description réa-liste de la vie de province. La simpli-cité appuyée de la mise en scène,l’usage d’éléments légèrement oniri-ques ou symboliques font de GhostWorld un film subtilement décalé,délicatement fantastique.

Confrontées désormais à diver-ses interrogations tantôt existentiel-les, tantôt complètement triviales,la blonde Rebecca et la brune bou-lotte Enid trompent leur ennui etleur vague spleen en montant unemauvaise blague à Seymour, untrentenaire solitaire et coincé (Ste-ve Buscemi). Progressivement, parmauvaise conscience, Enid va serapprocher de Seymour et décou-vrir qu’il collectionne des vieux78-tours de blues, une musiquequ’elle va goûter elle-même, alorsqu’elle est plus attachée à faire revi-vre les oripeaux de la mode punken se teignant les cheveux en vert.

’ Elle découvre la poésie, une poé-

sie qui vient de loin, d’un passédont l’industrie culturelle n’a plusgrand-chose à faire. De doux mania-que aux lubies démodées, Seymourdevient un confident, un ami pourEnid qui se met à éprouver des sen-timents qu’elle tente longtemps derefouler.

Sur le schéma éprouvé de l’ap-prentissage et du saut dans l’âgeadulte, Ghost World se transforme

en réflexion nostalgique sur laculture américaine et sur la mélan-colie déclenchée par l’oubli généra-lisé du passé, par l’indifférence in-culte du divertissement de masse(la télévision, le cinéma, le rock’n’roll) dont les meilleurs clients sont,justement, les adolescents. L’émou-vante reconnaissance d’une préhis-toire à la fois artistique et populairede l’Amérique, de l’existence d’un« monde fantôme » qui hante leprésent, devient le moteur de cetapprentissage.

Le film de Terry Zwigoff se mue,dans le doux désenchantementde sa vision du monde, en uneréflexion sur l’individualismeconfronté aux sollicitations de lamode et du politiquement correct(Enid se voit refuser une boursed’études pour une école d’arts plas-tiques à la suite de l’exposition d’unready made jugé raciste par lesparents d’élèves). Comment affir-mer son individualité au cœur d’unsystème qui la nie tout en faisantmine de l’exalter ? C’est la questionparadoxale au centre d’un film quirefuse de donner de l’adolescenceune image idyllique ou trop facile-ment morbide.

Jean-François Rauger

Ghost World, de Terry Zwigoff b A travers le récit nostalgique et amusé

de l’entrée dans l’âge adulte, une réflexion sur le culte de l’individualisme

Une semaine pour mettre en valeurle patrimoine du cinéma européen

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Infidèle, d’Adrian Lyne b Appuyé sur des scènes « torrides », un remake

à contresens du chef-d’œuvre de Claude Chabrol, « La Femme infidèle »

La commissaire européenne à l’éducation et à la culture, Viviane Reding,

se veut rassurante sur la refonte des aides nationales au financement

Les deuxhéroïnes de

« GhostWorld »,

à peine sortiesdu lycée, ont

déjà de la vieune visiondésabusée

et arrogante,lucide

et vacharde.

INFIDÈLE, d’Adrian Lyne, affichesans vergogne sa condition de re-make du film de Claude Chabrol,La Femme infidèle. Ce qui fut unedes grandes œuvres du cinéma fran-çais des années 1960, ajoutant àune minutieuse description de com-portement un regard d’entomolo-giste captivé par le jaillissement dela folie au cœur de l’ordre social, estdevenu une mixture peu ragoûtan-te à base de puritanisme et de fasci-nation racoleuse. Soit une famillebourgeoise, à priori heureuse, habi-tant le New Jersey, la banlieue chicde New York. Il y a Monsieur(Richard Gere, lunettes et pull-over, particulièrement coincé), diri-geant, ça ne s’invente pas, d’uneentreprise de camions blindés. Il y aMadame (Diane Lane, la quaran-taine rayonnante ; s’il y a une seuleraison de voir le film, c’est elle). Il ya leur fils de neuf ans.

C’est en faisant des courses àNew York que l’épouse modèle ren-contre un jeune homme dont ellefait son amant. Un amant triple-ment exotique : il vend des livresanciens, il aime les jeux sexuels, ilest français (ceci expliquant peut-être cela). Dès lors, la libido déchaî-née de la femme au foyer va déré-gler l’harmonie familiale avant quel’époux ne vienne remette de l’or-dre dans tout cela. Apprenant l’infi-délité de sa conjointe, celui-ci, eneffet, ravalant ses larmes en fer-mant très fort les yeux, se rendchez l’amant et le tue dans une cri-se de folie. Il cache le corps, rejointle domicile conjugal, ayant par songeste sauvé le calme du foyer

et regagné l’amour de sa femme.Contrairement au film de Chabrol,qui suivait scrupuleusement lespas du mari insidieusement guettépar un désordre mental produitpar les exigences d’un surmoifaçonné par son appartenance declasse, Infidèle s’attache à l’épousetentée par le démon de la chair.Après un suspens dérisoire (va-t-elle fauter ou non ?), celle-ci selivre à la débauche au cours deséquences « torrides » d’une rarehypocrisie.

Faussement coincé entre son sta-tut de film érotisant et de fablemoralisatrice, le film d’Adrian Lynedésigne le désir féminin comme lamenace d’une destruction de l’or-dre, une menace qu’il convient desupprimer par tous les moyens.Une telle vision du monde, sansdoute proche de celle d’un taliban,définirait donc le puritanismefurieux et conservateur de l’auteurde Neuf semaines et demie et deLiaison fatale, titillant la phobie

sexuelle présumée de son specta-teur idéal.

Comment un remake peut-il êtreà ce point le contresens de son filmd’origine ? Alors que le film de Cha-brol ne se préoccuppait guère dejugement moral, Infidèle déplace lecentre de gravité du récit et fait dela quête du plaisir l’antichambre del’enfer. La scène centrale de La Fem-me infidèle, la rencontre entre lemari et l’amant, simulacre grinçantde sociabilité, subversion quasi fan-tastique d’un naturalisme attendu,est ici sabotée par manque de per-tinence et de talent.

Chabrol voyait le rétablissementde la vie conjugale comme l’expres-sion la plus parfaite d’une folie quise cachait derrière les apparencesde la normalité. Adrian Lyne termi-ne son film dans le soulagement gro-tesque (pour se convaincre des bien-faits de la vie de famille, la femmeadultère revoit ses photos de ma-riage) d’un retour à l’ordre et d’unrefus du sexe. Lorsque le réalisateuravoue dans le dossier de pressequ’Infidèle est « une histoire où lespectateur sera sans doute plus enclinà excuser un meurtre qu’une femmeadultère », on a envie de lui dire ceque, dans le film de Chabrol, un per-sonnage ivre hurle à Michel Bou-quet dans la boîte de nuit où il aemmené sa femme pour la recon-quérir : « Vous avez l’air d’un con. »

J.-F. R.

Alors que Chabrol ne

se préoccupait guère

de jugement moral,

« Infidèle » fait

de la quête du plaisir

l’antichambre de l’enfer

Chronique adolescente sur unair de préhistoire américaine

Film américain. Avec Thora Birch,Scarlett Johansson, Steve Busce-mi. (1 h 55.)

Le désir féminin, ennemimortel de l’ordre social

Film américain. Avec Richard Gere,Diane Lane, Olivier Martinez.(2 h 05.)

C U L T U R E c i n é m a

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LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/33

ÉvolutionNombre de par rapport TOTALsemaines Nombre Nombre à la semaine depuis

d’exploitation d’entrées (1) d’écrans précédente la sortie

Q

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

Source : Ecran Total (1) Période du 5 au 9 juin inclus

Semaine extrêmement morose qui voit les nouveaux films peiner à se fai-re une place, malgré la faiblesse des films en continuation. Les horairesdes matchs de Coupe du monde de football ne sont pourtant pas un obs-tacle à la fréquentation des cinémas. On mettra donc ce phénomène surle dos du soleil. Une explication cosmique pour la brusque chute de L’At-taque des clones dans la faveur du public : – 47 % d’une semaine surl’autre. Un effondrement que connaissent aussi Irréversible, de GaspardNoé, ou Hollywood Ending, de Woody Allen. Parmi les sorties, seul SexAcademy réussit une honorable moyenne par écran (788), pendant queAnd Now… Ladies and Gentlemen, de Claude Lelouch, ne réussit un scorehonorable que grâce à une large combinaison de 393 salles, avec seule-ment 339 spectateurs pour chacune d’entre elles. Débuts tout aussi déce-vants pour Une pure coïncidence, de Romain Goupil (11 261 spectateursdans 52 salles), pendant que Kedma, d’Amos Gitaï, voit son score dimi-nuer de 40 % en deuxième semaine, avec 15 552 entrées.

LES MEILLEURES ENTRÉES EN FRANCE

Rétrospective L’essor avorté d’une modernité israélienne

Star Wars Episode 2 :l'attaque des clones 3 627 787 836 J - 47 % 3 998 379

Sex Academy 1 141 770 180 H 141 770

And Now ... Ladiesand Gen... 1 133 220 393 H 133 220

Irréversible 2 108 170 283 K 0 % 263 082

Hollywood Ending 3 82 473 315 J - 47 % 535 356

Mission Evasion 1 67 576 151 H 67 576

Le Défi 2 44 082 172 J - 47 % 145 307

Parle avec elle 8 43 852 364 J - 38 % 1 638 400

Riders 4 36 992 329 J - 52 % 684 199

Le Voyage de Chihiro 8 28 532 282 J - 37 % 1 115 580

AP : Avant-première * Estimation

Sélection DVD par Samuel Blumenfeld

No Man’s LandCe huis closentre deuxsoldats, unSerbe et unBosniaque,piégés entreles lignes defront dansun no man’sland, alorsqu’un troisiè-

me homme est allongé sur unemine qui explosera s’il bouge, étaitl’une des révélations du Festival deCannes en 2001 et a reçu l’Oscar dumeilleur film étranger cette année.Son édition DVD le place dans uneperspective moins esthétique etplus idéologique. Deux commentai-res audio, dont celui du réalisateur,un portrait en 16 mm de Danis Tano-vic où ce dernier évoque la guerreen Bosnie, un court-métrage inéditdu réalisateur, mettent No Man’sLand en prise directe avec l’actua-lité. Dans ce cas, le DVD s’imposed’abord comme un document, et lafiction n’apparaît que comme undes nombreux moyens mis à disposi-tion du réalisateur pour aborder unconflit.1 DVD, version française et v.o.sous-titrée, Gaumont Columbia Tri Star(1 h 38).

M.A.S.H.Lorsque l’édition d’un film est enpartie confiée à son réalisateur, lesrésultats peuvent être étonnants.« Fox n’a pas sorti ce film, il s’estéchappé », affirme Robert Altmandans l’un des trois documentairesqui accompagnent son film. Long-temps limité à son image de brûlotantimilitariste situé durant laguerre de Corée alors qu’Altmanvisait explicitement la guerre duVietnam, M.A.S.H. redevient, grâce àcette édition, d’une limpidité totale.Entre les réticences de RichardZanuck, alors patron de la Fox, lescoupes demandées par le Penta-gone et les rapports absurdes avecun scénariste, Ring Lardner Jr., foude rage de voir que rien n’a étéconservé de son scénario original,M.A.S.H. apparaît comme un essaiparticulièrement réussi où les deuxgenres cinématographiques les plusen vogue à la fin des années 1960, lefilm de guerre et le soap opera mé-dical sont taillés en pièces. Le filmn’a rien perdu de la force étonnanteque lui procurent sa dimensionmétaphorique et sa causticité. Lesinterprétations d’Elliot Gould et deDonald Sutherland, qui se serventde la dérision pour échapper à unesituation invivable, restent remar-quables.

2 DVD, version française et v.o.sous-titrée, Fox Pathé Europa (1 h 56).

Johnny s’enva-t-en guerreUn travail d’édition minimal peutparfois suffire à servir un film. Laseule présence de Pierre Rissient,attaché de presse du film de DaltonTrumbo lors de sa sortie en 1971, quiéclaire le film avec des développe-ments clairs et concis sur le mac-carthysme et les « Dix de Holly-wood », dont fit partie le réalisateurdu film, tient le rôle qu’une bonneintroduction remplit pour la réédi-tion d’un classique de la littérature.Elle montre aussi que l’addition debonus et la multiplication de docu-mentaires promotionnels n’a aucunsens si elle ne s’accompagne pasd’un commentaire critique capablede mettre un film en perspective.Plaidoyer pacifiste contre la guerre,Johnny raconte l’agonie d’un soldattouché au combat durant la pre-mière guerre mondiale qui tentesans succès de faire comprendre àdes médecins qu’il n’est pas tombédans un état végétatif. La force de lasituation, qui avait pu marquer lesesprits à l’époque, ne masque pastoujours une réalisation indigenteet l’appel à des symboles beaucoup

trop lourds (Donald Sutherland faitune apparition en Jésus-Christ). A ladifférence de M.A.S.H., Johnny pêchepar excès d’idéologie et de militan-tisme.1 DVD, version française et v.o.sous-titrée, Film Office (1 h 46).

La Grande EvasionDu point de vue de l’approche édito-riale, La Grande Evasion se révèlel’exact opposé de No Man’s Land.Sans la moindre star, le film deDanis Tanovic met en scène des ano-nymes. La Grande Evasion était entiè-rement conçu pour servir SteveMcQueen. C’est à partir de ce filmque commence à se forger la dimen-sion iconique de la star américaineavec son sweat-shirt griffé, sa ballede base-ball et sa moto. Le récit dela tentative d’évasion d’un groupede prisonniers alliés internés en Alle-magne durant la deuxième guerremondiale reste toujours aussi pas-sionnant. Significativement, sa re-marquable édition DVD lui retiretoute sa dimension rocambolesqueavec trois documentaires originaux,dont l’un concernant la véritableaventure qui inspira le film etl’autre sur le pilote américain donts’inspire le personnage de SteveMcQueen.2 DVD, version française et v.o.sous-titrée, Fox Pathé Europa (2 h 48).

Les rétrospectives du cinéma israélienorganisées en France jusqu’à présent n’ontguère contribué à relever la réputation d’uncinéma qui en a pourtant besoin. Une seuleexception à cette règle, la rétrospective organi-sée en septembre 1992 par la Galerie nationaledu Jeu de paume qui, par son ampleur et parsa vision programmatrice, aura permis de seforger une idée relativement précise des gran-des évolutions de ce cinéma des origines à nosjours, tout en révélant au passage des œuvresinédites et passionnantes.

Il faudra désormais y ajouter le programmemis au point par Ariel Schweitzer, historien etenseignant de cinéma à Paris et à Tel-Aviv,dans le cadre du Musée d’art et d’histoire dujudaïsme. Consacrée à un mouvement que lecinéaste et critique israélien Yehouda JuddNe’eman a baptisé « la nouvelle sensibilité »,cette rétrospective s’attache à une période pré-

cise du cinéma israé-lien, marquée parune véritable révolu-tion esthétique etpolitique. Seize films,réalisés entre 1965 et1974, témoigneront,à des degrés divers,de ce phénomène,qui voit une pointeavancée du cinémaisraélien échapperaux dogmes de l’épo-pée sioniste pours’ouvrir aux influen-ces cinéphiliques –principalement l’un-derground américainet la nouvelle vague

– et mettre en crise le credo collectif au pro-fit des incertitudes de l’individu et de la mo-dernité.

Ce mouvement, qui procède d’une économiedérisoire et d’un esprit de révolte, annonce etrépercute les profondes mutations affectant lasociété israélienne entre les guerres de 1967 etde 1973. C’est Uri Zohar qui lance le mouve-ment, avec Un trou dans la lune (1965), filmradical qui revisite tout à la fois l’histoire del’épopée sioniste et celle du cinéma sous lesigne de la parodie et de l’absurde. Du mêmeauteur, Trois jours et un enfant (1967), adaptéd’une nouvelle de A. B. Yehoshoua, puis LesVoyeurs (1972), mettent respectivement enscène la perversion morale d’un amoureuxéconduit à Jérusalem et l’errance existentielled’une jeunesse tel-avivienne qui se vautredans la régression infantile des intrigues bal-néaires.

Ces trois films, par leur attaque en règle dumythe des origines sionistes et de la puissancedu sabra (natif d’Israël), démentiraient à euxseuls le grief d’apolitisme que certains com-mentateurs ont pu adresser à ce mouvement,lequel cherchait avant tout à se démarquer dela veine idéologique et de la comédie popu-laire dominant le cinéma israélien de l’époque.

Dès la fin des années 1960, apparaissent desfilms d’auteur qui se confrontent à la situationpolitique, en stigmatisant de façon prémoni-toire la dégradation morale liée à la conquêtedes territoires consécutive à la guerre de sixjours. Etat de siège, de Gilberto Toffano (1969),et Shalom la prière de la route, de Yaky Yosha(1974), deux films d’une magnifique audace,font ainsi de leurs héros respectifs – une veuvede guerre et un jeune rebelle – la pointe vived’une sédition tout à la fois morale, politiqueet esthétique au dangereux triomphalisme quise saisit alors de la société israélienne.

Régulièrement soutenu par la critique, cemouvement cinématographique n’a connu, àquelques rares exceptions près, aucun succèsen Israël, et la plupart de ses auteurs se sontdepuis volatilisés dans la nature. Méconnu etlaminé dans son propre pays, ce cinéma de rup-ture – dont Amos Gitaï est aujourd’hui à peuprès le seul héritier – méritait d’autant plusd’être sorti de l’ombre que l’histoire a fini parlui donner raison.

Jacques Mandelbaum

« La nouvelle sensibilité. Cinéma moderne israélien desannées 60-70 ». Musée d’art et d’histoire du judaïsme,71, rue du Temple, Paris-3e, M˚ Hôtel-de-Ville. Du 5 au18 juin.Photo : Un trou dans la lune, de Uri Zoahr (1965). © D. R.

Sex is ComedyLE CINÉMA selon Catherine Breillat est un drôle de travail : on peut s’en-fermer des heures dans une chambre factice, en faisant attendre des dizai-nes de personnes hautement qualifiées ; on peut humilier un jour pouraimer le lendemain… Ces méthodes sont les siennes, elles la mettent peut-être à part. Mais ce qui distingue surtout la cinéaste, c’est ce projet parfai-tement indécent, parfaitement agaçant, parfaitement fascinant de toutmontrer des affres de la création. Normalement cette expression se pro-nonce d’un souffle sans qu’on y réfléchisse trop. Mais ici ce qu’on voit estvraiment affreux, au point que dans la salle on se demande si ça vaut vrai-ment la peine, toute cette agitation que l’on voit sur l’écran. Ces ques-tions, ces irritations se dissipent comme brume au soleil lorsque Sex IsComedy arrive au terme solaire de ce processus : en montrant comment lavie soudain irrigue l’image, comment l’amour devient réalité devant lacaméra. T. S.Film français de Catherine Breillat. Avec Anne Parillaud, Grégoire Colin, Roxane Mesqui-da. (1 h 32.) Une critique de Sex is Comedy et un portrait de Catherine Breillat ont étépubliés dans Le Monde du 18 mai lors de la présentation du film en ouverture de laQuinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes.

LuluEX-MEMBRE des groupes Dziga Vertov et Cinélutte, ex-compagnon deroute de Jean-Luc Godard puis de Juliet Berto, Jean-Henri Roger a réunipour son nouveau film Elli Medeiros, Jean-Pierre Kalfon, Gérard Meylan,Bruno Putzulu dans les rôles principaux, Renato Berta à l’image, Jacnopour la composition musicale. Cette brochette d’irréductibles est ici requi-se pour donner forme, dans le décor somptueux de la Camargue, à un trèsimprobable polar. Lulu, ancien prostitué rangé des voitures par la grâced’une opération qui l’a transformé en patronne de bar, voit resurgir danssa nouvelle vie Fabio, son ancien souteneur, animé de mauvais sentimentsà son égard. L’assassinat de ce dernier donne lieu à une mise en scène qui,sous prétexte d’enquête, ambitionne de révéler l’intime vérité des princi-paux protagonistes. Faute de devenir le lieu où se nouent les fils et lescorps de cette ambition, le film se contentera hélas de l’afficher, l’effetd’annonce lui tenant lieu, tout du long, de dramaturgie. J. M.Film français de Jean-Henri Roger. Avec Jean-Pierre Kalfon, Elli Medeiros, Gérard Mey-lan, Bruno Putzulu. (1 h 30.)

PhilanthropiquePROFESSEUR de littérature à Bucarest, Ovidiu est contraint de trouverrapidement de l’argent afin de séduire Diane, un mannequin dont il est tom-bé amoureux. Avec le concours d’un étrange directeur d’une fondation phi-lanthropique et de sa secrétaire, il met au point une escroquerie consistantà obtenir de l’argent de clients de restaurants émus par son incapacité éco-nomique à régler la note. Philanthropique est donc une fable satirique surl’exploitation contemporaine de la charité, qui se transforme au fur et àmesure de la progression du scénario en critique du spectacle de celle-ci. Letrait est grinçant, quoique la mise en scène soit relativement anonyme. Lefilm de Nae Caranfil vaut surtout pour la description du sort misérable desclasses moyennes dans la Roumanie de l’après-Ceausescu et de la nais-sance d’une nouvelle bourgeoisie parvenue et dénuée de tout scrupule. J.-F. R.Film roumain de Nae Caranfil. Avec Mircea Diaconu, Gheorghe Dinica, Mara Nicolescu.(1 h 43.)

Feu de glaceALORS que s’égrènent des images publicitaires montrant alternativementde faux ébats amoureux, un Londres de mauvaise carte postale, unepseudo-expédition en montagne et un mystère bidon, le spectateur, quis’occupe comme il peut, a tout loisir de méditer sur ces deux thèmes. Lepremier concerne le livre dont est tiré le film. Ce best-seller, signé par uncouple britannique sous le pseudonyme commun de Nicci French, devaitbien approcher l’ambivalence du désir de manière plus convaincante, etl’on se demande comment le passage au cinéma a pu l’anéantir à ce point.Le deuxième concerne la trajectoire du réalisateur, fondateur de cette« 5e génération » qui a ressuscité le cinéma chinois au milieu desannées 1980, et depuis victime d’une dérive entamée avec le complaisantAdieu ma concubine, malencontreusement primé à Cannes, qui atteintaujourd’hui le fond d’une impasse. A la suite du Feu de glace, Chen Kaigeest retourné faire du cinéma en Chine : c’est l’unique bonne nouvelle quiaccompagne ce thriller poussif. J.-M. F.Film américain de Chen Kaige, avec Heather Graham, Joseph Fiennes, NatashaMcElhone. (1 h 40.)a Apparitions ; La Sixième VictimeLa critique de ces films paraîtra dans une prochaine édition.

--Comédies en scèneL’Institut de l’image d’Aix s’associeà la manifestation Livres en fêtepour présenter un petit tourd’horizon des origines théâtrales dela comédie au cinéma… Vaste sujet,mais qu’importe, s’il est le prétextepour retrouver des merveilles tellesque Top Hat, avec Fred Astair,To be or not to be, d’Ernst Lubitsch,ou Quand la panthère rose s’enmêle, de Blake Edwards.Du 5 au 11 juin, salle Armand-Lunel,

cité du Livre, 8-10, rue des Allumettes,Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).Tél. : 01-42-26-81-73.

La saga IngmarBergmanDevenu un rendez-vous annuel– mais il s’agit de la dernièreédition –, ce voyage à travers

l’œuvre d’Ingmar Bergman à raisond’un film par jour permettraaux plus érudits de retrouverdes raretés (Revues de femmes,Une leçon d’amour, La Fontained’Arethuse…), aux débutantsd’entrer dans ce territoire enchantéavec ses plus grandes œuvres(Persona, Sonate d’automne, La Nuitdes forains, Les Fraises sauvages, Criset chuchotements), à chacun quelque soit son degré d’érudition deretrouver les splendeurs du Silence,de Sourires d’une nuit d’étéou de Scènes de la vie conjugale.Du 5 juin au 2 juilletau Saint-André-des-Arts,30, rue Saint-André-des-Arts, Paris-6e.Mos Saint-Michel, Odéon.Tél. : 01-43-26-48-18. (4 ¤.)

Les lutins du courtmétrageLes 26 courts métrages sélectionnéspour le prix des Lutins sont

présentés au public duPathé-Wepler avant la désignationdes lauréats le 14 juin. Plusieurs desplus beaux films de 2001 figurentparmi les candidats (Ce vieux rêvequi bouge, d’Alain Guiraudie ;Candidature, d’EmmanuelBourdieu ; A tes amours, d’OlivierPeyron ; Nom de code : Sacha,de Thierry Jousse…), à côtéde nombreuses découvertes.Du 5 au 11 juin au Pathé-Wepler,140, boulevard de Clichy, Paris-18e.Mo Place de Clichy. (6 ¤.)

Lisbonne et le cinémaLa capitale portugaise est sinonl’héroïne, du moins le filconducteur de cetteprogrammation de 7 films, parmilesquels l’essentiel Nos vertesannées, de Paulo Rocha, qui donnanaissance à la nouvelle vaguelusitanienne, mais aussi le trèsbeau Trafico, de Joao Botelho,

ou encore l’inédit Un costumetrois-pièces, d’Ines de Medeiros.Du 5 au 11 juin au Latina, 20, ruedu Temple, Paris-4e. Mo Hôtel-de-Ville.Tél : 01-42-78-47-86. (7 ¤.)

Cinéma mueten concertToujours inventive,la programmation au GrandAuditorium du Louvre de raretésde la haute époque du cinéma faitce mois-ci un détour par l’Australieen présentant un incunable, TheSentimental Bloke, de C.J. Dennis(1915). Une curiosité, qui marqueaussi une des premières utilisationsdu récit à la première personnedu singulier dans le cinéma muet.La projection est accompagnéepar le Quatuor Psophos.Le 8 juin à 20 heures et le 9 juin à16 heures. Grand Auditorium du Louvre,rue de Rivoli, Paris-1er. Mo Palais-Royal,Musée du Louvre. Tél. : 01-40-20-51-86.(11 ¤.)

C U L T U R E A G E N D A c i n é m a

Page 34: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

34/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

a Erika Rosenberg, héritière de laveuve d’Oskar Schindler, envisagede déposer une plainte contre lesstudios américains Universal, pro-ducteurs du film de Steven Spiel-berg La Liste de Schindler (1993),pour n’avoir reversé aucune partdes bénéfices à Emilie Schindler,révèle le magazine allemand Focusdu 3 juin. Selon Focus, Erika Rosen-berg, biographe et proche d’EmilieSchindler, morte en 2001 à l’âgede 94 ans, entend faire valoir uncontrat signé en 1964 entre Schind-ler et la Metro Goldwyn Mayer, envertu duquel l’industriel allemand,qui a sauvé 1 200 juifs pendant la se-conde guerre mondiale, autorisait lacompagnie à faire un film sur sa vieen échange de 5 % des bénéfices.Les studios Universal ont rachetéles droits de MGM en 1982. Se-lon Focus, après avoir promis àMme Schindler une participation auxbénéfices, Universal a affirmé que lefilm avait engendré des pertes de11,5 millions de dollars. La banquede données américaine InternetMovie-Data-Base estime que LaListe de Schindler aurait engrangé317 millions de dollars de recettes.a EMI Music a acquis pour 23 mil-lions de livres (3,6 millions d’euros)une prise de participation majoritai-re dans Mute, le label de DepecheMode et de Moby, a annoncé lundi3 juin la société. L’accord a été signéen mai, à l’initiative d’Emmanuelde Buretel, président d’EMI Recor-ded Music Continental Europe.Daniel Miller, qui a fondé Mute en1978, « continuera d’assumer toutesses fonctions au sein du label ». Uneclause prévoit pour lui un bonus de19 millions de livres (2,9 millionsd’euros) en fonction des résultats.a The Sum of All Fears, film qui rela-te une attaque nucléaire contre lesEtats-Unis, avec en vedette BenAffleck et Morgan Freeman, a prisla tête du box-office américain poursa sortie ce week-end en recueillant31,2 millions de dollars, selon deschiffres provisoires publiés lundi3 juin par l’agence spécialisée Ex-hibitor Relations. Il devance LaGuerre des étoiles : l’attaque des clo-nes (20,7 millions de dollars) et Spi-der Man (14,5 millions de dollars).a Le Prix du livre Inter a été attribuéà Christian Gailly pour Un soir auclub (Editions de Minuit). Présidépar Philippe Djian, le jury – com-posé de vingt-quatre auditrices etauditeurs de France-Inter – a choisice roman, qui met en scène un pia-niste de jazz, au troisième tour descrutin, avec 13 voix contre 11 pourL’Absolue Perfection du crime, deTanguy Viel (Minuit) et 2 pourLa Clôture, de Jean Rolin (POL).a L’écrivain nigérian Chinua Ache-be, 71 ans, auteur des Termitières dela savane (10/18), va recevoir le Prixde la paix des libraires allemands,décerné par l’Association des librai-res allemands. Le prix, doté de15 000 euros, sera remis lors de laFoire du livre de Francfort, le13 octobre.

f Histoires albanaises20 h 45, ArteDans ce film, prix Europadu Festival de Berlin 2001,la réalisatrice néerlandaise ElineFlipse offre à cinq Albanais deraconter comment ils vécurentla dictature d’Enver Hodja,ce dictateur qui aimait dire :« Les Albanais préféreront restersans pain plutôt que de trahirle marxisme-léninisme. » Il y a

Dhora Leka, ancienne partisane etmusicienne, infatigable militanteen dépit de trente-sept annéespassées en camps de relégation ;Agron Ali, chorégraphe réfugiédans son monde, et Edi Ram,fils du portraitiste officiel d’EnverHodja ; l’acteur Kol Kaftalli et puisBujar Lika, qui commente son exilen expliquant que « en chaqueAlbanais, il y a l’idée de partir… ».Cinq personnages en quêted’honneur, effigies vivantes ducourage de cette partie du peuple

albanais qui, avec malice ethumour parfois, ne faillit jamaisà sa dignité.f Passage du bac20 h 55, France 2Olivier Langlois s’attaque à un« marronnier » de notre systèmescolaire, le bac, en mettanten scène deux septuagénairesqui vont aider leurs deuxpetits-enfants, victimes d’unaccident, à obtenir ce fameuxviatique. Et ils pourront aussisatisfaire un vieux rêve dejeunesse… On craint le pire faceà ce qui aurait pu être unepochade télévisée de plus, onl’évite de peu grâce à la vitalitéd’Anne Cordy, dont le talentclownesque éclate.Quant à Charles Aznavour,l’autre candidat septuagénaire,on l’a connu dans des rôlesplus inspirés.f La Route des troubadours21 h 40, ArteLe voyage d’un Minnesänger,troubadour allemand du MoyenAge, a fait rêver la réalisatrice ElfiMikesch. Elle a donc filmé PeterPannke, écrivain et musicienberlinois et voyageur. Cela auraitpu être esthétisant mais, à défautde nous faire entendre le chantdes troubadours, ce film met enprésence des musiciens indien,syrien, allemand, français,qui partagent et se « trouvent »,au sens premier et étymologiquede leur art.

RENAUD est un renard dont la tanière apour nom La Closerie des Lilas, célèbre établis-sement parisien en bordure de Montparnasse,où les tables portent encore les plaques gra-vées au nom des clients remarquables – dontJean-Paul Sartre, militant pour La Cause dupeuple. Renaud, chanteur, y a gagné sesgalons, enfoncé qu’il est depuis de longuesannées dans une logique fortement anisée.Mais alors que sort Boucan d’enfer, premierdisque possible après un tunnel de déprime,d’alcool et d’antidépresseurs, Renaud parle desa descente aux enfers au passé. Regard clair,anneau à l’oreille, tatouages aux bras, barbi-che en friche, l’auteur d’Hexagone, brûlot sanspitié contre le repli identitaire composé en1975, ne se remet pas d’un gros chagrin : letemps qui passe, et l’enfance, l’adolescencequi partent dans les limbes d’une histoireancienne. Renaud, 50 ans, aurait pu se remet-tre du choc, si n’était sa fille Lolita, 22 ans à pré-sent, qui a basculé à son tour dans l’âge adultesous les yeux effarés du père.

Du coup, c’est tout Mai 68 qui s’effondre.Les idéaux et la force de la jeunesse intrépide,version seconde moitié du XXe siècle, s’en sontallés, et avec, la femme du chanteur, Domini-que. Les chagrins d’amour sont universels, ilsne sont pas réservés à Manu, héros de l’unedes chansons préférées du public, qui criait il ya quelques mois encore : « Non Renaud, décon-ne pas, va pas t’tailler les veines », alors qu’ildonnait des concerts « bouffi d’alcool, rongé àla cigarette ». Il aurait pu. Mais Renaud a sup-porté le pathétique, les salles étaient pleines.Perplexes, mais pleines.

Renaud revient du Québec, où il était entournage aux côtés de Gérard Depardieu,Johnny Hallyday et Harvey Keitel, pour CrimeSpree, un polar signé Brad Mirman, où il jouele rôle d’un malfrat peu causant, cynique etfroid. Au cinéma, l’Etienne Lantier de Germi-nal (selon Claude Berri) se trouve « moyen ».Cinq jours après la sortie du disque(EMI/Virgin), c’est déjà l’heure du bilan média-tique, « une presse dithyrambique », heureusedes retrouvailles – sauf Libération (« Ils ont ditque j’étais populiste ! »).

Des pages et des pages sur sa dépression,sa guérison annoncée, ses nouvelles chan-sons, jugées plus intimes, plus éloignées de lacritique sociale. Mais aussi des questions àpropos de L’Entarté, diatribe anti Bernard-Henri Lévy. Du fond de la banquette, Renauda le regard en coin, il termine la lecture d’unparchemin, avec bords brûlés et tout, « unelettre qu’un fan m’a envoyée dans une bouteilleen plastique ». Pourquoi BHL ? En 1985, rap-pelle Renaud, l’écrivain l’avait fustigé (com-ment se donner bonne conscience, etc.) à pro-

pos d’Ethiopie, une chanson dont Renaudétait l’auteur, interprétée par une quarantai-ne de chanteurs français. « Au final, on avaitdonné environ 2 milliards de centimes à Méde-cins sans frontières, mais bon. »

Petite vengeance personnelle ? « A peine,moi j’ai surtout envie d’attaquer les puissants, lesincontournables, qui, comme lui, ont les médias,les éditeurs à leurs pieds. Un chanteur est là pourégratigner les puissants, les Bill Gates, Messier,Lescure… » Et puis les Américains imbus d’eux-mêmes, l’Etat français jacobin (Corsic’armes,Le Monde du 31 mai), etc.

« »Ce que n’aime pas, ou plus, Renaud, c’est

le discours manichéen, « sur le Kosovo » parexemple. La séparation du monde entre lesbons et les méchants s’est brisée sur une cri-se de la cinquantaine commencée à 45 ans.Cet enfant de la classe moyenne, auteur deLaisse Béton, à qui on reprocha injustementde parler prolo sans l’être, voit le monded’aujourd’hui coupé en deux, entre les richeset les pauvres. « Cela me désespère, au pointque je n’ai plus envie de me battre. J’ai cru queje pouvais changer le monde par des chansons.En 1993, je déjeunais ici avec Anne Sinclair,quand elle apprit par son portable la signaturedes accords d’Oslo. J’en pleurais de joie. Et dix

ans plus tard, il y a le massacre de Jenine. Quia merdé ? Arafat ? »

Pour l’humanitaire, Renaud fait une confi-dence, à mi-voix, mi-sourire : il a donné cetteannée son obole à l’Orphelinat mutualiste dela police nationale. « Les flics ont morflé, desbraquages, des crimes crapuleux en banlieue.Pourquoi aurais-je moins de compassion pourun fils de flic que pour un fils de gangster ? »Renaud trouve affreux que des gamins « pau-més » lancent des cocktails Molotov contredes pompiers venus éteindre un incendie dansune banlieue sinistrée. Renaud ne comprendpas ces « petits crétins intégristes, fascistes, quine rêvent que de niquer des gonzesses, avoir despitbulls, des BMW et admirent Bernard Tapie –un échec sur toute la ligne – et non plus le Che,Mesrine ou Daniel Cohn-Bendit ». NTM l’insup-porte, « tuer du flic derrière un micro, c’est faci-le, le jeune qui écoute et suit l’exemple s’enprend pour vingt ans ».

On dit qu’il n’aime pas le rap, mais c’est sur-tout que cette banlieue-là, « celle de laracaille », l’a abandonné. Chez lui, Germaine,le beauf, le trotskard, le gardien faf, le mec à lamob cohabitaient. « J’ai toujours eu une empa-thie pour les petites gens » – à vérifier cette foisdans Nain de jardin, nouvelle ode au peu. Ducoup, Renaud s’est exilé sur la banquette de laCloserie où tanguent d’autres « rouges » de la

chanson, tel Etienne Roda-Gil, auteur d’Utile(Julien Clerc) ou de Joe le Taxi (Vanessa Para-dis). Il y révise une carte politique brouillée,contemple les méfaits de la télé, observe uneFrance moyenne qui a voté Le Pen « parce quela droite et la gauche les a laissés s’enfoncer ».

Renaud (mère d’origine ouvrière, père pro-fesseur) doit faire son deuil des valeurs prolé-taires, désarçonné par « la facilité avec laquelleles électeurs du PCF sont passés de Robert Hue àJean-Marie Le Pen. C’est à désespérer de Billan-court ». Et cite Boris Vian : « Après les bour-reaux, je ne hais rien tant que les victimes. »

De quoi fut victime Renaud ? « De mes fan-tasmes, de ma paranoïa. Le public, le métier mesont restés entièrement fidèles. » Autre confes-sion : l’hypocondrie qui le pousse à répéter àses amis, il y a dix ans, « Je suis sûr que j’ai lesida », vite transformé en « Renaud a le sida »,rumeur qui va le heurter autant qu’elle blessaIsabelle Adjani ou Etienne Daho. Le chanteurrevendique aujourd’hui vingt-cinq tests VIH,tous négatifs, plus « une charge virale, le calculdu taux hypothétique de virus [en son cas égal àzéro], puis une coculture sur lymphocytes, logi-quement suivie d’une ponction lombaire etd’une biopsie ganglionnaire. Mais je n’ai pas deganglions ».

Véronique Mortaigne

FÉLICIE porte une jupe écossai-se, un joli chapeau orné d’une plu-me et une veste de laine rouge, lacouleur du Petit Chaperon.D’ailleurs, elle va tous les matins àl’épicerie chercher un pot de laitet une barrette de beurre. Mais làs’arrête la comparaison. C’est ellequi détient la clé du meurtre de« Jambe de bois », le retraité soli-taire et bourru dont elle était laservante dans une vaste maisonisolée et un peu délabrée qui aconnu son heure de grandeur.Tout autour, il y a la province fran-çaise profonde chère à Simenon,celle où l’on s’ennuie, où l’ons’épie, où l’on boit et où l’onattend patiemment de maigreshéritages. C’était vraiment trèsbien, lundi soir sur France 2, cette« Maison de Félicie » tirée d’unroman de Simenon. Bruno Cre-mer est en passe de faire oubliertous ceux qui l’ont précédé dans lerôle du commissaire Maigret. Ilest massif, lent, taiseux.

C’est plutôt rare, la lenteur à latélévision. On entend l’eau tombergoutte à goutte dans une bassine,les escaliers craquent, le vent faitclaquer les fenêtres. Il en faut dutemps pour savoir ce que cacheFélicie, à qui « Jambe de bois » alégué sa maison, au grand dam desa famille, mais qui n’est évidem-

ment pas la coupable. Elle saitquelque chose, et se moque ducommissaire. « Vous êtes tellementmalin », lui dit-elle. « Petite pes-te ! » l’a-t-il jugé d’emblée.

Il y a comme du marivaudageentre ces deux-là. « Vous n’allezpas rentrer chez vous ? Vous n’avezpas une femme, un chien, des pan-toufles ? » lui demande-t-elle en levoyant s’installer. « Vous savez, jene fais pas pension de famille ! » Legrand commissaire venu de Paris,démonté par tant d’insolence, selivre à une étrange confidence :« Le pire voyou ne m’a pas fait ceteffet-là. » Elle est un peu Chape-ron rouge, un peu Carmen aussi,avec ses longs cheveux noirs, quifont merveille le dimanche à laguinguette du village.

L’intrigue elle-même n’est pasce qu’il y a de plus réussi. On a dumal à croire à ce Montmartre deconvention avec ses cabarets, sesmauvais garçons et ses flics por-tant pèlerine. Le meilleur, c’est évi-demment le jeu du chat et de lasouris auquel jouent le commissai-re et la jolie, mais teigneuse, ser-vante. Finalement, Maigret est aus-si malin que le disait ironiquementFélicie, et arrête le coupable. Ences temps de doute généralisé surl’efficacité de la police, c’est évi-demment rassurant.

L’efficacité de la police

LES GENSDU MONDE

5

RADIO

Renaud, désespéré parBillancourt

Après un tunnel de déprime, le chanteur publie

l’album « Boucan d’enfer ». Des titres

intimistes, éloignées de la critique sociale

TÉLÉVISION

5

f Accents d’Europe9 h 40, RFIEn plein Mondial, FrédériqueLebel et Elizabeth Bouvetévoquent un des pans de l’activitéfootballistique, en pleindéveloppement tant sur le plandu nombre de licences quede l’intérêt que lui portentannonceurs et publicitaires,même s’il est souvent laissé dansl’ombre : le football féminin.f Victor Hugo et ses musiciens10 h 30, France-MusiquesAvec Jean Roy, Alain Pâris évoquecette semaine dans son « Papierà musique » les musiciensqui séduisirent l’auteurdes Misérables, ou qui firentpartie de son siècle et deses préoccupations. De CharlesGounod à Gaetano Donizetti,en passant par Verdiet Mendelssohn, avec un extraitde Ruy Blas, dirigé par ClaudioAbbado.f Culture vive16 h 30, RFIAujourd’hui, l’émission de PascalBaradou sert d’écrin à la jeuneactrice Romane Bohringer, qui litVictor Hugo, anniversaire oblige,sur la scène du Théâtre del’Atelier. Avant de recevoir, jeudi6 juin, Corinne, l’ex-bassiste deTéléphone, groupe mythique desannées 1970-1980, pour la sortiede son dernier CD.

f 1952

Naissance à Paris.

f 1977

« Laisse Béton ».

f 1992

« Renaud cante

el’ Nord », chansons

en chtimi pour

la sortie du film« Germinal », deClaude Berri, en 1993.

f 1995

« Renaud chanteBrassens ».

f 2002

« Boucan d’enfer ».

La satire animée de PlymtonProfitant du Festival international du film d’animation d’Annecy qui bat

son plein du 3 au 8 juin, les télévisions partenaires de la manifestation, com-me Canal+, Canal J ou France 2, donnent libre cours à la 3D ou à la flash ani-mation. Quant à Arte, elle propose un dessin animé qui sort des sentiers bat-tus, mariant érotisme, critique sociale et effets spéciaux. L’Incroyable Lunede miel (titre original : J’ai épousé une drôle de personne), est l’œuvre de BillPlymton, dont la dernière production, Les Mutants de l’espace, est sortie aumois de janvier dans les salles françaises. Le film débute par l’accouplementde deux oiseaux en plein ciel et par leur collision avec une antenne, ce quiaura des conséquences magiques et inimaginables sur Grant Boyer, toutjeune mari de Kerry. Le cartooniste, en plus d’un débordement d’images quine font pas toujours dans la dentelle fantasmatique, détourne sa parabolesur le mariage pour épingler l’armée américaine et les militaires obsédéspar leur fusil, les grands studios hollywoodiens et les producteurs « avida-dollars », ou le public, épris de bêtises télévisées. Outre le scénario de cetteIncroyable Lune de miel, on s’arrêtera sur le graphisme et les coloris de BillPlympton, largement inspiré par Topor et par la BD la plus agressivementmoderne, ainsi que sur la bande son de David Ravin, nourri de marches nup-tiales et militaires, de pop musique et de comédie musicale. – Y.-M. L.

L’Incroyable Lune de miel, Arte, mercredi 5 juin, 22 h 40.

C U L T U R E P O R T R A I T

Page 35: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002/35

r a d i o - t é l é v i s i o nM A R D I 4 J U I N

T F 1 F R A N C E 2 F R A N C E 3 C A N A L + F R A N C E 5 / A R T E M 6

13.35 La Revanche de l’amour Téléfilm. Rolfvon Sydow. Avec Doris Schretzmayer, FlorianFitz (Allemagne, 1999) 15.05 M6 Kid 17.10 Fande Magazine 17.40 Plus vite que la musiqueMagazine 18.05 Le Flic de Shanghaï C’est pasdu cinéma. Série 19.00 20.40 Loft Story19.50 Caméra café Série 19.54 Le Six Minu-tes, Météo 20.05 Notre belle famille Un heu-reux événement. Série.

20.50 U Téléfilm. Benoît D’Aubert. Avec Lucie Jeanne,Alexandre Zambeaux, Frédéric Quiring,Julia Vaidis-Bogard, Daniel Kenigsberg(France, 2001) %. 331143Une urgentiste, travaillant avecun organisme chargé des dons d’or-ganes, mène l’enquête après une séried’appels téléphoniques anonymes...

22.35 A Téléfilm.Michael Keusch. Avec Sandra Speichert,Doreen Jacobi, Ralph Herforth, CharlotteSchwab (Allemagne, 1999) ?. 446679Une inspectrice travaillant souscouverture mène l’enquête dans uneagence de rencontres pour gensaisés dont deux des clientes ont étéretrouvées assassinées...

0.05 Loft Story Divertissement 1363273 0.59Météo 1.00 M6 Music / Les Nuits de M6Emission musicale (360 min) 32297419.

14.00 Xcalibur Le retour. Série 14.25 Björk enconcert 15.30 Star Hunter Le point denon-retour. 16.15 Jack Palmer Série. Pétillon16.20 Eddy Time Magazine 18.00 Daria Is ItCollege Yet ? f En clair jusqu'à 21.00 19.05 Tel estpris qui croyait prendre 19.15 Making of « Spi-derman » 19.40 Journal 19.50 Le Zapping19.55 Les Guignols 20.05 Burger Quiz 20.45 +de sport 20.50 Le Carnet d’Aimé.

21.00 E a aFilm. Woody Allen. Avec Woody Allen, TraceyUllman, Hugh Grant, Elaine May, MichaelRapaport. Comédie (EU, 2000) &. 62414Un couple de New-Yorkais tenteun hold-up dont les conséquencesne seront pas celles qui étaient atten-dues.

22.30 L F ’AFilm. Bertrand Tavernier. Avec SophieMarceau, Philippe Noiret, Claude Rich, SamiFrey, Raoul Billerey. Cape et d’épée (France,1994) &. 3066786Une tentative de retrouvailles avec lecinéma de cape et d’épée.0.35 Midnight + Spécial Festival d’Annecy.The Dealdline ; Anglobilly Feverson ; Dog ; Lepetit vélo dans la tête ; Fofolle Fada. 8075099

1.30 Hiruko a Film. Shinya Tsukamoto. AvecKenji Sawada, Naoto Takanaka. Horreur(Japon, 1990, v.o.) ! 6998902 3.05 BasketNBA Play-offs. Finale (2e match). En direct(185 min) 92205506.

13.15 Tennis Internationaux de France (quartsde finale messieurs). A Roland-Garros 15.05 LeTrésor des mers du Sud Téléfilm. A. McLaglen(EU, 1975) 16.35 TO3 17.25 A toi l’actu@ 17.40C’est pas sorcier 18.10 Campagne officielledes législatives 18.20 Questions pour unchampion 18.50 Le 19-20 de l’information20.10 Tout le sport, Le Journal de Roland-Garros 20.30 C’est mon choix... ce soir.

20.55 D Voyages à la carte. Magazine présenté parPatrick de Carolis. 366969

22.55 Météo 23.00 Soir 3 23.20 Campagneofficielle Les élections législatives.

23.45 E S FTéléfilm. John Langley. Avec Sam Elliott, EsaiMorales, Paul Sorvino, Dan Lauria, RichardGilliland (Etats-Unis, 1995). 2961785La découverte dans une rivière ducadavre d’un homme battu à mortauteur de l’assassinat d’un détectivefait enquêter les policiers chargés del’affaire dans le milieu professionneldudit défunt...

1.25 Ombre et lumière 1.55 Les Dossiers del’Histoire Mon père, le Che 2.55 C’est monchoix... ce soir 3.15 Soir 3 3.40 Vie privée, viepublique Jusqu’où est-on prêt à aller pournos amies les bêtes ? (115 min).

17.10 Highlander Le miroir de Tessa. Série18.05 Le Flic de Shangaï Un après-midi dechien. Série 19.00 20.40 Loft Story 19.45Caméra café Série 19.54 Le Six Minutes,Météo 20.05 Notre belle famille Série.

20.50 N, Magazine présenté par StéphaneRottenberg. Au sommaire : Milliardairegrâce au pendule ; Peut-on communiqueravec l’au-delà ? ; Un voyant à l’épreuve ;Qu’y a-t-il après la mort ? ; Etranges coïnci-dences ; Où sommes-nous ? ; Les jumeauxet le paranormal ; Hypnose. 199452

22.50 U Télé-film. Douglas Jackson. Avec Yancy Butler,David Nerman, Barry Flatman, MatthewHarbour, Alan Fawcett (EU, 1999) %. 4995162

0.30 Loft Story 1.09 Météo 1.10 CapitalProduits naturels : un luxe ? 7443563 3.05Culture pub Magazine 3.30 M6 Music / LesNuits de M6 Emission musicale (210 min)57761679.

15.30 Dingue de toi Un dimanche. Série.16.05 Pacific Blue L’escalade. Série 17.00Melrose Place Victimes. Série 17.55 7 à lamaison Le journal de Rosie. Série 18.45 Tousensemble 19.55 Météo, Journal,Météo.

20.55 H ’ a Film.Steven Soderbergh. Avec George Clooney,Jennifer Lopez, Ving Rhames, Don Cheadle,Dennis Farina. Policier (EU, 1998) %. 5093346Une histoire d’amour entre unefemme policier et un braqueur mala-droit. Une certaine nonchalance enguise de style, un couple de comédiensattachant. Un peu vain toutefois.

23.15 A ’ Magazineprésenté par Carole Rousseau %. 6286452

0.30 Rallye Rallye du Maroc 8975037 0.35Voile Course des Phares 5137698.

1.10 Reportages Ces messieurs en habitvert 5432785 1.35 Très chasse 2.25 Histoiresnaturelles Documentaire 3.25 Notre XXe

siècle Du sang, des larmes, des hommes4.20 Aimer vivre en France (45 min).

13.45 Le Journal de la santé 14.05 Les Etoilesdu cinéma 14.35 Cas d’école 15.35 Célébra-tions 16.30 Après la sortie 17.25 100 %question 18.00 C dans l’air 18.45 Emissionpour la campagne officielle des législatives19.00 Connaissance 19.40 De Séoul àYokohama, c’est pour demain 19.45 Arteinfo, Météo 20.15 360˚, le reportage GEOL’Ecole des Inuits.

20.45 L M ’Histoires albanaises. Documentaire. ElineFlipse (PB, 2000). Magazine présenté parAlexandre Adler. 5608308Cinq Albanais témoignent, avec unoptimisme et une capacité d’adapta-tion révélateurs, de la façon dontl’Albanie vivait sous la dictatured’Enver Hodja.

21.40 M - L R - Documentaire. Elfi Mikesch(All. - Turq. - Inde, 2002). 5442740Sur les traces des troubadours d’hieret d’aujourd’hui.

22.40 Ciné-découverte - L’Impitoyable Lunede miel a Film. Bill Plympton. Animation(EU, 1997, v.o.) 9160124 23.55 Festival hip-hopfranco-allemand 7883834 2.05 Tracks Maga-zine (40 min) 3788998.

18.00 C dans l’air 18.45 Emission pour la cam-pagne officielle des législatives 19.00Archimède 19.40 De Séoul à Yokohama, c’estpour demain 19.45 Arte info, Météo 20.15360˚, le reportage GEO Les Abeilles tueuses.

20.40 T - - LES ENCERCLÉS DE JÉNINEDocumentaire. Deborah Davis. 10609959221.35 Thema : Chefs de guerre Documentaire.Emmanuel Rosen 962384 22.00 Thema :Amies malgré tout Documentaire. Guy Lynn66487 22.20 Thema - La Menace ultimeIsraël et sa bombe atomique. Documentaire5689810.

23.00 M P 2N MercuryRev rencontre Miossec. Magazine présentépar Ray Cokes. 22655

0.00 La nuit s’anime Spécial Festival d’Annecy.

0.50 La Banquière a Film. Francis Girod.Avec Romy Schneider, Jean-Louis Trinti-gnant. Histoire (France, 1980, 125 min) %

23993582.

18.00 Belphégor, le fantôme du Louvre Film.Jean-Paul Salomé (Fr., 2001) % f En clair jusqu'à

21.05 19.30 + de cinéma 19.40 Journal 19.50 LeZapping 19.55 Les Guignols 20.05 La GrandeCourse 20.15 Burger Quiz 20.50 + de sport.

21.05 S F ’A -T A.E. a Film. Don Bluth et GaryGoldman. Animation (EU, 2000) &. 9551384Un ambitieux space-opera animé.

22.35 Spécial Festival d’Annecy Making ofTitan A.E. Documentaire 7895365.

22.50 S C a a Film.Clint Eastwood. Avec Clint Eastwood,Tommy Lee Jones, Donald Sutherland,James Garner, James Cromwell. Aventures(Etats-Unis, 2000, v.o.) &. 9915568

0.55 Surprises Spécial Supinfocom 88443581.20 Le Monde des ténèbres Jusqu’au boutde la nuit. Série % 12921432.05 Hockey NHLStanley Cup. Finale (1er match). En direct(175 min) 56000292.

FILMS13.45 Le Joueur de flûte a a Jacques Demy(Grande-Bretagne, 1971, 90 min) & Cinétoile14.00 Une femme à sa fenêtre a PierreGranier-Deferre (Fr. - It., 1976, 90 min) % Match TV15.15 Les Aventures de Pinocchio a a LuigiComencini (It. - Fr. - All., 1972, 125 min) & Cinétoile16.40 Le Miracle de Fatima a a John Brahm(Etats-Unis, 1952, 100 min) & CineClassics17.20 La Petite Maison de thé a Daniel Mann(Etats-Unis, 1956, 125 min) & Cinétoile19.25 Lemmy pour les dames a Bernard Borderie(France, 1961, N., 95 min) & Cinétoile21.00 Courage, fuyons a a Yves Robert (France, 1979,95 min) & Cinétoile21.55 La Règle du jeu a a a Jean Renoir (France,1939, N., 105 min) % CineClassics22.35 Jugé coupable a a Clint Eastwood (Etats-Unis,1999, 125 min) & Cinéstar 222.50 La Nuit américaine a a François Truffaut(France, 1973, 115 min) & CineCinemas 223.05 Assassinats en tous genres a Basil Dearden(Grande-Bretagne, 1969, 110 min) & Cinétoile0.35 Juarez et Maximilien a a William Dieterle(Etats-Unis, 1939, N., 125 min). TCM0.55 High Sierra a a Raoul Walsh (Etats-Unis, 1941,N., 95 min) & Cinétoile1.25 Executive Action a a David Miller (Etats-Unis,1973, v.m., 90 min) & CineCinemas 3

FILMS15.35 High Sierra a a Raoul Walsh. Avec Ida Lupino,Humphrey Bogart, Alan Curtis (Etats-Unis, 1941, N.,100 min) & Cinétoile16.35 La Danse avec l’empereur a a Georg Jacoby(Allemagne, 1941, N., 100 min) & CineClassics17.10 Donnie Brasco a a Mike Newell (Etats-Unis,1996, v.m., 125 min) % CineCinemas 218.45 Shining a a a Stanley Kubrick (Etats-Unis,1980, v.m., 120 min) ? CineCinemas 319.15 Le Septième Ciel a a Benoît Jacquot (France,1997, 90 min) % CineCinemas 220.45 Viva Las Vegas a a Roy Rowland (Etats-Unis,1956, v.m., 115 min). TCM21.00 Un taxi pour Tobrouk a Denys de la Patellière(France, 1961, N., 90 min) & Cinétoile22.15 Conversation secrète a a a Francis FordCoppola (Etats-Unis, 1974, 115 min). 13ème Rue22.35 Le Miracle de Fatima a a John Brahm(Etats-Unis, 1952, 100 min) & CineClassics23.55 Vampires a a John Carpenter (Etats-Unis,1998, 105 min) ? TPS Star0.05 Lady Oscar a a Jacques Demy (GB - Fr., 1978,120 min) & Cinétoile0.15 When Night Is Falling a a Patricia Rozema(Canada, 1995, 95 min) & Cinéfaz

14.05 Inspecteur Derrick Série 17.50 Un livre17.55 JAG A l’écoute des fantômes. Série18.45 On a tout essayé 19.40 Un gars, unefille File d’attente 19.50 Campagne électionslégislatives 20.00 0.50 Journal, Météo.

20.55 S Film. Roger Hanin.Avec Sophia Loren, Philippe Noiret, RogerHanin, Marianne Sägebrecht, Nicolas Olczyk.Drame (France, 1997) &. 3372471Une chronique des années dejeunesse algéroise d’un homme. Unrécit de formation aux péripétieséprouvées.

22.45 Y’ Magazine présenté par Daniela Lumbroso etNathalie Corré. Invités : Florent Pagny, Cen-drine Dominguez, Pierre Bellemare, VanessaDemouy, Bratisla Boys, etc. 408181

1.15 Retour à Roland-Garros 1.40 Chanter lavie 2.30 Eurocops Voie sans issue. Série 3.2524 heures d’info 3.45 Live for Love United3.50 Rome, ville impériale Documentaire4.10 Double Je Spéciale New York (100 min).

12.10 14.55 Tennis Internationaux de France :Quarts de finale messieurs. A Roland-Garros.En direct 12.55 Météo, Journal, Météo 13.40 19.50 Campagne élections législatives14.05 Inspecteur Derrick Série 17.50 Un livre17.55 JAG Héros et menteurs. Série 18.45 Ona tout essayé 19.35 Histoires formidables parStéphane Peyron 19.40 Un gars, une filleSérie. A cheval 20.00 Journal, Météo.

20.55 P Téléfilm. Oli-vier Langlois. Avec Charles Aznavour, AnnieCordy, Alexis Tomassian, Diane Dassigny(Fr. - Bel., 2001). 4213211Deux adolescents, inscrits contre leurgré dans une « boîte à bac » afin d’yrelever leur niveau scolaire, sont sou-tenus par leurs grand-parents respec-tifs, qui reprennent le chemin du lycée.

22.30 Ç Parents-enfants :doit-on parfois inverser les rôles ? Magazineprésenté par Jean-Luc Delarue. Invitée : Gisè-le Harrus-Révidi. 7761394

0.45 Journal de la nuit, Météo.

1.15 Retour à Roland-Garros 1.40 Emissionsreligieuses 2.40 Eurocops Frère de lait. Série3.30 24 heures d’info 3.55 Eurocops Dérègle-ment de compte. Série 4.50 Une princessebelge au Mexique Documentaire (25 min).

17.40 C’est pas sorcier 18.10 Campagne offi-cielle des législatives 18.20 Questions pourun champion 18.50 Le 19-20 de l’information20.10 Tout le sport, Le Journal de Roland-Garros 20.30 C’est mon choix... ce soir.

20.55 V , Jusqu’où est-on prêt à aller pour nos amiesles bêtes ? Magazine présenté par MireilleDumas. Invités : Pascale B., Henri Barbe,Jacques Bertin, Allain Bougrain-Dubourg,Alain Gross, Jeane Manson, Patrick Pageat,Bruno Salomone, Philippe Savarin. 501629723.00 Météo 23.05 Soir 3 23.25 Campagneofficielle des législatives.

23.50 B a Film. Jérôme Boivin.Avec Lise Delamare, Jean Mercure, JacquesSpiesser, Catherine Ferrán, Jean-Paul Rous-sillon. Fantastique (France, 1988) ?. 71276171.15 Libre court Liste rouge 7857921.

1.30 Ombre et lumière Invité : Jacques Lanz-mann 2.00 C’est mon choix... ce soir 2.20Soir 3 2.45 Strip-tease 3.40 La Case de l’oncleDoc Les Westerns de Sergio Leone 4.30 Unjour en France (40 min).

MAGAZINES13.00 Explorer. Morsure de serpent. Séductions animales.Sirènes des abysses. National Geographic14.15 Campus, le magazine de l’écrit. Sexe et littérature.Invités : HPG ; Ovidie ; Alain Soral. TV 515.10 Recto Verso. Invité : Marcel Desailly. Paris Première16.05 L’Actor’s Studio. Invité : Kevin Costner. Paris Première16.10 i comme idées. Eric Merlen et FrédéricPlequin. i télévision16.15 Match magazine. Les rabbins de l’espoir. Lesesclaves de l’or. Le rodéo des bagnards. Match TV16.55 Les Lumières du music-hall. Johnny Hallyday.Véronique Sanson. Paris Première17.10 FBI. Invités : Roselyne Bachelot ; Jean-HuguesAnglade ; Olivier Besancenot ; Christine Aron. Match TV19.00 Chacun son monde : Le sens du voyage, le voyagedes sens. Invité : Jérôme Savary. Voyage19.00 Explorer. Crocodiles. Clowns de rodéo. Mystère duNéanderthal. National Geographic21.05 Faits divers. Pour le bien des enfants ! TV 523.55 Courts particuliers. Aux Niçois qui mal y pensent.Ages ingrats. Invitée : Catherine Breillat. Paris Première0.25 Pendant la pub. Invités : Philippe Starck ; ChantalThomass. Monte-Carlo TMC1.00 Explorer. Crocodiles. Clowns de rodéo. Mystère duNéandertal. National Geographic

DOCUMENTAIRES17.00 L’Afrique, paradis des insectes. National Geographic

17.30 Voyage gastronomique au Canada. Montréal. Voyage18.00 Les Singes Colobus de Zanzibar. National Geographic18.00 Van Dyck, dans l’ombre de Rubens. Mezzo18.00 Hollywood Stories. [2/2]. Patty Hearst. Paris Première18.00 Le Cinéma des effets spéciaux. Guerres etexplosions. CineCinemas 118.15 Une histoire du football. [1/7]. Origines. Histoire18.30 Les Batailles de la guerre de Sécession. Planète19.15 C’était hier. [3/13]. Le rideau de fer. Planète19.45 Action Heroes. Harrison Ford. TPS Star20.00 Québec, la province superbe. Voyage20.15 Gamba, la plage des éléphants. [3/6]. Planète20.45 La Quête des origines. [1/13]. Planète20.50 Civilisations anciennes. Les Vikings. Chaîne Histoire21.00 Histoire du Vietnam. [3/6]. Histoire21.00 Les Aventuriers. Neil Armstrong. National Geographic21.00 Les Grands Fleuves. Le Nil. Voyage21.40 Biographie. Ulysses Grant. La Chaîne Histoire21.55 Chine secrète. Odyssée21.55 Le Piège corse. Histoire22.00 Les Chasseurs de trésors. Le royaume caché duTibet. National Geographic22.30 Un Yanomami dans la ville. Planète23.00 Voyage à Jérusalem. National Geographic23.25 Jazz sous influences. [8/13]. A la française. Planète23.30 Les Mystères de l’Histoire. Le mythe de l’Inquisitionespagnole. La Chaîne Histoire23.40 La Galaxie papier. [1/2]. Odyssée23.55 Festival. [2/4]. Raz-de-marée sur la Croisette. Planète

SPORTS EN DIRECT13.30 Football. Coupe du monde (1er tour, Groupe E) :Allemagne - Irlande. A Ibaraki (Japon). RTBF 1

MUSIQUE19.45 Les Découvertes Adami (n˚ 12). En 2000, lors duMidem. Avec Amir Tebenikhin (piano), Denis Chapovalov(violoncelle), Alexandre Vershinin (piano). Réalisation deFrédéric Delesques. Œuvres de Boccherini, Chopin. Mezzo21.00 Soirée Henry Purcell. Didon et Enée. Opéra deHenry Purcell. Mise en scène de Marcel Bozonnet. Parl’Orchestre et le Chœur de l’Académie européenne demusique, dir. David Stern. Mezzo23.30 McCoy Tyner Trio à Marciac. En 2000. Mezzo

TÉLÉFILMS19.00 L’Ange du stade. Robert King. Disney Channel21.05 Bangkok Hilton. Ken Cameron [1 et 2/2]. Téva22.30 Le Château des Oliviers. Nicolas Gessner [4/8]. TV 5

SÉRIES18.05 K 2000. [1/2]. Le retour de Goliath. 13ème RUE18.15 La Vie à cinq. Visite parentale & Téva19.05 Homicide. La famille. Série Club20.45 Les Chemins de l’étrange. L’ange de la mort. 13ème RUE20.45 Star Trek, Deep Space Nine. Les devises del’acquisition &. Démons intérieurs & Canal Jimmy20.50 Roswell. [1/2]. Le côté humain. Oxygène. Série Club23.20 New York District. Le pouvoir de l’argent. 13ème RUE

DÉBATS22.00 Forum public. Y’a-t-il de la place pour unepolitique culturelle alternative en France ? Invitée :Catherine Tasca. Public Sénat

MAGAZINES16.10 0.10 i comme idées. Vincent Noce. i télévision16.50 Les Lumières du music-hall. Sheila.Téléphone. Paris Première17.10 Plaisir de France. Invité : Raymond Barre. Match TV18.15 Open club. Invité : Claude Rich. CineClassics19.00 Explorer. Morsure de serpent. Séductions animales.Sirènes des abysses. National Geographic20.45 FBI. Invités : Roselyne Bachelot ; Jean-HuguesAnglade ; Olivier Besancenot ; Christine Aron. Match TV21.40 Comme à la télé. Invités : Christine Bravo ; YvesBigot ; Jean-Marc Morandini. Match TV22.30 Ça se discute. Voyance, magnétisme, intuition :peut-on croire au sixième sens ? TV 50.15 Pendant la pub. Philippe Starck. Monte-Carlo TMC

DOCUMENTAIRES17.00 L’Iran, du foot et des affaires. Histoire17.00 Courage au sommet. National Geographic18.00 Civilisations anciennes. [10/13]. La Chaîne Histoire18.15 Une histoire du football. [7/7]. Superstars. Histoire

19.00 Biographie. Lord Nelson. La Chaîne Histoire19.15 C’était hier. [2/13]. Adieu, colonies. Planète19.15 Un siècle de danse. [1/5]. Du romantisme aunéoclassique : le ballet romantique. Mezzo19.45 Femmes fatales. Jodie Foster. TPS Star20.00 Les Aventures de National Geographic. CharlesLindbergh. National Geographic20.00 Canada : Croisière à la découverte duSaint-Laurent. Un fleuve, des hommes. Voyage20.45 « God Save the Queen » - 1977, vingt-cinq ansde règne. Planète20.45 La Galaxie papier. [1/2]. Odyssée21.00 Le Désert du Sonora. National Geographic21.00 La Route des vins. La Champagne. Voyage21.00 Histoire du Vietnam. [2/6]. Histoire21.25 Vichy et les Juifs. La Chaîne Histoire22.15 Biographie. William Shakespeare. La Chaîne Histoire22.30 Marions-nous ! [1/4]. Planète23.00 L’Afrique, paradis des insectes. National Geographic23.10 Une histoire du football. [5/7]. Histoire23.25 New York. Cosmopolis. Odyssée1.00 Festival. [1/4]. Cannes, première. Planète

SPORTS EN DIRECT20.00 Basket-ball. Championnat de Pro A. Demi-finale.Asvel - Cholet. Match aller. Pathé Sport

DANSE0.00 Petite mort. Chorégraphie de Jiri Kylian. Musique deMozart. Par Le Nederlands Dans Theater. L’EnglishChamber Orchestra, dir. Jeffrey Tate. Mezzo

MUSIQUE21.00 Concert Pietro Antonio Fiocco. En 1999. AvecRoberta Invernizzi (soprano), Lia Serafini (soprano), SylvieAlthaparro (alto), Stefano di Fraia (ténor), GiuseppeNaviglio (basse). Mezzo1.00 Duke Ellington. En 1965. Avec Cat Anderson, CootieWilliams ; Herbie Jones ; Ray Nance ; etc. Mezzo

TÉLÉFILMS20.40 Le Radjah des mers. Andrzej Kostenko, Jean-PierreBlanc et Philippe Carrese. Festival21.00 Les Chaînes brisées. Lamont Johnson. Paris Première

SÉRIES20.45 Friends. The One With The Tea Leaves(v.m.) &. The One In Massapequa (v.m.) & Canal Jimmy21.00 Aux frontières de l’étrange. Le longsommeil. Disney Channel21.40 Absolutely Fabulous. Affres de la ménopause. Jimmy21.55 Ally McBeal. [1/2]. Love is all around (v.o.). Téva22.10 New York Police Blues. Double vue (v.o.) % Jimmy

11.00 Football (1er tour, groupe E) : Etats-Unis - Portugal 12.55 A vrai dire 13.00 Journal13.30 Football (1er tour, groupe E) : Allema-gne - Irlande 15.30 Dingue de toi Le choix ducanapé. Série 16.05 Pacific Blue Retour versle passé. Série 17.05 Melrose Place Retour àla case départ. Série 17.50 7 à la maison Baby-sitting. Série 18.45 Tous ensemble Magazine19.55 Météo, Journal, Météo.

20.55 C Discount,soldes et prix réduits : Bonnes ou mauvaisesaffaires ? Présenté par Jean-Pierre Pernaut.Invités : Pierre Bellemare ; Marianne James.On trouve de tout dans les domaines ; Mau-vaises ondes ; L’argent par les fenêtres : lemusée du jouet fantôme ; Du rififi dans leballon de rouge ; Les mauvaises affaires descollectivités locales.... 5060018

23.15 S Téléfilm.John Terlesky. Avec Kristy Swanson, MichaelMadsen, Ron Perlman, David Dukes, TinyLister Jr (Etats-Unis, 1999) ?. 6253124Une jeune femme, agent d’une organi-sation chargée de tuer toute cible dési-gnée par le gouvernement, essaie demettre un terme à son activité. Maiselle apprend qu’elle fait l’objet, à sontour, d’un complot diabolique...

0.30 Rallye Rallye du Maroc 0.55 Très chasse1.55 Confessions intimes Magazine 3.25Reportages Le bonheur des dames 3.55Aimer vivre en France Les moulins 4.50 Musi-que 4.55 Histoires naturelles (60 min).

CÂBLE ET SATELLITE

CÂBLE ET SATELLITE

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans.Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants.

FRANCE-CULTURE21.00 Mesures, démesures. [1/2].22.00 Journal, Multipistes.22.30 Surpris par la nuit. Jean Leymarie.0.05 Du jour au lendemain. Jacques Darras.

FRANCE-MUSIQUES20.00 Récital Thomas Quasthoff. Œuvres deLoewe, Schubert, Brahms.22.00 En attendant la nuit.23.00 Jazz, suivez le thème. I Won’t Dance.0.00 Extérieur nuit.

RADIO CLASSIQUE20.00 Les Rendez-Vous du soir. Symphoniepour cordes n˚8, de Mendelssohn ; Deuxscherzos D 593 n˚1 et 2, de Schubert. 20.40Colette, l’enfant et les sortilèges. L’Enfant etles Sortilèges (fantaisie lyrique), de Ravel,dir. Charles Dutoit, Colette Alliot-Lugaz(l’enfant).21.30 Dead Man Walking. Opéra de JakeHeggie. Par le Chœur de filles et de garçonsde San Francisco, le Chœur de garçons duGolden Gate et le Chœur et l’Orchestre del’Opera de San Francisco, dir. PatrickSummers, Susan Graham (sœur HélènePréjean), John Packard (Joseph De Rocher).0.00 Les Nuits de Radio Classique.

RADIO

RADIO

FRANCE-CULTURE20.30 Fiction. Feuilleton.22.00 Journal, Multipistes.22.30 Surpris par la nuit. Eclats de miroirs.0.05 Du jour au lendemain. Patrice Rollet.

FRANCE-MUSIQUES20.00 Un mardi idéal. Au studio CharlesTrenet de la Maison de Radio France.22.00 En attendant la nuit.23.00 Jazz, suivez le thème. Bag’s Groove.0.00 Extérieur nuit.

RADIO CLASSIQUE20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres deGrieg, Gade ; Introduction, thème etvariations sur un air suédois op. 12, deCrusell, dir. Y. P. Tortelier. 20.40 Concert. Parle Chœur de Toulouse Midi-Pyrénées etl’Orchestre du Capitole de Toulouse :œuvres de Chopin, Liszt.22.20 Les Rendez-Vous du soir (suite).Sonate pour violoncelle et piano n˚1 op. 45,de Mendelssohn ; Œuvre de R. Schumann ;Sextuor à cordes n˚2 op. 36, de Brahms.0.00 Les Nuits de Radio Classique.

M E R C R E D I 5 J U I N

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Page 36: Le social s’invite dans la campagne · cœur joie, parient sur la baisse des cours et amplifient les mouve-ments, ce qui explique la forte vola-tilité des places boursières depuis

36/LE MONDE/MERCREDI 5 JUIN 2002

RENNESde notre envoyé spécial

En Ille-et-Vilaine, Bruno Bertin n’estpas une célébrité, mais presque.Aujourd’hui, il est surtout connu danssa région comme le créateur de Vick etVicky, une bande dessinée pourenfants sages dont les héros sont desjeunes scouts hardis et débrouillards.Comme beaucoup d’auteurs de BD ins-tallés en province, il se charge lui-même de l’édition de ses albums et afondé à Rennes une petite maison indé-pendante, Les Editions P’tit Louis,aujourd’hui gérée par son épouse,Muriel. Ce n’est pas la fortune, mais lesaffaires marchent : huit albums enhuit ans, 15 000 exemplaires vendusen 2001…

Pourtant, bien avant la BD, Brunoavait déjà fait parler de lui en créant àFougères, sa ville natale, un Salon pro-fessionnel de l’innovation centré surles nouvelles technologies, qu’il dirigeabénévolement pendant plusieursannées en liaison avec des entreprises,des administrations et des élus. Trèsimpliqué dans la vie économique et culturellelocale depuis près de vingt ans, Bruno se considè-re désormais, à 39 ans, comme « un hommepublic » : « Je rencontre souvent des hommes poli-tiques et des responsables de toutes sortes, et j’aieu l’occasion de faire connaissance avec certains.Je connais leur univers. » Cela dit, il refuse toutengagement partisan et s’intéresse modéré-ment aux élections : « Le 21 avril, Muriel et moin’avons pas voté, nous pensions que les jeuxétaient faits. D’ailleurs, ce jour-là, nous n’étionspas chez nous à Rennes, nous participions au Festi-val de BD des Sables-d’Olonne. Au deuxième tour,bien sûr, nous sommes allés voter – contre ladéraison, et en ce sens le score du FN a été un élec-trochoc salutaire. Mais s’il avait fallu choisir entreChirac et Jospin, je ne me serais pas dérangé… »

Muriel va plus loin : « Bruno, en tant qu’artis-te, ne doit pas être dans un camp ni dans unautre, ce n’est pas son rôle. Même chose pourmoi en tant qu’éditeur. Je préfère m’investir dansdes causes, je milite dans une association de lutte

contre le sida. Là, jeme sens à ma pla-ce. » De toutesfaçons, elle a peude temps libre, caren plus de la géran-ce de P’tit Louis,elle doit travailler àplein temps dansun office de touris-me. Par ailleurs,elle préfère garderses distances àl’égard des grandsdébats nationaux : « Je ne suis pas autonomiste,mais je suis régionaliste, je suis bretonne avantd’être française, c’est clair. J’aime profondémentla Bretagne, ça ne se raisonne pas – et je m’inté-resse en priorité à la politique locale. »

Pour sa part, Bruno ne veut surtout pas se lais-ser étiqueter : « On a dit que j’étais de droite par-ce que je raconte des histoires de scouts, mais

c’est faux, j’aime surtout provoquer,créer la surprise. Je suis du parti de laraison. »

Pourtant, dès qu’il parle des problè-mes de la France, il réagit d’abord enpatron de PME. Il souhaiterait, pour lebien commun, que l’Etat et les orga-nismes sociaux laissent un peu respi-rer les entreprises et les travailleursindépendants. Il raconte une anecdo-te vieille de plusieurs années, qui sem-ble avoir laissé en lui une blessure :« Quand nous avons transformé P’titLouis en SARL et donné la gérance àMuriel, je suis allé voir une caisse quel-conque qui me devait de l’argent, carj’avais trop cotisé. L’employée m’aaccueilli avec un sourire en coin et m’ademandé : « Cessation d’activité ? –Non, seulement un changement de sta-tut – Ah, dommage, si c’était une ces-sation on ne serait pas obligé de vousrembourser. » Visiblement, cette fonc-tionnaire n’était pas là pour aider lesentrepreneurs. Il faut repenser la façondont ce pays fonctionne, mais par oùcommencer ? »

Avant les législatives, Bruno assure qu’il iravoter, mais il ne sait pas encore pour qui : « Jesuis sans arrêt en déplacement, je ne sais mêmepas qui se présente à Rennes. Or, grâce à monexpérience du terrain, je sais qu’il ne fautjamais juger un homme politique sur son éti-quette, mais sur ses propositions et sur sa per-sonnalité. Dans le passé, j’ai voté à gauche et àdroite, en fonction des qualités humaines indivi-duelles des candidats. Aujourd’hui, pour êtrefranc, qu’on ait une majorité de gauche ou dedroite, je m’en tape royalement, du momentqu’on évite les extrêmes. Ce qu’il faut, du tra-vail d’équipe, pas des batailles stériles. J’ai vudes municipalités s’enfoncer dans un affronte-ment droite-gauche permanent, et le bénéficepour la population a été nul. De toutes façons,je ne peux pas me dire voilà, je serai rouge, oubleu, toute ma vie. C’est une erreur de rester blo-qué sur une seule façon de voir. »

Yves Eudes

a Le Mondialen direct. Sui-vez les troismatches dujour, minutepar minute,but par but, àl’adressse

lemonde.fr/mondial2002. Et nos analyseset commentaires dès la fin des rencontres.a Pour nos abonnés, un dossier spécial« L’Epopée des Bleus » en 1998.a Avant le premier tour, une radiosco-pie de huit circonscriptions-tests. Zoomactuellement sur Orange, où le Front natio-nal s’enracine (elections.lemonde.fr).

EN LIGNE SUR lemonde.fr

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LE PARLEMENT JORDANIENs’est réuni hier dans des conditionsparticulièrement dramatiques. Ils’agissait de prendre une décisionpour la dévolution de la couronne.Le souverain actuel est Talal Ier, filsaîné du roi Abdallah. Il ne jouit pasd’un état de santé brillant. Lorsqueson père fut assassiné en juillet der-nier, Talal était en Suisse dans unemaison de santé. Le bruit courutbientôt que la maladie du princeétait une invention de ses adversai-

res, qu’il était séquestré sur ordrede la Grande-Bretagne et en raisonde son hostilité connue envers cettedernière. En réalité, la maladie deTalal n’a rien d’un mythe. A plu-sieurs reprises, des crises nerveusesl’avaient conduit à certains excès.Aujourd’hui, il est à Versailles, sou-mis à un traitement intensif à lapénicilline. Toujours est-il que leParlement d’Amman s’est réunipour examiner l’affaire. Le premierministre, Tewfik pacha Aboul

Huda, a, paraît-il, donné lecture dedocuments concernant les inten-tions et les possibilités du roi. Si cedernier était amené – de bon gré oupar une mesure de destitution – àabandonner son trône, son succes-seur serait son fils, le jeune émirHussein, actuellement élève au col-lège de Harrow. L’émir Hussein aseize ans. Il serait donc nécessairependant deux ans de lui trouver untuteur.

(5 juin 1952.) a Tirage du Monde daté mardi 4 juin 2002 : 530 949 exemplaires. 1 - 3

L’ÉCRAN du téléviseur est àdroite. L’écran de l’ordinateur àgauche. Allez dans ces conditionsextrêmes de strabisme divergentcommenter en direct live un évé-nement micro-planétaire. Etpourtant il le faut bien. Ce n’estpas tous les jours que l’on voit ceque l’on voit en ce matin calmesur notre brave engin à imagescoréen : l’équipe de Chine enCoupe du monde de football.

Ce serait même plutôt la pre-mière fois. La toute premièrefois. La Chine est là. La Chine faitses grands débuts d’énorme petitPoucet. La Chine, allez osons,nous réveille !

Donc l’énoncé même du matchétait une promesse d’inédit : Chi-ne-Costa Rica. Ce n’est pas faireinjure à l’équipe costaricaine quede dire que la nouveauté et l’inté-rêt n’étaient pas chez elle ni pourelle. Mais bon, sauf à être natifde San José ou citoyen de cettenation lilliputienne, à peine peu-plée comme un gros bourg chi-nois, il n’y avait pas de quoi, tou-tes affaires cessantes, filer parsatellite vers ce stade de Gwan-gju et constater que l’herbe y estbelle et que les Coréens sont defameux jardiniers !

On aime bien le foot, mais pasà ce point-là ! L’intérêt de la pro-position tenait pourtant d’abordà cette disproportion évidentedes peuples et forces en présen-ce. Le football est bien une disci-pline guerrière étrange. Il permetà une simple patrouille de 11 Cos-taricains, échantillon représenta-tif d’à peine 3,6 millions de leurscompatriotes de défier sans rireni frémir, 11 Chinois, déléguéspar, simple estimation, 1,3 mil-liard de personnes. Et avec desérieuses chances, on le verra del’emporter.

La deuxième raison de sur-veiller ce match du coin de l’œil

et même un peu plus, tenait évi-demment à son aspect bal desdébutants. Les Chinois enfin !Les Chinois passionnés de foot-ball, à ce qu’on dit, s’ouvrantdepuis des années à cette discipli-ne mondialisée avant l’heure. Lefootball chinois apparaissantpour la première fois sous lalumière crue et cruelle d’une Cou-pe du monde, pour y subir sonbaptême et y effectuer son novi-ciat.

Bon autant le dire, du moinssur ce que l’on a vu par intermit-tence : l’apprentissage sera d’évi-dence une longue marche ! Cesonze, douze, treize, vingt-troisChinois, entraînés par un fameuxmercenaire serbe, Boris Milutino-vic, spécialisé dans les équipes endevenir, ont encore des progrès àfaire. Et malgré toute leur bonnevolonté, les joueurs en blanc etrouge, ont dû baisser pavillon,(2-0) contre des Costaricains net-tement supérieurs en savoir.

Mais, hors l’exotisme présuméde la rencontre, la vraie raisond’évoquer cet événement tenait àautre chose : la date. Ce premiermatch de la Chine, en phase fina-le de la Coupe du monde, s’estjoué le mardi 4 juin 2002.C’est-à-dire très exactement, lejour-anniversaire, treize ansaprès, du sinistre 4 juin 1989,date de la répression sanglantedes manifestations étudiantes,sur la place Tiananmen.

La coïncidence n’avait évidem-ment pas échappé aux autoritéschinoises. Pas plus qu’elle ne sau-rait échapper à quiconque. A qui-conque sachant par expérienceque, sous le football, pas qu’unsport, se jouent bien d’autres cho-ses. Et de moins futiles ou ludi-ques. En ce sens il n’est pasimpossible que cette premièredéfaite chinoise engendre sespropres prolongations !

Rennes

CONTACTS

Match-anniversaire

Pour Bruno et Muriel, il ne faut jamais juger unhomme politique sur son étiquette.

IL Y A 50 ANS, DANS 0123

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C A R N E T D E C A M P A G N E

« Je suis régionaliste, je suis bretonne avant d’être française »