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Ann Pathol 2005 ; 25 : 309-17 © Masson, Paris, 2005 309 Mise au point Accepté pour publication le 17 mai 2005 Tirés à part : P. Hofman, voir adresse en début d’article. e-mail : [email protected] Le syndrome lipodystrophique associé aux traitements antirétroviraux : aspects anatomo-cliniques Sandra Lassalle (1) , Pascale Cervera (2) , Véronique Hofman (1) , Mireille Mari (1) , Pierre Dellamonica (3) , Paul Hofman (1) (1) Laboratoire de Pathologie Clinique et Expérimentale, Hôpital Pasteur, 30 avenue de la voie romaine, BP 69, 06002 Nice Cedex 02. (2) Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital Saint-Antoine, 75571 Paris Cedex 12. (3) Service des Maladies Infectieuses et Tropicales, Hôpital de l’Archet, Nice. Lassalle S, Cervera P, Hofman V, Mari M, Dellamonica P, Hofman P. Le syndrome lipodystrophique as- socié aux traitements antirétrovaux : aspects anatomo-cliniques. Ann Pathol 2005 ; 25 : 309-17. Summary Antiretroviral treatments-related lipodystrophy syndrome: clinico-pathological findings Effective therapies are available that can stop or slow down the progression of HIV infection. Highly active antiretroviral therapy (HAART) is a combi- nation of antiretroviral drugs such as viral protease inhibitors or nucleoside-analogue reverse-transcriptase inhibitors. Among the side effects due to these drugs, lipodystrophy is a pathology characterized by fat wasting in face and limbs, accumulation of visceral fat, breast adiposity, cervical fat-pads, hyperlipi- demia (hypertriglyceridemia and hypercholeste- rolemia), insulin resistance, and lactic acidemia. The main clinical features include peripheral fat loss (pre- sumed lipoatrophy in the face, limbs, and buttocks) and central fat accumulation (within the abdomen, breasts, and over the dorsocervical spine, so-called “buffalo hump”). Histopathological features disclose a peculiar type of involutional lipodystrophy. Skin biopsies generally show thinning of the subcutaneous fat, associated with fibrosis, lipogranuloma and sometimes vessel proliferation. There is still an open debate concerning the precise responsibility of HAART as well as the metabolic pathways and mechanisms that are involved in the onset of lipodys- trophy. There is no proven therapy for any compo- nent of lipodystrophy syndrome. Key words: antiretroviral therapy, mitochondria, AIDS, HIV, adipose tissue. Résumé Des thérapeutiques efficaces peuvent actuelle- ment stopper ou du moins ralentir la progression de l’infection par le VIH. Ainsi, la thérapie anti- rétrovirale dite « hautement active », ou « Highly Active Antiretroviral Therapy » (HAART) des anglosaxons, est une association d’antirétrovi- raux, en particulier d’inhibiteurs des protéases virales et d’inhibiteurs nucléosidiques de la reverse transcriptase virale. Parmi les différents effets secondaires liés à ces thérapeutiques, le syndrome lipodystrophique est caractérisé par une « fonte » du tissu graisseux localisé au niveau facial et au niveau des membres, une accumula- tion de la graisse au niveau viscéral et au niveau cervical, une adiposité mammaire, une hyperlipi- démie (hypertriglycéridémie et hypercholestéro- lémie), une résistance à l’insuline, et une acidose lactique. Ainsi, les principaux signes cliniques observés associent, une perte du tissu adipeux au niveau périphérique (lipoatrophie de la face, des membres, et des fesses) et une accumulation de graisse au niveau cervico-dorsal, appelée « bosse de bison ». Les aspects histopathologiques révé- lent des images particulières de dystrophie grais- seuse : les biopsies cutanées montrent un amincissement de la graisse sous cutanée asso- ciant, une fibrose, des lipogranulomes et parfois une néovascularisation capillaire. La physiopa- thologie exacte de ce syndrome est toujours actuellement discutée, ainsi que les divers ano- malies métaboliques qui y sont associées. Il n’existe pas actuellement de thérapeutique médi- cale réellement efficace permettant de guérir défi- nitivement le syndrome lipodystrophique observé chez les patients VIH positifs. Mots-clés : thérapeutique, antirétroviraux, mitochondrie, SIDA, VIH, tissu adipeux.

Le syndrome lipodystrophique associé aux traitements antirétroviraux : aspects anatomo-cliniques

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Page 1: Le syndrome lipodystrophique associé aux traitements antirétroviraux : aspects anatomo-cliniques

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© M a s s o n , P a r i s , 2 0 0 5

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Mise au point

Accepté pour publication le 17 mai 2005

Tirés à part :

P. Hofman, voir adresse en début d’article. e-mail : [email protected]

Le syndrome lipodystrophique associé aux traitements antirétroviraux : aspects anatomo-cliniques

Sandra Lassalle

(1)

, Pascale Cervera

(2)

, Véronique Hofman

(1)

, Mireille Mari

(1)

, Pierre Dellamonica

(3)

, Paul Hofman

(1)

(1) Laboratoire de Pathologie Clinique et Expérimentale, Hôpital Pasteur, 30 avenue de la voie romaine, BP 69, 06002 Nice Cedex 02.

(2) Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital Saint-Antoine, 75571 Paris Cedex 12.

(3) Service des Maladies Infectieuses et Tropicales, Hôpital de l’Archet, Nice.

Lassalle S, Cervera P, Hofman V, Mari M, Dellamonica P, Hofman P.

Le syndrome lipodystrophique as-socié aux traitements antirétrovaux : aspects anatomo-cliniques.

Ann Pathol 2005 ; 25 : 309-17.

Summary

Antiretroviral treatments-related lipodystrophy syndrome: clinico-pathological findings

Effective therapies are available that can stop orslow down the progression of HIV infection. Highlyactive antiretroviral therapy (HAART) is a combi-nation of antiretroviral drugs such as viral proteaseinhibitors or nucleoside-analogue reverse-transcriptaseinhibitors. Among the side effects due to these drugs,lipodystrophy is a pathology characterized by fatwasting in face and limbs, accumulation of visceralfat, breast adiposity, cervical fat-pads, hyperlipi-demia (hypertriglyceridemia and hypercholeste-rolemia), insulin resistance, and lactic acidemia. The

main clinical features include peripheral fat loss (pre-sumed lipoatrophy in the face, limbs, and buttocks)and central fat accumulation (within the abdomen,breasts, and over the dorsocervical spine, so-called“buffalo hump”). Histopathological features disclosea peculiar type of involutional lipodystrophy. Skinbiopsies generally show thinning of the subcutaneousfat, associated with fibrosis, lipogranuloma andsometimes vessel proliferation. There is still an opendebate concerning the precise responsibility ofHAART as well as the metabolic pathways andmechanisms that are involved in the onset of lipodys-trophy. There is no proven therapy for any compo-nent of lipodystrophy syndrome.

Key words:

antiretroviral therapy, mitochondria, AIDS,HIV, adipose tissue.

Résumé

Des thérapeutiques efficaces peuvent actuelle-ment stopper ou du moins ralentir la progressionde l’infection par le VIH. Ainsi, la thérapie anti-rétrovirale dite « hautement active », ou « HighlyActive Antiretroviral Therapy » (HAART) desanglosaxons, est une association d’antirétrovi-raux, en particulier d’inhibiteurs des protéasesvirales et d’inhibiteurs nucléosidiques de lareverse transcriptase virale. Parmi les différentseffets secondaires liés à ces thérapeutiques, lesyndrome lipodystrophique est caractérisé parune « fonte » du tissu graisseux localisé au niveaufacial et au niveau des membres, une accumula-tion de la graisse au niveau viscéral et au niveaucervical, une adiposité mammaire, une hyperlipi-démie (hypertriglycéridémie et hypercholestéro-lémie), une résistance à l’insuline, et une acidoselactique. Ainsi, les principaux signes cliniques

observés associent, une perte du tissu adipeux auniveau périphérique (lipoatrophie de la face, desmembres, et des fesses) et une accumulation degraisse au niveau cervico-dorsal, appelée « bossede bison ». Les aspects histopathologiques révé-lent des images particulières de dystrophie grais-seuse : les biopsies cutanées montrent unamincissement de la graisse sous cutanée asso-ciant, une fibrose, des lipogranulomes et parfoisune néovascularisation capillaire. La physiopa-thologie exacte de ce syndrome est toujoursactuellement discutée, ainsi que les divers ano-malies métaboliques qui y sont associées. Iln’existe pas actuellement de thérapeutique médi-cale réellement efficace permettant de guérir défi-nitivement le syndrome lipodystrophique observéchez les patients VIH positifs.

Mots-clés :

thérapeutique, antirétroviraux, mitochondrie,SIDA, VIH, tissu adipeux.

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OUS

les pathologistes sont confrontés audiagnostic des lésions présentées par

les patients infectés par le virus de l’immu-nodéficience humaine (VIH), mais le nom-bre de prélévements réalisés chez cespatients et arrivant quotidiennement sur les« plateaux » des pathologistes européens aconsidérablement diminué depuis 1996,date à laquelle l’avénément de la trithérapieantirétrovirale a fait quasiment disparaîtrebon nombre de lésions habituellement dia-gnostiquées au cours du syndrome d’immu-nodéficience acquise. Toutefois, lesthérapeutiques antirétrovirales ont fait émer-ger des lésions tissulaires iatrogènes dontl’incidence va certainement croître dans lesprochaines années [1, 2]. Ainsi, ces diffé-rents traitements antirétrovaux peuvent avoircomme conséquences un tableau clinico-biologique rapporté initialement en 1998[3, 4], le syndrome lipodystrophique [3-11].La définition exacte de ce syndrome n’estpas parfaitement établie et sa physiopatho-logie est encore inconnue. Ces lipodystro-phies se manifestent cliniquement par uneperte localisée ou diffuse de la graisse sous-cutanée entraînant un morphotype parti-culier. Elles se caractérisent sur le plan bio-logique par des anomalies très complexesdu métabolisme lipidique et glucidique. Ellessont particulièrement dysgracieuses et inva-lidantes, et aucun des traitements médica-menteux actuellement proposés pour luttercontre ces lipodystrophies, ne permet defaire régresser les différentes anomalies méta-boliques associées [12]. En cas d’accumulationmassive de tissu adipeux, seul un traitementchirurgical (exérèse ou liposuccion) estproposé, bien que la graisse puisse à nou-

veau s’accumuler quelques mois aprèsl’ablation [13]. La pathogénie des lipodystro-phies induite par les thérapeutiques anti-rétrovirales soulève encore de nombreusesinconnues. Elle est certainement multifacto-rielle, impliquant un effet inhibiteur sur ladifférenciation adipocytaire, une altérationdes mitochondries, des modifications dumétabolisme de la leptine, de l’adiponectineet certaines cytokines produites au niveaudu tissu adipeux [14]. Nous décrivons briève-ment, les signes cliniques et biologiques dece syndrome, avant d’aborder les donnéeshistologiques et les principales hypothèsesphysiopathologiques des lipodystrophiesinduites par les thérapeutiques antirétro-virales.

Syndrome clinique

Les lipodystrophies des patients VIH positifsse caractérisent par trois phénotypes princi-paux, dont certaines caractéristiques peuvents’associer : une lipoatrophie, essentiellementpériphérique, une hypertrophie du tissuadipeux, et un syndrome dit mixte, avec unelipoatrophie périphérique et une hypertro-phie centrale du tissu adipeux [3, 5, 15-23].Ainsi, il peut exister une lipoatrophie péri-phérique, siègeant au niveau de la face, enparticulier dans les régions périorbitaires ettemporales, ou au niveau des membres etdes fesses et/ou une lipohypertrophie desiège central, présente au niveau de la taille,de la poitrine, et de la région thoraciquecervico-dorsale

(figures 1a et 1b)

. Certains

T

a b

FIG. 1. — Lipodystrophie des patients VIH positifs. a) « Bosse de bison » associé à une augmentation du tour de cou. b) Lipoatrophie des boules de Bichat.

FIG. 1. — Lipodystrophy in AIDS patients. a) “Buffalo hump”. b) Lipoatrophy of the face.

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Tissu adipeux et traitement antirétroviral

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patients présentent une réduction du tissuadipeux sous-cutané (en particulier au niveaudes fesses et des membres), associée à uneaccumulation des graisses au niveau abdo-minal et dorso-cervical. Cette surchargepeut se faire essentiellement au niveau dutronc avec la présence d’une « bosse debison » ou « buffalo hump » entre les épau-les (bosse identique à celle que l’on observedans le syndrome de Cushing), et une aug-mentation considérable du tour de cou etde la taille [4]

(figure 1a)

. Il peut exister éga-lement une gynécomastie et des lipomesmultiples. Un autre tableau clinique estcaractérisé par des lipoatrophies de siègepériphérique avec une perte focale ou dif-fuse du tissu adipeux de la face et/ou desmembres. Au niveau du visage, la disparitionprogressive des boules de Bichat est asso-ciée à des pommettes très saillantes, uncreusement des orbites et de la région pré-tragienne

(figure 1b)

. Au niveau des mem-bres, le réseaux veineux est anormalementvisible, et il existe une perte majeur duvolume fessier. Enfin, dans certains cas, ilpeut s’agir d’une accumulation isolée degraisses ou d’un syndrome mixte associantlipoatrophie et lipohypertrophie. Chez lesfemmes infectées par le VIH, le syndromelipodystrophique est de siège à la fois cen-tral et périphérique [24, 25]. La prévalencede ce syndrome lipodystrophique chez lespatients VIH positifs recevant une trithéra-pie anti-rétrovirale est très variable pouvantaller jusqu’à 80 % (de 18 % à 83 % selon lesétudes). En moyenne, ce syndrome apparaîtaprès 12 à 18 mois de traitement. Certainsfacteurs prédisposent à l’apparition dessignes cliniques : hormis une durée de trai-tement plus longue, le sexe masculin, l’âgeélevé, une concentration élevée de triglycé-rides après un an de traitement, et un faiblepoids corporel. Tous les traitements antiré-troviraux peuvent s’associer à une redistri-bution du tissu adipeux, mais ce syndromelipodystrophique est plus fréquemmentnoté chez les patients traités par la combi-naison d’un inhibiteur des protéases (IP) etd’un inhibiteur nucléosidique de la reversetranscriptase (INRT), par l’association dedeux IP, en particulier le ritonavir et le saqui-navir. Le rôle des INRT, notamment celui dela stavudine, est largement admis dans lasurvenue de la lipoatrophie périphérique.Parmi les différents INRT, la stavudine appa-raît ainsi le plus souvent incriminée. Ainsi,les conclusions de l’étude TARHEEL mon-trent bien que le remplacement de la stavu-dine par un autre anti-rétroviral, commel’abacavir ou la zidovudine, peut entraînerune régression de la lipoatrophie périphéri-

que [26]. Un syndrome lipodystrophique aété également décrit chez l’enfant VIH posi-tif traité par des antirétroviraux : les diffé-rentes formes cliniques décrites chezl’adulte existent mais sont moins sévèresavant la puberté [15, 27, 28]. Les facteurs derisque pour les maladies cardiovasculairessont élevés chez ces patients présentant unelipodystrophie et les accidents coronarienssemblent ainsi survenir plus précocémentdans cette population.

Syndrome biologique

Les patients VIH positifs, en dehors detout traitement, peuvent présenter unehypertriglycéridémie, et une diminutiondu cholestérol (cholestérol total, HDL etLDL-cholestérol) [29]. Il semble toutefoisque les anomalies du métabolisme lipidiqueet glucidique des patients VIH positifs soientsurtout liées au traitement, en particulier àl’administration d’IP [30]. La prévalence d’unehypertriglycéridémie atteint alors près de30 % [30]. Il existe aussi une hypercholesté-rolémie, et une augmentation des acidesgras libres. Ces anomalies lipidiques survien-nent souvent rapidement après l’initiationdu traitement et peuvent être totalementindépendantes du syndrome lipodystrophi-que clinique [31, 32]. Les taux de lipidesatteignent un plateau et restent ensuite sta-bles plusieurs semaines après le début ou lamodification du traitement. Tous les IP sontpotentiellement inducteurs d’une hyperlipi-démie. Cependant, les conséquences sur lemétabolisme lipidique sont variables selonl’IP utilisé. Ainsi, l’agenerase (Amprenavir*)entraîne peu de dyslipidémie, à l’inverse duritonavir (Norvir*) quasiment toujours res-ponsable de troubles lipidiques majeurs. Leritonavir peut faire augmenter respective-ment de 20 % et de 40 %, les taux detriglycérides et de cholestérol. Une desconséquences cliniques de ces hypertrigly-céridémies est la survenue possible d’unepancréatite aiguë. Il existe une insulino-résistance avec une intolérance au glucose(rapportée dans 20 % à 50 % des séries) etune augmentation de l’insulinémie [33]. Undiabète de type 2 est observé dans 8 % à10 % des cas [34]. Aucun facteur de risqueconduisant à l’apparition de ce diabète nepeut être actuellement clairement identifié.Ces anomalies sont surtout notées chez lespatients traités par des IP. Le mécanismeinduisant l’insulino-résistance n’est pas défini,mais il pourrait être secondaire à des ano-malies du métabolisme hormonal induites

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par les antirétroviraux [35]. En fait, aucunedifférence significative n’est observée dansla concentration sérique de testostérone,prolactine, cortisol, et complément, molécu-les toutes impliquées dans l’homéostasiedes adipocytes. Il peut également existerune augmentation du peptide C chez despatients traités par IP. Récemment, il a étédémontré une augmentation significative decertaines cytokines (TNF

α

, IL-6) dans le tissuadipeux et dans le sérum des patients traitéspar antirétroviraux et présentant une lipo-dystrophie [36]. Enfin, la concentration enleptine est basse compte tenu de la réduc-tion de la masse adipocytaire [36].

Aspects histologiques

et ultrastructuraux

Différents aspects histologiques sont obser-vés en microscopie optique et en microsco-pie électronique dans le tissu adipeux despatients VIH positifs traités par les antirétro-

viraux [36-45]

(figures 2 et 3)

. Les biopsiesréalisées montrent habituellement un amin-cissement du tissu adipeux sous-cutané [41,42]. Il existe une absence quasi-totale dutissu adipeux péri-annexiel dermique, rem-placé par une fibrose collagénique. Focale-ment, on note souvent la présence delipogranulomes et une augmentation dunombre de vaisseaux [38, 45]. Des territoiresde fibrose collagénique plus ou moins éten-dus sont associés à des adipocytes de taillevariée

(figures 2a à 2c)

. Ces adipocytes sontparfois de petite taille, et il peut exister delarges territoires de perte adipocytaire [45].Il peut exister après rupture membranairede nombreux adipocytes, des foyers grais-seux irréguliers et de grande taille

(figure 2d)

.Certaines zones ne laissent persister que detrès rares adipocytes « noyés » au sein de lafibrose

(figures 3a et 3b)

. Il existe parfois unesubstance interstitielle alcianophile, dépour-vue de collagène, située entre les cellulesadipeuses. Dans une étude réalisée dans desterritoires lipoatrophiques des membresinférieurs et des fesses, certains auteurs ontnoté également associé à ces adipocytes un

a b

c d

FIG. 2. — Lipodystrophie associée à un traitement combiné par antiprotéase et inhibiteur nucléotidique de la reverse transcriptase. Adipo-cytes de taille variée au sein de la fibrose (HES × 40). b) Amas d’adipocytes résiduels au sein d’un territoire fibreux (HES × 40). c) Fibrose associée à de grands adipocytes (HES × 200). d) Fusion d’adipocytes (flèche) dans les territoires fibreux (HES × 100).

FIG. 2. — Lipodystrophy associated with anti-protease and nucleoside reverse transcriptase inhibitor therapy. a) Adipocytes of various size among fibrosis (HES × 40). b) Adipocytes of various size among fibrosis (HES × 40). c) Fibrosis between large adipocytes (HE × 200). d) Fusion of adipocytes (arrow) in fibrous areas (HES × 100).

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Tissu adipeux et traitement antirétroviral

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infiltrat inflammatoire à prédominance decellules lymphocytaires, ainsi que des aspectscorrespondant à de la graisse brune [42].Des images d’apoptose peuvent être detec-tées par méthode TUNEL à la fois parmi lesadipocytes et dans les cellules endothéliales[38, 44]

(figures 3c et 3d)

.De rares études ultrastructurales ont étéréalisées chez des patients VIH positifs trai-tés par trithérapie anti-rétrovirale à partir deprélévements de tissu adipeux sous-cutané

[39, 41, 44, 45]. Certains aspects alors notésà partir de biopsies effectuées au niveaud’une « bosse de bison » étaient en faveurd’une graisse brune : multivacuolisation lipi-dique intracytoplasmique des adipocytes,nombreuses crêtes mitochondriales sur lalargeur de la mitochondrie [45]. L’étudeultrastructurale de ces adipocytes montredes ruptures au niveau des membranes cyto-plasmiques. Ces adipocytes sont souventvolumineux

(figure 3e)

, à contour très irré-

a b

c d

e f

FIG. 3. — Lipodystrophie associée à un traitement combiné par anti-protéase et inhibiteur nucléosidique de la reverse transcriptase. a) Lar-ges territoires de fibrose associés à des adipocytes résiduels de petite taille (flèche) (HES × 100). b) Adipocytes de grande taille (flèche) au sein d’une fibrose dense (HES × 100). c et d) Cellules apoptotiques detectées par la méthode TUNEL dans un tissu adipeux normal (c) ou dans un tissu adipeux chez un patient traité par une trithérapie anti-rétrovirale (d). e) Volumineux adipocyte (microscopie électronique × 1 500). f) Goutelettes de graisse au sein de fibres de collagène (microscopie électronique × 8 000).

FIG. 3. — Lipodystrophy associated with anti-protease and nucleoside reverse transcriptase inhibitor therapy. a) Large area of fibrosis with small residual adipocytes (arrow) (HES × 100). b) Large adipocytes (arrow) in dense fibrosis (HES × 100). c and d) Apoptotic cells detected by TUNEL method in control (c) and in AIDS patient treated by HAART (d) adipose tissues. e) Large adipocyte (electron microscopy × 1500). f) Drops of fat between collagen fibers (electron microscopy × 8000).

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gulier, avec parfois des gouttelettes lipidiqueslibres dans le tissu conjonctif. Beaucoupd’adipocytes montrent une compartimenta-lisation des goutelettes de graisses intra-cytoplasmiques avec une diminution de lataille des adipocytes. Le nombre des mito-chondries peut être augmenté [40, 45]. Enfait, il est difficile d’être quantitatif, et cesmitochondries sont surtout de grande tailleet bien visibles [44]. Certains adipocytesmontrent des expansions intracytoplasmi-ques et des mitochondries contenant desstructures cristallines [45]. Certaines vacuolesgraisseuses de petite taille apparaissent libres,non délimitées par une véritable membraneet elles sont cernées par des fibres de colla-gène plus ou moins régulières

(figure 3f)

.L’absence de certains critères morphologi-ques va à l’encontre pour certains auteursd’une transformation de la graisse blancheen graisse brune : les adipocytes de la graissebrune ont en effet une majorité de noyauxde forme sphérique, avec plusieurs petitsnucléoles et sont en position centrale, alorsque ces critères ne sont pas observés aucours des lipodystrophies des patients VIHpositifs [40].

Hypothèses physiopathologiques

Les hypothèses physiopathologiques pourexpliquer les lipodystrophies des patientsVIH positifs sont multiples, impliquant sur-tout la toxicité des IP mais aussi des INRT.L’association des INRT avec les IP potenti-alise fortement le risque d’apparition deslipodystrophies [14, 48]. De nombreuxmécanismes sont proposés, dépendant dutraitement anti-rétroviral : diminution de lasynthèse des facteurs du complément parles adipocytes [46], apoptose des adipocytes[38], inhibition du protéasome [37], anoma-lies de la différenciation adipocytaire [14],altération des mitochondries [14], modifica-tion d’expression de la leptine et de l’adipo-nectine etc. Les IP sont certainement lesantirétroviraux les plus impliqués dans lesanomalies métaboliques associées aux lipo-dystrophies.

In vitro

, les IP (en particulier lesaquinavir, l’indinavir, et le ritonavir) sontcapables d’inhiber la dégradation protéoso-male de l’apolipoprotéine B entraînant sonaccumulation intracellulaire [49]. Il existealors une augmentation du « turnover » desacides gras libres associée à une augmenta-tion de la lipolyse. Ainsi, ces anomaliesparticipent largement à la création d’unerésistance centrale et périphérique à l’insu-line au niveau musculaire et hépatique,

notamment compte tenu d’une accumula-tion de lipides dans ces organes. Les études

in vitro

montrent que les effets de l’insulino-résistance sont dus à une inhibition dutransport du glucose médié par GLUT-4 [50].Une diminution de la phosphorylation duglucose pourrait également contribuer à cetterésistance à l’insuline [51]. Concernant lerôle des IP, certains auteurs émettent l’hypo-thèse d’une toxicité directe intra-adipocytaire,compte tenu de l’homologie de structurede ces IP avec des protéines régulant ladifférentiation adipocytaire (CRABP-1) et lemétabolisme lipidique (LRP) [2]. Une étuderéalisée

in vitro

sur une lignée de cellulesadipocytaires a montré que l’indinavir et lenelfinavir pouvaient induire une atteintenucléaire en empêchant la maturation etl’organisation de la lamine A/C [51]. Lesconséquences seraient alors une mauvaiselocalisation nucléaire de la SREBP-1 (sterolregulatory element-binding protein-1) entraî-nant une altération de la différenciation adi-pocytaire [53].Chez les patients recevant exclusivementdes INRT, les anomalies de la redistributiondu tissu adipeux semblent similaires à cellesobservées lors des traitement par IP [54].Toutefois, la perte du tissu adipeux en péri-phérie est le principal symptôme observé.Seule une faible augmentation des triglycé-rides est alors notée. Un des principauxmécanismes évoqués pour expliquer la toxi-cité des INRT est une atteinte mitochon-driale [47, 55]. Hormis la perte du tissuadipeux, les conséquences cliniques sontalors une stéatose hépatique sévère, unehyperlactatémie, et une polyneuropathie [1,56]. L’ensemble des troubles observés lorsdu traitement par les INRT semble forte-ment lié à une modification de l’activité dela polymérase

γ

, impliquée dans la synthèsede l’ADN mitochondrial (ADNmt)(10, 45). Ilexisterait ainsi une inhibition compétitivelors de l’administration d’INRT, avec uneincorporation dans l’ADNmt, entraînant unemodification de la phosphorylation oxida-tive et une induction de l’apoptose. Unedéplétion en ADNmt et des modificationsultrastructurales des mitochondries, avec uneaugmentation de l’apoptose des adipocytessont observées. Le véritable degré d’impli-cation des lésions mitochondriales induitespar les INRT dans les anomalies de la redis-tribution du tissu adipeux est actuellementtoujours débatu.Il est difficile de pouvoir analyser les méca-nismes physiopathologiques associant l’actiondes IP et des INRT sur le système adipocy-taire. Toutefois, les conséquences

ex vivo

sur le tissu adipeux de cette combinaison

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Tissu adipeux et traitement antirétroviral

315

thérapeutique ont pu être analysées par Janet al. [44]. Les principaux résultats de cetteétude sont une augmentation de l’apoptose,et une diminution de la différenciationadipocytaire [44]. Ces altérations seraientdirectement liées à une augmentation desynthèse de TNF

α

et d’IL-6 par les adipo-cytes [44]. Une diminution de synthèse deleptine et d’adiponectine, résultant proba-blement d’une mauvaise différenciationadipocytaire, pourrait contribuer à l’insuli-norésistance notée chez les patients VIHpositifs traités par les antirétroviraux [44].Hormis l’utilisation des antirétroviraux, ilsemble aussi important de considérer lesfacteurs de susceptibilité de l’hôte pourexpliquer l’apparition de lipodystrophieschez certains patients [57]. Un rôle directdu VIH semble actuellement exclu pourexpliquer ce syndrome, l’apparition deslipodystrophies et leur sévérité étant indé-pendantes de la charge virale plasmatique.En conclusion, le syndrome lipodystrophi-que induit par les traitements antirétrovirauxest un syndrome clinique et métabolique,dont la définition n’est pas encore totale-ment établie et dont les mécanismes physio-pathologiques ne sont pas clairementélucidés. Toutefois, l’étude histologique etultrastructurale du tissu adipeux, ainsi queles différentes analyses biochimiques etmoléculaires réalisées à partir de ce tissu,permettent actuellement de faire avancernos connaissances sur ce syndrome, dontl’incidence va certainement augmenter cesprochains mois. Ces études pourront proba-blement aboutir à de nouvelles stratégiesthérapeutiques, permettant de limiter lesconséquences néfastes liées à ce syndromequi sont la perte de compliance au traite-ment, l’apparition précoce d’une maladiecoronarienne, et le développement descomplications d’un diabète de type 2.

Remerciements

Les auteurs remercient vivement le Dr. Hervé Raspaldopour l’iconographie de la

figure 1

.

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