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LE TEMPS DE QUELQUES JOURS entretien, notes et images - d’après le documentaire de Nicolas Gayraud LA VINGT-CINQUIÈME HEURE PRÉSENTE

Le temps de quelques jours - Entretien, notes et images - Extrait

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LE TEMPS DE QUELQUES JOURSentretien, notes et images - d’après le documentaire de Nicolas Gayraud

LA VINGT-CINQUIÈME HEURE PRÉSENTE

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J’ai choisi de filmer un groupe de femmes vivant différemment : des religieuses cisterciennes cloîtrées. Je cherche à montrer, avec elles, comment le travail sur l’esprit peut être envisagé au quotidien, le travail sur soi, la quête de l’enrichissement de l’être.

Ces moniales vivent dans l’abbaye de Bonneval située sur les contreforts du plateau de l’Aubrac dans l’Aveyron. J’ai choisi cette abbaye pour son caractère isolé au beau milieu de la nature, comme préservée. C’est pour moi une parenthèse, une « zone » à l’abri de la pression et de l’agressivité sociales. Un lieu où la perception du temps est modifiée, un lieu où se redécouvre la lenteur. Je suis Aveyronnais et je retourne parfois en Aveyron où un ami journaliste

m’a invité à rencontrer la Mère Abbesse de l’abbaye, 55 ans, licenciée en philosophie. Elle dirige les trente religieuses de la communauté. À la suite de cette journée, des interrogations commencent à naître : leur façon d’aller à l’essentiel, d’utiliser le travail comme moyen, de chercher à élever l’esprit, de donner un sens à la vie, de ne pas se satisfaire de consommer et d’amasser, de ne pas se complaire dans une vie dictée.

Lorsque j’ai découvert ces moniales, la plupart d’entre elles étaient assez peu favorables à ma venue. Nous avons conversé durant plusieurs heures. J’ai découvert des personnes loin des clichés, des femmes intelligentes, rieuses et dénuées de langue de bois. J’ai vu se dessiner des personnages et des réflexions.

INTRODUCTION

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Après avoir exposé mon projet à la mère abbesse, elle m’a fait part de son enthousiasme à l’idée de faire un film sur ce qu’elles sont, leur vie, leur choix. Elle m’explique qu’elle a plusieurs fois refusé des projets de films et de livres. Elle souhaite que je prenne le temps nécessaire. Elle me dit rapidement qu’elle ne veut ni d’un reportage, ni d’un film journalistique. Moi non plus.

Je vois dans leur choix de vie des éléments de réponse aux questions sociales, spirituelles, philosophiques et humaines de notre société. Il ne s’agit pas d’un film religieux Derrière les vocations forcées du siècle dernier, derrière l’appel de Dieu, derrière les phrases et les réponses toutes faites. Qu’y a-t-il ? Que trouve- t-on ? Que recherche-t-on ?

En bref, je veux proposer un questionnement sur l’existence de chacun, une interrogation sur la société, sur l’Homme, sa manière de vivre et d’appréhender sa vie, susciter une réflexion chez le spectateur, sur sa condition de vie spirituelle et matérielle.

C’est un film sur l’Amour des autres, le respect, la confiance (des mots parfois usés). Ces femmes ne sont pas parfaites, mais à travers leur présence ; elles livrent des valeurs simplement humanistes, une forme d’évidence.

Et finalement, tout cela mène au dépouil-lement matériel ou tout au moins à laisser une large place à l’esprit et à la compréhension plutôt qu’à l’avoir et à l’enrichissement personnel.

Nicolas Gayraud

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L’abbaye Notre-Dame de Bonneval se situe dans l’Aveyron

sur la commune du Cayrol non loin d’Espalion.

dans la région Centre.

Fondée en 1147, l’abbayea été occupée par

des moines cistérciens jusqu’à la Révolution.

En 1875 des religieuses cisterciennes font

renaître Bonneval. Elles débutent la fabrication

de chocolat et installent une turbinne électrique

près de la rivière.

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À propos de nicolas Gayraud

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Nicolas Gayraud est né dans l’Aveyron en 1976, il manipule pour la première fois une caméra à l’âge de 14 ans, la caméra VHS de son père, et réalise quelques films courts en famille.

Il quitte ensuite le milieu scolaire à 17 ans et part vivre à Paris où il travaille comme maquettiste en imprimerie durant deux ans.

A 20 ans, Nicolas est projectionniste dans les salles d’Art et Essai de Montpellier, il projette notamment les films de Russ Mayer et David Lynch qu’il découvre.

De 21 à 27 ans, il travaille comme machiniste sur des tournages comme Highlander la série, des téléfilms pour France 2 ou encore le film Le peuple migrateur de J.Perrin et d’autres longs métrages…

1976

1993

1996

1997

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Durant sa formation à l’EICAR, il découvre le documentaire de création. Il réalise alors son premier documentaire court : La sortie d’école, sélectionné au festival de Timisoara.

Il part filmer les sœurs de l’abbaye de Bonneval pour réaliser le film Le temps de quelques jours.

Après avoir été sélectionné pour une résidence d’artiste documentaire, il finalise le film Racines, un film sur l’impermanence, avec cinq paysans et paysannes et leur rapport aux éléments.

Le film avec un grand nom du clown contempo-rain Michel Dallaire, la balade des êtres libres se termine.

D’autres projets à venir, comme un projet sur des bodybuilders, entre autres.

2005

2007

2013

2014

2015

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Pierre-Emmanuel : Pourquoi ce documentaire ? Nicolas : Par nécessité. Souvent je dis que les documentaires que je fais, en tout cas celui-là, c’est une question de vie ou de mort. Alors ça peut paraître étonnant, mais c’est ça. Ce documentaire, c’était un besoin, une néces-sité absolue qui est née quand j’ai rencontré la mère abesse et les sœurs. C’était d’abord un ressenti plutôt qu’un calcul. J’avais du mal à l’exprimer, même pour moi, mais je savais que je voulais raconter quelque chose à travers elles, qui me concernait, qui les concernait et qui nous concerne tous.

P-E : Ce documentaire est finalement le fruit du hasard d’une rencontre.N : Du hasard, non. Pas du tout (rire). J’ai un ami, directeur d’un journal en Aveyron, qui connaît ma sensibilité, et qui connaît la mère Abesse, suite à la rédaction d’un article sur elles. Il m’a dit “Nicolas, je pense que là-bas il y a quelque chose de fort à faire pour toi” et il m’a fait rencontrer la mère Abbesse. Donc ce n’est pas du hasard.

ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR

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Cet échange entre le réalisateur Nicolas Gayraud et Pierre-Emmanuel Le Goff, producteur et distributeur de films pour La Vingt-Cinquième Heure, a été réalisé au mois de novembre 2014. Alors que le réalisateur venait d’entamer sa tournée de projections-rencontres à travers la France. Nicolas y aborde l’histoire de sa rencontre avec les moniales de Bonneval, nous explique ses choix de réalisation et nous révèle quelques souvenirs de tournage.

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“On a besoin de remplir avec du bruit, des images,

car on a peur d’être seule avec soi-même”

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« Cet après-midi, j’ai filmé une balade de

trois-quart d’heure avec soeur Claire, 84 ans.

Je ne sais pas ce que je pourrai en tirer.».

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