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Annuairedel'École pratiquedeshautes études(EPH E),Section dessciencesreligieuses R ésum édesconférencesettravaux 120(2011-2012)|2013 Islam Mystique musulmane Mystique musulmane Conférences de l’année 2011-2012 C ONFÉRENCE DE PIER R E LORY p. 69-74 Résumé Leproposducoursétaitd’éclairercequi,dansl’hom m e,peutêtrequalifiédeproprem ent «hum ain»selonlapenséeislam ique,plusparticulièrem entdanssonversantm ystique. U neétudeserréedestextesprincipauxtraitantdurègneanim al,decequipeutfonderla différenceentrehom m esetanim auxetéventuellem entlasupérioritédesunssurles autres,acherchéàcernerlescontoursdel’«hum anitude»,àsituerainsilaplacedel’être hum aindansl’ensem bledum ondecréé.Laconclusiongénéraleducours,surtoutcelle m enéeàtraverslalittératureproprem entm ystique(Ibn‘Arabî),am enéàplacerlanotion desainteté, walâya,com m eaxeprincipaldecequiconstituefondam entalem entladignité hum aineparrapportaurestedelacréation. Entrées d’index Thèmes : M ystiquemusulmane Thèmes : M uslimmysticism Page 1 of 7 Mystique musulmane 25/10/2014 http://asr.revues.org/1137

Le Tabh dans l'exégèse coranique, par Pierre Lory

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exégèse, Coran, anthropologie

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  • Annuaire de l'cole pratique des hautes tudes (EPH E), Section des sciences religieusesRsum des confrences et travaux

    120 (2011-2012) | 2013

    IslamMystique musulmane

    Mystique musulmaneConfrences de lanne 2011-2012

    CONFRENCE DE PIERRE LORY

    p. 69-74

    Rsum

    Le propos du cours tait dclairer ce qui, dans lhom m e, peut tre qualifi de proprem ent hum ain selon la pense islam ique, plus particulirem ent dans son versant m ystique. Une tude serre des textes principaux traitant du rgne anim al, de ce qui peut fonder la diffrence entre hom m es et anim aux et ventuellem ent la supriorit des uns sur les autres, a cherch cerner les contours de l hum anitude , situer ainsi la place de ltre hum ain dans lensem ble du m onde cr. La conclusion gnrale du cours, surtout celle m ene travers la littrature proprem ent m ystique (Ibn Arab), a m en placer la notion de saintet, walya, com m e axe principal de ce qui constitue fondam entalem ent la dignit hum aine par rapport au reste de la cration.

    Entres dindex

    Thmes : M ystique m usulm aneThmes : M uslim m ysticism

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  • Texte intgral

    Le projet gnral du cours visait cerner la notion de nature hum aine dans la

    culture religieuse m usulm ane. Il im porte de noter que la notion de

    nature (tab, taba), nest pas islam ique au dpart. Elle a t introduite dans la culture m usulm ane par le biais de la pense hellnique. La thologie m usulm ane

    fonde sur le texte coranique aura plutt tendance parler de statut (hukm) assign par Dieu chacune des espces cres. quoi correspond ce statut

    accord par Dieu Adam et sa descendance ? Les cours des annes 2011-2012 et

    2012-2013 cherchent le dfinir au m ieux en le situant par rapport ses deux

    lim ites extrieures : lune infrieure, celle des anim aux lautre suprieure, celle

    des anges. Il sagit dune hypothse de travail, destine tre rem ise en question.

    Le sm inaire a pu rem arquer en de m ultiples occasions quen culture islam ique,

    ces frontires infrieures et suprieures sont poreuses, et que les

    hirarchies quelles sont senses instaurer apparaissent souvent bien instables. De

    nom breux hum ains apparaissent infrieurs aux anim aux ainsi les paens, les

    m ondains1. Inversem ent, un dbat trs vif aura lieu en thologie quant savoir si

    les anges sont suprieurs aux hum ains, ou bien si une prsance universelle

    revient en fait ces derniers.

    1

    La prem ire dfinition gnrale de lhom m e qui vient lesprit est bien sr celle

    danim al raisonnable et parlant (hayawn ntiq). Cette intelligence lui confre prem ire vue une supriorit com plte sur le m onde anim al. Dans

    lanthropologie m usulm ane classique, la personne hum aine est com pose dun

    corps, dune m e vitale, dun esprit raisonnable. Les trois sont indissolublem ent

    lis, telle enseigne que la Rsurrection est affirm e sans am bigit par le dogm e

    com m e une rsurrection physique : le bienheureux seront dots dun corps intgral, m angeront, boiront, etc. Lanim al, par contraste, possderait bien un

    corps et une m e vitale, m ais pas desprit raisonnable. Il nest pas destin une

    vie ternelle, selon la thologie sunnite. y regarder de prs cependant, lanim al

    ne sem ble pas si fondam entalem ent dm uni. Que reprsente en effet cet intellect

    que lhom m e possde, quelle en est la porte, la finalit, la fine pointe si ce nest

    de parvenir croire en Dieu et obir ses volonts ? Le Coran est travers de

    part en part par cet appel la conversion vers Dieu, et la soum ission sa volont,

    cest l lunique raison de son existence com m e rvlation. Or les sources

    m usulm anes Coran, hadith et la plupart des courants de pense en thologie

    com m e en m ystique saccordent considrer que les anim aux ont assez

    dintelligence pour reconnatre leur Crateur, et pour suivre les ordres quIl leur a

    im poss : lensem ble du sm inaire a dtaill ces positions selon les diffrents

    auteurs qui les ont affiches. La dfinition de lhom m e com m e anim al

    raisonnable ne peut tre considre com m e com plte et satisfaisante.

    2

    Si lintelligence ne sem ble pas un critre suffisant pour dfinir ltre hum ain, la

    form e physique hum aine ne lest pas plus. On trouve en effet des donnes

    scripturaires m ettant en scne des hum ains qui ne sont pas revtus de form e

    hum aine. Ainsi le verset coranique dit du Pacte prim ordial (le mthq ; VII 172) a-t-il t gnralem ent interprt com m e une adresse par Dieu une hum anit

    encore ltat de germ e ( dans les reins des fils dAdam ). La Tradition sunnite,

    la suite dun clbre hadith, identifie les corps des hom m es ce m om ent prcis

    une espce de poussire (dharra). Cette interprtation parat absurde lexgse

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  • II. Les animaux dans lexgse du Coran et du hadith

    m utazilite, qui refuse de concevoir un tre hum ain sous une form e pulvrulente,

    priv de ses organes usuels. Dans son grand com m entaire coranique, Fakhr al-dn

    Rz tche de dfendre et dexpliciter largum entation thologique sunnite. Il

    rappelle que lhom m e nest pas son corps de faon essentielle. Il est

    fondam entalem ent une substance unique, une m e raisonnable (jawhar fard, nafs ntiqa ; vol. XV 42). Sur un registre un peu diffrent, une illustration est donne dans le Coran lui-m m e avec lhistoire de Jsus qui parla au berceau

    (XIX 29), m anifestant quil tait avant tout un esprit, et secondairem ent une

    form e hum aine. Dautres exem ples m arginaux m ais significatifs dhum ains

    dpourvus de la form e hum aine usuelle sont fournis par les versets signalant la

    m tam orphose (maskh) en singes et en porcs dune com m unaut de transgresseurs du sabbat (Coran II 64, V 60, VII 166). Une fois transform s, ces

    coupables continuent dtre des hum ains, leur form e anim ale tant un chtim ent.

    Ce chtim ent sera dailleurs gnralis dans lau-del : tous les dam ns acquerront

    des form es m onstrueuses traduisant leurs tats intrieurs. Des hom m es peuvent

    donc bien habiter des form es non hum aines . Enfin, a contrario, des tres peuvent revtir une apparence hum aine, sans appartenir ce genre. Les anges

    peuvent prendre une apparence hum aine : ainsi Gabriel est-il apparu au Prophte

    de m ultiples reprises sous une apparence adam ite . Les djinns possdent

    galem ent une telle facult, et cette apparence nest pas si fantom atique, puisquils

    peuvent m m e se m arier et avoir des enfants avec les hum ains, selon une srie de

    traditions. Dernier exem ple : les phbes et les houris du Paradis possdent eux

    aussi des corps hum ains, ports un degr de beaut et de perfection inou m ais

    ils ne sont pas pour autant des hum ains adam ites . Au final, le trait le plus

    distinctif des tres hum ains sem ble donc devoir rsider ailleurs.

    Lintelligence des anim aux, et singulirem ent leur degr de conscience

    religieuse, sont illustrs par de nom breux passages coraniques. Cest un corbeau

    qui fournit Can lexem ple suivre pour traiter rituellem ent le cadavre de son

    frre en lenterrant (Coran VI 31), linstruisant ainsi sur une des form es prim aires

    de la Loi religieuse la charia que seuls les Prophtes enseignent en principe.

    Les abeilles sont dites recevoir de Dieu une rvlation leur enseignant le

    com portem ent suivre (XVI 68-69). Les oiseaux participent la liturgie

    accom plie par le chant de David (XXI 79 ; XXXIV 10 ; XXXVIII 17-19). Une

    fourm i reconnat le statut du roi Salom on (XVII 16-19) et un dialogue sengage

    entre eux : Salom on connat en effet le langage des anim aux2 ce qui en passant

    confirm e lusage dune langue et dune raison chez ceux-ci. Lide est renforce

    avec le rapport du m m e Salom on et de la huppe dans les versets qui suivent

    (XXVII 20 sq.). M ais il y a plus : les anim aux m anifestent une relle pit, une adoration adresse leur Crateur. Passons sur le cas du chien des Sept Dorm ants

    (XVIII 18) accom pagnant les jeunes gens dans leur m ystrieux som m eil, dont la

    prsence reste peu explicite3. M ais laction de grce des anim aux est voque

    explicitem ent dans plusieurs versets : Cest devant Dieu que se prosternent les

    habitants des cieux et les anim aux (dbba) sur la terre (XVI 48-50) ; Tous les

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  • III. Dimensions mystiques

    tres des cieux et de la terre rendent grce Dieu, m ais vous ne com prenez pas

    leur louange (XVII 44) ; Ne vois-tu pas que tous les tres des cieux et de la

    terre et les oiseaux en rangs louent Dieu ? Chacun connat sa propre prire et sa

    louange (XXIV 41). M algr les efforts de plusieurs exgtes dveloppant lide

    dune prire inconsciente des tres naturels, ces versets suggrent clairem ent

    que les anim aux participent une louange consciente de leur Crateur, au m m e

    titre que les hum ains ; participation qui accuse indirectem ent les idoltres qui,

    eux seuls dans toute la cration, sy refusent.

    Les donnes fournies par le hadith ne fournissent pas une conception

    hom ogne de la fonction du rgne anim al, com m e on pouvait dailleurs sy

    attendre. De faon gnrale, le hadith recom m ande de se m ontrer bon envers les

    anim aux. Ceux-ci sont des tres conus et voulus par Dieu, dots de conscience, et

    m ritent le respect. Refltant les conceptions courantes dans lArabie ancienne, il

    a tendance placer les anim aux dans une logique cosm ique, dinfluences

    heureuses ou nfastes, avec des dangers de contam inations dans le second cas.

    Do laccent plac sur les anim aux nfastes, im purs etc. Ceux-ci sont souvent

    souponns davoir un rapport avec les djinns et les dm ons (shaytn). Certains anim aux sont donc rejets, voire m audits. Le cas des chiens a fait lobjet dun

    cours com plet, du fait de leur rapport avec la Rvlation : un ange ne peut venir

    dans un endroit o se tient un chien, selon un hadith im portant. Pour plusieurs

    points de droit et de doctrine, rfrences a sim plem ent t faite aux travaux

    substantiels de M oham m ed H ocine Benkheira et Catherine M ayeur-Jaouen sur la

    question4. Dans le dom aine de la thologie (ilm al-kalm), seule a t voque, la question de la rsurrection des anim aux, suggre dans le Coran (LXXXI 5) et

    m entionne allusivem ent dans certains hadiths. Certains thologiens, notam m ent

    m utazilites, insistent sur lide que la rtribution des injustices com m ises et

    reues concernera tous les anim aux, ressuscits la fin des tem ps, et pas

    seulem ent les hum ains. Toutefois, le consensus des savants considre que les

    anim aux nont pas de part la vie ternelle. Aprs cette prem ire rsurrection et

    ce jugem ent, ils retourneront la poussire, et nauront pas de part la vie

    paradisiaque. Quant aux considrations de la culture com m une com m e celle

    exprim e par exem ple dans le Livre des animaux de Jhiz elles ont t tudies dans la m esure o elles portent une dim ension proprem ent religieuse5.

    5

    Le cours a beaucoup insist sur lptre 22 de lEncyclopdie des Ikhwn al-

    Saf, qui situe le dbat au niveau de la pense religieuse elle-m m e. La clbre

    m ise en scne du procs opposant les diffrentes espces anim ales aux hum ains

    devant le tribunal du sage roi des djinns Bwarsp m rite en effet beaucoup

    dattention. Les anim aux viennent accuser les hom m es de les agresser, asservir,

    dpouiller et m assacrer sans lgitim it aucune, et les argum ents rciproques sont

    donns avec dtail et finesse littraire. La conclusion assez brusque du procs, qui

    tient en deux pages peine sur un rcit assez am ple6, surprend le lecteur : seule la

    saintet / sagesse de certains hom m es peut justifier la suprm atie des hom m es

    sur les anim aux, cela et aucun autre m otif et largum ent satisfait

    im m diatem ent lensem ble des anim aux, qui se soum ettent alors. Nous som m es

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  • renvoys ici la dim ension sotrique et m ystique de lIslam . La lgitim it de la

    supriorit des hum ains, selon les Ikhwn al-Saf rfre sans doute lexistence

    des Im m s, m ais aussi celle de tous les hom m es appels rejoindre leur rang.

    En ce sens, elle est plus potentielle que relle : lhom m e est en devenir il

    enferm e en lui une prom esse de perfection, de conform it au divin, et cest cela

    qui lui confre sa noblesse.

    On retrouve des conclusions analogues quant au fond, bien que fondes sur des

    prm isses bien diffrentes, chez Ibn Arab. Dans Les Illuminations de la Mecque, Ibn Arab souligne quel point les anim aux sont des tres intelligents et

    responsables (mukallafn) dune faon que nous ne saisissons pas7. Le texte principal ici est le chapitre 3788. propos du verset coranique voqu plus haut

    Tous les tres des cieux et de la terre rendent grce Dieu, m ais vous ne

    com prenez pas leur louange (XVII 44), Ibn Arab considre que les anim aux ont

    aussi un langage : Quant aux anim aux, Dieu leur a confr une science sur Lui,

    un langage et une louange de faon inne , (Futht III 489). Ils connaissent la louange, la prire qui est la leur suivant leur espce. Ils ont leurs invocations

    (munjt) qui leur sont propres. Bref, les anim aux possdent en eux-m m es une science de tout ce qui est essentiel la foi, la vie religieuse. Dieu leur a rvl par

    dvoilem ent intuitif (kashf) ce qui convient leur nature ; et cela constitue leur livre et leur sunna . Ibn Arab donne des exem ples de lintelligence anim ale

    dans lhagiographie com m e dans le Coran lui-m m e ou dans le hadith. Il

    m entionne ainsi llphant de lexpdition thiopienne contre La M ecque,

    vers 570, qui refusa davancer contre la ville sainte9 ; les oiseaux abbl qui dtruisirent larm e ennem ie (Coran CV 3-4). Il voque galem ent la cham elle du

    Prophte entrant M dine lors de lH gire, qui perm it de dsigner le lieu

    dinstallation de M uham m ad : le Prophte dem anda que personne ne lui prenne la

    bride, la dsignant com m e recevant les ordres (de Dieu, mamra) ; or pour recevoir des ordres, il faut les com prendre. Cest donc sur ordre divin quelle

    sarrta dans la cour de Ab Ayyb al-Ansr.

    7

    Ibn Arab fournit un beau dveloppem ent sur la diffrence entre lignorance

    des anim aux et celle des hom m es : cest la question de la perplexit (hayra ; v. Futht III 489-490). La perplexit nest pas ici un tat dhbtude ou dincapacit, elle est un tat spirituel lev traduisant la fascination devant la

    m agnificence divine. Les anim aux dem eurent de faon inne dans cet tat de

    perplexit (maftrna al al-hayra). Ils ne peuvent arriver ni au niveau des penseurs sains (ahl al-nazar al-sahh f Allh), ni celui des saints inspirs (ahl al-tajall). Lorsque Dieu com pare les gars aux anim aux allusion aux versets VII 179 ; XXV 44 cits supra p. 69 n. 1 il ne le fait pas en abaissant les anim aux (naqsan bi-al-anm). Au contraire : ce sont les savants et les spirituels (ulam) qui sont les plus perplexes de tous. Le Prophte ne priait-il pas Dieu en disant

    Augm ente m a perplexit devant Toi / Zid-n f-ka tahayyuran ? Il connaissait en effet llvation de la station spirituelle de la perplexit (maqm al-hayra). Lhom m e le plus sage nest-il pas celui qui envisage la m ort com m e le font les

    anim aux ?

    8

    Au final, le point essentiel de la diffrence entre hum ains et anim aux rside

    plutt en ceci selon Ibn Arab : les hom m es, nous lavons vu plusieurs reprises,

    sont appels se transform er. Ibn Arab lexplicite en de m ultiples passages de

    son uvre im m ense : les hom m es ne sont pas fixs un tat ontologique alors

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  • Notes

    1 Ainsi dans les versets coraniques VII 179 [ ] Ils ont des c urs et ne com prennent pas ; ils ont des yeux m ais ne voient pas ; ils ont des oreilles m ais nentendent pas. Ceux-l sont com m e des bestiaux, et m m e plus gars encore ; XXV 44 Ou penses-tu que la plupart dentre eux entendent ou com prennent ? Ils sont en fait com m e des bestiaux, ou plus gars encore du chem in . Cette com paraison nest pas interprte com m e une sim ple figure de rhtorique par les m ystiques, com m e nous le verrons infra.

    2 Littralem ent : le langage des oiseaux, mantiq al-tayr (Coran XXVII 16). Les exgtes saccordent toutefois considrer quil tait capable de com prendre les paroles de lensem ble des anim aux.

    3 Lexgse officielle (com m e celle de Tabar), relaye plus tard par les rcits populaires dits qisas al-anbiy (notam m ent Thalab) rapportent toutefois des traits soulignant la pit exem plaire de ce chien, dsireux de veiller sur les Dorm ants, voire de les accom pagner dans leur m ission dadoration. La littrature m ystique fera parfois de lui un m odle de saintet (v. p. ex. Qushayr, Latif al-ishrt ; Rzbehn Baql, Aris al-bayn).

    4 Voir notam m ent M . H . BENKH EIRA, C. M AYEUR-JAOUEN, J. SUBLET, LAnimal en islam, Les Indes savantes, Paris 2005 ; M . H . BENKH EIRA, Islam et interdits alimentaires : juguler lanimalit, PUF, Paris 2000.

    5 Pour une m ise au point rcente des positions de Jhiz, voir la prem ire partie de E. LAUZI, Il destino degli animali Aspetti delle tradizioni culturali araba e occidentale nel Medio Evo, Sism el Edizioni del Galluzzo, Florence 2012.

    6 Lptre 22 stend en effet sur 280 pages dans ldition de 2009 (The Case of the Animals versus Man Before the King of the Jinn, d. et trad. par L. E. GOODM AN, R. M CGREGOR, Oxford University Press / Institute of Ism aili Studies).

    7 Al-Futht al-Makkiyya, d. du Caire, vol. III p. 491.

    8 Intitul Sur la connaissance du degr spirituel de la nation anim ale, la m ise en avant de ce qui tait en arrire, et la m ise en arrire de ce qui tait en place en avant face la Prsence divine F marifat manzil al-umma al-bahmiyya wa-taqaddum al-mutaakhkhir wa-taakhkhur al-mutaqaddim min al-hadra al-ilhiyya .

    9 Dans la Sra de Ibn Ishq, il est racont com m ent llphant nom m M ahm d refusa davancer sur la M ecque, flchissant les genoux en direction de la ville, ne se levant que pour repartir au Ym en m algr tous les coups quil recevait de la part des thiopiens.

    que cest par contre le cas des anim aux10. Les hom m es sont appels une

    perfection (kaml) qui im plique un chem inem ent, une avance perm anente. La finalit ultim e de cette transform ation culm ine dans la form e de lH om m e

    Parfait (al-insn al-kmil). Les anim aux sont donc des vivants (hayawn) qui sont fixes, qui ne se transform ent pas dans lchelle verticale des tres. Est-ce

    dire que le rle reste com pltem ent secondaire ? Dans la cration vue dans

    loptique thologique m usulm ane, rien na lieu sans cause, sans raison. Rien nest

    proprem ent parler secondaire. Le destin des anim aux trouve aussi sa

    com pltude, de quelque m anire, dans celle de lhum anit parfaite. Cest dans

    cette perspective que le cours a galem ent tudi le rle des anim aux dans la

    littrature hagiographique. Des cas de saintet anim ale sont signals11. Toutefois,

    ces anim aux saints le sont devenus par contact avec un wal, avec un hum ain accom pli qui leur transm et sa bndiction. Ils ne sont pas saints en eux-m m es.

    En fait, le secret de toute saintet se trouve accom pli dans lH om m e Parfait. Cest

    lui la finalit de toute lentreprise de cration, de ce quon pourrait appeler le

    projet divin . Les anim aux trouvent leur place com m e autant dlm ents, de

    serviteurs de ce projet eschatologique.

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  • 10 Et aussi, selon des m odalits trs diffrentes, des anges, qui seront lobjet du cours de lanne 2012-2013.

    11 Voir par exem ple D. DEW EESE, Dog Saints and Dog Shrines in Kubrav Tradition , dans D. AIGLE (d.), Miracle et karma Hagiographies mdivales compares, Brepols, Turnhout 2000 (Bibliothque de lcole des H autes tudes, Sciences religieuses 109), p. 458-497.

    Pour citer cet article

    Rfrence papierPierre Lory, Mystique musulmane , Annuaire de l'cole pratique des hautes tudes (EPHE), Section des sciences religieuses, 120 | 2013, 69-74.

    Rfrence lectroniquePierre Lory, Mystique musulmane , Annuaire de l'cole pratique des hautes tudes (EPHE), Section des sciences religieuses [En ligne], 120 | 2013, mis en ligne le 26 juin 2013, consult le 25 octobre 2014. URL : http://asr.revues.org/1137

    Auteur

    M. Pierre LoryDirecteur dtudes, cole pratique des hautes tudes Section des sciences religieuses

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    Droits dauteur

    Tous droits rservs : EPHE

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