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APRÈS LA MOBILSATION, LA VIE ÉTUDIANTE CONTINUE PENDANT OU APRES LA MOBILISATION LE combat pour les droits etudiants continue Éditorial Pour une poignée de pétrodollars L’année s’achève, une année universitaire marquée pour Paris IV par l’occupation de la Sorbonne, par les blocus et les AG et par le mouve- ment anti-CPE en général, une fin d’année morose pour les étudiants qui voient leurs examens de fin d’année perdrent rien moins que leur anonymat. Heureusement que cette fin d’année voit naître une très bonne nouvelle pour le prestige de notre université, puisque celle-ci ouvre dés septembre prochain le «campus » Paris Sor- bonne Abou Dhabi. Le site Internet de Paris IV nous dresse donc une carte postale, mieux qu’un club Med, «Les Émirats Arabes Unis sont une nation moderne et progressiste dans le Golfe», « un pays ouvert et cosmopolite», jouissant «d'une longue tradition de tolérance et d'ouverture à la diversité culturelle qui se traduit aujourd'hui par une stabilité sociale et un sentiment de sécurité pour les habitants». Dans les faits, la pittoresque cité d’Abou Dhabi compte actuellement plus d'un million d'habitants, dont 80 % d'expatriés. Et c’est sur ce point en particulier que le bât blesse : le respect des droits de l'Homme aux Émirats arabes unis. Les migrants, et en partie les travailleurs pauvres du sous continent indien, constitue une majorité (environ 80%) de la population émirati, et constitue quelque 90% de sa force de travail. La citoyenneté de ces travailleurs est soumise à des restrictions dans leurs droits de travailleur et leurs condi- tions de (sur)vie sur les chantiers de la ville champignon sont rarement mis en avant dans les brochures touristi- ques des Émirats. D’après le rapport annuel 2006 de reporter sans frontière, « le contenu éditorial et politique des journaux [dans l’Émirat] demeure très contrô- lé », de plus « la liste des thèmes autorisés dans la presse a été mentionnée dans une loi de 1988. En application de ce texte, les journalis- tes s’autocensurent dès qu’il s’agit de politique intérieure, de la vie des familles régnantes dans l’Émirat, de religion ou des relations avec les pays voisins. La presse étrangère est censurée avant sa distribution.», enfin, quand au syndicalisme, il est interdit par la loi. Mieux, le site Internet du Ministère des Affaires Étrangères donne quelques éclaircissements sur la « longue tradition de tolérance » des Émirats : passons les condamnations à mort, châtiments judiciaires et autres peines de flagellation, notons seulement ce petit trait d’exotisme qui fait de l’homosexualité un délit qui peut être passible de la peine de mort. Concernant le campus d’Abou Dhabi, les futurs heureux étudiants devrons s’acquitter des modestes frais de scolarité pour un semestre aux Émirats s’élevant à 6315 euros (soit cent fois plus qu’en France), pas mal pour une université des humanités. Alors que les élus de l’AGEPS-UNEF avaient dés le début dénoncé que sous prétexte du prestige internatio- nal de l’université, ce projet risquait de prostituer la Sorbonne en tant que label, les conditions d’ouverture du « campus » n’ont pas démenties nos inquiétudes, bien au contraire. Johann LUCAS Repoussées du fait de la contestation étudiante, les élections d'UFR du cru 2006 possèdent une forte émotion. Un état des lieux et un retour sur images sont à faire. De nombreux étudiants ont fait le reproche du peu de choix dans les listes électorales. c'est vrai. Seules l'AGEPS-UNEF et DIES se sont proposées pour ces élections. Pourquoi cet état de fait? Parce que les élections d' UFR n'apportent aucune subventions aux syndicats, et que leur campagne coûte chère en tracts et en énergie. Le calcul de nombreux syndicats se fait vite, autant attendre les centraux pour renflouer les caisses. L' AGEPS-UNEF refuse cette logique mercan- tile pour mieux défendre les droits des étudiants. Parce que ces élections mettent les élus directement sous la pression de l'administration; et doivent rendre des comptes à son électorat. L'AGEPS-UNEF accepte ce risque politique, car notre engagement de syndica- listes ne se limite pas aux bonnes paroles. Parce que les étudiants-électeurs ne croient plus au rôle des élus étudiants et se désintéressent des élections, ce qui explique la très faible participation des votants. Les syndicats étudiants existent grâce aux étudiants. Moins les étudiants porteront d'atten- tion à notre combat, moins il y aura de choix aux élections suivantes. L'AGEPS-UNEF a conscience de cette crise d'identité politique et ne démobilise pas. Ces élections se sont déroulées avec de nombreuses difficultés. Difficultés techniques tout d'abord. Les reports successifs des élections obligeaient à chaque fois la reconstitution des listes officielles, avec tous les tracas administratifs que cela engendre. De plus le local de l'UNEF en Sorbonne, mastiqué par des gens bien intentionnés, fut inaccessible pendant toute la durée de la fermeture de l 'établissement. L'AGEPS-UNEF se fait fort de présenter des candidats qui siégeront aux conseils, ce qui n'est pas le cas de tous. Ce principe auquel nous attachons beaucoup d'importance nous a obligé à ne pas pouvoir présenter des listes dans certaines UFR. Nous nous excusons de ce déficit à tous les électeurs qui se sont retrouvés avec une liste unique lors du vote. Les difficultés de campagne nous ont obligé à redou- bler d'énergie. La décision du rectorat d'interdire la distribution de tracts (sauf pendant la journée du vote tout de même) à l'intérieur de l'établissement, nous a soumis à des conditions plus contraignantes de diffusion et de discussion avec les étudiants. La qualité du débat électoral est à apprécier à sa juste valeur. Le point d'achoppement des arguments de nos adversaires concernait , en exclusivité, le blocage de la fac. Le tout mélangé en un mælström politique concernant les derniers évènements, et en exploitant ses peurs. L'AGEPS-UNEF refuse l'utilisation de ce procédé de persuasion. En tant que syndicat nous faisons la différence entre les situations auxquel- les nous sommes confrontées. Dans le cas d'un mouvement social et étudiants, nous informons, accompagnons, aidons à l'enrichissement du débat, et assumons les responsabilités qui nous incombent. Quand une élection suscite campagne, nous produi- sons un programme, des axes de réflexions. Nous n'avons pas la complaisance de mélanger les genres , les situations pour en tirer une émotion électoraliste. Durant ces campagne notre forte présence, notre écoute, nos distribution de tracts permanente ne peuvent que mettre en exergue notre volonté de défendre les droits des étudiants, tout en émettant des propositions. Car, en tant qu'acteur dans les institutions de la fac, nous ne nous cantonnons pas à être "contre" ou " anti". Interlocuteur et médiateur entre étudiants et administration nous faisons notre possible pour ne pas bloquer les conseils par des conflits sans retour. Cependant cela ne nous empêche de dire haut et fort les principes auxquels nous sommes attachés. En ne cédant pas à la facilité, en refusant la compro- mission, en ayant l'ambition de défendre tous les étudiants et pas seulement une clientèle, l'AGEPS- UNEF est sortie gagnante de ces élections d'UFR. Forts d'une présence dans de nombreux conseils, nous tiendrons les engagements affirmés tout au long de cette campagne. Thibaud GOUIN Par ces élus, l’AGEPS-UNEF s’est battue pour que les examens aient bien lieu, malgré l’avais du prési- dent. Toutefois, la situation est loin d’être parfaite. La décentralisation des examens vers les UFR (au lieu du service des examens) crée de nombreux cafouillages et de très nombreuses difficultés pour le service du planning (chargé de la répartition des salles). Qui dit difficultés pour le tenue des examens dit droits des étudiants encore plus précaires que d’habi- tude. Nous avons obtenu que l’anonymat des copies soit respecté lors de toutes les épreuves (et il doit l’être, consultez-nous si ce n’est pas le cas) mais nous n’avons pas obtenu, malheureusement, que les sujets soient les mêmes pour tous les étudiants d’un même EC. Rappelons tout de même les droits établis nationalement qui devront être respectés, bien que la situation soit atypique. La consultation des copies est un droit: n’hésitez pas à nous consulter si des difficultés vous sont faites pour exercer ce droit. La session d’examens de rattrapage se tiendra, dans des conditions normales. Avec la ré- forme LMD, toutes les épreuves bénéficieront de cette session. Bien-sûr, nous souhaitons imposer d’autres avancées (envoie des convocations par la poste, double correction, semaine de révision…) et nous aurons besoin de votre aide pour cela. Xavier HENRY La phrase du mois Elle fut prononcée par Jean-Robert Pitte, président de l’université Paris IV, sur RTL, le 1er juin 2006, « Moi je suis fonctionnaire mais je serais obligé de rentrer dans la vie active dans une entreprise que j'en serais ravi ». Nous sommes heureux de voir que notre président, qui fustige les fonctionnaires à longueur de tribunes depuis des semaines, se souvienne enfin de son statut. Cela dit, si le monde de l’entreprise lui tend les bras, nous ne le retenons pas: nous ne lui tendons plus les nôtres. RESULTAT DES ELECTIONS D’UFR Le bulletin sans concession de l’AGEPS-UNEF, première organisation étudiante de l’Université Paris IV, juin/juillet 2006, numéro 7 01 40 46 32 27 http://ageps-unef.blogspot.com [email protected] EXAMENS: RETOUR SUR NOS DROITS DURANT CETTE PERIODE ÉLECTIONS : LE SYNDICAT DIES A ENCORE PERDU On n’a pas arrêté de mentir sur l’AGEPS-UNEF: on aurait dû gagner! On aurait peut-être dû défendre les droits des étudiants...

Le Sorbonnard Déchaîné n°7 (juin/juill 2006)

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APRÈS LA MOBILSATION, LA VIE ÉTUDIANTE CONTINUE

PENDANT OU APRES LA MOBILISATION

LE combat pour les droits etudiants continue Éditorial Pour une poignée de pétrodollars L’année s’achève, une année universitaire marquée pour Paris IV par l’occupation de la Sorbonne, par les blocus et les AG et par le mouve-ment anti-CPE en général, une fin d’année morose pour les étudiants qui voient leurs examens de fin d’année perdrent rien moins que leur anonymat. Heureusement que cette fin d’année voit naître une très bonne nouvelle pour le prestige de notre université, puisque celle-ci ouvre dés septembre prochain le «campus » Paris Sor-bonne Abou Dhabi. Le site Internet de Paris IV nous dresse donc une carte postale, mieux qu’un club Med, «Les Émirats Arabes Unis sont une nation moderne et progressiste dans le Golfe», « un pays ouvert et cosmopolite», jouissant «d'une longue tradition de tolérance et d'ouverture à la diversité culturelle qui se traduit aujourd'hui par une stabilité sociale et un sentiment de sécurité pour les habitants». Dans les faits, la pittoresque cité d’Abou Dhabi compte actuellement plus d'un million d'habitants, dont 80 % d'expatriés. Et c’est sur ce point en particulier que le bât blesse : le respect des droits de l'Homme aux Émirats arabes unis. Les migrants, et en partie les travailleurs pauvres du sous continent indien, constitue une majorité (environ 80%) de la population émirati, et constitue quelque 90% de sa force de travail. La citoyenneté de ces travailleurs est soumise à des restrictions dans leurs droits de travailleur et leurs condi-tions de (sur)vie sur les chantiers de la ville champignon sont rarement mis en avant dans les brochures touristi-ques des Émirats. D’après le rapport annuel 2006 de reporter sans frontière, « le contenu éditorial et politique des journaux [dans l’Émirat] demeure très contrô-lé », de plus « la liste des thèmes autorisés dans la presse a été mentionnée dans une loi de 1988. En application de ce texte, les journalis-tes s’autocensurent dès qu’il s’agit de politique intérieure, de la vie des familles régnantes dans l’Émirat, de religion ou des relations avec les pays voisins. La presse étrangère est censurée avant sa distribution.», enfin, quand au syndicalisme, il est interdit par la loi. Mieux, le site Internet du Ministère des Affaires Étrangères donne quelques éclaircissements sur la « longue tradition de tolérance » des Émirats : passons les condamnations à mort, châtiments judiciaires et autres peines de flagellation, notons seulement ce petit trait d’exotisme qui fait de l’homosexualité un délit qui peut être passible de la peine de mort. Concernant le campus d’Abou Dhabi, les futurs heureux étudiants devrons s’acquitter des modestes frais de scolarité pour un semestre aux Émirats s’élevant à 6315 euros (soit cent fois plus qu’en France), pas mal pour une université des humanités. Alors que les élus de l’AGEPS-UNEF avaient dés le début dénoncé que sous prétexte du prestige internatio-nal de l’université, ce projet risquait de prostituer la Sorbonne en tant que label, les conditions d’ouverture du « campus » n’ont pas démenties nos inquiétudes, bien au contraire.

Johann LUCAS

Repoussées du fait de la contestation étudiante, les élections d'UFR du cru 2006 possèdent une forte émotion. Un état des lieux et un retour sur images sont à faire. De nombreux étudiants ont fait le reproche du peu de choix dans les listes électorales. c'est vrai. Seules l'AGEPS-UNEF et DIES se sont proposées pour ces élections. Pourquoi cet état de fait? Parce que les élections d' UFR n'apportent aucune subventions aux syndicats, et que leur campagne coûte chère en tracts et en énergie. Le calcul de nombreux syndicats se fait vite, autant attendre les centraux pour renflouer les caisses. L' AGEPS-UNEF refuse cette logique mercan-

tile pour mieux défendre les droits des étudiants. Parce que ces élections mettent les élus directement sous la pression de l'administration; et doivent rendre des comptes à son électorat. L'AGEPS-UNEF accepte ce risque politique, car notre engagement de syndica-listes ne se limite pas aux bonnes paroles. Parce que les étudiants-électeurs ne croient plus au rôle des élus étudiants et se désintéressent des élections, ce qui explique la très faible participation des votants. Les syndicats étudiants existent grâce aux étudiants. Moins les étudiants porteront d'atten-tion à notre combat, moins il y aura de choix aux élections suivantes. L'AGEPS-UNEF a conscience de

cette crise d'identité politique et ne démobilise pas. Ces élections se sont déroulées avec de nombreuses difficultés. Difficultés techniques tout d'abord. Les reports successifs des élections obligeaient à chaque fois la reconstitution des listes officielles, avec tous les tracas administratifs que cela engendre. De plus le local de l'UNEF en Sorbonne, mastiqué par des gens bien intentionnés, fut inaccessible pendant toute la durée de la fermeture de l 'établissement. L'AGEPS-UNEF se fait fort de présenter des candidats qui siégeront aux conseils, ce qui n'est pas le cas de tous. Ce principe auquel nous attachons beaucoup d'importance nous a obligé à ne pas pouvoir présenter des listes dans certaines UFR. Nous nous excusons de ce déficit à tous les électeurs qui se sont retrouvés avec une liste unique lors du vote. Les difficultés de campagne nous ont obligé à redou-bler d'énergie. La décision du rectorat d'interdire la distribution de tracts (sauf pendant la journée du vote tout de même) à l'intérieur de l'établissement, nous a soumis à des conditions plus contraignantes de diffusion et de discussion avec les étudiants. La qualité du débat électoral est à apprécier à sa juste valeur. Le point d'achoppement des arguments de nos adversaires concernait , en exclusivité, le blocage de la fac. Le tout mélangé en un mælström politique concernant les derniers évènements, et en exploitant ses peurs. L'AGEPS-UNEF refuse l'utilisation de ce procédé de persuasion. En tant que syndicat nous faisons la différence entre les situations auxquel-les nous sommes confrontées. Dans le cas d'un mouvement social et étudiants, nous informons, accompagnons, aidons à l'enrichissement du débat, et assumons les responsabilités qui nous incombent. Quand une élection suscite campagne, nous produi-sons un programme, des axes de réflexions. Nous n'avons pas la complaisance de mélanger les genres , les situations pour en tirer une émotion électoraliste. Durant ces campagne notre forte présence, notre écoute, nos distribution de tracts permanente ne peuvent que mettre en exergue notre volonté de défendre les droits des étudiants, tout en émettant des propositions. Car, en tant qu'acteur dans les institutions de la fac, nous ne nous cantonnons pas à être "contre" ou " anti". Interlocuteur et médiateur entre étudiants et administration nous faisons notre possible pour ne pas bloquer les conseils par des conflits sans retour. Cependant cela ne nous empêche de dire haut et fort les principes auxquels nous sommes attachés. En ne cédant pas à la facilité, en refusant la compro-mission, en ayant l'ambition de défendre tous les étudiants et pas seulement une clientèle, l'AGEPS-UNEF est sortie gagnante de ces élections d'UFR. Forts d'une présence dans de nombreux conseils, nous tiendrons les engagements affirmés tout au long de cette campagne.

Thibaud GOUIN

Par ces élus, l’AGEPS-UNEF s’est battue pour que les examens aient bien lieu, malgré l’avais du prési-dent. Toutefois, la situation est loin d’être parfaite. La décentralisation des examens vers les UFR (au lieu du service des examens) crée de nombreux cafouillages et de très nombreuses difficultés pour le service du planning (chargé de la répartition des salles). Qui dit difficultés pour le tenue des examens dit droits des étudiants encore plus précaires que d’habi-tude. Nous avons obtenu que

l’anonymat des copies soit respecté lors de toutes les épreuves (et il doit l’être, consultez-nous si ce n’est pas le cas) mais nous n’avons pas obtenu, malheureusement, que les sujets soient les mêmes pour tous les étudiants d’un même EC. Rappelons tout de même les droits établis nationalement qui devront être respectés, bien que la situation soit atypique. La consultation des copies est un droit: n’hésitez pas à nous consulter si des difficultés vous sont faites pour exercer ce droit. La session d’examens de

rattrapage se tiendra, dans des conditions normales. Avec la ré-forme LMD, toutes les épreuves bénéficieront de cette session. Bien-sûr, nous souhaitons imposer

d’autres avancées (envoie des convocations par la poste, double correction, semaine de révision…) et nous aurons besoin de votre aide pour cela. Xavier HENRY

La phrase du mois Elle fut prononcée par Jean-Robert Pitte, président de l’université Paris IV, sur RTL, le 1er juin 2006, « Moi je suis fonctionnaire mais je serais obligé de rentrer dans la vie active dans une entreprise que j'en serais ravi ». Nous sommes heureux de voir que notre président, qui fustige les fonctionnaires à longueur de tribunes depuis des semaines, se souvienne enfin de son statut. Cela dit, si le monde de l’entreprise lui tend les bras, nous ne le retenons pas: nous ne lui tendons plus les nôtres.

RESULTAT DES ELECTIONS D’UFR

Le bulletin sans concession de l’AGEPS-UNEF, première organisation étudiante de l’Université Paris IV, juin/juillet 2006, numéro 7

01 40 46 32 27 http://ageps-unef.blogspot.com

[email protected]

EXAMENS: RETOUR SUR NOS DROITS DURANT CETTE PERIODE

ÉLECTIONS : LE SYNDICAT DIES A ENCORE PERDU

On n’a pas arrêté de mentir sur l’AGEPS-UNEF: on aurait dû gagner! On aurait peut-être dû

défendre les droits des étudiants...

Page 2: Le Sorbonnard Déchaîné n°7 (juin/juill 2006)

e Président de notre université, Jean-Robert Pitte, vient de sortir chez Fayard un très court livre sur le mouvement contre le CPE et l ’enseignement supérieur. Malheureusement, le contenu contredit l’autocritique du titre « Jeunes, on vous ment ». Assurément, si vous avez douze euros à dépenser, nous vous engageons à le faire autrement qu’en achetant ces quelques pages.

epuis la fin du mouvement contre le CPE, le rectorat de la Sorbonne maintient une série de mesures exceptionnel-les qui relevaient d'une situa-tion qui ne l'était pas moins. Le problème c'est que depuis quelques semaines le calme est revenu et ces mesures sont toujours présentes. Interdiction de distribuer des tracts dans l'enceinte de l'établissement, évacuation des étudiants des bâtiments dès 21heures. Installer une chaise dans la cour devient même un acte de destruction du patrimoine: car cela "raye " les pavés de la cour d'honneur. A l'instar des aéro-ports ou des gares la fac devient un simple lieu de passage. La tentation du sécuritaire règle la vie de l'université. sans vie politique , sans réflexion d'actualité: l'ordre règne à la Sorbonne. Pendant ce temps là les fres-ques des étudiants de la galerie Gerson, en plein monôme et terrorisant les parisiens de leur joie, nous narguent. François Villon et Talleyrand doivent avoir honte de sorbonnards aussi disciplinés.

ors du conseil d’administration du 12 mai 2006, Jean-Robert Pitte a prouvé, s’il en était besoin, son ouverture envers les élus étudiants. Après avoir l’année dernière exclu du CA Sarah Koné, élue AGEPS-UNEF, il a ce jour là exclu du CA Xavier HENRY, vice-président étudiant de l’universi-té. Sa manière à lui de célébrer un anniversaire sans doute.

onseil d’adminstration du 12 mai, toujours, où nous avons pu voir que Jean-Robert Pitte est plus préoccupé de faire respecter les statuts que de les respecter lui-même. Ajout d’un point à l’ordre du jour après le début du conseil, vote sur ce point (qui engage durablement l’université) alors que le code de l’éduction imposait une discussion préala-ble au Conseil des Études et de la Vie Universitaire avant le débat en CA. Il devient urgent d’offrir à notre président « L’université pour les nuls » afin qu’il comprenne enfin comment doit fonctionner l’établissement qu’il dirige.

es frais d’inscriptions dont doivent s’acquitter les étudiants inscrits en Diplômes d’Université (DU) sont malheu-reusement, malgré nos efforts, les mêmes que l’année der-nière: le double des frais d’inscriptions normaux. Le président a avoué que cette décision n’avait pour but que de contribuer à remplir les caisses de l’université. La rémunération du directeur de cabinet du président n’a pas changé non plus. Sa prime est toujours à cinq chiffres.

retour sur un abus de pouvoir mener en TD se vit reconduire dehors quelques minutes plus tard, les vigiles ayant interrompu son cours pour venir le chercher. Le lendemain, ce même étudiant put rentrer (seulement l’après-midi), mais pas un autre : ce qui prouve que la liste noire était évolutive. Pis encore un autre jour : par telle porte c’était possible, mais par telle autre non, alors que pour certains l’accès était toujours totalement interdit. Allez compren-dre… Le cabinet du recteur, malgré les dénégations de certains vigiles et le silence gêné des autres, finit par avouer qu’une « liste noire » d’une vingtaine d’étudiants jugés dangereux avait bel et bien été constituée par le rectorat de Paris, responsable d’une grande partie des locaux de l’Université et du service de sécurité. Cette fois, on fut étonné par la bêtise de cette mesure d’un autre temps, mais pas par le responsable. De fait, le recteur Maurice Quenet n’en était pas à sa première bourde depuis le début du mouvement: la ferme-ture de notre université - cause des tristes évène-ments qui suivirent - n’étant pas des moindres. Ces étudiants étaient donc indésirables en Sor-bonne ou seulement surveillés plus que d’autres selon les cas (allez savoir sur quels critères, encore une fois). Ils étaient coupables d’avoir participé au mouvement anti-CPE et d’avoir été vus plus que d’autres par les concepteurs de la

« liste noire ». Le caractère discriminatoire et arbitraire de la mesure nous paraissait gravissime dans le cadre d'une université. Voilà donc ce qu’on récolte en défendant ses droits en Sor-bonne : l’interdiction d’étudier ! Peut-être le recteur pensait-il que cela passerait inaperçu…C’était peine perdue : aurait-il voulu que la mobilisation continue, il n’aurait guère trouvé mieux. Nombreux furent les étudiants à se mobiliser immédiatement autour de ce scandale, qui fut vite relayé par les associations de lutte contre la discrimination, les syndicats et divers médias (articles dans Libération, le Nouvel Obser-vateur, etc.). La mairie de Paris, en la personne de son adjointe aux universités, Danièle Pour-taud, condamna de telles pratiques et appela les présidents des universités Paris I, Paris IV et Paris V à faire de même. Ce fut encore l'occasion pour la présidence de notre université de s'illustrer: après un rassemblement d'une centaine d'étu-diants le 10 mai, l'un d'eux pu obtenir un entre-tien avec le directeur de cabinet de J-R. Pitte, M. Ollivier, bien connu des étudiants pour sa rému-nération. Ce fut un vrai dialogue de sourds! La présidence n'était pas au courant d'une telle liste, et a expliqué ne pas pouvoir se prononcer car aucun étudiant de Paris IV n'était bloqué en dehors de la faculté. Sûrement ne fallait-il pas en attendre plus... Cette liste existe toujours aujourd'hui, et interdit encore l’accès de l’université à deux étudiants. Il y a quelques semaines, certains de ceux qui étaient directement visés ont intenté un procès à M. Quenet. Ils attendent encore à l’heure où j’écris ces lignes la décision du procureur de la République. Ils devraient être défendus par l’avocate Dominique Tricaud, engagée par SOS Racisme. On admirera en tout cas dans cette affaire l’habi-leté du rectorat, qui, ayant opté pour une attitude sécuritaire, nous montre le prix de l’engagement politique…La prochaine fois qu'il s'agira de défen-dre notre droit à l'avenir, nous saurons au moins ce qui nous attend!

Maxime LONLAS

vous voulez défendre les droits des étudiants ? Ce sont vos opinions que vous défendez, pas celles des autres ». A ceux-la, voilà ma réponse. J’admets que peu sont les étudiants syndiqués. Beaucoup n’y voient pas d’intérêt, prétextant soit que nous ne sommes pas des travailleurs salariés (et donc que nous n’avons pas à nous syndiquer), soit qu’il s’agit d’une récupération politique. Ces arguments sont eux-mêmes le résultat d’une récupération politi-que ! Nous sommes (à quelques exceptions près) tous adultes, et nous sommes tous capables d’écouter notre esprit critique. Si l’on ne veut pas que le syndica-lisme devienne une sous-section des partis (même si certains syndiqués sont adhérents d’un parti), le nombre des membres est une condition importante contre cette perte d’indépendance du syndicat (idéelle et financière) vis-à-vis de ceux-ci. Sur la question de la représentation et la défense des opinions, il est certain que nous ne défendons que des opinions communes. Voyons maintenant les avantages d’un point de vue individuel. Le fait d’être une organisation collec-tive permet d’obtenir un maximum d’informations, autant sur le fonctionnement de l’université que sur les décisions prises par les différents conseils. Cela permet aussi de faire parvenir la voix des étudiants aux plus hautes sphères de la direction. Le syndiqué prend alors une place dans le fonction-nement de cet organe de pression et de revendication. Mais c’est peut être l’idée de responsabilité au sein du groupe qui effraie certains. Il est vrai qu’il s’agit d’une certaine charge accordée, une certaine pression mise sur les

épaules du syndiqué. D’autres craignent un abus de pouvoir de la part de certains responsables syndicaux. Tous ces inconvénients et risques sont possibles et peu-vent exister, mais seul un nombre important d’adhérents au sein du syndicat peut limiter drastique-ment ces risques. Mais le syndicat est aussi un soutien collectif fort, moral et logistique. La prise d’initiative individuelle, si elle est perçue comme bénéfique au sein du groupe, sera encouragée, suivie et soutenue. Le groupe donnera les moyens nécessaires à cet engage-ment, produira les tracts, organi-sera des tables de dialogues, incitera les autres syndicats, organisations ou indépendants à se rallier à lui, afin qu’un rapport de force logistique efficace soit mis en place. Ce soutien est nécessaire en cas de coup dur envers l’un des membres du syndicat, comme un conseil de discipline, un renvoi, l’interdiction de l’accès à l’université, une comparution. Encore une fois, par son nombre, le syndicat va servir de moyen de pression sur les décisions décisives qui seront prises par les institutions. Je suis tout à fait conscient que beaucoup penseront que mes arguments sont connus, que je ne fais que radoter. En ce qui concerne les moyens de pression et de soutien, il y a les amis, la famille, on peut créer une coordi-nation ou un collectif. Seulement, les inconvénients sont les mêmes que pour les syndicats, à savoir la récupération politique et le radica-lisme face au raisonnement pragmatique. Et puis, un syndicat permet une meilleure communica-tion sur une échelle nationale, la

Mes raisons de me syndiquer Par Simon Vacheron, nouvellement elu a l’UFR d’Histoire

Beaucoup de personnes ont été surprises lorsque j’ai annoncé mon adhésion à l’AGEPS-UNEF. Je sais que, pour certains, au-delà de toute opinion d’appréciation de cette organisation syndicale et de ses dirigeants, se syndiquer peut passer pour une perte d’indépen-dance idéologique, un affichage flagrant de ses opinions et de ses idées. Bien que je reconnaisse que ces arguments ne sont pas totale-ment faux, il faut souligner cepen-dant que la syndicalisation a quelques avantages non négligea-bles. C’est, selon un point de vue collectif, une organisation qui rassemble des opinions commu-nes. On pourra dire ce que l’on veut, l’UNEF était là pour contes-ter la loi dite pour l’égalité des chances, ce qui a permis de rassembler les opposants au texte, en plus bien sûr du propre esprit critique de chacun. Cela a donc permis d'amorcer le mouve-ment qui a pu continuer son petit bonhomme de chemin, en faisant un effet boule de neige et faisant grossir les rangs des protestatai-res. La base de la structure du syndi-cat, ce sont les membres, les adhérents. C’est une organisation collective qui ne peut fonctionner sans eux. L’organisation du syndi-cat est déterminée par eux, et, plus ils sont nombreux, plus la représentativité est grande, plus l’organisme prend du poids dans les négociations, plus la pression est importante sur les épaules des dirigeants. Or, nombreux sont ceux qui, dans leur critique, soulignent la faible représentativité des syndicats. « Vous ne représentez que 1% des étudiants » est-il dit, « Comment pouvez-vous dire que

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Première organisation étudiante de Paris IV, l’AGEPS-UNEF dispose de nombreux élus dans les différents conseils d’UFR et de 10 élus dans les conseils centraux de Paris IV. En tant qu’étudiants, nous travaillons chaque jour à ce que notre voix à tous soit prise en compte dans la gestion de la fac. Rejoignez-nous! Nos locaux: SORBONNE: salle E660bis, cour Cujas, à côté du service des bourses MALESHERBES: salle 113, premier étage CLIGNANCOURT: salle 305, RDC, à gauche en sortant des amphis

« Liste noire »… Ces deux mots, évocateurs s’il en est, on trouvé leur place en Sorbonne ces derniè-res semaines et semblent malheureusement toujours d’actualité. Vous vous doutez bien qu’entre les murs de notre belle université, ils ne concernent pas les compagnies d’aviation dange-reuses, mais des étudiants comme vous et moi, qui ont eu la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. En effet, le mercredi 26 avril, quelques étudiants se sont vu refuser l’entrée à l’Université. Les portes étaient gardées non seulement par les traditionnels vigiles, mais aussi par des salariés de chez Centaure venus en renfort ainsi que par les inévitables CRS, continuant inlassablement à camper devant ce temple de la connaissance qu’est la Sorbonne. En substance : « Vous, vous ne rentrez pas. Ceux qui viennent foutre le bordel, ils restent devant la porte ! ». Le temps de l’étonnement passé devant pareille mascarade, plusieurs questions se sont alors posées : Qui est à l’origine de cette provocation ? Pourquoi tel étudiant et pas tel autre ? Sur quels critères ont-ils été refusés? Pour quelle raison n'ont ils pas été personnellement informés de la mesure disciplinaire qui les visait? Les scènes qui suivirent furent tout aussi scandaleuses et révol-tantes. Un étudiant que sa présidente d’UFR était venue chercher Place de la Sorbonne pour l’em-

possibilité d’établir des permanen-ces dans toutes les facultés et entre elles. Mais je sais que un grand nombre de non syndiqués hésitent à franchir le pas à cause de l’argu-ment que j’ai exclu dès le départ. Si l’on veut une évolution de la structure et de la direction des revendications, deux moyens sont possibles : soit adhérer et insuffler des idées nouvelles au sein du syndicat, soit créer le sien propre. J'ai pris ma décision.