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Le bulletin sans concession de l’AGEPS-UNEF, première organisation étudiante de l’Université Paris IV, avril/mai 2006, numéro 5 PARIS IV MOBILISEE CONTRE LE CPE Reponse a Jean-Robert PITTE, President de l’Universite Paris IV - Sorbonne Par Xavier HENRY, vice-president etudiant de l’universite Éditorial La Sorbonne occupée. Cette image a été abondement relayée par les tous les médias tant dans la presse nationale qu’internationale. Tous les jours, les nouvelles pleuvent, à tel point que souvent il devient difficile de discerner information et désinformation. Alors que les semaines sont rythmées par des rassemblements continuels, par des manifestations historiques, par des occupations de lieux publics, nous sommes toujours là, auprès de tous les étudiants de Paris IV. L’AGEPS- UNEF en tant que première organisation étudiante de Paris IV est mobilisée, les étudiants le savent, nous sommes présents dans ce mouvement depuis son origine, sans pour autant oublier les étudiants qui ne sont pas (pas encore ?) mobilisés. Alors que l’actualité nationale est chargée, ce numéro spécial du Sorbonnard Déchaîné est l’occasion d’envoyer une lettre ouverte au président de l’université, qui, présent dans tous les médias, se fait le champion de la répression, de la démagogie et des idées réactionnaires. Comment peut-on aspirer à un retour au calme en jetant de l’huile sur le feu, en intervenant sur tout les médias pour déclarer la guerre aux jeunes ? Monsieur le président, vos multiples déclarations dans les médias jouent contre vous. S’exprimer sur toutes les radios et les télévisions et dans tous les journaux, comme vous le faites aujourd’hui, ne fait pas pour autant de vous quelqu’un de populaire. Des propos outranciers n’ont jamais fait de grands hommes et l’emportement est généralement davantage un signe de faiblesse que de grandeur. Certes vos propos n’auront jamais les même répercu- tions que ceux que vous dévelop- piez dans Viande magazine (en 2005) le magazine de nos amis bouchers-charcutiers. S’il vous plait, arrêtez la guerre, vous faites cavalier seul ! Monsieur le président, votre intervention sur LCI du 5 avril pour menacer les étudiants de tout bonnement annuler le semestre au cas où la mobilisation se maintien- drait après les vacances de pâques montre une nouvelle fois la radicalisation grandissante de vos propos. De quel droit vous permet- triez-vous de nous priver de nos études ? Ne savez-vous pas encore que ce n’est pas par la menace que vous résoudrez cette situation ? Nous avons le droit d’étudier ! Qui oserait et au nom de quoi oserait- on nous interdire d’étudier ? Comment peut-on criminaliser les étudiants, ses propres étudiants, en les traitant de « terroristes » ! Monsieur le président, respectez nous et ensuite nous vous respec- terons. Ignorez vous que parmi vos étudiants, il en reste encore quelque uns qui, outre le fait de vouloir réussir leurs études, tiennent également à défendre leurs droits ? Ignorez-vous que vos propos sont choquants, honteux et blessants ? Nous aurons un second semestre monsieur le président, que vous le vouliez ou non. Nous aurons un second semestre, un point c’est tout. Johann Lucas, président de l’AGEPS-UNEF Monsieur le Président, Je vous ai vu devenir président de mon université, je suis devenu responsable syndical étudiant, j’ai été élu par les autres étudiants au Conseil des Études de la Vie Universitaire, et j’ai été élu vice- président de ce même conseil. Monsieur le Président, c’est le Vice-Président de tous les étu- diants de l’Université Paris IV – Sorbonne qui vous écrit aujour d’hui. Le 16 janvier dernier, le premier ministre Dominique de Villepin a annoncé son grand projet pour l’emploi des jeunes. Ce projet, dont les initiales résonnent au- jourd’hui fort désagréablement aux oreilles de la majorité des français, se nomme Contrat Première Embauche. Ce CPE marque l’extension du Contrat Nouvelle Embauche à toutes les entreprises, pour tous les jeunes. Nous, jeunes de moins de vingt-six ans, ne connaîtrons, par la faute de ce CPE, que la précarité lors de notre entrée sur le monde du travail, car tout employeur pourra, durant les deux premières années, nous licencier sans motif et à tout moment. Né de la compétition entre le premier ministre et le président de l’UMP, ce contrat n’est que la première étape vers une généralisation de cette préca- rité de deux ans à tous les sala- riés. Pour nous, comme pour la grande majorité des français, ce contrat est inacceptable. Fondé sur l’absence de dialogue social et aggravant la précarité dont souffrent déjà les jeunes dans notre pays, il a fait naître une mobilisation de grande am- pleur, dont nous sommes fiers. Cette mobilisation, née des jeu- nes, a trouvé des échos profonds et résolus parmi les étudiants de notre université, que cela soit sur le site Sorbonne ou sur tous les autres sites de l’université Paris IV. Certes, cette mobilisation y est née tardivement, mais ce sont aujourd’hui des milliers d’étu- diants qui ont manifesté, lors des différentes assemblées générales ayant éclos sur tous nos sites, leur opposition à ce contrat et la force de leur mobilisation. Et pourtant… Pourtant, la répression s’est faite jour immédiatement après le début de cette mobilisation. Elle a pris plusieurs visages : fermeture de l’université, violence envers les étudiants mobilisés mais égale- ment mensonges et désinforma- tion afin de diviser les étudiants. Vous prenez part à cette répres- sion, Monsieur le Président, et vous avez tort. Vous avez tort de maintenir la Sorbonne fermée. Nous ne som- mes pas dupes. Vous annonciez la réouverture quelques jours après votre visite de notre université prétendument « saccagée ». La sécurité non assurée en cas d’incendie ne semblait à ce mo- ment là poser aucun problème. C’est bien la volonté de priver les étudiants, mobilisés ou non, de leur lieu d’étude, qui motive le maintien de cette fermeture. Vous avez eu tort de cautionner la charge des CRS à l’intérieur de la Sorbonne. Et nous espérons bien que vous n’avez fait que cautionner cet acte odieux, qui rappelle les pires périodes de l’histoire, et que vous ne l’avez pas souhaité. Comment, par ailleurs, pouvez-vous applaudir les violences subies par des étudiants pacifistes devant les portes de notre université ? Vous avez eu tort de tenter d’empêcher toute mobilisation sur le site Malesherbes. Les consignes de répression que vous aviez donné n’ont eu qu’un seul effet : le mardi 5 avril, les étudiants du site Malesherbes ont voté le blocage de leur site. Vous avez tort de maintenir le site Michelet fermé depuis le lundi 3 avril et ce jusqu’au retour des vacances de printemps. Le débat contradictoire sur le CPE organisé par les étudiants mobilisés d’his- toire de l’art et archéologie vous avait-il effrayé à ce point ? Vous avez eu tort de prétendre que seuls 0,1% des étudiants de notre université étaient mobilisés contre le CPE. Annoncer que seuls 25 étudiants de Paris IV étaient opposés au CPE n’a fait que vous rendre ridicule au vu de l’énormité du mensonge. Vous avez eu tort de vous présenter comme défenseur de la République en annonçant que le CPE devait être défendu par les représentants de l’État, dont vous êtes, parce qu’il avait été voté à l’Assemblée Nationale. Cette déclaration ne vous servait qu’à critiquer la position courageuse de François Resche, président de l’université de Nantes. Elle était inexacte, puisqu’une loi votée au parlement n’a valeur de loi que lorsqu’elle est promulguée, ce qui n’était pas le cas lors de vos déclarations. Vous avez eu tort de mentir aux étudiants mobilisés du site Cli- gnancourt en leur annonçant que leur Vice-Président étudiant n’assistait à aucun des conseils et commissions où il doit siéger. Les étudiants ne furent pas dupes et nous savons tous deux que ma présence est attestée par les procès verbaux. Par contre, je vous engage à vérifier plus fré- quemment l’assiduité de vos petits protégés du syndicat DIES. Vous avez eu tort de tenter une désinformation à grande échelle concernant les dégâts à l’intérieur de la Sorbonne, désinformation fomentée avec le ministre de l’Éducation Nationale, Gilles de Robien. Les contradictions entre vos différentes déclarations sont éloquentes. Le véritable but de la fermeture prolongée du site serait-il de dissimuler les dégâts réels ? Vous avez tort de traiter les étudiants mobilisés de « jeunes irresponsables ». Nous prenons nos responsabilités, au contraire, en défendant notre avenir, que vous, pourtant président d’univer- sité, semblez vous acharner à contribuer à détruire. Vous avez eu tort d’écrire dans une tribune que vous étiez favora- ble à une meilleure insertion des diplômés de notre université dans le monde du travail, alors que nous savons tous deux quels moyens ridicules vous accordez au Bureau des Stages et de l’Inser- tion Professionnelle de notre université, à mon grand déses- poir, désespoir dont vous avez par ailleurs eu à de nombreuses reprises connaissance. Vous avez eu tort de traiter les étudiants mobilisés de « terroristes ». Ce mot a un sens, mais apparemment, le respect envers les victimes des véritables terroristes qui sévissent sur notre planète est quelque chose qui vous est fondamentalement étranger. Vous avez tort de marquer votre soutien au CPE sur le site d’étu- diants marqués très à droite « stopblocage » alors que vous tentiez d’imposer un devoir de réserve à François Resche, prési- dent de l’université de Nantes, qui a, lui, décidé de soutenir les revendications des jeunes français et non les revendications d’un 01 40 46 32 27 http://ageps-unef.blogspot.com [email protected]

Le Sorbonnard Déchaîné n°5 (avril/mai 2006)

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Le bulletin sans concession de l’AGEPS-UNEF, première organisation étudiante de l’Université Paris IV, avril/mai 2006, numéro 5

PARIS IV MOBILISEE CONTRE LE CPE

Reponse a Jean-Robert PITTE, President de l’Universite Paris IV - Sorbonne Par Xavier HENRY, vice-president etudiant de l’universite

Éditorial La Sorbonne occupée. Cette image a été abondement relayée par les tous les médias tant dans la presse nationale qu’internationale. Tous les jours, les nouvelles pleuvent, à tel point que souvent il devient difficile de discerner information et désinformation. Alors que les semaines sont rythmées par des rassemblements continuels, par des manifestations historiques, par des occupations de lieux publics, nous sommes toujours là, auprès de tous les étudiants de Paris IV. L’AGEPS-UNEF en tant que première organisation étudiante de Paris IV est mobilisée, les étudiants le savent, nous sommes présents dans ce mouvement depuis son origine, sans pour autant oublier les étudiants qui ne sont pas (pas encore ?) mobilisés. Alors que l’actualité nationale est chargée, ce numéro spécial du Sorbonnard Déchaîné est l’occasion d’envoyer une lettre ouverte au président de l’université, qui, présent dans tous les médias, se fait le champion de la répression, de la démagogie et des idées réactionnaires. Comment peut-on aspirer à un retour au calme en jetant de l’huile sur le feu, en intervenant sur tout les médias pour déclarer la guerre aux jeunes ? Monsieur le président, vos multiples déclarations dans les médias jouent contre vous. S’exprimer sur toutes les radios et les télévisions et dans tous les journaux, comme vous le faites aujourd’hui, ne fait pas pour autant de vous quelqu’un de populaire. Des propos outranciers n’ont jamais fait de grands hommes et l’emportement est généralement davantage un signe de faiblesse que de grandeur. Certes vos propos n’auront jamais les même répercu-tions que ceux que vous dévelop-piez dans Viande magazine (en 2005) le magazine de nos amis bouchers-charcutiers. S’il vous plait, arrêtez la guerre, vous faites cavalier seul ! Monsieur le président, votre intervention sur LCI du 5 avril pour menacer les étudiants de tout bonnement annuler le semestre au cas où la mobilisation se maintien-drait après les vacances de pâques montre une nouvelle fois la radicalisation grandissante de vos propos. De quel droit vous permet-triez-vous de nous priver de nos études ? Ne savez-vous pas encore que ce n’est pas par la menace que vous résoudrez cette situation ? Nous avons le droit d’étudier ! Qui oserait et au nom de quoi oserait-on nous interdire d’étudier ? Comment peut-on criminaliser les étudiants, ses propres étudiants, en les traitant de « terroristes » ! Monsieur le président, respectez nous et ensuite nous vous respec-terons. Ignorez vous que parmi vos étudiants, il en reste encore quelque uns qui, outre le fait de vouloir réussir leurs études, tiennent également à défendre leurs droits ? Ignorez-vous que vos propos sont choquants, honteux et blessants ? Nous aurons un second semestre monsieur le président, que vous le vouliez ou non. Nous aurons un second semestre, un point c’est tout.

Johann Lucas, président de l’AGEPS-UNEF

Monsieur le Président, Je vous ai vu devenir président de mon université, je suis devenu responsable syndical étudiant, j’ai été élu par les autres étudiants au Conseil des Études de la Vie Universitaire, et j’ai été élu vice-président de ce même conseil. Monsieur le Président, c’est le Vice-Président de tous les étu-diants de l’Université Paris IV – Sorbonne qui vous écrit aujour d’hui. Le 16 janvier dernier, le premier ministre Dominique de Villepin a annoncé son grand projet pour l’emploi des jeunes. Ce projet, dont les initiales résonnent au-jourd’hui fort désagréablement aux oreilles de la majorité des français, se nomme Contrat Première Embauche. Ce CPE marque l’extension du Contrat Nouvelle Embauche à toutes les entreprises, pour tous les jeunes. Nous, jeunes de moins de vingt-six ans, ne connaîtrons, par la faute de ce CPE, que la précarité lors de notre entrée sur le monde du travail, car tout employeur pourra, durant les deux premières années, nous licencier sans motif et à tout moment. Né de la compétition entre le premier ministre et le président de l’UMP, ce contrat n’est que la première étape vers une généralisation de cette préca-rité de deux ans à tous les sala-riés. Pour nous, comme pour la grande majorité des français, ce contrat est inacceptable. Fondé sur l’absence de dialogue social et aggravant la précarité dont souffrent déjà les jeunes dans notre pays, il a fait naître une mobilisation de grande am-

pleur, dont nous sommes fiers. Cette mobilisation, née des jeu-nes, a trouvé des échos profonds et résolus parmi les étudiants de notre université, que cela soit sur le site Sorbonne ou sur tous les autres sites de l’université Paris IV. Certes, cette mobilisation y est née tardivement, mais ce sont aujourd’hui des milliers d’étu-diants qui ont manifesté, lors des différentes assemblées générales ayant éclos sur tous nos sites, leur opposition à ce contrat et la force de leur mobilisation. Et pourtant… Pourtant, la répression s’est faite jour immédiatement après le début de cette mobilisation. Elle a pris plusieurs visages : fermeture de l’université, violence envers les étudiants mobilisés mais égale-ment mensonges et désinforma-tion afin de diviser les étudiants. Vous prenez part à cette répres-sion, Monsieur le Président, et vous avez tort. Vous avez tort de maintenir la Sorbonne fermée. Nous ne som-mes pas dupes. Vous annonciez la réouverture quelques jours après votre visite de notre université prétendument « saccagée ». La sécurité non assurée en cas d’incendie ne semblait à ce mo-ment là poser aucun problème. C’est bien la volonté de priver les étudiants, mobilisés ou non, de leur lieu d’étude, qui motive le maintien de cette fermeture. Vous avez eu tort de cautionner la charge des CRS à l’intérieur de la Sorbonne. Et nous espérons bien que vous n’avez fait que cautionner cet acte odieux, qui rappelle les pires périodes de l’histoire, et que vous ne l’avez pas souhaité. Comment, par ailleurs, pouvez-vous applaudir les violences subies par des étudiants pacifistes devant les portes de

notre université ? Vous avez eu tort de tenter d’empêcher toute mobilisation sur le site Malesherbes. Les consignes de répression que vous aviez donné n’ont eu qu’un seul effet : le mardi 5 avril, les étudiants du site Malesherbes ont voté le blocage de leur site. Vous avez tort de maintenir le site Michelet fermé depuis le lundi 3 avril et ce jusqu’au retour des vacances de printemps. Le débat contradictoire sur le CPE organisé par les étudiants mobilisés d’his-toire de l’art et archéologie vous avait-il effrayé à ce point ? Vous avez eu tort de prétendre que seuls 0,1% des étudiants de notre université étaient mobilisés contre le CPE. Annoncer que seuls 25 étudiants de Paris IV étaient opposés au CPE n’a fait que vous rendre ridicule au vu de l’énormité du mensonge. Vous avez eu tort de vous présenter comme défenseur de la République en annonçant que le CPE devait être défendu par les représentants de l’État, dont vous êtes, parce qu’il avait été voté à l’Assemblée Nationale. Cette déclaration ne vous servait qu’à critiquer la position courageuse de François Resche, président de l’université de Nantes. Elle était inexacte, puisqu’une loi votée au parlement n’a valeur de loi que lorsqu’elle est promulguée, ce qui n’était pas le cas lors de vos déclarations. Vous avez eu tort de mentir aux étudiants mobilisés du site Cli-gnancourt en leur annonçant que leur Vice-Président étudiant n’assistait à aucun des conseils et commissions où il doit siéger. Les étudiants ne furent pas dupes et nous savons tous deux que ma présence est attestée par les procès verbaux. Par contre, je vous engage à vérifier plus fré-quemment l’assiduité de vos petits

protégés du syndicat DIES. Vous avez eu tort de tenter une désinformation à grande échelle concernant les dégâts à l’intérieur de la Sorbonne, désinformation fomentée avec le ministre de l’Éducation Nationale, Gilles de Robien. Les contradictions entre vos différentes déclarations sont éloquentes. Le véritable but de la fermeture prolongée du site serait-il de dissimuler les dégâts réels ? Vous avez tort de traiter les étudiants mobilisés de « jeunes irresponsables ». Nous prenons nos responsabilités, au contraire, en défendant notre avenir, que vous, pourtant président d’univer-sité, semblez vous acharner à contribuer à détruire. Vous avez eu tort d’écrire dans une tribune que vous étiez favora-ble à une meilleure insertion des diplômés de notre université dans le monde du travail, alors que nous savons tous deux quels moyens ridicules vous accordez au Bureau des Stages et de l’Inser-tion Professionnelle de notre université, à mon grand déses-poir, désespoir dont vous avez par ailleurs eu à de nombreuses reprises connaissance. Vous avez eu tort de traiter les é t u d i a n t s m o b i l i s é s d e « terroristes ». Ce mot a un sens, mais apparemment, le respect envers les victimes des véritables terroristes qui sévissent sur notre planète est quelque chose qui vous est fondamentalement étranger. Vous avez tort de marquer votre soutien au CPE sur le site d’étu-diants marqués très à droite « stopblocage » alors que vous tentiez d’imposer un devoir de réserve à François Resche, prési-dent de l’université de Nantes, qui a, lui, décidé de soutenir les revendications des jeunes français et non les revendications d’un

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a liste des marchés publics en cours dans notre université vient d’être rendue publique. Certains chiffres sont intéressants, surtout s’ils sont mis en perspective avec d’au-tres chiffres dont nous avions déjà eu connaissance. Ainsi, les prochaines imprimantes hewlett packard coûteront 12 500 euros à l’université. C’est moins du double de la prime annuelle accordée au directeur de cabinet du président. Pour autant, Paris IV n’a toujours pas assez d’argent pour en-voyer des convocations aux examens par la poste à tous les étudiants.

propos de l’occupation de la Sorbonne et des dégâts qui en auraient résulté, on entend tout et son contraire. Gilles de Robien s’est, entre autres choses, affligé des dommages subis par la biblio-thèque des Chartes. Peu après, la directrice de la bibliothèque a apporté quelques précieux éclaircissements, qualifiant de « fantaisistes » les rumeurs relayées par les médias, et donc par notre très démagogi-que ministre de l’Éducation. Elle parle d’ un « nombre très minime d’ouvrages » et « de pertes qualitativement insigni-fiantes ». Voilà qui remet les choses à leur place, et par la même occasion le ministre lui-même.

illes de Robien, toujours. Nous nous sommes étonnés de le voir, sur toutes les chaînes et à toutes les sauces, caresser toujours le même livre déchiré après l’évacuation musclée de la Sorbonne. Nous déplorons, bien sûr, la dégradation de ce livre mais nous trouvons profondé-ment indécent cette posture du ministre, la larme à l’œil, alors que des étudiants mobilisés étaient à l’hôpital, victime de violence lors de l’évacuation. « La France, ses fromages, ses universités : le contrat que la Sorbonne vient de signer avec Abou Dhabi montre que le domaine des humanités a bien une valeur sur le marché de la connaissance. » (Libération) La Sorbonne s’exporte et ses enseignants aussi. Jean-Robert Pitte a fait appel aux volontai-res qui voudraient bien aller travailler à Abou Dhabi. C’est sans compter la peur du per-sonnel féminin concernant le droit des femmes. Avec ou sans raison ?

ous avez dit subjectif ? Lors- que Clignancourt a été débloqué, il n’a fallu que deux heures pour que l’information se trouve sur le site internet de la Sorbonne. Par contre, plusieurs jours seront nécessai-res à la mise en ligne de l’an-nonce du deuxième blocage. Est-ce un hasard ou est-ce que le webmaster prend ses ordres de la présidence ?

nfin présent dans d’autres médias que Viande Magazine, Jean-Robert Pitte a été interrogé par LCI le 5 avril. Il annonce que si la mobilisa-tion continue après les vacan-ces, il annulerait le deuxième semestre, « un point c’est tout ». Et bien nous, nous nous battrons pour ce semestre, un point c’est tout.

« Monsieur le President, vous avez tort » suite et fin question mon civisme ? Pour un représentant de l’état, pour un président d’université, une telle phrase est très grave. Vous avez eu tort, enfin, de prétendre, dans une tribune, que nous étions, nous, les étu-diants mobilisés, de jeunes réactionnaires. Les jeunes réactionnaires vous sont pourtant connus : vous les comptez parmi vos amis. Nous sommes des jeunes mobilisés, qui aspi-rent à ne pas être sacrifiés et qui désirons contribuer à créer la société française de demain, et non à maintenir la société d’hier,

que vous semblez tant affectionner. En vous souhaitant un peu plus de courage et de franchise, je vous vous prie d’agréer, Mon-sieur le Président, mes salutations respectueu-ses.

Xavier HENRY Vice-Président du Conseil des Études

et de la Vie Universitaire de l’Université Paris IV - Sorbonne

président de l’université Paris Sorbonne s’est fait le hérault des opposants aux manifestants, bloqueurs, universitaires et autre anti-CPE. Ainsi, sur le blog du collectif « Stop aux blocages », on peut dorénavant lire en guise de préambule un message de soutien de Jean-Robert Pitte qui y déclare : « Chers amis, […] Au lieu de vous lamenter et de baisser les bras, de donner raison aux déclinologues de tous bords, vous avez décidé de réagir et de vous opposer à cet inacceptable blocage de certains sites universitaires. J'aimerais vous remercier pour votre action coura-geuse. Je suis à peu près certain que les terroristes qui bloquent l'entrée des universités sont prêts à donner des leçons de démocratie au monde entier. Quelle masca-rade! Soyez audacieux, optimistes et généreux et le monde sera à vous. » Bel exemple d’impartialité quand on se permet de faire la leçon à François Resche, président de l’université de Nantes. De la même façon, lorsque Jean-Robert Pitte est interrogé sur France Info, il parle des "jeunes irresponsables" et dénonce "un certain nombre de trublions, que je ne qualifierais pas d'étudiants même s'il y en a quelques-uns parmi eux, hélas, se sont cru obligés de faire comme leurs parents ou leurs grands-parents et d'occuper la Sorbonne parce qu’évidemment c'est un lieu sym-bolique ». Après quoi, celui-ci fait une estimation du nombre d'étu-diants en grève «Ce mouvement concerne combien de personnes ? Je considère que c'est 0,1%, peut-être au maximum 0,5% des étu-diants de Paris Sorbonne qui sont concernés par ce mouvement, les autres ont envie de travailler et

c'est tout. », tentant d’affirmer que les étudiants mobilisés n’ont pas à cœur leurs études. Cependant, faut-il s’étonner lorsque l’on sait que déjà en avril 2005, pendant la campagne du référendum concerant la constitu-tion européenne, le président de Paris Sorbonne se fit remarquer en interdisant sans même donner d’explication la tenue d’un débat organisé par le « Collectif Sorbonne pour le Non » (à l’initiative d’étu-diant-es non syndiqué-es, de l’UNEF, Attac campus, Droit Solida-rité, JCR, PRS, Sud Etudiant, UEC) qui devait se tenir au sein de l’université le 10 mai. Paradoxale-ment, le lundi 9 mai Michel Barnier et Daniel Cohn-Bendit étaient à la Sorbonne pour s’exprimer en faveur du oui au référendum. En politique internationale, Jean-Robert Pitte n’en est pas non plus à son premier dérapage, pour preuve en février 2004, à l’occasion de la remise au Président de l’État d’Israël, Moshé Katzav, le titre de docteur Honoris Causa, le Président de la Sorbonne déclara dans les colonnes du journal israélien Haaretz : « Les Français ne sont pas antisémites, mais ils ont juste peur des Arabes. » Ce a quoi il ajoutait « Les médias sont partiaux, il y a beaucoup de juifs actifs dans les médias français mais ça ne change rien à la situation (...) si quelqu’un prend la défense d’Israël ou des Etats-Unis à la télévision, il est considéré comme dangereux. » Enfin, on lui doit encore "Les gouvernements français de droite ou de gauche sont très pro-Arabes, ils estiment que les seules person-nes persécutées au Moyen-Orient sont les Palestiniens (...) Le gou-vernement Chirac essaie de lutter

Jean-Robert Pitte dans le texte Portrait du president de l’universite Paris IV – Sorbonne a travers ses interventions dans les medias

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Première organisation étudiante de Paris IV, l’AGEPS-UNEF dispose de 57 élus dans les différents conseils d’UFR et de 10 élus dans les conseils centraux de Paris IV. En tant qu’étudiants, nous travaillons chaque jour à ce que notre voix à tous soit prise en compte dans la gestion de la fac. Rejoignez-nous! Nos locaux: SORBONNE: salle E660bis, cour Cujas, à côté du service des bourses MALESHERBES: salle 113, premier étage CLIGNANCOURT: salle 305, RDC, à gauche en sortant des amphis

i Au fond Du couloir

« J'en ai assez de cette démagogie qui déferle sur l'université et le pays. Qu'entend-on à la télé, dans les manifs ? Des discours irrespon-sables ! « Ah, les pauvres étu-diants ! Ils ont bien droit à un CDI ! » C'est absurde. » Jean Robert Pitte, président de l’université Paris IV Sorbonne ne décolère pas. Dans un entretien au magazine Le Point du 23 mars, celui-ci s’emporte « Je suis en colère contre l'ignorance et la bêtise des jeunes, mais aussi des Français, car on a la jeunesse qu'on mérite. Je sais que je vais passer pour un horrible réac, mais tant pis. La jeunesse n'a plus de rêves. Elle n'a plus que des illusions. Rêver, c'est vouloir accomplir des choses difficiles qui obligent à se dépasser. Les jeunes croient que tout leur est dû, et que, si ça ne va pas, c'est de la faute des autres ! » Présent dans tous les médias depuis les événements qui ont secoué notre université, Jean Robert Pitte s’illustre par son irascibilité et par la brutalité de ses propos. Un président d’université qui ne cache pas ses opinions politiques et qui confie encore dans le magazine Chalenges « En tant que citoyen, je pense que tout ce que fait le gouvernement pour faire baisser le chômage des jeunes doit être encouragé. Cela dit, la loi ne s’applique pas aux étudiants mais surtout aux jeunes sans qualifica-tion. Pourquoi certaines universités sont-elles alors bloquées ? » est au aubaine pour des journalistes qui n’espéraient plus pouvoir trouver de président d’université tenir sans honte des propos aussi réactionnai-res. Dés le début des agitations liées au Contrat Première Embauche, le

PITTE-MAN DE RETOUR A LA PITTE-CAVE

Qui a touché à mes bouteilles? Qui a profané la Pitte-cave,

Daniel?

Ce sont les étudiants mobilisés, Monsieur. Ils ont tout bu, ces sauvages!

Tout bu? Mais qu’est-ce que je

Vais boire, moi, Maintenant?

premier ministre. Serait-ce parce que ce sont les premiers ministres et non les étudiants qui nomment les recteurs d’académie ? Vous avez eu tort de m’envoyer le courrier électronique que vous m’avez envoyé. Pensiez-vous vraiment m’effrayer en éructant insultes sur mon civisme et menaces concernant mon statut de vice-président ? Vous avez eu tort de dire que vous aviez « honte de votre pays ». Comment pouvez-vous dire une chose pareille et remettre en

contre l’antisémitisme mais il ne fait pas assez pour informer le public sur la situation au Moyen-Orient." Encore récemment, le 8 mars dernier, Jean-Robert Pitte déclarait au journal sénégalais Wal Fadjri lors d’un entretien et en réponse à la question « Comment se compor-tent les étudiants sénégalais dans leurs études ? », Jean-Robert Pitte répondait « Ce sont des étudiants travailleurs, très gentils. »